Dalla Tellura
# Re: Les open-space ça craint ! [pv Dalla] - Sam 18 Nov 2023 - 22:32
Dalla sentit son pouls s’accélérer quand Kovani et Haddy les rattrapèrent. Elle garda néanmoins un visage impassible -en tout cas elle l’espérait.
Kovani, bien sûr, était aussi nonchalant que s’il n’avait réellement j’avais vu la twi’lek et la zabrak. Haddy, c’était une autre histoire…
Quant à Zamya, Dalla fut estomaquée de voir sa réaction. Croisant le regard trop peu discret de Haddy, elle le toisa des pieds à la tête d’un air outré, contrefaisant très bien la fille importunée. Elle agrippa même le bras de Dalla, et la tira ostensiblement un peu plus loin.
Avant qu’elles s’éloignent, néanmoins, Dalla sentit un frôlement, à peine perceptible pour n’importe qui, un léger mouvement du pan de la veste qu’elle avait prise à Haddy, et ce juste quand Kovani l’avait frôlée un quart de seconde.
Dalla ne put s’empêcher de jeter un œil à Kovani, mais le noorien l’ignorait toujours. Dans le même mouvement de tête, pour dissimuler ce geste instinctif, elle toisa à son tour Haddy, essayant d’imiter l’expression de Zamya.
Celle-ci saisit une nouvelle fois le bras de Dalla quand les dewbacks eurent dégagé la voie, afin de la maintenir en arrière de leurs deux compagnons.
Tandis qu’elles repartaient enfin de l’avant, Dalla ne put s’empêcher de se demander par quoi Zamya avait pu passer, dans sa vie, pour réagir avec autant d’aplomb, de sang-froid et de prévoyance. Elle rivalisait d’aisance avec Kovani, dont c’était plus ou moins la spécialité.
Une nouvelle fois, Dalla sentit tout le poids des privilèges dont elle avait joui peser sur sa conscience.
Bien sûr que les esclaves apprenaient à s’adapter, à réagir au quart de tour pour sauver leur peau, à cacher intentions et émotions pour se protéger. Ils n’avaient pas le choix. Une padawan élevée dans le confort du Temple ne pouvait pas en dire autant.
Pas une padawan, une chevalière, se corrigea Dalla.
-On passe par là ? fit-elle à Zamya en faisant un signe de tête vers la petite ruelle qui partait vers leur gauche.
-Ce sera plus long, mais on pourra faire du shopping ! déclara Zamya.
Et si Dalla n’avait pas su qu’elle était blessée et en fuite, elle aurait vraiment juré que Zamya avait hâte de faire des emplettes.
D’ailleurs, elle commenta avec une allégresse très bien imitée presque tous les petits stands et arrière-boutiques devant lesquels elles passaient.
Dalla acquiesçait et faisait quelques réponses évasives, par automatisme. Un automatisme développé pendant 5 années à porter les courses de sa sœur dans le grand mall de leur ville, tous les datunda après-midi.
Elle avait attendu 5 bonnes minutes avant de plonger la main dans sa poche de veste. Elle s’était d’abord demandé qu’elle pouvait être l’objet qui s’y trouvait, et qui avait été déposé là par Kovani (elle avait inspecté les poches de Haddy avant d’enfiler la veste, il n’y avait rien à ce moment-là).
Au toucher, la main toujours dans la poche, elle essaya d’analyser l’objet. Elle avait passé suffisamment de temps face à des tas de ferrailles plus ou moins trafiqués et plus ou moins en un seul morceau pour reconstituer assez facilement l’emplacement et l’utilité d’un objet grâce à sa forme.
La forme de l’objet (si l’on faisait abstraction du côté gélatineux qui faisait vraiment penser à une crevette yob), suivait une courbe assez similaire… à une conque d’oreille. Cela devait être une sorte d’oreillette, comme dans les holos d’espionnage.
Décidant de se fier à son confrère, Dalla profita de ce qu’elles passaient près d’une grosse crotte d’eopie pour agiter sa main autour de son visage, l’oreillette coincée entre deux doigts, et pour glisser l’apareil dans son oreille.
La sensation était loin d’être agréable, mais cela lui permettrait peut-être d’entrer en contact avec Kovani si un problème surgissait.
Derrière l’animation des petites ruelles et les couleurs vives des tissus, des panneaux de bois peints et des quelques fruits frais à la vente, la pauvreté était bien visible dans cette partie de la ville. Beaucoup de personnes de plus de trente ans, presque toutes espèces confondues, montraient une dentition en très mauvais état. Plusieurs personnes étaient assises dans des recoins ou des marches, une sébile dans les mains, parfois même avec un vieil holoécran clignotant qui affichait, en huttese ou en basic, des messages comme « je dois nourrir mes trois enfants », « les Hutt m’ont mis à la rue », et même un mystérieux « pitié, pour l’amour de l’Ashla ».
Zamya n’accordait aucune attention aux appels à l’aide de ces mendiants, et traçait tranquillement sa route, d’étal en étal.
Dalla se sentait ébranlée. Elle n’avait pas vu autant de misère depuis longtemps. Il y avait, bien sûr, des quartiers pauvres sur Dubrava. Mais elle n’y avait jamais mis les pieds, se contentant d’accompagner Laleeni au siège de son association de secours galactique, situé dans un quartier bien propret.
La dernière fois qu’elle avait été confrontée à tant de misère, elle était avec Larna, se reposant sur la toute-sagesse de sa maître.
Aujourd’hui, Larna n’était pas là.
Aujourd’hui, elle se retrouvait à suivre Zamya, alors que c’était elle la jedi. C’était elle qui était censée la sauver. C’était elle qui était censée être la sage, celle qui conseille et guide…
Elle ne se sentait pas du tout à la hauteur. Ce n’était pas la fierté qu’elle attendait pour sa première mission comme chevalière…
Les ruelles autour d’elle devenaient plus calmes. Les étals avaient cédé la place aux grandes bennes à ordures qui flaquaient les arrière salles des cantina. Zamya pressa le pas, se rapprochant presque imperceptiblement de Dalla.
Quel était l’avenir de l’Ordre, si tous ses jeunes chevaliers étaient aussi inadaptés au monde réel que Dalla ?
Dans un monde où la République et l’Ordre marchaient main dans la main, les chevaliers débutants devaient avoir le temps d’apprendre à agir dans un monde qui dépassait les règles qu’ils avaient apprises en cours et les types d’interactions qu’ils connaissaient au Temple ou protégés par leurs maîtres.
Mais dans ce monde où la République les traquait ? Dans ce monde où ils se retrouvaient dans une position à peine plus confortable que celle de ces mendiants assis à même le sol ?
Elle fut néanmoins tirée de ses réflexions par la voix de Kovani, directement dans son oreille.
C’était rassurant d’entendre la voix d’un autre jedi. Un jedi plus âgé, qui savait ce qu’il faisait, et qui…
-Hey, salut ma jolie !
Zamya tenta d’accélérer le pas, mais la voix qui l’avait interpellée reprit avec plus de force, pendant que deux silhouette se glissaient devant elles.
-Oh ! T’es pas polie, là ! On te cause, tu nous réponds ! On n’est pas des womp rats !
-Nous sommes pressées, murmura Zamya, les dents serrées.
Dalla savait que la zabrak ressentait la même tension qu’elle, la même envie frénétique de voir les trois hommes -le rodien qui avait interpellé Zamya et ses deux comparses iktotchi et nikto- disparaître au plus vite de leur champ de vision.
Dalla avait déjà vécu ce genre de scène des dizaines de fois -avec Larna, avec Nassa, avec Laleeni, seule-, elle savait que Zamya aussi.
L’iktotchi avança d’un pas vers Zamya. Dalla s’avança à son tour, se plaçant en avant de la zabrak, entre elle et les trois hommes.
-C’est pas à toi que je cause, la twi’lek, c’est à ta pote.
-Elle n’a pas envie de vous parler.
-Elle peut parler pour elle-même, non ?
Dalla sentait Zamya, dans son dos, assaillie par l’appréhension.
Dalla ne voyait aucune configuration où les choses se finissaient bien.
Elle n’était pas complètement sûre d’être capable de venir à bout des trois hommes. Et même si elle y arrivait, ce ne serait pas sans beaucoup de bruit et d’agitation. Trop pour leur permettre d’accéder discrètement au spatioport.
-Laissez-nous passer ! grogna Dalla.
La veste de Haddy était trop étroite pour qu’elle fasse saillir ses biceps.
-Tu la protèges ? Quoi ? T’es ça meuf ou quoi ?
Zamya s’était rapprochée de Dalla, toujours dans son dos. Mais les trois hommes aussi s’étaient rapprochés.
-Vous êtes des sales gouines, c’est ça ?
-T’as déjà essayé avec un vrai mec ? fit le nikto, en essayant de contourner Dalla.
La twi’lek tendit instinctivement le bras pour le bloquer.
Elle réfléchissait à toute vitesse.
Selon toute évidence, il allait falloir en venir aux mains.
A moins que…
Elle détestait faire cela, mais… Peut-être que si elle tentait un mind trick sur le rodien, qui avait un peu l’air d’être le leader, elle pourrait peut-être le faire convaincre les deux autres de les laisser passer sans grabuge.
Elle n’avait fait cela que deux fois dans toute sa vie, mais cela valait sûrement le coup d’essayer.
Et puis, Kovani n’était peut-être pas très loin...
Kovani, bien sûr, était aussi nonchalant que s’il n’avait réellement j’avais vu la twi’lek et la zabrak. Haddy, c’était une autre histoire…
Quant à Zamya, Dalla fut estomaquée de voir sa réaction. Croisant le regard trop peu discret de Haddy, elle le toisa des pieds à la tête d’un air outré, contrefaisant très bien la fille importunée. Elle agrippa même le bras de Dalla, et la tira ostensiblement un peu plus loin.
Avant qu’elles s’éloignent, néanmoins, Dalla sentit un frôlement, à peine perceptible pour n’importe qui, un léger mouvement du pan de la veste qu’elle avait prise à Haddy, et ce juste quand Kovani l’avait frôlée un quart de seconde.
Dalla ne put s’empêcher de jeter un œil à Kovani, mais le noorien l’ignorait toujours. Dans le même mouvement de tête, pour dissimuler ce geste instinctif, elle toisa à son tour Haddy, essayant d’imiter l’expression de Zamya.
Celle-ci saisit une nouvelle fois le bras de Dalla quand les dewbacks eurent dégagé la voie, afin de la maintenir en arrière de leurs deux compagnons.
Tandis qu’elles repartaient enfin de l’avant, Dalla ne put s’empêcher de se demander par quoi Zamya avait pu passer, dans sa vie, pour réagir avec autant d’aplomb, de sang-froid et de prévoyance. Elle rivalisait d’aisance avec Kovani, dont c’était plus ou moins la spécialité.
Une nouvelle fois, Dalla sentit tout le poids des privilèges dont elle avait joui peser sur sa conscience.
Bien sûr que les esclaves apprenaient à s’adapter, à réagir au quart de tour pour sauver leur peau, à cacher intentions et émotions pour se protéger. Ils n’avaient pas le choix. Une padawan élevée dans le confort du Temple ne pouvait pas en dire autant.
Pas une padawan, une chevalière, se corrigea Dalla.
-On passe par là ? fit-elle à Zamya en faisant un signe de tête vers la petite ruelle qui partait vers leur gauche.
-Ce sera plus long, mais on pourra faire du shopping ! déclara Zamya.
Et si Dalla n’avait pas su qu’elle était blessée et en fuite, elle aurait vraiment juré que Zamya avait hâte de faire des emplettes.
D’ailleurs, elle commenta avec une allégresse très bien imitée presque tous les petits stands et arrière-boutiques devant lesquels elles passaient.
Dalla acquiesçait et faisait quelques réponses évasives, par automatisme. Un automatisme développé pendant 5 années à porter les courses de sa sœur dans le grand mall de leur ville, tous les datunda après-midi.
Elle avait attendu 5 bonnes minutes avant de plonger la main dans sa poche de veste. Elle s’était d’abord demandé qu’elle pouvait être l’objet qui s’y trouvait, et qui avait été déposé là par Kovani (elle avait inspecté les poches de Haddy avant d’enfiler la veste, il n’y avait rien à ce moment-là).
Au toucher, la main toujours dans la poche, elle essaya d’analyser l’objet. Elle avait passé suffisamment de temps face à des tas de ferrailles plus ou moins trafiqués et plus ou moins en un seul morceau pour reconstituer assez facilement l’emplacement et l’utilité d’un objet grâce à sa forme.
La forme de l’objet (si l’on faisait abstraction du côté gélatineux qui faisait vraiment penser à une crevette yob), suivait une courbe assez similaire… à une conque d’oreille. Cela devait être une sorte d’oreillette, comme dans les holos d’espionnage.
Décidant de se fier à son confrère, Dalla profita de ce qu’elles passaient près d’une grosse crotte d’eopie pour agiter sa main autour de son visage, l’oreillette coincée entre deux doigts, et pour glisser l’apareil dans son oreille.
La sensation était loin d’être agréable, mais cela lui permettrait peut-être d’entrer en contact avec Kovani si un problème surgissait.
Derrière l’animation des petites ruelles et les couleurs vives des tissus, des panneaux de bois peints et des quelques fruits frais à la vente, la pauvreté était bien visible dans cette partie de la ville. Beaucoup de personnes de plus de trente ans, presque toutes espèces confondues, montraient une dentition en très mauvais état. Plusieurs personnes étaient assises dans des recoins ou des marches, une sébile dans les mains, parfois même avec un vieil holoécran clignotant qui affichait, en huttese ou en basic, des messages comme « je dois nourrir mes trois enfants », « les Hutt m’ont mis à la rue », et même un mystérieux « pitié, pour l’amour de l’Ashla ».
Zamya n’accordait aucune attention aux appels à l’aide de ces mendiants, et traçait tranquillement sa route, d’étal en étal.
Dalla se sentait ébranlée. Elle n’avait pas vu autant de misère depuis longtemps. Il y avait, bien sûr, des quartiers pauvres sur Dubrava. Mais elle n’y avait jamais mis les pieds, se contentant d’accompagner Laleeni au siège de son association de secours galactique, situé dans un quartier bien propret.
La dernière fois qu’elle avait été confrontée à tant de misère, elle était avec Larna, se reposant sur la toute-sagesse de sa maître.
Aujourd’hui, Larna n’était pas là.
Aujourd’hui, elle se retrouvait à suivre Zamya, alors que c’était elle la jedi. C’était elle qui était censée la sauver. C’était elle qui était censée être la sage, celle qui conseille et guide…
Elle ne se sentait pas du tout à la hauteur. Ce n’était pas la fierté qu’elle attendait pour sa première mission comme chevalière…
Les ruelles autour d’elle devenaient plus calmes. Les étals avaient cédé la place aux grandes bennes à ordures qui flaquaient les arrière salles des cantina. Zamya pressa le pas, se rapprochant presque imperceptiblement de Dalla.
Quel était l’avenir de l’Ordre, si tous ses jeunes chevaliers étaient aussi inadaptés au monde réel que Dalla ?
Dans un monde où la République et l’Ordre marchaient main dans la main, les chevaliers débutants devaient avoir le temps d’apprendre à agir dans un monde qui dépassait les règles qu’ils avaient apprises en cours et les types d’interactions qu’ils connaissaient au Temple ou protégés par leurs maîtres.
Mais dans ce monde où la République les traquait ? Dans ce monde où ils se retrouvaient dans une position à peine plus confortable que celle de ces mendiants assis à même le sol ?
Elle fut néanmoins tirée de ses réflexions par la voix de Kovani, directement dans son oreille.
C’était rassurant d’entendre la voix d’un autre jedi. Un jedi plus âgé, qui savait ce qu’il faisait, et qui…
- Trigger Warning:
- Violences sexistes, lesbophobes
-Hey, salut ma jolie !
Zamya tenta d’accélérer le pas, mais la voix qui l’avait interpellée reprit avec plus de force, pendant que deux silhouette se glissaient devant elles.
-Oh ! T’es pas polie, là ! On te cause, tu nous réponds ! On n’est pas des womp rats !
-Nous sommes pressées, murmura Zamya, les dents serrées.
Dalla savait que la zabrak ressentait la même tension qu’elle, la même envie frénétique de voir les trois hommes -le rodien qui avait interpellé Zamya et ses deux comparses iktotchi et nikto- disparaître au plus vite de leur champ de vision.
Dalla avait déjà vécu ce genre de scène des dizaines de fois -avec Larna, avec Nassa, avec Laleeni, seule-, elle savait que Zamya aussi.
L’iktotchi avança d’un pas vers Zamya. Dalla s’avança à son tour, se plaçant en avant de la zabrak, entre elle et les trois hommes.
-C’est pas à toi que je cause, la twi’lek, c’est à ta pote.
-Elle n’a pas envie de vous parler.
-Elle peut parler pour elle-même, non ?
Dalla sentait Zamya, dans son dos, assaillie par l’appréhension.
Dalla ne voyait aucune configuration où les choses se finissaient bien.
Elle n’était pas complètement sûre d’être capable de venir à bout des trois hommes. Et même si elle y arrivait, ce ne serait pas sans beaucoup de bruit et d’agitation. Trop pour leur permettre d’accéder discrètement au spatioport.
-Laissez-nous passer ! grogna Dalla.
La veste de Haddy était trop étroite pour qu’elle fasse saillir ses biceps.
-Tu la protèges ? Quoi ? T’es ça meuf ou quoi ?
Zamya s’était rapprochée de Dalla, toujours dans son dos. Mais les trois hommes aussi s’étaient rapprochés.
-Vous êtes des sales gouines, c’est ça ?
-T’as déjà essayé avec un vrai mec ? fit le nikto, en essayant de contourner Dalla.
La twi’lek tendit instinctivement le bras pour le bloquer.
Elle réfléchissait à toute vitesse.
Selon toute évidence, il allait falloir en venir aux mains.
A moins que…
Elle détestait faire cela, mais… Peut-être que si elle tentait un mind trick sur le rodien, qui avait un peu l’air d’être le leader, elle pourrait peut-être le faire convaincre les deux autres de les laisser passer sans grabuge.
Elle n’avait fait cela que deux fois dans toute sa vie, mais cela valait sûrement le coup d’essayer.
Et puis, Kovani n’était peut-être pas très loin...
Gary Kovani
# Re: Les open-space ça craint ! [pv Dalla] - Ven 24 Nov 2023 - 0:16
Ceux qui prétendent que la meilleure des défenses c’est l’attaque, sont juste des âmes sans imagination. De celles qui tapent avant de réfléchir, ou qui estiment que tous les conflits se résolvent à coups de poings. Cette maxime est erronée, fausse, mensongère. Non. Car : la meilleure des défenses, c’est l’esquive. Une solution plus complexe, qui demande agilité, intelligence, anticipation, certes… Mais qui offre infiniment plus d’options d’attaque, de fuite ou de trêve.
