Ervin Holz
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Quelque part dans la Bordure Extérieure..

Ici la navette TI-421, demande d'amarrage à la Station Shuter. Code d'autorisation : Delta-Niner-Kappa. »

Veuillez vous identifiez. »

Dans la cabine, quelqu'un s'empara du voxlink relié à un fil en spiral que lui tendait le pilote.

Garrison, transport de fret, livraison de fournitures médicales et autres équipements. Toujours le même colis. Demande autorisation d'amarrer pour débuter le commerce, et plus si affinité. »

De longues secondes s'écoulèrent, puis un crépitement retentit avant la réponse.

K-421, vous êtes autorisé à amarrer aux zones de livraisons. Les unités de manutentions vont se charger du débarquement. Bienvenue à Shuter. »

La tension retomba. La navette glissa jusqu'à la plateforme circulaire ceinturée de leds bleus avant de se cabrer. Un dôme de verre se referma au-dessus et un bruit sourd indiqua que la pressurisation est enclenchée.
L'abaissement de la trappe arrière s'effectua après le signal d'autorisation de sortie. Puis dans un nuage de brume vibrante, une silhouette qui marchait avec l'élégance du mal fit son apparition.
Il portait un large couvre-chef en cuir sombre dont la large bordure cachait partiellement son visage. Ses yeux verts étaient masqués par une paire de lunettes, du genre celles utilisées par les pilotes de pods, ajoutant une couche supplémentaire d'anonymat, et son long anorak sombre en écaille réfléchissantes, presque noir, était fermé jusqu'au col qui lui arrivait sous le nez. Gordon Garrison, le marchand que les services secrets impériaux avaient remarqué les aller-retours mensuelle, et qui dormait à présent au frais dans une geôle de Malta Obex, aperçut les unités droïdes se précipiter vers les soutes ouvertes de l'appareil. De petits automates pathétiques, incapables de saisir leur propre existence. Condamnés comme des chargeurs binaires, à charger et décharger les vaisseaux pour l'éternité. L'homme au manteau d'écailles ne s'attarda pas et continua sa marche nonchalante en traversant la passerelle. Le froid était glacial, la pressurisation venait tout juste d'être enclenchée pour chasser le vide spatial et créer une atmosphère respirable.
Après avoir longé un corridor triste bercé par une lumière verte sinistre, il se présenta devant un sas solide et imposant frappé d'une led rouge centrale qui l'observait comme un œil inquisiteur. Le mécanisme finit par s'enclencher après un silence interminable, et le sas s'ouvrit en coulissant dans son circuit mal huilé. Holz traversa le nuage de vapeur et tomba sur un humain.

Monsieur Garrison, quel plaisir de vous revoir sur notre station. J'espère que vous avez fait bon voyage. »

Son apparence était trompeusement banale. Derrière la bouse blanche rabattue sur un uniforme clinique noir, Holz était conscient de s'adresser à une intelligence égale, au minimum. Ce gars était censé avoir déjà interagi avec lui, alors que l'inverse était totalement différente.

Monsieur Dexter s'est montré très satisfait du matériel acquis lors de votre dernière visite. Qu'avez-vous apporté de nouveau cette fois ? Oh, mais peut-être puis-je vous offrir une collation. Ce voyage dans la Bordure Extérieure a du être exténuant. »

Le hall d’accueil était ovale et plutôt modeste. Le froid de l'acier et l'éclairage lugubre, tamisé, suggéraient une fonctionnalité surtout utilitaire. Les murs étaient constitués de panneaux de transparacier teinté de gris, durs et impersonnels. Holz leva les yeux pour observer les lumières intégrées au plafond, diffusant une lumière froide et blanchâtre. Elles scintillaient dans le métal poli, leur éclat se reflétant dans chaque surface lisse de la pièce, lui donnant une impression de stérilité presque effrayante. Dans les sales histoires à se faire peur qui circulaient un peu partout dans la galaxie, c'était le genre de lieu où les choses, et les gens, disparaissaient sans laisser de trace.

Je vais voir ça directement avec le boss, Monsieur Nyrallus. »

La dernière fois vous a vu cela avec moi. Pourquoi souhaitez-vous changer ? Et .. pourquoi n'enlevez vous pas vos lunettes et ce couvre-chef, vous avez peur de prendre froid ? »

Non, c'est juste que depuis récemment je suis mal à l'aise avec toutes ces histoires d'épidémie, on m'a raconté beaucoup de trucs dans les bars de route, et ce lieu me fiche la chaire de poule, en fait. »

Rassurez-vous, notre domaine d'expertise ici se limite strictement aux affections de l'esprit. Jusqu'à ce jour, aucun exemple épidémiologique n'a été constaté au sein de notre établissement, bien que, il est vrai, certains organismes endoparasitaires sont susceptibles d'engendrer des perturbations neurologiques d'une ampleur variable. Mais ces cas sont extrêmement rares. » assura le médecin avec une voix calme et posée.

Écoutez, dans tous les cas je préfère traiter avec Monsieur Dexter directement. »

Le médecin se pinça l'arrête du nez.

Monsieur Garrison, j'ai peur que vous compreniez mal le protocole et la rigueur de notre hiérarchie. Monsieur Dexter ne se dérangera pas pour une tâche subalterne, il a bien trop de travail, nous avons 113 patients dans cette enceinte. En tant que professionnel qualifié, je suis tout à fait compétent pour évaluer et choisir les outils appropriés à notre travail. »

Peut-être, mais la sensibilité du matos que j'ai avec moi n'a rien a voir avec celui de la fois dernière. Je ne peux pas traiter avec vous directement, ou alors il va falloir que je m'en aille. Demandez au moins à votre boss de choisir. »
Alita T. Drummer
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Dans une antichambre à la blancheur chirurgicale, Alita occupait un bureau monitoré . De temps à autre, elle jetait un regard vers le sas aux double-portes blindées qui menaient au bureau de Monsieur Dexter dont elle était l’assistante, ou la secrétaire.

Décrocher le poste n’avait pas été une sinécure. Une pré-investigation de plusieurs semaines avait été nécessaire; elle avait dû donner de  son argent et, il fallait le reconnaître, de sa personne pour que son CV arrivât en haut de la pile. Enfin, tous ces sacrifices lui permettaient d’approcher le cœur d’un sombre secret qu’elle s’apprêtait à disséquer pour offrir une autopsie scandaleuse à la face du monde.

Une secte.

La plupart de ces groupuscules se contentaient d’abuser de la crédulité des crétins. Pas celui-ci. Elle avait été mise sur le coup par un informateur aux taux de fiabilité engageant.  De plus, il s’agissait d’une secte qui opérait dans l'Espace Hutt, mais menaçait l'impérial et elle ne désirait rien de moins que de laver le linge sale de l’Empire en public. Face à une République totalitaire, les impériaux - en particulier les Sith, commençaient à devenir sympathiques aux yeux de l’opinion galactique. Non pas qu’elle se sentait prête à servir une grande cause : républicains et impériaux, c’était kif-kif bourricot. Cependant, elle gardait une vive rancoeur à l’encontre du Castellan Noir. Si elle pouvait lui faire un coup en douce, elle ne s’en priverait pas. Salir l’image de l’Empire, réduire en miettes les efforts de la propagande impériale, anéantir sa vitrine, ne serait que rendre justice.

Elle ne s’était pas attendue à devoir porter une robe au latex immaculé, hygiénique, dont la texture fondait sur ses courbes comme l'aurait fait une seconde peau. Un badge saillant, au niveau de sa poitrine, indiquait le nom de Mavia Kahl, infirmière talentueuse et adjointe dévouée.

Un grésillement la sortit de ses pensées.

Mavia ?
Oui,  Monsieur Dexter ?
Au travers d’un comlink dernier cri, la voix de son supérieur frémit à nouveau :
Peux-tu t’occuper de Monsieur Garrison pour moi ? Otto m’a prévenu qu’il ne souhaitait parler à personne d’autres que moi.
Mais je ne suis pas vous, railla-t-elle.
Après deux mois d’infiltration, elle avait remarqué qu’il appréciait lorsqu’elle était légèrement impertinente.
Tu me représentes. Essaie de savoir ce qu’il a à nous proposer, gagne du temps, je suis encore en réunion avec Nyrallus.
Le nom du chef lui arracha un frisson de mystère. Elle ne l’avait encore jamais vu, mais savait que Dexter était régulièrement en contact avec lui.
Autre chose, Monsieur ?
J’aimerais la liste des patients en isolement, ainsi que les rapports détaillés sur le taux d’occupation du troisième niveau.
Ce sera fait.

La communication s’acheva sur cette requête. Jusque-là, la station lui avait paru fonctionner comme un asile normal.

Patience, patience. Certaines investigations lui avaient pris des mois, voire une année.

Sans se presser, elle ajusta ses fausses lunettes sur le nez, imprima un sourire rigoureux sur ses lèvres, puis quitta le niveau pour rejoindre ce fameux Monsieur Garrison.


Elle le rencontra dans le bourdonnement de l’activité relative du hall principal.

Avant de parler, Alita, alias Mavia, scruta l’étrange personne dont elle aurait le chaperonnage. Des lunettes de course, des couches de vêtements à ne plus finir, un couvre-chef douteux. Qui était ce clown ? Un fournisseur, vraiment ? Habituellement, Garrison traitait sans équivoque avec Otto. Pourquoi diable souhaitait-il qu'il en fût autrement ? Avait-il un rapport avec la secte qu'elle traquait ? Elle espérait que oui.

Monsieur Garrison, je suis Mavia Khal, l’adjointe de Monsieur Dexter. Il est malheureusement occupé, mais je parle en son nom. Il nous rejoindra dès qu’il aura terminé.
Puis se tournant vers le médecin, elle ajouta :
Merci, docteur Otto, je prends cela en charge.
Parfait, Mademoiselle Khal, Monsieur Garrison.
Sitôt parti, elle revint à son principal interlocuteur.
Bien, Monsieur Dexter est extrêmement exigeant concernant le matériel fourni. Je connais ses attentes sur le bout des doigts. J’espère que vous savez être convaincant. Je peux vous suggérer de négocier dans un lieu plus climatisé, vu votre accoutrement.
Ervin Holz
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L'homme au manteau d'écailles dirigea son regard vers la silhouette féminine qui venait de surgir d'un sas adjacent. Petite, yeux verts, plutôt bien faite. Enfin un peu de gaité dans cette endroit insipide. Holz devait se l'avouer, il avait rarement vu un endroit aussi glauque en dehors des stations abandonnées d'Aklanta explorées par Tan et Joseph il y a quelques années, lesquels avaient été les seuls à revenir vivants à bord.
Ce qu'elle avait à dire était beaucoup moins enchantant. Les choses continuaient de se compliquer, alors que lui avait prévu de faire vite. Entrée, résolution et sortie. Est-ce le Directeur était vraiment occupé, ou se méfiait-il de quelque chose cette fois-ci ? Il fallait dire qu'entre le dernier voyage de Garrison, il y avait eu l'arrestation ratée de Protak sur Mag-Glow, dont l'intégralité du personnel avait été tout simplement massacré par une brute de l'espace nommée Ses'kai. Si cet endroit était bien ce que les renseignements Sith suspectaient d'être, il était probable que la vigilance ait augmenté.
L'homme reconsidéra rapidement le plan. Inutile de continuer à se braquer et de s'obstiner, car la situation pourrait s'aggraver, et il préférait éviter cette tournure en plein milieu de l'Espace Hutt sans aucun moyen d'évacuation qu'un vaisseau cargo volé. Si ça merdait, personne ne viendrait le chercher. On ne mettrait pas en danger la géopolitique de l'Empire pour un trouffion qui ne savait pas gérer sa couverture.

Dans ce cas, on fait vite. Vous seulement, sans témoins. J'ai hâte de décamper d'ici.  »

Quand ils se mirent en marche, Holz vérifia discrètement la présence de son vox-link sous son col. Ils traversèrent un premier sas et se trouvèrent dans un corridor humide plongé dans l'obscurité. Sans autre forme d'information, il pourrait parfaitement s'agir du couloir à cellule d'un pénitencier. Quelque part depuis un endroit invisible, le bruit sourd et inquiétant d'une ventilation en peine résonnait. Une lumière verte phosphorescente éclairait très partiellement l'endroit et dévoilait un sol et des parois d'acier et de durabéton crasseux, chargés en humidité. Il régnait une puanteur absolument pestilentielle et il était évident que toutes les normes d'hygiène étaient enfreintes depuis des lustres. Des normes d'hygiène dans l'Espace Hutt ? Ça n'avait aucun sens se devait de l'avouer le type. Suivant l'adjointe, l'homme au manteau d'écaille releva ses lunettes pour y voir quelque chose, soutenant toujours sa maigre valise noire en platocéramique de l'autre main.

J'ai l'impression de visiter les égouts d'Hutta. Vous ne pourriez pas assigner vos droïdes débiles à passer un petit coup de flotte ici ? »

C'était toujours surprenant de voir une fille mignonne bosser dans une crasse pareille. Mais ce genre de chose arrivait quand des canons du lycée prenait la départementale scientifique parce que papa les y contraignait. Elles se retrouvaient en blouse blanche à jouer avec des potions au milieu d'une plèbe masculine un peu décalée. En tout cas, il se passait quelque chose de travers ici, le type pouvait le sentir. Et ça ne lui plaisait pas du tout.
Des bruits résonnèrent soudain dans l'écho du tunnel. Des frappements sourds, comme si on cognait du métal contre du métal quelque part, peut-être à l'étage inférieur. Puis un long et lointain mugissement résonna. Holz n'était pas sûr s'il s'agissait d'une machine ou d'une voix alien. Mais ça ressemblait quand même sacrément à une voix. L'image d'un individu cognant sa tête contre le hublot de sa cellule avec une compulsion inquiétante lui traversa la tête.

Après avoir passé un dernier sas, ils débouchèrent dans une pièce de petite taille, plus accueillante que cet horrible couloir. Même décoration que le hall, acier dominant, panneaux métalliques sur les murs, une table de réunion sommaire, un coin repas avec une machine à café, sans doute un frigo dont il ne souhaitait pas connaître le contenu, et d'autres accessoire de salle d'attente. En fait, il devait probablement s'agir d'une salle de réunion et de détente pour le personnel. Un aérateur chromé intégré à la paroi des murs soufflait de l'air frais en grondant, ce qui rendait l'atmosphère plus respirable, mais aussi plus frais, donnant un peu l'impression d'être dans une morgue. Cette station entière, d'ailleurs, alors qu'il n'avait encore rien exploré du contenu, lui filait cette sensation dérangeante. La silhouette sombre chercha à s'assurer qu'il n'y avait aucune caméra, ce qui était en soit impossible, mais les occupants de cette installation confidentielle ne s'attendant pas à être visité ne voyaient sans doute pas l'usage de surveiller de prêt son personnel. En tout cas, il allait falloir prendre des risques. Le sas se referma. Holz pivota vers Khal quand celle-ci se trouvait de dos. La lame de vitriglace jaillit de la manche droite de son anorak en scintillant et vint se plaquer sous la gorge tendre de la fille. Elle n'avait pas le temps d'étouffer le moindre le cri, car la main gauche du type s'était refermée sur sa bouche avec une prise professionnelle qui laissait deviner qu'il avait fait ça des tas de fois.

Il va falloir coopérer, Docteur. Le temps est contre nous. Je vais vous poser des questions, et à chaque mauvaise réponse, cet endroit déprimant va prendre quelques coups de peinture. »

Ses yeux verts libérés de l'entrave des lunettes cherchèrent à nouveau par automatisme la présence d'une caméra.

Expliquez-moi ce qu'il se passe dans ce magnifique bordel. Je veux des détails croustillants. »
Alita T. Drummer
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Elle ne l’avait certainement pas vu venir, malgré quelques doutes concernant le déguisement, le caprice pour rencontrer Dexter. Quelle plaie.

Les battements de son coeur s’accélèrent, énervant son pouls, secouant ses nerfs.
L’adrénaline brûla soudainement ses veines.
La crainte empoisonna son esprit.

Une erreur d’un millimètre pouvait lui coûter la vie. Cette maudite station n’en valait pas la peine. Pourtant, entre deux pics de terreur, elle se força à réfléchir, immobile contre la carrure menaçante du faux Garrison. Travaillait-il pour Nyrralus ? Sa couverture avait-elle été découverte ? A cette question, si la réponse avait été affirmative, Dexter se serait chargé d’elle lui-même; n’aurait pas laissé le soin à un autre de la faire disparaître.

Le plus urgent était d’éviter la mort.

En moins d’une seconde, un millier de scénarios assaillirent ses pensées. A quoi bon le mordre ? Il portait des gants dont elle sentait le goût industriel. Désagréable. Pourquoi tenter la force ? Il la dépassait d’au moins une tête, et ses connaissances en combat rapproché frôlaient le néant. Il devait bien exister une autre solution.

La ruse.

Avec douceur, elle approuva du chef. Elle ne crierait pas. Ne se débattrait pas.
Sitôt délivrée de sa muselière, elle expira un soupir tremblant.

Vous allez nous faire tuer avec votre petit numéro, murmura-t-elle farouchement.
J’peux pas te libérer sachant que j’ignore qui tu es et que je connais la dangerosité des gars qu’on traque.

Du coin de l'œil, elle tenta de l’apercevoir.
La dangerosité de ces illuminés n’était pas une raison valable pour se comporter en parfait assassin. Son attention se focalisa sur le mur devant elle, puis sur le plan de travail marqué par différentes tâches de café; circulaires, brunes, que le temps n’avait pas évaporé. A l’image du reste de l’endroit, la direction semblait faire l’impasse sur l’hygiène et elle doutait que ce fût pour des petites économies. Non. Pas de droïdes d’entretien, pas de techniciens de surface; ce qui tombait au sol restait là; ce qui entrait ne sortait plus jamais.

Elle prit une grande inspiration.

Vous savez, vous n’aviez pas besoin de ce truc tranchant pour espérer mon numéro. Enlever vos lunettes et m’inviter à boire un verre aurait suffi.
J’avais pas de bonnes adresses dans le coin, mais on peut toujours remettre à plus tard, si tu es toujours en vie d’ici là?

Charmant.
Que faisait-elle à part gagner du temps ? La pression de la lame se fit acérée.

Écoutez.

Elle parlait toujours bas. Un voile tiède imbibait sa peau, distillait son parfum de violette : légèrement amer bien qu’agréablement sucré. Qui aurait pensé que la peur pouvait posséder un tel arôme ?

J’aimerais savoir ce qui se trame ici, et si vous foutez ma couverture en l’air, vous ne le saurez jamais, et Dexter me fera rejoindre l’unité de haute sécurité. Les patients qui vont là-bas, on ne le revoit plus jamais. Quoique…c’est plutôt une bonne idée, je saurais enfin ce que foutent Nyrallus et sa secte de cinglés.
À votre guise Mlle Khal. Mais si j’apprends que vous m’avez menti, nous expérimenterons à deux une méthode plus expéditive pour faire disparaître les patients rapidement.

Lui ne se dévoilait pas, mais elle aurait tout aussi bien pu le baptiser Max la menace.
Au-dessus de leurs têtes, les néons se mirent à grésiller paresseusement. Une chute de tension du système énergétique arriverait bientôt. Elle connaissait les signes. Elle pourrait profiter du noir qui suviendrait pour tenter d’échapper à Garrison.

A son grand soulagement, il éloigna la lame.
Elle pouvait enfin respirer.

En se retournant vers lui, elle se débarrassa de ses lunettes; accessoire devenu inutile. La pauvre luminosité souligna les nuances pâle de son regard menthe tandis qu’elle se pencha pour lui attraper le poignet. Au sursaut de la lame, elle expliqua rapidement ;

Un pas de plus en arrière, Max. Je peux vous appeler Max ? Et vous entrez dans l’angle vivant du système de surveillance. Je ne peux pas le couper sans alerter le poste de sécurité.

D’une impulsion franche, l’espérant collaborant, elle le rapprocha d’elle. Leurs corps se heurtèrent presque et ses reins féminins fondirent contre le meuble.

. Hors champ. Ils n’ont pas de système d’enregistrement audio ici, c’est l’endroit le moins sécurisé du bâtiment. J’ai l’intuition que l’unité de haute sécurité est la porte d’entrée, mais mes accréditations ne me permettent pas d’entrer là-bas. Je suis affectée au bureau de Dexter et aux niveaux non-critique. Mais nous devons faire vite. Si vous parvenez à faire diversion, je peux dérober un pass d’accès. Avez-vous un comlink pour que nous puissions communiquer ? Nous n’avons qu’à dire que nous nous retrouverons à l’entrée de l’unité de haute sécurité. D’après moi, le meilleur moyen de faire diversion est d’ouvrir les cellules du niveau trois, le plus peuplé, cela occupera la sécurité un long moment.

Elle se rendit compte, et à la  condition qu’il ne se fût pas dégagé de lui-même, qu’elle n’avait pas lâché son poignet. Elle retira vivement sa main, et lui assena un regard noir.

Je ne vous fais pas confiance, mais entre me faire tuer par vous et coopérer avec vous, mon choix est plutôt évident.
Ervin Holz
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Le type sentit la terreur palpable qui imprégnait l'atmosphère, telle une aura invisible émanant de la jeune femme. Le faux rire nerveux qui s'était échappé de ses lèvres tremblantes était le signal le plus clair de sa peur, mais elle continuait à jouer le jeu, même face à la menace d'un individu aussi inquiétant que Holz. Chaque battement du cœur de la fille semblait résonner dans sa poitrine, une sensation qu'il avait toujours apprécié percevoir chez ses victimes. Malgré tout, elle restait immobile, presque comme une statue, le regard fixe.

Un pas de plus en arrière, Max. Je peux vous appeler Max ? Et vous entrez dans l’angle vivant du système de surveillance. Je ne peux pas le couper sans alerter le poste de sécurité.

Elle avait un sacré toupet.

Là. Hors champ. Ils n’ont pas de système d’enregistrement audio ici, c’est l’endroit le moins sécurisé du bâtiment. J’ai l’intuition que l’unité de haute sécurité est la porte d’entrée, mais mes accréditations ne me permettent pas d’entrer là-bas. Je suis affectée au bureau de Dexter et aux niveaux non-critique. Mais nous devons faire vite. Si vous parvenez à faire diversion, je peux dérober un pass d’accès. Avez-vous un comlink pour que nous puissions communiquer ? Nous n’avons qu’à dire que nous nous retrouverons à l’entrée de l’unité de haute sécurité. D’après moi, le meilleur moyen de faire diversion est d’ouvrir les cellules du niveau trois, le plus peuplé, cela occupera la sécurité un long moment.

Il hésita franchement entre écouter son baratin, et lui régler son compte pour passer à la suite, mais le jeu en valait la chandelle. Cette jolie brune semblait en connaître un paquet sur les lieux, ce qui donnait à l'homme en anorak une raison de ne pas la supprimer tout de suite.
En opération, la règle d'or était d'éliminer sans hésitation toute forme de témoin gênant, quelque soit l'âge, le sexe ou l’état physique, encore plus si leurs motivations étaient incertaines. Un gosse de huit ans peut parfaitement vous buter, surtout s'il porte un explosif improvisé commandé à distance. Il fallait dire que ce que racontait cette drôle était pour le moins ambigüe, tout comme sa présence, seule, dans un endroit comme ça.

On se calme, petite. Pour l'instant, ta meilleure chance de revoir la lumière c'est de me dire qui tu es exactement. Ne lessive pas sur les détails. » fit Holz avec un sourire glacial. Il n'avait pas rangé sa lame en vitriglace qui continuait de scintiller sous la lumière.

Je ne vous fais pas confiance, mais entre me faire tuer par vous et coopérer avec vous, mon choix est plutôt évident.

Et qui te dis que je ne vais pas te tuer à la fin ? Il ne faut pas se fier aux apparences, petite, surtout dans un endroit aussi paumé, et aussi glauque. Tu ne sais pas qui je suis, et on est dans le fion de l'espace Hutt, un endroit où les mots « règles » et « éthique » appartiennent au champs lexical du cirque. Dis-moi, ta mère est au courant que tu es ici ? »

Il la jaugea de haut en bas, la lumière froide des néons faisant luire ses yeux verts meurtriers. Ces yeux reptiliens qui avaient étaient le dernier salut d'un nombre honteux de victimes humaines et aliens. Il n'en revenait toujours pas de trouver une fille comme elle ici, c'était trop suspect. Récemment, il avait été trahi par Dare, son adjointe, lors de l'assaut sur la citadelle Vagnas. Il savait que les femmes étaient parfaitement capables de jouer un rôle dans le plus grand mutisme, avant de surgir au grand jour comme des vipères heurtantes. Cette trahison l'avait affecté personnellement, ce qui le faisait redoubler de vigilance face à une journaliste un peu paumée prétendant infiltrer la secte les plus dangereuse du moment.

Je sais pas bien si tu mesures les risques que tu prends en venant ici. T'as surement des problèmes perso à régler, du genre dépressif, mais en attendant, mettons tout ça de côté pour rehausser tes chances de survie. Pour l'instant oublie l'étage inférieur. Cette station renferme probablement ce qu'il y a de plus dégénéré dans l'espace hutt, ce qui pourrait déjà être un pléonasme. Donc si ton plan est d'en lâcher une partie dans les couloirs, alors qu'on est déjà enfermé entre quatre murs avec une secte de l'autre côté, laisse moi la partie plan. »

Il se demandait sérieusement s'il ne s'agissait pas d'une patiente atteinte de schizophrénie. Il avait déjà vu une holo-movie similaire où on utilisait des patients pour mener des expériences psychiatriques radicales, aussi appelées « psychothérapie par immersion » ou « thérapie de la réalité ». C'était utilisé pour faire vivre à des malades l'illusion d'être un personnage et leur faire accepter plus facilement la réalité de leurs actes passés.

C'était pas dans mes intentions de descendre. Il faut d'abord baliser la surface. Si cet endroit est bien un repaire de Septième Génération, il n'y a qu'un individu qui puisse nous le dire. Atteignons le bureau de Dexter, j'ai entendu dire que ce type était plus proche d'une goule que d'un être vivant. J'ai hâte de me farcir sa face de gorgone. Le mieux est que tu m'aides à y accéder avec cette mallette. »
Alita T. Drummer
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L’attitude de l’étranger ne déclencha aucune surprise. Tout au plus, elle éprouva une légère irritation. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait été jugée sur sa frêle et féminine apparence, sur sa jeunesse sémillante. Si les hommes se permettaient - plus souvent, de la rabaisser. Certaines femmes ne s’en privaient pas.

Alors, elle se contenta de lever les yeux au ciel.

Autant ne pas lui exprimer qu’il en savait davantage qu’elle. Elle préférait éviter de courir le risque qu’il abrégeât sa vie au prétexte qu’elle était inutile.

A tout ce qu’il décida, elle haussa les épaules.
Après tout, il tenait le vibrolame. A contrario, elle était désarmée. Dans ces conditions, dominer des négociations s’avérait périlleux, voire impossible.

Je suis journaliste, souffla-t-elle comme première réponse.

D’un mouvement pacifique, les mains levées, elle s’écarta de lui. Sa silhouette fondit dans la lumière crasseuse des néons à l’agonie, sous les lasers des holocameras de surveillance qu’elle ignora, comme si tout était parfaitement normal.

Suivons ton plan, accepta-t-elle, sans choix, la voix un peu plus rude qu’à l’accoutumée.

La crainte imbibait sa peau d’un voile tiède bien qu’elle avait déserté son cœur. Elle avait entendu dire que la peur épargnait les courageux; qu’il n’existait point de terreur dans les poitrines des audacieux. C’était faux. Les téméraires ne craignaient pas de périr, mais de souffrir. Comme elle, ils allaient aux devants des grands dangers, esclaves de leur soif insatiable. De fait, elle avait appris une leçon, au cours de sa jeune et intrépide carrière : la survie consistait à reconnaître lorsqu'on tombait sur plus fort que soi.

Sans un mot de plus, elle se détourna vers le plan de travail, activa la machine à café. Elle imagina les gardiens, reclus dans leur poste, observer les images retranscrites par le système de surveillance. Les filtres fatigués crachèrent un liquide noirâtre, probablement issu d’un minerai bon marché bien que riche en nutriments. Le breuvage froid occupa les trois quarts d’un gobelet en inox rayé qu’elle tendit à Garrison.

Je suis sûre que Monsieur Dexter sera enchanté par ce que vous avez à lui proposer, sourit-elle avec tout le charme dont elle était capable. Je vous accompagne.

Ils quittèrent la salle de pause pour retrouver l’austérité lugubre des corridors. Ils ne croisèrent qu’une des ombres anonymes travaillant dans le complexe. Retrouver l’aile administrative ne fut guère compliqué. Son badge lui ouvrit l’accès de son bureau de secrétaire par lequel on accédait à l’office sécurisée de Dexter.

D’un doigt paresseux, elle enclencha le comlink qui la reliait à l’antre de son supérieur. Un grésillement blanc combla le silence. Elle patienta, penchée sur l’appareil, attentive.

D’interminables secondes plus tard, la voix de Dexter se manifesta :

Mavia ?
Monsieur Garrison est prêt à vous rencontrer. Il a…

Du coin de l’oeil elle avisa la mallette qui ne quittait pas Max.

Une marchandise des plus exceptionnelles qui vous intéressera.
Le moment est mal choisi, trancha sèchement Dexter.
Je comprends, mais je me disais que c’était vous le patron, minauda-t-elle tout en roulant des yeux. Que vous étiez le seul en capacité d’effectuer cette transaction. Enfin…je pourrais demander au docteur Otto…
Non, pas cet incapable d’Otto.

La station n’abritait pas qu’un asile de fortune, et une secte de dégénérés. C’était un véritable panier de crabes qui excellaient dans l’art de dévorer leurs congénères pour un peu plus de pouvoir. Ainsi, après de longues semaines d’observation, elle avait constaté qu’Otto convoitait le poste de Dexter.

Je vais recevoir Garrison, céda-t-il.

Elle poussa un soupir de soulagement au moment où les portes automatisées qui les séparaient de Dexter s’ouvrirent.

Puisque tu as plutôt l’air d’avoir un faible pour les faces de gorgone, je te souhaite bien du plaisir, souffla-t-elle à l’étranger; les yeux pétillant de sarcasme.

Qu’ils s’entretuassent l'un l'autre; elle ne comptait pas entrer pour se retrouver piégée entre deux feux croisés.
Autre leçon de vie : être lâche augmentait parfois ses chances de survie.

Ervin Holz
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Ses lunettes rabattues et son chapeau vissé fermement, il la suivit à une distance discrète, traversant ensemble le hall en sens inverse. Un frisson lui parcourait l'échine, la vague impression d'être épié à par d’innombrables yeux invisibles. Pourtant, il s'efforçait de maintenir un masque de froideur imperturbable, rien ne devait trahir la moindre once de suspicion alors qu'il approchait déjà du but. Cette mission se terminerait rapidement, il le sentait. Si du moins, tout se passait comme prévu, ce qui en règle général n'arrivait jamais.
Avec tout ce qui lui était arrivé, son cerveau avait subi de nombreux mises à jour  dans son système limbique pour garder son rythme cardiaque stable en situation extrême. La panique, ce démon intérieur, restait l'ennemi numéro un.

La brune s'engagea dans un couloir en courbe qui remontait, après avoir franchi un sas. Contrairement au corridor dépressif conduisant à la salle de détente, celui-ci dégageait une ambiance moins oppressante, orné de parois et d'un sol de cuivre sombre qui luisaient sous l'éclat rougeâtre des globes phosphorescents alignés sur le plafond. Comment cette fille pouvait oser s'aventurer seule en un tel lieu, se demandait le militaire. Le briefing avait mis en lumière la dangerosité de l'endroit, s'il était bien ce que l'on soupçonnait. Mais après tout, les journalistes d'investigation étaient une espèce à part, convaincus d'une mission quasi sacrée au nom de l'information publique. Certains s'aventuraient dans des jungles perdues pour enquêter sur des tribus isolées, d'autres osaient approcher les cartels de la Bordure Extérieure. Beaucoup disparaissait sans laisser de traces. C'était devenu presque aussi risqué que d'être mobilisé dans l'armée Sith en temps de guerre. Une nana un peu égarée, portée par un idéal à la con sûrement. Elle lui rappelait déjà Kim, mais avec un brin d'ambition en plus, il fallait l'admettre.

La jeune femme s'arrêta devant un sas ovale, marqué d'une lumière rouge indiquant qu'il était verrouillé. Holz l'entendit discuter à voix basse avec le dénommé Dexter dans l'interphone, puis, l'air triomphant, elle lui annonça avec un peu trop d'excitation que la voie était libre. Elle avait réussi à lui obtenir un rendez-vous avec Dexter en un rien de temps. Le type la fixa d'un regard méfiant, puis la saisit discrètement par la taille pour la rapprocher de lui.

Si c'est un piège que tu me tends, je te retrouverai. En attendant, t'éloigne pas trop, et t'approche pas de l'étage inférieur. 

Le Major franchit le sas automatique et entra dans une antichambre soignée. Ici, l'atmosphère était différente, et l'endroit ne ressemblait plus à un hôpital. La pièce baignait dans une lumière pourpre, provoquée par l'omniprésence d'une moquette grise-violette. Le décor, bien que sobre, exhalait une certaine élégance, les murs ornés de tableaux aux charmes subtilement macabres. Des portraits figés dans le temps dont les yeux semblaient épier chaque mouvement des nouveaux venus. Son regard se posa sur celui d'une femme au cou démesurément long résultant visiblement d'une malformation monstrueuse. Un canapé de cuir vert usé trônait contre le mur principal, flanqué d'une petite table de verre dont les accoudoirs étaient sculptés de volutes élégantes.
Dans un lieu si inhospitalier, cette pièce pourrait presque passer pour un refuge chaleureux, sans les tableaux sinistres et la présence des deux cogneurs puant comme une étable de bantha qui barraient l'entrée d'un second sas avec leurs fusils lasers. Holz ne s'attarda pas sur leur espèce, ils étaient trapu, poilu et avaient des tatouages de marquage rouges sur le visage qui confirmait leur appartenance à la clique des brutes analphabètes. D'un regard assuré, il croisa leurs prunelles de prédateurs muets. Il savait que ce genre d'individus impassibles flairaient l'entourloupe des deux narines. Après un silence pesant, le sas s'ouvrit sans qu'un seul des gardes ne bouge.

L'homme au manteau d'écailles pénétra dans la salle avec sa mallette d'une démarche nonchalante. Le sas se referma et il se retrouva dans une pièce décorée du même style que l'antichambre. L'être qui occupait le bureau face à lui en revanche, était beaucoup plus terrifiant.

Holz nota tout de suite l'espèce qui l'observait en silence dans l'assise de son fauteuil à haut sommier, et qu'il avait à vrai dire très peu croisé dans son parcours. Le Givin s'étendait à une stature cauchemardesque, évoquant la terreur classique de l'inconnu. Sa tête blanche semblait taillée dans le même matériau que les os de la mort, un crane complexe, géométrique et inhumainement anguleux, créant une silhouette aussi fascinante que terrifiante. Ses orbites étaient deux gouffres d'obscurité sans fond, rappelant à l'esprit humain les abîmes d'où jaillissent avec éclair les plus hideux prédateurs insectoïdes. Des bras rachitiques, presque squelettiques, se terminaient en de longues phalanges pointues, reliées d'étranges instruments qui ressemblaient à des injecteurs de neurotoxines. Holz réalisa rapidement qu'il avait affaire à un paranoïaque.

Monsieur Dexter, c'est un plaisir de vous voir.

Qu'avez-vous à proposer ?

Le type commença par poser sa mallette sur le bureau devant lui. Puis il s'assit en retirant son chapeau, et ses lunettes.
Alita T. Drummer
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Bon vent.

Avec un peu de chance, Dexter se chargerait d’éliminer le gêneur. A condition que Max Garrison ne trahît pas la couverture qu’elle avait mis des mois à façonner. Dans le doute, elle devait dire adieu à Mavia Khal. Non sans un pincement au cœur. De toutes ses identités, Mademoiselle Khal était l’une de ses préférées car elle définissait tout ce qu’elle n’était pas. Attirante, réfléchie, entourée de nombreux frères et sœurs, éduquée par des parents toujours en vie. De tous ses masques, nécessaires aux investigations, celui de Mavia permettait d’acquérir aisément la confiance d’un employeur.

Dans le cas de cette station, le déguisement avait parfaitement accompli son œuvre.

Sitôt seule, elle se chargea de débrancher la connectique de son poste de travail, et de récupérer son comlink personnel qu’elle avait réussi à cacher sous la surface du meuble. Elle plongea l’appareil dans le décolleté de sa robe de travail.

Ici, aux pieds de la tour d’ivoire de Nyrallus, jalousement gardée par Dexter, elle avait eu le privilège d’intercepter des données confidentielles bien que cryptées. Elle n’avait pu prendre le risque de les déchiffrer sur place, au risque d’être compromise.

Deux choix s’offraient à elle.
Quitter cet endroit funeste avec le peu d’informations récoltées, pour le moment inexploitables. Ou tenter le Diable en envisageant flirter aux niveaux inférieurs.

Comme d’habitude, elle n’aurait aucun renfort. Quoiqu’à l’accoutumée, elle comptait sur Pi - son droïde, pour la sortir des impasses critiques. Seulement, à l’exception des droïdes de sécurité gérés par Nyralluss, aucun robot n’était accepté à bord. Pi attendait, au chaud, sur un vaisseau, éteint, à l’ombre d’un astéroïde dont la protection repoussait les radars. Maintenant qu’elle pensait au vaisseau de location, loué à une société douteuse au cœur de l’espace Hutt, elle songea à la caution faramineuse déposée pour ce bout de ferraille flottant. Elle n’en reverrait probablement pas la couleur étant donné qu’elle accusait un retard de plusieurs jours concernant la restitution du bien. Sous son ordre, Pi avait traqué et désactivé la vulgaire balise de localisation, mais si une bande de gangsters avaient prévu un autre moyen de localisation…

Alita secoua la tête pour se recentrer sur la réalité.

Immobile dans son petit bureau, elle hésitait toujours. L’unité de haute-sécurité ou l’office de Dexter. Mourir ou mourir. Dans un cas comme dans l’autre, elle ne comptait pas abandonner son enquête.

La ténacité comptait parmi ses qualités. Aussi persévérante que les mâchoires d’un krayt, elle ne lâchait sa proie qu’à condition d’avoir obtenue d’elle tout ce qu’elle désirait. Fort heureusement, ce qu’elle souhaitait ne s’appropriait pas obligatoirement par la force. La ruse suffisait, ainsi qu’une bonne dose de chance.

Après avoir suffisamment peser le pour et le contre, elle décida de laisser Dexter au dangereux Garrison et de tenter sa chance seule. L’étranger avait beau dire qu’il réhaussait ses chances de survie; il les avait paradoxalement fait chuter en la menaçant avec une lame.

Avant de quitter son poste, le docteur Otto se matérialisa, la prenant de cours. Elle subit le revers de quelques secondes de flottement.

Mademoiselle Khal, nous avons un problème de protocole.
Je vais en informer Monsieur Dexter dès qu’il aura terminé son entretien.

Quelle veine. Otto la bloquait ici. A tout moment, derrière les portes blindées, la situation dégénérait.

Non, il doit être informé tout de suite, insista-t-il.
Je ne peux guère le déranger…
C’est critique.
A quel niveau ? soupira-t-elle en retournant à son poste, bien proprette derrière sa console de travail.
A l’intérieur, un tourbillon nerveux brouillait ses pensées, les empêchait de se réunir de manière cohérente.
Unité de Haute Sécurité.
En ce cas, je vais déranger Monsieur Dexter.

Le privilège d’une assistante. Avoir l’accès au bureau de son supérieur pour….lui porter assistance. Elle présenta son empreinte rétinienne, puis digitale, au boîtier de sécurité qui verrouillait le premier sas. L’ouverture chuinta discrètement,, les ténèbres absorbèrent sa silhouette pour la recracher dans l’antre du chef.

Face à la carrure cauchemardesque de Dexter, elle n’éprouvait guère plus que de la révulsion. Des semaines passées à le côtoyer avaient gommé la surprise, la peur, le malaise. L’odeur putride qui émanait du Givin, en revanche, ne l’épargnait toujours pas.

Dès son arrivée, il darda ses prunelles obsidiennes sur elle.

Mavia, Monsieur Garrison allait justement me dire ce qu’il avait à proposer.

Elle hésita.
Les hostilités n’avaient pas encore débutées et ce qu’elle redoutait se préparait.

Dans l’incertitude, elle ne dit rien, prenant soin d’éviter Garrison du regard.



Ervin Holz
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Le Major laissa tomber son chapeau sur le bureau avec une désinvolture presque feinte, laissant la lumière pourpre griffer ses traits marqués. Sa main rugueuse se posa sur la mallette, faisant grincer le métal froid sous ses doigts, son autre main s'égarant un instant vers la poche de sa veste où résidait le Lugo-44. Les relents de la pièce lui chatouillaient les narines, un mélange d'aseptisé et de putréfaction qui l'écœurait.
Quand la brune pénétra dans la salle, il sentit un léger vertige se créer dans son lobe temporal et le mot « embuscade » illumina sa psyché en gros caractères. Si cette peste l'avait trahi, il le lui ferait regretter au centuple.
Gardant un œil en coin sur la fille, au cas où elle tenterait de le sédater avec une seringue, il ne toucha pas à la mallette, mais pianota d'une main sur sa montre hololithique. Un hologramme rouge d'un prototype en trois dimensions se mis à tournoyer au-dessus, entre lui et Dexter.

Turbo-scalpel, modèle dernier cri. Sa précision atomique garantit des coupes nettes sans effusion de sang. Il peut faire des merveilles dans les bonnes mains. Jet de plasma chaud à la précision microscopique, pour les coupes les plus propres et les plus nettes. Idéal pour l'extraction d'organes... ou l'amputation de membres. Injecteur à Nanites. Ces petites créatures peuvent réparer, améliorer, modifier n'importe quel tissu organique. Ou elles peuvent servir à détruire, à décomposer un organisme de l'intérieur. Le choix dépend du programme que vous utilisez..

Le Directeur resta muet en fixant. Les globes phosphorescents du plafond diffusaient une lumière faiblarde, faisant onduler son ombre cauchemardesque. La chair blanche et osseuse de son crâne créait une étrange illusion, accentuée par l'odeur fétide qui s'en dégageait.

Par quel cheminement intellectuel singulier êtes-vous parvenu à la conclusion que ces instruments pourraient nous être utiles ?

Holz nota que son ton était aussi froid que l'acier de ses prothèses cybernétiques. Il tenta de ne rien laisser paraître de sa déstabilisation face à cette créature longiligne qui restait fixe comme une mante religieuse braquée sur sa proie. Il se demanda comment Khal pouvait avoir découvert ce type sans vouloir déguerpir d'ici. C'était pratiquement certain qu'elle était des leurs.

Vous croyez que j'en ai quelque chose à cirer de votre business ? Je fréquente les mecs les plus tordus de la Bordure pour toute sorte de trucs dont vous n'auriez pas idée. C'est moi le gardien du musée de l'horreur. Alors pour évitez de vous faire perdre plus de temps, faisons ça simplement. Vous voulez lesquels et en quelles quantité ?

Dois-je interpréter vos propos comme une accusation de pratique d'activités illégales ?

Mademoiselle Khal ici présente m'a raconté de très drôles de choses lors de ma dernière visite, c'est ce qui m'a donné l'idée de venir avec du matos plus « approprié ».

Voyons si Miss Khal passe le test de fidélité.
Alita T. Drummer
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Quel scélérat.
Quand il lui indiquait ne pas lui faire confiance, il ne mentait pas.

L’exposer à Dexter, ouvrir une faille qu’elle ne pourrait probablement pas refermer sans perdre des plumes était de la folie. Puisqu’ils se trouvaient dans un asile de fou, elle goûta l’ironie avec agacement.

Désormais, son patron ne la lâchait plus de son regard visqueux, sombre et malaisant. Il avait étendu sa longue carcasse vers elle, humer son parfum floral dont les accords pourfendaient la putréfaction de ses glandes aliennes. Elle se força à ne pas être impressionnée, à reléguer la crainte au fond d’une boîte, loin, très loin dans les méandres de son esprit.  Malgré ses efforts, son cœur tambourinait comme un diable. L’ouïe très développée de Dexter devait se délecter de cette symphonie éloquente.  


Je ne vous savais pas si bavarde Mavia, claqua-t-il de sa voix caverneuse et grésillante à la fois.

Elle se retint de lever les yeux au ciel, conserva le masque de docilité, malgré le bouillonnement de ses veines.

J’ai manqué de professionnalisme, Monsieur Dexter. Le charme de Monsieur Garrison m’a probablement fait perdre la tête, et j’ai tenté de l’impressionner avec des histoires.
Par miracle, sa propre voix n’avait pas tremblé une seule fois.
Son aplomb l’étonna.
Ah Mavia, savez-vous que si vous perdez la tête, vous êtes au bon endroit.
Elle crut percevoir une menace ou un rappel à l’ordre.

Cependant, elle ne pouvait pas prendre le risque de contredire Garrison au risque d’être davantage exposée. Elle s’était sentie blêmir à l’ombre révulsante de Dexter, mais avait tenu bon. Après tout, elle avait grandi en Bordure de l’Espace Hutt, s’était souvent retrouvée livrée à elle-même. Rien ne s’obtenait jamais proprement dans ce genre de situation.

A ce propos.
Elle devait reprendre la main.
Si Garrison tentait quoique ce fût, maintenant, elle était morte.
Le docteur Otto vous informe d’un problème de protocole dans l’Unité de Haute Sécurité. Un problème critique qui requiert votre attention.
Cet incapable…

Dexter déroula tout son squelette mortifère, s’ébroua, abandonnant son odeur fétide dans l’atmosphère.

— Monsieur Garrison, nous remettons cette discussion à plus tard.

La silhouette de Dexter avança, s’enroula autour de la chaleur d’Alita qui retint sa respiration. Les phalanges osseuses du Givin s’approprièrent ses épaules délicates; son visage cauchemardesque approcha sa figure pâle.

Elle ne sentit aucun souffle émaner de la cavité béante qui servait de bouche à Dexter. Tout simplement parce que, comme ceux de son espèce, il avait la capacité de se passer d’oxygène.

Je vous laisse indiquer la sortie à Monsieur Garrison.
Il resserra sa prise sur l’arrondi de ses épaules, elle perçut l’extrémité pointues de ses doigts s’enfoncer dans sa chair, au travers du latex de sa robe.
Je pensais que vous aviez plus de discernement que cela, cela dit. Ne me décevez plus.

Elle ne retrouva son souffle qu’une fois Dexter éloigné. Avant de quitter, il eut un dernier mot pour Garrison :

Votre équipement pourrait m’intéresser dans un avenir proche.

Bientôt, ils furent seuls dans l’antre du Givin.
Alita foudroya Garrison du regard.

Tu as failli me faire tuer !

D’un geste du menton, elle lui désigna les portes ouvertes du sas.

Cela aura été rapide, mais quelque chose me dit que la subtilité n’est pas ton fort. La mallette, la vibrolame, tu peux encore essayer la manière forte, ou retenter une autre fois.


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Ervin Holz
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Dexter s'était éloigné de Holz et de Khal, une démarche fluide et assurée lui donnant l'air d'un type bien installé dans son rôle. Ayant l'habitude de trouver du positif dans ce qu'il y avait de négatif, il nota au moins que la fille n'était probablement pas des leurs. A moins qu'il se trouve au cœur d'un stratagème d'une complexité labyrinthique, qui même si c'était le bon endroit pour, était peu probable. Cette gamine qui devait avoir tout juste la vingtaine faisait le taff d'un agent secret impérial. Infiltrer un endroit pareil était un exploit assez rare pour un néophyte. D'un coup, il ne pu s'empêcher de la considérer sous le prisme d'une recrue potentielle. Il faudrait quand même avant cela la baratiner correctement sur la fadeur des vertus républicaines, et ce qu'elle aurait à gagner au sein de la nation Sith.

On dirait que t'as gagné le droit de vivre plus longtemps. J'ai comme l'impression qu'il se passe bel et bien de très drôles de trucs ici. Qu'est ce que tu dirais de dévoiler l'acte II de cette soirée romantique ?


Le mécanisme de verrouillage du sas s'enclencha aussitôt avec un cliquetis métallique, et un lourd silence s'abattit sur la pièce. Holz tourna vers la porte un regard perplexe, avant de constater que le détecteur de présence ne fonctionnait plus pour l'ouvrir. Il se retourna.

Petite, ouvre cette porte et vite.

La pièce semblait s'être subitement rétrécie, l'atmosphère était plus lourde, presque palpable. Visiblement le dispositif avait été verrouillé car Khal qui ne semblait pas plus à l'aise que lui ne semblait pas pouvoir faire grand chose avec sa carte magnétique. C'était donc un piège. Le médecin-chef avait cerné le lézard avant le début. C'était lui le grand manipulateur.
Le Major sortit une seconde cigarra et se l'alluma rapidement avec son briquet en or. Il tenait cette fois son Lugo-44 en revêtement déflecteur dans l'autre main, prêt à en loger une dans le crâne du premier cogneur qui sortirait de ce sas. Mais au même moment, une multitude d'orifices discrets, à peine visibles, s'ouvrirent soudain sur les murs de la pièce. Un sifflement léger se fit entendre, avant que la pièce ne se remplisse lentement d'un brouillard épais et opaque. Une odeur âcre, presque métallique, se répandit rapidement, agressant ses narines comme de la moutarde. La gorge du type se resserra sous l'effet de la surprise, de l'angoisse, mais surtout du gaz.

La voix de cet insupportable alien retentit soudain à travers des haut-parleurs dissimulés, ricochant d'une manière inquiétante sur les murs de la pièce.

Veuillez excuser cette légère modification de nos plans.

Son rire résonna, un son strident et désagréable qui se mêlait au bourdonnement. Holz ne pu réprimer un frisson glacé. Le sol commençait se dérober sous ses pieds, sa tête commençait à tourner. Il avait perdu la brune des yeux.

Le Xenoton X-210 est un mélange unique d'anesthésiques et de paralysants, créé spécifiquement pour nos besoins. Il agit sur le système nerveux central, entravant les impulsions électriques et provoquant une paralysie progressive.

Holz tenta de lutter, mais ses forces l'abandonnaient d'une manière biologique. Ses muqueuses lui faisaient horriblement mal et il sentait une lourdeur dans ses membres, une fatigue envahissante qui le tirait vers le sol. Le vertige le gagnait, ses jambes devenaient lourdes, et sa vision se troublait fortement. C'était assez flippant à vivre.
Alors qu'il s'effondrait à terre, il crut discerner le chuintement hydraulique du sas. Des lumières vives clignotèrent, créant des ombres vacillantes et étranges sur les murs du bureau.
Tandis que ses paupières devenaient lourdes, l'officier impérial eut pour dernière vision trois figures triangulaires penchées sur lui, vêtues d'un respirateur à tuyau et de deux lentilles de contact qui leurs donnaient un aspect sinistre et effrayant.

Puis tout devint noir.
Alita T. Drummer
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Son odorat s’éveilla avant tous ses autres sens.
Depuis les ténèbres du coma, elle sentit la putréfaction alliée aux senteurs infectes d’asceptisants périmés. Dans le brouillard absolu, ses membres étaient engourdis. Les yeux clos, elle tenta de les bouger avec un succès mitigé.

La lumière, tamisée par des couches d’immondices, agressa sa vue dès qu’elle leva les paupières.

Tout était flou. Aussi bien dans ses souvenirs que dans la réalité qu’elle regagnait.
Groggy, complètement endolorie, elle poussa un long geignement d’inconfort.

Progressivement, la mémoire lui revint par flashs aveuglants. Son enquête,, ce fichu Monsieur Garrison. Tout était de sa faute. Sans lui, sa couverture n’aurait pas volé en éclat. Elle parvint à bouger ce qui provoqua une nausée affolante. Elle s’immobilisa, le souffle chaotique.

Sa vision trouble mit de longues minutes à faire la mise au point sur un mur en plastacier rouillé par endroit.

Elle battit des cils, sentit la sueur imbiber sa nuque.

En souhaitant parler, appeler, dire quelque chose, elle se rendit compte que sa bouche asséchée avait un goût ferreux. Son propre sang. Elle combattit une nouvelle nausée, sombra à nouveau dans l’inconscience.



A son deuxième réveil, elle éprouva moins de difficultés.

Elle découvrit un environnement plongé dans une pénombre sinistre; reconnut l’aspect d’une cellule à la porte blindée. De l’autre côté de l’espace exigu, elle aperçut la masse de Garrison. D’un coup, les souvenirs remontèrent à la surface de son cerveau, à l’image de corps déconfits, gonflés par des gaz putrides, qui se délogeaient des profondeurs ténébreuses. Elle reflua un haut-le-coeur désagréable.  Incapable de marcher complètement, elle se traîna jusqu’à lui, vérifia qu’il était vivant. Un pouls, quelque part, battait encore.

Encore en vie, quelle chance, ironisa-t-elle, tremblante de froid.

La cellule n’était pas chauffée, à l’exception du rayonnement électromagnétique en provenance du blindage de la porte. Au surplus, elle n’était pas vêtue pour affronter le froid mordant; sa peau - trop découverte, se montrait aussi douce que vulnérable. Elle se sentit ridiculement petite. Parfaitement impuissante dans cette atmosphère terrifiante.

Aucun signe de vie aux alentours.
Seul un silence angoissant grésillait  à ses tempes engourdies. Dans un mouvement pénible, qui faillit lui coûter l’équilibre, elle releva la tête vers le plafond. Elle ne repéra pas d’issue, pas même une bouche de ventilation par laquelle elle pouvait se dérober comme elle l’avait vu tant de fois dans les holofilms. Seulement, voilà, elle n’était pas coincée sur un plateau de tournage, mais dans cette réalité monstrueuse.

Garrison ? Max ?

Elle se pencha sur lui, tapota sa joue avec fermeté.

 Tu vas devoir me sortir de là pour espérer t’en tirer à bon compte, je te le dis. As-tu  quelque chose qui pourrait nous aider ?

Dans son grand manteau, à tout hasard. Sans gêne, elle se mit à palper. Sans consentement, futile dans de pareilles conditions, elle explora à pleines mains les coutures et les recoins du corps assoupi. Il devait forcément avoir une arme, une épingle miraculeuse. Quelque chose. A ce stade, elle aurait accepté un cure-dent.


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Tu vas devoir me sortir de là pour espérer t’en tirer à bon compte, je te le dis. As-tu  quelque chose qui pourrait nous aider ?

Il fixa l'origine de la voix mais sa vision était encore trop floue. Des mains le tâtaient et il lui fallut quinze bonne secondes pour mettre fin à l'amnésie qui paralysait sa cognition. Khal, Dexter, l'entretien foiré, le gaz chloroforme ..
Le type se frotta des deux mains ses yeux qui le piquaient, des yeux pisseux comme un réveil trop précoce après une nuit trop arrosée, et nota avec amertume qu'un goût acide et métallique persistait sur sa langue. Son corps était encore parcourue de courbature, des effets d'une intoxication.
Dans la pénombre, il ne la voyait pas totalement, mais il pouvait discerner sa silhouette svelte, ses cheveux noirs et ses formes féminines. La menace lui parut sous contrôle. Son premier réflexe fut de vérifier l'emplacement de son arme de point en revêtement déflecteur. Si les autres dingos lui avait laissé son anorak, l'arme avait disparu de sa cachette comme il s'y attendait. Un second check-in lui confirma l'absence de son couteau Howler caché dans sa botte droite, ce qui l'agaça au plus point. S'il mettait la main sur le responsable, il lui ferait payer cher cette confiscation. Dans la pénombre, Holz s'appuya sur ses deux mains et laissa sa tête tomber en arrière.

Tout autour d'eux, c'était l'obscurité totale, seule une lumière diffuse se frayait un passage par une ouverture. Ils étaient dans une sorte de cachot froid et silencieux. Une nausée le prit à la gorge en repensant à la sale gueule de Dexter, l'alien taré qui leur avait tendu ce piège et qui se cachait quelque part. Se demandant si cet enfoiré avait trouvé son diplôme de médecine dans une pochette surprise, il se leva péniblement et s'avança vers la fente de lumière, ses mains tâtant dans le vide pour prévenir tout obstacle. Un bruit de dépressurisation précéda le coulissement de la porte du cachot sur la droite. D'abord, un froid mordant entra en contact avec son épiderme en le faisant frisonner. Puis un écran de lumière lui transperça les prunelles en l'obligeant à plisser des yeux tout de suite, et une épouvantable puanteur s'introduit dans ses narines avec un élan tyrannique, révélant le cauchemar au-delà.

C'est con que t'ai pas ton caméscope ma belle. »

Holz vacilla sur ses pieds, essayant de maintenir son équilibre. Un charnier de corps était entassé devant la porte dans des positions étranges, la désolation totale marquant leurs visages blancs. Sa curiosité malsaine le poussa à jeter un coup d’œil de part et d'autre du corridor, un horrible couloir d'hôpital flanqué de porte à hublot. Il distingua des formes sombres éparpillées sur le sol dans des flaques de sang.
Une masse parmi les cadavres attira son attention, il s'engouffra dans le couloir en invitant Khal à rester sur ses gardes, la laissant vomir tranquillement de son côté si elle en avait besoin. Parmi le charnier, Holz reconnut une armure composite noire qui lui était familière. Son estomac se noua légèrement. Plus loin il en vit un autre, puis un autre. La trajectoire des corps laissait deviner qu'il y avait eu un face à face dans le couloir, le pile de corps ayant été abattu par l'escouade, mais visiblement celle-ci avait été prise à revers par quelque chose. Les blessures profondes qui transperçaient les plastrons le firent frisonner.

L'odeur de la mort flottait dans l'air, mêlée à celle du métal brûlé et des fluides biologiques. Les néons qui diffusaient une lumière tamisée se mirent à grésiller par intermittence, il était clair qu'entre ça et la température, il y avait un problème avec l'alimentation centrale. Sa voix s'éleva dans le silence.

Crois-moi ou pas, j'aurais choisi un meilleur endroit pour notre rencard.

Il ramassa un fusil à pompe à canon scié et compta les munitions sanglées sur la crosse en métal. Quatre cartouches plasma. Le Major fit marcher le mécanisme et incrusta une cellule dans la culasse en scrutant le cadavre inerte d'un soldat.

Ces salauds ont vraiment dépassé les bornes cette fois.

Holz ne se posait même pas la question de la potentialité d'un affrontement. C'était la merde totale ici et la confrontation n'était plus qu'une question de temps. Il commença à sentir son rythme cardiaque s'accélérer sans pouvoir le contrôler tandis que sa gorge se nouait. La panique était une réaction normale face au danger mortel. Même pour les plus endurcis.
Il se tourna vers Khal, mais ses yeux restèrent fixés sur les caractères blancs dessinés sur le mur derrière elle : « Niveau -1 ». Il s'approcha d'elle, leurs regards se croisant dans l'obscurité.

Tu te sens comment, petite ? T'es à l'aise avec le fait qu'on bouge d'ici ? J'ai besoin que tu sois pas en état de choc pour qu'on puisse évoluer en synergie l'un et l'autre. On va devoir remettre le courant.
Alita T. Drummer
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En colère.
Voilà comment elle se sentait.
L’estomac retourné par l’horreur, mais la gorge serrée au point d’en étouffer. Incapable de vomir, incapable de pleurer, incapable de se recroqueviller et d’accepter la mort.
Non, la peur était loin.
Ne demeuraient que les images, incrustées au fer rouge dans sa mémoire. Les cadavres devenaient déjà des souvenirs lourds dans sa petite conscience.
Jamais, elle n’en avait vu autant. Quant à l’odeur…
Farouche, elle soutint le regard de Garrison, les poings serrés, les lèvres tremblotantes.
Je suis pas en état de choc.
Rien n’était plus faux. A l’intérieur d’elle, un froid polaire ensevelissait tout.
On va travailler comme tu dis. Et une fois sortis de ce bourbier, non seulement tu vas arrêter de m’appeler petite, mais tu me devras un rencard dans le palace le plus cher du secteur.
Elle rompit le contact visuel, le dépassa tout en ajoutant :
Et aussi un nouveau holoscope.
Pas après pas, elle devait… penser à des futilités. C’était le seul moyen pour ne pas s’effondrer.
Puis, tu n’oublieras pas les fleurs. J’aime les Inisia.
Bien.
Elle était parvenue à recentrer ses esprits sur une seule tâche : sortir d’ici vivant.
Par chance, ou plutôt par professionnalisme, elle avait profité de sa couverture au sein de la station pour étudier le plus de plans possibles : évacuations, câblages, ventilations, dans la mesure de ses accréditations. Ces dernières n’allant pas en deçà du niveau zéro, elle aurait bien du mal à situer avec exactitude la source d’électricité à leur hauteur.
Ses pieds butèrent bientôt sur un nouveau corps inerte.
Comme sur d’autres, elle reconnut l’uniforme anthracite. Lloyd Hope allait être furieux et c’était une raison de plus pour s’en tirer vivante : lui raconter par le menu le massacre de ses hommes.
Elle refoula un élan nauséeux, ravala sa bile avant de s’accroupir près du mort. Dans la pénombre, elle chercha des mains ce que ses yeux distinguaient mal; délaissa le contour d’une arme pour fouiller davantage, jusqu’à trouver une lampe à plasma qu’elle alluma sans tarder.
Par où on commence ?
Par ne pas piller les dépouilles, mais cette lampe leur serait bien plus utile qu’à son ancien propriétaire. Le constat valait également pour l'arme que Garrison venait de se procurer gratuitement.
La belle affaire...
J’ai entendu plusieurs fois des tech’ parler de la centrale de la station, située au - 2, je n’y suis jamais allée. Peut-être là-bas, informa-t-elle d’un ton bas, comme si cette traînée de cadavre jouissait encore du sens de l’ouïe.
Les membres tremblants, elle prit son courage à deux mains, avança encore jusqu’au bout du couloir où les attendait un ascenseur, hors d’usage sans énergie. Toutefois, elle dirigea le rayon de lumière sur un conduit technique, équipé d’une échelle, tout près.
Un fracas sourd vibra dans les cloisons autour d’eux. Elle sursauta, chercha l’origine du bruit, en vain. Son rythme cardiaque, qui n’en avait pas besoin, s’affola davantage.
D’autres grincements, d'origine inconnue, firent échos.
Une sueur glaciale dévala sa nuque.
Elle déglutit, se dépêcha d’entrer dans le conduit, bloqua la lampe entre ses dents tandis qu’elle agrippait les barreaux de l’échelle.
Puis se mit à descendre, s’assurant que Garrison suivait.
A bien réfléchir, elle aurait peut-être dû le laisser passer en premier, en bon gentleman qu’il était.
Trop tard.
Contrairement au corridor, une chaleur moite les étouffait. Le conduit descendait le long des tuyauteries brûlantes si bien qu’il fut difficile de savoir s’ils se rendaient au niveau -2 ou dans les profondeurs de l’Enfer.
Transpirante, le souffle haché, elle émergea enfin au -2.
Le froid revint coller à sa peau, chassant la fièvre au profit de l’épuisement.
Ici, plus qu’au niveau supérieur, l’obscurité régnait. Elle fouilla les environs de sa lampe, approcha un sas à moitié ouvert, s’y faufila.
Par ici, annonça-t-elle alors qu’elle mettait le pied dans ce qui ressemblait à… un laboratoire.
Des dizaines d’écrans, en veille, émettaient de très légers halos : à peine suffisant pour éclairer l’environnement, mais assez pour se réverbérer sur le verre blindé d’immenses cuves où dormaient des masses informes.
Je crois que c’est pas la centrale…

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