La Force
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Symphonie de la Jungle

[Opération 1] - Symphonie de la Jungle Sai.don_spooky_dark_large_swamp_in_a_jungle_flies_and_bugs_wond_6fc17055-bbc3-4e54-a99f-caaa7b30f8f8


 .・゜゜・ Kranyya, Clévio & Gary ・゜゜・.

Perdues dans les profondeurs de la jungle de Mimban, Kranyya, Clévio et Gary marquaient leur entrée dans un marécage épais et sombre. Les rayons tyranniques du soleil, jusque là si vibrant au-dessus de la canopée, peinait étrangement à percer cette partie du paysage. Ils n'étaient ici plus de pâles éclats de lumière, luttant contre les ténèbres omniprésentes. Clévio s'inquiéta de ce changement étrange.
Ici, la symphonie constante de la jungle résonnait avec le vacarme de la faune sauvage, et l'incessant bourdonnement des mouches N'do qui zébraient l'air en quête de chair fraîche. Des cris inhumains ponctuaient le chant incessant de ce monde préhistorique, rappelant à tous la sélection naturelle brutale qui y prédominait. Se retrouver au cœur de cette jungle hostile, perdu dans l'immensité de la galaxie, loin de toute notion de foyer, n'était pas une réalité aisément acceptable. Le sentiment d'isolement, amplifié par l'étrangeté de leur environnement, pesait lourdement sur Kranyya.

Le changement de climat en entrant dans ce marais pestilentiel était un phénomène plutôt inquiétant elle devait se l'avouer aussi.
Soudain, Clévio qui marchait à côté se sentit étourdie, submergée par une vision obsédante. Elle vit au loin le cours de la rivière s'évanouir dans une cavité sombre, et au fond, une silhouette inquiétante s'y dessinait. Une forme sombre et effrayante, ressemblait étrangement à un vaisseau spatial. Ses contours acérés découpés contre la noirceur de la cavité. Gary le ressentit également. Ancien Jedi, il percevait l'ombre croissante d'une menace inconnue.
Gary Kovani
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Je me fige, lève le bras, pour intimer l’ordre à mes comparses de stopper notre fastidieuse progression. Quelque chose… Une perturbation, dans la Force. Je frissonne, regards braqués sur l’invisible horizon, planté derrière un mur de végétation inextricable. Je la ressens. La morsure. Celle du coté obscur, comme un relent acre dans l’air chargé des miasmes putrides du marais que nous longeons.

« Je n’aime pas ça. » Mon ton léger décède sans sommation, au profit d’un timbre grave, sérieux. Je laisse ma conscience glisser bien au-delà de mon enveloppe charnelle, une nappe immatérielle qui s’étire dans toutes les directions… Mais la nature qui nous entoure est si luxuriante : plantes, insectes, oiseaux, mammifères, qu’elle brouille mes sens. Des millions de minuscules âmes qui palpitent, piégée entre les mailles de la Force. Elle me renvoie leurs oscillations chaotiques, indéchiffrables. Une armée de prédateurs hostiles pourrait se cacher parmi eux sans que j’en distingue la présence. C’est pour ça que je préfère les environnements urbains…

« Je propose qu’on fasse une pause. » Je dégouline de sueurs. L’air est si lourd que je peux ressentir son poids sur mes épaules. Epais, dense, chargé d’une moite humidité qui vous colle autant aux vêtements, qu’à la peau. Mon bras gauche est en feu, lesté de la machette qui depuis notre départ du camp n’a cessé de faucher la végétation pour nous ouvrir une voie. Je me retourne enfin, pour admirer la bande d’aventurier improbable qui me suit. Est-ce parce que je suis parti le premier du camp que j’ai hérité du rôle tacite de chef de file ? Peut-être que c’est simplement parce que j’ai une super classe et un charisme indéniable… La rude réalité se manifeste en la minuscule personne du Jedi Jawa :

« Ou’ta ! T’cha ! Oud'ja ! Ja ! »

Une série de monosyllabes surexcitées qu’il me balance au visage. Je lève les yeux au ciel.

« Ouais ouais fait ton petit malin… Encore une remarque sur mon âge, et on va vite savoir si tu sais nager dans les sables mouvants. Je dirai au conseil que t'as glissé. » Nous avons longé depuis une demi-heure la zone marécageuse, dans l’espoir de parvenir à la contourner. En vain. Notre route s'achève ici, face aux eaux troubles traîtresses qui nous barrent le chemin. Flaques croupies dont s’échappe une brume peu aguicheuse. Des croassements hideux nous invitent à surtout ne pas y mettre le pied. Il ne relève pas. Mais je devine aux discrètes vibrations de son petit corps engoncé dans sa longue robe écrue, visages enfoncés dans la profonde capuche, qu’il rigole. Un jeu étrange s’est instillé entre nous, une sorte de franche camaraderie naissance articulé autour de piques et de fions lancés dans vergogne… Mon sérieux se pare aussitôt d’un sourire amusé.

« Bon. Pause pour le vieux. » Un geste vif, je cueille l’arrière de la tête du Jawa, qui bondit de surprise. « Les jeunes… Bah vous avez cas prendre le lead, hein ! En plus c’est toujours le premier qui se fait bouffer dans les holofilms d’aventure. Juste après le dernier. Vous voyez la scène ? Celui qui ferme la marche disparaît dans un cri étouffé, tout le monde se retourne, et hop le premier est choppé à son tour. Je vais rester au milieu… »

Un trait d’humour ridicule, mais destiné à détendre quelques instants la noirceur qui s’est emparé de nos cœurs et nos esprits. Je ne suis pas le seul à avoir ressenti quelque chose d’obscur. J’en suis convaincu, mais je préfère taire mes doutes pour le moment. Ce ne serait pas la première fois que la Force me joue des tours. Mieux vaut ne jamais interpréter trop vite des signaux dont on ne sait absolument rien.

Je baisse les yeux, quitte du regard les silhouettes figées devant trouée laissée par nos. La carte holographique indique en pointillés rouge notre déambulation. Quelques minuscules traits qui insultent l’énergie dépensée pour progresser jusqu'ici. L’objectif n’est plus très loin, mais inaccessible, de l’autre côté des marais. Je commente mes pensées à voix hautes :

« J’ignore si on pourra contourner les marécages. La carte topologique n’est pas assez précise… Du travail d’amateur. » Je me gratte le menton, méditatif, puis désigne d’un index accusateur, la nappe de brume la plus opaque. Les courants d’air surchauffés la déchirent par endroit, en de complexes arabesques aussitôt dévorées par les vapeurs blanchâtres. « Le fleuve que nous cherchons est dans cette direction. J’imagine que la grosse tâche sombre est une sorte de… Loch dans lequel il se déverse. »

Je lève un pied, pose prudemment la pointe de ma botte dans la boue visqueuse qui reflue contre l’ultime motte de terre à peu prêt ferme sur laquelle nous nous tenons. Elle s’enfonce sans grande résistance, accompagnée d’un bruit de sussions qui m’aurait fait sourire dans des circonstances moins graves.

« Si j’avais su, j’aurais pris des cuissardes de pêche plutôt qu’un maillot de bain… » En guise de point d’exclamation, j’écrase ma paume sur ma nuque, geste réflexe pour atomiser le moustique qui m’a pris pour son garde-manger ambulant. La misérable créature ne peut rien face à la célérité d’un Jedi dans la fleur de l’âge. « Qui se lance ? »
Clévio Ithari
Clévio Ithari
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Clévio sentit son cœur s'accélérer dans sa poitrine, son instinct lui criant de se méfier de cet étrange vaisseau abandonné. Elle fit signe à ses compagnons montrant l'endroit où elle percevait le fossile de métal, les yeux fixés sur l'horizon sombre. La silhouette mystérieuse semblait l'appeler, l'attirer dans son orbite obscure.

Elle ressentit une étrange connexion avec ce vaisseau, comme si une force invisible la poussait à s'en approcher. Elle lutta contre cette attirance, sachant que c'était un danger potentiel, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être intriguée. Des pensées contradictoires tourbillonnaient dans son esprit, entre prudence et curiosité.
Les cris de la jungle semblaient s'estomper, laissant place à un silence oppressant. La jedi noire se sentait enveloppée par une aura sinistre, comme si les ombres elles-mêmes la guettaient. Elle se demanda si elle était en train de perdre la raison, si la jungle exerçait sur elle une influence néfaste.

La question de Gary lui vint aux oreilles et son esprit se mit à réfléchir à toute vitesse tandis qu'elle dépassait le détective jedi et son comparse.
Cependant, malgré toutes les avertissements silencieux de sa conscience, Clévio prit une décision... Elle allait y aller, mais d'abord, elle leur devait la vérité.

-"Kranyya, Gary... Je vous ai menti. Je ne suis pas une l'exploratrice blonde venue de la République... Je suis celle que vous connaissez sous le nom de Clévio Ithari... J'ai caché mon identité car je n'ai confiance en personne ici... Sauf en voux deux, je ferais ce que je peux pour vous aider."


La jeune femme soupira et regardait ses deux compagnons en s'attardant un peu plus sur Krannya, un sourire tendre se déssina sous son masque respirateur. Ses lentilles bleues dissimulaient toujours ses yeux jaunes mais leur intensité arrivait à passer la couleur opaque du voile occulaire coloré.

Elle ne pouvait pas ignorer cette présence mystérieuse, cette énigme qui se présentait à elle.
La jeune femme s'engagea prudemment sur le chemin menant à la cavité obscure, s'éloignant de ses compagnons en affrontant boue et moustiques . Ses sens étaient en alertes. Son casque respirateur filtrait l'air qui pénétrait dans ses poumons et ses mains moites tenaient fermement son fusil blaster.

Chaque pas difficile dans la boue visqueuse du marais semblait la rapprocher de son destin, de la vérité cachée derrière ces murs de ténèbres. Clévio ressentait la tension électrique dans l'air, comme si des forces antagonistes étaient sur le point de s'affronter.
Mais Clévio était déterminée. Elle savait que la clé de cette énigme se trouvait quelque part à l'intérieur de ces ténèbres... Mais d'abord, il fallait passer le marais et l'exilée comptait bien ouvrir la marche pour protéger ses compagnons.
Kranyya Nekro
Kranyya Nekro
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Le marécage épais et sombre des profondeurs des jungles de Mimban n’était clairement pas comme je m’y attendais…

La luminosité y était faible, très faible même, non pas que ça me dérange, moi qui suis pourvu d’une vision nyctalope ; mais voir mes deux compères patauger à tâtons dans les terres boueuses m’amusais.

Ces deux types étaient vraiment particulier d’ailleurs, ce n’est pas un regroupement anodin…

Il me semble que le Deck ne m’a pas reconnu, ou alors peut être que je me trompe et qu’il ne laisse juste rien paraître ; ça doit être ça le vrai professionnalisme…

Et le Jawa… aucun commentaires…

C’est cette Lyzbeth qui attirait d’autant plus ma curiosité… Je suis certaine de n’avoir jamais conversé avec cette humaine à la chevelure blonde et aux yeux bleu brillant, mais tout chez elle me paraissait pourtant étonnamment familier… Même son masque obscur me paraît chaleureux…

Lévitant une trentaine de centimètres au-delà du sol, j’avançais plus vite et au passage j’épargnais à mes jolies bottes un triste sort.

Moi qui d’habitude aime ce genre d’environnement… particulier… je me sentais mal à l’aise ici, comme oppressée par le silence bourdonnant qui envahissait l’espace.
Ce lieu était ouvertement hostile, comme si la nature elle-même voulait nous faire savoir à quel point ce n’était pas notre place…

J’accepte volontairement la proposition de Gary de faire une pause, posant enfin les pieds à terre sur une roche qui m’avait l’air plus ou moins sèche.

Il était nerveux, tout comme la jeune femme à la couette blonde qui nous accompagnais
Je ne suis pas la seule à sentir que quelque chose ne va pas…

« Qui se lance ? »

La réponse à la question du Chevalier me semble évidente, je n’allais pas les laisser s’ensevelir dans ces eaux épaisses et boueuses…

Mais avant même d’avoir le temps d’avancer plus ou même de répondre, la Xénobiologiste fit vivement quelques pas avant de prendre la parole d’un ton solennel.

J’hallucine… Clévio ici ?!
Mon cœur ne fait qu’un bond dans ma poitrine, la jeune Jedi noir m’avait terriblement manqué depuis notre rencontre sur Kashyyyk…

C’est lorsque qu’elle se retourna finalement pour nous regarder que je le revis enfin : cet éclat jaune orangé si caractéristique qui traversait légèrement ses lentilles.

Mon regard se planta dans le sien, si familier et mon visage s’illumina ; le rouge aux joues et mon plus grand sourire dehors.

Je la voyais attirée par la carcasse d’un vaisseau abandonné, qui gisait complètement dans les méandres boueux, je n’essaye donc pas de la dissuader de s’en approcher mais la prend tout de même dans mes bras dans une étreinte chaleureuse avant de la laisser partir :

« Fais attention à toi Clévio… Je sens que quelque chose cloche sérieusement avec cette épave… »

Regardant la jeune femme s’éloigner de plus en plus, je me relaisse tomber sur mon rocher, m’asseyant enfin dessus.
En tailleur sur la roche froide, je sors ma carte tactique et relève la tête vers le type au chapeau qui était toujours figé devant les sombres marécages à tremper son pied dans la boue :

« C’est clair que selon la carte on n’est pas bien loin de l’objectif, mais si tu essayes de contourner tout ce bordel tu risqueras de te noyer dans ces bouillasses dégeu ou alors tout simplement de te perdre, et franchement cet endroit ne m’a pas l’air assez accueillant pour qu’on est le loisir de se paumer dedans…
Je vois mal ces gros moustiques nous indiquer le chemin…
Par contre je pourrais presque facilement passer au-dessus en repérage et vous trouver un chemin plus praticable.
Mais je sais pas si c’est vraiment une bonne idée qu’on soit tous séparés…
T’en penses quoi ? »
Gary Kovani
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Je recule d’un pas, bras croisés sur la poitrine, comme si ce mètre supplémentaire allait m’offrir la distance nécessaire pour observer la silhouette de la jeune femme sous un autre angle. Je secoue la tête, sourire au coin des lèvres, à la fois amusé et désabusé :

« Clévio… »Je lâche son prénom dans un souffle qui se mêle à un soupir. Elle est douée, très douée, pour cacher son aura et sa nature. L’expression d’un instinct de survie taillé dans les entrailles des bas-fonds où la lie de l’humanité côtoie ses plus sombres pulsions animales. Elle aurait été une ombre au potentiel incroyable si elle n’avait pas fui l’ordre… Ce choix, bien que je le désapprouve, je le comprends et le respecte. La confiance est la base de toute relation saine. « Si je m’y attendais à celle-là… Mais tu as bien raison de surveiller tes arrières, moi non plus je ne fais confiance à personne dans cette compagnie. L’appât du gain est rarement synonyme de bienveillance. » Quatre Jedi donc. Sacré groupe ! Enfin, je dirais plutôt trois et demi, par sûr qu’un Jawa compte pour un entier…

« Ou’ta ou’ta, shigala ? » Les yeux brillants du Jawa glissent d’une silhouette à l’autre. Ses mains ouvertes, paumes vers le ciel invisible au-delà des frondaisons, soulignent son incompréhension.