Et les esquives, j’en suis passé Maître. Ma vie n’est qu’une somme d’esquives. J’esquive même mes propres pensées pour éviter de sombre un peu plus, parfois…
D’un geste brusque, avant-bras posé sur le torse de mon comparse, j’intime l’ordre silencieux mais implacable à Haddy de s’arrêter net. Nous venons de quitter l’artère bondée, boulevard poussiéreux bardé de boutiques aux tentures délavées par les ultra-violets mortels. La ruelle que nous remontons est étroite, à peine assez large pour que deux individus de ma carrure, modeste, se croisent sans se raboter les épaules contre les crépis rugueux. Mais ombres portées des bâtiments, entremêlées, nous offre un répit bienvenu. Un semblant de fraicheur. Une étuve presque supportable. Je me tourne vers Haddy. Il fronce les sourcils et ouvre la bouche pour verbaliser ses interrogations. Mais de ma seconde main, celle de chair et d’os, je le contrains au silence, en la plaquant vivement sur son visage. La première revient se poser, index levé, sur mes lèvres. Il hoche la tête. Il a compris.
« On a un problème… » Je souffle ces mots, en observant discrètement les alentours. Par chance, la ruelle est déserte. Et l’activité folle qui bat son plein sur le boulevard étouffe presque tous les sons parasites. « Y’a trois types qui menacent nos amies… » Pas besoin de lui faire un dessin. L’éclat de haine pure qui illumine ses iris le prouve. « Si tu veux que Zamya s’en tire, va falloir faire exactement ce que je te dis… » Je lui mets une pression énorme sur les épaules en balançant sans préambule la survie de sa femme et de son futur enfant au visage. Un geste calculé. J’ai besoin de lui à cent pour cent. « Tu me fais confiance l’ami ? » Cette fois il secoue la tête. « Et t’as bien raison. Ne fais jamais confiance à personne, surtout à ceux qui te le demandent. Mais cette fois tu vas devoir faire exception… » Je traîne sur l’ultime syllabe, alors que je sonde la rue adjacente de mes pouvoirs invisibles. Haddy se débat pour retrouver sa liberté de mouvement. Il est tendu, sur-existé. Il ignore mes pouvoirs, mais doit penser que c’est Dalla qui me parle dans l’oreillette. Ou quelque chose du genre. Je dois resserrer ma poigne sur sa tunique pour l’empêcher de s’élancer vers l’inconnu. Alors je lui en explique davantage.
« J’ai un plan. Il repose sur toi. Quoi qu’il arrive, tu fais EXACTEMENT ce que je te demande. Sans poster de question. Pigé ? » Il acquise plus par réflexe que par volonté. « Faut que tu me dises « oui », c’est important… » « Oui !! » La situation est suffisamment grave pour que je brise toutes les règles précédemment énoncées. Si Dalla cache parfaitement ses émotions, ce n’est pas le cas des quatre autres protagonistes. Le jeune femme enceinte transpire d’une peur qu’elle peine à contrôler, même si je parierais qu’elle la dissimule parfaitement derrière ce masque d’un minéralité séculaire gravée par une vie de souffrance et de maltraitance. Même si son esprit tient le coup, son corps lui défaille : accélération soudaine de son rythme cardiaque, si puissant qu’il tonne erratiquement sur la trame immatérielle de la Force. Ce n’est pas la première fois qu’elle se fait agressée de la sortie, meurtrie en ses chairs par des bêtes à l’allure proche-humaine. L’altercation fait remonter des souvenirs refoulés. J’ignore si Dalla est capable de se débrouiller seule. Peut-être. Elle est bien plus forte qu’elle ne l’estime elle-même. Mais toutes les émotions néfastes ressuscités par son retour au Temple ont émoussé sa confiance en elle. Je dois intervenir. « Ok, suis moi… »
Je passe mon bras par-dessus l’épaule d’Haddy, et l’entraine avec moi. A l’intersection suivante, je coupe par une allée encore plus étroite qui s’achève sur une clôture éventrée qu’il faut enjamber. L’arrière court abandonnée donne directement sur la ruelle empruntée par Dalla et Zamya, une vingtaine de mètres en aval, derrière le groupe de mâles à la testostérone dégoulinante. Ça sent la bite sale, même dans la Force…
La tension est à son comble. A présent Zamya se love dans l’ombre de sa protectrice, alors que le plus épais du trio tient tête à Dalla. Les deux autres les ont déjà encerclées, comme un meute de chiens qui rabattent une proie. Ils ne sont pas encore passés à l’acte, c’est seulement parce que l’aura de Dalla projette des avertissements silencieux que même ces êtres non-sensibles sentent inconsciemment. Une sensation de danger inexplicable qui pousse les trois scélérats à ne prendre aucun risque. Et donc à retarder leur passage à l’acte.
Mon regard croise celui de Dalla, je lui lâche un clin d’œil. Oui j’ai un plan. J’ai toujours un plan. Sous mon bras, Haddy fulmine. Si je ne le serrais pas si fort contre moi, il se serait précipité dans une bataille perdue d’avance. Je loue son courage. Mais sa mort n’apporterait rien à l’Histoire.
Le meilleure des défense, c’est l’esquive. Un mot valise si vaste que l’on peut y ranger presque tout et n’importe quoi. La diversion est une forme d’esquive parmi tant d’autres. Un détournement d’attention, pour reprendre l’avantage sur une situation mal engagée. J’inspire… « Haddy… C’est maintenant que tu entres en scène ! » Il ouvre de larges yeux écarquillés lorsque sans plus de sommation, je le plaque contre le mur le plus proche. « Roule-moi ton meilleur patin ! » Alors que mes lèvres s’écrasent sur les siennes, je lance, à travers la Force un écho qui pousse les trois salopards à tourner la tête dans notre direction. Vous voyez ce picotement que vous ressentez sur la nuque et qui vous pousse à vous retourner pour regarder derrière ? C’est souvent l’œuvre d’un Jedi.
Evidemment, Haddy serre les mâchoires. Je n’insiste pas, la scène n’a besoin de plus de réalisme même si le contraire m’aurait franchement amusé. Une petit démonstration d’amour qui ne passe pas inaperçue…
« Putain ! Hey ! Les pédés ! Vous foutez quoi là ?! »
Je les ignore. Ma main glisse sur le poitrail d’Haddy, descendant lentement vers son entrejambe, mais sans jamais l’atteindre : je m’arrête avant, il me reste un minimum de savoir-vivre hein ! Il se raidit. Dans tous les sens du terme, j’en suis le premier surpris !
« Hé ! »
« Putain !
« Ho ! »
Les cris de protestation redoublent d’intensité. Le chef de la bande s’élance dans notre direction, les nerfs chauffés à blanc. La discrimination, qu’elle soit sexuelle, raciale ou autre, est une grave infirmité du cœur. L’une va rarement sans les autres. J’étais certain de viser juste. Un autre enfoiré lui emboite le pas, tandis que le troisième larron reste à proximité des filles pour que le gibier ne puisse se faire la malle. Dès que le Nikto m’arrive dessus, il me pose son énorme paluche sur l’épaule, et m’arrache de la silhouette d’Haddy. Je tombe, cul à terre, au milieu de la ruelle. L’autre type plaque son avant-bras sur la gorge de mon amant presque consentant pour l’empêcher de réagir. Ce qu’il n’aurait pas fait. Il est en état de choc.
« Putain de pédale ! Tu fou quoi là ?! Tu te crois où ? On veut pas de ça dans notre quartier merde ! » En guise de point d’exclamation, il me balance la pointe de sa botte dans les côtes. Je douille. Râle. Mais je me laisse faire, pour bien accaparer toute son attention, et donc laisser à Dalla une opportunité de se soustraire à son geôlier. Le Nikto se penche, me choppe par le col et me relève. Mes pieds ne touchent presque plus le sol.
« T’as pas l’air de bien comprendre, hein… T’es pas chez toi ici, grosse merde. Je vais te filer un bonne correction. T’y réfléchira à deux fois après avant de venir trainer dans le coin… Merde quoi. C’est pas la gay-pride aujourd’hui, mais toutes les folles et les gouines sont de sortie quand même ! » Il crache au sol.
Le suspens a assez duré, il est temps de passer à l’action. Je lui décoche un sourire aguicheur, en coin, et lui susurre :
« T'as envie de m'embrasser mon poulet. » Une phrase provocatrice, faussement anodine. La Force se love entre mes intonations, imprègne chaque syllabe, s’insuffle dans chaque mot. Ma cible a une seconde d’hésitation, comme si son cerveau, soudainement, échappait à son contrôle. Il lève le poing pour me frapper au visage, mais n’achève jamais ce geste. Il répond, mécaniquement :
« J’ai envie de t’embrasser mon poulet… »
« NIK ?! » bafouille son acolyte dans son dos, totalement décontenancé, yeux écarquillés… Il lâche Haddy et se jette sur son pote pour le secouer « TU FOU QUOI ?! »
Je retombe au sol et m’éloigne rapidement, en emportant Haddy au passage, en le tirant par le bras comme un couple en fuite. Dans notre dos se joue une scène… Surréaliste :
« Qu’es-ce tu fou Lapol ? Tu m’touches pas comme ça, connard ! »
« Putain, mais t’allais embrasser le pédé ! T’es un pédé en fait ! »
« Quoi ?! QUOI ?! Qu’es-ce t’as dit ?! TU REDIS UNE FOIS QUE JE SUIS PEDE ET JE TE DEFONCE LA GUEULE ! »
« NIK EST UN PEDE ! LISS ! VIENS M’AIDER ! »
Oui, clairement, le niveau intellectuel ne vole pas bien haut. Mais c’est souvent le cas avec ceux qui se murent dans de tels préjugés, et qui n’entrevoient d’autre issues à leurs mal-être que la violence envers ceux qui leur sont différents. Ces gars ne sont que des caricatures à la cervelle cramée par les soleils jumeaux.
Haddy et moi disparaissons à la première intersection. Course-poursuite, aléatoire, afin de s’assurer que le survivant que le combat de coqs n’aura l’idée de nous courir après. Lorsque l’on s’arrête enfin, nous sommes quelque part au milieu de la médina d’Anachore. Le quartier historique. Un véritable labyrinthe. Je souffle. Haddy est exténué, couvert de sueur, plié en deux, les mains posées sur ses genoux.
« Fiou… Un plan rondement mené hein… T’as assuré… » Il me lance un regard haineux. S’il n’était pas aussi essoufflé, il m’aurait probablement sauté dessus ! Je ricane, un peu moqueur, en levant les deux bras, paumes face à lui. « Hé ! Ne me regarde pas comme ça ! J’y peux rien si t’as eu une demi-mole quand je t’ai roulé une pelle ! » Il ouvre la bouche, pour nier, mais se ravise. Au lieu de cela il me crache :
« Ce… C’est… » Il s’essuie les lèvres d’un revers de manche dégouté en cherchant ses mots. « Si j’avais su, je n’aurais pas dit oui ! » Un peu tard. Oui, bon, je le reconnais, c’était limite de ma part. Mais aux grands maux les grands moyens, non ? « On n’aurait… Merde ! On aurait pu se battre, comme de vrais mecs non ? j’suis sur que tu pouvais leur rétamer la gueule. Toi et tes potes vous avez l’air entrainé… » Il n’a pas totalement tort. Sauf pour la partie vrai mec. Mais je mets la maladresse sur le coup de la fatigue et de la colère. Je secoue la tête :
« Oui, peut-être… Mais ces types auraient pu être armés. Ils auraient pu essayer de prendre en otage Dalla et Zamya. Les menacer, les blesser. Pendant que les deux premiers nous affrontaient, le troisième aurait pu les taillader avec un canif pour nous faire perdre nos moyens. Il y avait trop de « si ». La meilleur des défenses n’est jamais l’attaque. Toi mieux que quiconque devrait le comprendre… » Et paf, touché en plein cœur. Mon ultime remarque, sèche, lui fait l’effet d’une gifle. Il se renfrognent, baisse les yeux sur ses pieds en repensant à ce geste qui a été à l’origine de cette journée infernale. « Et arrête de t’inquiéter. Ne doute pas de Dalla. Zamya est en sécurité avec elle, elles sont déjà loin. » Je lui passe devant pour reprendre la tête de notre duo. Nous marchons plusieurs minutes, sans arriver à nous repérer. A l’issue d’une énième intersection anonyme, je lui balance un petit coup de coude taquin :
« Et arrête d’avoir honte mon pote. Si t’as aimé ça, t’as aimé ça, c’est tout. »
« Mais je… » Je le coupe avant qu’il ne sorte une nouvelle maladresse homophobe.
« Mais quoi ? T’avais jamais roulé un patin à un mec ? Bah faut une première à tout, c’est tout. C’est pas dégueu, et ça ne change rien au final. C’est pas parce que t’as eu une érection que t’es un pédé mon pote. Si ça peut te rassurer… » Je suis à deux doigts d’exploser de rire devant sa tronche décontenancée. « Imagine, demain si tu roules une pelle à un ou une Cathar, tu te penseras zoophile ? Et si tu embrasses une Zélosienne tu te croiras devenir fétichiste des plantes ? » En plus les Zélosiennes sont canon. Enfin au moins la seule que je connais : Jesaëlle. Mais bref. Je m’amuse beaucoup à lui prodiguer cette leçon de morale à la limite de l’absurde. « Bah non. Va valoir que tu travailles sur toi-même pour dépasser cette notion rétrograde de races et de genres. La galaxie est vaste, et peuplée de trop d’espèces pour qu’on s’attarde sur ces détails ! Profite juste de l’instant présent, et amuse toi mi amigo… De temps en temps. Fait comme moi ! » Sauf que moi je bouffe à tous les râteliers… Et ce n’est vraiment pas un exemple à suivre.
Bon. Je reconnais volontiers que je n’arriverais jamais à sortir de ce quartier sans aide extérieure. Je mets mon égo de baroudeur de côté et décider d’appeler Dalla en pressant sur mon oreillette :
« Ça roule chez vous ? » Je lui laisse quelques instants pour raconter sa version de l’histoire. Celle que nous avons manqué pendant la diversion. « Hmmm Dalla. Je te coupe attend. Je suis sûr que t’es du genre à prendre ta brosse à dents pour faire un footing, juste au cas où… Dis moi que t’as téléchargé une carte de la ville sur ton datapad avant de partir… Parce que… Moi pas… Et … Hum… Avec Haddy, on est juste un peu paumé là. Dans la Médina. C’est une vrai labyrinthe… Alors… Attend… Voilà on est devant ce qui ressemble à un salon de thé tout pourri, miteux. Le… Bouga-Louga. Un truc comme ça. La devanture mériterait un bon coup de frais. Mais si t’as rien, laisse tomber, file au spatioport, on trouvera bien une solution. »
Et les esquives, j’en suis passé Maître. Ma vie n’est qu’une somme d’esquives. J’esquive même mes propres pensées pour éviter de sombre un peu plus, parfois…
D’un geste brusque, avant-bras posé sur le torse de mon comparse, j’intime l’ordre silencieux mais implacable à Haddy de s’arrêter net. Nous venons de quitter l’artère bondée, boulevard poussiéreux bardé de boutiques aux tentures délavées par les ultra-violets mortels. La ruelle que nous remontons est étroite, à peine assez large pour que deux individus de ma carrure, modeste, se croisent sans se raboter les épaules contre les crépis rugueux. Mais ombres portées des bâtiments, entremêlées, nous offre un répit bienvenu. Un semblant de fraicheur. Une étuve presque supportable. Je me tourne vers Haddy. Il fronce les sourcils et ouvre la bouche pour verbaliser ses interrogations. Mais de ma seconde main, celle de chair et d’os, je le contrains au silence, en la plaquant vivement sur son visage. La première revient se poser, index levé, sur mes lèvres. Il hoche la tête. Il a compris.
« On a un problème… » Je souffle ces mots, en observant discrètement les alentours. Par chance, la ruelle est déserte. Et l’activité folle qui bat son plein sur le boulevard étouffe presque tous les sons parasites. « Y’a trois types qui menacent nos amies… » Pas besoin de lui faire un dessin. L’éclat de haine pure qui illumine ses iris le prouve. « Si tu veux que Zamya s’en tire, va falloir faire exactement ce que je te dis… » Je lui mets une pression énorme sur les épaules en balançant sans préambule la survie de sa femme et de son futur enfant au visage. Un geste calculé. J’ai besoin de lui à cent pour cent. « Tu me fais confiance l’ami ? » Cette fois il secoue la tête. « Et t’as bien raison. Ne fais jamais confiance à personne, surtout à ceux qui te le demandent. Mais cette fois tu vas devoir faire exception… » Je traîne sur l’ultime syllabe, alors que je sonde la rue adjacente de mes pouvoirs invisibles. Haddy se débat pour retrouver sa liberté de mouvement. Il est tendu, sur-existé. Il ignore mes pouvoirs, mais doit penser que c’est Dalla qui me parle dans l’oreillette. Ou quelque chose du genre. Je dois resserrer ma poigne sur sa tunique pour l’empêcher de s’élancer vers l’inconnu. Alors je lui en explique davantage.
« J’ai un plan. Il repose sur toi. Quoi qu’il arrive, tu fais EXACTEMENT ce que je te demande. Sans poster de question. Pigé ? » Il acquise plus par réflexe que par volonté. « Faut que tu me dises « oui », c’est important… » « Oui !! » La situation est suffisamment grave pour que je brise toutes les règles précédemment énoncées. Si Dalla cache parfaitement ses émotions, ce n’est pas le cas des quatre autres protagonistes. Le jeune femme enceinte transpire d’une peur qu’elle peine à contrôler, même si je parierais qu’elle la dissimule parfaitement derrière ce masque d’un minéralité séculaire gravée par une vie de souffrance et de maltraitance. Même si son esprit tient le coup, son corps lui défaille : accélération soudaine de son rythme cardiaque, si puissant qu’il tonne erratiquement sur la trame immatérielle de la Force. Ce n’est pas la première fois qu’elle se fait agressée de la sortie, meurtrie en ses chairs par des bêtes à l’allure proche-humaine. L’altercation fait remonter des souvenirs refoulés. J’ignore si Dalla est capable de se débrouiller seule. Peut-être. Elle est bien plus forte qu’elle ne l’estime elle-même. Mais toutes les émotions néfastes ressuscités par son retour au Temple ont émoussé sa confiance en elle. Je dois intervenir. « Ok, suis moi… »
Je passe mon bras par-dessus l’épaule d’Haddy, et l’entraine avec moi. A l’intersection suivante, je coupe par une allée encore plus étroite qui s’achève sur une clôture éventrée qu’il faut enjamber. L’arrière court abandonnée donne directement sur la ruelle empruntée par Dalla et Zamya, une vingtaine de mètres en aval, derrière le groupe de mâles à la testostérone dégoulinante. Ça sent la bite sale, même dans la Force…
La tension est à son comble. A présent Zamya se love dans l’ombre de sa protectrice, alors que le plus épais du trio tient tête à Dalla. Les deux autres les ont déjà encerclées, comme un meute de chiens qui rabattent une proie. Ils ne sont pas encore passés à l’acte, c’est seulement parce que l’aura de Dalla projette des avertissements silencieux que même ces êtres non-sensibles sentent inconsciemment. Une sensation de danger inexplicable qui pousse les trois scélérats à ne prendre aucun risque. Et donc à retarder leur passage à l’acte.
Mon regard croise celui de Dalla, je lui lâche un clin d’œil. Oui j’ai un plan. J’ai toujours un plan. Sous mon bras, Haddy fulmine. Si je ne le serrais pas si fort contre moi, il se serait précipité dans une bataille perdue d’avance. Je loue son courage. Mais sa mort n’apporterait rien à l’Histoire.
Le meilleure des défense, c’est l’esquive. Un mot valise si vaste que l’on peut y ranger presque tout et n’importe quoi. La diversion est une forme d’esquive parmi tant d’autres. Un détournement d’attention, pour reprendre l’avantage sur une situation mal engagée. J’inspire… « Haddy… C’est maintenant que tu entres en scène ! » Il ouvre de larges yeux écarquillés lorsque sans plus de sommation, je le plaque contre le mur le plus proche. « Roule-moi ton meilleur patin ! » Alors que mes lèvres s’écrasent sur les siennes, je lance, à travers la Force un écho qui pousse les trois salopards à tourner la tête dans notre direction. Vous voyez ce picotement que vous ressentez sur la nuque et qui vous pousse à vous retourner pour regarder derrière ? C’est souvent l’œuvre d’un Jedi.
Evidemment, Haddy serre les mâchoires. Je n’insiste pas, la scène n’a besoin de plus de réalisme même si le contraire m’aurait franchement amusé. Une petit démonstration d’amour qui ne passe pas inaperçue…
« Putain ! Hey ! Les pédés ! Vous foutez quoi là ?! »
Je les ignore. Ma main glisse sur le poitrail d’Haddy, descendant lentement vers son entrejambe, mais sans jamais l’atteindre : je m’arrête avant, il me reste un minimum de savoir-vivre hein ! Il se raidit. Dans tous les sens du terme, j’en suis le premier surpris !
« Hé ! »
« Putain !
« Ho ! »
Les cris de protestation redoublent d’intensité. Le chef de la bande s’élance dans notre direction, les nerfs chauffés à blanc. La discrimination, qu’elle soit sexuelle, raciale ou autre, est une grave infirmité du cœur. L’une va rarement sans les autres. J’étais certain de viser juste. Un autre enfoiré lui emboite le pas, tandis que le troisième larron reste à proximité des filles pour que le gibier ne puisse se faire la malle. Dès que le Nikto m’arrive dessus, il me pose son énorme paluche sur l’épaule, et m’arrache de la silhouette d’Haddy. Je tombe, cul à terre, au milieu de la ruelle. L’autre type plaque son avant-bras sur la gorge de mon amant presque consentant pour l’empêcher de réagir. Ce qu’il n’aurait pas fait. Il est en état de choc.
« Putain de pédale ! Tu fou quoi là ?! Tu te crois où ? On veut pas de ça dans notre quartier merde ! » En guise de point d’exclamation, il me balance la pointe de sa botte dans les côtes. Je douille. Râle. Mais je me laisse faire, pour bien accaparer toute son attention, et donc laisser à Dalla une opportunité de se soustraire à son geôlier. Le Nikto se penche, me choppe par le col et me relève. Mes pieds ne touchent presque plus le sol.
« T’as pas l’air de bien comprendre, hein… T’es pas chez toi ici, grosse merde. Je vais te filer un bonne correction. T’y réfléchira à deux fois après avant de venir trainer dans le coin… Merde quoi. C’est pas la gay-pride aujourd’hui, mais toutes les folles et les gouines sont de sortie quand même ! » Il crache au sol.
Le suspens a assez duré, il est temps de passer à l’action. Je lui décoche un sourire aguicheur, en coin, et lui susurre :
« T'as envie de m'embrasser mon poulet. » Une phrase provocatrice, faussement anodine. La Force se love entre mes intonations, imprègne chaque syllabe, s’insuffle dans chaque mot. Ma cible a une seconde d’hésitation, comme si son cerveau, soudainement, échappait à son contrôle. Il lève le poing pour me frapper au visage, mais n’achève jamais ce geste. Il répond, mécaniquement :
« J’ai envie de t’embrasser mon poulet… »
« NIK ?! » bafouille son acolyte dans son dos, totalement décontenancé, yeux écarquillés… Il lâche Haddy et se jette sur son pote pour le secouer « TU FOU QUOI ?! »
Je retombe au sol et m’éloigne rapidement, en emportant Haddy au passage, en le tirant par le bras comme un couple en fuite. Dans notre dos se joue une scène… Surréaliste :
« Qu’es-ce tu fou Lapol ? Tu m’touches pas comme ça, connard ! »
« Putain, mais t’allais embrasser le pédé ! T’es un pédé en fait ! »
« Quoi ?! QUOI ?! Qu’es-ce t’as dit ?! TU REDIS UNE FOIS QUE JE SUIS PEDE ET JE TE DEFONCE LA GUEULE ! »
« NIK EST UN PEDE ! LISS ! VIENS M’AIDER ! »
Oui, clairement, le niveau intellectuel ne vole pas bien haut. Mais c’est souvent le cas avec ceux qui se murent dans de tels préjugés, et qui n’entrevoient d’autre issues à leurs mal-être que la violence envers ceux qui leur sont différents. Ces gars ne sont que des caricatures à la cervelle cramée par les soleils jumeaux.
Haddy et moi disparaissons à la première intersection. Course-poursuite, aléatoire, afin de s’assurer que le survivant que le combat de coqs n’aura l’idée de nous courir après. Lorsque l’on s’arrête enfin, nous sommes quelque part au milieu de la médina d’Anachore. Le quartier historique. Un véritable labyrinthe. Je souffle. Haddy est exténué, couvert de sueur, plié en deux, les mains posées sur ses genoux.
« Fiou… Un plan rondement mené hein… T’as assuré… » Il me lance un regard haineux. S’il n’était pas aussi essoufflé, il m’aurait probablement sauté dessus ! Je ricane, un peu moqueur, en levant les deux bras, paumes face à lui. « Hé ! Ne me regarde pas comme ça ! J’y peux rien si t’as eu une demi-mole quand je t’ai roulé une pelle ! » Il ouvre la bouche, pour nier, mais se ravise. Au lieu de cela il me crache :
« Ce… C’est… » Il s’essuie les lèvres d’un revers de manche dégouté en cherchant ses mots. « Si j’avais su, je n’aurais pas dit oui ! » Un peu tard. Oui, bon, je le reconnais, c’était limite de ma part. Mais aux grands maux les grands moyens, non ? « On n’aurait… Merde ! On aurait pu se battre, comme de vrais mecs non ? j’suis sur que tu pouvais leur rétamer la gueule. Toi et tes potes vous avez l’air entrainé… » Il n’a pas totalement tort. Sauf pour la partie vrai mec. Mais je mets la maladresse sur le coup de la fatigue et de la colère. Je secoue la tête :
« Oui, peut-être… Mais ces types auraient pu être armés. Ils auraient pu essayer de prendre en otage Dalla et Zamya. Les menacer, les blesser. Pendant que les deux premiers nous affrontaient, le troisième aurait pu les taillader avec un canif pour nous faire perdre nos moyens. Il y avait trop de « si ». La meilleur des défenses n’est jamais l’attaque. Toi mieux que quiconque devrait le comprendre… » Et paf, touché en plein cœur. Mon ultime remarque, sèche, lui fait l’effet d’une gifle. Il se renfrognent, baisse les yeux sur ses pieds en repensant à ce geste qui a été à l’origine de cette journée infernale. « Et arrête de t’inquiéter. Ne doute pas de Dalla. Zamya est en sécurité avec elle, elles sont déjà loin. » Je lui passe devant pour reprendre la tête de notre duo. Nous marchons plusieurs minutes, sans arriver à nous repérer. A l’issue d’une énième intersection anonyme, je lui balance un petit coup de coude taquin :
« Et arrête d’avoir honte mon pote. Si t’as aimé ça, t’as aimé ça, c’est tout. »
« Mais je… » Je le coupe avant qu’il ne sorte une nouvelle maladresse homophobe.
« Mais quoi ? T’avais jamais roulé un patin à un mec ? Bah faut une première à tout, c’est tout. C’est pas dégueu, et ça ne change rien au final. C’est pas parce que t’as eu une érection que t’es un pédé mon pote. Si ça peut te rassurer… » Je suis à deux doigts d’exploser de rire devant sa tronche décontenancée. « Imagine, demain si tu roules une pelle à un ou une Cathar, tu te penseras zoophile ? Et si tu embrasses une Zélosienne tu te croiras devenir fétichiste des plantes ? » En plus les Zélosiennes sont canon. Enfin au moins la seule que je connais : Jesaëlle. Mais bref. Je m’amuse beaucoup à lui prodiguer cette leçon de morale à la limite de l’absurde. « Bah non. Va valoir que tu travailles sur toi-même pour dépasser cette notion rétrograde de races et de genres. La galaxie est vaste, et peuplée de trop d’espèces pour qu’on s’attarde sur ces détails ! Profite juste de l’instant présent, et amuse toi mi amigo… De temps en temps. Fait comme moi ! » Sauf que moi je bouffe à tous les râteliers… Et ce n’est vraiment pas un exemple à suivre.
Bon. Je reconnais volontiers que je n’arriverais jamais à sortir de ce quartier sans aide extérieure. Je mets mon égo de baroudeur de côté et décider d’appeler Dalla en pressant sur mon oreillette :
« Ça roule chez vous ? » Je lui laisse quelques instants pour raconter sa version de l’histoire. Celle que nous avons manqué pendant la diversion. « Hmmm Dalla. Je te coupe attend. Je suis sûr que t’es du genre à prendre ta brosse à dents pour faire un footing, juste au cas où… Dis moi que t’as téléchargé une carte de la ville sur ton datapad avant de partir… Parce que… Moi pas… Et … Hum… Avec Haddy, on est juste un peu paumé là. Dans la Médina. C’est une vrai labyrinthe… Alors… Attend… Voilà on est devant ce qui ressemble à un salon de thé tout pourri, miteux. Le… Bouga-Louga. Un truc comme ça. La devanture mériterait un bon coup de frais. Mais si t’as rien, laisse tomber, file au spatioport, on trouvera bien une solution. »
Dalla Tellura
# Re: Les open-space ça craint ! [pv Dalla] - Sam 2 Déc 2023 - 20:41
L’iktotchi était un peu plus grand qu’elle, et ses cornes, dans un terrifiant parallèle avec les lekku de Dalla, pointaient maintenant juste en face de sa carotide.
Le rodien s’était glissé sur sa gauche, en gardant toujours l’iktotchi entre elle et lui. Le nikto était plus proche d’elle, sur sa droite. Il aurait été à portée de bras, si l’iktotchi n’avait été sur le chemin. Et si Dalla se décalait pour l’atteindre, elle tournait le dos à Zamya.
Leurs trois agresseurs se déplaçaient très lentement, ce qui laissait le temps à Dalla de se repositionner elle-même et de réfléchir à la suite de ses actions. Elle avait vaguement conscience de la présence de Kovani, informé de leur situation, et qui se rapprochait.
Elle devait juste gagner du temps.
Elle fixait toujours l’iktotchi qui lui faisait face. Elle aurait aimé pouvoir regarder aussi les deux autres, mais si elle brisait le contact visuel, il risquait de prendre cela pour un signe de faiblesse.
Dalla avait un peu l’impression d’être en plein holo-documentaire animalier.
Elle tenta une petite, toute petite poussée de Force contre l’iktotchi. Pas de quoi le faire tomber, ni même le faire trébucher, mais suffisamment pour le déstabiliser.
Elle en profita pour faire un pas dans sa direction. Il en fit deux en reculant. Dalla darda alors un regard noir au nikto, puis au rodien.
Et, derrière celui-ci, avec un intense soulagement, elle croisa les yeux de Kovani.
Force soit louée. Deux jedi, plus Haddy, dont elle devinait la silhouette, flanquant celle de Kovani, et plus Zamya, que Dalla sentait prête à se défendre de toutes ses cornes.
Kovani avait visiblement un plan. Dalla n’était pas une grande stratège militaire, mais elle savait que l’effet de surprise était souvent un atout tactique important. Elle ignora donc ostensiblement le clin d’œil du jedi et se tourna de nouveau vers l’iktotchi – se décalant un peu plus vers sa droite que précédemment. Elle pouvait laisser le rodien à Kovani, hors de son propre champ de vision.
Le plan de Kovani n’était de toute évidence pas exactement le genre de plan à quoi Dalla s’était attendue.
Le nikto et l’iktotchi détournèrent soudain leur attention des deux filles.
Mais ce niveau d’homophobie ! songea Dalla en attrapant à l’aveuglette le bras de Zamya.
Elle sentait un profond malaise dans la Force, au milieu d’une confusion générale assez prononcée. Mais surtout, elle voyait, comme autrefois sur les écrans tactiques des vaisseaux militaires républicains, un chemin se libérer pour elle et Zamya.
Elle entraîna donc la zabrak derrière elle. Son mouvement attira de nouveau l’attention de l’iktotchi. Mais cette fois, il était seul face aux deux filles, et sa concentration, momentanément brisée par l’intervention de Kovani et Haddy, ne lui permettait plus autant d’aplomb qu’auparavant.
Dalla lui fonça donc dessus, poing en avant.
Un bon moyen d’évacuer la tension, l’angoisse et l’indignation légitime face à ce genre de comportement.
L’iktotchi recula sous le choc, trébucha, et s’affala fesses en avant dans le sol poussiéreux. Dalla poursuivit sans ralentir, Zamya toujours derrière elle. La zabrak ralentit un instant sa course. Dalla se tourna vers elle, juste à temps pour voir son pied se retirer de l’entrejambe de leur agresseur.
Chacune son tour.
Derrière elles, la situation semblait de plus en plus embrouillée entre les 4 autres. Dalla eut un instant d’hésitation en constant l’état de malaise qui se dégageait de l’aura de Haddy, mais Kovani semblait avoir les choses bien en mains, puisqu’il avait visiblement réussi à monter les deux autres connards l’un contre l’autre.
Les deux filles s’engouffrèrent dans la ruelle en face d’elles, et avancèrent au pas de courses pendant un bon demi-klick.
Dalla ne s’autorisa à ralentir l’allure que quand elle aperçut, entre deux façades, une haute structure qui ressemblait fort à une tour de contrôle de spatioport.
-Ça va ? demanda-t-elle à Zamya qui ralentissait à son tour.
-Ça va. Merci. Je… je crois que je vais me mettre à la muscu, quand…
Elle inspira profondément.
-Quand je n’aurais plus un petit truc fragile qui pousse dans mon utérus…
Dalla lui fit un sourire encourageant. Enfin, elle espérait qu’il l’était, parce que son cœur battait toujours la chamade, que ses phalanges et ses épaules étaient toujours contractées.
-Haddy n’avait pas l’air bien… murmura Zamya en s’arrêtant, cette fois, tout à fait, et en se retournant dans la direction dont elles venaient.
-C’est l’impression que j’ai eue aussi.
Zamya se tourna de nouveau vers elle.
-Vraiment ?
Dalla grogna intérieurement. Zamya connaissait bien Haddy et donc pouvait facilement déchiffrer son expression, même dans la précipitation. Ce n’était pas le cas de Dalla. Ce n’était que grâce à la Force qu’elle s’en était rendue compte.
-Je… Ma sœur et ses collègues dégageaient parfois la même… détresse. Je veux dire… Elles faisaient ce genre de tête.
Oui, Dalla se souvenait de cette impression de malaise, de saleté, d’écœurement qui émanait des filles, certains soirs, quand un client avait été particulièrement… entreprenant.
-Elles... travaillaient dans un cabaret. Pas à des postes très... protégés.
Elle haussa les épaules, peu désireuse de penser à Nassa maintenant.
-On leur demandera ce qui s’est passé dès qu’on les retrouvera, déclara Dalla. Le plus urgent c’est d…
Elle fut interrompue par un vrombissement dans son oreille.
Elle avait complètement oublié l’appareil que lui avait confié Kovani.
-Nous avons réussi à nous éloigner ! On voit le spatioport. Mais on était inquiète pour Haddy, il avait l’air tr…
Zamya la fixa d’un air interrogateur quand elle s’arrêta de parler, à la demande de Gary. Dalla secoua la tête d’un air apaisant pour lui indiquer qu’il n’y avait rien de grave.
Elle eut un petit sourire en repensant à leur discussion dans le camion, aux ordres de mission, au datapad.
-Oui, j’ai une carte avec moi, attends un instant.
-Ils sont perdus ? Interrogea Zamya, incrédule.
Dalla confirma de la tête en allumant son datapad.
-Oh, les mecs ! Et dire que Haddy a vécu toute sa vie dans cette ville ! Mais ça ne m’étonne pas en fait ! Les rares fois où sa tante l’envoyait faire des courses, il finissait toujours par m’appeler, perdu. « Zam, c’est où qu’on trouve les clous de 20 qu’on utilise pour les enclos ? », « Zam, j’ai pas trouvé la farine que tu utilises pour les galettes », « Mon amour, je ne sais pas combien je dois prendre de pots de peinture pour le garage... »
Elle avait besoin d’évacuer la tension que le coup de pied à l’iktochi n’avait pas suffi à diffuser. Mais Dalla comprenait aussi que si quelque chose de traumatique était arrivé à Haddy, il avait peut-être du mal à rassembler ses esprits.
-Alooors… Bouga-Louga… ah oui, j’ai trouvé ! On n’est pas très loin de vous !
Zamya regardait la carte en même temps qu’elle.
-Il ne faut pas qu’ils passent par là. Herda va souvent dans cette cantina, on la connaît, et on connaît Haddy aussi.
-Évitez la rue en face de vous. Enfin, en face du Bouga-Louga. Prenez la troisième rue… Quand vous êtes dos au salon de thé… La troisième...
Zamya lui indiquait un trajet sur la carte. Elle essayait d’être claire dans ses indications. Au moins, sur Coruscant, les artères de circulation avaient des numéros et des lettres pour qu’on s’y retrouve...
-Et pour finir y aura une petite allée après une sort de muret bas, et vous devriez déboucher sur une place à peu près rectangulaire, qui donne sur l’entrée nord du spatioport. Nous on va entrer par une autre porte. Les premiers arrivés regarde les départs imminents.
Elle échangea un regard avec Zamya avant d’ajouter :
-Comment va Haddy ? Il avait l’air très… mal à l’aise, tout à l’heure. Il lui est arrivé quelque chose ?
Est-ce que les trois connards s’en étaient pris à lui ? Pourtant, le timing ne semblait pas coller… Il avait déjà l’air mal quand les autres s’étaient approchés…
Les deux filles avaient repris leur avancée vers le spatioport. Dalla regarda l’heure locale sur son datapad. Il leur restait 20 minutes avant le départ du convoi jedi.
Le rodien s’était glissé sur sa gauche, en gardant toujours l’iktotchi entre elle et lui. Le nikto était plus proche d’elle, sur sa droite. Il aurait été à portée de bras, si l’iktotchi n’avait été sur le chemin. Et si Dalla se décalait pour l’atteindre, elle tournait le dos à Zamya.
Leurs trois agresseurs se déplaçaient très lentement, ce qui laissait le temps à Dalla de se repositionner elle-même et de réfléchir à la suite de ses actions. Elle avait vaguement conscience de la présence de Kovani, informé de leur situation, et qui se rapprochait.
Elle devait juste gagner du temps.
Elle fixait toujours l’iktotchi qui lui faisait face. Elle aurait aimé pouvoir regarder aussi les deux autres, mais si elle brisait le contact visuel, il risquait de prendre cela pour un signe de faiblesse.
Dalla avait un peu l’impression d’être en plein holo-documentaire animalier.
Elle tenta une petite, toute petite poussée de Force contre l’iktotchi. Pas de quoi le faire tomber, ni même le faire trébucher, mais suffisamment pour le déstabiliser.
Elle en profita pour faire un pas dans sa direction. Il en fit deux en reculant. Dalla darda alors un regard noir au nikto, puis au rodien.
