Kranyya Nekro
# La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Mar 16 Mai 2023 - 18:11
C’est toujours pareil. Dès que je veux me lancer dans une activité il y a toujours quelque chose d’imprévu qui vient se coller en plein milieu de mes projets.
Que ce soit une broutille ou une urgence, toujours complètement inattendu comme un caillou pointu dans mes pompes.
Posée dans mes quartiers, je vaquais à mes occupations comme tous les jours ; mais pour une fois je suivais mes envies et je restais à l’intérieur du « Temple » pour lire des bouquins de Zoologie et de Culture Galactique ; la chaleur étouffante de Tatooine était devenue moins ennemie n°1, le sable restant à la deuxième place.
Je me lève du fauteuil rouge qui se situe dans un coin de la pièce, livre en main, et m’étire dramatiquement :
« AAAAHHH, je pousse un long râle en me penchant en arrière les bars tendus, sentant les os de mon dos craquer agréablement. J’ai enfin fini ce bouquin, il était super franchement, un peu long mais super intéressant. »
Je sors de la salle en marchant lentement, pour dérouiller mes membres inférieurs engourdis par de longues heures de détente ; me parlant à moi-même comme à mon habitude et me dirigeant vers la bibliothèque.
Sur le chemin, je croise de nombreuses personnes, tant des groupes de chevaliers ayant terminé leurs journées, que des Padawans rieurs et joviaux, quelques très jeunes initiés qui me lancent des regards légèrement apeurés, et finalement des duos Maîtres-Apprentis en pleines discussion sur les leçons du jour….
L’ambiance ralentie de fin de journée était omniprésente, même en moi qui commence d’ailleurs à fatiguer.
Mes pas me mènent donc comme prévu à ma destination, où je range l’épais livre à la couverture verte relié de fil de soie dans le rayon « Xénobiologie du Secteur de Chommell ».
Je parcours les avenues, cherchant une nouvelle catégorie où fouiller ; et je m’arrête sur le panneau indiquant « Secteur 7G ».
Mes yeux sillonnent les étagères suivantes, à la recherche de l’étiquette mentionnant le Système Ilum :
« Ahh… Je soupire, en frôlant de mes doigt la surface des livres présents dans cette délimitation. Ilum… Ça fait si longtemps que je ne t’ai pas vu ; toi que j’aime tant… »
Il est vrai que j’ai toujours eu un faible pour ce tout petit astre qui a pourtant le titre de Planète malgré sa taille ; l’environnement, le climat, l’ambiance… tout me plaît là-bas.
Je repense nostalgiquement au jour où mon maître m’y avait emmené pour y trouver mon propre cristal Kyber…
A l’époque l’Ordre Jedi était libre, une véritable ère de paix selon ma vision d’enfant de ce temps, le trajet pour Ilum fût un moment d’excitation complet pour moi, tant impatiente de voir de mes propres yeux la planète sacrée que c’était.
Lorsque j’eu quitté le vaisseau, je rejoignis les grottes le cœur brûlant de bonheur…
Ayant face à moi tout ces cristaux brillants de milles feux, je lâcha même une larme dans ce moment si important dans la vie d’un jeune Jedi.
Quand le cristal bleu devant moi m’appela, je sentis toute l’étendue de l’importance de ce lieu pour l’Ordre, ma légère Psychométrie me montrant des bribes des souvenirs de la grotte, accueillant tous les initiés venus avant moi.
Nous avions tous ressentis des émotions communes : la fierté, l’impatience, le bonheur, l’accomplissement…
Cependant le cristal ne fût pas placé dans un sabre construit de mes mains, il en remplaça un autre qui ne brillait plus tant il venait d’une époque lointaine…
Le sabre que j’avais était en ma possession depuis ma naissance, il m’a accompagné jusqu’à Coruscant, puis durant toute ma vie.
Il n’était pas neuf, il était l’ancienne propriété du dernier Jedi ayant vécu sur Dathomir, dans ce qui était désormais les ruine d’un temple ; offert à ma mère pour moi par le spectre d’un homme qui m’était malheureusement toujours inconnu…
La légende du héros qu’était ma mère m’a été conté de maintes et maintes fois par la famille qu’étais mon clan, mais c’était il y a si longtemps que mes souvenirs commençaient à devenir flous, à ma plus grande tristesse…
Cependant je n’oublierais jamais le rôle joué par le fantôme de cet homme, qui m’a sauvé d’une mort terrible avant même que je vienne au monde ; la malédiction a été levée, épargnant ma vie sans avoir pu sauver celle de ma mère.
Je serre ce sabre si cher à mes yeux qui pend à ma ceinture ; symbole de ce que j’étais : « une enfant de la Force » selon l’ancêtre Chevalier inconnu ayant sauvé ma vie, « un miracle » selon mon clan, « enfant maudite, ennemi n°1 des peuples traditionnels de Sorcières Dathomiriennes » selon la femme qui avait détruit ma famille…
J’émerge de mes souvenirs et lâche enfin mon arme, la laissant retomber mollement contre ma large ceinture et me reconcentre sur un choix d’ouvrage.
Ayant toujours la tête pleine de mes souvenirs sur Ilum, je jette mon dévolu sur un beau livre à la couverture bleu où sont marqués d’une belle calligraphie bien éloignée de la mienne les mots « Faune et Flore d’Ilum ».
Après avoir longuement rêvassé dans la spacieuse bibliothèque de l’Ordre, livre en main je décide de partir et retourner dans mes quartiers pour prendre une douche fraîche et bouquiner paisiblement avant d’aller me coucher.
Je fais un détour au réfectoire où je prends mon dîner avec mon ami Qaram comme tous les soirs ; on se raconte nos journées respectives et on blague un peu.
Il me raconte les derniers potins du coin et je l’écoute attentivement attendant l’occasion de rebondir sur une des nouvelles croustillantes avec une blague de mauvais goût ou un commentaire inutile plus ou moins drôle.
Le repas terminé, on se dirige vers nos quartiers respectifs le sourire aux lèvres en se saluant vivement d’un large mouvement de la main presque enfantin.
Le livre sous le coude, j’entre dans ma chambre déjà plongée dans la pénombre et enlève mes chaussures avant d’avancer plus (je suis maniaque de la propreté c’est la vie...) et pose délicatement l’ouvrage sur ma couchette.
Je défais les cordes reliant les pans de ma tunique et la laisse tomber à mes pieds au milieu de la pièce, je secoue mes pieds pour pouvoir l’enlever complètement et marche vers ma petite salle de bain.
Face au large miroir, je regarde l’état de mes cheveux ; ils sont pleins de sable et en désordre.
Je passe un bon coup de brosse tout en faisant attention à pas cogner mes cornes au passage et entre enfin dans la douche.
Je laisse couler l’eau glacée en profitant d’être au frais dessous ; je manipule l’onde claire pour en faire une grosse masse et la laisser flotter au-dessus de ma tête.
En levant les yeux face à la balle formée, je vois mon reflet s’y dessiner et lâche un rire d’étonnement qui résonne contre toutes les parois de la petite pièce.
Je la laisse finalement s’écraser sur mon crâne, éclaboussant ma fine chevelure au passage ; dans un mouvement de poignet, je frotte mes yeux machinalement et les réouvre finalement pour terminer ma toilette.
Quelques minutes plus tard je sors à contrecœur de la paisible cascade d’eau froide dans laquelle j’étais si bien installée et enfile une tunique toute propre dans laquelle j’ai l’habitude de dormir.
Je ne me vois plus dans la glace tant elle est recouverte d’une fine couche de buée crée par ma chaleur corporelle qui contrastait avec la froideur de l’eau.
J’ouvre la porte et vais m’installer dans mon lit, récupérant au passage le bouquin que j’avais laissé sur le dessus.
Je me recouvre d’une couverture moelleuse, juste pour le confort sans avoir particulièrement froid et allume une flamme vive derrière mon oreille pour m’éclairer sans devoir allumer de lampes.
Enfin douillettement installée, j’ouvre la première page, prête à me lancer une nouvelle fois dans les lignes tortueuses me contant la biologie Ilumienne.
Une sonnerie agaçante me sortis de ma concentration après une bonne heure de lecture passionnante.
Le bip strident me crée un court acouphène et je grimace en attendant que la douleur aigue passe.
Je tourne le regard, ouvertement soulée, vers le transmetteur posé sur ma table de chevet qui refuse de s’arrêter de vibrer ; le bourdonnement engendré par la résonnance sur le métal ajoute un nouveau bruit chiant au capharnaüm sonore déjà bien présent m’ayant tiré de mon moment détente de la journée tant attendue.
Je saisis finalement l’outil avec dépit ; celui qui voulait me contacter à cette heure-ci avait intérêt d’avoir une bonne raison.
Déjà prête à râler auprès de l’interlocuteur mystère, je baisse les yeux sur le nom affiché et renfrogne mon expression agacée sur le champ en lisant les mots : « Conseil Jedi ».
« Oui ? Navré pour l’attente. Vous vouliez me parler ?
-Bonsoir Kranyya, demain en fin de matinée, un vaisseau cargo partira sur Ilum pour une mission de ravitaillement de cristaux, notre stock ayant diminué depuis que la dernière vague d’initiés ait pu en profiter.
Vu la nature techniquement accessible cependant lointaine de la quête il a été décidé qu’elle sera menée par deux jeunes chevaliers accompagnés d’un groupe de Padawans.
Cela fera un bon entraînement tant pour les jeunes que pour les accompagnateurs qui pourront commencer à se préparer à prendre un élève.
Etant donné la fragile situation dans laquelle l’Ordre se trouve, on ne peut pas se permettre de perdre plus de temps dans l’éducation des plus jeunes. »
Mon expression se déforme avec désappointement ; malheureusement je commence à voir où il veut en venir…
Je n’ai jamais été à l’aise avec les enfants… Cela vient probablement du fait qu’étant donné mon apparence jugée effrayante surtout par les plus jeunes, ils ne m’ont jamais apprécié non plus.
Certes j’aime le contact social et les discussions amicales même avec des inconnus, mais les regards insistants des gamins particulièrement en groupe ; ont toujours crée un profond malaise que je n’arrive pas à gérer…
Je pousse un long soupir, en faisant bien attention à ce qu’il ne soit pas entendu par l’émetteur, et me pince l’arrête du nez.
Pitié dites moi qu’ils ont juste besoin de moi pour que j’escorte le transport ou mieux encore, juste réceptionner à leur arrivée ; je sais me battre et pas qu’un peu, et ça ils le savent très bien ; en revanche m’occuper de Padawan, d’un groupe en plus ?
Un véritable enfer de stress non merci.
« Il a donc été convenu que l’expédition serait menée par Dalla Tellura et toi.
Le convoi partira demain midi où Dalla vous rejoindra pour piloter le vaisseau.
-Hein ? Merde ! J’avais laissé s’échapper une plainte après avoir entendu le « vous ».
Hum- pardon, que voulez-vous dire par « vous rejoindre ».
-Les Padawans ont été prévenus par leurs Maîtres qu’ils seraient absents pour quelques temps, et qu’ils partiraient pour une lointaine mission de routine. »
Ok, il ne répondait pas à mes questions et continuait d’énumérer les indications ; Raaah, sérieux pourquoi moi ?
Je dis ça comme ça parce que la situation me déplaît ; mais je sais très bien pourquoi c’est moi qu’ils foutent dans ce merdier.
Mon aisance (bel euphémisme…) avec les jeunes est bien connu ici ; dans les bruits de couloirs qui parcourent les zones réservées aux Padawans, on entend de nombreuses rumeurs sur la « Terrifiante Sorcière Obscure infiltrée dans l’Ordre Jedi » et autres conneries dans ce genre.
Et oui, je l’admets ; j’ai souvent lâché en public par mégarde oh combien je ne voulais pas prendre d’apprenti, disant que je n’aimais tout simplement pas les gosses pour cacher les réelles raisons sur mon malaise…
Ça a dû remonter aux oreilles du conseil qui pour me mettre à l’épreuve me collait dans ce bourbier lors d’une mission de routine…
Ah bah là pour le coup ça me lance dans le tas, et pas qu’un peu ; bon sang mais quelle idée ?
« Désolé de vous demander ça comme ça mais êtes-vous sûr que-
Je n’ai même pas le temps de finir ma phrase qu’il m’interrompt, volontairement apparemment s’attendant à ce genre de question.
-Tu récupèreras les jeunes Kodi, Loona, Opree, Hunakk, Xoraae et Mosroka demain après leur première session du matin et tu t’occuperas à veiller à ce qu’ils se préparent bien pour la mission.
Ils n’ont jamais mis les pieds sur Ilum et doivent être prêt pour partir aussi loin. »
Bon, je n’ai visiblement pas mon mot à dire…
Autant limiter la casse et faire ça correctement…
Je me résigne et décide de garder bonne figure et faire le chevalier modèle…
« Très bien, je préparerais mes affaires demain matins avant d’aller les chercher.
Pouvez-vous m’indiquez le vaisseau vers lequel nous devrons nous diriger ? »
Je sens que je l’ai satisfait avec ma résilience ; il savait donc bel et bien à quel point cette mission n’était pas faites pour moi...
Des vrais petits filous ces vieux croutons du Conseil dit-donc… (je lisse les bords, je garde mes meilleurs jurons Zabraks pour moi…)
Je reçois le numéro de l’immatriculation du cargo et la note dans un coin de ma tête.
« C’est très bien, c’est l’implication que nous attendions de toi.
Je compte sur toi pour être un bon modèle pédagogique pour ces jeunes prometteurs ; pour tout ce qui est garantir leur sécurité, la question ne se pose pas nous avons confiance en tes capacités.
Que la Force soit avec toi. »
La transmission se coupe sur ces mots habituels, ayant pourtant toujours un impact particulier sur moi, comme un doux bonheur de sentiment d’appartenance.
Ils avaient décidé de me mettre dans cette aventure malgré moi, eh bien soit, je ferais de mon mieux comme toujours et espérons que tout ira bien.
Avec un peu de chance ça pourra même donner une chance aux gamins de me connaître un peu plus personnellement et les empêcher de céder aux rumeurs futiles qui courent chez les plus jeunes.
Ras-le-bol du coup de la méchante Sorcière d’un lointain monde Sith, c’est bon j’ai assez raqué pour une vie entière: La méga honte, j’ai même dû fuir Dathomir : LA planète des Sorcières Zabraks, à cause de ma réputation d’enfant maudite.
Ma sale tête ne passait même pas sur mon monde d’origine, c’est quand même le pompon.
Je ne vais pas me ruiner ma soirée à ruminer sur mon sort, ça va bien se passer allez…
Je me remémore le contenu de la conversation et me rappelle le détail le plus important :
Dalla Tellura il avait dit ?
Je ne la connaissais pas très bien personnellement, mais la grande Twi’lek bleu ne passait pas inaperçue.
Chevalier depuis peu comme moi, elle avait une large stature, très baraqué, et une aura écrasante tant elle dégageait une forte confiance.
Elle avait l’air cool et sympathique, j’espère que j’aurais l’occasion de discuter avec elle.
« Humm, je suis contente de pouvoir la rencontrer en bonnes et dues formes…
Avec un peu de chances elle pourra m’aider à gérer les gamins aaaahhh »
Je me jette en arrière m’affalant violemment sur ma couchette en poussant ce dernier braillement.
Allongée de nouveau, mes yeux se posent sur le plafond où la flamme que j’avais allumée précédemment brillait toujours d’un feu inextinguible…
La lueur rougeoyante se mouvait élégamment dans la pénombre, effectuant une danse mystique dont seul moi et ma Pyrokinésie connaît les secrets.
La beauté de ce spectacle pourtant si courant pour moi m’émerveille toujours autant.
Je ressens la vive chaleur de cette flamme et me rappelle ma destination de demain, complétement opposée.
Je me redresse et récupère l’ouvrage toujours posé à mes côtés : « Faune et Flore d’Ilum ».
« Eh bien… Mon instinct avait donc choppé cette information dans la salle du conseil…
Belle planète, dès que mon âme se reconnecte à toi la Force m’y envoi… »
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Je me lève d’une nuit très peu réparatrice tant la mission qui m’était confiée m’avait empêché de dormir…
J’essaye de passer outre le stress infligé par le côté pédagogique (malgré moi…) de la quête et me focus sur le bonheur de retourner sur cette planète très chère à mon cœur…
Ah Ilum, belle étendue neigeuse dont les vents tempétueux restent figés dans mes souvenirs pour l’éternité…
Je me lève et enfile une tunique propre, prend un manteau qui me protègera des vents puissants ; pas nécessairement chaud puisque je ne crains pas spécialement le froid (ça contrebalance mon hypersensibilité à la chaleur…) et fourre mes affaires de tous les jours dans ma sacoche habituelle.
Après avoir pris le temps de me préparer, je quitte finalement ma chambre, claquant la porte derrière moi en malencontreusement me rappelant là où j’étais attendue :
L’aile des Padawan.
Mes pas me guident donc d’une certaine manière contre ma volonté vers ma première destination ; où les deux plus jeunes Padawan m’attendait déjà.
Je me repasse leurs profils en tête :
Kodi, jeune humain de 12ans, studieux, scolaire at appliqué ; j’ai beaucoup entendu parler de lui et ce uniquement en bien. Apparemment un peu timide et introverti, j’espère pouvoir crever l’abcès.
Ce n’est pas pour lui que je m’inquiète mais surtout pour sa camarade…
Opree, Padawan âgée de seulement 9ans.
Et si la jeune humaine prenait peur en me voyant ?
J’ai entendu dire qu’elle était très sensible et plutôt craintive…
Cependant très talentueuse, sûrement lié à sa grande connexion à la Force et ses bonnes capacités d’Empathe.
« Haa, ça risque d’être compliqué… »
Je pénètre dans le couloir devant me mener à la salle où leur entraînement allait prendre fin mais les lieux commencent à se remplir….
La première session du matin allait bientôt se finir, et très vite le lieu sera inondé d’initiés et jeunes Padawans… les plus jeunes enfants et la puissance de leur regard appeuré sur moi ; mon réel némésis…
J’accélère le pas, j’aimerais éviter de créer des mouvements de panique chez les plus facilement impressionnables…
J’espère qu’un jour ce cirque prendra fin et que les gamins arrêteront d’avoir peur ; cependant avant ça il faut que les adultes arrêtent de se méfier de moi pour rien…
Rah, si même ceux qui sont sensé être sages et matures continuent de juger à l’apparence on ne va pas aller bien loin.
« La boucle sans fin hein, le cycle de la peur, de la haine et de la méfiance ; le classico… »
Je lance un coup d’œil à mes notes, je suis bel et bien arrivée au bon endroit.
Toujours la même boule de stress devant les portes fermées ; est-ce l’angoisse face à ceux qui m’attendent qui me paralyse à chaque fois ou bien la peur de ne pas être à la hauteur de leurs attentes ?
Question à laquelle je n’ai pas encore trouvé de réponse malgré des années de répétitivités…
« Bon Kran, si tu flippes autant de rencontrer des gamins évidemment qu’ils vont être nerveux eux aussi… Allez soit zen et tout va bien se passer. »
Dans mon habituel profond soupir, je passe enfin le pas et j’actionne le mécanisme ; laissant la porte s’ouvrir rapidement devant moi dans un grand « swoosh » familier.
Je me prépare à rentrer dans la pièce d’un pas confiant et déterminé, les yeux rivés vers l’avant.
« Si tu ne montres pas que tu as peur, tu sembleras tout aussi confiante que n’importe quel autre audacieux » Comme me disait mon Maître lorsque je me battais contre mes anciens problèmes de timidité maladive.
« La Peur est un moyen, la Confiance une solution ; qu’elle soit réelle ou factice, ton interlocuteur ne peut le savoir si tu restes maître de ton expression. »
Toujours un de ses charmants dictons, à double sens comme souvent ; impliquant la maîtrise de soi et la manipulation de celle d’autrui.
Toujours aussi plein de bons conseils dit donc…
Et on se demande d’où je tiens mes méthodes parfois si radicales haha…
Penser à mon Maître me redonne du baume au cœur.
Depuis sa tragique disparition lors de la Diaspora Jedi cinq ans auparavant ; sa présence solaire et rassurante me manquait terriblement.
Lui qui m’a inculqué tout ce qui fait de moi une Jedi vachement décalée m’a également été de très bon conseil pour m’aider à gérer mon malaise par rapport aux tensions intra-Ordre que mon arrivée avait créé au temple.
Bon, ce n’était pas le moment d’y penser…
J’ai une mission à gérer et peut importe mon absence d’enthousiasme, je vais me donner à fond et épater les membres fourbes du Conseil qui ont voulu me tester !
« Qui s’y frotte s’y pique comme on dit, venez vous piquer à moi ça va être fun vous verrez… »
Une fois entrée, je tombe face à face avec un petit garçon au teint halé d’1m50 ; de ses grands yeux bleus brillant de sagesse, il me dévisage.
Cependant pour une fois, je ne vois aucune trace de jugement ou de peur dans son regard, juste une curiosité sans limites…
Je me lance, et arbore mon sourire le plus chaleureux :
« Salut ! Tu dois être Kodi ? Moi c’est Kranyya, Nekro Kranyya, mais tu peux m’appeler Kran.
On doit partir en mission ensemble aujourd’hui, belle expédition sur Ilum ! Ton maître t’as bien prévenu ? »
En attendant la réponse du petit humain, une grosse goutte de sueur coule le long de ma tempe, je stresse tellement de sa réponse et surtout du ton qu’il va employer que j’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma cage thoracique.
Les battements de mon organe vital sont vifs et saccadés, presque douloureux tant ils sont puissants ; je les sens résonner dans l’intégralité de ce qui compose mon être…
Finalement, tous mes muscles se relâchèrent dans ce qui fût un immense soulagement :
« Bonjour Madame Nekro…
Euh- je vous attendais, mon Maître m’a demandé de venir ici pour vous retrouver vous et les autres élèves et rejoindre Madame Tellura dans le vaisseau… Je suis très honoré d’avoir été permis de partir en mission avec vous… »
Le gamin était adorable, j’entendais la nervosité dans sa voix, et surtout l’envie de donner bonne impression auprès de ses nouveaux accompagnateurs.
Et puis « Madame Nekro et Madame Tellura » ? C’est trop chou !
Haha, je suis tellement rassurée que j’ai l’impression que je vais m’évanouir…
« Super, je suis contente de te voir tant enthousiaste ; on va passer une super mission tous ensemble ! Mais par contre, ta camarade Opree ne devait pas être ici avec toi ? »
En effet, j’ai beau parcourir du regard la pièce entière, aucun signe de la petite blonde qui devrait pourtant être là…
Comme le petit brun ne me répond apparemment pas, trop occupé à chercher ses mots pour faire de jolies phrases ; je ferme les yeux et scan la pièce.
Enfin, je ressens une frêle présence.
Ici tout près, dans un coin de la pièce derrière les rideaux se trouve une petite masse d’environ 135cm de haut.
Ah, je t’ai trouvé Opree !
Je me dirige lentement vers le coin indiqué, le jeune garçon déjà sur mes pas et une fois arrivée juste devant ; d’une poussée de Force, soulève le rideau pour enfin découvrir la petite présence qui s’y cachait.
« Bonjour Opree, tu n’as pas besoin de te cacher tout va bien. Moi c’est Kran, comment est-ce que tu vas ? »
La petite fille lève ses beaux yeux verts vers les miens, croise mon regard jaune presque reptilien et détourne immédiatement la vue.
J’ai comme un haut le cœur de douleur ; elle a eu peur de mes yeux et ça se voyait, tellement que je l’avais même ressenti à travers une vague d’empathie.
C’est dans ces moments là que je meurs d’envie de me les arracher et de les jeter là où plus personne ne pourra jamais les revoir.
Mon père avait beau me dire oh combien c’était une bénédiction, un trait héréditaire dans sa lignée d’avoir la sclérotique de la couleur des lèvres et les iris reflétant son don, le traitement que j’ai reçu par rapport à cette caractéristique ces 13 dernières années loin de ma planète natale ont été très largement majoritairement négatif voire carrément péjoratif.
Mon cœur se serre si fort que je peine à respirer, j’espère pouvoir placer l’attention de la très jeune humaine sur autre chose que ce que je considère parfois comme étant un défaut et la faire rejoindre la conversation en étant à l’aise…
Heureusement, Kodi sembla sentir l’étendue de la souffrance que la peur de l’enfant ait provoqué en moi car il s’approche de sa camarade et lui chuchote quelques mots à l’oreille.
Je sais qu’éthiquement parlant je ne suis pas sensé entendre les petites conversations secrètes des jeunes initiés, ni de personne d’ailleurs ; mais mes sens sont développés comme tout Chevalier Jedi respectable donc peu importe mon souhait, j’entends la phrase suivante prononcée à mon insu :
« Elle est très triste maintenant, n’ai pas peur elle est gentille. »
L’enfant aux cheveux blonds décide finalement de relever la tête vers moi, comme si les douces paroles de son camarade avaient eu un effet ; et m’adresse finalement la parole ; d’un ton si bas que je l’entendais à peine :
« Bonjour Madame Kran… »
L’enfant avait le regard sur moi, mais je voyais tout de même qu’elle évitait mon visage ; restant plutôt clouée sur mes habits typiquement Jedi ; apparence familière qui devait la rassurer…
Kodi lui rechuchote à l’oreille ; lui conseillant de s’excuser, ce que la petite fit sur le champ :
« Hum… Je m’excuse de m’être cachée… J’étais un peu nerveuse… Oui je vais bien merci de me demander c’est gentil… »
Elle parle de moins en moins fort, ses mots se transformants en marmonnements ; et se triture les mains en piétinant sur place, le regard toujours fuyant.
Wow, ça c’était de la timidité, je me revois quand j’étais encore plus jeune qu’elle, dans le même état le jour de mon arrivée sur Coruscant…
Ahah, je n’osais même pas répondre aux questions du conseil tant j’étais stressée et apeurée ; seule sur cette planète que je ne connaissais guère…
Bon, je dois essayer d’alléger l’ambiance… Je vais passer pas mal de temps avec cette petite, il faut briser la glace avant qu’elle ne retombe dans l’introversion totale…
« Il n’y a aucun souci, c’est normal d’être nerveuse pour un moment aussi grand que celui-là.
On va passer une super mission ensemble tu verras on va même devenir super copines ! »
Je lui tends à nouveau mon meilleur sourire, tout en évitant de trop laisser dépasser mes canines proéminentes ; je ne voulais pas l’effrayer à nouveau…
Finalement, elle réussi enfin à lever ses yeux vers le miens, et me rend mon sourire dans une expression légèrement embarrassée que je trouve complètement craquante chez les gamins :
« Et bien c’est super tout ça, je suis très contente de vous avoir rencontré !
Je vais devoir faire ma pénible avec des détails techniques ; vos maîtres m’ont dit avoir déjà préparé votre nécessaire pour l’expédition, est-ce qu’on peut vérifier ça ensemble ? »
Les deux jeunes humains s’approchent de moi en me tendant leurs larges sacs à dos, je m’agenouille pour être à leur niveau et commence l’inspection :
Ils ont leur sabre respectif, un vêtement de rechange, un manteau bien chaud pour parer au climat très froid d’Ilum, du matériel de soin d’urgence, une grande carte tactique Galactique super étayée, des vivres, une gourde métallique avec un outil d’extraction d’eau, un petit transmetteur simple avec quelques contacts et quelques autres bricoles personnelles :
« Génial ! Vous êtes bien prêt ; suivez-moi, on va chercher vos autres camarades !
-Combien seront-nous Madame Nékro ? Me demande le petit garçon, en faisant toujours attention aux moindre de ses mots et de ses formules de politesses.
-En vous comptant vous deux vous serez six Padawans, de tout âge en plus. Vous avez tous été recommandé pour vos aptitudes et votre travail acharné, félicitations… »
Les deux gamins sur les pas, je sors de la pièce, afin de retraverser le couloir.
Cependant, entre temps ce lieu s’était bien rempli…
Face à moi se trouve de nombreux groupe de jeunes Padawans et Initiés, tous âgés de moins de 13ans ; la quasi-totalité d’entre eux se retourne vivement vers moi dès que ma silhouette ait apparu dans leur champ de vision.
Je me sens nauséeuse, je vois dans leur regard d’enfants la peur et la méfiance, et par-dessus tout une puissante vague de toutes leurs émotions vient se fracasser contre mes sens, les noyant complètement dans les leurs.
Mon souffle est coupé court, je tente une profonde inspiration pour dissiper la pétrification de mes membres mais l’angoisse m’en empêche.
Je n’arrive pas vraiment à garder la face et décide donc de marcher plus rapidement, pour quitter l’aile le plus vite possible.
Le son saccadé du claquement de mes bottes sur le sol crée une puissante résonnance, mes pas nets se font toujours plus vifs au fur et à mesure que les chuchotements des plus jeunes parviennent à mes oreilles.
J’essaye de bloquer mes sens mais les mots dit avec inquiétude « La Sorcière » ont déjà fait leur funeste trajet jusqu’à mes oreilles…
Une fois sortie de cette zone du bâtiment, je regarde l’heure et ressors mes notes :
« Alors on doit aller récupérer Hunakk, Xoraae et Mosroka, ils doivent normalement déjà nous attendre dehors. Allez hop en route ! »
Je pousse un soupir de manière à ce que les enfants ne le remarque pas…
Hunakk était un des profils qui me stressait le plus ; le grand Omwati de 14ans était réputé pour son arrogance et sa langue bien pendue.
De ce que son maître me disait, il a été très dur à gérer au début ; son insolence causant une sorte de refus de l’autorité particulièrement agaçante…
Je ne me faisais pas trop de soucis pour Xoraae, du haut de ses 15ans, le Chiss était d’un naturel très silencieux, il ne risquait pas de me causer de problème.
Et niveau apparence bizarre il ne risquerait pas de me juger non plus ; cependant le regard perçant qu’il aborde sur toutes ses photos a le don de me déstabiliser ; je n’arrive pas à lire en lui, et son maître non plus apparemment…
La meilleure partie de la mission sera clairement les moments passés avec Mosroka ; je connais bien la jeune humaine de 16ans, elle n’est pas beaucoup plus jeune que moi après tout ; solaire, sociable et sympathique en toutes circonstance ; son enthousiasme débordant et est tant une grande qualité que parfois un léger défaut, à force d’aller trop vite on risque de foncer droit dans le mur.
On se met donc en route vers l’extérieur, où les trois jeunes doivent être avec leurs affaires, prêts au départ.
Concernant la dernière Padawan, j’ai déjà été mise au courant qu’elle nous rejoindra avant l’embarquement, et après le profil d’Opree c’était bien le sien qui me mettais le plus mal à l’aise :
Loona, grande Twi’lek douée en tout, perfectionniste mais cependant au caractère bien trempé.
Malheureusement je la connaissais très bien cella là, ayant que deux ans de moins que moi, on était parfois ensemble à l’époque où j’étais également Padawan.
La jeune femme de 17ans aux yeux gris était plutôt… rebelle je dirais ?
Pas toujours bien sûr, mais elle refuse complètement l’autorité des jeunes chevaliers, estimant que la faible différence d’âge entre elle et nous ne méritais pas une relation hiérarchique.
Complètement ingérable, elle n’en fait donc qu’à sa tête estimant être tout autant légitime et décisionnaire que nous…
Une fois sortie de l’enceinte rocheuse, je guide les deux jeunes Padawan vers notre destination : à l’extérieur du «temple» dans une profonde clairière creusée dans le sol accessible par un tuner où les jeunes s’y entraînent souvent au combat.
On descend la pente, s’approchant d’un petit groupe de trois adolescents ; cependant, en avançant je remarque que la silhouette bleue de Xoraae manquait à l’appel, remplacée par la grande Twi’lek qui devait nous rejoindre plus tard :
« Salut les jeunes, je vous présente Kodi et Opree, ils nous accompagnent pour la mission sur Ilum, je compte sur vous pour leur faire un accueil chaleureux. »
Les trois visages se lèvent en même temps vers nous, leurs expressions différant du tout au tout :
Les yeux bleu sombre d’Hunakk sont dédaigneux comme à son habitude ; Mosroka a un air radieux, apparemment ravie de me voir ; et Loona me toise d’un air condescendant, elle se lève, me surplombant de quelques centimètres, et me regarde de haut en bas lentement.
La première à prendre la parole fût l’humaine aux cheveux bouclés, s’approchant des deux petits Padawans pour les saluer :
« Salut, enchantée de vous rencontrer ! Moi c’est Mosroka, j’ai 16ans et je viens d’un beau village montagneux de Dantooine !
Elle leur tend la main, pour les laisser lui serrer leur donnant l’impression d’être des grands.
J’ai hâte de partir sur Ilum avec vous, ça va être super !
En plus on part avec Kran et Dalla, elles sont hyper gentilles vous verrez ! »
Je laisse les deux enfants discuter avec Mosroka, ils sont directement mis dans une ambiance agréable et je les vois se décontracter.
Mais bon, j’avais un truc important à régler sur maintenant :
« Où est Xoraae ? On avait bien dit qu’on se retrouverait ici ; vous savez où il est ?
Et pourquoi tu es venue maintenant Loona ? Ton maître m’avait prévenu que tu voulais nous rejoindre pour le départ et pas avant ?
-J’ai changé d’avis, dis la Twi’lek violacé comme si c’était normal ; j’étais prête en avance et je n’avais pas envie d’attendre…
Ça pose un problème ? »
L’arrogance et la provocation volontaire de la demoiselle commençait à me fatiguer, et c’était pourtant ses premiers mots.
Je n’ai pas envie de me prêter à son petit jeu et ignore tout simplement sa question avant de me tourner vers l’Omwati.
Le grand type se lève, ses 180cm surplombant tout le monde dans le petit groupe, et donne quelques informations en employant son ton nonchalant et présomptueux :
« Xoraae est parti récupérer ses affaires, il avait oublié son manteau au dortoir.
-Ah ok, bon, on va l’attendre ici et après on ira se préparer pour l’embarquement.
Je vais regarder vos sacs avant de partir, faut être bien préparé. »
Je vérifie les affaires des jeunes, et me relève.
Derrière moi apparaît une silhouette silencieuse :
« Wow, je t’avais pas vu arriver Xoraae tu m’as fait peur !
Eh bien c’est tout bon, on est au complet suivez-moi on va au vaisseau. »
Suivi par le petit groupe hétéroclite, on se dirige vers le quai d’embarquement.
La clairière dégagée abrite un bon petit nombre de vaisseaux, tant des cargos que des chasseurs.
Je passe devant le mien, petit intercepteur peint en rouge par mes soins, où le nom « Dath » est écrit dans la calligraphie maladroite qui est la mienne.
Partir en mission sans lui me fait un peu de la peine…
C’est comme une trahison, désolé Dath !
Je suis ce que j’appelle un demi-as du pilotage !
Les intercepteurs n’ont aucuns secrets pour moi, en revanche pour tout ce qui est grands vaisseaux ; je suis un bon gros boulet.
Heureusement que Dalla sera là pour piloter…
Je vérifie mes notes pour que le numéro sous mes yeux corresponde avec celui de l’immatriculation.
Je m’arrête finalement devant un cargo imposant, et en ouvre les portes.
La rampe d’accès se déploie lentement, dans un grondement annonçant le départ imminent pour une destination lointaine.
Avant d’entrer, je me retourne face aux Padawans et leur lance :
« Allez les jeunes ! Il est temps d’embarquer direction Ilum ! »
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Que ce soit une broutille ou une urgence, toujours complètement inattendu comme un caillou pointu dans mes pompes.
Posée dans mes quartiers, je vaquais à mes occupations comme tous les jours ; mais pour une fois je suivais mes envies et je restais à l’intérieur du « Temple » pour lire des bouquins de Zoologie et de Culture Galactique ; la chaleur étouffante de Tatooine était devenue moins ennemie n°1, le sable restant à la deuxième place.
Je me lève du fauteuil rouge qui se situe dans un coin de la pièce, livre en main, et m’étire dramatiquement :
« AAAAHHH, je pousse un long râle en me penchant en arrière les bars tendus, sentant les os de mon dos craquer agréablement. J’ai enfin fini ce bouquin, il était super franchement, un peu long mais super intéressant. »
Je sors de la salle en marchant lentement, pour dérouiller mes membres inférieurs engourdis par de longues heures de détente ; me parlant à moi-même comme à mon habitude et me dirigeant vers la bibliothèque.
Sur le chemin, je croise de nombreuses personnes, tant des groupes de chevaliers ayant terminé leurs journées, que des Padawans rieurs et joviaux, quelques très jeunes initiés qui me lancent des regards légèrement apeurés, et finalement des duos Maîtres-Apprentis en pleines discussion sur les leçons du jour….
L’ambiance ralentie de fin de journée était omniprésente, même en moi qui commence d’ailleurs à fatiguer.
Mes pas me mènent donc comme prévu à ma destination, où je range l’épais livre à la couverture verte relié de fil de soie dans le rayon « Xénobiologie du Secteur de Chommell ».
Je parcours les avenues, cherchant une nouvelle catégorie où fouiller ; et je m’arrête sur le panneau indiquant « Secteur 7G ».
Mes yeux sillonnent les étagères suivantes, à la recherche de l’étiquette mentionnant le Système Ilum :
« Ahh… Je soupire, en frôlant de mes doigt la surface des livres présents dans cette délimitation. Ilum… Ça fait si longtemps que je ne t’ai pas vu ; toi que j’aime tant… »
Il est vrai que j’ai toujours eu un faible pour ce tout petit astre qui a pourtant le titre de Planète malgré sa taille ; l’environnement, le climat, l’ambiance… tout me plaît là-bas.
Je repense nostalgiquement au jour où mon maître m’y avait emmené pour y trouver mon propre cristal Kyber…
A l’époque l’Ordre Jedi était libre, une véritable ère de paix selon ma vision d’enfant de ce temps, le trajet pour Ilum fût un moment d’excitation complet pour moi, tant impatiente de voir de mes propres yeux la planète sacrée que c’était.
Lorsque j’eu quitté le vaisseau, je rejoignis les grottes le cœur brûlant de bonheur…
Ayant face à moi tout ces cristaux brillants de milles feux, je lâcha même une larme dans ce moment si important dans la vie d’un jeune Jedi.
Quand le cristal bleu devant moi m’appela, je sentis toute l’étendue de l’importance de ce lieu pour l’Ordre, ma légère Psychométrie me montrant des bribes des souvenirs de la grotte, accueillant tous les initiés venus avant moi.
Nous avions tous ressentis des émotions communes : la fierté, l’impatience, le bonheur, l’accomplissement…
Cependant le cristal ne fût pas placé dans un sabre construit de mes mains, il en remplaça un autre qui ne brillait plus tant il venait d’une époque lointaine…
Le sabre que j’avais était en ma possession depuis ma naissance, il m’a accompagné jusqu’à Coruscant, puis durant toute ma vie.
Il n’était pas neuf, il était l’ancienne propriété du dernier Jedi ayant vécu sur Dathomir, dans ce qui était désormais les ruine d’un temple ; offert à ma mère pour moi par le spectre d’un homme qui m’était malheureusement toujours inconnu…
La légende du héros qu’était ma mère m’a été conté de maintes et maintes fois par la famille qu’étais mon clan, mais c’était il y a si longtemps que mes souvenirs commençaient à devenir flous, à ma plus grande tristesse…
Cependant je n’oublierais jamais le rôle joué par le fantôme de cet homme, qui m’a sauvé d’une mort terrible avant même que je vienne au monde ; la malédiction a été levée, épargnant ma vie sans avoir pu sauver celle de ma mère.
Je serre ce sabre si cher à mes yeux qui pend à ma ceinture ; symbole de ce que j’étais : « une enfant de la Force » selon l’ancêtre Chevalier inconnu ayant sauvé ma vie, « un miracle » selon mon clan, « enfant maudite, ennemi n°1 des peuples traditionnels de Sorcières Dathomiriennes » selon la femme qui avait détruit ma famille…
J’émerge de mes souvenirs et lâche enfin mon arme, la laissant retomber mollement contre ma large ceinture et me reconcentre sur un choix d’ouvrage.
Ayant toujours la tête pleine de mes souvenirs sur Ilum, je jette mon dévolu sur un beau livre à la couverture bleu où sont marqués d’une belle calligraphie bien éloignée de la mienne les mots « Faune et Flore d’Ilum ».
Après avoir longuement rêvassé dans la spacieuse bibliothèque de l’Ordre, livre en main je décide de partir et retourner dans mes quartiers pour prendre une douche fraîche et bouquiner paisiblement avant d’aller me coucher.
Je fais un détour au réfectoire où je prends mon dîner avec mon ami Qaram comme tous les soirs ; on se raconte nos journées respectives et on blague un peu.
Il me raconte les derniers potins du coin et je l’écoute attentivement attendant l’occasion de rebondir sur une des nouvelles croustillantes avec une blague de mauvais goût ou un commentaire inutile plus ou moins drôle.
Le repas terminé, on se dirige vers nos quartiers respectifs le sourire aux lèvres en se saluant vivement d’un large mouvement de la main presque enfantin.
Le livre sous le coude, j’entre dans ma chambre déjà plongée dans la pénombre et enlève mes chaussures avant d’avancer plus (je suis maniaque de la propreté c’est la vie...) et pose délicatement l’ouvrage sur ma couchette.
Je défais les cordes reliant les pans de ma tunique et la laisse tomber à mes pieds au milieu de la pièce, je secoue mes pieds pour pouvoir l’enlever complètement et marche vers ma petite salle de bain.
Face au large miroir, je regarde l’état de mes cheveux ; ils sont pleins de sable et en désordre.
Je passe un bon coup de brosse tout en faisant attention à pas cogner mes cornes au passage et entre enfin dans la douche.
Je laisse couler l’eau glacée en profitant d’être au frais dessous ; je manipule l’onde claire pour en faire une grosse masse et la laisser flotter au-dessus de ma tête.
En levant les yeux face à la balle formée, je vois mon reflet s’y dessiner et lâche un rire d’étonnement qui résonne contre toutes les parois de la petite pièce.
Je la laisse finalement s’écraser sur mon crâne, éclaboussant ma fine chevelure au passage ; dans un mouvement de poignet, je frotte mes yeux machinalement et les réouvre finalement pour terminer ma toilette.
Quelques minutes plus tard je sors à contrecœur de la paisible cascade d’eau froide dans laquelle j’étais si bien installée et enfile une tunique toute propre dans laquelle j’ai l’habitude de dormir.
Je ne me vois plus dans la glace tant elle est recouverte d’une fine couche de buée crée par ma chaleur corporelle qui contrastait avec la froideur de l’eau.
J’ouvre la porte et vais m’installer dans mon lit, récupérant au passage le bouquin que j’avais laissé sur le dessus.
Je me recouvre d’une couverture moelleuse, juste pour le confort sans avoir particulièrement froid et allume une flamme vive derrière mon oreille pour m’éclairer sans devoir allumer de lampes.
Enfin douillettement installée, j’ouvre la première page, prête à me lancer une nouvelle fois dans les lignes tortueuses me contant la biologie Ilumienne.
Une sonnerie agaçante me sortis de ma concentration après une bonne heure de lecture passionnante.
Le bip strident me crée un court acouphène et je grimace en attendant que la douleur aigue passe.
Je tourne le regard, ouvertement soulée, vers le transmetteur posé sur ma table de chevet qui refuse de s’arrêter de vibrer ; le bourdonnement engendré par la résonnance sur le métal ajoute un nouveau bruit chiant au capharnaüm sonore déjà bien présent m’ayant tiré de mon moment détente de la journée tant attendue.
Je saisis finalement l’outil avec dépit ; celui qui voulait me contacter à cette heure-ci avait intérêt d’avoir une bonne raison.
Déjà prête à râler auprès de l’interlocuteur mystère, je baisse les yeux sur le nom affiché et renfrogne mon expression agacée sur le champ en lisant les mots : « Conseil Jedi ».
« Oui ? Navré pour l’attente. Vous vouliez me parler ?
-Bonsoir Kranyya, demain en fin de matinée, un vaisseau cargo partira sur Ilum pour une mission de ravitaillement de cristaux, notre stock ayant diminué depuis que la dernière vague d’initiés ait pu en profiter.
Vu la nature techniquement accessible cependant lointaine de la quête il a été décidé qu’elle sera menée par deux jeunes chevaliers accompagnés d’un groupe de Padawans.
Cela fera un bon entraînement tant pour les jeunes que pour les accompagnateurs qui pourront commencer à se préparer à prendre un élève.
Etant donné la fragile situation dans laquelle l’Ordre se trouve, on ne peut pas se permettre de perdre plus de temps dans l’éducation des plus jeunes. »
Mon expression se déforme avec désappointement ; malheureusement je commence à voir où il veut en venir…
Je n’ai jamais été à l’aise avec les enfants… Cela vient probablement du fait qu’étant donné mon apparence jugée effrayante surtout par les plus jeunes, ils ne m’ont jamais apprécié non plus.
Certes j’aime le contact social et les discussions amicales même avec des inconnus, mais les regards insistants des gamins particulièrement en groupe ; ont toujours crée un profond malaise que je n’arrive pas à gérer…
Je pousse un long soupir, en faisant bien attention à ce qu’il ne soit pas entendu par l’émetteur, et me pince l’arrête du nez.
Pitié dites moi qu’ils ont juste besoin de moi pour que j’escorte le transport ou mieux encore, juste réceptionner à leur arrivée ; je sais me battre et pas qu’un peu, et ça ils le savent très bien ; en revanche m’occuper de Padawan, d’un groupe en plus ?
Un véritable enfer de stress non merci.
« Il a donc été convenu que l’expédition serait menée par Dalla Tellura et toi.
Le convoi partira demain midi où Dalla vous rejoindra pour piloter le vaisseau.
-Hein ? Merde ! J’avais laissé s’échapper une plainte après avoir entendu le « vous ».
Hum- pardon, que voulez-vous dire par « vous rejoindre ».
-Les Padawans ont été prévenus par leurs Maîtres qu’ils seraient absents pour quelques temps, et qu’ils partiraient pour une lointaine mission de routine. »
Ok, il ne répondait pas à mes questions et continuait d’énumérer les indications ; Raaah, sérieux pourquoi moi ?
Je dis ça comme ça parce que la situation me déplaît ; mais je sais très bien pourquoi c’est moi qu’ils foutent dans ce merdier.
Mon aisance (bel euphémisme…) avec les jeunes est bien connu ici ; dans les bruits de couloirs qui parcourent les zones réservées aux Padawans, on entend de nombreuses rumeurs sur la « Terrifiante Sorcière Obscure infiltrée dans l’Ordre Jedi » et autres conneries dans ce genre.
Et oui, je l’admets ; j’ai souvent lâché en public par mégarde oh combien je ne voulais pas prendre d’apprenti, disant que je n’aimais tout simplement pas les gosses pour cacher les réelles raisons sur mon malaise…
Ça a dû remonter aux oreilles du conseil qui pour me mettre à l’épreuve me collait dans ce bourbier lors d’une mission de routine…
Ah bah là pour le coup ça me lance dans le tas, et pas qu’un peu ; bon sang mais quelle idée ?
« Désolé de vous demander ça comme ça mais êtes-vous sûr que-
Je n’ai même pas le temps de finir ma phrase qu’il m’interrompt, volontairement apparemment s’attendant à ce genre de question.
-Tu récupèreras les jeunes Kodi, Loona, Opree, Hunakk, Xoraae et Mosroka demain après leur première session du matin et tu t’occuperas à veiller à ce qu’ils se préparent bien pour la mission.
Ils n’ont jamais mis les pieds sur Ilum et doivent être prêt pour partir aussi loin. »
Bon, je n’ai visiblement pas mon mot à dire…
Autant limiter la casse et faire ça correctement…
Je me résigne et décide de garder bonne figure et faire le chevalier modèle…
« Très bien, je préparerais mes affaires demain matins avant d’aller les chercher.
Pouvez-vous m’indiquez le vaisseau vers lequel nous devrons nous diriger ? »
Je sens que je l’ai satisfait avec ma résilience ; il savait donc bel et bien à quel point cette mission n’était pas faites pour moi...
Des vrais petits filous ces vieux croutons du Conseil dit-donc… (je lisse les bords, je garde mes meilleurs jurons Zabraks pour moi…)
Je reçois le numéro de l’immatriculation du cargo et la note dans un coin de ma tête.
« C’est très bien, c’est l’implication que nous attendions de toi.
Je compte sur toi pour être un bon modèle pédagogique pour ces jeunes prometteurs ; pour tout ce qui est garantir leur sécurité, la question ne se pose pas nous avons confiance en tes capacités.
Que la Force soit avec toi. »
La transmission se coupe sur ces mots habituels, ayant pourtant toujours un impact particulier sur moi, comme un doux bonheur de sentiment d’appartenance.
Ils avaient décidé de me mettre dans cette aventure malgré moi, eh bien soit, je ferais de mon mieux comme toujours et espérons que tout ira bien.
Avec un peu de chance ça pourra même donner une chance aux gamins de me connaître un peu plus personnellement et les empêcher de céder aux rumeurs futiles qui courent chez les plus jeunes.
Ras-le-bol du coup de la méchante Sorcière d’un lointain monde Sith, c’est bon j’ai assez raqué pour une vie entière: La méga honte, j’ai même dû fuir Dathomir : LA planète des Sorcières Zabraks, à cause de ma réputation d’enfant maudite.
Ma sale tête ne passait même pas sur mon monde d’origine, c’est quand même le pompon.
Je ne vais pas me ruiner ma soirée à ruminer sur mon sort, ça va bien se passer allez…
Je me remémore le contenu de la conversation et me rappelle le détail le plus important :
Dalla Tellura il avait dit ?
Je ne la connaissais pas très bien personnellement, mais la grande Twi’lek bleu ne passait pas inaperçue.
Chevalier depuis peu comme moi, elle avait une large stature, très baraqué, et une aura écrasante tant elle dégageait une forte confiance.
Elle avait l’air cool et sympathique, j’espère que j’aurais l’occasion de discuter avec elle.
« Humm, je suis contente de pouvoir la rencontrer en bonnes et dues formes…
Avec un peu de chances elle pourra m’aider à gérer les gamins aaaahhh »
Je me jette en arrière m’affalant violemment sur ma couchette en poussant ce dernier braillement.
Allongée de nouveau, mes yeux se posent sur le plafond où la flamme que j’avais allumée précédemment brillait toujours d’un feu inextinguible…
La lueur rougeoyante se mouvait élégamment dans la pénombre, effectuant une danse mystique dont seul moi et ma Pyrokinésie connaît les secrets.
La beauté de ce spectacle pourtant si courant pour moi m’émerveille toujours autant.
Je ressens la vive chaleur de cette flamme et me rappelle ma destination de demain, complétement opposée.
Je me redresse et récupère l’ouvrage toujours posé à mes côtés : « Faune et Flore d’Ilum ».
« Eh bien… Mon instinct avait donc choppé cette information dans la salle du conseil…
Belle planète, dès que mon âme se reconnecte à toi la Force m’y envoi… »
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Je me lève d’une nuit très peu réparatrice tant la mission qui m’était confiée m’avait empêché de dormir…
J’essaye de passer outre le stress infligé par le côté pédagogique (malgré moi…) de la quête et me focus sur le bonheur de retourner sur cette planète très chère à mon cœur…
Ah Ilum, belle étendue neigeuse dont les vents tempétueux restent figés dans mes souvenirs pour l’éternité…
Je me lève et enfile une tunique propre, prend un manteau qui me protègera des vents puissants ; pas nécessairement chaud puisque je ne crains pas spécialement le froid (ça contrebalance mon hypersensibilité à la chaleur…) et fourre mes affaires de tous les jours dans ma sacoche habituelle.
Après avoir pris le temps de me préparer, je quitte finalement ma chambre, claquant la porte derrière moi en malencontreusement me rappelant là où j’étais attendue :
L’aile des Padawan.
Mes pas me guident donc d’une certaine manière contre ma volonté vers ma première destination ; où les deux plus jeunes Padawan m’attendait déjà.
Je me repasse leurs profils en tête :
Kodi, jeune humain de 12ans, studieux, scolaire at appliqué ; j’ai beaucoup entendu parler de lui et ce uniquement en bien. Apparemment un peu timide et introverti, j’espère pouvoir crever l’abcès.
Ce n’est pas pour lui que je m’inquiète mais surtout pour sa camarade…
Opree, Padawan âgée de seulement 9ans.
Et si la jeune humaine prenait peur en me voyant ?
J’ai entendu dire qu’elle était très sensible et plutôt craintive…
Cependant très talentueuse, sûrement lié à sa grande connexion à la Force et ses bonnes capacités d’Empathe.
« Haa, ça risque d’être compliqué… »
Je pénètre dans le couloir devant me mener à la salle où leur entraînement allait prendre fin mais les lieux commencent à se remplir….
La première session du matin allait bientôt se finir, et très vite le lieu sera inondé d’initiés et jeunes Padawans… les plus jeunes enfants et la puissance de leur regard appeuré sur moi ; mon réel némésis…
J’accélère le pas, j’aimerais éviter de créer des mouvements de panique chez les plus facilement impressionnables…
J’espère qu’un jour ce cirque prendra fin et que les gamins arrêteront d’avoir peur ; cependant avant ça il faut que les adultes arrêtent de se méfier de moi pour rien…
Rah, si même ceux qui sont sensé être sages et matures continuent de juger à l’apparence on ne va pas aller bien loin.
« La boucle sans fin hein, le cycle de la peur, de la haine et de la méfiance ; le classico… »
Je lance un coup d’œil à mes notes, je suis bel et bien arrivée au bon endroit.
Toujours la même boule de stress devant les portes fermées ; est-ce l’angoisse face à ceux qui m’attendent qui me paralyse à chaque fois ou bien la peur de ne pas être à la hauteur de leurs attentes ?
Question à laquelle je n’ai pas encore trouvé de réponse malgré des années de répétitivités…
« Bon Kran, si tu flippes autant de rencontrer des gamins évidemment qu’ils vont être nerveux eux aussi… Allez soit zen et tout va bien se passer. »
Dans mon habituel profond soupir, je passe enfin le pas et j’actionne le mécanisme ; laissant la porte s’ouvrir rapidement devant moi dans un grand « swoosh » familier.
Je me prépare à rentrer dans la pièce d’un pas confiant et déterminé, les yeux rivés vers l’avant.
« Si tu ne montres pas que tu as peur, tu sembleras tout aussi confiante que n’importe quel autre audacieux » Comme me disait mon Maître lorsque je me battais contre mes anciens problèmes de timidité maladive.
« La Peur est un moyen, la Confiance une solution ; qu’elle soit réelle ou factice, ton interlocuteur ne peut le savoir si tu restes maître de ton expression. »
Toujours un de ses charmants dictons, à double sens comme souvent ; impliquant la maîtrise de soi et la manipulation de celle d’autrui.
Toujours aussi plein de bons conseils dit donc…
Et on se demande d’où je tiens mes méthodes parfois si radicales haha…
Penser à mon Maître me redonne du baume au cœur.
Depuis sa tragique disparition lors de la Diaspora Jedi cinq ans auparavant ; sa présence solaire et rassurante me manquait terriblement.
Lui qui m’a inculqué tout ce qui fait de moi une Jedi vachement décalée m’a également été de très bon conseil pour m’aider à gérer mon malaise par rapport aux tensions intra-Ordre que mon arrivée avait créé au temple.
Bon, ce n’était pas le moment d’y penser…
J’ai une mission à gérer et peut importe mon absence d’enthousiasme, je vais me donner à fond et épater les membres fourbes du Conseil qui ont voulu me tester !
« Qui s’y frotte s’y pique comme on dit, venez vous piquer à moi ça va être fun vous verrez… »
Une fois entrée, je tombe face à face avec un petit garçon au teint halé d’1m50 ; de ses grands yeux bleus brillant de sagesse, il me dévisage.
Cependant pour une fois, je ne vois aucune trace de jugement ou de peur dans son regard, juste une curiosité sans limites…
Je me lance, et arbore mon sourire le plus chaleureux :
« Salut ! Tu dois être Kodi ? Moi c’est Kranyya, Nekro Kranyya, mais tu peux m’appeler Kran.
On doit partir en mission ensemble aujourd’hui, belle expédition sur Ilum ! Ton maître t’as bien prévenu ? »
En attendant la réponse du petit humain, une grosse goutte de sueur coule le long de ma tempe, je stresse tellement de sa réponse et surtout du ton qu’il va employer que j’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma cage thoracique.
Les battements de mon organe vital sont vifs et saccadés, presque douloureux tant ils sont puissants ; je les sens résonner dans l’intégralité de ce qui compose mon être…
Finalement, tous mes muscles se relâchèrent dans ce qui fût un immense soulagement :
« Bonjour Madame Nekro…
Euh- je vous attendais, mon Maître m’a demandé de venir ici pour vous retrouver vous et les autres élèves et rejoindre Madame Tellura dans le vaisseau… Je suis très honoré d’avoir été permis de partir en mission avec vous… »
Le gamin était adorable, j’entendais la nervosité dans sa voix, et surtout l’envie de donner bonne impression auprès de ses nouveaux accompagnateurs.
Et puis « Madame Nekro et Madame Tellura » ? C’est trop chou !
Haha, je suis tellement rassurée que j’ai l’impression que je vais m’évanouir…
« Super, je suis contente de te voir tant enthousiaste ; on va passer une super mission tous ensemble ! Mais par contre, ta camarade Opree ne devait pas être ici avec toi ? »
En effet, j’ai beau parcourir du regard la pièce entière, aucun signe de la petite blonde qui devrait pourtant être là…
Comme le petit brun ne me répond apparemment pas, trop occupé à chercher ses mots pour faire de jolies phrases ; je ferme les yeux et scan la pièce.
Enfin, je ressens une frêle présence.
Ici tout près, dans un coin de la pièce derrière les rideaux se trouve une petite masse d’environ 135cm de haut.
Ah, je t’ai trouvé Opree !
Je me dirige lentement vers le coin indiqué, le jeune garçon déjà sur mes pas et une fois arrivée juste devant ; d’une poussée de Force, soulève le rideau pour enfin découvrir la petite présence qui s’y cachait.
« Bonjour Opree, tu n’as pas besoin de te cacher tout va bien. Moi c’est Kran, comment est-ce que tu vas ? »
La petite fille lève ses beaux yeux verts vers les miens, croise mon regard jaune presque reptilien et détourne immédiatement la vue.
J’ai comme un haut le cœur de douleur ; elle a eu peur de mes yeux et ça se voyait, tellement que je l’avais même ressenti à travers une vague d’empathie.
C’est dans ces moments là que je meurs d’envie de me les arracher et de les jeter là où plus personne ne pourra jamais les revoir.
Mon père avait beau me dire oh combien c’était une bénédiction, un trait héréditaire dans sa lignée d’avoir la sclérotique de la couleur des lèvres et les iris reflétant son don, le traitement que j’ai reçu par rapport à cette caractéristique ces 13 dernières années loin de ma planète natale ont été très largement majoritairement négatif voire carrément péjoratif.
Mon cœur se serre si fort que je peine à respirer, j’espère pouvoir placer l’attention de la très jeune humaine sur autre chose que ce que je considère parfois comme étant un défaut et la faire rejoindre la conversation en étant à l’aise…
Heureusement, Kodi sembla sentir l’étendue de la souffrance que la peur de l’enfant ait provoqué en moi car il s’approche de sa camarade et lui chuchote quelques mots à l’oreille.
Je sais qu’éthiquement parlant je ne suis pas sensé entendre les petites conversations secrètes des jeunes initiés, ni de personne d’ailleurs ; mais mes sens sont développés comme tout Chevalier Jedi respectable donc peu importe mon souhait, j’entends la phrase suivante prononcée à mon insu :
« Elle est très triste maintenant, n’ai pas peur elle est gentille. »
L’enfant aux cheveux blonds décide finalement de relever la tête vers moi, comme si les douces paroles de son camarade avaient eu un effet ; et m’adresse finalement la parole ; d’un ton si bas que je l’entendais à peine :
« Bonjour Madame Kran… »
L’enfant avait le regard sur moi, mais je voyais tout de même qu’elle évitait mon visage ; restant plutôt clouée sur mes habits typiquement Jedi ; apparence familière qui devait la rassurer…
Kodi lui rechuchote à l’oreille ; lui conseillant de s’excuser, ce que la petite fit sur le champ :
« Hum… Je m’excuse de m’être cachée… J’étais un peu nerveuse… Oui je vais bien merci de me demander c’est gentil… »
Elle parle de moins en moins fort, ses mots se transformants en marmonnements ; et se triture les mains en piétinant sur place, le regard toujours fuyant.
Wow, ça c’était de la timidité, je me revois quand j’étais encore plus jeune qu’elle, dans le même état le jour de mon arrivée sur Coruscant…
Ahah, je n’osais même pas répondre aux questions du conseil tant j’étais stressée et apeurée ; seule sur cette planète que je ne connaissais guère…
Bon, je dois essayer d’alléger l’ambiance… Je vais passer pas mal de temps avec cette petite, il faut briser la glace avant qu’elle ne retombe dans l’introversion totale…
« Il n’y a aucun souci, c’est normal d’être nerveuse pour un moment aussi grand que celui-là.
On va passer une super mission ensemble tu verras on va même devenir super copines ! »
Je lui tends à nouveau mon meilleur sourire, tout en évitant de trop laisser dépasser mes canines proéminentes ; je ne voulais pas l’effrayer à nouveau…
Finalement, elle réussi enfin à lever ses yeux vers le miens, et me rend mon sourire dans une expression légèrement embarrassée que je trouve complètement craquante chez les gamins :
« Et bien c’est super tout ça, je suis très contente de vous avoir rencontré !
Je vais devoir faire ma pénible avec des détails techniques ; vos maîtres m’ont dit avoir déjà préparé votre nécessaire pour l’expédition, est-ce qu’on peut vérifier ça ensemble ? »
Les deux jeunes humains s’approchent de moi en me tendant leurs larges sacs à dos, je m’agenouille pour être à leur niveau et commence l’inspection :
Ils ont leur sabre respectif, un vêtement de rechange, un manteau bien chaud pour parer au climat très froid d’Ilum, du matériel de soin d’urgence, une grande carte tactique Galactique super étayée, des vivres, une gourde métallique avec un outil d’extraction d’eau, un petit transmetteur simple avec quelques contacts et quelques autres bricoles personnelles :
« Génial ! Vous êtes bien prêt ; suivez-moi, on va chercher vos autres camarades !
-Combien seront-nous Madame Nékro ? Me demande le petit garçon, en faisant toujours attention aux moindre de ses mots et de ses formules de politesses.
-En vous comptant vous deux vous serez six Padawans, de tout âge en plus. Vous avez tous été recommandé pour vos aptitudes et votre travail acharné, félicitations… »
Les deux gamins sur les pas, je sors de la pièce, afin de retraverser le couloir.
Cependant, entre temps ce lieu s’était bien rempli…
Face à moi se trouve de nombreux groupe de jeunes Padawans et Initiés, tous âgés de moins de 13ans ; la quasi-totalité d’entre eux se retourne vivement vers moi dès que ma silhouette ait apparu dans leur champ de vision.
Je me sens nauséeuse, je vois dans leur regard d’enfants la peur et la méfiance, et par-dessus tout une puissante vague de toutes leurs émotions vient se fracasser contre mes sens, les noyant complètement dans les leurs.
Mon souffle est coupé court, je tente une profonde inspiration pour dissiper la pétrification de mes membres mais l’angoisse m’en empêche.
Je n’arrive pas vraiment à garder la face et décide donc de marcher plus rapidement, pour quitter l’aile le plus vite possible.
Le son saccadé du claquement de mes bottes sur le sol crée une puissante résonnance, mes pas nets se font toujours plus vifs au fur et à mesure que les chuchotements des plus jeunes parviennent à mes oreilles.
J’essaye de bloquer mes sens mais les mots dit avec inquiétude « La Sorcière » ont déjà fait leur funeste trajet jusqu’à mes oreilles…
Une fois sortie de cette zone du bâtiment, je regarde l’heure et ressors mes notes :
« Alors on doit aller récupérer Hunakk, Xoraae et Mosroka, ils doivent normalement déjà nous attendre dehors. Allez hop en route ! »
Je pousse un soupir de manière à ce que les enfants ne le remarque pas…
Hunakk était un des profils qui me stressait le plus ; le grand Omwati de 14ans était réputé pour son arrogance et sa langue bien pendue.
De ce que son maître me disait, il a été très dur à gérer au début ; son insolence causant une sorte de refus de l’autorité particulièrement agaçante…
Je ne me faisais pas trop de soucis pour Xoraae, du haut de ses 15ans, le Chiss était d’un naturel très silencieux, il ne risquait pas de me causer de problème.
Et niveau apparence bizarre il ne risquerait pas de me juger non plus ; cependant le regard perçant qu’il aborde sur toutes ses photos a le don de me déstabiliser ; je n’arrive pas à lire en lui, et son maître non plus apparemment…
La meilleure partie de la mission sera clairement les moments passés avec Mosroka ; je connais bien la jeune humaine de 16ans, elle n’est pas beaucoup plus jeune que moi après tout ; solaire, sociable et sympathique en toutes circonstance ; son enthousiasme débordant et est tant une grande qualité que parfois un léger défaut, à force d’aller trop vite on risque de foncer droit dans le mur.
On se met donc en route vers l’extérieur, où les trois jeunes doivent être avec leurs affaires, prêts au départ.
Concernant la dernière Padawan, j’ai déjà été mise au courant qu’elle nous rejoindra avant l’embarquement, et après le profil d’Opree c’était bien le sien qui me mettais le plus mal à l’aise :
Loona, grande Twi’lek douée en tout, perfectionniste mais cependant au caractère bien trempé.
Malheureusement je la connaissais très bien cella là, ayant que deux ans de moins que moi, on était parfois ensemble à l’époque où j’étais également Padawan.
La jeune femme de 17ans aux yeux gris était plutôt… rebelle je dirais ?
Pas toujours bien sûr, mais elle refuse complètement l’autorité des jeunes chevaliers, estimant que la faible différence d’âge entre elle et nous ne méritais pas une relation hiérarchique.
Complètement ingérable, elle n’en fait donc qu’à sa tête estimant être tout autant légitime et décisionnaire que nous…
Une fois sortie de l’enceinte rocheuse, je guide les deux jeunes Padawan vers notre destination : à l’extérieur du «temple» dans une profonde clairière creusée dans le sol accessible par un tuner où les jeunes s’y entraînent souvent au combat.
On descend la pente, s’approchant d’un petit groupe de trois adolescents ; cependant, en avançant je remarque que la silhouette bleue de Xoraae manquait à l’appel, remplacée par la grande Twi’lek qui devait nous rejoindre plus tard :
« Salut les jeunes, je vous présente Kodi et Opree, ils nous accompagnent pour la mission sur Ilum, je compte sur vous pour leur faire un accueil chaleureux. »
Les trois visages se lèvent en même temps vers nous, leurs expressions différant du tout au tout :
Les yeux bleu sombre d’Hunakk sont dédaigneux comme à son habitude ; Mosroka a un air radieux, apparemment ravie de me voir ; et Loona me toise d’un air condescendant, elle se lève, me surplombant de quelques centimètres, et me regarde de haut en bas lentement.
La première à prendre la parole fût l’humaine aux cheveux bouclés, s’approchant des deux petits Padawans pour les saluer :
« Salut, enchantée de vous rencontrer ! Moi c’est Mosroka, j’ai 16ans et je viens d’un beau village montagneux de Dantooine !
Elle leur tend la main, pour les laisser lui serrer leur donnant l’impression d’être des grands.
J’ai hâte de partir sur Ilum avec vous, ça va être super !
En plus on part avec Kran et Dalla, elles sont hyper gentilles vous verrez ! »
Je laisse les deux enfants discuter avec Mosroka, ils sont directement mis dans une ambiance agréable et je les vois se décontracter.
Mais bon, j’avais un truc important à régler sur maintenant :
« Où est Xoraae ? On avait bien dit qu’on se retrouverait ici ; vous savez où il est ?
Et pourquoi tu es venue maintenant Loona ? Ton maître m’avait prévenu que tu voulais nous rejoindre pour le départ et pas avant ?
-J’ai changé d’avis, dis la Twi’lek violacé comme si c’était normal ; j’étais prête en avance et je n’avais pas envie d’attendre…
Ça pose un problème ? »
L’arrogance et la provocation volontaire de la demoiselle commençait à me fatiguer, et c’était pourtant ses premiers mots.
Je n’ai pas envie de me prêter à son petit jeu et ignore tout simplement sa question avant de me tourner vers l’Omwati.
Le grand type se lève, ses 180cm surplombant tout le monde dans le petit groupe, et donne quelques informations en employant son ton nonchalant et présomptueux :
« Xoraae est parti récupérer ses affaires, il avait oublié son manteau au dortoir.
-Ah ok, bon, on va l’attendre ici et après on ira se préparer pour l’embarquement.
Je vais regarder vos sacs avant de partir, faut être bien préparé. »
Je vérifie les affaires des jeunes, et me relève.
Derrière moi apparaît une silhouette silencieuse :
« Wow, je t’avais pas vu arriver Xoraae tu m’as fait peur !
Eh bien c’est tout bon, on est au complet suivez-moi on va au vaisseau. »
Suivi par le petit groupe hétéroclite, on se dirige vers le quai d’embarquement.
La clairière dégagée abrite un bon petit nombre de vaisseaux, tant des cargos que des chasseurs.
Je passe devant le mien, petit intercepteur peint en rouge par mes soins, où le nom « Dath » est écrit dans la calligraphie maladroite qui est la mienne.
Partir en mission sans lui me fait un peu de la peine…
C’est comme une trahison, désolé Dath !
Je suis ce que j’appelle un demi-as du pilotage !
Les intercepteurs n’ont aucuns secrets pour moi, en revanche pour tout ce qui est grands vaisseaux ; je suis un bon gros boulet.
Heureusement que Dalla sera là pour piloter…
Je vérifie mes notes pour que le numéro sous mes yeux corresponde avec celui de l’immatriculation.
Je m’arrête finalement devant un cargo imposant, et en ouvre les portes.
La rampe d’accès se déploie lentement, dans un grondement annonçant le départ imminent pour une destination lointaine.
Avant d’entrer, je me retourne face aux Padawans et leur lance :
« Allez les jeunes ! Il est temps d’embarquer direction Ilum ! »
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- Kranyya:
- Qaram:
- Kodi:
- Opree:
- Mosroka:
- Loona:
- Hunakk:
- Xoraae:
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Mer 17 Mai 2023 - 23:45
Dalla dissimula habilement (du moins l’espérait-elle) un bâillement en baissant le tête vers son datapad, tout en se frottant le nez. La réunion avait commencé il y avait plus d’une heure standard, et tout ce qu’ils avaient réussi à faire, c’était récapituler ce qui avait déjà été fait et mis en place.
-Et donc, les évaluations d’hier nous permettront… et bien justement d’évaluer le niveau de huttese de l’ensemble des novices et apprentis -exception faite, bien sûr, des néo-apprenants.
Dalla était bien placée pour le savoir, puisque c’était elle qui avait surveillé ladite épreuve. Et donc, aussi, qui avait répondu aux questions des 3 ou 4 douzaines de padawans. Elle avait aussi eu le temps de lire les exercices et questions de l’évaluation, et d’arriver à la conclusion qu’elle avait largement le niveau 4 -c’est-à-dire le niveau maximum fixé par les 11 autres personnes présentes à la réunion (en personne ou en hologramme). Plus de référentiel Aurek, Besh et Cresh 1 et 2, fixé par la République. Pas assez de profs, pas assez d’élèves.
Les jedi enseignant les langues et civilisations galactiques avaient décidé de rendre l’enseignement du huttese obligatoire pour tous les futurs jedi.
-Ce serait pas pas du luxe pour certains actuels jedi aussi, avait maugréé Maître Ooneer Vassk.
Puisque les jedi étaient bloqués sur Tatooine, autant apprendre à parler la langue des Hutts.
Or, des 6 jedi qui enseignaient cette langue au Temple d’Ondéron, seul Maître Vassk avait survécu. Et Maître Vassk ne pouvait pas donner des milliers d’heures de cours par semaine. Surtout qu’il était également le plus versé dans la langue jawa, et donc le responsable des interactions avec le petit peuple encapuchonné.
D'où la décision de répartir les élèves en 4 groupes de niveaux.
Et d’où la réunion d’aujourd’hui. 4 groupes de niveaux, d’accord, mais qui, comment, combien de temps, etc.
Dalla avait une autre question mais qu’elle se gardait bien de poser : pourquoi, alors que cette réunion était prévue depuis des mois, ne l’avoir informée que la veille qu’elle était censée y participer ?
-Je dois partir à 1100, heure locale, pour une mission !
-Nous aurons fini bien avant !
Et bien sûr, il était 1015, et ils n’avaient rien fini du tout…
-J’ai rédigé une correction de l’épreuve d’hier, ainsi qu’une grille détaillée de barème de niveau, détaillée pour chaque exercice, avec également une grille globale pour assigner chaque padawan au groupe de niveau le plus adapté. Ainsi il y a des critères précis, valables pour chacune des copies.
Chacune des 51 copies. Dalla était sûre du nombre. Elle avait compté, recompté et re-recompté d’abord les élèves qui composaient, puis les sujets, puis les élèves notés sur la liste des inscrits, puis les copies, puis encore les copies, et puis encore les copies au cas où.
Elle n’aurait jamais pensé, quand elle était elle-même élève, que les examens demandaient autant de préparation aux profs. Ou aux surveillants, dans sons cas.
-Alors, la correction, déclara Maître Ludaïla Kolophen, la professeure de mando’a, ce sera sans moi. J’ai déjà bien assez à faire comme cela.
Dalla soupira. Cela allait encore durer un moment.
Elle jeta un coup d’œil à son commlink, et constata qu’elle avait un message :
Dalla sourit devant l’économie de mots. Elle perdit son sourire en regardant l’heure.
-Afin d’assurer l’égalité entre les élèves, puisqu’il s’agit d’une évaluation diagnostic qui définira les groupes de niveaux pour l’ensemble de la scolarité des élèves, j’estime que toutes les copies doivent être corrigées par la même personne.
-J’assure tous les cours de huttese…
-J’ai 3 langues à charge, plus mes recherches personnelles, les cours de civilisation chandriléenne que TU m’as refilé…
-...habilitation à enseigner…
Dalla aurait dû prendre son bagage avec elle. Cela lui aurait évité d’avoir à repasser par sa cellule.
-Nous sommes tous et toutes débordées, c’est un fait. N’est-ce pas pour cela que nous avons sollicité l’aide de la chevalière Tellura ?
Tous les regards se tournèrent vers Dalla.
-Elle a déjà assuré des missions d’enseignement -lors de votre mission sur Drexel, Octor...
Le professeur d’histoire et civilisation du Noyau hocha la tête.
-De surveillance, à plusieurs reprises, y compris lors de l’évaluation d’hier… Je suis persuadée qu’elle sera parfaitement en mesure de s’acquitter d’une tâche de correction… Vous avez bien vécu dans l’espace hutt depuis la Diaspora, Dalla ?
-Oui… Sur Dubrova…
51 copies…
-Voilà une solution qui me semble répondre à toutes nos préoccupations.
-C’est que… je dois partir en mission dans… 19 minutes !
-Ah oui, la mission sur Ilum ?
-Et bien c’est parfait ! Avec le détour pour éviter la République, vous aurez largement le temps de tout corriger pendant le trajet ! Et puis, si vous n’avez pas fini, il y a toujours le trajet retour.
Dalla avait la nette impression de s’être fait avoir. Mais après tout, c’était prévisible. De toutes les personnes présentes, elle était la plus jeune et la plus en bas de l’échelle académique.
Comme elle était aussi la plus pressée, elle accepta sans râler le datapad contenant toutes les copies d’examens, et partit vite vers les quartiers d’habitation. Elle récupéra son sac de voyage – pas le temps de faire une dernière vérification, et repartit vers les ateliers de maintenance, où Brien devait l’attendre.
Le sullustéen était assis sur un établi, une tasse de caf à la main.
-Salut Dalla. Je te propose pas une tasse de caf.
-Non, merci. Alors, tu as un droïde pour moi ?
Quand elle avait eu les informations de la mission pour Ilum, elle avait immédiatement demandé au Conseil si un droïde était disponible pour les accompagner.
-Nous aurons 6 padawans en responsabilité. Si jamais nous devons gérer un imprévu, il faut quelqu’un pour surveiller le pilote automatique. Nous allons passer dans l’espace républicain !
-A peine ! C’est justement tout l’intérêt de passer par Bellassa…
-Chevalière Tellura, vous savez que nous avons un nombre très réduit de droïdes. Nous devons les garder pour les missions les plus délicates et périlleuses…
-Nous verrons néanmoins ce qu’il est possible de faire.
Et visiblement, ils avaient trouvé quelque chose.
-On m’a ramené ça ce matin, Dalla, fit Brien en désignant un coin de la pièce.
Ce qu’on aurait pu, à première vue, prendre pour un tas de pièces détachées rouillées inutilisables poussa un petit bip éraillé.
-Qu’est-ce que c’est que ça ?
-Voici A7-D7. Ou T-1-1-X.
-Comment ça, ou T-1-1-X ? C’est quoi son numéro ?
-Ben… y en a plusieurs…
Brien avait l’air de trouver la situation très drôle. Dalla beaucoup moins.
-Plusieurs ? Tu veux dire que non seulement il a l’air d’être un ramassis de pièces détachées, mais qu’en plus c’est un ramassis de pièce détachées ?
-Il a, vraisemblablement, des morceaux d’au moins deux unités initialement distinctes.
-Plus que deux… regarde moi ce patchwork…
-Faut pas se fier aux couleurs, il a pu être repeint…
-Oui, c’est pour ça qu’il tient encore debout…
-Tu le prends ou pas ?
Dalla regarda l’heure sur son datapad. Elle était officiellement en retard.
-Oui, oui, je le prends ! Au pire, ça fera un exercice de mécanique appliquée pour les padawans…
-Quels padawans ?
-Je te raconterai. Salut ! Allez, en avant A7 T truc !
Dalla et le droïde sortirent ensuite de la caverne, pour rejoindre la carrière où les vaisseaux de l’Ordre étaient stationnés. Un petit groupe les attendaient, presque sur le point de monter à bord.
Dalla avait parcouru la liste des padawans la veille au soir, ainsi que leurs dossiers scolaires, qu’on lui avait envoyés. Comme le trajet serait long, elle était chargée de leur faire faire des devoirs…
Elle avait repéré qu’elle en connaissait deux, Mosroka et Kodi, pour avoir remplacé leur professeur d’histoire et civilisation du Noyau pendant trois semaines. Et, à part Opree, elle avait surveillé tout le monde pendant l’évaluation d’hier.
Et elle avait donc aussi leurs copies dans un datapad dans son sac, mais ça, elle ne leur dirait pas tout de suite.
En lisant le nom de l’autre jedi responsable de la mission, elle s’était dit que c’était un nom qui lui était familier, mais sans chercher plus à se renseigner. C’était sûrement un chevalier ou un maître un peu plus expérimenté, qui l’accompagnait pour sa première vraie mission en tant que chevalière.
Sauf que non. Elle se rappelait, maintenant, pourquoi le nom lui était familier.
Dalla essaya de cacher le petit mouvement de recul qu’elle avait eu en voyant Kranyya Nekro.
C’était ça e problème, quand un jedi essayait de cacher un mouvement instinctif à un autre jedi. Les supers réflexes qui permettaient de compenser très vite son premier mouvement, permettaient aussi à votre interlocuteur de déceler même une micro-expression…
Dalla se rappelait quand Kranyya Nekro avait intégré l’Ordre jedi. Il y avait eu beaucoup de remous et de rumeurs chez les padawans. Beaucoup la surnommaient « la Sorcière ».
Dalla n’avait jamais vraiment côtoyé Kranyya, de 7 ans sa cadette. Elle ne la connaissait que par ces rumeurs.
Mais aussi, maintenant, par le fait que le conseil lui avait octroyé le range de jedi.
Dalla était gênée de son mouvement de recul. Se laisser aller aux préjugés, alors qu’elle était elle-même si énervée par les nombreux stéréotypes et l’hypersexualisation des femmes twi’lek… La moindre des choses, dans ce cas-là, c’était quand même de ne pas soi-même céder aux stéréotypes envers les autres espèces…
Dalla cacha sa gêne par un petit sourire crispé et une inclinaison de la tête.
-Chevalière Nekro.
Puis elle se tourna vers les padawans.
-Bonjour à tous, désolée pour mon retard. Je suis la chevalière Dalla Tellura. J’ai eu quelques affaires de dernier moment à gérer.
Elle inclina de nouveau la tête devant les padawans.
-Aloors. Je connais Mosroka et Kodi.
-Bonjour Madame Tellura !
-Bonjour Dalla !
-Bonjour à tous les deux. Les autres, pourriez vous me donner vos noms ?
Ils s’exécutèrent avec plus ou moins de bonne grâce :
-Moi c’est Hunakh. J’avais fini le premier le test hier. Trop facile.
Ah oui… le petit sagouin qui s’est balancé sur sa chaise pendant vingt minutes en embêtant tout le monde.
-Xoraae.
OK. C’était court, mais il avait indubitablement répondu à sa question.
Dalla se tourna vers la plus petite, se pencha un peu en avant et lui fit un sourire encourageant.
La petite humaine se ratatina sur place.
-Opree…
-Bonjour Opree. Tu as quel âge ?
La tête d’Opree rentra encore plus dans ses épaules.
-…
Dalla se pencha encore un peu plus en avant.
-9 ans.
Dalla avait un peu peur, si elle continuait à regarder Opree, que la petite disparaisse totalement dans le sol. Elle se tourna donc vers la dernière padawan.
Qui leva les yeux au ciel.
-Moi c’est Loona… On y va ou pas ?
Elle aussi avait fini son évaluation assez tôt. Elle était restée ensuite immobile, à fixer l’holo-horloge avec insistance.
-Tout le monde a bien toutes ses affaires ? Bien. Voici notre… euh… droïde pour la mission.
Loona jeta un regard presque offusqué au droïde. Et, honnêtement Dalla était un peu de son avis.
-C’est un droïde ça ? grimaça Hunakh.
-Et bien, je dirais au moins deux demis-droïdes… allez, à bord tout le monde !
Mosroka bondit sur la rampe, suivie par un Kodi très décidé.
Dalla se tourna vers Kranyya Nekro.
-J’étais un peu étonnée tout à l’heure en te voyant… Je n’imaginais pas quelqu’un d’aussi jeune…
Ce n’était pas complètement un mensonge.
-Je veux dire, jeune comme moi. Enfin… un peu plus jeune… mais… Bref… Qui pilote ?
Elle entrèrent dans le vaisseau à la suite des padawans et du droïde.
Hunakh et Loona étaient déjà affalés sur une banquette.
-Allez-viens, A7-TX, on va voir si tu réussis à te brancher à l’appareil.
Dalla s’assit dans le siège du pilote. Cela faisait bien 5 ans qu’elle n’avait pas piloté. Pas depuis..
Elle secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à Larna. Elle vérifia les données de vol, jeta un regard suspicieux à A7-TX ou quel que soit son matricule, et lança la procédure de décollage.
-Et donc, les évaluations d’hier nous permettront… et bien justement d’évaluer le niveau de huttese de l’ensemble des novices et apprentis -exception faite, bien sûr, des néo-apprenants.
Dalla était bien placée pour le savoir, puisque c’était elle qui avait surveillé ladite épreuve. Et donc, aussi, qui avait répondu aux questions des 3 ou 4 douzaines de padawans. Elle avait aussi eu le temps de lire les exercices et questions de l’évaluation, et d’arriver à la conclusion qu’elle avait largement le niveau 4 -c’est-à-dire le niveau maximum fixé par les 11 autres personnes présentes à la réunion (en personne ou en hologramme). Plus de référentiel Aurek, Besh et Cresh 1 et 2, fixé par la République. Pas assez de profs, pas assez d’élèves.
Les jedi enseignant les langues et civilisations galactiques avaient décidé de rendre l’enseignement du huttese obligatoire pour tous les futurs jedi.
-Ce serait pas pas du luxe pour certains actuels jedi aussi, avait maugréé Maître Ooneer Vassk.
Puisque les jedi étaient bloqués sur Tatooine, autant apprendre à parler la langue des Hutts.
Or, des 6 jedi qui enseignaient cette langue au Temple d’Ondéron, seul Maître Vassk avait survécu. Et Maître Vassk ne pouvait pas donner des milliers d’heures de cours par semaine. Surtout qu’il était également le plus versé dans la langue jawa, et donc le responsable des interactions avec le petit peuple encapuchonné.
D'où la décision de répartir les élèves en 4 groupes de niveaux.
Et d’où la réunion d’aujourd’hui. 4 groupes de niveaux, d’accord, mais qui, comment, combien de temps, etc.
Dalla avait une autre question mais qu’elle se gardait bien de poser : pourquoi, alors que cette réunion était prévue depuis des mois, ne l’avoir informée que la veille qu’elle était censée y participer ?
-Je dois partir à 1100, heure locale, pour une mission !
-Nous aurons fini bien avant !
Et bien sûr, il était 1015, et ils n’avaient rien fini du tout…
-J’ai rédigé une correction de l’épreuve d’hier, ainsi qu’une grille détaillée de barème de niveau, détaillée pour chaque exercice, avec également une grille globale pour assigner chaque padawan au groupe de niveau le plus adapté. Ainsi il y a des critères précis, valables pour chacune des copies.
Chacune des 51 copies. Dalla était sûre du nombre. Elle avait compté, recompté et re-recompté d’abord les élèves qui composaient, puis les sujets, puis les élèves notés sur la liste des inscrits, puis les copies, puis encore les copies, et puis encore les copies au cas où.
Elle n’aurait jamais pensé, quand elle était elle-même élève, que les examens demandaient autant de préparation aux profs. Ou aux surveillants, dans sons cas.
-Alors, la correction, déclara Maître Ludaïla Kolophen, la professeure de mando’a, ce sera sans moi. J’ai déjà bien assez à faire comme cela.
Dalla soupira. Cela allait encore durer un moment.
Elle jeta un coup d’œil à son commlink, et constata qu’elle avait un message :
De : Brien Gorlon
A : Dalla Tellura
Au sujet du droïde demandé, prière passer me voir avant départ.
A : Dalla Tellura
Au sujet du droïde demandé, prière passer me voir avant départ.
Dalla sourit devant l’économie de mots. Elle perdit son sourire en regardant l’heure.
-Afin d’assurer l’égalité entre les élèves, puisqu’il s’agit d’une évaluation diagnostic qui définira les groupes de niveaux pour l’ensemble de la scolarité des élèves, j’estime que toutes les copies doivent être corrigées par la même personne.
-J’assure tous les cours de huttese…
-J’ai 3 langues à charge, plus mes recherches personnelles, les cours de civilisation chandriléenne que TU m’as refilé…
-...habilitation à enseigner…
Dalla aurait dû prendre son bagage avec elle. Cela lui aurait évité d’avoir à repasser par sa cellule.
-Nous sommes tous et toutes débordées, c’est un fait. N’est-ce pas pour cela que nous avons sollicité l’aide de la chevalière Tellura ?
Tous les regards se tournèrent vers Dalla.
-Elle a déjà assuré des missions d’enseignement -lors de votre mission sur Drexel, Octor...
Le professeur d’histoire et civilisation du Noyau hocha la tête.
-De surveillance, à plusieurs reprises, y compris lors de l’évaluation d’hier… Je suis persuadée qu’elle sera parfaitement en mesure de s’acquitter d’une tâche de correction… Vous avez bien vécu dans l’espace hutt depuis la Diaspora, Dalla ?
-Oui… Sur Dubrova…
51 copies…
-Voilà une solution qui me semble répondre à toutes nos préoccupations.
-C’est que… je dois partir en mission dans… 19 minutes !
-Ah oui, la mission sur Ilum ?
-Et bien c’est parfait ! Avec le détour pour éviter la République, vous aurez largement le temps de tout corriger pendant le trajet ! Et puis, si vous n’avez pas fini, il y a toujours le trajet retour.
Dalla avait la nette impression de s’être fait avoir. Mais après tout, c’était prévisible. De toutes les personnes présentes, elle était la plus jeune et la plus en bas de l’échelle académique.
Comme elle était aussi la plus pressée, elle accepta sans râler le datapad contenant toutes les copies d’examens, et partit vite vers les quartiers d’habitation. Elle récupéra son sac de voyage – pas le temps de faire une dernière vérification, et repartit vers les ateliers de maintenance, où Brien devait l’attendre.
Le sullustéen était assis sur un établi, une tasse de caf à la main.
-Salut Dalla. Je te propose pas une tasse de caf.
-Non, merci. Alors, tu as un droïde pour moi ?
Quand elle avait eu les informations de la mission pour Ilum, elle avait immédiatement demandé au Conseil si un droïde était disponible pour les accompagner.
-Nous aurons 6 padawans en responsabilité. Si jamais nous devons gérer un imprévu, il faut quelqu’un pour surveiller le pilote automatique. Nous allons passer dans l’espace républicain !
-A peine ! C’est justement tout l’intérêt de passer par Bellassa…
-Chevalière Tellura, vous savez que nous avons un nombre très réduit de droïdes. Nous devons les garder pour les missions les plus délicates et périlleuses…
-Nous verrons néanmoins ce qu’il est possible de faire.
Et visiblement, ils avaient trouvé quelque chose.
-On m’a ramené ça ce matin, Dalla, fit Brien en désignant un coin de la pièce.
Ce qu’on aurait pu, à première vue, prendre pour un tas de pièces détachées rouillées inutilisables poussa un petit bip éraillé.
-Qu’est-ce que c’est que ça ?
-Voici A7-D7. Ou T-1-1-X.
-Comment ça, ou T-1-1-X ? C’est quoi son numéro ?
-Ben… y en a plusieurs…
Brien avait l’air de trouver la situation très drôle. Dalla beaucoup moins.
-Plusieurs ? Tu veux dire que non seulement il a l’air d’être un ramassis de pièces détachées, mais qu’en plus c’est un ramassis de pièce détachées ?
-Il a, vraisemblablement, des morceaux d’au moins deux unités initialement distinctes.
-Plus que deux… regarde moi ce patchwork…
-Faut pas se fier aux couleurs, il a pu être repeint…
-Oui, c’est pour ça qu’il tient encore debout…
-Tu le prends ou pas ?
Dalla regarda l’heure sur son datapad. Elle était officiellement en retard.
-Oui, oui, je le prends ! Au pire, ça fera un exercice de mécanique appliquée pour les padawans…
-Quels padawans ?
-Je te raconterai. Salut ! Allez, en avant A7 T truc !
Dalla et le droïde sortirent ensuite de la caverne, pour rejoindre la carrière où les vaisseaux de l’Ordre étaient stationnés. Un petit groupe les attendaient, presque sur le point de monter à bord.
Dalla avait parcouru la liste des padawans la veille au soir, ainsi que leurs dossiers scolaires, qu’on lui avait envoyés. Comme le trajet serait long, elle était chargée de leur faire faire des devoirs…
Elle avait repéré qu’elle en connaissait deux, Mosroka et Kodi, pour avoir remplacé leur professeur d’histoire et civilisation du Noyau pendant trois semaines. Et, à part Opree, elle avait surveillé tout le monde pendant l’évaluation d’hier.
Et elle avait donc aussi leurs copies dans un datapad dans son sac, mais ça, elle ne leur dirait pas tout de suite.
En lisant le nom de l’autre jedi responsable de la mission, elle s’était dit que c’était un nom qui lui était familier, mais sans chercher plus à se renseigner. C’était sûrement un chevalier ou un maître un peu plus expérimenté, qui l’accompagnait pour sa première vraie mission en tant que chevalière.
Sauf que non. Elle se rappelait, maintenant, pourquoi le nom lui était familier.
Dalla essaya de cacher le petit mouvement de recul qu’elle avait eu en voyant Kranyya Nekro.
C’était ça e problème, quand un jedi essayait de cacher un mouvement instinctif à un autre jedi. Les supers réflexes qui permettaient de compenser très vite son premier mouvement, permettaient aussi à votre interlocuteur de déceler même une micro-expression…
Dalla se rappelait quand Kranyya Nekro avait intégré l’Ordre jedi. Il y avait eu beaucoup de remous et de rumeurs chez les padawans. Beaucoup la surnommaient « la Sorcière ».
Dalla n’avait jamais vraiment côtoyé Kranyya, de 7 ans sa cadette. Elle ne la connaissait que par ces rumeurs.
Mais aussi, maintenant, par le fait que le conseil lui avait octroyé le range de jedi.
Dalla était gênée de son mouvement de recul. Se laisser aller aux préjugés, alors qu’elle était elle-même si énervée par les nombreux stéréotypes et l’hypersexualisation des femmes twi’lek… La moindre des choses, dans ce cas-là, c’était quand même de ne pas soi-même céder aux stéréotypes envers les autres espèces…
Dalla cacha sa gêne par un petit sourire crispé et une inclinaison de la tête.
-Chevalière Nekro.
Puis elle se tourna vers les padawans.
-Bonjour à tous, désolée pour mon retard. Je suis la chevalière Dalla Tellura. J’ai eu quelques affaires de dernier moment à gérer.
Elle inclina de nouveau la tête devant les padawans.
-Aloors. Je connais Mosroka et Kodi.
-Bonjour Madame Tellura !
-Bonjour Dalla !
-Bonjour à tous les deux. Les autres, pourriez vous me donner vos noms ?
Ils s’exécutèrent avec plus ou moins de bonne grâce :
-Moi c’est Hunakh. J’avais fini le premier le test hier. Trop facile.
Ah oui… le petit sagouin qui s’est balancé sur sa chaise pendant vingt minutes en embêtant tout le monde.
-Xoraae.
OK. C’était court, mais il avait indubitablement répondu à sa question.
Dalla se tourna vers la plus petite, se pencha un peu en avant et lui fit un sourire encourageant.
La petite humaine se ratatina sur place.
-Opree…
-Bonjour Opree. Tu as quel âge ?
La tête d’Opree rentra encore plus dans ses épaules.
-…
Dalla se pencha encore un peu plus en avant.
-9 ans.
Dalla avait un peu peur, si elle continuait à regarder Opree, que la petite disparaisse totalement dans le sol. Elle se tourna donc vers la dernière padawan.
Qui leva les yeux au ciel.
-Moi c’est Loona… On y va ou pas ?
Elle aussi avait fini son évaluation assez tôt. Elle était restée ensuite immobile, à fixer l’holo-horloge avec insistance.
-Tout le monde a bien toutes ses affaires ? Bien. Voici notre… euh… droïde pour la mission.
Loona jeta un regard presque offusqué au droïde. Et, honnêtement Dalla était un peu de son avis.
-C’est un droïde ça ? grimaça Hunakh.
-Et bien, je dirais au moins deux demis-droïdes… allez, à bord tout le monde !
Mosroka bondit sur la rampe, suivie par un Kodi très décidé.
Dalla se tourna vers Kranyya Nekro.
-J’étais un peu étonnée tout à l’heure en te voyant… Je n’imaginais pas quelqu’un d’aussi jeune…
Ce n’était pas complètement un mensonge.
-Je veux dire, jeune comme moi. Enfin… un peu plus jeune… mais… Bref… Qui pilote ?
Elle entrèrent dans le vaisseau à la suite des padawans et du droïde.
Hunakh et Loona étaient déjà affalés sur une banquette.
-Allez-viens, A7-TX, on va voir si tu réussis à te brancher à l’appareil.
Dalla s’assit dans le siège du pilote. Cela faisait bien 5 ans qu’elle n’avait pas piloté. Pas depuis..
Elle secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à Larna. Elle vérifia les données de vol, jeta un regard suspicieux à A7-TX ou quel que soit son matricule, et lança la procédure de décollage.
Gary Kovani
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Jeu 18 Mai 2023 - 12:19
Une rafale de laser fuse. Vomis le long canon ébène d’un fusil-blaster lourd. Je n’ai pas le temps de réagir. Le premier me frôle le visage, s’écrase sur la paroi irrégulière de la grotte. L’impact arrache à la roche bleutée une myriade d’éclats acérés en fusion. Par réflexe, je lève mes griffes. Mais trop tard. Le second rayon mortel me frappe à l’épaule. La brulure m’arrache un grognement que je ne parviens à réprimer, entre mes dents serrées. La silhouette de notre assaillant est immobile, floue. Elle tire sans discontinuer. Je suis touché au ventre, à la cuisse. Je perds l’équilibre, tombe sur le sol froid et poisseux. Dans mon dos, derrière le rideau de cheveux maculés de sueur, collés par le sang sur le haut de mon visage, j’observe impuissant la débandade. Les petits corps chétifs tombent les uns après les autres, fauchés par le déluge de rayons écarlates. Quelqu’un hurle. Un prénom. Opree. La gamine s’effondre. Visage calciné, défiguré. Un cratère de chairs noircies d’où jaillissent fluides vitaux et morceaux de cervelles liquéfiés…
Je me réveille en sursaut. Couvert de sueurs. Je secoue la tête, mais l’ultime vision d’horreur s’accroche à mes pensées comme les furoncles sur la peau huileuse d’un Hutt obèse. Mon cœur bat la chamade, à m’en rompre les côtes de l’intérieur. Ses pulsations chaotiques remontent jusqu’à mes tempes endolories. Mon aorte palpite, je n’ai nullement besoin d’y apposé un doigt pour compter mon rythme cardiaque débridé. Des tréfonds de mon âme lacérée par les horreurs d’une vie de Jedi, la colère et la peur remontent en rampant. Leurs griffes métaphysiques lacèrent la lisière de ma conscience, comme un félin qui gratte à une porte close pour qu’on le laisse entrer. Mais je m’y refuse. Non. J’inspire, expire. Yeux grands ouverts pour ne pas prendre le risque de laisser resurgir les visions glaçantes.
Des visions oui.
Le premier soir, j’ai seulement cru à un cauchemar. J’y ai vu, impuissant, la mort d’un jeune padawan dénommé Kodi. Le réalisme déstabilisant du songe m’avait laissé hagard de longues minutes, à mon réveil. Mais je n’y avais pas prêté plus d’attention que cela. Les cauchemars vont et viennent, sans logiques apparences, résurgences des violences, des traumatismes, d’actes et de décisions qui pèsent sur mon âme mouchetée par l’obscurité. Seulement, le lendemain, rebelotte. Même rêve, à un détail près : dans celui-ci, j’y ai vu mourir une twi’lek. Loona.
Six nuits. Six fois la même rengaine. Kodi, Loona, Hunakk, Xoraae, Mosroka, Opree… Des visions donc.
Je me lève en grognant comme un vieux débris sclérosé. La tension nerveuse ravive mes vieilles blessures, sensations fantômes des tirs subis dans mon sommeil qui perdurent encore quelques instants. Des points sombres dansent devant mes yeux, alors que j’abandonne un peu trop vite la couchette pour gagner le microscopique espace que les concepteurs du vaisseau ont baptisé « salle d’eau ». Deux mètres carrés presque intégralement occupés par une vasque qui sert également de WC lorsque l’on presse la pédale pour l’abaisser. Une conception audacieuse qui ne laisse aucune place au hasard dans les petits rituels du quotidien : toujours se laver les dents avant la grosse commission. Cette remarque m’arrache, malgré mon moral en berne, un timide sourire amusé. Le miroir usé me renvoie l’image d’un être tiraillé par la fatigue, traits tirés, teint jaune-gris, poches épaisses et sombres sous des yeux injectés de sang. Une mine de déterré, géniture d’un manque évident de sommeil.
Mon premier réflexe, pour chasser les visions, a été de réduire mes heures de repos. Peine perdue. Malgré les longues séances de méditations profondes, je finis inévitablement par sombrer dans le sommeil, et revivre l’enfer. Je secoue la tête.
Lorsque l’enfer te colle aux fesses, il n’y a plus qu’une solution : faire volte-face et affronter les flammes. Dixit mon ancien maitre. Une époque qui me semble n’avoir jamais existé tellement elle me parait antique. Affronter l’enfer. Bien. Mais comment ? Réponse évidente : si la Force m’envoie vraiment des visions, c’est qu’elle attend quelque chose de moi.
Alors, prenant mon courage à deux mains, je décide de retourner dans ma cabine, et de profiter des vibrations sourdes de l’hyperespace pour me laisser glisser, assis en tailleur sur le matelas un peu trop mou, dans les profondeurs de mon esprit torturé. Je cale ma respiration sur les battements de mon cœurs revenus à la normale. J’en appelle à ma Maitrise de la Force Unificatrice, et plonge sciemment dans mes souvenirs pour les revivre comme si j’observais un holofilm horrifique. Afin de capter chaque détail, et de comprendre ce que la Force attend de moi. Rapidement la roche aux reflets bleutés m’intrigue…
Je me réveille en sursaut. Couvert de sueurs. Je secoue la tête, mais l’ultime vision d’horreur s’accroche à mes pensées comme les furoncles sur la peau huileuse d’un Hutt obèse. Mon cœur bat la chamade, à m’en rompre les côtes de l’intérieur. Ses pulsations chaotiques remontent jusqu’à mes tempes endolories. Mon aorte palpite, je n’ai nullement besoin d’y apposé un doigt pour compter mon rythme cardiaque débridé. Des tréfonds de mon âme lacérée par les horreurs d’une vie de Jedi, la colère et la peur remontent en rampant. Leurs griffes métaphysiques lacèrent la lisière de ma conscience, comme un félin qui gratte à une porte close pour qu’on le laisse entrer. Mais je m’y refuse. Non. J’inspire, expire. Yeux grands ouverts pour ne pas prendre le risque de laisser resurgir les visions glaçantes.
Des visions oui.
Le premier soir, j’ai seulement cru à un cauchemar. J’y ai vu, impuissant, la mort d’un jeune padawan dénommé Kodi. Le réalisme déstabilisant du songe m’avait laissé hagard de longues minutes, à mon réveil. Mais je n’y avais pas prêté plus d’attention que cela. Les cauchemars vont et viennent, sans logiques apparences, résurgences des violences, des traumatismes, d’actes et de décisions qui pèsent sur mon âme mouchetée par l’obscurité. Seulement, le lendemain, rebelotte. Même rêve, à un détail près : dans celui-ci, j’y ai vu mourir une twi’lek. Loona.
Six nuits. Six fois la même rengaine. Kodi, Loona, Hunakk, Xoraae, Mosroka, Opree… Des visions donc.
Je me lève en grognant comme un vieux débris sclérosé. La tension nerveuse ravive mes vieilles blessures, sensations fantômes des tirs subis dans mon sommeil qui perdurent encore quelques instants. Des points sombres dansent devant mes yeux, alors que j’abandonne un peu trop vite la couchette pour gagner le microscopique espace que les concepteurs du vaisseau ont baptisé « salle d’eau ». Deux mètres carrés presque intégralement occupés par une vasque qui sert également de WC lorsque l’on presse la pédale pour l’abaisser. Une conception audacieuse qui ne laisse aucune place au hasard dans les petits rituels du quotidien : toujours se laver les dents avant la grosse commission. Cette remarque m’arrache, malgré mon moral en berne, un timide sourire amusé. Le miroir usé me renvoie l’image d’un être tiraillé par la fatigue, traits tirés, teint jaune-gris, poches épaisses et sombres sous des yeux injectés de sang. Une mine de déterré, géniture d’un manque évident de sommeil.
Mon premier réflexe, pour chasser les visions, a été de réduire mes heures de repos. Peine perdue. Malgré les longues séances de méditations profondes, je finis inévitablement par sombrer dans le sommeil, et revivre l’enfer. Je secoue la tête.
Lorsque l’enfer te colle aux fesses, il n’y a plus qu’une solution : faire volte-face et affronter les flammes. Dixit mon ancien maitre. Une époque qui me semble n’avoir jamais existé tellement elle me parait antique. Affronter l’enfer. Bien. Mais comment ? Réponse évidente : si la Force m’envoie vraiment des visions, c’est qu’elle attend quelque chose de moi.
Alors, prenant mon courage à deux mains, je décide de retourner dans ma cabine, et de profiter des vibrations sourdes de l’hyperespace pour me laisser glisser, assis en tailleur sur le matelas un peu trop mou, dans les profondeurs de mon esprit torturé. Je cale ma respiration sur les battements de mon cœurs revenus à la normale. J’en appelle à ma Maitrise de la Force Unificatrice, et plonge sciemment dans mes souvenirs pour les revivre comme si j’observais un holofilm horrifique. Afin de capter chaque détail, et de comprendre ce que la Force attend de moi. Rapidement la roche aux reflets bleutés m’intrigue…
Kranyya Nekro
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Jeu 18 Mai 2023 - 22:52
J’ai prononcé cette dernière phrase avec tout l’enthousiasme que j’avais encore en réserve avant de les laisser embarquer à bord du vaisseau-cargo qui était désormais à notre disposition.
J’aperçois finalement ma consœur arriver avec à ses côtés ce qui avait l’air d’être un hideux mashup de plusieurs droïdes à la fois.
Elle ne m’avait pas encore vu, je la voyais chercher du regard le petit groupe qui s’était formé dans la carrière.
Je m’apprête à la saluer vivement, d’un grand coucou amical comme à mon habitude, mais avant même d’avoir pu lever le bras plus haut qu’au-delà de mon épaule, je croise son regard.
L’expression joviale qui était naturellement ancrée sur mon visage disparut immédiatement, remplacé par une légère moue ; tentant de cacher la profonde tristesse qui venait de naître dans mon cœur.
Dès qu’elle m’a aperçu, j’ai ressenti qu’elle avait eu un mouvement de recul ; non volontaire bien sûr, mais naturel ; ce qui était d’ailleurs beaucoup plus blessant.
Je savais que ma réputation me précédait ; surtout chez les plus jeunes et les plus vieux, mais même chez les jeunes chevaliers ?
En réfléchissant un peu techniquement oui c’est normal, les gens de mon âge ont connu mon arrivée dans l’Ordre, et ont été les premiers exposés aux rumeurs et au scepticisme des anciens…
Mais bon, presque naïvement j’avais espéré pouvoir enfin rencontrer un Jedi normalement, d’autant plus que Dalla n’étant pas humaine, elle doit comprendre les galères des idées reçues Intra-espèces…
Je la vois renfrogner cette réaction vexante immédiatement après l’avoir faite
J’essaye d’effacer ce moment de ma mémoire, ce n’était pas volontaire, je dois passer à autre chose pour ne pas être mal à l’aise.
Elle s’approche finalement de nous, et dans un léger sourire crispé me salut très solennellement en inclinant la tête.
Ne m’attendant pas à une rencontre tant… officielle… Je reste paralysée sur place.
Heureusement, elle n’attendait pas de réponse de ma part et s’était directement adressé aux Padawans.
Je les vois échanger quelques mots, afin de rencontrer ceux qu’elle ne connaissait pas déjà.
Vu son expérience clairement plus étayée que la mienne, elle avait déjà eu l’occasion de travailler avec Kodi et Mosroka.
Je pousse un sourire en coin ; j’avais hâte de voir ses interactions avec les plus pénibles de la bande.
Hunakk commence directement par se vanter de sa prestation au test de la veille…
Ah oui j’avais complètement oublié ce truc ; évidemment personne n’avait compté m’en parler.
Certains groupes de Maîtres étaient toujours aussi tranchés par rapport à mon sujet, estimant encore que j’étais une menace potentielle, m’isolant parfois du reste de l’Ordre…
Je pousse un léger râle en baissant la tête ; le stress de la mission et la chaleur accablante du lieu était déjà largement suffisant ; je n’avais pas envie d’avoir des préoccupations en plus.
Mon attention fut piquée par un évènement rare ; les premiers mots de Xoraae wow félicitation…
Premiers mots, premiers mots… Faut pas déconner non plus il a juste dit son prénom….
Je la laisse continuer ses discussions tranquillement, posant mon regard sur l’horizon…
Ah, Ilum, je meurs d’envie de te revoir…
C’était pour bientôt…
Je me retourne, et tombe enfin sur le droïde qui avait suivi la grande twi’lek :
« Salut petite créature ? Euh… »
Je regarde attentivement ce truc, un tas de pièces détachés que je n’aurais pas appelé droïde, mais apparemment vus qu’il bouge, il doit plus ou moins marcher.
« Comment… tu t’appelles ? »
Une voix mécanique me répond en grésillant terriblement :
« A7-D---
La voix se coupe, j’entends une sorte de bip strident, puis le droïde reprend, dans une autre voix complètement différente :
-T-1-1-X, enchanté de vous rencontrer.
-Okk… Eh bien… enchanté T-1-1-X, moi c’est Kran.
-T-1-1-X ? Vous devez faire erreur moi c’est A7-D7.
-Bon je ne vais pas chercher à comprendre… Les gamins ont enfin embarqué, allez suis moi mon pote. »
Je laisse le droïde au trouble du dédoublement de la personnalité me suivre, et avant que je puisse emprunter la rampe d’accès, Dalla reviens enfin vers moi :
« J’étais un peu étonnée tout à l’heure en te voyant… Je n’imaginais pas quelqu’un d’aussi jeune… »
Je la vois marquer une pause ; ça sonnait un peu comme une excuse pour sa réaction de tout à l’heure…
Bon, au moins elle avait abandonné la sur-politesse précédente qui m’avait mise mal à l’aise ; j’aime les climats détente de proximité, même avec des inconnus. (Raison pour laquelle je suis tant à l’aise dans les cantinas haha… Oula faut pas que je le dise au conseil ça ils tireraient la gueule…)
Je la regarde donc en arborant mon fameux sourire chaleureux, attendant qu’elle finisse sa phrase :
« Je veux dire, jeune comme moi. Enfin… un peu plus jeune…mais… Bref… Qui pilote ?
-Ca pour être jeune je le suis ahah, j’ai tout juste 19ans… Entre jeunes chevaliers on se comprend.
Avec un clin d’œil je renchéris :
-Alors si tu veux arriver sur Ilum encore vivante je te conseillerais même plutôt Opree en pilote que moi… Les gros vaisseaux c’est vraiment pas ma came…
Tu t’en occupe avec T-1-A7-D7-1-X ? »
On monte dans le vaisseau ensemble, les derniers Padawans et la boîte de conserve sur nos pas :
« Tu sais, ça me fait super plaisir de pouvoir partir en mission avec toi, on va pouvoir apprendre à se connaitre… »
Sans attendre de réponse, voulant juste lui témoigner mon amitié, je rentre finalement dans la pièce principale du cargo, où les deux chieurs étaient déjà en train de faire comme chez eux.
Affalés sur une pauvre banquette, Hunakk était en pleine lecture de…
De je ne sais même pas ce qu’il a dans les mains, il a dû déjà fouiner dans le vaisseau, ou alors au stade où on en est ça pourrait tout aussi bien être un morceau vital de D7-T-1-A7-1-X.
Loona était à côté, à parler dans le vide et à brasser de l’air sur à quel point ce truc était miteux, je n’ai aucune envie de l’écouter mais mes sens aiguisés saisissent quelques mots dans ses marmonnements ; j’entendais des plaidoiries du type :
« Vu les guignoles qui nous accompagne c’est le mieux qu’on pouvait en tirer. »
« Allez-viens, A7-TX, on va voir si tu réussis à te brancher à l’appareil. »
Dalla s’engouffre dans un couloir, la catastrophe mécanique derrière elle.
Je m’occupe de refermer les portes ; et une fois le vaisseau plus ou moins prêt au décollage ; je me tourne vers le groupe de jeunes.
Pour tout ce qui est pédagogie, je ne suis clairement pas qualifiée, mais niveau sociabilité je gère :
« Bon, on a une certaine éternité devant nous, qui veux faire un jeu ? »
J’aperçois finalement ma consœur arriver avec à ses côtés ce qui avait l’air d’être un hideux mashup de plusieurs droïdes à la fois.
Elle ne m’avait pas encore vu, je la voyais chercher du regard le petit groupe qui s’était formé dans la carrière.
Je m’apprête à la saluer vivement, d’un grand coucou amical comme à mon habitude, mais avant même d’avoir pu lever le bras plus haut qu’au-delà de mon épaule, je croise son regard.
L’expression joviale qui était naturellement ancrée sur mon visage disparut immédiatement, remplacé par une légère moue ; tentant de cacher la profonde tristesse qui venait de naître dans mon cœur.
Dès qu’elle m’a aperçu, j’ai ressenti qu’elle avait eu un mouvement de recul ; non volontaire bien sûr, mais naturel ; ce qui était d’ailleurs beaucoup plus blessant.
Je savais que ma réputation me précédait ; surtout chez les plus jeunes et les plus vieux, mais même chez les jeunes chevaliers ?
En réfléchissant un peu techniquement oui c’est normal, les gens de mon âge ont connu mon arrivée dans l’Ordre, et ont été les premiers exposés aux rumeurs et au scepticisme des anciens…
Mais bon, presque naïvement j’avais espéré pouvoir enfin rencontrer un Jedi normalement, d’autant plus que Dalla n’étant pas humaine, elle doit comprendre les galères des idées reçues Intra-espèces…
Je la vois renfrogner cette réaction vexante immédiatement après l’avoir faite
J’essaye d’effacer ce moment de ma mémoire, ce n’était pas volontaire, je dois passer à autre chose pour ne pas être mal à l’aise.
Elle s’approche finalement de nous, et dans un léger sourire crispé me salut très solennellement en inclinant la tête.
Ne m’attendant pas à une rencontre tant… officielle… Je reste paralysée sur place.
Heureusement, elle n’attendait pas de réponse de ma part et s’était directement adressé aux Padawans.
Je les vois échanger quelques mots, afin de rencontrer ceux qu’elle ne connaissait pas déjà.
Vu son expérience clairement plus étayée que la mienne, elle avait déjà eu l’occasion de travailler avec Kodi et Mosroka.
Je pousse un sourire en coin ; j’avais hâte de voir ses interactions avec les plus pénibles de la bande.
Hunakk commence directement par se vanter de sa prestation au test de la veille…
Ah oui j’avais complètement oublié ce truc ; évidemment personne n’avait compté m’en parler.
Certains groupes de Maîtres étaient toujours aussi tranchés par rapport à mon sujet, estimant encore que j’étais une menace potentielle, m’isolant parfois du reste de l’Ordre…
Je pousse un léger râle en baissant la tête ; le stress de la mission et la chaleur accablante du lieu était déjà largement suffisant ; je n’avais pas envie d’avoir des préoccupations en plus.
Mon attention fut piquée par un évènement rare ; les premiers mots de Xoraae wow félicitation…
Premiers mots, premiers mots… Faut pas déconner non plus il a juste dit son prénom….
Je la laisse continuer ses discussions tranquillement, posant mon regard sur l’horizon…
Ah, Ilum, je meurs d’envie de te revoir…
C’était pour bientôt…
Je me retourne, et tombe enfin sur le droïde qui avait suivi la grande twi’lek :
« Salut petite créature ? Euh… »
Je regarde attentivement ce truc, un tas de pièces détachés que je n’aurais pas appelé droïde, mais apparemment vus qu’il bouge, il doit plus ou moins marcher.
« Comment… tu t’appelles ? »
Une voix mécanique me répond en grésillant terriblement :
« A7-D---
La voix se coupe, j’entends une sorte de bip strident, puis le droïde reprend, dans une autre voix complètement différente :
-T-1-1-X, enchanté de vous rencontrer.
-Okk… Eh bien… enchanté T-1-1-X, moi c’est Kran.
-T-1-1-X ? Vous devez faire erreur moi c’est A7-D7.
-Bon je ne vais pas chercher à comprendre… Les gamins ont enfin embarqué, allez suis moi mon pote. »
Je laisse le droïde au trouble du dédoublement de la personnalité me suivre, et avant que je puisse emprunter la rampe d’accès, Dalla reviens enfin vers moi :
« J’étais un peu étonnée tout à l’heure en te voyant… Je n’imaginais pas quelqu’un d’aussi jeune… »
Je la vois marquer une pause ; ça sonnait un peu comme une excuse pour sa réaction de tout à l’heure…
Bon, au moins elle avait abandonné la sur-politesse précédente qui m’avait mise mal à l’aise ; j’aime les climats détente de proximité, même avec des inconnus. (Raison pour laquelle je suis tant à l’aise dans les cantinas haha… Oula faut pas que je le dise au conseil ça ils tireraient la gueule…)
Je la regarde donc en arborant mon fameux sourire chaleureux, attendant qu’elle finisse sa phrase :
« Je veux dire, jeune comme moi. Enfin… un peu plus jeune…mais… Bref… Qui pilote ?
-Ca pour être jeune je le suis ahah, j’ai tout juste 19ans… Entre jeunes chevaliers on se comprend.
Avec un clin d’œil je renchéris :
-Alors si tu veux arriver sur Ilum encore vivante je te conseillerais même plutôt Opree en pilote que moi… Les gros vaisseaux c’est vraiment pas ma came…
Tu t’en occupe avec T-1-A7-D7-1-X ? »
On monte dans le vaisseau ensemble, les derniers Padawans et la boîte de conserve sur nos pas :
« Tu sais, ça me fait super plaisir de pouvoir partir en mission avec toi, on va pouvoir apprendre à se connaitre… »
Sans attendre de réponse, voulant juste lui témoigner mon amitié, je rentre finalement dans la pièce principale du cargo, où les deux chieurs étaient déjà en train de faire comme chez eux.
Affalés sur une pauvre banquette, Hunakk était en pleine lecture de…
De je ne sais même pas ce qu’il a dans les mains, il a dû déjà fouiner dans le vaisseau, ou alors au stade où on en est ça pourrait tout aussi bien être un morceau vital de D7-T-1-A7-1-X.
Loona était à côté, à parler dans le vide et à brasser de l’air sur à quel point ce truc était miteux, je n’ai aucune envie de l’écouter mais mes sens aiguisés saisissent quelques mots dans ses marmonnements ; j’entendais des plaidoiries du type :
« Vu les guignoles qui nous accompagne c’est le mieux qu’on pouvait en tirer. »
« Allez-viens, A7-TX, on va voir si tu réussis à te brancher à l’appareil. »
Dalla s’engouffre dans un couloir, la catastrophe mécanique derrière elle.
Je m’occupe de refermer les portes ; et une fois le vaisseau plus ou moins prêt au décollage ; je me tourne vers le groupe de jeunes.
Pour tout ce qui est pédagogie, je ne suis clairement pas qualifiée, mais niveau sociabilité je gère :
« Bon, on a une certaine éternité devant nous, qui veux faire un jeu ? »
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Sam 20 Mai 2023 - 12:35
-Ca pour être jeune je le suis ahah, j’ai tout juste 19ans… Entre jeunes chevaliers on se comprend.
Dalla sourit. Elles allaient devoir se serrer les coudes. Surtout avec les 6 apprentis et le… droïde à gérer.
Mais Dalla sentait, même si elles faisaient toutes les deux des efforts de politesse, qu’un certain malaise s’était installé entre elles. A cause de Dalla.
-Alors si tu veux arriver sur Ilum encore vivante je te conseillerais même plutôt Opree en pilote que moi… Les gros vaisseaux c’est vraiment pas ma came…
Tu t’en occupe avec T-1-A7-D7-1-X ? »
Oh, Kriff… songea Dalla.
Première vraie mission comme chevalière, 6 padawans à gérer, elle était la plus vieille (enfin mis, à part le droïde, qui devait, en comptant toutes ses pièces, être plus vieux que tous les chevaliers de l’Ordre réunis), elle avait kriffé avec sa coéquipière, et EN PLUS, elle devait piloter. Avec un tas de ferrailles comme co-pilote.
« Tu sais, ça me fait super plaisir de pouvoir partir en mission avec toi, on va pouvoir apprendre à se connaitre… »
-Moi aussi… Je… J’ai l’impression que toutes les personnes que je connaissais sont… enfin… Je n’ai presque pas retrouvé de visages connus, depuis que je suis revenue…
Elle n’avait jamais vraiment été seule, pendant son séjour sur Dubrova. Entre sa sœur, les filles de l’appartement, Kark… Mais ce n’était pas des jedi. Dalla avait toujours l’impression d’un décalage, au fond d’elle, avec les autres.
-Je suis heureuse et soulagée de retrouver des jedi. Des gens sur qui…
Elle se força à regarder Kranyya Nekro droit dans les yeux pour la fin de sa phrase, même si c’était quelque chose qu’elle avait toujours du mal à faire avec les gens :
-… je sais que je peux compter.
Dalla se sentait tendue et nerveuse en s’installant dans le siège de pilote. Elle se concentra sur les étapes du décollage. A7 était particulièrement inactif à ses côtés. En soi, bien sûr, elle n’avait pas besoin de lui pour l’instant. Mais elle n’avait pas piloté depuis 5 ans, il y avait plein de choses qu’elle n’avait pas fait depuis 5 ans, en fait, et même si rationnellement, elle savait qu’elle était capable de le faire, elle se sentait tout de même tendue. Et une présence plus… active n’aurait pas été de refus…
Avec moins de bip strident, aussi. Et sans le très énervant tap-tap-tap de ce clapet mal fixé, au dessus de la jambe gauche du droïde.
A7 lui communiqua le numéro de couloir pour la sortie de l’espace aérien de Tatooine, comme c’était son rôle, mais sans ajouter le moindre commentaire. Même pas un verbe, pas une formule de politesse.
Le voyage promettait…
Une fois dans l’espace, Dalla programma le premier saut de leur voyage. Ils devaient d’abord aller jusqu’aux limites de l’espace républicain, presque jusqu’à Mimban.
C’était ensuite que les choses allaient se corser. Ils devraient traverser une partie de l’espace républicain, puis longer l’espace républicain, afin d’éviter les zones les plus dangereuses du noyau profond. A ce moment seulement, ils pourraient – enfin Dalla pourrait- programmer le dernier saut, vers Ilum.
Dalla n‘était pas sûre de comprendre pourquoi ils ne faisaient pas un détour – plus long, certes, mais moins dangereux. Une histoire de chemin le moins vraisemblable et donc le mon surveillé… On lui avait assuré que le Conseil savait ce qu’il faisait. Mouais.
Comme si les choses n’étaient pas déjà assez compliquées, ils allaient passer près de Duro. Là où elle avait vu Larna pour la dernière fois…
Dalla secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à sa maître. Elle re-vérifia une dernière fois le programme de vol, le fit vérifier à A7. Puis elle le lança, en murmurant :
-Que la Force soit avec nous !
Les étoiles de fondirent en de longs traits et Dalla soupira profondément.
Ce n’était pas du tout comme cela qu’elle se représentait sa première vraie mission.
Elle enfouit son visage dans ses mains.
Elle savait qu’elle ne pouvait pas méditer. Pas à côté d’un droïde… comme A7, pas avec une demie-douzaine de padawans juste derrière la cloison et une chevalière encore plus jeune qu’elle. Une coéquipière avec qui elle avait complètement foiré...
Et c’était bien dommage, parce qu’un peu de méditation aurait fait du bien à ses nerfs. Mais elle devrait attendre d’être sur Ilum.
Ilum. Elle n’y était pas allée depuis si longtemps. Elle se rappelait le froid. Elle se rappelait la lumière sur la glace, quand elle était descendue du vaisseau. Elle se rappelait la sensation de la Force, tout autour d’elle dans les grottes. Elle se rappelait cette lueur verte, puissante, chaude, infinie, quand elle avait trouvé son cristal.
Pourtant, elle avait beau tendre son esprit, impossible de se projeter jusqu’à la planète. C’était comme s’il y avait un barrage dans la Force.
Elle fronça les sourcils.
Elle était peut-être simplement trop loin…
-Vous sentez-vous bien, chevalier Tellura ?
-Chevalière Tellura, rectifia-t-elle machinalement.
Elle se tourna vers le droïde.
-Mais, c’est gentil de t’inquiéter, A7-D…
-Je suis T-1-1-X, assistant chef de cabine.
-Oh, euh, d’accord.
Assistant chef de cabine ? Sérieux ?
Dalla fixa son regard sur l’espace en face d’elle. Ils avaient plusieurs heures devant eux avant l’arrivée aux abords de la République. Il n’y avait pas grand-chose qu’elle puisse faire d’ici là dans la cabine de pilotage.
Il allait bien falloir retourner avec les autres.
Elle sortit son datapad, et relut les instructions de travail pour les padawans.
Il était recommandé de faire piloter Loona quelques minutes, dans un espace sûr et sécurisé (comprenez ni dans la République, ni dans le Noyau profond…).
Elle aurait peut-être dû la faire piloter un peu avant le saut… Mais Dalla avait besoin, elle-même, de temps pour se réacclimater au pilotage. Elles auraient sûrement le temps une fois dépassé le Noyau profond. Dalla serait aussi moins soucieuse à ce moment-là, elles auraient passé le pire, et elle serait plus à même de se concentré sur les besoins de la padawan.
Dalla repensa aussi à son échange avec Kranyya Nekro. « Les gros vaisseaux c’est vraiment pas ma came ».
Elle comprenait la jedi. Elle avait, à peu de choses près, dit à peu près la même chose à sa maître, une dizaine d’années plus tôt. Et sa maître lui avait répondu qu’on ne savait jamais de quoi l’avenir était fait (ce qui était tragiquement ironique, avec le recul), et qu’il fallait saisir les occasions quand la Force les présentaient.
Sur le coup, elle n’avait pas osé insisté avec Kranyya. Elle avait déjà suffisamment gaffé comme cela. Mais maintenant, elle se disait que ce serait une bonne chose pour la jeune jedi de pratiquer un peu de pilotage, sans pression. Même quelques minutes, simplement pour avoir cette expérience. Dalla savait que c’était déjà très important, au moins psychologiquement, d’avoir déjà fait quelque chose, même brièvement, pour pouvoir, si besoin, le refaire.
Et ce n’était pas comme si l’Ordre débordait de jedi…
En tout cas, Dalla était reconnaissante à Larna de l’avoir forcée à pratiquer le pilotage. Et elle était convaincue que c’était maintenant son rôle, en tant qu’aînée, de pousser Kranyya à sortir de sa zone de confort.
Dalla se leva, résolue.
-T-1, tu surveilles les données de vol, je laisse la….
-Je suis A7-D7.
-Qu… Quoi ?
-Je me nomme A7-D7. Pourquoi tout le monde m’appelle-t-il tout le temps T-1. C’est très vexant.
-Je… je suis désolée, je…
Ça lui apprendrait à accepter n’importe quoi comme droïde.
-Je te laisse surveiller les données de vol, co-pilote, je laisse la porte ouverte, tu n’auras qu’à m’appeler s’il se passe quoi que ce soit d’anormal.
Pas de réponse. Au moins, quand le droïde était immobile, son clapet mal fixé ne faisait pas de bruit.
Dalla pressa le bouton de la porte du cockpit.
Kranyya et les padawans étaient visiblement en train de faire un jeu…
-Le premier saut est lancé, déclara-t-elle en regardant Kranyya, avec le sourire le plus engageant et le mois méfiant possible. Nous avons quelques heures devant nous. Alors, qu’est-ce que vous faites ? Ajouta-t-elle en direction de la cantonade.
Elle jeta un petit coup d’œil à … quelque soit le nom de ce fichu droïde. Rien à signaler pour l’instant.
-Je suis désolée d’être la porteuse de mauvaises nouvelles, mais vous avez tous et toutes du travail à faire. Plus tôt vous vous y mettrez, plus tôt vous aurez fini.
Et qui sait ce qui peut arriver pendant le voyage, ajouta une petite voix dans la tête de Dalla.
-J’ai deux exposés à faire, en biologie galactique et en physique, s’exclama Kodi. J’ai téléchargé tous les documents de la bibliographie dans mon datapad avant de partir, au cas où nous aurions des problèmes de réseau holonet.
-Très bien, vas-y. Si tu as besoin d’aide, dis-le moi. Ou à la chevalière Nekro, bien sûr.
Petit sourire à Kranyya. Les échanges de regard et de sourire étaient un bon moyen de créer du lien avec une personne.
-Qu’est-ce que tu fais, Mosroka ?
La jeune humaine était déjà plongée dans son datapad.
-Oh, je suis en train de travillier, je t'assure ! Regarde ! Je relis mon cours de sciences-politiques. J’ai un gros examen à mon retour, je voudrais faire des fiches de révision.
-Je te fais confiance, très bien… Tu as besoin d’aide pour tes fiches ?
-Non, non, c’est bon merci !
-D’accord… Euh… Xoraae, tu fais tes exercices de trigo ?
Il se contenta d’hocher la tête et de sortir son datapad.
-Opree, tu dois lire un livre je crois ?
La petite hocha la tête.
-Tu peux me rappeler le titre ?
Heureusement que Dalla avait relu les consignes de travail des padawans juste avant, sinon elle n’aurait pas reconnu le titre «Fathier de guerre ».
-Tu lis le premier chapitre et tu nous dis ? Tu nous feras un petit résumé.
La petite devait faire un résumé de l’ensemble de l’œuvre après l’avoir lu, un premier travail de synthèse des événements à chaque chapitre devrait l’aider, et leur permettrait de vérifier qu’elle avait tout compris.
-Loona, tu as pas mal de choses à faire, par quoi est-ce que tu v…
-Non, mais c’est bon, je vais me débrouiller.
OK…
-Hunakh ?
-Moi j’ai rien à faire.
-Euh… Tu as une rédaction en mando’a…
-Je l’ai finie.
-Tu veux qu’on jette un œ…
-Je l’ai laissée au Temple.
Dalla reprit son datapad.
-Tu as aussi un devoir en histoire jedi quand tu rentres…
-Je sais déjà tout…
-Et bien…
Dalla réfléchit.
-Prépare-nous un petit exposé sur Ilum, tu pourras faire profiter les plus jeunes de tes connaissances. Cela te permettra de travailler tes capacités de synthèses, ajouta-t-elle sans le laisser répliquer, de t’entraîner à l’oral, à la présentation d’un support d’oral, et cela te forcera à travailler ta pédagogie, puisque c’est Opree -la plus jeune d'entre vous- qui devra évaluer la clarté de tes explications. C’est ça aussi, le devoir des jedi. Transmettre et aider.
Elle fit un sourire à Hunakh. Le sourire qu’elle offrait aux clients du garage quand ils râlaient sur le prix des réparations et qu’elle leur expliquait toutes les opérations que Kark et elle devraient faire pour que le speeder puisse à nouveau fonctionner… ou même ressembler à un speeder.
-Tu nous feras ta présentation quand nous lancerons le dernier saut.
Dalla s’assit à côté de Kranyya en soupirant.
Elle se tourna vers sa coéquipière, en cherchant désespérément en sujet de conversation.
-Le droïde t’a dit comment l’appeler ? Il m’a donné deux noms différents, à moi…
Tout en parlant, elle sortit de son sac le datapad que lui avait remis Maître Vassk. Cela lui donnait une contenance. Elle était partagée entre le souhait de parler un peu avec Kranyya Nekro, dans l’espoir de dissiper le malaise entre elles, et la nécessité d’avancer ses copies.
-Quand nous aurons dépassé le Noyau profond, on fera une petite séance de pilotage accompagné, murmura-t-elle.
Ce n’était pas vraiment grave si les padawans l’entendaient, mais elle préférait quand même l’éviter.
-Tu voudras prendre un peu les commandes ?
Elle avait allumé le datapad, et parcourut distraitement les 3 premières copies. Pas mal. Elle s’apprêtait à se pencher sur la correction et le barème de Maître Vassk, quand une voix inconnue l’interrompit :
-Ce sont nos copies.
Ah non, ce n’était pas vraiment une voix inconnue, juste celle de Xoraae.
-Nos copies ? bégaya Hunakh.
-Celles d’hier ? LA grande évaluation de mise à niveau de huttese ? balbutia Mosroka dans un souffle.
-C’est vous qui les corrigez ? glapit Loona, qui semblait, pour la première fois de la journée, avoir perdu de sa superbe.
-Vous avez corrigé ma copie ? interrogea Kodi.
Dalla eut un petite soupir-sourire gêné. Elle se tourna brièvement vers Kranyya, puis déclara :
-Je n’ai pas encore commencé la correction, et de toute façon, vos copies sont anonymisées et….
-Je peux vous dire laquelle est la mienne.
-Non, mais je ne VAIS PAS, reprit Dalla d'un ton ferme et même un peu énervé, vous donner la moindre indication sur quoi que ce soit. Vous aurez vos résultats, comme tous les autres, quand Maître Vassk vous les donneras.
-De toute façon, c’est lui qui décide, maugréa Loona, juste assez fort pour que Dalla l’entende.
Dalla sourit. Elles allaient devoir se serrer les coudes. Surtout avec les 6 apprentis et le… droïde à gérer.
Mais Dalla sentait, même si elles faisaient toutes les deux des efforts de politesse, qu’un certain malaise s’était installé entre elles. A cause de Dalla.
-Alors si tu veux arriver sur Ilum encore vivante je te conseillerais même plutôt Opree en pilote que moi… Les gros vaisseaux c’est vraiment pas ma came…
Tu t’en occupe avec T-1-A7-D7-1-X ? »
Oh, Kriff… songea Dalla.
Première vraie mission comme chevalière, 6 padawans à gérer, elle était la plus vieille (enfin mis, à part le droïde, qui devait, en comptant toutes ses pièces, être plus vieux que tous les chevaliers de l’Ordre réunis), elle avait kriffé avec sa coéquipière, et EN PLUS, elle devait piloter. Avec un tas de ferrailles comme co-pilote.
« Tu sais, ça me fait super plaisir de pouvoir partir en mission avec toi, on va pouvoir apprendre à se connaitre… »
-Moi aussi… Je… J’ai l’impression que toutes les personnes que je connaissais sont… enfin… Je n’ai presque pas retrouvé de visages connus, depuis que je suis revenue…
Elle n’avait jamais vraiment été seule, pendant son séjour sur Dubrova. Entre sa sœur, les filles de l’appartement, Kark… Mais ce n’était pas des jedi. Dalla avait toujours l’impression d’un décalage, au fond d’elle, avec les autres.
-Je suis heureuse et soulagée de retrouver des jedi. Des gens sur qui…
Elle se força à regarder Kranyya Nekro droit dans les yeux pour la fin de sa phrase, même si c’était quelque chose qu’elle avait toujours du mal à faire avec les gens :
-… je sais que je peux compter.
Dalla se sentait tendue et nerveuse en s’installant dans le siège de pilote. Elle se concentra sur les étapes du décollage. A7 était particulièrement inactif à ses côtés. En soi, bien sûr, elle n’avait pas besoin de lui pour l’instant. Mais elle n’avait pas piloté depuis 5 ans, il y avait plein de choses qu’elle n’avait pas fait depuis 5 ans, en fait, et même si rationnellement, elle savait qu’elle était capable de le faire, elle se sentait tout de même tendue. Et une présence plus… active n’aurait pas été de refus…
Avec moins de bip strident, aussi. Et sans le très énervant tap-tap-tap de ce clapet mal fixé, au dessus de la jambe gauche du droïde.
A7 lui communiqua le numéro de couloir pour la sortie de l’espace aérien de Tatooine, comme c’était son rôle, mais sans ajouter le moindre commentaire. Même pas un verbe, pas une formule de politesse.
Le voyage promettait…
Une fois dans l’espace, Dalla programma le premier saut de leur voyage. Ils devaient d’abord aller jusqu’aux limites de l’espace républicain, presque jusqu’à Mimban.
C’était ensuite que les choses allaient se corser. Ils devraient traverser une partie de l’espace républicain, puis longer l’espace républicain, afin d’éviter les zones les plus dangereuses du noyau profond. A ce moment seulement, ils pourraient – enfin Dalla pourrait- programmer le dernier saut, vers Ilum.
Dalla n‘était pas sûre de comprendre pourquoi ils ne faisaient pas un détour – plus long, certes, mais moins dangereux. Une histoire de chemin le moins vraisemblable et donc le mon surveillé… On lui avait assuré que le Conseil savait ce qu’il faisait. Mouais.
Comme si les choses n’étaient pas déjà assez compliquées, ils allaient passer près de Duro. Là où elle avait vu Larna pour la dernière fois…
Dalla secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à sa maître. Elle re-vérifia une dernière fois le programme de vol, le fit vérifier à A7. Puis elle le lança, en murmurant :
-Que la Force soit avec nous !
Les étoiles de fondirent en de longs traits et Dalla soupira profondément.
Ce n’était pas du tout comme cela qu’elle se représentait sa première vraie mission.
Elle enfouit son visage dans ses mains.
Elle savait qu’elle ne pouvait pas méditer. Pas à côté d’un droïde… comme A7, pas avec une demie-douzaine de padawans juste derrière la cloison et une chevalière encore plus jeune qu’elle. Une coéquipière avec qui elle avait complètement foiré...
Et c’était bien dommage, parce qu’un peu de méditation aurait fait du bien à ses nerfs. Mais elle devrait attendre d’être sur Ilum.
Ilum. Elle n’y était pas allée depuis si longtemps. Elle se rappelait le froid. Elle se rappelait la lumière sur la glace, quand elle était descendue du vaisseau. Elle se rappelait la sensation de la Force, tout autour d’elle dans les grottes. Elle se rappelait cette lueur verte, puissante, chaude, infinie, quand elle avait trouvé son cristal.
Pourtant, elle avait beau tendre son esprit, impossible de se projeter jusqu’à la planète. C’était comme s’il y avait un barrage dans la Force.
Elle fronça les sourcils.
Elle était peut-être simplement trop loin…
-Vous sentez-vous bien, chevalier Tellura ?
-Chevalière Tellura, rectifia-t-elle machinalement.
Elle se tourna vers le droïde.
-Mais, c’est gentil de t’inquiéter, A7-D…
-Je suis T-1-1-X, assistant chef de cabine.
-Oh, euh, d’accord.
Assistant chef de cabine ? Sérieux ?
Dalla fixa son regard sur l’espace en face d’elle. Ils avaient plusieurs heures devant eux avant l’arrivée aux abords de la République. Il n’y avait pas grand-chose qu’elle puisse faire d’ici là dans la cabine de pilotage.
Il allait bien falloir retourner avec les autres.
Elle sortit son datapad, et relut les instructions de travail pour les padawans.
Il était recommandé de faire piloter Loona quelques minutes, dans un espace sûr et sécurisé (comprenez ni dans la République, ni dans le Noyau profond…).
Elle aurait peut-être dû la faire piloter un peu avant le saut… Mais Dalla avait besoin, elle-même, de temps pour se réacclimater au pilotage. Elles auraient sûrement le temps une fois dépassé le Noyau profond. Dalla serait aussi moins soucieuse à ce moment-là, elles auraient passé le pire, et elle serait plus à même de se concentré sur les besoins de la padawan.
Dalla repensa aussi à son échange avec Kranyya Nekro. « Les gros vaisseaux c’est vraiment pas ma came ».
Elle comprenait la jedi. Elle avait, à peu de choses près, dit à peu près la même chose à sa maître, une dizaine d’années plus tôt. Et sa maître lui avait répondu qu’on ne savait jamais de quoi l’avenir était fait (ce qui était tragiquement ironique, avec le recul), et qu’il fallait saisir les occasions quand la Force les présentaient.
Sur le coup, elle n’avait pas osé insisté avec Kranyya. Elle avait déjà suffisamment gaffé comme cela. Mais maintenant, elle se disait que ce serait une bonne chose pour la jeune jedi de pratiquer un peu de pilotage, sans pression. Même quelques minutes, simplement pour avoir cette expérience. Dalla savait que c’était déjà très important, au moins psychologiquement, d’avoir déjà fait quelque chose, même brièvement, pour pouvoir, si besoin, le refaire.
Et ce n’était pas comme si l’Ordre débordait de jedi…
En tout cas, Dalla était reconnaissante à Larna de l’avoir forcée à pratiquer le pilotage. Et elle était convaincue que c’était maintenant son rôle, en tant qu’aînée, de pousser Kranyya à sortir de sa zone de confort.
Dalla se leva, résolue.
-T-1, tu surveilles les données de vol, je laisse la….
-Je suis A7-D7.
-Qu… Quoi ?
-Je me nomme A7-D7. Pourquoi tout le monde m’appelle-t-il tout le temps T-1. C’est très vexant.
-Je… je suis désolée, je…
Ça lui apprendrait à accepter n’importe quoi comme droïde.
-Je te laisse surveiller les données de vol, co-pilote, je laisse la porte ouverte, tu n’auras qu’à m’appeler s’il se passe quoi que ce soit d’anormal.
Pas de réponse. Au moins, quand le droïde était immobile, son clapet mal fixé ne faisait pas de bruit.
Dalla pressa le bouton de la porte du cockpit.
Kranyya et les padawans étaient visiblement en train de faire un jeu…
-Le premier saut est lancé, déclara-t-elle en regardant Kranyya, avec le sourire le plus engageant et le mois méfiant possible. Nous avons quelques heures devant nous. Alors, qu’est-ce que vous faites ? Ajouta-t-elle en direction de la cantonade.
Elle jeta un petit coup d’œil à … quelque soit le nom de ce fichu droïde. Rien à signaler pour l’instant.
-Je suis désolée d’être la porteuse de mauvaises nouvelles, mais vous avez tous et toutes du travail à faire. Plus tôt vous vous y mettrez, plus tôt vous aurez fini.
Et qui sait ce qui peut arriver pendant le voyage, ajouta une petite voix dans la tête de Dalla.
-J’ai deux exposés à faire, en biologie galactique et en physique, s’exclama Kodi. J’ai téléchargé tous les documents de la bibliographie dans mon datapad avant de partir, au cas où nous aurions des problèmes de réseau holonet.
-Très bien, vas-y. Si tu as besoin d’aide, dis-le moi. Ou à la chevalière Nekro, bien sûr.
Petit sourire à Kranyya. Les échanges de regard et de sourire étaient un bon moyen de créer du lien avec une personne.
-Qu’est-ce que tu fais, Mosroka ?
La jeune humaine était déjà plongée dans son datapad.
-Oh, je suis en train de travillier, je t'assure ! Regarde ! Je relis mon cours de sciences-politiques. J’ai un gros examen à mon retour, je voudrais faire des fiches de révision.
-Je te fais confiance, très bien… Tu as besoin d’aide pour tes fiches ?
-Non, non, c’est bon merci !
-D’accord… Euh… Xoraae, tu fais tes exercices de trigo ?
Il se contenta d’hocher la tête et de sortir son datapad.
-Opree, tu dois lire un livre je crois ?
La petite hocha la tête.
-Tu peux me rappeler le titre ?
Heureusement que Dalla avait relu les consignes de travail des padawans juste avant, sinon elle n’aurait pas reconnu le titre «Fathier de guerre ».
-Tu lis le premier chapitre et tu nous dis ? Tu nous feras un petit résumé.
La petite devait faire un résumé de l’ensemble de l’œuvre après l’avoir lu, un premier travail de synthèse des événements à chaque chapitre devrait l’aider, et leur permettrait de vérifier qu’elle avait tout compris.
-Loona, tu as pas mal de choses à faire, par quoi est-ce que tu v…
-Non, mais c’est bon, je vais me débrouiller.
OK…
-Hunakh ?
-Moi j’ai rien à faire.
-Euh… Tu as une rédaction en mando’a…
-Je l’ai finie.
-Tu veux qu’on jette un œ…
-Je l’ai laissée au Temple.
Dalla reprit son datapad.
-Tu as aussi un devoir en histoire jedi quand tu rentres…
-Je sais déjà tout…
-Et bien…
Dalla réfléchit.
-Prépare-nous un petit exposé sur Ilum, tu pourras faire profiter les plus jeunes de tes connaissances. Cela te permettra de travailler tes capacités de synthèses, ajouta-t-elle sans le laisser répliquer, de t’entraîner à l’oral, à la présentation d’un support d’oral, et cela te forcera à travailler ta pédagogie, puisque c’est Opree -la plus jeune d'entre vous- qui devra évaluer la clarté de tes explications. C’est ça aussi, le devoir des jedi. Transmettre et aider.
