Oola Cha'kin
Oola Cha'kin
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Clac, clac, clac, clac, clac, clac.

Une fois n’était pas coutume, Oola Cha’kin était juchée sur des talons hauts. Dans un long couloir aux piliers sculptés de métal, sa silhouette fine s’étirait, à demi éclairée par l’astre qui baignait Klatooïne d’une lumière orangée. En lieu et place de son habituelle combinaison pratique, la Twi’lek avait revêtu une robe blanche, moulante mais sage qui couvrait sa gorge en un col étroit. Ses jambes fines marquaient un rythme un peu précipité comme elle essayait de suivre l’allure d’un droïde de protocole monté sur roulettes.

Clac, clac, clac, cla-chouic Aïe !

- Tout va bien, miss Cha’kin ?
- Put… Oui, oui, parfaitement bien. C’est encore loin ?  
- Nous arrivons dans un instant.

La forme humanoïde de métal pivota sur elle-même et entreprit de rouler de nouveau, bientôt suivi encore une fois par les pas d’Oola, qui boîtait désormais.

Clac-clac. Clac-clac. Clac-clac.


Les deux silhouettes s’engouffrèrent sous une arche de pierre antique qui dissimulait pourtant un mécanisme tout à fait moderne de porte sécurisée et blindée. Oola ne voyait pas grand-chose de tout cela, tant son esprit ne parvenait pas à se concentrer sur les détails depuis qu’elle avait découvert à quel point le palais de Ragda Rejliidic était massif – ce qui semblait laisser un gros indice sur l’importance de ce hutt-ci. Pourtant, elle s’efforça de garder son calme, même lorsqu’ils croisèrent une femme en pleurs qui sortit d’une salle sombre, un datapad sous le bras. Les yeux maquillés d’Oola la suivirent un bref instant du regard, avant de s’intéresser au droïde de nouveau, qui s’était figé devant la porte suivante.

- Par ici, je vous prie, miss Cha’kin.

Et la porte s’ouvrit.

Le salon respirait un faste sobre. Des lumières plus douces que celles de l’extérieur disséminaient des lueurs châtoyantes sur un buffet garni de fruits frais et d’autres victuailles, des mange-debout s’alignaient, bien espacés, comme si tout avait été prêt pour une réception digne d’un palais sénatorial, mais il n’y avait personne. Le tapis de velours absorba complètement les pas de la Twi’lek qui s’avança. Après une hésitation, elle aperçut enfin le chariot répulseur, et dessus…

Un hutt.

Ses yeux azur se braquèrent sur lui, rencontrèrent les prunelles aux reflets marrons et verts, avisèrent un bref instant le luxueux support qui devait soutenir quelques tonnes de graisse dégoulinante. Si elle fut gênée par l’apparence, elle n’en montra rien.

Au contraire, un poids avait quitté sa poitrine : richissime ou non, Ragda Rejliidic n’était rien de plus qu’un gros tas informe avec une bouche beaucoup trop large, comme tous les autres Hutts qu’elle avait connu. Alors, elle s’avança avec conviction pour se planter devant lui, suivie de près par le droïde. Ce dernier allait prendre la parole mais Oola le devança en s’éclaircissant la gorge.

- Ahem, hum.  
- Monseigneur Rejliidic, voici…
- Oola Cha’kin, monseigneur, pour vous servir, claironna-t-elle.

Sa voix trahissait quelques vagues tremblements qu’elle avait bien l’intention de dissimuler derrière une attitude volontaire. Elle leva le menton et offrit un sourire qui se voulait professionnel.

- Enfin, servir… Moyennant salaire, bien évidemment. Je suis là pour votre offre d’emploi, bien sûr, je ne suis pas une esclave.  

Elle avait lu quelque part qu’il fallait toujours poser les bonnes règles avec son employeur. Sa voix trahissait pourtant sa jeunesse, malgré l’attitude qu’elle se donnait pour passer pour une femme qui savait ce qu’elle faisait depuis des années.

- Vous avez dû consulter mon CV, n’est-ce pas ? J’ai une dizaine d’années d’expérience dans l’assistance de direction d’affaires. Je suis méthodique et... Rigoureuse. Je parle couramment le ryl, le huttese et le basic, je sais faire la comptabilité et le ménage, je sais sourire aux clients, je sais parfaitement dresser une table et servir de l’alcool pour faire passer les contrats, et aussi je suis très douée de mes mains, par exemple pour dérober quelque chose à votre interlocuteur l’air de rien. Sinon, je sais masser un crâne de hutt – je l’ai déjà fait – en cas de migraine je vous recommande l’huile essentielle de Gor et quelques mantras en ryl que je peux vous réciter.

Son discours avait été si vite prononcé qu’elle fut obligée de s’interrompre pour reprendre sa respiration. Elle renforça son sourire légèrement embarrassé avant de baisser un bref instant les yeux vers son datapad.

- Concernant ma motivation pour le poste, hum, alors voilà, j’ai toujours rêvé travailler pour un Hutt. Enfin j’ai déjà travaillé pour un Hutt. Mais vous c’est pas pareil. Hum… Et Klatooïne est une belle planète chaude, je… J’aime bien, voilà.  

Elle était à deux doigts de demander s’il y avait de jolies plages sur lesquelles elle pourrait passer son temps libre. Elle s’imaginait déjà avec quelques semaines de congés par an, à devenir aussi fuschia qu’une twi’lek de sa couleur pouvait l’être. Elle s’ébroua soudain et ses lekkus dansèrent autour de ses épaules étroites.

- Ah oui, j’allais oublier. Je ne fais pas les trucs, hum. Les trucs…  

Elle leva une main pour agiter ses doigts tous fins en de drôles de vaguelettes, froissant son nez avec une légère grimace..

- Vous m’avez compris, quoi.
Ragda Rejliidic
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Ragda abominait son palais. Une étuve. Un cloaque étouffant. Un édifice d’apparat, grandiloquent, une crânerie architecturale inadaptée au climat aride, rude, bouillant de l’accablante Klantooine, carcasse desséchée par un astre diurne implacable. Les longs couloirs ornementés de fresques de métal épiques et mensongères sur les prouesses martiales des précédents propriétaires, percés de hautes fenêtres, autorisaient allégrement le passage des bourraques surchauffées, qui emportaient dans leur sillage sable et poussières irradiées. Il en résultait d’étonnants mirages, l’air ondulant au-dessus de reflets trompeurs semblables à des flaques d’eau. Il n’en était rien. Le pavé usé par le passage de millions de pieds avides d’une audience avec le maitre des lieux ne s’encombrait d’aucune molécule aqueuse. Une minéralité nue, stérile, où ni la faune, ni la flore, désirait trouver refuge. A l’exception du Hutt et de sa garde d’honneur. Quelques Klatooinens triés sur le volet, des spécimens exceptionnels, aux dimensions bien supérieures aux standards de leur espèce. Larges d’épaules, musculeux, entrainés au combat à la vibro-pique traditionnelle, au faciès de bulldog enragés toujours prêt à mordre. L’apothéose d’un millier de générations sauvagement malmenées par le climat abrupte de la planète. Naturellement, ils se cachaient dans les ombres projetées des piliers massifs, de pierre et d’acier, soutenant les lourds plafonds, si bien qu’un importun aurait aisément pu ignorer leur présence.

Au cœur du palais, s’ouvrait une vaste salle circulaire, séparées des autres ailes par de lourdes portes blindées qui s’imbriquait astucieusement dans les arches de pierre millénaires. Ragda les gardait la plupart du temps grande ouverte, dans l’aberrant espoir de chasser la chaleur accumulée par la journée, jamais évacuée par la nuit, plus clémentes. Cette salle du trône, pourtant, offrait une pseudo oasis de fraicheur comparée au reste de l’édifice. Il fallait descendre une trentaine de marches pour atteindre son cœur, semblable à la scène d’un amphithéâtre antique encerclée de gradins vides. Quatre imposantes sculptures représentant de Hutt, posées à chaque point cardinal, soutenaient la voute constellée de pierres semi-précieuses, une carte fantasmée et irréaliste de l’espace sous la coupe de ceux qui, jadis, édifièrent ce palais. Ragda, lui, régnait sur une infime partie. Il lui suffisait de lever les yeux au ciel pour se le rappeler. Comment ne pas sombrer dans un irrémédiable complexe d’infériorité après ça ? Surtout devant le regard froid et accusateur des titanesques statues.

Au milieu de cette arène, Ragda paressait, affalé sur une estrade élevée à deux mètres cinquante, qui forçait ses interlocuteurs à lever la tête, les plaçant naturellement en position de quémandeurs soumis. Le Hutt gaspillait un tier de son temps ici, occupé à écouter et répondre aux requêtes des sujets de son minuscule empire : une constellation de quelques mondes peu peuplés. Une zone à la lisière de l’Espace Hutt sans grand intérêt stratégique, et qui lui offrait un semblant de quiétude, loin des jeux vicieux auquel d’adonnaient ses semblables, pour grapiller toujours un peu plus d’influence. Après des années de galères nées de très mauvais choix, Ragda se satisfaisait amplement de cette situation, qu’il considérait comme une sorte de retraite anticipée. Mieux valait être Maitre d’un petit royaume sans prétention qu’esclave des intrigues des grands Kajidiics.

Pour autant, Ragda n’avait pas abandonné toutes ses ambitions. Il rêvait de faire de son petit territoire un havre de paix dans le tumulte galactique qui ne risquait pas de s’apaiser, surtout maintenant que la République adoptait des atours autoritaires, et que l’Empire s’unissait à nouveau sous l’égide d’une nouvelle impératrice. Pour cela, il lui fallait rester en veille, laisser ses oreilles glisser aux quatre coins de l’Espace Hutt, anticiper les mouvements de ses congénères, et toujours échapper aux radars des plus opportuniste. Un jeu de funambule, passif-agressif, faussement désintéressé des intrigues politiques, pour mieux en maitriser les conséquences, et jouer avec elles. A cette fin, il devait s’entourer de maitres-espions, d’agents infiltrés, et de toute une armée d’âme banales capables de lui reporter les moindres rumeurs, fantasmées ou avérées. Il laisserait aux bons soins d’EVA, la fidèle intelligence artificielle gérant son réseau, le travail complexe de recouper les données pour en extraire la substantifique moelle. Un travail d’analyse qu’aucun cerveau organique serait capable d’accomplir aussi rapidement, et avec une marge d’erreur aussi négligeable.

Ce jour s’annonçait aussi ennuyeux que les précédents. Jusqu’à l’arrivée d’une Twi’lek dont l’accoutrement dénotait avec ceux des autochtones. Ses talons frappaient les pavés avec une régularité presque musicale, un métronome, le genre de préambule qui attisait la curiosité et l’envie d’en savoir un peu plus. Ragda se redressa, mais quitta aussitôt la silhouette des yeux, pour reporter son regard sur les écrans tactiles disposés autour de sa large couche. Ses doigts boudinés virevoltaient déjà agilement dessus, laissant dans leur sillage une mince trainée de mucus qu’un serviteur servile, regard absent, essuyait avec un chiffon lipophile. Parfois, lorsque la main de l’esclave l’importunait, lui obstruant la vue, il tapait dessus d’un coup sec de la sienne, minuscule en comparaison. Une pichenette indolore, mais qui causait irrémédiablement le sursaut du fautif, comme s'il avait été électrisé, se figeant alors quelques instants avant de reprendre son inlassable manège.

Ainsi, Ragda pu rapidement prendre connaissance de l’ordre du jour. Personne, sauf cas exceptionnel, ne s’invitait en son palais sans un motif et un rendez-vous. L’écran lui indiquait « Oola Cha'kin », candidate au poste « Shorb’ha Kash'tana». Elle postulait à l’offre qu’il ait diffusé sur les réseaux spécialisés de l’holonet deux semaines plus tôt. Ragda soupira. Son petit Kajiidic de seconde zone n’attirait pas les premiers de la classe…. Se présentaient à sa porte ceux qui avait été refoulés par les Besadii, les Djiilo, ou les Dejsadii. La candidate, escortée par l’un des droides protocolaire de son intendance, acheva son périple au pied de son estrade. Il se pencha légèrement. Les longs volants plissés de sa robe-poncho, dégringolaient de sa massive et informe silhouette, comme l'écume d'une cascade d'eau saumâtre. Le tulle, léger, blanc, laissait deviner ses bourrelets généreux, les furoncles qui agrémentaient la monotonie de sa peau lisse. Ragda ressemblait à une mariée, désespérée, abandonnée sur le parvis de l'église, qui se serait jeté du haut d'une falaise, noyée, bouffie par les gaz méphitiques produits pour ses chairs en décompositions. Les cheveux et le maquillage dégoulinant en moins. Même s'il crevait de chaud, Ragda ne sortait jamais en public sans quelques atours à la pointe de la mode d'après sont génial styliste Wookie. Lui aussi un incompris. Mais n'était-ce pas le fardeaux de tous les génies ? D'être incompris et conspué de leurs contemporains ?

D’abord silencieux, il laissa la jeune femme vanter ses mérites. Le Hutt n’avait pas gaspillé son temps à lire son CV. Chacun pouvait écrire ce qu’il voulait sur ces tranches de vie électroniques. Non, lui ne se fiait qu’au feeling, aux impressions, aux intuitions que lui communiquaient la Force, du moins le pensait-il. Enfin, lorsque la candidate eu achevé sa présentation, Ragda fit tonner sa voix. Grave, profonde, caverneuse. Elle se répercutait en de multiples échos sur les murs épais de l’amphithéâtre, ses claquements de langues rythmaient en canon ses propos.

« Ce n’est pas une vulgaire secrétaire ou servante que je cherche, capable de masser un Hutt ou de servir des invités. Mais je comprends la confusion. » dit-il, sans préambule, pressant mollement sur l’un de ses écrans. L’offre d’emploi s’afficha alors en hologramme, aux lettres aussi hautes que la candidate, qui flottait dans les airs au-dessus de leur tête, jusqu’à la voute dont les pierres précieuses reflétaient, tel un caléidoscope hypnotique, les lueurs fantomatiques, bleutées.

« Shorb’ha Kash'tana. Ce mot Huttese, peut prendre plusieurs sens, dépendant du contexte. Il faut dire que ma langue maternelle n’est pas très prolifique en termes désignant les « serviteurs » au sens large. Pour un Hutt, tout ce qui a des jambes est soit un esclave, soit un serviteur, même si certains l’ignorent encore. Ce que vous auriez dû comprendre, avec le reste de l’annonce, c’est que je suis à la recherche, hmmm, d’un intendant. Pour ma résidence secondaire sur Nar Shaddaa. Une personne capable de tenir ma demeure, d’organiser les tâches des serviteurs. Mais ce n’est là que la première mission, la plus triviale. La seconde c’est d’être capable, grâce à votre réseau, à vos connexions, de développer un réseau de d’informateurs. Des gens comme tout le monde, mais qui sauront rapporter à vos oreilles attentives les moindres rumeurs concernant les activités des gangs, des autres Kajiidic. Tous les déséquilibres à l’œuvre dans les bas-fonds. Car c’est toujours dans les profondeurs que naissent les premiers remous, causés par les décisions et activités de ceux qui vivent au-dessus. Un Kajiidic recherche des hommes de mains pour un travail lucratif ? Aussitôt la rumeur se répand, et des centaines d’êtres qui n’ont plus rien à perdre désirent tenter l’aventure…. Avez-vous les épaules pour cette mission ? J’en doute… »

Ce qui intéressait avant tout Ragda, ce n’étaient pas les qualifications, l’expérience. Non. Seul comptait, à ses yeux, le caractère et « l’intelligence d’être » des candidats. Pour cela, il fallait les bousculer, voir comment ils réagissaient, s’ils disposaient d’assez de sang-froid pour faire face aux critiques d’un Hutt semblant déjà avoir pris sa décision. Afin d’enfoncer le clou, Ragda coupa la chique de la Twi’lek, lui interdisant une réponse immédiate. Au lieu de cela, il enchaina l’entretient en Huttese, puisqu’elle affirmait le parler :

« Kawa shoka Ros’hta egto inz ! Shorb’ha bouwa deto lomanita. Kawa Wookie desca emor’halo, queto hato ? D’jouba djoubaca. Kajiidic asca Moghul perkota ! Hahaha. Olga. Koch’ta rogo kawa persola. Dercadona ? »

Une double question lourde de conséquences. Le genre de question qui déterminait les destins de ceux qui osaient y répondre. Aujourd’hui, l’avenir de cette jeune twi’lek dans l’empire Rejliidic.
Oola Cha'kin
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La voix d'un Hutt faisait toujours étonnamment vibrer les petits torses minuscules des humanoïdes. Oola ne faisait pas exception, mais elle s'était mise en tête que rien ne lui ferait quitter son masque professionnel (sourire poli, battements de cils intéressés lorsque parlait son interlocuteur, port droit sans un seul mouvement de recul ni de surprise), aussi dut-elle encaisser le guttural son des cordes vocales de l'énorme Ragda Rejliidic, tout autant que supporter la vision d'horreur que constituait ce mucus dégoulinant au bout des doigts du Hutt et sur la plateforme. Quant à l'odeur... L'odeur lui rappelait tout simplement Nar Shaddaa. Un peu d'air frais en provenance des grandes voûtes n'aurait pas été de trop.

Oola avait décidé de montrer qu'elle savait obéir - chassez le naturel, il revient au galop.

- Mais je ne suis pas vulgaire ! s'exclama-t-elle, les yeux subitement arrondis par l'outrage tandis que sa voix criarde se répercutait dans l'immense salle.

Oola vérifia un instant ses chaussures et sa tenue en baissant la tête - certes, ses talons étaient très hauts, mais ses jambes étaient déjà dissimulées par sa robe à partir des genoux. Et certes, elle était moulante et lui laissait les bras nus, mais elle recouvrait entièrement sa poitrine. Quant à ses lekkus, ils étaient élégamment enveloppés de rubans clairs qui n'avaient rien de suggestif, à son sens. A moins que le Hutt ne se soit rendu compte que tout ceci n'était guère de facture très élevée. Oola redressa sa mine avec un petit air offensé, mais tâcha de reprendre contenance avec une inspiration brève pour mieux se concentrer sur ce que racontait le Hutt.

- Un... Un intendant ? répéta-t-elle.

Le doute perçait quelque peu dans sa voix. A côté d'Oola, le droïde tourna son visage aux yeux électroniques, et elle crut y lire un air affecté. Elle lui répondit avec des gros yeux sévères avant de reporter son attention sur Rejliidic. Celui-ci déblatérait en Hutt et elle fronça un instant les sourcils en déchiffrant ses propos.

Il y eut un silence durant lequel elle parut réfléchir - pas vraiment pour trouver ses mots, mais plutôt pour savoir quoi répondre à cette question épineuse : risquait-elle de faire affront au Hutt en n'ayant pas le même goût ou la même opinion que lui ? Probablement. Oola secoua subitement son visage de droite à gauche, pour signifier avec un brin de sévérité qu'elle ne se laisserait pas prendre au piège.

- Uuuh, souffla-t-elle sans masquer son léger agacement. Chep-ha, jee'sh chuba goola beejah bosilosofical teeni. Na pawa-pawa, shu jooza. Jee widd bo'uba. Besh jee bal tak buu-til bu eesa na bu wanda, na skrunee wabda meekiyuna wamma-la haku bong, na bettap bong shulu wanna shu, uh... Intendant, az uba saee. Jee kavee neeta tchu lapti kapa, haba !

Oola avait ponctué cette dernière phrase d'un sourire audacieux, que la jeunesse de son visage tirait vers l'insolence : évidemment, que pour accomplir de telles missions elle aurait besoin de bons équipements, et elle espérait bien pouvoir faire les emplettes elle-même. Comme pour confirmer son intérêt, les yeux aiguisés de la twi'lek furent attirés par les colosses vertigineux aux extrémités de la pièce, et un instant elle battit des cils en levant le regard au-dessus de sa tête quand elle se rendit compte que ce qu'elle avait prit pour des colonnes étranges n'étaient autre que des sculptures immenses de Hutt, qui soutenaient la voûte. Les lèvres légèrement entrouvertes, elle contempla longuement l'édifice, le nez en l'air. Tant de pierres précieuses. Rejliidic n'avait-il jamais pensé à en faire un poncho tissé d'or et constellé de ces joyaux merveilleux ?

- J'aurais bien vu un lustre, là, pour les mettre en valeur, murmura-t-elle pensivement et ses yeux finirent par se décrocher avec difficulté de la voûte mirifique. Artificiel, évidemment.

On n'allait quand même pas ajouter de vraies flammes dans le seul endroit où la température était vaguement clémente. Elle parut se rendre compte au bout de quelques secondes que s'extasier sur les pierres précieuses n'étaient pas exactement ce qu'on attendait d'elle, alors Oola se reconcentra sur son interlocuteur, non sans un petite oeillade méprisante vers le droïde.

- Sinon, il y a des oasis sympas proches d'ici ?

Certainement qu'il y avait une station balnéaire ou deux, avec un climat pareil.
Ragda Rejliidic
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La bipède s’exprimait en un Huttese maladroit, à l’accent claudiquant, qui butait sur les vocalises les plus gutturales comme un malvoyant sur le pavé inégal des ruelles historiques de Bakura city. Ragda l’observait en silence, l’œil rond. Derrière cette façade calme et attentive, se dissimulait une tempête synaptique… Les Hutts compensaient leurs tares physiques par un intellect prodigieux. Du moins c’est qu’affirmait sans sourciller le ventripotent Mogul. Sous son crâne glabre, fusaient sans trêve idées et plans douteux. Une chimie atomique qui ne faiblissait jamais, même lorsqu’il se reposait, qu’il dormait, ou qu’il comatait au soleil, englué dans son propre mucus, la gueule ouverte, langue pendue dans le vain espoir de capter une once de fraîcheur. Un tourbillon infernal, qui aurait rendu fou plus d’un intellect… Mais avec l’âge, le Hutt avait appris à trier, classer et archiver chacune de ces pensées avec une célérité à faire pâlir de jalousie un hyperdrive de classe militaire. Ainsi, tout en écoutant attentivement, une part de son esprit s’égarait en commentaires et autres remarques pseudo-philosophiques. Il disséquait son interlocutrice.

Toutes les personnes désireuses de faire carrière dans le milieu des affaires de l’espace Hutt se devaient de parler le Huttese. Sous le mot-valise « affaires », les Hutt classaient, bien entendu, toutes les activités lucratives, licites comme illicites, bien que la frontière demeuraient floue entre celles-ci. La légalité d’un acte tenait plus de l’autorisation que l’on avait reçu du Hutt dirigeant son secteur, que de la nature dudit acte. Chaque action donc, était à la fois légale et illégale, dépendant du « camp » que l’on décidait de servir. CQFD.

Pour autant, bien loin de toutes ces considérations stratégiques, une très large majorité des habitants de l’espace Hutt vivaient leur vie au jour le jour sans même se rendre compte des jeux interlopes auxquels s’adonnaient les grassouillets gastéropodes. Ceux-là, bien souvent, par la force des habitudes, comprenaient les bases du Huttese, sans jamais le parler véritablement… Ce qui n’était semble-t-il pas le cas de la Twi’lek, finalement. Ragda l’avait poussé quelque peu dans ses retranchements, mettant en doute sa maîtrise de sa langue maternelle, pour mieux la forcer démontrer le contraire. En vérité, les questions qu’il lui avait posé, avec solennité, n’avaient aucunes importantes. Pas plus que ses réponses en elle-même. Il la testait, seulement.

Bien qu’un peu rouillée, manquant de grâce et d’agilité dans la dynamique de ses phrases, la bipède au teint d’olive flétrie démontra donc sa maîtrise de la langue des Seigneurs Cul-de-jatte. Avec un « C » majuscule, il ne faut pas déconner. Une conclusion qui s’imposa à l’esprit du Hutt, sans même vraiment y réfléchir. Cela prouvait qu’elle voguait déjà dans les rets douteux de ses congénères, de prêt ou de loin. Et que pour parvenir jusqu’à son palais, elle avait probablement fait jouer quelques relations acquises par la force des affaires. En répondant à ces questions sans grand intérêt, elle venait de révéler à Ragda une part entière d’elle-même. Quelque chose de profond, de sincère, qui généralement demeurait enfuit sous les masques que l’on arborait au quotidien. Sa nature profonde. Il flottait dans l’air la douceâtre fragrance de l’impertinence, mêlée au parfum cajoleur de l’ambition. Un cocktail détonnant : celui nécessaire pour alimenter les moteurs d’une fusée destinée à propulser son ascenseur social jusqu’aux étoiles, par-delà le ciel où certains idiots utiles plaçaient la limite. Typiquement l’attitude, l’état d’esprit, d’une gosse de la rue, aux rêves impossibles, étant parvenu à contredire les statistiques, à briser sa condition, pour finalement oser, un jour, se tenir en chair et en os devant l’un des tyrans incontestés de ce secteur galactique. Un exploit, en soi.

« C’est pas faux… » lança enfin, mollement, le Hutt juché sur son estrade, démontrant sans l’ombre d’un doute son désintérêt total pour la répondre pourtant formulée avec une logique imparable. Ses énormes yeux globuleux fixaient la fine silhouette, glissant de sa tête à ses pieds comme s’ils cherchaient à arracher ses vêtements, sa peau, ses muscles et son squelette pour lire directement son âme. Ragda savait pertinemment l’effet que pouvait produire son intense regard jaune-orangé sur l’un de ces bipèdes inférieurs. Ceux qui le soutenaient un peu trop longtemps finissaient par perdre leur moyen… Les idiots seulement tentaient de lutter, les plus intelligents connaissaient leurs limites et le détournaient alors pour contempler leurs appendices bardés d’orteils boudinés… Ou le plafond en l’occurrence.

Qu’admirait-elle soudainement là-haut ? L’éclat des pierre précieuses. Un attrait bien naturel, pour qui désire pouvoir et richesse… D’autres pièces du puzzle s’assemblaient, s’imbriquaient parfaitement, révélant avec toujours plus de précision la personnalité de son hôte.

Soudain Ragda ricana. Un gloussement caverneux, retenu entre ses lèvres inexistantes plissées en un énième bourrelet sur son visage disgracieux. Il trahissait son amusement pour la réplique sorti du néant, si déplacée et incongrue que son comique ne pouvait être contrecarré.

« Un lustre dites-vous ? » Son regard fit plusieurs allers-retours entre la Twi’lek et la voûte céleste minérale. « Vous proposez de percer cette voûte millénaire, véritable œuvre d’art antique, qui a vu passer des dizaines de dynasties ? Pour quoi ? Un lustre ? Ainsi vous suggérer de sacrifier l’Histoire et le Patrimoine d’une dynastie dont je suis l’héritier légitime sur l’autel de la modernité, et de l’esthétique ? Vous êtes sérieuses ?! »

L’ultime phrase tonna comme une accusation morbide… Mais elle fut aussitôt chassée par un rire gras, tonitruant, qui frappa si durement les colonnes par ses échos sourds, que des filaments évanescents de poussière en dégringolèrent.

« Je vous apprécie de plus en plus… » parvint-il à formuler en deux quintes euphoriques. « Il faut de l’audace pour envisager d’abattre ce qui fut, pour bâtir ce qui devrait être… » Il redevint sérieux, aussi soudainement qu’il avait explosé. « … Mais si vous touchez à ma voûte, je vous écartèle moi-même. »

Le silence qui suivi cette menace fut plus assourdissant encore que ses égosillements. Une chape de plomb qui s’abattit sur l’échine de son interlocutrice. L’éclat dans l’œil du Hutt venait de changer. Il ne considérait plus la Twi’lek comme une importune opportuniste… Mais comme une potentielle partenaire d’affaire. Dont la vie ou la mort dépendait de son bon vouloir. Sa personnalité disposait, semblait-il, des qualités minimales requises pour ce poste d’intendant. Restait à voir pour le reste… Aussi, avec une once d’amusement parfaitement dissimulé, Ragda chassa son serviteur anorexique avant de se redresser de toute sa hauteur, et d’un geste mou chasser les bras articulés où étaient fixés ses écrans tactiles à présents inutiles. Avec une théâtralité surjouée, ses minuscules membres antérieurs amorphes s’emparèrent d’un long sceptre doré, donc l’extrémité s’achevait en un trident minuscule comparé à la longueur du manche. Cette arme d’apparat virevolta dans les airs, avant de pourfendre la surface d’un large bocal jusqu’alors dissimulé derrière les écrans. Lorsque Ragda le ressorti, un amphibien vaseux, à l’agonie, frétillait, percé de part en part, par les dents de la fourchette télescopique en or massif. Un revers de poignée plus tard, suivi d’un claquement de langue baveux, la pauvre créature fut engloutie, sans même avoir été mâchée. Ragda adorait sentir ses aliments se tordre de douleur dans son estomac, sentir leur espoir de survivre s’éteindre aussi lentement que leurs tissus se dissolvaient sous l’effet de ses puissants sucs gastriques…

L’instant d’après, il frappa de l’extrémité ferrée de son sceptre un dispositif dissimulé au pied de l’estrade. Toute la pièce vibra soudainement. Crissement de rouages centenaires. Même un édenté aurait eu les dents qui grincent. A la base des quatre piliers titanesques, quatre roues usinées apparurent, tournant à vive allure sur leurs axes huilés, alors que toute la salle du trône, comme s’il s’agissait d’un banal monte-charge aux dimensions impossibles, d’enfonçait vers les profondeurs du Palais. Ragda souriait. Il adorait impressionner la galerie, même lorsque celle-ci n’était composée que d’une âme esseulée. Le manège dura une trentaine de secondes. Lorsque le sol se stabilisa, Ragda et Oola trônaient au milieu d’un ensemble de bassins d’eaux thermales. Certaines froides, d’autres plus chaudes. Les volutes de fumée le permettait de l’affirmer sans l’ombre d’un doute.

« Vous vouliez une Oasis » s’amusait-il « Je vous propose de continuer votre entretient dans mes bains. » Ragda déposa le sceptre sur son support et claqua des mains. Une vingtaine d’esclaves de petites tailles, créatures poilues au nez porcin, apparurent, comme par magie. Elles déposèrent des tabourets de chaque coté de l’imposant Hutt, puis se mirent à se monter les unes sur les autres, formant deux colonnes vivantes, pieds de celles du dessus ancrés sur les épaules de celles du dessous. Ainsi, elles parvenaient péniblement à égaler la taille du gastéropode. Leurs doigts agiles, en une fraction de seconde après ces acrobaties rocambolesques, dégrafèrent le poncho à crête de leur maître, qui l’instant suivant, se retrouva nu comme un vers. Un bon gros ver obèse. Elles disparurent aussi sec, emportant avec elles le précieux tissu impeccablement plié dans une petite brouette grinçante adaptée à leur taille. Alors, Ragda quitta son estrade pour s’enfoncer dans le bassin le plus proche, d’eaux tièdes. Il reprit :

« Jadis ces bassins étaient reliés aux égouts de la ville. » Il marqua un demi second de silence pour que l’information monte au cerveau de la jeune femme, probablement anesthésie par la scène inattendue, puis continua son exposé historique douteux : « Peut-être l’ignorez-vous, mais bon nombre de mes congénères affectionnent patauger dans la fange, particulièrement celle des autres… Il m’aura fallu trois ans, et le concours volontaire de centaines de bras Klatooniens pour parvenir à racler la crasse accumulée pendant des siècles. Un long et fastidieux travail qui finalement a porté ses fruits… Les bains sont comme neuf, nettoyés de toute souillure. Peut-être ai-je passé trop de temps parmi les humains… Mais je préfère largement les eaux thermales d’importation au magma d’excréments où flottent les restes mal digérés de repas dont plus personne ne se souvient. Mettez-vous à l’aise… Et continuons… » Il se racla la gorge puis asséna sa question suivante, en basic cette fois :

« Pourquoi postuler ce poste ? Quels sont vos rêves ? Vos ambitions ? Et épargnez-moi les phrases toutes faites… »
Oola Cha'kin
Oola Cha'kin
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Un instant, Oola avait cru avoir déclenché des hurlements de rage, des hoquets de fureur, tant la voix profonde de l'énorme Hutt l'avait secouée. Le timbre guttural, saccadé, avait jailli du monstre faramineux comme un volcan aurait craché des jets des cendre et de lave, et la frêle Twi'lek avait failli prendre ses jambes à ses lekkus pour fuir l'endroit. Pourtant, un mystérieux instinct de survie la laissa plantée là, raide et les traits interdits, devant ce spectacle hors normes, qu'enfin, elle comprit : le Hutt riait.

- Oh.

Elle n'avait pu s'empêcher une exclamation contrite. La jeune twi'lek tâchait de ne rien montrer des drôles d'émotions qui l'embarrassaient à l'instant. Ayant connu le maître de sa mère toute sa vie, elle s'était figurée connaître les Hutt - leur ego, leur voix, leurs mimiques et leurs lubies, mais Ragda Rejliidic la décontenançait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Alors, elle resta là, à l'observer de ses petits yeux perçants, qu'elle plissait comme si cela avait pu l'aider à déceler de quelconques indices sur le faciès écrasé et luisant de son interlocuteur. Si semblable aux Hutts. Et si différent. Pourquoi ? Ses accessoires, peut-être ? Oui, ils étaient originaux, ce spectre...

- AH !

Oola s'était raccrochée au droïde, lâchant son datapad qui tomba au sol avec un claquement sec, mais heureusement noyé dans le grondement des voûtes et du sol. Bientôt, les bassins thermaux apparurent et, les deux mains crantées autour du bras métallique du droïde, la twi'lek écarquilla les yeux en se dévissant le cou pour regarder autour d'elle, ébahie par l'abondance soudaine de ce liquide précieux qui semblait presque absent sur le reste de la planète. Les petits êtres porcins l'étonnèrent moins que le luxe de cette vaste salle dans laquelle ils s'étaient enfoncés. Elle profita de ce que le Hutt était occupé à descendre de son estrade pour récupérer son datapad, qu'elle se hâta de coller dans les mains du droïde, avant de le repousser sans ménagement.

- Shoosh-shoosh ! chuchota-t-elle dans sa langue natale à l'attention du droïde pour le faire s'éloigner.

Ce dernier fit un tour sur place, indécis, avant de claudiquer de son pas rigide pour cheminer entre deux bassins et les laisser tranquille.

- Han-han, faisait Oola pour acquiescer, montrant une attention factice pour les propos du Hutt - elle n'en avait strictement rien à faire de l'histoire de cet endroit. Quel travail fastidieux, vous avez dû vous épuiser à la tâche.

Les Hutt aimaient bien que l'on reconnût leur implication et leur fatigue, même quand ils faisaient faire le travail, et il fallait espérer que Ragda ne différait pas trop sur ce point de vue là.
Oola s'était penchée pour commencer à défaire l'une de ses bottes emprisonnant ses pauvres pieds déformés par les talons. Elle se débarrassa d'une chaussure, puis l'autre, avec une grimace, avant de soulever sa robe pour venir mettre les pieds dans le bassin voisin à celui du Hutt - sur lequel flottait déjà, en volutes colorées à peine visibles, le mucus du gastéporode. L'eau de son bassin à elle était tiède, mais l'absence de fraîcheur ne l'empêcha pas de pousser un soupir d'aise quand elle sentit ses orteils endoloris doucement massés les remous de l'eau quand elle marchait dans le bassin.

- Ooouuh... Vous sauvez mes petons, lâcha-t-elle en remuant les chevilles, l'une après l'autre.

Elle se mit à marcher de long en large, ses mains retenant en hauteur le bas de sa robe, en se disant qu'elle savait qu'elle aurait dû préparer un maillot de bain dans sa valise. La question du Hutt ne parut pas la décontenancer, et elle leva le nez en l'air, ses faux sourcils froncés en une mimique de réflexion.

- Mmh, alors moi, c'est un peu comme vous et les égoûts. Nager dans les excréments et les restes de repas des autres, très peu pour moi. Je veux nager dans des bains recouverts de feuilles d'or et porter des bijoux qui séduiront les plus beaux humanoïdes.

Oola jeta un coup d'oeil prudent au gastéporode.

- Enfin, j'suis pas spéciste, je dis humanoïde, mais c'est juste parce qu'ils sont plus à mon goût, quoi. A ma taille, tout ça. Et donc, nous autres les twi'lek, enfin c'est pas à vous que je vais l'apprendre, on finit souvent les larbins des autres, et ma mère a toujours dit que l'argent n'achetait ni la dignité ni le bonheur, mais moi j'en crois pas un mot. J'ai toujours su que j'étais une femme faite pour des lieux...

Elle leva le nez de nouveau, fit courir ses yeux qui s'étaient illuminés à l'évocation de ce qu'elle était profondément.

- Des lieux comme ça : avec des joyaux, lavés des impuretés, faits pour les grands esprits de ce monde ! Et aussi, comme je suis plutôt futée - je vous ai dit que je manipulais les chiffres comme personne ?

Elle se dandina momentanément sur place pour faire remonter sa robe jusqu'aux cuisses, avant de descendre un peu plus profondément dans le bassin.

- Hé bien, je me suis dit, je ne suis pas vraiment une artiste, alors je serai une femme d'affaires. Et me voilà. Aujourd'hui, enfin demain, je travaillerai pour vous. Mais plus tard, vous verrez, vous serez si contents que nous serons en réalité des associés.

Oola se retourna vers le Hutt. Elle s'humidifia les lèvres du bout de la langue. Maintenant qu'elle était plus petite, sans ses talons, et qu'elle pataugeait sur place pour se détendre les jambes, elle avait plus l'air d'une petite fille déguisée en grande dame qu'une femme d'affaires, mais elle paraissait ne s'en rendre nullement compte. Elle avisa le Hutt, à la peau découverte, dont la masse de graisse dépassait largement du bassin. Etrangement, elle le trouvait plus acceptable visuellement quand il disparaissait partiellement sous la surface de l'eau. Des vapeurs humidifiaient l'atmosphère en gouttelettes que l'on devinait sur la peau, sur les colonnes entre les bassins. Oola inspira profondément.

- J'a-dore l'ambiance hammam. Vous avez pensé à recruter des musiciens ? Discrets hein, pour faire une ambiance un peu feutrée. Personne ne vous résisterait si vous négociiez dans une telle salle. Ca fait vraiment Maître de la Galaxie dans son bain, quoi.

Oola s'achemina le long de son bassin pour se rapprocher du Hutt, avant de venir s'asseoir, du bout des fesses, sur le bord, non sans resserrer sa robe autour de ses genoux. Tandis qu'elle faisait passer l'un de ses lekkus sur son épaule, comme pour se délasser, elle se pencha doucement.

- Et vous alors ? Vous rêvez de quoi en vrai ?

Qu'est-ce qu'un Hutt qui avait déjà tout pouvait bien rêver d'avoir ?

- Et ne me faites pas des phrases toutes faites, ajouta-t-elle avec un petit sourire goguenard.
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