Darth Yrlion
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La Force et ma Loi - Chapitre I


Un ciel menaçant planait sur toute la capitale de Sigil. Bien que levé depuis plus d’une heure déjà, le soleil ne parvenait pas à percer l’épais manteau nuageux qui couvrait la cité et toute sa région. Épais et agités, les nuages se développaient et grossissaient comme un soufflé sous l’effet de la chaleur. Le tonnerre commençait même à se faire entendre au loin. Ce n’était pas une chose inhabituelle en cette période de l’année et la situation géographique de la mégalopole favorisait naturellement la formation de cellules orageuses. Les archives mentionnaient déjà des orages et des tempêtes spectaculaires du temps où Marka Ragnos avait vécu sur Sigil, il y a de nombreux siècles/ Le pouvoir destructeur de ses phénomènes était tel qu’il avait réussi à impressionner le Seigneur noir. Pendant des siècles, les habitants de cette région avaient vécu dans la crainte dès que le ciel se couvrait. Mais cette crainte n’avait plus lieu d’être aujourd’hui, elle avait même totalement disparu.

Les premiers éclairs de l’orage n’avaient pas eu le temps de se former qu’un premier rayon réussi à percer la masse nuageuse au-dessus du palais royal. Il fut suivi par de nombreux autres à plusieurs endroits précis de la cité. Les nuages se recroquevillaient rapidement et finissaient par se dissiper sous l’effet de la lumière salvatrice qui inonda rapidement les tours du palais royal. Un spectacle qui valait aussi le coup d’œil pour peu que l’on consentait à s’y attarder et qui pourrait faire vibrer n’importe quelle âme poétique. Rien de surnaturel cependant, le soleil devait sa victoire au système de contrôle météorologique qui venait de s’activer automatiquement. Des centaines des sondes et de drones situés dans la haute atmosphère venaient de s’activer pour modifier les conditions météorologiques qui permettaient à l’orage d’exister. En moins d’une demi-heure, les nuages n’étaient plus, laissant le soleil baigner la cité de sa douce et chaleureuse lumière sous un ciel bleu immaculé.

Cette chaleur caressait la peau nue de Valtus qui dormait encore du « sommeil du juste », autrement dit un sommeil profond et réparateur. Couché de tout son long et la tête face contre un oreiller, le sith se trouvait assailli de toute part. Le bras de son amante coupait partiellement ses épaules en deux. La tête de son amant posée sur le bas de son dos couvrait son postérieur musclé de ses cheveux longs tandis que son flanc droit était réchauffé par le souffle paisible du dernier participant. Le Sith fut peu à peu extirpé de son sommeil à la faveur d’un courant d’air frais qui passait juste au niveau de son lit. Cette fraîcheur dérangeante qui faisait réagir sa peau et se dresser ses poils, le poussa également à bouger ses membres et à reprendre conscience.


« Hum… Hum… »

Se tournant et se contorsionnant afin de se dégager de ses partenaires, Valtus afficha un visage marqué, digne des plus belles gueules de bois de l’Histoire. Frottant machinalement ses yeux et son front, il remarquait seulement la présence d’Ipas, son intendant qui venait de se racler la gorge légèrement pour attirer son attention. Debout à quelques pas du lit, le twi’lek s’inclina rapidement. Son visage affichait un sourire coutumier et tout dans sa posture ainsi que dans son attitude montrait une profonde sérénité. Il n’attendit pas que Valtus prenne la parole.

« Majesté. Ravi de vous voir en pleine forme ! J’espère que votre soirée et votre nuit vous ont été… profitable en vue de ce jour magnif... »

Il fut interrompu en pleine phrase.

« Tu parles trop… Tant de mots ! Pourquoi inflige tu cela à ton roi ?… de si bon matin… »

Du bout de ses doigts, Valtus dégagea la main baladeuse qui venait de se poser sur sa cuisse et finit par se lever de son lit. Ipas n’avait pas bougé et le fait de voir ainsi la nudité de son maître ne le dérangeait plus.

« Je vous demande pardon, Majesté. Cependant, la moitié de la matinée approche et les préparatifs sont encore nombreux avant la cérémonie de demain... »

« Doucement… s’il te plaît… doucement… Et pourquoi fait-il si froid ici ?! »

Tournant aussitôt la tête vers les baies vitrées, il eut immédiatement la réponse à sa question. Elles étaient grandes ouvertes, laissant ainsi le vent rafraîchir l’atmosphère luxurieuse qui pesait toujours. Valtus n’objecta pas plus et se contenta d’aller chercher un négligé pour se couvrir avant de se servir un verre d’eau fraîche. Les affaires des uns et des autres traînaient ici et là au milieu des bouteilles, des verres vides et des autres douceurs. La fraîcheur de l’eau se déversant dans son organisme avait un effet vivifiant chez le Sith qui semblait même redécouvrir que la Force était en lui. Machinalement, il se passa la main dans les cheveux pour les remettre sommairement en ordre tandis que son intendant lui énonçait un à un ses différents rendez-vous de la journée.

« En ce qui concerne l’audience avec votre cousin, quelle est votre décision sur le lieu où elle aura lieu ? Si je puis me permettre, étant donné son rang et ses qualités, la salle du trône semble tout indiquée... »

La somnolence matinale étant passée, Valtus était à présent en pleine capacité pour interagir avec Ipas.

« Il s’agit plus d’un entretien que d’une audience… La salle du trône est un endroit un peu trop officiel et visible pour une discussion qui se veut discrète. Je le recevrai ici, dans les appartements royaux. »

Le twi’lek prit bonne note et dans son esprit commençait déjà à s’organiser les différents préparatifs qu’il envisageait pour l’occasion. Il poursuivit jusqu’à aborder le dernier point.

« Enfin, Votre Majesté, j’ai été contacté par Dame Naliin. Elle réclame une nouvelle fois à cor et à cri votre présence pour finaliser, selon elle, les derniers ajustements pour votre costume. »

Un sourire amusé et teinté d’une certaine tendresse se dessina sur les lèvres de Valtus. Rares étaient ceux sur Sigil qui pouvaient se vanter de pouvoir « réclamer » pour ne pas dire exiger la présence du roi. En vérité, personne. Cependant, pour elle, Valtus consentait pour des raisons inexplicables à faire une exception. Une chose que ne semblait pas comprendre Ipas qui s’offusquait de cette demande au ton qu’il employait.

« C’est la quatrième fois, il me semble, non ? »

« La cinquième hélas, si Votre Majesté me permet. »

Valtus ne masqua pas son étonnement, il avait arrêté de compter tant les demandes pour des ajustements étaient nombreuses. Alors qu’il s’apprêtait à quitter la chambre de Vatlus, Ipas se stoppa un instant devant le lit et observa les « invités » de son maître.

« Que dois-je de ceux-là, Majesté ? »

«  Comment ? Oh... »

Le Sith parut presque surpris de retrouver son lit encore occupé par ses distractions, mais après un bref instant, il désigna l’homme aux cheveux longs.

« Celui-ci est libre de partir. Qu’on lui remette des vêtements propres et une juste rétribution pour la qualité de ses… talents… Que lui soit aussi proposé justement de mettre à nouveau ses talents à notre service de manière plus récurrente et plus officielle. J’insiste sur le fait que Quelle que soit sa réponse, il demeurera libre de partir… l’Égide veillera simplement à lui effacer la mémoire en cas de refus. »

« Et… pour... les autres ? »

Le ton hésitant d’Ipas n’était pas sans raison. Le visage de Valtus était devenu différent. Il était plus grave et empreint d’une certaine envie inhabituelle. Un visage que le twi’lek avait appris à reconnaître, c’est pourquoi il n’attendit pas de réponse et s’inclina avant de partir. Après avoir refermé les portes de la chambre, il s’assura grâce à son terminal personnel que le dispositif d’insonorisation était bien actif. Une fois l’antichambre passée et dès qu’il arriva dans le salon, il tira un comlink de sa poche, une plate-forme holographique miniature qui tenait dans le creux de sa main. Il s’activa et une lueur bleutée apparut, mais aucune image. La communication sécurisée avec l’Égide était cependant bien établie.

« Deux retraits à effectuer dans la chambre de Sa Majesté. »

Il n’y eut pour seule réponse qu’un signal sonore particulier et connu d’Ipas attestant de la bonne réception de la demande. Le comlink s’éteignant de lui-même, le twi’lek quitta les appartements de son maître comme si de rien n’était. Il n’avait jamais vu son maître procédé, mais il savait parfaitement le sort qui était réservé aux deux autres personnes qui avaient passé la nuit avec lui.