Elle fit un sourire à Hunakh. Le sourire qu’elle offrait aux clients du garage quand ils râlaient sur le prix des réparations et qu’elle leur expliquait toutes les opérations que Kark et elle devraient faire pour que le speeder puisse à nouveau fonctionner… ou même ressembler à un speeder.
-Tu nous feras ta présentation quand nous lancerons le dernier saut.
Dalla s’assit à côté de Kranyya en soupirant.
Elle se tourna vers sa coéquipière, en cherchant désespérément en sujet de conversation.
-Le droïde t’a dit comment l’appeler ? Il m’a donné deux noms différents, à moi…
Tout en parlant, elle sortit de son sac le datapad que lui avait remis Maître Vassk. Cela lui donnait une contenance. Elle était partagée entre le souhait de parler un peu avec Kranyya Nekro, dans l’espoir de dissiper le malaise entre elles, et la nécessité d’avancer ses copies.
-Quand nous aurons dépassé le Noyau profond, on fera une petite séance de pilotage accompagné, murmura-t-elle.
Ce n’était pas vraiment grave si les padawans l’entendaient, mais elle préférait quand même l’éviter.
-Tu voudras prendre un peu les commandes ?
Elle avait allumé le datapad, et parcourut distraitement les 3 premières copies. Pas mal. Elle s’apprêtait à se pencher sur la correction et le barème de Maître Vassk, quand une voix inconnue l’interrompit :
-Ce sont nos copies.
Ah non, ce n’était pas vraiment une voix inconnue, juste celle de Xoraae.
-Nos copies ? bégaya Hunakh.
-Celles d’hier ? LA grande évaluation de mise à niveau de huttese ? balbutia Mosroka dans un souffle.
-C’est vous qui les corrigez ? glapit Loona, qui semblait, pour la première fois de la journée, avoir perdu de sa superbe.
-Vous avez corrigé ma copie ? interrogea Kodi.
Dalla eut un petite soupir-sourire gêné. Elle se tourna brièvement vers Kranyya, puis déclara :
-Je n’ai pas encore commencé la correction, et de toute façon, vos copies sont anonymisées et….
-Je peux vous dire laquelle est la mienne.
-Non, mais je ne VAIS PAS, reprit Dalla d'un ton ferme et même un peu énervé, vous donner la moindre indication sur quoi que ce soit. Vous aurez vos résultats, comme tous les autres, quand Maître Vassk vous les donneras.
-De toute façon, c’est lui qui décide, maugréa Loona, juste assez fort pour que Dalla l’entende.
Gary Kovani
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Sam 20 Mai 2023 - 14:59
Arrêt sur image.
Mains dans le dos, je déambule lentement entre les silhouettes floues figée dans le temps et l’espace, suspendues dans mes souvenirs. Les rêves sont malléables, comme de la glaise humide. Chacun de mes pas laissent des traces indélébiles qui achèvent de dénaturer les fragments épars que je suis parvenu à reconstituer. L’avenir est toujours en mouvement. Les visions qu’offre la Force ne doivent jamais être prises comme une projection fidèle de l’avenir. D’autant plus lorsqu’elle s’exprime au travers des songes, dans cette nébuleuse chaotique où l’inconscient débridé se permet toutes les fantaisies, des plus amusantes aux plus horribles.
Que croire alors ? Comment interpréter ce tableau mortifère ?
Je m’arrête. Ici, dans la reconstruction mentale de mes souvenirs, la Mémoire de Force diraient les puristes, je suis tout puissant. D’une simple pensée j’inverse le cours du temps. La scène se rembobine alors. Les lasers mortels retournent au néant, disparaissent dans le canon ébène. Les silhouettes fauchées se relèvent, cinématiques improbables qui prêteraient à sourire si la situation dépeinte n’était aussi grave. Le petit groupe recule, lentement. Et se fige à nouveau. Retour à la case départ. Je ne parviens à remonter plus loin.
Kodi, Loona, Hunakk, Xoraae, Mosroka, Opree. J’associe ces prénoms aux chétives silhouettes, entourée des trois plus hautes. La mienne, ainsi deux chevaliers impossibles à identifier. Tous les visages ne sont qu’un flou artistique, excepté celui de la Twi’lek violine. Loona. Je la connais… Un peu. Elle m’a accompagné sur une mission de routine. Ravitaillement. Sur Nar Shaddaa. L’année dernière. Une padawan un peu trop coincée à mon gout, du genre tatillonne et perfectionniste, mais avec qui on s’était quand même bien marré… Après deux verres de Shuppaka. Ralala oui. Je me souviens parfaitement. Je m’étais longuement fait sermonner par Maitre Pulos, lorsqu’il l’avait appris ! De mon temps, je me souviens que des bouteilles tournaient régulièrement dans les dortoirs, sur Ondéron… C’était une autre époque… Avec moins de peurs et d’interdits.
Les autres prénoms n’évoquent aucun souvenir en particulier. Il faut dire que je passe pratiquement tout mon temps en mission, en dehors du Temple, loin, très loin des padawans pour qui je n’ai aucune patience. Ces petits êtres lobotomisés par les règles et les codes Jedi dépassés, incapables de répondre aux enjeux de notre époque troublée… Ainsi sont formés des jeunes chevaliers formatés, déconnectés du monde réel lorsqu’ils n’ont pas eu la chance d’être placés sous l’aile protectrice d’un Jedi baroudeur capable de les préparer à la noirceur de la galaxie qui les attend.
Je secoue la tête. Je dois rester concentré. Le décor fluctue de plus en plus. Des vapeurs sombres dévorent les parties qui échappent à mes pensées, que je suis incapable de reconstruire. J’ai un début de « Qui ». Il me faut à présent comprendre le « Où ». Les « Pourquoi » attendront encore un peu.
Une grotte. La roche aux reflets tantôt bleutés, tandis émeraude, me laisse deviner des amas rocheux, denses, où des formations cristallines reflètent les lueurs de nos lames d’énergie. Une terrible sensation de déjà-vu m’étreint. Je suis déjà allé là-bas. Je le sais. Je le sens dans mes trippes nouées… Et alors que mon souvenir s’effondre sur lui-même, que j’use de mes ultimes forces pour le maintenir cohérent, un nom jaillit dans mon esprit, comme soufflé par la Force elle-même : Illum.
Je rouvre les yeux. En sueur, à bout de souffle. La lumière pourtant tamisée au-dessus de ma couchette m’arrache un grognement de douleur. J’ai tant pressé sur mes paupières qu’elles me brulent. Illum donc. Je quitte rapidement ma cabine, remonte l’étroite coursive jusqu’au cockpit. Je me jette sur le fauteuil vide. Le vortex de l’hyperespace projette des lueurs hypnotiques sur les instruments de bord. Le pilote automatique ronronne doucement, tous les voyants sont au vert. Je pose ma main gantée sur la manette de l’hyperpropulseur, et la descend d’un coup sec. Le vieux cargo gronde, soumis à la force décélération. Mais les compensateurs inertiels la compensent immédiatement. Sans eux, j’aurais probablement été projeté au travers de la baie vitrée. Le vortex vire au sombre, remplacé par les tracés lumineux des étoiles étirées par la distorsion de l’espace-temps. En moins de dix secondes, le panorama galactique, immuable, embrasse mon champ de vision. Avec les années, ce spectacle à coupé le souffle devient, malheureusement, un peu trop banal. Aussitôt, je presse sur le bouton des communications longues distances, tout en vérifiant sur les cadrans ma position. Je dérive quelque part dans l’espace profond entre Gerrenthum et Shumavar. Perdu au milieu de rien. Absolument rien à des parsecs à la ronde. Par chance, le voyant de l’intercom clignote jaune, attestant d’un signal faible, mais bien tangible, pour établir la communication.
« Xalfocafacta à Bercail, me recevez-vous ? » Malgré la liaison prétendument sécurisée, je préfère user des noms de codes officiels. Bercail, c’est le bureau de Recherche des Jedi Disparus. J’utilise la fréquence d’urgence. La réponse est donc rapide.
« Xalfa… Xafo… Je… Nous vous recevons, mais le signal passe mal… » La voix est hachée, robotisée par la médiocrité du réseau. Je lui coupe la parole : je déteste tourner autour du pot :
« Bercail, y a-t-il une mission en cours sur Illum ? Ou à venir prochainement ? »
« Pardon ? Je… Il faut que je demande… »
« Alors faites, et vite. »
Il se passe ainsi une dizaine de minutes, seulement entrecoupées par des amas de neige électrostatique grésillante.
« Xalfo… Xafac… Vous êtes toujours en ligne ? »
« Oui »
« Il y a bien une mission en cours. Ils sont partis il y a six heures standard. Il y a un problème ? »
J’hésite. Je suis tenté de tout déballer, de faire mon chieur, comme je sais si bien le faire, pour faire annuler la mission… Mais si chaque Jedi devait interférer dans l’organisation du Temple sous prétexte que la Force lui envoi des signaux difficiles à interpréter, alors ce serait la ruine et la fin de l’Ordre. Non. Au lieu de révéler mes craintes, je demande :
« Informez-les que je les rejoins sur place… Et… hmmm… De se tenir sur leurs gardes. Xalfocafacta, terminé. »
Il me reste à présent à déterminer le meilleur plan de vol pour rejoindre Illum. Meilleur sous-entendant : ratio rapidité-danger le plus acceptable…
Mains dans le dos, je déambule lentement entre les silhouettes floues figée dans le temps et l’espace, suspendues dans mes souvenirs. Les rêves sont malléables, comme de la glaise humide. Chacun de mes pas laissent des traces indélébiles qui achèvent de dénaturer les fragments épars que je suis parvenu à reconstituer. L’avenir est toujours en mouvement. Les visions qu’offre la Force ne doivent jamais être prises comme une projection fidèle de l’avenir. D’autant plus lorsqu’elle s’exprime au travers des songes, dans cette nébuleuse chaotique où l’inconscient débridé se permet toutes les fantaisies, des plus amusantes aux plus horribles.
Que croire alors ? Comment interpréter ce tableau mortifère ?
Je m’arrête. Ici, dans la reconstruction mentale de mes souvenirs, la Mémoire de Force diraient les puristes, je suis tout puissant. D’une simple pensée j’inverse le cours du temps. La scène se rembobine alors. Les lasers mortels retournent au néant, disparaissent dans le canon ébène. Les silhouettes fauchées se relèvent, cinématiques improbables qui prêteraient à sourire si la situation dépeinte n’était aussi grave. Le petit groupe recule, lentement. Et se fige à nouveau. Retour à la case départ. Je ne parviens à remonter plus loin.
Kodi, Loona, Hunakk, Xoraae, Mosroka, Opree. J’associe ces prénoms aux chétives silhouettes, entourée des trois plus hautes. La mienne, ainsi deux chevaliers impossibles à identifier. Tous les visages ne sont qu’un flou artistique, excepté celui de la Twi’lek violine. Loona. Je la connais… Un peu. Elle m’a accompagné sur une mission de routine. Ravitaillement. Sur Nar Shaddaa. L’année dernière. Une padawan un peu trop coincée à mon gout, du genre tatillonne et perfectionniste, mais avec qui on s’était quand même bien marré… Après deux verres de Shuppaka. Ralala oui. Je me souviens parfaitement. Je m’étais longuement fait sermonner par Maitre Pulos, lorsqu’il l’avait appris ! De mon temps, je me souviens que des bouteilles tournaient régulièrement dans les dortoirs, sur Ondéron… C’était une autre époque… Avec moins de peurs et d’interdits.
Les autres prénoms n’évoquent aucun souvenir en particulier. Il faut dire que je passe pratiquement tout mon temps en mission, en dehors du Temple, loin, très loin des padawans pour qui je n’ai aucune patience. Ces petits êtres lobotomisés par les règles et les codes Jedi dépassés, incapables de répondre aux enjeux de notre époque troublée… Ainsi sont formés des jeunes chevaliers formatés, déconnectés du monde réel lorsqu’ils n’ont pas eu la chance d’être placés sous l’aile protectrice d’un Jedi baroudeur capable de les préparer à la noirceur de la galaxie qui les attend.
Je secoue la tête. Je dois rester concentré. Le décor fluctue de plus en plus. Des vapeurs sombres dévorent les parties qui échappent à mes pensées, que je suis incapable de reconstruire. J’ai un début de « Qui ». Il me faut à présent comprendre le « Où ». Les « Pourquoi » attendront encore un peu.
Une grotte. La roche aux reflets tantôt bleutés, tandis émeraude, me laisse deviner des amas rocheux, denses, où des formations cristallines reflètent les lueurs de nos lames d’énergie. Une terrible sensation de déjà-vu m’étreint. Je suis déjà allé là-bas. Je le sais. Je le sens dans mes trippes nouées… Et alors que mon souvenir s’effondre sur lui-même, que j’use de mes ultimes forces pour le maintenir cohérent, un nom jaillit dans mon esprit, comme soufflé par la Force elle-même : Illum.
Je rouvre les yeux. En sueur, à bout de souffle. La lumière pourtant tamisée au-dessus de ma couchette m’arrache un grognement de douleur. J’ai tant pressé sur mes paupières qu’elles me brulent. Illum donc. Je quitte rapidement ma cabine, remonte l’étroite coursive jusqu’au cockpit. Je me jette sur le fauteuil vide. Le vortex de l’hyperespace projette des lueurs hypnotiques sur les instruments de bord. Le pilote automatique ronronne doucement, tous les voyants sont au vert. Je pose ma main gantée sur la manette de l’hyperpropulseur, et la descend d’un coup sec. Le vieux cargo gronde, soumis à la force décélération. Mais les compensateurs inertiels la compensent immédiatement. Sans eux, j’aurais probablement été projeté au travers de la baie vitrée. Le vortex vire au sombre, remplacé par les tracés lumineux des étoiles étirées par la distorsion de l’espace-temps. En moins de dix secondes, le panorama galactique, immuable, embrasse mon champ de vision. Avec les années, ce spectacle à coupé le souffle devient, malheureusement, un peu trop banal. Aussitôt, je presse sur le bouton des communications longues distances, tout en vérifiant sur les cadrans ma position. Je dérive quelque part dans l’espace profond entre Gerrenthum et Shumavar. Perdu au milieu de rien. Absolument rien à des parsecs à la ronde. Par chance, le voyant de l’intercom clignote jaune, attestant d’un signal faible, mais bien tangible, pour établir la communication.
« Xalfocafacta à Bercail, me recevez-vous ? » Malgré la liaison prétendument sécurisée, je préfère user des noms de codes officiels. Bercail, c’est le bureau de Recherche des Jedi Disparus. J’utilise la fréquence d’urgence. La réponse est donc rapide.
« Xalfa… Xafo… Je… Nous vous recevons, mais le signal passe mal… » La voix est hachée, robotisée par la médiocrité du réseau. Je lui coupe la parole : je déteste tourner autour du pot :
« Bercail, y a-t-il une mission en cours sur Illum ? Ou à venir prochainement ? »
« Pardon ? Je… Il faut que je demande… »
« Alors faites, et vite. »
Il se passe ainsi une dizaine de minutes, seulement entrecoupées par des amas de neige électrostatique grésillante.
« Xalfo… Xafac… Vous êtes toujours en ligne ? »
« Oui »
« Il y a bien une mission en cours. Ils sont partis il y a six heures standard. Il y a un problème ? »
J’hésite. Je suis tenté de tout déballer, de faire mon chieur, comme je sais si bien le faire, pour faire annuler la mission… Mais si chaque Jedi devait interférer dans l’organisation du Temple sous prétexte que la Force lui envoi des signaux difficiles à interpréter, alors ce serait la ruine et la fin de l’Ordre. Non. Au lieu de révéler mes craintes, je demande :
« Informez-les que je les rejoins sur place… Et… hmmm… De se tenir sur leurs gardes. Xalfocafacta, terminé. »
Il me reste à présent à déterminer le meilleur plan de vol pour rejoindre Illum. Meilleur sous-entendant : ratio rapidité-danger le plus acceptable…
Kranyya Nekro
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Sam 20 Mai 2023 - 17:01
Une fois plus ou moins installée, j’entendis le doux vrombissement du puissant moteur, indiquant notre départ proche.
J’entend Dalla de l’autre côté du couloir, tentant de communiquer avec la catastrophe sur roulettes ; j’esquisse un sourire ; je donnerai n’importe quoi pour voir Loona converser avec ce truc, elle ne tiendrait pas deux minutes avant de le démonter.
Mon cœur se resserre légèrement ; j’aimerais pouvoir rejoindre ma consœur et discuter avec elle mais j’ai peur de la mettre mal à l’aise…
Comme toujours, je reste donc où je suis, au milieu de la pièce principale entourée des Padawans qui tentaient plus ou moins de se divertir avec tout ce qu’ils trouvaient…
Je fais quelques pas, tournant légèrement en rond, puis demanda finalement à qui voulait bien m’entendre :
« Bon, on a une certaine éternité devant nous, qui veux faire un jeu ? »
Kodi et Opree, toujours nerveusement debout au milieu de la pièce, se retournèrent directement vers moi, visiblement enthousiastes.
Je vois le jeune humain commencer à chercher ses mots ; pour me donner une jolie réponse pleine de belles paroles et de formules de politesses, mais avant même qu’il ait le temps de me répondre ; je vois Mosroka bondir de son siège :
« Ohhh moi ! Moi ! Sors tout ce que tu veux, tu vas voir je vais gagner cette fois ! »
L’amicalité de la demoiselle aux cheveux frisés était clairement contagieuse ; Hunakk tourna vivement la tête, ses yeux bleu sombre désormais pleins d’étoiles, visiblement appâté par le mot « gagner » :
« Alala, pour qui te prend tu Mosro, s’il y a un gagnant à bord c’est bien moi ; tu auras tes preuves quand on aura reçu les résultats de l’examen.
Bon, choisi le jeu, aucune victoire n’est plus belle que celle que j’arracherais sur ton terrain.
-Ok Mr Je Sais Tout, je te conseille de ravaler ton égocentrisme Omwati maintenant comme ça la chute de la désillusion te sera moins rude. »
Le grand type mesquin lâche enfin un sourire sincère, visiblement très content de pouvoir s’amuser avec sa camarade, je le vois faire craquer sa nuque avant de finalement lâcher, plein d’entrain :
« Eh, tu veux la guerre ? Tu vas l’avoir. Je te laisse choisir tes coéquipiers !
Ramène toi Xoraae on a de l’humain à défoncer ! »
Le jeune aux yeux rouges se lève silencieusement de son siège, et se place finalement derrière son compère ; ça voulait visiblement dire « ok ».
Mosroka, apparemment seule contre deux, interpella Loona, espérant l’avoir dans son équipe :
« Loona, tu viens m’aider à battre ces sales petits prétentieu—
-Non merci ça va aller tu vas t’en remettre. »
La Twi’lek désagréable quitta la pièce sur ces mots, laissant Mosroka seule, visiblement peinée.
Pour tenter de la faire se sentir mieux, je me tourne vers les deux petits Padawans qui assistaient à la discussion :
-Bon Pif et Paf, vous allez aider votre ainée ?
-Ehhh, brailla Hunakk, trois contre deux c’est de la triche !
-Petit tricheur va, ils ont 9 et 12ans.
-Oui mais Mosro c’est la plus vieille !
-Arrête de geindre vous avez quasiment le même âge, aller pour la peine je fais l’arbitre ; ça vous va ? »
Dans un acquiescement général, je mets à fouiller dans ma sacoche récupérer mon datapad pour chercher des idées de jeux :
« A toi l’honneur Opree ! Tu choisis en premier.
-Heuu… Je vois la petite devenir rouge tomate ; n’aimant visiblement pas être au centre de l’attention.
Comme vous voulez je passe mon tour…
-Pass accepté ! Kodi une proposition ?
-Non mais stop là, m’interrompis Hunakk, si c’est eux qui choisissent c’est pas drôle…
-Heho grosse tête, déjà que les équipes sont déséquilibrés tu vas pas en plus choisir un jeu où ils auront pas leurs chances… Le fair-play c’est la base de la base mon pote. »
Le teint bleu pâle de l’Omwati passe légèrement au rouge, surpris, je le vois se pencher pour chuchoter à l’oreille du Chiss :
« Nan mais sérieusement, c’est comme ça que c’est sensé parler les chevaliers Jedi ? La prochaine fois que mon maître me dira de mieux lui parler j’aurais une bonne raison de refuser…
-Je t’entend figure, sache que ton maître ou n’importe quel autre se fiche complètement de mon attitude et de mon sort. C’est juste ma tête qui ne leur reviens pas.
-Heureusement que tu m’entends vu la taille de tes oreilles ; et petite question : les cornes ça fait antenne ? »
Je ris à sa remarque, il était agaçant aux premiers abords mais un peu drôle :
« T’as des plumes à la place des cheveux et tu veux me parler mode ? Non ça fait pas antenne mais ça me rajoute la classe que tu n’auras jamais… Désolé mec tu vas t’en remettre comme dirais l’autre chieus—euh l’autre là ta pote twi’lek.
-Ah bah bravo le langage… Comment oses tu parler de pauvres enfants de la sorte ? »
Il se met à faire une moue de porg battu, pour étayer ses propos.
Je lui lâche un dernier rire et m’assoit finalement à leurs côtés :
« Bon, tournoi de différents jeux de cartes ça va à tout le monde ? »
Quelques temps plus tard, la partie fût interrompu par l’arrivée de Dalla, son datapad à la main :
« Le premier saut est lancé. Nous avons quelques heures devant nous. Alors, qu’est-ce que vous faites ? »
Je me relève, époussète mes fringues légèrement poussiéreuses après être restée assise au sol, lui répondant :
« Tournoi de jeux de cartes, tu veux venir ? Fait gaffe Hunakk triche comme un Hutt.
-Ehhh elle ment, je te jure que j’ai pas triché je suis juste trop fort. »
D’une légère poussée de force, je fais tomber les deux cartes cachées dans sa manche :
« Et ça c’est du nougat ? »
Amusée, je regarde le jeune homme redevenir rouge en tentant de se justifier :
« Ça en revanche c’est de la triche ! Un arbitre ça n’intervient pas ! »
En entendant le vacarme, Loona redébarque finalement dans la pièce, daignant enfin rejoindre le commun des mortels, s’installant sur une banquette sans même nous lâcher un regard.
« Je suis désolée d’être la porteuse de mauvaises nouvelles, mais vous avez tous et toutes du travail à faire. Plus tôt vous vous y mettrez, plus tôt vous aurez fini. »
Sur les mots de mon ainée, tout le petit groupe assis par terre se releva et se dispersèrent à nouveau sur les nombreux sièges disponibles.
Moi-même, je retourne m’asseoir seule sur une banquette, lançant Dalla donner ses instructions au petit groupe.
Pensive, je pose mon regard sur l’extérieur du vaisseau, admirant l’état de la vitesse lumière.
Les étoiles étaient devenues de larges traînées de lumière, qui me faisaient toujours rêver…
Je pense nostalgiquement à mes anciens voyages, à l’époque ou mon maître était encore parmi nous…
Maître Khel Shô-Jun était un homme très particulier. Grand humain de nature joviale et amicale, il m’a tout appris et à fait de moi la personne que je suis ; tant sur le plan personnel que pour mon éducation Jedi.
Il m’a transmis son amour du voyage, des rencontres et de la vie ; m’ayant habituée très jeune à beaucoup partir en mission…
Cependant, cinq ans auparavant, comme beaucoup d’autres il n’a pas survécu à la Diaspora…
Ce jour restera gravé dans ma mémoire pour l’éternité ; j’avais seulement quatorze ans.
Quand la nouvelle tomba, nous étions en expédition sur Castell ; durant un simple voyage visant à découvrir cette planète que je n’avais jamais visité.
Mes souvenirs sont flous, mais l’image de son corps sans vie me hantait toujours ; suivi par un puissant sentiment de haine que je n’ai jamais ressenti à nouveau.
A travers les nombreuses larmes qui me brouillaient la vue, je pouvais toutefois distinguer mes propres flammes rageuses dévorer violemment les restes fumants des mercenaires qui furent à notre poursuite.
J’émerge de mes souvenirs, une larme chaude glissant le long de ma joue.
Mon éducation fut achevée par d’autres maîtres, qui clairement ne m’aimaient pas et me blâmait pour la perte de Khal.
Cependant je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre à piloter des vaisseaux plus larges qu’un intercepteur, Maître Shô-Jun m’avait promis que nous le ferions à notre retour de Castell.
Je fus tirée de mes pensées par l’arrivée de Dalla, qui venait de s’asseoir à mes côtés en poussant un long soupir.
Je sens dans son attitude qu’elle veut parler avec moi, ce que j’accepte très volontairement :
« Le droïde t’a dit comment l’appeler ? Il m’a donné deux noms différents, à moi…
-Le fameux A7-D7 ou T-1-1-X ? Oui il a fait le même cirque à tout le monde t’inquiètes pas…
Tu t’en sors bien avec lui ? Il est pas trop dur à gérer ? »
Je la vois trifouiller dans son sac, sortant son datapad, elle avait apparemment beaucoup de travail…
Elle se penche finalement vers moi, murmurant :
-Quand nous aurons dépassé le Noyau profond, on fera une petite séance de pilotage accompagnée… Tu voudras prendre un peu les commandes ? »
Je sens mes yeux s’illuminer et un long frisson d’excitation me parcourir ; d’un ton enfantin plein d’enthousiasme je lui répond :
« Sérieux ! Pour de vrai ?! »
Notre très courte discussion fût interrompue par une voix profonde que je n’avais jamais entendue :
« Ce sont nos copies.
-AHHH »
Je lâchai par mégarde, complètement surprise par l’arrivée du jeune Chiss dans notre périmètre ; définitivement, je suis pas sereine quand il est dans le coin… Il est complètement inapercevable.
Je quittai la pièce, qui était devenu un sacré remue-ménage depuis que les gamins avaient appris que c’était Della qui s’occupait de la correction de leur examen oh-si-important.
La mine déconfite de Loona me fît lâcher un rictus, elle qui l’avait tant prise de haut se retrouvait finalement face à son examinatrice.
« Hehe… Bien fait. » Me murmurai-je à moi-même, en empruntant le couloir menant à la salle de pilotage.
« N’est-ce-pas T7-A-X truc muche ?
-Moi c’est A7-D7, il me semble que nous n’ayons pas été présenté ?
-Bah si, fin bref c’est bon j’abandonne... Tu sais quoi A7 ?
Je suis flattée de rencontrer un être aussi passionnant que toi »
Dis-je en m’asseyant à ses côtés, sur une chaine métallique qui avait bien besoin elle aussi d’un coup de neuf.
J’ignora la réponse du droïde dorénavant sous l’identité de T-1-1-X, qui avait recommencé à se vexer sur une certaine méprise de nom.
Un bip strident me tira de ma contemplation du vide stellaire ; une communication apparemment…
D’un geste nonchalant, je récupéra l’outil de transmission privée avant de répondre :
« Ici Cargo n°887-524, je vous écoute ?
-Cargo n°887-524 ici le centre des communications de la base de Tatooine, je dois parler au chevalier Nekro ou au chevalier Tellura.
-Ici Chevalier Nekro ; je vous reçois plutôt mal, que voulez-vous ?
-Je serais bref, nous avons reçu des informations du Chevalier Kovani, il vous rejoindra sur Ilum et vous informe de rester sur vos gardes ; terminé. »
Sur ces mots, la communication coupa. Pensive, je me leva de mon siège…
Chevalier Kovani… ? Ahhh, Deck ! Gary Kovani, le type du BDJD ; très sympathique d’ailleurs…
Je n’avais pas l’habitude d’appeler les gens par leur nom de famille, ce qui déplaît pas mal aux coincés de l’ordre je l’avoue...
Mais pourquoi Gary devait-il nous rejoindre pour une mission aussi routinière que celle-ci ?
Vu le ton pris par mon interlocuteur, il devait y avoir une raison sérieuse…
« Rester sur nos gardes tu dis ?... Intéressant… »
Je me tourne vers l’infini spatiale qui s’étend majestueusement devant moi à travers la large vitre :
« Je ne sais quelles surprises tu nous réserve Ilum, mais je suis déjà prête à y faire face… »
J’entend Dalla de l’autre côté du couloir, tentant de communiquer avec la catastrophe sur roulettes ; j’esquisse un sourire ; je donnerai n’importe quoi pour voir Loona converser avec ce truc, elle ne tiendrait pas deux minutes avant de le démonter.
Mon cœur se resserre légèrement ; j’aimerais pouvoir rejoindre ma consœur et discuter avec elle mais j’ai peur de la mettre mal à l’aise…
Comme toujours, je reste donc où je suis, au milieu de la pièce principale entourée des Padawans qui tentaient plus ou moins de se divertir avec tout ce qu’ils trouvaient…
Je fais quelques pas, tournant légèrement en rond, puis demanda finalement à qui voulait bien m’entendre :
« Bon, on a une certaine éternité devant nous, qui veux faire un jeu ? »
Kodi et Opree, toujours nerveusement debout au milieu de la pièce, se retournèrent directement vers moi, visiblement enthousiastes.
Je vois le jeune humain commencer à chercher ses mots ; pour me donner une jolie réponse pleine de belles paroles et de formules de politesses, mais avant même qu’il ait le temps de me répondre ; je vois Mosroka bondir de son siège :
« Ohhh moi ! Moi ! Sors tout ce que tu veux, tu vas voir je vais gagner cette fois ! »
L’amicalité de la demoiselle aux cheveux frisés était clairement contagieuse ; Hunakk tourna vivement la tête, ses yeux bleu sombre désormais pleins d’étoiles, visiblement appâté par le mot « gagner » :
« Alala, pour qui te prend tu Mosro, s’il y a un gagnant à bord c’est bien moi ; tu auras tes preuves quand on aura reçu les résultats de l’examen.
Bon, choisi le jeu, aucune victoire n’est plus belle que celle que j’arracherais sur ton terrain.
-Ok Mr Je Sais Tout, je te conseille de ravaler ton égocentrisme Omwati maintenant comme ça la chute de la désillusion te sera moins rude. »
Le grand type mesquin lâche enfin un sourire sincère, visiblement très content de pouvoir s’amuser avec sa camarade, je le vois faire craquer sa nuque avant de finalement lâcher, plein d’entrain :
« Eh, tu veux la guerre ? Tu vas l’avoir. Je te laisse choisir tes coéquipiers !
Ramène toi Xoraae on a de l’humain à défoncer ! »
Le jeune aux yeux rouges se lève silencieusement de son siège, et se place finalement derrière son compère ; ça voulait visiblement dire « ok ».
Mosroka, apparemment seule contre deux, interpella Loona, espérant l’avoir dans son équipe :
« Loona, tu viens m’aider à battre ces sales petits prétentieu—
-Non merci ça va aller tu vas t’en remettre. »
La Twi’lek désagréable quitta la pièce sur ces mots, laissant Mosroka seule, visiblement peinée.
Pour tenter de la faire se sentir mieux, je me tourne vers les deux petits Padawans qui assistaient à la discussion :
-Bon Pif et Paf, vous allez aider votre ainée ?
-Ehhh, brailla Hunakk, trois contre deux c’est de la triche !
-Petit tricheur va, ils ont 9 et 12ans.
-Oui mais Mosro c’est la plus vieille !
-Arrête de geindre vous avez quasiment le même âge, aller pour la peine je fais l’arbitre ; ça vous va ? »
Dans un acquiescement général, je mets à fouiller dans ma sacoche récupérer mon datapad pour chercher des idées de jeux :
« A toi l’honneur Opree ! Tu choisis en premier.
-Heuu… Je vois la petite devenir rouge tomate ; n’aimant visiblement pas être au centre de l’attention.
Comme vous voulez je passe mon tour…
-Pass accepté ! Kodi une proposition ?
-Non mais stop là, m’interrompis Hunakk, si c’est eux qui choisissent c’est pas drôle…
-Heho grosse tête, déjà que les équipes sont déséquilibrés tu vas pas en plus choisir un jeu où ils auront pas leurs chances… Le fair-play c’est la base de la base mon pote. »
Le teint bleu pâle de l’Omwati passe légèrement au rouge, surpris, je le vois se pencher pour chuchoter à l’oreille du Chiss :
« Nan mais sérieusement, c’est comme ça que c’est sensé parler les chevaliers Jedi ? La prochaine fois que mon maître me dira de mieux lui parler j’aurais une bonne raison de refuser…
-Je t’entend figure, sache que ton maître ou n’importe quel autre se fiche complètement de mon attitude et de mon sort. C’est juste ma tête qui ne leur reviens pas.
-Heureusement que tu m’entends vu la taille de tes oreilles ; et petite question : les cornes ça fait antenne ? »
Je ris à sa remarque, il était agaçant aux premiers abords mais un peu drôle :
« T’as des plumes à la place des cheveux et tu veux me parler mode ? Non ça fait pas antenne mais ça me rajoute la classe que tu n’auras jamais… Désolé mec tu vas t’en remettre comme dirais l’autre chieus—euh l’autre là ta pote twi’lek.
-Ah bah bravo le langage… Comment oses tu parler de pauvres enfants de la sorte ? »
Il se met à faire une moue de porg battu, pour étayer ses propos.
Je lui lâche un dernier rire et m’assoit finalement à leurs côtés :
« Bon, tournoi de différents jeux de cartes ça va à tout le monde ? »
Quelques temps plus tard, la partie fût interrompu par l’arrivée de Dalla, son datapad à la main :
« Le premier saut est lancé. Nous avons quelques heures devant nous. Alors, qu’est-ce que vous faites ? »
Je me relève, époussète mes fringues légèrement poussiéreuses après être restée assise au sol, lui répondant :
« Tournoi de jeux de cartes, tu veux venir ? Fait gaffe Hunakk triche comme un Hutt.
-Ehhh elle ment, je te jure que j’ai pas triché je suis juste trop fort. »
D’une légère poussée de force, je fais tomber les deux cartes cachées dans sa manche :
« Et ça c’est du nougat ? »
Amusée, je regarde le jeune homme redevenir rouge en tentant de se justifier :
« Ça en revanche c’est de la triche ! Un arbitre ça n’intervient pas ! »
En entendant le vacarme, Loona redébarque finalement dans la pièce, daignant enfin rejoindre le commun des mortels, s’installant sur une banquette sans même nous lâcher un regard.
« Je suis désolée d’être la porteuse de mauvaises nouvelles, mais vous avez tous et toutes du travail à faire. Plus tôt vous vous y mettrez, plus tôt vous aurez fini. »
Sur les mots de mon ainée, tout le petit groupe assis par terre se releva et se dispersèrent à nouveau sur les nombreux sièges disponibles.
Moi-même, je retourne m’asseoir seule sur une banquette, lançant Dalla donner ses instructions au petit groupe.
Pensive, je pose mon regard sur l’extérieur du vaisseau, admirant l’état de la vitesse lumière.
Les étoiles étaient devenues de larges traînées de lumière, qui me faisaient toujours rêver…
Je pense nostalgiquement à mes anciens voyages, à l’époque ou mon maître était encore parmi nous…
Maître Khel Shô-Jun était un homme très particulier. Grand humain de nature joviale et amicale, il m’a tout appris et à fait de moi la personne que je suis ; tant sur le plan personnel que pour mon éducation Jedi.
Il m’a transmis son amour du voyage, des rencontres et de la vie ; m’ayant habituée très jeune à beaucoup partir en mission…
Cependant, cinq ans auparavant, comme beaucoup d’autres il n’a pas survécu à la Diaspora…
Ce jour restera gravé dans ma mémoire pour l’éternité ; j’avais seulement quatorze ans.
Quand la nouvelle tomba, nous étions en expédition sur Castell ; durant un simple voyage visant à découvrir cette planète que je n’avais jamais visité.
Mes souvenirs sont flous, mais l’image de son corps sans vie me hantait toujours ; suivi par un puissant sentiment de haine que je n’ai jamais ressenti à nouveau.
A travers les nombreuses larmes qui me brouillaient la vue, je pouvais toutefois distinguer mes propres flammes rageuses dévorer violemment les restes fumants des mercenaires qui furent à notre poursuite.
J’émerge de mes souvenirs, une larme chaude glissant le long de ma joue.
Mon éducation fut achevée par d’autres maîtres, qui clairement ne m’aimaient pas et me blâmait pour la perte de Khal.
Cependant je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre à piloter des vaisseaux plus larges qu’un intercepteur, Maître Shô-Jun m’avait promis que nous le ferions à notre retour de Castell.
Je fus tirée de mes pensées par l’arrivée de Dalla, qui venait de s’asseoir à mes côtés en poussant un long soupir.
Je sens dans son attitude qu’elle veut parler avec moi, ce que j’accepte très volontairement :
« Le droïde t’a dit comment l’appeler ? Il m’a donné deux noms différents, à moi…
-Le fameux A7-D7 ou T-1-1-X ? Oui il a fait le même cirque à tout le monde t’inquiètes pas…
Tu t’en sors bien avec lui ? Il est pas trop dur à gérer ? »
Je la vois trifouiller dans son sac, sortant son datapad, elle avait apparemment beaucoup de travail…
Elle se penche finalement vers moi, murmurant :
-Quand nous aurons dépassé le Noyau profond, on fera une petite séance de pilotage accompagnée… Tu voudras prendre un peu les commandes ? »
Je sens mes yeux s’illuminer et un long frisson d’excitation me parcourir ; d’un ton enfantin plein d’enthousiasme je lui répond :
« Sérieux ! Pour de vrai ?! »
Notre très courte discussion fût interrompue par une voix profonde que je n’avais jamais entendue :
« Ce sont nos copies.
-AHHH »
Je lâchai par mégarde, complètement surprise par l’arrivée du jeune Chiss dans notre périmètre ; définitivement, je suis pas sereine quand il est dans le coin… Il est complètement inapercevable.
Je quittai la pièce, qui était devenu un sacré remue-ménage depuis que les gamins avaient appris que c’était Della qui s’occupait de la correction de leur examen oh-si-important.
La mine déconfite de Loona me fît lâcher un rictus, elle qui l’avait tant prise de haut se retrouvait finalement face à son examinatrice.
« Hehe… Bien fait. » Me murmurai-je à moi-même, en empruntant le couloir menant à la salle de pilotage.
« N’est-ce-pas T7-A-X truc muche ?
-Moi c’est A7-D7, il me semble que nous n’ayons pas été présenté ?
-Bah si, fin bref c’est bon j’abandonne... Tu sais quoi A7 ?
Je suis flattée de rencontrer un être aussi passionnant que toi »
Dis-je en m’asseyant à ses côtés, sur une chaine métallique qui avait bien besoin elle aussi d’un coup de neuf.
J’ignora la réponse du droïde dorénavant sous l’identité de T-1-1-X, qui avait recommencé à se vexer sur une certaine méprise de nom.
Un bip strident me tira de ma contemplation du vide stellaire ; une communication apparemment…
D’un geste nonchalant, je récupéra l’outil de transmission privée avant de répondre :
« Ici Cargo n°887-524, je vous écoute ?
-Cargo n°887-524 ici le centre des communications de la base de Tatooine, je dois parler au chevalier Nekro ou au chevalier Tellura.
-Ici Chevalier Nekro ; je vous reçois plutôt mal, que voulez-vous ?
-Je serais bref, nous avons reçu des informations du Chevalier Kovani, il vous rejoindra sur Ilum et vous informe de rester sur vos gardes ; terminé. »
Sur ces mots, la communication coupa. Pensive, je me leva de mon siège…
Chevalier Kovani… ? Ahhh, Deck ! Gary Kovani, le type du BDJD ; très sympathique d’ailleurs…
Je n’avais pas l’habitude d’appeler les gens par leur nom de famille, ce qui déplaît pas mal aux coincés de l’ordre je l’avoue...
Mais pourquoi Gary devait-il nous rejoindre pour une mission aussi routinière que celle-ci ?
Vu le ton pris par mon interlocuteur, il devait y avoir une raison sérieuse…
« Rester sur nos gardes tu dis ?... Intéressant… »
Je me tourne vers l’infini spatiale qui s’étend majestueusement devant moi à travers la large vitre :
« Je ne sais quelles surprises tu nous réserve Ilum, mais je suis déjà prête à y faire face… »
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Dim 21 Mai 2023 - 14:43
« Ça en revanche c’est de la triche ! Un arbitre ça n’intervient pas ! »
-Les arbitres sont justement là pour s’assurer du bon déroulement des opérations. Faire respecter les règles. Règles, qui, implicitement ou explicitement, prohibent généralement la triche…
Dalla se sentait un peu coupable d’interrompre les jeux organisés par Kranyya. Mais sa mission consistait aussi à faire travailler les padawans. Quitte à apparaître comme la rabat-joie. Elle avait un peu l'habitude, de toute façon. Elle avait toujours eu ce côté sérieux, parfois un peu trop scolaire. Elle était comme ça. Elle suivait le cadre, parce que c'était quand même plus simple pour que tout le monde s'entende et interagisse. En tout cas, c'était plus facile pour Dalla de savoir comment agir, d'avoir une sorte de... protocole à suivre.
Dalla sourit. "Ma petite padawan protocolaire". Larna l'appelait comme ça, parfois.
Nassa, moins douce, lui disait juste de se décoincer. Heureusement, il y avait Kark, aussi, pour lui dire que si suivre un cadre l'aidait à bien fonctionner, il n'y avait aucun mal à ça. "Ce qui compte, c'est comment ton speeder roule, pas dans quel sens les circuits sont branchés."
Tu t’en sors bien avec lui ? Il est pas trop dur à gérer ? »
-Dur, non… Mais j’ai peur que ses sautes… d’humeur ? De nom ? De personnalité ? Bref, j’ai peur que cela conduise à des malentendus ou des incidents. Si on donne une instruction à A7 et que T1 l’oublie ?
Et doubler tous les ordres risquaient d’être compliqué, et tout simplement très fastidieux.
-J’ai l’impression qu’il n’est pas conscient de ce qui se passe. Je crois qu’il se vexe un peu de… de nos réactions…
L’idéal, ce serait de toujours savoir à quel demi-droïde on s’adressait. Si les deux personnalités du droïde étaient toujours fixées dans des circuits différents, il y avait peut-être moyen de bricoler quelque chose…
« Sérieux ! Pour de vrai ?! »
-Bien sûr. Il faut profiter des occasions comme celle-là ! Une mission pas trop compliquée…
« Touche du bois » aurait dit Nassa.
-… où on a le temps de s’entraîner. Si on peut prendre du temps pour faire piloter Loona, ou les autres, il n’y a pas de raison que tu n’en profites pas aussi. De façon plus informelle, bien sûr !
Elle ne voulait pas donner l’impression à Kranyya qu’elle l’infantilisait.
Dalla sentit une pointe de déception quand Kranyya se dirigea vers la cabine de pilotage.
Bien sûr, c’était parfaitement naturel. Dalla avait fait la même chose au début de leur voyage.
Mais, même si elle appréciait les padawans, la présence d’une vraie adulte était également appréciable…
Au moins, Kranyya avait laissé la porte ouverte, ce qui lui permettait de surveiller les demis droïdes et la couleur des voyants principaux du tableau de bord.
Dalla ne répondit pas au dernier commentaire de Loona. Ses quelques semaines d’enseignement l’avait confortée dans sa réaction spontanée aux critiques et remises en question des padawans : 1) montrer qu’on avait entendu, qu’on n’était pas dupe, 2) montrer qu’on s’en foutait pas mal.
Elle regarda donc Loona droit dans les yeux, avec un sourcil relevé et un coin de lèvres replié avec un certain amusement/dérision. Enfin, c’était l’intention, elle ne pouvait évidemment pas savoir quel était le résultat effectif sur sa tête.
En tout cas, Loona retourna à son datapad sans rien ajouter, et peu à peu les padawans se remirent à travailler en silence.
La séance de jeux semblait avoir eu un effet positif sur eux. Ils semblaient plus détendus, plus en phase les uns avec les autres. Hunakh, surtout, semblait plus ouvert.
Après un dernier coup d’œil à la cabine de pilotage, Dalla se replongea dans ses copies.
Le document de correction fourni par Maître Vassk était un peu long et technique, mais au bout d’une dizaine de copies, Dalla avait bien saisi la logique des critères, et elle avait l’impression qu’elle corrigeait plus efficacement. Elle aurait peut-être même intérêt à reprendre les 5 ou 7 premières copies, à la fin, pour harmoniser ses corrections.
De temps à autres, l’un des padawans lui posait une question sur une copie, généralement quand, perdue dans sa correction, elle poussait un soupir ou esquissait un sourire.
-C’est une mauvaise copie ?
-Les élèves ont vraiment du mal avec la voie passive en huttese, on dirait… Je ne comprends pas pourquoi…
-Quelqu’un a écrit un truc drôle ?
-Vous avez des formulations bizarres, parfois dans vos copies. Mais bon, je suppose que grammaticalement, c’est correct…
Par contre, pas de niveau 4 pour cette copie. L’élève ne rendait clairement pas les « fines nuances de sens en rapport avec des sujets complexes ». Ou moins complexes. Parce que « la navette est arrivée en retard à cause d’un mynock affamé » n’était pas exactement un sujet complexe.
Dalla mit un certain temps, la première fois, à se rendre compte qu’Opree l’appelait. Ce fut Mosroka qui le lui signala :
-Je crois qu’Opree a fini son chapitre.
Dalla amorça un mouvement pour se lever, et vit cinq paires d’yeux se braquer sur son datapad. Elle le verrouilla donc scrupuleusement, avant de la poser bien en vue sur la table basse.
A la fin de son deuxième chapitre, Dalla constata avec plaisir qu’Opree semblait avoir pris plus d’assurance. La petite osa élever suffisamment la voix pour attirer son attention.
Pendant que la petite humaine lui expliquait comment le fathier avait été vendu par son éleveur dans une vente aux enchères et acheté par un mystérieux personnage à 4 bras (Dalla avait réussi à ne pas spoiler la suite, même si bien sûr, l'arrivée d'un personnage aussi célèbre de la littérature était l'un de ses passages préférés), Dalla remarqua de l’agitation dans la cabine.
Après avoir lancé Opree dans le troisième chapitre (où le nom du personnage à 4 bras serait ENFIN révélé), elle rejoignit Kranyya.
-Tu as reçu une communication ?
Plongée dans les explications de Kranyya, Dalla n’avait pas vue que Loona s’était approchée.
-Oh, Gary ? Je le connais.
Dalla eut une forte envie de lever les yeux au ciel. Bien sûr qu’elle le connaissait. En ce moment, qui, au sien de l'Ordre, ne connaissait pas le chevalier Kovani ?
-L’une de nous devrait rester en permanence dans la cabine, au cas où, déclara Dalla. Histoire de réagir au plus vite si on reçoit une autre communication ou… quoi qu’il arrive. Je peux prendre le premier tour si tu veux. Je voudrais jeter un œil sur les circuits de qui tu sais.
Elle jeta un coup d’œil sur l’ordinateur de bord. Il restait moins d’une heure avant d’arriver près du territoire républicain.
-Après le saut, par contre, ce serait bien qu’on soit toutes les deux, pour les manœuvres. On n’est jamais trop prudentes…
Elle se tourna vers Loona.
-A ce moment-là, comme c’est toi la plus âgée, tu seras responsable des autres. Surtout pour Opree.
Responsabiliser les élèves était parfois un bon moyen de leur faire adopter une attitude plus positive. De toute façon , qui ne tente rien n’a rien.
-Je vais chercher la boite à outils qui doit être dans la soute. Je reviens.
Quitte à avoir des imprévus sur la route, elle préférait avoir un… ou des… droïdes entièrement fonctionnels.
Si le droïde avait bien deux puces de personnalité matériellement différentes, il devait être possible de les identifier, et de bricoler un système de voyants, comme ceux qui existaient dans n’importe quel tableau de bord.
Dalla avait réparé suffisamment de speeders pour savoir recréer, si besoin, un circuit et une interface pour identifier l’activation de systèmes indépendants et parallèles. La discussion avec le droïde serait beaucoup plus simple si un simple voyant permettait de savoir immédiatement auquel on s’adressait…
Elle pourrait peut-être même identifier quel stimulus était à l’origine du passage d’une personnalité à l’autre. Elle avait l’impression que ces changements correspondaient aux bips stridents qui retentissaient trop souvent à son goût. Mais était-ce la cause ou la conséquence du changement de personnalité ?
Bref, un petit état des lieux s’imposait, si possible avant d’arriver en territoire républicain.
Kranyya Nekro
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Jeu 25 Mai 2023 - 16:57
Dalla venait de quitter la cabine de pilotage, partie en direction de la soute.
Je l’ai entendu évoquer des modifications à faire pour la catastrophe ambulante qui nous servait de droïde ; pouvoir détecter quelle partie de lui s’adressait à nous…
Très bonne idée !
On perd un temps fou à chaque fois qu’on veut lui parler vu qu’il se vexe toujours sur les fautes de prénoms…
Seule dans la cabine avec Loona, je tente de lancer une petite discussion ; à l’apparence plus pacifique qu’à l’époque où nous étions Padawan ensemble :
« Oh, donc tu connais le Deck ? Tu me racontes l’histoire ?
-Me parle pas comme aux autres gamins du vaisseau… »
Je la vois soupirer, d’agacement apparemment, mauvais réflexe qu’elle a encore ; puis finalement lâcher sa façade insolente pour s’adresser normalement à moi :
« Bah rien de spécial tu sais ; une mission de ravitaillement routinière sur Nar Shaddaa… J’ai eu l’occasion de parler un peu avec lui ; il est plutôt cool…
Et toi ? Tu le connais ? »
Je lui lance un regard confus ; je n’ai jamais aimé raconter ce morceau de mon histoire…
Evidemment que je connais ce type particulier du BDJD ; depuis l’Exil Jedi pas mal d’entre nous ont fait parti de ces fameux « Jedis Disparus » ; moi aussi une époque…
Repenser à ces choses-là me déplait, période sombre emplie de souffrance et de mauvais souvenirs... Je secoue vivement la tête pour reprendre mes esprits, avant de lui répondre tout simplement :
« Non pas vraiment ; juste vite fait comme tout le monde… »
D’un ton doux qui n’est d’habitude pas le sien, elle me répond en me regardant toujours droit dans les yeux :
« Tu mens très mal parfois, tu le sais ?
-Ahh, je soupire, oui je m’en rends bien compte… »
Je stop la discussion en me levant de ma chaise ; qui au passage poussa un grincement franchement désagréable.
Attendant le retour de Dalla, je décide de jeter un coup d’œil aux détails de la cabine.
Toutes ces commandes et ces boutons ne me disait rien qui vaille… je me demande si j’arriverais un jour à apprendre à piloter ce truc là ; sans Maître Khal pour m’aiguiller bienveillamment…
La peine me revient soudainement ; piquant mon cœur comme une longue aiguille ; me rappelant cette perte si violente…
La douleur de son absence ne peut guère s’estomper ; malheureusement même avec le temps qui passe ; aussi long soit-il…
Je repense à la gentille proposition de ma compère ; serais-je réellement capable de comprendre les fonctionnement de cette machine ?
« Dis Loona, j’attends un peu, le temps que la Twi’lek tourne la tête vers moi avant de continuer ; toi aussi Dalla t’a proposé de piloter un peu ?
-Ouais… »
La jeune femme au teint violacé fait quelques pas, frôlant de ses doigts le tableau de bord ; je vois dans son regard qu’elle est en pleine réflexion ; avant d’avoir le temps de pouvoir deviner à quoi elle pense ; elle prend elle-même la parole :
« Hum… Kran ? »
Je la sens nerveuse très inhabituel venant de sa part.
Elle reprend finalement, en évitant malgré tout mon regard, probablement gênée :
« Je… je n’ai jamais eu l’occasion de pouvoir en parler avec toi mais… »
Elle cherche ses mots, parler amicalement avec moi comme il y a bien longtemps la rend mal à l’aise, se sentant si décalée par rapport à son attitude hautaine habituelle :
-Pour euh… Maître Shô-Jun… Je- je suis désolée de m’y prendre aussi tard… Je sais à quel point vous étiez proche… Je suis désolée pour ta perte ; vraiment… C’était quelqu’un de super… »
Mon cœur se resserre, certes cinq ans avait passé depuis ce jour fatidique sur Castell, mais la plaie était toujours vive.
De long mois suivant l’incident, toujours en pleine Diaspora Jedi ; on m’a finalement secouru d’un trafic esclavagiste de Nar Shaddaa, mais même après mon retour je n’ai plus été la même et ce pendant bien longtemps.
Mon changement radical de comportement avait créé une distance encore plus grande entre les autres Padawans et moi, devenue encore plus solitaire ; je me suis concentrée pour vite terminer ma formation, m’isolant dans le travail et la méditation, ayant perdu la joie de vivre qui m’étais pourtant si caractérielle.
La gorge asséchée par le sujet sensible, avec mon regard le plus sincère ancrée dans les yeux gris de cette fille qui était auparavant ma camarade ; je reprends la parole :
« Merci… Rien ne compte plus pour moi que de savoir qu’il n’est pas oublié…
Je tiens fermement à continuer de cultiver sa mémoire. »
Je sens dans l’atmosphère que cette discussion était enfin close.
Je reprends mon enthousiasme habituel, et avec entrain lance :
« Bon ! Je tape des mains, remettant de l’ordre dans mes pensées.
On va bientôt arriver en territoire Républicain je vais avoir du taf ; t’es la plus grande ici, je compte sur toi pour gérer les gamins ; même les plus âgés d’ailleurs, ton pote Hunakk c’est un danger public ahah….
Je te raconte pas à quel point il a triché aux cartes, même face aux deux petits ; il a une sacré hargne de la victoire…
Bon esprit techniquement, mais pas toujours.»
Je m’apprête à quitter la cabine, mais au dernier moment, me retourne vers Loona pour lui poser une question :
« D’ailleurs… Je me demandais si tu savais quelques choses sur Xoraae, vous avez plus ou moins le même âge tu l’as déjà un peu fréquenté ?
-Le Chiss ? Nan je n’ai jamais vraiment parlé avec lui, il est très- hum très discret je dirais ?
Il traîne pas mal avec Hunakk tu peux en parler avec lui si tu veux…
-Ouais, j’aimerais bien pouvoir en savoir un peu plus sur lui…
Il est très silencieux, les climats fermés comme ça ça me gêne…
J’irais voir Hunakk quand j’aurais un moment ; je te laisse dans la cabine appelle-moi si ya un problème. Ça m’a fait plaisir de parler avec toi, Merci… »
Je quitte finalement la pièce et m’engage dans le couloir, en direction de la soute.
Je traverse la salle principale, dans laquelle les Padawans étaient plongés dans le travail donné par Dalla :
Kodi était assis en tailleur au centre de la pièce, entouré par ses fiches et son datapad, apparemment plongé dans ses exposés… Il fait du bon boulot ce petit, je l’aime bien.
Opree, qui ne le lâche pas d’un pouce, est adossée contre lui toujours en pleine lecture.
Sur les banquettes, Mosroka et Xoraae sont silencieusement installés, occupés sur leur datapad.
« Bah alors Hunakk ? T’as rien à faire ?
Le grand Omwati allongé par terre tourne finalement son attention vers moi :
-Haha, j’ai tout fait en avance moi ; je suis là pour profiter de la mission : tranquillou pépère.
-T’as bien raison ahah ; tu verras Ilum c’est magnifique… La première fois où j’y suis allée m’a vraiment marqué, j’en ai encore des frissons…
Bon allez, travaillez bien les jeunes ! »
Sur ces mots, je reprends ma route ; Dalla m’avait parlé des modifications qu’elle voulait faire sur A7 ou bien T-1 machin, ça nous sera bien pratique pour communiquer avec lui…
Je rentre dans la pièce sombre, où la jeune Chevalière était accroupie en train de fouiller dans des caisses de bricoles mécaniques :
« Salut salut… Je suis allée voir les petits, ils bossent tout va bien ; fin sauf Hunakk il est posé par terre mais bon… Comment tu vas ? »
Je l’ai entendu évoquer des modifications à faire pour la catastrophe ambulante qui nous servait de droïde ; pouvoir détecter quelle partie de lui s’adressait à nous…
Très bonne idée !
On perd un temps fou à chaque fois qu’on veut lui parler vu qu’il se vexe toujours sur les fautes de prénoms…
Seule dans la cabine avec Loona, je tente de lancer une petite discussion ; à l’apparence plus pacifique qu’à l’époque où nous étions Padawan ensemble :
« Oh, donc tu connais le Deck ? Tu me racontes l’histoire ?
-Me parle pas comme aux autres gamins du vaisseau… »
Je la vois soupirer, d’agacement apparemment, mauvais réflexe qu’elle a encore ; puis finalement lâcher sa façade insolente pour s’adresser normalement à moi :
« Bah rien de spécial tu sais ; une mission de ravitaillement routinière sur Nar Shaddaa… J’ai eu l’occasion de parler un peu avec lui ; il est plutôt cool…
Et toi ? Tu le connais ? »
Je lui lance un regard confus ; je n’ai jamais aimé raconter ce morceau de mon histoire…
Evidemment que je connais ce type particulier du BDJD ; depuis l’Exil Jedi pas mal d’entre nous ont fait parti de ces fameux « Jedis Disparus » ; moi aussi une époque…
Repenser à ces choses-là me déplait, période sombre emplie de souffrance et de mauvais souvenirs... Je secoue vivement la tête pour reprendre mes esprits, avant de lui répondre tout simplement :
« Non pas vraiment ; juste vite fait comme tout le monde… »
D’un ton doux qui n’est d’habitude pas le sien, elle me répond en me regardant toujours droit dans les yeux :
« Tu mens très mal parfois, tu le sais ?
-Ahh, je soupire, oui je m’en rends bien compte… »
Je stop la discussion en me levant de ma chaise ; qui au passage poussa un grincement franchement désagréable.
Attendant le retour de Dalla, je décide de jeter un coup d’œil aux détails de la cabine.
Toutes ces commandes et ces boutons ne me disait rien qui vaille… je me demande si j’arriverais un jour à apprendre à piloter ce truc là ; sans Maître Khal pour m’aiguiller bienveillamment…
La peine me revient soudainement ; piquant mon cœur comme une longue aiguille ; me rappelant cette perte si violente…
La douleur de son absence ne peut guère s’estomper ; malheureusement même avec le temps qui passe ; aussi long soit-il…
Je repense à la gentille proposition de ma compère ; serais-je réellement capable de comprendre les fonctionnement de cette machine ?
« Dis Loona, j’attends un peu, le temps que la Twi’lek tourne la tête vers moi avant de continuer ; toi aussi Dalla t’a proposé de piloter un peu ?
-Ouais… »
La jeune femme au teint violacé fait quelques pas, frôlant de ses doigts le tableau de bord ; je vois dans son regard qu’elle est en pleine réflexion ; avant d’avoir le temps de pouvoir deviner à quoi elle pense ; elle prend elle-même la parole :
« Hum… Kran ? »
Je la sens nerveuse très inhabituel venant de sa part.
Elle reprend finalement, en évitant malgré tout mon regard, probablement gênée :
« Je… je n’ai jamais eu l’occasion de pouvoir en parler avec toi mais… »
Elle cherche ses mots, parler amicalement avec moi comme il y a bien longtemps la rend mal à l’aise, se sentant si décalée par rapport à son attitude hautaine habituelle :
-Pour euh… Maître Shô-Jun… Je- je suis désolée de m’y prendre aussi tard… Je sais à quel point vous étiez proche… Je suis désolée pour ta perte ; vraiment… C’était quelqu’un de super… »
Mon cœur se resserre, certes cinq ans avait passé depuis ce jour fatidique sur Castell, mais la plaie était toujours vive.
De long mois suivant l’incident, toujours en pleine Diaspora Jedi ; on m’a finalement secouru d’un trafic esclavagiste de Nar Shaddaa, mais même après mon retour je n’ai plus été la même et ce pendant bien longtemps.
Mon changement radical de comportement avait créé une distance encore plus grande entre les autres Padawans et moi, devenue encore plus solitaire ; je me suis concentrée pour vite terminer ma formation, m’isolant dans le travail et la méditation, ayant perdu la joie de vivre qui m’étais pourtant si caractérielle.
La gorge asséchée par le sujet sensible, avec mon regard le plus sincère ancrée dans les yeux gris de cette fille qui était auparavant ma camarade ; je reprends la parole :
« Merci… Rien ne compte plus pour moi que de savoir qu’il n’est pas oublié…
Je tiens fermement à continuer de cultiver sa mémoire. »
Je sens dans l’atmosphère que cette discussion était enfin close.
Je reprends mon enthousiasme habituel, et avec entrain lance :
« Bon ! Je tape des mains, remettant de l’ordre dans mes pensées.
On va bientôt arriver en territoire Républicain je vais avoir du taf ; t’es la plus grande ici, je compte sur toi pour gérer les gamins ; même les plus âgés d’ailleurs, ton pote Hunakk c’est un danger public ahah….
Je te raconte pas à quel point il a triché aux cartes, même face aux deux petits ; il a une sacré hargne de la victoire…
Bon esprit techniquement, mais pas toujours.»
Je m’apprête à quitter la cabine, mais au dernier moment, me retourne vers Loona pour lui poser une question :
« D’ailleurs… Je me demandais si tu savais quelques choses sur Xoraae, vous avez plus ou moins le même âge tu l’as déjà un peu fréquenté ?
-Le Chiss ? Nan je n’ai jamais vraiment parlé avec lui, il est très- hum très discret je dirais ?
Il traîne pas mal avec Hunakk tu peux en parler avec lui si tu veux…
-Ouais, j’aimerais bien pouvoir en savoir un peu plus sur lui…
Il est très silencieux, les climats fermés comme ça ça me gêne…
J’irais voir Hunakk quand j’aurais un moment ; je te laisse dans la cabine appelle-moi si ya un problème. Ça m’a fait plaisir de parler avec toi, Merci… »
Je quitte finalement la pièce et m’engage dans le couloir, en direction de la soute.
Je traverse la salle principale, dans laquelle les Padawans étaient plongés dans le travail donné par Dalla :
Kodi était assis en tailleur au centre de la pièce, entouré par ses fiches et son datapad, apparemment plongé dans ses exposés… Il fait du bon boulot ce petit, je l’aime bien.
Opree, qui ne le lâche pas d’un pouce, est adossée contre lui toujours en pleine lecture.
Sur les banquettes, Mosroka et Xoraae sont silencieusement installés, occupés sur leur datapad.
« Bah alors Hunakk ? T’as rien à faire ?
Le grand Omwati allongé par terre tourne finalement son attention vers moi :
-Haha, j’ai tout fait en avance moi ; je suis là pour profiter de la mission : tranquillou pépère.
-T’as bien raison ahah ; tu verras Ilum c’est magnifique… La première fois où j’y suis allée m’a vraiment marqué, j’en ai encore des frissons…
Bon allez, travaillez bien les jeunes ! »
Sur ces mots, je reprends ma route ; Dalla m’avait parlé des modifications qu’elle voulait faire sur A7 ou bien T-1 machin, ça nous sera bien pratique pour communiquer avec lui…
Je rentre dans la pièce sombre, où la jeune Chevalière était accroupie en train de fouiller dans des caisses de bricoles mécaniques :
« Salut salut… Je suis allée voir les petits, ils bossent tout va bien ; fin sauf Hunakk il est posé par terre mais bon… Comment tu vas ? »
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Dim 28 Mai 2023 - 17:28
La soute était loin d’être bien rangée. Après avoir allumé la lumière, Dalla regarda autour d’elle. Elle ferma les yeux et inspira lentement, se fiant à la Force.
Elle se dirigea vers l’un des angles de la pièce, où étaient entassées plusieurs caisses. La première n’avait pas de couvercle et ne contenait rien d’intéressant. Elle la souleva sans effort et la déposa par terre.
Après avoir étouffé une petite quinte de toux provoquée par la poussière, elle ouvrit la deuxième caisse.Celle-ci contenait également un fatras de matériel divers. Dalla comprit qu’il devait s’agir de pièces détachées susceptibles de servir pour la constitution de sabres lasers pour les padawans. Au milieu du fatras, elle repéra quelques pièces qui pouvaient l’intéresser pour le droïde. Elle vida le contenu de la première caisse dans la deuxième, et commença à empiler les pièces qui l’intéressaient dans la caisse vidée.
En remuant les pièces détachées, elle se remémora la construction de son sabre laser. Elle n’avait jamais été une adepte du sabre, ni de son maniement, ni de son bidouillage. Mais elle se surprit à manipuler des boutons de réglages de puissance.
Elle pouvait peut-être profiter de son passage sur Ilum pour réfléchir à quelques modifications…
« Salut salut… Je suis allée voir les petits, ils bossent tout va bien ; fin sauf Hunakk il est posé par terre mais bon…
Dalla sursauta en entendant Kranyya.
-Je t’avais pas entendue arriver… Hunakh a fini son exposé ?
Comment tu vas ? »
-Ça va… Je… je repensais à la première fois que j’ai monté mon sabre avec son cristal…
Cela semblait une éternité. Dix ans, cela dit, c’était vieux, effectivement. Plus que ce qu’Opree avait déjà vécu…
-Je n’avais pas compris, à l’époque, tout le cheminement derrière la construction de son sabre. Je voyais cela plus comme une contrainte que comme un vrai exercice de réflexion et d’introspection…
Pourquoi est-ce qu’elle embêtait Kranyya avec tout ça ? C’était le fait d’avoir autant gardé pour elle, pendant 5 ans, sur la Force et l’Ordre ?
Ou bien le fait de retourner sur cette planète si importante pour l’Ordre ?
Ou bien était-ce normal pour les chevaliers de l’Ordre de se confier les uns aux autres, de chercher les conseils et les avis de leurs pairs ? Après tout, c’était un peu ce que faisaient les padawans, et elle avait pu constater, depuis qu’elle avait fini les épreuves, que les jeunes chevaliers n’étaient pas si différents que cela des padawans les plus âgés.
-Je pense que j’ai trouvé les pièces qu’il me faut pour les droïdes. Ou le droïde. Enfin…
Elle fit un vague mouvement de mains.
-Ces caisses contiennent les pièces détachées pour les sabres. On les sortira quand les petits auront trouvé leurs cristaux.
Elle jeta un regard autour d’elles et repéra une boîte à outils. Elle la fouilla rapidement, puis, satisfaite de son contenu, la tendit à Kranyya.
-Tu prends la boite à outils, je prends la caisse ?
Avant de quitter la soute, cependant, elle fit une pause, la caisse appuyée sur sa cuisse droite.
-Qu’est-ce que tu penses de la communication qu’on a reçue ?
Dalla n’avait pas eu de pressentiment, bon ou mauvais, ou de signes de la Force, avant ou après leur départ. Mais elle n’était peut-être pas encore bien au clair avec elle-même. Elle n’était pas sûre de l’avoir vraiment été depuis cinq ans…
-Je n’aimais déjà pas l’idée de traverser l’espace républicain, même rapidement, ni celle de traverser le noyau profond. Il y a tellement de choses qui peuvent mal tourner…
Et la vie de 6 padawans était entre leurs mains.
-C’est pour ça que je t’ai demandé de rester avec moi dans le cockpit. Deux2 jedi valent mieux qu’une, ajouta-t-elle avec un petit sourire.
Elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir fière et heureuse, même après plusieurs semaines, de pouvoir se désigner comme une jedi.
-Mais je ne voulais pas que les petits s’inquiètent…
Elles retournèrent dans la salle principale.
Bon, au moins les padawans et le droïde sont toujours en un seul morceau.
Dalla posa la caisse par terre, et s’adressa aux padawans :
-Notre premier saut est bientôt fini. La chevalière Nekro et moi allons nous installer aux commandes du vaisseau avec le droïde. Il ne faudra surtout pas nous déranger. Loona est responsable pendant ce temps. C’est elle qui vous aidera si vous avez besoin d’un coup de main.
Elle avait dit cela en regardant Opree avec un sourire engageant. Elle espérait que les padawans les plus âgés ne prendraient pas mal de devoir être « surveillés » par une autre padawan.
-Je te l’avais dit, fit Loona à Hunakh.
-Ça veut dire que c’est elle qui est punie s’il y a un problème ? répliqua le jeune omwati en ignorant sa condisciple.
Dalla dut se retenir de ne pas lever les yeux au ciel.
-ça veut dire que c’est elle qui évite qu’il y ait un problème. Mais si jamais quelqu’un -ou quelqu’une- fait une bêtise, bien sûr, c’est cette personne qui sera sanctionnée. Tu es assez grand pour te contrôler et assumer tes responsabilités, non ?
Elle soutint son regard, les poings sur les hanches.
-Ben, ouais, bien sûr, fit-il en haussant les épaules. Je disais ça pour Mosrova, surtout…
Ladite Mosrova lui lança une poussée de Force qui fit trébucher l’omwati.
-Mais de toute façon, personne ne fera de bêtises, et il n’y aura aucun problème, n’est-ce pas ?
Elle regarda les 6 padawans les uns après les autres, en finissant par Xoraae. Elle détourna les yeux du regard du chiss. Parce qu’elle avait des choses à faire, hein, pas parce que ses yeux étaient flippants.
-Alors au boulot, padawans. Loona, tu peux venir un moment ?
Elle reprit la caisse et marcha jusqu’à la cabine.
-Sois bien gentille avec Opree. Tu as vu comme elle était timide… C’est important qu’elle ait des modèles autour d’elle…
Loona sembla sur le point de dire quelque chose. Elle tourna brièvement les yeux vers Kranyya.
Elle finit par retourner avec les autres padawans.
Dalla referma la porte du cockpit et se tourna vers Kranyya.
-Assieds-toi dans le siège du pilote. Prends connaissance avec les commandes du vaisseau. C’est à peu près les mêmes que sur n’importe quel appareil.
Dalla posa la caisse par terre et s’agenouilla devant le droïde.
-Tu prendras les commandes quand on sortira de l’hyper espace. Je serai ta copilote.
Elle sourit à Kranyya.
-D’ici là, je vais regarder de plus près notre ami…
Elle regarda le droïde :
-Je vais devoir te débrancher quelques instants, d’accord, euh… A7 ?
-Est-ce bien nécessaire ?
-Ce ne sera pas long, promit-elle. Si tu as la moindre question, n’hésite pas, ajouta-t-elle pas à l’intention de Kranyya.
Elle dévissa le panneau qui, d’après ses estimations, devait cacher l’accès à son processeur principal. Enfin, l’un de ses processeurs.
-Ouais, murmura-t-elle au bout de plusieurs minutes, un tourne-vis quark coincé entre les dents. On guirait bien que ch’est cha…
Elle reprit l’outil en main.
-La puce ici indique bien T-1-1-X. Y a rien marqué sur l’autre, espérons que c’est bien A7-D7…
Il fallait maintenant aussi espérer qu’elle arrive à installer son système de voyants avant la fin du saut.
Elle se dirigea vers l’un des angles de la pièce, où étaient entassées plusieurs caisses. La première n’avait pas de couvercle et ne contenait rien d’intéressant. Elle la souleva sans effort et la déposa par terre.
Après avoir étouffé une petite quinte de toux provoquée par la poussière, elle ouvrit la deuxième caisse.Celle-ci contenait également un fatras de matériel divers. Dalla comprit qu’il devait s’agir de pièces détachées susceptibles de servir pour la constitution de sabres lasers pour les padawans. Au milieu du fatras, elle repéra quelques pièces qui pouvaient l’intéresser pour le droïde. Elle vida le contenu de la première caisse dans la deuxième, et commença à empiler les pièces qui l’intéressaient dans la caisse vidée.
En remuant les pièces détachées, elle se remémora la construction de son sabre laser. Elle n’avait jamais été une adepte du sabre, ni de son maniement, ni de son bidouillage. Mais elle se surprit à manipuler des boutons de réglages de puissance.
Elle pouvait peut-être profiter de son passage sur Ilum pour réfléchir à quelques modifications…
« Salut salut… Je suis allée voir les petits, ils bossent tout va bien ; fin sauf Hunakk il est posé par terre mais bon…
Dalla sursauta en entendant Kranyya.
-Je t’avais pas entendue arriver… Hunakh a fini son exposé ?
Comment tu vas ? »
-Ça va… Je… je repensais à la première fois que j’ai monté mon sabre avec son cristal…
Cela semblait une éternité. Dix ans, cela dit, c’était vieux, effectivement. Plus que ce qu’Opree avait déjà vécu…
-Je n’avais pas compris, à l’époque, tout le cheminement derrière la construction de son sabre. Je voyais cela plus comme une contrainte que comme un vrai exercice de réflexion et d’introspection…
Pourquoi est-ce qu’elle embêtait Kranyya avec tout ça ? C’était le fait d’avoir autant gardé pour elle, pendant 5 ans, sur la Force et l’Ordre ?
Ou bien le fait de retourner sur cette planète si importante pour l’Ordre ?
Ou bien était-ce normal pour les chevaliers de l’Ordre de se confier les uns aux autres, de chercher les conseils et les avis de leurs pairs ? Après tout, c’était un peu ce que faisaient les padawans, et elle avait pu constater, depuis qu’elle avait fini les épreuves, que les jeunes chevaliers n’étaient pas si différents que cela des padawans les plus âgés.
-Je pense que j’ai trouvé les pièces qu’il me faut pour les droïdes. Ou le droïde. Enfin…
Elle fit un vague mouvement de mains.
-Ces caisses contiennent les pièces détachées pour les sabres. On les sortira quand les petits auront trouvé leurs cristaux.
Elle jeta un regard autour d’elles et repéra une boîte à outils. Elle la fouilla rapidement, puis, satisfaite de son contenu, la tendit à Kranyya.
-Tu prends la boite à outils, je prends la caisse ?
Avant de quitter la soute, cependant, elle fit une pause, la caisse appuyée sur sa cuisse droite.
-Qu’est-ce que tu penses de la communication qu’on a reçue ?
Dalla n’avait pas eu de pressentiment, bon ou mauvais, ou de signes de la Force, avant ou après leur départ. Mais elle n’était peut-être pas encore bien au clair avec elle-même. Elle n’était pas sûre de l’avoir vraiment été depuis cinq ans…
-Je n’aimais déjà pas l’idée de traverser l’espace républicain, même rapidement, ni celle de traverser le noyau profond. Il y a tellement de choses qui peuvent mal tourner…
Et la vie de 6 padawans était entre leurs mains.
-C’est pour ça que je t’ai demandé de rester avec moi dans le cockpit. Deux2 jedi valent mieux qu’une, ajouta-t-elle avec un petit sourire.
Elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir fière et heureuse, même après plusieurs semaines, de pouvoir se désigner comme une jedi.
-Mais je ne voulais pas que les petits s’inquiètent…
Elles retournèrent dans la salle principale.
Bon, au moins les padawans et le droïde sont toujours en un seul morceau.
Dalla posa la caisse par terre, et s’adressa aux padawans :
-Notre premier saut est bientôt fini. La chevalière Nekro et moi allons nous installer aux commandes du vaisseau avec le droïde. Il ne faudra surtout pas nous déranger. Loona est responsable pendant ce temps. C’est elle qui vous aidera si vous avez besoin d’un coup de main.
Elle avait dit cela en regardant Opree avec un sourire engageant. Elle espérait que les padawans les plus âgés ne prendraient pas mal de devoir être « surveillés » par une autre padawan.
-Je te l’avais dit, fit Loona à Hunakh.
-Ça veut dire que c’est elle qui est punie s’il y a un problème ? répliqua le jeune omwati en ignorant sa condisciple.
Dalla dut se retenir de ne pas lever les yeux au ciel.
-ça veut dire que c’est elle qui évite qu’il y ait un problème. Mais si jamais quelqu’un -ou quelqu’une- fait une bêtise, bien sûr, c’est cette personne qui sera sanctionnée. Tu es assez grand pour te contrôler et assumer tes responsabilités, non ?
Elle soutint son regard, les poings sur les hanches.
-Ben, ouais, bien sûr, fit-il en haussant les épaules. Je disais ça pour Mosrova, surtout…
Ladite Mosrova lui lança une poussée de Force qui fit trébucher l’omwati.
-Mais de toute façon, personne ne fera de bêtises, et il n’y aura aucun problème, n’est-ce pas ?
Elle regarda les 6 padawans les uns après les autres, en finissant par Xoraae. Elle détourna les yeux du regard du chiss. Parce qu’elle avait des choses à faire, hein, pas parce que ses yeux étaient flippants.
-Alors au boulot, padawans. Loona, tu peux venir un moment ?
Elle reprit la caisse et marcha jusqu’à la cabine.
-Sois bien gentille avec Opree. Tu as vu comme elle était timide… C’est important qu’elle ait des modèles autour d’elle…
Loona sembla sur le point de dire quelque chose. Elle tourna brièvement les yeux vers Kranyya.
Elle finit par retourner avec les autres padawans.
Dalla referma la porte du cockpit et se tourna vers Kranyya.
-Assieds-toi dans le siège du pilote. Prends connaissance avec les commandes du vaisseau. C’est à peu près les mêmes que sur n’importe quel appareil.
Dalla posa la caisse par terre et s’agenouilla devant le droïde.
-Tu prendras les commandes quand on sortira de l’hyper espace. Je serai ta copilote.
Elle sourit à Kranyya.
-D’ici là, je vais regarder de plus près notre ami…
Elle regarda le droïde :
-Je vais devoir te débrancher quelques instants, d’accord, euh… A7 ?
-Est-ce bien nécessaire ?
-Ce ne sera pas long, promit-elle. Si tu as la moindre question, n’hésite pas, ajouta-t-elle pas à l’intention de Kranyya.
Elle dévissa le panneau qui, d’après ses estimations, devait cacher l’accès à son processeur principal. Enfin, l’un de ses processeurs.
-Ouais, murmura-t-elle au bout de plusieurs minutes, un tourne-vis quark coincé entre les dents. On guirait bien que ch’est cha…
Elle reprit l’outil en main.
-La puce ici indique bien T-1-1-X. Y a rien marqué sur l’autre, espérons que c’est bien A7-D7…
Il fallait maintenant aussi espérer qu’elle arrive à installer son système de voyants avant la fin du saut.
Gary Kovani
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Mer 31 Mai 2023 - 1:16
Affalé dans le confortable siège du cockpit, pieds croisés, posés sur le tableau de bord, j’observe la carte holographique projetée au-dessus de ma tête. D’un geste indolent de la main, index et majeur dressés, je balaye le vide. Les sphères éthérées, nuage compact de pixels tridimensionnels bleutés, tournent sur elles-mêmes, de plus en plus vite, autour de l’amas fluorescent symbolisant le dense et inexploré noyau galactique. A l’extrémité des volutes immatérielles, un point rouge clignote frénétiquement. Ma position. A l’exact opposé, un second, mais vert celui-ci, indique ma destination. Ilum. Je soupire. On peut difficilement vouloir aller plus loin…
« Boule de glace,
Perdue au milieu de l’espace,
Tes cristaux d’émeraudes et de cyan
Sont promesses d’enseignements.
A nos sabres tu donneras tes couleurs
Pour que les Jedi illuminent les cœurs... »
Je récite le niais poème niché dans les méandres de ma mémoire. Tous les initiés l’apprennent un jour ou l’autre. Vieille tradition. Je devais avoir… Six ou sept ans ? Une éternité. Par moment, j’aimerais pouvoir revivre ces années d’insouciance… Mais certainement pas à une époque aussi sombre que celle que nous traversons. Quelles blessures béantes balafrent l’âme, le cœur et le corps de nos futurs Chevaliers ? Ceux qui, Padawan impressionnables et encore perméables aux émotions négatives, auront été arrachés à Ondéron, sous la menace d’une République félonne ? Nous avons brisé leurs rêves, leurs innocences, leur conception même de la confiance. Une génération mutilée… Reste à savoir si ces jeunes Jedi tiendrons plus de l’os que du ligament. Un os se reforme toujours plus solide après une fracture… Tandis que qu’un ligament rafistolé, lui, ne recouvre jamais son élasticité, et risque de céder à nouveau. Combien de Jedi de cette génération perdrons-nous dans les Ténèbres ? Beaucoup trop. Je soupire.
Je secoue la tête, chasse ces pensées mélancoliques. Je me redresse. Un peu trop vite, l’esprit désorienté par les rotations infernales de la galaxie holographique. Mes pieds glissent sur le tableau de bord, abattent maladroitement un levier chromé. Je suis aussitôt éjecté du siège, comme un vieux sac inutile, emporté par l’irrépressible force centrifuge. Les compensateurs inertiels, pris de court, bourdonnent dans les cloisons. Il leur faut une interminable poignée de secondes pour combattre les roulis endiablés. Bordel ! Cul au sol, un pied coincé entre l’assise et l’accoudoir, un bouton coup de poing imprimé dans le front, je peste. Mais quel con ! Je me relève, et calme ma respiration saccadée par l’adrénaline pour mieux convenir mes humeurs sombres. Un sourire se dessine sur mes lèvres miels… Puis j’explose de rire. De ma propre stupidité. Je secoue la tête. Tsss, j’imagine qu’il faut y voir un message à peine voilé de la Force. Le genre qui veut dire : fini de rêver, bouge ton cul ! Je repose mon séant sur le siège, dos bien droit cette fois, et active les commandes vocales du cargo.
« Xaxa… » Oui c’est le petit surnom que j’ai donné à mon vaisseau. « Indique-moi le chemin le plus court pour rejoindre Ilum. »
La carte s’arrête de tourner. Un tracé, ligne rouge pointillée, relie les deux extrémités galactiques. Mais, conformément aux consignes de sécurité mises à jour sur nos logiciels de navigation, celle-ci contourne les frontières Républicaines. Je grimace en avisant la durée estimée. Non. Pas moyen.
« Désactive les restrictions de vol, et recalcule ça. Minimum de saut. »
Cette fois l’ordinateur me propose de suivre les grandes autoroutes commerciales galactiques, de passer à proximité du noyau, vers les mondes Républicaines les plus peuplés… En plein territoire… Ennemi. N’ayons pas peur des mots.
« Parfait ! Sauvegarde le trajet, et prépare les coordonnées des sauts. » Alors que les données techniques défilent sur l’écran tactile du module de contrôle de l’hyperdrive, je continue sur ma lancée, m’adressant au vaisseau comme s’il pouvait me comprendre. Parfois j’oublie qu’il s’agit d’une interface vocale, et non d’une intelligence virtuelle. « Tu crois que c’est trop dangereux ? Négatif mon vieil ami. Je t’explique ! Tu vois, dans la nature, il y a deux manières d’échapper aux prédateurs. La première, c’est de se camoufler, de se fondre dans le décor. Une technique efficace, mais complexe, qui, au moindre faux pas, vire à l’échec cuisant. La seconde, c’est de se dissimuler au milieu d’un troupeau, d’un banc de poisson. Le prédateur attaquera à coup sûr… Mais statistiquement le risque est faible si on reste au milieu de la bande. Une solution beaucoup plus simple, mais qui nécessite d’avoir un peu de chance… Tu piges ? En restant sur les grands axes, on sera noyé dans le flot de voyageurs. Un poisson parmi les autres poissons…
Et puis, j’ai toujours préféré les solutions simples et hasardeuses. Ça ferait d’ailleurs une parfaite épitaphe sur mon bûcher funéraire, non ? »
Xaxa me répond d’un bip indiquant que les calculs du plan de vol ont été vérifiés. Mais je prends ce petit cri strident pour une approbation. Lui et moi on se comprends, depuis le temps. Techniquement le vieux cargo ne m’appartient pas. Il est propriété de l’Ordre. Mais je bourlingue dessus depuis tant d’années que ce détail s’est éclipsé de mon esprit. D’autant que les papiers et le journal de bord m’attestent comme unique propriétaire, pour qu’en cas de contrôle on ne puisse nous relier, lui ou moi, à cet Ordre ayant perdu son aura galactique depuis la traitrise des autorités Républicaines. Officiellement, je ne suis qu’un petit entrepreneur lambda, qui achemine d’un point A vers un point B quelques pièces détachées de droïdes usagées. Une couverture banale et donc parfaitement crédible. A ne pas y regarder de trop prêt non plus.
Avant d’appuyer sur les commandes de l’hyperpropulseur, je décide finalement de lancer un dernier appel. Aux causes désespérées, les solutions dégradantes. Non c’est pas ça le proverbe ? Mes doigts gantés pianotent sur le terminal comlink longue portée. Ils composent un code d’identification que j’ai appris par cœur. Celui de notre avant-poste sur Ilum : une version miniature et rudimentaire d’un Temple Jedi creusé dans les montages glacés de la planète. Une poignée de Chevaliers y vivent à l’année. Ils entretiennent les installations, s’assurent que les grottes ne s’effondrent pas, et jouent les agents de sécurité, au cas où quelques pillards perdus dans les fins fonds de l’espace sauvage auraient l’audacieuse idée de voler quelques cristaux. Bref, en résumé : ils ne glandent pas grand-chose de leurs journées. A part jouer au Sabaac. Mieux vaut ne pas défier aux cartes l’une de ces Sentinelles esseulées. La dernière fois, j’ai fini en slip…
J’hésite. Je grimace. Bernard. Bernard Kovani. Oui : Kovani. Incroyable coup du destin. La Force à un sens de l’humour qui m’échappe totalement parfois. Nous portons le même patronyme, même si tout nous sépare. Un Caamasi famélique, bien trop sérieux, que je n’ai jamais vu se dérider, même quand nous étions initiés. Nous avons le même âge, nous avons dû nous supporter l’un l’autre, perpétuellement placés dans les mêmes groupes de travail lorsque nous étions triés par ordre alphabétique… Et je ne parle pas des blagues récurrentes sur notre prétendue mère… Pff… Les gamins, même padawan destinés à être de grands et sages Jedi, sont cruels. Bref. Autant dire que je ne l’apprécie pas. Et c’est parfaitement réciproque. Bernard est le Maitre en responsabilité sur Ilum. Depuis l’Exode et le renforcement de la sécurité de la planète. Il a pris la grosse tête. Enfin je presse le gros bouton rouge pour lancer l’appel subspatial. La connexion met presque une minute à s’établir. Les plus longues de ma triste existence. Oui, j’exagère un peu. Une voix robotisée par la médiocre qualité de la communication m’attaque immédiatement, sans les sommations d’usage.
« CHEVALIER Gary Deck Kovani. » Lance-t-elle, d’un ton glacial. Presque autant qu’Ilum. C’est lui. Bien évidemment. Il insiste lourdement sur mon titre. Depuis qu’il est devenu Maitre, il ne peut s’en empêcher. « Qu’est-ce qui me vaut le PLAISIR de ton appel ? Non, attend, laisse-moi deviner… Hmmm… Peut-être que l’ordre t’as enfin percé à jour, qu’ils ont compris que tu n'étais qu'une épave irrécupérable… Du coup, tu cherches le réconfort de la personne qui connait le mieux tes vices et tes échecs ? » Je lève les yeux au ciel. Sans surprise, il remue le couteau dans la plaie. Il y a six ans, j’ai été submergé par ma psychométrie incontrôlée. J’ai erré pendant une année entière sur Nar Shaddaa, camé, au fond du trou… Une descente aux enfers qui m’aurait coûté la vie si Bernard ne m’avait pas sorti de là. Un geste désintéressé ? Bien sûr que non ! Depuis il me rabâche à l’envi cette sordide histoire… Quel enfoiré. Parfois que je dis qu’il n’attend qu’une chose : que je sombre à nouveau… Mais juste pour le faire chier, je compte bien rester parfaitement clean.
« Très drôle. Je me marre. Va falloir retravailler tes intros et changer d’holodisque, monsieur l’ILUMiné. » Jeu de mot pourri. Ilum. Iluminé. Haha. Je l’ai tellement répété que toute une génération de Jedi surnomme maintenant les Sentinelles d’Ilum, les ILUMinés. Haha. Je l’imagine fulminer. Son petit égo est tout éraflé. « Comment ça se passe chez vous ? J’imagine qu’il neige. Sinon, rien de spécial ? Personne n’est encore mort d’ennui ? »
Un blanc d’une dizaine de secondes répond à ma question faussement anodine. Je peux presque sentir la méfiance de mon interlocuteur, qui brise enfin le grésillement électronique :
« Je n'ai pas le temps de jouer, Gary. Tu veux quoi exactement ? » Question directe, tranchante. Une pique qui me transperce l’âme. Je ne risque pas d’y répondre franchement : si je lui avoue suivre une vision de Force, il va me rire au nez en me rappelant mes vieux démons : les hallucinations déclenchées par mon difficile sevrage aux bâtons de la mort.
« Rien. C’est juste que j’arrive. Tu vas avoir le plaisir de me voir en personne… »
« Quoi ? Tu viens sur Ilum ? C’est quoi cette histoire ? Je n’ai pas été informé. Tu n’es pas sur la liste… »
« Bah tu sais, les VIP comme moi n’ont pas besoin de liste. Le BDJD peut s’inviter à toutes les fêtes ! Si le Conseil ne t’a pas prévenu, c’est que t’as pas besoin de le savoir… »
« Va te faire voir Gary. Si le Conseil ne m'a pas prévenu, c'est que n'en fait encore qu'à ta tête. T’es pire que la peste Gamoréenne… Partout où tu passes, tu fous le bordel. Hors de question que tu fiches en l’air l’harmonie qui règne ici. J’ai un groupe de padawan qui va débarquer d’un moment à un autre… »
« Oui, oui. Je suis le chaos incarné… Va dire ça à tous les Jedi que j’ai tiré d’un mauvais pas.»
« Tu confonds encore le chemin et la destination... La finalité ne justifie pas tes méthodes...»
« Purée, mais t'es encore plus rabat-joie que dans mes souvenirs ! Bref. Je suis sérieux cette fois, Bernard. Ouvre l’œil, j’arrive. J’ai un mauvais pressentiment. »
« Tu as un mauvais pressentiment ?! C'est pour ça que... » Soupire théâtral. Le crépitement soudain manque de m’arracher un tympan. Avec leurs petites trompes, les Caamasi soupirent très fort, surtout quand ils sont un peu trop près du micro. « J'imagine que quoi que je dise, tu ne vas pas faire demi-tour. Bien. J’ouvrirai l’œil. Mais t’as intérêt à me raconter toute l’histoire… Dès que tu arrives ! »
Comme si c’était mon genre de disparaître, seulement par esprit de contradiction ? Hein ? Comment il fait pour me connaitre aussi bien ?! C'est presque insultant !
En vérité, ma fausse décontraction cache une réelle inquiétude. Les rêves se sont dissipés depuis que j’ai mis le cap sur Ilum… Mais la boule de tension dans mon ventre refuse de relâcher son étreinte dominatrice sur mes tripes. A cet instant, je n’espère qu’une chose : que Bernard ait raison : que je ne sois qu’un vieux débris irrécupérable, et que toute cette histoire ne soit qu’un jeu sadique de mon esprit tordu aux tendances auto-destructrices.
« Boule de glace,
Perdue au milieu de l’espace,
Tes cristaux d’émeraudes et de cyan
Sont promesses d’enseignements.
A nos sabres tu donneras tes couleurs
Pour que les Jedi illuminent les cœurs... »
Je récite le niais poème niché dans les méandres de ma mémoire. Tous les initiés l’apprennent un jour ou l’autre. Vieille tradition. Je devais avoir… Six ou sept ans ? Une éternité. Par moment, j’aimerais pouvoir revivre ces années d’insouciance… Mais certainement pas à une époque aussi sombre que celle que nous traversons. Quelles blessures béantes balafrent l’âme, le cœur et le corps de nos futurs Chevaliers ? Ceux qui, Padawan impressionnables et encore perméables aux émotions négatives, auront été arrachés à Ondéron, sous la menace d’une République félonne ? Nous avons brisé leurs rêves, leurs innocences, leur conception même de la confiance. Une génération mutilée… Reste à savoir si ces jeunes Jedi tiendrons plus de l’os que du ligament. Un os se reforme toujours plus solide après une fracture… Tandis que qu’un ligament rafistolé, lui, ne recouvre jamais son élasticité, et risque de céder à nouveau. Combien de Jedi de cette génération perdrons-nous dans les Ténèbres ? Beaucoup trop. Je soupire.
Je secoue la tête, chasse ces pensées mélancoliques. Je me redresse. Un peu trop vite, l’esprit désorienté par les rotations infernales de la galaxie holographique. Mes pieds glissent sur le tableau de bord, abattent maladroitement un levier chromé. Je suis aussitôt éjecté du siège, comme un vieux sac inutile, emporté par l’irrépressible force centrifuge. Les compensateurs inertiels, pris de court, bourdonnent dans les cloisons. Il leur faut une interminable poignée de secondes pour combattre les roulis endiablés. Bordel ! Cul au sol, un pied coincé entre l’assise et l’accoudoir, un bouton coup de poing imprimé dans le front, je peste. Mais quel con ! Je me relève, et calme ma respiration saccadée par l’adrénaline pour mieux convenir mes humeurs sombres. Un sourire se dessine sur mes lèvres miels… Puis j’explose de rire. De ma propre stupidité. Je secoue la tête. Tsss, j’imagine qu’il faut y voir un message à peine voilé de la Force. Le genre qui veut dire : fini de rêver, bouge ton cul ! Je repose mon séant sur le siège, dos bien droit cette fois, et active les commandes vocales du cargo.
« Xaxa… » Oui c’est le petit surnom que j’ai donné à mon vaisseau. « Indique-moi le chemin le plus court pour rejoindre Ilum. »
La carte s’arrête de tourner. Un tracé, ligne rouge pointillée, relie les deux extrémités galactiques. Mais, conformément aux consignes de sécurité mises à jour sur nos logiciels de navigation, celle-ci contourne les frontières Républicaines. Je grimace en avisant la durée estimée. Non. Pas moyen.
« Désactive les restrictions de vol, et recalcule ça. Minimum de saut. »
Cette fois l’ordinateur me propose de suivre les grandes autoroutes commerciales galactiques, de passer à proximité du noyau, vers les mondes Républicaines les plus peuplés… En plein territoire… Ennemi. N’ayons pas peur des mots.
« Parfait ! Sauvegarde le trajet, et prépare les coordonnées des sauts. » Alors que les données techniques défilent sur l’écran tactile du module de contrôle de l’hyperdrive, je continue sur ma lancée, m’adressant au vaisseau comme s’il pouvait me comprendre. Parfois j’oublie qu’il s’agit d’une interface vocale, et non d’une intelligence virtuelle. « Tu crois que c’est trop dangereux ? Négatif mon vieil ami. Je t’explique ! Tu vois, dans la nature, il y a deux manières d’échapper aux prédateurs. La première, c’est de se camoufler, de se fondre dans le décor. Une technique efficace, mais complexe, qui, au moindre faux pas, vire à l’échec cuisant. La seconde, c’est de se dissimuler au milieu d’un troupeau, d’un banc de poisson. Le prédateur attaquera à coup sûr… Mais statistiquement le risque est faible si on reste au milieu de la bande. Une solution beaucoup plus simple, mais qui nécessite d’avoir un peu de chance… Tu piges ? En restant sur les grands axes, on sera noyé dans le flot de voyageurs. Un poisson parmi les autres poissons…
Et puis, j’ai toujours préféré les solutions simples et hasardeuses. Ça ferait d’ailleurs une parfaite épitaphe sur mon bûcher funéraire, non ? »
Xaxa me répond d’un bip indiquant que les calculs du plan de vol ont été vérifiés. Mais je prends ce petit cri strident pour une approbation. Lui et moi on se comprends, depuis le temps. Techniquement le vieux cargo ne m’appartient pas. Il est propriété de l’Ordre. Mais je bourlingue dessus depuis tant d’années que ce détail s’est éclipsé de mon esprit. D’autant que les papiers et le journal de bord m’attestent comme unique propriétaire, pour qu’en cas de contrôle on ne puisse nous relier, lui ou moi, à cet Ordre ayant perdu son aura galactique depuis la traitrise des autorités Républicaines. Officiellement, je ne suis qu’un petit entrepreneur lambda, qui achemine d’un point A vers un point B quelques pièces détachées de droïdes usagées. Une couverture banale et donc parfaitement crédible. A ne pas y regarder de trop prêt non plus.
Avant d’appuyer sur les commandes de l’hyperpropulseur, je décide finalement de lancer un dernier appel. Aux causes désespérées, les solutions dégradantes. Non c’est pas ça le proverbe ? Mes doigts gantés pianotent sur le terminal comlink longue portée. Ils composent un code d’identification que j’ai appris par cœur. Celui de notre avant-poste sur Ilum : une version miniature et rudimentaire d’un Temple Jedi creusé dans les montages glacés de la planète. Une poignée de Chevaliers y vivent à l’année. Ils entretiennent les installations, s’assurent que les grottes ne s’effondrent pas, et jouent les agents de sécurité, au cas où quelques pillards perdus dans les fins fonds de l’espace sauvage auraient l’audacieuse idée de voler quelques cristaux. Bref, en résumé : ils ne glandent pas grand-chose de leurs journées. A part jouer au Sabaac. Mieux vaut ne pas défier aux cartes l’une de ces Sentinelles esseulées. La dernière fois, j’ai fini en slip…
J’hésite. Je grimace. Bernard. Bernard Kovani. Oui : Kovani. Incroyable coup du destin. La Force à un sens de l’humour qui m’échappe totalement parfois. Nous portons le même patronyme, même si tout nous sépare. Un Caamasi famélique, bien trop sérieux, que je n’ai jamais vu se dérider, même quand nous étions initiés. Nous avons le même âge, nous avons dû nous supporter l’un l’autre, perpétuellement placés dans les mêmes groupes de travail lorsque nous étions triés par ordre alphabétique… Et je ne parle pas des blagues récurrentes sur notre prétendue mère… Pff… Les gamins, même padawan destinés à être de grands et sages Jedi, sont cruels. Bref. Autant dire que je ne l’apprécie pas. Et c’est parfaitement réciproque. Bernard est le Maitre en responsabilité sur Ilum. Depuis l’Exode et le renforcement de la sécurité de la planète. Il a pris la grosse tête. Enfin je presse le gros bouton rouge pour lancer l’appel subspatial. La connexion met presque une minute à s’établir. Les plus longues de ma triste existence. Oui, j’exagère un peu. Une voix robotisée par la médiocre qualité de la communication m’attaque immédiatement, sans les sommations d’usage.
« CHEVALIER Gary Deck Kovani. » Lance-t-elle, d’un ton glacial. Presque autant qu’Ilum. C’est lui. Bien évidemment. Il insiste lourdement sur mon titre. Depuis qu’il est devenu Maitre, il ne peut s’en empêcher. « Qu’est-ce qui me vaut le PLAISIR de ton appel ? Non, attend, laisse-moi deviner… Hmmm… Peut-être que l’ordre t’as enfin percé à jour, qu’ils ont compris que tu n'étais qu'une épave irrécupérable… Du coup, tu cherches le réconfort de la personne qui connait le mieux tes vices et tes échecs ? » Je lève les yeux au ciel. Sans surprise, il remue le couteau dans la plaie. Il y a six ans, j’ai été submergé par ma psychométrie incontrôlée. J’ai erré pendant une année entière sur Nar Shaddaa, camé, au fond du trou… Une descente aux enfers qui m’aurait coûté la vie si Bernard ne m’avait pas sorti de là. Un geste désintéressé ? Bien sûr que non ! Depuis il me rabâche à l’envi cette sordide histoire… Quel enfoiré. Parfois que je dis qu’il n’attend qu’une chose : que je sombre à nouveau… Mais juste pour le faire chier, je compte bien rester parfaitement clean.
« Très drôle. Je me marre. Va falloir retravailler tes intros et changer d’holodisque, monsieur l’ILUMiné. » Jeu de mot pourri. Ilum. Iluminé. Haha. Je l’ai tellement répété que toute une génération de Jedi surnomme maintenant les Sentinelles d’Ilum, les ILUMinés. Haha. Je l’imagine fulminer. Son petit égo est tout éraflé. « Comment ça se passe chez vous ? J’imagine qu’il neige. Sinon, rien de spécial ? Personne n’est encore mort d’ennui ? »
Un blanc d’une dizaine de secondes répond à ma question faussement anodine. Je peux presque sentir la méfiance de mon interlocuteur, qui brise enfin le grésillement électronique :
« Je n'ai pas le temps de jouer, Gary. Tu veux quoi exactement ? » Question directe, tranchante. Une pique qui me transperce l’âme. Je ne risque pas d’y répondre franchement : si je lui avoue suivre une vision de Force, il va me rire au nez en me rappelant mes vieux démons : les hallucinations déclenchées par mon difficile sevrage aux bâtons de la mort.
« Rien. C’est juste que j’arrive. Tu vas avoir le plaisir de me voir en personne… »
« Quoi ? Tu viens sur Ilum ? C’est quoi cette histoire ? Je n’ai pas été informé. Tu n’es pas sur la liste… »
« Bah tu sais, les VIP comme moi n’ont pas besoin de liste. Le BDJD peut s’inviter à toutes les fêtes ! Si le Conseil ne t’a pas prévenu, c’est que t’as pas besoin de le savoir… »
« Va te faire voir Gary. Si le Conseil ne m'a pas prévenu, c'est que n'en fait encore qu'à ta tête. T’es pire que la peste Gamoréenne… Partout où tu passes, tu fous le bordel. Hors de question que tu fiches en l’air l’harmonie qui règne ici. J’ai un groupe de padawan qui va débarquer d’un moment à un autre… »
« Oui, oui. Je suis le chaos incarné… Va dire ça à tous les Jedi que j’ai tiré d’un mauvais pas.»
« Tu confonds encore le chemin et la destination... La finalité ne justifie pas tes méthodes...»
« Purée, mais t'es encore plus rabat-joie que dans mes souvenirs ! Bref. Je suis sérieux cette fois, Bernard. Ouvre l’œil, j’arrive. J’ai un mauvais pressentiment. »
« Tu as un mauvais pressentiment ?! C'est pour ça que... » Soupire théâtral. Le crépitement soudain manque de m’arracher un tympan. Avec leurs petites trompes, les Caamasi soupirent très fort, surtout quand ils sont un peu trop près du micro. « J'imagine que quoi que je dise, tu ne vas pas faire demi-tour. Bien. J’ouvrirai l’œil. Mais t’as intérêt à me raconter toute l’histoire… Dès que tu arrives ! »
Comme si c’était mon genre de disparaître, seulement par esprit de contradiction ? Hein ? Comment il fait pour me connaitre aussi bien ?! C'est presque insultant !
En vérité, ma fausse décontraction cache une réelle inquiétude. Les rêves se sont dissipés depuis que j’ai mis le cap sur Ilum… Mais la boule de tension dans mon ventre refuse de relâcher son étreinte dominatrice sur mes tripes. A cet instant, je n’espère qu’une chose : que Bernard ait raison : que je ne sois qu’un vieux débris irrécupérable, et que toute cette histoire ne soit qu’un jeu sadique de mon esprit tordu aux tendances auto-destructrices.
Kranyya Nekro
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Jeu 31 Aoû 2023 - 21:39
D’un pas timide, je pénètre dans la soute, pièce sombre et poussiéreuse au plafond un peu bas où Dalla, accroupie dans un angle, fouillait dans une caisse de pièces détachées :
« Salut salut… Je suis allée voir les petits, ils bossent tout va bien ; fin sauf Hunakh il est posé par terre mais bon… Comment tu vas ? »
Je la vois sursauter au son de ma voix, trop plongée dans ses pensées pour avoir remarqué mon arrivée.
Elle me répond finalement :
« Je t’avais pas entendue arriver… Hunakh a fini son exposé ? »
Finalement, elle se reconcentre sur ma question, pensive :
« Ça va… Je… je repensais à la première fois que j’ai monté mon sabre avec son cristal…
Je n’avais pas compris, à l’époque, tout le cheminement derrière la construction de son sabre. Je voyais cela plus comme une contrainte que comme un vrai exercice de réflexion et d’introspection… »
Avant de la laisser retomber seule dans ses pensées, je m’assois les jambes croisées près d’elle, entre deux caisses débordant de pièces mécaniques usées.
« La construction de son sabre… Une étape importante dans la vie d’un Jedi… »
Je saisis le mien, si cher à mon cœur, qui était bien à sa place à mes côtés, avant de reprendre :
« Je n’ai jamais eu l’occasion d’en monter un… Ça doit être chouette de pouvoir choisir les composants et matériaux soi-même… J’ai juste remplacé le cristal de celui-là,
Je dis en lui montrant
Je l’ai reçu avant même ma naissance, même s’il est trèèès vieux et un peu beaucoup abîmé je compte le laisser avec ses pièces d’origines ; ça demande pas mal d’entretien c’est sûr, mais ça me permet de prolonger la vie de celui qui me l’a offert.
Je suis fière d’être sa propriétaire après le nombre inconnues d’années qu’il a passé seul dans des ruines Dathomiriennes. »
J’esquisse un sourire, heureuse d’avoir pu parler un peu de ces sujets qui me tiennent à cœur à ma nouvelle camarade ; toujours plongée dans les pièces, elle me répond :
« Je pense que j’ai trouvé les pièces qu’il me faut pour les droïdes. Ou le droïde. Enfin…
Je soupire d’amusement à la mention du droïde qui nous accompagne, j’ai hâte de voir ce que les aménagements de Dalla vont donner…
Ces caisses contiennent les pièces détachées pour les sabres. On les sortira quand les petits auront trouvé leurs cristaux. »
-Quand même quand on y pense, je réponds, ces petits ont une chance folle.
Depuis la Diaspora les initiés ne peuvent plus récupérer leur propre cristal sur place comme on le faisait avant ; mais vu qu’ils nous accompagnent en mission de ravitaillement ils auront cet honneur… »
Je frissonne à cette idée, accompagner ces petits dans les grottes miroitantes d’Ilum…
Voir le bonheur scintiller dans leurs yeux quand ils trouveront leur cristal…
Ahh, c’est vraiment un moment magique pour un lieu tout autant magique !
Finalement, je regarde ma compère saisir une boîte métallique, avant d’en fouiller le contenu.
Elle la repose à terre et attrape une imposante caisse de pièce détachées avant de me demander :
« Tu prends la boite à outils, je prends la caisse ?
- Je m’en occupe ! »
Je réponds avec enthousiasme, me levant pour récupérer la boîte. Impressionnée par la force physique de Dala, je la regarde porter aisément son butin à bout de bras.
Clopin cloppant, je me dirige vers la sortie de la soute galérant avec la pauvre petite boîte métallique qui malgré sa taille ridicule comparé à celle de Dalla était presque trop lourde pour mes bras maigres. (nan mais franchement, une Zabrak au physique aussi faible, la honte)
Je m’arrête soudainement manquant de lâcher mon lourd attirail ; Dalla venait de faire une pause et si je n’avais pas pillé je me serais écrasé contre elle. Dos à moi, je l’entends finalement poser la question qu’on avait tous au bord des lèvres :
« Qu’est-ce que tu penses de la communication qu’on a reçue ? »
Je pose la caisse au sol dans un soupir, son poids me gênait pour réfléchir, évidemment que cette communication m’inquiétait…
J’avais beau retourner le sujet sous tous les sens je n’arrivais pas à trouver de justification plausible aux quelconques problèmes que nous aurions à affronter en route ou sur place ; mais le fait de devoir attendre de voir clairement les retombées pour tout comprendre me frustrait encore plus…
Je n’avais pas réussi à me projeter jusqu’Illum… Quelque chose bloquait ma connexion, et ça me pesait sur le moral, surtout en rajoutant la pression de la mission, le stresse de gérer les Padawan, l’inquiétude vis-à-vis du trajet risqué en plein territoire Républicain... ça faisait beaucoup trop de sujets périlleux à méditer…
Je re-soupire, avant de finalement répondre :
« Franchement je ne sais pas quoi penser… « rester sur nos gardes » c’est tellement vaste…
Mais justement, plus c’est flou plus ça offre d’opportunités pour s’inquiéter davantage...
Je garde la face devant les petits pour pas les inquiéter, mais franchement officiellement ils sont sous notre responsabilité ça faisait déjà une énorme pression à la base mais alors là maintenant qu’on se met à recevoir des transmissions de mises en garde… »
Je me mets à nerveusement me frotter la base de mes cornes, les yeux plissés par l’inquiétude
« Pfffaaah, je sais que je ne devrais pas autant me triturer l’esprit comme ça et faire confiance en mes capacités, les leurs et les tiennes d’autant plus d’ailleurs.
Et c’est le cas je t’assure, j’ai entièrement confiance en toi.
Mais franchement je peux pas m’empêcher de douter de tout ce que je peux faire ici et d’avoir peur de ce qui peut nous attendre là bas… Je sais déjà le peu d’estime que les autres Jedi me prêtent je voudrais pas que quelque chose nous arrive et que ça déteigne sur vous…
Encore plus pour les petits… ils sont encore Padawan je veux pas que les autres les associent trop négativement à moi je connais la galère que c’est déjà pour mon ami Qaram…
Enfin bon… Je dis avec un énième soupir. C’est compliqué autant de responsabilités et d’imprévues pour notre âge…
- Je n’aimais déjà pas l’idée de traverser l’espace républicain, même rapidement, ni celle de traverser le noyau profond. Il y a tellement de choses qui peuvent mal tourner…
C’est pour ça que je t’ai demandé de rester avec moi dans le cockpit.
Deux Jedi valent mieux qu’une… Mais je ne voulais pas que les petits s’inquiètent… »
On reprend finalement notre chemin, je la vois s’arrêter à la salle principale pour s’adresser aux Padawans, je lui dit discrètement avant de reprendre ma route :
« Je vais poser cette horrible boîte dans la salle de pilotage avant qu’elle termine de m’achever, je t’attends là-bas. Enfin « là-bas », juste à côté quoi aha… »
Je continue mon chemin, boitant sous le poids de la caisse qui ne demande que ma mort musculaire immédiate, écoutant les paroles de Dalla et ses directives pour les gamins.
Je pose finalement l’affreuse caisse au sol, en évitant de la faire tomber sur les restes de T1-machin, je doute que ça pourrait lui rendre une gueule encore pire que celle qu’il a maintenant mais franchement vaut mieux éviter de tenter le diable.
Je me jette sur la vielle chaise que j’avais laissé dans un coin, couinant terriblement sous mon geste :
« Oups déso vieux débris je voulais pas te faire mal. »
J’entends finalement Dalla revenir, avant de fermer la porte derrière elle :
« Assieds-toi dans le siège du pilote. Prends connaissance avec les commandes du vaisseau. C’est à peu près les mêmes que sur n’importe quel appareil.
Tu prendras les commandes quand on sortira de l’hyper espace. Je serai ta copilote. »
Mes yeux s’écarquillent d’excitation, et je me lève d’un bond de la chaise sur laquelle j’avais élu domicile un instant auparavant avant de m’écrier :
« Sérieux je peux ?! »
J’avais probablement l’air d’une gamine surexcitée mais je m’en fichais, je n’avais jamais eu l’occasion d’apprendre à piloter ces machines-là, rien que m’asseoir sur le fauteuil de pilotage relevait du vieux fantasme.
Le sourire chaleureux de Dalla me redonna encore plus de baume au cœur, et c’est avec une joie démesurée que je m’installe doucement dans le fauteuil, comme si le temps était passé au ralenti.
« Woaw… C’est comme dans mes rêves… »
Je marmonne, ébahie par le tableau de bord et tous ses voyants sous mes mains.
« D’ici là, je vais regarder de plus près notre ami…
- Vas-y je te fais confiance là-dessus, un jour je voudrais bien que tu m’apprennes deux trois trucs sur la mécanique t’as l’air d’en connaître un rayon. »
Je la laisse se concentrer sur le droïde, laissant toute mon attention se poser sur les commandes qui s’étalaient sous mes yeux.
J’essaye de me remémorer ce que j’avais appris en observant mon maître piloter, reliant certains souvenirs à certaines manœuvres, en évitant bien sûr de toucher aux commandes.
J’entends tout de même un certain nombre de « clik » de « chclak » de « clouk » et autres bruitages qui me rassurent dans l’idée que moi et la technologie ça faisait pas vraiment un.
Je laisse Dalla installer son système de voyants, espérant que communiquer plus facilement avec ces droïdes nous aiderait à compenser ses claires lacunes…
Dans la situation où on est, on a besoin de toute l’aide disponible…
Perdue dans mes pensées, bercée par les cliquetis du travail de Dalla, je fusse tiré de ma rêverie par un bip léger.
Je tourne la tête dans tous les sens, pour savoir lequel de ces bidules technologiques venait de faire ce son là, avant de finalement me rendre compte que ça venait de la carte tactique du centre de pilotage.
Je me lève de ma chaise pour m’en rapprocher, et d’un pas vif me dirige vers les voyants lumineux qui indiquent :
« Arrivée près de Mimban, Fin du Saut Imminente. »
Mon cœur se resserre et mon pouls accélère ; je me tourne finalement vers ma comparse me sentant coupable de la sortir de ses travaux, et dans un ton qui malgré moi retransmet mon inquiétude lui dit :
« Della… On est bientôt en territoire Républicain… »
« Salut salut… Je suis allée voir les petits, ils bossent tout va bien ; fin sauf Hunakh il est posé par terre mais bon… Comment tu vas ? »
Je la vois sursauter au son de ma voix, trop plongée dans ses pensées pour avoir remarqué mon arrivée.
Elle me répond finalement :
« Je t’avais pas entendue arriver… Hunakh a fini son exposé ? »
Finalement, elle se reconcentre sur ma question, pensive :
« Ça va… Je… je repensais à la première fois que j’ai monté mon sabre avec son cristal…
Je n’avais pas compris, à l’époque, tout le cheminement derrière la construction de son sabre. Je voyais cela plus comme une contrainte que comme un vrai exercice de réflexion et d’introspection… »
Avant de la laisser retomber seule dans ses pensées, je m’assois les jambes croisées près d’elle, entre deux caisses débordant de pièces mécaniques usées.
« La construction de son sabre… Une étape importante dans la vie d’un Jedi… »
Je saisis le mien, si cher à mon cœur, qui était bien à sa place à mes côtés, avant de reprendre :
« Je n’ai jamais eu l’occasion d’en monter un… Ça doit être chouette de pouvoir choisir les composants et matériaux soi-même… J’ai juste remplacé le cristal de celui-là,
Je dis en lui montrant
Je l’ai reçu avant même ma naissance, même s’il est trèèès vieux et un peu beaucoup abîmé je compte le laisser avec ses pièces d’origines ; ça demande pas mal d’entretien c’est sûr, mais ça me permet de prolonger la vie de celui qui me l’a offert.
Je suis fière d’être sa propriétaire après le nombre inconnues d’années qu’il a passé seul dans des ruines Dathomiriennes. »
J’esquisse un sourire, heureuse d’avoir pu parler un peu de ces sujets qui me tiennent à cœur à ma nouvelle camarade ; toujours plongée dans les pièces, elle me répond :
« Je pense que j’ai trouvé les pièces qu’il me faut pour les droïdes. Ou le droïde. Enfin…
Je soupire d’amusement à la mention du droïde qui nous accompagne, j’ai hâte de voir ce que les aménagements de Dalla vont donner…
Ces caisses contiennent les pièces détachées pour les sabres. On les sortira quand les petits auront trouvé leurs cristaux. »
-Quand même quand on y pense, je réponds, ces petits ont une chance folle.
Depuis la Diaspora les initiés ne peuvent plus récupérer leur propre cristal sur place comme on le faisait avant ; mais vu qu’ils nous accompagnent en mission de ravitaillement ils auront cet honneur… »
Je frissonne à cette idée, accompagner ces petits dans les grottes miroitantes d’Ilum…
Voir le bonheur scintiller dans leurs yeux quand ils trouveront leur cristal…
Ahh, c’est vraiment un moment magique pour un lieu tout autant magique !
Finalement, je regarde ma compère saisir une boîte métallique, avant d’en fouiller le contenu.
Elle la repose à terre et attrape une imposante caisse de pièce détachées avant de me demander :
« Tu prends la boite à outils, je prends la caisse ?
- Je m’en occupe ! »
Je réponds avec enthousiasme, me levant pour récupérer la boîte. Impressionnée par la force physique de Dala, je la regarde porter aisément son butin à bout de bras.
Clopin cloppant, je me dirige vers la sortie de la soute galérant avec la pauvre petite boîte métallique qui malgré sa taille ridicule comparé à celle de Dalla était presque trop lourde pour mes bras maigres. (nan mais franchement, une Zabrak au physique aussi faible, la honte)
Je m’arrête soudainement manquant de lâcher mon lourd attirail ; Dalla venait de faire une pause et si je n’avais pas pillé je me serais écrasé contre elle. Dos à moi, je l’entends finalement poser la question qu’on avait tous au bord des lèvres :
« Qu’est-ce que tu penses de la communication qu’on a reçue ? »
Je pose la caisse au sol dans un soupir, son poids me gênait pour réfléchir, évidemment que cette communication m’inquiétait…
J’avais beau retourner le sujet sous tous les sens je n’arrivais pas à trouver de justification plausible aux quelconques problèmes que nous aurions à affronter en route ou sur place ; mais le fait de devoir attendre de voir clairement les retombées pour tout comprendre me frustrait encore plus…
Je n’avais pas réussi à me projeter jusqu’Illum… Quelque chose bloquait ma connexion, et ça me pesait sur le moral, surtout en rajoutant la pression de la mission, le stresse de gérer les Padawan, l’inquiétude vis-à-vis du trajet risqué en plein territoire Républicain... ça faisait beaucoup trop de sujets périlleux à méditer…
Je re-soupire, avant de finalement répondre :
« Franchement je ne sais pas quoi penser… « rester sur nos gardes » c’est tellement vaste…
Mais justement, plus c’est flou plus ça offre d’opportunités pour s’inquiéter davantage...
Je garde la face devant les petits pour pas les inquiéter, mais franchement officiellement ils sont sous notre responsabilité ça faisait déjà une énorme pression à la base mais alors là maintenant qu’on se met à recevoir des transmissions de mises en garde… »
Je me mets à nerveusement me frotter la base de mes cornes, les yeux plissés par l’inquiétude
« Pfffaaah, je sais que je ne devrais pas autant me triturer l’esprit comme ça et faire confiance en mes capacités, les leurs et les tiennes d’autant plus d’ailleurs.
Et c’est le cas je t’assure, j’ai entièrement confiance en toi.
Mais franchement je peux pas m’empêcher de douter de tout ce que je peux faire ici et d’avoir peur de ce qui peut nous attendre là bas… Je sais déjà le peu d’estime que les autres Jedi me prêtent je voudrais pas que quelque chose nous arrive et que ça déteigne sur vous…
Encore plus pour les petits… ils sont encore Padawan je veux pas que les autres les associent trop négativement à moi je connais la galère que c’est déjà pour mon ami Qaram…
Enfin bon… Je dis avec un énième soupir. C’est compliqué autant de responsabilités et d’imprévues pour notre âge…
- Je n’aimais déjà pas l’idée de traverser l’espace républicain, même rapidement, ni celle de traverser le noyau profond. Il y a tellement de choses qui peuvent mal tourner…
C’est pour ça que je t’ai demandé de rester avec moi dans le cockpit.
Deux Jedi valent mieux qu’une… Mais je ne voulais pas que les petits s’inquiètent… »
On reprend finalement notre chemin, je la vois s’arrêter à la salle principale pour s’adresser aux Padawans, je lui dit discrètement avant de reprendre ma route :
« Je vais poser cette horrible boîte dans la salle de pilotage avant qu’elle termine de m’achever, je t’attends là-bas. Enfin « là-bas », juste à côté quoi aha… »
Je continue mon chemin, boitant sous le poids de la caisse qui ne demande que ma mort musculaire immédiate, écoutant les paroles de Dalla et ses directives pour les gamins.
Je pose finalement l’affreuse caisse au sol, en évitant de la faire tomber sur les restes de T1-machin, je doute que ça pourrait lui rendre une gueule encore pire que celle qu’il a maintenant mais franchement vaut mieux éviter de tenter le diable.
Je me jette sur la vielle chaise que j’avais laissé dans un coin, couinant terriblement sous mon geste :
« Oups déso vieux débris je voulais pas te faire mal. »
J’entends finalement Dalla revenir, avant de fermer la porte derrière elle :
« Assieds-toi dans le siège du pilote. Prends connaissance avec les commandes du vaisseau. C’est à peu près les mêmes que sur n’importe quel appareil.
Tu prendras les commandes quand on sortira de l’hyper espace. Je serai ta copilote. »
Mes yeux s’écarquillent d’excitation, et je me lève d’un bond de la chaise sur laquelle j’avais élu domicile un instant auparavant avant de m’écrier :
« Sérieux je peux ?! »
J’avais probablement l’air d’une gamine surexcitée mais je m’en fichais, je n’avais jamais eu l’occasion d’apprendre à piloter ces machines-là, rien que m’asseoir sur le fauteuil de pilotage relevait du vieux fantasme.
Le sourire chaleureux de Dalla me redonna encore plus de baume au cœur, et c’est avec une joie démesurée que je m’installe doucement dans le fauteuil, comme si le temps était passé au ralenti.
« Woaw… C’est comme dans mes rêves… »
Je marmonne, ébahie par le tableau de bord et tous ses voyants sous mes mains.
« D’ici là, je vais regarder de plus près notre ami…
- Vas-y je te fais confiance là-dessus, un jour je voudrais bien que tu m’apprennes deux trois trucs sur la mécanique t’as l’air d’en connaître un rayon. »
Je la laisse se concentrer sur le droïde, laissant toute mon attention se poser sur les commandes qui s’étalaient sous mes yeux.
J’essaye de me remémorer ce que j’avais appris en observant mon maître piloter, reliant certains souvenirs à certaines manœuvres, en évitant bien sûr de toucher aux commandes.
J’entends tout de même un certain nombre de « clik » de « chclak » de « clouk » et autres bruitages qui me rassurent dans l’idée que moi et la technologie ça faisait pas vraiment un.
Je laisse Dalla installer son système de voyants, espérant que communiquer plus facilement avec ces droïdes nous aiderait à compenser ses claires lacunes…
Dans la situation où on est, on a besoin de toute l’aide disponible…
Perdue dans mes pensées, bercée par les cliquetis du travail de Dalla, je fusse tiré de ma rêverie par un bip léger.
Je tourne la tête dans tous les sens, pour savoir lequel de ces bidules technologiques venait de faire ce son là, avant de finalement me rendre compte que ça venait de la carte tactique du centre de pilotage.
Je me lève de ma chaise pour m’en rapprocher, et d’un pas vif me dirige vers les voyants lumineux qui indiquent :
« Arrivée près de Mimban, Fin du Saut Imminente. »
Mon cœur se resserre et mon pouls accélère ; je me tourne finalement vers ma comparse me sentant coupable de la sortir de ses travaux, et dans un ton qui malgré moi retransmet mon inquiétude lui dit :
« Della… On est bientôt en territoire Républicain… »
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Mer 6 Sep 2023 - 22:51
En tripatouillant les câbles de A7, Dalla repensa aux paroles de Kranyya. Sur le coup elle n’avait pas réagi, mais l’idée que la zabrak n’ait pas construit son propre sabre lui semblait… étrange. A vrai dire, Dalla n’aurait jamais pensé qu’on avait le droit de faire ça. Enfin de ne pas le faire, en l’occurrence. La Dalla du passé aurait sûrement été outrée. Et un peu jalouse aussi…
Bien sûr, elle avait adoré Ilum. Le calme, le paysage, le scintillement de son cristal. C’était la première fois -la seule, peut-être, à bien y réfléchir -, que quelque chose était exactement apparu de la même façon à ses yeux et dans la Force. Ce petit éclat de kyber, qu’elle gardait avec elle, au fond de son sabre, depuis toutes ces années…
Mais elle avait moins apprécié la construction elle-même. Pourtant, elle était très enthousiaste, initialement, à l’idée de créer elle-même son sabre, son mécanisme. De faire un objet sur mesure, qui lui soit parfaitement adapté.
Mais une fois face aux pièces détachées, elle s’était plutôt sentie dépassée par toutes les possibilités. Déchirée entre le choix des pièces, toutes si différentes, et le guide de base, qu’elle avait bien sûr téléchargé sur son datapad, et qui expliquait les grandes lignes de l’opération.
Les autres padawans, autour d’elle, semblaient tous à l’aise, guidés par la Force. Dalla ne se sentait pas du tout guidée par la Force, à ce moment-là…
Elle avait donc paré au plus court. Suivi le guide à la lettre, respecté le circuit de base recommandé, mesuré strictement la taille idéale de la poignée…
C’était assez ironique de repenser à son désarroi face à cet exercice et à son inconfort face à la poussière et à la rouille de certaines pièces, maintenant, avec le recul, après cinq années à se salir les mains dans un garage, et surtout les mains enfoncées dans un droïdes et son fidèle tourne-vis entre les dents.
-Tu t’en sors ? interrogea-t-elle en reprenant ledit fidèle outil en main.
Kranyya avait l’air si contente de piloter ! Son enthousiasme était communicatif, et Dalla se sentait confortée, une fois de plus, dans son idée de vouloir transmettre et aider les plus jeunes membres de l’Ordre…
Kranyya lui avait dit qu’elle avait « entièrement confiance » en elle. Dalla n’avait pas su quoi répondre. La dernière personne qui lui avait dit cela, c’était Larna.
Mais les paroles de Kranyya ne lui avaient pas causé de peine. En fait, pour la première fois peut-être, elle avait ressenti de la chaleur en repensant à son ancienne Maître. Joie ? Fierté ?
La confiance de Kranyya la touchait. La flattait. Mais aussi lui faisait sentir cette nouvelle place qu’elle avait dans l’Ordre. Elle n’était plus celle qui reçoit le savoir. Pas en ce moment, en tout cas.
Pour l’instant présent, c’était elle qui transmettait. Elle jouait le rôle de Larna.
Elle allait essayer de s’en montrer digne.
Mais pour commencer, elle allait essayer de rationaliser un peu les circuits de ce(s) droïde(s).
Elle était en train de connecter les câbles du processeur de T-1-1-X au tableau de la rangée de leds qu’elle avait dégoté, quand Kranyya l’a ramena à la situation présente.
On est bientôt en territoire Républicain…
-OK… attends…
Plus que deux câbles…
-Tu as les commandes en main ?
Pourquoi était-ce toujours dans les moments où on était pressé que les trucs refusaient de bien rentrer dans les bidules ?
-Garde la main sur les commandes manuelles, mais sois prête à rectifier le stabilisateur si…
Un câble…
Dalla ressentit le retour en vitesse normale. Heureusement, elle l’avait anticipé et ne lâcha ni outil, ni câble, ni tableau électrique, rien.
-Que dit le radar ? interrogea Dalla, d’une voix qui, elle l’espérait, ne trahissait pas son inquiétude.
Elle avait calculé le saut pour que leur vaisseau débouche à l’écart des voies les plus fréquentées. Avec un peu de chance, elles ne croiseraient personne.
-Voilà, murmura-t-elle, espérant ne pas déconcentrer Kranyya. Maintenant, espérons que ça marche.
Elle ne refixa que deux des quatre vis qui maintenaient le cadran à leds, en haut à gauche, en bas à droite. Il serait toujours temps de visser les deux dernières plus tard.
-Tu as les coordonnées de vol ici, expliqua-t-elle en s’asseyant dans le siège du copilote. Voilà, doucement.
Elle jeta un œil à leur indicateur de vitesse. Elle trouvait qu’elles se traînaient horriblement, mais si elles accéléraient, elles risquaient de dépasser les limitations de vitesse et de se faire repérer par les autorités républicaines.
Elle tourna la tête pour voir où en étaient les droïdes. Ils semblaient se relancer tranquillement. Mais aucun des voyants qu’elle avait installés ne s’allumaient.
Il n’y avait que quelques vaisseaux de tailles assez modestes qui passaient dans leur radar, sans se détourner de leur propre route.
Dalla expira profondément, essayant d’évacuer la tension qui s’était accumulée dans tout son corps.
-Vous avez une très mauvaise position de pilotage, mademoiselle Kran, retentit la voix du droïde.
Dalla regarda les leds.
-Lumière gauche allumée, c’est T-1-1-X. Enfin… normalement… Et ne t’occupes pas de ce qu’il dit, on s’en fiche de ta position, on n’est pas dans un speeder !
Dalla observa Kranyya. Elle avait quand même l’air tendu.
-Tu… tu disais que tu n’avais pas construit ton sabre…. interrogea-t-elle. Qu’il était très vieux… Tu l’as trouvé dans des ruines, c’est ça ?
Kranyya avait eu l’air heureuse de parler de l’histoire de son sabre. Dalla savait que son passé n’avait pas toujours été bien reçu au Temple -elle-même avait fait preuve de peu d’empathie quelques heures plus tôt en voyant la zabrak. Elle ne devait pas souvent avoir l’occasion de parler de sa planète, de son histoire. Dalla espérait que cela l’aiderait à se détendre.
-Tu… tu crois que ça t’intéresserait d’en construire un ? Comme on va sur Ilum… Pas forcément de remplacer le tien… Mais… en avoir un autre. En plus. A toi…
Au bout d’un certain temps, Dalla proposa de tenter un petit saut, histoire de se rapprocher de Bellassa. Elle n’aimait pas du tout être en territoire républicain. Elle vait hâte de quitter la République, même si cela impliquait de se retrouver aux limites du Noyau profond. Au moins, là-bas, les dangers seraient clairs et évidents.
-Je te laisse rentrer les coordonnées du s…
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, la console de communication se mit à biper.
-Communication entrante, commenta un des droïdes. Dalla ne tourna même pas la tête pour voir duquel il s’agissait.
Elle se tourna vers Kranyya.
-Pas de panique. Ca peut être n’importe quoi.
Elle ouvrit le canal de communication entrant.
-Traqueur de Nuage ? Ici le Brentaal’s Pride, de la Marine républicaine. Pouvez-vous nous indiquer comment vous êtes entrés en possession de ce vaisseau ?
Petite pause dramatique.
-Parce que nos fichiers nous indiquent qu’il s’agit d’un vaisseau volé.
Kriff.
Dalla ferma un instant le canal, le temps de souffler à Kranyya :
-Pas de panique. On ne sait rien. Ta mère t’a acheté ce vaisseau d’occasion pour ta majorité sur Iskalon. On va en vacances sur… Duro.
Sa voix se brisa à l’évocation de cette dernière planète. Le dernier endroit où elle avait vu Larna.
-Tiens toi prête à passer en vitesse lumière.
-Bonjour, Brentaal’s Pride, reprit-elle en rouvrant la communication et en copiant l’accent de sa grand-tante Camarya. Un accent bien bordure extérieure, assez éloigné de celui que, comme presque tous les jedi, elle avait développé au Temple. Je suis très étonnée de ce que vous me dites… Ma co-pilote a acquis ce vaisseau de façon parfaitement légale. N’est-ce pas… Loona ?
Elle avait donné premier prénom qui lui passait par la tête, au cas où. Inutile de leur donner leurs vraies identités.
Bien sûr, elle avait adoré Ilum. Le calme, le paysage, le scintillement de son cristal. C’était la première fois -la seule, peut-être, à bien y réfléchir -, que quelque chose était exactement apparu de la même façon à ses yeux et dans la Force. Ce petit éclat de kyber, qu’elle gardait avec elle, au fond de son sabre, depuis toutes ces années…
Mais elle avait moins apprécié la construction elle-même. Pourtant, elle était très enthousiaste, initialement, à l’idée de créer elle-même son sabre, son mécanisme. De faire un objet sur mesure, qui lui soit parfaitement adapté.
Mais une fois face aux pièces détachées, elle s’était plutôt sentie dépassée par toutes les possibilités. Déchirée entre le choix des pièces, toutes si différentes, et le guide de base, qu’elle avait bien sûr téléchargé sur son datapad, et qui expliquait les grandes lignes de l’opération.
Les autres padawans, autour d’elle, semblaient tous à l’aise, guidés par la Force. Dalla ne se sentait pas du tout guidée par la Force, à ce moment-là…
Elle avait donc paré au plus court. Suivi le guide à la lettre, respecté le circuit de base recommandé, mesuré strictement la taille idéale de la poignée…
C’était assez ironique de repenser à son désarroi face à cet exercice et à son inconfort face à la poussière et à la rouille de certaines pièces, maintenant, avec le recul, après cinq années à se salir les mains dans un garage, et surtout les mains enfoncées dans un droïdes et son fidèle tourne-vis entre les dents.
-Tu t’en sors ? interrogea-t-elle en reprenant ledit fidèle outil en main.
Kranyya avait l’air si contente de piloter ! Son enthousiasme était communicatif, et Dalla se sentait confortée, une fois de plus, dans son idée de vouloir transmettre et aider les plus jeunes membres de l’Ordre…
Kranyya lui avait dit qu’elle avait « entièrement confiance » en elle. Dalla n’avait pas su quoi répondre. La dernière personne qui lui avait dit cela, c’était Larna.
Mais les paroles de Kranyya ne lui avaient pas causé de peine. En fait, pour la première fois peut-être, elle avait ressenti de la chaleur en repensant à son ancienne Maître. Joie ? Fierté ?
La confiance de Kranyya la touchait. La flattait. Mais aussi lui faisait sentir cette nouvelle place qu’elle avait dans l’Ordre. Elle n’était plus celle qui reçoit le savoir. Pas en ce moment, en tout cas.
Pour l’instant présent, c’était elle qui transmettait. Elle jouait le rôle de Larna.
Elle allait essayer de s’en montrer digne.
Mais pour commencer, elle allait essayer de rationaliser un peu les circuits de ce(s) droïde(s).
Elle était en train de connecter les câbles du processeur de T-1-1-X au tableau de la rangée de leds qu’elle avait dégoté, quand Kranyya l’a ramena à la situation présente.
On est bientôt en territoire Républicain…
-OK… attends…
Plus que deux câbles…
-Tu as les commandes en main ?
Pourquoi était-ce toujours dans les moments où on était pressé que les trucs refusaient de bien rentrer dans les bidules ?
-Garde la main sur les commandes manuelles, mais sois prête à rectifier le stabilisateur si…
Un câble…
Dalla ressentit le retour en vitesse normale. Heureusement, elle l’avait anticipé et ne lâcha ni outil, ni câble, ni tableau électrique, rien.
-Que dit le radar ? interrogea Dalla, d’une voix qui, elle l’espérait, ne trahissait pas son inquiétude.
Elle avait calculé le saut pour que leur vaisseau débouche à l’écart des voies les plus fréquentées. Avec un peu de chance, elles ne croiseraient personne.
-Voilà, murmura-t-elle, espérant ne pas déconcentrer Kranyya. Maintenant, espérons que ça marche.
Elle ne refixa que deux des quatre vis qui maintenaient le cadran à leds, en haut à gauche, en bas à droite. Il serait toujours temps de visser les deux dernières plus tard.
-Tu as les coordonnées de vol ici, expliqua-t-elle en s’asseyant dans le siège du copilote. Voilà, doucement.
Elle jeta un œil à leur indicateur de vitesse. Elle trouvait qu’elles se traînaient horriblement, mais si elles accéléraient, elles risquaient de dépasser les limitations de vitesse et de se faire repérer par les autorités républicaines.
Elle tourna la tête pour voir où en étaient les droïdes. Ils semblaient se relancer tranquillement. Mais aucun des voyants qu’elle avait installés ne s’allumaient.
Il n’y avait que quelques vaisseaux de tailles assez modestes qui passaient dans leur radar, sans se détourner de leur propre route.
Dalla expira profondément, essayant d’évacuer la tension qui s’était accumulée dans tout son corps.
-Vous avez une très mauvaise position de pilotage, mademoiselle Kran, retentit la voix du droïde.
Dalla regarda les leds.
-Lumière gauche allumée, c’est T-1-1-X. Enfin… normalement… Et ne t’occupes pas de ce qu’il dit, on s’en fiche de ta position, on n’est pas dans un speeder !
Dalla observa Kranyya. Elle avait quand même l’air tendu.
-Tu… tu disais que tu n’avais pas construit ton sabre…. interrogea-t-elle. Qu’il était très vieux… Tu l’as trouvé dans des ruines, c’est ça ?
Kranyya avait eu l’air heureuse de parler de l’histoire de son sabre. Dalla savait que son passé n’avait pas toujours été bien reçu au Temple -elle-même avait fait preuve de peu d’empathie quelques heures plus tôt en voyant la zabrak. Elle ne devait pas souvent avoir l’occasion de parler de sa planète, de son histoire. Dalla espérait que cela l’aiderait à se détendre.
-Tu… tu crois que ça t’intéresserait d’en construire un ? Comme on va sur Ilum… Pas forcément de remplacer le tien… Mais… en avoir un autre. En plus. A toi…
Au bout d’un certain temps, Dalla proposa de tenter un petit saut, histoire de se rapprocher de Bellassa. Elle n’aimait pas du tout être en territoire républicain. Elle vait hâte de quitter la République, même si cela impliquait de se retrouver aux limites du Noyau profond. Au moins, là-bas, les dangers seraient clairs et évidents.
-Je te laisse rentrer les coordonnées du s…
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, la console de communication se mit à biper.
-Communication entrante, commenta un des droïdes. Dalla ne tourna même pas la tête pour voir duquel il s’agissait.
Elle se tourna vers Kranyya.
-Pas de panique. Ca peut être n’importe quoi.
Elle ouvrit le canal de communication entrant.
-Traqueur de Nuage ? Ici le Brentaal’s Pride, de la Marine républicaine. Pouvez-vous nous indiquer comment vous êtes entrés en possession de ce vaisseau ?
Petite pause dramatique.
-Parce que nos fichiers nous indiquent qu’il s’agit d’un vaisseau volé.
Kriff.
Dalla ferma un instant le canal, le temps de souffler à Kranyya :
-Pas de panique. On ne sait rien. Ta mère t’a acheté ce vaisseau d’occasion pour ta majorité sur Iskalon. On va en vacances sur… Duro.
Sa voix se brisa à l’évocation de cette dernière planète. Le dernier endroit où elle avait vu Larna.
-Tiens toi prête à passer en vitesse lumière.
-Bonjour, Brentaal’s Pride, reprit-elle en rouvrant la communication et en copiant l’accent de sa grand-tante Camarya. Un accent bien bordure extérieure, assez éloigné de celui que, comme presque tous les jedi, elle avait développé au Temple. Je suis très étonnée de ce que vous me dites… Ma co-pilote a acquis ce vaisseau de façon parfaitement légale. N’est-ce pas… Loona ?
Elle avait donné premier prénom qui lui passait par la tête, au cas où. Inutile de leur donner leurs vraies identités.
Gary Kovani
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Jeu 14 Sep 2023 - 13:15
Le tableau de bord vibre soudainement. Soumise à la rude décélération, le structure même du cargo crisse de douleur. Dehors, par-delà la verrière polarisée, le corridor hypnotique de l’hyperespace perd ses couleurs affriolantes, tout en nuances de bleu, bien plus de cinquante. L’animation digne d’un musée d’art abstrait pour pédants mécènes richissimes qui s’émeuvent devant quelques traits de peintures grotesques, se transfigure en une trame sombre sur laquelle s’étirent, comme autant de néons surexcités, des millions de traînées d’étoiles. Plus ou moins lumineuses. De l’ivoire à l’albâtre. L’affichage tête haute, jusqu’alors en veille, resurgit, bleu électrique, et m’abreuve goulûment de données techniques imbuvables. Ces vieux modèles de vaisseaux cargo n’intègrent pas encore les dernières versions « conviviales » des logiciels de navigation qui décortiquent les centaines de lignes de codes pour en extraite la substantifique moelle digeste.
La seconde suivante, c’est tout le panorama qui se fige. Nuées d’étoiles, de constellations et de nuages de gaz en suspension dans les ténèbres. Une vue impressionnante, époustouflante même, mais qui malheureusement s’évertue à se banaliser avec les années. Je l’ai contemplée tant de fois que mon œil se n’y accroche plus, que mon cerveau blasé classe les signaux de mes nerfs optiques dans une mémoire tampon qui s’efface aussitôt, comme tout le superflu. En prendre conscience inhibe quelques instants ce réflexe naturel… Jusqu’à ce que mon attention se reporte sur les lettrines holographiques lovées entre des lignes de codes chiffrés :
Destination atteinte. Pas la finale non. Seulement la première étape de ce long et fastidieux périple en marge des lois de la physique hyper-quantique. D’une traite, en levant très haut le coude, j’avale ce qui me reste de nouilles instantanées au fond du gobelet cartonné affublé d’un logo bariolé. Vide, je le jette par-dessus mon épaule, sans même me retourner, ou extraire mon séant du siège rembourré au gel antichoc. A l’issue d’une parfaite parabole, quoi qu’un peu plate, compte tenu de la gravité restreinte à bord, il achève son aguicheuse, mais bien trop courte, vie dans le recycleur à ordures. Tel est la puissance des vrais Jedi : ne jamais rater un lancer, même de dos. Une bagatelle, qui, pour le commun des mortels, aurait été immortalisée dans une holo-video, sur un réseau social quelconque, repartagée des milliards de fois, et conspuée d’innombrables commentaires haineux hurlant au truquage…
« Xaxa, demande d’amarrage. Reste en stand-by en attendant les instructions d’approche. » Pourquoi faire les choses soi-même lorsque les ordinateurs de bord peuvent exécuter des routines standards pré-enregistrées ? N’est point feignant celui qui s’économise pour les grandes occasions. Enfin je me redresse, et quitte le poste de pilotage pour rejoindre la section tribord de l’appareil, où à l’issu d’une coursive étriquée, s’ouvre une coquerie exiguë mais dotée d’une baie vitrée permettant d’observer les étoiles. Parmi elles, je distingue des dizaines, non des centaines, de points pâles qui dérivent tous azimuts, chaotiquement, sans logique apparente. Des vaisseaux dont la coque rutilante reflète timidement la maigre lumière de l’astre le plus proche, posé dans le vide spatial à un dizième de parsec environ. Ici, dans l’espace presque profond, quelques millions de kilomètres ne sont qu’une erreur de virgule parfaitement acceptable. En vérité, à qui s’y connait un peu, ce balai sans queue ni tête trouve une logique évidente. Une tâche plus épaisse que les autres trahit la présence d’une station spatiale frontalière, tout à la fois espace de loisir, de repos et centre administratif. Lorsque l’on circule dans l’Aire Républicain, depuis l’extérieur, mieux vaut s’identifier dès la première venue, afin d’éviter des contrôles plus poussés le cas échéant. Les navires : cargos, vaisseaux de plaisances, transports, dérivent jusqu’à elle, lentement. Ou la quittent, bien plus rapidement. Sur des centaines de vecteurs différents.
Je parviens enfin à m’extraire du labyrinthe de mes pensées. J’ouvre le réfrigérateur, récupère une canette de soda au gout si chimique qu’il ne correspond à celui d’aucun végétal ou animal répertorié dans cette galaxie et celles d’a côté… Mais à peine ai-je posé les lèvres sur le métal froid, que l’ordinateur de bord surnommé « Xaxa » m’indique par une série de bips stridents que les autorisations ont été traitées et acceptées. Par mesure de sécurité, ne sait-on jamais avec tous ces chauffards de l’espace, je regagne le cockpit et m’harnache dans les règles de l’art. Un porte-gobelet magnétique assure à ma canette une position fixe et sécurisée même sous une accélération de 5G.
« Ok. C’est parti. Allons montrer nos vrais faux-papiers aux gentils douaniers… En espérant qu’ils n’y regardent pas trop de prêt… »
Si j’ai jeté mon dévolu sur cette station, c’est pour une bonne raison : elle est petite, sous-équipée. Ses agents sont débordés, et probablement bien moins méticuleux que dans celles plus proches du noyau. Bref, un contrôle de routine qui devrait m’assurer de ne plus rencontrer de problèmes par la suite. En cas de contrôle inopiné, le tampon électronique attestera que j’ai gagné l’Espace Républicain en bonne et due forme, et que la cargaison que je transporte correspond parfaitement à la législation en vigueur. Evidemment, le pilote lui-même y correspond moins… Mais ça ils n’ont pas à le savoir. Avec mon look d’ancien contrebandier au bord de la banqueroute morale et physique, qui serait assez malin pour deviner que je suis un Jedi ? Même pas ma propre mère. Paix à son âme. Je dérive ainsi, à la lente vitesse de croisière réglementaires sur ces tronçons de voies spatiales fédérales, jusqu’à m’insérer dans une file plus serrée de vaisseaux de toutes forme et toutes tailles. Je peste alors :
« Xaxa… Faut croire qu’on est à l’heure de pointe. T’as vu la longueur de cette file… Pfff… On en a pour une heure ou deux… Profite en pour faire une recherche sur les réseaux publiques, voir s’il y a des contrôles mentionnés quelque part. » Je ferme la bouche, mais la ré ouvre aussitôt. « Et trouve-moi une fréquence qui passe du neo metal psychédélique. Un truc avec assez de basse pour te transformer en une caisse de résonance assourdissante. Passe ça à fond, sur tous les haut-parleurs. Je vais aller à l’arrière pour méditer finalement. »
Rester plus d’une heure dans un siège : non merci. J’aime le bruit. Surtout lorsque je cherche à faire le vide en moi… Car c’est au moment ou je ne l’entends plus que je sais que j’ai atteint les strates les plus profondes de ma conscience, à la porte exiguë de mon âme torturée. Peut-être que l’exubérante litanie parviendra à chasser les prémonitions douteuses, morbides. Je n’y crois pas vraiment. Mais qui ne tente rien, n’a rien. Dixit Papy Don. Paix à son… Mais non. Même enfermé dans un pénitencier sordide à l’autre bout de la galaxie, je suis persuadé qu’il résiste encore, que la faucheuse n’a pas encore trouvé le courage de toquer aux barreaux de sa cellule…
La seconde suivante, c’est tout le panorama qui se fige. Nuées d’étoiles, de constellations et de nuages de gaz en suspension dans les ténèbres. Une vue impressionnante, époustouflante même, mais qui malheureusement s’évertue à se banaliser avec les années. Je l’ai contemplée tant de fois que mon œil se n’y accroche plus, que mon cerveau blasé classe les signaux de mes nerfs optiques dans une mémoire tampon qui s’efface aussitôt, comme tout le superflu. En prendre conscience inhibe quelques instants ce réflexe naturel… Jusqu’à ce que mon attention se reporte sur les lettrines holographiques lovées entre des lignes de codes chiffrés :
Destination atteinte. Pas la finale non. Seulement la première étape de ce long et fastidieux périple en marge des lois de la physique hyper-quantique. D’une traite, en levant très haut le coude, j’avale ce qui me reste de nouilles instantanées au fond du gobelet cartonné affublé d’un logo bariolé. Vide, je le jette par-dessus mon épaule, sans même me retourner, ou extraire mon séant du siège rembourré au gel antichoc. A l’issue d’une parfaite parabole, quoi qu’un peu plate, compte tenu de la gravité restreinte à bord, il achève son aguicheuse, mais bien trop courte, vie dans le recycleur à ordures. Tel est la puissance des vrais Jedi : ne jamais rater un lancer, même de dos. Une bagatelle, qui, pour le commun des mortels, aurait été immortalisée dans une holo-video, sur un réseau social quelconque, repartagée des milliards de fois, et conspuée d’innombrables commentaires haineux hurlant au truquage…
« Xaxa, demande d’amarrage. Reste en stand-by en attendant les instructions d’approche. » Pourquoi faire les choses soi-même lorsque les ordinateurs de bord peuvent exécuter des routines standards pré-enregistrées ? N’est point feignant celui qui s’économise pour les grandes occasions. Enfin je me redresse, et quitte le poste de pilotage pour rejoindre la section tribord de l’appareil, où à l’issu d’une coursive étriquée, s’ouvre une coquerie exiguë mais dotée d’une baie vitrée permettant d’observer les étoiles. Parmi elles, je distingue des dizaines, non des centaines, de points pâles qui dérivent tous azimuts, chaotiquement, sans logique apparente. Des vaisseaux dont la coque rutilante reflète timidement la maigre lumière de l’astre le plus proche, posé dans le vide spatial à un dizième de parsec environ. Ici, dans l’espace presque profond, quelques millions de kilomètres ne sont qu’une erreur de virgule parfaitement acceptable. En vérité, à qui s’y connait un peu, ce balai sans queue ni tête trouve une logique évidente. Une tâche plus épaisse que les autres trahit la présence d’une station spatiale frontalière, tout à la fois espace de loisir, de repos et centre administratif. Lorsque l’on circule dans l’Aire Républicain, depuis l’extérieur, mieux vaut s’identifier dès la première venue, afin d’éviter des contrôles plus poussés le cas échéant. Les navires : cargos, vaisseaux de plaisances, transports, dérivent jusqu’à elle, lentement. Ou la quittent, bien plus rapidement. Sur des centaines de vecteurs différents.
Je parviens enfin à m’extraire du labyrinthe de mes pensées. J’ouvre le réfrigérateur, récupère une canette de soda au gout si chimique qu’il ne correspond à celui d’aucun végétal ou animal répertorié dans cette galaxie et celles d’a côté… Mais à peine ai-je posé les lèvres sur le métal froid, que l’ordinateur de bord surnommé « Xaxa » m’indique par une série de bips stridents que les autorisations ont été traitées et acceptées. Par mesure de sécurité, ne sait-on jamais avec tous ces chauffards de l’espace, je regagne le cockpit et m’harnache dans les règles de l’art. Un porte-gobelet magnétique assure à ma canette une position fixe et sécurisée même sous une accélération de 5G.
« Ok. C’est parti. Allons montrer nos vrais faux-papiers aux gentils douaniers… En espérant qu’ils n’y regardent pas trop de prêt… »
Si j’ai jeté mon dévolu sur cette station, c’est pour une bonne raison : elle est petite, sous-équipée. Ses agents sont débordés, et probablement bien moins méticuleux que dans celles plus proches du noyau. Bref, un contrôle de routine qui devrait m’assurer de ne plus rencontrer de problèmes par la suite. En cas de contrôle inopiné, le tampon électronique attestera que j’ai gagné l’Espace Républicain en bonne et due forme, et que la cargaison que je transporte correspond parfaitement à la législation en vigueur. Evidemment, le pilote lui-même y correspond moins… Mais ça ils n’ont pas à le savoir. Avec mon look d’ancien contrebandier au bord de la banqueroute morale et physique, qui serait assez malin pour deviner que je suis un Jedi ? Même pas ma propre mère. Paix à son âme. Je dérive ainsi, à la lente vitesse de croisière réglementaires sur ces tronçons de voies spatiales fédérales, jusqu’à m’insérer dans une file plus serrée de vaisseaux de toutes forme et toutes tailles. Je peste alors :
« Xaxa… Faut croire qu’on est à l’heure de pointe. T’as vu la longueur de cette file… Pfff… On en a pour une heure ou deux… Profite en pour faire une recherche sur les réseaux publiques, voir s’il y a des contrôles mentionnés quelque part. » Je ferme la bouche, mais la ré ouvre aussitôt. « Et trouve-moi une fréquence qui passe du neo metal psychédélique. Un truc avec assez de basse pour te transformer en une caisse de résonance assourdissante. Passe ça à fond, sur tous les haut-parleurs. Je vais aller à l’arrière pour méditer finalement. »
Rester plus d’une heure dans un siège : non merci. J’aime le bruit. Surtout lorsque je cherche à faire le vide en moi… Car c’est au moment ou je ne l’entends plus que je sais que j’ai atteint les strates les plus profondes de ma conscience, à la porte exiguë de mon âme torturée. Peut-être que l’exubérante litanie parviendra à chasser les prémonitions douteuses, morbides. Je n’y crois pas vraiment. Mais qui ne tente rien, n’a rien. Dixit Papy Don. Paix à son… Mais non. Même enfermé dans un pénitencier sordide à l’autre bout de la galaxie, je suis persuadé qu’il résiste encore, que la faucheuse n’a pas encore trouvé le courage de toquer aux barreaux de sa cellule…
Kranyya Nekro
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Lun 9 Oct 2023 - 17:40
Je reprends mes esprits, pas question de paniquer alors que tous les gamins sont sous notre responsabilité.
Je les entends d’ici d’ailleurs, particulièrement un certain fanfaron à la chevelure de plumes qui parle spécialement fort, tout l’inverse de son compagnon encore plus bleu que lui dont la voix reste encore un mythe pour moi (le gosse à trouvé le moyen de dire à peine deux-trois mots et ce en trainant avec un sacré débiteur… champion hein, en tant que pipelette en chef je ne peux pas rivaliser…)
Les plus petits sont très silencieux, studieux et sérieux ils sont bien occupés avec les tâches confiées par Dalla…
Cette envie de bien paraître auprès des « adultes » référents les rend trop choupinou, ça me fait presque revoir ma peur des jeunes Padawans…
Je me retourne vers ma compère, toujours bien occupé avec le (fin les, bref je vais pas recommencer avec ça) droïdes, et attend sa réponse en piétinant nerveusement sur place au centre de la pièce.
« OK… attends… Tu as les commandes en main ? »
Je hoche ma tête dans tous les sens, me rappelant que ma place était le cul sur la chaise à tenir les commandes et retourne de ce pas vers la vielle chaise grinçante, mais quel imbécile je fais !
En trottinant je manque de rater l’accoudoir et de m’étaler de tout mon long sur le sol froid avant de me rattraper de justesse et d’atterrir vite fais bien fait sur le siège.
« Oui oui me voilà je suis en place. » Dis-je en tentant de contrôler ma voix fébrile.
« Garde la main sur les commandes manuelles, mais sois prête à rectifier le stabilisateur si…
Elle s’arrête soudainement, évidement occupé par ses manœuvres :
-Si quoi ?? »
Je n’attends pas particulièrement de réponse, cramponnée aux commandes comme à ma propre vie, attendant la suite des instructions, dans un bric à brac de « clik » de « clak » et de « chclak ».
Mon regard se balade à travers les vitres, balayant l’environnement qui s’était comme figé devant nous avec la différence de vitesse flagrante qu’on vient de bouffer.
La zone me paraît calme, sur une route éloignée des voies hyperspaciales les plus côtoyées j’arrive tout de même à voir Mimban d’ici, sa lune minière se dessinant légèrement dans mon champ de vision.
Contrairement à pas mal d’entre nous, le paysage galactique qui s’étendait face à moi me donnait toujours des frissons d’émerveillement ; les années et les voyages avaient beau passer, le bonheur d’observer ce spectacle lui ne s’effaçait pas.
Les étoiles me paraissaient toutes plus brillantes les unes que les autres, comme si elles m’appelaient, m’invitaient à découvrir les systèmes et les merveilles qu’elles cachent…
Les aérolithes, les planètes, les météores, les comètes… Tout attirait mes yeux aux teintes étranges, laissant pétiller les éclats de désir d’aventures inextinguibles qui les habitaient depuis toujours.
Je meurs d’envie de savoir laquelle de ces astres est Domir, étoile du Système Dathomir ma planète natale…
La voix teintée d’inquiétude dissimulée de ma compère me tire soudainement de ma rêverie, ayant apparemment terminé ses travaux :
« Que dit le radar ?
-Plus ou moins rien, quelques vaisseaux sont dans le coin mais rien d’extravagant… Et j’espère que ça va rester comme ça, j’aime pas traîner dans le coin… »
Elle s’assoit à mes côtés après avoir examiné une dernière fois les droïdes, m’expliquant les dernières indications de vol.
Je bois ses paroles, à l’affut du moindre conseil qui pourrait m’être utile pour toute ma vie.
On était nerveuse toutes les deux, et ironiquement même si on le savait on restait mutuellement dans un déni commun qui nous permettait de garder notre calme.
L’ambiance était tout autant tendue que nous, lourde et poisseuse elle s’alliait au silence assourdissant qui combiné aux sueurs froides qui coulaient dans mon dos rendait mon expérience de vol difficilement pédagogique…
Tentant de mettre mon agitation de côté je me concentre sur mon pilotage ; malgré mon malaise lié à notre situation clairement instable je commence à être plus à l’aise avec les commandes, associant les manœuvres que je découvre à mes souvenirs de co-pilote.
Le silence fût brisé par une voix singulière que je n’avais pas entendu depuis quelques temps :
« Vous avez une très mauvaise position de pilotage, mademoiselle Kran. »
Surprise, je fais volte-face et sourire aux lèvres pose mon regard sur l’amas métallique de pièces détachées qui désormais arborait un cadran à LED sur son « visage ».
Le cadran était fait de deux parties distinctes, et celle de gauche était vivement allumée, visiblement l’indicatif de l’identité actuelle du droïde.
Je pense à son commentaire, gentille intervention mais n’ayant jamais eu de cours de pilotage pour ce genre de vaisseaux je n’avais évidemment aucune idée de la position idéale que j’étais sensée avoir…
Avant même que je puisse répondre ma collègue s’en chargea :
« Lumière gauche allumée, c’est T-1-1-X. Enfin… normalement…
Et ne t’occupes pas de ce qu’il dit, on s’en fiche de ta position, on n’est pas dans un speeder !
-Ahah merci… Pour ta gouverne T-1 sache que je suis une pro du chasseur !
J’espère que t’auras l’occasion de parler avec Dath un jour tu verras il est peint en rouge, va super vite et il est trop sympa en plus ! »
Je lâche un dernier petit éclat de rire avant de clore la conversation avec le droïde, j’adore les machines c’est trop fun…
Je déglutis nerveusement, tentant malgré tout de rectifier ma position de pilotage nonobstant mes lacunes en termes de connaissances sur le sujet.
Et à nouveau, le silence revint. Gênant et omniprésent silence…
Ça n’aidait pas, vraiment pas ; je repense aux enfants de l’autre côté de la porte, comment se sentaient-ils ? Nerveux comme moi ? Excités par l’aventure ?
J’espère le second choix, je tiens à les laisser à l’écarts de nos inquiétudes actuelles, les laissant dans l’euphorie du moment et de la mission sans se préoccuper des détails techniques qui nous taraudaient actuellement…
« Tu… tu disais que tu n’avais pas construit ton sabre…. Qu’il était très vieux…
Tu l’as trouvé dans des ruines, c’est ça ?
Tu… tu crois que ça t’intéresserait d’en construire un ? Comme on va sur Ilum…
Pas forcément de remplacer le tien… Mais… en avoir un autre. En plus. A toi… »
Sa question piqua ma curiosité.
Déjà j’aime ce sujet, je suis contente qu’elle l’ai remarqué ahah ; parler de mes petites histoires Dathomiriennes était toujours plaisant !
En dehors de ça, je ne peux pas nier y avoir jamais pensé… j’ai toujours rêvé de me construire un sabre, cette étape de notre éducation m’avait toujours passionné ; et j’avais un peu jalousé les autres Padawans quand le moment fût venu pour eux.
Malgré tout ce sabre reste une de mes plus grande fierté, symbole clair de l’amour que ma famille, tant génétique que spirituelle, me portait ; et j’ai jamais vraiment osé en faire un autre pour cette attache émotionnelle là.
Même si bon, si on parle émotion la préservation du sabre reste ma priorité, et l’utiliser autant comme je le fais peut-être néfaste pour son intégrité…
Je réponds finalement en regardant Dalla :
« Ouais, ma mère l’a trouvé dans des ruines Jedi peut avant ma naissance.
Tu t’en rends compte, des ruines Jedi sur Dathomir ? Elles doivent être tellement vielles…
L’esprit qui lui a donné à dit que c’était destiné… à moi tadaam !
Me voilà 19ans plus tard avec cette petite merveille toujours attachée à ma ceinture, loin de chez moi certes mais ça crée un lien puissant que je chéris énormément.
Je repose mon regard sur ma conduite, continuant de parler légèrement, entretenant une atmosphère agréable.
Pour répondre à ta question… J’aimerais bien en avoir un a moi crée par mes soins, avec des matériaux que j’aime, et surtout à mes mesures, mais je sais pas vraiment si j’arriverais à passer le pas ; j’y suis tellement attachée…
Je marque une légère pose, quelques secondes à tout casser pour faire la transition entre les sujets :
Après si tu veux d’autres histoires Dathomiriennes de ouf, j’en ai un sacré tas !
Entre ma mère qui était une légende locale, les guerres de tribus de Sorcières, les pratiques magiques traditionnelles époustouflantes…
J’ai même été déclaré « Ennemie publique N°1 des tribus de Sorcières Traditionnelles Dathomirienne » par la meurtrière de ma mère c’est pour dire !
Dis-toi que même parmi les miens j’étais déjà réputée pour ma sale tête et mes caractéristiques étranges ; donc niveau discriminations en dehors de Dathomir je savais un temps soit peu à quoi m’attendre…
Bon un tout petit peu mais pas complètement quand même, je m’étais jamais attendu à ce que ça soit aussi… extrême… »
Je continue de raconter des petites anecdotes : sur ma vie sur Dathomir, mon arrivée chez les Jedi, mon enfance au Temple, mon éducation avec mon défunt Maître et à quel point il était extraordinaire…
Entre quelques mots et quelques sourires je lui demande :
« Et toi sinon ? Des trucs sympas à me raconter ? J’aimerais bien te connaître mieux… »
Les discussions va et viennent, et au bout d’un moment, l’ambiance redevins calme.
Dans le silence revenu, concentré à nouveau sur mon apprentissage de pilotage je revagabonde dans mes pensées :
Je repense finalement à sa proposition de tout à l’heure… Après tout n’ai-je pas toujours rêvé de construire un sabre de mes propres mains ?
Crée de pièces que je choisirais moi-même, adapté à mes mensurations, avec une deuxième lame peut-être même qui sait…
Je me perds dans mes rêveries, imaginant de quel couleur le nouveau cristal qui me trouvera pourrait bien être…
Quel sensations un manche lisse et neuf pourrait donner ? Le grip et le maniement ne seraient-ils pas meilleur avec une poignée neuve choisi par mes soins ?
Le bourdonnement de l’activation ferait-il un son nouveau, inédit ?
Oui certes, mais l’ancien propriétaire du mien ne risquerait pas de le prendre mal… ? Comme une trahison ou je ne sais quoi…
Si je pense rationnellement je ne pense pas qu’il le prendrait mal, mais sentimentalement c’est pas pareil ça crée une sorte de culpabilité qui me trouble…
Je réfléchis sûrement trop, ce cadeau était surtout symbolique, et vu son état il serait sûrement bien mieux préservé si j’arrêtais de l’utiliser, dans son état actuel il risquerait de se briser à tout moment malgré l’entretien difficile que je tente de faire.
Je brise le silence, et d’un coup d’un seul lâche ma réponse tardive :
« Tu sais quoi ? Je vais y réfléchir. Pour le sabre je veux dire…
J’ai d’ailleurs bien le temps d’y réfléchir pendant le trajet, je verrais sur Ilum avec l’atmosphère magique qui y règne je saurais quoi faire… »
Après ma dernière intervention, Dalla me propose quelque chose : faire un nouveau saut pour se rapprocher de Bellassa.
Ce à quoi je réponds favorablement, j’avais vraiment hâte de quitter le territoire Républicain moi aussi…
Même si j’avais peur de me rapprocher autant du Noyau Profond, fallait bien avancer pour arriver à bon port le plus tôt possible ; il en va de la sécurité des Padawans et ça c’est le plus important.
Je commence à visualiser les manœuvres que je dois faire, me préparer à bidouiller quelques commandes et chercher les coordonnées :
« C’est bon je suis prête, on y va ?
- Je te laisse rentrer les coordonnées du s… »
Mais évidemment, Dalla ne pût pas terminer sa phrase.
Elle fût interrompue par la même voix tintante et grésillante qui nous accompagnait depuis le début de notre voyage :
« Communication entrante. »
Alors pour le coup, je n’ai même pas eu le temps de commencer à paniquer, comme pour me rassurer dès l’appel Dalla prend la main :
« Pas de panique. Ça peut être n’importe quoi.
Ce à quoi je réponds en marmonnant nerveusement :
-Peut-être peut-être, mais j’ai un mauvais pressentiment… Attends deux secondes s’il te plaît… »
Je jette un coup d’œil aux commandes, dissipant tout doutes un écran indique bien en grandes lettres « Communication entrante » …
Bon sang, j’aurais jamais imaginé que ces deux pauvres mots pourraient déclencher un rollercoaster émotionnel aussi intense…
Je remets de l’ordre dans mes pensées, Dalla à raison, ça peut être n’importe quoi…
Mais pourquoi n’y crois-je pas ?
Je repense aux enfants à l’arrière, à nous deux aussi, à l’Ordre à laquelle on est rattaché… Toutes ces personnes à protéger…
Je me mets à imaginer le pire, ou bien à le sentir ? Est-ce dans ma tête ou bien un mauvais pressentiment ?... Impossible à dire…
Je passe mes mains dans mes cheveux, agrippant la base de mes cornes pour appliquer une pression sur mon crâne afin de garder la tête froide ; avant de finalement lâcher :
« Vas-y ouvre le canal… »
« Traqueur de Nuage ? Ici le Brentaal’s Pride, de la Marine républicaine. Pouvez-vous nous indiquer comment vous êtes entrés en possession de ce vaisseau ?
Parce que nos fichiers nous indiquent qu’il s’agit d’un vaisseau volé… »
Et merde, sur tout ce qui pouvait nous arriver il fallait que ce soit tomber sur la Marine Républicaine…
On a beau tenter de les fuir à travers tous les confins de la Galaxie ils nous tombent dessus dès qu’on met un pied en marge de Mimban, est-ce la poisse qui nous poursuit à ce point ?
Je mets la panique de côté, je n’ai pas le temps de m’inquiéter là.
Déjà j’ai deux informations à traiter : « Traqueur de Nuage » semble être le nom de notre vaisseau, fin en tout cas celui que ses anciens propriétaires lui ont donné ; c’est plutôt classe j’aime beaucoup mais il va falloir en trouver un autre...
Puis « Brentaal’s Pride » ça apparemment c’est eux, loin de chez eux certes avec un nom bien ambitieux d’ailleurs.
J’aurais dû appeler Dath « Dathomir’s Pride » pour me faire mousser, je pourrais taper des pics de vitesse librement en me prenant pour un grand pilote hah !
C’est drôle ça, techniquement je suis la meilleure pilote de Dathomir ; être la seule me donne cet avantage.
Bref, si je me refocus sur le sujet initial ça soulève un point franchement déplaisant :
Nan mais franchement, l’Ordre aurait pût faire un effort, vaisseau volé sérieusement !?
Dalla prend la situation en main, très bien même, mais je reste ici, les mains sur les commandes à imaginer toutes les situations qui pourraient découler de ce moment précis.
Elle m’a dit de me tenir prête à passer en vitesse lumière, ce que je fais.
Selon son brief, moi c’est Loona, originaire d’Iskalon ma mère m’a offert ce vaisseau pour ma majorité, et là on part ensemble en vacances pour Duro.
Déjà niveau itinéraire c’est parfaitement crédible, pour le reste maintenant je dois prendre la main.
Je me mets dans mon personnage, et de ma voix la plus innocente formelle possible je prends la transmission :
« Bonjour Brentaal’s Pride ici Loona Sybrid copilote, comme ma compagne vient de vous le signaler je suis la propriétaire de ce vaisseau depuis quelques jours maintenant ; le nom « Traqueur de Nuage » m’est inconnu je suis navré de ne pas pouvoir vous donner plus d’informations à propos de ses origines ; mes parents me l’ont offert récemment il doit probablement venir d’un marché d’Iskalon. Iskalon dont nous venons d’ailleurs de partir en direction de Duro pour des vacances. »
Je coupe mon micro, fière de ma performance, attendant la réponse de l’officière. J’en profite pour tenter de débriefer avec Dalla, je chuchote donc, légèrement sous-pression :
« Je vais pas remettre en cause tes choix de vacances ça reste un prétexte mais bon, vacances en amoureuses sur Duro ça passe tu crois ? »
Elle a dû saisir mon regard inquiet, me refocalisant sur la ligne grésillante encore ouverte du côté de la Marine ; après quelques « gzzz » « brrr » je réalise vite une chose : peut importe ce qu’ils doivent se dire de l’autre côté de la ligne je dois le savoir.
Je ne tiens pas à être surprise par leurs intentions plus tard.
Je me mets à réfléchir à voix haute pour communiquer mes inquiétudes et mes pensées à ma collègue :
« Ok, ils doivent être en train de vérifier leurs données sur le vaisseau et sur le nom que je leur ai donné ça doit leur prendre du temps, dans tous les cas, qu’ils se méfie de nous ou pas pour notre sécurité et celles des gosses de partir à la pêche aux infos.
Je plante mon regard déterminé dans celui de ma compère,
Prends les commandes et secoue-moi dès qu’ils répondent. »
Je n’ai pas le temps d’attendre sa réponse et ferme les yeux.
Je ne vais pas refaire un laïus sur la magie des Sorcières Dathomiriennes mais ça reste mon arme la plus aiguisée, et surtout celle en qui j’ai le plus foi ; sans réfléchir plus, je me fie à mon instinct et je plonge en état de méditation presque instantanément.
Mélangeant les techniques Jedi et Dathomiriennes, l’état dans lequel je tombe est différent de d’habitude, beaucoup plus sombre et tortueux, certes agréable pour mon esprit mais très différent des pratiques apprises au Temple.
Cela ferait trembler d’effroi n’importe quel craintif du « côté obscur » car malheureusement pour les adeptes de la lumière : la magie de mon peuple tombe sous cette ombrelle.
Ce mélange d’énergie unique me permet de me focaliser sur ma magie : décomposant mon être en plusieurs morceaux sombres et froids je laisse mon attention partir sous la forme d’un éclat, attiré par les énergies brutes, j’intègre la ligne des communications et je poursuis le canal qui relie notre vaisseau à la base de la Marine Républicaine.
Le trajet est étrange, voyager psychiquement à travers ces ondes est une sensation complètement nouvelle à laquelle je ne m’étais jamais exercée.
Je ne vois pas vraiment, mais peut aisément percevoir les énergies qui m’entourent ; me déplaçant très vite suivant la ligne jusqu’à son terme, je ressens avec joie la présence unique des astres et du vide spatial dans lequel je flotte.
Dans ce qui me parait à la fois une fraction de seconde et une éternité, je termine mon voyage en débarquant dans la station.
Ayant enfin atteint le bout du fil, je tombe directement dans le centre de communication, face à moi ce trouve trois opérateurs dans mon champ de perception : un d’entre eux est apparemment focalisé sur son travail à l’autre bout de la pièce, mais les deux autres sont visiblement ceux avec lesquels nous conversion.
Comme distordue à travers un filtre, je perçois leur voix à travers mes ténèbres et arrive en plein milieu de conversation :
« Ça n’a pas de sens Reej écoute moi… Pourquoi n’auraient-elles pas pris la passe Corellienne directement jusqu’à Duro si elles viennent d’Iskalon ?
Une voix grave lasse et fatiguée répond à la femme :
-Je sais pas, je saurais pas te trouver d’excuses valables…
Mais tu sais les gens ne sont pas toujours logiques, c’est des petites jeunes elles voulaient peut-être partir en exploration où je ne sais quoi.
-Pfff franchement je le sens pas.
Dans tous les cas, que ce qu’elles disent sois vrai ou faux elles ne peuvent pas circuler comme ça avec un vaisseau toujours renseigné officiellement comme volé, ça leur attirerait des ennuis partout…
Bon, fait moi confiance je veux juste être sûre qu’il n’y ai pas de problème, ça reste notre taff avant tout.
On les fait venir pour vérifier si tout va bien et si c’est le cas on les aide à mettre leurs données à jour, ça te va ?
-Bon… D’accord si ça te fait plaisir… Je comprends juste pas pourquoi tu fais tant de cinéma juste pour UN vaisseau mal renseigné ça arrive tout le temps dans le coin…
-Ai confiance en mon instinct tu veux bien ?
Elle marque une pause, puis :
-KARL !
Même en étant aussi loin de mon corps je me sens frissonner de l’avoir entendu hurler de la sorte…
Le troisième homme au fond de la salle se retourne brusquement, lui-même surpris :
-Quoi ??
-J’ai besoin de toi pour vérifier une identité, maintenant tout de suite ça urge.
-Je suis occupé là, mais vas-y si ça urge dis-moi ?
-Loona Sybrid, d’Iskalon.
Après un court silence, le dénommé Karl répond :
-Alors j’ai un Vahr Sybrid mais d’Ord Pardron pas d’Iskalon…
La femme, triomphante, retourne vers son collègue initial :
-Je te l’avais dit !
-Mais non, ne saute pas directement aux conclusions… Ça doit être son père…
Elles t’ont dit qu’elles venaient de partir d’Iskalon, elles peuvent être d’Ord Pardron c’est littéralement à côté…
-Bon, peut m’importe, je reprends la transmission, autant vérifier tout ça sur place ça vaudra mieux. »
Sur ces mots, je fais demi-tour le plus vite possible et retourne au vaisseau.
Je reprends contrôle de mon corps avant même les secousses de Dalla, puis la voix de l’opératrice se fait à nouveau entendre :
« Très bien mademoiselle Sybrid, étant donné que selon vos dires nos données ne correspondent pas avec la carte actuelle du véhicule, il me semble urgent pour vous de remettre à jour les papiers de votre vaisseau si vous ne voulez pas vous faire arrêter de la même manière dès que vous emprunteriez des routes Républicaines.
Vous venez de repasser en territoire Républicains donc nous sommes sûrement les premiers à vous avoir interpellé ; pour vous éviter d’autres gênes de ce genre je vous invite à vous arrêter sur notre base la plus proche pour entamer les formalités.
Elle se situe aux abords de la lune minière de Mimban, je vous transmets les coordonnées. »
Sans hésitations, je sais très bien quoi lui dire et je me remets dans mon personnage :
« Merci pour votre bienveillance mais ne vous en faites pas, on a déjà pris rendez-vous pour les formalités à notre retour d’ici une semaine.
Je viens de passer la majorité donc tous les papiers sont au nom de mon père on doit attendre notre retour à la maison sur Ord Pardron pour voir notre garagiste et changer tout ça excusez-nous pour la méprise… »
Je sens le doute flotter dans son silence, et décide d’attendre sa prochaine question pour l’achever directement :
-Si les documents sont au nom de votre père il va juste me falloir son nom pour vérifier si le permis est à jour… Vous venez d’Iskalon donc ?
Ahah elle veut me piéger, mais quelle naïvetée…
C’est avec un large sourire aux lèvres qui laissent bien dépasser mes canines prohéminentes que je réponds :
-Non non de Ord Pardron, son nom c’est Vahr Sybrid, V A H R, S Y B R I D.
Et c’est à ce moment que ma victoire c’est décidé ! Là quand j’ai entendu son tout dégouté petit :
-Oh…
Et c’est après un long silence dans lequel je reprends les commandes en main qu’elle me répond finalement :
« Vous pouvez y aller Mademoiselle Sybrid tout est bon, mais ne tardez pas trop à refaire les papiers du véhicule ce serait plus prudent, bonne journée.
-Merci beaucoup à vous pour votre aide et pour votre compréhension, passez bonne journée également. »
Triomphante, le sourire au lèvres et fière de ma performance, je me retourne vers Dalla et lui dit :
« Alors on le fait ce saut pour Bellassa ? »
Je les entends d’ici d’ailleurs, particulièrement un certain fanfaron à la chevelure de plumes qui parle spécialement fort, tout l’inverse de son compagnon encore plus bleu que lui dont la voix reste encore un mythe pour moi (le gosse à trouvé le moyen de dire à peine deux-trois mots et ce en trainant avec un sacré débiteur… champion hein, en tant que pipelette en chef je ne peux pas rivaliser…)
Les plus petits sont très silencieux, studieux et sérieux ils sont bien occupés avec les tâches confiées par Dalla…
Cette envie de bien paraître auprès des « adultes » référents les rend trop choupinou, ça me fait presque revoir ma peur des jeunes Padawans…
Je me retourne vers ma compère, toujours bien occupé avec le (fin les, bref je vais pas recommencer avec ça) droïdes, et attend sa réponse en piétinant nerveusement sur place au centre de la pièce.
« OK… attends… Tu as les commandes en main ? »
Je hoche ma tête dans tous les sens, me rappelant que ma place était le cul sur la chaise à tenir les commandes et retourne de ce pas vers la vielle chaise grinçante, mais quel imbécile je fais !
En trottinant je manque de rater l’accoudoir et de m’étaler de tout mon long sur le sol froid avant de me rattraper de justesse et d’atterrir vite fais bien fait sur le siège.
« Oui oui me voilà je suis en place. » Dis-je en tentant de contrôler ma voix fébrile.
« Garde la main sur les commandes manuelles, mais sois prête à rectifier le stabilisateur si…
Elle s’arrête soudainement, évidement occupé par ses manœuvres :
-Si quoi ?? »
Je n’attends pas particulièrement de réponse, cramponnée aux commandes comme à ma propre vie, attendant la suite des instructions, dans un bric à brac de « clik » de « clak » et de « chclak ».
Mon regard se balade à travers les vitres, balayant l’environnement qui s’était comme figé devant nous avec la différence de vitesse flagrante qu’on vient de bouffer.
La zone me paraît calme, sur une route éloignée des voies hyperspaciales les plus côtoyées j’arrive tout de même à voir Mimban d’ici, sa lune minière se dessinant légèrement dans mon champ de vision.
Contrairement à pas mal d’entre nous, le paysage galactique qui s’étendait face à moi me donnait toujours des frissons d’émerveillement ; les années et les voyages avaient beau passer, le bonheur d’observer ce spectacle lui ne s’effaçait pas.
Les étoiles me paraissaient toutes plus brillantes les unes que les autres, comme si elles m’appelaient, m’invitaient à découvrir les systèmes et les merveilles qu’elles cachent…
Les aérolithes, les planètes, les météores, les comètes… Tout attirait mes yeux aux teintes étranges, laissant pétiller les éclats de désir d’aventures inextinguibles qui les habitaient depuis toujours.
Je meurs d’envie de savoir laquelle de ces astres est Domir, étoile du Système Dathomir ma planète natale…
La voix teintée d’inquiétude dissimulée de ma compère me tire soudainement de ma rêverie, ayant apparemment terminé ses travaux :
« Que dit le radar ?
-Plus ou moins rien, quelques vaisseaux sont dans le coin mais rien d’extravagant… Et j’espère que ça va rester comme ça, j’aime pas traîner dans le coin… »
Elle s’assoit à mes côtés après avoir examiné une dernière fois les droïdes, m’expliquant les dernières indications de vol.
Je bois ses paroles, à l’affut du moindre conseil qui pourrait m’être utile pour toute ma vie.
On était nerveuse toutes les deux, et ironiquement même si on le savait on restait mutuellement dans un déni commun qui nous permettait de garder notre calme.
L’ambiance était tout autant tendue que nous, lourde et poisseuse elle s’alliait au silence assourdissant qui combiné aux sueurs froides qui coulaient dans mon dos rendait mon expérience de vol difficilement pédagogique…
Tentant de mettre mon agitation de côté je me concentre sur mon pilotage ; malgré mon malaise lié à notre situation clairement instable je commence à être plus à l’aise avec les commandes, associant les manœuvres que je découvre à mes souvenirs de co-pilote.
Le silence fût brisé par une voix singulière que je n’avais pas entendu depuis quelques temps :
« Vous avez une très mauvaise position de pilotage, mademoiselle Kran. »
Surprise, je fais volte-face et sourire aux lèvres pose mon regard sur l’amas métallique de pièces détachées qui désormais arborait un cadran à LED sur son « visage ».
Le cadran était fait de deux parties distinctes, et celle de gauche était vivement allumée, visiblement l’indicatif de l’identité actuelle du droïde.
Je pense à son commentaire, gentille intervention mais n’ayant jamais eu de cours de pilotage pour ce genre de vaisseaux je n’avais évidemment aucune idée de la position idéale que j’étais sensée avoir…
Avant même que je puisse répondre ma collègue s’en chargea :
« Lumière gauche allumée, c’est T-1-1-X. Enfin… normalement…
Et ne t’occupes pas de ce qu’il dit, on s’en fiche de ta position, on n’est pas dans un speeder !
-Ahah merci… Pour ta gouverne T-1 sache que je suis une pro du chasseur !
J’espère que t’auras l’occasion de parler avec Dath un jour tu verras il est peint en rouge, va super vite et il est trop sympa en plus ! »
Je lâche un dernier petit éclat de rire avant de clore la conversation avec le droïde, j’adore les machines c’est trop fun…
Je déglutis nerveusement, tentant malgré tout de rectifier ma position de pilotage nonobstant mes lacunes en termes de connaissances sur le sujet.
Et à nouveau, le silence revint. Gênant et omniprésent silence…
Ça n’aidait pas, vraiment pas ; je repense aux enfants de l’autre côté de la porte, comment se sentaient-ils ? Nerveux comme moi ? Excités par l’aventure ?
J’espère le second choix, je tiens à les laisser à l’écarts de nos inquiétudes actuelles, les laissant dans l’euphorie du moment et de la mission sans se préoccuper des détails techniques qui nous taraudaient actuellement…
« Tu… tu disais que tu n’avais pas construit ton sabre…. Qu’il était très vieux…
Tu l’as trouvé dans des ruines, c’est ça ?
Tu… tu crois que ça t’intéresserait d’en construire un ? Comme on va sur Ilum…
Pas forcément de remplacer le tien… Mais… en avoir un autre. En plus. A toi… »
Sa question piqua ma curiosité.
Déjà j’aime ce sujet, je suis contente qu’elle l’ai remarqué ahah ; parler de mes petites histoires Dathomiriennes était toujours plaisant !
En dehors de ça, je ne peux pas nier y avoir jamais pensé… j’ai toujours rêvé de me construire un sabre, cette étape de notre éducation m’avait toujours passionné ; et j’avais un peu jalousé les autres Padawans quand le moment fût venu pour eux.
Malgré tout ce sabre reste une de mes plus grande fierté, symbole clair de l’amour que ma famille, tant génétique que spirituelle, me portait ; et j’ai jamais vraiment osé en faire un autre pour cette attache émotionnelle là.
Même si bon, si on parle émotion la préservation du sabre reste ma priorité, et l’utiliser autant comme je le fais peut-être néfaste pour son intégrité…
Je réponds finalement en regardant Dalla :
« Ouais, ma mère l’a trouvé dans des ruines Jedi peut avant ma naissance.
Tu t’en rends compte, des ruines Jedi sur Dathomir ? Elles doivent être tellement vielles…
L’esprit qui lui a donné à dit que c’était destiné… à moi tadaam !
Me voilà 19ans plus tard avec cette petite merveille toujours attachée à ma ceinture, loin de chez moi certes mais ça crée un lien puissant que je chéris énormément.
Je repose mon regard sur ma conduite, continuant de parler légèrement, entretenant une atmosphère agréable.
Pour répondre à ta question… J’aimerais bien en avoir un a moi crée par mes soins, avec des matériaux que j’aime, et surtout à mes mesures, mais je sais pas vraiment si j’arriverais à passer le pas ; j’y suis tellement attachée…
Je marque une légère pose, quelques secondes à tout casser pour faire la transition entre les sujets :
Après si tu veux d’autres histoires Dathomiriennes de ouf, j’en ai un sacré tas !
Entre ma mère qui était une légende locale, les guerres de tribus de Sorcières, les pratiques magiques traditionnelles époustouflantes…
J’ai même été déclaré « Ennemie publique N°1 des tribus de Sorcières Traditionnelles Dathomirienne » par la meurtrière de ma mère c’est pour dire !
Dis-toi que même parmi les miens j’étais déjà réputée pour ma sale tête et mes caractéristiques étranges ; donc niveau discriminations en dehors de Dathomir je savais un temps soit peu à quoi m’attendre…
Bon un tout petit peu mais pas complètement quand même, je m’étais jamais attendu à ce que ça soit aussi… extrême… »
Je continue de raconter des petites anecdotes : sur ma vie sur Dathomir, mon arrivée chez les Jedi, mon enfance au Temple, mon éducation avec mon défunt Maître et à quel point il était extraordinaire…
Entre quelques mots et quelques sourires je lui demande :
« Et toi sinon ? Des trucs sympas à me raconter ? J’aimerais bien te connaître mieux… »
Les discussions va et viennent, et au bout d’un moment, l’ambiance redevins calme.
Dans le silence revenu, concentré à nouveau sur mon apprentissage de pilotage je revagabonde dans mes pensées :
Je repense finalement à sa proposition de tout à l’heure… Après tout n’ai-je pas toujours rêvé de construire un sabre de mes propres mains ?
Crée de pièces que je choisirais moi-même, adapté à mes mensurations, avec une deuxième lame peut-être même qui sait…
Je me perds dans mes rêveries, imaginant de quel couleur le nouveau cristal qui me trouvera pourrait bien être…
Quel sensations un manche lisse et neuf pourrait donner ? Le grip et le maniement ne seraient-ils pas meilleur avec une poignée neuve choisi par mes soins ?
Le bourdonnement de l’activation ferait-il un son nouveau, inédit ?
Oui certes, mais l’ancien propriétaire du mien ne risquerait pas de le prendre mal… ? Comme une trahison ou je ne sais quoi…
Si je pense rationnellement je ne pense pas qu’il le prendrait mal, mais sentimentalement c’est pas pareil ça crée une sorte de culpabilité qui me trouble…
Je réfléchis sûrement trop, ce cadeau était surtout symbolique, et vu son état il serait sûrement bien mieux préservé si j’arrêtais de l’utiliser, dans son état actuel il risquerait de se briser à tout moment malgré l’entretien difficile que je tente de faire.
Je brise le silence, et d’un coup d’un seul lâche ma réponse tardive :
« Tu sais quoi ? Je vais y réfléchir. Pour le sabre je veux dire…
J’ai d’ailleurs bien le temps d’y réfléchir pendant le trajet, je verrais sur Ilum avec l’atmosphère magique qui y règne je saurais quoi faire… »
Après ma dernière intervention, Dalla me propose quelque chose : faire un nouveau saut pour se rapprocher de Bellassa.
Ce à quoi je réponds favorablement, j’avais vraiment hâte de quitter le territoire Républicain moi aussi…
Même si j’avais peur de me rapprocher autant du Noyau Profond, fallait bien avancer pour arriver à bon port le plus tôt possible ; il en va de la sécurité des Padawans et ça c’est le plus important.
Je commence à visualiser les manœuvres que je dois faire, me préparer à bidouiller quelques commandes et chercher les coordonnées :
« C’est bon je suis prête, on y va ?
- Je te laisse rentrer les coordonnées du s… »
Mais évidemment, Dalla ne pût pas terminer sa phrase.
Elle fût interrompue par la même voix tintante et grésillante qui nous accompagnait depuis le début de notre voyage :
« Communication entrante. »
Alors pour le coup, je n’ai même pas eu le temps de commencer à paniquer, comme pour me rassurer dès l’appel Dalla prend la main :
« Pas de panique. Ça peut être n’importe quoi.
Ce à quoi je réponds en marmonnant nerveusement :
-Peut-être peut-être, mais j’ai un mauvais pressentiment… Attends deux secondes s’il te plaît… »
Je jette un coup d’œil aux commandes, dissipant tout doutes un écran indique bien en grandes lettres « Communication entrante » …
Bon sang, j’aurais jamais imaginé que ces deux pauvres mots pourraient déclencher un rollercoaster émotionnel aussi intense…
Je remets de l’ordre dans mes pensées, Dalla à raison, ça peut être n’importe quoi…
Mais pourquoi n’y crois-je pas ?
Je repense aux enfants à l’arrière, à nous deux aussi, à l’Ordre à laquelle on est rattaché… Toutes ces personnes à protéger…
Je me mets à imaginer le pire, ou bien à le sentir ? Est-ce dans ma tête ou bien un mauvais pressentiment ?... Impossible à dire…
Je passe mes mains dans mes cheveux, agrippant la base de mes cornes pour appliquer une pression sur mon crâne afin de garder la tête froide ; avant de finalement lâcher :
« Vas-y ouvre le canal… »
« Traqueur de Nuage ? Ici le Brentaal’s Pride, de la Marine républicaine. Pouvez-vous nous indiquer comment vous êtes entrés en possession de ce vaisseau ?
Parce que nos fichiers nous indiquent qu’il s’agit d’un vaisseau volé… »
Et merde, sur tout ce qui pouvait nous arriver il fallait que ce soit tomber sur la Marine Républicaine…
On a beau tenter de les fuir à travers tous les confins de la Galaxie ils nous tombent dessus dès qu’on met un pied en marge de Mimban, est-ce la poisse qui nous poursuit à ce point ?
Je mets la panique de côté, je n’ai pas le temps de m’inquiéter là.
Déjà j’ai deux informations à traiter : « Traqueur de Nuage » semble être le nom de notre vaisseau, fin en tout cas celui que ses anciens propriétaires lui ont donné ; c’est plutôt classe j’aime beaucoup mais il va falloir en trouver un autre...
Puis « Brentaal’s Pride » ça apparemment c’est eux, loin de chez eux certes avec un nom bien ambitieux d’ailleurs.
J’aurais dû appeler Dath « Dathomir’s Pride » pour me faire mousser, je pourrais taper des pics de vitesse librement en me prenant pour un grand pilote hah !
C’est drôle ça, techniquement je suis la meilleure pilote de Dathomir ; être la seule me donne cet avantage.
Bref, si je me refocus sur le sujet initial ça soulève un point franchement déplaisant :
Nan mais franchement, l’Ordre aurait pût faire un effort, vaisseau volé sérieusement !?
Dalla prend la situation en main, très bien même, mais je reste ici, les mains sur les commandes à imaginer toutes les situations qui pourraient découler de ce moment précis.
Elle m’a dit de me tenir prête à passer en vitesse lumière, ce que je fais.
Selon son brief, moi c’est Loona, originaire d’Iskalon ma mère m’a offert ce vaisseau pour ma majorité, et là on part ensemble en vacances pour Duro.
Déjà niveau itinéraire c’est parfaitement crédible, pour le reste maintenant je dois prendre la main.
Je me mets dans mon personnage, et de ma voix la plus innocente formelle possible je prends la transmission :
« Bonjour Brentaal’s Pride ici Loona Sybrid copilote, comme ma compagne vient de vous le signaler je suis la propriétaire de ce vaisseau depuis quelques jours maintenant ; le nom « Traqueur de Nuage » m’est inconnu je suis navré de ne pas pouvoir vous donner plus d’informations à propos de ses origines ; mes parents me l’ont offert récemment il doit probablement venir d’un marché d’Iskalon. Iskalon dont nous venons d’ailleurs de partir en direction de Duro pour des vacances. »
Je coupe mon micro, fière de ma performance, attendant la réponse de l’officière. J’en profite pour tenter de débriefer avec Dalla, je chuchote donc, légèrement sous-pression :
« Je vais pas remettre en cause tes choix de vacances ça reste un prétexte mais bon, vacances en amoureuses sur Duro ça passe tu crois ? »
Elle a dû saisir mon regard inquiet, me refocalisant sur la ligne grésillante encore ouverte du côté de la Marine ; après quelques « gzzz » « brrr » je réalise vite une chose : peut importe ce qu’ils doivent se dire de l’autre côté de la ligne je dois le savoir.
Je ne tiens pas à être surprise par leurs intentions plus tard.
Je me mets à réfléchir à voix haute pour communiquer mes inquiétudes et mes pensées à ma collègue :
« Ok, ils doivent être en train de vérifier leurs données sur le vaisseau et sur le nom que je leur ai donné ça doit leur prendre du temps, dans tous les cas, qu’ils se méfie de nous ou pas pour notre sécurité et celles des gosses de partir à la pêche aux infos.
Je plante mon regard déterminé dans celui de ma compère,
Prends les commandes et secoue-moi dès qu’ils répondent. »
Je n’ai pas le temps d’attendre sa réponse et ferme les yeux.
Je ne vais pas refaire un laïus sur la magie des Sorcières Dathomiriennes mais ça reste mon arme la plus aiguisée, et surtout celle en qui j’ai le plus foi ; sans réfléchir plus, je me fie à mon instinct et je plonge en état de méditation presque instantanément.
Mélangeant les techniques Jedi et Dathomiriennes, l’état dans lequel je tombe est différent de d’habitude, beaucoup plus sombre et tortueux, certes agréable pour mon esprit mais très différent des pratiques apprises au Temple.
Cela ferait trembler d’effroi n’importe quel craintif du « côté obscur » car malheureusement pour les adeptes de la lumière : la magie de mon peuple tombe sous cette ombrelle.
Ce mélange d’énergie unique me permet de me focaliser sur ma magie : décomposant mon être en plusieurs morceaux sombres et froids je laisse mon attention partir sous la forme d’un éclat, attiré par les énergies brutes, j’intègre la ligne des communications et je poursuis le canal qui relie notre vaisseau à la base de la Marine Républicaine.
Le trajet est étrange, voyager psychiquement à travers ces ondes est une sensation complètement nouvelle à laquelle je ne m’étais jamais exercée.
Je ne vois pas vraiment, mais peut aisément percevoir les énergies qui m’entourent ; me déplaçant très vite suivant la ligne jusqu’à son terme, je ressens avec joie la présence unique des astres et du vide spatial dans lequel je flotte.
Dans ce qui me parait à la fois une fraction de seconde et une éternité, je termine mon voyage en débarquant dans la station.
Ayant enfin atteint le bout du fil, je tombe directement dans le centre de communication, face à moi ce trouve trois opérateurs dans mon champ de perception : un d’entre eux est apparemment focalisé sur son travail à l’autre bout de la pièce, mais les deux autres sont visiblement ceux avec lesquels nous conversion.
Comme distordue à travers un filtre, je perçois leur voix à travers mes ténèbres et arrive en plein milieu de conversation :
« Ça n’a pas de sens Reej écoute moi… Pourquoi n’auraient-elles pas pris la passe Corellienne directement jusqu’à Duro si elles viennent d’Iskalon ?
Une voix grave lasse et fatiguée répond à la femme :
-Je sais pas, je saurais pas te trouver d’excuses valables…
Mais tu sais les gens ne sont pas toujours logiques, c’est des petites jeunes elles voulaient peut-être partir en exploration où je ne sais quoi.
-Pfff franchement je le sens pas.
Dans tous les cas, que ce qu’elles disent sois vrai ou faux elles ne peuvent pas circuler comme ça avec un vaisseau toujours renseigné officiellement comme volé, ça leur attirerait des ennuis partout…
Bon, fait moi confiance je veux juste être sûre qu’il n’y ai pas de problème, ça reste notre taff avant tout.
On les fait venir pour vérifier si tout va bien et si c’est le cas on les aide à mettre leurs données à jour, ça te va ?
-Bon… D’accord si ça te fait plaisir… Je comprends juste pas pourquoi tu fais tant de cinéma juste pour UN vaisseau mal renseigné ça arrive tout le temps dans le coin…
-Ai confiance en mon instinct tu veux bien ?
Elle marque une pause, puis :
-KARL !
Même en étant aussi loin de mon corps je me sens frissonner de l’avoir entendu hurler de la sorte…
Le troisième homme au fond de la salle se retourne brusquement, lui-même surpris :
-Quoi ??
-J’ai besoin de toi pour vérifier une identité, maintenant tout de suite ça urge.
-Je suis occupé là, mais vas-y si ça urge dis-moi ?
-Loona Sybrid, d’Iskalon.
Après un court silence, le dénommé Karl répond :
-Alors j’ai un Vahr Sybrid mais d’Ord Pardron pas d’Iskalon…
La femme, triomphante, retourne vers son collègue initial :
-Je te l’avais dit !
-Mais non, ne saute pas directement aux conclusions… Ça doit être son père…
Elles t’ont dit qu’elles venaient de partir d’Iskalon, elles peuvent être d’Ord Pardron c’est littéralement à côté…
-Bon, peut m’importe, je reprends la transmission, autant vérifier tout ça sur place ça vaudra mieux. »
Sur ces mots, je fais demi-tour le plus vite possible et retourne au vaisseau.
Je reprends contrôle de mon corps avant même les secousses de Dalla, puis la voix de l’opératrice se fait à nouveau entendre :
« Très bien mademoiselle Sybrid, étant donné que selon vos dires nos données ne correspondent pas avec la carte actuelle du véhicule, il me semble urgent pour vous de remettre à jour les papiers de votre vaisseau si vous ne voulez pas vous faire arrêter de la même manière dès que vous emprunteriez des routes Républicaines.
Vous venez de repasser en territoire Républicains donc nous sommes sûrement les premiers à vous avoir interpellé ; pour vous éviter d’autres gênes de ce genre je vous invite à vous arrêter sur notre base la plus proche pour entamer les formalités.
Elle se situe aux abords de la lune minière de Mimban, je vous transmets les coordonnées. »
Sans hésitations, je sais très bien quoi lui dire et je me remets dans mon personnage :
« Merci pour votre bienveillance mais ne vous en faites pas, on a déjà pris rendez-vous pour les formalités à notre retour d’ici une semaine.
Je viens de passer la majorité donc tous les papiers sont au nom de mon père on doit attendre notre retour à la maison sur Ord Pardron pour voir notre garagiste et changer tout ça excusez-nous pour la méprise… »
Je sens le doute flotter dans son silence, et décide d’attendre sa prochaine question pour l’achever directement :
-Si les documents sont au nom de votre père il va juste me falloir son nom pour vérifier si le permis est à jour… Vous venez d’Iskalon donc ?
Ahah elle veut me piéger, mais quelle naïvetée…
C’est avec un large sourire aux lèvres qui laissent bien dépasser mes canines prohéminentes que je réponds :
-Non non de Ord Pardron, son nom c’est Vahr Sybrid, V A H R, S Y B R I D.
Et c’est à ce moment que ma victoire c’est décidé ! Là quand j’ai entendu son tout dégouté petit :
-Oh…
Et c’est après un long silence dans lequel je reprends les commandes en main qu’elle me répond finalement :
« Vous pouvez y aller Mademoiselle Sybrid tout est bon, mais ne tardez pas trop à refaire les papiers du véhicule ce serait plus prudent, bonne journée.
-Merci beaucoup à vous pour votre aide et pour votre compréhension, passez bonne journée également. »
Triomphante, le sourire au lèvres et fière de ma performance, je me retourne vers Dalla et lui dit :
« Alors on le fait ce saut pour Bellassa ? »
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Ven 13 Oct 2023 - 21:06
-Dath ? C’est… un droïde ? interrogea Dalla, même si elle avait l’impression que ce n’était pas cela.
-Ton sabre était gardé par un esprit ? C’est… comment ça ? Je… Je ne savais pas que ce genre de choses existaient !
Elle fut tentée de faire une petite remarque sur Dathomir et ses étrangetés, mais elle avait peur que ce soit un peu tôt pour plaisanter de cela, après son comportement lors de leur rencontre.
-Tu sais dans quelles circonstances le sabre s’est retrouvé là-bas ? Et… ce que ce Temple faisait sur Dathomir ? Enfin, je veux dire… Tu connais l’histoire de ce temple ?
Elle trouvait incroyable que Kranyya soit ainsi liée à un Temple. A sa place, elle aurait cherché à tout savoir de l’histoire du lieu, de l’esprit… Mais, ce n’était peut-être pas évident, quand il était question d’une planète comme Dathomir… Kranyya y était-elle jamais retournée ? Dalla n’avait pas remis les pieds sur Ryloth depuis presque 20 ans, et pourtant, c’était une planète de la République, pas de l’Empire…
Dalla hocha la tête. Elle comprenait mieux l’attachement de Kranyya à son sabre, maintenant qu’elle en connaissait l’histoire.
-Ce n’est pas n’importe quel sabre, effectivement…
Elle se sentait un peu mal à l’aise, sans savoir pourquoi. Comme Kranyya était silencieuse quelques instants, les yeux sur l’espace devant elles et les commandes, Dalla essaya de creuser en elle pour comprendre d’où venait ce malaise…
Il y avait bien sûr l’étape importante de fabriquer son sabre, pour apprendre à se connaître soi-même, mais Dalla était bien placée pour savoir que cela n’était pas forcément vital pour tous les padawans…
Mais ce sabre… un sabre qui avait dû appartenir à quelqu’un d’autre. En soit, reprendre le sabre d’un proche était une pratique qui existait… Cependant… C’était généralement un deuxième sabre, en plus du sien, qui marquait une évolution, un moment de deuil qui avait fait grandir. C’était généralement le sabre de quelqu’un dont on portait déjà la trace en soi. Un.e maître, un.e ami.e…
Dalla essaya de ne pas se demander où se trouvait le sabre de Larna, aujourd’hui…
Kranyya devait porter un sabre bien lourd de sens, un sens dont elle ne connaissait pas forcément encore toute l’ampleur, un sabre bien plus vieux qu’elle, qui était si jeune (ça y est, je pense comme une vieille, songea Dalla). Un sabre plus vieux, peut-être, que tous les jedi qui vivaient encore, même Maître Don. Si Maître Don était encore vivant…
C’était un fardeau bien lourd…
Elle fut tirée de ses réflexions par la remarque suivante de Kranyya.
-Waouh ! lâcha Dalla.
Mais sa consœur n’avait pas fini.
-Je suis… vraiment désolée, murmura-t-elle finalement. Je… je sais que les enfants, padawans ou pas, peuvent être méchants… et les adultes aussi, soupira-t-elle, consciente que ses joues et ses lekkus avaient probablement virés au violet. La différence fait peur, l’inconnu, ce qu’on ne comprend pas… Et puis, on entend tellement d’histoires sur Dathomir… Petite j’étais convaincue que c’était l’un de ces lieux habités par le côté obscur… Pas une planète avec des habitants, une vie, une culture… Je… Je crois que j’ai été assez bête. Je veux dire, je sais que j’ai été assez bête et je suis… vraiment désolée si… si je t’ai blessée… à un moment ou à un autre…
Elle déglutit en se passant une main sur les lekkus.
-Je serais ravie d’en apprendre plus sur ta planète et sa culture !
Ce qui était complètement vrai. Elle s’était toujours intéressée aux cultures galactiques, à l’histoire des différentes sociétés et à leurs fonctionnements, tant politiques que culturels ou sociaux… bon, pas trop le fonctionnement économique par contre…
-Et… il va falloir que tu me racontes tout ça… La meurtrière de ta mère ? C’est… c’est… Attends, tu as été ennemi public numéro 1 ? Ta vie a l’air digne d’un holoroman !
Dalla écouta avec attention, jetant simplement un rapide coup d’œil au tableau de bord quand quelque chose carillonnait avec trop d’insistance.
-Tu es… une sorte de miraculée, alors ! C’est… c’est incroyable… La Force doit être tellement présente dans ce Temple !
Elle resta silencieuse quelques instants, encore imprégnée de tout ce que lui avait raconté Kranyya. Elle essaya de se rappeler son arrivée au Temple. Dalla avait dans les 13 ans à l’époque. Elle ne se rappelait plus très bien la première fois qu’elle avait rencontrée la dathomirienne. Mais elle n’avait jamais imaginé que la petite padawan ait pu traverser toutes ces choses…
-Tu… Tu n’es jamais retournée là-bas, alors ? Je veux dire, c’est normal, pour les jedi, de ne pas retourner dans leur famille, mais… Cette Oona a l’air… dangereuse. Pour ton peuple, je veux dire. Le Conseil n’a rien fait… à son sujet ?
Dalla n’osa pas poser des questions sur le père de Kranyya, ce Tegume qui avait envoyé sa fille au Temple, pour respecter le souhait de sa défunte épouse. Qui était resté seul pour diriger son clan, pour affronter la meurtrière de sa femme…
Les relations des jedi avec leurs familles étaient toujours compliquées. Dalla n’avait pas revu ses parents depuis des années, elle n’avait aucune idée de comment ils allaient… ni surtout de ce qu’ils pensaient de la Diaspora Jedi.
Elle ne savait pas où en était Kranyya vis-à-vis de son père, et ne voulait pas mettre sa consœur mal à l’aise. Elle opta donc pour une question moins personnelle :
-Alors… les clans de Dathomir sont un peu des sortes de matriarcat ? C’est assez rare, finalement, dans la Galaxie… C’est… Mais, tu n’as pas trop connu cela, en fait. Tes parents… C’est incroyable ce qu’ils ont fait… Tu connais la dialectique du maître et du valet ? Le dominé qui devient dominant. Mais ta mère a réussi à dépasser cela ! Elle a accordé l’égalité à ceux qu’elle dominait… C’est… C’est incroyable ! Elle… elle devait être une femme remarquable…
Dalla s’interrompit, ne voulant pas troubler Kranyya. Ce n’était vraiment pas le moment… Ce serait bientôt le moment de repasser en vitesse lumière… avant d’affronter le Noyau. Elles avaient besoin d’être concentrées…
-Oh, moi, ma vie a été beaucoup plus… banale ! Je suis née sur Ryloth, ma mère est libraire et mon père vétérinaire… Ils sont tous les deux bien vivants – à ce que j’en sais en tout cas. Personne n’a jamais cherché à les tuer ou à les maudire…
J’ai une sœur aussi. On est jumelles. Elle est danseuse. Enfin, elle l’était. Elle s’est mariée, et son mari veut qu’elle arrête. Il est… très loin du matriarcat, dirons-nous… J’ai un frère aussi. Il voyage beaucoup… J’étais un peu plus jeune que tu ne l’étais quand je suis arrivée au Temple. Au Temple d’Ondéron, d’ailleurs. Celui de Coruscant n’était pas encore ouvert aux padawans, à cette époque…
Elle eut un petit rire.
-De mon temps !
Elle secoua la tête.
-Mais je suis allée vivre sur Coruscant quand ça a été possible. J’ai… participé à plusieurs batailles. Enfin, pas vraiment des batailles… J’étais… en périphérie des conflits… J’ai même été capturée par l’Empire, une fois ! C’est comme cela que j’ai rencontré ma maître, Larna. C’est elle qui m’a libérée.
Les yeux de Dalla brillaient quand elle parlait de Larna. Rester concentrées, avait-elle dit...
-Elle est… elle est morte maintenant… Pendant la Diaspora. Après ça, j’ai… Je me suis cachée chez ma sœur. Pendant plusieurs années. Puis, j’ai entendu parler de l’enclave sur Tatooine, et je suis venue. On m’a accordé le statut de chevalière, et j’ai cherché à me rendre utile… C’est comme ça que je me suis retrouvée à corriger 51 copies de huttese… Et à t’accompagner sur Ilum.
Elle sourit à Kranyya.
-Rien d’aussi romanesque que toi…
Dalla se concentra sur les commandes de l’hyperdrive le temps que son cœur ralentisse et que ses yeux soient bien secs. Elle passa machinalement la main sur son omoplate droite. Là où les initiales de Larna s’étendaient en lettres noires.
« Tu sais quoi ? Je vais y réfléchir. Pour le sabre je veux dire…
Dalla sourit.
-Oui. Ilum est un lieu propice à l’introspection et à la réflexion. Quel que soit notre âge…
Dalla ne se laissa pas le temps d’imaginer ce qu’elle ferait elle-même, une fois arrivée sur Ilum. Il était temps de faire le saut vers Bellassa. Mais les choses ne se passèrent pas du tout comme prévu.
Kranyya réagit avec beaucoup d’aplomb et de naturel.
Dalla sentait son cœur battre dans sa poitrine, son sang frémir dans ses veines. La réponse des républicains tardaient, et elle se demandait si leur histoire tenait debout. Elle essaya de se concentrer sur ce que disait Kranyya. Partir à la pêche aux infos.
Ok.
Quoi ?
Comment ?
Elle obéit machinalement à Kranyya, prit les commandes, en fixant la dathomirienne.
Et se sentait complètement dépassée.
Kranyya avait les yeux fermés, elle était parfaitement immobile, mais Dalla sentait la Force tourbillonner en elle. C’était un peu comme de la méditation, mais en plus… musclé.
Était-ce une technique dathomirienne ?
Était-ce raciste de se poser cette question ?
Et surtout, que mijotait Kranyya ?
Dalla se sentait tendue comme un fil de valacorde. Elle sentait la Force irradier autour de Kranyya, bien plus fermement, en ce moment, qu’autour d’elle-même.
Elle se sentait submergée par ce qu’elle entr’apercevait chez sa comparse. Son esprit refusait de voir plus loin que le cockpit et les commandes. Sa perception de la Force était focalisée sur Kranyya.
Elle fut soulagée quand celle-ci rouvrit les yeux, une fraction de seconde avant que la transmission reprenne.
Dalla assista, muette et stupéfaite, au dialogue entre l’officière républicaine et la jedi.
« Alors on le fait ce saut pour Bellassa ? »
Dalla réalisa qu’elle avait la bouche ouverte.
Elle ferma la bouche et hocha la tête.
Kranyya lança le saut qu’elle avait programmé, et Dalla reprit un peu contenance.
-Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui vient de se passer ? Comment ? Comment tu l’as convaincue de nous laisser partir ? Je nous voyais déjà fusillées ! C’est… C’était un mindtrick ? D’un vaisseau à l’autre ?
Cela semblait impossible, surtout de la part d’une jedi aussi jeune, mais après ce que Kranyya venait de lui raconter sur ses parents et son sabre…
Ce nouveau saut n’était pas très long. Un petit quart d’heure avant leur arrivée à la limite du Noyau profond, Dalla se leva en s’étirant.
-Petite pause avant de passer à la partie la plus compliquée. Il nous faudra toute notre attention et notre énergie. Je vais prendre les commandes, et toi, tu vas te concentrer sur la Force. Je… J’ai fait ça plusieurs fois avec Larna, je t’expliquerai. Mais là, j’ai besoin d’une pause.
Besoin de faire pipi, de méditer 5 minutes.
D’aller voir les petits, aussi, pour le demander d’être bien calmes pendant l’heure qui allait venir. Elles auraient besoin de se concentrer sur l’espace et ses débris, il ne faudrait surtout pas qu’un élément à l’intérieur du vaisseau vienne les perturber.
Elle jeta un œil aux droïdes.
-Je vais noter quel voyant correspond à qui, aussi, ce sera fait. Avant qu’on oublie…
Elle se dirigea vers l’arrière, où les petits travaillaient sagement. Sauf Opree, qui guettait visiblement la porte avant même que Dalla l’ouvre.
-Les méchants sont partis ? chuchota-t-elle.
Dalla soupira. S’occuper d’enfants sensibles à la Force n’était pas toujours évident… Elle l’avait constaté quand elle leur avait fait cours quelques temps. Ils savaient quelques secondes avant qu’elle le fasse où elle allait regarder, et s’arrangeaient pour qu’elle ne le prenne pas à bavarder.
D’ailleurs, elle avait fait la même chose pendant des années.
-Oui, Opree, ne t’en fais pas, la chevalière Nekro les a fait battre en retraite.
Les 5 autres apprentis la regardaient, maintenant.
-Nous approchons du Noyau profond, déclara-t-elle de sa voix la plus ferme. La chevalière Nekro et moi-même allons avoir besoin de nous concentrer. Je vais donc vous demander de rester très calme jusqu’à ce que nous soyons passés de l’autre côté. D’accord ?
Kodi, Mosroka et Opree hochaient déjà la tête, quand Loona prit la parole :
-Je croyais que je pourrais piloter ?
-Pas dans le Noyau profond, Loona. Tu piloteras après, quand nous serons de l’autre côté.
La jeune twi’lek fit la moue.
-Vous avez besoin d’aide ? interrogea Xoraae.
Dalla fixa un instant ses yeux brillants, si déconcertants.
-Non… ça… ça devrait aller. Merci. Restez simplement bien calmes.
Elle passa ensuite rapidement au refresher. Elle inspira et expira à fond, le regard planté dans son reflet.
Elle se sentait troublée par la question de Xoraae. Quand Larna lui avait parlé de cette méthode de pilotage, en lien avec la Force, elle lui avait expliqué que certains peuples la pratiquaient depuis de nombreuses années. En en parlant, tout à l’heure, avec Kranyya, l’image du chiss lui était venue en tête. Était-ce un pressentiment ? Devraient-elles demander aux padawans les plus âgés de les soutenir ?
Son premier mouvement avait été de protéger ses cadets. Mais leur échange avec le vaisseau républicain lui avait prouvé que la plus âgée n’était pas toujours la plus efficace…
Dalla libéra le refresher et retourna s’installer dans le cockpit. Elle s’installa dans le fauteuil du pilote, inspira et expira à nouveau profondément, et se mit en état de transe.
Méditer était un exercice qu’elle avait toujours plutôt apprécié. Plus que l’entraînement au sabre, par exemple.
Mais depuis la mort de Larna, c’était devenu pour elle un exercice extrêmement important. Surtout, à vivre dans une colocation avec 4 ou 5 autres filles, elle avait appris à entrer vite en état de méditation, et à maintenir un état de transe qui lui faisait du bien, même quand elle était dérangée au bout de quelques minutes par un bruit, un rire, ou un « Dalla, t’as pas vu mon soutif ? Celui avec la dentelle noire, qui me donne des pourboires de malade ? ».
Aussi, quand elle fut tirée de sa transe par le retour de Kranyya dans le cockpit, elle se sentait déjà un peu rassérénée.
-Ma maître appelait la technique que nous allons utiliser le pilotage éveillé. On peut le pratiquer seul, mais c’est plus sûr à deux. L’une pilote, et l’autre se projette dans la Force, pour ressentir et prévoir ce qui est autour de nous, et surtout ce qui sera autour de nous. J’ai plusieurs fois utilisé cette technique avec ma Maître sur des champs de batailles spatiales, ou près de champs d’astéroïdes. Je sais qu'elle l'a aussi utilisée dans le Noyau profond, mais c'était avant que je devienne son apprentie.
Sauf qu’à chaque fois, c’était Larna qui conduisait, et elle qui guettait. Leur lien faisait que Larna sentait tout de suite quand elle devait modifier sa course, et elle avait suffisamment de réflexe pour le faire.
Dalla ne pouvait qu’espérer ressentir suffisamment tôt les avertissements de Kranyya.
-Je vais me mettre aux commandes, et je pense que l’idéal serait que tu mettes une main sur mon épaule, ou… comme tu veux, mais… un contact physique devrait nous aider à renforcer notre lien et notre efficacité…
Dalla marqua une petite pause.
-Tu… tu crois qu’on devrait demander à Loona et Xoraae de nous assister ?
L’avis de Kranyya lui serait précieux.
-Je vais aussi regarder le manifeste du vaisseau. C’est bizarre que le Conseil ne nous ait pas prévenu que le vaisseau avait été volé !
Elle joignit le geste à la parole et parcourut le document qui lui avait été envoyé en même temps que son ordre de mission.
-Ah, nous avons récupéré le Traqueur de Nuages dans une casse jawa. Tout son historique avait été effacé… Quelqu’un au hangar n’a pas fait son boulot de recherche.
Elle songea à ses condisciples, dans les couloirs étroits du Temple.
-Ou plus vraisemblablement, il n’y avait pas assez de monde pour faire le boulot de recherche…
La capitaine de vaisseau Beyrbr Celchu-Saro observait gravement sa subordonnée.
-Vous trouvez que cette Mademoiselle Sybrid est suspecte, lieutenante ?
-Et bien, le lieutenant Redmund n’a rien trouvé qui contredise ce qu’elle nous a dit, mais…
-Votre instinct vous alerte ?
La lieutenante Klarysse Mercui rougit.
-Pas mon instinct, mais…
Elle se redressa.
-L’expérience…
Beyrbr encaissa sans rien dire. Elle comprenait que son officière comm soit réticente à parler d’instinct, vue la chasse aux sorcières lancées depuis cinq ans sur tous ceux ou celles qui faisaient des choses inexplicables par la raison. Mais elle comprenait aussi que parler d’expérience était un moyen de remettre son autorité en question.