Et, derrière celui-ci, avec un intense soulagement, elle croisa les yeux de Kovani.
Force soit louée. Deux jedi, plus Haddy, dont elle devinait la silhouette, flanquant celle de Kovani, et plus Zamya, que Dalla sentait prête à se défendre de toutes ses cornes.
Kovani avait visiblement un plan. Dalla n’était pas une grande stratège militaire, mais elle savait que l’effet de surprise était souvent un atout tactique important. Elle ignora donc ostensiblement le clin d’œil du jedi et se tourna de nouveau vers l’iktotchi – se décalant un peu plus vers sa droite que précédemment. Elle pouvait laisser le rodien à Kovani, hors de son propre champ de vision.
Le plan de Kovani n’était de toute évidence pas exactement le genre de plan à quoi Dalla s’était attendue.
Le nikto et l’iktotchi détournèrent soudain leur attention des deux filles.
Mais ce niveau d’homophobie ! songea Dalla en attrapant à l’aveuglette le bras de Zamya.
Elle sentait un profond malaise dans la Force, au milieu d’une confusion générale assez prononcée. Mais surtout, elle voyait, comme autrefois sur les écrans tactiques des vaisseaux militaires républicains, un chemin se libérer pour elle et Zamya.
Elle entraîna donc la zabrak derrière elle. Son mouvement attira de nouveau l’attention de l’iktotchi. Mais cette fois, il était seul face aux deux filles, et sa concentration, momentanément brisée par l’intervention de Kovani et Haddy, ne lui permettait plus autant d’aplomb qu’auparavant.
Dalla lui fonça donc dessus, poing en avant.
Un bon moyen d’évacuer la tension, l’angoisse et l’indignation légitime face à ce genre de comportement.
L’iktotchi recula sous le choc, trébucha, et s’affala fesses en avant dans le sol poussiéreux. Dalla poursuivit sans ralentir, Zamya toujours derrière elle. La zabrak ralentit un instant sa course. Dalla se tourna vers elle, juste à temps pour voir son pied se retirer de l’entrejambe de leur agresseur.
Chacune son tour.
Derrière elles, la situation semblait de plus en plus embrouillée entre les 4 autres. Dalla eut un instant d’hésitation en constant l’état de malaise qui se dégageait de l’aura de Haddy, mais Kovani semblait avoir les choses bien en mains, puisqu’il avait visiblement réussi à monter les deux autres connards l’un contre l’autre.
Les deux filles s’engouffrèrent dans la ruelle en face d’elles, et avancèrent au pas de courses pendant un bon demi-klick.
Dalla ne s’autorisa à ralentir l’allure que quand elle aperçut, entre deux façades, une haute structure qui ressemblait fort à une tour de contrôle de spatioport.
-Ça va ? demanda-t-elle à Zamya qui ralentissait à son tour.
-Ça va. Merci. Je… je crois que je vais me mettre à la muscu, quand…
Elle inspira profondément.
-Quand je n’aurais plus un petit truc fragile qui pousse dans mon utérus…
Dalla lui fit un sourire encourageant. Enfin, elle espérait qu’il l’était, parce que son cœur battait toujours la chamade, que ses phalanges et ses épaules étaient toujours contractées.
-Haddy n’avait pas l’air bien… murmura Zamya en s’arrêtant, cette fois, tout à fait, et en se retournant dans la direction dont elles venaient.
-C’est l’impression que j’ai eue aussi.
Zamya se tourna de nouveau vers elle.
-Vraiment ?
Dalla grogna intérieurement. Zamya connaissait bien Haddy et donc pouvait facilement déchiffrer son expression, même dans la précipitation. Ce n’était pas le cas de Dalla. Ce n’était que grâce à la Force qu’elle s’en était rendue compte.
-Je… Ma sœur et ses collègues dégageaient parfois la même… détresse. Je veux dire… Elles faisaient ce genre de tête.
Oui, Dalla se souvenait de cette impression de malaise, de saleté, d’écœurement qui émanait des filles, certains soirs, quand un client avait été particulièrement… entreprenant.
-Elles... travaillaient dans un cabaret. Pas à des postes très... protégés.
Elle haussa les épaules, peu désireuse de penser à Nassa maintenant.
-On leur demandera ce qui s’est passé dès qu’on les retrouvera, déclara Dalla. Le plus urgent c’est d…
Elle fut interrompue par un vrombissement dans son oreille.
Elle avait complètement oublié l’appareil que lui avait confié Kovani.
-Nous avons réussi à nous éloigner ! On voit le spatioport. Mais on était inquiète pour Haddy, il avait l’air tr…
Zamya la fixa d’un air interrogateur quand elle s’arrêta de parler, à la demande de Gary. Dalla secoua la tête d’un air apaisant pour lui indiquer qu’il n’y avait rien de grave.
Elle eut un petit sourire en repensant à leur discussion dans le camion, aux ordres de mission, au datapad.
-Oui, j’ai une carte avec moi, attends un instant.
-Ils sont perdus ? Interrogea Zamya, incrédule.
Dalla confirma de la tête en allumant son datapad.
-Oh, les mecs ! Et dire que Haddy a vécu toute sa vie dans cette ville ! Mais ça ne m’étonne pas en fait ! Les rares fois où sa tante l’envoyait faire des courses, il finissait toujours par m’appeler, perdu. « Zam, c’est où qu’on trouve les clous de 20 qu’on utilise pour les enclos ? », « Zam, j’ai pas trouvé la farine que tu utilises pour les galettes », « Mon amour, je ne sais pas combien je dois prendre de pots de peinture pour le garage... »
Elle avait besoin d’évacuer la tension que le coup de pied à l’iktochi n’avait pas suffi à diffuser. Mais Dalla comprenait aussi que si quelque chose de traumatique était arrivé à Haddy, il avait peut-être du mal à rassembler ses esprits.
-Alooors… Bouga-Louga… ah oui, j’ai trouvé ! On n’est pas très loin de vous !
Zamya regardait la carte en même temps qu’elle.
-Il ne faut pas qu’ils passent par là. Herda va souvent dans cette cantina, on la connaît, et on connaît Haddy aussi.
-Évitez la rue en face de vous. Enfin, en face du Bouga-Louga. Prenez la troisième rue… Quand vous êtes dos au salon de thé… La troisième...
Zamya lui indiquait un trajet sur la carte. Elle essayait d’être claire dans ses indications. Au moins, sur Coruscant, les artères de circulation avaient des numéros et des lettres pour qu’on s’y retrouve...
-Et pour finir y aura une petite allée après une sort de muret bas, et vous devriez déboucher sur une place à peu près rectangulaire, qui donne sur l’entrée nord du spatioport. Nous on va entrer par une autre porte. Les premiers arrivés regarde les départs imminents.
Elle échangea un regard avec Zamya avant d’ajouter :
-Comment va Haddy ? Il avait l’air très… mal à l’aise, tout à l’heure. Il lui est arrivé quelque chose ?
Est-ce que les trois connards s’en étaient pris à lui ? Pourtant, le timing ne semblait pas coller… Il avait déjà l’air mal quand les autres s’étaient approchés…
Les deux filles avaient repris leur avancée vers le spatioport. Dalla regarda l’heure locale sur son datapad. Il leur restait 20 minutes avant le départ du convoi jedi.
Gary Kovani
# Re: Les open-space ça craint ! [pv Dalla] - Mar 19 Déc 2023 - 13:09
« Merci Dalla ! Troisième rue… Hmm… Ok ! Ca n’a pas l’air si compliqué finalement… » Je lance un regard accusateur vers mon acolyte. Il baisse les yeux vers ses chaussures. Il n’est décidément d’aucune aide. A moins que ce soit ma stratégie de combat hétérodoxe qui le perturbe au point de ne plus savoir où il se trouve. Pour sa défense, les médina sont de vrais labyrinthes. Si l’on n’est pas habitué à s’y déplacer depuis son plus jeune âge, il est impossible d’apprivoiser ces ruelles entremêlées. « Haddy ? » L’intéressé relève la tête, tend une oreille. Il me vient l’image d’un canidés qui pivote la tête lorsqu’on prononce son nom. « Oui Oui. Il va très bien… Enfin autant qu’on peut aller lorsque l’on vient de tuer accidentellement sa tante avant de fuir dans le désert, de tomber en panne, et de se faire prendre en autostop par des inconnus. Tu vois que je veux dire… » Je coupe le micro. « N’est-ce pas Haddy ? » Un demi-mensonge en est-il réellement un ? Il hausse les épaules, une moue indescriptible gravée sur son visage tanné par les soleils jumeaux. Il est perturbé c’est sur… Mais techniquement, il va très bien non ? Physiquement en tout cas !
Raaah. Je sais très bien ce que Dalla veut dire… Et elle sait que je sais… Alors je me sens l’obligation d’ajouter : « On a dû improviser un truc… Et je crois qu’il en a appris plus sur lui-même qu’il n’aurait voulu. C’est probablement ce qui le… » Haddy se relève. Fait un pas dans ma direction, cette fois c’est la colère qui marque ses traits. J’ai peut-être un peu trop tiré sur la corde sensible. Peut-être… « Bref ! On se retrouve un spatioport, ca devrait le faire ! Merci Dalla ! Toujours au top ! » Je coupe la com, et volte-face. J’épaissis mon aura pour paraitre plus menaçant que je le suis réellement. Une technique de dissuasion qui évite d’avoir à se battre, la plupart du temps :
« Un problème mi amigo ? »
« Tu te fous de ma gueule ?! » Ouais, il est bien vénère. Je recule d’un pas et lève les paumes en guise de reddition :
« Oula ! Calmos muchachos ! Tu veux qu’on en parle ? »
« Pourquoi t’as dit tout ça ?! Je veux… Je veux pas… Merde ! Je veux des excuses bordel ! T’aurais pas dû… Et merde ! Jamais tu ne parles de… Tout ça ! A personne ! Et surtout pas à Zamya ! Sinon… » Sinon quoi ? Je me retiens de lui lâcher un sourire moqueur. Son innocence le rend presque… mignon. Je comprends maintenant ce que Zamya lui trouve. Il y a une candeur rassurante derrière ce visage austère. Un petit quelque chose d’immature qui le rend terriblement attachant. Depuis notre première rencontre, nous avons enchainé les emmerdes, les situations stressantes : et je me rends compte à présent que ces rides d’inquiétudes qui creusent son large front ne lui sont pas habituelles. Au contraire, ce sont plutôt ces fines ridules qui marquent la commissure de ces lèvres qui attestent de sa réelle nature : un être jovial, souriant, à la limite de l’insouciance. Un gars rêveur, détaché de l’horreur du monde réel. Un optimiste qui voit, usuellement, le bon coté des choses. Mais la décès accidentel de sa tante a achevé cette part d’enfance à laquelle il s’accrochait jusqu’alors, comme un grand gosse qui refuse de plonger la tête la première dans l’âge adulte. Fini l’innocence. Un changement traumatisant qu’il peine à assumer, à digérer… Et moi j’en rajouter une couche avec mes conneries. J’en culpabiliserait presque. Presque.
« C'est vraiment ça que tu veux entendre ? Ok ! Je m’excuse Haddy ! Je n’aurais pas dû… » Je baisse ma garde. « Sincèrement. » Je ne veux pas qu’il croit que je prends son accès de colère à la légère. Non. Il faut se méfier des « gentils ». Les sympathiques, les amicaux. Ceux qui ne s’énervent jamais. Ils ne connaissent pas leurs limites, et lorsque la rage leur monte au naseaux, ils perdent tout contrôle. La gestion de la colère demande de l’expérimenter, régulièrement. Les optimistes sont des bombes à retardement. « Tu te sens mieux ? » La réponse est évidente. La colère dévore toujours ses pupilles. Comment quelques mots pourraient calmer ce bouillonnement intérieur ? Alors je choisi la thérapie de choc :
« Frappe moi… » Je fais un pas dans sa direction. Il lui suffit d’allonger le bras pour me coller son poing dans la figure. « Vas-y ! Frappe-moi si tu penses que tu te sentiras mieux après ! » Un injonction crachée à son visage rubicond. Il se fige. Ses muscles tressaillent. Il hésite. Craint-ils les conséquences ? Il n’est probablement pas habitué à lever la main sur un autre être vivant. Un attitude qui conforte mon analyse. Alors je fais encore un pas. Mon torse touche presque le siens. Nos visages ne sont plus qu’à une trentaine de centimètres l’un de l’autre. La distance idéale pour un coup de boule bien placé. Je révoque mon aura. Plus rien ne devrait l’intimider… Yeux dans les yeux… Il finit par de dérober et battre en retraite : il basse les yeux et recule.
« Non ! Je ne peux pas ! Putain ! Merde ! Même ça n’y arrive pas ! Y’a rien qui va chez moi… » Sa voix se brise. Son esprit est si confus que je peux sentir l’oppression qui l’étreint sans avoir recours à mes pouvoirs. Il est au bord de l’explosion. Tout ce qu’il refoulait depuis le début de cette aventure remonte à présent. Un torrent d’émotions débridées. Il réalise que tout ce qu’il vient de vivre est réel, et qu’il ne pourra plus jamais faire marche arrière. Mon baiser n’est que la goutte d’eau de trop, dans cet océan de regrets, de doutes et de culpabilité. De honte aussi. Fini de jouer au cow-boy, si je veux qu’il parvienne à quitter ce monde sans s’enfoncer dans plus d’emmerdes, il va falloir crever l’abcès. Je fonde sur lui, lui passe un bras par-dessus l’épaule, et lui intime l’ordre silencieux de s’assoir sur le banc le plus proche. Je me pose à coté de lui. Il ne résiste même pas. Sa volonté est broyée en milles tessons qui lacèrent son âme déjà meurtrie. J’inspire, me laisse glisser en arrière, dos contre l’argile cru. Par chance, cette rue est déserte, Haddy n’a pas à s’occuper du regard des autres. Enfin je laisse échapper un :
« Rude journée hein ? » Préambule ridicule, mais qui a le mérite de lui arracher un sourire triste. Il hoche la tête sans me regarder. Ses yeux sont humides des larmes qu’il retient par fierté. « Mais t’inquiète, supporter une femme enceinte risque d’être bien pire… Surtout une Zamya enceinte non ? Elle a l’air d’avoir un sacré caractère… » Malgré lui, son sourire s’élargit. Une petite lueur renait dans son regard. Il bafouille, la gorge nouée par les sanglots refoulés :
« Oui… Zamya… Elle est si forte. » Mais très vite la mélancolie reprend le dessus. Et les doutes. « Je l’aime si fort… Elle ne mérite pas… Tout ça. Bordel. J’ai merdé. Je suis nul. Je foire tout ! Je ne sais pas ce qu’elle me trouve… Elle mérite mieux. Un gars qui assure… Moi je suis incapable de gérer quoi que ce soit… C’est décidé : dès qu’elle sera en sécurité, je partirais de mon coté… Ca sera mieux comme ça… Pour pourra avoir la vie dont elle rêve. Et… » Je le coupe :
« Tu vois ce mur là-bas » Je lui désigne la façade d’un taudis branlant. « Qu’est-ce que tu vois, mi amigo ? » L’autre hésite, mais répond par réflexe, perdu par la question improbable :
« Heu… Un mur ? » je secoue la tête. « Des briques ? De la poussière ? Du sable. »
« Ouais exactement… Tu vois, je vais te dire un truc très con : ce qui est fait est fait. Le passé, c’est comme ces briques. Posées les unes sur les autres. Elles sont là. Tu n’y peux rien. Tu peux vouloir en cacher certaines derrière un enduit aguicheur, elles seront toujours là. Les briques c’est ton passé mon pote. Le mortier entre-elles, c’est ton présent. Car ce sont tes actes d’aujourd’hui qui assurent la cohérence et la stabilité de ton histoire. A trop vouloir ignorer les briques les plus moches, tu finiras par oublier de les enduire correctement. Il en résultera une faiblesse structurelle…Car le mur tout entier, lui, c’est ton histoire… Et s’il y a trop de failles, il finira par s’écrouler. Tu vois ou je veux en venir ? »
« Heu… Non, pas vraiment… » Il mate le mur, les sourcils froncés. Mon approche atypique aura au moins eu l’effet de chasser les vapeurs de la mélancolie pour les remplacer par un brouillard de questions nébuleuses.
« Exactement ! Tu ne piges quedal, mi amigo ! » Je le choppe par les épaules, pour le secouer comme un putain de prunier. « Et c’est pour ça qu’on t’adore Haddy ! C’est pour ça que Zamya t’aime ! »
« Qu’est-ce que t’en sais ?! Tu nous connais même pas ! »
« Pfff. J’en sais assez pour savoir que ce que Zamya cherche. Et : attention spoiler : ce n’est pas un gars viril, qui assure en toute circonstance. Genre mec baraque au sourire de tombeur, comme moi. Non, elle n’a carrément pas besoin de ça. Elle est assez forte pour se suffire à elle-même. Ce dont elle a besoin, ce sont des bouffées d’oxygène pour continuer à respirer les gaz toxiques qui émanent des cicatrices qui lui ont laissé sa vie d’esclave. Ouvre les yeux, c’est toi cet air frais bordel. C’est de toi qu’elle a besoin. Personne d’autre. Tu n’es pas une béquille, un pitbull, ou une locomotive qui fonce en sifflant. T’es le rayon de soleil de sa morne existence, t’es la seule personne qui lui donne envie de sourire, qui parvient à lui faire oublier l’horreur de son passé. Tu l’as pigé ça ? Bah non. Baka ! » Je lui file une tape sur l’arrière de la tête.
Le silence interdit répond à ma question. Depuis que son insouciance est morte avec sa Tante, il tente de se la jouer gros bras, mec qui assure, gars qui prend les devants. Mais il y échoue lamentablement. Parce que ce n’est pas sa nature. Dans la vie, il faut savoir accepter ses points fort autant que ses faiblesses… Et miser sur ses qualités plutôt que de s’escrimer à cacher des défauts qui ne disparaitront jamais vraiment.
« Bordel, je suis trop con… » Je ne le lui fais pas dire. Ma main claque cette fois entre ses omoplates. Un geste amical bien qu’un peu douloureux…
« Bah ouais mon pote, t’es un peu con, mais c’est ce qui fait ton charme. Alors on va se la faire simple : on retrouve ta belle, vous quittez Tatooine, et vous roucoulez jusqu’à la fin de vos vieux jours. On est ok ? Et surtout change rien Haddy, t’es parfait comme t’es. La vraie beauté se loge dans les défauts ! Haha » Je ricane, et me lance sur une tirade plus légère « Ma main à couper Zamya va souvent râler. Dire que t’es immature, que tu déconnes, que tu ne prends pas les choses au sérieux… Mais au fond, elle aime ça ! » Avant de me relever je lâche une ultime pique.
« Dire qu’il aura fallut un baiser pour révéler tout ça… » Le poing s’écrase sur ma gueule avec une telle force que je dégringole du banc. Je ne l’ai même pas vu venir. Je m’écrase dans le sable, la bouche entre-ouverte, un gout de métallique en fond de gorge. Mes oreilles sifflent lorsque je me redresse. Merde. Il a une sacrée droite ! Aussitôt, il m’aide, en se confondant d’excuse :
« Merde ! C’est parti tout seul ! Je… »
« T’inquiète, t’inquiète, c’était mérité… » Je crache le sable qui crisse entre mes dents. « On a cas dire qu’on est quitte. »
« Heu… Non. Ca ne marche pas comme ça. »
« Ouais, ok ! Comme tu le sens ! » J’aurais tenté. Je tiens de nouveau sur mes deux jambes. Ma pommette droite enfle déjà. J’ai mal à l’œil. Je vais avoir un cocard c’est certain. Mais pour que le pus soit définitivement chassé de la plaie ouverte, je continue, au risque de m’en reprendre une :
« Je reconnais que j’aurais dû te prévenir. Pour être réglo. Mais si je t’avais raconté mon plan, tu aurais refusé net, je me trompe ? » Non, évidemment que non. « Alors, ouais, nous aurions pu nous battre. Sûr qu’on aurait gagné. Mais à quel prix ? On ne peut jamais savoir à l’avance le prix que l’on paye lorsque l’on se lance dans la bataille. Ecoute mon conseil : si tu peux éviter le combat, évite-le. Tu te sentirais mieux si Zamya avait pris un coup de poing ? Si tu comptais les dents qu’ils te manquent ? Non. Tu aurais préféré faire ce choix toi-même ? Ok. Oui. Mais non : tes préjugés t’auraient poussé à refuser une option viable. Alors j’ai fait ce choix pour toi, sans aucune légitimité. C’est pour ça que je m’excuse. Pas pour le reste. Si tu veux continuer à me faire la gueule vas-y. Mais en attendant, Zamya est saine et sauve, et toi, bah, t’es… Pas si mal non ? Bref. Le deal est loin d’être parfait, mais voilà. Ce qui est fait est fait. »
« Si tu le dis… » Je ne cherche pas à le convaincre avec ma logique alambiquée. Je cherche seulement à le convaincre de mettre de côté son ressenti. Notre survie dépend peut-être de notre capacité à coopérer. Perso, j’assume mes choix. Même les plus tendancieux. Dans le feu de l’action, on fait ce qu’on juge nécessaire. Même si avec le recul on peut toujours se dire qu’on aurait dû faire autrement. C’est saint de le reconnaître, c’est morbide de rester accroché aux possibles manqués. Et puis j’ai déjà fait tellement pire… Pour la bonne cause comme on dit pour se rassurer.
« Bon ben, restons-en là pour le moment… Et allons-y Alonzo ! Elle avait dit quoi déjà Dalla ? La troisième rue, hmm. Par là ? »
« Je crois que je reconnais le chemin. Oui c’est par là. Mais on ne devrait pas y aller. C’est plus fréquenté, on pourrait me reconnaitre. Le décès de ma tante a dû déjà faire le tour de ses connaissances. Prenons plutôt la rue d’après. Pour contourner. »
« T’es sûr de toi ? »
« Ça a une importante ? » Je hausse les épaules. Touché. Mon cynisme serait contagieux ? Héhé. Il me plait de plus en plus ce petit gars.
Au même instant, une explosion retenti, plus loin dans la médina.
Raaah. Je sais très bien ce que Dalla veut dire… Et elle sait que je sais… Alors je me sens l’obligation d’ajouter : « On a dû improviser un truc… Et je crois qu’il en a appris plus sur lui-même qu’il n’aurait voulu. C’est probablement ce qui le… » Haddy se relève. Fait un pas dans ma direction, cette fois c’est la colère qui marque ses traits. J’ai peut-être un peu trop tiré sur la corde sensible. Peut-être… « Bref ! On se retrouve un spatioport, ca devrait le faire ! Merci Dalla ! Toujours au top ! » Je coupe la com, et volte-face. J’épaissis mon aura pour paraitre plus menaçant que je le suis réellement. Une technique de dissuasion qui évite d’avoir à se battre, la plupart du temps :
« Un problème mi amigo ? »
« Tu te fous de ma gueule ?! » Ouais, il est bien vénère. Je recule d’un pas et lève les paumes en guise de reddition :
« Oula ! Calmos muchachos ! Tu veux qu’on en parle ? »
« Pourquoi t’as dit tout ça ?! Je veux… Je veux pas… Merde ! Je veux des excuses bordel ! T’aurais pas dû… Et merde ! Jamais tu ne parles de… Tout ça ! A personne ! Et surtout pas à Zamya ! Sinon… » Sinon quoi ? Je me retiens de lui lâcher un sourire moqueur. Son innocence le rend presque… mignon. Je comprends maintenant ce que Zamya lui trouve. Il y a une candeur rassurante derrière ce visage austère. Un petit quelque chose d’immature qui le rend terriblement attachant. Depuis notre première rencontre, nous avons enchainé les emmerdes, les situations stressantes : et je me rends compte à présent que ces rides d’inquiétudes qui creusent son large front ne lui sont pas habituelles. Au contraire, ce sont plutôt ces fines ridules qui marquent la commissure de ces lèvres qui attestent de sa réelle nature : un être jovial, souriant, à la limite de l’insouciance. Un gars rêveur, détaché de l’horreur du monde réel. Un optimiste qui voit, usuellement, le bon coté des choses. Mais la décès accidentel de sa tante a achevé cette part d’enfance à laquelle il s’accrochait jusqu’alors, comme un grand gosse qui refuse de plonger la tête la première dans l’âge adulte. Fini l’innocence. Un changement traumatisant qu’il peine à assumer, à digérer… Et moi j’en rajouter une couche avec mes conneries. J’en culpabiliserait presque. Presque.
« C'est vraiment ça que tu veux entendre ? Ok ! Je m’excuse Haddy ! Je n’aurais pas dû… » Je baisse ma garde. « Sincèrement. » Je ne veux pas qu’il croit que je prends son accès de colère à la légère. Non. Il faut se méfier des « gentils ». Les sympathiques, les amicaux. Ceux qui ne s’énervent jamais. Ils ne connaissent pas leurs limites, et lorsque la rage leur monte au naseaux, ils perdent tout contrôle. La gestion de la colère demande de l’expérimenter, régulièrement. Les optimistes sont des bombes à retardement. « Tu te sens mieux ? » La réponse est évidente. La colère dévore toujours ses pupilles. Comment quelques mots pourraient calmer ce bouillonnement intérieur ? Alors je choisi la thérapie de choc :
« Frappe moi… » Je fais un pas dans sa direction. Il lui suffit d’allonger le bras pour me coller son poing dans la figure. « Vas-y ! Frappe-moi si tu penses que tu te sentiras mieux après ! » Un injonction crachée à son visage rubicond. Il se fige. Ses muscles tressaillent. Il hésite. Craint-ils les conséquences ? Il n’est probablement pas habitué à lever la main sur un autre être vivant. Un attitude qui conforte mon analyse. Alors je fais encore un pas. Mon torse touche presque le siens. Nos visages ne sont plus qu’à une trentaine de centimètres l’un de l’autre. La distance idéale pour un coup de boule bien placé. Je révoque mon aura. Plus rien ne devrait l’intimider… Yeux dans les yeux… Il finit par de dérober et battre en retraite : il basse les yeux et recule.
« Non ! Je ne peux pas ! Putain ! Merde ! Même ça n’y arrive pas ! Y’a rien qui va chez moi… » Sa voix se brise. Son esprit est si confus que je peux sentir l’oppression qui l’étreint sans avoir recours à mes pouvoirs. Il est au bord de l’explosion. Tout ce qu’il refoulait depuis le début de cette aventure remonte à présent. Un torrent d’émotions débridées. Il réalise que tout ce qu’il vient de vivre est réel, et qu’il ne pourra plus jamais faire marche arrière. Mon baiser n’est que la goutte d’eau de trop, dans cet océan de regrets, de doutes et de culpabilité. De honte aussi. Fini de jouer au cow-boy, si je veux qu’il parvienne à quitter ce monde sans s’enfoncer dans plus d’emmerdes, il va falloir crever l’abcès. Je fonde sur lui, lui passe un bras par-dessus l’épaule, et lui intime l’ordre silencieux de s’assoir sur le banc le plus proche. Je me pose à coté de lui. Il ne résiste même pas. Sa volonté est broyée en milles tessons qui lacèrent son âme déjà meurtrie. J’inspire, me laisse glisser en arrière, dos contre l’argile cru. Par chance, cette rue est déserte, Haddy n’a pas à s’occuper du regard des autres. Enfin je laisse échapper un :
« Rude journée hein ? » Préambule ridicule, mais qui a le mérite de lui arracher un sourire triste. Il hoche la tête sans me regarder. Ses yeux sont humides des larmes qu’il retient par fierté. « Mais t’inquiète, supporter une femme enceinte risque d’être bien pire… Surtout une Zamya enceinte non ? Elle a l’air d’avoir un sacré caractère… » Malgré lui, son sourire s’élargit. Une petite lueur renait dans son regard. Il bafouille, la gorge nouée par les sanglots refoulés :
« Oui… Zamya… Elle est si forte. » Mais très vite la mélancolie reprend le dessus. Et les doutes. « Je l’aime si fort… Elle ne mérite pas… Tout ça. Bordel. J’ai merdé. Je suis nul. Je foire tout ! Je ne sais pas ce qu’elle me trouve… Elle mérite mieux. Un gars qui assure… Moi je suis incapable de gérer quoi que ce soit… C’est décidé : dès qu’elle sera en sécurité, je partirais de mon coté… Ca sera mieux comme ça… Pour pourra avoir la vie dont elle rêve. Et… » Je le coupe :
« Tu vois ce mur là-bas » Je lui désigne la façade d’un taudis branlant. « Qu’est-ce que tu vois, mi amigo ? » L’autre hésite, mais répond par réflexe, perdu par la question improbable :
« Heu… Un mur ? » je secoue la tête. « Des briques ? De la poussière ? Du sable. »
« Ouais exactement… Tu vois, je vais te dire un truc très con : ce qui est fait est fait. Le passé, c’est comme ces briques. Posées les unes sur les autres. Elles sont là. Tu n’y peux rien. Tu peux vouloir en cacher certaines derrière un enduit aguicheur, elles seront toujours là. Les briques c’est ton passé mon pote. Le mortier entre-elles, c’est ton présent. Car ce sont tes actes d’aujourd’hui qui assurent la cohérence et la stabilité de ton histoire. A trop vouloir ignorer les briques les plus moches, tu finiras par oublier de les enduire correctement. Il en résultera une faiblesse structurelle…Car le mur tout entier, lui, c’est ton histoire… Et s’il y a trop de failles, il finira par s’écrouler. Tu vois ou je veux en venir ? »
« Heu… Non, pas vraiment… » Il mate le mur, les sourcils froncés. Mon approche atypique aura au moins eu l’effet de chasser les vapeurs de la mélancolie pour les remplacer par un brouillard de questions nébuleuses.
« Exactement ! Tu ne piges quedal, mi amigo ! » Je le choppe par les épaules, pour le secouer comme un putain de prunier. « Et c’est pour ça qu’on t’adore Haddy ! C’est pour ça que Zamya t’aime ! »
« Qu’est-ce que t’en sais ?! Tu nous connais même pas ! »
« Pfff. J’en sais assez pour savoir que ce que Zamya cherche. Et : attention spoiler : ce n’est pas un gars viril, qui assure en toute circonstance. Genre mec baraque au sourire de tombeur, comme moi. Non, elle n’a carrément pas besoin de ça. Elle est assez forte pour se suffire à elle-même. Ce dont elle a besoin, ce sont des bouffées d’oxygène pour continuer à respirer les gaz toxiques qui émanent des cicatrices qui lui ont laissé sa vie d’esclave. Ouvre les yeux, c’est toi cet air frais bordel. C’est de toi qu’elle a besoin. Personne d’autre. Tu n’es pas une béquille, un pitbull, ou une locomotive qui fonce en sifflant. T’es le rayon de soleil de sa morne existence, t’es la seule personne qui lui donne envie de sourire, qui parvient à lui faire oublier l’horreur de son passé. Tu l’as pigé ça ? Bah non. Baka ! » Je lui file une tape sur l’arrière de la tête.
Le silence interdit répond à ma question. Depuis que son insouciance est morte avec sa Tante, il tente de se la jouer gros bras, mec qui assure, gars qui prend les devants. Mais il y échoue lamentablement. Parce que ce n’est pas sa nature. Dans la vie, il faut savoir accepter ses points fort autant que ses faiblesses… Et miser sur ses qualités plutôt que de s’escrimer à cacher des défauts qui ne disparaitront jamais vraiment.
« Bordel, je suis trop con… » Je ne le lui fais pas dire. Ma main claque cette fois entre ses omoplates. Un geste amical bien qu’un peu douloureux…
« Bah ouais mon pote, t’es un peu con, mais c’est ce qui fait ton charme. Alors on va se la faire simple : on retrouve ta belle, vous quittez Tatooine, et vous roucoulez jusqu’à la fin de vos vieux jours. On est ok ? Et surtout change rien Haddy, t’es parfait comme t’es. La vraie beauté se loge dans les défauts ! Haha » Je ricane, et me lance sur une tirade plus légère « Ma main à couper Zamya va souvent râler. Dire que t’es immature, que tu déconnes, que tu ne prends pas les choses au sérieux… Mais au fond, elle aime ça ! » Avant de me relever je lâche une ultime pique.
« Dire qu’il aura fallut un baiser pour révéler tout ça… » Le poing s’écrase sur ma gueule avec une telle force que je dégringole du banc. Je ne l’ai même pas vu venir. Je m’écrase dans le sable, la bouche entre-ouverte, un gout de métallique en fond de gorge. Mes oreilles sifflent lorsque je me redresse. Merde. Il a une sacrée droite ! Aussitôt, il m’aide, en se confondant d’excuse :
« Merde ! C’est parti tout seul ! Je… »
« T’inquiète, t’inquiète, c’était mérité… » Je crache le sable qui crisse entre mes dents. « On a cas dire qu’on est quitte. »
« Heu… Non. Ca ne marche pas comme ça. »
« Ouais, ok ! Comme tu le sens ! » J’aurais tenté. Je tiens de nouveau sur mes deux jambes. Ma pommette droite enfle déjà. J’ai mal à l’œil. Je vais avoir un cocard c’est certain. Mais pour que le pus soit définitivement chassé de la plaie ouverte, je continue, au risque de m’en reprendre une :
« Je reconnais que j’aurais dû te prévenir. Pour être réglo. Mais si je t’avais raconté mon plan, tu aurais refusé net, je me trompe ? » Non, évidemment que non. « Alors, ouais, nous aurions pu nous battre. Sûr qu’on aurait gagné. Mais à quel prix ? On ne peut jamais savoir à l’avance le prix que l’on paye lorsque l’on se lance dans la bataille. Ecoute mon conseil : si tu peux éviter le combat, évite-le. Tu te sentirais mieux si Zamya avait pris un coup de poing ? Si tu comptais les dents qu’ils te manquent ? Non. Tu aurais préféré faire ce choix toi-même ? Ok. Oui. Mais non : tes préjugés t’auraient poussé à refuser une option viable. Alors j’ai fait ce choix pour toi, sans aucune légitimité. C’est pour ça que je m’excuse. Pas pour le reste. Si tu veux continuer à me faire la gueule vas-y. Mais en attendant, Zamya est saine et sauve, et toi, bah, t’es… Pas si mal non ? Bref. Le deal est loin d’être parfait, mais voilà. Ce qui est fait est fait. »
« Si tu le dis… » Je ne cherche pas à le convaincre avec ma logique alambiquée. Je cherche seulement à le convaincre de mettre de côté son ressenti. Notre survie dépend peut-être de notre capacité à coopérer. Perso, j’assume mes choix. Même les plus tendancieux. Dans le feu de l’action, on fait ce qu’on juge nécessaire. Même si avec le recul on peut toujours se dire qu’on aurait dû faire autrement. C’est saint de le reconnaître, c’est morbide de rester accroché aux possibles manqués. Et puis j’ai déjà fait tellement pire… Pour la bonne cause comme on dit pour se rassurer.
« Bon ben, restons-en là pour le moment… Et allons-y Alonzo ! Elle avait dit quoi déjà Dalla ? La troisième rue, hmm. Par là ? »
« Je crois que je reconnais le chemin. Oui c’est par là. Mais on ne devrait pas y aller. C’est plus fréquenté, on pourrait me reconnaitre. Le décès de ma tante a dû déjà faire le tour de ses connaissances. Prenons plutôt la rue d’après. Pour contourner. »
« T’es sûr de toi ? »
« Ça a une importante ? » Je hausse les épaules. Touché. Mon cynisme serait contagieux ? Héhé. Il me plait de plus en plus ce petit gars.
Au même instant, une explosion retenti, plus loin dans la médina.
Dalla Tellura
# Re: Les open-space ça craint ! [pv Dalla] - Mar 2 Jan 2024 - 22:05
Dalla regarda nerveusement autour d’elles pendant que Gary racontait tranquillement (enfin pas vraiment tranquillement, mais… bref…) le crime de Haddy, alors qu’ils essayaient de les faire quitter discrètement la planète.
-Improviser ? répéta-t-elle, un peu inquiète.
Elle allait finir par développer un sixième sens, en plus de la Force, pour détecter toutes les anguilles sous roches de Gary.
Mais le jedi mit fin à la conversation avant qu’elle ait pu poser une question.
Zamya la dévisageait. Dalla haussa les épaules.
-On les retrouve au spatioport. Ils avaient l’air d’aller…
Elle n’osait pas aller jusqu’à dire « aller bien », alors elle arrêta là sa phrase.
Les rues redevenaient plus larges à mesure qu’elles approchaient du spatioport. Elles finirent par déboucher sur une sorte de grande esplanade en terre battue, qui séparait les derniers bâtiments de la ville même du spatioport.
Sans s’être concertées, elles s’arrêtèrent. L’esplanade était un peu fréquentée, mais assez large. Le spatioport semblait bien plus dense.
-On devrait peut-être les attendre là ? murmura Zamya.
Dalla comprenait ses réticences à entrer dans le spatioport. D’où elles étaient, elles distinguaient très bien les gardes armés qui assuraient la sécurité du spatioport. Il était très vraisemblable qu’on leur ait transmis le signalement de Haddy, voire celui de Zamya. Dès que celle-ci serait entrée dans le spatioport, elle enclencherait une sorte de compte à rebours. Il lui faudrait avoir quitté le spatioport avant qu’on ne la reconnaisse.
Alors attendre Gary et Haddy à l’intérieur…
-Je peux jeter un œil, proposa Dalla. Aller repérer les vols imminents et…
-Non ! Ne me laisse pas !
Dalla n’insista pas. Elle pouvait comprendre.
-On se rapproche ?
Zamya hocha la tête.
Elles reprirent leur avancée.
-Vous n’avez pas de bagages, remarqua Dalla.
Zamya suivit le regard de la jedi. La plupart des personnes qu’elles croisaient étaient chargées de sacs, plus ou moins grands, plus ou moins en bon état.
-Ça risque de paraître bizarre…
Elles s’immobilisèrent une nouvelle fois.
-Pardon ! Je suis pressée ! grommela une dug en les bousculant.
Elle continua son chemin en maugréant contre les gens qui s’arrêtent en plein milieu de la route.
-Il doit y avoir des boutiques, dans le spatioport… Vous pourriez acheter…
Zamya semblait très pâle.
-J’ai peut-être une idée.
Elle se poussèrent un peu sur le côté, dans une partie moins centrale de l’esplanade où elles risquaient moins de gêner le passage.
Dalla posa son sac à terre, et commença à y fouiller.
-Tu crois en la Force ? interrogea soudain Zamya.
Dalla sursauta et faillit tomber sur ses fesses.