Il y avait des détails qui ne trompaient plus le twi’lek d’une certaine manière. Dès le retour de Phindar, il avait remarqué les traits tirés et marqués, la peau plus claire que d’habitude, mais surtout les tempes grises de son maître, autant de signes témoignant du tribut réclamé par le côté obscur en échange de sa puissance. Valtus avait trouvé un moyen, du temps où il était encore apprenti, de récupérer ailleurs ce qu’il consentait à donner au côté obscur. Ainsi, lorsque le moment se faisait sentir, l’Egide écumait les endroits les plus sordides, les plus pauvres et les plus délaissés de Sigil et faisait une sélection selon des critères définis par Valtus lui-même parmi les marginaux, les pauvres, les oubliés et les proscrits. Aucun des sélectionnés bien-sûr n’était informé sur le sort funeste qui leur était réservé. Les promesses étaient toutes aussi nombreuses et alléchantes que fallacieuses pour les pousser à accepter. S’adonner à la luxure avec ses victimes n’était cependant pas une habitude pour Valtus. Mais lorsque cela arrivait, les rares chanceux se voyaient proposer une vie confortable au palais en tant que concubin ou une concubine officielle du roi.  

Une heure plus tard, les appartements royaux totalement inoccupés étaient investis calmement et sereinement par un petit groupe d’agents de l’Egide. Ils se dirigèrent immédiatement dans la chambre de Valtus. Sur le lit se trouvait les corps sans vie de ses deux amants, entièrement crispés et semblables en tout point à des momies. La violence du processus qui les avait mis dans cet état fut tel que leurs traits de leur visage étaient figés d’effroi pour l’éternité. Après avoir désintégré les corps, les agents s’appliquèrent méticuleusement à effacer toutes les traces résiduelles et à remettre tout en ordre. Comme tout ce qui venait de se passer n’avait jamais eu lieu.




Darth Yrlion
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La Force et ma Loi - Chapitre II


Situés dans le quartier le plus huppé de la capitale, les ateliers de la Maison Vitiane brillaient leur sobriété tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de leurs murs. Gage de luxe, de raffinement et d’originalité, cette maison de haute couture devait tout aux talents de sa créatrice, Dame Naliin.

Passionnée à l’origine par les arts plastiques, la jeune Naliin Vitiane, née d’une famille de la haute bourgeoisie de Sigil, fit son entrée dans le monde de la mode lorsqu’elle commença ses apprentissages en tant que dessinatrice et ne le quitta plus jamais.

Elle se fit d’abord un nom sur Coruscant, là où se concentraient les plus grands talents et les Maisons de coutures les plus réputées. Se sentant néanmoins bridée dans son inspiration, elle décida de tout laisser tomber afin de parcourir la galaxie en quête de nouveautés. Bien que majoritairement concentré sur les mondes du Noyau et sur la Bordure médiane, le voyage de Naliin l’a conduit également à chercher l’inspiration dans la Bordure Extérieure.

Elle finit par revenir sur Sigil pour fonder sa propre maison afin de pouvoir ainsi laisser libre cours à ses envies créatrices. Ce fut un succès immédiat. Alliant raffinement, originalité et grand luxe, la Maison Vitiane s’attira rapidement les faveurs de ses clients issus des plus hautes strates de la société sigilienne. Cette renommée presque insolente finit par atteindre les oreilles du palais royal, bien avant que Valtus ne devienne roi. D’abord contactée pour des prestations ponctuelles, l’intendance finit par proposer un contrat d’exclusivité à Naliin ainsi qu’un titre de noblesse, Dame Naliin.

Comme à chaque fois, avant de procéder aux essais de ses créations, Dame Naliin s’isolait dans le salon d’essayage où il régnait un silence religieux. Face à elle se trouvait cinq portants sur lesquels se trouvait une des pièces du costume destiné au monarque de Sigil. Les fils et les différents points de taille que l’on pouvait voir indiquaient qu’aucune pièce n’était achevée. Elle passa en revue chacun des portants une première fois. Puis une deuxième. Puis une troisième fois, ne pouvant plus contenir l’agacement qui s’était emparé d’elle. Elle faillit tout renverser dans un geste de rage, mais elle réussit à se contenir au dernier moment en laissant échapper quelques larmes et un petit sanglot.

Un novice ou même un de ses pairs qualifierait son travail d’excellent comme toujours en voyant le costume qu’elle avait confectionné. Mais les yeux aguerris de Naliin voyaient parfaitement les imperfections, les erreurs de coupes et les fils mal tissés. Ses propres erreurs et ses propres maladresses en vérité. Alors que son regard se penchait sur ses mains fripées, on frappa à la porte. Elle sursauta.


« Quoi ?! Je ne veux être dérangée sous aucun prétexte ! Vous le savez pourtant ! »

Ce coup de sang spontané avait eut raison de son agacement et de ses doutes pour la faire redevenir elle-même.

« Mais… Dame Naliin… Il est là…»

Son coeur s’emballa légèrement sous l’effet de la panique.

« Comment ?! Oui ! Un instant ! »

Naliin se précipita sur le grand miroir qui se trouvait non loin de là. Les quelques larmes qu’elle avait versées précédemment avaient laissé des traces sur son maquillage poudré. Avec empressement, elle remédia à cela et alla elle-même ouvrir les portes du salon.

Comme à chaque fois lorsqu’il procédait à l’essayage de son costume, Valtus se tenait debout, bien droit et avec cette noble allure qui était la sienne, sur un piédestal conçu spécifiquement pour l’occasion. Il portait un sous-vêtement simple qui dissimulait seulement son intimité. Voir ainsi presque nu le monarque n’impressionnait nullement Naliin contrairement au jeune homme qui lui servait d’assistant pour l’occasion. Malgré la sobriété et la retenue de rigueur, ce dernier ne pouvait s’empêcher de laisser aller son regard ici et là sur le corps bien dessiné du Sith. Valtus s’en rendant parfaitement compte et il s’amusait même de cette situation.

Valtus enfila les différents éléments de son costume dans l’ordre précis indiqué par Naliin. Après quoi, le piédestal s'illumina afin de projeter en surbrillance sur le costume différents éléments techniques compréhensibles seulement par Naliin et son assistant. Lorsque les courbes et les coupes étaient conformes au patron, des lignes vertes apparaissent sur le tissu alors que des lignes rouges clignotaient dans le cas inverse. Les miroirs situés de toute part permettaient également à Valtus de voir tous ces détails.


« C’est un travail parfait… Une fois encore, Dame Naliin, votre réputation n’est plus à faire. »

L’intéressée rougie de satisfaction malgré sa propre insatisfaction toujours présente. Elle s’inclina respectueusement en guise de remerciement.

« Merci, Votre Majesté. Cependant, vos remerciements sont encore prématurés. Je vous enjoins à attendre que le travail soit totalement achevé ; si vous le voulez bien. »

« Vous êtes trop exigeante avec vous-même, Dame Naliin. Mais peut-on seulement vous le reprocher ? »

« C’est cette exigence, Majesté, qui m’a permis d’arriver là, je suis aujourd’hui. »

Elle demanda sèchement à son assistant de lui apporter un plateau de présentation sur lequel était disposée une dizaine de pierres précieuses. Elle le présenta à Valtus après s’en être saisi elle-même.

« Votre choix, Majesté, pour les pierres incrustées ? »

Son assistant ne put se retenir de tourner son regard étonné vers Naliin puis vers le sith. Valtus lui faisait preuve de plus de retenu en souriant et en répondant directement.

[color=red]« Les éclats d’onyx et de rubis seront parfaits, je pense. »[/colo]

Un choix que Valtus avait déjà fait lors du précédent essayage, la semaine passée, mais qui semblait avoir été oublié par Naliin. Un nouveau plateau avec différents tissus fut ensuite présenté au monarque. Là encore, Valtus fut invité à faire un choix.

« L’argenté mêlé de jade. Qu’en pensez-vous ? »

 « C’est un excellent choix, Majesté. À cette allure, je vais finir par vous demander vos avis pour chacune de mes nouvelles créations ! »

Ils échangèrent un sourire sincère, mais le regard de Valtus croisa à nouveau celui de l’assistant. Là encore, la même scène que la semaine passée était en train de se répéter. Ce n’était pas la première fois que Naliin était sujette à ces pertes de mémoire, mais personne n’osait en parler. L’idée même était inenvisageable.

Il fut alors demandé à Valtus de retirer son costume à l’exception du pantalon afin que Naliin puisse tracer virtuellement sur le tissu le liserait final. Le piédestal projeta à nouveau le patron correspondant en surbrillance. Pour réaliser le tracer, Naliin piquait virtuellement le tissu à l’aide d’un stylet. Elle commença d’abord par le bas du pantalon puis commença à remonter progressivement. Le geste était précis, assuré et suivait parfaitement le chemin tracé sur le patron. Des lignes rouges apparurent alors au niveau du genou. Naliin rectifia immédiatement et s’efforça de cacher au plus vite sa main tremblante. Cela fonctionna un bref instant, mais les tremblements reprirent une fois à mi-cuisse, au point de saturer le patron de lignes rouges. Son assistant prenait grand soin de ne pas intervenir et de rester en retrait, le regard désolé. Malgré les indications persistantes que son tracé était non conforme, Naliin persistait à vouloir terminer et se ressaisir, sans succès.

Les mains de Valtus se saisirent alors de celle de Naliin avec une douceur et prudence, calmant instantanément les tremblements. Elle baissa la tête, saisie par l’émotion de cette défaite qu’elle venait de subir contre elle-même et par l’humiliation d’exposer cette faiblesse qu’elle n’acceptait pas. Son hygiène de vie avait été exemplaire en tout point, mais maintenant que son âge était de loin supérieur à ceux additionnés de Valtus et de son assistant, Naliin devait se rendre à l’évidence. Elle déclinait.

Valtus éprouvait sincèrement une forme d’affection pour cette femme qui l’avait habillé déjà lorsqu’il était enfant, puis lors de son couronnement après avoir repris le trône à l’Usurpateur. Cette vulnérabilité soudaine qui affligeait son aînée ne servirait pas le Côté obscur, il le refusait. Bien qu’étant Sith, Valtus portait sur Naliin le regard de la compassion et de l’indulgence.


« Savez-vous ce qui se dit de vous à la Cour, Dame Naliin ? »

Elle releva doucement la tête. Elle était saisie par l’émotion au plus profond d’elle, car à cet instant, de son point de vue, ce n’était pas le regard d’un roi qui croisait le sien, mais celui d’un petit garçon cherchant à transmettre son affection.

« Je suppose que l’on dit toutes sortes de choses, Majesté. »

« Une chose cependant a retenu mon attention. Vous savez que je n’ai pas d’épouse. Sigil n’a donc pas officiellement de Reine… mais d’aucun considère que cette Reine existe officieusement. »

A cet instant, le regard de Naliin exprimait l’incompréhension.

« Par votre vie, votre travail, votre dévotion envers la Couronne et l’amour que vous portez à notre monde, vous avez démontré à votre niveau toutes les qualités que l’on attend d’une Reine.

Ce costume est magnifique, Dame Naliin. Ce sera un très grand honneur pour moi de le porter, ainsi que toutes les créations qui suivront. »


Malgré l’émotion réelle qui était en train de la submerger, Naliin tenait à garder cette dignité qui lui était propre et qui lui interdisait de se laisser aller aux larmes. Valtus lui libéra doucement les mains tout en lui parlant.

« Et si nous finissions le travail ? »

Valtus avait ponctué sa phrase par un « Votre Majesté » alors qu’il regardait Naliin dans les yeux. Elle se ressaisit alors promptement et afficha à nouveau cet air assuré et passionné qu’elle avait auparavant. Sa main se mit à nouveau à trembler. Son assistant fit un pas hésitant en avant afin de lui venir en aide, mais il se ravisa lorsque son regard croisa celui réprobateur de Naliin. La scène n’échappa pas à Valtus.

« Dame Naliin ? Acceptez-vous que je vous confie un secret ? D’un monarque à un autre ? »

« C’est à présent moi qui suis honorée, Majesté. Oui, bien sûr. »

« Les souverains remarquables cultivent et possèdent tous une qualité. celle qui les distinguent de tous les autres. Ils savent quand prendre les choses en main personnellement et quand il est préférable de… déléguer à leurs fidèles serviteurs.

Et je pense ne pas me tromper en disant que la fidélité de votre assistant n’est pas à mettre en doute, n'est-ce pas ? »


Naliin avait compris son propos.

« Non… Votre Majesté. C’est mon assistant le plus fidèle… »

C’est avec la mine honteuse, mais volontaire, que Naliin confia le stylet à son assistant qui commença immédiatement le travail sous le regard attentif de son mentor.



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La Force et ma Loi - Chapitre III


Le fauteuil-confident sur lequel ils étaient assis séparait Valtus et Balt d’un mètre à peine. L’un tenait dans sa main un verre d’alcool millésimé provenant des meilleurs vignobles de la planète. Le verre de l’autre contenait la même chose, mais il était posé sur le côté à l’endroit prévu à cet effet, les mains de Balt étant occupée à tenir un datapad qu’il lisait avec attention. Valtus appréciait d’utiliser ce fauteuil particulier qui créait une proximité intimidante et propice à la discrétion lorsqu’il devait parler de sujets sérieux. Cependant, il avait parfaitement conscience que son cousin n’était en aucune façon intimidé.

Portant son verre à ses lèvres, Valtus observait avec attention les réactions de son cousin et se laissait aller aux pensées futiles. Comme il semblait loin, le garçon ventripotent, trop gâté et tyrannique qui le martyrisait quand il était enfant. Leurs deux maisons étaient rivales depuis des générations. Le père de Balt avait conspiré avec l’Usurpateur pour prendre le pouvoir, il avait assassiné ses parents et son frère de ses mains. Valtus aurait pu exercer sa vengeance légitime et tuer Balt pour les crimes de son père… mais il n’avait pas oublié que le jour de l’assassinat, son cousin avait tenté de le prévenir à sa manière de ce qui allait se passer. Cette minute, au cours de laquelle il l’avait assommé de propos confus et empêché de rejoindre le trône, lui avait sauvé la vie.

La trahison de son père ne profita pas à Balt qui vécu presque toute sa vie reclus en tant qu’otage de l’Usurpateur, dans une résidence surveillée avec une simple chambre pour espace personnel. L’Usurpateur ne lui laissait de liberté que pour l’accompagner et faire acte de présence aux grandes manifestations, pour des dîners ou encore pour des exécutions publiques.

De cette haine mutuelle que tous les deux éprouvaient envers l’Usurpateur était née une alliance qui perdurait encore aujourd’hui.

Pour la première fois depuis de longues minutes, Balt pris une légère inspiration et se détourna un instant de sa lecture pour prendre une gorgée de vin.


- Les preuves sont accablantes, c’est indéniable.

Valtus sourit de satisfaction lorsqu’il entendit son cousin prononcer ses mots. Le datapad que son cousin était en train de lire compilait les données récoltées sur Phindar et qui mettaient en évidence l’implication de la duchesse Vadic et de ses proches dans le complot organisé par Darth Therliss.

- Nous sommes d’accord. Puisque la trahison de Vadic est évidente, sa condamnation par le Synode le sera tout autant. Je compte sur toi pour que cela soit réglé avant la fin de cette journée, afin que le nécessaire puisse être fait de mon côté.

Même après avoir tué l’Usurpateur, reprendre la couronne n’était acquis pour Valtus. La tyrannie dont avait fait preuve sa mère envers eux était encore tenace. L’Usurpateur et la maison Teneb les avaient pris de court, mais tôt ou tard les autres maisons se seraient rebellées contre celle de Valtus. Outre l’aspect économique, le partage du pouvoir était un des points abordés lors des négociations menées par Balt pour faire reconnaître Valtus comme roi légitime. Il fut donc décidé la création d’un Conseil réunissant les Grandes maisons nobles de Sigil avec lequel Valtus “collaborerait” sur les grandes questions à prendre concernant les intérêts de Sigil. Le Synode, présidé non pas par le roi mais par un de ses membres qui porterait le titre d’Archonte. Dans les faits, ce partage était très inégal et limité à des domaines régaliens bien précis. Que l’avis du Synode soit obligatoire ou facultatif à aucun moment, il n’était contraignant pour Valtus, qui restait libre d’agir comme bon lui semble. Seuls deux domaines faisaient figurent d’exception à cela. Le premier domaine concernait la succession de la Couronne et le second la “Haute justice”, autrement dit la justice d’exception réservée aux nobles. Dans ces deux cas seulement, Valtus ne pouvait rien décider sans l’accord du Synode. Un noble, de surcroît lorsqu’il s'agissait du chef d’une des Grandes maisons, ne pouvait être condamné que par décisions de ses pairs.

Balt regarda longuement son cousin. En tant qu’Archonte, c’est à lui que revenait la mise en accusation de Vadic et l’organisation des débats… mais aussi officieusement de s’assurer que la bonne décision serait prise. Il but son verre d’un seul trait avant de le poser. C’était inhabituel et Valtus l’avait bien remarqué.


- Qu’y a-t-il ?

- La maison Tahlyyn est une des plus anciennes de Sigil. Les preuves sont là, c'est un fait, mais les autres grandes maisons ne condamneront pas, ou seulement de manière symbolique, un des leurs sans contrepartie ?

- Sans contrepartie ?... Balt, dis-moi que c’est une blague ! Tu te fous de moi ! Dis-moi que tu te fous de moi ! Vadic a conspiré pour me tuer ! C’est de la haute trahison ! Quelle contrepartie peut-on exiger face à l’indéfendable et l’évidence ?!

Balt sentait l’atmosphère toute proche se refroidir soudainement, comme si la chaleur autour d’eux fuyait ou était chassée par une force supérieure. Les yeux de Valtus avaient changé de couleur. C’était la première fois que Balt assistait à ce changement d’état chez son cousin et qu’il sentait le Côté obscur si fort et si proche. L’aura de Valtus irradiait une obscurité si sombre et froide qu’elle provoquait presque une sensation de brûlure sur la peau de Balt. Il avait anticipé cette réaction de la part de Valtus, ce qui lui permettait de conserver son sang-froid.

L’idée même que les nobles puissent tenter de tirer profit de la traitrise de Vadic et Therliss ainsi que de “comploter” eux-mêmes dans ce but attisait la colère de Valtus, provoquant un réveil du Côté obscur qui déjà manifestait sa faim. Il se sentait entouré de traitres et de conspirateurs.


- Depuis ce qui s’est passé sur Nar Shaddaa, les Grandes maisons parlent… Cet attentat à dévoiler une faille, une faiblesse que le Synode ne peut, légitimement, laisser perdurer.

- Réponds à ma question…

- C’est ce que je fais…

Le ton était bas, mais la tension, elle, grimpait en flèche. Valtus et Balt continuèrent de se regarder et même à se jauger avant que Balt ne reprenne la parole.

- Que se serait-il passé si l’attentat te visant avait réussi ? Tu n’as toujours pas d’héritier, Valtus.

- Je ne doute pas que les Grandes maisons auraient déjà trouvé un successeur au trône… D’ailleurs, en y pensant, c’est intéressant que le sujet soit abordé. Vadic serait tout indiquée pour monter sur le trône à ma place… De même, ta famille est aussi une des plus anciennes du royaume… Tu auras tout autant de légitimité pour me remplacer… Cette idée ne t’a jamais traversé l’esprit, mon cousin ?

Ce fut au tour de Balt de voir son aura s’assombrir. Bien que formulée de manière abstraite et indirecte, Balt comprenait l’insinuation très déplaisante de son cousin.

- Tu oses mettre en doute ma loyauté et mon honneur ?!

Malgré son orgueil et la soif grandissante du Côté obscur, Valtus reconnu en lui-même qu’il devait reculer et ne pas s’engager sur le terrain de la traitrise à l’endroit de Balt. Prenant une profonde inspiration intérieure, Valtus ferma une fraction de seconde les yeux et en les rouvrant, ils retrouvèrent rapidement leur état d’origine.

- J’émets des hypothèses… qui vise à comprendre comment et pourquoi les grandes maisons refuseraient l’évidence.

La tension était légèrement redescendue, mais elle restait cependant toujours élevée.

- Tu es sur le trône depuis plusieurs années déjà. À période de règne égal, tes prédécesseurs avaient déjà au moins deux héritiers pour leur succéder. Cette absence de descendance est une source de doute et d’instabilité qui menace le trône et le royaume. C’est ton devoir en tant que souverain de tout faire pour assurer la continuité et la stabilité de notre royaume.

Valtus se leva brusquement tant les propos de Balt lui rappelait combien ce dernier avait simplement raison. Il avait repoussé à chaque fois la question d’un mariage et d’un héritier pour des raisons inconnues de tous, mais pas de Valtus. Il commença à faire les cents pas de son côté du fauteuil avec impatience

- Ne crois-tu pas, après toutes ses années, que je sais parfaitement qu’elle est ma responsabilité envers Sigil ?!

- J’en suis parfaitement conscient, Valtus. Ce que je pense n’a pas d’importance en l’occurrence. Je préside le Synode en ton nom, je ne suis que sa voix et je ne fais que te rapporter les inquiétudes des grandes maisons.

- Au contraire, Balt, ce que tu penses est essentiel ! Je t’ai choisi, car à l'époque, toi et moi, nous avions le même avis, la même vision pour Sigil et nous parlions d’une même voix. Si je ne peux pas avoir confiance en toi, si tu n’es pas capable d’obtenir des Grandes maisons ce que j’attends d’elles, alors à quoi cela me sert que tu sois leur président ?!

- Oui, leur président ! Pas leur maître, ni leur général ! Nous parlons du Synode, Valtus, nous parlons de politique ! Les Grandes maisons ne sont pas aussi dociles et ne se laissent pas diriger avec autant de facilité qu’un régiment ou qu’un groupe d’acolytes !

La discussion s’envenimait à nouveau. L’un comme l’autre s’exaspérait des réponses qui étaient données.

- Valtus, je ne suis pas ton ennemi dans cette affaire et contrairement à ce que tu sembles t’obstiner à penser, je n’ai absolument pas envie que les Grandes maisons gagnent ce bras de fer qu’elles veulent t'imposer. Mais, sur ce point, elles ont raison !

- Raison ?! La naissance de mon frère et la mienne ont-elles empêché le complot de ton père, le Coup d’Etat de l’Usurpateur ? Le massacre de ma famille ?

Balt ne répondit rien. Valtus n’avait pas tort sur ce point.

- Pourquoi l’idée d’un mariage et d’un héritier te rebute tant ? Ce n’est que de la politique, Valtus. On ne te demande pas d’aimer, ni même de toucher ton épouse… seulement de faire en sorte que ton héritage soit assuré, pour le bien du royaume.

Valtus faisait toujours les cents pas, mais ralenti soudainement l’allure. Pour lui, les causes de refus que venait d’avancer son cousin était hors de propos. Son refus ne venait pas de là…

- Toi qui te dis être la voix des Grandes maisons… Que demanderaient-elles en échange d’une condamnation exemplaire et sans appel de Vadic ?

Balt ne releva pas la provocation lancée à nouveau par son cousin à son encontre.

- Elles n’ont rien formulé pour le moment… Mais, le plus probable serait de te proposer de te marier avec l’héritière en titre de la Maison Arkys.

- C’est hors de question ! Les Arkys et les Tahlyyn soutenaient l’Usurpateur, me marier avec eux se serait comme effacer tout ce qu’ils ont fait et tout ce qu’ils nous ont fait endurer pendant toutes ses années !

- Mais cela, tu l’as déjà fait, Valtus, en signant leur accordant et en signant l’Acte de pardon en échange de ton couronnement. Tout ce qui a été fait sous le règne de l’Usurpateur ne peut plus leur être reproché.

Valtus s’apprêtait à répondre aussitôt, mais Balt, qui avait deviné sa réponse, lui coupa l’herbe sous le pied en enchaînant directement.

- Revenir sur ce Pardon reviendrait à déclarer la guerre aux Grandes maisons et plongerait Sigil dans une guerre civile aussi funeste qu’inutile… ⁣

Valtus ne releva pas. Cette idée lui avait traversé l’esprit l’espace d’un instant avant d’être aussitôt balayé par une autre qui accaparait à présent toute son attention. Il se stoppa définitivement et se tourna vers Balt.

- Tu affirmes que les Grandes maisons n’ont en tête que la stabilité et la pérennité de notre royaume ? C’est bien leur seul et unique intérêt ?

- Oui. Les rivalités d’autre fois sont toujours tenaces. Sans héritier pour te succéder, la guerre pour le trône commencerait dans l’heure qui suit ta disparition. Jadis, ta famille a été choisie pour régner, entre autres pour sa relative neutralité vis-à-vis des conflits qui opposaient les autres grandes maisons. Une guerre de succession n’est dans l’intérêt de personne, d’autant plus qu’à présent Sigil fait partie de l’Empire.

Si une guerre civile éclatait sur Sigil, l’Empire enverrait sans nul doute des troupes pour rétablir l’ordre et en profiter pour administrer directement la planète. Même en étant de fervents soutiens à l’Empire Sith, les sigiliens restaient des patriotes fidèles à eux-mêmes et à leur royaume. L’idée même que Sigil puisse être dirigée par un étranger était impensable et répugnant à leurs yeux.

- Mais dans ce cas, l’idée même d’un mariage vient à l’encontre de cette stabilité tant souhaitée et souhaitable, non ? En me mariant avec Scillia Arkys, je m’allie à cette famille et par conséquent, je romps la neutralité qui justifie encore aujourd’hui que je sois sur le trône.

Balt suivait avec attention le raisonnement de son cousin. Pour le moment, ces propos semblaient logiques de son point de vue, il n’avait pas envisagé les choses sous cet angle, mais le problème soulevé restait toujours entier.

- La solution est simple. Pour que cette neutralité reste totale et gage de la stabilité politique de Sigil, le trône ne doit être transmis qu’à un membre de la famille Arann, un sang pur qui n’aura pas été mélangé à celui d’une autre grande famille.

- Un mariage consanguin ? Tu es le dernier Arann encore en vie, Valtus, et à ce que je sache, il n’y a personne d’autres, de près ou de loin, qui peut prétendre avoir du sang de Arann dans les veines depuis la purge de l’Usurpateur. Alors à moins que tu ne sois capable de te reproduire seul, je ne vois pas comment cette idée pourrait être la solution.

Durant son règne, L’Usurpateur s’était en effet appliqué à éliminer tous ceux qui étaient de la famille de Valtus, des ascendants aux descendants, même éloignés.

- Précisément ! Je suis le seul et unique, le seul Sith de la lignée des Arann encore en vie… Engendrer un enfant impliquerait inévitablement une dégradation progressive de la pureté du sang de ma famille. Cela pourrait même altérer notre affinité avec la Force, au fil des générations…

Pour que cette pureté perdure, le trône doit donc être occupé perpétuellement par une seule et unique personne…


Balt se maîtrisa pour ne pas rire sur le moment. Il crut d’abord à une blague, mais il constata rapidement avec quel sérieux et avec quel aplomb Valtus le regardait.

- Cher cousin, je ne sais pas à quels enseignements tu as eu accès, mais personne dans cet univers n’est immortel ! Même toi, si puissant que tu es, tu finiras par mourir un jour… comme nous tous.

Valtus sourit.

- Effectivement… Mais, il se pourrait néanmoins qu’il existe un moyen de contourner cette fatalité, quelque part.

- Vraiment ?

Valtus prit la bouteille de grand cru qu’ils avaient entamé au début de leur entrevue et remplie son verre avant de se déplacer vers Balt, afin de remplir également son verre à nouveau.

- Lors d’une mission pour mon maître, j’ai découvert l’existence d’un monde située dans la Bordure extérieure, relativement isolé, non loin d’un amas d’étoiles connu sous le nom de “Dédale de Rishi”... As-tu déjà entendu parler de Kamino ?

Balt répondu par la négative tout en observant Valtus reprendre place dans son fauteuil.

- Puisque le Synode est inquiet, voilà de quoi le rassurer. Je m’engage à faire une proposition visant à régler définitivement la question de la succession dans les six prochains moins. Si Kamino répond à mes attentes, je peux t’assurer, Balt et tu pourras le transmettre aux autres Grands maisons, que plus jamais la succession au trône ne sera affaire de conflit sur Sigil.

En échange de quoi, je veux que Vadic soit reconnue coupable de haute trahison et condamnée à mort. J’exige de pouvoir me charger moi-même de la sentence et décider des éventuelles représailles sur les membres de sa famille, comme l’exige la Loi de Sigil.


- Les Grandes maisons trouveront que tu en demandes beaucoup et que tu offres peu. Le Synode demandera plus qu’une simple promesse et demandera plus de détails.

- Pourtant, il ne saura rien d’autre pour le moment. Et, s'il considère que ce que je propose n’est pas satisfaisant, alors je ferais sans lui…

- Valtus, en faisant cela, tu entrerais en guerre ouverte avec les Grandes maisons… Même moi, je ne pourrais pas te suivre si tu t’engages dans cette voie.

Valtus pencha alors vers l’avant et approcha ses lèvres de l’oreille de son cousin afin de pouvoir lui parler en chuchotant.

- Ce n’est pas mon intention, Balt. C’est pourquoi tu vas devoir redoubler d’effort pour les convaincre…

Prends en compte ceci, cher cousin, si je trouve ce que je cherche sur Kamino alors, il se pourrait… je dis bien, il se pourrait… que le Synode et les Grandes maisons ne soient plus essentiels à la stabilité et au bon fonctionnement du royaume.


Balt lui jeta un regard noir et surpris que Valtus ne vit pas, mais qu’il perçut à travers la Force..

- Ce n’est pas une menace, Balt… Tout comme le Synode a à cœur l’avenir de Sigil, j’ai à cœur sa coopération et de pouvoir enfin avoir la peau de Vadic… dans l’intérêt de Sigil.

- Je comprends…

Valtus retrouva sa position initiale. Balt et lui échangèrent à nouveau un regard tout en finissant leur verre… et n’ajoutèrent rien à ce qui venait d’être dit. Malgré les années qui passaient, Balt remarquait à quel point Valtus avait su s’approprier son rôle de monarque et à quel point ce dernier avait exacerbé ses qualités et ses défauts. Il n’était plus le jeune prince naïf qu’il martyrisait, il n’était plus l’apprenti avide de vengeance… il était roi.



Darth Yrlion
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La Force et ma Loi - Chapitre IV


Le ciel au-dessus de la capitale de Sigil était étonnement calme et libéré. La circulation aérienne, d’ordinaire dense et comparable à celle de Coruscant, était volontairement réduite au minimum, ne laissant l’autorisation qu’aux cargos et speeders ayant reçu une autorisation. Les abords de Nomë Alcar, la Place de la Gloire, étaient même totalement dégagés. Une sereine agitation s’était emparée de cet endroit comme dans toute la mégalopole. Des centaines de serviteurs, employés et droïds en tout genre s’affairaient afin de s’assurer que tout soit prêt pour les festivités du jour.

Les studios de Qenta-Palantiri étaient en ébullition pour l’évènement. La tête inclinée vers l’arrière, Otys Darthem laissait les poils doux et soyeux du pinceau de maquillage colorer ses joues ébène de fard. Le turquoise était la couleur parfaite pour rehausser son teint naturellement sombre et se coordonnait à ravir avec le bleu profond de ses yeux. Un mascara pourpre avait été appliqué sur le contour de ses yeux afin d’apporter plus de profondeur et de gaieté à son regard. Sa chevelure lisse et violacé, mêlant des reflets argentés, terminait d'embellir au mieux le présentateur vedette de l’holonet de Sigil. Le droïd-assistant qui finissait d’ajuster sa cravate lui annonça l’approche du Direct.


- L’édition spéciale commence dans une minute et trente secondes, monsieur.

L’esprit de Darthem se projetait déjà sur la suite, sur sa prestation et le déroulement de son émission. Un dernier ajustement à la manche gauche et Otys gagna rapidement la scène. La pression qu’il ressentait venait d’atteindre son zénith, comme à l’accoutumé, mais il y était habitué et elle était même devenue familière, comme une partie de lui-même.

//En ligne dans trois… deux… un...//

Le logo de l’émission d’Otys apparut aussitôt sur l’holonet, accompagné par une musique à la fois entrainante et dramatique. Dans le studio, une voix-off annonçait le début de l’émission et s’enthousiasmait pour son présentateur. Le même témoin lumineux s’activa aussitôt sur chacune des holo-cam et les projecteurs s’orientèrent tous sur Otys qui arborait son plus beau profil et son si célèbre sourire.

- BIENVENUE À TOUS ! Loyaux et fidèles sujets de Sigil, Citoyennes et citoyens de l’Empire, soyez les bienvenus pour cette nouvelle célébration du Triomphe ! BIENVENUE À TOUS !!

Bien que totalement seul dans le studio d’enregistrement, l’holonet diffusait des images d’une foule nombreuse et enthousiaste qui assénait Otys de copieux applaudissements.

- Vous êtes ici chez vous ! Installez-vous confortablement, car vous le savez et je ne cesserai jamais de le dire, ici, dans cette émission, nous sommes tous… en famille ! Ensemble, durant toute cette formidable journée, nous allons suivre en direct les festivités et même pouvoir y participer comme si nous étions grâce à la diffusion inédite en holo-augmentation, que seule Qenta-Palantiri propose !

Darthem énuméra ensuite le programme de son émission et de la journée avec allant, ses propos étaient à chaque fois illustrés par la diffusion de vidéos de direct de différents endroits de Sigil, essentiellement de la capitale et du Palais royal où la barge d’apparat était volontairement mise en évidence sur la piste d’envol, prête à décoller une fois le roi à bord.

La Place de la Gloire, longue de plus de deux kilomètres et large de presque cinq cents mètres, se remplissait peu à peu. Son agencement avait été pensé spécialement pour les grands rassemblements propices aux célébrations et aux évènements importants. Les gradins et autres tribunes qui avaient été installées pour l’occasion s’inséraient parfaitement dans le décor général, majestueux et artistique, et ajoutait à son harmonie architecturale parfaite. En tout et pour tout, quatre-vingt-dix mille personnes pouvaient ainsi être présentes. Le long de ses allées flottait plusieurs écrans semblables à des drapeaux affichant par intermittence les couleurs de Sigil et de l’Empire. Afin de faire patienter les spectateurs, d’autres écrans, plus grands, ainsi que des projecteurs holographiques, retransmettaient en images différents endroits de la planète où les festivités s’organisaient aussi.

Plus d’une heure après de début de l’émission, l’image d’Otys réapparut enfin, seule sa voix en fond sonore se faisait entendre en commentaire.


- À vous qui venez peut-être de nous rejoindre… sachez que vous arrivez au bon moment ! Car on vient de me prévenir que la rampe d’embarquement de la barge royale vient de s’abaisser et… Oh !!  

Spoiler:

Les portes du Palais royal venaient de s’ouvrir, laissant les gardes royaux sortir deux par deux à une allure normale. Tous arboraient leur tenue d’apparat, qui ne changeait pas trop de la tenue ordinaire en vérité, cape et lacets blancs étaient présents là où il n’y en avait pas d’ordinaire. Dans un mouvement parfaitement coordonné, les gardes s’écartèrent pour former une haie d’honneur en brandissant fièrement la lame or de leur sabre-laser en l’honneur du dernier à franchir les portes. Valtus. Son costume était simple et sobre d’apparence, pantalon et veste longue noir parfaitement ajustés à ses courbes athlétiques, chaussures hautes en cuir noir en constituait les éléments centraux. Un grand collier en électrum auquel était suspendu un médaillon en argent frappé des armoiries de sa famille était attaché de part et d’autre de ses épaules. Sa couronne d’or et d’argent posée sur sa tête parachevait de lui donner cette allure royale qu’il affichait, avec ses cristaux Sigil rutilants incrustés sur l’avant.

Une fois Valtus à l’intérieur de son transport, les gardes royaux fermèrent la haie d’honneur et se dispersèrent. La moitié d’entre eux regagnèrent le palais tandis que l’autre moitié accompagnèrent le souverain.


- Le roi ! Chers spectateurs ! C’est bien lui qui vient de se mettre en route pour rejoindre Nomë Alcar afin de lancer officiellement le début des festivités !

Le roi Valtus de la Maison Araan, notre plus grand et plus aimé souverain ! Rappelons pour nos visiteurs extra-sigiliens que Sigil fête aujourd’hui en réalité la victoire du roi Valtus face à l’Usurpateur et la reprise de sa place légitime sur le trône ! Mettant ainsi fin à presque deux décades de tyrannie et de terreur ! Vive le roi !!!

Cette année, le roi Valtus a voulu néanmoins ajouter un sens tout à fait spécial à la célébration du Triomphe puisque nous fêtons également la fin de la guerre civile impériale et l’intégration pleine et entière de notre royaume à l’Empire !!


Le transport de Valtus volait tranquillement le long des immenses tours de verres et de permabéton qui séparaient le palais royal de la Place de la Gloire. Il mettrait moins d’une dizaine de minutes en vérité pour arriver à destination. Les terrasses panoramiques alentours grouillaient de personnes venues saluer le roi sur son passage et qui brandissaient pour certains des drapeaux aux couleurs de Sigil et pour d’autres des drapeaux avec l’emblème impérial.

Toute la structure de Nomë Alcar fut ébranlée par les acclamations et les vivats lorsque Valtus descendit la rampe d’accès de son vaisseau. Il se pliait volontiers au jeu de la représentation en saluant dignement et chaleureusement la foule autour de lui tout en se dirigeant à bonne allure vers la tribune officielle. Son visage et sa silhouette étaient sur tous les écrans tandis que l’hymne de Sigil raisonnait dans l’air.

Lorsqu’il commença à monter les marches menant à son trône, des flammes vertes commencèrent à consumer son costume dans son ensemble, à la plus grande stupéfaction de tous, sauf de Valtus. À mesure que le tissu noir se consumait, un autre de couleur blanche et argent prenait sa place, faisant ainsi apparaître des broderies de jades et les pierres précieuses incrustées sur les manches. La foule et Otys étaient à deux doigts de sombrer dans la démence tant l’effet était spectaculaire, saisissant, réussi.

Devant son trône, Valtus resta un long moment à savourer l’instant et à saluer ses sujets, ses invités et les représentants des Grandes familles nobles qui, une à une, se présentèrent pour lui rendre hommage et présenter leur respect…

_________________________________________

Plus tard dans la soirée — Palais royal de Sigil

Le Triomphe se terminait traditionnellement par une grande réception au Palais royal à laquelle était conviée toute la noblesse et les plus grands notables de Sigil. Si l’atmosphère était à la fête et que les danses s’enchainaient au rythme du grand orchestre symphonique, ce genre de cérémonie servait aux uns et aux autres à se rencontrer, épier et commenter sans la moindre gêne. Toutes fois, tout cela cessait et chacun retrouvait la retenue nécessaire en présence du roi.

Un verre ouvragé rempli de vin millésimé à la main, Valtus était en grande conversation avec l’ambassadeur impérial et représentant personnel de l’Impératrice, Darth Rabann.


-... bien sûr, tous ces détails seront réglés en tant voulu, seigneur Yrlion. À titre personnel, je me réjouis qu’un véritable Sith comme vous rejoigne la Citadelle impériale. Tout Dromund Kaas vous attends avec impatience et a hâte de vous voir à l’œuvre… pour le bien de l’Empire.

- Pour le bien de l’Empire. Vous m’honorez, seigneur Rabann. Assurez la Dame Noire de mon dévouement et de ma totale loyauté.

Les deux Siths levèrent leur verre et trinquèrent. La discussion allait se poursuivre, mais l’intendant de Valtus, s’approcha pour lui glisser quelques mots au creux de l’oreille. Il ne laissa transparaître aucune émotion positive ou négative jusqu’à ce qu’Ipas ait terminé. Rabann cru alors apercevoir un discret sourire sur les lèvres de son coreligionnaire.

- Veuillez m’excuser, seigneur Rabann, mais je vais devoir vous abandonner pendant un temps… Vous êtes notre invité d’honneur, quoi que vous ayez besoin, adressez-vous à Ipas, mon fidèle intendant ici présent. Il s’appliquera à vous servir autant que s’il s’agissait de moi.

Le twi’lek s’inclina alors avec respect, d’abord devant Valtus puis devant Rabann, qui lui adressa un regard méprisant à peine dissimulé. Le rapport des impériaux à l’esclavage était toujours aussi particulier. Ipas n’en fit rien, il y était habitué, mais même s’il était officiellement esclave au servi de Valtus, il ne se sentait pas traité comme tel par son maître, et il ne changerait sa place pour rien dans la galaxie.

Valtus s’éloigna alors en finissant rapidement son verre qu’il déposa sur un plateau mis à disposition par un droïd-serveur. Quittant la salle de réception, il prit la direction des jardins, escorté par deux gardes royaux.



Darth Yrlion
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La Force et ma Loi - Chapitre V


Domaine arboricole et botanique — Palais royal de Sigil

S’étendant sur plusieurs milliers d’hectares, le domaine était un agencement harmonieux de jardins aménagés, de bois entretenus, de vergers et de champs colorés accueillant une formidable variété d’oiseaux et autres animaux. Ici, bien que présent, le Côté obscur n’était pas suffisamment fort pour que sa corruption ait un effet sur l’environnement alentour. Que ce soit la faune ou la flore, tout restait paisible et joli.

Vadic, duchesse et matriarche de la Maison Tahlyyn, arpentait ces allées en pierres de taille pour la seconde fois. La première étant lors du règne de l’Usurpateur, lorsque ce dernier avait organisé une grande chasse pour honorer les maisons qui l’avaient soutenue lors de son Coup d’État. Cette fois, l’enthousiasme n’y était pas. Pourtant, l’endroit était encore plus beau de nuit que de jour. Les espèces végétales fluorescentes offraient une fresque colorée originale et spectaculaire qui ne pouvait laisser insensible. Ce manque d’enthousiasme était peut-être dû à la multitude des gardes royaux présents aux endroits stratégiques des jardins, délimitant ainsi un périmètre au-delà duquel il était interdit d’entrer et de sortir. Il était aussi probablement dû au fait que Vadic avait appris que le Synode s’était réuni en séance extra-ordinaire, sans qu’elle y soit conviée, alors qu’elle possède un siège et un droit de vote. Il était ensuite possible qu’il soit dû au fait qu’elle avait été informé en début de soirée que son intendant avait été arrêté par un détachement de l’Égide alors qu’elle était en route vers la réception. Enfin, certainement que ce manque d’enthousiasme et l’inquiétude qui montait en elle, était dû au fait que c’est la capitaine de la Garde royale en personne qui l’avait convié à accepter “l’invitation” du roi à le rejoindre dans les jardins, sans délais.

Valtus se tenait justement debout, fier et tranquille, au début d’une grande allée qui reliait l’aile droite du palais à une vaste roseraie aménagée plus loin à cinq cents mètres. Malgré l’appréhension légitime, Vadic s’efforçait de garder son sang froid et de paraître telle qu’elle l’avait toujours été. Fière, imperturbable et assurée dans sa robe de soirée de haute couture. Elle s’approcha alors de Valtus avec un pas ferme et assuré. Afin de marquer son assurance, Vadic voulu prendre en premier la parole, mais Valtus lui coupa l’herbe sous le pied en parlant en premier. Il se tourna vers elle et lui adressa un regard agréable.


- Dame Vadic, je vous remercie d’avoir accepté si rapidement mon invitation. La fête et toutes ses mondanités finissent toujours par me lasser… aussi, j'avais besoin de prendre un peu l’air. Voulez-vous m’accompagner jusqu’à la roseraie ? À ce que l’on m’a dit, nos jardiniers ont planté une nouvelle variété de roses qui changent de couleur à mesure que la nuit passe. Voulez-vous bien m’accompagner pour voir cela ?

Ce n’est qu’après avoir observé les gardes proches que Vadic se sentit finalement obligé de répondre par l’affirmative. Elle connaissait Valtus et savait que ses excès d’amabilité étaient un préambule à quelque chose de beaucoup moins agréable.

Sous le regard masqué et statique des gardes royaux, les deux aristocrates commencèrent à marcher le long de l’allée.


- Je sais que nous ne sommes pas d’accord sur ma manière de gouverner et sur les orientations que je prends pour notre monde. Mais aussi sur le fait même que j’occupe le trône… que vous avez et convoitez toujours.

On ne pourrait vous en vouloir d’avoir cherché à comploter contre moi pour m’évincer et prendre ma place.


Vadic ralenti soudainement l’allure. Elle comprenait enfin la raison de toute cette mise en scène… Se rendant compte du trouble en elle, Valtus s’arrêta un instant et d’un geste l’invita à poursuivre la marche.

- N’ayez crainte, ma chère, vous ne mourrez pas ce soir, ni demain d’ailleurs. Vous me considérez comme un tyran et pourtant, voyez… je me plie à la décision de vos pairs qui ont décidé d’épargner votre vie en dépit de votre trahison.

Pour le moment, Vadic n’avait rien dit du tout, soit parce que Valtus ne lui en laissait pas l’occasion, soit parce qu’elle ne savait pas encore que dire. Pour le moment, son esprit s’acharnait à comprendre comment Valtus avait fait pour découvrir son implication.

- C’est vous le traître…

Ce fut au tour de Valtus de ralentir l’allure. Il ne tourna pas son regard vers Vadic mais l’interpellation avait piqué sa curiosité.

- Intéressant… Je suis curieux de savoir en quoi je suis un traitre et en quoi vous feriez un meilleur souverain que moi ?

- La nuit ne serait pas assez longue pour cela ! Cependant, je n’aurais certainement pas jeté Sigil dans les bras de l’Empire… Prendre part à la guerre civile était une erreur qui affaiblit considérablement notre monde. Les Sith de Korriban et de Dromund Kaas ne sont pas fiables ! Ce sont des psychopathes animés par la paranoïa et une soif de pouvoir immodérée. Ils n’ont aucun honneur ! Et, vous… vous êtes devenu l’un d’eux…

Mais, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même après tout… c’est un peu ma faute. Si nous avions mieux préparé les choses ce jour-là, vous n’auriez pas survécu au Coup d’État.


Malgré les propos de Vadic, Valtus restait étonnement calme et serein. Il continuait de marcher tranquillement avec toute la dignité et la grâce dont il pouvait faire preuve. Pourtant, les insultes de Vadic étaient loin de le laisser indifférent.

- Ainsi… je suis un psychopathe doublé d’un paranoïaque aveuglé par sa soif de pouvoir. Intéressant ! En toute conscience, vous pensez donc que j’ai plus à cœur les intérêts de l’Empire que ceux de notre monde ?

- Cela ne fait aucun doute.

- Et pourtant, vous ne répondez pas à la question et à celle que vous venez de soulever par là même. En quoi feriez-vous une meilleure souveraine et en quoi il n’est pas dans l’intérêt de Sigil de faire parie intégrante de l’Empire ?

- L’Empire Sith de Dromund Kaas est voué à disparaître à terme. Pour les raisons que j’ai évoquées, les Sith dirigeants sont des rivaux et ne font que convoiter la place des uns et des autres. Ils s'entretueront comme ils le font toujours… et pour cela, l’Empire tombera ! Et, grâce à vous, sera aussi entraînée dans cette chute alors qu’elle était éternelle !

- Vous ne répondez toujours pas à la question… Mais, cela n’a d’importance en vérité, car cela démontre à quel point votre esprit est étriqué. Vous appliquez une disparité là où il y a une convergence.

À votre avis, des forces armées de l’Empire ou de Sigil, lesquelles sont les plus puissantes ?


Vadic ne répondit pas tant la réponse était évidente, même pour elle.

- S’il prenait à l’Empire de vouloir raser Sigil et s’emparer de ses richesses par la force, cela lui prendrait une petite journée tout au plus… À ma connaissance, Sigil est la seule planète impériale d’envergure à ne pas avoir de gouverneur qui administre directement son quotidien au nom de l’Impératrice. Pourquoi ? Pourquoi Dromund Kaas laisserait un monde si riche et puissant que Sigil gérer ses propres affaires et n’envoyer qu’un ambassadeur pour la représenter ?

Tout simplement parce que je suis l’un de leur… C’est parce que j’ai été formé sur Korriban et que j’ai gagné le titre de Seigneur des Sith qu’il me laisse gouverner Sigil. Et, à présent, c’est parce que je siège au Conseil Noir que la liberté de Sigil est pérenne.

Tu me considères comme un traitre… mais sans moi, toi ni aucune autre Grande maison n’aurait plus aucun droit sur rien ni personne.

Oui, tu as raison, je suis un Sith de l’Empire. Cependant, je serai toujours un Sith de Sigil et je ne laisserai jamais personne en douter ni remettre en cause l’attachement que j’ai pour notre royaume.


L’entrée de la roseraie se présentait devant eux. Valtus et Vadic s’arrêtèrent devant le balai lumineux produit par les massifs de roses luminescentes, c’est comme si l’air alentour s’était changé en un arc-en-ciel qui ondulait à la manière d’une vague. Magnifique spectacle. Valtus invita alors Vadic à s’asseoir sur un banc qui se trouvait un peu plus loin. L’apparente sérénité de Vadic n’était qu’un faux semblant. Malgré ce que pouvait lui dire Valtus, elle se sentait véritablement en danger après tout ce qu’elle venait de lui dire. Son sentiment de crainte ne fut qu’amplifier lorsqu’elle aperçut le maître-espion de Valtus apparaître de derrière un buisson.

- Que va-t-il m’arriver à présent ?

Valtus parut surpris de sa question, mais il sourit et se tourna vers elle.

- Rien… Comme je l’ai dit, le Synode a garanti votre intégrité physique. Même si tout en moi me pousse à vous arracher le cœur à main nue, ici et maintenant, je n’en ferai rien. Pourtant… une trahison ne peut rester impunie et il faut bien que quelqu’un paye, n’est-ce pas ?

Dites-moi, savez-vous depuis combien de temps votre maison existe ? Pas là où vous résidez, mangez, dormez et complotez bien-sûr… je parle de votre Maison, de vos ancêtres, les Tahlyyn.


- Je sais juste que c’est le Seigneur Ragnos en personne qui donna son titre de noblesse au premier Tahlyyn.

- C’est tout à fait exact. D’après nos archives, vous incarnez la cinquante-neuvième génération de votre famille. C’est un exploit admirable que d’avoir su vous perdurer dans le temps et ainsi préserver votre héritage en dépit des mariages, des alliances et des mésalliances…

Nous avons remonté la lignée de Tahlyyn jusqu’à vos arrières, arrières, arrières grands-parents. Nous avons identifié toutes les personnes encore en vie qui descendent de ces vingt individus. Non seulement les descendants directs, mais aussi les oncles, les tantes, les cousins directs et indirects, bref tout le cercle familial jusqu’au cinquième degré. Savez-vous combien cela fait de personnes ?


Le visage de Vadic s’était assombri, elle ne fit qu’un signe négatif de la tête comme seule réponse.

- Neuf cents trente-sept personnes exactement.

Nous avons aussi identifié et localisé tous vous amis, tous vos amants, vos précepteurs, vos esclaves, vos serviteurs, vos gardes, vos pilotes, vos petits camarades de jeu lorsque vous portiez encore des couches et même se brave petit Polus, le fils de votre dame de compagnie qui sort volontiers votre chien pour jouer avec lui après les leçons que lui dispense gracieusement le précepteur de vos enfants. Pour toutes ces personnes, nous avons aussi localisé leurs parents, leurs proches, leurs amis, etc. Tout votre cercle élargi de connaissance en résumé. Ce qui représente sept cent soixante dix individus supplémentaires.

Soit un total de mille sept cent sept personnes… la somme de tous ceux sur qui vous avez laissé une empreinte, qui font partie de votre héritage et qui se souviendront de vous à votre mort.


Vadic et Valtus se fixaient avec intensité, leurs yeux figés l’un sur l’autre sans qu’aucun ne soit décidé à détourner le regard. Vadic attendait la suite… [⁣/i]

- Où voulez-vous en venir ?

- A l’heure où nous nous parlons, des dispositions ont été prises pour que chacune de ses personnes soit mise sous surveillance afin d’être supprimée à mon signal, même celle qui se trouve en dehors de Sigil.

- C’est du bluff…

Comme s’il s’attendait à cette réponse, Valtus se tourna vers son maître-espion et lui fit signe de la tête. Il activa alors un projecteur holographique mobile qui flotta dans les airs jusqu’à eux. Une mosaïque d’images fut projetée, chaque image correspondant à une des personnes mentionnées par Valtus. Hommes, femmes, enfants, vieillards, humains et non-humains… Vadic sentait sa gorge se nouer, car elle en reconnaissait nombre d’entre eux.

- Prenez le temps de tous les regarder attentivement. Lorsque j’aurai terminé de compter jusqu’à cinq, tous cesseront d’exister.

Cinq…

Quatre…


Au même instant, des explosions suivies d’applaudissement se firent entendre. Des feux d’artifices explosaient un peu partout au-dessus de la capitale et au-dessus du palais royal, pour le plus grand plaisir des convives qui pouvaient observer cela depuis les balcons panoramiques.

- Trois…

Deux…

Un…


Valtus fit un simple geste de la main. Un à un, les images commencèrent à s’effacer. Un peu partout sur Sigil, des speeders étaient victimes de défaillances mortelles, des maisons brulaient, des individus s’effondraient à terre alors qu’il marchait dans la rue ou bien s’étouffaient en mangeant. D’autres étaient victimes d’accidents de chasse ou se faisaient attaquer par leurs droïds de protocole. Tandis que d’autres s’endormaient paisiblement dans leur lit pour ne jamais se réveiller. Lorsque la dernière image disparue enfin, Valtus se leva doucement tout en gardant son regard plonger dans celui de Vadic.

- Voilà, c’est fait. Toute votre histoire et celle de votre famille viennent d’être effacées à tout jamais. La moindre petite vague que votre existence a pu provoquer dans la galaxie vient d’être réduite à néant. Enfin presque…

Trois agents de l’Égide se montrèrent à leur tour, chacun retenant fermement un prisonnier. Il y avait deux femmes et un homme, pieds et poings liés. Vadic eut un sursaut lorsqu’elle reconnut ses propres enfants. Elle était à la fois soulagée qu’ils soient encore en vie et inquiète de la suite à venir.

- On dit de vous que vous êtes une femme terrifiante, sans cœur et implacable. Pourtant, je perçois en vous un amour et un attachement sincère envers vos enfants, envers vos héritiers… Vous n’êtes pas insensible à ce qui pourrait leur arriver, n’est-ce pas ?

Les larmes naissantes dans les yeux de Vadic n’arrivait pas à adoucir le regard noir et assassin qu’elle lançait à Valtus.

- Pas eux… Tous ceux que vous venez de tuer ! Cela ne suffit-il donc pas ?! J’ai comploté contre vous ! C’est moi qui ai cherché à prendre votre place et mettre fin à votre vie ! C’est à moi de payer !

- C’est tout à fait exact… D’après la loi de Sigil, ce n’est pas à eux de payer. Cependant, lorsque j’ai accepté la couronne, je me suis engagé à respecter autant que faire se peux les lois et traditions locales de chacun des provinces du royaume…

Quel tyran ne ferais-je pas si je décidais de ne pas respecter la Loi des Terres de Malgarith, votre domaine, qui stipule qu’en pareille situation, les enfants doivent supporter les conséquences des crimes de leurs parents… non ?


Vadic se sentait totalement piégée et elle l’était bel et bien. Valtus avait été tellement vexé et courroucé de la décision prise par le Synode, lui interdisant de s’en prendre à la vie de Vadic, qu’il avait pris grand soin d’organiser dans les moindres détails des représailles grandioses et dignes de ce nom, qui pourraient apaiser sa colère. Le regard posé sur ses enfants, Vadic resta impuissante lorsque le maître-espion de Valtus injecta une substance inconnue dans le bras de son fils et que ce dernier commença à se tordre de douleur. Valtus commença à lui donner des explications.

- Ce venin est extrêmement rare et extrêmement intéressant. Il s’attaque aux organes internes et les liquéfient littéralement. Je l’ai vu en action… le procédé est lent, très lent et l’agonie… terrible.

Vous êtes assignées à résidence en Terre de Malgarith. Votre fils et vous serez placés dans la même pièce à quelques mètres l’un de l’autre afin que vous ne manquiez rien de son trépas. Pour nous assurer que vous restiez en vie jusqu’à la fin, vos membres seront entravés et vous serez nourrie par intraveineuse. Votre tête et vos yeux resteront fixés et ouverts en permanence afin qu’à chaque seconde qui passe, vous soyez confrontée à votre impuissance.

L’identité réelle de vos filles sera effacée et elles seront envoyées sur Zygerria où elles découvriront une nouvelle forme d’existence. Ainsi, vous ne serez plus que la dernière Tahlyyn encore en vie.

À partir de cet instant, tu n’as plus de Duchesse que le titre, toutes tes prérogatives, tous tes biens et tous tes privilèges sont confisqués. Un Administrateur assurera le gouvernement de ta province jusqu’à nouvel ordre.

Voilà ce qu’il en coûte d’avoir tenté de prendre ce qui m’appartient !


L’esprit de Vadic était dans la tourmente. Elle ne savait que penser, elle ne savait que faire… que pouvait-elle faire d’ailleurs ? Elle avait voulu prendre la place de Valtus et elle en payait à présent le prix… un prix extrêmement élevé. Une pensée traversa alors son esprit tandis qu’elle fixait toujours Valtus… et si elle en finissait ici et maintenant… il était si proche. se disait-elle. Valtus sourit en fermant les yeux.

- Oui… Oui… je suis si proche… pourquoi ne pas en finir n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas me planter cette dague que tu dissimules dans le creux de ton décolleté, hein ?

Je t’en prie… fait moi ce plaisir !! J’aurais ainsi la parfaite justification à présenter aux autres Grandes maisons lorsqu’ils me demanderont pourquoi ta tête est séparée de ton corps…


Le temps n’était plus à la courtoisie, ni à faire bonne figure. Sa demande était réelle voir presque impérieuse. Il voulait que Vadic l’attaque afin qu’il puisse riposter et en finir définitivement avec elle. Elle savait que ce serait un acte désespéré et qui ne changerait absolument rien aux sorts de ses enfants… En vérité, ce serait même donner satisfaction à Valtus que d’agir ainsi… Elle se saisit néanmoins de la dague en question. Valtus cru l’espace d’un instant qu’elle allait céder à la colère et lancer l’attaque. Pourtant, elle n’en fit rien et se contenta de poser la lame à côté d’elle.

- Décevant…

Valtus lui tourna alors les talons et commença à s’eloigner d’elle. C’est alors qu’il perçut dans la Force, le mouvement de la main de Vadic se saisissant à nouveau de la lame et la portant en direction de son propre cœur pour en finir elle-même. Mais, la lame se stoppa net à quelques millimètres à peine de sa poitrine, retenue par Valtus qui avait la main tendue vers elle. D’un mouvement de ses doigts, le Sith commanda à la Force de faire glisser la lame dans sa propre main avant de la remettre à son maître-espion.

- Les Grandes maisons se révolterons à nouveau un jour ! Sois en sûr !

Il ne fit aucun commentaire et laissa Vadic à son sort et aux bons soins de l’Egide.



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