Klarysse Mercui avait dix ans de plus que Beyrbr, et deux rangs de moins. Elle faisait partie de ceux qui avaient vu d’un mauvais œil qu’on attribue à un si jeune officier le commandement de son vaisseau. Beyrbr savait bien ce qui se disait dans son dos. Népotisme, petite fille à sa mamie…
Bien sûr, le nom de sa grand-mère apparaissait sur toutes les capsules de sauvetage et les extincteurs, suite au contrat Sécurité que les chantiers navals Saro avaient passé avec la République. Mais ses états de service parlaient pour elle. Elle était une bonne officière et avait mérité sa promotion. Elle n’avait rien à prouver.
-Je vous remercie, lieutenante, de me faire part de vos doutes et de me faire bénéficier de votre expérience.
Un « bonne remarque » aurait pu être perçu comme condescendant.
-Vous allez signaler ce vaisseau à la base de Mimban.
-Elle nous a déjà dit que…
-Dites-leur que ce vaisseau a été signalé sur notre positon, et que s’il est repéré en dehors du trajet Duro-Ord Pardron, il convient de l’arraisonner immédiatement.
Les épaules de la lieutenante Mercui se détendirent légèrement.
-Signalez également que si aucune base n’a été sollicitée dans les sept prochains jours standards pour régler cette affaire, il faudra passer le Traqueur de Nuages sur la liste des recherches prioritaires.
-Bien, Madame.
-Demandez également au lieutenant Parmundi de contacter ce monsieur… Sybrid, sur Ord Pardron. Il faut lui signifier que le vaisseau de sa fille doit être soumis à vérification sur une base républicaine dans les plus brefs délais. Enfin, contactez le propriétaire légal du Traqueur de Nuages, pour l’informer que son vaisseau a été localisé près de Mimban.
-Vous voulez impliquer un civil ?
-Un propriétaire volé, motivé par son intérêt personnel, est susceptible de récolter des informations précieuses pour nos services. Cela peut nous économiser une dépense de ressources.
-Bien, Madame.
-Encore une fois, merci, lieutenante Mercui. Vous pouvez disposer.
Elle retourna à son écran de données tactiques. Elle avait des contrebandiers nanth’riens à traquer.
-Ton sabre était gardé par un esprit ? C’est… comment ça ? Je… Je ne savais pas que ce genre de choses existaient !
Elle fut tentée de faire une petite remarque sur Dathomir et ses étrangetés, mais elle avait peur que ce soit un peu tôt pour plaisanter de cela, après son comportement lors de leur rencontre.
-Tu sais dans quelles circonstances le sabre s’est retrouvé là-bas ? Et… ce que ce Temple faisait sur Dathomir ? Enfin, je veux dire… Tu connais l’histoire de ce temple ?
Elle trouvait incroyable que Kranyya soit ainsi liée à un Temple. A sa place, elle aurait cherché à tout savoir de l’histoire du lieu, de l’esprit… Mais, ce n’était peut-être pas évident, quand il était question d’une planète comme Dathomir… Kranyya y était-elle jamais retournée ? Dalla n’avait pas remis les pieds sur Ryloth depuis presque 20 ans, et pourtant, c’était une planète de la République, pas de l’Empire…
Dalla hocha la tête. Elle comprenait mieux l’attachement de Kranyya à son sabre, maintenant qu’elle en connaissait l’histoire.
-Ce n’est pas n’importe quel sabre, effectivement…
Elle se sentait un peu mal à l’aise, sans savoir pourquoi. Comme Kranyya était silencieuse quelques instants, les yeux sur l’espace devant elles et les commandes, Dalla essaya de creuser en elle pour comprendre d’où venait ce malaise…
Il y avait bien sûr l’étape importante de fabriquer son sabre, pour apprendre à se connaître soi-même, mais Dalla était bien placée pour savoir que cela n’était pas forcément vital pour tous les padawans…
Mais ce sabre… un sabre qui avait dû appartenir à quelqu’un d’autre. En soit, reprendre le sabre d’un proche était une pratique qui existait… Cependant… C’était généralement un deuxième sabre, en plus du sien, qui marquait une évolution, un moment de deuil qui avait fait grandir. C’était généralement le sabre de quelqu’un dont on portait déjà la trace en soi. Un.e maître, un.e ami.e…
Dalla essaya de ne pas se demander où se trouvait le sabre de Larna, aujourd’hui…
Kranyya devait porter un sabre bien lourd de sens, un sens dont elle ne connaissait pas forcément encore toute l’ampleur, un sabre bien plus vieux qu’elle, qui était si jeune (ça y est, je pense comme une vieille, songea Dalla). Un sabre plus vieux, peut-être, que tous les jedi qui vivaient encore, même Maître Don. Si Maître Don était encore vivant…
C’était un fardeau bien lourd…
Elle fut tirée de ses réflexions par la remarque suivante de Kranyya.
-Waouh ! lâcha Dalla.
Mais sa consœur n’avait pas fini.
-Je suis… vraiment désolée, murmura-t-elle finalement. Je… je sais que les enfants, padawans ou pas, peuvent être méchants… et les adultes aussi, soupira-t-elle, consciente que ses joues et ses lekkus avaient probablement virés au violet. La différence fait peur, l’inconnu, ce qu’on ne comprend pas… Et puis, on entend tellement d’histoires sur Dathomir… Petite j’étais convaincue que c’était l’un de ces lieux habités par le côté obscur… Pas une planète avec des habitants, une vie, une culture… Je… Je crois que j’ai été assez bête. Je veux dire, je sais que j’ai été assez bête et je suis… vraiment désolée si… si je t’ai blessée… à un moment ou à un autre…
Elle déglutit en se passant une main sur les lekkus.
-Je serais ravie d’en apprendre plus sur ta planète et sa culture !
Ce qui était complètement vrai. Elle s’était toujours intéressée aux cultures galactiques, à l’histoire des différentes sociétés et à leurs fonctionnements, tant politiques que culturels ou sociaux… bon, pas trop le fonctionnement économique par contre…
-Et… il va falloir que tu me racontes tout ça… La meurtrière de ta mère ? C’est… c’est… Attends, tu as été ennemi public numéro 1 ? Ta vie a l’air digne d’un holoroman !
Dalla écouta avec attention, jetant simplement un rapide coup d’œil au tableau de bord quand quelque chose carillonnait avec trop d’insistance.
-Tu es… une sorte de miraculée, alors ! C’est… c’est incroyable… La Force doit être tellement présente dans ce Temple !
Elle resta silencieuse quelques instants, encore imprégnée de tout ce que lui avait raconté Kranyya. Elle essaya de se rappeler son arrivée au Temple. Dalla avait dans les 13 ans à l’époque. Elle ne se rappelait plus très bien la première fois qu’elle avait rencontrée la dathomirienne. Mais elle n’avait jamais imaginé que la petite padawan ait pu traverser toutes ces choses…
-Tu… Tu n’es jamais retournée là-bas, alors ? Je veux dire, c’est normal, pour les jedi, de ne pas retourner dans leur famille, mais… Cette Oona a l’air… dangereuse. Pour ton peuple, je veux dire. Le Conseil n’a rien fait… à son sujet ?
Dalla n’osa pas poser des questions sur le père de Kranyya, ce Tegume qui avait envoyé sa fille au Temple, pour respecter le souhait de sa défunte épouse. Qui était resté seul pour diriger son clan, pour affronter la meurtrière de sa femme…
Les relations des jedi avec leurs familles étaient toujours compliquées. Dalla n’avait pas revu ses parents depuis des années, elle n’avait aucune idée de comment ils allaient… ni surtout de ce qu’ils pensaient de la Diaspora Jedi.
Elle ne savait pas où en était Kranyya vis-à-vis de son père, et ne voulait pas mettre sa consœur mal à l’aise. Elle opta donc pour une question moins personnelle :
-Alors… les clans de Dathomir sont un peu des sortes de matriarcat ? C’est assez rare, finalement, dans la Galaxie… C’est… Mais, tu n’as pas trop connu cela, en fait. Tes parents… C’est incroyable ce qu’ils ont fait… Tu connais la dialectique du maître et du valet ? Le dominé qui devient dominant. Mais ta mère a réussi à dépasser cela ! Elle a accordé l’égalité à ceux qu’elle dominait… C’est… C’est incroyable ! Elle… elle devait être une femme remarquable…
Dalla s’interrompit, ne voulant pas troubler Kranyya. Ce n’était vraiment pas le moment… Ce serait bientôt le moment de repasser en vitesse lumière… avant d’affronter le Noyau. Elles avaient besoin d’être concentrées…
-Oh, moi, ma vie a été beaucoup plus… banale ! Je suis née sur Ryloth, ma mère est libraire et mon père vétérinaire… Ils sont tous les deux bien vivants – à ce que j’en sais en tout cas. Personne n’a jamais cherché à les tuer ou à les maudire…
J’ai une sœur aussi. On est jumelles. Elle est danseuse. Enfin, elle l’était. Elle s’est mariée, et son mari veut qu’elle arrête. Il est… très loin du matriarcat, dirons-nous… J’ai un frère aussi. Il voyage beaucoup… J’étais un peu plus jeune que tu ne l’étais quand je suis arrivée au Temple. Au Temple d’Ondéron, d’ailleurs. Celui de Coruscant n’était pas encore ouvert aux padawans, à cette époque…
Elle eut un petit rire.
-De mon temps !
Elle secoua la tête.
-Mais je suis allée vivre sur Coruscant quand ça a été possible. J’ai… participé à plusieurs batailles. Enfin, pas vraiment des batailles… J’étais… en périphérie des conflits… J’ai même été capturée par l’Empire, une fois ! C’est comme cela que j’ai rencontré ma maître, Larna. C’est elle qui m’a libérée.
Les yeux de Dalla brillaient quand elle parlait de Larna. Rester concentrées, avait-elle dit...
-Elle est… elle est morte maintenant… Pendant la Diaspora. Après ça, j’ai… Je me suis cachée chez ma sœur. Pendant plusieurs années. Puis, j’ai entendu parler de l’enclave sur Tatooine, et je suis venue. On m’a accordé le statut de chevalière, et j’ai cherché à me rendre utile… C’est comme ça que je me suis retrouvée à corriger 51 copies de huttese… Et à t’accompagner sur Ilum.
Elle sourit à Kranyya.
-Rien d’aussi romanesque que toi…
Dalla se concentra sur les commandes de l’hyperdrive le temps que son cœur ralentisse et que ses yeux soient bien secs. Elle passa machinalement la main sur son omoplate droite. Là où les initiales de Larna s’étendaient en lettres noires.
« Tu sais quoi ? Je vais y réfléchir. Pour le sabre je veux dire…
Dalla sourit.
-Oui. Ilum est un lieu propice à l’introspection et à la réflexion. Quel que soit notre âge…
Dalla ne se laissa pas le temps d’imaginer ce qu’elle ferait elle-même, une fois arrivée sur Ilum. Il était temps de faire le saut vers Bellassa. Mais les choses ne se passèrent pas du tout comme prévu.
Kranyya réagit avec beaucoup d’aplomb et de naturel.
Dalla sentait son cœur battre dans sa poitrine, son sang frémir dans ses veines. La réponse des républicains tardaient, et elle se demandait si leur histoire tenait debout. Elle essaya de se concentrer sur ce que disait Kranyya. Partir à la pêche aux infos.
Ok.
Quoi ?
Comment ?
Elle obéit machinalement à Kranyya, prit les commandes, en fixant la dathomirienne.
Et se sentait complètement dépassée.
Kranyya avait les yeux fermés, elle était parfaitement immobile, mais Dalla sentait la Force tourbillonner en elle. C’était un peu comme de la méditation, mais en plus… musclé.
Était-ce une technique dathomirienne ?
Était-ce raciste de se poser cette question ?
Et surtout, que mijotait Kranyya ?
Dalla se sentait tendue comme un fil de valacorde. Elle sentait la Force irradier autour de Kranyya, bien plus fermement, en ce moment, qu’autour d’elle-même.
Elle se sentait submergée par ce qu’elle entr’apercevait chez sa comparse. Son esprit refusait de voir plus loin que le cockpit et les commandes. Sa perception de la Force était focalisée sur Kranyya.
Elle fut soulagée quand celle-ci rouvrit les yeux, une fraction de seconde avant que la transmission reprenne.
Dalla assista, muette et stupéfaite, au dialogue entre l’officière républicaine et la jedi.
« Alors on le fait ce saut pour Bellassa ? »
Dalla réalisa qu’elle avait la bouche ouverte.
Elle ferma la bouche et hocha la tête.
Kranyya lança le saut qu’elle avait programmé, et Dalla reprit un peu contenance.
-Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui vient de se passer ? Comment ? Comment tu l’as convaincue de nous laisser partir ? Je nous voyais déjà fusillées ! C’est… C’était un mindtrick ? D’un vaisseau à l’autre ?
Cela semblait impossible, surtout de la part d’une jedi aussi jeune, mais après ce que Kranyya venait de lui raconter sur ses parents et son sabre…
Ce nouveau saut n’était pas très long. Un petit quart d’heure avant leur arrivée à la limite du Noyau profond, Dalla se leva en s’étirant.
-Petite pause avant de passer à la partie la plus compliquée. Il nous faudra toute notre attention et notre énergie. Je vais prendre les commandes, et toi, tu vas te concentrer sur la Force. Je… J’ai fait ça plusieurs fois avec Larna, je t’expliquerai. Mais là, j’ai besoin d’une pause.
Besoin de faire pipi, de méditer 5 minutes.
D’aller voir les petits, aussi, pour le demander d’être bien calmes pendant l’heure qui allait venir. Elles auraient besoin de se concentrer sur l’espace et ses débris, il ne faudrait surtout pas qu’un élément à l’intérieur du vaisseau vienne les perturber.
Elle jeta un œil aux droïdes.
-Je vais noter quel voyant correspond à qui, aussi, ce sera fait. Avant qu’on oublie…
Elle se dirigea vers l’arrière, où les petits travaillaient sagement. Sauf Opree, qui guettait visiblement la porte avant même que Dalla l’ouvre.
-Les méchants sont partis ? chuchota-t-elle.
Dalla soupira. S’occuper d’enfants sensibles à la Force n’était pas toujours évident… Elle l’avait constaté quand elle leur avait fait cours quelques temps. Ils savaient quelques secondes avant qu’elle le fasse où elle allait regarder, et s’arrangeaient pour qu’elle ne le prenne pas à bavarder.
D’ailleurs, elle avait fait la même chose pendant des années.
-Oui, Opree, ne t’en fais pas, la chevalière Nekro les a fait battre en retraite.
Les 5 autres apprentis la regardaient, maintenant.
-Nous approchons du Noyau profond, déclara-t-elle de sa voix la plus ferme. La chevalière Nekro et moi-même allons avoir besoin de nous concentrer. Je vais donc vous demander de rester très calme jusqu’à ce que nous soyons passés de l’autre côté. D’accord ?
Kodi, Mosroka et Opree hochaient déjà la tête, quand Loona prit la parole :
-Je croyais que je pourrais piloter ?
-Pas dans le Noyau profond, Loona. Tu piloteras après, quand nous serons de l’autre côté.
La jeune twi’lek fit la moue.
-Vous avez besoin d’aide ? interrogea Xoraae.
Dalla fixa un instant ses yeux brillants, si déconcertants.
-Non… ça… ça devrait aller. Merci. Restez simplement bien calmes.
Elle passa ensuite rapidement au refresher. Elle inspira et expira à fond, le regard planté dans son reflet.
Elle se sentait troublée par la question de Xoraae. Quand Larna lui avait parlé de cette méthode de pilotage, en lien avec la Force, elle lui avait expliqué que certains peuples la pratiquaient depuis de nombreuses années. En en parlant, tout à l’heure, avec Kranyya, l’image du chiss lui était venue en tête. Était-ce un pressentiment ? Devraient-elles demander aux padawans les plus âgés de les soutenir ?
Son premier mouvement avait été de protéger ses cadets. Mais leur échange avec le vaisseau républicain lui avait prouvé que la plus âgée n’était pas toujours la plus efficace…
Dalla libéra le refresher et retourna s’installer dans le cockpit. Elle s’installa dans le fauteuil du pilote, inspira et expira à nouveau profondément, et se mit en état de transe.
Méditer était un exercice qu’elle avait toujours plutôt apprécié. Plus que l’entraînement au sabre, par exemple.
Mais depuis la mort de Larna, c’était devenu pour elle un exercice extrêmement important. Surtout, à vivre dans une colocation avec 4 ou 5 autres filles, elle avait appris à entrer vite en état de méditation, et à maintenir un état de transe qui lui faisait du bien, même quand elle était dérangée au bout de quelques minutes par un bruit, un rire, ou un « Dalla, t’as pas vu mon soutif ? Celui avec la dentelle noire, qui me donne des pourboires de malade ? ».
Aussi, quand elle fut tirée de sa transe par le retour de Kranyya dans le cockpit, elle se sentait déjà un peu rassérénée.
-Ma maître appelait la technique que nous allons utiliser le pilotage éveillé. On peut le pratiquer seul, mais c’est plus sûr à deux. L’une pilote, et l’autre se projette dans la Force, pour ressentir et prévoir ce qui est autour de nous, et surtout ce qui sera autour de nous. J’ai plusieurs fois utilisé cette technique avec ma Maître sur des champs de batailles spatiales, ou près de champs d’astéroïdes. Je sais qu'elle l'a aussi utilisée dans le Noyau profond, mais c'était avant que je devienne son apprentie.
Sauf qu’à chaque fois, c’était Larna qui conduisait, et elle qui guettait. Leur lien faisait que Larna sentait tout de suite quand elle devait modifier sa course, et elle avait suffisamment de réflexe pour le faire.
Dalla ne pouvait qu’espérer ressentir suffisamment tôt les avertissements de Kranyya.
-Je vais me mettre aux commandes, et je pense que l’idéal serait que tu mettes une main sur mon épaule, ou… comme tu veux, mais… un contact physique devrait nous aider à renforcer notre lien et notre efficacité…
Dalla marqua une petite pause.
-Tu… tu crois qu’on devrait demander à Loona et Xoraae de nous assister ?
L’avis de Kranyya lui serait précieux.
-Je vais aussi regarder le manifeste du vaisseau. C’est bizarre que le Conseil ne nous ait pas prévenu que le vaisseau avait été volé !
Elle joignit le geste à la parole et parcourut le document qui lui avait été envoyé en même temps que son ordre de mission.
-Ah, nous avons récupéré le Traqueur de Nuages dans une casse jawa. Tout son historique avait été effacé… Quelqu’un au hangar n’a pas fait son boulot de recherche.
Elle songea à ses condisciples, dans les couloirs étroits du Temple.
-Ou plus vraisemblablement, il n’y avait pas assez de monde pour faire le boulot de recherche…
Sur le Brentaal’s Pride
La capitaine de vaisseau Beyrbr Celchu-Saro observait gravement sa subordonnée.
-Vous trouvez que cette Mademoiselle Sybrid est suspecte, lieutenante ?
-Et bien, le lieutenant Redmund n’a rien trouvé qui contredise ce qu’elle nous a dit, mais…
-Votre instinct vous alerte ?
La lieutenante Klarysse Mercui rougit.
-Pas mon instinct, mais…
Elle se redressa.
-L’expérience…
Beyrbr encaissa sans rien dire. Elle comprenait que son officière comm soit réticente à parler d’instinct, vue la chasse aux sorcières lancées depuis cinq ans sur tous ceux ou celles qui faisaient des choses inexplicables par la raison. Mais elle comprenait aussi que parler d’expérience était un moyen de remettre son autorité en question.
Klarysse Mercui avait dix ans de plus que Beyrbr, et deux rangs de moins. Elle faisait partie de ceux qui avaient vu d’un mauvais œil qu’on attribue à un si jeune officier le commandement de son vaisseau. Beyrbr savait bien ce qui se disait dans son dos. Népotisme, petite fille à sa mamie…
Bien sûr, le nom de sa grand-mère apparaissait sur toutes les capsules de sauvetage et les extincteurs, suite au contrat Sécurité que les chantiers navals Saro avaient passé avec la République. Mais ses états de service parlaient pour elle. Elle était une bonne officière et avait mérité sa promotion. Elle n’avait rien à prouver.
-Je vous remercie, lieutenante, de me faire part de vos doutes et de me faire bénéficier de votre expérience.
Un « bonne remarque » aurait pu être perçu comme condescendant.
-Vous allez signaler ce vaisseau à la base de Mimban.
-Elle nous a déjà dit que…
-Dites-leur que ce vaisseau a été signalé sur notre positon, et que s’il est repéré en dehors du trajet Duro-Ord Pardron, il convient de l’arraisonner immédiatement.
Les épaules de la lieutenante Mercui se détendirent légèrement.
-Signalez également que si aucune base n’a été sollicitée dans les sept prochains jours standards pour régler cette affaire, il faudra passer le Traqueur de Nuages sur la liste des recherches prioritaires.
-Bien, Madame.
-Demandez également au lieutenant Parmundi de contacter ce monsieur… Sybrid, sur Ord Pardron. Il faut lui signifier que le vaisseau de sa fille doit être soumis à vérification sur une base républicaine dans les plus brefs délais. Enfin, contactez le propriétaire légal du Traqueur de Nuages, pour l’informer que son vaisseau a été localisé près de Mimban.
-Vous voulez impliquer un civil ?
-Un propriétaire volé, motivé par son intérêt personnel, est susceptible de récolter des informations précieuses pour nos services. Cela peut nous économiser une dépense de ressources.
-Bien, Madame.
-Encore une fois, merci, lieutenante Mercui. Vous pouvez disposer.
Elle retourna à son écran de données tactiques. Elle avait des contrebandiers nanth’riens à traquer.
Gary Kovani
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Jeu 19 Oct 2023 - 0:22
Le temps c’est de l’argent disent les sbires infames du capitalisme, fervents adeptes de la « galaxisation » de l’économie et des marchés… Je n’ai jamais été particulièrement inspiré par toutes ces boites exiguës où l’on range les idéologies politiques et sociétales. Tout cela me dépasse. Suis-je trop terre à terre ? Probablement. Certainement même.
Mais, alors que je foule la moquette immaculée du vestibule trop luxueux pour être honnête du casino de la station douanière, aussi lieu de repos et de loisir pour les voyageurs fourbus, je me dis qu’ici cette maxime prend tout son sens. Le temps, c’est de l’argent. Un temps n’est plus rythmé par les inaliénables secondes, mais par le ronronnement des roulettes corelliennes, par les grognements rageurs des joueurs s’acharnant sur les leviers des machines à sous, par les cliquetis des jetons maltraités, par les sirènes dissonantes des jackpots mêlées aux cris de triomphes des rares chanceux. Il flotte dans l’air un parfum floral aux notes sucrées, aguicheur, qui titille mon pernicieux « circuit de récompense », seul responsable du taux soudainement élevé de dopamine qui suppure dans mes veines. Un appel à la dépravation, à la compromission, l’eau monte à ma bouche, comme devant un fastueux repas. Je secoue la tête, love dans un coin de mon esprit torturé ces sensations avant qu’elles ne me dominent.
Il suffit de succomber à une addiction, un jour seulement, pour que le reste de son existence devienne un combat perpétuel. Pour ne plus replonger. La mienne a été la drogue, sur Nar Shaddaa. Pendant près de trois années. Trois longues et interminables années. Je n’étais plus qu’un camé ayant perdu ce qui lui restait d’humanité. Une bête vaguement humaine, prête à tout pour obtenir sa prochaine dose… Je soupire. Depuis, chaque instant de ma vie nécessite un effort conscient pour remiser au plus profond de mon âme ces schémas émotionnels qui me poussent à abuser, jusqu’à l’overdose, de n’importe quel vice. Sexe, drogue, alcool, jeux d’argent, et j’en passe… Une lutte intérieure, comme celle que chaque Jedi connait face à l’appel du côté obscur. Le secret c’est de ne jamais lâcher prise, de rester maître de soi, mesuré en toutes circonstances, dompteur inébranlable de ses instincts primitifs. Plus facile à dire qu’à faire…
Mais rien n’empêche, de temps en temps, de laisser libre court à ses pulsions. Une soupape qui permet de garder sous contrôle tout le reste. A condition de s’avoir s’arrêter avant de sombrer de nouveau.
Je brandis ma carte d’identité, numérisée sur mon datapad, au gorille qui assure la sécurité. Garibaldi Bruckkenschappel. Un pseudonyme que j’utilise depuis des décennies. Le Dowutin patibulaire m’arrache l’appareil des mains, le passe sur le scanner fixé au portique. Au-dessus de sa tête, l’indicateur lumineux passe du rouge inquisiteur, au vert apaisé. Le champ de force qui crépite entre les armatures chromées, bleu évanescent, se dissipe. Je passe. N’ayant emporté d'armes, aucun « bip » accusateur ne me vaut une fouille au corps assorti d’une remontrance sèche. Ma prothèse de main, que j’ai décidé de ne pas dissimuler sous un gant pour éviter d’éveiller des soupçons ridicules, intrigue peut-être l’agent, mais il ne laisse rien paraître. Sa frigidité faciale trahit probablement l’existence d’un vide sidéral entre ses deux oreilles. Ou peut-être que les éclats d’intelligence dans son regard sont directement déduits de sa solde. Non, c’est seulement qu’il n’en a rien à faire. Chaque prothèse raconte une histoire sordide, que seuls les curieux maladifs veulent connaitre. Il me restitue mon datapad, et me fait signe de dégager rapidement le passage. D’autres personnes s’impatientent déjà derrière moi. Visage neutre, fermé, je fonce immédiatement, sans perdre de temps, comme si l’épée de Damoclès au-dessus de ma tête risquait de pourfendre ma volonté d’une seconde à l’autre, vers le comptoir de change. J’y abandonne cinquante crédits, contre un gobelet rempli de jetons dorés. Des publicités défilent sur les écrans souples collés à même le plastique bas de gamme. Elles vantent les mérites de autres services hors de prix d’une station de cette envergure. Massages douteux, SPA crasseux, bars miteux.
Je volte-face, sans même un « bonjour » ou un « au revoir », vers la rangée de machines à sous la plus éloignée des caméras discrètement repérées, de quelques regards en coin. Pour les autorités de la station, je ne suis qu’un entrepreneur de troisième zone, de passage, comme tant d’autres. Le genre qui trafiquote aux quatre coins de l’espace Hutt, à la lisière Républicaines, et qui dépense égoïstement ses maigres bénéfices dans le vain espoir de remporter une grosse mise. Tant que mon identité factice n’est pas fichée sur l’une des listes noires de la République, ou de la filiale à laquelle appartient l’établissement, ils n’y regarderont pas de plus prêt. Alors je joue mon rôle. Invisible dans la foule, une silhouette parmi tant d’autres.
J’inspire, expire, fais le vide… Enfin, après quelques interminables secondes, je m’assois et glisse le premier jeton dans la fente. Mélodie entraînante. Je tire sur la manette. Ironie du sort : cette machine s’appelle « Jedi de la galaxie ». Il faut aligner trois Maîtres identiques pour espérer toucher un gain. Trois Saï Don assure le méga jackpot de sept millions de datari républicaines. Mais autant dire que mes chances de le décrocher frisent le zéro absolu. Je ne suis pas là pour ça de toutes façons. J’attirerais trop l’attention. Le premier essai est passable : deux Alyria Von et un Sith caricatural, sabre rouge-sang au clair, s’affichent sur les trois rouleaux numériques. Le second s’avère catastrophique, j’aligne un Halussius Arnor, une Luuna Shein et un padawan anonyme. La nostalgie m’assaille face à ces figures majeures de l’Ordre qui, pour la plupart, ont disparues ou sont tombées dans la désuétude.
Notre Ordre, soyons franc, est assis au bord d’un gouffre. Il suffirait d’un seul faux-pas pour chuter. Il y a cinq ans encore, nous disposions de fonds quasi-illimités. Des trillions de crédits éparpillés dans divers montages financiers ou fonds d’investissements, ayant fructifié pendant des millénaires entiers. Peu d’organisations peuvent se targuer d’une telle longévité. Des armées de juristes et de comptables travaillaient pour nous… Il n’en reste rien. Tous nos avoirs ont été gelés, puis ponctionnés par la République qui finance ainsi sa chasse aux sorciers Jedi… Alors il faut faire, aujourd’hui, avec les moyens du bord : j’ai pris l’habitude d’auto-financer mes missions. Ce qui m’offre, aussi, un certaine… liberté d’action : je n’ai de comptes à rendre à personne concernant mes dépenses... Non officielles.
Après une demi-heure, j’ai perdu environ soixante-dix crédits, empoché quatre-trois. Les gains vont et viennent, au rythme des algorithmes douteux implémentés dans la machine. Enfin, avec une extrême discrétion, je laisse un doigt ganté traîner sur le côté de la machine, non loin de son cœur numérique qui palpite de décharges électrostatiques à peine perceptibles dans la Force. Les trois rouleaux se figent une seconde trop tôt. Ils affichent trois figures de Rork Adno. Ils ne valent pas grand chose... L’ironie m’arrache un ricanement que je laisse éclater pour simuler ma liesse surprise. Je fourre aussitôt mon gobelet sous la gueule béante qui vomis déjà de centaines de jetons rutilants. Huit cents crédits, plus ou moins.
J’abandonne mon siège, récupère ma mise, et quitte l’établissement. La somme gagnée est bien maigre comparée aux millions promis… Mais elle a le mérite de n’attirer nullement l’attention. Elle me permettra de payer de ma poche les granulés de carburant, les bières et les paquets de crackers pour les deux semaines à venir. Peut-être plus si je squatte Ilum quelques jours, au frais de la princesse Bernard Kovani.
Mais avant le fatidique départ de la station, je décide d’aller investir intelligemment quelques crédits dans une boisson alcoolisée. Pour fêter… Bah il y a toujours un truc à fêter lorsque l’on cherche bien. Je me pose, coudes sur le zinc, et commande une pression locale. Bière de champignons cultivés dans les recycleurs d’eau de la station. Le gout est infect. Juste ce qu’il me faut pour me passer l’envie de boire jusqu’au blackout. Je la sirote, yeux dans le vague. Entre pleine conscience et méditation active, je laisse, sans même y penser, glisser mes sens bien au-delà des limites physiques de mon enveloppe charnelle. Je suis entouré d’un magma confus d’émotions, de sensations. Mon ouïe s’affine. Je capte des bribes de conversations anodines, futiles. J’assume ce voyeurisme éhonté. Je me demande toujours ce qui se passe dans les têtes de toutes ces personnes. Quels sont leurs rêves, leurs envies, leurs peurs, leurs problèmes. Ils sont si… différent.
« Je vous en mets une autre, amigo ? » Demande le barman attentionné, ou simplement opportuniste. Il m’observe en astiquant depuis de longues minutes une choppe transparente, en verre de synthèse réputé incassable. Peut-être cherche-t-il à dissimuler les tremblements de ses mains, signes avant-coureurs d’une maladie nerveuse incurable. Je secoue la tête. Non. Au même instant, un groupe, assis dans une alcôve à l’autre bout de la pièce circulaire, échappe une cacophonie de rires entremêlés. Réponses réflexes à une blague graveleuse dont je n’ai pu entendre la chute. Ils portent des uniformes. Membres de la flotte douanière. Le tenancier au visage rubicond, probablement qu’il goûte toutes les bouteilles avant de les servir, suit mon regard et râle :
« Ils ont squatté ici toute la journée ceux-là. Ils font fuir les clients… J’sais pas ce qu’ils attendent, no’di’diou ». Il hausse les épaules. « Moi j’vous dis, qu’ça pue le coup de filet manqué. Le plan foireux. Ils attendent de se faire passer un savon... Vivement qu’ils bougent ! »
Un doute fugitif franchit mes défenses mentales. Et s’ils me cherchaient ? Non. Impossible, ils m’auraient déjà arrêté. D’autres jedi ? Peu probable : ils auraient envoyé une cavalerie mieux équipée : des forces spéciales. Drogue, contrebande, oui. Ce secteur galactique est ne porte d’entrée évidente pour tous les trafics venus de l’espace Hutt. Je m’en désintéresse aussitôt.
J’achève enfin, quelques minutes plus tard, le godet en métal inoxydable, d’un ultime levé de coude. Je suçote les dernières gouttes amères. Je me redresse et m’apprête à me lever, lorsque, soudain, un mot attire mon attention, dans ce paysage auditif sans queue ni tête. Traqueur de nuage. Un frisson me parcourt l’échine. Je me retourne. Il a été prononcé par le plus gradé du lot. Un cinquantenaire bedonnant, sans charisme, qui frétille nerveusement l’oreille collée sur son comlink. Il secoue la tête, échange quelques messes basses avec ses hommes, et leur ordonner de lever l’ancre. Retour au service actif. La moue dubitative de ses subordonnés laisse penser qu’ils auraient préféré finir leur quart avant de repartir... Malgré les mines déconfites, ils obéissent sans un mot, comme des chiens rappelés par leur maître, la queue entre les jambes. Ils quittent rapidement le bar. Tous sauf un, qui s’engouffre au pas de course dans les toilettes. Je me lève et lui emboîte le pas, sans me presser, mains dans les poches, l’air décontracté.
Le Traqueur de Nuages. Un cargo Jedi porte ce nom. Enfin, portait. Il a été ré-immatriculé depuis. Je ne crois pas aux coïncidences même si dans cette immense galaxie, plus d’un vaisseau doit porter le même. Je le connais bien. J’étais présent le jour où nous l’avons acheté au rabais sur un marché de Tatooine, sur un terrain vague tenu par les Jawa. Une bonne affaire si ma mémoire est bonne. C'était même qui avait trouvé l’honnête acheteur, et joué les intermédiaires ! Il n’y a qu’un seul moyen d’en avoir le cœur net.
Je me pose face à l’urinoir jusque à côté du fonctionnaire. Il a le visage crispé du type qui se force à pisser plus vite que le débit de son urètre le permet. Je baisse ma braguette, sort jean-claude, et lance à mon voisin concentré :
« L’appel du devoir hein ? »
L’autre sursaute. Il est vrai que le lieu ne prête guère aux mondanités. Sans oser lever les yeux de son œuvre, peut-être de peur de glisser involontairement sur mon anatomie, il répond :
« Ouais. Mais bon, les heures retranchées aux perms sont comptées en double anuités… J’espère juste qu’on ne va pas… » Il traîne sur le dernier mot, referme sa bouche, surpris lui-même de sa soudain loquacité. Ce qu’il ignore c’est que chacun de mes mots, chacune de mes inflexions, est imprégné de Force. Un commandement silencieux qui invite mon interlocuteur à tout me dire. Un subterfuge qui fonctionne particulièrement sur les esprits mal à l’aise. Comme celui d’un homme devant un urinoir, le sexe à l’air libre.
« D’acc ! Bonne chasse alors ! Une mission d’importance capitale je suppose ! »
« Je… Bof… On est réaffecté sur Duro, un cargo qui... » Il devient tout rouge, à force de lutter pour contenir ses mots. « Je… Désolé faut que j’y aille ». Il s’esquive avant même d’avoir secoué la dernière goutte, ou de s’être lavé les mains. Ralala. J’achève mon œuvre quelques instants après son départ, dans les règles de l’art et de l’hygiène, moi. Ses quelques mots confirment mes doutes. Nous avons un cargo Jedi dans le collimateur des autorités Républicaines, mais il semble ignorer qui se trouve à bord. Tant mieux. Mais que faire ?
Je médite cette question tout en revenant, d’un pas rapide, vers le box ou j’ai abandonné Xaxa. De loin, il est toujours aussi moche. Une couverture parfaite : même un ferrailleur aguerri craindrait de choper le tétanos en s’approchant à moins de trente mètres. Mais il ne veut pas se fier aux apparences. Sous cette carcasse hors d’âge se dissimule des systèmes modernes parfaitement révisés par 6D et sa brigade de mécano Jedi. J’embarque, et quitte la station dès les autorisations reçues.
« Xaxa, lance un scan. Repère la corvette douanière qui vient de quitter la station. » Ils ont un temps d’avance sur moi. Eux n’ont pas dû attendre de longues minutes qu’un fonctionnaire tamponne numériquement une autorisation. Fort heureusement, la signature de ce genre de vaisseau militaire est parfaitement reconnaissable. Xaxa l’identifie immédiatement. Il s’éloigne à pleine poussée pour trouver un corridor hyperspatial dégagé. Son cap confirme les dires de l’enseigne. Son nez boursouflé pointe en direction du noyau. Vers l’amont de la voie marchande Corellienne. Duro et Corellia donc. Un nœud autoroutier hyper fréquenté. « Ok, Xaxa. On va lui coller au train, mais pas de trop prêt. Mode filature, comme dans les bons vieux holofilms de gangster. Tu leur laisse cinq minutes d’avance, pas plus. »
En bon feignant que je suis, et parce que je n’ai aucun amour pour le pilotage, je laisse l’ordinateur de bord agir, sans même avoir à poser les mains sur les commandes. Seuls mes pieds croisés reposent sur le tableau de bord. Je me masse les tempes. J’ignore ce qui nous attend à Duro. Si le Traqueur garde le cap, il nous faudra trouver un subterfuge pour le faire passer sous les radars… Et s’il ne se trouve pas là où il devrait être, il sera probablement recherché dans tout le cadran… Je grogne. Bon. Je décide de profiter du trajet pour méditer encore un peu. Il me manque encore quelques pièces du puzzle. J’ai la soudaine sensation que mes visions ne sont pas un commencement… Mais la suite d’une série événements, une réaction en chaîne, déjà en cours, et que plus rien ne peut stopper.
Mais, alors que je foule la moquette immaculée du vestibule trop luxueux pour être honnête du casino de la station douanière, aussi lieu de repos et de loisir pour les voyageurs fourbus, je me dis qu’ici cette maxime prend tout son sens. Le temps, c’est de l’argent. Un temps n’est plus rythmé par les inaliénables secondes, mais par le ronronnement des roulettes corelliennes, par les grognements rageurs des joueurs s’acharnant sur les leviers des machines à sous, par les cliquetis des jetons maltraités, par les sirènes dissonantes des jackpots mêlées aux cris de triomphes des rares chanceux. Il flotte dans l’air un parfum floral aux notes sucrées, aguicheur, qui titille mon pernicieux « circuit de récompense », seul responsable du taux soudainement élevé de dopamine qui suppure dans mes veines. Un appel à la dépravation, à la compromission, l’eau monte à ma bouche, comme devant un fastueux repas. Je secoue la tête, love dans un coin de mon esprit torturé ces sensations avant qu’elles ne me dominent.
Il suffit de succomber à une addiction, un jour seulement, pour que le reste de son existence devienne un combat perpétuel. Pour ne plus replonger. La mienne a été la drogue, sur Nar Shaddaa. Pendant près de trois années. Trois longues et interminables années. Je n’étais plus qu’un camé ayant perdu ce qui lui restait d’humanité. Une bête vaguement humaine, prête à tout pour obtenir sa prochaine dose… Je soupire. Depuis, chaque instant de ma vie nécessite un effort conscient pour remiser au plus profond de mon âme ces schémas émotionnels qui me poussent à abuser, jusqu’à l’overdose, de n’importe quel vice. Sexe, drogue, alcool, jeux d’argent, et j’en passe… Une lutte intérieure, comme celle que chaque Jedi connait face à l’appel du côté obscur. Le secret c’est de ne jamais lâcher prise, de rester maître de soi, mesuré en toutes circonstances, dompteur inébranlable de ses instincts primitifs. Plus facile à dire qu’à faire…
Mais rien n’empêche, de temps en temps, de laisser libre court à ses pulsions. Une soupape qui permet de garder sous contrôle tout le reste. A condition de s’avoir s’arrêter avant de sombrer de nouveau.
Je brandis ma carte d’identité, numérisée sur mon datapad, au gorille qui assure la sécurité. Garibaldi Bruckkenschappel. Un pseudonyme que j’utilise depuis des décennies. Le Dowutin patibulaire m’arrache l’appareil des mains, le passe sur le scanner fixé au portique. Au-dessus de sa tête, l’indicateur lumineux passe du rouge inquisiteur, au vert apaisé. Le champ de force qui crépite entre les armatures chromées, bleu évanescent, se dissipe. Je passe. N’ayant emporté d'armes, aucun « bip » accusateur ne me vaut une fouille au corps assorti d’une remontrance sèche. Ma prothèse de main, que j’ai décidé de ne pas dissimuler sous un gant pour éviter d’éveiller des soupçons ridicules, intrigue peut-être l’agent, mais il ne laisse rien paraître. Sa frigidité faciale trahit probablement l’existence d’un vide sidéral entre ses deux oreilles. Ou peut-être que les éclats d’intelligence dans son regard sont directement déduits de sa solde. Non, c’est seulement qu’il n’en a rien à faire. Chaque prothèse raconte une histoire sordide, que seuls les curieux maladifs veulent connaitre. Il me restitue mon datapad, et me fait signe de dégager rapidement le passage. D’autres personnes s’impatientent déjà derrière moi. Visage neutre, fermé, je fonce immédiatement, sans perdre de temps, comme si l’épée de Damoclès au-dessus de ma tête risquait de pourfendre ma volonté d’une seconde à l’autre, vers le comptoir de change. J’y abandonne cinquante crédits, contre un gobelet rempli de jetons dorés. Des publicités défilent sur les écrans souples collés à même le plastique bas de gamme. Elles vantent les mérites de autres services hors de prix d’une station de cette envergure. Massages douteux, SPA crasseux, bars miteux.
Je volte-face, sans même un « bonjour » ou un « au revoir », vers la rangée de machines à sous la plus éloignée des caméras discrètement repérées, de quelques regards en coin. Pour les autorités de la station, je ne suis qu’un entrepreneur de troisième zone, de passage, comme tant d’autres. Le genre qui trafiquote aux quatre coins de l’espace Hutt, à la lisière Républicaines, et qui dépense égoïstement ses maigres bénéfices dans le vain espoir de remporter une grosse mise. Tant que mon identité factice n’est pas fichée sur l’une des listes noires de la République, ou de la filiale à laquelle appartient l’établissement, ils n’y regarderont pas de plus prêt. Alors je joue mon rôle. Invisible dans la foule, une silhouette parmi tant d’autres.
J’inspire, expire, fais le vide… Enfin, après quelques interminables secondes, je m’assois et glisse le premier jeton dans la fente. Mélodie entraînante. Je tire sur la manette. Ironie du sort : cette machine s’appelle « Jedi de la galaxie ». Il faut aligner trois Maîtres identiques pour espérer toucher un gain. Trois Saï Don assure le méga jackpot de sept millions de datari républicaines. Mais autant dire que mes chances de le décrocher frisent le zéro absolu. Je ne suis pas là pour ça de toutes façons. J’attirerais trop l’attention. Le premier essai est passable : deux Alyria Von et un Sith caricatural, sabre rouge-sang au clair, s’affichent sur les trois rouleaux numériques. Le second s’avère catastrophique, j’aligne un Halussius Arnor, une Luuna Shein et un padawan anonyme. La nostalgie m’assaille face à ces figures majeures de l’Ordre qui, pour la plupart, ont disparues ou sont tombées dans la désuétude.
Notre Ordre, soyons franc, est assis au bord d’un gouffre. Il suffirait d’un seul faux-pas pour chuter. Il y a cinq ans encore, nous disposions de fonds quasi-illimités. Des trillions de crédits éparpillés dans divers montages financiers ou fonds d’investissements, ayant fructifié pendant des millénaires entiers. Peu d’organisations peuvent se targuer d’une telle longévité. Des armées de juristes et de comptables travaillaient pour nous… Il n’en reste rien. Tous nos avoirs ont été gelés, puis ponctionnés par la République qui finance ainsi sa chasse aux sorciers Jedi… Alors il faut faire, aujourd’hui, avec les moyens du bord : j’ai pris l’habitude d’auto-financer mes missions. Ce qui m’offre, aussi, un certaine… liberté d’action : je n’ai de comptes à rendre à personne concernant mes dépenses... Non officielles.
Après une demi-heure, j’ai perdu environ soixante-dix crédits, empoché quatre-trois. Les gains vont et viennent, au rythme des algorithmes douteux implémentés dans la machine. Enfin, avec une extrême discrétion, je laisse un doigt ganté traîner sur le côté de la machine, non loin de son cœur numérique qui palpite de décharges électrostatiques à peine perceptibles dans la Force. Les trois rouleaux se figent une seconde trop tôt. Ils affichent trois figures de Rork Adno. Ils ne valent pas grand chose... L’ironie m’arrache un ricanement que je laisse éclater pour simuler ma liesse surprise. Je fourre aussitôt mon gobelet sous la gueule béante qui vomis déjà de centaines de jetons rutilants. Huit cents crédits, plus ou moins.
J’abandonne mon siège, récupère ma mise, et quitte l’établissement. La somme gagnée est bien maigre comparée aux millions promis… Mais elle a le mérite de n’attirer nullement l’attention. Elle me permettra de payer de ma poche les granulés de carburant, les bières et les paquets de crackers pour les deux semaines à venir. Peut-être plus si je squatte Ilum quelques jours, au frais de la princesse Bernard Kovani.
Mais avant le fatidique départ de la station, je décide d’aller investir intelligemment quelques crédits dans une boisson alcoolisée. Pour fêter… Bah il y a toujours un truc à fêter lorsque l’on cherche bien. Je me pose, coudes sur le zinc, et commande une pression locale. Bière de champignons cultivés dans les recycleurs d’eau de la station. Le gout est infect. Juste ce qu’il me faut pour me passer l’envie de boire jusqu’au blackout. Je la sirote, yeux dans le vague. Entre pleine conscience et méditation active, je laisse, sans même y penser, glisser mes sens bien au-delà des limites physiques de mon enveloppe charnelle. Je suis entouré d’un magma confus d’émotions, de sensations. Mon ouïe s’affine. Je capte des bribes de conversations anodines, futiles. J’assume ce voyeurisme éhonté. Je me demande toujours ce qui se passe dans les têtes de toutes ces personnes. Quels sont leurs rêves, leurs envies, leurs peurs, leurs problèmes. Ils sont si… différent.
« Je vous en mets une autre, amigo ? » Demande le barman attentionné, ou simplement opportuniste. Il m’observe en astiquant depuis de longues minutes une choppe transparente, en verre de synthèse réputé incassable. Peut-être cherche-t-il à dissimuler les tremblements de ses mains, signes avant-coureurs d’une maladie nerveuse incurable. Je secoue la tête. Non. Au même instant, un groupe, assis dans une alcôve à l’autre bout de la pièce circulaire, échappe une cacophonie de rires entremêlés. Réponses réflexes à une blague graveleuse dont je n’ai pu entendre la chute. Ils portent des uniformes. Membres de la flotte douanière. Le tenancier au visage rubicond, probablement qu’il goûte toutes les bouteilles avant de les servir, suit mon regard et râle :
« Ils ont squatté ici toute la journée ceux-là. Ils font fuir les clients… J’sais pas ce qu’ils attendent, no’di’diou ». Il hausse les épaules. « Moi j’vous dis, qu’ça pue le coup de filet manqué. Le plan foireux. Ils attendent de se faire passer un savon... Vivement qu’ils bougent ! »
Un doute fugitif franchit mes défenses mentales. Et s’ils me cherchaient ? Non. Impossible, ils m’auraient déjà arrêté. D’autres jedi ? Peu probable : ils auraient envoyé une cavalerie mieux équipée : des forces spéciales. Drogue, contrebande, oui. Ce secteur galactique est ne porte d’entrée évidente pour tous les trafics venus de l’espace Hutt. Je m’en désintéresse aussitôt.
J’achève enfin, quelques minutes plus tard, le godet en métal inoxydable, d’un ultime levé de coude. Je suçote les dernières gouttes amères. Je me redresse et m’apprête à me lever, lorsque, soudain, un mot attire mon attention, dans ce paysage auditif sans queue ni tête. Traqueur de nuage. Un frisson me parcourt l’échine. Je me retourne. Il a été prononcé par le plus gradé du lot. Un cinquantenaire bedonnant, sans charisme, qui frétille nerveusement l’oreille collée sur son comlink. Il secoue la tête, échange quelques messes basses avec ses hommes, et leur ordonner de lever l’ancre. Retour au service actif. La moue dubitative de ses subordonnés laisse penser qu’ils auraient préféré finir leur quart avant de repartir... Malgré les mines déconfites, ils obéissent sans un mot, comme des chiens rappelés par leur maître, la queue entre les jambes. Ils quittent rapidement le bar. Tous sauf un, qui s’engouffre au pas de course dans les toilettes. Je me lève et lui emboîte le pas, sans me presser, mains dans les poches, l’air décontracté.
Le Traqueur de Nuages. Un cargo Jedi porte ce nom. Enfin, portait. Il a été ré-immatriculé depuis. Je ne crois pas aux coïncidences même si dans cette immense galaxie, plus d’un vaisseau doit porter le même. Je le connais bien. J’étais présent le jour où nous l’avons acheté au rabais sur un marché de Tatooine, sur un terrain vague tenu par les Jawa. Une bonne affaire si ma mémoire est bonne. C'était même qui avait trouvé l’honnête acheteur, et joué les intermédiaires ! Il n’y a qu’un seul moyen d’en avoir le cœur net.
Je me pose face à l’urinoir jusque à côté du fonctionnaire. Il a le visage crispé du type qui se force à pisser plus vite que le débit de son urètre le permet. Je baisse ma braguette, sort jean-claude, et lance à mon voisin concentré :
« L’appel du devoir hein ? »
L’autre sursaute. Il est vrai que le lieu ne prête guère aux mondanités. Sans oser lever les yeux de son œuvre, peut-être de peur de glisser involontairement sur mon anatomie, il répond :
« Ouais. Mais bon, les heures retranchées aux perms sont comptées en double anuités… J’espère juste qu’on ne va pas… » Il traîne sur le dernier mot, referme sa bouche, surpris lui-même de sa soudain loquacité. Ce qu’il ignore c’est que chacun de mes mots, chacune de mes inflexions, est imprégné de Force. Un commandement silencieux qui invite mon interlocuteur à tout me dire. Un subterfuge qui fonctionne particulièrement sur les esprits mal à l’aise. Comme celui d’un homme devant un urinoir, le sexe à l’air libre.
« D’acc ! Bonne chasse alors ! Une mission d’importance capitale je suppose ! »
« Je… Bof… On est réaffecté sur Duro, un cargo qui... » Il devient tout rouge, à force de lutter pour contenir ses mots. « Je… Désolé faut que j’y aille ». Il s’esquive avant même d’avoir secoué la dernière goutte, ou de s’être lavé les mains. Ralala. J’achève mon œuvre quelques instants après son départ, dans les règles de l’art et de l’hygiène, moi. Ses quelques mots confirment mes doutes. Nous avons un cargo Jedi dans le collimateur des autorités Républicaines, mais il semble ignorer qui se trouve à bord. Tant mieux. Mais que faire ?
Je médite cette question tout en revenant, d’un pas rapide, vers le box ou j’ai abandonné Xaxa. De loin, il est toujours aussi moche. Une couverture parfaite : même un ferrailleur aguerri craindrait de choper le tétanos en s’approchant à moins de trente mètres. Mais il ne veut pas se fier aux apparences. Sous cette carcasse hors d’âge se dissimule des systèmes modernes parfaitement révisés par 6D et sa brigade de mécano Jedi. J’embarque, et quitte la station dès les autorisations reçues.
« Xaxa, lance un scan. Repère la corvette douanière qui vient de quitter la station. » Ils ont un temps d’avance sur moi. Eux n’ont pas dû attendre de longues minutes qu’un fonctionnaire tamponne numériquement une autorisation. Fort heureusement, la signature de ce genre de vaisseau militaire est parfaitement reconnaissable. Xaxa l’identifie immédiatement. Il s’éloigne à pleine poussée pour trouver un corridor hyperspatial dégagé. Son cap confirme les dires de l’enseigne. Son nez boursouflé pointe en direction du noyau. Vers l’amont de la voie marchande Corellienne. Duro et Corellia donc. Un nœud autoroutier hyper fréquenté. « Ok, Xaxa. On va lui coller au train, mais pas de trop prêt. Mode filature, comme dans les bons vieux holofilms de gangster. Tu leur laisse cinq minutes d’avance, pas plus. »
En bon feignant que je suis, et parce que je n’ai aucun amour pour le pilotage, je laisse l’ordinateur de bord agir, sans même avoir à poser les mains sur les commandes. Seuls mes pieds croisés reposent sur le tableau de bord. Je me masse les tempes. J’ignore ce qui nous attend à Duro. Si le Traqueur garde le cap, il nous faudra trouver un subterfuge pour le faire passer sous les radars… Et s’il ne se trouve pas là où il devrait être, il sera probablement recherché dans tout le cadran… Je grogne. Bon. Je décide de profiter du trajet pour méditer encore un peu. Il me manque encore quelques pièces du puzzle. J’ai la soudaine sensation que mes visions ne sont pas un commencement… Mais la suite d’une série événements, une réaction en chaîne, déjà en cours, et que plus rien ne peut stopper.
Kranyya Nekro
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Jeu 26 Oct 2023 - 3:51
« Alors on le fait ce saut pour Bellassa ? »
Sourire aux lèvres je lâche un ricanement plus proche du « Niarkniarkniark » qu’autre chose, et tourne finalement la tête vers ma compère médusée.
Sa bouche grande ouverte je la laisse dans son blocage et dans un énième ricanement digne du Chirodactyle dernier né des Ruines du Cauchemar près de chez ma Tribu, je bidouille les commandes et lance ce fameux saut programmé avant l’incident. (Avec un peu de recul d’ailleurs, ce bébé dernier né doit être une bien grosse bestiole maintenant, depuis 13ans que je l’ai pas vu…)
Je la laisse reprendre tous ses esprits, étant moi-même plongée dans une réflexion de Oh-la-plus-haute-importance je cite :
« Quelles gueules doivent bien avoir toutes les bêbêtes des Ruines du Cauchemar de nos jours ? » nom bien mal choisi puisque ces plaines jonchées d’anciens vestiges (certes nommés « Ruines ») traitent finalement bien plus du Zoo (dont les gosses comme moi étaient dingues) qu’autre chose… On est bien loin du Cauchemar…
Ça aurait dû s’appeler « Les Ruines du Rêve » tient !
Je repense au vieux Rancor crasseux qui faisait flipper même les adultes et garde tout de même le mot « Cauchemar » disponible pour sa taverne, mais juste la sienne alors !
J’émerge finalement de mon tourbillon de pensées nostalgiques et futiles et tic finalement à sa question :
« Un « mindtrick »? Hahaha, on peut appeler ça comme ça si on veut… C’est… Comment expliquer ?... Ça serait bien plus cool de juste dire que c’est de la…
Je marque une pause, rictus bien présent en agitant mes mains d’une manière stupide pour ajouter du mystère :
De la Magiiiie… ! Ahahah !!
Je renifle, me frottant le visage ; vieux tic :
Tu vois, tout est dans la division entre l’âme et la matière, le monde de l’invisible tout ça tout ça…
Un truc qui m’a marqué petite, c’est que les Sorcières accomplies de chez moi arrivaient à tant de choses visuellement folles… Certaines arrivaient même à se téléporter…
Mais quand au final elles nous expliquaient le processus, c’était rien de plus qu’un « voyage » de l’esprit d’un point A à un point B, tout en suivant une ligne énergétique bien précise… »
Une fois avoir bien vérifié que le saut était en cours, Dalla annonce une pause et quitte le cockpit ; dès sa sortie je me lève et m’étire de tout mon long, cette péripétie à eu le don de me raidir la colonne à un point…
Debout seule dans la pièce, je ne peux m’empêcher d’être ébahie face au spectacle spatial dont je suis témoin… Eh oui exactement pareil qu’au saut précédent, et celui encore avant, et encore avant etcetera… Mais bon, il me semble que je ne m’en lasserai jamais, et ça c’est chouette !
Il faut de tout pour faire un monde ; et bien je serais celle qui trouvera toujours le moyen d’être émerveillé par les choses du quotidien…
De là où je suis, j’entend tout de même le chuchotement inquiet d’Opree, les autres Padawans oreilles tendues agglutinés dans la pièce derrière elle, qui juste derrière la porte dans le couloir exprimait son inquiétude auprès de Dalla.
Je n’écoute pas la suite de la conversation mais ressens tout de même une vague de soulagement m’atteindre, elle gère très bien la situation apparemment…
J’entends les voix se taire, les bruits de pas s’éloigner, et une fois sûre que la voie était libre je décide à mon tour de quitter la salle de pilotage.
La porte s’ouvre devant moi dans un « Swoosh » familier, je passe le pas et traverse le couloir principal en direction de l’arrière du vaisseau histoire de bouger un peu et de m’aérer l’esprit.
Perdue dans mes pensées, je tourne en rond autour d’une table basse, ruminant sur mes angoisses…
Evidemment que j’étais tendue… A peine un pied mis dans l’espace Républicain et on s’attire des gros ennuis…
Je ne sais par quel miracle j’ai pu nous éviter un sort terrible ; certes j’ai de bonnes capacités d’improvisations mais je crains toujours qu’il s’agisse d’un coup de chance…
Et même si nous sommes certes hors de danger pour l’instant, dès que nous nous éloigneront de la route Ord Pardron-Duro, ce qui ne va pas tarder d’ailleurs vu notre arrivée imminente près de Bellassa, nous serons à nouveau signalés sur les registres de la Marine… Qui ne perd pas de temps pour réagir visiblement...
Pfff… On est à peine à la moitié du trajet… La moitié !
Je pourrais dire « Enfin la moitié Yayy » ou alors « Bon sang c’est tout ! » mais j’arrive pas à savoir sur quel pied danser.
Et même si en public je parle Verre à moitié Plein, c’est les voix dans ma tête qui elles ont toujours été plus Verre à moitié Vide.
Mais bon, si personne ne se dévoue pour être l’optimiste du groupe qui sera là pour rassurer les esprits ?
Un peu de Désillusion ça fait du bien des fois.
Je décide finalement de laisser cette pauvre table basse tranquille et retourner ruminer ailleurs.
Dalla vient de sortir du refresher et est retourné dans le cockpit, je lui laisse quelques instants de paix et en profite pour aller voir les gamins : les deux plus jeunes toujours aussi studieux, je les laisse à leurs travaux sérieux et change de pièce pour bavarder un peu avec les autres.
La grande perche à la chevelure plumée est toujours affalée bizarrement sur une banquette, assis à l’envers la tête en arrière et les pieds sur la têtière, son pote le Chiss à l’air toujours aussi impassible à ses côtés :
« Comment ça va Hunakh, le sang te monte pas trop à la tête ou c’est l’égo qui le freine ?
-Hahaha créative celle là on me l’avait jamais fait !
-Permet moi d’en douter ah ! … »
L’Omwatti se redresse finalement, manquant de tomber de la banquette en se remettant dans un sens normal, j’ai vu sa main glisser quand il a pris appuis dessus.
Une fois assis normalement, il met un coup de coude à Xoraae, me fixe d’un air chafouin et en faisant semblant de chuchoter dit :
« Viens Xoraae on va préparer notre vengeance, y’aura plus assez de neige sur Ilum avec tout ce qu’on va lui faire bouffer. »
Je ris de bon cœur avec eux avant de renchérir :
« Parlons neige tiens si ça vous fait rire ; quand vous vous caillerez le cul avec vos manteaux je serais là posé tranquille pour immortaliser le moment ne t’inquiètes pas !
-Fais la maligne c’est ça. C’est de la triche de pas avoir froid !
-Oula fait attention t’as presque l’air dégouté premier degré ahahah ! Vous qui êtes déjà Bleu je me demande de quelle couleur vous allez tourner !
-Nan en vrai sérieusement je le pense à moitié. Genre c’est pas juste nous on doit se trimballer des vêtements qui pèsent une tonne et toi t’as rien !
-Mhhh pour cette fois, mais c’est juste pour une expédition. Pour toutes les autres destinations globalement je galère.
En plus t’oublie qu’on vit sur Tatooine, tu penseras à moi quand t’auras un peu chaud en cours je serais en train de crever dans le sable.
-OK Point accordé là-dessus, c’est sûr que c’est pas le domicile de rêve pour toi. Mais bon, ça reste mieux que Nar Shaddaa. »
J’arrête soudainement la tirade sur ma haine du sable que j’avais entamé pendant sa dernière intervention, me stoppant en milieu de phrase.
Vraiment ?
Comment ?
Pourquoi ?
Est-ce dans ma tête ou j’ai bien entendu ce que j’ai compris ?
Je ne sais pas… Non vraiment je- Je ne sais pas…
Est-ce que je fabule ?
Comment le sait-il ?
Impossible… Impossible je ne le connaissais pas…
A vrai dire, il n’a pas besoin de me connaître pour ça : les rumeurs vont vite, ou tout du moins allaient vite ; tout le monde était au courant de qui avait ou pas disparu durant la Diaspora.
Mais pourquoi a-il retenu cette information sur moi ? Et encore plus gros, pourquoi me dire ça en face ?
Il pensait vraiment… faire une blague ?
Regard bloqué dans le vide, yeux écarquillés, je ressens que je fais surement une grimace, ou alors une petite moue, mais malgré tout je reste bloqué dans mon corps dans cet état de paralysie.
J’ai beau essayer de sortir de l’état de choc, dans tous les cas je suis là, debout dans la petite pièce face aux Padawans, immobile, silence radio.
Le cœur serré je parviens à peine à respirer, je suffoque.
Dans cette suffocation familière, des odeurs me reviennent : celles de la cendre, de la chair fumante, des débris encore ardents du bordel et celle encore plus marquante de la mort…
Puis des sensations, la douleur, la peur, le désespoir, la solitude…
Cette peur d’être perdue à jamais, tout en étant parfaitement conscient que je ne peux pas attendre les secours qui d’ailleurs jamais ne viendront parce que la mort est déjà en train de toquer à la porte.
Ils sont encore là, 5ans après :
Je les entends hurler, brûlés vifs couche par couche, dévorés par les derniers soupçons de vie qui habitaient encore mon corps perdu.
Ils le méritaient.
Je les vois disparaître sous les rideaux flamboyants crées par personne d’autre que moi-même, ensevelis sous les décombres d’un bâtiment rasé par ma seule haine.
Ils le méritaient.
Je sens la vie s’éteindre partout autour de moi, morceaux par morceaux, ces mouvances dans la Force qui m’indiquent les drames des conséquences, sauf que là j’étais la cause.
Œil pour Œil comme on dit : ils ont pris ma vie, en échange je leur ai tout pris.
Gisante au sol, pour la première fois brûlée par mes propres flammes ; peau cornes oreilles ongles et cheveux fondus, la vie accepte enfin de me laisser partir, mais je fus interrompu par…
« Kran !!
-NE ME TOUCHE PAS ! »
Sans vraiment savoir où je suis, je hurle et bondis en arrière.
Le contact d’une créature de sang chaud me fait instantanément émerger du piège mental dans lequel j’étais emprisonnée.
C’est un réflexe, un mouvement de recul naturel rien de personnel, je ne supporte plus le contact.
Soudainement me viens la réalisation ; seulement quelques secondes s’étaient écoulées, mais elles étaient largement suffisantes pour que le jeune homme se rende compte que quelque chose n’allait pas.
Je relève les yeux et croise le regard d’Hunnakh, complètement perdu :
« Je… je suis désolé je te jure j’ai pas fait exprès je voulais pas dire ça, je- je sais même pas de quoi je parlais… »
Il se confonds en mille excuses, il a lâché un truc sans faire exprès c’est pas grave.
Je déteste revivre des choses qui devraient restées perdues dans les méandres du temps, mais parfois on ne peut pas luter contre soi même.
Je stop ses mouvements de panique en me râclant la gorge, la sentant soudainement rêche, et marmonne :
« C’est… C’est pas grave t’inquiète… »
Le silence assourdissant de la salle devient trop lourd pour mes épaules, je préfère juste partir :
« Je… Je vais y aller on faisait juste une petite pause pour respirer… En cas de Pépin occupez-vous des petits et surtout rester bien calme on arrive bientôt au Noyau Profond on va avoir besoin de toutes notre concentration. »
J’ai tenté de récupérer une façade et de garder la face, celle de quelqu’un qui sait ce qu’il fait, d’un Chevalier sur qui un Padawan peut compter ; mais je déteste ce moment où quand je quitte finalement la pièce, je sens le regard froid figé et sans fond du Chiss ancré derrière ma tête.
Encore secouée par ma crise de panique Post-traumatique, je décide de ne pas retourner de suite dans le cockpit avec Dalla, je préfère attendre d’être un peu plus posée.
L’estomac retourné, je me dirige vers le refresher et, pleine de frustration, jette un gros coup de pied dans la première pièce pétée qui trainait dans un coin, l’envoyant valdinguer à l’autre bout de la pièce dans un claquement des plus chiants.
Je claque la porte du refresher derrière moi et me laisse tomber au sol dans un râle de frustration et de colère :
« Putainnn. »
Les dents serrées, je tiens fermement ma tête dans mes mains, tirant sur mes cornes comme si cette simple pression pouvait enfin les arracher de mon crâne.
Je serre un poing et commence à me donner des coups sur le front pour calmer ma tempête de pensées interne, arrivant à apaiser les bourrasques sans réellement impacter le Noyau.
Cette mission c’était définitivement trop de stress pour moi, je sens que même ce vaisseau commence à son tour à me rendre dingue ; j’ai besoin d’en sortir.
Je soupire, reprenant enfin un peu de contenance ; zen on sera bientôt sur Ilum…
Ça fait si longtemps que j’attendais le moment où je reposerais les pied sur ces Terres je ne peux pas péter les plombs sur le chemin allez c’est ridicule…
Je quitte enfin le refresher ayant chassé les traits froncés qui obscurcissaient mon visage habituellement si jovial qu’il en paraît niais, et me diriges finalement vers la salle de pilotage ; on arrivait vers Bellassa.
Je débarque d’un pas sûr, sourire collé au visage dégageant la confiance habituelle :
« Hey me revoilà ! Alors cette fameuse technique ? »
J’écoute attentivement les consignes de Dalla, prête à appliquer ses ordres à la lettre.
« Pilotage éveillé » ? Et bien je ne sais pas qui est l’inventeur de cette méthode mais il a eu une super idée, ça a dû lui refaire sa carrière !
Je chasse les bribes de nervosités qui tentent l’assaut dans ma tête, c’est une sorte de méditation, un trick de visualisation je suis sensée être douée dans ces trucs-là !
« Ok ok… Je pense que j’ai bien saisi le concept… Donc il faut que- que je pose la main là c’est bon ? »
Je joins le geste à la parole en posant ma main grisâtre sur l’épaule massive de ma compère et vu le silence qu’elle marque, je me prépare à commencer à tester la manœuvre et à entrer en concentration intense.
Cependant le silence fût brisé par une question :
« Tu… tu crois qu’on devrait demander à Loona et Xoraae de nous assister ?
-Je sais pas vraiment… Une part de moi aurait envie de dire oui pour le côté éducatif, et même sur ce qui pourrait nous apporter à nous mais je pense pas que ce moment-là soit le bon…
On doit gérer le pilotage, les galère du Noyau Profond, le vaisseau mal renseigné…
En plus à tout moment la Marine nous recontacte pour nous retomber dessus j’ai pas trop envie d’impliquer les gosses dans nos galères techniques…
Ahlala écoute moi parler comme une vielle alors que j’ai quasiment leur âge…
Comme quoi les responsabilités ça ajoute un sacré poids...
Ca serait bien de voir avec Loona une fois avoir dépassé Coruscant comme tu lui avait promis tout à l’heure ; elle a besoin de leçons de pilotage c’est un truc trop négligé de nos jours chez les Padawans… J’en suis la preuve vivante.
Après pour Xoraae je connais pas ses facultés, je connais même pas son maître à vrai dire, mystérieux jusqu’au bout, limite flippant. »
Je la regarde consulter tous les dossiers disponibles à propos de notre vaisseau, véritable catastrophe ça, l’Ordre à vraiment fait une bourde.
Plongée dans les dossiers administratifs, je reste debout à ses côtés en posant mon regard sur plus ou moins tout ce que je peux observer : les commandes, les rayures, l’ameublement…
Entre quelques marmonnements elle dit :
« Vraisemblablement, il n’y avait pas assez de monde pour faire le boulot de recherche…
-M’en parle pas… C’est tellement le chaos je comprends pas comment tout tiens encore debout… »
Pendant un autre silence, je jette un coup d’œil à la carte tactique qui trône fièrement à l’épicentre de toutes les commandes, et sens ma gorge se serrer en voyant que le point qui nous représente à désormais bien dépassé Bellassa, et donc : est sorti de la route Ord Pardron-Duro…
Le temps passe, lentement minute par minute, sans que j’ose réellement parler, sûrement parce que chaque instant qui nous rapproche du Noyau Profond nous indique à quel point il faut redoubler de prudence…
Même si plus tôt lors de notre discussion avant la communication de la marine je me suis souvenu quelque chose que je voulais lui demander, je préfère attendre que la tension passe.
Je reste donc silencieuse, la main posée sur l’épaule de Dalla alerte à tout ce qui nous entoure.
Là pour le coup je ne peux pas raconter d’histoire sur la Magie et le monde de l’Invisible… dans notre situation il s’agit purement du monde de la matière.
Voir si rien de dangereux nous entoure, les trajectoires des débris spéciaux et météores…
Rien de très Philosophique quoi…
Chaque information que je décèle, je la transmets sur le champ à Dalla à travers le lien Télépathique qu’on a ouvert, comme ça elle peut se concentrer sur son pilotage tout en ayant une sorte de carte interne, elle peut voir tout ce qui nous entoure sans avoir vraiment à chercher, pratique et prudent : parfait !
La situation se fait que devenir de plus en plus intense, nous essayons d’être le plus aux aguets possibles, tout en gardant la communication claire et propre ; les obstacles se font de plus en plus nombreux, de plus en plus gros, le pire étant que les gros flagrants cachent les petits dangereux…
Notre concentration étirée à son pinacle, on ne peut rien faire d’autre qu’attendre que le danger s’estompe, même en étant tendue au maximum.
Chaque instant passé de plus ici était une source de danger folle.
Je pousse un soulagement, il me semble qu’on ait enfin quitté la zone la plus agitée, et qu’on repasse dans les lieux plus calmes ; certes toujours dangereux mais au moins les informations à transmettre sont moins nombreuses, plus rapides et plus simples.
J’en profite donc pour souffler un coup, détendre mes muscles ankylosés et faire un point.
Déjà le débat interne fût bref : je me suis dit que j’espérais à plus jamais avoir à foutre les pieds de prêt ou de loin dans ce fameux Noyau Profond, et j’étais d’accord avec moi-même, ça c’est le plus important.
Ensuite il faudrait que je parle un peu avec Dalla, les détails techniques de notre arrivée sur Ilum, a-t-on des nouvelles du Deck qui est sensé nous rejoindre sur place, l’itinéraire qu’il nous reste à parcourir… Quand faire piloter les gosses et lesquels ?
Mais en jetant un coup d’œil dans sa direction je vois encore une veine pulser sur son front au-dessus de ses sourcils tant ceux-ci sont froncés ; je préfère donc éviter de la déranger et garde mes questions pour plus tard.
Je pense ensuite aux gamins, ont-ils peurs ? Je me demande ce qu’ils voient à travers leurs hublots…
Les plus petits doivent avoir une vision terrible du Noyau profond, mais alors en étant sur place j’imagine pas la quantité de stress… Pour les grands sûrement aussi d’ailleurs…
Je reste donc comme ça un bon petit moment, toujours à l’affût des dangers qui nous entourent tout en vagabondant dans mes pensées.
Je préfère laisser à Dalla le choix de quand briser le silence, ça reste elle la pilote.
Je décide donc de faire mon boulot de guide, tout en faisant bien attention au reste, c’est bien gentil les débris spatiaux mais j’ai malheureusement d’autres sources de danger en tête…
J’essaye donc de garder un œil sur la carte, sur le scanner, de me projeter le plus loin possible, ressentir ce qui nous entoure…
Mais je dois surtout me fier au scanner, dans l’état dans lequel je dois être pour diriger Dalla, je ne peux pas me projeter trop loin sur l’extérieur…
Malgré tout, j’ai un mauvais présentiment.
Je n’aime pas cette situation, cette position de guide me fais me sentir vulnérable ; et je n’aime pas devoir me fier à un scanner plutôt qu’à mon esprit.
C’est une fois arrivée au système de l’Impératrice Têta que je comprends d’où venait toutes ces angoisses qui me pourchassait ; parce que là, au plein milieu de nulle part dans le Noyau Profond, sur le scanner s’affiche un point derrière nous, juste assez loin pour pouvoir nous suivre tout en restant hors d’atteinte de notre détecteur …
Sourire aux lèvres je lâche un ricanement plus proche du « Niarkniarkniark » qu’autre chose, et tourne finalement la tête vers ma compère médusée.
Sa bouche grande ouverte je la laisse dans son blocage et dans un énième ricanement digne du Chirodactyle dernier né des Ruines du Cauchemar près de chez ma Tribu, je bidouille les commandes et lance ce fameux saut programmé avant l’incident. (Avec un peu de recul d’ailleurs, ce bébé dernier né doit être une bien grosse bestiole maintenant, depuis 13ans que je l’ai pas vu…)
Je la laisse reprendre tous ses esprits, étant moi-même plongée dans une réflexion de Oh-la-plus-haute-importance je cite :
« Quelles gueules doivent bien avoir toutes les bêbêtes des Ruines du Cauchemar de nos jours ? » nom bien mal choisi puisque ces plaines jonchées d’anciens vestiges (certes nommés « Ruines ») traitent finalement bien plus du Zoo (dont les gosses comme moi étaient dingues) qu’autre chose… On est bien loin du Cauchemar…
Ça aurait dû s’appeler « Les Ruines du Rêve » tient !
Je repense au vieux Rancor crasseux qui faisait flipper même les adultes et garde tout de même le mot « Cauchemar » disponible pour sa taverne, mais juste la sienne alors !
J’émerge finalement de mon tourbillon de pensées nostalgiques et futiles et tic finalement à sa question :
« Un « mindtrick »? Hahaha, on peut appeler ça comme ça si on veut… C’est… Comment expliquer ?... Ça serait bien plus cool de juste dire que c’est de la…
Je marque une pause, rictus bien présent en agitant mes mains d’une manière stupide pour ajouter du mystère :
De la Magiiiie… ! Ahahah !!
Je renifle, me frottant le visage ; vieux tic :
Tu vois, tout est dans la division entre l’âme et la matière, le monde de l’invisible tout ça tout ça…
Un truc qui m’a marqué petite, c’est que les Sorcières accomplies de chez moi arrivaient à tant de choses visuellement folles… Certaines arrivaient même à se téléporter…
Mais quand au final elles nous expliquaient le processus, c’était rien de plus qu’un « voyage » de l’esprit d’un point A à un point B, tout en suivant une ligne énergétique bien précise… »
Une fois avoir bien vérifié que le saut était en cours, Dalla annonce une pause et quitte le cockpit ; dès sa sortie je me lève et m’étire de tout mon long, cette péripétie à eu le don de me raidir la colonne à un point…
Debout seule dans la pièce, je ne peux m’empêcher d’être ébahie face au spectacle spatial dont je suis témoin… Eh oui exactement pareil qu’au saut précédent, et celui encore avant, et encore avant etcetera… Mais bon, il me semble que je ne m’en lasserai jamais, et ça c’est chouette !
Il faut de tout pour faire un monde ; et bien je serais celle qui trouvera toujours le moyen d’être émerveillé par les choses du quotidien…
De là où je suis, j’entend tout de même le chuchotement inquiet d’Opree, les autres Padawans oreilles tendues agglutinés dans la pièce derrière elle, qui juste derrière la porte dans le couloir exprimait son inquiétude auprès de Dalla.
Je n’écoute pas la suite de la conversation mais ressens tout de même une vague de soulagement m’atteindre, elle gère très bien la situation apparemment…
J’entends les voix se taire, les bruits de pas s’éloigner, et une fois sûre que la voie était libre je décide à mon tour de quitter la salle de pilotage.
La porte s’ouvre devant moi dans un « Swoosh » familier, je passe le pas et traverse le couloir principal en direction de l’arrière du vaisseau histoire de bouger un peu et de m’aérer l’esprit.
Perdue dans mes pensées, je tourne en rond autour d’une table basse, ruminant sur mes angoisses…
Evidemment que j’étais tendue… A peine un pied mis dans l’espace Républicain et on s’attire des gros ennuis…
Je ne sais par quel miracle j’ai pu nous éviter un sort terrible ; certes j’ai de bonnes capacités d’improvisations mais je crains toujours qu’il s’agisse d’un coup de chance…
Et même si nous sommes certes hors de danger pour l’instant, dès que nous nous éloigneront de la route Ord Pardron-Duro, ce qui ne va pas tarder d’ailleurs vu notre arrivée imminente près de Bellassa, nous serons à nouveau signalés sur les registres de la Marine… Qui ne perd pas de temps pour réagir visiblement...
Pfff… On est à peine à la moitié du trajet… La moitié !
Je pourrais dire « Enfin la moitié Yayy » ou alors « Bon sang c’est tout ! » mais j’arrive pas à savoir sur quel pied danser.
Et même si en public je parle Verre à moitié Plein, c’est les voix dans ma tête qui elles ont toujours été plus Verre à moitié Vide.
Mais bon, si personne ne se dévoue pour être l’optimiste du groupe qui sera là pour rassurer les esprits ?
Un peu de Désillusion ça fait du bien des fois.
Je décide finalement de laisser cette pauvre table basse tranquille et retourner ruminer ailleurs.
Dalla vient de sortir du refresher et est retourné dans le cockpit, je lui laisse quelques instants de paix et en profite pour aller voir les gamins : les deux plus jeunes toujours aussi studieux, je les laisse à leurs travaux sérieux et change de pièce pour bavarder un peu avec les autres.
La grande perche à la chevelure plumée est toujours affalée bizarrement sur une banquette, assis à l’envers la tête en arrière et les pieds sur la têtière, son pote le Chiss à l’air toujours aussi impassible à ses côtés :
« Comment ça va Hunakh, le sang te monte pas trop à la tête ou c’est l’égo qui le freine ?
-Hahaha créative celle là on me l’avait jamais fait !
-Permet moi d’en douter ah ! … »
L’Omwatti se redresse finalement, manquant de tomber de la banquette en se remettant dans un sens normal, j’ai vu sa main glisser quand il a pris appuis dessus.
Une fois assis normalement, il met un coup de coude à Xoraae, me fixe d’un air chafouin et en faisant semblant de chuchoter dit :
« Viens Xoraae on va préparer notre vengeance, y’aura plus assez de neige sur Ilum avec tout ce qu’on va lui faire bouffer. »
Je ris de bon cœur avec eux avant de renchérir :
« Parlons neige tiens si ça vous fait rire ; quand vous vous caillerez le cul avec vos manteaux je serais là posé tranquille pour immortaliser le moment ne t’inquiètes pas !
-Fais la maligne c’est ça. C’est de la triche de pas avoir froid !
-Oula fait attention t’as presque l’air dégouté premier degré ahahah ! Vous qui êtes déjà Bleu je me demande de quelle couleur vous allez tourner !
-Nan en vrai sérieusement je le pense à moitié. Genre c’est pas juste nous on doit se trimballer des vêtements qui pèsent une tonne et toi t’as rien !
-Mhhh pour cette fois, mais c’est juste pour une expédition. Pour toutes les autres destinations globalement je galère.
En plus t’oublie qu’on vit sur Tatooine, tu penseras à moi quand t’auras un peu chaud en cours je serais en train de crever dans le sable.
-OK Point accordé là-dessus, c’est sûr que c’est pas le domicile de rêve pour toi. Mais bon, ça reste mieux que Nar Shaddaa. »
J’arrête soudainement la tirade sur ma haine du sable que j’avais entamé pendant sa dernière intervention, me stoppant en milieu de phrase.
Vraiment ?
Comment ?
Pourquoi ?
Est-ce dans ma tête ou j’ai bien entendu ce que j’ai compris ?
Je ne sais pas… Non vraiment je- Je ne sais pas…
Est-ce que je fabule ?
Comment le sait-il ?
Impossible… Impossible je ne le connaissais pas…
A vrai dire, il n’a pas besoin de me connaître pour ça : les rumeurs vont vite, ou tout du moins allaient vite ; tout le monde était au courant de qui avait ou pas disparu durant la Diaspora.
Mais pourquoi a-il retenu cette information sur moi ? Et encore plus gros, pourquoi me dire ça en face ?
Il pensait vraiment… faire une blague ?
Regard bloqué dans le vide, yeux écarquillés, je ressens que je fais surement une grimace, ou alors une petite moue, mais malgré tout je reste bloqué dans mon corps dans cet état de paralysie.
J’ai beau essayer de sortir de l’état de choc, dans tous les cas je suis là, debout dans la petite pièce face aux Padawans, immobile, silence radio.
Le cœur serré je parviens à peine à respirer, je suffoque.
Dans cette suffocation familière, des odeurs me reviennent : celles de la cendre, de la chair fumante, des débris encore ardents du bordel et celle encore plus marquante de la mort…
Puis des sensations, la douleur, la peur, le désespoir, la solitude…
Cette peur d’être perdue à jamais, tout en étant parfaitement conscient que je ne peux pas attendre les secours qui d’ailleurs jamais ne viendront parce que la mort est déjà en train de toquer à la porte.
Ils sont encore là, 5ans après :
Je les entends hurler, brûlés vifs couche par couche, dévorés par les derniers soupçons de vie qui habitaient encore mon corps perdu.
Ils le méritaient.
Je les vois disparaître sous les rideaux flamboyants crées par personne d’autre que moi-même, ensevelis sous les décombres d’un bâtiment rasé par ma seule haine.
Ils le méritaient.
Je sens la vie s’éteindre partout autour de moi, morceaux par morceaux, ces mouvances dans la Force qui m’indiquent les drames des conséquences, sauf que là j’étais la cause.
Œil pour Œil comme on dit : ils ont pris ma vie, en échange je leur ai tout pris.
Gisante au sol, pour la première fois brûlée par mes propres flammes ; peau cornes oreilles ongles et cheveux fondus, la vie accepte enfin de me laisser partir, mais je fus interrompu par…
« Kran !!
-NE ME TOUCHE PAS ! »
Sans vraiment savoir où je suis, je hurle et bondis en arrière.
Le contact d’une créature de sang chaud me fait instantanément émerger du piège mental dans lequel j’étais emprisonnée.
C’est un réflexe, un mouvement de recul naturel rien de personnel, je ne supporte plus le contact.
Soudainement me viens la réalisation ; seulement quelques secondes s’étaient écoulées, mais elles étaient largement suffisantes pour que le jeune homme se rende compte que quelque chose n’allait pas.
Je relève les yeux et croise le regard d’Hunnakh, complètement perdu :
« Je… je suis désolé je te jure j’ai pas fait exprès je voulais pas dire ça, je- je sais même pas de quoi je parlais… »
Il se confonds en mille excuses, il a lâché un truc sans faire exprès c’est pas grave.
Je déteste revivre des choses qui devraient restées perdues dans les méandres du temps, mais parfois on ne peut pas luter contre soi même.
Je stop ses mouvements de panique en me râclant la gorge, la sentant soudainement rêche, et marmonne :
« C’est… C’est pas grave t’inquiète… »
Le silence assourdissant de la salle devient trop lourd pour mes épaules, je préfère juste partir :
« Je… Je vais y aller on faisait juste une petite pause pour respirer… En cas de Pépin occupez-vous des petits et surtout rester bien calme on arrive bientôt au Noyau Profond on va avoir besoin de toutes notre concentration. »
J’ai tenté de récupérer une façade et de garder la face, celle de quelqu’un qui sait ce qu’il fait, d’un Chevalier sur qui un Padawan peut compter ; mais je déteste ce moment où quand je quitte finalement la pièce, je sens le regard froid figé et sans fond du Chiss ancré derrière ma tête.
Encore secouée par ma crise de panique Post-traumatique, je décide de ne pas retourner de suite dans le cockpit avec Dalla, je préfère attendre d’être un peu plus posée.
L’estomac retourné, je me dirige vers le refresher et, pleine de frustration, jette un gros coup de pied dans la première pièce pétée qui trainait dans un coin, l’envoyant valdinguer à l’autre bout de la pièce dans un claquement des plus chiants.
Je claque la porte du refresher derrière moi et me laisse tomber au sol dans un râle de frustration et de colère :
« Putainnn. »
Les dents serrées, je tiens fermement ma tête dans mes mains, tirant sur mes cornes comme si cette simple pression pouvait enfin les arracher de mon crâne.
Je serre un poing et commence à me donner des coups sur le front pour calmer ma tempête de pensées interne, arrivant à apaiser les bourrasques sans réellement impacter le Noyau.
Cette mission c’était définitivement trop de stress pour moi, je sens que même ce vaisseau commence à son tour à me rendre dingue ; j’ai besoin d’en sortir.
Je soupire, reprenant enfin un peu de contenance ; zen on sera bientôt sur Ilum…
Ça fait si longtemps que j’attendais le moment où je reposerais les pied sur ces Terres je ne peux pas péter les plombs sur le chemin allez c’est ridicule…
Je quitte enfin le refresher ayant chassé les traits froncés qui obscurcissaient mon visage habituellement si jovial qu’il en paraît niais, et me diriges finalement vers la salle de pilotage ; on arrivait vers Bellassa.
Je débarque d’un pas sûr, sourire collé au visage dégageant la confiance habituelle :
« Hey me revoilà ! Alors cette fameuse technique ? »
J’écoute attentivement les consignes de Dalla, prête à appliquer ses ordres à la lettre.
« Pilotage éveillé » ? Et bien je ne sais pas qui est l’inventeur de cette méthode mais il a eu une super idée, ça a dû lui refaire sa carrière !
Je chasse les bribes de nervosités qui tentent l’assaut dans ma tête, c’est une sorte de méditation, un trick de visualisation je suis sensée être douée dans ces trucs-là !
« Ok ok… Je pense que j’ai bien saisi le concept… Donc il faut que- que je pose la main là c’est bon ? »
Je joins le geste à la parole en posant ma main grisâtre sur l’épaule massive de ma compère et vu le silence qu’elle marque, je me prépare à commencer à tester la manœuvre et à entrer en concentration intense.
Cependant le silence fût brisé par une question :
« Tu… tu crois qu’on devrait demander à Loona et Xoraae de nous assister ?
-Je sais pas vraiment… Une part de moi aurait envie de dire oui pour le côté éducatif, et même sur ce qui pourrait nous apporter à nous mais je pense pas que ce moment-là soit le bon…
On doit gérer le pilotage, les galère du Noyau Profond, le vaisseau mal renseigné…
En plus à tout moment la Marine nous recontacte pour nous retomber dessus j’ai pas trop envie d’impliquer les gosses dans nos galères techniques…
Ahlala écoute moi parler comme une vielle alors que j’ai quasiment leur âge…
Comme quoi les responsabilités ça ajoute un sacré poids...
Ca serait bien de voir avec Loona une fois avoir dépassé Coruscant comme tu lui avait promis tout à l’heure ; elle a besoin de leçons de pilotage c’est un truc trop négligé de nos jours chez les Padawans… J’en suis la preuve vivante.
Après pour Xoraae je connais pas ses facultés, je connais même pas son maître à vrai dire, mystérieux jusqu’au bout, limite flippant. »
Je la regarde consulter tous les dossiers disponibles à propos de notre vaisseau, véritable catastrophe ça, l’Ordre à vraiment fait une bourde.
Plongée dans les dossiers administratifs, je reste debout à ses côtés en posant mon regard sur plus ou moins tout ce que je peux observer : les commandes, les rayures, l’ameublement…
Entre quelques marmonnements elle dit :
« Vraisemblablement, il n’y avait pas assez de monde pour faire le boulot de recherche…
-M’en parle pas… C’est tellement le chaos je comprends pas comment tout tiens encore debout… »
Pendant un autre silence, je jette un coup d’œil à la carte tactique qui trône fièrement à l’épicentre de toutes les commandes, et sens ma gorge se serrer en voyant que le point qui nous représente à désormais bien dépassé Bellassa, et donc : est sorti de la route Ord Pardron-Duro…
Le temps passe, lentement minute par minute, sans que j’ose réellement parler, sûrement parce que chaque instant qui nous rapproche du Noyau Profond nous indique à quel point il faut redoubler de prudence…
Même si plus tôt lors de notre discussion avant la communication de la marine je me suis souvenu quelque chose que je voulais lui demander, je préfère attendre que la tension passe.
Je reste donc silencieuse, la main posée sur l’épaule de Dalla alerte à tout ce qui nous entoure.
Là pour le coup je ne peux pas raconter d’histoire sur la Magie et le monde de l’Invisible… dans notre situation il s’agit purement du monde de la matière.
Voir si rien de dangereux nous entoure, les trajectoires des débris spéciaux et météores…
Rien de très Philosophique quoi…
Chaque information que je décèle, je la transmets sur le champ à Dalla à travers le lien Télépathique qu’on a ouvert, comme ça elle peut se concentrer sur son pilotage tout en ayant une sorte de carte interne, elle peut voir tout ce qui nous entoure sans avoir vraiment à chercher, pratique et prudent : parfait !
La situation se fait que devenir de plus en plus intense, nous essayons d’être le plus aux aguets possibles, tout en gardant la communication claire et propre ; les obstacles se font de plus en plus nombreux, de plus en plus gros, le pire étant que les gros flagrants cachent les petits dangereux…
Notre concentration étirée à son pinacle, on ne peut rien faire d’autre qu’attendre que le danger s’estompe, même en étant tendue au maximum.
Chaque instant passé de plus ici était une source de danger folle.
Je pousse un soulagement, il me semble qu’on ait enfin quitté la zone la plus agitée, et qu’on repasse dans les lieux plus calmes ; certes toujours dangereux mais au moins les informations à transmettre sont moins nombreuses, plus rapides et plus simples.
J’en profite donc pour souffler un coup, détendre mes muscles ankylosés et faire un point.
Déjà le débat interne fût bref : je me suis dit que j’espérais à plus jamais avoir à foutre les pieds de prêt ou de loin dans ce fameux Noyau Profond, et j’étais d’accord avec moi-même, ça c’est le plus important.
Ensuite il faudrait que je parle un peu avec Dalla, les détails techniques de notre arrivée sur Ilum, a-t-on des nouvelles du Deck qui est sensé nous rejoindre sur place, l’itinéraire qu’il nous reste à parcourir… Quand faire piloter les gosses et lesquels ?
Mais en jetant un coup d’œil dans sa direction je vois encore une veine pulser sur son front au-dessus de ses sourcils tant ceux-ci sont froncés ; je préfère donc éviter de la déranger et garde mes questions pour plus tard.
Je pense ensuite aux gamins, ont-ils peurs ? Je me demande ce qu’ils voient à travers leurs hublots…
Les plus petits doivent avoir une vision terrible du Noyau profond, mais alors en étant sur place j’imagine pas la quantité de stress… Pour les grands sûrement aussi d’ailleurs…
Je reste donc comme ça un bon petit moment, toujours à l’affût des dangers qui nous entourent tout en vagabondant dans mes pensées.
Je préfère laisser à Dalla le choix de quand briser le silence, ça reste elle la pilote.
Je décide donc de faire mon boulot de guide, tout en faisant bien attention au reste, c’est bien gentil les débris spatiaux mais j’ai malheureusement d’autres sources de danger en tête…
J’essaye donc de garder un œil sur la carte, sur le scanner, de me projeter le plus loin possible, ressentir ce qui nous entoure…
Mais je dois surtout me fier au scanner, dans l’état dans lequel je dois être pour diriger Dalla, je ne peux pas me projeter trop loin sur l’extérieur…
Malgré tout, j’ai un mauvais présentiment.
Je n’aime pas cette situation, cette position de guide me fais me sentir vulnérable ; et je n’aime pas devoir me fier à un scanner plutôt qu’à mon esprit.
C’est une fois arrivée au système de l’Impératrice Têta que je comprends d’où venait toutes ces angoisses qui me pourchassait ; parce que là, au plein milieu de nulle part dans le Noyau Profond, sur le scanner s’affiche un point derrière nous, juste assez loin pour pouvoir nous suivre tout en restant hors d’atteinte de notre détecteur …
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Ven 27 Oct 2023 - 17:16
De la magie ? songea Dalla. C’est… n’importe quoi ! La magie, ça n’existe pas…
Il n’y avait que les plus jeunes padawans pour croire à ce genre de choses…
Mais en même temps… Avec les Dathomiriennes…
Ne voulant pas naïve, et encore moins insultante envers Kranyya, Dalla se contenta d’un petit sourire, qui n’engageait à rien.
Elle écouta attentivement les explications de sa camarade, même si elle n’était pas vraiment sûre de tout comprendre.
-Se téléporter ? répéta-t-elle ? Mais c’est… ça paraît incroyable !
Sa séance de médiation lui fit du bien, mais elle était encore un peu fébrile. Elle essayait d’ignorer l’énormité de la tâche qui les attendait. Elle essayait aussi de se fermer aux sollicitations extérieures, notamment les pensées et angoisses des autres voyageurs du cargo n°887-524. Dalla n’était déjà pas complètement sûre de pouvoir gérer la traversée du Noyau. Alors rajouter les angoisses des autres, c’était non. Pas pour l’instant en tout cas.
Un Maître jedi aurait sûrement réussi à tout gérer en même temps, ou même un meilleur chevalier qu’elle. Mais là, non. Elle avait au moins assez de lucidité pour savoir cela.
Quand le Noyau serait derrière eux (et elle refusait de penser à une autre conclusion à leur petite expédition), il serait temps de s’occuper des padawans. Mais la priorité,c’était de traverser ce foutu Noyau et de laisser la République loin derrière eux. Kranyya avait réussi à leur sauver les miches une première fois, inutile de tenter le sort une deuxième fois.
-En plus à tout moment la Marine nous recontacte pour nous retomber dessus j’ai pas trop envie d’impliquer les gosses dans nos galères techniques…
Le cœur de Dalla manqua un battement.
-Tu crois que la Marine est encore après nous ? Je croyais que tu les avais…
… ensorcelés…
-...semés…
Voilà, effectivement, qui changeait les choses.
-Dans ce cas là, effectivement, n’allons pas les inquiéter. Notre priorité est de passer le Noyau. On sortira hors de l’espace républicain, on devrait être tranquilles de ce côté-là, on pourra s’occuper des petits et du côté… éducatif comme tu dis…
Elle aurait plutôt utilisé le mot pédagogique, mais ce n’était vraiment pas le moment pour un tel débat…
-Tout tient avec un peu de Force, un peu d’huile de coude, quelques tas de sable bien placés…
Elle soupira.
-Et nous…
Cela lui redonna un peu de courage. C’était pour ça qu’elle avait travaillé d’arrache-pied à l’Université de Coruscant pour avoir ses diplômes. Pour ça qu’elle avait suivi scrupuleusement les conseils et indications de sa maître. Pour ça qu’elle avait fini par quitter Dubrava et rejoindre Tatooine.
Pour être utile. Pour aider.
Et dans l’Ordre rescapé sur Tatooine, chacun et chacune pouvait faire une vraie différence.
Elle ne laisserait pas tomber son Ordre et ses condisciples.
Rassérénée, bien que toujours tendue, elle se tourna vers Kranyya. Et pour la première fois depuis leur retour dans le cockpit, elle se rendit compte que la jedi n'était… pas dans son assiette.
-Ça va ? Pas évident, comme première fois à gérer des padawans… murmura-t-elle avec un demi-sourire compatissant.
C’était nettement plus facile de leur enseigner l’évolution politiques et sociales des mondes du Noyau ou de les surveiller pendant un examen. Dire qu’il y a peu, sa principale responsabilité envers les padawans était qu’ils aient les mêmes conditions de passation de l’évaluation diagnostique…
-Je… Si tu as besoin de souffler, c’est le moment…
Elle observa les grands tourbillons de l’espace devant elles.
-Parce qu’une fois là-dedans, ce sera plus possible…
Le trajet entre Bellassa et les limites de l’espace républicain se fit dans un épais silence. Aucune des jedi ne parla, mais elles commençaient à rôder leur lien. Dalla ressentait, sans avoir à tourner la tête, le moindre regard de Kranyya aux scanners, au variomètre, aux données de vol, au système comm…
Bien sûr, Dalla savait que la réalité de l’espace était souvent différente de la façon dont elle était représentée sur les cartes. La limite du Noyau Profond n’était pas, dans la réalité, une grosse ligne blanche.
Elle eut néanmoins un frisson en réalisant, sûrement au bout de plusieurs minutes, que ça y était, ils étaient dans le Noyau Profond.
Les corps célestes s’étaient fait de plus en plus nombreux, maintenir le cap du vaisseau de plus en plus difficile.
Les lignes et les couleurs des cartographes n’étaient que des leurres, des conventions sans fondements.
La Galaxie, comme la Force, était un continuum, avec ses bosses, ses espaces denses et ses aspérités, ses tempêtes et ses vides.
Dalla aurait presque était tentée de dire que le Noyau n’était pas si impressionnant.
Presque.
Si tout son corps n’avait pas été dans un état de tension si avancée que Kranyya devait avoir l’impression de poser la main sur une paroi de duracier.
Si le moindre tressautement de son petit doigt ne risquait pas de les envoyer se pulvériser contre n’importe quoi.
Et dire qu’il n’était qu’en périphérie du Noyau Profond.
Elle se sentait immensément reconnaissante à Kranyya, dont la perception de l’espace lui arrivait comme le seul élément clair autour d’elle. Comme une bouffée d’air dans sa cage de concentration, comme un linge frais sur son front brûlant.
Son visage, bien sûr, ne devait rien refléter de sa gratitude. De ce qu’elle ressentait confusément de son corps, sa mâchoire devait être plus serrée que le contrôle de S’orn sur la République, et son visage plus crispé que ne l’était celui de la vieille Maître Ponn quand l’un de ses élèves écorchait une déclinaison du deuxième groupe.
Dalla sentait la douleur gagner ses muscles les uns après les autres. C’était parti des épaules. Cela descendait le long de ses bras, gagnait ses cuisses, ses mollets, ses pieds.
Courage Tellura, c’est pas le moment de lâcher.
Elle pourrait souffler quand ils seraient de l’autre côté. Quand…
Reste concentrée…
Son œil gauche commençait à la piquer. De la sueur ? Des larmes de frustration ou de fatigue ?
Elle souleva légèrement son épaule, pour s’essuyer l’œil sur son avant bras, et failli percuter un énorme… truc. Astéroïde, gravier, planète, elle n’en avait aucun idée, à cette vitesse et dans son état. Un truc qui aurait pu les tuer en tout cas.
Elle ne tiendrait plus très longtemps.
Ils en étaient aux deux tiers, à peu près.
Dalla avait l’impression que son corps était fait de duracier en fusion.
-J’peux pas… murmura-t-elle entre ses dents serrées.
Ils avaient dépassé Impératrice Têta.
S’ils dépassaient Saliche, grâce aux données top secret du conseil, elle pourrait sûrement lancer un nouveau saut.
Se reposer.
Fermer les yeux.
Lâcher les commandes.
-Je peux pas ! répéta-t-elle en obliquant légèrement sa trajectoire vers l’extérieur. Je peux plus…
Elle réussit à sortir le vaisseau du Noyau.
Elle réussit à maintenir son nouveau cap pendant des minutes qui lui parurent presque plus longues que le temps qu’elle avait passé dans le Noyau.
Puis elle immobilisa le vaisseau et ferma les yeux.
A à peine un parsec d’Impératrice Téta.
En plein espace républicain.
Tout près de Metellos.
Tout près de Coruscant.
Il lui fallut plusieurs minutes pour reprendre complètement conscience. Ses mains étaient toujours crispées sur le manche. Elle les détacha alternativement, fit jouer ses doigts, pour dissiper la tétanie qui s’était emparée de ses muscles.
-C’est quoi ? croassa-t-elle, en pensant à ce qu’elle avait perçu au travers de sa connexion avec Kranyya.
Le sang battait à ses tempes. Sa gorge était presque aussi râpeuse que quand le BRJD l’avait récupérée en plein soleils. Ses mains et ses genoux tremblaient furieusement.
Un point. Un point clignotant juste en périphérie de leur scanner.
Un vaisseau républicain ?
Un animal terrifiant prêt à les dévorer ou à les entraîner dans sa tanière au fin fond du Noyau ?
Des pirates, comme il y en avait parfois, parmi les plus téméraires, qui se réfugiaient dans le Noyau pour échapper aux autorités ?
Ou l’un de ses peuples légendaires, qui, parait-il, peuplaient les espaces mystérieux du cœur de la Galaxie ?
Dans tous les cas, ils étaient mal barrés.
-Faut envoyer Xoraae et Mosroka aux tourelles. Au cas où. Loona reste avec les petits...
Et Dalla n’était même pas en état de se relever dans son siège...
Elle fit néanmoins une tentative.
Cuisant échec.
Elle s’accorda quelques instants avant de retenter.
-Au retour, balbutia-t-elle, on repasse pas par là.
Plus jamais, jamais, elle ne remettrait les lekkus dans le Noyau Profond ! Elle préférait encore aller directement dans le bureau de Grendo S’orn !
Il n’y avait que les plus jeunes padawans pour croire à ce genre de choses…
Mais en même temps… Avec les Dathomiriennes…
Ne voulant pas naïve, et encore moins insultante envers Kranyya, Dalla se contenta d’un petit sourire, qui n’engageait à rien.
Elle écouta attentivement les explications de sa camarade, même si elle n’était pas vraiment sûre de tout comprendre.
-Se téléporter ? répéta-t-elle ? Mais c’est… ça paraît incroyable !
Sa séance de médiation lui fit du bien, mais elle était encore un peu fébrile. Elle essayait d’ignorer l’énormité de la tâche qui les attendait. Elle essayait aussi de se fermer aux sollicitations extérieures, notamment les pensées et angoisses des autres voyageurs du cargo n°887-524. Dalla n’était déjà pas complètement sûre de pouvoir gérer la traversée du Noyau. Alors rajouter les angoisses des autres, c’était non. Pas pour l’instant en tout cas.
Un Maître jedi aurait sûrement réussi à tout gérer en même temps, ou même un meilleur chevalier qu’elle. Mais là, non. Elle avait au moins assez de lucidité pour savoir cela.
Quand le Noyau serait derrière eux (et elle refusait de penser à une autre conclusion à leur petite expédition), il serait temps de s’occuper des padawans. Mais la priorité,c’était de traverser ce foutu Noyau et de laisser la République loin derrière eux. Kranyya avait réussi à leur sauver les miches une première fois, inutile de tenter le sort une deuxième fois.
-En plus à tout moment la Marine nous recontacte pour nous retomber dessus j’ai pas trop envie d’impliquer les gosses dans nos galères techniques…
Le cœur de Dalla manqua un battement.
-Tu crois que la Marine est encore après nous ? Je croyais que tu les avais…
… ensorcelés…
-...semés…
Voilà, effectivement, qui changeait les choses.
-Dans ce cas là, effectivement, n’allons pas les inquiéter. Notre priorité est de passer le Noyau. On sortira hors de l’espace républicain, on devrait être tranquilles de ce côté-là, on pourra s’occuper des petits et du côté… éducatif comme tu dis…
Elle aurait plutôt utilisé le mot pédagogique, mais ce n’était vraiment pas le moment pour un tel débat…
-Tout tient avec un peu de Force, un peu d’huile de coude, quelques tas de sable bien placés…
Elle soupira.
-Et nous…
Cela lui redonna un peu de courage. C’était pour ça qu’elle avait travaillé d’arrache-pied à l’Université de Coruscant pour avoir ses diplômes. Pour ça qu’elle avait suivi scrupuleusement les conseils et indications de sa maître. Pour ça qu’elle avait fini par quitter Dubrava et rejoindre Tatooine.
Pour être utile. Pour aider.
Et dans l’Ordre rescapé sur Tatooine, chacun et chacune pouvait faire une vraie différence.
Elle ne laisserait pas tomber son Ordre et ses condisciples.
Rassérénée, bien que toujours tendue, elle se tourna vers Kranyya. Et pour la première fois depuis leur retour dans le cockpit, elle se rendit compte que la jedi n'était… pas dans son assiette.
-Ça va ? Pas évident, comme première fois à gérer des padawans… murmura-t-elle avec un demi-sourire compatissant.
C’était nettement plus facile de leur enseigner l’évolution politiques et sociales des mondes du Noyau ou de les surveiller pendant un examen. Dire qu’il y a peu, sa principale responsabilité envers les padawans était qu’ils aient les mêmes conditions de passation de l’évaluation diagnostique…
-Je… Si tu as besoin de souffler, c’est le moment…
Elle observa les grands tourbillons de l’espace devant elles.
-Parce qu’une fois là-dedans, ce sera plus possible…
Le trajet entre Bellassa et les limites de l’espace républicain se fit dans un épais silence. Aucune des jedi ne parla, mais elles commençaient à rôder leur lien. Dalla ressentait, sans avoir à tourner la tête, le moindre regard de Kranyya aux scanners, au variomètre, aux données de vol, au système comm…
Bien sûr, Dalla savait que la réalité de l’espace était souvent différente de la façon dont elle était représentée sur les cartes. La limite du Noyau Profond n’était pas, dans la réalité, une grosse ligne blanche.
Elle eut néanmoins un frisson en réalisant, sûrement au bout de plusieurs minutes, que ça y était, ils étaient dans le Noyau Profond.
Les corps célestes s’étaient fait de plus en plus nombreux, maintenir le cap du vaisseau de plus en plus difficile.
Les lignes et les couleurs des cartographes n’étaient que des leurres, des conventions sans fondements.
La Galaxie, comme la Force, était un continuum, avec ses bosses, ses espaces denses et ses aspérités, ses tempêtes et ses vides.
Dalla aurait presque était tentée de dire que le Noyau n’était pas si impressionnant.
Presque.
Si tout son corps n’avait pas été dans un état de tension si avancée que Kranyya devait avoir l’impression de poser la main sur une paroi de duracier.
Si le moindre tressautement de son petit doigt ne risquait pas de les envoyer se pulvériser contre n’importe quoi.
Et dire qu’il n’était qu’en périphérie du Noyau Profond.
Elle se sentait immensément reconnaissante à Kranyya, dont la perception de l’espace lui arrivait comme le seul élément clair autour d’elle. Comme une bouffée d’air dans sa cage de concentration, comme un linge frais sur son front brûlant.
Son visage, bien sûr, ne devait rien refléter de sa gratitude. De ce qu’elle ressentait confusément de son corps, sa mâchoire devait être plus serrée que le contrôle de S’orn sur la République, et son visage plus crispé que ne l’était celui de la vieille Maître Ponn quand l’un de ses élèves écorchait une déclinaison du deuxième groupe.
Dalla sentait la douleur gagner ses muscles les uns après les autres. C’était parti des épaules. Cela descendait le long de ses bras, gagnait ses cuisses, ses mollets, ses pieds.
Courage Tellura, c’est pas le moment de lâcher.
Elle pourrait souffler quand ils seraient de l’autre côté. Quand…
Reste concentrée…
Son œil gauche commençait à la piquer. De la sueur ? Des larmes de frustration ou de fatigue ?
Elle souleva légèrement son épaule, pour s’essuyer l’œil sur son avant bras, et failli percuter un énorme… truc. Astéroïde, gravier, planète, elle n’en avait aucun idée, à cette vitesse et dans son état. Un truc qui aurait pu les tuer en tout cas.
Elle ne tiendrait plus très longtemps.
Ils en étaient aux deux tiers, à peu près.
Dalla avait l’impression que son corps était fait de duracier en fusion.
-J’peux pas… murmura-t-elle entre ses dents serrées.
Ils avaient dépassé Impératrice Têta.
S’ils dépassaient Saliche, grâce aux données top secret du conseil, elle pourrait sûrement lancer un nouveau saut.
Se reposer.
Fermer les yeux.
Lâcher les commandes.
-Je peux pas ! répéta-t-elle en obliquant légèrement sa trajectoire vers l’extérieur. Je peux plus…
Elle réussit à sortir le vaisseau du Noyau.
Elle réussit à maintenir son nouveau cap pendant des minutes qui lui parurent presque plus longues que le temps qu’elle avait passé dans le Noyau.
Puis elle immobilisa le vaisseau et ferma les yeux.
A à peine un parsec d’Impératrice Téta.
En plein espace républicain.
Tout près de Metellos.
Tout près de Coruscant.
Il lui fallut plusieurs minutes pour reprendre complètement conscience. Ses mains étaient toujours crispées sur le manche. Elle les détacha alternativement, fit jouer ses doigts, pour dissiper la tétanie qui s’était emparée de ses muscles.
-C’est quoi ? croassa-t-elle, en pensant à ce qu’elle avait perçu au travers de sa connexion avec Kranyya.
Le sang battait à ses tempes. Sa gorge était presque aussi râpeuse que quand le BRJD l’avait récupérée en plein soleils. Ses mains et ses genoux tremblaient furieusement.
Un point. Un point clignotant juste en périphérie de leur scanner.
Un vaisseau républicain ?
Un animal terrifiant prêt à les dévorer ou à les entraîner dans sa tanière au fin fond du Noyau ?
Des pirates, comme il y en avait parfois, parmi les plus téméraires, qui se réfugiaient dans le Noyau pour échapper aux autorités ?
Ou l’un de ses peuples légendaires, qui, parait-il, peuplaient les espaces mystérieux du cœur de la Galaxie ?
Dans tous les cas, ils étaient mal barrés.
-Faut envoyer Xoraae et Mosroka aux tourelles. Au cas où. Loona reste avec les petits...
Et Dalla n’était même pas en état de se relever dans son siège...
Elle fit néanmoins une tentative.
Cuisant échec.
Elle s’accorda quelques instants avant de retenter.
-Au retour, balbutia-t-elle, on repasse pas par là.
Plus jamais, jamais, elle ne remettrait les lekkus dans le Noyau Profond ! Elle préférait encore aller directement dans le bureau de Grendo S’orn !
Kranyya Nekro
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Dim 29 Oct 2023 - 0:45
Suite à ma découverte au scanner, c’est une Dalla épuisée qui s’écroule sous ma main : immobile, crispée, le pouls déchaîné et recouverte de sueur.
Je perçois à peine son « C’est quoi ? » marmonné entre deux halètements à bout de force.
Morte d’inquiétude, je retire la main qui était placé sur son épaule depuis bien longtemps et m’accroupis à ses côtés, posant le dos de ma main froide sur son front pour tenter d’avoir un apperçu de son état :
« Bon sang tu es brûlante ! Attends je te tiens… »
Je place mon bras dans son dos pour soutenir son corps tremblant, ma petite carrure ridicule ne parvenant pas à l’aider à se redresser.
Je tourne ma tête dans tous les sens, paniquée, j’ai tant à faire !!
Ce signal est définitivement un vaisseau, merde je sentais qu’on était suivi j’aurais dû faire plus attention !
Je lâche ma compère après avoir fait gaffe à ce qu’elle soit bien stable sur son siège, et me redresse en épongeant les gouttes de sueur froides qui commençaient à perler sous mes cornes.
Ses yeux encore fermés, je l’entends tout de même me donner une dernière instruction :
« Faut envoyer Xoraae et Mosroka aux tourelles. Au cas où. Loona reste avec les petits...
-Compris ! Repose-toi quelques instants je- je gère ! »
Je commence à partir au pas de course mais avant d’ouvrir la porte je fais demi-tour et retourne au chevet de Dalla :
« Attends attends j’allais oublier, garde ça avec toi, pour- pour te revigorer un peu ! »
Je connais certes la réticence de Dalla envers tout ce qui concerne la magie, mais je n’ai pas le temps pour ces préoccupations-là, espérant tout de même ne pas lui donner l’impression de la maudire.
Je ferme les yeux et agite circulairement ma main droite, extrayant de l’air ambiant une once d’eau pure que je refroidis suffisamment sans la geler ; j’insuffle un peu d’énergie vitale dans la sphère flottante pour lui conférer quelques vertus guérisseuses et la place devant le visage de Dalla :
« Garde ça prêt de toi, touche la si tu veux voir ce que c’est, c’est- c’est juste de l’eau d’ailleurs t’en fait pas ; ça te permettras de respirer un peu.
Je vais m’occuper des petits, pr- prends ton temps pour te remettre… Je- Tou- Tout est sous contrôle ne t’en fait pas !!! »
Complètement paniquée, je quitte finalement le cockpit en courant, sans même prendre le temps de ricaner devant le « swoosh » habituel comme j’aurais fait dans n’importe quelles autres situations.
Je sens mon sang battre à tout rompre dans mes tempes, et traverse le couloir principal à toute vitesse en marmonnant :
« Merde, merde, merde !!... »
Haletante, recouverte de sueur, je débarque dans le premier salon où les deux petits assis par terre au centre de la pièce étaient encore studieusement plongés dans leur travail.
Malgré tout, je sens le regard sensible d’Opree se lever vers le mien, comme me disant « je sais qu’il y a quelque chose qui cloche, mais je préfère ne rien dire. »
Je remercie d’un geste de tête sa maturité et demande soudainement :
« Vous avez vu Mosroka ? Kodi va me chercher Xoraae il est avec Hunakh dans le petit salon près du refresher, ramène le aussi d’aillleurs, vite s’il te plaît !
-De suite ! » Dit le petit humain au teint halé, qui pose brusquement son Datapad sur la table et cours en direction de la pièce mentionnée.
Je reprends mon souffle, et met rapidement de l’ordre dans mes pensées : Vaut mieux réunir les gamins, outre les deux qu’on doit placer aux tourelles, faut pas que tout le monde soit éparpillé.
Mettre les deux petits sous la responsabilité de Loona me gène un peu, j’ai peur que ça la stresse ou je ne sais quoi, même si factuellement ça reste le bon choix à faire ; surtout si il y a Hunakh avec elle, le gamin a beau être un peu insolant je sens qu’il a un bon fond…
Les yeux verts d’Opree continue de me fixer intensément, je décide de lui faire face et de lui parler un peu plutôt que de la laisser à l’écart de la situation. Après tout, on est tous ensemble dans le même bateau et l’exclure par le prétexte que c’est la plus jeune serait un peu injuste, surtout qu’elle est bien consciente de la situation dans laquelle on est… :
« Dit Opree, quand je serais partie avec Xoraae reste bien avec Kodi et Hunakh ; je vais amener Loona avec vous, faites-lui confiance elle saura quoi faire.
Ne te fais pas trop de soucis, tout va bien se passer, ai fois en Dalla et moi d’accord ? »
La petite hoche la tête, bien au courant que je ne lui racontes pas toute la vérité ; et c’est à ce moment que les troisPadawans débarquent dans le salon.
Kodi, la grande perche à ses trousses et quelques pas derrière le Chiss au regard calme, le silence fût brisé par un Hunakh ayant perdu un peu de son arrogance signature dont l’inquiétude se faisait sentir dans la voix. Il fait un pas en avant, me surplombant d’une dizaine de centimètres :
« Bon il se passe quoi là ?
-Pour l’instant rien de grave, et je l’espère le plus longtemps possible. Reste bien avec les petits je vais aussi t’envoyer Loona, en mon absence c’est elle la capitaine pigé ?
-O- Ok pigé. »
Il se retourne pour vérifier que Kodi est toujours derrière lui, et en tendant le bras sur le côté il dit :
« Lève-toi Opree et reste prêt de moi, on va attendre Loona tous ensemble sur les banquettes d’accord ?
-Hm Hmh… » Marmonne la petite humaine qui se rapproche de lui en acquiesçant du chef.
Rassurée de savoir les deux petits en sûre compagnie, je décide de les laisser s’occuper d’eux même et de me refocaliser sur ma tâche principale.
Sachant le Chiss bien peu bavard et voulant éviter de paniquer les autres, je m’adresse directement à lui en ouvrant un canal de communication télépathique privé :
« On est suivis, probablement depuis Duro ça ne peut pas être un malentendu, et la Chevalière Tellura est en récupération pour quelques instants : durée indéfinie. Mosroka et toi vous devez vous placez aux tourelles pour nous défendre en cas d’attaque, et surveiller s’ils s’approchent un peu trop près de nous. N’hésite pas à tirer on a du monde à protéger, beaucoup de monde. Tourelle latérale droite, entrée avant le couloir du cockpit.
Suis-je bien clair ?
-Oui. Me fait savoir une voix claire, grave et sombre qui résonne dans mon esprit, accompagné d’un léger mouvement de tête.
-Très bien. Je te laisse t’y diriger seul je dois aller chercher les deux autres. Je te fais confiance, une fois sur place active le canal de communication qui relie entre elles les tourelles et le centre de pilotage, j’y serais bientôt. »
Sur ces mots je coupe la communication, fait volte-face et quitte le salon en courant ; je n’ai pas plus de temps à perdre.
Xoraae a disparu, ayant probablement déjà rejoint la tourelle ou il était attendu par je-ne-sais-quelle supervitesse, et les petits ont l’air à l’aise avec Hunakh.
Je suis rassurée et parcours le petit couloir secondaire à la recherche de Loona et Mosroka.
J’atteins le mini salon près du refresher où étaient posés les deux jeunes hommes quelques minutes auparavant et soupire en me rendant compte que les demoiselles n’y étaient pas :
« Bon sang… Il est pas si grand ce vaisseau mais elles sont où bordel ?! »
Ça doit être l’habitude, mais je n’ose pas crier leurs noms pour les appeler, préférant courir partout comme une débile pour les trouver, vielle honte de ma voix d’oisillon qui ferait frémir de honte n’importe quel Zabrak de constitution normale…
Je me refais rapidement une minimap mentale rapide du vaisseau pour me rendre compte des endroits que j’aurais oublié, mais à part le refresher et la soute je doute qu’il y est d’autres pièces…
Je poursuis donc ma route vers la petite pièce bas-de-plafond du fond du cargo.
La soute n’avait pas de porte, ce qui me permettait directement arrivé à son seuil d’avoir une bonne vue globale de la spacieuse pièce poussiéreuse et bordélique.
Au centre des nombreuses caisses débordant de bric à brac se trouvaient les deux Padawans, assises en tailleurs face à face, visiblement en pleine conversation :
« Les filles ? Excusez-moi je veux pas vous déranger mais ya urgence là, je-… »
Apparemment je les ai surprises en discussion privé, merde, et pas d’un peu puisque c’est une Loona étonnamment baignée de larmes qui se retourne vers moi.
Son expression est claire, celle d’une jeune femme en pleurs, mais là j’y vois surtout beaucoup de honte ; notamment celle d’être présente sous cet angle intime d’elle-même face à moi.
Les deux gamines se lèvent, me voyant tant dans tous mes états, et sans oser prononcer un seul mot me regardent tout de même avec une inquiétude transparente.
Encore essoufflée de mes courses incessantes en large et en travers de ces couloirs pourtant bien courts, je mets mon petit cœur fragile de côté, passe en mode « Chevalier stressée qui doit bien être responsable » et d’une voix toujours agitée débite :
« Bon, Dalla pète pas la forme, on est suivi, je suis stressée et en plus je transpire pour rien, en bref c’est la merde. Loona file au salon t’occuper des petits, Hunakh et toi avez le capitanat j’ai confiance en vous, Kodi et Opree aussi et pour eux c’est le plus important.
Mosroka tu file à la tourelle latérale gauche où Xoraae a déjà ouvert le canal de communication qui vous relie entre vous et avec le cockpit ou je serais ; coordonne-toi avec lui vous êtes notre défense, à nous tous. Tu connais les procédures d’urgences mais si jamais t’as oublié l’accès est derrière le refresher.
-Euh- O- Ok ! J’y vais ! »
Me réponds une Mosroka très nerveuse qui prend tout de même rapidement ses responsabilités, à ma plus grande fierté.
Comme moi il y a quelques instants, elle quitte la pièce en courant en direction de là où elle est attendue.
Je refuse de quitter la soute sans la confirmation de Loona, elle a une tache conséquente et je ne peux la laisser partir à demi-motivé ; mais en tournant la tête vers la jeune femme je ne retrouve plus le visage triste et perdu de tout à l’heure, à sa place est revenu l’originel, sûre d’elle débordant d’assurance.
Le temps s’étire, sur à peine quelques secondes, qui me parurent pourtant une éternité ; je sais que ma relation avec la twi’lek violacée a toujours été… bancale, hostile par périodes quand on était plus jeunes même, amicale il y a bien longtemps pourtant…
Mais me trouver face à elle dans cette situation me fait me rendre compte d’a quel point elle a… grandi… contrairement à moi qui continuais pas plus tôt qu’aujourd’hui à ricaner comme une gamine dès qu’il s’agissait d’elle.
Après tout, ne serait-il pas temps de passer à autre chose ? Je ne suis plus la freakshow du temple et elle n’est plus la petite peste qui me cherchait des noises.
Ma voix se dénoue enfin, pour laisser place à un :
« Hum… Une fois rentrée sur Tatooine ça te dirait de- de manger ensemble un de ces jours ? Je- je sais que t’as jamais été très fan de Qaram mais je suis sûre que vous pourriez bien vous entendre…
-Oh- Euh… Je le connais pas si bien à vrai dire, on pourrait essayer… ça- ça me ferait plaisir… »
Les yeux gris de ma cadette sont sincères, ce qui ne manque pas de mettre du baume à mon cœur qui avait peur de nouvelles hostilités.
Rassurée d’avoir remis à plat cette ancienne relation tumultueuse, je laisse enfin s’échapper le sourire qui était resté bloqué dans ma gorge ces dernières heures et respire un grand coup.
Ma tête est enfin froide, et elle doit l’être dans ce genre de situations ; je reprends donc mon grade et retourne à mes préoccupations :
« Bien, ils t’attendent dans le salon, le grand juste à l’entrée pas l’autre petit.
Je dois retourner au chevet de Dalla et gérer les gamins aux tourelles avant qu’ils ne trouvent le moyen de ressusciter l’Impératrice Têta elle-même pour l’exploser elle et son système caillouteux. »
Je m’apprête à partir sans me retourner quand Loona m’interrompt :
« Attends !
-Oui ?
-Vu la situation, ne vaudrait mieux-il pas contacter quelqu’un de l’Ordre ? Je veux dire… pour des renforts, ou au cas où s’il nous arrive quelque chose ils devraient être au courant… imagine les pires cas où nos assaillants arriveraient à remonter jusqu’à l’enclave de Tatooine ?
Je- et puis il y a Kovani qui est sensé nous rejoindre sur Ilum non ? Imagine qu’il ait de l’avance, ou pire… vaudrait mieux le contacter… Tu- tu ne crois pas ?
-Si, c’est au programme ne t’en fais pas ; mais ce que je crois surtout c’est que tu veux t’en occuper toi-même ? N’est-ce pas ?
-Oui.
-Tu le connais mieux que moi certes, mais là je compte vraiment sur toi pour protéger les plus jeunes d’entre nous, ordre de Dalla…
Et je préfère garder le cockpit le moins plein possible, t’inquiètes pas, je passerais toutes les communications nécessaires, je contacte le Deck en priorité.
-O-Ok… Bon j’y vais, que la Force soit avec toi…
-Ah ! Toi aussi, comme toujours ! »
On quitte d’un pas rapide la soute sombre, et voyant Loona s’arrêter au salon je reprends ma course en direction du cockpit.
J’avais beau avoir fait ce qu’il fallait, réuni les gosses, envoyé les plus vieux aux tourelles, et récupéré un peu de ma contenance ; ma tête menaçait toujours d’imploser sous la pression, et par-dessus tout je me faisant toujours un sang d’encre pour ma collègue.
C’est donc d’une démarche vive mais tremblante que, la gorge à nouveau nouée, je me retrouve devant la porte fermée de la salle de pilotage.
Mon corps entier sous tension, j’active l’entrée coulissante et lors du fameux « swoosh » habituel marmonne à nouveau :
« Je le sens pas… J’ai un mauvais présentiment…»
Je perçois à peine son « C’est quoi ? » marmonné entre deux halètements à bout de force.
Morte d’inquiétude, je retire la main qui était placé sur son épaule depuis bien longtemps et m’accroupis à ses côtés, posant le dos de ma main froide sur son front pour tenter d’avoir un apperçu de son état :
« Bon sang tu es brûlante ! Attends je te tiens… »
Je place mon bras dans son dos pour soutenir son corps tremblant, ma petite carrure ridicule ne parvenant pas à l’aider à se redresser.
Je tourne ma tête dans tous les sens, paniquée, j’ai tant à faire !!
Ce signal est définitivement un vaisseau, merde je sentais qu’on était suivi j’aurais dû faire plus attention !
Je lâche ma compère après avoir fait gaffe à ce qu’elle soit bien stable sur son siège, et me redresse en épongeant les gouttes de sueur froides qui commençaient à perler sous mes cornes.
Ses yeux encore fermés, je l’entends tout de même me donner une dernière instruction :
« Faut envoyer Xoraae et Mosroka aux tourelles. Au cas où. Loona reste avec les petits...
-Compris ! Repose-toi quelques instants je- je gère ! »
Je commence à partir au pas de course mais avant d’ouvrir la porte je fais demi-tour et retourne au chevet de Dalla :
« Attends attends j’allais oublier, garde ça avec toi, pour- pour te revigorer un peu ! »
Je connais certes la réticence de Dalla envers tout ce qui concerne la magie, mais je n’ai pas le temps pour ces préoccupations-là, espérant tout de même ne pas lui donner l’impression de la maudire.
Je ferme les yeux et agite circulairement ma main droite, extrayant de l’air ambiant une once d’eau pure que je refroidis suffisamment sans la geler ; j’insuffle un peu d’énergie vitale dans la sphère flottante pour lui conférer quelques vertus guérisseuses et la place devant le visage de Dalla :
« Garde ça prêt de toi, touche la si tu veux voir ce que c’est, c’est- c’est juste de l’eau d’ailleurs t’en fait pas ; ça te permettras de respirer un peu.
Je vais m’occuper des petits, pr- prends ton temps pour te remettre… Je- Tou- Tout est sous contrôle ne t’en fait pas !!! »
Complètement paniquée, je quitte finalement le cockpit en courant, sans même prendre le temps de ricaner devant le « swoosh » habituel comme j’aurais fait dans n’importe quelles autres situations.
Je sens mon sang battre à tout rompre dans mes tempes, et traverse le couloir principal à toute vitesse en marmonnant :
« Merde, merde, merde !!... »
Haletante, recouverte de sueur, je débarque dans le premier salon où les deux petits assis par terre au centre de la pièce étaient encore studieusement plongés dans leur travail.
Malgré tout, je sens le regard sensible d’Opree se lever vers le mien, comme me disant « je sais qu’il y a quelque chose qui cloche, mais je préfère ne rien dire. »
Je remercie d’un geste de tête sa maturité et demande soudainement :
« Vous avez vu Mosroka ? Kodi va me chercher Xoraae il est avec Hunakh dans le petit salon près du refresher, ramène le aussi d’aillleurs, vite s’il te plaît !
-De suite ! » Dit le petit humain au teint halé, qui pose brusquement son Datapad sur la table et cours en direction de la pièce mentionnée.
Je reprends mon souffle, et met rapidement de l’ordre dans mes pensées : Vaut mieux réunir les gamins, outre les deux qu’on doit placer aux tourelles, faut pas que tout le monde soit éparpillé.
Mettre les deux petits sous la responsabilité de Loona me gène un peu, j’ai peur que ça la stresse ou je ne sais quoi, même si factuellement ça reste le bon choix à faire ; surtout si il y a Hunakh avec elle, le gamin a beau être un peu insolant je sens qu’il a un bon fond…
Les yeux verts d’Opree continue de me fixer intensément, je décide de lui faire face et de lui parler un peu plutôt que de la laisser à l’écart de la situation. Après tout, on est tous ensemble dans le même bateau et l’exclure par le prétexte que c’est la plus jeune serait un peu injuste, surtout qu’elle est bien consciente de la situation dans laquelle on est… :
« Dit Opree, quand je serais partie avec Xoraae reste bien avec Kodi et Hunakh ; je vais amener Loona avec vous, faites-lui confiance elle saura quoi faire.
Ne te fais pas trop de soucis, tout va bien se passer, ai fois en Dalla et moi d’accord ? »
La petite hoche la tête, bien au courant que je ne lui racontes pas toute la vérité ; et c’est à ce moment que les troisPadawans débarquent dans le salon.
Kodi, la grande perche à ses trousses et quelques pas derrière le Chiss au regard calme, le silence fût brisé par un Hunakh ayant perdu un peu de son arrogance signature dont l’inquiétude se faisait sentir dans la voix. Il fait un pas en avant, me surplombant d’une dizaine de centimètres :
« Bon il se passe quoi là ?
-Pour l’instant rien de grave, et je l’espère le plus longtemps possible. Reste bien avec les petits je vais aussi t’envoyer Loona, en mon absence c’est elle la capitaine pigé ?
-O- Ok pigé. »
Il se retourne pour vérifier que Kodi est toujours derrière lui, et en tendant le bras sur le côté il dit :
« Lève-toi Opree et reste prêt de moi, on va attendre Loona tous ensemble sur les banquettes d’accord ?
-Hm Hmh… » Marmonne la petite humaine qui se rapproche de lui en acquiesçant du chef.
Rassurée de savoir les deux petits en sûre compagnie, je décide de les laisser s’occuper d’eux même et de me refocaliser sur ma tâche principale.
Sachant le Chiss bien peu bavard et voulant éviter de paniquer les autres, je m’adresse directement à lui en ouvrant un canal de communication télépathique privé :
« On est suivis, probablement depuis Duro ça ne peut pas être un malentendu, et la Chevalière Tellura est en récupération pour quelques instants : durée indéfinie. Mosroka et toi vous devez vous placez aux tourelles pour nous défendre en cas d’attaque, et surveiller s’ils s’approchent un peu trop près de nous. N’hésite pas à tirer on a du monde à protéger, beaucoup de monde. Tourelle latérale droite, entrée avant le couloir du cockpit.
Suis-je bien clair ?
-Oui. Me fait savoir une voix claire, grave et sombre qui résonne dans mon esprit, accompagné d’un léger mouvement de tête.
-Très bien. Je te laisse t’y diriger seul je dois aller chercher les deux autres. Je te fais confiance, une fois sur place active le canal de communication qui relie entre elles les tourelles et le centre de pilotage, j’y serais bientôt. »
Sur ces mots je coupe la communication, fait volte-face et quitte le salon en courant ; je n’ai pas plus de temps à perdre.
Xoraae a disparu, ayant probablement déjà rejoint la tourelle ou il était attendu par je-ne-sais-quelle supervitesse, et les petits ont l’air à l’aise avec Hunakh.
Je suis rassurée et parcours le petit couloir secondaire à la recherche de Loona et Mosroka.
J’atteins le mini salon près du refresher où étaient posés les deux jeunes hommes quelques minutes auparavant et soupire en me rendant compte que les demoiselles n’y étaient pas :
« Bon sang… Il est pas si grand ce vaisseau mais elles sont où bordel ?! »
Ça doit être l’habitude, mais je n’ose pas crier leurs noms pour les appeler, préférant courir partout comme une débile pour les trouver, vielle honte de ma voix d’oisillon qui ferait frémir de honte n’importe quel Zabrak de constitution normale…
Je me refais rapidement une minimap mentale rapide du vaisseau pour me rendre compte des endroits que j’aurais oublié, mais à part le refresher et la soute je doute qu’il y est d’autres pièces…
Je poursuis donc ma route vers la petite pièce bas-de-plafond du fond du cargo.
La soute n’avait pas de porte, ce qui me permettait directement arrivé à son seuil d’avoir une bonne vue globale de la spacieuse pièce poussiéreuse et bordélique.
Au centre des nombreuses caisses débordant de bric à brac se trouvaient les deux Padawans, assises en tailleurs face à face, visiblement en pleine conversation :
« Les filles ? Excusez-moi je veux pas vous déranger mais ya urgence là, je-… »
Apparemment je les ai surprises en discussion privé, merde, et pas d’un peu puisque c’est une Loona étonnamment baignée de larmes qui se retourne vers moi.
Son expression est claire, celle d’une jeune femme en pleurs, mais là j’y vois surtout beaucoup de honte ; notamment celle d’être présente sous cet angle intime d’elle-même face à moi.
Les deux gamines se lèvent, me voyant tant dans tous mes états, et sans oser prononcer un seul mot me regardent tout de même avec une inquiétude transparente.
Encore essoufflée de mes courses incessantes en large et en travers de ces couloirs pourtant bien courts, je mets mon petit cœur fragile de côté, passe en mode « Chevalier stressée qui doit bien être responsable » et d’une voix toujours agitée débite :
« Bon, Dalla pète pas la forme, on est suivi, je suis stressée et en plus je transpire pour rien, en bref c’est la merde. Loona file au salon t’occuper des petits, Hunakh et toi avez le capitanat j’ai confiance en vous, Kodi et Opree aussi et pour eux c’est le plus important.
Mosroka tu file à la tourelle latérale gauche où Xoraae a déjà ouvert le canal de communication qui vous relie entre vous et avec le cockpit ou je serais ; coordonne-toi avec lui vous êtes notre défense, à nous tous. Tu connais les procédures d’urgences mais si jamais t’as oublié l’accès est derrière le refresher.
-Euh- O- Ok ! J’y vais ! »
Me réponds une Mosroka très nerveuse qui prend tout de même rapidement ses responsabilités, à ma plus grande fierté.
Comme moi il y a quelques instants, elle quitte la pièce en courant en direction de là où elle est attendue.
Je refuse de quitter la soute sans la confirmation de Loona, elle a une tache conséquente et je ne peux la laisser partir à demi-motivé ; mais en tournant la tête vers la jeune femme je ne retrouve plus le visage triste et perdu de tout à l’heure, à sa place est revenu l’originel, sûre d’elle débordant d’assurance.
Le temps s’étire, sur à peine quelques secondes, qui me parurent pourtant une éternité ; je sais que ma relation avec la twi’lek violacée a toujours été… bancale, hostile par périodes quand on était plus jeunes même, amicale il y a bien longtemps pourtant…
Mais me trouver face à elle dans cette situation me fait me rendre compte d’a quel point elle a… grandi… contrairement à moi qui continuais pas plus tôt qu’aujourd’hui à ricaner comme une gamine dès qu’il s’agissait d’elle.
Après tout, ne serait-il pas temps de passer à autre chose ? Je ne suis plus la freakshow du temple et elle n’est plus la petite peste qui me cherchait des noises.
Ma voix se dénoue enfin, pour laisser place à un :
« Hum… Une fois rentrée sur Tatooine ça te dirait de- de manger ensemble un de ces jours ? Je- je sais que t’as jamais été très fan de Qaram mais je suis sûre que vous pourriez bien vous entendre…
-Oh- Euh… Je le connais pas si bien à vrai dire, on pourrait essayer… ça- ça me ferait plaisir… »
Les yeux gris de ma cadette sont sincères, ce qui ne manque pas de mettre du baume à mon cœur qui avait peur de nouvelles hostilités.
Rassurée d’avoir remis à plat cette ancienne relation tumultueuse, je laisse enfin s’échapper le sourire qui était resté bloqué dans ma gorge ces dernières heures et respire un grand coup.
Ma tête est enfin froide, et elle doit l’être dans ce genre de situations ; je reprends donc mon grade et retourne à mes préoccupations :
« Bien, ils t’attendent dans le salon, le grand juste à l’entrée pas l’autre petit.
Je dois retourner au chevet de Dalla et gérer les gamins aux tourelles avant qu’ils ne trouvent le moyen de ressusciter l’Impératrice Têta elle-même pour l’exploser elle et son système caillouteux. »
Je m’apprête à partir sans me retourner quand Loona m’interrompt :
« Attends !
-Oui ?
-Vu la situation, ne vaudrait mieux-il pas contacter quelqu’un de l’Ordre ? Je veux dire… pour des renforts, ou au cas où s’il nous arrive quelque chose ils devraient être au courant… imagine les pires cas où nos assaillants arriveraient à remonter jusqu’à l’enclave de Tatooine ?
Je- et puis il y a Kovani qui est sensé nous rejoindre sur Ilum non ? Imagine qu’il ait de l’avance, ou pire… vaudrait mieux le contacter… Tu- tu ne crois pas ?
-Si, c’est au programme ne t’en fais pas ; mais ce que je crois surtout c’est que tu veux t’en occuper toi-même ? N’est-ce pas ?
-Oui.
-Tu le connais mieux que moi certes, mais là je compte vraiment sur toi pour protéger les plus jeunes d’entre nous, ordre de Dalla…
Et je préfère garder le cockpit le moins plein possible, t’inquiètes pas, je passerais toutes les communications nécessaires, je contacte le Deck en priorité.
-O-Ok… Bon j’y vais, que la Force soit avec toi…
-Ah ! Toi aussi, comme toujours ! »
On quitte d’un pas rapide la soute sombre, et voyant Loona s’arrêter au salon je reprends ma course en direction du cockpit.
J’avais beau avoir fait ce qu’il fallait, réuni les gosses, envoyé les plus vieux aux tourelles, et récupéré un peu de ma contenance ; ma tête menaçait toujours d’imploser sous la pression, et par-dessus tout je me faisant toujours un sang d’encre pour ma collègue.
C’est donc d’une démarche vive mais tremblante que, la gorge à nouveau nouée, je me retrouve devant la porte fermée de la salle de pilotage.
Mon corps entier sous tension, j’active l’entrée coulissante et lors du fameux « swoosh » habituel marmonne à nouveau :
« Je le sens pas… J’ai un mauvais présentiment…»
Gary Kovani
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Mer 8 Nov 2023 - 22:26
« Trente-six, trente-sept, trente-huit, quaraaaaante… »
J’enchaîne les séquences de pompes, abdominaux, corde à sauter sans pause, pratiquement sans reprendre mon souffle. Mon cardio explose. C’est le but. Le rouge me monte au visage, bouffée de chaleur, tandis que de lourdes perles de sueurs dégoulinent de mon front, dévalent mes joues creusées en zigzagant entre mes poils de barbes mal rasés. Elles achèvent leur destin, marionnette de la gravité artificielle, en s’écrasant au sol. Ploc, ploc, ploc. Rest In Peace petites perles salées. Les échos de mes halètements couvrent tous les autres bruits. Craquement sinistre de la coque, vrombissement des moteurs, grésillement électrique des boucliers déflecteurs qui désagrègent les poussières spatiales sur ma trajectoire supraluminique. Le noyau en est bondé. Résidus éparses et invisibles de millions de mondes avortés, lentement happés par les lois immuables de la gravitation universelle.
Le Xalfocafacta s’ébroue soudain. Je manque de perdre l’équilibre en deux bonds. Je me rattrape à la table rivetée au sol en lâchant un juron coloré. « Xaxa ! » Je peste, sueur froide qui me remonte de l’échine. Quelque chose d’assez gros pour nous pulvériser vient de frôler le vaisseau. « Rapport des dégâts ! Dans la coquerie ! » La lentille holographique incrustée au centre de la table s’illumine aussitôt. Je parcours en diagonale les lignes de codes actualisées en temps réel. Je me focalise, sourcils froncés, sur celles en rouges et orange. Bouclier latéral à 25%. Il faudra plus d’une demi-heure pour que les condensateurs externes le recharge. Si un autre débris spatial nous frappe d’ici là… Mieux vaut ne pas y penser.
« Ces gamines sont soit complètement inconscientes, soit sacrément désespérées… » Je râle tout seul, entre mes dents serrées alors que je recouvre péniblement mon souffle. Traverser le noyau… Je secoue la tête. Fausse bonne idée. Certes l’Ordre dispose des cartes pour le faire, des trajets secrets tracés par l’ExploCorp. Mais les marges de manœuvre sont très limitées. Une fois lancé, il n’est plus possible d’opérer un demi-tour, au risque d’être déchiqueté par les marées gravitationnelles des amas de trous noirs, ou pulvérisé par les radiations mortelles des quasars supermassifs. Un chemin de traverse que l’on emprunte lorsque l’on n’a plus le choix… Ce qui me rassure c’est qu’aucun système vital n’est touché. J’ai juste perdu quelques plaques de blindage sous le bouclier malmené. Une fuite d’air limitée au module du lavabo/WC. Il s’est verrouillé automatiquement. Je vais devoir me retenir jusqu’à la fin du trajet…
Par mesure de précaution, avant de retourner au cockpit, torse nu, serviette imbibée de sueur sur les épaules, je récupère une bouteille d’eau vide dans le bac du recycleur. Au cas où ma vessie ne tiendrait pas juste là… C’est que je ne rajeunis pas. Avec l’âge, la fréquence des passages aux sanitaires augmente exponentiellement.
Lorsque je me laisse choir dans le siège bourré de gel anti-crash, je suis rassuré de toujours distinguer la silhouette blanche de la corvette douanière. Elle me devance de quarante secondes seulement dans le corridor hypnotique de l’hyperespace. « Xaxa, rapproche-toi encore de quelques Klick. » J’ai demandé à l’ordinateur de bord de lui coller au train, en singeant exactement ses ajustements de trajectoire et de vitesse. J’incline le dossier, m’affable un peu plus, pieds croisés sur le tableau de bord. Cette fois un peu plus loin des commandes de vol. Je me parle seul, les yeux mi-clos, l’esprit échaudé par l’exercice physique :
« Mauvaise décision, mon bon vieux Kovani. Tu te ramollis. Tu auras dû les contacter avant qu’elle n’active l’hyperdrive, même si cela aurait mis en péril ta couverture. » Je me remémore les dernières heures. L’arrivée dans le système Duro. Filature de la corvette douanière jusqu’à Bellassa. « O Bellassa’o, Bellassa’o, Bellassa’o sao sao sao… » Je fredonne machinalement ce vieux tube populaire. Ça ne me rajeunit pas. Bref. Là-bas, nous avons retrouvé le Traqueur, peu de temps avant son saut. Mais bien assez pour que les Républicains à leurs trousses extrapolent leur destination. Impératrice Téta. Depuis, je me cache dans l’angle mort de leurs capteurs derrière par les fluctuations spatio-temporelles générées par leur hyperdrive.
« On fait quoi maintenant Xaxa ? Ces enflures du Bandomeer’s Shame leur colle au train. Ils ne vont plus les lâcher. Comment on s’en débarrasse sans faire trop de vague ? Si on leur tire dessus, c’est de vrais navires militaires qu’on aura aux fesses… »
Je lance la question à la providence, espérant, peut-être, que la Force me réponde par un signe. Nouvelle embardée. Moins violente que la précédente. Je tressaute à peine. La plupart des pilotes refuseraient d’abandonner leur vie entre les mains d’un calculateur vieillissant. Bah je n’ai pas leur orgueil. Et puis je connais mes limites : j’ai plus de chance de me tuer en pilotant moi-même. Une pensée qui tourne en boucle sous mon crane pour anesthésier mes craintes. Et puis, merde ! Si la Force décide que ma dernière est arrivée, qui suis-je pour m’y opposer ? Moi fataliste ? Oui, quand ça m’arrange.
Une projection tri dimensionnelle miniature du secteur galactique me permet de suivre notre trajectoire. Il ne reste qu’une poignée de minutes avant de tutoyer le proche espace Tétaouis. Je doute que nos deux jeunes chevalières s’y enfoncent. Elles sortiront d’hyperespace à sa périphérie, une fois dégagée du disque accrétion du noyau. Je ferme les yeux encore quelques instants… Lorsque soudain une idée surgit. Un plan d’actions si ridicule qu’il en devient infaillible.
« Je sais ! On va se la jouer façon Sabaac Aldéranien ! »
Je me redresse, et file direct dans l’armoire électrique qui occupe la moitié de l’espace du cockpit. Je l’ouvre. Les gonds oxydés grincent. Je serre les dents. D’un index interrogatif, je parcours les différents modules électroniques, jusqu’à m’arrêter sur la balise du transpondeur. Un caisson rectangulaire, gris inox, à l’intérieur duquel s’excite toute l’électronique qui gère l’identification et l’immatriculation du vaisseau. Matériel obligatoire et réglementé, plombé d’un sceau biométrique qui assure son inviolabilité. En théorie. Dans la pratique tous les faussaires de l’espace Hutt savent les traficoter. J’ai dépensé une petite fortune pour l’affubler d’un coupe-circuit dissimulé sur son flanc, derrière une épaisse nappe de câbles multicolores. Je presse dessus, prenant bien soin d’éviter l’électrocution. Sur le tableau de bord, au plafond, une série de voyants passent du vert au rouge. Le Bandomeer’s Shame ne sera plus en mesure d’identifier l’immatriculation de mon vaisseau lorsque nous sortirons de l’hyperespace… Un anonymat de courte durée, mais qui devrait sauver mon identité factice.
« Ok Xaxa. Voilà le plan… »
Une dizaine de minutes plus tard. Périphérie du système Impératrice Téta,
« Mayday ! Mayday ! Tous mes systèmes sont au rouge ! Dégagez de ma trajectoire ! » Je beugle dans le micro du tableau de bord, bombardant toutes les fréquences. J’ai coupé manuellement tous les systèmes. Mon vaisseau n’est plus qu’une savonnette galactique catapultée à une vitesse folle par l’inertie résiduelle du saut hyperspatial. Un grésillement me répond. Une voix féminine. Mi paniquée mi inquisitrice.
« Vaisseau non-identité ! Changez de trajectoire ! Nous allons ouvrir le feu ! »
« Non ! Par pitié non ! » Gary Kovani, acteur studio. Le monde de l’holocinéma ne saura jamais la star qu’ils ont manqué en me refusant les castings de l’inspecteur Galacto dans le septième épisode de Pirate de l’Espace Hutt. « Tous mes systèmes ont HS ! Je ne peux plus rien faire ! Sortez de ma trajectoire ! » Pour qu’un mensonge soit parfaitement crédible, il faut absolument qu’il soit encapsulé d’une vérité irréfutable. Il leur suffit de scanner mon vaisseau pour réaliser que je tourne sur l’alimentation de secours, sans gouvernail ni boucliers déflecteurs.
L’échange dure encore une poignée de secondes. Le ton monte. La voix féminine est remplacée par celle plus rocailleuse du capitaine. Il réitère la menace. Les deux tourelles quadrilaser dardent sur ma carcasse sans défense.
Dans le Sabaac Aldéranien, la meilleure tactique c’est de pousser l’autre à se coucher. Suffit de faire monter les enjeux jusqu’à ce que l’autre craque le premier.
« DEGAGEZ DE MA TRAJECTOIRE ! NOUS ALLONS TOUS MOURIR ! » La silhouette de la corvette grossit à vue d’œil. Ma vitesse est telle qu’une collision nous pulvériserait, eux comme moi. Ils le savent… Mais le protocole est le protocole. Ils ont perdu le peu de temps dont ils disposaient pour infléchir leur trajectoire. Il ne leur reste qu’une solution…
Soudain une trainée lumineuse apparait derrière le Bandomeer’s Shame. Il saute en hyperespace pour m’esquiver de justesse. La poussée soudaine m’arrache à mon siège. Mon vaisseau part en tonneaux galactiques. Avec la gravité artificielle coupée, je mange à pleine dent le tableau de bord, le siège, l’armoire électrique, et mes propres pieds. Je lutte contre la force centrifuge. Je parviens enfin à écraser le bouton coup de poing qui reboot tous les systèmes. Dix interminables secondes plus tard, tout redémarre. Je m’écrase au sol, tandis que le Xalfocafacta corrige de lui-même l’assiette.
Un répit de courte durée. Il sera de retour dans moins d'une minute.
Je réactive les com’. Un bouton clignotant m’indique que j’ai reçu un message. Il vient du Traqueur. Les filles ont tenté de me contacter, en tout désespoir de cause j’imagine. Mais je n’ai pas le temps de le consulter. Je braque mon faisceau com sur la silhouette interrogative de leur petit cargo. Et balance :
« Aller ! On dégage ! On saute ! N’importe où ! Go go go ! On se retrouve sur Ilum ! »
Je baisse aussitôt la manette de l’hyperdrive. Le vaisseau calcul instantanément les coordonnées pour un micro-saut spatial, de quelques parsecs seulement. En se basant sur ses cartes galactiques. La dense nuée d’étoiles vire en trainées blanches, qui reprennent leur forme la seconde suivante. Je suis de l’autre côté du secteur Têta, entre deux systèmes solaires éloignés des routes commerciales. Je me lève pour réactiver le transpondeur et file mes instructions à Xaxa :
« Ok, on ne traine pas ici. Ces enfoirés doivent déjà scanner tout le secteur. Calcule le trajet le plus rapide pour Ilum. Et saute sans attendre ma confirmation. »
Je réalise seulement que j’ai oublié de reprendre ma respiration depuis plus d’une minute. Je manque de m’effondrer. In extremis, je m’affale sur le siège conducteur, et sombre dans un état second. Je suis exténué. J’espère que le reste du trajet se déroulera sans embûche.
J’enchaîne les séquences de pompes, abdominaux, corde à sauter sans pause, pratiquement sans reprendre mon souffle. Mon cardio explose. C’est le but. Le rouge me monte au visage, bouffée de chaleur, tandis que de lourdes perles de sueurs dégoulinent de mon front, dévalent mes joues creusées en zigzagant entre mes poils de barbes mal rasés. Elles achèvent leur destin, marionnette de la gravité artificielle, en s’écrasant au sol. Ploc, ploc, ploc. Rest In Peace petites perles salées. Les échos de mes halètements couvrent tous les autres bruits. Craquement sinistre de la coque, vrombissement des moteurs, grésillement électrique des boucliers déflecteurs qui désagrègent les poussières spatiales sur ma trajectoire supraluminique. Le noyau en est bondé. Résidus éparses et invisibles de millions de mondes avortés, lentement happés par les lois immuables de la gravitation universelle.
Le Xalfocafacta s’ébroue soudain. Je manque de perdre l’équilibre en deux bonds. Je me rattrape à la table rivetée au sol en lâchant un juron coloré. « Xaxa ! » Je peste, sueur froide qui me remonte de l’échine. Quelque chose d’assez gros pour nous pulvériser vient de frôler le vaisseau. « Rapport des dégâts ! Dans la coquerie ! » La lentille holographique incrustée au centre de la table s’illumine aussitôt. Je parcours en diagonale les lignes de codes actualisées en temps réel. Je me focalise, sourcils froncés, sur celles en rouges et orange. Bouclier latéral à 25%. Il faudra plus d’une demi-heure pour que les condensateurs externes le recharge. Si un autre débris spatial nous frappe d’ici là… Mieux vaut ne pas y penser.
« Ces gamines sont soit complètement inconscientes, soit sacrément désespérées… » Je râle tout seul, entre mes dents serrées alors que je recouvre péniblement mon souffle. Traverser le noyau… Je secoue la tête. Fausse bonne idée. Certes l’Ordre dispose des cartes pour le faire, des trajets secrets tracés par l’ExploCorp. Mais les marges de manœuvre sont très limitées. Une fois lancé, il n’est plus possible d’opérer un demi-tour, au risque d’être déchiqueté par les marées gravitationnelles des amas de trous noirs, ou pulvérisé par les radiations mortelles des quasars supermassifs. Un chemin de traverse que l’on emprunte lorsque l’on n’a plus le choix… Ce qui me rassure c’est qu’aucun système vital n’est touché. J’ai juste perdu quelques plaques de blindage sous le bouclier malmené. Une fuite d’air limitée au module du lavabo/WC. Il s’est verrouillé automatiquement. Je vais devoir me retenir jusqu’à la fin du trajet…
Par mesure de précaution, avant de retourner au cockpit, torse nu, serviette imbibée de sueur sur les épaules, je récupère une bouteille d’eau vide dans le bac du recycleur. Au cas où ma vessie ne tiendrait pas juste là… C’est que je ne rajeunis pas. Avec l’âge, la fréquence des passages aux sanitaires augmente exponentiellement.
Lorsque je me laisse choir dans le siège bourré de gel anti-crash, je suis rassuré de toujours distinguer la silhouette blanche de la corvette douanière. Elle me devance de quarante secondes seulement dans le corridor hypnotique de l’hyperespace. « Xaxa, rapproche-toi encore de quelques Klick. » J’ai demandé à l’ordinateur de bord de lui coller au train, en singeant exactement ses ajustements de trajectoire et de vitesse. J’incline le dossier, m’affable un peu plus, pieds croisés sur le tableau de bord. Cette fois un peu plus loin des commandes de vol. Je me parle seul, les yeux mi-clos, l’esprit échaudé par l’exercice physique :
« Mauvaise décision, mon bon vieux Kovani. Tu te ramollis. Tu auras dû les contacter avant qu’elle n’active l’hyperdrive, même si cela aurait mis en péril ta couverture. » Je me remémore les dernières heures. L’arrivée dans le système Duro. Filature de la corvette douanière jusqu’à Bellassa. « O Bellassa’o, Bellassa’o, Bellassa’o sao sao sao… » Je fredonne machinalement ce vieux tube populaire. Ça ne me rajeunit pas. Bref. Là-bas, nous avons retrouvé le Traqueur, peu de temps avant son saut. Mais bien assez pour que les Républicains à leurs trousses extrapolent leur destination. Impératrice Téta. Depuis, je me cache dans l’angle mort de leurs capteurs derrière par les fluctuations spatio-temporelles générées par leur hyperdrive.
« On fait quoi maintenant Xaxa ? Ces enflures du Bandomeer’s Shame leur colle au train. Ils ne vont plus les lâcher. Comment on s’en débarrasse sans faire trop de vague ? Si on leur tire dessus, c’est de vrais navires militaires qu’on aura aux fesses… »
Je lance la question à la providence, espérant, peut-être, que la Force me réponde par un signe. Nouvelle embardée. Moins violente que la précédente. Je tressaute à peine. La plupart des pilotes refuseraient d’abandonner leur vie entre les mains d’un calculateur vieillissant. Bah je n’ai pas leur orgueil. Et puis je connais mes limites : j’ai plus de chance de me tuer en pilotant moi-même. Une pensée qui tourne en boucle sous mon crane pour anesthésier mes craintes. Et puis, merde ! Si la Force décide que ma dernière est arrivée, qui suis-je pour m’y opposer ? Moi fataliste ? Oui, quand ça m’arrange.
Une projection tri dimensionnelle miniature du secteur galactique me permet de suivre notre trajectoire. Il ne reste qu’une poignée de minutes avant de tutoyer le proche espace Tétaouis. Je doute que nos deux jeunes chevalières s’y enfoncent. Elles sortiront d’hyperespace à sa périphérie, une fois dégagée du disque accrétion du noyau. Je ferme les yeux encore quelques instants… Lorsque soudain une idée surgit. Un plan d’actions si ridicule qu’il en devient infaillible.
« Je sais ! On va se la jouer façon Sabaac Aldéranien ! »
Je me redresse, et file direct dans l’armoire électrique qui occupe la moitié de l’espace du cockpit. Je l’ouvre. Les gonds oxydés grincent. Je serre les dents. D’un index interrogatif, je parcours les différents modules électroniques, jusqu’à m’arrêter sur la balise du transpondeur. Un caisson rectangulaire, gris inox, à l’intérieur duquel s’excite toute l’électronique qui gère l’identification et l’immatriculation du vaisseau. Matériel obligatoire et réglementé, plombé d’un sceau biométrique qui assure son inviolabilité. En théorie. Dans la pratique tous les faussaires de l’espace Hutt savent les traficoter. J’ai dépensé une petite fortune pour l’affubler d’un coupe-circuit dissimulé sur son flanc, derrière une épaisse nappe de câbles multicolores. Je presse dessus, prenant bien soin d’éviter l’électrocution. Sur le tableau de bord, au plafond, une série de voyants passent du vert au rouge. Le Bandomeer’s Shame ne sera plus en mesure d’identifier l’immatriculation de mon vaisseau lorsque nous sortirons de l’hyperespace… Un anonymat de courte durée, mais qui devrait sauver mon identité factice.
« Ok Xaxa. Voilà le plan… »
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Une dizaine de minutes plus tard. Périphérie du système Impératrice Téta,
« Mayday ! Mayday ! Tous mes systèmes sont au rouge ! Dégagez de ma trajectoire ! » Je beugle dans le micro du tableau de bord, bombardant toutes les fréquences. J’ai coupé manuellement tous les systèmes. Mon vaisseau n’est plus qu’une savonnette galactique catapultée à une vitesse folle par l’inertie résiduelle du saut hyperspatial. Un grésillement me répond. Une voix féminine. Mi paniquée mi inquisitrice.
« Vaisseau non-identité ! Changez de trajectoire ! Nous allons ouvrir le feu ! »
« Non ! Par pitié non ! » Gary Kovani, acteur studio. Le monde de l’holocinéma ne saura jamais la star qu’ils ont manqué en me refusant les castings de l’inspecteur Galacto dans le septième épisode de Pirate de l’Espace Hutt. « Tous mes systèmes ont HS ! Je ne peux plus rien faire ! Sortez de ma trajectoire ! » Pour qu’un mensonge soit parfaitement crédible, il faut absolument qu’il soit encapsulé d’une vérité irréfutable. Il leur suffit de scanner mon vaisseau pour réaliser que je tourne sur l’alimentation de secours, sans gouvernail ni boucliers déflecteurs.
L’échange dure encore une poignée de secondes. Le ton monte. La voix féminine est remplacée par celle plus rocailleuse du capitaine. Il réitère la menace. Les deux tourelles quadrilaser dardent sur ma carcasse sans défense.
Dans le Sabaac Aldéranien, la meilleure tactique c’est de pousser l’autre à se coucher. Suffit de faire monter les enjeux jusqu’à ce que l’autre craque le premier.
« DEGAGEZ DE MA TRAJECTOIRE ! NOUS ALLONS TOUS MOURIR ! » La silhouette de la corvette grossit à vue d’œil. Ma vitesse est telle qu’une collision nous pulvériserait, eux comme moi. Ils le savent… Mais le protocole est le protocole. Ils ont perdu le peu de temps dont ils disposaient pour infléchir leur trajectoire. Il ne leur reste qu’une solution…
Soudain une trainée lumineuse apparait derrière le Bandomeer’s Shame. Il saute en hyperespace pour m’esquiver de justesse. La poussée soudaine m’arrache à mon siège. Mon vaisseau part en tonneaux galactiques. Avec la gravité artificielle coupée, je mange à pleine dent le tableau de bord, le siège, l’armoire électrique, et mes propres pieds. Je lutte contre la force centrifuge. Je parviens enfin à écraser le bouton coup de poing qui reboot tous les systèmes. Dix interminables secondes plus tard, tout redémarre. Je m’écrase au sol, tandis que le Xalfocafacta corrige de lui-même l’assiette.
Un répit de courte durée. Il sera de retour dans moins d'une minute.
Je réactive les com’. Un bouton clignotant m’indique que j’ai reçu un message. Il vient du Traqueur. Les filles ont tenté de me contacter, en tout désespoir de cause j’imagine. Mais je n’ai pas le temps de le consulter. Je braque mon faisceau com sur la silhouette interrogative de leur petit cargo. Et balance :
« Aller ! On dégage ! On saute ! N’importe où ! Go go go ! On se retrouve sur Ilum ! »
Je baisse aussitôt la manette de l’hyperdrive. Le vaisseau calcul instantanément les coordonnées pour un micro-saut spatial, de quelques parsecs seulement. En se basant sur ses cartes galactiques. La dense nuée d’étoiles vire en trainées blanches, qui reprennent leur forme la seconde suivante. Je suis de l’autre côté du secteur Têta, entre deux systèmes solaires éloignés des routes commerciales. Je me lève pour réactiver le transpondeur et file mes instructions à Xaxa :
« Ok, on ne traine pas ici. Ces enfoirés doivent déjà scanner tout le secteur. Calcule le trajet le plus rapide pour Ilum. Et saute sans attendre ma confirmation. »
Je réalise seulement que j’ai oublié de reprendre ma respiration depuis plus d’une minute. Je manque de m’effondrer. In extremis, je m’affale sur le siège conducteur, et sombre dans un état second. Je suis exténué. J’espère que le reste du trajet se déroulera sans embûche.
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Sam 11 Nov 2023 - 21:15
Il commençait à faire chaud dans le cockpit. Le silence était apaisant, après le… ce que… enfin…
-Tu n’aurais pas de la fièvre, padawan ? murmura la voix rassurante de Larna.
Elle posa une main fraîche sur le front de son apprentie.
-Tu t’es bien débrouillée aujourd’hui. Je suis contente de voir que tu m’écoutais quand même, quand je t’expliquais la technique…
-Je vous écoute toujours, Maître…
-Je sais, padawan, je sais.
La kel dor s’assit dans le siège à côté de Dalla.
-C’est dommage que tu n’aies pas réussi à aller jusqu’au bout. Tu n’étais plus si loin…
Qu’était-elle en train de faire, juste avant ? Elle faisait quelque chose d’important...
-Je suis là, maintenant, tu peux te reposer.
Puis elle se mit à fredonner, les mains sur les commandes.
-May my stars align, as I sail through this dark night…[c'est cette chanson de fan]
La voix de Larna avait toujours cet écho rassurant, à travers son masque respiratoire. Elle avait toujours aimé écouter des chansons en pilotant. Des chansons douces et lentes, souvent tristes pendant l’hyper-espace, des rythmes plus rapides quand elle manœuvrait autour d’une planète, d’un vaisseau ou de tout ce à quoi leur mission les confrontait…
Elle acceptait, bien sûr, de couper la musique quand Dalla prenait les commandes. La musique distrayait Dalla, l’empêchait de se concentrer sur les commandes, l’extérieur de l’appareil, les données de vol.
-Je ne suis pas aussi douée que vous, Maître.
-Tu as beaucoup moins d’expérience que moi. Et tu es douée dans d’autres domaines, où tu me surpasses…
Dalla en était venue à aimer ces vieilles chansons qu’écoutaient Larna, et qu’elle fredonnait, parfois, dans le calme du vaisseau. Comme maintenant.
-And chart the course of my own Hydian Way.
Soudain, une lumière s’alluma sur le tableau de bord. Dalla sursauta, et réalisa trois choses.
1) Elle avait dû s’endormir ou somnoler, parce qu’elle avait de la bave plein le menton.
2) Ce n’était pas la voix de Larna qu’elle entendit fredonner mais la sienne.
3) Elle ne pouvait pas entendre la voix de Larna, et elle ne pourrait plus jamais l’entendre, puisqu’elle était morte il y a cinq ans…
Dalla avait la bouche pateuse.
La lumière qui venait de s’allumer était le voyant qui indiquait que quelqu’un était installé dans la tourelle droite. Le voyant juste à côté s’alluma à son tour.
Le siège à côté d’elle était vide. Bien sûr.
Dalla inspira, toussa un peu, se frotta les yeux et essaya d’enlever la bave sur son menton.
Les choses lui revenaient peu à peu en tête.
Les tourelles, Xoraae et Mosroka. Kranyya.
Les dernières paroles de la zabrak avant de quitter le cockpit lui revinrent en mémoire.
La poche d’eau était bien là, fraîche et pure, à peu près au niveau de là où se trouvait le front de la twi’lek il y a quelques instants. Cela devait être ce que son cerveau épuisé avait interprété comme la main de Larna.
Dalla prit un peu d’eau sur ses mains et les passa sur son visage, la base de ses lekku, ses yeux.
Cela devait être un peu plus que de l’eau, parce qu’elle se sentit immédiatement les idées un peu plus claires.
Mais son corps pesait toujours trois fois plus que d’habitude, comme si quelqu’un avait augmenté la gravité artificielle du vaisseau.
In the age of exploration, many souls sought to devise…
Dalla but une plein gorgée d’eau puis parvint à se redresser jusqu’à atteindre le tableau de bord. Elle activa la comm des deux tourelles, qui était fermée jusqu’alors pour limiter les interférences.
-Dalla ? retentit immédiatement la voix de Mosroka. Ça va ?
On fera aller….
Mais visiblement, les paroles n’avaient pas dû franchir ses lèvres, ou pas assez fort, parce que Mosroka continua :
-Dalla ? Chevalière Tellura !
Le ton de sa voix était très tendu et inquiet.
-Hum, parvint à émettre Dalla.
-La chevalière Nekro nous a dit de nous installer aux tourelles, répondit la voix de Xoraae.
Dalla tourna difficilement la tête vers le radar. Elle sentit un frisson la parcourir en constatant qu’il n’y avait plus un point non identifié, mais deux ! Mais avant qu’elle ait pu essayer de dire quelque chose ou de soulever l’une ou l’autre des parties de son corps, le système comm externe s’enclencha.
-« Aller ! On dégage ! On saute ! N’importe où ! Go go go ! On se retrouve sur Ilum ! »
-C’est Gary !
-Kovani !
Les commandes pour le saut hyperespace étaient trop loin. Elle n’arriverait jamais à les entendre.
-In this beaten old YT, with this rusted astro droid...
-A7, T1, le saut ! vers Ilum !
Les droïdes siamois se précipitèrent vers le tableau de commande. Dalla se demandait si elle avait rêvé la voix de Larna, si elle avait elle-même chanté… Ou bien si…
Avec un « swoosh », la porte laissa la place à Kranyya. Elle marmonnait quelque chose, mais Dalla aurait incapable de savoir quoi.
-Vous m’avez entendue chanter quelque chose ? interrogea Dalla.
-Euh… quoi ?
-C’est la première fois que vous prononcez une phrase grammaticalement complète depuis le début de cette conversation holophonique.
-5 minutes avant la fin du micro-saut, prévint A7-D7 (d’après les voyants lumineux, en tout cas).
-Ce serait bien que tu prennes les commandes, Kranyya… Et… merci pour ton eau, au fait… Je sais pas ce que c'était, mais...
-Tu n’aurais pas de la fièvre, padawan ? murmura la voix rassurante de Larna.
Elle posa une main fraîche sur le front de son apprentie.
-Tu t’es bien débrouillée aujourd’hui. Je suis contente de voir que tu m’écoutais quand même, quand je t’expliquais la technique…
-Je vous écoute toujours, Maître…
-Je sais, padawan, je sais.
La kel dor s’assit dans le siège à côté de Dalla.
-C’est dommage que tu n’aies pas réussi à aller jusqu’au bout. Tu n’étais plus si loin…
Qu’était-elle en train de faire, juste avant ? Elle faisait quelque chose d’important...
-Je suis là, maintenant, tu peux te reposer.
Puis elle se mit à fredonner, les mains sur les commandes.
-May my stars align, as I sail through this dark night…[c'est cette chanson de fan]
La voix de Larna avait toujours cet écho rassurant, à travers son masque respiratoire. Elle avait toujours aimé écouter des chansons en pilotant. Des chansons douces et lentes, souvent tristes pendant l’hyper-espace, des rythmes plus rapides quand elle manœuvrait autour d’une planète, d’un vaisseau ou de tout ce à quoi leur mission les confrontait…
Elle acceptait, bien sûr, de couper la musique quand Dalla prenait les commandes. La musique distrayait Dalla, l’empêchait de se concentrer sur les commandes, l’extérieur de l’appareil, les données de vol.
-Je ne suis pas aussi douée que vous, Maître.
-Tu as beaucoup moins d’expérience que moi. Et tu es douée dans d’autres domaines, où tu me surpasses…
Dalla en était venue à aimer ces vieilles chansons qu’écoutaient Larna, et qu’elle fredonnait, parfois, dans le calme du vaisseau. Comme maintenant.
-And chart the course of my own Hydian Way.
Soudain, une lumière s’alluma sur le tableau de bord. Dalla sursauta, et réalisa trois choses.
1) Elle avait dû s’endormir ou somnoler, parce qu’elle avait de la bave plein le menton.
2) Ce n’était pas la voix de Larna qu’elle entendit fredonner mais la sienne.
3) Elle ne pouvait pas entendre la voix de Larna, et elle ne pourrait plus jamais l’entendre, puisqu’elle était morte il y a cinq ans…
Dalla avait la bouche pateuse.
La lumière qui venait de s’allumer était le voyant qui indiquait que quelqu’un était installé dans la tourelle droite. Le voyant juste à côté s’alluma à son tour.
Le siège à côté d’elle était vide. Bien sûr.
Dalla inspira, toussa un peu, se frotta les yeux et essaya d’enlever la bave sur son menton.
Les choses lui revenaient peu à peu en tête.
Les tourelles, Xoraae et Mosroka. Kranyya.
Les dernières paroles de la zabrak avant de quitter le cockpit lui revinrent en mémoire.
La poche d’eau était bien là, fraîche et pure, à peu près au niveau de là où se trouvait le front de la twi’lek il y a quelques instants. Cela devait être ce que son cerveau épuisé avait interprété comme la main de Larna.
Dalla prit un peu d’eau sur ses mains et les passa sur son visage, la base de ses lekku, ses yeux.
Cela devait être un peu plus que de l’eau, parce qu’elle se sentit immédiatement les idées un peu plus claires.
Mais son corps pesait toujours trois fois plus que d’habitude, comme si quelqu’un avait augmenté la gravité artificielle du vaisseau.
In the age of exploration, many souls sought to devise…
Dalla but une plein gorgée d’eau puis parvint à se redresser jusqu’à atteindre le tableau de bord. Elle activa la comm des deux tourelles, qui était fermée jusqu’alors pour limiter les interférences.
-Dalla ? retentit immédiatement la voix de Mosroka. Ça va ?
On fera aller….
Mais visiblement, les paroles n’avaient pas dû franchir ses lèvres, ou pas assez fort, parce que Mosroka continua :
-Dalla ? Chevalière Tellura !
Le ton de sa voix était très tendu et inquiet.
-Hum, parvint à émettre Dalla.
-La chevalière Nekro nous a dit de nous installer aux tourelles, répondit la voix de Xoraae.
Dalla tourna difficilement la tête vers le radar. Elle sentit un frisson la parcourir en constatant qu’il n’y avait plus un point non identifié, mais deux ! Mais avant qu’elle ait pu essayer de dire quelque chose ou de soulever l’une ou l’autre des parties de son corps, le système comm externe s’enclencha.
-« Aller ! On dégage ! On saute ! N’importe où ! Go go go ! On se retrouve sur Ilum ! »
-C’est Gary !
-Kovani !
Les commandes pour le saut hyperespace étaient trop loin. Elle n’arriverait jamais à les entendre.
-In this beaten old YT, with this rusted astro droid...
-A7, T1, le saut ! vers Ilum !
Les droïdes siamois se précipitèrent vers le tableau de commande. Dalla se demandait si elle avait rêvé la voix de Larna, si elle avait elle-même chanté… Ou bien si…
Avec un « swoosh », la porte laissa la place à Kranyya. Elle marmonnait quelque chose, mais Dalla aurait incapable de savoir quoi.
-Vous m’avez entendue chanter quelque chose ? interrogea Dalla.
-Euh… quoi ?
-C’est la première fois que vous prononcez une phrase grammaticalement complète depuis le début de cette conversation holophonique.
-5 minutes avant la fin du micro-saut, prévint A7-D7 (d’après les voyants lumineux, en tout cas).
-Ce serait bien que tu prennes les commandes, Kranyya… Et… merci pour ton eau, au fait… Je sais pas ce que c'était, mais...
Kranyya Nekro
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Sam 2 Déc 2023 - 22:01
« Aller ! On dégage ! On saute ! N’importe où ! Go go go ! On se retrouve sur Ilum ! »
Je pénètre dans la pièce, encore essoufflée de mes courses incessantes, le cri de Gary se réverbérant partout dans le centre de pilotage, et visiblement vu la mauvaise insonorisation des lieux, partout dans le vaisseau...
Pari risqué que de faire un move pareil… Mais au moins on était enfin débarrassé de nos poursuiveurs…
Vaut mieux rester prudent tout de même, on parle de personnes assez motivées pour nous avoir collé au train dans le noyau profond…
Dalla, épuisée, coupe les communications avec Xoraae et Mosroka encore installés aux tourelles, se levant de son siège pour me laisser la place.
Je lui réponds :
« Aucun souci je m’en occupe, j’aurais juste besoin de toi pour l’atterrissage sur Ilum mais en attendant repose toi je gère… Maintenant… Plus qu’à espérer que les droïdes ne se dissocient pas pendant le mini saut, aucune envie de faire demi-tour ou pire, qu’on se mange un débris et qu’on éclate… »
Je m’installe, et réalise d’un coup :
« Attends ! T’as bu l’eau ??
Non non t’inquiètes pas tu ne risques rien ça reste juste de l’eau avec de l’énergie vitale, mais tu vas être… biiiiieen… tranquille… Du genre dans les nuages mais pas du bon côté de la frontière de la loi… »
Boire une once d’eau chargée de Magie Obscure ? Pour une adepte du côté lumineux ça risque de lui faire bizarre ; mais bon elle va bien se rétablir c’est sûr, espérons par contre qu’elle soit pas défoncée trop longtemps…
Installée plus ou moins confortablement sur la chaise de pilotage, j’essaye de prendre une position de pilotage correcte, apparemment tout à l’heure selon T1-machin la mienne était naze… Logique en même temps je ne suis une As que du chasseur, pour le reste on repassera…
Les étoiles sont encore étirées en traînées infinis face à nous, le saut approchant cependant de sa fin ; je soupire :
« Pfff, j’ai jamais fait un voyage aussi… long.. en tout cas en apparence… j’en peuuux plus… Vivement Ilum… »
La tête enfoncée dans mes mains, les yeux fermées, en pleine mini-méditation qui s’apparente plutôt à un décompressage express, je suis tirée de cet état de dépit profond par la voix désormais familière de A7-D7 :
« Mini-Saut terminé, selon mes calculs nous pourrons arriver en périphérie d’Ilum sous peu.
-Hein !!? »
Je me lève d’un bond, n’y croyant pas mes yeux, fin mes oreilles plutôt :
« Ilum ??! Bientôt ??!! BON SANG A7 T’ES GENIAL MERCI !!!
-Merci Chevalière Nekro, telle est ma fonction après tout…
-Ohhh j’aurais jamais cru pouvoir parler normalement avec l’un de vous bordel ! Enchanté A7 ! Dalla a fait du super boulot avec vous ! »
Une diode verte était encore allumée sur la droite du panneau LED bricolé par ma collègue, indiquant la présence actuelle de A7, qui était enfin stable…
Ça y’est, on a apparemment au moins un droïde fonctionnel, il était temps à vrai dire…
J’aurais pas dit non à plus tôt mais bon… vaut mieux tard que jamais comme on dit…
Le paysage autour de nous ralentit, symbole de notre sortie de l’hyperespace, et ici au beau milieu de nulle part, désormais loin de tout, je vois le système Ilum plus proche que jamais sur l’holocarte centrale.
Je tourne en rond dans la petite pièce, ne tenant plus vraiment en place, cocktail de descente d’adrénaline, de fatigue intense et d’un ras-le-bol global :
« Bon, au moins on est bien sur l’itinéraire prévu… A7, si t’es encore là, lance un saut direct pour Ilum, ya pas grand-chose qui risque de nous bloquer la route dans le coin.
Faut que j’aille voir les gosses ils ont dû être secoués…
-Très bien Chevalière Nekro, mais je vais avoir besoin de votre aval pour vérifier les calculs et confirmer le lancement du saut.
-Les calculs ? Mon aval ? Hein ah oui c’est vrai… Déso je n’ai pas l’habitude de tout ça… Les responsabilités et tout…
Je me rapproche du tas de pièce détachées, n’ayant pas la moindre foutue idée d’où me placer pour lui parler, encore moins d’où consulter ses données :
-Il n’y a rien d’écrit sur moi Chevalière… Je suis relié aux tableaux de contrôles.
-Ah oui merde, hehh ne te moques pas de moi non plus hein, j’ai pas de diplôme en gestion de droïde… Fin, j’ai pas de diplôme tout court d’ailleurs hein. »
Je tourne le dos au vilain machin pas beau pour retourner guetter les panneaux, où une myriade de chiffres sans queue ni tête m’attendent :
« Oh wow, c’est ça les calculs ? Euuuuh, ça m’a l’air… bien ? Vas-y t’as mon aval. »
Bon sang, je suis vraiment une quiche… Je suis tellement habitué à la petite interface de Dath, où tout est manuel en plus… J’ai vraiment besoin de cours de pilotage… Ou juste… de cours… tout court…
Après quelques secondes, le droïde ne m’a toujours pas répondu, il m’a surement pas entendu, l’audition n’est pas sa qualité cible…
« A7, j’ai dit que c’était bon… Tu peux- »
Je me retourne, il doit surement avoir besoin d’un coup de pied pour redémarrer ses circuits ou je ne sais quoi, je ne fais pas dans la technique moi…
Mais tout ça pour être accueilli par le tristement familier :
« Mais qui est A7 ? Je ne comprends pas votre indication, enchanté, T-1-1-X, assistant chef de cabine…
-AH NON HEIN TU VAS PAS RECOMMENCER AVEC CA ! »
Bon, la lumière de gauche était allumée en rouge...
Ce qui signifiait que le système de Dalla était fiable, que T-1 avait repointé le bout de son nez, visiblement avec un bon trou de mémoire, et que j’avais hurlé comme une tarte en plein milieu du vaisseau remplie de gosses et d’une collègue défoncée à la Magie, et visiblement de la bonne.
Je ne prends même pas la peine d’écouter les plaintes à base de « Voyons je ne comprends pas, qu’ai-je fais ? Et qui êtes-vous ? » du pauvre droïde puisque ça toque à la porte :
« C’est qui ??
Je réponds la gorge complètement sèche, pas vraiment professionnel comme terme certes, mais bon… Une voix claire et affirmée me répond :
-Loona, je peux entrer ?
-Euhh…
Je pèse le pour et le contre… Le bordel dans la pièce, l’état de Dalla, le droïde désagréable qui m’engueule…
Bon je laisse tomber ya que des contre… Allez plus on est de fous plus on rit…
-Vas-y tu peux rentrer… J’allais pas tarder à sortir… »
La Twi’lek violacé entre dans la pièce, jette un coup d’œil au bordel qui y règne, avant de finalement demander :
« Bon… avec Xoraae et Mosroka on a exposé la situation aux petits, de toute façon tout le monde avait entendu la communication de Kovani… Je voulais surtout savoir si tout allait bien de votre côté… Et où on en était.
-Génial merci Loona, tout va plus ou moins bien ici, je galère un peu avec les droïdes mais avec un peu de chance ils vont bientôt switch et on pourra reprendre le trajet prévu avec A7-D7…
-Je vous entends ! Et pour votre gouverne sachez que mon nom est T-1-1-X, ça va finir par devenir vexant tous ces amalgames…
-Tu vois ? T-1 est susceptible… Et très culotté pour un droïde assistant en plus, il doit avoir des boulons de travers…
-Okkkk… Je vois un peu la situation… J’aurais vu notre première virée officielle un peu plus… officielle…»
La jeune fille parcourt la salle, regarde les tableaux de bords… Avant de s’arrêter sur la carte :
« Ah oui on est bien avancé… Comment a-on pu faire autant de distance en un mini-saut ?
-Alors là aucune idée ! Ça m’a paru bizarre aussi… Ce rafiot nous cachait ses talents de sprinteur… Après il a été plus long que prévu, il a pris ses libertés hein... Bon… On n’a pas toute la journée non plus… »
Je rejoins l’insupportable assistant chef de cabine, qui continuait à barbotter des propos déplacés, et décoche un bon coup de semelle dans son crâne de boîte de conserve :
« Biiip, Tudu- Tutt-… »
Me dis une dernière fois l’impertinent avant d’enfin repasser au vert :
« Chevalière, ai-je donc votre confirmation ?
-Oh la Force soit louée te revoilà A7 la flèche ! Merveilleux, tu as mon aval, lance-moi ce saut qu’on en finisse ! »
Je pénètre dans la pièce, encore essoufflée de mes courses incessantes, le cri de Gary se réverbérant partout dans le centre de pilotage, et visiblement vu la mauvaise insonorisation des lieux, partout dans le vaisseau...
Pari risqué que de faire un move pareil… Mais au moins on était enfin débarrassé de nos poursuiveurs…
Vaut mieux rester prudent tout de même, on parle de personnes assez motivées pour nous avoir collé au train dans le noyau profond…
Dalla, épuisée, coupe les communications avec Xoraae et Mosroka encore installés aux tourelles, se levant de son siège pour me laisser la place.
Je lui réponds :
« Aucun souci je m’en occupe, j’aurais juste besoin de toi pour l’atterrissage sur Ilum mais en attendant repose toi je gère… Maintenant… Plus qu’à espérer que les droïdes ne se dissocient pas pendant le mini saut, aucune envie de faire demi-tour ou pire, qu’on se mange un débris et qu’on éclate… »
Je m’installe, et réalise d’un coup :
« Attends ! T’as bu l’eau ??
Non non t’inquiètes pas tu ne risques rien ça reste juste de l’eau avec de l’énergie vitale, mais tu vas être… biiiiieen… tranquille… Du genre dans les nuages mais pas du bon côté de la frontière de la loi… »
Boire une once d’eau chargée de Magie Obscure ? Pour une adepte du côté lumineux ça risque de lui faire bizarre ; mais bon elle va bien se rétablir c’est sûr, espérons par contre qu’elle soit pas défoncée trop longtemps…
Installée plus ou moins confortablement sur la chaise de pilotage, j’essaye de prendre une position de pilotage correcte, apparemment tout à l’heure selon T1-machin la mienne était naze… Logique en même temps je ne suis une As que du chasseur, pour le reste on repassera…
Les étoiles sont encore étirées en traînées infinis face à nous, le saut approchant cependant de sa fin ; je soupire :
« Pfff, j’ai jamais fait un voyage aussi… long.. en tout cas en apparence… j’en peuuux plus… Vivement Ilum… »
La tête enfoncée dans mes mains, les yeux fermées, en pleine mini-méditation qui s’apparente plutôt à un décompressage express, je suis tirée de cet état de dépit profond par la voix désormais familière de A7-D7 :
« Mini-Saut terminé, selon mes calculs nous pourrons arriver en périphérie d’Ilum sous peu.
-Hein !!? »
Je me lève d’un bond, n’y croyant pas mes yeux, fin mes oreilles plutôt :
« Ilum ??! Bientôt ??!! BON SANG A7 T’ES GENIAL MERCI !!!
-Merci Chevalière Nekro, telle est ma fonction après tout…
-Ohhh j’aurais jamais cru pouvoir parler normalement avec l’un de vous bordel ! Enchanté A7 ! Dalla a fait du super boulot avec vous ! »
Une diode verte était encore allumée sur la droite du panneau LED bricolé par ma collègue, indiquant la présence actuelle de A7, qui était enfin stable…
Ça y’est, on a apparemment au moins un droïde fonctionnel, il était temps à vrai dire…
J’aurais pas dit non à plus tôt mais bon… vaut mieux tard que jamais comme on dit…
Le paysage autour de nous ralentit, symbole de notre sortie de l’hyperespace, et ici au beau milieu de nulle part, désormais loin de tout, je vois le système Ilum plus proche que jamais sur l’holocarte centrale.
Je tourne en rond dans la petite pièce, ne tenant plus vraiment en place, cocktail de descente d’adrénaline, de fatigue intense et d’un ras-le-bol global :
« Bon, au moins on est bien sur l’itinéraire prévu… A7, si t’es encore là, lance un saut direct pour Ilum, ya pas grand-chose qui risque de nous bloquer la route dans le coin.
Faut que j’aille voir les gosses ils ont dû être secoués…
-Très bien Chevalière Nekro, mais je vais avoir besoin de votre aval pour vérifier les calculs et confirmer le lancement du saut.
-Les calculs ? Mon aval ? Hein ah oui c’est vrai… Déso je n’ai pas l’habitude de tout ça… Les responsabilités et tout…
Je me rapproche du tas de pièce détachées, n’ayant pas la moindre foutue idée d’où me placer pour lui parler, encore moins d’où consulter ses données :
-Il n’y a rien d’écrit sur moi Chevalière… Je suis relié aux tableaux de contrôles.
-Ah oui merde, hehh ne te moques pas de moi non plus hein, j’ai pas de diplôme en gestion de droïde… Fin, j’ai pas de diplôme tout court d’ailleurs hein. »
Je tourne le dos au vilain machin pas beau pour retourner guetter les panneaux, où une myriade de chiffres sans queue ni tête m’attendent :
« Oh wow, c’est ça les calculs ? Euuuuh, ça m’a l’air… bien ? Vas-y t’as mon aval. »
Bon sang, je suis vraiment une quiche… Je suis tellement habitué à la petite interface de Dath, où tout est manuel en plus… J’ai vraiment besoin de cours de pilotage… Ou juste… de cours… tout court…
Après quelques secondes, le droïde ne m’a toujours pas répondu, il m’a surement pas entendu, l’audition n’est pas sa qualité cible…
« A7, j’ai dit que c’était bon… Tu peux- »
Je me retourne, il doit surement avoir besoin d’un coup de pied pour redémarrer ses circuits ou je ne sais quoi, je ne fais pas dans la technique moi…
Mais tout ça pour être accueilli par le tristement familier :
« Mais qui est A7 ? Je ne comprends pas votre indication, enchanté, T-1-1-X, assistant chef de cabine…
-AH NON HEIN TU VAS PAS RECOMMENCER AVEC CA ! »
Bon, la lumière de gauche était allumée en rouge...
Ce qui signifiait que le système de Dalla était fiable, que T-1 avait repointé le bout de son nez, visiblement avec un bon trou de mémoire, et que j’avais hurlé comme une tarte en plein milieu du vaisseau remplie de gosses et d’une collègue défoncée à la Magie, et visiblement de la bonne.
Je ne prends même pas la peine d’écouter les plaintes à base de « Voyons je ne comprends pas, qu’ai-je fais ? Et qui êtes-vous ? » du pauvre droïde puisque ça toque à la porte :
« C’est qui ??
Je réponds la gorge complètement sèche, pas vraiment professionnel comme terme certes, mais bon… Une voix claire et affirmée me répond :
-Loona, je peux entrer ?
-Euhh…
Je pèse le pour et le contre… Le bordel dans la pièce, l’état de Dalla, le droïde désagréable qui m’engueule…
Bon je laisse tomber ya que des contre… Allez plus on est de fous plus on rit…
-Vas-y tu peux rentrer… J’allais pas tarder à sortir… »
La Twi’lek violacé entre dans la pièce, jette un coup d’œil au bordel qui y règne, avant de finalement demander :
« Bon… avec Xoraae et Mosroka on a exposé la situation aux petits, de toute façon tout le monde avait entendu la communication de Kovani… Je voulais surtout savoir si tout allait bien de votre côté… Et où on en était.
-Génial merci Loona, tout va plus ou moins bien ici, je galère un peu avec les droïdes mais avec un peu de chance ils vont bientôt switch et on pourra reprendre le trajet prévu avec A7-D7…
-Je vous entends ! Et pour votre gouverne sachez que mon nom est T-1-1-X, ça va finir par devenir vexant tous ces amalgames…
-Tu vois ? T-1 est susceptible… Et très culotté pour un droïde assistant en plus, il doit avoir des boulons de travers…
-Okkkk… Je vois un peu la situation… J’aurais vu notre première virée officielle un peu plus… officielle…»
La jeune fille parcourt la salle, regarde les tableaux de bords… Avant de s’arrêter sur la carte :
« Ah oui on est bien avancé… Comment a-on pu faire autant de distance en un mini-saut ?
-Alors là aucune idée ! Ça m’a paru bizarre aussi… Ce rafiot nous cachait ses talents de sprinteur… Après il a été plus long que prévu, il a pris ses libertés hein... Bon… On n’a pas toute la journée non plus… »
Je rejoins l’insupportable assistant chef de cabine, qui continuait à barbotter des propos déplacés, et décoche un bon coup de semelle dans son crâne de boîte de conserve :
« Biiip, Tudu- Tutt-… »
Me dis une dernière fois l’impertinent avant d’enfin repasser au vert :
« Chevalière, ai-je donc votre confirmation ?
-Oh la Force soit louée te revoilà A7 la flèche ! Merveilleux, tu as mon aval, lance-moi ce saut qu’on en finisse ! »
Gary Kovani
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Ven 22 Déc 2023 - 14:21
« Super Xaxa, t’as grave géré mon bébé. » Je dépose un baiser sur le tableau de bord, tout en simulant en « check », poing fermé, sur le manche. L’intelligence limitée du vaisseau, un simple algorithme de reconnaissance vocale qui pilote les fonctions principales en cabine, me réponds par un bip interrogatif. J’ai depuis longtemps désactivé la voix irritante, mi féminine mi robotique, qui me répondait à chaque monologue par un insupportable : « Pardon. Requête incomprise. Veuillez répéter votre demande… ». Je l’ignore, et continue :
« Je te laisse les commandes. » De l’autre coté de la verrière à la crasse incrustée dans les angles difficilement nettoyables, le corridor hyperspatial, d’un bleu électrique et hypnotique, tournoie rapidement. Je l’observe quelques instants, pensif. Plus les années passent, plus je trouve ce spectacle grandiose… Banal. On finit par s’habituer à tout. C’est triste lorsque l’on y pense. Ce qui m’excitait autrefois n’a plus aucune saveur aujourd’hui. Est-ce pour cela que les vieux Maitres Jedi sont tous si froids et distants ? Je refoule ces pensées douteuses pour me concentrer sur cette boule dans mon estomac, qui refuse encore de disparaitre. Je pue la transpiration. Une infection. Mes vêtements sont trempés. Effet secondaire, et involontaire, de ma manœuvre suicidaire. Un cocktail d’hormones addictives inonde encore mon système sanguin, noie mes organes : adrénaline, endorphine, cortisol, dopamine. Je frisonne. Merde. J’y suis accro. Et un jour j’y laisserai ma peau. Sur un pari, un coup de tête, une manœuvre inconsciente. Mais pas aujourd’hui. La Force a d’autres plans pour moi… Dont celui de retrouver mon vieil ami… Bernard Kovani. J’ai un haut-le-cœur rien que d’y penser… « Je vais aller me changer. » Si je me présente à lui dans cet état, je vais devoir supporter son regard désapprobateur, et ses petits remarques acerbe sur mon hygiène de vie douteuse. Bien sûr qu’il a raison ! Mais ce n’est pas une raison pour me le sortir chaque fois que l’on se croise ! Je secoue la tête alors qu’un sourire nait sur mes lèvres asséchées :
« Lorsque l’on sent sa propre odeur, c’est qu’il est temps de prendre une douche ! » Ce proverbe improvisé devrait figurer dans la manuel du parfait Jedi, tant il est un condensé de sagesse ! En substance, il signifie : qu’on est souvent inconscient de nos défauts, jusqu’à ce qu’il prenne une place prédominante. Mais la morale sous-jacente pourrait être la suivante : il ne faut pas attendre qu’on les sente pour tenter de s’en défaire, hein ? Bordel Kovani, t’es un génie !
Un peu de masturbation mentale n’a jamais tué personne non ? Et se féliciter soi-même ne rien pas sourd. Alors autant en abuser haha. Bref. J’abandonne Xaxa et le cockpit pour me diriger vers le micro-espace nommé crânement « salle de bain ». Un réduit d’un mètre sur deux. Sur la gauche : une minuscule vasque amovible, qui sert à la fois de lave-mains et de cuvette pour les petites et grosses commissions : tout dépend de la hauteur à laquelle elle est réglée… Et au fond : une cabine de douche… Mais lorsque je pose la main sur le commutateur tactile qui commande l’ouverture de la porte étanche, je laisse échapper un juron :
« Par les culottes souillées de Papy Don ! » Et oui. La salle d’eau est confinée. Défaut d’étanchéité dans la coque. Je peste. Je l’avais oublié… Plan B. Je soupire, et reprend ma progression dans le ventre de Xaxa pour rejoindre ma cabine. Il y a deux sur le vaisseau. Le seconde me sert de débarras pour tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi. Je me faufile entre deux armoires électriques dont les portes ne sont tenues que grâce à du scotch renforcé, couleur aluminium. Je veille à bien lever les mains. Un défaut de masse pourrait me griller sur pied en une fraction de seconde : on n’est jamais trop prudent. Oui Xaxa tombe en ruine, c’est une vieille épave. A l’image de son propriétaire… En théorie il appartient à l’Ordre, mais personne n’oserait me le prendre. J’y veille en le maintenant dans un état déplorable, à la limite sur supportable.
Au-dessus de ma couchette, j’ouvre les rangements encastrés. Derrière le sac sous vide contenant la combinaison en latex rouge de Natasha – non, je n’ai toujours pas trouvé le courage de m’en débarrasser – je mets la main sur un paquet de linguette démaquillantes. Un emballage en plastoïde biodégradable, mollasson, qui crisse lorsque je le manipule. Sur le dessus, à coté d’une image stéréotypée de femme surmaquillée, un clapet m’autorise à tirer les linguettes une à une. J’en prends dix.
Je m’éponge à tour de rôle, les aisselles, le torse, la nuque, l’entre jambe et la raie du cul. Pas nécessairement dans cet ordre. En jetant au fur et à mesure les bandes de tissu à usage unique, imbibées d’un produit nettoyant à l’odeur chimique aguicheuse, dans le recycleur. C’est mieux que rien. Je roule en boule mes fringues dégueulasses. J’hésite à m’en débarrasser aussi… Mais je me ravise. On verra ça plus tard. Je les balance sur la pile branlante de vêtements sales, et farfouille dans tous les tiroirs pour trouver quelque chose. Deux chaussettes dépareillées, un slip troué à l’entrejambe dont l’élastique agonise, un tee-shirt étonnement propre, couleur aubergine, floqué du logo sanguinolant d’un groupe d’ultra-hard-astro-death-métal-new-age. De la musique de niche, réservée aux vraies connaisseurs : ceux qui trainent dans les pires boites miteuses, qu’on appelle underground pour faire genre, de la Lune des Contrebandiers. Je passe par-dessus une veste de pilote, aux bandes réfléchissantes orangées. Elle est limée aux coudes, mais présente bien. Enfin j’enfile un jean slim qui me moule le postérieur. Je l’observe dans le miroir quelques instants. Vraiment pas mal. J’ai de beaux restes ! Le tout disparait sous une seconde couche : un anorak et un surpantalon technique, destinés aux mondes glaciaires. La dernière fois que je l’ai sorti c’était pour cette foutue mission sur Khorm. Pas vraiment un bon souvenir… A part celui du corps dénudé de Tamarra… Je secoue la tête. J’ai besoin de garder le sang là-haut, et non en bas.
Quel piètre modèle je suis pour la jeune génération lorsque l’on y pense. C’est pour cette raison que j’ai toujours refusé de prendre un padawan. Le pauvre ne survivrait pas à mon rythme de vie. « Xaxa ! » Je beugle dans le couloir, en espérant que l’ordinateur de bord capte ma voix au travers des microphones disséminés un peu partout. La plupart sont hors d’usage. C’est pour ça que je gueule. « Abaisse les température intérieure ! » Par défaut la consigne est à dix-sept degrés. Certains trouvent ça limite, surtout lors des longs trajets. Mais c’est justement cette fraicheur ambiance qui m’incite à bouger mon cul, et à pratiquer quelques exercice lorsque ma présence n’est pas requise dans le cockpit. « Hmmm… Met le thermostat sur huit degrés, dans un premier temps… » Il n’y a rien de pire que les changements thermiques abruptes. Ilum n’est pas réputée pour son confort. Les aires d’atterrissages sont à l’extérieur de l’avant-poste excavé à la montagne glacée. Il faut affronter les bourraques arctiques, pendant une bonne dizaine de minutes avant d’espérer passer le premier sas pressurisé. « Dans quinze minutes, tu le descends à deux. » Autant s’y préparer physiquement, au risque de chopper la crève. Lorsque l’on voyage beaucoup, on apprend vite à anticiper les particularités des mondes à arpenter : Changent de gravité, de luminosité, d’hygrométrie ou de température. C’est ça, ou passer à vie avec la gorge prise et les yeux explosés. Qui a osé dire un jour que les voyages forgent la jeunesse ? Conneries !
Ainsi emmitouflé, je regagne le cockpit. Sur l’écran tactile, le compte à rebours m’indiquer encore une trentaine de minutes. Je doute que le vaisseau ait pris le chemin le plus direct, comme je le lui avais demandé. Il a probablement cherché à quitter l’espace Républicain le plus rapidement possible, pour ensuite longer la frontière en suivant des routes répertoriées. Il serait suicidaire de se lancer en ligne droit à travers les régions inexplorées de l’Espace sauvage, au risque de finir sa courte existence pulvérisée contre un corps céleste inconnue. Une belle manière de donner son nom à une étoile ou un astéroïdes…
Je me laisse choir sur le siège du pilote, pieds sur le tableau de bord, et fouille nonchalamment dans le vide poches à la recherche d’un livre. Un roman policier. J’adore les romans policiers. Surtout quand y’a un inspecteur au passé sombre, et des nanas canons. Le plus souvent je trouve le coupable dès les premiers chapitres. Déformation professionnelles…. Mais celui-ci me tient en haleine, j’en suis à la moitié.
A peine ai-je posé les yeux dessus, qu’une alerte retentit. Un bip régulier. Je me redresse et avise les cadrans. Je relève les yeux, sourcils froncés, vers une ombre fluctuante qui se dessine péniblement sur le panorama caléidoscopique. « Un vaisseau ? C’est peut-être les filles… »
J’ai un très mauvais pressentiment d’un coup.
« Je te laisse les commandes. » De l’autre coté de la verrière à la crasse incrustée dans les angles difficilement nettoyables, le corridor hyperspatial, d’un bleu électrique et hypnotique, tournoie rapidement. Je l’observe quelques instants, pensif. Plus les années passent, plus je trouve ce spectacle grandiose… Banal. On finit par s’habituer à tout. C’est triste lorsque l’on y pense. Ce qui m’excitait autrefois n’a plus aucune saveur aujourd’hui. Est-ce pour cela que les vieux Maitres Jedi sont tous si froids et distants ? Je refoule ces pensées douteuses pour me concentrer sur cette boule dans mon estomac, qui refuse encore de disparaitre. Je pue la transpiration. Une infection. Mes vêtements sont trempés. Effet secondaire, et involontaire, de ma manœuvre suicidaire. Un cocktail d’hormones addictives inonde encore mon système sanguin, noie mes organes : adrénaline, endorphine, cortisol, dopamine. Je frisonne. Merde. J’y suis accro. Et un jour j’y laisserai ma peau. Sur un pari, un coup de tête, une manœuvre inconsciente. Mais pas aujourd’hui. La Force a d’autres plans pour moi… Dont celui de retrouver mon vieil ami… Bernard Kovani. J’ai un haut-le-cœur rien que d’y penser… « Je vais aller me changer. » Si je me présente à lui dans cet état, je vais devoir supporter son regard désapprobateur, et ses petits remarques acerbe sur mon hygiène de vie douteuse. Bien sûr qu’il a raison ! Mais ce n’est pas une raison pour me le sortir chaque fois que l’on se croise ! Je secoue la tête alors qu’un sourire nait sur mes lèvres asséchées :
« Lorsque l’on sent sa propre odeur, c’est qu’il est temps de prendre une douche ! » Ce proverbe improvisé devrait figurer dans la manuel du parfait Jedi, tant il est un condensé de sagesse ! En substance, il signifie : qu’on est souvent inconscient de nos défauts, jusqu’à ce qu’il prenne une place prédominante. Mais la morale sous-jacente pourrait être la suivante : il ne faut pas attendre qu’on les sente pour tenter de s’en défaire, hein ? Bordel Kovani, t’es un génie !
Un peu de masturbation mentale n’a jamais tué personne non ? Et se féliciter soi-même ne rien pas sourd. Alors autant en abuser haha. Bref. J’abandonne Xaxa et le cockpit pour me diriger vers le micro-espace nommé crânement « salle de bain ». Un réduit d’un mètre sur deux. Sur la gauche : une minuscule vasque amovible, qui sert à la fois de lave-mains et de cuvette pour les petites et grosses commissions : tout dépend de la hauteur à laquelle elle est réglée… Et au fond : une cabine de douche… Mais lorsque je pose la main sur le commutateur tactile qui commande l’ouverture de la porte étanche, je laisse échapper un juron :
« Par les culottes souillées de Papy Don ! » Et oui. La salle d’eau est confinée. Défaut d’étanchéité dans la coque. Je peste. Je l’avais oublié… Plan B. Je soupire, et reprend ma progression dans le ventre de Xaxa pour rejoindre ma cabine. Il y a deux sur le vaisseau. Le seconde me sert de débarras pour tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi. Je me faufile entre deux armoires électriques dont les portes ne sont tenues que grâce à du scotch renforcé, couleur aluminium. Je veille à bien lever les mains. Un défaut de masse pourrait me griller sur pied en une fraction de seconde : on n’est jamais trop prudent. Oui Xaxa tombe en ruine, c’est une vieille épave. A l’image de son propriétaire… En théorie il appartient à l’Ordre, mais personne n’oserait me le prendre. J’y veille en le maintenant dans un état déplorable, à la limite sur supportable.
Au-dessus de ma couchette, j’ouvre les rangements encastrés. Derrière le sac sous vide contenant la combinaison en latex rouge de Natasha – non, je n’ai toujours pas trouvé le courage de m’en débarrasser – je mets la main sur un paquet de linguette démaquillantes. Un emballage en plastoïde biodégradable, mollasson, qui crisse lorsque je le manipule. Sur le dessus, à coté d’une image stéréotypée de femme surmaquillée, un clapet m’autorise à tirer les linguettes une à une. J’en prends dix.
Je m’éponge à tour de rôle, les aisselles, le torse, la nuque, l’entre jambe et la raie du cul. Pas nécessairement dans cet ordre. En jetant au fur et à mesure les bandes de tissu à usage unique, imbibées d’un produit nettoyant à l’odeur chimique aguicheuse, dans le recycleur. C’est mieux que rien. Je roule en boule mes fringues dégueulasses. J’hésite à m’en débarrasser aussi… Mais je me ravise. On verra ça plus tard. Je les balance sur la pile branlante de vêtements sales, et farfouille dans tous les tiroirs pour trouver quelque chose. Deux chaussettes dépareillées, un slip troué à l’entrejambe dont l’élastique agonise, un tee-shirt étonnement propre, couleur aubergine, floqué du logo sanguinolant d’un groupe d’ultra-hard-astro-death-métal-new-age. De la musique de niche, réservée aux vraies connaisseurs : ceux qui trainent dans les pires boites miteuses, qu’on appelle underground pour faire genre, de la Lune des Contrebandiers. Je passe par-dessus une veste de pilote, aux bandes réfléchissantes orangées. Elle est limée aux coudes, mais présente bien. Enfin j’enfile un jean slim qui me moule le postérieur. Je l’observe dans le miroir quelques instants. Vraiment pas mal. J’ai de beaux restes ! Le tout disparait sous une seconde couche : un anorak et un surpantalon technique, destinés aux mondes glaciaires. La dernière fois que je l’ai sorti c’était pour cette foutue mission sur Khorm. Pas vraiment un bon souvenir… A part celui du corps dénudé de Tamarra… Je secoue la tête. J’ai besoin de garder le sang là-haut, et non en bas.
Quel piètre modèle je suis pour la jeune génération lorsque l’on y pense. C’est pour cette raison que j’ai toujours refusé de prendre un padawan. Le pauvre ne survivrait pas à mon rythme de vie. « Xaxa ! » Je beugle dans le couloir, en espérant que l’ordinateur de bord capte ma voix au travers des microphones disséminés un peu partout. La plupart sont hors d’usage. C’est pour ça que je gueule. « Abaisse les température intérieure ! » Par défaut la consigne est à dix-sept degrés. Certains trouvent ça limite, surtout lors des longs trajets. Mais c’est justement cette fraicheur ambiance qui m’incite à bouger mon cul, et à pratiquer quelques exercice lorsque ma présence n’est pas requise dans le cockpit. « Hmmm… Met le thermostat sur huit degrés, dans un premier temps… » Il n’y a rien de pire que les changements thermiques abruptes. Ilum n’est pas réputée pour son confort. Les aires d’atterrissages sont à l’extérieur de l’avant-poste excavé à la montagne glacée. Il faut affronter les bourraques arctiques, pendant une bonne dizaine de minutes avant d’espérer passer le premier sas pressurisé. « Dans quinze minutes, tu le descends à deux. » Autant s’y préparer physiquement, au risque de chopper la crève. Lorsque l’on voyage beaucoup, on apprend vite à anticiper les particularités des mondes à arpenter : Changent de gravité, de luminosité, d’hygrométrie ou de température. C’est ça, ou passer à vie avec la gorge prise et les yeux explosés. Qui a osé dire un jour que les voyages forgent la jeunesse ? Conneries !
Ainsi emmitouflé, je regagne le cockpit. Sur l’écran tactile, le compte à rebours m’indiquer encore une trentaine de minutes. Je doute que le vaisseau ait pris le chemin le plus direct, comme je le lui avais demandé. Il a probablement cherché à quitter l’espace Républicain le plus rapidement possible, pour ensuite longer la frontière en suivant des routes répertoriées. Il serait suicidaire de se lancer en ligne droit à travers les régions inexplorées de l’Espace sauvage, au risque de finir sa courte existence pulvérisée contre un corps céleste inconnue. Une belle manière de donner son nom à une étoile ou un astéroïdes…
Je me laisse choir sur le siège du pilote, pieds sur le tableau de bord, et fouille nonchalamment dans le vide poches à la recherche d’un livre. Un roman policier. J’adore les romans policiers. Surtout quand y’a un inspecteur au passé sombre, et des nanas canons. Le plus souvent je trouve le coupable dès les premiers chapitres. Déformation professionnelles…. Mais celui-ci me tient en haleine, j’en suis à la moitié.
A peine ai-je posé les yeux dessus, qu’une alerte retentit. Un bip régulier. Je me redresse et avise les cadrans. Je relève les yeux, sourcils froncés, vers une ombre fluctuante qui se dessine péniblement sur le panorama caléidoscopique. « Un vaisseau ? C’est peut-être les filles… »
J’ai un très mauvais pressentiment d’un coup.
Dalla Tellura
# Re: La Sorcière, la Mécano et le Détective [PV. Dalla Tellura et Gary Kovani] - Mer 3 Jan 2024 - 22:16
Dalla se leva avec la désagréable impression d’être une vieille twi’lek de trois cent quatre vingt ans. Ou d’être sur une planète à hypergravité. Ou un mélange des deux.
Bon, et visiblement, elle avait du mal à comprendre les paroles de Kranyya ET à actionner ses muscles en même temps…
Elle fit donc une pause, la main encore sur le dossier du siège de pilote, pour se concentrer sur les paroles de sa coéquipière.
-Quelle… quelle eau ?
C’était difficile de se concentrer. Dalla fit un pas de côté pendant que Kranyya s’ajustait dans le fauteuil que la twi’lek venait de quitter.
Et se cogna douloureusement la cuisse sur le coin d’un truc dur.
Dalla tourna la tête vers l’obstacle non identifié, en même temps que le droïde -l’un des deux, elle n’avait aucune idée lequel- prenait la parole.
Sa remarque affectait beaucoup Kranyya, mais Dalla venait d’identifier l’usage du truc qu’elle avait percuté. Un siège. Quelle bonne idée…
Assise, elle avait beaucoup moins de muscles à gérer, et c’était vraiment bien. Elle capta son nom au détour de la conversation et profita d’être assise pour se reconcentrer sur ses alentours.
-Dalla a fait du super boulot avec vous !
Dalla n’avait aucune idée de qui pouvait être l’interlocuteur de Kanyya. Elle avait fait du boulot avec qui ?
Le plastoïd du siège était frais contre sa joue. Dalla ferma les yeux pour ne pas voir la galaxie s’agiter autour d’elle.
Elle avait dû s’endormir à un moment, parce qu’elle se réveilla soudain quand sa joue heurta le sol de la cabine.
-Ok… fit une voix quelque part au-dessus de Dalla.
Celle-ci s’efforça de se relever, mais c’était un peu compliqué. Elle opta donc pour un plan B à peu près réalisable et se retourna sur le dos. De là, elle avait une vision à peu près nette du siège sur lequel ses fesses avaient dû reposer il y a peu, du plafond du vaisseau, étonnamment sombre et uni -elle n’avait jamais fait attention aux plafonds des cockpits où elle avait piloté auparavant. Étaient-ils tous comme celui-ci ? On ne pensait jamais à regarder ce genre de choses, alors que c’était quand même très important ! Sans plafond, les pilotes risqueraient de se perdre dans l’espace infini, et si le plafond leur tombait sur la tête…
-Chevalière Tellura ?
Dalla tenta de se concentrer sur la voix de Loona -elle voyait ses bottes, d’ailleurs.
-Tu peux m’aider à me relever ?
-Elle a dit quoi ?
-Je crois que la chevalière Tellura vous a demandé de l’aider à se relever.
Dalla vit une main mauve traverser son champs de vision, puis une sorte de pression s’exercer sur son épaule.
-Il lui est arrivé quoi ?
-C’est l’eau...
Dalla dut ensuite se concentrer de nouveau sur ses muscles pour pouvoir se relever. Elle s’appuya sur Loona pour se re-hisser jusqu’au siège.
-De l'eau ? Ouais, bien sûr...
Quand elle fut assurée d’être à peu près stable, elle reporta son attention sur ses deux cadettes, qui l’observaient d’un air… Difficile à dire. Bref, elles l’observaient en tout cas.
-On est où ?
Ce qui était une question débile, puisqu’on voyait bien à travers le cockpit qu’elles étaient en plein hypersepace.
-Normalement, en dernier saut vers Ilum.
Dalla se répéta la phrase une ou deux fois pour la comprendre.
-Normalement ?
-Ben… C’est le droïde qui a fait les sauts, et euh…
Dalla put constater qu’elle avait récupéré une bonne partie de sa capacité d’attention en voyant Loona jeter un regard en biais à Kranyya.
Dalla modifia légèrement son assiette dans son siège, de façon à pivoter pour observer les consoles.
-Hum. Tout a l’air OK. On…
Elle s’interrompit quand les étoiles réapparurent autour d’elles.
-Nous voici arrivés à destination ! pépia A7T-truc avec enthousiasme.
-Au moins, on a toujours l’air d’être en un seul morceau.
-Vaisseau jedi repéré : identifiant Xalfocafacta.
Il y eut un instant de silence.
-C’est le vaisseau de Gary, hein ?
-Dois-je initialiser une communication avec le Maître jedi G…
Mais, pour la énième fois depuis le début de ce voyage, une communication entrante interrompit le droïde.
-Ici le Last Parade, de la Force de Sécurité de Reecee. Vous êtes en état d’arrestation pour dépassement de vitesse lumière trop près d’un système civilisé. Ce genre de manœuvre est hautement prohibé par les décrets intergalactiques de législations spatiales et passibles d’une amende de…
Dalla sentit son front heurter un panneau de contrôle. Ça ne finirait donc jamais ?
-Ah, bah voilà comment on a fait pour aller aussi vite ! Notre petit droïde chauffard nous a fait faire du rase-motte ! Bon. Je contacte Kovani ? Il saura comment les gérer…
Bon, et visiblement, elle avait du mal à comprendre les paroles de Kranyya ET à actionner ses muscles en même temps…
Elle fit donc une pause, la main encore sur le dossier du siège de pilote, pour se concentrer sur les paroles de sa coéquipière.
-Quelle… quelle eau ?
C’était difficile de se concentrer. Dalla fit un pas de côté pendant que Kranyya s’ajustait dans le fauteuil que la twi’lek venait de quitter.
Et se cogna douloureusement la cuisse sur le coin d’un truc dur.
Dalla tourna la tête vers l’obstacle non identifié, en même temps que le droïde -l’un des deux, elle n’avait aucune idée lequel- prenait la parole.
Sa remarque affectait beaucoup Kranyya, mais Dalla venait d’identifier l’usage du truc qu’elle avait percuté. Un siège. Quelle bonne idée…
Assise, elle avait beaucoup moins de muscles à gérer, et c’était vraiment bien. Elle capta son nom au détour de la conversation et profita d’être assise pour se reconcentrer sur ses alentours.
-Dalla a fait du super boulot avec vous !
Dalla n’avait aucune idée de qui pouvait être l’interlocuteur de Kanyya. Elle avait fait du boulot avec qui ?
Le plastoïd du siège était frais contre sa joue. Dalla ferma les yeux pour ne pas voir la galaxie s’agiter autour d’elle.
Elle avait dû s’endormir à un moment, parce qu’elle se réveilla soudain quand sa joue heurta le sol de la cabine.
-Ok… fit une voix quelque part au-dessus de Dalla.
Celle-ci s’efforça de se relever, mais c’était un peu compliqué. Elle opta donc pour un plan B à peu près réalisable et se retourna sur le dos. De là, elle avait une vision à peu près nette du siège sur lequel ses fesses avaient dû reposer il y a peu, du plafond du vaisseau, étonnamment sombre et uni -elle n’avait jamais fait attention aux plafonds des cockpits où elle avait piloté auparavant. Étaient-ils tous comme celui-ci ? On ne pensait jamais à regarder ce genre de choses, alors que c’était quand même très important ! Sans plafond, les pilotes risqueraient de se perdre dans l’espace infini, et si le plafond leur tombait sur la tête…
-Chevalière Tellura ?
Dalla tenta de se concentrer sur la voix de Loona -elle voyait ses bottes, d’ailleurs.
-Tu peux m’aider à me relever ?
-Elle a dit quoi ?
-Je crois que la chevalière Tellura vous a demandé de l’aider à se relever.
Dalla vit une main mauve traverser son champs de vision, puis une sorte de pression s’exercer sur son épaule.
-Il lui est arrivé quoi ?
-C’est l’eau...
Dalla dut ensuite se concentrer de nouveau sur ses muscles pour pouvoir se relever. Elle s’appuya sur Loona pour se re-hisser jusqu’au siège.
-De l'eau ? Ouais, bien sûr...
Quand elle fut assurée d’être à peu près stable, elle reporta son attention sur ses deux cadettes, qui l’observaient d’un air… Difficile à dire. Bref, elles l’observaient en tout cas.
-On est où ?
Ce qui était une question débile, puisqu’on voyait bien à travers le cockpit qu’elles étaient en plein hypersepace.
-Normalement, en dernier saut vers Ilum.
Dalla se répéta la phrase une ou deux fois pour la comprendre.
-Normalement ?
-Ben… C’est le droïde qui a fait les sauts, et euh…
Dalla put constater qu’elle avait récupéré une bonne partie de sa capacité d’attention en voyant Loona jeter un regard en biais à Kranyya.
Dalla modifia légèrement son assiette dans son siège, de façon à pivoter pour observer les consoles.
-Hum. Tout a l’air OK. On…
Elle s’interrompit quand les étoiles réapparurent autour d’elles.
-Nous voici arrivés à destination ! pépia A7T-truc avec enthousiasme.
-Au moins, on a toujours l’air d’être en un seul morceau.
-Vaisseau jedi repéré : identifiant Xalfocafacta.
Il y eut un instant de silence.
-C’est le vaisseau de Gary, hein ?
-Dois-je initialiser une communication avec le Maître jedi G…
Mais, pour la énième fois depuis le début de ce voyage, une communication entrante interrompit le droïde.
-Ici le Last Parade, de la Force de Sécurité de Reecee. Vous êtes en état d’arrestation pour dépassement de vitesse lumière trop près d’un système civilisé. Ce genre de manœuvre est hautement prohibé par les décrets intergalactiques de législations spatiales et passibles d’une amende de…
Dalla sentit son front heurter un panneau de contrôle. Ça ne finirait donc jamais ?
-Ah, bah voilà comment on a fait pour aller aussi vite ! Notre petit droïde chauffard nous a fait faire du rase-motte ! Bon. Je contacte Kovani ? Il saura comment les gérer…
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