« C’est une longue histoire. Je te la raconterai quand nous en aurons terminé ici. Sache seulement que Clévio est une Jedi de confiance, même si son destin l’a poussé loin de l’Ordre… Pour le moment. » Une petite pique amicale. A chacune de nos rencontres, je ne peux m’empêcher de l’inciter à revenir au Temple, avec les siens. « Le bon côté des choses, c’est qu’on peut arrêter de jouer, et laisser tomber nos masques. » De l’index, je pousse le large bord de mon chapeau. Il glisse en arrière, sur ma nuque, révélant mon visage. Je décoche un sourire plus chaleureux à Kranyya, affublé d’un clin d’œil complice. Volontairement, j’ai gardé mes distances avec la sorcière Jedi. Nous devons être prudent par les temps qui courent, et je préfère toujours éviter d’aborder trop directement une consœur au cas où celle-ci préfèrerait dissimuler sa réelle nature… Mais puisque tout le monde semble se connaitre… Alors autant jouer franc jeu. « Chevalier Kovani. Appelle moi Gary. Ou Deck. » Du pouce je désigne, dans mon dos, le petit Jawa toujours armé de son énorme lance-filet trafiqué. « Chevalier Ou-thi-ny. Mais vous avez déjà dû vous croiser dans les couloirs du Temple non ? » Présentations maladroites, un peu tardives, qui dénotent avec la noirceur qui oppresse nos esprits. J’ignore si la jeune Zabrak me connait, de visu ou de nom. Mais ainsi les choses sont claires, nous pouvons passer à la suite.

Passée ce malaise, réprimé jusqu’au plus profond de mon être par bien des années d’entrainement au contrôle de mes émotions, je laisse mon regard dériver jusqu’à l’horizon de brumes et de végétation boursouflée, fétide. Des branchages poisseux bardés de mousses huileuses, dégoulinent de longues lianes colonisées par des champignons toxiques. Des nuées d’insectes butinent leurs bulbes gonflés de spores prêt à exploser. Par-delà ce panorama rebutant pour tout être normalement constitué, je devine à présent une énorme masse plus sombre. Une silhouette bombée, qui se découpe du paysage par des formes trop anguleuses pour être naturelles. Si je ne l’avais pas identifié du coin de l’œil, c’est parce que la végétation a repris, depuis bien longtemps, ses droits sur la carlingue métallique. Je plisse des yeux, dans le vain espoir de percer la brume qui occulte tous les détails. « Un vaisseau… On dirait qu’il est ici depuis des siècles… » Mes pensées s’expriment à voix haute, écho de celles de mes camarades qui réalisent, comme moi, que nos sombres pensées sont liées de sa mystérieuse présence. Elle nous attire autant qu’elle nous repousse. Sensation que je ne connais que trop bien, malheureusement. « Le coté obscur est puissant là-bas. »

Une évidence qui ne démotive aucun de mes compagnons. Clévio se jette à âme perdue dans les eaux boueuses des marécages, ignorant le danger, dans un élan héroïque frisant l’acte suicidaire. J’ouvre la bouche, pour lui intimer la prudence. Mais je la referme aussitôt. A quoi bon. Cette jeune femme indépendante n’en fera qu’à sa tête quoi que je puisse dire… Ces marais sont un véritable bouillon de culture, où de milliards d’espèces parfois invisible à l’œil nu, prolifèrent. Elles me renvoient leur écho, pulsation de vie infime… Une masse grouillante et ondulante qui me permet d’apprécier la profondeur de leur habitat. Par endroit, la vase est épaisse de plus de deux mètres… Un piège mortel pour qui y poserait le pied. Clévio risque d’être d’y happée. J’espère qu’elle sait ce qu’elle fait… Je reprends ma position, sur l’ultime ilot de terre ferme avant les eaux troubles. Je plonge la pointe de ma botte dans la boue visqueuse, hésitant encore. Si nous agissons tous à l’unissons, alors à la moindre erreur nous disparaitrons. Une conclusion qui s’invite dans mes pensées alors que Kranyya expose les siennes. Je dodeline du chef :

« Tu as raison. Contourner les obstacles ne conduit qu’à d’autres obstacles. » Je récite une vieille maxime apprise par cœur lors de mes jeunes années de formation au Temple d’Ondéron. Je suis bien plus sérieux et tendu que précédemment. L’odeur acre de l’obscurité joue avec mes nerfs, attise ma tension, me pousse à rester sur mes gardes. « Passer par-dessus ?» Je répète mécaniquement ses mots. Elle évoque ses impressionnantes capacité de lévitation… Mais, par réflexe, je lève les yeux vers les frondaisons, et m’exclame aussitôt : « Bordel ! Mais t’es une génie Kran ! » Bien que torturés, ces arbres moultes fois centenaires nous offrent un moyen de traverser les marais sans y poser nos pieds. Leurs larges branches gorgées d’humidité, l’écorce luisante, devraient aisément supporter nos poids. En théorie. Encore une fois : un faux pas serait synonyme de chute mortelle dans les abysses boueuses. J’inspire, expire. Mes neurones frôlent la surchauffe. Enfin, après quelques secondes de lourd silence, je clarifie ma pensée :

« Je pense aussi que se séparer est une mauvaise idée… Mais cela ne signifie pas que nous devons avancer aveuglément, les uns derrière les autres. Vous savez ce qu’on dit, non ? Cette histoire d’œuf dans le même panier ? Si nous suivons tous le même chemin, nous risquons de tomber dans le même piège mortel.

Clévio est déjà lancée… Kran, toi, tu pourrais progresser en lévitant de rocher en rocher, de zone moins boueuse en zones moins bouseuse. Je doute d’égaler tes talents en la matière. Ou-thi-ny et moi allons passer par les frondaisons. On reste ainsi à proximité les uns des autres, dans nos champs de visions respectifs. Au moindre problème, nous serons en mesure de nous entre-aider ! »


Le plan est si parfait, que je n’attends l’approbation de mes camarades pour passer à l’action. Je ploie les genoux, m’arque boute tel un félin, et bondis, usant de la Force pour démultiplier ma détente. Sans difficulté apparente, j’atterris à la base d’une épaisse branche, qui se sépare de son tronc pratiquement à l’horizontale pour filer dans la direction désirée. Lorsque ma botte se pose sur l’écorce, je me laisse pourtant surprendre et manque de glisser, tant le bois est lisse et humide. Ma semelle arrache une croute molle de mousse détrempée. J’agite les bras, et parvient à conserver mon équilibre. Prudent, je me place à califourchon, bois serré entre mes cuisses. Ma progression sera plus lente, plus pénible, mais clairement plus sure. Dans mon dos, quelques rongeurs lâchent des piaillements indignés. J’imagine qu’ils ne doivent pas avoir souvent de la visite. Je penche le buste :

« Ou-thi-ny, tu peux… »

Je me fige, bouche entrouverte, alors que depuis mon perchoir, deux mètres cinquante plus bas, je distingue une masse sombre sinuer sous les eaux nauséabondes. Une ombre menaçante qui glisse lentement vers une Clévio déterminée, qui lutte pour avancer malgré le poids de plus en plus conséquent de la boue amassée ses vêtements.

« Clévio, sur ta droite ! »

Un cri d’alerte si puissant qu’une nichée d’oiseaux jaune-orangés s’échappent vers les cieux invisibles. Je joins le geste à la parole. D’un mouvement vif de l’avant-bras, je balance une décharge télékinétique en direction de la menace. L’onde invisible fend l’eau et la vase, sur plusieurs mètres, révélant une paire d’yeux jaunes surpris, trônant au sommet d’un corps longiforme aux multiples pattes atrophiées. Nul besoin d’user de la Force pour comprendre ses intentions prédatrices. Mon geste a tué dans l’œuf son approche furtive. La créature hideuse, chimère serpentine à carapace de cloporte, se recroqueville, se love sur elle-même en plusieurs cercles concentriques, posture réflexe défensif. Son ventre des bardé d’aiguillons mortels que je présume empoisonnés. Typique de ces espèces qui étreignent leurs proies jusqu’à l’étouffement, ou jusqu’à ce que les toxines les achèvent. Je me redresse, beaucoup moins prudent d’un coup, et saute sur une branche, pour me rapprocher de Clévio. Du coin de l’œil, je remarque Ou-thi-ny placer un détonateur thermique dans son lance-filet bidouillé…
Clévio Ithari
Clévio Ithari
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-« Clévio, sur ta droite ! »

L'injonction fait bondir le cœur de Clévio et son regard se tourne instinctivement vers sa droite.
Une ombre s'était glissée furtivement jusqu'à elle. Ithari se haïssait de ne pas avoir été assez attentive à son environnement...
Pourtant, elle avait éveillé ses sens et était parvenue à faire taire dans son esprit le bruit du masque respirateur qui lui couvrait le visage.

Une décharge télékinétique issue de Kovani s'abattit sur la créature, forant eau et vase pour révéler une paire d’yeux jaunes surpris, trônant au sommet d’un corps longiforme segmenté par une carapace chitineuse aux multiples pattes atrophiées.

Ithari était à la fois horrifiée et fascinée par la vision de ce prédateur, amalgame parfait entre la scolopendre et le serpent. Elle lui faisait penser au Laïgreks de Dantooine...
La nature est des plus fascinante dans ce genre de planète.

Surprise par l'attaque, l'animal, se recroqueville sur lui-même en plusieurs cercles concentriques, posture défensive.
Son abdomen révèle des rangées d’aiguilles venimeuses.

Clévio s'éloigna du monstre, mais ses mouvements étaient ralentis par la boue et la vase. L'exilée sentait alors l'énervement monterven elle, la colère brûlait son cœur, raccourcissant son souffle et insinuant son poison dans les veines de la jeune femme.

Quelque-chose renforçait ses sentiments négatifs.

La jedi noire en avait assez d'être une proie.

Elle en avait assez d'être la demoiselle en détresse.

Elle en avait assez d'être un boulet pour ses coéquipiers.

Elle en avait assez, d'être elle-même.

Forte de ses émotions négatives, Clévio tendit la main vers son assaillant, faisant appel à la Force pour s'en prendre à elle.

La jeune femme avait toujours ressenti cette énergie comme un cours d'eau qui la parcourait et dont le débit dépendait de ses émotions et de sa volonté.

Ici, c'était un torrent agité. Le côté obscur s'était insinué en elle il y'a cinq ans et depuis, il se tapissait le fond du fleuve, attendant patiemment le moment où ressurgir.

Grâce à la force, l'exilée sentait dans sa main la gorge de la créature et sans hésitation, elle serra.

L'animal était pris de spasmes, sa respiration devenait haletante. Une grande poigne invisible lui enserrait la trachée, empêchant l'oxygène de pénétrer ses poumons.

En temps normal, Clévio aurait usé de la stase de force pour paralyser la bête sans lui faire de mal.

Mais aujourd'hui, ses barrières avaient cédé, déjà affaiblies par la présence obscure de l'environnement.

À cet instant, voir la créature se contorsionner de douleur, tentant vainement d'attraper avec sa gueule la moindre particule d'air était un spectacle qui satisfaisait la jeune femme.

- «Qui est la proie maintenant ? »

La voix habituellement discrète et douce d'Ithari était devenue un murmure inquiétant teinté de sadisme. Elle était méconaissable.

(Pardonnez mon long retard Sad )
Gary Kovani
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Bad mood. Very bad mood. Non, ce n’est le titre du buddy movie projeté dans l’holo-cinoche du coin. L’expression désuète, me saute à la tronche, alors qu’un des vibes obscures, invisibles mais omniprésentes, se déchaînent autour de nous. Elles irradient depuis la carcasse du vaisseau. Elles nous traversent, nous enrobent, nous enserre dans leur étau frigide autant l’âme que l’esprit. Intuitivement, parce que je suis entrainé à le faire depuis mes premiers pas dans le monde discret des Ombres Jedi, je laisse tomber la herse mentale qui parachève mes fortifications mentales. Elles protègent mes émotions confinées derrière des marées du côté Obscur, qui fluent et refluent avec de plus en plus de puissance. L’écume qui en résulte est si dense qu’elle joue avec mes sens. Mirage olfactif d’œuf pourri, de souffre, de pourriture. Un voile, presque imperceptible, dévore la luminosité filtrée par les hautes frondaisons des arbres torturés par les éléments. Chair de poule. Frisson qui remonte du bas de mon dos vers mon échine. Des sueurs froides.

Je réagis avec une célérité acquise par l’expérience des situations à haut risque, des menaces extérieures imminentes, de la pollution véhiculée par l’utilisation immodérée de pouvoirs contre-nature. Mais ce n’est pas le cas de toute le monde. Particulièrement celui de Clévio. L’esprit de la jeune femme est parcouru de fêlures génitures d'événements traumatisants refoulés, dans lesquelles s’immisce sans difficulté l’obscurité. C’est sa soudaine surprise, peur, colère, ou je ne sais quelle émotion forte qui donnent plus de substance encore à ce qui se dégage de l’épave. Un écho dans la Force qui se répercute en millions d’éclats immatériels capable de lacérer l’âme de ceux qui ne savent parfaitement y résister. D’autant que je sais, je l’ai déjà sondé, qu’elle a été, jadis, touchée par le côté obscur… Une expérience qui rend d’autant plus facile la bascule vers cet état dangereux où les ténèbres et la lumière s'entre-dévorent, où les instincts primaires prennent le dessus sur la réflexion.

« Ou-thi-ny ! Saute ! » L’ordre fuse avec une telle autorité que le Jawa, lui aussi perturbé, s’exécute immédiatement. Il bondit dans le vide, yeux brillants sous sa capuche écarquillés par ce réflexe irréfléchi. Je lève une main, et projette dans sa direction une vague de force canalisée. Juste assez puissante pour le propulser dans les airs, à huit mètres de ma position, sur la ramure de l’arbre le plus proche. Dans un même mouvement, j’active les griffes laser de ma prothèse. Elles fendent les airs dans un sifflement d’énergie pure, décrivent un arc rapide qui tranche net la branche sous mes pieds. Noircie, calcinée à sa base, elle plonge vers les eaux saumâtres. Et moi avec.

Le choc est rude, bien qu’amortie par des gerbes de vases impressionnantes. Mon radeau d’infortune sombre aussitôt, emporté vers le fond, par son propre poids, par sa vélocité fracassée. Je bondis, profitant du contre-coup comme d’un d’élan. Salto. J’atterris dans la fange, lestement, juste à côté d’une Clévio clairement plus elle-même. Du moins plus celle que je croyais connaitre. Je m’enfonce dans la vase jusqu’aux genoux. Tandis que la branche, elle, derrière moi maintenant, disparaît sous la surface opaque… Si j’avais sauté directement de là-haut, moi aussi j’aurais été aspiré vers les profondeurs…

« Clévio… » je susurre son prénom en y insufflant autant de lumière que ma maîtrise de l’apaisement me le permet. Avant qu’elle n’ait le temps de régir, aveuglé par sa rage, j’arrache le gant qui protège la peau fragile de ma main valide, et lui colle sur sa joue. Elle est si froide qu’on pourrait la croire morte à l’intérieur. Je capte son regard, intense, pupilles étrécies, à peine plus large que des têtes d’épingles. Pendant une fraction de seconde, je crois voir ses iris rougeoyer, mais je suis moi aussi victime d’illusions provoquées par la proximité du coté obscur. Comme dans ces cavernes imprégnées, sur Ondéron, où tout padawan candidat aux épreuves devaient séjourner une nuit durant.

La psychométrie émotionnelle crée un pont direct entre nos deux âmes. Ses sentiments débridés imbibent les miens, deviennent miens. Une terrible colère que rien ne semble capable de réprimer… Mais là, encore, il s’agit d’une illusion. Le coté Obscur veut toujours nous faire croire qu’il n’y a plus d’autres voix. Pourtant le choix existe toujours. Lutter, il faut toujours lutter. Le fatalisme est la signature de ceux qui abandonnent. « Reste avec moi… » Ce contact direct décuple l’efficacité de mes techniques d’apaisement, tandis, que comme une éponge, j’absorbe toute la noirceur qui coule dans son esprit comme un torrent déchaîné s’échappant d’une digue brisée.

Mon champ de vision s’étrécit à son tour. J’ai le sentiment intime de perdre pied… Mais je ne lâche rien. Peut-être que mon âme est déjà trop criblée d’obscurité pour résister à un assaut de plus… Non ! Je refuse d’abandonner Clévio, comme je refuse d’abandonner n’importe quel Jedi. D’autant que je lui ai donné ma parole, le jour ou je l’ai retrouvée… Je lui ai dit que je ferai le nécessaire pour la conduire vers la route de la rédemption, vers cette destinée dont elle s’est elle-même coupée, par peur, par honte, par manque de confiance. Et lorsque je dis quelque chose, je tiens toujours parole, quelles qu’en soient les conséquences… Même si pour cela je dois embrasser à pleine bouche l’obscurité jusqu’à en étouffer…

Je perds toute notion du temps. Nos regards se figent l’un sur l’autre pendant peut-être dix secondes, ou dix minutes… Mais à un terrible moment, la vérité nue, acérée, dépouillée d’espoir et d’illusions m'apparaît :

Je ne vais jamais y arriver seul.
Kranyya Nekro
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Peut-être était-ce le parfum si doucereux des fleurs exotiques, soporifique même, ou bien la nostalgie de l’altitude, mais mon attention avait été absorbée par l’environnement luxuriant dans lequel je volais paisiblement ; parmi les nombreux rampants et volatiles, j’avais l’impression d’être part de l’écosystème.
Ma tête bourdonnait, et je sentais mon attention continuer à m’échapper… il me semble que monter ici était une erreur.

J’avais déjà entamé mon ascension depuis un petit moment quand je fus tiré de ma malsaine rêverie par le hurlement de Gary ; les pieds posés sur une branche épaisse gorgée d’humidité, j’essaye de garder mon équilibre.
Quelle ironie quand même quand on y pense, d’avoir tant d’aise dans la lévitation mais la grâce d’un Rancor dès que la notion de survie pèse sur la balance…

Ma conscience me revint soudainement claire comme de l’eau de roche : la pression de la mission, l’angoisse du lieu, la méfiance surtout.
J’extrais une salve d’eau crasseuse et épaisse du dit arbre et la gèle instantanément pour me créer une rambarde et un semblant de sécurité, à laquelle je m’agrippe de toutes mes forces pour pouvoir me concentrer sur ce qui se passait en contrebas.

Les bruits sauvages de luttes avaient cessé, très vite (même trop vite) remplacé par un silence étouffant d’inquiétude ; d’ici haut je pouvais tout de même percevoir une énergie infâme et cruelle de mort, signe que la bataille qui venait de s’achever sous mes pieds n’avait pas été très constructive pour l’un des assaillant.
Cependant, la zone était devenue bien trop calme à mon goût… Sans nouvelles de mes compagnons, je me penche un peu plus et cri du plus fort que ma petite voix ridicule qui ferait rougir de honte n’importe quel Zabrak baraqué cliché pouvait me le permettre :

« Héhooo ! Tout va bien en bas ? Clévio !? Gary ?! Petit Jawa ?! »

J’attends quelques secondes et reprends, tordue de crainte :

« Clévio !! Tout va bien !!!? Clévio !!! »

Je plisse les yeux mais rien n’y fait, on voit vraiment que dalle tant la végétation est épaisse ; je peste :

« Bordel je vois rien d’ici, répondez moi !! »

Ma voix se brise sur le dernier mot.
Mais rien n’y fait, seule réponse fut le rugissement vilénie d’un silence étouffant de sous-entendus inquiétants.

Perché sur des hauteurs inconnues, je me sens soudainement terriblement seule et vulnérable, assaillie d’inquiétude pour mes collègues : et s’il leur était arrivé quelque chose ??
Je place toujours grande confiance en mes alliées, mais les circonstances n’étaient favorables pour aucun d’entre nous ici, nous sommes réellement vulnérables, bien plus que ce que je ne voulais l’admettre.

Mon visage déformé par l’angoisse, gorge rêche par les cris, sourcils arqués, yeux écarquillés ; j’étire ma conscience loin vers le sol pour tenter de percevoir leurs constantes : les yeux fermés par l’effort, je perçois finalement deux consciences en émois, bouleversés, aux pouls bien trop déchainés pour deux Jedi accomplis.

Le mistral s’acharne sur mes cheveux fins, mêlant nœuds grisés aux poussières volantes, de la sueur perle sur mon front s’écoulant de mes cornes frappées par les rafales de vents : quelque chose cloche je n’ai pas plus de temps à perdre.
Je juge la distance qui me sépare du sol, complètement impossible à faire tant les couches épaisses de la canopée étaient opaques et impénétrables, me vint une réalisation des plus déplaisantes : je ne peux pas sauter sans risquer gros.
Je tourne la tête dans tous les sens pour trouver une descente rapide et praticable mais rien n’y fait : je suis complètement bloquée dans les cimes des arbres aux feuillages épais rendant le lieu totalement hermétique à une sortie précipitée.

Ma respiration s’emballe à son tour, des effluves sombres et tortueuses me parviennent d’en bas ; mes amis semblent être piégés dans un état psychique des plus terrifiant.
Ces émanations obscures s’accrochent à mon cœur trop sensible et je sens cet organe si faible se tordre de douleur, douleurs qui ne m’appartiennent même pas.
A ce moment-là défilent devant moi des souvenirs dont on m’a parlé sur Kashyyyk au coin d’un feu chaleureux : arides malheurs, pertes tragique, trahison déchirante, isolement, peur, colère.
L’élue de mon cœur était méconnaissable, la haine qui émanait de son être était si pure et rude qu’elle en écorchait le mien ; je compris la situation en sentant la conscience du Deck ensevelie dans celle torturée de la Jedi noir.

La situation urgeait, si je ne voulais pas les perdre tous les deux dans les tréfonds de la haine, de la folie et de la solitude je devais courir à leur rescousse.
D’un dernier coup d’œil craintif je vois le vide menaçant et dangereux qui m’attends s’étirer et se distordre sous mon regard, et c’est le cœur serré mais déterminé que je passe le pas et fait le grand saut.

Les branches me frappent, m’écorchent, me lacèrent et j’entends un craquement des plus horrible venir de mon bras gauche mais je n’ai pas le temps pour la peur et la douleur ; la chute est sèche et rapide mais je sens que je me rapproche du sol.
Je serre les dents et baisse les yeux, si je rate le bon moment je finirais en miettes sur les roches acérés et boueuses des marécages.
Le vent ascendant me fouette le visage et balaye les pans de ma tunique d’une manière violente ; dans ce chaos je réunis toute ma concentration et prépare l’état mental nécessaire à la pratique de la magie Dathomirienne.

Soudainement je sens mon âme pulser, mon instinct aiguisé à senti que la fin de la chute était proche.
Dans un état psychique apathique, je saisis le peu de conscience active qui me reste pour freiner ma chute ; là sous mes pieds se dessinent les dernières branches qui me sépare du sol, si je ne lévite pas maintenant c’est fini pour moi, et par extension pour mes collègues.

Le désespoir et l’adrénaline de la situation s’empare de moi et fait le travail à ma place, le souffle saccadé, le cerveau en plein bourdonnement et mon être en retrait pour ma préparation magique précipité, je sens avec soulagement ma chute s’arrêter finalement complètement.
Là, à peine deux mètres au-dessus du sol.

Je n’ai pas le temps de remercier la vie de m’avoir épargné une triste fin, je pose pieds à terre et je cours avec toute l’énergie physique qui me reste, du plus vite que mes jambes puissent me porter en direction des deux silhouettes raides face à moi dans la vase.

Mon bras gauche brisé ballant à mes côtés, je me rapproche assez pour voir les traits fins de Clévio se dessiner sous mes yeux ; la main nue de Gary sur sa joue, les deux ont un teint affreusement pâle et semblent en pleine léthargie, même la peau miel du détective prenait des teintes grisâtres.
Finalement face à eux, je sens ma puissance magique bourdonner et mon âme brûler, prête à être évacuée.

Dans un dernier souffle d’espoir, je tends mes bras tremblants et serre Clévio d’une étreinte chaleureuse, puisant tout ce que j’ai tant émotionnellement que psychiquement et plonge finalement dans sa conscience :

« Attends-moi Clévio j’arrive ! »
La Main de la Force
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Échappant de justesse aux sables mouvants grâce à l'intervention rapide de Kranyya, Clévio, Gary, et elle-même reprirent leur souffle et leur détermination. Ils se frayèrent un chemin à travers le marais, leurs cœurs battant encore de peur et d'adrénaline, jusqu'à ce que la silhouette imposante d'un vaisseau spatial abandonné se matérialise devant eux. La carcasse noire semblait presque absorber la lumière environnante, créant une aura d'inquiétante étrangeté.

Ils pénétrèrent prudemment à l'intérieur, leurs sens en alerte. L'atmosphère était chargée d'une tension palpable, comme si le vaisseau lui-même retenait son souffle. Découvrant une ancienne salle de contrôle dans les profondeurs du vaisseau, ils activèrent sans s'en rendre l'ancien générateur, et une voix d'outre-tombe émana de hauts-parleurs invisibles en déclamant dans ce qui était incontestablement la langue Sith un discours qui tournait en boucle. Même sans en comprendre un seul mot, l'intention malveillante était claire pour Kranyya qui ne pouvait s'empêcher de frisonner. Une certaine terreur menaçait de germer dans leur esprit. Ils se regardèrent, conscients que ce qu'ils venaient de réveiller pourrait avoir des conséquences terrifiantes.

En recourant à son datapad pour une interprétation immédiate, Clévio assista en première à une confirmation brutale de leurs craintes.
Résultat de la traduction:
Gary Kovani
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La voix de Kranyya résonne dans ma tête. Un éclat cristallin qui, l’espace d’une infime fraction de seconde, transpercent les ténèbres épaisses qui enserrent mon esprit. Je m’y ancre, comme une coquille de noix abandonnée aux tumultes de l’océan, qui jette ses amarres sur le premier étoc à sa portée. La lumière transperce l’obscurité. La chaleur chasse le froid morbide qui nous engourdit. Celle de son étreinte à Clévio, qui transcende les limites de sa chair. J’émerge enfin. Je cligne des yeux, reprend conscience de mon enveloppe charnelle.

Lorsque je secoue de nouveau la tête, l’environnement a changé. Mes bottes claquent sur le métal oxydé du vaisseau échoué dans les marais. Je… je me fige. Mon esprit est si embrumé qu’il me faut user de toute mon énergie pour recomposer mes souvenirs. C’est comme émerger d’un rêve. Des images trottent dans ma tête, mais je suis incapable de rassembler les pièces du puzzle. Plus je tente, plus elles s’étiolent et s’évaporent dans le néant. Je ne me rappelle rien des dernières minutes. De la manière dont nous avons échappé aux sables mouvants pour réussir à atteindre cette vieille carcasse.

Ou-thi-ny a disparu. Clévio n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le visage cendré de Kran trahit toute la souffrance que lui inflige son bras brisé, passé écharpe. La raison voudrait que l’on abandonne la chasse au Jaw… Mais la traduction qui s’affiche sur l’écran holographique du datapad de Clévio change complètement la donne. Je frissonne.

« Nous ne pouvons pas laisser tomber cette chose entre de mauvaises mains… » Il ne s’agit plus de débusquer un animal mythologique, tout droit sorti d’un manuel de cryptozoologie. Non. Il s’agit, à présent, de mettre hors d’état de nuire une arme biologique avant qu’une personne mal avisée ne mette la main dessus.

Je comprends mieux la présence de Darth Yrlion. Bordel ! Imaginez si l'Empire s'empare d'une telle technologie ! Je ne peux pas le laisser faire. Ni qui que ce soit d’autre.

« Il y a autre chose dans les registres ? Un éventuel point faible qu’on pourrait exploiter ? » je lance cette question sans grand espoir qu’une réponse surgisse des entrailles informatiques de cette épaves antique. C’est déjà un miracle que le journal de bord affiche encore cette entrée. Le métal sombre s’effrite presque lorsque je passe mes gants dessus. Je n’ose imaginer l’état des composants électroniques. Le vaisseau s’est écrasé il y a des centaines d’années, peut-être même plus d’un millénaire ! Et le Jaw est toujours là, quelque part. Et j’imagine que toutes ces années n’ont émoussées en rien ses capacités offensives.

« Nous devons considérer le Jaw comme extrêmement dangereux. Il n’est plus question de l’apprivoiser ou le capturer. C'est pas une bête sauvage, mais une chimère contre-nature. Nous devons l’éliminer. » Des paroles dures, mais que j’estime pleines de sagesses. Je me tourne vers la sorcière. « Kran ? Tu peux continuer ? Il n’y a aucune honte à abandonner… » J’ignore si Clévio possède quelques talents curatifs. Ce n’est pas mon cas : tout ce que je peux faire pour elle, c’est lui filer les analgésiques qui traînent au fond de ma trousse de premiers soins.