-Je n’ai pas à y croire, répondit-elle, la voix un peu plus dure qu’elle ne l’aurait voulu. C’est un phénomène scientifiquement prouvé, qui entou…
-Quand j’étais petite, je rêvais que des jedi allaient venir me libérer. C’est ce qu’ils sont censés faire, non ?
Elle eut un petit rire.
-Enfin, étaient censés faire…
Les mains de Dalla s’étaient immobilisées dans son sac. Elle se força à les ré-actionner.
-En grandissant, j’ai compris qu’il ne fallait pas compter sur autrui pour s’en sortir. Ni les sur les hommes, ni sur les jedi…
Dalla déglutit. Elle avait trouvé ce qu’elle cherchait, roulé en boule sous son sabre laser.
-Tiens, murmura-t-elle en tendant son foulard à la zabrak. Tu seras moins facilement identifiable avec ça…
-Merci.
-Désolée, il est un peu gras, c’est… C’est le baume que j’avais mis sur mes coups de soleil.
-Tu n’as pas à t’excuser. Toi et ton ami avaient déjà fait beaucoup pour nous…
Elle avait saisi le poignet de Dalla, celui qui tenait le foulard.
-Je croyais que tu ne voulais plus compter sur personne, croassa Dalla.
-Ne pas compter sur autrui ne veut pas dire refuser une main alliée, quand on en croise une.
Zamya sourit.
-Je ne veux dépendre de personne, mais j’accepte volontiers l’aide. Et… j’espère pouvoir en apporter, moi aussi, à mon échelle.
En parlant, elle avait entouré sa tête du foulard, dissimulant ses cornes et son menton.
-Alors ?
-Au moins, on ne t’identifie pas de prime abord comme une zabrak.
L’espèce était souvent un critère important quand on recherchait quelqu’un. Si les gardes pouvaient ne pas l’associer à son espèce, c’était autant de gagner…
-On y va ?
Zamya hocha la tête. Dalla referma son sac et se redressa.
Il y avait cinq gardes en faction devant l’entrée. Ils évaluèrent les deux filles. Dalla se tourna vers la Force. L’attention de 3 des gardes -les 3 humains – était tournée vers elles. Deux jeunes femmes, seules.
C’était toujours la même chose…
Dalla inspecta les environs à travers la Force. Quelqu’un sur sa gauche portait plusieurs paquets. Deux sacs, un petit vanity case, une ombrelle, un verre de jus, une veste…
Une petite poussée de Force et l’un des sacs glissa au sol, entraînant l’ombrelle et un petit paquet avec lui.
L’homme -un imroosien-, poussa un juron en huttese, et l’attention de 3 des gardes se tourna vers lui. Dalla accéléra le pas. Un seul garde se porta à leur rencontre.
-Qu’est-ce que vous venez faire ?
-Je me barre d’ici ! répliqua Dalla de son meilleur accent rylothi.
Elle fit un grand mouvement d’épaule et de lekku et avança d’un pas ferme, traînant Zamya par le bras.
Le garde se rappellerait avoir vu une twi’lek accompagnée. Rien qui pourrait le mettre sur la piste de Zamya.
Les filles se dirigeaient vers le panneau d’affichage des départs, quand un grand bruit retentit derrière elle, suivit d’un déluge d’appels comlinks.
Dalla et Zamya, comme l’ensemble des personnes autour d’elles, se tournèrent vers l’extérieur, d’où le bruit semblait provenir. Les gardes étaient agités, parlaient dans leurs comlinks. 3 autres débouchèrent soudain, Dalla n’avait pas vu d’où ils venaient.
-Qu’est-ce qui s’est passé ? s’inquiéta Zamya. Tu crois qu'ils…
En se penchant, Dalla crut discerner de la fumée noire qui montait de la ville.
Elle essaya de se projeter sur le plan de la ville qu’elle avait consulté. La fumée semblait venir de plus loin que là où Gary et Haddy se trouvaient tout à l’heure.
Son cœur se serra. La fumée pouvait-elle venir de là où les jedi…
Dalla s’apprêta à se projeter une nouvelle fois dans la Force, quand une annonce holo s’afficha dans tout le spatioport.
-Votre attention, voyageurs, voyageuses…
Zamya serra la main de Dalla. La jedi ne s’était même pas rendu compte que la zabrak la lui avait reprise.
-Par mesure de sécurité, le spatioport est momentanément en mesure d’isolation. Tous les départs sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Et visiblement, les gardes -ils étaient maintenant onze à l’extérieur, plus une bonne douzaine autour d’elles dans le hall – empêchaient désormais toute personne non autorisée d'entrer ou de sortir du spatioport.
-Oh kriff ! gémit Zamya.
L’avantage, c’est qu’une zabrak sans bagage serait maintenant le dernier souci de la sécurité du spatioport.
Le tout dernier souci, songea-t-elle en voyant la dug de tout à l’heure foncer vers un garde, l’air très mécontent.
-Gary ? Vous en êtes où ? Ça va ? fit-elle en se tournant vers Zamya, pour donner l’impression que c’était à elle qu’elle parlait.
-Improviser ? répéta-t-elle, un peu inquiète.
Elle allait finir par développer un sixième sens, en plus de la Force, pour détecter toutes les anguilles sous roches de Gary.
Mais le jedi mit fin à la conversation avant qu’elle ait pu poser une question.
Zamya la dévisageait. Dalla haussa les épaules.
-On les retrouve au spatioport. Ils avaient l’air d’aller…
Elle n’osait pas aller jusqu’à dire « aller bien », alors elle arrêta là sa phrase.
Les rues redevenaient plus larges à mesure qu’elles approchaient du spatioport. Elles finirent par déboucher sur une sorte de grande esplanade en terre battue, qui séparait les derniers bâtiments de la ville même du spatioport.
Sans s’être concertées, elles s’arrêtèrent. L’esplanade était un peu fréquentée, mais assez large. Le spatioport semblait bien plus dense.
-On devrait peut-être les attendre là ? murmura Zamya.
Dalla comprenait ses réticences à entrer dans le spatioport. D’où elles étaient, elles distinguaient très bien les gardes armés qui assuraient la sécurité du spatioport. Il était très vraisemblable qu’on leur ait transmis le signalement de Haddy, voire celui de Zamya. Dès que celle-ci serait entrée dans le spatioport, elle enclencherait une sorte de compte à rebours. Il lui faudrait avoir quitté le spatioport avant qu’on ne la reconnaisse.
Alors attendre Gary et Haddy à l’intérieur…
-Je peux jeter un œil, proposa Dalla. Aller repérer les vols imminents et…
-Non ! Ne me laisse pas !
Dalla n’insista pas. Elle pouvait comprendre.
-On se rapproche ?
Zamya hocha la tête.
Elles reprirent leur avancée.
-Vous n’avez pas de bagages, remarqua Dalla.
Zamya suivit le regard de la jedi. La plupart des personnes qu’elles croisaient étaient chargées de sacs, plus ou moins grands, plus ou moins en bon état.
-Ça risque de paraître bizarre…
Elles s’immobilisèrent une nouvelle fois.
-Pardon ! Je suis pressée ! grommela une dug en les bousculant.
Elle continua son chemin en maugréant contre les gens qui s’arrêtent en plein milieu de la route.
-Il doit y avoir des boutiques, dans le spatioport… Vous pourriez acheter…
Zamya semblait très pâle.
-J’ai peut-être une idée.
Elle se poussèrent un peu sur le côté, dans une partie moins centrale de l’esplanade où elles risquaient moins de gêner le passage.
Dalla posa son sac à terre, et commença à y fouiller.
-Tu crois en la Force ? interrogea soudain Zamya.
Dalla sursauta et faillit tomber sur ses fesses.
-Je n’ai pas à y croire, répondit-elle, la voix un peu plus dure qu’elle ne l’aurait voulu. C’est un phénomène scientifiquement prouvé, qui entou…
-Quand j’étais petite, je rêvais que des jedi allaient venir me libérer. C’est ce qu’ils sont censés faire, non ?
Elle eut un petit rire.
-Enfin, étaient censés faire…
Les mains de Dalla s’étaient immobilisées dans son sac. Elle se força à les ré-actionner.
-En grandissant, j’ai compris qu’il ne fallait pas compter sur autrui pour s’en sortir. Ni les sur les hommes, ni sur les jedi…
Dalla déglutit. Elle avait trouvé ce qu’elle cherchait, roulé en boule sous son sabre laser.
-Tiens, murmura-t-elle en tendant son foulard à la zabrak. Tu seras moins facilement identifiable avec ça…
-Merci.
-Désolée, il est un peu gras, c’est… C’est le baume que j’avais mis sur mes coups de soleil.
-Tu n’as pas à t’excuser. Toi et ton ami avaient déjà fait beaucoup pour nous…
Elle avait saisi le poignet de Dalla, celui qui tenait le foulard.
-Je croyais que tu ne voulais plus compter sur personne, croassa Dalla.
-Ne pas compter sur autrui ne veut pas dire refuser une main alliée, quand on en croise une.
Zamya sourit.
-Je ne veux dépendre de personne, mais j’accepte volontiers l’aide. Et… j’espère pouvoir en apporter, moi aussi, à mon échelle.
En parlant, elle avait entouré sa tête du foulard, dissimulant ses cornes et son menton.
-Alors ?
-Au moins, on ne t’identifie pas de prime abord comme une zabrak.
L’espèce était souvent un critère important quand on recherchait quelqu’un. Si les gardes pouvaient ne pas l’associer à son espèce, c’était autant de gagner…
-On y va ?
Zamya hocha la tête. Dalla referma son sac et se redressa.
Il y avait cinq gardes en faction devant l’entrée. Ils évaluèrent les deux filles. Dalla se tourna vers la Force. L’attention de 3 des gardes -les 3 humains – était tournée vers elles. Deux jeunes femmes, seules.
C’était toujours la même chose…
Dalla inspecta les environs à travers la Force. Quelqu’un sur sa gauche portait plusieurs paquets. Deux sacs, un petit vanity case, une ombrelle, un verre de jus, une veste…
Une petite poussée de Force et l’un des sacs glissa au sol, entraînant l’ombrelle et un petit paquet avec lui.
L’homme -un imroosien-, poussa un juron en huttese, et l’attention de 3 des gardes se tourna vers lui. Dalla accéléra le pas. Un seul garde se porta à leur rencontre.
-Qu’est-ce que vous venez faire ?
-Je me barre d’ici ! répliqua Dalla de son meilleur accent rylothi.
Elle fit un grand mouvement d’épaule et de lekku et avança d’un pas ferme, traînant Zamya par le bras.
Le garde se rappellerait avoir vu une twi’lek accompagnée. Rien qui pourrait le mettre sur la piste de Zamya.
Les filles se dirigeaient vers le panneau d’affichage des départs, quand un grand bruit retentit derrière elle, suivit d’un déluge d’appels comlinks.
Dalla et Zamya, comme l’ensemble des personnes autour d’elles, se tournèrent vers l’extérieur, d’où le bruit semblait provenir. Les gardes étaient agités, parlaient dans leurs comlinks. 3 autres débouchèrent soudain, Dalla n’avait pas vu d’où ils venaient.
-Qu’est-ce qui s’est passé ? s’inquiéta Zamya. Tu crois qu'ils…
En se penchant, Dalla crut discerner de la fumée noire qui montait de la ville.
Elle essaya de se projeter sur le plan de la ville qu’elle avait consulté. La fumée semblait venir de plus loin que là où Gary et Haddy se trouvaient tout à l’heure.
Son cœur se serra. La fumée pouvait-elle venir de là où les jedi…
Dalla s’apprêta à se projeter une nouvelle fois dans la Force, quand une annonce holo s’afficha dans tout le spatioport.
-Votre attention, voyageurs, voyageuses…
Zamya serra la main de Dalla. La jedi ne s’était même pas rendu compte que la zabrak la lui avait reprise.
-Par mesure de sécurité, le spatioport est momentanément en mesure d’isolation. Tous les départs sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Et visiblement, les gardes -ils étaient maintenant onze à l’extérieur, plus une bonne douzaine autour d’elles dans le hall – empêchaient désormais toute personne non autorisée d'entrer ou de sortir du spatioport.
-Oh kriff ! gémit Zamya.
L’avantage, c’est qu’une zabrak sans bagage serait maintenant le dernier souci de la sécurité du spatioport.
Le tout dernier souci, songea-t-elle en voyant la dug de tout à l’heure foncer vers un garde, l’air très mécontent.
-Gary ? Vous en êtes où ? Ça va ? fit-elle en se tournant vers Zamya, pour donner l’impression que c’était à elle qu’elle parlait.
Gary Kovani
# Re: Les open-space ça craint ! [pv Dalla] - Mer 31 Jan 2024 - 22:34
La voix de Dalla jaillit dans mon oreille, à l’issu d’un désagréable grésillement qui m’arrache malgré moi un rictus agacé. Je secoue lentement la tête, prenant pleinement conscience des défauts béants de mon plan initial. Un bon plan, ce n’est pas un plan qui se déroule comme prévu. Non. Un bon plan doit être robuste, à l’épreuve des imprévus. Ce que le miens n’est pas. Clairement pas. Nul besoin de lire dans la Force pour sentir la tension qui se love entre ses mots, qui tiraille ses intonations. Je réprime le réflexe stupide de porter ma main à mon oreille pour lui répondre. Je fais un signe à Haddy de me suivre, puis m’engouffre sous l’ombre tout sauf rafraichissante d’une devanture mitée. Yeux braqués sur l’entrée principale du Spatioport, située à l’extrémité de la rue qui serpente le long de son haut mur d’enceinte bardé de barbelés aussi aiguisés que des lames de rasoirs, je réponds enfin, après un silence lourd de sens :
« Ouais… Ouais… » J’ironise, pour dédramatiser. « Sur l’échelle karmique du ça va, graduée de un à dix, où dix c’est : Tranquilou bilou, et un : Dans le cul lulu… Bah je me situe plutôt à un virgule cinq, deux maximum… » Je peste mentalement, alors qu’un contingent de gardes armés tirent une herse acérée pour interdire le passage des véhicules à roues, et des bêtes de sommes. Rapidement, un checkpoint improvisé est mis en place. « Ils sont en train de boucler le spatioport, ça va être compliqué de vous rejoindre… » Nous avons perdu du temps dans la Medina, pour retrouver notre chemin, puis pour contourner les coins où Haddy pouvait être reconnu. Erreur fatale. Il aurait encore mieux fallu tracer droit… C’est facile de refaire le monde avec des « si j’avais su. » Des pensées qui nous écarte des solutions. « Ce qui est certain, c’est qu’on ne passera pas en force. » La sécurité locale, affiliée au syndicat des eaux par pot de vins interposés, s’est équipée de lourds fusils et de tenues anti-émeutes. Le flux ininterrompu de voyageurs est maintenant parqué en une interminable file hétérogène, totalement chaotique, où les premières rixes menacent déjà d’éclore. Frustration, peur, soleil de plomb. Tous les ingrédients sont réunis pour que ça vire à l’émeute. « Même si on parvient à s’infiltrer dans la foule, on ne passera pas le contrôle d’identité. Enfin, moi si… Mais pas Haddy… Et on n’a pas vraiment le temps de lui faire de faux-papiers. » Je ricane. Humour Tatooinien. Ici les faussaires sont légion, et n’importe qui peut se payer un faux patronyme. Les papiers délivrés par les autorités locales n’ont aucune valeur dans le reste de la galaxie. A vrai dire, dans l’Espace Hutt, de manière générale, l’identité tient plus à la réputation qu’à quelques données biométriques traficotées. Avec ma gueule d’ange déchu et mon bagou légendaire, je peux entrer partout… Mais pas avec un type dont la tronche doit être placardée sur tous les avis de recherches depuis le meurtre de sa tante. Je soupire. Se lamenter sur ce qui ne fonctionne pas n’offre jamais de bonnes solutions. Je change de sujet :
« T’en pense quoi de cette explosion ? Ça vient du marché central ? » Mettre des mots sur mes craintes leur donne d’autant plus vie. Une boule se noue dans mon estomac. S’agit-il d’un réflexe naturel ou d’un pressentiment dicté par la Force ? Impossible de le dire, et il ne vaut mieux pas préjuger. Je peux détester, par moment, la psychorigidité de Morales, mais je sais qu’il est le Jedi de la situation. Si la caravane rencontre un problème sérieux, il est le mieux placer pour le gérer. Il n’a pas besoin de nous. Terrible de se l’avouer non ? La fumée sombre s’estompe à l’horizon, au-dessus des silhouettes râblées des habitations couleur sable. Les têtes des badauds se tournent régulièrement vers les volutes qui s’évapore dans l’azur dépourvu d’humidité. Même la fumée le plus épaisse est rapidement dévorée par la sécheresse et les bourrasques arides de la basse atmosphère. Je peux sentir l’inquiétude marquer les esprits des âmes qui m’entourent. Autant de remous dans la Force qui assaillent ma forteresse mentale : des hautes murailles derrière lesquelles je préserve mes propres sentiments afin de garder l’esprit clair, et la parfaite maîtrise de mes émotions. Mais l’absence de mouvement de foule, ailleurs qu’à l’entrée du spatioport placé sous quarantaine, me rassure. La population locale est habituée aux péripéties violentes : entre les gangs, le syndicat des eaux, les agents de leur suzerain Hutt, les bandits, les malfrats en tout genre … Et l’ombre menaçante des raids Tuskens : qui s’inquiète encore vraiment d’une petit explosion ? Surtout lorsqu’elle n’est pas suivie d’un déluge de feu laser dont les échos se répercuteraient dans toutes les ruelles à des kilomètres aux alentours. En somme : ils ont connu pire… Mais l’attitude de la Sécurité du spatioport me laisse perplexe. Ils craignent que ça dégénère ?
« Si t’achète rien, tu dégages. » Je tourne la tête vers le tenancier de la petite échoppe. « tu pues et t'as une sale gueule. Tu vas faire fuir mes clients ! » Un Baragwins qui baragouine dans un commun approximatif. Sa grosse langue épaisse claque entre ses larges mâchoires. Je lui décoche un sourire amical, malgré les propos grossiers. Il ne vaut mieux pas sous-estimer ces sauriens à l’allure pataude : une grosse tête ridicule posée sur une corps trapu, bossu. Leur odorat est si fin qu’ils arrivent à sentir les émotions de leurs interlocuteurs. Sot serait celui qui tenterait de leur mentir. Je décide de jouer avec les limites de l’honnêteté, dans l’espoir d’en tirer assez d’informations pour infléchir mes plans initiaux :
« Vous savez ce qui se passe ? » Question posée alors que je tourne les yeux vers le panache de fumée devenu un mince ru sombre sur le point de se tarir. Je désigne d’un geste de la tête Haddy, muselé par le stress. « On devait prendre un transport mais… »
« J’sais pas. J’vends des paillies ! Pas des informations… » Sa réponse sèche prouve le contraire. Sinon il m’aurait au mieux ignoré, au pire, le plus probable, insulté. Je tire d’une poche une plaquette chromée de peggat, et lui balance. Il faut toujours garder un peu de monnaie sur soi lorsque l’on part en excursion à Anachore… Il la récupère au vol, l’avise, et grogne. J’en extirpe une seconde. Il est dur en affaire le vieux lézard !
« Tout ce que je sais… C’est qu’ils ont fait sauter un local de la Czerka. » Il hausse ses massives épaules. « C’est ce qui se dit le réseau. Mais ce sont pas mes affaires, alors j’écoute pas les ragots. » Ils ? Qui ça ? Au moins, ce ne sont pas les Jedi qui sont directement visés. « Ils ? » Il hésite à m’envoyer chier, mais, contre toute attente, il me répond quand même. Il me l’annonce comme s’il m’offrait une fleur inestimable. Un crache un simple : « Les écolo... » Le mot est prononcé avec tant de mépris que je manque de ne pas le comprendre. Je dois passer pour un idiot qui ne pige rien aux jeux des factions locales, puisqu’il enchaine : « C’est foutu pour votre lune de miel. » Haddy pue tellement les phéromones de l’amour alors que sa moitié refuse de quitter ses pensées, que notre interlocuteur s’invente déjà un scénario. « Le syndicat va être sur les dents pendant plusieurs jours. Va falloir s’armer de patiente pour passer le portique de l’entrée… Ils vont tout contrôler… » Je soupire, mais le remercie, ce qui lui arrache un froncement de sourcil. Peu habitué à la politesse, il prend probablement mes mots pour du sarcasme. Je fais signe à Haddy de partir avant qu’il ne réplique.
« On va où ? » me dit-il, alors que nous nous éloignons du spatioport.
« J’en sais rien. Faut qu’on se trouve un plan B » Ou C, ou D. J’ai arrêté de compter. Dans ma tête tournent les tenants et les aboutissants de ce contexte ubuesque. La Czerka a fait fortune dans le coin grâce à ses mines. Ils ont massacré le paysage de la région à la recherche de métaux précieux. Les gisements se sont taris depuis des lustres, mais ils ont gardé des bureaux actifs, officiellement pour la prospection, officieusement pour blanchir l’argent de leurs activités bien moins reluisantes. Tout le monde le sait. Et personne ne s’en soucie. Sauf cette action d’écologistes engagé qui remue un peu plus l’espace Hutt d’année en année. En somme : Tous ceux qui ont le cul sale sont en alerte. Ils craignent d’être les prochains sur la liste. Une psychose qui ne va pas retomber avant plusieurs jours…
« Si on continue tout droit, on va finir par sortir de la ville… » me coupe Haddy. Je réponds en pestant :
« Je sais… Je sais… » Marcher sans but, en ligne droite, me donne toujours des idées. Enfin sauf aujourd’hui. Peut-être qu’on pourrait contourner l’enceinte du spatioport, trouver une entrée dérobée…
« Si on continue on va arriver à l’aérogare ! » répondit-il encore, de plus en plus paniqué, réalisant que nous nous éloignons inexorablement de l’élue de son cœur abandonnée dans l’épicentre de toutes les tensions. Je me fige, et aboie, plus agressif que je ne l’aurais voulu :
« Répète ce que tu viens de dire ?! » Il hésite. Mais obtempère :
« Heu… J'ai dit : si on continue on va arriver à l’aérogare… C’est juste que… » Je me jette sur lui pour le prendre soudainement dans mes bras. Non non, ce n’est pas une nouvelle agression sexuelle ! Seulement l’expression la plus pur de mes sentiments euphoriques ressuscités ! Je balance, la bouche trop proche de son oreille :
« T’es un génie mec ! » Je le relâche, il demeure aussi statique qu’une statue. Il ne sait plus quoi dire, ou penser. Alors j’enchaine, pour le libéré de ce tourment que j’ai provoqué par mes soudaines exubérances :
« C’est mort pour le spatioport. On ne passera jamais… Alors… Roulement de tambour » Oui c’est étrange de dire « roulement de tambour » au milieu d’une phrase. Mais j’assume. « On va aller à Mos Espa ! »
« Quoi ?! »
« Y’a quoi ? Quatre-vingts kilomètres à tout casser ? Ca fait... Quelque chose comme trente minutes en train à répulsion,
non ? »
« Je… heu… Oui je crois… Mais… »
« Parfait ! Les écolo n’attaqueront jamais un transport aussi vertueux pour l’environnement non ? » Bordel que je caricature… Mais le désespoir me pousse à serrer contre mon âme la moindre lueur d’espoir, aussi fébrile soit-elle. « Et les syndicats le savent. Ils auront donc déplacé leurs hommes vers les cibles plus probables… C’est notre chance ! Elementaire mon cher Haddy ! Une fois là-bas, on attend que les filles nous rejoignent en navette et on vous trouver un vaisseau, pas mal non ? »
« Ma tante avait aussi beaucoup de contacts à Mos Espa, c’est pour ça que… »
Je le fais taire d’un signe de la main et réactive l’oreillette :
« Allo ? Dalla ? Tu m’entends ? On a un nouveau plan… Infaillible cette fois ! »
« Ouais… Ouais… » J’ironise, pour dédramatiser. « Sur l’échelle karmique du ça va, graduée de un à dix, où dix c’est : Tranquilou bilou, et un : Dans le cul lulu… Bah je me situe plutôt à un virgule cinq, deux maximum… » Je peste mentalement, alors qu’un contingent de gardes armés tirent une herse acérée pour interdire le passage des véhicules à roues, et des bêtes de sommes. Rapidement, un checkpoint improvisé est mis en place. « Ils sont en train de boucler le spatioport, ça va être compliqué de vous rejoindre… » Nous avons perdu du temps dans la Medina, pour retrouver notre chemin, puis pour contourner les coins où Haddy pouvait être reconnu. Erreur fatale. Il aurait encore mieux fallu tracer droit… C’est facile de refaire le monde avec des « si j’avais su. » Des pensées qui nous écarte des solutions. « Ce qui est certain, c’est qu’on ne passera pas en force. » La sécurité locale, affiliée au syndicat des eaux par pot de vins interposés, s’est équipée de lourds fusils et de tenues anti-émeutes. Le flux ininterrompu de voyageurs est maintenant parqué en une interminable file hétérogène, totalement chaotique, où les premières rixes menacent déjà d’éclore. Frustration, peur, soleil de plomb. Tous les ingrédients sont réunis pour que ça vire à l’émeute. « Même si on parvient à s’infiltrer dans la foule, on ne passera pas le contrôle d’identité. Enfin, moi si… Mais pas Haddy… Et on n’a pas vraiment le temps de lui faire de faux-papiers. » Je ricane. Humour Tatooinien. Ici les faussaires sont légion, et n’importe qui peut se payer un faux patronyme. Les papiers délivrés par les autorités locales n’ont aucune valeur dans le reste de la galaxie. A vrai dire, dans l’Espace Hutt, de manière générale, l’identité tient plus à la réputation qu’à quelques données biométriques traficotées. Avec ma gueule d’ange déchu et mon bagou légendaire, je peux entrer partout… Mais pas avec un type dont la tronche doit être placardée sur tous les avis de recherches depuis le meurtre de sa tante. Je soupire. Se lamenter sur ce qui ne fonctionne pas n’offre jamais de bonnes solutions. Je change de sujet :
« T’en pense quoi de cette explosion ? Ça vient du marché central ? » Mettre des mots sur mes craintes leur donne d’autant plus vie. Une boule se noue dans mon estomac. S’agit-il d’un réflexe naturel ou d’un pressentiment dicté par la Force ? Impossible de le dire, et il ne vaut mieux pas préjuger. Je peux détester, par moment, la psychorigidité de Morales, mais je sais qu’il est le Jedi de la situation. Si la caravane rencontre un problème sérieux, il est le mieux placer pour le gérer. Il n’a pas besoin de nous. Terrible de se l’avouer non ? La fumée sombre s’estompe à l’horizon, au-dessus des silhouettes râblées des habitations couleur sable. Les têtes des badauds se tournent régulièrement vers les volutes qui s’évapore dans l’azur dépourvu d’humidité. Même la fumée le plus épaisse est rapidement dévorée par la sécheresse et les bourrasques arides de la basse atmosphère. Je peux sentir l’inquiétude marquer les esprits des âmes qui m’entourent. Autant de remous dans la Force qui assaillent ma forteresse mentale : des hautes murailles derrière lesquelles je préserve mes propres sentiments afin de garder l’esprit clair, et la parfaite maîtrise de mes émotions. Mais l’absence de mouvement de foule, ailleurs qu’à l’entrée du spatioport placé sous quarantaine, me rassure. La population locale est habituée aux péripéties violentes : entre les gangs, le syndicat des eaux, les agents de leur suzerain Hutt, les bandits, les malfrats en tout genre … Et l’ombre menaçante des raids Tuskens : qui s’inquiète encore vraiment d’une petit explosion ? Surtout lorsqu’elle n’est pas suivie d’un déluge de feu laser dont les échos se répercuteraient dans toutes les ruelles à des kilomètres aux alentours. En somme : ils ont connu pire… Mais l’attitude de la Sécurité du spatioport me laisse perplexe. Ils craignent que ça dégénère ?
« Si t’achète rien, tu dégages. » Je tourne la tête vers le tenancier de la petite échoppe. « tu pues et t'as une sale gueule. Tu vas faire fuir mes clients ! » Un Baragwins qui baragouine dans un commun approximatif. Sa grosse langue épaisse claque entre ses larges mâchoires. Je lui décoche un sourire amical, malgré les propos grossiers. Il ne vaut mieux pas sous-estimer ces sauriens à l’allure pataude : une grosse tête ridicule posée sur une corps trapu, bossu. Leur odorat est si fin qu’ils arrivent à sentir les émotions de leurs interlocuteurs. Sot serait celui qui tenterait de leur mentir. Je décide de jouer avec les limites de l’honnêteté, dans l’espoir d’en tirer assez d’informations pour infléchir mes plans initiaux :
« Vous savez ce qui se passe ? » Question posée alors que je tourne les yeux vers le panache de fumée devenu un mince ru sombre sur le point de se tarir. Je désigne d’un geste de la tête Haddy, muselé par le stress. « On devait prendre un transport mais… »
« J’sais pas. J’vends des paillies ! Pas des informations… » Sa réponse sèche prouve le contraire. Sinon il m’aurait au mieux ignoré, au pire, le plus probable, insulté. Je tire d’une poche une plaquette chromée de peggat, et lui balance. Il faut toujours garder un peu de monnaie sur soi lorsque l’on part en excursion à Anachore… Il la récupère au vol, l’avise, et grogne. J’en extirpe une seconde. Il est dur en affaire le vieux lézard !
« Tout ce que je sais… C’est qu’ils ont fait sauter un local de la Czerka. » Il hausse ses massives épaules. « C’est ce qui se dit le réseau. Mais ce sont pas mes affaires, alors j’écoute pas les ragots. » Ils ? Qui ça ? Au moins, ce ne sont pas les Jedi qui sont directement visés. « Ils ? » Il hésite à m’envoyer chier, mais, contre toute attente, il me répond quand même. Il me l’annonce comme s’il m’offrait une fleur inestimable. Un crache un simple : « Les écolo... » Le mot est prononcé avec tant de mépris que je manque de ne pas le comprendre. Je dois passer pour un idiot qui ne pige rien aux jeux des factions locales, puisqu’il enchaine : « C’est foutu pour votre lune de miel. » Haddy pue tellement les phéromones de l’amour alors que sa moitié refuse de quitter ses pensées, que notre interlocuteur s’invente déjà un scénario. « Le syndicat va être sur les dents pendant plusieurs jours. Va falloir s’armer de patiente pour passer le portique de l’entrée… Ils vont tout contrôler… » Je soupire, mais le remercie, ce qui lui arrache un froncement de sourcil. Peu habitué à la politesse, il prend probablement mes mots pour du sarcasme. Je fais signe à Haddy de partir avant qu’il ne réplique.
« On va où ? » me dit-il, alors que nous nous éloignons du spatioport.
« J’en sais rien. Faut qu’on se trouve un plan B » Ou C, ou D. J’ai arrêté de compter. Dans ma tête tournent les tenants et les aboutissants de ce contexte ubuesque. La Czerka a fait fortune dans le coin grâce à ses mines. Ils ont massacré le paysage de la région à la recherche de métaux précieux. Les gisements se sont taris depuis des lustres, mais ils ont gardé des bureaux actifs, officiellement pour la prospection, officieusement pour blanchir l’argent de leurs activités bien moins reluisantes. Tout le monde le sait. Et personne ne s’en soucie. Sauf cette action d’écologistes engagé qui remue un peu plus l’espace Hutt d’année en année. En somme : Tous ceux qui ont le cul sale sont en alerte. Ils craignent d’être les prochains sur la liste. Une psychose qui ne va pas retomber avant plusieurs jours…
« Si on continue tout droit, on va finir par sortir de la ville… » me coupe Haddy. Je réponds en pestant :
« Je sais… Je sais… » Marcher sans but, en ligne droite, me donne toujours des idées. Enfin sauf aujourd’hui. Peut-être qu’on pourrait contourner l’enceinte du spatioport, trouver une entrée dérobée…
« Si on continue on va arriver à l’aérogare ! » répondit-il encore, de plus en plus paniqué, réalisant que nous nous éloignons inexorablement de l’élue de son cœur abandonnée dans l’épicentre de toutes les tensions. Je me fige, et aboie, plus agressif que je ne l’aurais voulu :
« Répète ce que tu viens de dire ?! » Il hésite. Mais obtempère :
« Heu… J'ai dit : si on continue on va arriver à l’aérogare… C’est juste que… » Je me jette sur lui pour le prendre soudainement dans mes bras. Non non, ce n’est pas une nouvelle agression sexuelle ! Seulement l’expression la plus pur de mes sentiments euphoriques ressuscités ! Je balance, la bouche trop proche de son oreille :
« T’es un génie mec ! » Je le relâche, il demeure aussi statique qu’une statue. Il ne sait plus quoi dire, ou penser. Alors j’enchaine, pour le libéré de ce tourment que j’ai provoqué par mes soudaines exubérances :
« C’est mort pour le spatioport. On ne passera jamais… Alors… Roulement de tambour » Oui c’est étrange de dire « roulement de tambour » au milieu d’une phrase. Mais j’assume. « On va aller à Mos Espa ! »
« Quoi ?! »
« Y’a quoi ? Quatre-vingts kilomètres à tout casser ? Ca fait... Quelque chose comme trente minutes en train à répulsion,
non ? »
« Je… heu… Oui je crois… Mais… »
« Parfait ! Les écolo n’attaqueront jamais un transport aussi vertueux pour l’environnement non ? » Bordel que je caricature… Mais le désespoir me pousse à serrer contre mon âme la moindre lueur d’espoir, aussi fébrile soit-elle. « Et les syndicats le savent. Ils auront donc déplacé leurs hommes vers les cibles plus probables… C’est notre chance ! Elementaire mon cher Haddy ! Une fois là-bas, on attend que les filles nous rejoignent en navette et on vous trouver un vaisseau, pas mal non ? »
« Ma tante avait aussi beaucoup de contacts à Mos Espa, c’est pour ça que… »
Je le fais taire d’un signe de la main et réactive l’oreillette :
« Allo ? Dalla ? Tu m’entends ? On a un nouveau plan… Infaillible cette fois ! »
Dalla Tellura
# Re: Les open-space ça craint ! [pv Dalla] - Jeu 1 Fév 2024 - 17:25
C’était assez déstabilisant de parler à Gary en regardant Zamya. Dalla était déjà mal à l’aise quand il fallait regarder les gens droit dans les yeux dans une conversation normale… Alors regarder quelqu'un droit dans les yeux en parlant à quelqu'un d'autre...
-Ils vont bien ? Est-ce qu’ils… l’explosion…
-Ils sont en un seul morceau, répondit Dalla, parce que c’était plus court que l’échelle karmique de Gary. Je confirme que l’entrée en force est hors de question, reprit-elle à l’intention de son confrère.
Elle détourna les yeux de Zamya pour observer le nouvel afflux de personnels armés qui arrivaient de quelque part de l’autre côté du spatioport.
Quelle poisse ! Ils y étaient presque…
Elle jeta un coup d’œil à l’heure sur son datapad en se retournant face à Zamya. Cette fois, c’était officiel, ils n’avaient plus le temps de rejoindre le convoi jedi à temps.
-J’espère que ça ne venait pas de…
Elle se tut, n’osant pas faire de référence trop explicite aux jedi.
-D’un endroit trop fréquenté…
A bien y réfléchir, Morales et les autres étaient peut-être trop occupés pour s’occuper de leur retard. Peut-être cherchaient-ils à mettre les voiles au plus tôt.
A moins, bien sûr, qu’en tant que jedi ils soient en train de porter secours à des civils victimes de l’explosion…
Vu ce qu’elle avait vu et entendu de Morales, ce genre de réaction lui semblait peu vraisemblable. Il devait chercher à ramener à tout prix l’eau dans les cavernes. Le Temple. Elle avait encore du mal à voir ce dédale poussiéreux comme le Temple…
D’une certaine façon, bien sûr, Morales n’avait pas tort. Ils avaient besoin de cette eau. Ce n’était qu’une énième preuve de leur faiblesse. Ils n’étaient pas assez fort pour sauver les autres. Ils avaient déjà du mal à se sauver eux-mêmes.
Dalla réprima une forte envie de pleurer, et répondit à Gary :
-D’où que vienne l’explosion, nous n’y pouvons pas grand-chose pour l’instant. Nous devons agir à notre mesure.
C’est ce que Kark disait toujours. Agir à son échelle, cultiver son jardin, réparer son speeder avant de critiquer celui du voisin…
-La cible de l’explosion dépend de ce qui l’a causée. Si c’est un accident, elle a vraisemblablement eu lieu dans une cache d’armes, ou ce genre de choses…
Si c’était un attentat, bien sûr, les réserves d’eau étaient indéniablement une cible de choix.
Quelqu’un était-il suffisamment désespéré pour être prêt à gâcher une ressource aussi précieuse ?
Dalla eut un sourire sinistre.
Elle savait d’expérience que oui…
-Essayons de nous renseigner sur la situation chacun de notre côté. Pour nous et pour… les autres…
Elle se retint in extremis de conclure par un « Tellura terminé ». Même après 5 ans, les réflexes revenaient vite. Elle appréciait de refaire équipe avec un autre membre de l’Ordre. Même si l’Ordre n’était pas au mieux et même si cette mission n’avait pas du tout évolué comme elle s’y attendait.
-Ils sont en un seul morceau, répéta Dalla à l’intention de Zamya, mais ça semble impossible de passer le contrôle à l’entrée, maintenant…
Elle hésita un instant.
-Est-ce que tu veux… partir. Te mettre, au moins toi, à l’abri. Toi, et…
Zamya pâlit.
-Je te promets qu’on ne le laissera pas tomber. Même lui serait soulagé de savoir que tu… que vous êtes à l’abri loin d’ici…
Zamya resta silencieuse un instant.
Les gardes armés faisaient reculer la foule pour dégager un espace libre derrière les portes. Elles suivirent le mouvement.
-Non, finit par déclarer Zamya.
Elle leva immédiatement la main pour empêcher Dalla d’intervenir.
-Je ne dis pas ça par sentimentalisme ou autre. Mais… Je n’ai pas de papier. Pas de papier de femme libre. Tant que nous sommes dans l’espace hutt, ma liberté dépend de Haddy. En tant que femme et en tant qu’esclave. Sans lui, je suis vulnérable. Je ne pars pas sans lui.
Dalla songea pendant une fraction de seconde à lui proposer de l’emmener dans un endroit tranquille. Loin des hutts, là où son enfant naîtrait en sécurité.
Mais elle chassa presque instantanément cette idée. Elle n’avait pas fait tout ce chemin afin de retrouver les jedi pour s’en aller comme ça.
Elle eut un sourire amer.
La vie d’une esclave et de son bébé ne valait pas qu’elle abandonne les siens. Ce n’est pas comme cela qu’elle l’aurait formulé, mais Morales si. Et même si ce n’était pas vraiment vrai, elle ne quitterait pas l’Ordre. Même momentanément.
Elle se rendit compte que Zamya les avaient dirigées de façon à les rapprocher des gardes qui contenaient la foule. Suffisamment pour entendre des bribes de leurs conversations et de leurs communications.
Visiblement, il s’agissait bien d’un attentat, mais tourné vers la Czerka. Un nom qu’elle ne connaissait que trop. Elle avait eu l’occasion de visiter l’une de leurs usines avec Larna, autrefois, et… disons qu’elle les aimait encore moins en sortant de l’usine qu’en y entrant.
-C’est sûrement un coup de ORER, murmura Zamya.
-Ho...raire ? murmura Dalla, confuse.
-Outer Rim Empowering Retaliation. C’est un groupe de… terroristes, ou d’activistes, tout dépend du point de vue…
-Donc rien à voir avec…
Elle avait presque failli dire les jedi.
-… nos deux amis…
-Victimes collatérales… Enfin, victimes au sens…
-Dans le sens où toute cette agitation tombe au plus mauvais moment, oui…
Les autres civils présents dans le spatioport commençaient à s’impatienter. Un bébé ithorien se mit à pleurer dans les bras de son père, s’attirant des dizaines de regards furibonds. Un garde finit même par s’approcher du père, l’air peu amène.
-Il faut calmer vot’marmot, là, il gène tout le monde !
Dalla était sur le point d’intervenir, mais une besalisk fut plus rapide qu’elle
-Mon chou, dit-elle au garde. C’est pas en lui pointant un blaster sur le museau qu’il va se calmer ce p’tit bout !
D’ailleurs, heureusement que Dalla n’était pas intervenue, parce qu’elle entendit soudain la voix de Gary résonner de nouveau à son oreille.
Elle attrapa la manche de Zamya pour attirer son attention.
Elle écouta le plan de Gary. « Infaillible » n’était peut-être pas le mot qu’elle aurait utilisé, mais… ce n’était pas comme s’ils avaient beaucoup d’options de toute façon.
Après avoir résumé à Zamya le nouveau plan, elle se dirigea vers le garde qui avait des sortes de galons sur l’épaule.
-Excusez-moi, vous allez vraiment nous faire rester ici pendant des heures ?
-Madame, nous recherchons des terroristes, il est hors de question que…
-Eh oh ! On n’est pas des terroristes, nous ! s’exclama la dug de tout à l’heure.
-Toutes les personnes présentes étaient déjà à l’intérieur quand l’explosion a eu lieu, renchérit Zamya.
-Vous n’avez qu’à nous diriger vers un autre spatioport ! s’exclama un humain au poil clair.
Le garde recula.
-Reculez, mesdames ! hurla-t-il.
Puis il sembla contacter quelqu’un par comlink. 7 minutes après, une zabrak en costume bleu immaculé et hauts talons le rejoignit et échangea quelques mots avec lui. Elle se tourna ensuite vers le groupe autour de Dalla, que le garde lui désignait d’un air penaud.
-Bonjour Mesdames, déclara la zabrak. Je suis Lyzz Berko, du service relation clients. Nous avons reçu l’ordre de n’autoriser aucun vaisseau à décoller tant que les terroristes n’auront pas été arrêtés. Mais nous allons pouvoir vous proposer d’attendre le retour à la normale du trafic dans un endroit… plus confortable...
Dalla fronça les sourcils.
-J’ai un rendez-vous d’affaires très important…
-La compagnie pourra vous offrir un dédommagement si vous présentez certains documents…
Lyzz Berko essayait clairement d’acheter le silence des râleurs pour éviter un scandale. Dalla n’était pas sûre qu’il soit dans leur intérêt de s’éloigner du hall principal du spatioport…
Mais il y avait quelque chose de louche avec la besalisk, la dug et l’humain. Ils semblaient étonnamment… synchrones.
Zamya cherchait le regard de Dalla pendant que Lyzz Berko emmenait discrètement le petit groupe vers un salon privé.
Dalla décida de suivre son instinct. Elle fit un petit hochement de tête, et elles suivirent le mouvement.
Berko fit apporter de l’eau fraîche au petit groupe, puis elle reprit la parole.
-Nous allons pouvoir vous faire bénéficier de nos suites premium pour attendre le retour à la normale…
-Et les autres personnes ? interrogea Dalla avec un geste du lekku vers le hall principal qu’ils venaient de quitter.
-Madame, répliqua Berko. Vous vous doutez bien que nous ne pouvons proposer cet aménagement à tout le monde…
-Personne t’oblige à accepter, la twi’lek, grogna la dug. Mais viens pas emmerder les autres.
Zamya regardait Dalla avec de grands yeux, l’air de lui rappeler qu’elles avaient intérêts à ne pas se faire remarquer. Et elle n’avait pas tort.
Dalla finit donc par suivrez docilement Berko qui les conduisit à travers une série d'ascenseurs et de couloirs dans une partie du spatioport nettement plus luxueuse. Il y avait le trio suspect et la famille ithorienne dont le bébé avait enfin cessé de pleurer. Berko leur désigna à chacun une chambre, mais sans leur donner de clef. Puis elle les laissa en leur promettant une consommation du minibar gratuite par personne. Les ithoriens partirent tout de suite dans la chambre qui leur avait été attribuée. Il y eut quelques instants de silence un peu lourds, puis la besalisk se tourna vers Zamya.
-C’est pas de bol pour toi, hein ? On a vu les signalements de personnes recherchées. Elle est avec toi ? ajouta-t-elle en désignant Dalla d’un signe de tête.
-On est désolés, déclara l’humain.
-C’est vous, hein ? s’exclama Zamya. ORER !
-On est l’équipe d’extraction, murmura l’humain.
-Ta gueule, Vek ! s’exclama la dug.
Nouveau silence, plus lourd encore que le précédent.
-Bon, soyons directes, finit par dire la besalisk. Personne ici n’a envie de se faire choper par les cognes. Nous, on serait plutôt tentés d’aider une esclave en fuite…
-C’est quoi votre plan ? interrogea Dalla. Attendre ici que les choses se tassent ?
La besalisk la toisa des pieds à la tête. Puis elle échangea un regard avec la dug.
-On peut vous faire une proposition, finit par déclarer cette dernière. Par solidarité entre opprimées, ajouta-t-elle avec un petit signe de tête vers Zamya. On vous aide à grimper dans une navette pour un autre spatioport sans passer par la fouille…
-Et en échange, on aura un petit travail à vous confier, une fois arrivées à destination…
Dalla et Zamya échangèrent un regard.
Évidemment, accéder aux navettes sans être fouillées représentait un avantage certain pour une esclave en fuite et quelqu’un qui cachait un sabre laser dans son sac. Mais quel était ce « petit travail» ?
-Quel genre de travail ? finit par demander Zamya.
Sourire carnassier de la dug.
-Rien qu’un petit, tout petit explosif à poser sur un petit, tout petit bâtiment…
-Quel bâtiment ?
-Tout dépend d’où vous voulez aller… Mais la Czrka a des filiales un peu partout aujourd’hui. Et si c’est pas la Czerka…
-C’est pas les ordures qui manquent…
-Vous nous laissez un instant pour en discuter ?
-5 minutes. Pas une de plus.
Une fois isolées dans l’une des suite de luxe, Dalla contacta le noorien.
-Gary ? murmura-t-elle
Zamya avait eu la bonne idée d’allumer l’holoécran pour faire du bruit et cacher la conversation.
-On a un petit contre temps par ici...
-Ils vont bien ? Est-ce qu’ils… l’explosion…
-Ils sont en un seul morceau, répondit Dalla, parce que c’était plus court que l’échelle karmique de Gary. Je confirme que l’entrée en force est hors de question, reprit-elle à l’intention de son confrère.
Elle détourna les yeux de Zamya pour observer le nouvel afflux de personnels armés qui arrivaient de quelque part de l’autre côté du spatioport.
Quelle poisse ! Ils y étaient presque…
Elle jeta un coup d’œil à l’heure sur son datapad en se retournant face à Zamya. Cette fois, c’était officiel, ils n’avaient plus le temps de rejoindre le convoi jedi à temps.
-J’espère que ça ne venait pas de…
Elle se tut, n’osant pas faire de référence trop explicite aux jedi.
-D’un endroit trop fréquenté…
A bien y réfléchir, Morales et les autres étaient peut-être trop occupés pour s’occuper de leur retard. Peut-être cherchaient-ils à mettre les voiles au plus tôt.
A moins, bien sûr, qu’en tant que jedi ils soient en train de porter secours à des civils victimes de l’explosion…
Vu ce qu’elle avait vu et entendu de Morales, ce genre de réaction lui semblait peu vraisemblable. Il devait chercher à ramener à tout prix l’eau dans les cavernes. Le Temple. Elle avait encore du mal à voir ce dédale poussiéreux comme le Temple…
D’une certaine façon, bien sûr, Morales n’avait pas tort. Ils avaient besoin de cette eau. Ce n’était qu’une énième preuve de leur faiblesse. Ils n’étaient pas assez fort pour sauver les autres. Ils avaient déjà du mal à se sauver eux-mêmes.
Dalla réprima une forte envie de pleurer, et répondit à Gary :
-D’où que vienne l’explosion, nous n’y pouvons pas grand-chose pour l’instant. Nous devons agir à notre mesure.
C’est ce que Kark disait toujours. Agir à son échelle, cultiver son jardin, réparer son speeder avant de critiquer celui du voisin…
-La cible de l’explosion dépend de ce qui l’a causée. Si c’est un accident, elle a vraisemblablement eu lieu dans une cache d’armes, ou ce genre de choses…
Si c’était un attentat, bien sûr, les réserves d’eau étaient indéniablement une cible de choix.
Quelqu’un était-il suffisamment désespéré pour être prêt à gâcher une ressource aussi précieuse ?
Dalla eut un sourire sinistre.
Elle savait d’expérience que oui…
-Essayons de nous renseigner sur la situation chacun de notre côté. Pour nous et pour… les autres…
Elle se retint in extremis de conclure par un « Tellura terminé ». Même après 5 ans, les réflexes revenaient vite. Elle appréciait de refaire équipe avec un autre membre de l’Ordre. Même si l’Ordre n’était pas au mieux et même si cette mission n’avait pas du tout évolué comme elle s’y attendait.
-Ils sont en un seul morceau, répéta Dalla à l’intention de Zamya, mais ça semble impossible de passer le contrôle à l’entrée, maintenant…
Elle hésita un instant.
-Est-ce que tu veux… partir. Te mettre, au moins toi, à l’abri. Toi, et…
Zamya pâlit.
-Je te promets qu’on ne le laissera pas tomber. Même lui serait soulagé de savoir que tu… que vous êtes à l’abri loin d’ici…
Zamya resta silencieuse un instant.
Les gardes armés faisaient reculer la foule pour dégager un espace libre derrière les portes. Elles suivirent le mouvement.
-Non, finit par déclarer Zamya.
Elle leva immédiatement la main pour empêcher Dalla d’intervenir.
-Je ne dis pas ça par sentimentalisme ou autre. Mais… Je n’ai pas de papier. Pas de papier de femme libre. Tant que nous sommes dans l’espace hutt, ma liberté dépend de Haddy. En tant que femme et en tant qu’esclave. Sans lui, je suis vulnérable. Je ne pars pas sans lui.
Dalla songea pendant une fraction de seconde à lui proposer de l’emmener dans un endroit tranquille. Loin des hutts, là où son enfant naîtrait en sécurité.
Mais elle chassa presque instantanément cette idée. Elle n’avait pas fait tout ce chemin afin de retrouver les jedi pour s’en aller comme ça.
Elle eut un sourire amer.
La vie d’une esclave et de son bébé ne valait pas qu’elle abandonne les siens. Ce n’est pas comme cela qu’elle l’aurait formulé, mais Morales si. Et même si ce n’était pas vraiment vrai, elle ne quitterait pas l’Ordre. Même momentanément.
Elle se rendit compte que Zamya les avaient dirigées de façon à les rapprocher des gardes qui contenaient la foule. Suffisamment pour entendre des bribes de leurs conversations et de leurs communications.
Visiblement, il s’agissait bien d’un attentat, mais tourné vers la Czerka. Un nom qu’elle ne connaissait que trop. Elle avait eu l’occasion de visiter l’une de leurs usines avec Larna, autrefois, et… disons qu’elle les aimait encore moins en sortant de l’usine qu’en y entrant.
-C’est sûrement un coup de ORER, murmura Zamya.
-Ho...raire ? murmura Dalla, confuse.
-Outer Rim Empowering Retaliation. C’est un groupe de… terroristes, ou d’activistes, tout dépend du point de vue…
-Donc rien à voir avec…
Elle avait presque failli dire les jedi.
-… nos deux amis…
-Victimes collatérales… Enfin, victimes au sens…
-Dans le sens où toute cette agitation tombe au plus mauvais moment, oui…
Les autres civils présents dans le spatioport commençaient à s’impatienter. Un bébé ithorien se mit à pleurer dans les bras de son père, s’attirant des dizaines de regards furibonds. Un garde finit même par s’approcher du père, l’air peu amène.
-Il faut calmer vot’marmot, là, il gène tout le monde !
Dalla était sur le point d’intervenir, mais une besalisk fut plus rapide qu’elle
-Mon chou, dit-elle au garde. C’est pas en lui pointant un blaster sur le museau qu’il va se calmer ce p’tit bout !
D’ailleurs, heureusement que Dalla n’était pas intervenue, parce qu’elle entendit soudain la voix de Gary résonner de nouveau à son oreille.
Elle attrapa la manche de Zamya pour attirer son attention.
Elle écouta le plan de Gary. « Infaillible » n’était peut-être pas le mot qu’elle aurait utilisé, mais… ce n’était pas comme s’ils avaient beaucoup d’options de toute façon.
Après avoir résumé à Zamya le nouveau plan, elle se dirigea vers le garde qui avait des sortes de galons sur l’épaule.
-Excusez-moi, vous allez vraiment nous faire rester ici pendant des heures ?
-Madame, nous recherchons des terroristes, il est hors de question que…
-Eh oh ! On n’est pas des terroristes, nous ! s’exclama la dug de tout à l’heure.
-Toutes les personnes présentes étaient déjà à l’intérieur quand l’explosion a eu lieu, renchérit Zamya.
-Vous n’avez qu’à nous diriger vers un autre spatioport ! s’exclama un humain au poil clair.
Le garde recula.
-Reculez, mesdames ! hurla-t-il.
Puis il sembla contacter quelqu’un par comlink. 7 minutes après, une zabrak en costume bleu immaculé et hauts talons le rejoignit et échangea quelques mots avec lui. Elle se tourna ensuite vers le groupe autour de Dalla, que le garde lui désignait d’un air penaud.
-Bonjour Mesdames, déclara la zabrak. Je suis Lyzz Berko, du service relation clients. Nous avons reçu l’ordre de n’autoriser aucun vaisseau à décoller tant que les terroristes n’auront pas été arrêtés. Mais nous allons pouvoir vous proposer d’attendre le retour à la normale du trafic dans un endroit… plus confortable...
Dalla fronça les sourcils.
-J’ai un rendez-vous d’affaires très important…
-La compagnie pourra vous offrir un dédommagement si vous présentez certains documents…
Lyzz Berko essayait clairement d’acheter le silence des râleurs pour éviter un scandale. Dalla n’était pas sûre qu’il soit dans leur intérêt de s’éloigner du hall principal du spatioport…
Mais il y avait quelque chose de louche avec la besalisk, la dug et l’humain. Ils semblaient étonnamment… synchrones.
Zamya cherchait le regard de Dalla pendant que Lyzz Berko emmenait discrètement le petit groupe vers un salon privé.
Dalla décida de suivre son instinct. Elle fit un petit hochement de tête, et elles suivirent le mouvement.
Berko fit apporter de l’eau fraîche au petit groupe, puis elle reprit la parole.
-Nous allons pouvoir vous faire bénéficier de nos suites premium pour attendre le retour à la normale…
-Et les autres personnes ? interrogea Dalla avec un geste du lekku vers le hall principal qu’ils venaient de quitter.
-Madame, répliqua Berko. Vous vous doutez bien que nous ne pouvons proposer cet aménagement à tout le monde…
-Personne t’oblige à accepter, la twi’lek, grogna la dug. Mais viens pas emmerder les autres.
Zamya regardait Dalla avec de grands yeux, l’air de lui rappeler qu’elles avaient intérêts à ne pas se faire remarquer. Et elle n’avait pas tort.
Dalla finit donc par suivrez docilement Berko qui les conduisit à travers une série d'ascenseurs et de couloirs dans une partie du spatioport nettement plus luxueuse. Il y avait le trio suspect et la famille ithorienne dont le bébé avait enfin cessé de pleurer. Berko leur désigna à chacun une chambre, mais sans leur donner de clef. Puis elle les laissa en leur promettant une consommation du minibar gratuite par personne. Les ithoriens partirent tout de suite dans la chambre qui leur avait été attribuée. Il y eut quelques instants de silence un peu lourds, puis la besalisk se tourna vers Zamya.
-C’est pas de bol pour toi, hein ? On a vu les signalements de personnes recherchées. Elle est avec toi ? ajouta-t-elle en désignant Dalla d’un signe de tête.
-On est désolés, déclara l’humain.
-C’est vous, hein ? s’exclama Zamya. ORER !
-On est l’équipe d’extraction, murmura l’humain.
-Ta gueule, Vek ! s’exclama la dug.
Nouveau silence, plus lourd encore que le précédent.
-Bon, soyons directes, finit par dire la besalisk. Personne ici n’a envie de se faire choper par les cognes. Nous, on serait plutôt tentés d’aider une esclave en fuite…
-C’est quoi votre plan ? interrogea Dalla. Attendre ici que les choses se tassent ?
La besalisk la toisa des pieds à la tête. Puis elle échangea un regard avec la dug.
-On peut vous faire une proposition, finit par déclarer cette dernière. Par solidarité entre opprimées, ajouta-t-elle avec un petit signe de tête vers Zamya. On vous aide à grimper dans une navette pour un autre spatioport sans passer par la fouille…
-Et en échange, on aura un petit travail à vous confier, une fois arrivées à destination…
Dalla et Zamya échangèrent un regard.
Évidemment, accéder aux navettes sans être fouillées représentait un avantage certain pour une esclave en fuite et quelqu’un qui cachait un sabre laser dans son sac. Mais quel était ce « petit travail» ?
-Quel genre de travail ? finit par demander Zamya.
Sourire carnassier de la dug.
-Rien qu’un petit, tout petit explosif à poser sur un petit, tout petit bâtiment…
-Quel bâtiment ?
-Tout dépend d’où vous voulez aller… Mais la Czrka a des filiales un peu partout aujourd’hui. Et si c’est pas la Czerka…
-C’est pas les ordures qui manquent…
-Vous nous laissez un instant pour en discuter ?
-5 minutes. Pas une de plus.
Une fois isolées dans l’une des suite de luxe, Dalla contacta le noorien.
-Gary ? murmura-t-elle
Zamya avait eu la bonne idée d’allumer l’holoécran pour faire du bruit et cacher la conversation.
-On a un petit contre temps par ici...
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