Gary Kovani
# [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Mar 7 Mar 2023 - 0:38
Yeux clos. Pose en tailleur. Tête dressée au sommet d'une échine parfaitement rectiligne. Mains relâchées posées sur les genoux, paumes vers l'azur infini marbré de rares volutes blanchâtres. Tissu alourdi par l'humidité et la transpiration mêlée. Je médite. L'hydrométrie suffocante, balayée par de timides bourrasques tièdes, s'accroche à mes vêtements, à ma peau rougie par la chaleur. Lové dans ce rustre écrin de minéralité, je suis la marionnette consentante des éléments. Je peux sentir à travers mon pantalon bien trop léger, la morsure désagréable de la rudération chaotique de l'arche de pierre saillante sur laquelle j'ai jeté mon dévolu. Un îlot stérile qui s'élève cinquante mètres au dessus de la jungle inextricable, océan de verdure dont le vent joue avec les frondaisons. Une ondulation semblable à celle des vagues, en creux, en crêtes, qui cheminement à la surface des flots en lames écumeuses et fulminantes. Une écume de pollens, spirales aériennes presque invisibles, qui emportent les senteurs musquées des essences sauvages de cette région préservée de l'urbanisation galopante caractéristique des mondes développés.
Phindar.
Une boule de cendre et d'émeraude qui dérive au rythme des courants astraux dans ce qui fut jadis l'espace Mandalorien, depuis bien des décennies phagocyté par l'insatiable Empire Sith. L'Ennemi Millénaire. Celui que l'on avait cru, à tord, disparu dans les méandres de l'Histoire galactique, sur des rayonnages poussiéreux seulement importunés par une poignée d'adorateurs des temps révolus. Grossière erreur. Je soupire, et chasse aussitôt ces pensées parasites qui gravitent à la lisière de ma conscience apaisée.
Au dessus de ma tête, une volée de créatures multicolores hurlent aux vents. Leurs cris rauques se réverbèrent en une multitudes d'échos rapidement dévorés par le brouhaha ininterrompu de la faune florissante. Seuls les sots croient que la Nature est emprunte de calme et de sérénité, propice à la paix de l'esprit, au délassement de l'âme et des humeurs. En vérité, elle n'est que chaos assourdissant, indescriptible mélange des cris d'oiseaux, grésillement des nuées d'insectes, croassements vulgaires des amphibiens, grognements discrets des prédateurs tapis dans les ombres. A chaque inspiration, des milliers de créatures naissent, éclosent, se reproduisent. A chaque expiration, tout autant trépassent, dévorées, écrasées, déchiquetées par une chaine alimentaire implacable...
Je médite donc. Un exercice périlleux, entre conscience et inconscience, où la Nature tente de s'inviter chaque fois que mes sens percent la carapace de ma concentration. Un exercice que je maîtrise à la perfection pourtant. J'ai toujours aimé méditer. Plonger dans une transe permettant à l'esprit de s'étendre bien au delà des limites de mon enveloppe charnelle, bien plus profondément dans ma mémoire. Je fais partie d'un tout. Une pièce imbriquée dans une multitude d'autres, formant le canevas foisonnant de la Vie, agrippé à la trame invisible de la Force omniprésente. Je la laisse couler en moi, à travers moi. Mon rythme cardiaque dégringole, mes respirations se raréfient. La flamme qui m'anime, qui anime toute vie, s'étrécie jusqu'à devenir aussi insignifiante que celle d'un insecte...
Mais soudain, une onde me transperce. Un écho dans la Force, comme les remous de l'eau après le ricochet d'un galet. Je le localise sans mal. Les vrombissements des répulseurs couvrent tout autre son. La faune, apeurée, fuit, se terre, se tait. Je me retrouve bien malgré moi à l'épicentre des événements.
Bien malgré moi ? J'en doute. J'ai laissé la Force me guider jusqu'à cette arche de pierre, convaincu que quelque chose m'y attendait. Une intuition. Un pressentiment... Et maintenant que j'ai sous les yeux, la navette sombre, je comprends. Un sourire en coin s'étire lentement, timidement. La navette se pose. Coupe ses moteurs. Le silence assourdissant est de nouveau massacré, mais cette fois par le sifflement désagréable des vérins pneumatiques qui actionnent la rampe latérale. Un troupeau en sort. Assemblage compact de silhouettes sombres en armures de combat.
Je me relève alors, laisse passer la demi-seconde nécessaire à ma pression artérielle pour recouvrer sa valeur nominale. Puis je me laisse tomber. Une chute de cinquante mètres, amortie par la Force. Je retombe sur mes deux jambes pliées, un poing à terre, dans cette vaste clairière ou viennent d’atterrir les importuns. Aussitôt ils réagissent, me braquent de leurs armes. Je me relève lentement, et laisse le chapeau conique qui dissimule le sommet de mon visage et me protège de l’agressif astre diurne glisser en arrière. Cette fois, c'est un véritable sourire qui barre mes traits burinés par cette longue semaine de pérégrinations solitaires.
Je dégaine mes griffes lasers. Rouge sang. Mais laisse mon emprunte dans la Force se déployer jusqu'à celui que je ne quitte des yeux. Le souverain de Sigil. Ma silhouette, lovée dans une tenue ample et légère couleur des Ténèbres, achève de m'identifier comme un membre de l'Ordre Sith. Pourtant mon aura affirme le contraire. Enfin j'ouvre la bouche, avant qu'un membre un peu trop zélé de cette garde royale décide d'appuyer sur la détente, malgré l'absence d'ordre direct de son souverain :
« Votre Altesse Royale, souverain incontesté de Sigil, Seigneur Darth Yrlion... »
Je ponctue cette salutation officielle d'une révérence conforme à l'étiquette. J'ai bien fait mes devoirs. J'en ai appris autant que je le pouvais sur Sigil, son histoire, ses traditions... Et ses récents événements politiques. Je me redresse :
« Un jour, un être sage et quelque peu imbu de lui-même, m'a affirmé qu'on ne pouvait refuser l'invitation d'un Roi... Et comme je suis, malgré les apparences, homme à faire la part des choses, j'ai décidé d'accepter, certes avec un peu de retard, ladite proposition... »
Je ricane. Et rengaine mes griffes laser, pour exhiber un thermos de thé brûlant.
« Surpris de me voir ? Je reconnais qu'il n'a pas été facile de s'infiltrer dans l'Empire. Fort heureusement pour moi, la plupart n'ose remettre en doute la parole d'un Sith. Ou du moins ce qui s'en apparente...»
Je lève les yeux vers l'horizon. Derrière le mur végétal qui encercle la clairière, s'étend une impressionnante chaîne de montagne. Ses crêtes acérées découpent l'azur du ciel comme les dents d'une mâchoire cauchemardesque. De ce que j'ai pu comprendre, Darth Therliss se tapit là bas, quelque part, entourée d'une bande d'assassins prêt à mourir pour elle. Des acolytes parmi lesquels se trouvent, j'en suis convaincu, d'anciens padawan arrachés à l'Ordre Jedi aux premières heures de l'Exode.
« Il se pourrait, votre Altesse, que nos intérêts convergent. Alors permettez moi de mettre mes compétences à votre service... »
Trois semaines plus tôt, sur Tatooine,
Je fais les cents pas. Dans mon dos, le vieux Maître grogne. Il mesure moins d'un mètre quarante, mais il ne faudrait surtout pas faire l'erreur de se fier à sa taille pour le juger. Il a botté l'arrière train de bien plus trapus que moi. Je soupire, et accepte enfin de tenir en place, non sans croiser les bras sur ma poitrine en ultime signe de défi.
« Tu es trop impatient, mon jeune ami... »
Jeune, jeune... J'ai largement passé l'âge de me considérer comme un « jeune ». Mais pour une épave croulante comme Maitre Kalidor, ce genre de subtilité n'a aucun sens. Face à lui tout le monde est jeune, même Maître Don. J'inspire et ravale ma réponse acerbe. Le plus agaçant c'est qu'il a raison. Je suis incapable d'attendre sereinement les résultats des analyses. Enfin je m'assois, me masse les tempes. Je n'ai pas dormi depuis bien trop longtemps. Jesaëlle est entre la vie et la mort, plongée dans une cuve de bacta, à l'infirmerie dans la galerie souterrain juxtaposée au laboratoire. Oui, peut-être que je manque de sommeil, peut-être que l'état de santé de Jesaëlle m'inquiète... Peut-être que le lien que je viens de faire en compulsant les archives récentes de l'Ordre m'interdit de relâcher la pression.
« Oui, je le reconnais, je manque de patience... Mais c'est parce que des vies dépendent de ces résultats ! »
« Des vies dépendent de chacun de nos choix. Nulle vie ne vaut plus qu'une autre. Alors il convient de garder la tête froide et d'affronter l'adversité avec le recul nécessaire pour faire les bons choix. »
Purée... Que répondre à ça ? Je lève les yeux au ciel.
« Merci pour la leçon philosophique, Maître. Mais ce n'est pas pour vos conseils avisés que je suis venu requérir vos compétences... »
« Maugréer ne fera pas accélérer la chromatographie, mon ami. Explique moi plutôt ce qui me vaut une telle humeur. Parler fera passer le temps plus vite. »
Au point ou j'en suis, je suis prêt à tout...
« Roan Flox, ce nom vous dit quelque chose ? »
« Je ne crois pas. »
« Moi non plus, il ne me disait rien. Mais j'ai vérifié, à tout hasard. J'ai croisé un Seigneur Sith sur Nar Shaddaa. Je passe les détails. Un assassin Sith du nom de Roan Flox l'a menacé et tenté de le tuer. »
Il n'est vraiment pas nécessaire de rajouter que j'ai faillit boire un coup avec un adorateur de l'Obscur, ni que je me suis battu, en quelque sort, à son coté. Même un vieux maître ouvert d'esprit comme Kalidor aurait du mal à comprendre ma démarche stupide. Appelons ça un goût prononcé pour l'inconnu et les expériences douteuses.
« J'ai vérifié dans les archives de l'Ordre. J'ai retrouvé un Roan Flox. Un jeune homme détecté tardivement comme ayant un potentiel intéressant, sur un monde neutre dont je n'ai pas retenu le nom. Il a été repéré par le Chevalier El'Dor... Mais il n'a jamais été ramené au Temple. Roan, ainsi que trois autres candidats potentiels, plus jeunes, sont portés disparus depuis que le vaisseau de Maître El'Dor a été capturé par des pirates aux frontières de la République aux premières heures de l'Exode. Nous étions trop concentré à survivre, nous avons oublié cette histoire... »
« Je vois. Mais est-ce le même Roan ? La galaxie est vaste, il pourrait s'agir d'un homonyme. »
« Je ne crois pas aux coïncidences. Un candidat prometteur qui disparaît. Et cinq ans plus tard, je croise un assassin Sith qui porte le même nom ? Tout laisse penser qu'il a été capturé, puisqu'il a atterrit, d'une manière ou d'un autre, dans l'Espace Impérial où il a été formé aux Arts Obscurs. Et s'il est vivant... »
« Alors peut-être que les autres le sont aussi ? C'est ce qui justifie ton impatience ? »
J'ouvre la bouche, mais je suis coupé aussi sec par le bip du spectromètre de masse. Avec une lenteur qui manque de me faire exploser sur place, Maitre Kalidor extrait la solution, et place quelques gouttes sur une languette qu'il insère dans l'analyseur atomique.
« Tu sais que les chances de trouver une correspondance permettant de remonter une piste sérieuse sont très minces... »
« Oui, oui... Mais j'ai un bon pressentiment. Cette spalière en Beskar était portée par l'un des assassins. Il y a forcément un trace, un composé chimique ou un élément qui peut nous aider à déterminer où il était avant de rejoindre Nar Shaddaa ! »
« A condition que l'échantillon n'ait pas été pollué au point de devenir inutile. »
« Tant d'optimisme aura raison de votre cœur, Maître Kalidor... »
Soudain, une série de bip m'éjecte de mon siège. En moins d'une seconde je suis debout, presque à pousser le vieux Jedi pour prendre sa place devant l'analyseur.
« La poussière ne donne rien. Par-contre nous avons une correspondance sur un pollen. Sais-tu, mon jeune ami, que chaque pollen est unique ? Comme une emprunte digitale, il n'y a pas deux espèces de plantes ou d'être vivants qui sécrètent le même pollen... Mais encore une fois, il pourrait s'agir d'une contamination... »
« Dites toujours, et laissez moi en décider. »
« Exfolia Primatus Ergomagnis. Fleur d'albus sauvage. Espèce vénéneuse endémique de la grande chaine rocheuse de l'hémisphère Sud de Phindar... Phindar... Phindar. C'est bien dans l'espace Impérial ? »
« Oui ! Exactement ! Tout concorde ! Je le savais ! »
« Hmmm... Quelque chose me dit qu'aucun mot ne saurait te dissuader de franchir les frontières de l'Empire. Mais ce n'est pas de mon ressort. Ni du tien. Tu vas devoir te montrer persuasif pour que le Conseil autorise pareille mission sur de si maigres supputations... »
Soupire théâtral. Le Conseil Jedi... La plaie.
Phindar.
Une boule de cendre et d'émeraude qui dérive au rythme des courants astraux dans ce qui fut jadis l'espace Mandalorien, depuis bien des décennies phagocyté par l'insatiable Empire Sith. L'Ennemi Millénaire. Celui que l'on avait cru, à tord, disparu dans les méandres de l'Histoire galactique, sur des rayonnages poussiéreux seulement importunés par une poignée d'adorateurs des temps révolus. Grossière erreur. Je soupire, et chasse aussitôt ces pensées parasites qui gravitent à la lisière de ma conscience apaisée.
Au dessus de ma tête, une volée de créatures multicolores hurlent aux vents. Leurs cris rauques se réverbèrent en une multitudes d'échos rapidement dévorés par le brouhaha ininterrompu de la faune florissante. Seuls les sots croient que la Nature est emprunte de calme et de sérénité, propice à la paix de l'esprit, au délassement de l'âme et des humeurs. En vérité, elle n'est que chaos assourdissant, indescriptible mélange des cris d'oiseaux, grésillement des nuées d'insectes, croassements vulgaires des amphibiens, grognements discrets des prédateurs tapis dans les ombres. A chaque inspiration, des milliers de créatures naissent, éclosent, se reproduisent. A chaque expiration, tout autant trépassent, dévorées, écrasées, déchiquetées par une chaine alimentaire implacable...
Je médite donc. Un exercice périlleux, entre conscience et inconscience, où la Nature tente de s'inviter chaque fois que mes sens percent la carapace de ma concentration. Un exercice que je maîtrise à la perfection pourtant. J'ai toujours aimé méditer. Plonger dans une transe permettant à l'esprit de s'étendre bien au delà des limites de mon enveloppe charnelle, bien plus profondément dans ma mémoire. Je fais partie d'un tout. Une pièce imbriquée dans une multitude d'autres, formant le canevas foisonnant de la Vie, agrippé à la trame invisible de la Force omniprésente. Je la laisse couler en moi, à travers moi. Mon rythme cardiaque dégringole, mes respirations se raréfient. La flamme qui m'anime, qui anime toute vie, s'étrécie jusqu'à devenir aussi insignifiante que celle d'un insecte...
Mais soudain, une onde me transperce. Un écho dans la Force, comme les remous de l'eau après le ricochet d'un galet. Je le localise sans mal. Les vrombissements des répulseurs couvrent tout autre son. La faune, apeurée, fuit, se terre, se tait. Je me retrouve bien malgré moi à l'épicentre des événements.
Bien malgré moi ? J'en doute. J'ai laissé la Force me guider jusqu'à cette arche de pierre, convaincu que quelque chose m'y attendait. Une intuition. Un pressentiment... Et maintenant que j'ai sous les yeux, la navette sombre, je comprends. Un sourire en coin s'étire lentement, timidement. La navette se pose. Coupe ses moteurs. Le silence assourdissant est de nouveau massacré, mais cette fois par le sifflement désagréable des vérins pneumatiques qui actionnent la rampe latérale. Un troupeau en sort. Assemblage compact de silhouettes sombres en armures de combat.
Je me relève alors, laisse passer la demi-seconde nécessaire à ma pression artérielle pour recouvrer sa valeur nominale. Puis je me laisse tomber. Une chute de cinquante mètres, amortie par la Force. Je retombe sur mes deux jambes pliées, un poing à terre, dans cette vaste clairière ou viennent d’atterrir les importuns. Aussitôt ils réagissent, me braquent de leurs armes. Je me relève lentement, et laisse le chapeau conique qui dissimule le sommet de mon visage et me protège de l’agressif astre diurne glisser en arrière. Cette fois, c'est un véritable sourire qui barre mes traits burinés par cette longue semaine de pérégrinations solitaires.
Je dégaine mes griffes lasers. Rouge sang. Mais laisse mon emprunte dans la Force se déployer jusqu'à celui que je ne quitte des yeux. Le souverain de Sigil. Ma silhouette, lovée dans une tenue ample et légère couleur des Ténèbres, achève de m'identifier comme un membre de l'Ordre Sith. Pourtant mon aura affirme le contraire. Enfin j'ouvre la bouche, avant qu'un membre un peu trop zélé de cette garde royale décide d'appuyer sur la détente, malgré l'absence d'ordre direct de son souverain :
« Votre Altesse Royale, souverain incontesté de Sigil, Seigneur Darth Yrlion... »
Je ponctue cette salutation officielle d'une révérence conforme à l'étiquette. J'ai bien fait mes devoirs. J'en ai appris autant que je le pouvais sur Sigil, son histoire, ses traditions... Et ses récents événements politiques. Je me redresse :
« Un jour, un être sage et quelque peu imbu de lui-même, m'a affirmé qu'on ne pouvait refuser l'invitation d'un Roi... Et comme je suis, malgré les apparences, homme à faire la part des choses, j'ai décidé d'accepter, certes avec un peu de retard, ladite proposition... »
Je ricane. Et rengaine mes griffes laser, pour exhiber un thermos de thé brûlant.
« Surpris de me voir ? Je reconnais qu'il n'a pas été facile de s'infiltrer dans l'Empire. Fort heureusement pour moi, la plupart n'ose remettre en doute la parole d'un Sith. Ou du moins ce qui s'en apparente...»
Je lève les yeux vers l'horizon. Derrière le mur végétal qui encercle la clairière, s'étend une impressionnante chaîne de montagne. Ses crêtes acérées découpent l'azur du ciel comme les dents d'une mâchoire cauchemardesque. De ce que j'ai pu comprendre, Darth Therliss se tapit là bas, quelque part, entourée d'une bande d'assassins prêt à mourir pour elle. Des acolytes parmi lesquels se trouvent, j'en suis convaincu, d'anciens padawan arrachés à l'Ordre Jedi aux premières heures de l'Exode.
« Il se pourrait, votre Altesse, que nos intérêts convergent. Alors permettez moi de mettre mes compétences à votre service... »
****
Trois semaines plus tôt, sur Tatooine,
Je fais les cents pas. Dans mon dos, le vieux Maître grogne. Il mesure moins d'un mètre quarante, mais il ne faudrait surtout pas faire l'erreur de se fier à sa taille pour le juger. Il a botté l'arrière train de bien plus trapus que moi. Je soupire, et accepte enfin de tenir en place, non sans croiser les bras sur ma poitrine en ultime signe de défi.
« Tu es trop impatient, mon jeune ami... »
Jeune, jeune... J'ai largement passé l'âge de me considérer comme un « jeune ». Mais pour une épave croulante comme Maitre Kalidor, ce genre de subtilité n'a aucun sens. Face à lui tout le monde est jeune, même Maître Don. J'inspire et ravale ma réponse acerbe. Le plus agaçant c'est qu'il a raison. Je suis incapable d'attendre sereinement les résultats des analyses. Enfin je m'assois, me masse les tempes. Je n'ai pas dormi depuis bien trop longtemps. Jesaëlle est entre la vie et la mort, plongée dans une cuve de bacta, à l'infirmerie dans la galerie souterrain juxtaposée au laboratoire. Oui, peut-être que je manque de sommeil, peut-être que l'état de santé de Jesaëlle m'inquiète... Peut-être que le lien que je viens de faire en compulsant les archives récentes de l'Ordre m'interdit de relâcher la pression.
« Oui, je le reconnais, je manque de patience... Mais c'est parce que des vies dépendent de ces résultats ! »
« Des vies dépendent de chacun de nos choix. Nulle vie ne vaut plus qu'une autre. Alors il convient de garder la tête froide et d'affronter l'adversité avec le recul nécessaire pour faire les bons choix. »
Purée... Que répondre à ça ? Je lève les yeux au ciel.
« Merci pour la leçon philosophique, Maître. Mais ce n'est pas pour vos conseils avisés que je suis venu requérir vos compétences... »
« Maugréer ne fera pas accélérer la chromatographie, mon ami. Explique moi plutôt ce qui me vaut une telle humeur. Parler fera passer le temps plus vite. »
Au point ou j'en suis, je suis prêt à tout...
« Roan Flox, ce nom vous dit quelque chose ? »
« Je ne crois pas. »
« Moi non plus, il ne me disait rien. Mais j'ai vérifié, à tout hasard. J'ai croisé un Seigneur Sith sur Nar Shaddaa. Je passe les détails. Un assassin Sith du nom de Roan Flox l'a menacé et tenté de le tuer. »
Il n'est vraiment pas nécessaire de rajouter que j'ai faillit boire un coup avec un adorateur de l'Obscur, ni que je me suis battu, en quelque sort, à son coté. Même un vieux maître ouvert d'esprit comme Kalidor aurait du mal à comprendre ma démarche stupide. Appelons ça un goût prononcé pour l'inconnu et les expériences douteuses.
« J'ai vérifié dans les archives de l'Ordre. J'ai retrouvé un Roan Flox. Un jeune homme détecté tardivement comme ayant un potentiel intéressant, sur un monde neutre dont je n'ai pas retenu le nom. Il a été repéré par le Chevalier El'Dor... Mais il n'a jamais été ramené au Temple. Roan, ainsi que trois autres candidats potentiels, plus jeunes, sont portés disparus depuis que le vaisseau de Maître El'Dor a été capturé par des pirates aux frontières de la République aux premières heures de l'Exode. Nous étions trop concentré à survivre, nous avons oublié cette histoire... »
« Je vois. Mais est-ce le même Roan ? La galaxie est vaste, il pourrait s'agir d'un homonyme. »
« Je ne crois pas aux coïncidences. Un candidat prometteur qui disparaît. Et cinq ans plus tard, je croise un assassin Sith qui porte le même nom ? Tout laisse penser qu'il a été capturé, puisqu'il a atterrit, d'une manière ou d'un autre, dans l'Espace Impérial où il a été formé aux Arts Obscurs. Et s'il est vivant... »
« Alors peut-être que les autres le sont aussi ? C'est ce qui justifie ton impatience ? »
J'ouvre la bouche, mais je suis coupé aussi sec par le bip du spectromètre de masse. Avec une lenteur qui manque de me faire exploser sur place, Maitre Kalidor extrait la solution, et place quelques gouttes sur une languette qu'il insère dans l'analyseur atomique.
« Tu sais que les chances de trouver une correspondance permettant de remonter une piste sérieuse sont très minces... »
« Oui, oui... Mais j'ai un bon pressentiment. Cette spalière en Beskar était portée par l'un des assassins. Il y a forcément un trace, un composé chimique ou un élément qui peut nous aider à déterminer où il était avant de rejoindre Nar Shaddaa ! »
« A condition que l'échantillon n'ait pas été pollué au point de devenir inutile. »
« Tant d'optimisme aura raison de votre cœur, Maître Kalidor... »
Soudain, une série de bip m'éjecte de mon siège. En moins d'une seconde je suis debout, presque à pousser le vieux Jedi pour prendre sa place devant l'analyseur.
« La poussière ne donne rien. Par-contre nous avons une correspondance sur un pollen. Sais-tu, mon jeune ami, que chaque pollen est unique ? Comme une emprunte digitale, il n'y a pas deux espèces de plantes ou d'être vivants qui sécrètent le même pollen... Mais encore une fois, il pourrait s'agir d'une contamination... »
« Dites toujours, et laissez moi en décider. »
« Exfolia Primatus Ergomagnis. Fleur d'albus sauvage. Espèce vénéneuse endémique de la grande chaine rocheuse de l'hémisphère Sud de Phindar... Phindar... Phindar. C'est bien dans l'espace Impérial ? »
« Oui ! Exactement ! Tout concorde ! Je le savais ! »
« Hmmm... Quelque chose me dit qu'aucun mot ne saurait te dissuader de franchir les frontières de l'Empire. Mais ce n'est pas de mon ressort. Ni du tien. Tu vas devoir te montrer persuasif pour que le Conseil autorise pareille mission sur de si maigres supputations... »
Soupire théâtral. Le Conseil Jedi... La plaie.
Darth Yrlion
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Sam 11 Mar 2023 - 18:02
La méditation. C’est un exercice qui connaît bien des déclinations, une multitudes de pratiques différentes et qui est pratiqué dans différents contextes. Mais pour les êtres sensibles à la Force, qu’ils soient Siths ou Jedis, cela revenait en un sens à ne faire qu’un avec la Force. La laisser s’infiltrer au plus profond de son être, être à attentif à ses variations, la laisser vous transcender et élever votre conscience au point d’être à l’écoute des échos de l’Univers lui même… dans le but de mieux vous concentrer sur l’instant présent. Un exercice que Valtus pratiquait quotidiennement.
Enveloppé par la pénombre pourpre de la navette impériale, le Sith se focalisait sur Phindar et les raisons qui les conduisaient sur ce monde, la dizaine de gardes royaux et lui. Dans ce genre de transport militaire, le grade, la position sociale n’avait pas sa place. Les sièges étaient en nombre égal, disposés en deux rangées se faisant face, et tous étaient aussi inconfortables et proches les uns des autres. Pourtant, cela ne semblait gêner personne.
Valtus était plongé dans une profonde méditation depuis plusieurs heures déjà, de même que plusieurs de ses guerriers. Ilorna, la capitaine de la garde, était quant à elle sortie de sa méditation depuis un moment. Il régnait un silence imperturbable dans l’habitacle.
Les images de Phindar se matérialisaient de manière éparse dans l’esprit de Valtus. Une vallée, une forêt, un ciel agité, de la pluie qui tombe… Des choses banales en vérité. Mais après un si long moment à méditer, Valtus ne semblait pas vouloir se satisfaire de cela. Il décida de se montrer plus audacieux en essayant de contraindre la Force, d’une certaine manière, à lui en dire plus. Un changement d’attitude qui le dirigeait naturellement vers le Côté obscur. Rassemblant les plus noirs sentiments qu’il éprouvait à l’égard de Darth Therliss, Valtus se focalisa sur l’accomplissement de sa vengeance et de sa justice. Des flashs montrant des scènes de violence et de massacre se matérialisaient à présent. Mais il y avait aussi de nouveaux endroits… notamment une clairière… calme et paisible… adossé à flanc de montagne… une anomalie en vérité dans cet enchaînement de noirceur qui agitait son esprit. S’efforçant d’abord d’écarter ce passage de ses visions, Valtus commença à se dire que ce n’était anodin car plus il tentait d’éloigner cette vision, plus elle revenait et résistait à sa volonté et plus elle se précisait. Il y avait des pierres disposées en arche dans cette clairière et une présence… quelqu’un ou quelque chose que la Force, même le Côté obscur, semblait trouver digne d’intérêt.
Le vrombissement qui fit légèrement trembler l’habitacle de la navette signifiait qu’elle venait de quitter l’hyper-espace. L’éclairage tamisé rougeâtre en changeant en une lumière blanche vive.
// Mon seigneur, nous pénétrons dans l’atmosphère de la planète. Nous arriveront à notre destination dans une dizaine de minutes.//
Ouvrant les yeux, Valtus prit quelque secondes pour retrouver pleinement ses esprits après une méditation si longue. Alors que ses gardes finissaient de se préparer commando d’élite que l’on larguerait en plein champs de bataille, lui désactiva le point d’encrage de sa nacelle et se dirigea dans le cockpit. Une fois à l’intérieur, il se focalisa immédiatement sur l’holo-carte qui matérialisait la surface proche en dessous de la navette. Les senseurs étaient bien moins précis que ceux d’un croiseur mais cela importait peu. Valtus se fiait à autre chose que la technologie en l’occurrence.
« Nous changeons de destination, lieutenant. Mettez le cap sur ses coordonnées. »
Les nouvelles coordonnées venaient d’apparaître sur la console de pilotage. C’était un endroit à l’opposé de leur première destination et qui les éloignaient a priori du domaine de Therliss. Mais l’instinct de Valtus lui commandait de se rendre à cet endroit précisément. La présence qu’il avait perçu dans sa méditation était toujours là, le dernier flash qu’il venait d’avoir le confirmait. De plus, cette présence était devenue comme… familière.
Aussi, lorsque la navette atterrie à l’endroit que Valtus avait vu dans sa vision et que tous débarquèrent, il comprit… Garibaldi, le Jedi était là, comme à l’attendre. De son point de vue à lui, il était tenu en joug et à la merci de douze gardes tous identiques. Tous portaient les mêmes pièces d’armures noires et acier. En dessous desquelles ils portaient, les mêmes vêtements mêlant combinaisons militaires et bures de Sith. Tous portaient le même sabre-laser à la cuisse droite ou gauche dans un holster intégré. De la même manière, ils portaient tous un blaster léger sur l’autre cuisse. A la ceinture, de multiples compartiments et petits équipements étaient à disposition. Les visages étaient tous dissimulés par un casque intégral à l’exception d’un seul qui n’était dissimulé que partiellement sous une capuche, Valtus.
Que faisait-il ici ? Cela ne pouvait être un hasard pour Valtus. Les évènements de Nar Shaddaa y étaient certainement pour quelque chose… L’intervention du Jedi le confirma par la suite. Valtus fit un léger geste de la main et les gardes baissèrent aussitôt leur arme, relâchant ainsi la pression sur leur invité surprise. Valtus replia doucement le morceau de tissu qui recouvrait sa tête montrant ainsi son regard perplexe.
« Je ne sais pas ce qui me trouble le plus… Le fait que nous ayons des intérêts communs sur ce monde anodin en plein territoire impérial ou bien le fait que vous vous mettiez à mon service... »
Toujours avec la perplexité dans son regard, Valtus se tourna vers un de ses gardes, la capitaine en vérité. Là il dessina un petit sourire amusé.
« Un Jedi… au service d’un seigneur Sith… voilà qui a de l’allure ! Non ? »
Il laissa s’échapper un petit soupire de résignation cependant.
« Je sens que cette journée va être… intéressante... »
Pendant ce temps, le Jedi venait de lui servir une tasse de thé. Par politesse machinale, Valtus se saisi du récipient contenant le liquide fumant mais il ne le porta pas à ses lèvres pour autant. Ses yeux perçant se fixèrent dans ceux de Garibaldi.
« Ainsi donc… nous avons des intérêts communs ? Lesquels exactement ? »
Enveloppé par la pénombre pourpre de la navette impériale, le Sith se focalisait sur Phindar et les raisons qui les conduisaient sur ce monde, la dizaine de gardes royaux et lui. Dans ce genre de transport militaire, le grade, la position sociale n’avait pas sa place. Les sièges étaient en nombre égal, disposés en deux rangées se faisant face, et tous étaient aussi inconfortables et proches les uns des autres. Pourtant, cela ne semblait gêner personne.
Valtus était plongé dans une profonde méditation depuis plusieurs heures déjà, de même que plusieurs de ses guerriers. Ilorna, la capitaine de la garde, était quant à elle sortie de sa méditation depuis un moment. Il régnait un silence imperturbable dans l’habitacle.
Les images de Phindar se matérialisaient de manière éparse dans l’esprit de Valtus. Une vallée, une forêt, un ciel agité, de la pluie qui tombe… Des choses banales en vérité. Mais après un si long moment à méditer, Valtus ne semblait pas vouloir se satisfaire de cela. Il décida de se montrer plus audacieux en essayant de contraindre la Force, d’une certaine manière, à lui en dire plus. Un changement d’attitude qui le dirigeait naturellement vers le Côté obscur. Rassemblant les plus noirs sentiments qu’il éprouvait à l’égard de Darth Therliss, Valtus se focalisa sur l’accomplissement de sa vengeance et de sa justice. Des flashs montrant des scènes de violence et de massacre se matérialisaient à présent. Mais il y avait aussi de nouveaux endroits… notamment une clairière… calme et paisible… adossé à flanc de montagne… une anomalie en vérité dans cet enchaînement de noirceur qui agitait son esprit. S’efforçant d’abord d’écarter ce passage de ses visions, Valtus commença à se dire que ce n’était anodin car plus il tentait d’éloigner cette vision, plus elle revenait et résistait à sa volonté et plus elle se précisait. Il y avait des pierres disposées en arche dans cette clairière et une présence… quelqu’un ou quelque chose que la Force, même le Côté obscur, semblait trouver digne d’intérêt.
Le vrombissement qui fit légèrement trembler l’habitacle de la navette signifiait qu’elle venait de quitter l’hyper-espace. L’éclairage tamisé rougeâtre en changeant en une lumière blanche vive.
// Mon seigneur, nous pénétrons dans l’atmosphère de la planète. Nous arriveront à notre destination dans une dizaine de minutes.//
Ouvrant les yeux, Valtus prit quelque secondes pour retrouver pleinement ses esprits après une méditation si longue. Alors que ses gardes finissaient de se préparer commando d’élite que l’on larguerait en plein champs de bataille, lui désactiva le point d’encrage de sa nacelle et se dirigea dans le cockpit. Une fois à l’intérieur, il se focalisa immédiatement sur l’holo-carte qui matérialisait la surface proche en dessous de la navette. Les senseurs étaient bien moins précis que ceux d’un croiseur mais cela importait peu. Valtus se fiait à autre chose que la technologie en l’occurrence.
« Nous changeons de destination, lieutenant. Mettez le cap sur ses coordonnées. »
Les nouvelles coordonnées venaient d’apparaître sur la console de pilotage. C’était un endroit à l’opposé de leur première destination et qui les éloignaient a priori du domaine de Therliss. Mais l’instinct de Valtus lui commandait de se rendre à cet endroit précisément. La présence qu’il avait perçu dans sa méditation était toujours là, le dernier flash qu’il venait d’avoir le confirmait. De plus, cette présence était devenue comme… familière.
Aussi, lorsque la navette atterrie à l’endroit que Valtus avait vu dans sa vision et que tous débarquèrent, il comprit… Garibaldi, le Jedi était là, comme à l’attendre. De son point de vue à lui, il était tenu en joug et à la merci de douze gardes tous identiques. Tous portaient les mêmes pièces d’armures noires et acier. En dessous desquelles ils portaient, les mêmes vêtements mêlant combinaisons militaires et bures de Sith. Tous portaient le même sabre-laser à la cuisse droite ou gauche dans un holster intégré. De la même manière, ils portaient tous un blaster léger sur l’autre cuisse. A la ceinture, de multiples compartiments et petits équipements étaient à disposition. Les visages étaient tous dissimulés par un casque intégral à l’exception d’un seul qui n’était dissimulé que partiellement sous une capuche, Valtus.
Que faisait-il ici ? Cela ne pouvait être un hasard pour Valtus. Les évènements de Nar Shaddaa y étaient certainement pour quelque chose… L’intervention du Jedi le confirma par la suite. Valtus fit un léger geste de la main et les gardes baissèrent aussitôt leur arme, relâchant ainsi la pression sur leur invité surprise. Valtus replia doucement le morceau de tissu qui recouvrait sa tête montrant ainsi son regard perplexe.
« Je ne sais pas ce qui me trouble le plus… Le fait que nous ayons des intérêts communs sur ce monde anodin en plein territoire impérial ou bien le fait que vous vous mettiez à mon service... »
Toujours avec la perplexité dans son regard, Valtus se tourna vers un de ses gardes, la capitaine en vérité. Là il dessina un petit sourire amusé.
« Un Jedi… au service d’un seigneur Sith… voilà qui a de l’allure ! Non ? »
Il laissa s’échapper un petit soupire de résignation cependant.
« Je sens que cette journée va être… intéressante... »
Pendant ce temps, le Jedi venait de lui servir une tasse de thé. Par politesse machinale, Valtus se saisi du récipient contenant le liquide fumant mais il ne le porta pas à ses lèvres pour autant. Ses yeux perçant se fixèrent dans ceux de Garibaldi.
« Ainsi donc… nous avons des intérêts communs ? Lesquels exactement ? »
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Pénitencier de Dol Arthen, quartier de haute-sécurité – Sigil ** Un mois plutôt **
Évoquer Dol Arthen provoquait toujours la même réaction chez les sigiliens. D’abord une profonde terreur à l’idée d’y être envoyé un jour suivie d’une forme de tristesse pour celui ou celle qui s’y trouvait ou qui y serait envoyé. Il y avait de nombreuses prisons sur Sigil, mais aucune d’entre elles n’égalait Dol Arthen. Destiné à accueillir les criminels de toute sorte, mais aussi ceux que le pouvoir considérait comme des opposants politiques, des séditieux et autres renégats ou indésirables, le complexe était à la pointe de la technologie.
Situé en périphérie de la capitale, le bâtiment était doté d’une architecture agréable et harmonieuse à l’œil. De la végétation et des aménagements urbains divers occupaient tout le pourtour de l’enceinte sécurisée. A l’intérieur, chaque prisonnier bénéficiait d’une cellule privative avec tout le confort nécessaire. Une couche auto-régulée qui adapte la température du matelas en fonction de la température du corps, les sanitaires et douche auto-nettoyant, évacuation et fourniture automatique pour le linge sale et propre sur demande. Et enfin, distributeur automatique et à volonté de nourriture. Tout était fait pour s’assurer que les prisonniers restent en vie… et même que celle-ci soient la plus longue possible. Car si lorsqu’on était envoyé à Dol Arthen, ce n’était pas pour purger une peine de prison ordinaire, mais plutôt pour y être « rééduquer ».
Le discours était toujours le même lorsque les prisonniers arrivaient le premier jour. « Dol Arthen est une chance pour vous. Vous allez pouvoir faire le point sur votre vie passée, sur vos actions et comprendre pourquoi elles sont contraire à l’ordre et au bien commun. Nous vous aiderons et nous vous formerons à devenir des citoyens utiles et de loyaux sujets... » etc etc.
Une rééducation qui devait être dispensé lentement, très lentement pour être efficace et « acceptée sincèrement »… le tout dans la plus grande sérénité et à l’abri du tumulte du monde extérieur grâce à un système insonorisation global redoutable… La propagande était belle et donnait presque envie.
Le calme olympien qui régnait d’ordinaire dans les couloirs du pénitencier était quelque peu malmener cependant en ce premier jour de l’été sur Sigil. Les droïds d’entretien s’affairaient comme jamais à nettoyer plafonds, sols et cloisons pourtant déjà parfaitement aseptisés. Les gardiens de la prison étaient tous pris d’une tension particulièrement forte et d’un stress perceptible.
Tous se mettaient littéralement au garde à vous lorsque Valtus, accompagné par deux gardes royaux, passait devant eux et franchissait les points de sécurité, sans leur accorder le moindre intérêt. L’Administrateur de la prison, à l’uniforme impeccable, le précédait et désactivait en personne les ses de sécurité pour que le souverain éteigne le plus rapidement possible la « salle de rééducation 05 ».
Une fois devant, Valtus commanda à ses gardes de rester en sentinelle à l’extérieure comme d’ordinaire et, alors que l’Administrateur s’apprêtait à le suivre, il commanda à la porte de la salle de se refermer aussitôt.
La salle de rééducation 05. L’une des plus célèbre du pénitencier. C’est dans cette salle que les prisonniers les plus réputés, les plus estimés étaient reçus. C’est également la seule salle qui disposait du matériel le plus moderne et le plus sophistiqué. Paré de son costume royale sombre, Valtus faisait presque tâche en dans l’environnement blanc immaculé de la salle. Il n’y avait aucune décoration, ni aucune table, ni aucune station de travail visible. Seulement une console devant laquelle se trouvait un homme. Il portait l’uniforme des gardiens du pénitencier mais avec une sorte de blouse blanche ajustée à ses courbes par-dessus. La console affichait des données biométriques diverses et matérialisait l’hologramme détaillée de la silhouette d’un individu.
L’individu en question se trouvait dans la salle lui aussi, à trois mètres tout au plus du gardien. Pris comme dans un champ de stase, son corps dénudé et en sueur flottait à moins d’un mètre du sol. A priori, il était inconscient ou faisait mine de l’être. Son visage d’apparence juvénile et exsangue de tous défauts ferait presque oublier le fait qu’il était un assassin parmi les Siths.
Le gardien s’inclina de manière martiale lorsque Valtus d’approche de lui. Cependant, le Sith ne s’arrêta pas et se dirigea directement vers le champs de stase et se mit à observer dans le détail chaque partie du corps du prisonnier.
« C’est extra-ordinaire… J’ai beau avoir vu cet appareil fonctionner à de multiples reprises, je suis toujours stupéfaits par les résultats… Son corps est en parfait état ! Aucune trace, aucune marque, aucun hématome. C’est stupéfiant ! »
« Je vous remercie, mon seigneur. L’Académie tient à cœur de donner le meilleur d’elle même pour que votre justice soit rendue le plus... efficacement... possible. »
« Fascinant… Est-il inconscient ? »
« Pour le moment, oui. Cela fait partie du processus. Le sujet est d’autorité plongé dans une phase de sommeil profond durant quelques minutes. Juste le temps qu’il faut au réseau synaptique pour… récupérer. »
S’attardant plus avant, Valtus observa la tête du prisonnier sur laquelle on avait installé une sorte de bandeau cybernétique qui en faisait tout le tour. Joignant le geste à la parole, l’officier pénitentiaire afficha un hologramme du cerveau du prisonnier et commença à entrer dans des explications qui fascinait véritablement le monarque.
« L’inhibiteur fonctionne bien ? »
« A la perfection, Majesté. Depuis son arrivé dans le complexe, le prisonnier n’a plus aucun lien avec la Force. »
Comme par réflexe, au moment même où il avait posé la question, Valtus avait de lui même mis à l’épreuve le fonctionnement de l’inhibiteur à travers la Force. Le prisonnier était véritablement coupé de la Force. Une prouesse à mettre cette fois au crédit de l’Inquisition impériale.
« Le cycle de récupération est terminé, Majesté. »
Valtus se redressa alors, prenant un légère inspiration.
« Bien… Roan ? Est-ce que tu m’entends ? »
Les yeux du jeune homme s’ouvrirent aussitôt effaçant dans le même temps les traits paisibles de son visage endormi. Le champs de stase n’entravait pas totalement ses mouvements, il était important que le sujet puisse bouger, même de façon limitée, d’après les mots de l’officier. De même, ce n’était pas un champs de force à proprement parlé, il était donc possible de passer à travers.
« Non ! Ça va recommencer … !! Pitié !! Non…!!! Il faut que ça s’arrête !! Pitié !! »
Valtus demanda alors au droïd-med qui se trouvait là de lui donner à boire. Après un instant, une gourde apparut dans un des compartiments de la machine. Le monarque se saisit de la gourde et s’approcha du prisonnier, traversant légèrement le champs de stase pour lui porter lui même aux lèvres, comme s’il était soudainement pris de pitié et d’affection devant cette détresse sincère. D’abord réticent, Roan posa ses lèvres et commença à boire avec empressement.
« Là… là… il faut boire doucement pour que cela fasse totalement effet… C’est une solution énergétique qui va renforcer ton organisme et te redonner de la force et de l’endurance...»
Valtus pris bien le temps d’attendre que la gourde soit parfaitement vide pour se retirer. Il la reposa délicatement dans le compartiment et s’adressa à nouveau à Roan.
« Les choses vont mal se terminer pour toi, Roan, vraiment. Roan Flox… ancien padawan qui a voulu rejoindre les rangs impériaux, les Sith et qui a voulu devenir Assassin de part son potentiel et ses prédispositions avec la Force…
J’admire ton audace et ton courage… Un tel changement de vie… pfiou… ce n’est pas rien. Mais je pense que tu t’en rends pleinement compte maintenant… Chez les Sith, les erreurs peuvent se payer très cher. »
Il se tourna alors vers l’opérateur et lui demande de commencer. Esquissant un sourire, l’opérateur activa une série de commandes sur la console. Roan se mit à hurler de douleur et ses membres à se crisper. S’écartant, Valtus se rapprocha de la console et demanda quelques détails.
« Comme vous le voyez, Majesté, liaison entre le terminal et le réseau neural est parfaitement stable, ce qui assure une stimulation des différentes zones du cerveau dès pus efficace. »
« Effectivement. Le programme est donc capable d’identifier quelles parties du cerveau gèrent les différentes parties du corps et peut les stimuler de manière à leur donner de fausses informations ? »
« C’est cela. Le programme dresse une sorte de carte précise du système nerveux du prisonnier et les centres névralgiques qui les relient et ensuite… hé bien… on peut leur faire croire ce que l’on veut. »
Les cris de douleurs et les suppliques de Roan ne semblaient pas inquiéter le moins du monde les deux personnages qui ne semblaient même pas les entendre.
« Actuellement le programme stimule la zone du cerveau relative à la régulation de la température du corps. Avec les algorithmes actuels, le cerveau du prisonnier traduit comme s’il était en train de brûler de l’intérieur. »
« Fascinant… Mais je remarque comme des marques sur son torse… est-ce normal ? »
« Absolument, Majesté. Le corps réagit naturellement à ce qu’il pense être réel. Mais rassurer vous, les marques disparaissent aussitôt la stimulation interrompue. Voyez plutôt. »
L’officier entra des nouveaux paramètres. Les hurlements de Roan disparurent et il se mit à suffoquer et à être saisi du spasmes. S’approchant de lui, Valtus observa que les marques rouges sur sa peau étaient en train de disparaître.
« C’est du très beau travail… Il est en train de s’étouffer ? »
« Oui. Le programme commande aux alvéoles de ses poumons de rester fermée ce qui simule l’absence d’air dans la pièce. »
« Impressionnant. Accordez lui une pause, je vous prie. »
Aussitôt le programme stoppé, Roan démultiplia les efforts pour reprendre son souffle avec soulagement. Les larmes coulaient déjà sur ses joues blêmes.
« Pitié… Mon Seigneur… je vous en supplie... »
« Dis moi ce que je veux savoir, Roan… tout simplement… et tu as ma parole que tout s’arrêtera. »
Le prisonnier ne put se retenir et éclata en sanglot. Ce n’était ni la fatigue, ni la perspective apaisante de cette promesse que venait de lui faire Valtus qui provoquait cette émotion…
« Je vous ai dit tout ce que je savais !!! »
« Je connais les planètes que tu m’as donné… comme tout le monde d’ailleurs ! Et Therliss ne se trouve sur aucune d’elle… Allons, Roan, la question est simple… où se trouve le repère de Darth Therliss ? »
« Je vous l’ai déjà dit… elle ne me contactait ou ne me rencontrait que sur Korriban et à chaqu... »
Exaspéré de ne pas entendre ce qu’il voulait, Valtus tourna les talons en fit signe à l’officier de reprendre le programme.
« Attendez un instant… Est ce qu’il y a un record d’endurance ? »
Après une légère hésitation, l’officier lui répondit sur un ton affirmatif.
« H4-D… Le prisonnier matricule H4-D… il a tenu presque une journée consécutive avant que le cœur lâche. »
Valtus haussa un sourcil d’étonnement. L’officier indiqua alors au monarque que Roan était supplicié depuis plus de six heures déjà. Il se tourna vers Roan qui tremblait de froid.
« Te voilà dans la course ! A toi de voir si tu veux établir un nouveau record ! Je suis à ta disposition si tu trouves la réponse à ma question ! D’ici là…. »
Il s’adressa alors sur un ton plus bas à l’officier.
« D’ici là, il ne bouge pas d’ici. Continuez jour et nuit … organisez des relèves … vous avez carte blanche. Inutile de précisez que vous aussi, ainsi que votre unité, êtes dans la course. Car il est inenvisageable que notre cher invité meurt au bout d’une journée… ni même qu’il meurt tout court d’ailleurs. C’est entendu ? »
« Nous ferons le maximum, mon seigneur. »
« Oh… je crois que vous ferez mieux que ça, vraiment. Car s’il venait à mourir avant que je le décide, je vous accorderait le privilège de tester en personne, ainsi qu’à tous vos collègues, votre création. »
Le Sith libéra alors la salle de rééducation 05 de sa personne et laisser l’unité disciplinaire accomplir son devoir dans la plus grande sérénité.
Gary Kovani
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Jeu 16 Mar 2023 - 23:22
La fatidique question est posée. Prévisible. Aussi inéluctable que la disparition de la Force elle-même, un jour, lorsque tout vie, toute matière et toute énergie a été dispersée aux quatre coins de l’univers. Pensée réconfortante non ? De ce dire que toutes ces conneries auront un jour une fin définitive... Ou pas. Car à l'extinction des temps, les ténèbres sidérales triompheront... Je chasse cette pensée parasite, et réponds enfin. Après quelques secondes de flottement allégrement monopolisées par la cacophonie entêtante de la faune indifférente à mes jeux de mots et d’esprit :
« Disons que je cherche également votre Némésis… Mais pour un tout autre motif que la réparation d’un affront qu’un Monarque de votre envergure ne peut ignorer et laisser passer. »
S’il est vrai qu’on ne peut, en théorie, rien refuser à un souverain despotique tout puissant, c’est parce qu’ils ont la fâcheuse tendance à surréagir aux offenses. Si certains obéissent aveuglément à leur égo surdimensionné, dans le cas du Seigneur Yrlion, je crois plutôt deviner des motivations plein plus pragmatiques : affirmer son statut et son autorité en terrassant de sa propre main celle qui pourrait devenir, dans le cas contraire, une opposante et une menace de premier ordre. Je laisse échapper un léger sourire, alors que je peux ressentir au travers de la Force la tempête de questions qui déferle sous le crâne de mon interlocuteur. Je concentre tout mon attention sur lui… