Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
La cantina était bondée ce soir-là, mais Clévio Ithari avait réussi à trouver une petite table au centre de la baie vitrée tout juste abandonnée par deux rodiens.

La jedi déchue commanda un verre de whisky corellien et contempla la foule bruyante. Mais son regard ne tarda pas à être attiré par la vue qu'offrait la fenêtre située juste à côté d'elle.
Au-delà de la ville animée où de nombreux vaisseaux allaient et venaient tel des abeilles autour de leur ruche, elle pouvait voir les vastes étendues océaniques de la planète Manaan. Les vagues s'écrasaient sur les flanc de métal lisse d'Atho, créant un spectacle hypnotique.
Le ciel était teinté d'une palette de couleurs allant du rose doré à l'orange intense, puis au violet foncé, alors que le soleil se couchait lentement sur l'horizon. L'océan reflétait la toile colorée qu'était devenu le ciel.

Clévio ne pouvait s'empêcher de se perdre dans la beauté saisissante de cette planète. Les montagnes d'eau majestueuses qui émergeaient des flots bleus pour mourir contre les contreforts de la puissante cité Selkath.
Elle se surprit à imaginer les merveilles qui se cachaient sous les profondeurs marines, car Manaan était célèbre pour ses vastes océans, abritant une flore et une faune incroyablement diversifiées... Ainsi que des secrets immémoriaux.

La jeune femme était déjà venue sur cette planète lorsqu'elle était encore padawan.
Aux côtés de son ancien maître, elle avait aidé l'ambassade de la République à déchiffrer des tablettes rakatas remontée des noire abysses de l'océan.

Pendant son séjour, Clévio avait appris l'histoire du kolto, de Revan et Malak ainsi que les légendes racontant l'existence de créatures marines terrifiantes.
La demoiselle aux yeux jaunes s'aperçut qu'elle avait fini son verre sans même s'en rendre compte, mais elle était toujours captivée par la vue à travers la fenêtre.

Elle fût tirée de ses rêveries en surprenant une conversation entre deux humains ayant alignés sur leur table sept bouteilles de Rubymary sous le regard méprisant du tenancier Selkath. Malheureusement pour lui, les deux hommes payaient rubis sur ongle, empêchant toute expulsion légale de l'établissement.

-« Bon sang Jekk, c'est le huitième gars de l'expédition Triton 8 qui a disparu ! Comment tu peux être aussi calme ?! »

L'homme parlait fort, au point que Clévio n'eut à faire aucun effort de concentration pour percevoir ses mots.
Son comparse, plus mesuré et à la voix basse mais grave lui répondit d'un air agacé :

-« Écoute, ceux qui ont disparu sont les crétins qui sont descendu dans les profondeurs de l'océan... Nous, on était juste les mécanos de leurs sous-marins à l'allée.... Notre engin les a ramené en vie... C'est tout ce qui compte pour moi. »

Le premier homme frappa du poing sur la table et hurla :

-« Y'AVAIT UN PUTAIN DE JEDI AVEC EUX JEKK ! J'EN SUIS SÛR ! »

Tous les regards se sont tournés vers eux et Clévio en profita pour suivre le mouvement et mémoriser le visage des deux hommes.

Le dénommé Jekk, malgré son uniforme jaune et vert de mécanicien de la Czerka était très jeune. De petite taille, ses cheveux blond mi-long et son duvet juvénile recouvrant sa lèvre supérieur trahissaient sa puberté à peine entamée.  

Son comparse inconnu était un homme d’une quarantaine d’années aux cheveux courts poivre et sel. De nombreuses cicatrices parcouraient ses avant-bras et son visage, témoin muet d’une vie difficile dans la Czerka.

Le barman, d'un pas pressé et les yeux globuleux exorbités s'empressa d'expulser les deux hommes sans ménagement.
La jedi noire se leva, paya son addition et vint à la rencontre des deux hommes qui étaient au sol.
Elle leur tendit la main, son plus charmant sourire était affiché sur son visage pâle.

-« Je connais un autre bar messieurs... Venez, je vous paie un verre. »

Pendant qu'elle les accompagnait, Clévio prit discrètement son comlink et envoya un message codé à un ancien ami...
Gary Kovani
Gary Kovani
Messages : 341
Eclats Kyber : 588
La vie de Jedi n’a rien d’une sinécure, particulièrement en ces temps troublés. Discipline personnelle, entrainements, missions, obligations, devoir de réserve et de mesure en toutes circonstances… Quelle place reste-t-il pour le temps libre, les loisirs ? Approximativement rien du tout. Les gardiens de la Force se donnent corps et âme, n’hésitent pas à risquer leur vie, à tutoyer l’obscurité, pour guider la galaxie vers la lumière et la sérénité. Je soupire. Est-ce toujours vrai ? J’ai plutôt l’impression, ces dernières années, que notre principale mission consiste à sauver un Ordre au bord du précipice. A survivre. Nous nous terrons sous les sables de Tatooine comme des rat-womps. Nos missions se résument maintenant à la collecte de ressources, de denrées alimentaires, bien loin de celles, primordiales pour l’équilibre galactique, que nous accomplissions jadis.

Mais je garde espoir. Espoir que cette déconfiture ouvre les yeux de ceux qui nous dirigent. Ce conseil de vieux sages sclérosés qui nous a conduit à la ruine. Espoir que la jeune génération, celle qui à été le plus durement touchée par l’exode, rejette les coutumes obsolètes et fonde un nouvel Ordre, détaché des entraves que nous nous sommes nous-même infligé. Un Ordre libre, indépendant de toute puissance. Ne devant répondre à aucune injonction autre que celle dictée par la Force elle-même.

Je rouvre les yeux. Derrière les verres fumés des lunettes de soleil, j’observe quelques instants la boule incandescente qui descend inexorablement vers l’azur tourmenté de l’océan. Je m’étire, en grognant comme un vieux matou en fin de course. Mes muscles sont ankylosés par ces quelques heures passées affalé, torse nu, sur la confortable chaise longue. Le brouahaha ambiant se rappelle à mon cerveau encore noyé dans les brumes de la profonde méditation. Des cris d’enfants, de parents agacés. Des conversations idiotes, ou sérieuses, énoncées sur divers tons, à différents volumes. La plateforme de loisir, verrue solidement accrochée à la tentaculaire cité d’Ahto, qui surplombe l’océan, se vide lentement de sa foule compacte de touristes et d'habitués. Ils s’attardent ici pour profiter, tout comme moi, d’un bain de soleil bon marché, ou de la fraîcheur des bassins d’eau de mer pompée et filtrée. Des écrans déflecteurs invisibles nous protègent des bourrasques violentes. Vent maritime qu’aucune terre émergée ne tempère. Seul l’observation des nuages aux formes torturées, qui filent à une vitesse hallucinante, bien au-dessus de nos têtes, témoignent de leur existence. De puissantes vagues s’écrasent sur les contreforts artificiels de la cité flottante. Une mélodie apaisante, bien qu’entêtante pour ceux qui n’y sont point habitué.

Je dépose, à coté de mon cocktail sans alcool, les petits miroirs réfléchissants destinés à parfaire le bronzage de mon visage couleur du miel. Qui a dit qu’on ne pouvait pas lier l’utile à l’agréable ? Rien ne m’impose de méditer dans une cave humide et insonorisée. La vie est douce lorsque l’on prend le temps d’y gouter. Des moments qui nous rappellent pourquoi nous devons endurer tant d’épreuves. M’enfin. Il ne faudrait pas non plus en abuser, au risque de procrastiner…

Je me redresse donc, en position assise. La plateforme se vide à mesure que la température baisse, que le soleil décline vers l'horizon lisse, annonçant une nuit fraîche et humide. Sur Manaan, il n’y a pas vraiment de saisons. Le vaste océan, régulateur thermique naturel, écrête toutes variations. La planète de l’éternel printemps, comme osent l’affirmer certains poètes. Mouais. Une saison tiède, certes, mais entrecoupée de vastes épisodes orageux, particulièrement violents, dont seuls les mondes océaniques connaissent le secret. C’est pour cette raison que la coté flottante dérive inlassablement sur l’océan, désireuse d’esquiver les phénomènes météorologiques cataclysmiques, et les vagues scélérates. Un jeu de chat et de souris avec les éléments, dont les Selkath sont devenus maitres. Je me lève enfin, m’étire le dos. Ma colonne vertébrale craque comme du bois sec. Je roule la serviette en boule, achève le cocktail d’une ultime sussion sur la paille en carton – écologie oblige – et file à la réception pour récupérer mes effets personnels : veste en simili cuir élimée, pantalon troué aux genoux, basket râpées et tee-shirt délavé. Quinze minutes plus tard, je quitte les lieux ragaillardi, l’esprit libéré de mes idées noires, pleinement concentré sur la mission : Retrouver Alma. Alma Jones. Exploratrice, archéologue et aventurière Jedi. Membre éminent de l’explocorp. Elle n’a plus donné signe de vie depuis plusieurs semaines. Rien de vraiment exceptionnel, il faut l’avouer. La corellienne d’âge mûr perd aisément toute notion du temps et des priorités lorsqu’elle se laisse emporter par sa passion pour les vieilles pierres et les écrits immémoriaux. Un passe-temps qui m’échappe. Mais, depuis l’Exode, les Jedi sont contraints à la plus grande des discrétions. Malgré la neutralité assumée de Manaan, l’Empire et la République intriguent : désinformation, espionnage et sabotage, pour s’assurer  la plus grosse part du Kolto récoltés par les Selkath. Le calme ambiant dissimule une véritable guerre d’influence , dans l’ombre, dans laquelle un Jedi pourrait se retrouver, malgré lui, pris en otage. Alors le Conseil ne désire prendre aucun risque. Une fausse alerte ? Depuis mon arrivée sur ce monde, un terrible pressentiment m’étreint, me noue les tripes, réveille les vieux démons enfouis dans mon inconscient…

Je chasse cette pensée d’un revers de main mental. Je dois rester ancré dans le présent… D’un pas vif, je remonte rapidement une avenue immaculée. Nos hôtes amphibiens ont établi des règles extrêmement strictes, que tous les visiteurs, quel que soit leur patrie d’origine, doivent respecter. Aucune violence n’est tolérée, ni aucun acte d’incivilité. Après avoir contourné un bloc d’entrepôt que je sais loué par l’Empire, j’arrive devant les concessions de la Corporation Czerka. Le dernier message d’Alma évoque une expédition vers les profondeurs, nom de code triton-8. Rien de plus. J’imagine qu’elle a réussi, d’une manière ou d’une autre, à s’imposer sur l’un de leurs sous-marins. Mais pour aller où ? Pour faire quoi exactement ? Ce sont derrière ces lourdes cloisons blindées que j’ai le plus de chance de trouver une réponse. L’envie de les escalader pour m’y infiltrer me démange… Mais le risque est grand si je me fais prendre. Alors je décide, raisonnable, de la jouer réglo pour commencer.

J’entre donc, anonyme parmi les anonymes, par la porte du bureau des renseignements. Malgré l’heure tardive, une file impressionnante s’impatiente devant un unique guichet, derrière lequel s’affaire sans aucune motivation apparente un gratte papier peu aimable. Des chercheurs d’emploi, des commerciaux, des entrepreneurs douteux. Un écosystème hétéroclite qui gravite autour de la méga corporation monopolisant les précieuses ressources des vastes fonds marins. Ce bureau est le passage obligé pour obtenir un rendez-vous avec d’autres services. Goulet d’étranglement que j’imagine volontaire, pour filtrer les moins tenaces. Des méthodes qui attestent de l’état d’esprit prédateur et capitaliste de la Czerka. Je m’insère dans la file, derrière un Mon Calamari à l’odeur de poisson plus très frais. Mais je le sens à peine, perdu dans mes pensées. Que fais-je dire ? Faire ? Je l’ignore. J’improviserai le moment venu si la Force ne m’envoie pas un signe. Alma… Dans quel pétrin tu t’es fourrée cette fois ?
Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
La chambre d'hôtel était plongée dans une semi-obscurité, avec seulement une douce lumière bleutée provenant de l'éclairage intégré dans les murs ondulants de la pièce. Le sol gris et froid était recouvert d'un tapis épais de couleur bleu, et les murs étaient décorés d'une peinture abstraite rappelant les vagues de la mer. Le lit, large et moelleux, était placé au centre de la pièce et recouvert de draps blancs et bleus assortis à la décoration de la chambre.

Dans un coin de la pièce se trouvait une petite table avec deux chaises en bois sculpté, parfaites pour prendre un repas ou se détendre devant un livre. Sur une console en bois sombre à côté du lit, se trouvait une petite télévision holographique. La salle de bain était équipée d'une grande douche à effet de pluie et d'une baignoire de style jacuzzi.

Les grandes baies vitrées qui recouvraient l'un des murs de la chambre donnaient sur une vue spectaculaire sur l'océan unique de Manaan qui reflétait les étoiles nocturnes.

Habillée d'un simple peignoir immaculé et assise en tailleur sur son lit face à l'océan infini, Clévio tentait de méditer.

Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas prit le temps de réaliser cette activité qu'elle avait tant apprécié à la salle des mille fontaines du temple jedi de Coruscant.

Mais depuis son exile et la diaspora, la méditation était devenu un cauchemar où le côté obscur enraciné profondément en elle, remontait jusqu'à son esprit afin de la tourmenter.

Là où auparavant il n'y avait que la sérénité, il subsistait la haine.

Là où il n'y avait que la connaissance, il y subsistait le doute constant.

Là où il n'y avait que l'harmonie, il substait la colère.

Depuis la trahison de son maître, même les quelques centimètres cube de son crâne étaient une prison lorsqu'elle laissait son esprit s'égarer dans la pénombre.
Soupirant de frustration, Clévio arrêta sa vaine tentative de méditation et parti en direction de la table où était posé son bloc de données éteint.

Elle alluma la petite tablette grise et l'écran noir disparu pour laisser place l'éclairage du flux d'informations bleutées qui défilait sur l'objet comme une pluie numérique.

Avant de rentrer chez elle, la jeune femme avait réussi à extirper des informations sur les deux techniciens républicains ayant participé à la vérification du submersible pour le projet Triton 8.