Les marées du coté obscurs frappent toujours durement sur les remparts de mon esprit. Mais ici, dans l’œil de la tempête, ses attaques sont moins puissantes. Je frisonne encore, mais je retrouve le plein usage de mes pensées, de mes humeurs. « On devrait aussi détruire cette épave. Personne ne doit jamais savoir. » Il serait plus prudent de le faire tout de suite… Mais mon regard se perds dans les ténèbres de la coursive qui mènent jusqu’à ses entrailles. « Mais on peut aussi l’explorer avant… Il pourrait y avoir des choses utiles. S’ils transportaient le Jaw, c’est qu’ils disposaient de moyens pour le contenir, non ? » Ma question reste en suspens. Je refuse de prendre seul cette décision pour le groupe. Car nul ne peut savoir ce qui nous attend dans les ténèbres. Le coté obscur trompe nos sens, peut être à l'origine d'illusions. Mais avons-nous le choix à présent ? Le savoir entraîne la responsabilité d'agir. Quoi qu’il en coûte.
Kranyya Nekro
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« Je… Je ne comprends pas… »

Ma faible maîtrise de la langue Sith me permettait de comprendre à peine quelques-uns des mots compliqués qui étaient émis à travers les speakers ; mais largement suffisamment pour être glacée de peur, figée sur place, avant même d’avoir lu la traduction sur l’appareil de Clévio.
Clévio qui d’ailleurs était dans un état second, méconnaissable depuis son « réveil » …

Notre petite bande avait désormais l’air bien ridicule comparé à tout à l’heure, le pote Jawa du Deck manquait d’ailleurs à l’appel…
Et moi… J’avais épuisé une bien trop grande quantité de mes forces vitales…

D’ailleurs, mon bras brisé me faisait encore affreusement souffrir ; mais c’était dorénavant le cadet de mes soucis, je m’en occuperais plus tard quand j’aurais récupéré un peu d’énergie ; pour le moment on a bien plus important à traiter…

Chacune des informations rajoute un poids supplémentaire au total, plus dangereux, plus terrifiant, bien trop loin pour mes capacités…
Enfonçant encore plus cette terrible question dans mon esprit :

Suis-je au niveau ?

La montagne de stress et d’insécurité qui vivait en moi était déjà bien trop envahissante, mais là tout devenait… écrasant…
Je me mets à pester :

« Ça ne colle pas du tout avec les informations que cet enfoiré de Lannik nous avait filés ; comment ça 20 mètres ! Une bêbête crée artificiellement par des experts en Armement Sith !? Arme Biologique ! Bon sang… D’où elle vient ? Et de quand surtout ? Qui sait l’expérience que cette créature à pu accumuler au fil des siècles ? »

Je continue à marmonner dans ma barbe dans mon coin, paralysé par le trop-plein de ces terribles nouvelles informations…
Ma tête se met à tourner : le stress, la fatigue, ce lieu étrange tant empreint de forces obscures…

J’écoute cependant attentivement l’intervention mature de Gary, pertinente, et véridique surtout.
Tenant mon crâne fébrile de la seule force de ma nuque et de ma main gauche, je ne peux m’empêcher de sentir mon cœur se serrer à la mention de certains mots :

« Je suis d’accord, le cahier des charges n’est plus trop trop à jour, il est de notre devoir d’empêcher que le JAW tombe entre les mains de l’Empire, ou de n’importe qui d’autre d’ailleurs…
Mais, même si je sais que factuellement, le tuer est la solution la plus viable ; je ne peux m’empêcher de trouver ça… injuste ?
C’est vrai… Il a beau être un affreux méga-monstre des temps immémoriaux, il n’a jamais demandé à naître ainsi… Le pauvre, lui qui doit enfin se sentir libre après une époque indéfinie de détention… »


J’hausse les épaules et secoue ma tête de gauche à droite, espérant faire passer la sensation de nausée, en vain :

« Mais bon… Le devoir reste le devoir et je dois malgré tout rester responsable, pour la sécurité de tous… Je le tuerais sans états d’âme si tel est ma mission.
Ne t’en fais pas, tout va bien pour moi, j’ai juste besoin de temps… Pour pouvoir me guérir… »


Je jette mon regard engourdi sur tout ce qui m’entoure : parois usées, outils délabrés, restes gisants d’une carcasse de vaisseau ancien, bien plus ancien que ce qu’on pourrait imaginer…
Lieu infiniment oppressant, qui dans mon état actuel n’est rien d’autre qu’un cauchemar tanguant et sinueux d’énergies effrayantes.

Qui sait ce que tous ces couloirs obscurs nous cachent et nous réservent ?
Quels mystères étouffés par les voix puissantes d’antan, enfouies sous des couches poisseuses d’histoire, se trouvent dans les recoins de ce lieu ?

Je grogne finalement, entre deux halètements d’épuisement intense :

« Je suis 100% d’accord pour me lancer dans une exploration poussée, les enjeux sont trop importants pour se permettre de faire demi-tour comme si de rien n’était…
On trouvera forcément de quoi nous aider dans cette galère… »


Chacune de mes œillades vaguement attentives, sous couvert d’observation, ne m’ajoutes que plus de pression ; et en plus je sens que mes jambes tremblotantes ne vont pas tarder à me lâcher…

« Mais penses-tu vraiment qu’on ait le droit de détruire cet endroit par nous-même ? Sans attendre d’aval ? Sans prévenir personne ? Juste laisser ce théâtre des horreurs… disparaître derrière nous ? »

Je me laisse finalement glisser au sol, à bout de force :

« Désolé je ne sais pas vraiment quoi dire, ou quoi faire surtout… C’est tellement… énorme…
N-ne fais pas attention à tout ce que je dis, un trop plein d’empathie surement… Entre monstres… »


Je soupire une dernière fois, posant mon regard inquiet sur une Clévio fantôme ; tout devient noir, flou et froid, avant de me sentir définitivement partir.
Clévio Ithari
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Clévio Ithari se tenait parmi les vestiges délabrés d'un vaisseau, son regard scrutant les données affichées sur son datapad avec une concentration intense.

Les ruines du vaisseau gisaient dans un environnement marécageux, imprégnant l'air d'une atmosphère lourde et presque mystique. La Jedi Noire était plongée dans ses pensées, son esprit préoccupé par les informations qu'elle venait de découvrir.

Le datapad émettait une faible lueur dans la semi-obscurité des ruines, mettant en évidence le visage déterminé d’Ithari. Ses yeux, d'un jaune intense, reflétaient la lumière de l'écran alors qu'elle assimilait les données cruciales. La découverte surprenante qu'elle venait de faire semblait peser sur ses épaules.

Un silence tendu régnait dans l'air humide du marais, seulement interrompu par le murmure lointain des créatures mystérieuses qui hantaient les environs. Les autres membres de l'expédition, Gary et Krannya, discutaient avec une anticipation retenue, observant Clévio alors qu'elle s'apprêtait à partager ses conclusions.
Soudain, une expression de compréhension teinta le visage de la jeune femme, et elle releva son regard vers ses compagnons avec une urgence nouvelle. Elle prit la parole d'une voix calme mais empreinte d'une conviction profonde.

-« J'ai trouvé des données corroborant nos soupçons. Le Jaw, cette arme biologique redoutable, est une menace bien réelle. Mais je pense que nous pouvons transformer cette menace en un atout inattendu. »

Son regard dévia vers les débris du vaisseau, les contours de son plan se formant dans son esprit… Elle songeait d'apprivoiser le Jaw, de le maîtriser pour qu'il serve la cause des Jedi dans leur lutte contre les Sith et même la République qui les avait trahit.

-« Imaginez, mes amis, une force que nous pourrions contrôler, une arme vivante qui se dresserait contre nos ennemis communs. Le Jaw pourrait devenir notre allié dans cette guerre. Nous devons le comprendre et apprendre à le guider… Une armée aussi puissante mettra à genoux l’Empire et ces traitres de la République… Les jedi retrouverez leur juste place... Vous ne serez plus des parias... Je souhaite que votre bonheur... Et ce Jaw peut être la clef de la réalisation de ce souhait... »

Les yeux de Clévio étincelaient d'une détermination indomptable alors qu'elle partageait sa vision. Pourtant, elle savait que cette proposition ne serait pas sans opposition. Les Jedi étaient souvent réticents à utiliser des méthodes aussi radicales, mais elle croyait en la nécessité d'explorer toutes les options dans cette guerre galactique.

Gary et Krannya  seraient surement perplexes, mais Ithari était persuadée que c’était une occasion en or.

En les écoutant, l’éxilée compris qu’ils étaient prêts à relever le défi de l'exploration du potentiel, mais Clévio ajouta une suggestion supplémentaire.

-« Cependant, avant de nous aventurer plus loin, je propose que nous consignions toutes les informations disponibles sur ce vaisseau. Ces données pourraient être cruciales pour les archives Jedi. Qui sait combien de vaisseaux similaires existent dans la Galaxie? »

Les yeux de la demoiselle étaient sombre et un sourire sardonique avait naquit sur ses lèvres rouges. A ses yeux, le Jaw était une opportunité de revanche et de paix dans la Galaxie…un Empire jedi, apportant l’ordre et la sécurité dans la Galaxie… La démocratie avait échouée et les sith étaient des psychopathes… Les jedi seraient les plus à même de diriger cet ensemble anarchique.
Gary Kovani
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« On le doit, Kran, on le doit… Mais tu as raison de douter. Lorsque tu ne douteras plus de tes actes, de tes décisions, alors tu sauras que tu fais le mauvais choix. » J’essaye de la rassurer, de faire taire toutes ces questions qui risque de fissurer son assurance, surtout ici où le coté obscur tonne avec force. Je me tourne lentement vers Clévio, luttant pour ne pas laisser la déception poindre dans l’éclat de mes iris dilatée par la faible obscurité. Je secoue la tête, lentement. « Non Clévio. Hors de question de jouer avec une arme biologique. » Je pourrais en rester là, mais son récent plongeon dans le coté obscur me laisse perplexe. Est-ce ces relents acides qui dominent encore son esprit et lui dictent ces mots ? Je me demande, l’espace d’un instant si elle n’a pas définitivement basculé. Je l’ignore. « Nous devons tout détruire. Absolument tout. C’est bien trop dangereux. Si nous utilisons un tel pouvoir, nous ne vaudrons pas mieux que nos ennemis. La victoire, quel qu’en soit le prix, n’a jamais et ne sera jamais une option. » J’inspire lentement, expire tout aussi lentement. Je réprime l’envie de lui faire plus durement la morale. « Ce qui m’inquiète, c’est que d’autres risquent de penser comme toi. Garder ces données intactes ne fera que précipiter notre Ordre déjà fragilité dans un schisme fratricide, entre ceux qui voudront dominer le Jaw, et ceux qui voudront le détruire. Nous ne pouvons nous le permettre. J’ai pris ma décision. Si tu n’as pas d’accord, libre à toi de partir… » J’active mes griffes et pourfend le tableau de bord, de haut en bas, d’un geste vif si rapide qu’elle n’a le temps de réagir. Les données affichées sur l’écran de Clévio agonisent. Je regrette aussitôt la violence de mon geste. « Mais je préférais que tu restes. Car, Clévio, j’ai confiance en toi. Nous avons besoin de toi. »

Je prends les devants, sans un mot de plus. Je fais signe à Kran de me suivre et abandonne Clévio dans le cockpit. Si elle désire nous suivre, elle le pourra. Je l’espère sincèrement. Je m’engage dans une coursive plongée dans les ténèbres faute d’éclairage. Avec les siècles, l’arrière du vaisseau s’est enfoncé lentement dans le eaux troubles du marais. Si son cockpit darde encore au-dessus de la ligne d’horizon, il n’en est rien du reste de son corps boursouflé profondément immergé sous des tonnes et des tonnes de boues détrempées. La pente est douce… Mais j’ai tout de même l’impression de m’enfoncer dans la bouche d’un enfer mythologique. Sous la pression extérieure, la coque craque. Des cris d’agonie sinistres qui se répercutent en d’innombrables échos.

Je lève la main gauche et réactive mes grippes lasers. Les trois lames courtes, d’énergie pures, dévorent les ténèbres de leur puissant halo orangé. Elles étirent les ombres sur les parois déformées, piquées de rouille, où ruissellent l’eau poisseuse parvenu à rompre l’étanchéité de la coque. Lentement, mais surement, ces infiltrations inondent les parties les plus basses du vaisseau, le précipitant toujours un peu plus vers les profondeurs. Le sol jadis lisse est couvert de mousse et de champignons troglodytes. Ils poussent là ou l’eau est parvenue à charrier assez de matière organique pour que leurs minuscules racines s’y fixent. Des mottes éparses, spongieuses. Je retire ce que j’ai dis : ce n’est pas la porte des enfers, mais le gosier d’un monstre qui va nous dévorer. Non ! Je refuse de céder à mon imagination débordante. J’ai déjà connu cela : la morsure du coté obscur, qui s’infiltre dans l’esprit pour jouer avec nos sens et donner vie à nos fantasmes et nos peurs. « Reste près de moi Kran. Concentre-toi sur l’instant présent. Ne laisse pas ton esprit s’égarer. Le coté obscur est puissant ici. Ses illusions peuvent nous atteindre si nous baissons notre garde un seul instant. » Afin de l’aider à se focaliser, je rebondis sur ses dernières paroles :

« Tu le comprends maintenant, je pense : nous devons détruire ce vaisseau, éliminer le Jaw, et toutes traces de ces expériences alchimiques Sith. Il n’est pas question de justice. Parfois il faut faire des choses terribles pour protéger ceux que l’on aime. C’est le fardeau que doit porter tôt ou tard tout Jedi. A moins que tu sois de l’avis de Clévio ? Tu penses que nous devrions soumettre le Jaw pour s’en servir comme une arme de destruction massive ? » Je secoue la tête. Question stupide. La peur, la colère et même la haine pourrait s’immiscer dans nos esprits malmenées par les vagues ténébreuses. Je regrette de l’avoir posée.

Je m’arrête devant une première porte close, découpée sur la paroi gauche du couloir. Un panneau blindé, déformé. Je pose une main dessus. « On doit se montrer très prudent. Si on ouvre la mauvaise porte, nous pourrions finir enseveli sous des tonnes de boues. » La salle derrière en est bondée. Je devine une brèche énorme dans la coque. Je n’en suis pas certain. Mais les échos de vie infimes dans la Force pour poussent à le croire. Je l’ignore et continue d’avancer. Deux mètres plus loin, une autre porte s’offre à nous. Sur la paroi droite celle-là, du coté où la structure du vaisseau est encore intacte. Rien ne laisse supposer qu’elle dissimule un piège mortel. Mais on n'est jamais trop prudent. « Attends, je vais essayer de l’ouvrir… » Je plonge mes griffe dedans. Elles traversent l’acier comme s’il s’agissait d’une plaquette de beurre. Lorsque je les retire, elles laissent trois trous rougis dont la périphérie dégouline en de grosses gouttes visqueuses qui se figent rapidement en refroidissant. Je souffle dessus, et approche mon œil. De l’autre côté, les ténèbres sont si denses que je n’y vois strictement rien. « Bon, au moins on sait qu’on ne va pas déclencher une avalanche de boue. Tu imagines que l’air emprisonné dans cette pièce a peut-être plusieurs milliers d’années ? Ca donne le tournis non ? » Je discute tout en découpant précautionneusement la porte à l’aide d’une seule de mes griffes. La centrale, légèrement plus longue. J’ai rétracté les deux périphériques. Je dessine un large sillon incandescent qui épouse l’encadrement devenu friable… Et lorsqu’il ne reste plus que quelques centimètres avant que la découpe ne soit complète, je demande à Kran :

« Aide moi, steup. A mon signal, tu pousses fort avec moi. Manquerait plus que le panneau nous tombe sur la tronche… »

Je pousse de toute mes forces, tout en achevant la découpe. Le métal grince, bascule et s’écrase au sol dans un vacarme si assourdissant que j’en frissonne. Les terribles échos démultiplient la cacophonie. Les vibrations se répercutent dans toute la coque, déclenchant un concert de grincements inquiétants. Je relève la main pour m’éclairer, et commente :

« Hmmm… Une infirmerie. Et bien équipée en plus… » L’espace incroyablement bien optimisé est principalement occupé par un lit médicalisé monté sur un large vérin pneumatique. Au-dessus, un bras articulé fixé au plafond porte encore sa vaste gamme d’outils chirurgicaux. La lumière de mes lames se reflètent sur la batterie de bistouris encore parfaitement aiguisés. Assis dans un coin, non loin, git un vieux droïde médical. Ses plaques d’aciers dorsales sont tant dévorées par la rouille que l’on entrevoit ses composants internes. Les murs, eux, sont bardées de casiers et d’étagères dont les étiquettes sont depuis longtemps illisibles. « Avec un peu de bol, on devrait pouvoir trouver de quoi te remettre en état, non ? » Si l’on ignore les dates de péremptions passées depuis bien avant ma naissance. L’infirmerie donne sur une autre pièce, plus vaste. J’y glisse un regard curieux. Je distingue un grand nombre de cages qui s’alignent sur deux cloisons. Comme dans un chenil. Au fond, je devine plus que j’observe d’autres tables d’opérations. « On dirait un genre de salle d’expérimentations sur des cobayes vivants. C'est d'un glauque... » D’imposantes machines tapissent la cloison le plus éloignée. De la technologie de pointe, genre centrifugeuse ou séquenceurs ADN ? J’en ai aucune idée ! Mais ça mériterait d’y jeter un œil. Qui sait, sur un malentendu, on pourrait en apprendre plus sur le Jaw et ses points faibles… S’ils existent et sont documentés, ses geôliers ont grave chié dans la colle. Mais bon. L’espoir redonne du courage non ? Sans trop y croire, je presse sur l'interrupteur... Et contre toute attente, le plafonnier s'illumine. Il clignote, agonise, mais tient bon.

« Pas mal. Kran, fait une pause, occupe-toi de ton bras, je vais voir ce que je peux trouver dans… » Je sursaute. Quelque chose vient de bouger dans l’une des cages. Un monstre, une créature ?! Non !

« OU-THY-NY ?! C’est toi ?! » La petite silhouette encapuchonnée, aux yeux luminescents, gigote dans sa prison. « Comment… » Il me coupe la chique :
« Oud’ja ! Ou’thy ! Ouza ! Ja ! Bachika ! Shakira ! Waka waka yé yé ! » Je vous épargne la suite. Il se lance dans une diatribe enflammée, inarrêtable qui dure plusieurs minutes sans aucune pause. J’en vient même à me demander s’il ne va pas mourir d’asphyxie s’il ne reprend pas son souffle ! Pendant qu’il vide son sac, je me précipite sur la cage. Elle est verrouillée. Je découpe le loquet d’un coup de griffe chirurgical. Je secoue la tête, et tente de faire un résumé pour Kran qui ne doit probablement pas parler le Jawa. Moi non plus, mais j’avais prévu le traducteur intelligent pour cette mission :

« En résumé. Il est tombé des frondaisons, dans un nid. Il s’est battu avec des oisillons presque aussi plus gros que lui. Jusqu’à ce que la mère arrive, le choppe entre ses griffes. Elle l’a embarqué, mais il a réussi à se libérer. Il est tombé dans le torrent, est parvenu à regagner la rive, puis il s’est enfoncé dans des sables mouvants en voulant nous rejoindre. Il a réussi à s’en extraire à l’aide d’une liane. Sauf que c’était un serpent. Ils se sont battus. Le serpent est toujours vivant, il précise. Mais il a plus sale gueule maintenant qu’avant. Pendant le combat, il a trébuché, il a dévalé une pente et est tombé dans l’épave par une écoutille ouverte sur le flanc éventré. C’est comme ça qu’il… » Je croise les bras. « Ou-thy-ny, honnêtement, tu viens d’inventer la moitié de l’histoire hein. Avoue… »
« Tha ! T’chaka T’chaka !»
« Raaah, oui ça va, tu peux rester poli quand même… » Je lève les yeux au ciel. « Il dit que c’est à ce moment qu’une ombre lui a sauté dessus et l’a enfermé dans cette cage… Un quoi ? » J’ai du mal à comprendre son accent surexcité. « Un droïde médical ? » Je déglutis, soudain étranglé par mauvais pressentiment.

Je me retourne, lentement. Comme dans holofilm d’horreur lorsque la musique stressante se suspend. Derrière Kran, une ombre grossit. Le droïde en piteux état que je croyais hors service se relève péniblement. Ses petits yeux rouges brillent d’une lueur qui ne n’inspire aucune confiance. Surtout lorsque l’on se rend compte que sa main droite est équipée une scie à os rouillée.

« Bordel ! Ou-Thy-ny !! Pourquoi t’as pas commencé par ça ! Kran !! Attention !! »
Kranyya Nekro
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« Grrrrrahhhh »

C’est non sans difficultés que je me hisse pour m’affaler sur le lit médical tout foireux, cliquetant et grinçant sous mon poids ; encore dans les vapes, la douleur bien récente ajoutée à la fatigue fait un cocktail des plus déplaisant qui avait le don de me rendre particulièrement dingue…

L’infirmerie était dans le même jus que le reste du vaisseau : vieille, sale, et à l’odeur des plus immondes…
Etalée de tout mon long sur le vieux brancard bancal, j’en profite pour prendre une petite pause et respirer un coup ; écoutant le fouillis de bric à brac causé par Gary briser le silence pesant, fouillant dans tous les coins espérant trouver des produits encore viables.
Peine perdue niveau date de péremption, mais franchement au stade où j’en étais je prendrais n’importe quoi même si ça datait de l’enfance du Chancelier.

Je suis beaucoup trop crevée pour utiliser ma magie pour me soigner, pas de baballe d’eau magique pour cette fois, je dois garder un minimum d’énergie vitale pour éviter de leur claquer dans les pattes.
Ça serait chiant niveau paperasse…

Pour ajouter à tout ça, le vieux droïde médical dans mon dos, étalé dans un pauvre coin, me donne la chair de poule, il est franchement dégueu… et flippant surtout !
Désactivé probablement depuis une éternité, bousillé, certains composants exposés, et rempli de crasse de mousse et de je-ne-sais-quoi…
Heureusement que la technologie droïde à évolué depuis leur époque parce que franchement… Eww…

Je soupire violemment, tenant dans ma main mon bras ballant, brisé à de multiples points :

« Putain… Plus jamais je saute d’aussi haut dans des arbres comme ça ! … J’aurais bien juré la vie de ma mère mais ça risque d’être compliqué… »

Continuant à marmonner des âneries dans mon coin, tout crade et déprimant, j’entends tout d’un coup un bruit sourd, vif et particulièrement bruyant, comme si un Anooba se débattait en cage.
Avant même d’avoir le temps de me plaindre, c’est un Gary particulièrement surpris qui se met à crier.

Wow le petit Jawa était de retour, merveilleux hein, non pas que j’en ai rien à faire de lui…
Pauvre Jawa je rigole j’ai rien contre lui peuchère je le connais même pas…
Par contre là il se met à gueuler, longtemps en plus, je vais commencer à moins l’aimer…

Couinements stridents tout bonnement insupportables qui me donnent juste envie de retourner faire un malaise dans mon coin.
Des cris et des cris sur une histoire abracadabrante d’une galère dans laquelle il se serait retrouvé après avoir été séparé de nous ; et stupide que je suis il fallait évidemment que dans mon étude rigoureuse de la linguistique, dans ma jeunesse, j’ai appris le Jawaese…
J’ai déjà suffisamment la cervelle en marmelade, et il en rajoute une sacrée couche, j’ai l’impression d’avoir une vrille dans le crâne…

Ma seule main encore disponible vient s’écraser lamentablement sur mon visage, et peut-être que de dépit j’ai lâché par mégarde, en grognant misérablement :

« Omu Sata [Ta gueule] »

Gary le libère enfin de sa cage, et commence à me faire la traduction complète ; et là je l’avoue, j’ai pas du tout écouté.
Franchement je suis en maxi-vrac, étalée sur un lit de métal plus vieux que tout mon arbre généalogique, j’ai la tête qui tourne, plus un pète d’énergie vitale et le bras en compote, rien à foutre des "histoires d’Ou-Thy-Ny dans la Jungle"

J’aurais peut-être dû être plus attentive, au lieu de rester piteusement affalée comme un vieux Bantha crevé à regarder le plafond miteux et recouvert de mousse ; parce que soudainement :

« Kran !! Attention !!

-Hein !?? »

Je sursaute, tiré de mon état mollasson par le cri soudain de Gary, et avant même d’avoir le temps de me retourner pour voir ce qui était derrière moi, j’agis par instinct, roule sur le côté et me laisse tomber du lit médical :

« AOUTCHH ! Putainnnn ça fait mal… »

Je m’écrase au sol comme une crêpe, échappant à deux doigts d’un coup de…

« UNE SCIE !!!? MAIS BORDEL YA RIEN QUI VA ICI ! »

Energie vitale gravement basse ou pas, je laisse ma nature prendre le dessus sur mon état et l’affreux Droïde, sa scie à os quasiment planté dans le brancard, prend immédiatement feu.
Je n’ai même pas eu le temps de le regarder dans les yeux qu’il était déjà à point.
Les flammes rêches à peine chaude, très faibles vu ma contenance actuelle, suffise à embraser la carcasse pouilleuse de l’ordure, pénétrant dans le trou de son dos pour allez griller les derniers composants qui tenaient debout. Vite fait bien fait.

Au sol, épuisée et à bout de nerf, je me remets à pester comme une vielle folle :

« Bon sang… »

Les fines flammes s’éteignent vite, il y a tellement d’eau dans ce vaisseau que de tout manière rien n’aurait pu se propager… Fin j’espère hein je n’aurais pas voulu bousiller nos recherches…
Entre deux jurons Zabrak, je reprends un peu mon souffle, et toujours recroquevillé comme une limace je parle enfin clairement :

« Hhaaa, merci Gary… Je- je respire un coup et je me lève, j’ai aperçu deux trois tiroirs qui doivent avoir du bordel médical, après vu la gueule des étiquettes je me méfie quand même…
Ya une grosse boîte avec écrit « Fractures » dessus aussi, ça c’est une recherche prioritaire.
Je m’occupe d’immobiliser mon bras, je vais checker les documents que je trouverais au passage ; mon Sith est faible mais j’ai suffisamment de notions pour trier ce qui semble important.
Sors le traducteur on va rejeter un coup d’œil à ces bidules ADN, les grosses machines là. »


Je dis en pointant les imposantes machines dont il parlait tout à l’heure :

« Si même cette boîte de conserve sur pattes marchait, je vois pas pourquoi le reste ne le ferait pas… »

Je parviens enfin à mettre un pied devant l’autre, pourtant encore plus éclatée depuis mon petit numéro pyrotechnique, et fouille enfin dans les tiroirs que je lorgnais.
Certes l’odeur fumante d’un droïde un peu trop cuit flottait encore dans l’air, mais au moins ça camouflait un peu celle nauséabonde de la moisissure.

« Oh bon sang je vais dégueuler… »

Ça camouflait que dalle, au contraire ça rehaussait la puanteur ambiante…
Je farfouille un peu partout, et ce en faisant un maximum de « cling cling », zéro délicatesse je suis pressée…
La main encore dans une boîte, je crie :

« Désolé du boucan ! Et- Et de l’odeur aussi, c’est vraiment infâme là… Ah !! »

Je tombe enfin sur ce qui s’apparentait le plus à une attelle !
Mécanique, visiblement conçue pour du coude au poignet, je tente de régler les différents boulons complètement rouillés par le temps et l’humidité…
Je l’adapte à mon bras frêle, et sécurise le tout en l’enroulant bien serrée avec un bandage épais trouvé à côté.

« Niquel ! Ça s’est fait ! »

Je choppe une écharpe puante qui était encore accroché à un porte manteau, et la passe autour de mon cou, bloquant ainsi mon bras brisé de l’épaule au poignet.
Satisfaite, un peu remise d’aplomb, je jette un coup d’œil à Gary.

« Pas de paperasse ici… Juste du bordel médical, je suis un peu trop dans le côté purement Infirmerie de la pièce… Appelle moi si tu trouve des trucs sur le JAW, ou n’importe quoi d’autre d’utile d’ailleurs…
Tu aurais vu Clévio depuis tout à l’heure ? Elle était vachement impliquée dans sa détermination d’utiliser la bébête dans des cadres violents, ça m’inquiète un peu… »


Je préfère laisser Gary à ses recherches et rejoindre Clévio le plus vite possible, elle était étrange depuis l’accident dans les marais, je ne veux pas la laisser seule dans ces ruines tant imprégnées par le côté obscur… Et j’ai un mauvais pressentiment…
Clévio Ithari
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Dans le tumulte des événements, la fureur intérieure de Clévio Ithari faisait écho à la destruction irrémédiable du tableau de bord du vaisseau sith.

Gary, sans préavis, avait démoli le dernier espoir de récupération de données cruciales sur le jaw et ses secrets.
La jeune Jedi noire sentit une bouillonnement de frustration, une tempête intérieure qui menaçait de submerger sa maîtrise habituelle. Cependant, elle retint ce torrent d'émotions, emprisonnant son courroux derrière une façade stoïque… Elle appréciait trop Kovani pour s’en prendre à lui.

Tandis que Gary et Krannya prenaient congé, Ithari resta silencieuse, figée dans le cockpit. Les images de Kovani, les souvenirs de la destruction du terminal, les deux l’abandonnant comme son maître sur Lehon… Tout cela résonnait dans sa tête… Tout était amplifié, déformé… Même Krannya, pour qui son cœur avait chaviré lui tournait le dos…Tout recommençait, ce n’était qu’un cycle… Un de plus.

Le regard fixé sur les débris, elle se promit intérieurement de trouver un moyen de recueillir ces informations, de dévoiler les secrets enfouis dans les méandres de l'épave dévastée et atteindre ses objectifs… Si il faut, elle le ferait seule.

Ce ne fut que plus tard, après un moment de recueillement, que Clévio décida de se retirer du cockpit. Au lieu de suivre les autres, elle emprunta un chemin différent, se dirigeant vers une salle de stockage dont la porte grinçante s'ouvrit lentement sous sa poussée de force. La pièce, laissée à l'abandon depuis des décennies, révéla une scène surréaliste.

Une végétation luxuriante, des mousses émeraudes, avaient envahi l'espace, transformant la salle en un véritable éden négligé. Des caisses, des cages contenant des squelettes reptiliens, des vestiges d'une époque révolue, jonchaient le sol. Un terminal, presque enfoui sous la verdure, semblait garder les secrets du passé tant convoité par la demoiselle.

Les yeux jaune de la jedi noire se posèrent sur une caisse froide, étrangement préservée malgré les assauts du temps. Avec précaution, elle l'ouvrit et découvrit des fioles à l’étiquette effacée, chacune renfermant un liquide mystérieux.

L'éclat intriguant de ces fioles intrigua la Jeune femme, et sans hésitation, elle les glissa dans son sac à dos. Les émanations éthérées semblaient murmurer des promesses de réponses à ses questions.
Guidée par une force intérieure, Ithari s'approcha du terminal.

Avec une certaine appréhension, elle l'alluma, dévoilant un écran autrefois vibrant d'activité.
La demoiselle brancha son datapd et ses doigts, agiles ,dansèrent sur le clavier, initiant le processus de téléchargement des données oubliées de ce lieu englouti par la nature.

Le silence rompu par le doux vrombissement du terminal, Clévio s'immergea dans l'univers numérique qui s'offrait à elle. Les lignes de code défilaient à la vitesse de ses pensées, dévoilant des fragments de l'histoire perdue de ce vaisseau sith.

À travers cet acte solitaire, dans cette salle oubliée du temps, Clévio Ithari était persuadée de se forger une voie alternative vers la vérité, échappant aux chaînes du destin fracassé par Kovani. Les réponses tant recherchées semblaient à portée de main…

-« Si on ne se bat pas, on ne peut gagner, Gary… Les jedi n’ont fait que subir… Les guerres mandalorienne… La guerre civile des jedi… Le triumvirat Sith… La diaspora… Il est temps que l’on prenne l’initiative… Que je protège Krannya... Et les autres jedi... J'irai au bout ! »
La Main de la Force
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Le trio de Jedi, composé de Gary, Kranyya et du jawa, continuait d'explorer les profondeurs du vaisseau Sith écrasé depuis longtemps sur Mimban. Chacun suivait un chemin différent à travers les couloirs sombres et abandonnés de l'ancien navire. Les lambeaux de métal tordu et les câbles pendouillants témoignaient des ravages du crash.

De son côté, Clévio pianotait sur un terminal à la recherche de données cruciales. Chance pour elle, le terminal semblait encore fonctionner, bien que recouvert de poussière et d'ombre. L'ex jedi connecta son datapad et commença à pirater le système pour accéder aux données enfouies. Alors que les informations défilaient à l'écran, Clévio découvrit des détails intrigants sur le Ja'w; les fichiers révélaient qu'en réalité le Ja'w n'était pas un mâle mais bien une femelle, ce qui ajoutait une nouvelle dimension à la compréhension de cette créature mystérieuse.

Mais ce n'était pas la seule révélation intriguante. Clévio perçut un enregistrement décrivant que le Ja'w, quelques semaines avant le crash du vaisseau, était enceinte ...

Au même instant, et tandis qu'elle cherchait à rejoindre Clévio, la jedi Kranyya pénétra dans une section encore inexplorée du vaisseau. Une lueur inattendue attira son attention. Dans une petite salle isolée, elle découvrit une cuve métallique. À l'intérieur, flottait un liquide obscur, et au centre de ce fluide, un bébé reptile d'un mètre de long était suspendu, immobile. Il ressemblait étrangement à un crocodile.

La Jedi, intriguée, approcha lentement. La cuve semblait être une sorte de réservoir de stase, préservant la créature depuis des années. Cependant, un regard plus attentif révéla la triste vérité : le bébé crocodile était sans vie, figé dans le temps depuis la catastrophe du navire. La Force vibrait autour de ce lieu, portant le poids de la tragédie. Kranyya ressentit la douleur de cette vie éteinte prématurément, une victime innocente du crash du vaisseau. Elle resta là, à observer la scène avant de comprendre qu'il n'y avait pas une mais bien des dizaines de cuves apparemment vides dont la majorité avait recouvert le sol de débris de verres ...
Gary Kovani
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« Rappelle-moi de ne pas te chercher des noises quand t’es blessée… » Je siffle d’admiration, entre mes lèvres pincées, les yeux rivés sur la carcasse carbonisée du droïde. J’ai à peine eu le temps de lever mes griffes. Je n’ose imaginer de quoi est capable sa « magie » lorsqu’elle est en pleine forme. Un pouvoir étrange, inhabituel, méconnu, que certains Jedi associent au côté obscur puisqu’il tire sa source, de ce qu’on dit, du flot des émotions brutes, instinctives. Mais une telle efficacité demande une maitrise précise, assurée, froide qui fissure cette image erronée. Non. Cette forme d’utilisation la Force est seulement différente de celle enseignée par le dogme Jedi, mainte fois millénaire. Elle n’est ni mieux ni pire. Seulement autre. Et je ne suis pas du genre à rejeter ceux qui ne se lovent pas dans les moules préfabriqués par quelques maitres imbus de leur savoirs. Au contraire même.

« Message reçu Kran. A vos ordres, chef ! » Je ne m’avance pas pour l’aider. J’ai l’intuition profonde que cette jeune femme préfère compter sur elle-même plutôt que de dépendre d’un autre. Je le respecte. Ça nous fait un autre point commun. Je ne me formalisme pas, non plus, de ton directif, presque agressif. Elle est visiblement exténuée, le moral et l’énergie vitale sapée par la douleur. Elle n’a plus le courage de parer ses mots d’atours diplomates polis. Je réprime à cet instant la peine et la pitié qui surnage dans ma conscience. Elle mérite mieux que ces sentiments faussement empathiques. J’ai la conviction, en l’observant, que cette sorcière pourrait devenir un élément clé de notre organisation. Elle est jeune encore. Elle manque de recul, de mesure. Elle va encore avoir besoin de tester ses limites physiques et mentales. Mais déjà sa pugnacité carapaçonne sa volonté. Un trait de caractère inné dont ne disposent pas tous les Chevaliers Jedi. « Nous on va fouiller là-dedans. » Je me détourne de sa silhouette prostrée au-dessus des casiers de matériel médical. Au passage je choppe un Ou-Thy-ny vexé. Il ronge son frein, à deux doigts de cracher quelque chose de salace dans sa langue natale. Ces deux là ne s’entendent vraiment pas. Ou du moins, ils ont du mal à mettre de coté leurs émotions chahutées, pour garder la tête froide, et le bras opérationnel. Je profite de cette proximité physique pour insuffler un apaisement de la Force au Jawa. Une sensation de sérénité qui érode aussitôt les arrêtes vives de son caractère impulsif. Il se calme, non sans lâcher un soupir dépité, qui résonne entre les murs colonisés par la mousse comme un cri de désapprobation. « Lâche l’affaire. On a un job à faire. » Et en plus ça rime. Bordel, Gary, poète de l’espace. Il m’emboite le pas. Direction : le fond du chenil ou s’alignent toute sortes d’équipements d’expérimentation douteux. Par-dessus mon épaule, avant que Kran ne nous abandonne à notre destin, je lance :

« J’ai été trop dure avec Clévio. Elle porte en elle les stigmates de l’obscurité. Cela fait d’elle une personne instable, colérique, extrême parfois. Mais elle a un bon fond. Elle pourrait redevenir une Jedi à part entière. Je me suis emporté… Mais, toi, tu as encore une chance de la guider sur le bon chemin. Celui de la mesure et de la paix. »

Je ne sais même pas si elle a vraiment entendu la fin de la phrase. En vérité, cette tirade m’est tout autant destinée, comme un mea culpa susceptible de chasser ma culpabilité. Je n’aurais pas dû abattre mon arme sur cette console, à seulement cinquante centimètres de son visage. J’ai agi avec une violence que généralement je parviens à contenir. Mais pas cette fois. La faute au maelstrom ténébreux qui agite les entrailles de cette épave. Excuse facile.

« Et toi, ca va Ou-thy-ny ? » Il répond par l’affirmative. Nos regards se croisent. Impossible de lire ses pupilles luminescentes. Mais je devine en son âme les tumultes causés par le coté obscur. Lui aussi est à cran. « Bon… Bon… Bon… Essayons déjà de démarrer ces machins… » Je ne trouve pas de termes techniques pour décrire ces lourds appareils, rivetés au sol et au mur du fond. L’un est bardés de bras articulés qui s’achèvent sur une escadrille de seringue rouillées. Un bidule pour faire des prélèvements ? A coté je devine les restes défoncés d’une centrifugeuse, à son plateau tournant ou l’on peut y insérer des tubes à essais. Il en reste trois brisés à l’intérieur. Les autres ont disparu. Sur sa droite, des capteurs, qui ressemblent vaguement à des blasters archaïques, pointent dans sa direction. « On dirait un spectromètre de masse. » Je balance cette réplique digne d’un holofilm catastrophe sans aucune certitude. Je ne sais même pas à quoi devrait ressembler un vrai spectromètre de masse. Enfin, le dernier appareil, le plus volumineux, est constitué d’un large écran poussiéreux monté sur un corps ventru. Une console quantique, je présume. Le genre d’équipement informatique hors de prix, mais capable d’effectuer des calculs en des temps records. Les pièces du puzzle s’imbriquent. Je laisse parler mon instinct, forgé et modelé par mes enquêtes :

« T’en pense quoi ? » Ou-thy-ny me réponds dans son jargon technique incompréhensible. Même le traducteur a du mal à suivre. « Non, non… Je ne te parlais pas de ça. Je n’ai pas besoin de ton expertise pour savoir qu’elles sont hors d’âge, et qu’il va te falloir un miracle pour les faire redémarrer… Je voulais dire : a ton avis, elles servaient à quoi ? » Mais je réponds moi-même à ma question. Mon index inquisiteur se pose sur la première de la série, puis sur les autres. « Prélèvement. Séquencement. Analyse. Lecture. Je dirais qu’on a devant nous un petit laboratoire de bio-ingénierie génétique. Modèle réduit, transportable, pratique. La question que je me pose c’est : Pourquoi ? Pourquoi avoir besoin de tout ce matos s’il s’agissait seulement de transporter le Jaw ? Réponse élémentaire mon cher Ou-Thy » Il déteste que je l’appelle comme ça. « Il ne s’agissait pas seulement de déplacer leur monstre. Ils continuaient à expérimenter pendant le trajet. Sur lui, ou sur un autre cobaye… Hmmm… » Je frissonne. « Bordel, imagine s’il y en avait d’autres. Des Jaw je veux dire… On est parti du postula qu’il y avait qu’un seul… Mais qu’est-ce qui nous prouve le contraire ? Et si toutes ces cages avaient été occupés par des spécimens en cours de… chimérisation… » Pas sûr que ce mot existe. « On n’a qu’un moyen de le savoir… Hmmm… » Je désigne le verre brisé sur le plateau tournant de la seconde machine. « La présence des tubes dans la centrifugeuse laisse présumer qu’ils étaient en plein test pendant le crash. Il pourrait rester des résultats dans la mémoire interne de la console... C’est notre meilleure piste pour reconstituer ce qui était vraiment à l’œuvre ici. »

Ou-thy-ny ironise. Le « nous » est égal à lui. Certes. Je ne suis pas assez calé en électronique pour réparer une vieux machin comme ça. Mais après avoir râlé sur mon inutilité, il sort d’une poche le trousseaux d’outils qui ne le quitte jamais. Il parait qu’ils en reçoivent tous à la naissance. Que le perdre est un déshonneur ! En parlant de perdre…

« Au fait ? T’as fait quoi de ton énorme bazooka ? » Ses petits doigts velus, agiles, ont déjà démonté la façade de la console. Derrière la tôle fine, les toiles d’araignées ont pris possession des composants électroniques. La soudaine luminosité crue de mes griffes les font fuir. Il me répond, la tête enfoncés dans ses entrailles. Je réagis aussitôt :

« Hein ? Et tu comptais le dire quand ?! » je lève les yeux au ciel. « T’es juste en train de me dire que tu l’as laissé avec tous les détonateurs thermiques dans la soute, avant de te faire toper, et que tu la trafiqué pour qu’il serve de détonateur ?! T’as juste à appuyer sur un bouton pour tout faire sauter ? Et la télécommande elle est où du coup ? Perdue ?! Manquerait plus que quelqu’un marche dessus sans faire exprès… » Mais bordel, qui m’a foutu un acolyte pareil ! Je rouvre la bouche pour continuer mon laïus moralisateur, mais il me coupe la chique. Il annonce que c’est réparé. Au passage, il en profite pour me faire tout un topo engagé sur les vieilles technologies bien plus fiables que les récentes, car à l’époque ils savaient y mettre le prix, sans chercher à tout concevoir au plus juste, sans parler de l’obsolescence programmer, blablabla… « C’est bon ! J’ai pigé ! »

L’écran se rallume. Je me jette dessus. Il n’est pas tactile. Il me faut manipuler une demi sphère pour déplacer un pointeur en forme de flèche noire. Alors que tout le système redémarre, un pop-up s’affiche, dans une langue Sith qui m’est inconnue. Mais le traducteur me faire la lecture en temps réel :

// Voulez-vous restaurer les données sauvegardées dans la mémoire temporaire ? //

La formulation me fait sourire. On n’a pas la même notion du temporaire. Je clique sur le symbole anguleux qui veut dire oui. Il est complexe et moche. Bien plus que celui qui veut dire « non ». Preuve que la psychologie d’une civilisation influence sa manière d’écrire sa langue. Ou pas. J’y connais rien en linguistique. La console mouline, quelques instants. Enfin plusieurs fenêtres apparaissent, extirpées du néant où elles végétaient. Des rapports illisibles pour la plupart. Blindés de chiffres et d’acronymes incompréhensibles. Mais un feuillet retient mon attention. Il parle du Jaw, si j’en crois la traduction du titre. Mon index glisse sur l’écran, et se fige sur une ligne.

« C’est une femelle… » Information inutile en l’état, mais qui met en relief le monstre que j’ai décidé d’abattre. J’aurais préféré l’ignorer. « Régime alimentaire carné. Ok… Sensibilité à la lumière vive. Tiens c’est quoi ça ? On dirait une note en marge. Elle dit que l’hybridation est imparfaite. Les gènes Crocolisques ont pris le dessus sur les autres… La personne qui a écrit ça, était visiblement frustrée. Leur super-prédateur n’était pas encore assez agressif à leur gout, malgré son potentiel destructeur inégalé. Comme les Crocolisques, il commençait à développer un instinct de prédation opportuniste… Tu vois le genre ? Planqué à attendre que la proie passe à sa portée ? J’imagine qu’ils espéraient quelque chose de plus… Entreprenant. » Des miettes d’informations éparses mais qui commence à s’agréger en une partition plus mélodieuse. « Heu… J’aime pas ça. » Je me fige d’un coup. « Ils parlent de modifier le protocole sur les autres cobayes…. Bordel, j’avais raison, il en a d’autres ! » Mais combien ? Je fais défiler les rapports, soudain pris d’un vertige. « Vache ! Regarde ce taux de midichlorien ! Ce sont de véritables monstres ! » Je frissonne. Il dépasse largement celui de le plupart des Jedi. Dont le miens. « Mierda. C’est du sérieux. » Je commence à douter de notre capacité à les confronter, quelque soit leur nombre exact. Pas vraiment des bonnes nouvelles…

« C’est quoi ça ?! » Je me suis arrêté sur une série de clichés en noir et blanc. Pratiquement illisibles. De loin on dirait un test de rorschach mal foutu. Mais la légende trahit leur véritable fonction. « Des échographies. » Je comprends à présent. Le autres cobayes ne sont autres que les embryons implantés dans le corps du premier spécimen décevant. « Notre Jaw était gestante… » Je souffle. Rassuré. « La dernière entrée indique qu’elle a mis bas avant terme. Les petits étaient mal en point. Ils les ont placés dans… » Le traducteur hésite. Berceau, sanctuaire, champ de force ? « Une couveuse ? » C’est plausible. Mais je n’ai rien vu de tel dans le coin. Il s’agit probablement d’une autre pièce. « La Jaw a pété un plomb après qu’ils lui ont retiré ses petits. Ils l’on placé dans une cellule pour la couper de la Force… » On imagine très bien la suite. Elle a échappé à leur contrôle.

Je soupire en secouant la tête. Cette sordide histoire éveille presque mon empathie pour la bête. Sauf que non. Je m’y refuse. Je reste convaincu d’avoir raison : il faut l’abattre avant qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains ! Ou que quelqu’un tente de reproduire l’expérience ! Ou-Thy-ny me demande si c’est tout. Je hoche la tête. Il a l’air déçu. Mais moi pas.

« C’est bien suffisant. Tu savais que les femelles crocolisques sont très protectrices envers leur progéniture ? Ça confirme leurs notes. Malgré ce patrimoine génétique hybride elle a adopté le comportement de cette espèce lacustre. Je ne suis pas un spécialiste… On devrait consulter l’holonet… Mais si j’en crois ma mémoire, les crocolisques affectionnent les eaux peu profondes, les cavernes immergées, et les jungles denses qui filtrent les rayons du soleil. Ils s’y tapissent et ne sortent que pour se nourrir et se reproduire. Ils nagent juste sous la surface de l’eau, ou reste tapis sous des buissons denses... Ils patientent pendant des heures… Et lorsqu’une proie passe à portée… GNIARK ! » Je tente de simuler le bruit d’un claquement de mâchoire dantesque. Echec critique. J’ai toujours été une quiche en onomatopées. « Donc, en toute logique… Si on trouve un site géologique correspondant à proximité… Et qu’on arrive à mettre la main ce qui reste des cadavres de ses petits, on devrait être en mesure de l’attirer en un terrain bien plus favorable. » Se servir des corps décomposés des nouveaux-nés comme d’un appât. Glauque et pathétique. Un plan terriblement morbide. Mais je n’en vois pas d’autre viable. Surtout compte tenu du temps qu’il nous reste : chaque seconde qui passe laisse une chance aux autres aventurer de la capturer.

« Aller vient Ou-thy-ny… On remonte et on annonce ça aux autres ! » Instinctivement je baisse les yeux. « Et essayons de retrouver ta foutue télécommande !!! »

Il est aussi possible que je me plante sur toute la ligne. Un doute que je préfère taire pour le moment, faute de mieux auquel m’accrocher pour tenir bon et préserver ma détermination. A cet instant, j'imagine que tous les petits, maintenus artificiellement en vie par dans leurs couveuses, ont péri dans le crash. Un raccourci rapide, peut-être trop évident.
Clévio Ithari
Clévio Ithari
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Le silence oppressant était seulement rompu par le doux son des doigts de Clévio pianotant sur le terminal. Elle était à la recherche d'autres vérités enfouies, de connaissances dissimulées dans les recoins les plus sombres du système.

Le terminal, bien qu'endommagé et obscurci par la poussière, répondait aux commandes de l'ex-Jedi.
Elle était habituée à l'art du piratage, un talent qu'elle avait développé au fil des années pour percer les mystères les mieux gardés et survivre.

La demoiselle connecta son datapad, commençant le processus de piratage qui révélerait les secrets cachés du Ja'w.

Les données commencèrent à défiler à l'écran, dévoilant des détails intrigants sur la nature du Ja'w. Ithari resta stoïque devant les informations qui se dévoilaient. Elle découvrit que la créature, à laquelle elle avait assigné un genre masculin, était en réalité une femelle. Cette révélation ajoutait une nouvelle dimension à la compréhension de cette créature mystérieuse, et Clévio comprit qu'il y avait bien plus à découvrir.

Cependant, la découverte la plus stupéfiante l'attendait. Parmi les fichiers, un enregistrement révéla que le Ja'w, quelques semaines avant le crash du vaisseau, était enceinte.

La jedi noire détourna le regard de l'écran, émerveillée par cette révélation inattendue. Les implications de cette information étaient vastes et interessant pour son projet...

Elle imagina une armée de ces créatures asservis par les jedi ou elle-même, renversant la République et l'Empire sith... Les paroles de Gary avaient beau résonner dans son crâne, la jeune femme restait convaincue que la fin justifiait les moyens.

Les jedi étaient devenu bien trop complaisants... Il fallait que quelq'un agisse.

Le téléchargement terminé, Clévio débrancha son datapad et se leva avec une détermination renouvelée. Elle devait trouver plus d'informations, peut-être même du matériel biologique, qui lui permettrait de mieux comprendre et éventuellement de contrôler le Ja'w.

L'éxilée se déplaça furtivement dans le vaisseau, se laissant guider par son intuition et son expérience de nomade galactique.

Cependant, l'obscurité ne tarda pas à se refermer sur elle, et le murmure mécanique d'un ancien droïde de sécurité se fit entendre. Avant même qu'elle ne puisse réagir, une matraque métallique s'abattit violemment sur son dos. Un cri de douleur s'échappa involontairement des lèvres de Clévio, qui chuta brusquement sur le sol métallique du vaisseau.

La Jedi noire réagit instinctivement, parant maladroitement un autre coup en croisant ses bras devant elle.

Mais la force du droïde était trop grande. Un coup puissant la propulsa contre une paroi métallique, faisant résonner un bruit sourd dans le silence oppressant du vaisseau abandonné.
La jeune femme s'effondra au sol en gémissant, sentant la douleur irradiant depuis le point d'impact.

Malgré la douleur, son esprit ne fléchit pas. Clévio se releva avec une détermination farouche, les yeux fixés sur le droïde de sécurité qui se dressait devant elle.

Usant de la puissance du côté obscur, Ithari déchaîna une salve d'éclairs de Force en direction du droïde de sécurité. Les éclairs crépitèrent à travers l'air, frappant la carapace métallique de l'antique machine et provoquant des étincelles lumineuses.
Des signes d'endommagement étaient visibles, mais l'ennemi ne montrait aucune intention de reculer.

Avec une rapidité inattendue, le droïde fonça vers Clévio, sa matraque métallique prête à frapper.

La Jedi noire esquiva rapidement le premier coup, mais le droïde persista, ajustant sa trajectoire pour atteindre sa cible.
L'arme contendante frappa violemment le bras gauche de l'intruse, lui arrachant un cri de douleur.
La douleur lancinante la fit lâcher un gémissement involontaire alors qu'elle reculait, tenant son bras meurtri.

La douleur ne brisa pas la résignation de la jeune femme, mais créa en elle une fureur grandissante.

Dans un accès de rage, elle puisa à nouveau dans le côté obscur de la Force avec une intensité accrue. L'ancienne Jedi concentra son pouvoir, broyant la tête du droïde avec une force implacable.

Le métal crispa et se déforma sous la pression psychique, émettant des grincements sinistres alors que la carapace du droïde était comprimée par la puissance de la Force.

La tête du droïde se froissa sous l'emprise de la Force de Clévio, avant de céder complètement, éparpillant des fragments métalliques dans l'air. La victoire était sienne, mais la douleur constante dans son bras gauche était bien handicapante.

S'asseyant sur le sol froid du vaisseau abandonné, Clévio récupéra un medpack de son équipement. D'un geste expert, elle s'injecta le sérum analgésique dans la plaie du bras, ressentant le soulagement immédiat tandis que la douleur s'estompait. La respiration de la Jedi noire se calma peu à peu, et elle prit un moment pour récupérer de l'intense confrontation avec le droïde de sécurité.
Kranyya Nekro
Kranyya Nekro
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« Bon sang… Elle est passée où ? ... »

Je parcours les couloirs obscurs et humides du vaisseau Sith à la recherche de Clévio, complètement incapable de me repérer ayant rejoint tout à l’heure l’infirmerie dans un état trop second pour être conscient.
Tout se ressemble ici, aussi bien les nombreux couloirs sinueux que les pièces sombres et poussiéreuses, et je me sens toujours un peu nauséeuse ce qui n’aide clairement en rien…
Encore confuse, épuisée et à bout de forces, je marmonne malgré tout à voix basse les chants Dathomiriens immémoriaux qui avaient bercés mon enfance, ayant l’impression que ça me revigorait légèrement, quoi de mieux que l’effet Placébo pour se donner du baume au cœur dans ce lieu si sinistre après tout…

Mes pas continuent de me guider plus loin dans l’énorme carcasse de ce qui fut autrefois un immense vaisseau, probablement majestueux et d’une importance capitale ; espérant tomber sur la jeune Jedi noire avec un peu de chance…
Boitant légèrement sous l’effet de la fatigue, au détour d’un énième virage je heurte ma frêle épaule à un imposant débris et viens m’écraser de tout mon long contre la paroi fragile qui était camouflée derrière.
Paroi qui était visiblement une porte que je venais d’enfoncer violemment.

Etalée au sol, pour la millième fois de la journée, je n’ai même plus l’énergie de râler ça commence à devenir redondant ; et je me relève du plus vite que je le peux ignorant mon genou qui désormais saignait.
Mais où est-ce que je venais encore de tomber ?

La petite pièce dans laquelle j’avais fait cette entrée tonitruante ressortait vachement du reste du vaisseau, elle qui était la seule éclairée, notamment par des lueurs énigmatiques qui ne me promettaient que d’autres mystères à découvrir ; elle semblait préservée du temps, comme suspendu dans sa propre réalité…

La vision légèrement floutée par mon malaise passager et les restes de ma fatigue intense, chaque pas que je fais pour me rapprocher de ces éclats de lumières me les précise, me rapprochant pas à pas d’un objet imposant, un objet de métal…

Mes paupières frémissent, tous mes membres se mettent à trembler, et c’est avec une expression étrange, partagée entre joie intense et le plus violent des chocs, que je me rends compte que face à moi se trouve une cuve, remplie d’un liquide sombre dans lequel flotte un reptile inconnu d’un bon mètre de long…

« C’est… c’est impossible ! »

Je me mets à marmonner frénétiquement en me précipitant à l’approche de la créature, mes jambes se ployant sous mon excitation me faisant m’effondrer au sol de nouveau ; est-ce un bébé JAW ??
Ce qui voudrait dire que le spécimen recherché était donc une femelle ??
Quelles expériences ont donc pu bien être faites en ces lieux ??!

Mais… mais ça pourrait vouloir dire tellement de chose ?!

Les mots se mélangent et se précipitent dans ma tête, créant un tourbillon intense et brûlant d’espoir, de soulagement et de nouvelles angoisses : l’espoir de libérer cette créature innocente, de lui offrir la vie que son semblable, que sa mère, n’a jamais pu avoir, loin d’ici dans un monde où la nature a tous ses droits…
Toutes mes idées précédentes me reviennent en tête… Concernant le JAW, concernant son sort tragique, passé et à venir…
Toutes celles que je n’ai pas osé dire à mes collègues, ne voulant pas passer pour une folle idéaliste ayant besoin d’être rappelée à l’ordre…

Et si, ce bébé pouvait être amené sur Dathomir là où il vivrait une vie paisible ?

J’ai, malgré moi, retransmis tellement de ma vie, de mon parcours et de mon être à travers le JAW et son destin tragique ; l’excès de pitié et de compassion que j’éprouvais envers cette créature pourrais me perdre…
Mais je ne pouvais m’empêcher d’espérer, de prier pour que peut être, car moi j’y ai eu droit, que même les monstres aient droit à une seconde chance…

A bout de souffle toujours au sol, je presse mes paupières ensemble, retournant dans un monde nostalgique tout noir de simplicité et de calme, et j’enfouie mon crâne entre mes genoux pour récupérer un semblant de stabilité, ma tête débordée de sentiments et de pensées bien trop complexe se remet à tourner fiévreusement, mélange d’émotions fortes et de l’ambiance imprégnée d’énergies obscures omniprésente qui pesait sur chacun d’entre nous…  
Reprenant lentement le contrôle sur ma respiration, je libère ma tête en la soutenant toujours légèrement avec ma main et relâche mes jambes pour les laisser s’écrouler sur mes côtés ; inspiration tremblotante, expiration douloureuse, et ainsi de suite…

Au bout de quelques instants qui me parurent une éternité, secrètement bercée par des espoirs probablement dérisoires qui grandissaient malgré tout en moi, je redresse ma nuque me libérant d’une vilaine tension qui avait commencé à me crisper, et réouvre précautionneusement les yeux.

La pièce sombre me semblait subitement bien triste, bien silencieuse, un peu trop silencieuse…
Je révoque toutes les forces en ma disposition pour tenter de me relever, donnant tout ce que j’ai dans une impulsion, en vain, mais après deux autres essais bancals j’arrive enfin à tenir sur mes deux jambes, mes genoux me font un peu mal certes si on met de coté tout le reste bien sûr, mais ma petite stature tenait enfin debout.
Je me sentais tout de même étrange… Je sais que les ténèbres de ces lieux ont déjà pénétrés mon cœur et mon esprit, me rendant… différente…

Une fois mes esprits calmés, mon regard est à nouveau attiré par la lueur verdâtre qui s’échappait de l’épais conteneur face à moi, énorme machine de métal dans lequel un bébé JAW était figé depuis une éternité ; mes yeux font leur focus, s’ajustant à l’étrange luminosité des lieux, et désormais un peu plus lucide, je fais une découverte qui soulève mon cœur et arrache à mon âme toute l’innocence que je pensais retrouvée :

« Non… Nonnonnonnon !! NOON ! C’EST, C’EST PAS POSSIBLE !! »

Un hurlement guttural s’échappe ensuite de ma gorge, cri de rage et de douleur intense, méconnaissable presque bestial, déformant mon visage fin sans une expression torturée ; prise de larmes violentes qui me donnait l’impression d’étouffer, le monde autour de moi s’éteint et mon cœur s’assèche dans l’horrible réalisation que cette créature-là, âme innocente sous la fatale apparence d’un monstre, n’aura jamais droit à la vie qu’elle méritait.

Secouée par mes pleurs, les dents serrées laissant à peine s’échapper les gémissements de douleur qui m’assaillaient, je n’ai plus la force de quitter la pièce ; chaque regard de plus adressée à la pauvre silhouette sans vie suffisait à déchirer mon cœur, et à alimenter l’assaut de charges négatives qui prenaient le dessus sur ma conscience :
Les monstres n’ont pas d’avenirs… Même s’ils ont été sauvés une fois, la vie ne leur laissera jamais de place…

Était-ce là mon destin à moi aussi ?
Celui de crever avant d’avoir l’occasion qu’on me laisse une chance, comme ce bébé ?
Ou bien d’être à nouveau traquée pour qui j’ai été déclarée à ma naissance, comme la mère dont j’avais le devoir de me débarrasser ?

Tout espoir quitte mon corps, tant celui de sauver cette espèce, que celui de vivre en étant moi-même, mortifiée ici entre toutes les cuves vides et détruites qui peuplaient également la pièce ; la peau de mes joues tiraillées par les larmes abondantes qui avaient désormais séchées avec mes espoirs vains…
Je ne me sentais plus vivre, complètement vide et désemparée comme si mon corps était habité par une présence inconnue qui n’était pas la mienne.

Je ne décide pas vraiment de partir, à vrai dire je ne sais même plus ce que je ressens, ce que je suis censé être… Mais malgré tout je commence à marcher en direction de la sortie.
Spectatrice de mes actions et de moi-même, le seul son qui me parvient est celui sec, régulier et étrangement pas du tout familier de mes pas claquant sur le sol ; mais approchant la porte, d’énormes débris de verre longeant les murs me retransmette une image troublante : un reflet, mon reflet, enfin, c’était censé être mon reflet… Mais les yeux sombres désertés d’émotions et les traits tirés de cette Zabrak au teint gris si atypique que j’observais sans ne plus la ressentir n’avais rien du visage doux et amical qui devait être le mien…

Et c’est cette Kran qui m’est complètement inconnue et hors de mon contrôle qui quitte la pièce et retourner errer presque spectralement dans les sinistres couloirs de ce lieu si triste, imprégné d’ambition et d’espoirs morts il y a bien trop longtemps, qui n’aurait jamais dû être découvert…
Gary Kovani
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« Ou-thy-ny ! Récupère ce… machin ! » Je balance l’ordre, sans ménagement, désignant d’un index inquisiteur le bébé Ja’w. Un chapelet de jérémiades me répond. Je perds définitivement mon calme : « J’m’en branle ! Tu te démerdes ! T’es Chevalier maintenant, putain ! » La colère m’hérisse le poil, m’électrise la peau. « Fait tout sauter s’il le faut ! Il nous faut cette carcasse, et vite ! Je te laisse trente secondes ! »

Je l’abandonne aussitôt, et fonde sur la silhouette hagarde de Kran, qui s’enfonce un peu plus dans les entrailles du vaisseau fantôme. Son cri de détresse a brisé ce qu’il me restait de retenue. Un cri répercuté dans la Force qui a fait voler en éclats mes barrières mentales déjà grignotées par l’obscurité.

« KRAN ! » Je beugle. Comme un fou. Je lui saute dessus, et l’attrape par les épaules pour la forcer à me regarder. « Reste avec moi ! » Ce n’est pas une demande, une requête, un conseil. C’est un ordre. Pour la sortie de son apathie, je lui claque les joues du dos de la main. Deux fois. « Kran ! Tu m’entends ?! » Je referme ma prise sur son avant-bras valide, et l’attire à moi. « On dégage d’ici ! » Un terrible pressentiment me bouffe les entrailles. Le coté obscur nous dévore, lentement. Surement. L’avidité de Clévio, la détresse de Kran. Ma colère. Il fait ressortir les pêchers capitaux qui ont le plus de prises sur nos âmes. Seul le Jawa semble y être insensible… Mais il faut se méfier des apparences. Il ne finira par exploser, comme nous tous. Aucun Jedi ne peut se targer d’être insensible à cette flétrissure insidieuse. C’est ce foutu vaisseau ! Les drames qui se sont joués ici ont imbibé l’air et la matière de tant de violence qu’elle nous influence, nous déchire de l’intérieur. Je ne lui laisse pas le choix. Mon étreinte lui laissera probablement des bleus, tant que la serre pour qu’elle ne puisse me faire faux-bord. Je me répète qu’une seule phrase : sortir, sortir, sortir.

Au détour d’une intersection, alors que mes bottes claquent frénétiquement sur les caillebotis rouillés, je manque de me prendre les pieds dans une épave de droïde. Il n’était pas là lorsque nous sommes passés la première fois. Son corps fracturé porte la morsure du côté obscur : des zébrures noircies là ou les éclairs ont perforé son poitrail. Sa tête n’est plus qu’un tas informe de composants électroniques broyés avec tant de rage que cette vision m’arrache un frisson horrifié. Clévio est là. Prostrée au-dessus d’un kit médipad éventré, à côté d’une seringue médicale. Je sens aussitôt son aura fébrile, qui vascille entre lumière et obscurité, telle une lampe stroboscopique, épileptique. Il ne reste de sa volonté qu’un noyau déchiqueté. Déjà fragilisée, sa capacité à résister à l’appel du coté obscur ne tient plus qu’à un fil. Merde ! « Clévio ! » Cette fois c’est moi qui hurle de peur. « On se casse ! »

Je la chope au vol, et l’emporte dans mon élan désespéré. Ou-thy-ny nous colle aux talons. Péniblement. Il transporte sur l’épaule le caisson étanche en transparacier contenant le corps sans vie du nourrisson Ja’w. Il râle, peste, dans sa longue natale. Un débauche inutile d’énergie qui met mes nerfs en boule.

« Ta gueule et avance ! » Je l’insulte gratuitement. Fait chier ! Je perds le contrôle de mon esprit… Il faut sortir ! Au plus vite !

Enfin, nous débouchons dans le cockpit. Mon regard glisse sur la console éventrée par ma lame orangée. Le premier pas de notre déchéance commune. Puis, sans ménagement, sans un mot, je jette les deux jeunes femmes, déjà blessées, à travers l’écoutille ouverte. Heureusement la chute n’est que d’une mètre et demi, amortie pour la tourbe détrempée du marais. Je saute à mon tour. Et me retourne, pour tendre les bras :

« Balance le cylindre ! »

Ou-Thy-ny se fige sur le pas du sas. Il hésite. Puis il me crache au visage

« Na ! Ou-thy ou-thy ! Shaka ! »
« Bordel de merde ! » Je perds la miette infime de calme qu’il me reste. Cet enfoiré refuse. « Ton précieux ? Sérieux ? » Il ne veut pas me le donner. Il lui appartient. C’est son trésor ! L’obscurité a enfin pris le contrôle de son esprit, lui aussi. Mais je refuse de perdre plus de temps. « Pas le temps pour ces conneries ! » Je puise dans la Force pour l’attirer à moi. Une télékinésie débridée. Dans un hurlement strident, le petit Jawa est arraché au sol, propulsé sur une trentaine de mètre, et s’écrase durement dans un trou d’eau. Sans lâcher son précieux trésor, évidemment… Mais j’ai ce que je voulais.

Je volte-face pour aviser mes deux comparses féminines. « Les filles… » J’exhibe la télécommande d’Ou-thy-ny retrouvée miraculeusement sur le chemin de retour, juste avant que le cri de Kranyya achève ma volonté. « Bouchez-vous les oreilles ! » Je presse sur l’unique bouton poussoir. Rouge vif. Une télécommande de cartoon.

La tonitruante détonation me projette en avant. Face dans la boue. L’arrière de l’épave se brise. Grincement assourdissant, stressant, du métal déchiré. Elle s'ébroue, chavire. Puis sombre dans les profondeurs, et disparaît sous nos pieds. Pour toujours. Dans la tourbe, dans la fange, dans le ventre de cette planète maudite. Elle emporte avec elle les relents du coté obscur…

Un poids terrible s’évapore de mes épaules. L’étau infernal libère mon esprit. Je recouvre enfin le fil de mes pensées, de mes humeurs. Je me relève, fébrile, las, épuisé… J’aide Clévio et Kranyya à se redresser. Je frisonne. J’ai froid. L’avant-gout de la mort passée si proche.

« Ca va mieux ? » Maintenant que les vrilles du coté obscure ne flagellent plus leurs esprits, j’espère qu’elles vont reprendre le contrôle, tout comme moi. « Il faut qu’on discute… »


****

Dix minutes plus tard, au même endroit.

« Voilà. Vous avez tout le topo. » Je viens de leur raconter ce que j’ai découvert dans le laboratoire. Un récit étoffé par les découvertes de chacun. Nous avons à présent en notre possession toutes les pièces du puzzle. Je soupire.

« Maintenant reste à décider ce qu’on va faire… » Je me tourne vers Clévio. « Désolé d’avoir été… aussi vindicatif. Je n’étais plus vraiment moi-même… » Je secoue la tête. « Si je résume » Je tourne les yeux vers le bébé Ja’w dans son caisson pressurisé :

« Je conviens que c’est glauque, mais c’est notre meilleur moyen d’attirer la Ja’w. Elle voudra récupérer le corps de son petit. Et lorsqu’elle mordra à l’hameçon nous devront être d’accord :

Nous pouvons tenter de la tuer. Mais le combat sera extrêmement difficile. Peut-être même impossible. Nous pouvons tenter de la… dominer. Mentalement, via la Force. Mais nous ferions d’elle une esclave. Nous ne serons pas mieux que ces anciens maîtres… Nous pouvons aussi tenter de communiquer, de la convaincre… De… De quoi d’ailleurs ? De nous suivre ? Serons-nous en mesure de la protéger de ceux qui voudraient l’asservir ou la disséquer pour reproduire l’expérience ? Elle ne peut rester sur ce monde. Mais comment pourrions-nous la déplacer ? Pour aller où ? »
Beaucoup trop de questions. Je hausse les épaules :

« Je reste convaincu que nous devons l’éliminer. » Un avis qui heurte mes acolytes, même si Ou-thy-ny ne laisse rien paraître. « Cette créature n’a rien de naturel. Elle est un danger autant pour elle-même que pour tout ceux qui l’approcheront. Si elle tombait entre de mauvaises mains… Et même entre de bonnes mains, une telle puissance serait source de mort et de conflits. Nous sommes des Jedi. Nous sommes les gardiens de cette galaxie, les enfants de la Force, les survivants de l’Exode. Notre devoir est de porter la lumière, l’espoir. Pas de répondre la guerre et la désolation. Soyons meilleurs que nos ennemis. J'ai donné mon avis... Mais je me plierai à votre décision, quelle qu’elle soit. »

Reste la question épineuse des bébés Ja’w. Ils sont peut-être tous mort pendant le crash, ou dévorés par la faune sauvage de ce monde avant d’atteindre l’âge adulte… Ou bien ils sont là quelque part.
Clévio Ithari
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Clévio reprenait lentement conscience, la douleur s'étendant à travers son corps. Son dos la faisait souffrir, et une piqûre brûlante déchirait son bras. La sensation de brûlure était telle qu'elle avait l'impression que son sang était en feu, et en prime, un mal de tête pulsait dans sa tête...

Maudit droïde.
Maudit médipack.
Maudite vie.

Dans un murmure, elle entendit la voix de Gary, le Jedi qui se tenait à ses côtés. Il lui demandait si elle allait mieux, ajoutant qu'ils devaient discuter.

Ithari cligna des yeux, essayant de se concentrer sur la réalité qui reprenait forme autour d'elle.

Dix minutes plus tard, ils étaient tous rassemblés au même endroit.

La jedi noire gardait le silence, la tête baissée, accablée par la honte d'avoir succombé au côté obscur. Gary leur relata ce qu'il avait découvert dans le laboratoire, complété par les contributions de chacun. Ils possédaient désormais toutes les pièces du puzzle, mais la question demeurait : que faire maintenant ?

Gary soupira, s'adressant à Clévio. Il s'excusa d'avoir été si vindicatif, expliquant qu'il n'était plus vraiment lui-même à ce moment-là. Il résuma ensuite la situation, évoquant les différentes options qui s'offraient à eux.

L'exilée écoutait attentivement, retenant le poids de sa propre culpabilité. Gary mentionna la possibilité d'attirer la Ja'w, la créature, en utilisant le rejeton Ja'w comme appât. Ils pourraient tenter de la tuer, de la dominer mentalement, ou même de la convaincre de les suivre. Les perspectives étaient délicates, chacune présentant ses propres dilemmes moraux.

L'évocation de tuer la créature divisa les opinions. Kovani soutenait l'idée, estimant que cette entité surnaturelle était une menace potentielle. Il souligna la responsabilité des Jedi en tant que gardiens de la galaxie, appelant à la prudence face à une puissance aussi déroutante.

Clévio, reprenant son sac à dos, se leva et le tendit à Gary, annonçant d'une voix résolue :

-"J'ai des données sur la créature dedans. Je voulais les garder pour moi, mais nous devons nous débarrasser de cette menace. Même si je suis convaincue que nous devrions cesser d'être des victimes et lutter contre la République, qui n'est qu'une dictature de plus."

Malgré la gravité de la situation avec la créature et les choix difficiles auxquels ils étaient confrontés, la demoiselle ne pouvait s'empêcher de laisser son esprit vagabonder vers des pensées plus profondes. Dans le silence tendu qui régnait après l'énoncé des options par Gary, elle réfléchissait à son propre engagement envers la cause des Jedi et à son interprétation de l'histoire galactique.

Alors que les autres discutaient des moyens de gérer la menace de la créature, Clévio se plongea dans ses pensées, sa conviction grandissant en elle comme une flamme vacillante. Elle avait consacré une grande partie de sa vie à l'étude de l'histoire galactique, et au fil du temps, elle avait développé une vision critique de la République.

Pour elle, la République n'était rien sans les Jedi. Ses études l'avaient amenée à percevoir la République comme une entité en proie à la corruption, une dictature qui s'abritait sous le prétexte de la démocratie. Les Jedi, gardiens de la paix et de la Force, étaient les véritables protecteurs de l'équilibre galactique. Clévio croyait fermement que sans les Jedi, la République s'effondrerait dans le chaos.

Cette conviction profonde, forgée au fil des années et des recherches, la poussait à remettre en question les fondements mêmes de la République. Elle pensait que les Jedi devaient cesser d'être des pions dans les jeux politiques de la République et prendre en main leur destinée. Si la République était corrompue, elle devait être renversée pour laisser place à un ordre plus juste et équilibré, préservant l'essence même des enseignements Jedi.

Cependant, elle gardait ces pensées pour elle-même, comprenant que ce n'était peut-être pas le moment opportun pour aborder de telles considérations. La priorité immédiate résidait dans la gestion de la menace de la créature.
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