Un peu d'alcool et de charme bien dosé (pour les deux) avaient délié leurs langues et tout deux se sont mis à se mettre à table.

D'après le jeune Jekk, c'était une affaire louche cette mission.
Triton 8 était au départ une mission à but scientifique montée par l'ambassadeur de la République, Koro Vyne, afin d'étudier non seulement la faune et la flaure des profondeurs de Manaan mais aussi les vestiges engloutis des selkath primitifs.

Cependant, l'expédition comptant vingt personnes était composée d'au moins dix mercenaires lourdement armés et d'une jedi.

Le mot "jedi" fût prononcé à voix basse et à mi-mot. Le jeune technicien avait vu le sabre laser dissimulé à la ceinture de la jeune femme, mais il n'en avait dit mot à la République car il craignait que l'utilisatrice de la Force ne se venge sur lui et sa famille.

L'autre mécanicien, nommé Laster, avoua à la jedi déchue qu'il avait dû aider l'équipe à charger de lourdes caisses dans la soute du submersible. Par curiosité, il avait entrouverte un des contenant et il fût surpris de voir des explosifs militaires.

Clévio avait enregistré toute la conversation et l'avait écouté en boucle pendant des heures, notant scrupuleusement chaque détail pouvant lui permettre de retrouver l'expédition Triton 8 et surtout leur découverte...

Malheureusement pour elle, la base de submersible utilisé par Triton 8 et les coordonnée du site sous-marin se trouvait sous bonne garde dans les zones restreintes de l'ambassade de la République.

La jeune femme soupira de frustration et se laissa choir sur son lit, dépitée par cette impasse.
Ithari ferma ses yeux jaune et son esprit vagabonda dans le labyrinthe tumultueux qu'était la raison de la jedi noire.

Soudainement, une bride de conversation entre les deux mécaniciens républicains lui revint à l'esprit. Tout deux s'était plaint de ne pas avoir été invité à la réception de l'ambassade de la République qui se déroulait dans trois jours.

Clévio se redressa et courru jusqu'à son datapad pour voir les modalités de cette soirée. L'infiltrer n'allait pas être simple... Mais elle trouverait un moyen.

Maintenant, la jeune femme sourit.

N'est point mort qui peut éternellement gésir. (Avec Gary) Fb_img10
Gary Kovani
Gary Kovani
Messages : 341
Eclats Kyber : 588
Il est trois heure trente-sept, du matin, lorsqu’enfin j’accède au guichet. Je suis dans un état second, zombifié par le sommeil et l’inactivité. L'heure s’affiche en trois dimensions, sur l’écran holographique déprimant de mon bracelet comlink. Lorsque la silhouette devant moi s’esquive, la tête lourde, les épaules affaissées, je perds encore une longue poignée des secondes avant de réagir, de réaliser que c’est enfin mon tour. Le rodien, de l’autre coté de la baie en plexiglass m’observe d’un œil indifférent, bien plus frais que moi, puisqu’il a pris son service une demi heure auparavant. J’inspire, rassemble mes pensées, et avance enfin. Le traducteur intégré à son casque de standardiste traduit en temps réel les vocalises caractéristiques de son espèce. Il en résulte une scène presque surréaliste : un petit rodien verdâtre, juché sur un tabouret pour dépasser du comptoir, dont les propos prennent des accents cybernétiques avec quelques secondes de retard sur ses mouvements de lèvres. Merde, j’ai l’impression de regarder un vieux holo-film pirate mal transcodé. Il récite la même litanie qu’à mon prédécesseur, et le sien avant, et le sien du sien encore avant, et…

« Si vous souhaitez déposer un CV, veuillez transmettre vos données sur le terminal à votre gauche. Si vous souhaitez louer l’un de nos sous-marins, veuillez remplir le formulaire qui s’affiche sur celui de droite. Pour les réclamations, veuillez revenir aux horaires appropriés, entre 11h30 et 14h30, sachant que nous sommes fermés pour le déjeuner entre 12h00 et 13h00. Pour toute autre demande, n’hésitez pas à consulter notre holosite, une IA saura vous guider et répondre à vos besoins… »

Je soupire. Imaginez le gars qui attend depuis cinq heures pour se faire rediriger, comme un mal propre vers un bot numérique… C’est un miracle si personne n’a tenté de briser cette vitre pour l’étrangler… Non. En vérité, les lois Selkath sont si strictes concernant les accès de violence, que cela tempère même les plus colériques. Cette longue attente a au moins permis de préparer la manière dont j’allais aborder la question d’Alma, et l’implication de la Czerka dans cette affaire.

Je plonge la main dans la poche intérieure de ma veste, saisis mon datapad, et le plaque contre la vitre en plexiglass pour que le petit gars ait une vue plongeante sur son écran tactile.

« Avez-vous déjà vu cette femme ? »

J’affiche une photographie recadrée du visage d’Alma. Humaine, la cinquantaine. Cheveux très longs, poivre et sec. Encore une très belle femme, bien que les heures passées sur des chantiers archéologiques, ou dans son atelier, aient creusé des rides sévères sur son front, entre ses sourcils négligés et sur ses pommettes osseuses. Son visage s’est un peu creusé avec le temps, achevant de lui donner un air peu amical… Mais comme bien souvent, il ne faut pas se fier aux apparences. Lorsqu’elle revient au Temple, ses éclats de rires tonitruants emplissent les couloirs monotones.

« Pardon ? » me répond le standardiste, quelque peu décontenancé par ma demande atypique. J’imagine que je sors des cases de ses textes appris par cœur.

« Avez-vous déjà vu cette femme ? Alma Hermingher. Xeno-archéologue. Portée disparue.»
« Je… heu. Non. »
« Alors appelez immédiatement l’un de vos supérieurs hiérarchiques. Je sais de sources sûres qu’elle a transité par l’un de vos sous-marins. »
« Mais monsieur, je ne peux pas déranger un responsable à cette heure-ci ! Revenez à une heure plus décente, ou veuillez contacter le siège, le numéro s’affiche sur le terminal au-dessus de votre… »


Mon poing s’écrase sur le plexiglas. Bruit mat. La vitre ondule quelques secondes en produisant une vibration sonore indescriptible. Le rodien sursaute, recule d’un pas. Dans mon dos, plusieurs personnes retiennent leur souffle. Il me manque trop d’heures de sommeil pour me montrer diplomate. Je réitère ma question, sur un ton sec, péremptoire. Je laisse la Force glisser entre mes mots, se mélanger subtilement à mes intonations pour le forcer à obtempérer sans hésitation aucune.

« Appelez immédiatement votre supérieur hiérarchique. Dites-lui qu’un détective privé pose des questions sur l’opération Triton-8, ses occupants et sa destination… »
« Je… Je… Oui, monsieur, j’appelle immédiatement mon supérieur hiérarchique… »


Le rodien recule, descend de son tabouret. Derrière lui, fixé au mur, trône un communicateur. Il presse une série de touches, puis commence à parler. Le plexiglass dévore les réponses de son interlocuteur, il me faut lire les expressions du standardiste pour imaginer leurs échanges. Mouvement recul imperceptible, il se fait engueuler. Il ouvre la bouche, pour répliquer, pour se justifier. Le mot triton-8 est prononcé. Moment de flottement. Plus personne ne parle, le rodien lance des regards vides autour de lui… Finalement son interlocuteur lui répond quelque chose. Et il raccroche. Il revient vers moi.

« Veuillez attendre sur le côté de la file, deux agents de la sécurité vont vous escorter à l’intérieur. Un responsable arrive, il va vous recevoir. »

Un sourire triomphant m’échappe avant que je n'ai eu le temps de le réprimer. Je m’écarte, victorieux. Il suffit parfois d’user du bon mot, au bon moment. L’art de la rhétorique, ou de l’enfonçage de portes. Un petit doute nait tout de même dans mon esprit. Si la Czerka nage dans des eaux troubles, ils pourraient être tenté de me faire… disparaitre, comme Alma. Qu’ils essayent ! Je prends le risque !

Moins de cinq minutes plus tard, je crois que j’ai eu le temps de faire trois micro-siestes sans même m’en rencontre compte, deux types patibulaires, blaster à la hanche, uniforme de la sécurité bleu nuit, entrent par une porte dérobée derrière le comptoir. Ils échangent deux mots avec le standardiste qui me pointe aussitôt du doigt. Le duo fait le tour, déverrouille un accès et m’intime d’un geste, sans un mot, l’ordre de les suivre. L’un passe devant, l’autre reste dans mon dos. La Force m’offre assez de clairvoyante pour sentir leurs intentions. Et je ne ressens aucune hostilité justifiant de rester sur mes gardes. Ils font simplement leur job. Obéir, et surtout, ne pas trop réfléchir. Nous remontons un long couloir, faiblement éclairé à cette heure avancée de la nuit. Nous dépassons plusieurs portes closes. Des étiquettes luminescentes indiquent des lettres et des numéros qui correspondent à une classification inconnue. Des salles de réunion ? Je l’ignore.

Enfin notre trio hétéroclite s’arrête. Sifflement pneumatique. La porte DA-03 glisse dans la cloison. Nous entrons. La pièce ressemble à une salle d’interrogatoire dans un poste de police miteux. Table carrée, en acier nu. Deux chaises du même acabit. J’imagine la quantité d’entretiens préalables à un licenciement ayant eu lieu dans cet pièce impersonnelle, gris dépressif. Je m’assoie… Et m’assoupis.

Plus tard, ma montre indique cinq heures, la porte siffle à nouveau. Je sursaute, m’éveille, la bouche pâteuse, un filet de bave séché dans ma barbe de trois jours. Un grand gaillard en costume trois pièces impeccable fait une entrée fracassante. Il n’a même pas posé un pied à l’intérieur de la pièce qu’il beugle comme un veau à l’abattoir :

« Vous êtes qui, bordel ?! »

J’ai passé l’âge de perdre mes moyens face à un type qui hausse le ton. Je réponds du tac-o-tac, très calme :

« Gary Kovani. Détective. Mon… Employer recherche cette femme. » Je fais glisser le datapad sur la table. « Alma Hermingher. Nous savons qu’elle est venue ici. Plus vite vous coopérerez, plus vite nous en aurons terminé. »

Ni présentation, ni politesse. Il croise le bras sur sa poitrine, me lance un regard assassin, et reste debout pour bien me dominer de toute sa taille.

« Vous vous prenez pour qui ? Vous travaillez pour qui d’abord ? Vous croyez qu’il suffit de me sortir de mon lit pour que je vous donne des informations sensibles appartenant à la corporation ? Je ne sais pas d’où vous sortez mais… »
« Triton-8 »
. Je lâche le mot, et guette sa réaction. Il se fige, coupé dans son élan inquisiteur. Visiblement très mal à l’aise. Oui, j’ai bien touché une corde sensible. Alors je décide de presser sur le furoncle jusqu’à ce que tout le jus en sorte. « Vous préférez peut-être que j’aille voir les Selkath pour demander une enquête officielle ? Mon employeur n’est pas du genre à aimer s’afficher en public, mais cette personne est trop précieuse pour être… abandonnée. »

Moment de silence. Douces hésitations. Enfin il se retourne et ordonne aux deux agents de la sécurité de sortir de la pièce. Ils s’exécutent non sans se lancer un regard circonspect. Enfin, le type s’approche de la table, plaque ses deux paumes dessus, et se penche sur mon datapad :

« Vous enregistrez tout j’imagine… » J’ouvre de grands yeux. Merde, je n’y ai même pas pensé ! Je lui réponds :
« Bien évidemment. »
« Très bien ! Alors, veuillez bien enregistrer ceci. Je suis Armslan Van der Burdenmerrh. Directeur exécutif des expéditions sous-marines, sur la base Echo-7 d’Ahto. La corporation Czerka nie avoir connaissance d'une quelconque opération nommée Triton-8, et se refuse à plus de commentaires… »


Je secoue la tête. Il se croit dans une holo-série policière ?

« Bon. Coupez votre micro… »

Je m’exécute, en appuyant un peu n’importe ou sur l’écran tactile du datapad.

« Tout ce que je vais vous dire, n’a rien d’officiel. Si votre… Employeur tente d’user de mes propos, je nierai en bloc, et tout la Czerka avec. Pourquoi est-ce que je vous dis tout ça… Parce que je ne veux absolument pas que les Selkath fourrent leur nez dans nos affaires, c’est clair ? Appelons ça un échange de bons procédés. Mes infos, contre votre discrétion. »

Je hoche de la tête. Je trouve qu’il se livre un peu vite, suspect ? Non. Je peux sentir sa tension, sa colère.

« Triton-8 est le nom de code d’une expédition civile sous-marine organisée par la République… Exploration des fonds sous-marins. Rien d'inhabituel, excepté que les ordres sont venus du siège. D’en haut. De très haut. Le jour J, j’ai vu débarquer des militaires en tenue de civil, ainsi qu’une équipe de « scientifique ». Votre amie en faisait partie. Ils ont payé toutes les transactions en crédit. Directement. Il n’y a aucune trace bancaire, une vraie opération fantôme. Ils ont embarqué des lourdes caisses. Du matériel. Les ordres étaient clairs : contrairement au protocole en vigueur, aucune question, aucune inspection, aucune déclaration douanière. On est en totale infraction des règles édictées par les Selkath… Je vous assure que je n’en sais pas plus ! J’ai protesté auprès de ma hiérarchie, mais ils ont tous nié être au courant de quoi que ce soit. C’est ma parole contre la leur. Alors je ferme ma gueule, et vous avez intérêt à faire de même. Car la corporation a largement assez de moyens pour faire de votre vie un enfer, M. Kovani. »

Enfin, on passe aux menaces. On est proche de la conclusion. J’inscris toutes les informations dans ma mémoire, sans trop chercher à extrapoler, j’y réfléchirai à tête reposée, après une bonne nuit de sommeil. Pourtant, mon intuition me dit qu’il n’a pas tout craché.

« Il y avait quoi dans ces caisses ? »
« Je vous ai dit que je n’en savais rien ! »
« Et ils sont allé où ? Vous avez les coordonnées ? »
« Non ! »


Je me lève, pour me mettre à sa hauteur. Droit dans les yeux.

« Vous feriez mieux de cracher le morceau. Mon employeur a également les moyens de faire de votre vie un enfer… D’autant que si vous avez manifesté votre mécontentement auprès de votre hiérarchie, j’imagine qu’il se satisferont de votre disparition, le cas échéant… »
« Vous ne pouvez pas… »
« Nous pouvons beaucoup de chose, M. Van der Brau… Van der Brud… Monsieur le directeur. »
« Mais puisque je vous dis que… »
« Assez ! Donnez-moi les coordonnées ! »
« Je ne les aient pas ! Ils ont ramené avec eux un astrodroïde. Il s’est plugé directement au système de navigation, a transmis les coordonnées de leur destination à l’ordinateur de bord, puis une fois sur place, ils ont effacé le journal de bord. Je n'en sais pas plus ! »
« Mais il y a forcément quelqu’un qui a vu quelque chose ! Vous êtes un homme intelligent, vous avez interrogé votre personnel pour en savoir le plus possible au cas où cette affaire se retournerait contre vous… »


Il soupire. Recule. Frappe du poing dans l’un des murs.

« Vous me faites chier. »

C’est ce qu’on me dit souvent, oui. Gary Kovani, le laxatif le plus efficace de toute cette galaxie.

« Oui, j’ai interrogé mes gars. Un mécanicien prétend avoir vu des explosifs militaires dans l’une des caisses… J’ignore s’il se fait des fantasmes ou non. Le pilote du submersible m’a parlé d’une station sous-marine, planquée au fond d’une fosse abyssale. Aucun signe distinctif, aucune immatriculation. Comme s’il s’agissait d’une plateforme de forage illégale. Moi, je vais vous dire ce que j’en pense : ca pue l’opération sous couverture… Et je n’en sais pas plus ! Si vous voulez plus d’informations, il faudra demander directement à la République ! Une telle mission ne peut avoir été exécutée sans que l’ambassadeur soit au courant ! Et votre amie, la dernière fois que je l’ai vue, elle était en parfaite santé et est monté à borde de son plein gré…

J’en ai assez. Dégagez de ma concession. »


Je hausse les épaules, yeux braqués sur la porte qu’il rouvre en pressant l’interrupteur tactile.

« Si vous m’avez dit tout ce que vous savez, vous ne me reverrez jamais… »
« Très bien. Adieu alors… »


Sur ces au revoir festifs, je me laisse escorté vers la sortie par les deux agents resté de l'autre coté de la cloison, obéissants. Encore une fois, je ne ressens aucune animosité mal placée. Cette histoire dépasse de loin ce que j’avais imaginé. Opération secrète ? République ? Bordel Alma ! Mais rien dans l’attitude d’Armslan ne me fait douter de ses propos. J’ai sondé son esprit, en surface, et je n’ai ai trouvé que de la colère, de la frustration, ainsi qu’une bonne dose de peur. Les Selkath ne font pas de cadeaux à ceux qui exploitent illégalement les fonds marins. Ils n’en font pas moins à ceux qu’ils estiment être leurs complices. Il risque gros si cette affaire s’ébruite… Car comme il n’existe aucune trace de ce qu'il affirme sur Triton-8, ça sera sa parole contre celle de sa hiérarchie, et de l’ambassadeur…

L’ambassade. J’y repense. Il n’y a pas une réception prévue dans trois jours ? J’ai cru entendre une bribe de conversation lorsque je prélassais sur la plateforme de loisir. Comme quoi, passer du bon temps n’est pas forcément synonyme de perte de temps. Hmm… Il faut que je vérifie cette information. Si elle est exacte, il va me falloir trouver une astuce pour pénétrer les lieux. Pour ce genre d’évènement, entrer par la grande porte est toujours très difficile. Sécurité oblige… Mais les organisateurs cherchent toujours des extras, pour le service, pour les cuisines, pour la réception. Si j’arrivais à dégoter le nom du traiteur retenu pour l’évènement, il y aurait peut-être moyen de me faire embaucher pour la soirée. Porter un tablier, rend pratiquement invisible aux yeux des grands de ce monde… De quoi me laisser toute la latitude pour pousser mon investigation.
Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
La réception à l'ambassade de la République sur Manaan était un spectacle éblouissant.
Les portes s'ouvrirent sur un vaste hall orné de colonnes élégantes et de motifs aquatiques finement sculptés.
Des lustres scintillants projetaient une lumière douce et tamisée, tandis que des aquariums géants remplis de créatures marines colorées apportaient une touche de vie et de mouvement à l'ensemble.

Des dignitaires et des représentants de diverses espèces galactiques se mêlaient dans la foule animée, vêtus de robes et d'habits somptueux, chacun portant avec fierté les couleurs de sa culture. Des serveurs élégamment vêtus circulaient gracieusement parmi les invités, offrant des plateaux chargés de délicieux mets exotiques provenant des océans de Manaan.

Au centre de la salle, un orchestre interprétait une musique enchanteresse, créant une ambiance feutrée et raffinée.
Les conversations animées, mêlées de rires et de murmures, résonnaient dans l'espace majestueux.
Au fond de la pièce, une grande baie vitrée offrait une vue imprenable sur les profondeurs des océans infini de la planète.
Les lumières des fonds marins scintillaient dans l'obscurité, créant un spectacle hypnotique et apaisant.
Les représentants de la République, vêtus d'uniformes élégants, se tenaient en haut d'un escalier majestueux, accueillant chaleureusement les invités.
Des discours diplomatiques étaient prononcés, témoignant de l'importance de Manaan en tant que partenaire clé  pour la République.
C'était une soirée de célébration et de connexion, où les cultures se rencontraient, où les alliances étaient renforcées et où les négociations secrètes prenaient vie.

L'ambassadeur de la République, Kyn Wynn, était tout de même inquiet. De la sueur perlait sur son crâne dégarni et sur sa peau couleur ébène. IIl ne cessait de passer sa main dans sa longue barbe grise, trahissant son inconfort.

Il savait que parfois, les plus rudes batailles se déroulaient derrière des verres empli d'alcool et de faux sourires.
Bien que la République se soit montrée plus autoritaire qu'elle ne l'a jamais été, Wynn restait persuadé que son régime était le mieux pour la Galaxie et que l'épisode de la diaspora était un mal nécessaire pour la démocratie.

C'est pourquoi, il avait organisé cette réception pour faire du pied aux selkath ainsi qu'aux grandes corporations tel que la Czerka afin de les attirer dans le giron de la République et de les éloigner de l'empire sith.

Les habitants de Manaan avaient beau tenir à leur neutralité, l'ambassadeur du sénat espérait bien les avoir à l'usure.
Un verre de champagne à la main, Wynn déambulait parmi les invités, échangeait des banalités avec quelques convives et bu d'une traite son verre avant d'intercepter une serveuse.
Ses yeux se figèrent sur la demoiselle qui tenait un plateau empli de flûte de champagne.
Vêtue d'une robe d'un bleu profond rehaussée de motifs argentés. Elle portait des collants noirs qui épousaient ses jambes fines et des escarpins argentés.

C'était la tenue exigée par l'ambassade, les experts styliste de la République étaient certain que si on démontrait que leur petit personnel était élégant, alors on démontrait que personne n'était oublié au sein de la République.
Chaque mouvement de la serveuse était empreint d'une grâce naturelle. Elle naviguait entre les invités avec une aisance déconcertante, portant sur son plateau des coupes de champagne étincelantes. Son visage rayonnait d'un sourire chaleureux et accueillant, captivant tous ceux qui croisaient son regard.
C'est exactement ce qui perturbait l'ambassadeur Wynn. Son visage, il ne le connaissait pas.

Une visage anguleux aux cheveux noirs attachés en une tresse passant sur son épaules droite.
Ses yeux étaient cerclé de noir et ses iris d'un bleu océan profond. Ses lèvres étaient rouges et un sourire professionnel s'était figé sur son visage.
Il avait personnellement choisi chaque membre du personnel selon leurs compétences et leurs évaluations. Il n'avait rien laissé au hasard et voilà qu'une inconnue semblait s'être infiltrée dans sa réception.

L'homme vint à la rencontre de la serveuse et lui saisit le bras, la forçant à se retourner.
Il planta ses yeux marron dans ceux de glace de la jeune et lui murmura d'une voix froide.

-« Je ne sais pas qui vous êtes mademoiselle, mais vous allez me suivre jusqu'au post de sécurité.»

La jeune femme soutint le regard de l'ambassadeur et sa main droite fit un geste étrange avant de remettre en place une mèche de cheveux rebelle.
La voix de l'inconnue résonna alors dans le crâne de Kyn Wynn.

-« Vous allez me donner votre clef et me laisser partir.»

L'homme semblait en transe. Il hocha la tête et remit sa clef à la jeune femme qui l'a saisit et la cacha dans une poche de sa robe.
L'ambassadeur fit demi-tour et oublia cette conversation.

Un sourire aux lèvres, Clévio déambulait encore quelques minutes entre les tables des convives, poursuivait sa danse silencieuse à travers la foule.
Après avoir vidé son plateau, la jedi déchue pressa le pas pour rejoindre la cuisine et ensuite les halls de l'ambassade maintenant qu'elle avait la clef de l'ambassadeur en sa possession.
Clévio savait que le temps jouait contre elle.

Combien de temps avant qu'un garde ne découvre la serveuse en sous vêtement attachée et bâillonnée dans une caisse de la maintenance ?
Combien de temps avant que quelqu'un ne la reconnaisse ?

Et surtout, combien de temps avant que son pouvoir de dissimulation ne s'estompe et que ses yeux jaunes ne réapparaissent ?

Il fallait faire vite et bien.
Gary Kovani
Gary Kovani
Messages : 341
Eclats Kyber : 588
La planification est mère de tous les succès. Tels étaient les sages paroles du légendaire Jedi Bogadi Scht’ass, disparu il y a plus de deux siècles, paisiblement dans son lit. Une vie entière planifiée à la seconde près, n’ayant jamais laissé place à l’improvisation et aux aléas d'une vie dangereuse.

Tout le contraire de moi.

Deux jours. Deux jours pour organiser, avec les moyens du bord, l’infiltration de l’ambassade Républicaine sur Manaan. Probablement l’un des bâtiments les plus sécurisé de la galaxie, du fait de sa proximité avec l’ambassade Impériale. Manaan. Planète océan, officiellement neutre et indépendante… Mais où se trame des jeux de pouvoirs sous-marins (sans ironie) entre les deux grandes puissances galactiques. Autant dire : mission impossible, ou presque.

Ma première idée, celle d’infiltrer les équipes chargées de la restauration des VIP triés sur le volet pour la réception, se solda par un cuisant échec. Il m’aurait fallu accepter de faire l’objet d’une enquête approfondie des services de sécurité Républicains pour décrocher le sésame : une accréditation synonyme de contrat d’embauche. Une mesure destinée à contrôler  l’identité du petit personnel engagé pour l’occasion exceptionnelle, et de refouler les profils… non désirés. Inenvisageable. Mon statut de Jedi aurait été immédiatement éventé, et avec lui, je me serai probablement retrouvé avec quelques chasseurs de primes avides… d’une prime, aux fesses. Celle toujours offerte par la République pour la capture d’un dangereux terroriste affilé au prétendu traître Ordre Jedi.

Je soupire. Coudes posés sur la rambarde immaculée, les yeux perdus sur les vagues qui s’écrasent sur le contrefort d’aciers de la cité flottante. Mon second plan est encore plus risqué. Mais je n’ai pas le choix, si je veux retrouver Alma. L’Ambassade Républicaine siège sur une protubérance, une presqu’ile artificielle reliée à Ahto par un pont étroitement surveillé. L’océan qui la ceinture lui offre sa protection, rempart naturel difficilement franchissable, compte tenu des forts courants et des ressacs assassins chargés d’écume. Mais c’est aussi ma porte d’entrée. Si je survis.

Je me mets enfin en branle, alors que le soleil s’approche inexorablement de l’horizon bien trop lisse. La soirée va bientôt commencer. La plupart des convives arriveront par la voie des airs, par speeder ou petits vaisseaux personnels. La plupart seulement. Quelques excentriques choisiront d’accoster dans le modeste port de plaisance attenant à l’imposante ambassade, en retrait de ses jardins. Ceux-là, j’ai eu deux jours pour les identifier…

A chacun de mes pas, claquements de bottes volontaires sur le bitume toujours humide de la promenade du front de mer, le contenu de mon sac à dos carillonne. Du matériel de plongée, loué une bouchée de pain à un commerçant du centre aquatique le plus proche. Un type peu regardant sur l’identité de ses clients. Je descends une volée de marches, quitte la promenade pour arpenter un ponton anonyme où attendent patiemment quelques embarcations de loisir. A cette heure, la jetée est déserte, vidée des promeneurs, touristes et habitués. Ultime coup d’œil par-dessus mon épaule, pour m’assurer que personne ne m’observe. Bien. Je dépose mon sac, l’ouvre, en extirpe la combinaison, le masque et la bouteille de gaz, ainsi que deux ventouses magnétiques. J’enfile le tout, rapidement, alors que les premiers hurlements des moteurs des navettes accostant le port de l’ambassade déchirent le clapotis des vagues. Sans perdre plus de temps, je me jette à l’eau. Elle est glacée. Je frisonne. Grâce aux palmes, et au concours bienvenu de la Force pour me propulser, je gagne rapidement les abords de l’Ambassade, prenant bien soin de rester une dizaine de mètres sous les flots pour échapper aux caméras et aux vigiles qui surveillent étroitement le périmètre. Ainsi, je me positionne non loin des quais, guettant mon billet d’entrée…

Etape un : Infiltration aquatique.

Je patiente depuis une dizaine de minutes. Immobile, transit de froid, lorsque le bourdonnement subaquatique d’un moteur me libère de ma torpeur expectative. Une coque sombre se profile, s’approche rapidement de ma position. Je remonte aussitôt, et tends à bout de bras les ventouses magnétiques. Elles se collent dessus, et m’entrainement violemment dans le sillage du navire. Le choc et la vitesse manquent de m’arracher le masque de plongée. Les muscles de mes bras, soumis à cette rude épreuve, se tétanisent rapidement. Je grimace… Mais tiens bon.

Le hors-bord rutilant ralenti. Accoste le port de l’Ambassade. Les moteurs se coupent. Je reste immobile, comme une grosse bernique. Quelques brides de conversations rendues inintelligibles me parviennent, tandis que de vagues silhouettes colorées défilent. Je patiente encore. De longues, très longues minutes. Jusqu’à ce que le soleil se couche, et que plus rien ne bouge. La réception doit battre son plein, moment idéal pour une entrée discrète par les jardins. J’abandonne les ventouses sous la coque, sort de l’eau aussi silencieusement que possible, puis me jette dans le bosquet le plus proche. Une grosse boule touffue bardée de fleurs violines à l’entêtant parfum sucré. Je descends le zip de ma combinaison, récupère le sachet plastique étanche lové contre ma poitrine humide. A l’intérieur, un costume bleu sombre, veste et pantalon, une chemise crème et un nœud papillon de la couleur du ciel nocturne… Lorsque je ressors discrètement des buissons, je ressemble, du moins à ne pas y regarder de trop prêt, à l’un des invités de marque. De quoi me fondre dans la masse, pour ne pas éveiller les sentinelles postées au croisement de chaque allée gravillonnée.

Etape deux : Infiltration Terrestre.

Un plan à la Gary, savant mélange de préparation et d’improvisation sur le moment. Si j’avais été plus consciencieux, j’aurais probablement étudié les plans des lieux. Encore aurait-il fallu y avoir accès sans éveiller les soupçons des espions planqués un peu partout en ville. Un risque que j’ai préféré troquer contre un autre : celui de me perdre dans le labyrinthe de haies. La silhouette massive de l’Ambassade guide mes pas. Je laisse mon instinct me guider, et finir par déboucher sur une promenade pavée qui serpente au pied de la façade immaculée. Je décide de faire le tour du bâtiment tout en réfléchissant à la suite à donner à l’opération. Deux options s’invitent dans mes pensées. Séquestrer l’Ambassadeur jusqu’à ce qu’il m’avoue tout, ou bien pénétrer son bureau et fouiller. En levant les yeux vers les étages supérieurs où se cache les appartements de notre hôte, je me dis qu’il sera très difficile de le kidnapper, même pour quelques minutes, sans me faire repérer. Des dés sont jetés, comme disent les accrocs aux casinos.

Etape trois : Infiltration Aérienne.

L’arrière de l’Ambassade se love dans la pénombre. Cette aile sert, je le devine, aux parties techniques de l’édifice : chaufferie, plomberie, tableaux électriques et générateurs autonomes. Une zone délaissée pour quelques heures, le temps de la réception. J’y vois plus clair, ironiquement. L’ultime étage du bâtiment s’ouvre sur une gigantesque terrasse panoramique ceinturant de larges baies vitrées. Un loft luxueux où il ne règne aucune activité. Les appartements de monsieur l’Ambassadeur. J’agrippe une descente d’eau de pluie. Elles sont large, ici, sur Manaan, ou les précipitations peut être torrentielles. Le tube d’aluminium grince sous mon poids, tandis que les fixations murales travaillent en crachant des volutes de poussières qui m’agressent les yeux si j’ose regarde vers le haut. Après trois mètres d’une ascension hasardeuse, je pose pied sur une étroite corniche. Dos contre la façade, je progresse lentement, tout en priant la Force pour qu’aucun garde en faction n’est l’idée de passer dans les parages en levant les yeux vers les étoiles. Je parviens, manquant de glisser plus d’une fois, sur un premier balcon étroit. Une lumière crue s’échappe des stores entrouverts. Lorsque je plaque mon oreille contre le transparacier, je peux entendre le brouhaha des conversations qui peinent à surpasser les notes mélodieuses du groupe d’instrumentistes qui animent la soirée. D’un bond dopé par la Force, je m’accroche à un second balcon, deux mètre et demi plus haut, puis réitère l’opération… Enfin, les pieds suspendu au-dessus du vide, une quinzaine de mètres à vue de nez, sans trop chercher à regarder vers le bas, je me hisse sur la terrasse. Redoutant que des gardes puissent l’arpenter pour surveiller la propriété depuis les hauteurs, je me précipite vers la baie vitre la plus proche. Je plaque la main sur son cadre, et yeux mi-clos, je presse la clenche dorée de l’autre côté grâce à la télékinésie. L'ouvrant glisse silencieusement sur ses roulements, et je pénètre dans une grande chambre. Une double porte donne sur un grand dressing ou s’alignent des dizaines de costumes hors de prix. Ayant déchiré l’entre-jambe du miens, avec toutes ces acrobaties, je décide de me changer…

Et c’est alors que la lumière s’allume. Je me fige. Arrête même de respirer. Je ferme les yeux pour étendre, à travers la Force, ma conscience bien au-delà de mon enveloppe charnelle. Quelqu’un vient de pénétrer dans les appartements, et glisse silencieusement vers le bureau de l’Ambassadeur. Tintement d’un trousseau de clés. Cliquetis d’une serrure déverrouillée avec bien trop de délicatesse pour être honnête. Merde. Un autre intrus ? C’est bien ma veine !

Sans plus attendre, je sors de ma cachette, remonte le couloir bardé de trophées et d’holotraits narcissiques. J’entre à pas de loup dans le bureau. Une pièce pleine de boiseries vernies ou trône un imposant bureau massif flanqué de hautes bibliothèques bardés de livres. Moquette vert sombre impeccable. Un planisphère de trois mètres de diamètre, représentant fidèlement les fonds marins de la planète, me sépare de la silhouette déjà penchée sur une pile de documents. Je dégaine le pistolet harpon dissimulé sous ma veste et lance sans lever la voix :

« Vous feriez mieux de vous retourner, les mains en évidence, et me dire ce que vous venez faire ici… En restant calme. De préférence, si vous ne voulez pas finir avec un harpon planté quelque part où ça ne vous plaira pas. »

Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
Clévio avait réussi à se faufiler dans la zone restreinte de l'ambassade. Son déguisement empruntée à une serveuse et le vol de la clef magnétique de l'ambassadeur lui permirent de passer inaperçue jusqu'à l'ascenseur.

Une garde tenta d'arrêter la jedi noire mais un peu de charme mêler à de la persuasion de force permit à la jeune femme de convaincre la sentinelle que sa présence était légitime.

Les portes métalliques de l'ascenseur s'ouvrirent avec un léger sifflement, révélant un espace intérieur éclairé d'une lueur bleue tamisée. Clévio s'engouffra à l'intérieur, se tenant au centre, alors que les portes se refermaient derrière elle.
L'ascenseur se mit en marche avec un grondement discret, tandis que  q'une légère secousse traversa l'intrus, signe que l'appareil quittait le sol et entamait son ascension.

La cabine était immaculée, avec des panneaux de contrôle illuminés et des symboles holographiques flottant dans les airs, indiquant le niveau actuel et la destination finale. Une douce mélodie résonnait dans l'air, ajoutant une atmosphère apaisante et paradoxalement agassante à ce voyage vertical.

À mesure que l'ascenseur montait, les parois transparentes  dévoilaient un panorama à couper le souffle. Les vastes océans de la planète Manaan s'étendaient à perte de vue, leurs eaux d'un bleu profond scintillant sous les rayons de la lune.
Plus bas, ma masse de convive était visible tel un second océan. Une étendue de personnes aux costumes et robes multi colore sombrant dans les brumes de l'alcool et de la politique.
Clévio se concentra sur la mer, projetant ses sens vers elle.
Après quelques minutes, le silence régnait dans l'ascenseur, à l'exception du léger bourdonnement des moteurs et du doux clapotis des vagues qui atteignaient les oreilles de l'éxilée.
Elle se sentait en suspension entre les profondeurs de l'océan et le monde céleste. Une brise marine légère caressait son visage, apportant avec elle l'odeur saline caractéristique de Manaan.
Chaque étage franchi était une étape de plus vers son objectif, une progression vers les sommets où résidaient les informations sur l'exploitation Triton.

La fausse serveuse se remémorait les histoires et les légendes associées à cette planète, avec ses secrets et sa position stratégique dans la galaxie. Son cœur battait plus vite, mêlant anticipation et excitation à mesure que les étages défilaient sous ses yeux.
L'ascenseur ralentit progressivement, signalant la fin de son ascension. Les portes s'ouvrirent à nouveau, révélant un long couloir au bout duquel se trouvait une double porte blindée et gardée par deux sentinelles en uniforme de la République.

C'était le moment de quitter cet ascenseur et Clévio lança dans le couloir d'un pas décidé, ses escarpins résonnant dans le couloir.
Elle prit une profonde inspiration, laissant l'air frais et chargé d'excitation remplir ses poumons et arriva au niveau des gardes.
Durant sa traversée, il vit trois caméra dans le couloir, dont une donnant directement sur la porte de l'ambassadeur.
D'un geste discret de la main sous son bateau de serveuse, la jeune femme brisa la lentille de chaque caméra.

Clévio tenta d'user de la persuasion de force sur les gardes mais ceux-là étaient trop malin...alors, elle passa au plan B.
D'un geste, elle usa de l'étranglement de force sur les sentinelles, les empêchant de réagir et d'appeler à l'aide.
Ensuite, la jedi noire vola le fusil d'un des garde et activa le paralysant. Elle cracha deux rayons bleuté sur cachun des deux hommes et ouvrit la porte du bureau.
L'intrus retira ses escarpins et traîna les deux hommes inconscients à l'intérieur de la pièce qu'elle venait d'infiltrer non sans voler leurs communicateur.

Enfin, elle était dans le bureau. Une pièce pleine de boiseries vernies ou trône un imposant bureau massif flanqué de hautes bibliothèques emolie de livres... Clévio pesta de devoir faire vite, sinon, elle serait bien restée pour lire chaque ouvrage.
La pièce était recouverte d'une moquette vert sombre impeccable. Un planisphère de trois mètres de diamètre, représentant fidèlement les fonds marins de la planète est présent et enfin... Le bureau.
À pas de loup, Clévio progressait jusqu'au meuble et vit un bloc de données et des documents papiers.
Un sourire se dessine sur les lèvres rouge de la demoiselle et celle-ci dégainant son datapad et prit des photos de chaque document papier.
Alors qu'elle allait copier les informations du bloc de données, un léger "clic" se fit entendre derrière elle. Puis, une voix qu'elle n'avait plus entendu depuis longtemps.

-« Vous feriez mieux de vous retourner, les mains en évidence, et me dire ce que vous venez faire ici… En restant calme. De préférence, si vous ne voulez pas finir avec un harpon planté quelque part où ça ne vous plaira pas. »

La jedi noire leva les mains et se retourna doucement. La surprise lui avait fait perdre sa concentration et son visage qui était jusqu'à présent celui de la véritable serveuse actuellement bâillonnée dans une caisse de stockage se modifia pour redevenir celui de Clévio Ithari. L'illusion de Force s'était estompée.
Elle était à nouveau la jeune femme aux cheveux noirs et aux yeux jaunes.

Lorsque la jedi noire reconnu celui qui l'a menacée, elle étouffant un rire en voyant Gary Kovani habillé d'un costume ayant un pantalon qui ne suivait pas avec sa veste.

-« Gary Kovani... Cela fait longtemps dites moi... Vous n'êtes pas là pour m'arrêter, j'espère, car je ne serais pas coopérative. »
Gary Kovani
Gary Kovani
Messages : 341
Eclats Kyber : 588
« Clévio ?! C’est toi ?! » Je baisse mon arme, la range dans le holster dissimulé sous la veste de smoking. Ma voix tonne plus fort que je l’aurais voulu, preuve de ma surprise, mais je me reprends aussitôt. « Arrête de me vouvoyer... Je ne suis si vieux, si ? » Je tourne la tête pour chercher un miroir, en vain. Par réflexe, ma main gantée remonte jusqu’à mes joues creusées où une barbe de quelques jours s’épanouie chaotiquement. Poils rêches, épais, qui déclencherait une crise d’urticaire à quiconque tenterait de me faire la bise. « Il est possible que je me laisse un peu aller, ces derniers temps… » Les boissons énergétiques, les barres vitaminées et les paquets de gâteaux salés ne sont peut-être pas des repas parfaitement équilibrés quand on y pense… Bref. Pas de stress. Je ne suis pas là pour toi. En plus, les filles coopératives, c'est pas vraiment mon genre. »

Je l’observe, a présent que le voile de l’illusion s’est dissous. De dos, dans la pénombre, de l’autre côté de l’énorme planisphère, il m’aurait été impossible de la reconnaître, même sans ce subterfuge. Elle n’a pas vraiment changé… Pourtant elle est… différente. Dans mes souvenirs elle apparaît encore comme une jeune fille meurtrie, esseulée, aux rêves brisés, où l’obscurité et désespoir s’était ancrée à son âme au fil des mois de son isolement forcé. A présent, il se dégage de son aura l’insolence et l’assurance propre à cette jeunesse qui se croit invincible. J’en suis heureux. Je lui souris. Même si elle m’a fait faux bond, qu’elle a décidé de ne pas retourner dans l’Ordre, la voir ainsi, comme ayant trouvé sa voie, m’empli de la satisfaction du devoir accompli. Une sœur Jedi sauvée, une de plus.

« Toi t’as pris du poids depuis la dernière fois non ? » Je ricane, taquin. « J’imagine que même le pire bouge de Nar Shaddaa sert des restes plus ragoutants que les rongeurs que tu t’es enfilé sur Rakata Prime… » Je pourrais continuer ainsi, indéfiniment. Mais l’urgence de la situation se réinvite à mes pensées. Alma. Nous rattraperons le temps perdu, ou pas, plus tard. Ne considérant pas la jeune femme comme une menace malgré toute l’opacité des circonstances, je contourne le planisphère et me dirige vers le bureau de l’Ambassadeur. « Le temps presse. » Je désigne du menton les corps inanimés des gardes. « Quelqu’un va forcément se rendre compte que tes amis ne sont plus en faction devant la porte. Alors comme le veut la formule consacrée : je ne t'ai pas vu, tu ne m'as pas vu... Et on repart chacun de notre coté. »

Le bureau massif est impeccable : propre, rangé, organisé. Impersonnel. Il ne manquerait qu’une cloche de verre pour en faire une pièce de musée. Épais plateau de bois exotique parfaitement lasuré où trône fièrement un large sous-main couleur bordeaux. Six profonds tiroirs, aux poignées-boutons cuivrées qui résistent à mes suppliques. Verrouillés. Bien évidemment. Je peste intérieurement en jetant mon dévolu sur la tablette amovible encastrée dans le plateau. Elle se laisser dompter, glisse sur ses roulements huilés, couinant à peine. Dessus, gisent un clavier oldshool ainsi qu’un lecteur d’empreintes digitales de la taille de ma paume. Mon index s’écrase sur la barre espace. L’holo-écran s’illumine. Un rectangle bleuté qui flotte à une dizaine de centimètre du sous-main. Une boite de dialogue m’invite à composer le mot de passe. J’en déduis que les empruntes digitales déverrouillent les tiroirs… Classique, mais efficace… Bon…

Je me laisse tomber sur le fauteuil le plus confortable que mon séant n’ait jamais embrassé. Un grognement de satisfaction étouffé s’échappe de ma gorge. Je glisse en arrière, jambes croisées, bottes crottées posées sur le bureau. Les moulures du plafond valent le coup d’œil ! Avec la nonchalance qui me caractérise, je médite sur la suite des opérations. Papoter m'aider à cogiter :

« Je cherche un Jedi. Mais j’imagine que ce n’est pas vraiment une surprise, tu connais mon boulot... J’ai toutes les raisons de croire que les informations que je cherche se trouvent quelque part dans l’un de ces tiroirs, ou sur cet ordinateur. Peste. Dans les holofilm, les gars devinent toujours les mots de passe en regardant les affaires posées sur le bureau. Une date de naissance ? Le nom d’un enfant ? Une femme ? Mais y’a quedal ! Même pas un post-it planqué sous le clavier ! Je tenterai bien un truc, mais mon petit doigt me dit que je vais déclencher une alarme silencieuse si j’insiste… » Je me redresse enfin, plus sérieux. Mes pensées s’échappent par mes lèvres en un monologue qui ne s’impatiente nullement d’une quelconque réponse :

« Par chance, on n’est pas dans un holofilm, et je n’ai pas besoin d’un scénariste pour utiliser les talents… » Je repose les pieds au sol, et plaque la main, paume ouverte, contre l’un des tiroirs. Je ferme les yeux, sonde dans la Force ce qui se cache derrière le panneau de bois. La Force se dissimule en toute chose, de manière plus ou moins évidente. Une vibration me révèle l’emplacement des câbles électriques qui alimentent les verrous magnétiques. Je remonte leur signature. Puis, d’une simple pichenette immatérielle, je tire dessus, les arrache de leur logement. Grésillement, imperceptible. Le lecteur vire du bleu au noir profond, déconnecté de son alimentation. Claquement métallique. Je tire sur la poignée. Et cette fois, le tiroir grince en obtempérant. « Héhé. Bingo Amigo. Je le savais. Ce genre de mécanisme s’ouvre en cas d’absence de courant. Question de sécurité. Imagine si un incendie fait sauter les plombs : faut bien que Môsieur l’Ambassadeur puisse récupérer ses documents sensibles… »

D’un coup sec, je dégonde le tiroir, et vide son contenu sur le bureau. Rien d’utile… D’un revers de l’avant-bras, je balance tout au sol et recommence avec le second. Cette fois, j’en extirpe sur une chemise cartonnée frappée d’un logo « confidentiel » en lettre capitales et rouge très aguicheur. Je l’ouvre. Plusieurs feuilles volantes en dégringolent. Lorsque mes yeux se posent sur les schémas techniques, je ne peux m’empêcher de m’exclamer :

« Haha ! Je crois que j’ai quelque chose ! » Si les premiers feuillets représentent les coupes complexes d’une base sous-marines assez banale, les suivants décortiquent l’anatomie d’une foreuses lasers aux proportions inhabituelles. Le genre capable de perforer une épaisse croute océanique, sous une centaine de bar de pression hydrostatique. Les questionnements atteignent leur paroxysme lorsque sur les dernières feuilles du dossiers, agrafées ensembles, je découvre des manifestes de transports. Documents originaux, affublés du tampon officiel de l’Ambassade. Une dizaine. Si à première vue ils semblent parfaitement en règles, plusieurs détails m’intriguent. La République, par l’intermédiaire de son Ambassade, a mandaté plusieurs sociétés, dont la Czerka, pour acheminer du matériel vers les fonds marins. Ce ne sont pas les données inscrites qui titillent ma curiosité… Mais celles qui manquent : la case destination est vierge, tout comme le descriptif exact du contenu des caisses embarquées, malgré un poids indiqué conséquent.

« Ils nous préparent un sacré truc. C'est du sérieux. » J’isole l’un des manifestes. L’heure et la date correspondent. Ainsi que l’en-tête officiel de la Czerka. Le sous-marin qu’Alma et l’équipe archéologique a pris. Je fronce des sourcils, perdu dans mes supputations hasardeuses. Il me manque trop de pièces pour assembler un puzzle au motif réaliste… Mais déjà quelques pistes s’imposent. La station sous-marine, la foreuse, les explosifs. La République prépare une opération de forage secrète, risqué, dans les profondeurs de la planète océan. Mais pourquoi ? Pourquoi le cacher ? Et surtout, la vraie question : pourquoi avoir besoin d’une équipe Archéolo… Soudain je me fige. Une pièce supplémentaire vient de s’imbriquer. Je relève un regard soupçonneux vers la Jedi Noire.

« Dis-moi, Clévio. Aux dernières nouvelles, tu étais une grande passionnée de vieilles pierres… J’ai une Jedi xeno-archéologue portée disparue, la preuve que la République se prépare à creuser je ne sais quoi, épaulée par une équipe d’archéologues et un contingent de militaires en civil… Et toi tu apparais sur mon chemin. Je n’ai plus l’âge de croire aux coïncidences. Tu sais quelque chose ? »

Intérieurement je peste. Je n’ai pas vraiment avancé. Il me manque toujours la localisation géographique de la station sous-marine. Elle ne figure sur aucun document. Peut-être dans l’ordinateur ? Ailleurs ? Peste ! Sans ces données, impossible de tenter le moindre sauvetage !

« Si tu arrives à me dire où ils mènent leurs petites fouilles illégales, je te paye la prochaine tournée. J'y pense : je n'ai même pas eu le temps de savoir ce que tu préférais boire. J'imagine bien enfiler cul-sec des trucs hardcore... »
Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
-«... Et toi tu apparais sur mon chemin. Je n’ai plus l’âge de croire aux coïncidences. Tu sais quelque chose ? »

La question mêlée de suspicion activa une alarme dans l'esprit de Clévio et le son cœur se mit à battre frénétiquement.
Si elle ne répondait pas de manière satisfaisante au jedi, celui-ci pourrait s'énerver et s'en prendre à elle. Des jedi au comportement digne de sith, elle en avait connu et qui sait comment l’homme avait évolué.

Cette situation s'était déjà produite moult fois durant l'exil de la jedi noire sur Naar-Shaadaa. Des questions et des acteurs différents ,mais la même finalité.

Cela faisait cinq ans qu'elle n'avait pas vu l'investigateur jedi ,et techniquement, Clévio était encore recherchée par l'ordre. Et elle n'était plus du genre à laisser le hasard ou cette maudite "force" régler les détails qui faisaient la différence entre la vie ou le trépas.
D'un geste, la jeune femme usa de la télékinésie et attira le blaster d'un des garde neutralisé dans la paume de sa main.

L'humaine activa le mode paralysant et s'attendait à devoir tirer lorsque Kovani se retourna vers elle.

Cependant, son ton enjoué ponctuant sa prochaine phrase délivra une vague de soulagement dans tout le corps de l'exilée.

-« Si tu arrives à me dire où ils mènent leurs petites fouilles illégales, je te paye la prochaine tournée. J'y pense : je n'ai même pas eu le temps de savoir ce que tu préférais boire. J'imagine bien enfiler cul-sec des trucs hardcore... »

La demoiselle soupira bruyamment et posa le blaster sur le bureau.
Elle ralluma son bloc de donnée et ses yeux jaunes brillant dans la pénombre vagabondait sur la multitude de lignes que comportait les documents de l'ambassade.
Les informations étaient nombreuses et la jeune Ithari prit un long moment à sélectionner les données pertinentes afin de les croiser et de faire des suppositions.

Sa conscience reparti dans son labyrinthe mental, explorant chaque dédale à la recherche de l'information qui ferait la différence.
Une foreuse, explosif militaire, submersible dernier cris... La Gzerka...
Mais oui !
Après quelque instant, Clévio fit une recherche sur l'Holonet et tourna l'écran vers son camarade d'infortune, un sourire las tirait les traits de son visage.

-« Tout cela me rappelle une histoire sordide monsieur Kovani. Il y'a de cela trois mois, la Gzerka en collaboration avec le gouvernement Selkath, avait envoyé un immense sous-marin pouvant acceuillir 500 membres d'équipage nommé "Brise-Abysse" afin d'explorer et excaver une des plus profonde faille abyssale de Manaan... La faille de Zyleh.
Seulement, un mois après le contact avec le "Brise-Abysse " fût perdu et la Gzerka expliqua à la press que Le submersible a subi un accident... Je pense que la République souhaite retrouver ce navire et ses secrets afin de devancer l'Empire Sith sur de potentiels gisements de Kolto... »


L'exilée tendit son bloc de donnée à l'investigateur jedi et ajouta un câble de branchement à la tête de l'appareil.

-« Copiez mes données et filons d'ici... Au fait, ne prenez que celle pour cette enquête, les autres infectées votre datapad sans mon code. »
Gary Kovani
Gary Kovani
Messages : 341
Eclats Kyber : 588
Je secoue la tête, lentement, de gauche à droite, regard ostensiblement braqué sur le chrome rutilant du canon qui s’échappe du poing serré de Clévio. Mon ton enjoué se brise sur les étocs assassins du fatalisme. Je reste cois, silencieux, figé tel une statue millénaire érodée par les affres du temps. Derrière cette façade passive, pourtant, mes neurones turbinent, alimentés par les supputations de mon interlocutrice qui, enfin, dépose l’arme sur le bureau. Un maigre sourire. Je lui réponds, sur un ton las d’où dégorge d’une évidence tristesse, je ne que je ne cherche même pas à la dissimuler :

« Est-ce donc le souvenir que tu gardes de moi ? Une menace potentielle ? » Soupir théâtral. « Clévio, Clévio, Clévio… Remémore toi, lorsque je t’ai retrouvé. J’ai écouté ton histoire, et j’ai choisi de la croire. Je t’ai tendu la main. Tu as choisi la fuite, pour échapper au Temple. Je désapprouve, mais que je le respecte, et le comprend. Si j’avais voulu te retrouver, nous nous serions revus bien plus tôt. Que tu le renies ou non, tu es et resteras, à mes yeux, une Jedi. Lorsque tu seras las de fuir et de te cacher, alors peut-être te décideras-tu à affronter tes démons. Ce jour-là, je serai là, ma main toujours tendue. Mais en attendant… »

Un laïus sincère, mais qui n’aide en rien à la résolution de notre enquête. Il nous fait même perdre un temps précieux. Je me relève, pose mes doigts gantés sur le datapad. Ils glissent lentement, du bas vers le haut. Les informations défilent, agrémentées de quelques schémas et photographies douteuses. L’ensemble s’apparente plus à une fumeuse théorie du complot fantaisiste qu’à une réelle piste. Ma bouche se déforme. Moue dubitative. Enfin, j’abandonne l’accessoire, pour me reconcentrer sur ce visage que je n’ai jamais oublié, comme celui de tous les Jedi que j’ai perdu au cours de ma carrière :

« Tu vas aussi arrêter avec les « Monsieur Kovani » » J’ai retrouvé quelques miettes de jovialité, ramassées et assemblées à l’effort de ma volonté d’éternel optimiste. « Gary. Ou Deck. Comme tu préfères. Mais pas de « Monsieur Kovani »… Bordel, c’est insultant, on dirait que tu parles à un vieux croulant. Ralala. Regarde-moi : ne suis pas un magnifique Jedi dans la force de l’âge ? Parfait mélange d’expérience et de vigueur ? Non ? Non. Ne réponds pas. Je préfère les silences éloquents aux réponses décevantes… Toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre. » Cette fois je ricane. Les brumes sont passées. Un soleil de nouveau radieux brille dans mon esprit tourmenté. « Rassure-toi, je ne vais rien copier… » Je hausse les épaules. « Même si ce ne serait pas la première fois que je choppe une saloperie en trainant dans un coin pas très fréquentable… » Quelques souvenirs peu flatteurs me remontent en mémoire. Je les réprime aussitôt. « Non. Tes théories sont intéressantes, mais je ne vois aucun fait avéré. Certes, elles pourraient expliquer le transport de la foreuse : peut-être que la République cherche à percer l’épais blindage du « Brise-Abysse ». Mais peut-être que c’est autre chose. » D’une pichenette, je repousse le datapad jusqu’au mains de sa propriétaire, restées non loin du blaster. Naturellement, mon regard se reporte sur l’écran holographique de l’ordinateur. Un affichage bleuté figé, qui me demande crânement d’y taper le fatidique mot de passe. « Il nous faut des données fiables. Coordonnées maritimes, instructions, échanges de mail, tout ce qui pourrait nous aider à remonter la piste et retrouver cette mystérieuse station sans pavillon sur laquelle ont été livrés les explosifs et les pièces détachées… Hors de question de se lancer à l’aveugle vers une fosse sous-marine sans avoir la certitude que celle que je cherche s’y trouve. Et je… »

Une idée surgit soudain. Subreptice. En une infime fraction de seconde, elle prend le contrôle de mon esprit, de neurone en neurone. Une idée géniale ! Je sursaute et recouvre l’usage de la parole :

« Attend. Tu as dit quoi ? Si je copie n’importe quoi, ton datapad va tout véroler ? Mais c’est parfait ! Deux secondes… Je dois avoir ça quelque part… »

Je palpe les poches, multiples, de ma vieille veste de contrebandier. Celle que j’ai tellement porté qu’elle pue la transpiration même après un lavage intensif. Elles plongent dans une première, pour en extraire un ridicule terminal, plus petit qu’une paume, démodé et dépassé technologiquement depuis des générations. Une antiquité conservée pour ces « au-cas-où » qui finissent irrémédiablement par se réaliser. Dans une autre, je récupère deux cordons filaires, aux embouts universels. Je plug le premier pour relier mon terminal au datapad de Clévio, puis raccorde l’ensemble au projecteur holographique de Môsieur l’Ambassadeur. Je suis sûr qu’elle voit où je veux en venir.

« Croise les doigts : on a une chance sur ceux que ça marche. Parce que soit ça marche, soit ça marche pas. Une chance sur deux. » Oui, j’ai séché pas mal de cours de probabilité et statistique. Je souris. Non, c’est juste une manière comme une autre d’invoquer la bonne fortune, celle que nous offre, parfois, la Force. « Prête ? Si ça foire et que ça déclenche toutes les alarmes faudra pas trainer… » D’une pression longue sur l’écran du datapad de Clévio, je sélectionne tous les dossiers de son disque mémoire. Copié… Collé… Instantanément, mon micro-terminal grésille, comme torturé par un intense champ magnétique. Il chauffe, l’affichage clignote, se déforme, amas de polygone multicolores. Il grille en lâchant un panache de fumée âcre. Odeur de composants cramés…

Le projecteur holographique de l’Ambassadeur vacille, contaminé à son tour par le malware qui n’éprouve aucune gêne à passer d’un système à l’autre en remontant la liaison filaire. Il vire du bleu au rouge. D’énormes panneaux « attention », points d’exclamations fichés dans des triangles palpitants, envahissent l’espace entre nos deux visages. Une voix robotique annonce alors, déformée :

« Erreur. Erreur système. Erreur système fatale. » Son timbre vire aux graves en ralentissant. « RE… DE… MA… RA… GE… ». Soudain l'appareil s’éteint. Silence morbide. Aussi tendu que la corde d’un arc bandé, je guette le moindre signe annonciateur d’un désastre : alarme, crépitement, odeur d’électronique grillée… Mais rien ne survient.

« L’administration Républicaine… Toujours à rogner sur les budgets. Ils n’ont même pas un antivirus à jour. » Pathétique tentative pour détendre l'atmosphère. En vérité je n’en mène pas large : si l’holo-projecteur a rendu l’âme, nous repartirons bredouille. Moue crispée. Je presse frénétiquement sur le bouton « reboot ». Après une dizaine d’essais, enfin, l’appareil redémarre en couinant, d’une voix féminine nasillarde :

« Restauration système. Réinitialisation des données. Veuillez taper un nouveau mot de passe… »
« Haha ! Je le savais ! » Non en fait j’en savais rien. « Bon, on lui met quoi ? Va pour Motdepasse1234 ! » Mes doigts glissent aussitôt sur le clavier virtuel. Je le retape à l’identique pour le confirmer.
« Erreur. Impossible d’utiliser le même mot de passe. Veuillez en taper en nouveau. »
« Sérieux ? Son mot de passe c’était vraiment Motdepasse1234 ? On a fait tout ça pour… »

Je soupire, lève les yeux au ciel. Bordel. On aurait pu éviter toute cette… Soudain l’interphone fixé sur le plateau massif du bureau s’allume. La voix d’un geek boutonneux (enfin je l’imagine ainsi) en jaillit :

« Monsieur ? Ici le service technique. Nous venons de détecter une cyberattaque sur votre station. Vous êtes là ? Qu’est-ce qui se passe ? Une équipe technique est en route pour vous assister. Allo ? Il y a quelqu’un ? »

Je relève les yeux vers Clévio alors que le bureau d’accueil noyé sous les icônes et les raccourcis réseaux s’affiche enfin. Un vrai capharnaüm. Il va me falloir des heures pour trouver ce que je veux !

« Il faut croire que les geek n'ont pas été invités à la fête. Clévio... Si on ne répond pas, il va aussi envoyer la sécurité. Essaye de gagner du temps, pendant que je fouille le disque mémoire… Je vais lancer une recherche tous azimuts sur « Perce-Abysse ». Mon intuition, contre toute logique, me pousse à croire que t’as mis le doigt sur quelque chose. On va vite être fixé. »
Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
Clévio fit claquer sa langue à la remarque de Gary. Cet homme était bien trop gentil, sa nativité le perdra.

-« Je n'ai pas survécu cinq années en faisant confiance aux autres... Si mon maître m'a trahi, pourquoi pas toi, Gary. »

La jedi noire accepta cependant de cesser le vouvoiement et les « monsieur. Si ce jedi avait du mal a accepté son âge bien avancé, il était de bon ton de ne pas appuyer où ça fait mal... En l'occurrence, sur ses premières rides et cheveux blancs.

Là où Kovani impressionna la jeune femme, ce fut son coup de poker avec le virus de Clévio.

La jeune femme lui avait payé une fortune à un hacker de Naar-Kreeta. Elle fut d'ailleurs sa dernière cliente, car le pauvre homme s'était fait descendre par un tueur à gage des hutts... C'était malheureux, mais c'était un témoin qu'Ithari ne devrait pas supprimer elle-même.

Le terminal planta et le virus permit au détective jedi d'accéder aux données de l'ordinateur.
L'exilée espérait que son acolyte d'infortune trouve rapidement les informations qu’ils cherchaient, mais le visage de Gary fit comprendre que tout espoir était vain.

Soudainement, l’interphone fixé sur le plateau massif du bureau s’alluma après un crépitement.
Une voix peu assurée et modifiée par l'appareil en jaillit :

« Monsieur ? Ici le service technique. Nous venons de détecter une cyberattaque sur votre station. Vous êtes là ? Qu’est-ce qui se passe ? Une équipe technique est en route pour vous assister. Allô ? Il y a quelqu’un ? »

Le cœur de la jeune femme se mit à battre à tout rompre suite à une diffusion de stress dans son sang. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, Kovani lança à son alliée du moment :

« Il faut croire que les geeks n'ont pas été invités à la fête. Clévio... Si on ne répond pas, il va aussi envoyer la sécurité. Essaye de gagner du temps, pendant que je fouille le disque mémoire… Je vais lancer une recherche tous azimuts sur « Perce-Abysse ». Mon intuition, contre toute logique, me pousse à croire que t’as mis le doigt sur quelque chose. On va vite être fixé. »

Après un long soupir, Clévio appuya sur le bouton réponse de l'interphone et dit d'une voix douce, mais peu assurée :

-« Allo monsieur ? Ici le service de nettoyage, c'est de ma faute, en nettoyant l'ordinateur de monsieur l'ambassadeur, j'ai activé une contre-mesure en nettoyant le clavier, je crois... Mais pas la peine d'envoyer quelqu'un, dites loi les manipulations à faire... »

Un long silence pesant se fit entendre et l'interphone relança :

-« Qu'est-ce qu’il se passe ?! Ce n’est pas la procédure standard et… »

Clévio le coupa et répondit du tac au tac :

-« Euh, selon un pop-up, un problème de connexion... Sinon, vous ça va ? »

L’informaticien répliqua d’une voix agacée :

-« Mais qui est à l'appareil ?! »


-« euh...»

Clévio, ne sachant plus quoi dire, jeta un éclair sur l'interphone qui éclata en plusieurs fragments métalliques. Il semblerait que la maintenance ne fût pas convaincue de ses explications.

La jedi noire sourit de manière désolée à son ami jedi et ramassa son blaster... Elle le mit en mode paralysant devant lui afin d'éviter tout problème moral avec Gary.

-« Je vais m'occuper des négociations musclées... Bon courage pour le piratage.»

C'est sur ces mots que Clévio sorti du bureau, blaster à la main.
Gary Kovani
Gary Kovani
Messages : 341
Eclats Kyber : 588
Alors soyons francs : je n’ai pas eu une vie particulièrement facile. Aucun Jedi ne vie une vie facile, oui, mais vous allez comprendre.  Aussi loin que mes souvenirs remontent j’ai toujours été traité de face de citron, de tronche de miel, de tête de cul de jonquille. Rapport à ma carnation atypique. Même au Temple, symbole de sagesse et de droiture, les jeunes initiés ne sont pas tendres entre eux… Il faut bien que jeunesse se fasse. Soit. En réaction, j’ai misé sur mon excentricité, ma capacité à défier l’autorité. Pour me distinguer, pour amuser la galerie. J’ai eu mon lot de remontrances et de corvées. Méritées. Devenu Padawan, j’ai suivi les traces d’une Ombre Jedi. Missions dangereuses, infiltration dans des milieux douteux. Le genre de péripéties qui laisse des marques indélébiles dans l’âme encore malléable d’un adolescent qui essaye de paraître plus sûr de lui et mature qu’il ne l’est réellement. Puis il y eut l’attaque du Temple, sur Ondéron. Des padawan capturés. Mission de sauvetage. Massacre de mon Maître, perte de ma main gauche, tranchée net par une lame laser rouge sang… Et le début de la descente aux enfers. Polémiques, Artorias, Empire Sith, Guerre totale. La suite n’est qu’une série presque ininterrompue de missions plus suicidaires les unes que les autres. Autant de balafres dans mon âme. Jusqu’à ce que je touche le fond, vraiment. Perte de contrôle. Psychométrie émotionnelle à la con. Un talent rare n’est pas nécessairement un don, il peut aussi être un lourd fardeau. Perdu dans les tréfonds nauséabonds de Nar Shaddaa, j’ai succombé à mes pulsions animales. Camé sans le sou, prêt à tout pour sa prochaine dose. Je n’avais plus rien d’un être humain, encore moins d’un Jedi… Certes, depuis, j’ai largement remonté la pente.

Mais voilà.

Je peux vous attester du plus profond de mon être, que je n’ai jamais été témoin d’un tel craquage… Je secoue la tête lentement, abasourdi par l’enchainement de mot qui s’extraient sans queue ni tête ni logique de la gorge de Clévio. Si j’avais eu des lunettes, je les aurais repoussées sur le bout de mon nez pour lui lancer un regard accusateur par-dessus la monture. Dépité, je lui lance, atone, la conscience absorbée par les morceaux éparses et encore fumants de l’interphone émietté sur la moquette jadis immaculée :

« Tant que tu y étais, tu aurais pu lui dire qu’il y avait une fuite dans le réacteur… »

Mais je bondis aussitôt de mon siège, pour m’interposer entre la demoiselle et la sortie, bras écartés.

« Hep minute papillon ! On va toute suite arrêter la surenchère ! Les types, dehors, ils font juste leur boulot. On ne va tirer sur personne. Ok ? » Mes paupières se plissent, comme si mes pupilles étrécies par l’adrénaline et l’excitation du cambriolage tentaient de percer sa carapace pour sonder son âme. « Tu joues un jeu dangereux. Rappelle-toi les enseignements Jedi. Car si tu les récuses, alors tu donneras raisons à ceux qui t’accusent d’avoir basculé vers l'obscurité. Un jour ou l’autre tu devras leur faire face, tu ne pourras pas fuir et te cacher éternellement. Et ce sont les décisions que tu prends depuis le jour de ton exil qui détermineront la manière dont tes semblables d’accueilleront. Ne leur donne pas raison, fait les mentir. Range cette arme, et aide-moi plutôt à barricader la porte. »

J’achève ma tirade plus paternaliste et moralisatrice que désirée, par une puissante vague télékinétique. Yeux mi-clos, profitant de mes bras toujours tendus, j’attire à moi, par la Force, le mobilier : le planisphère, une table basse, deux fauteuils ainsi qu’une haute bibliothèque qui dégueule quantité d’ouvrages couteux à chaque soubresaut. Ils quittent le sol, de quelques centimètres seulement, juste assez pour dévirer dans les airs sans se prendre les pieds dans la moquette et les tapis exotiques. Ils flottent, comme portés par une timide marée, vers la porte du bureau. Lentement…

« A toi de choisir… »

Ranger son blaster pour m’aider, ou se précipiter vers l’extérieur avant que la barricade improvisée ne soit montée. Si elle quitte la pièce, alors elle se retrouvera enfermée dehors. Nos chemins se sépareront, pour un temps probablement.

Au même instant, l’ordinateur de Monsieur l’Ambassadeur émet un bip. Un gong sourd. Il nous annonce, dépourvu de sentiment victorieux, qu’il vient de trouver une occurrence aux mots clés recherchés… Perce-Abysse est mentionné quelque part dans les dossiers ou la correspondance de l’officiel Républicain. Clévio a vu juste. Et j’ai vu juste de suivre son intuition. Il n'est probablement que le premier d'une série plus longue. Plus nous gagnerons du temps, pour nous récupérerons des informations utiles.. Mais si nous tardons trop, alors nous serons pris comme les rats que nous sommes. Le fameux ratio gaine / risque. J'ai toujours été bon à ce petit jeu. Enfin, non, pas toujours...
Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
Les paroles de Gary percutèrent l’esprit de Clévio avec violence.
Lui rappeler frontalement ce pourquoi elle fuyait, l’obscurité qui l’habitait et les jedi qui lui avaient tourné le dos.
Les images de la mort de l’adolescent sur Dantooine, sa mission sur Lehon, la trahison de son maître, les accusations mensongères portées sur elle, l’exil, la diaspora… Tout cela tourbillonnait dans son esprit et lui coupa le souffle.

Cette tirade des plus paternaliste et moralisatrice lui fit monter les larmes aux yeux et une d’elle parvint à perler sur la joue de la jedi noire, faisant de la lessive avec son maquillage.
Sa lèvres inférieures tremblaient, sa gorge s’était resserrée et elle serrait les poings sous l’effet du chagrin et de la colère qui empoisonnaient son cœur déjà bien trop fragile.

Ses sourcils se froncèrent et son visage se figea dans une expression froide et dure. Ses yeux jaunes luisaient d’une plus grande intensité.

-« Je suis libre, Kovani. Ta barricade ne tiendra pas longtemps,laisse-moi nous faire gagner du temps… Retrouve moi à la cantina du fonceur immergé. »

Après ces mots, elle fonça dans le couloir, glissant juste à temps à l’extérieur du bureau tandis que la forte se referma derrière elle sous les barricades de Gary.

Le couloir de l'ambassade s'étendait devant les yeux de la demoiselle, ses parois en pierre lisse rappelant les profondeurs océaniques qui entouraient cette planète. Les lumières blanches et douces baignaient les murs, créant une atmosphère sereine et solennelle. Des fresques décrivant des scènes de paix et de prospérité ornaient les murs, témoignant de l'engagement de la République en faveur de la coopération intergalactique.

Soudain, le calme fut rompu par l'alarme stridente d'urgence qui résonna dans le couloir. Une équipe de sécurité de la République, vêtue de leur uniforme distinctif, apparut en courant, blasters en main, prête à faire face à la menace qui avait pénétré les lieux. Leurs visages étaient empreints de détermination martiale.

Au bout du couloir, devant la porte se tenait Clévio,. Son visage était calme, mais ses yeux brillaient jaunes d'une lueur sombre et impérieuse. Sa tenue de serveuse allait la gêner mais la Force et son blaster paralysant lui étaient bien suffisant. Dès que les agents de sécurité l'aperçurent, la tension monta d'un cran.

L'affrontement fut rapide et intense. Clévio fit un pas en avant, dégainant son blaster paralysant d'un geste fluide. Le tir déchira l'air, frappant l'un des agents en pleine poitrine. Il chancela, figé dans une posture rigide, incapable de bouger.
Les agents restants répliquèrent, tirant des rafales de tirs vers Ithari.

Cependant, la Jedi Noire esquiva les projectiles, utilisant la Force pour prédire les trajectoires. Elle se déplaçait avec une agilité surnaturelle.
D'un geste de la main, Clévio projeta un agent contre le mur, le désarmant de son blaster. Il chuta au sol, sonné, mais toujours conscient. Un autre garde tenta de lui infliger un coup de crosse, mais elle bloqua son attaque au corps à corps à la dernière seconde en l’étouffant jusqu’à ce que l’inconscience ne l’emporte.

La tension montait encore d’un cran, les agents de sécurité faisant preuve d'une coordination admirable malgré l'adversité.
Ils tentèrent de désorienter l’exilée en variant les angles d'attaque, mais elle répondit avec une maîtrise de la Force qui les dépassait. D'un geste de la main, elle projeta deux agents l'un contre l'autre, les immobilisant temporairement.

Finalement, Clévio  se prit un tir dans l’éapule qui la fit grogner. Irritée, elle rangea son blaster, décidant de conclure le combat avec la Force. Elle tendit la main, utilisant son pouvoir pour soulever les agents restants dans les airs, les suspendant comme des marionnettes désarticulées.
Leurs regards autrefois déterminés avaient changé pour des yeux terrifiés de se retrouver à la merci d'une adversaire… Puis les paroles de Kovani lui revinrent à l’esprit…Ne pas tuer… Ne pas laisser l’obscurité gagner…

C'est alors que Clévio décida de les neutraliser sans les tuer. D'un mouvement fluide, elle les projeta contre les murs, les maintenant dans un état de semi-conscience.

Honteuse, la jeune femme baissa la tête avant de tourner sa tête vers la barricade de fortune de son associé jedi… Voulant l’aider, elle usa de la force pour déplacer le mobilier couteux du couloir et le posa devant la porte du bureau… Cela aidera son ami, elle l’espérait.

Maintenant, c’était à son tour de disparaître, elle vit une grille d’aération assez imposante pour faire passer un droïde de nettoyage, alors elle fit sauter la grille avec la force et bondit à l’intérieur des tunnels pour disparaître.
Gary Kovani
Gary Kovani
Messages : 341
Eclats Kyber : 588
Gagner du temps. Cette expression m'a toujours hérissé le poil. Le temps s'égrène, seconde après seconde, irrémédiablement... A part à traîner à proximité d'un trou noir, à une vitesse proche de celle de la lumière, jamais nous ne gagnons de temps. Tout ce que nous pouvons faire, pauvres âmes abandonnées par la destinée dans cette immensité galactique, c'est seulement investir notre énergie là où nous plaçons nos priorités. Quelque soit le résultat, réussite et ou échec, le temps usé sera perdu pour toujours, sans moyen de revenir en arrière.

Et pourtant. Malgré cette pensée sombre qui traverse mon esprit comme un tir de blaster, je hoche la tête, et répond à la Jedi en dormance :

« Bien. Essaye de me faire gagner le plus de temps possible ». Que dire d'autre ? Bien sûr qu'elle est libre. Elle l'a toujours été, et elle le sera toujours. Sauf si elle succombe à ses pulsions obscures. Elle disparaît derrière la barricade que j'érige, à la force des mes pouvoirs surnaturels. « J'ai confiance ne toi, Clévio... » Je susurre ces ultimes mots, alors qu'elle ne peut déjà plus les entendre. Ils glissent, sans vigueur, entre mes lèvres déjà closes. Un mantra destiné à conjurer le mauvais sort.

J'achève mon œuvre. Un empilage artistique d'armoires, fauteuils, et bibliothèques arrachées sans ménagement de leurs emplacements respectifs. Bibelots brisés et livres écornés jonchent le sol, traînées laissées dans leurs sillages. Je love l'ensemble dans le tressage solide d'un épais et luxueux tapis pour que la pyramide brinquebalante ne se disloque pas dès les premiers coups d'épaules sur la panneau de bois exotique de l'autre coté. Déjà j'entends des échos de bataille, étouffés.

Je volte-face, et bondis littéralement dans le fauteuil de bureautique. Ses pieds grincent sous la pression. Mes doigts virevoltent sur les touches holographiques du clavier. L'écran affiche une trentaine d’occurrence... Mais seule la moitié des dossiers du serveur ont été compulsés par les routines de recherche. Terrible dilemme. Attendre encore quelques instants, au risque de tout perdre ? Ou bien copié dès à présent ces données ? Je ne peux prendre un tel risque, sachant que Clévio risque sa vie, et son intégrité mentale... J'enfourne une carte mémoire dans la fente appropriée et entreprend de copier le contenu des fichiers isolés. Je n'ai pas le loisir de les ouvrir pour juger de leur pertinence... Mais quelques titres évocateurs m'inspirent confiance : carte des fonds sous-marin secteur XC37. Inventaire de mission Perce-Abysse... Et...

Soudain l'écran se coupe. La ronronnement de la station sécurisée s'estompe. Ses ventilateurs restent actifs encore quelques secondes, juste le temps d'expulser l'air surchauffé par les composants électroniques de la carcasse incarcérée dans le bureau en bois massif. C'est fini. Je regarde penaud le vide laissé par la disparition des hologrammes. Ils ont tout coupé. Je secoue la tête, expire. Je ne peux que m'en remettre à la Force à présent. Espérons que les données copiées dans la carte mémoire suffiront. Je la retire, la fourre dans une pochée équipée d'une zipette étanche, puis me dirige vers la baie vitrée qui offre une vue panoramique sur l'océan. Je l'ouvre. Le pan vitré glisse en silence, parfaitement graissé et ajusté. L'air marin, iodé, m’agresse les narines tandis que le vent salin me fouette le visage. Il s'est levé depuis mon arrivée. A l'horizon, alors que l'obscurité nocturne dévore déjàles crêtes timides de vagues, je distingue des masses nuageuses plus sombres encore. Une tempête approche. Déjà la cité flottant s'est mise en branle. Ses immenses moteurs, dissimulés sous sa carcasse immaculée, laissent de profonds sillons écumeux dans les eaux océaniques. L'effet de l'accélération décuple la puissance des bourrasques.

Je grimace, les yeux rivés en contre-bas. D'un bond, en usant de la Force, je pourrais, je le pense, me propulser suffisamment loin pour plonger directement dans les eaux glacées, qui frappent durement les parapets de l'étroite coursive reliant l'entrée de l'ambassade aux jardins. En cas d'échec, je me briserai tous les os sur la promenade pavée... Mais ce n'est pas ce qui m'inquiète. La cité flottante se déplace rapidement à présent. Si je réussis mon saut, jamais je ne pourrais nager assez vite pour la rattraper. Mourir d'épuisement au milieu d'un océan infini ne me tente pas du tout. Vraiment pas du tout.

Alors je tourne mon regard vers les cieux où pointent quelques étoiles. Des constellations dont j'ignore le nom. Le bureau de l'Ambassadeur trône pratiquement au sommet de l'édifice. Avant dernier étage. Cet ultime niveau n'est pas habité. Une zone renforcée, blindée, destinée à protéger le précieux occupant d'une attaque aérienne. J'entreprends aussitôt de grimper à même la façade, en m'aidant de la gouttière. En moins d'une minute je passe par dessus le parapet. La toiture terrasse bardée d'antennes et de climatiseurs est déserte. Je m'attendais à y trouver des snipers... Mais les exploits martiaux de Clévio ont sûrement attiré tous les hommes en armes sur elle. Elle risque de se retrouver débordée... Mais je ne lui porterai pas secours en redescendant par les escaliers de service. Elle a fait son choix, elle doit l'assumer. Et si j'interviens maintenant, je ne ferais que lui prouver que j'ai pas confiance en elle, en ses capacités, en ses décisions. Un sacrifie n'a du sens que s'il est respecté des autres.

Alors je tourne le dos aux escaliers, et fonce en direction d'un large câble électrique, qui se balancement lentement au rythme du vent. Tout en courant, je défais ma ceinture. Je bondis. Je la passe par dessus le câble, et réceptionne la seconde extrémité de l'autre main. Tyrolienne improvisée. Il glisse à toute vitesse en direction des quais, vers un renflement dans la structure de la plate-forme républicaine qui dissimule une génératrice marémotrice. Le cuir siffle. Grince. Agonise. Odeur de cramé. Il fini par se déchirer. Je chute. J’atterris durement dans une massif épineux. Les fines aiguilles me transpercent la peau, déchirent mes vêtements. Par chance, je ne me brise rien. La douleur est fulgurante, mais les contusions ne sont que superficielles. Les branches entremêlée par le savoir faire d'un jardiner exceptionnel dissipent l'énergie cinétique. J'achève la dégringolade, sur les fesses, un peu sonné, mais en pleine possession de mes moyens pour fuir. Je me relève et passe la tête de l'autre coté du mur de feuilles pour aviser de la situation.

Les coups de feu ont jeté un froid certain sur la soirée de l'ambassadeur. Les convives, déboussolés, apeurés, sont évacués par les seuls hommes n'ayant pas été envoyés vers les étages. La tension est palpable dans la Force, comme un bourdonnement assourdissant. Nos exploits feront, dès demain, le tour des journaux locaux... Et les services de sécurité de toute la station seront à notre recherche. Un prix que nous aurions peut-être pu éviter. Ou pas.

En attendant, tout est si désorganisé, évacuation précipitée, que je peux aisément me mêler aux convives de marque. Mon costume déchiré attire quelques œillades curieuses, mais rien de plus. J'embarque à bord d'une navette maritime bondée, qui quitte les quais quelques secondes seulement après que la marée humaine y ait été entassée.




Le lendemain matin, après m'être pansé les plaies dans une ruelle sombre et avoir déambulé toute la nuit sans trouver le sommeil, je m'échoue, dès les premières lueurs de l'aube, sur le zinc poisseux du Fonceur Immergé. Une cantina miteuse, du quartier industriel. Les touristes sont rares ici. Un repère d'ouvriers et de petites frappes maffieuses. Un point de repli judicieux. Tant que l'ambiance est calme, c'est que les forces de sécurité ne préparent pas une descente. Elles sont déjà sur le pied de guerre. Nos exploits nocturnes tournent en boucle sur les holochaînes d'informations. Les porte-paroles Républicains accusent l'Empire d'une violation inacceptable de la neutralité planétaire. Accusations démentie avec force par les autorités Impériales. Entre les deux, le capitaine en charge de la sécurité locale assure que les coupables seront rapidement retrouvés que toute la lumière sera faite très prochainement sur cette affaire prioritaire...

Bref. On a foutu un sacré bordel. En attendant je joue avec la plaque de données. Elle virevolte entre mes doigts pendant que je sirote une bière bien méritée.
Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
Clévio ressentit une pointe d'adrénaline la traverser alors qu'elle rampait silencieusement à travers les étroits conduits d'aération. Le métal froid et rugueux était presque inconfortable sous ses mains gantées, mais elle s'y habituait vite, le mouvement fluide de son corps entraîné par des années d'entraînement jedi.

Soudain, une nouvelle alarme retentit, faisant écho dans les conduits métalliques. Ithari stoppa net. Les grilles en-dessous d'elle commencèrent à vibrer légèrement, transmettant les pas rapides des soldats de la République patrouillant l'ambassade. Elle se recroquevilla dans l'ombre, retenant sa respiration, chaque bruit lui parvenant avec une clarté presque dérangeante.

La jeune Jedi noire continua son avancée furtive, contournant les zones où les patrouilles semblaient être plus fréquentes. Les voix des soldats, leurs ordres crié et leurs regards scrutateurs étaient autant de pièges potentiels à éviter. Ithari atteignit enfin une grille d'aération qui donnait sur une petite salle de stockage. Elle fit glisser la grille sur le côté avec précaution et se laissa tomber à l'intérieur.

La pièce était sombre, éclairée faiblement par la lueur de la lune à travers une mince fenêtre. Clévio ouvrit une caisse et distingua une silhouette attachée et bâillonnée. C'était la serveuse dont elle avait emprunté l'uniforme pour infiltrer la soirée. La jeune Jedi défit rapidement les liens qui maintenaient la serveuse captive, retirant délicatement le bâillon.

-« Reste silencieuse… Tu vas oublier mon visage. » murmura Clévio, en usant de la force pour effacer son facies de l’esprit de la jeune femme.

La serveuse, encore abasourdie par l'ensemble de la situation, hocha la tête en signe de compréhension.
Ithari fouilla une caisse à proximité, trouvant son propre équipement jedi qu'elle avait préalablement dissimulé. Elle en sortit une capuche et une bure, se transformant en un instant de la serveuse discrète en une silhouette plus familière à ses yeux.

Avant de quitter la salle de stockage, Clévio reprit l’uniforme serveuse dans son sac à dos… Une nouvelle pièce à sa collection de déguisement et pour éviter de laisser des preuves matérielle de sa présence.
Elle rebondit dans les conduits d'aération, évitant les patrouilles républicaines. La fuite était un ballet silencieux, chaque mouvement calculé pour minimiser les risques.

Arrivées devant la sortie de l'ambassade, où une évacuation chaotique captait l’attention de tous.
Profitant du chaos , elle rejoignit rapidement le sous-marin volé qu'elle avait soigneusement dissimulé dans les environs. La coque métallique était à peine visible, camouflée par des plantes aquatiques. Elle monta à bord, lançant le submersible dans les flots.

Alors que le sous-marin s'éloignait de l'ambassade, la jedi noire médita sur tout cela jusqu’à ce que le navire rejoignit une décharge de la ville d’Atho. La demoiselle effaça les données de navigation et sabota le véhicule avant de se fondre dans les ruelles d'Atho, disparaissant dans la ville nocturne.

La demoiselle retourna à son hôtel et s’écroula dans son lit et sombra dans un sommeil sans rêves.
Le lendemain matin, après une longue douche et s'être pansé les plaies. L’exilée se mit en route pour rejoindre la cantina du Fonceur Immergé.

Un bar miteux, du quartier industriel où ouvrier fatigués et criminels suspicieux se retrouvaient derrière un verre.
Clévio pénétra dans le bar, l'atmosphère empreinte de vapeurs toxiques et de murmures étouffés. Les holochaînes d'informations résonnaient à travers les enceintes crachotantes, diffusant en boucle les récits de leurs exploits nocturnes. Les accusations croisées entre la République et l'Empire étaient autant de voiles opaques recouvrant la vérité.

Gary, le détective jedi, était assis à une table reculée, sirotant sa bière d'un air nonchalant. La lueur bleue de sa carte de données dansait entre ses doigts agiles. Clévio s'approcha avec discrétion, consciente de l'importance de la situation.

-« Tu as vu les nouvelles ? Nos exploits semblent faire sensation. Atho ne peut pas se passer de nous, apparemment. »

Demanda-t-elle en s'asseyant en face de lui avec un sourire sardonique.
Ithari commanda un jus de fruit et prit une gorgée de sa boisson dès qu’elle la reçu.

-« Alors…. Ça dit quoi ? Et… boire au matin, c’est pas truc d’alcoolique ou de détective privé d’holofilm noir ? »

Gary Kovani
Gary Kovani
Messages : 341
Eclats Kyber : 588
Je hausse les épaules, les yeux perdus dans le vague. « Est-ce vraiment le matin si on n’a pas dormi ? » Question philosophique d’alcoolique récidiviste. Je n’ai pas bougé d’un pouce à l’approche de la jeune femme, doigts rivés sur la canette en aluminium. Le robot-barman n’a même pas daigné me fournir un verre avec. Mais je me dis que ce n’est pas plus mal, question d’hygiène. Je fais tourner la bière entre mes doigts agiles, pour présenter l’étiquette à Clévio. De l’autre main j’arrête de jouer avec la puce de données, pour la fourrer bien au chaud dans ma paume fermée. Je me tourne enfin vers elle, en pivotant du buste après avoir posé un coude sur le bar chromé déjà moucheté d’auréoles poisseuses. « En plus c’est sans alcool. 0%, tu vois ? » La bière sans alcool, ce n’est pas vraiment de la bière, blablabla. Je m’en fou. « Je préfère garder les idées claires pour la suite. »

Je me tais, quelques instants, alors qu’une silhouette passe dans notre dos. Un client éméché qui titube en cherchant la sortie. Il tangue comme un marin à bord submersible perdu au milieu d’un typhon printanier. Je secoue lentement la tête. Réflexe à la con : se taire lorsqu’un inconnu approche, il n’y a rien de plus suspect. Heureusement que celui-ci ne capte plus rien. Il va falloir se prendre Gary !

Je me détourne la Jedi noir. Mon regard est aussitôt, contre ma volonté, happé par l’écran au-dessus du robot-serveur en veille. La chaine d’informations en continue diffuse depuis l’aube tous les détails sordides de nos exploits de la veille. Ces journalistes sont tellement accros au sensationnel qu’ils éventent les éléments de l’enquête en cours, des moins signifiants aux plus capitaux. Autant dire que je peux suivre en temps réel tous les rebondissements. Et pour moment, rien ne semble devoir nous inquiéter directement. Clévio a couvert ses traces, et moi, personne ne me soupçonne.

« Oui, c’est certain : ils parleront de ça pendant des semaines. » En espérant que notre initiative ne débouche pas une reprise des tensions locales entre la République et l’Empire. Des innocents pourraient en subir les dommages collatéraux. Mais ce qui est fait, est fait. « Espérons seulement que ça en valait la peine. » Je pose enfin la datapuce sur le bar, et d’un index inquisiteur, je la fais glisser jusqu’à Clévio. « Je n’ai pas eu le temps de consulter ce que j’avais pu glaner. » Quel piteux mensonge. J’ai eu toute la nuit pour… Alors je reformule avant qu’elle ironise à mes dépends. « Je dirais plutôt que je n’ai pas eu envie d’y jeter un œil. Imagine si on a foutu tout ce bazar pour rien ? » D’habitude, je ne suis pas vraiment du genre à me soucier des effets secondaires de mes éclats déraisonnés. Mais cette fois n’est pas comme les autres. La vie d’une Jedi dépend de moi. De deux Jedi même. Car, plus que jamais, je sens Clévio sur une ligne crète, entre la lumière et l’ombre. Sa soif de combat pourrait traduire une percée de l’obscurité en son âme… Mais par respect pour elle, je me refuse de la sonder. Elle n’apprécierait certainement pas. La confiance est si facile à briser, je n’ai pas le droit à l’erreur. « Au moins tu n'as tué personne. » Maigre consolation ? Non. Immense consolation. Il reste de l’espoir pour elle. Et sans effusion de sang, cette affaire se tassera bien plus vite. La République exigera des excuses, ce que l’Empire ne fera jamais. Il en résultera un statu quo ni pire ni meilleur que celui d’avant. Tout le monde a besoin du Kolto. Une dépendance qui force à quelques sacrifices idéologiques ou moraux.

J’inspire un bon coup, puis redresse l’échine. J’ai tendance à m’affaler lorsque je me perds dans mes pensées, le dos vouté par le poids des cicatrices laissées sur mon âme par toutes ces mission dont on ne sort jamais totalement indemne. Je laisse la Force couler en moi, avec plus de vigueur. Ouverture de vannes ! L’image mentale de l’eau qu’on libère d’une rotation de manivelle me fait sourire. La nuit a été longue, pleine de doutes et de sautes d’humeur exacerbées par la fatigue physique et morale. Mais à chaque jour sa peine. Le soleil est levé, nouvelle journée, nouveaux défis ! Je laisse le soin à la jeune femme de jouer l’oiseau de malheur, ou l’oracle bienfaiteur. Tout dépendra de ce qu’elle découvrira sur la datapuce…

« Je n’ai pas totalement chaumé pendant la nuit. » Non, ce n’est pas un accès d’optimisme soudain. Je préfère seulement, et toujours, me préparer à toutes les éventualités. Le temps joue contre nous. Contre la survie de celle que je suis venu tirer des griffes de Monsieur l’Ambassadeur de la République. Un homme trouble aux jeux dangereux. Alors si Clévio trouve quelque chose d’utile dans la mémoire volée, il est hors de question de tourner autour du pot à se demander la marche à suivre. « J’ai… négocié avec… un ami... de la Czerka. » Une manière polie de dire que je lui ai rendu une petit visite nocturne impromptue pour lui proférer quelques menaces particulièrement bien choisies. Il aura suffi de lui rappeler ce que les agents de l’Empire lui feraient s’ils découvraient les secrets qu’il tait pour la République. Surtout maintenant que nous avons mis le feu aux poudres. « J’espère que tu sais piloter les bongos ! » J’exhibe le trousseau de clés. Il ne faut pas sous-estimer ces petits submersibles agiles. Les gungans, sous leurs airs de benêts, sont des concepteurs hors pair. La Czerka dispose d’une petite flotte de bongo destinée au transport des personnes. Les plus gros sous-marins, eux, sont réservé au fret. Question de rentabilité. « Il parait que ce modèle est parfaitement capable de rejoindre Theed en passant par le noyau. » Je répète les propos de la brochure publicitaire que j’ai consulté il y a quelques mois, lorsque je patientais dans la salle d’attente d’un chirurgien-prothésiste. Une obscure tradition millénaire : celle de garnir les tables basses de dizaines de brochures et magazines vieux de plusieurs années pour faire patienter les patients impatients. Bref. « Il devrait supporter la pression des fosses océaniques. Si tu trouves quelque chose d’utile sur la datapuce, on peut filer dans l’instant. »

Déjà je sens la tension monter légèrement autour de nous. L’holo-écran annonce plusieurs décentes de Forces de Sécurité dans les quartiers mal famés. Je doute qu’ils cherchent des personnes en particulier. Ils tentent seulement de secouer le cocotier pour en faire tomber les noix. Un coup de bluff. Peut-être estiment-ils que les auteurs de ce cambriolage de haut-vol ont fait parler d’eux dans les milieux mafieux. Une pêche aux informations hasardeuses qui prouve le manque d’éléments dont ils jouissent pour nous retrouver.

« Il est stationné dans un hangar discret, attenant à la concession de la Czerka. Quoi qu'on fasse, il faut le faire vite. Dès qu'ils auront analysé les activités de leurs serveurs, les Républicains sauront exactement ce que nous recherchions... Et lorsqu'ils réaliseront qu'on est parfaitement au courant de leurs petits jeux interdits, ce n'est pas la police Selkath qu'ils lanceront à nos trousses... Mais leurs assassins. Peut-être même des Lames Républicaines... Tu sais, ces ex-Jedi restés fidèles à l'administration Républicaine... » Lames Républicaines. Deux mots prononcés avec un dédain profond que je ne cherche même pas à dissimuler.
Clévio Ithari
Clévio Ithari
Messages : 51
Eclats Kyber : 217
Clévio observait attentivement l'index inquisiteur de Gary, glissant la puce de données vers elle.
La petite carte électronique changea de main pour trouver refuge entre les doigts agiles de Clévio. Un sourire en coin se dessina sur son visage, alors qu'elle s'apprêtait à explorer les secrets révélés par ce petit objet.

-« Tu m'as vue venir avec mon ironie ? Je suis si prévisible que ça ? »

Elle émit un petit rire discret et dans un mouvement fluide, l'éxilée connecta la puce à son datapade, le dispositif électronique s'allumant pour révéler un écran bleu vibrant de données.

Les informations se déversèrent, formant des lignes de code et des schémas complexes. Clévio, les yeux jaunies par le côté obscur cachés derrière des lentilles vertes, se plongea silencieusement dans la lecture de ces informations cryptiques.

Le silence planait dans la pièce alors que Clévio parcourait les données. Après quelques minutes qui parurent une éternité, un sourire satisfait éclaira son visage.

Ses yeux  brillèrent d'une lueur étrange, mélange entre l'éxitation des érudits trouvant un site archéologique perdu et la crainte d'une enfant appeurée d'éteindre la lumière avant de s'endormir.

Fixant son regard intense sur Gary, Ithari rompit enfin le silence :

-« J'ai des coordonnées... C'est... Sous le niveau de la mer... très profond... »

Un mélange d'excitation et de mystère imprégnait sa voix.

La jedi noire, sirota son jus de fruit avec une expression indifférente... Puis, une grimace de dégoût déforma son visage lorsqu'elle déclara d'une voix cinglante :

-« Parfaitement infecte. »

Elle déposa le verre à moitié vide sur la table, exprimant son mécontentement envers la boisson. Plongeant à nouveau dans son datapade, Clévio pianota rapidement, faisant une recherche Holonet sur le submercible dont son acolyte jedi parlait... Les pages défilèrent devant ses yeux... La Czerka vantait les mérites de ce véhicule, 17/20 sur Truth galactic pilote, modèles d'occasion etc...
Après quelques instants, elle leva les yeux pour rencontrer le regard de Gary.

-« Euh... Je ne pourrais piloter ce truc aisément.... Je suppose qu'on a pas droit à un droïde ?  »

Un soupir las accompagna sa question. Clévio retira la puce de son datapade avec précaution, la remettant à Gary avec une expression sérieuse.

-« Elle sera entre de meilleures mains, si jamais la République ou les autorités Selkath te tombent dessus... Dis que c'est moi qui l'ai volée et que tu m'as arrêtée... fin, trouve une excuse de Jedi... »

La mention des Lames Républicaines, ces ex-Jedi restés fidèles à la République corrompue, fit frissonner Clévio Ithari. Deux mots, prononcés par Gary avec un dédain profond qu'il ne cherchait même pas à dissimuler, semblaient peser lourdement dans l'atmosphère.

La Jedi noire sentit la peur l'envelopper, un frisson glacial qui lui parcourut l'échine. Elle secoua la tête avec vigueur, comme pour chasser cette anxiété grandissante.

Pourtant, Clévio ne se laissa pas submerger par la terreur. Elle releva la tête, déterminée, et répondit à son ami d'une voix assurée :

-« Ils usent de la morale Jedi contre eux, moi je ne suis plus une Jedi et j'aurai moins de pitié pour ces animaux... Et puis, toi... Tu n'es pas un jedi conventionnel. »

Le ton de Clévio était empreint d'une colère maîtrisée. Sa mâchoire se serra sous l'effet de la rage qui bouillonnait en elle.

Aux yeux de Clévio, ils étaient devenus les bourreaux d'une institution dévoyée.

Elle trouvait leur conduite ignoble, une trahison des principes mêmes qui avaient guidé les Jedi. Pour Clévio, ces Lames Républicaines étaient des marionnettes manipulées par une autorité corrompue, prêtes à sacrifier l'honneur et la loyauté pour des intérêts douteux.

Le simple fait de les comparer aux Sith, les ennemis traditionnels des Jedi, suscitait en elle une réflexion assez intence. Elle se demandait sincèrement si les Lames Républicaines, dans leur chasse impitoyable contre d'anciens amis, ne pouvaient pas être considérées comme des adversaires tout aussi redoutables.

Bien qu'elle ait été exilée de l'Ordre Jedi, Clévio gardait une conviction profonde : elle n'avait jamais tué ses anciens collègues. Sa désillusion envers l'ordre ne l'avait pas transformée en chasseuse de Jedi en fuite.

Ce contraste entre sa propre expérience d'exilée et la brutalité des Lames Républicaines accentuait son mépris envers ces derniers, les jugeant comme des instruments d'une décadence qu'elle refusait d'accepter.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn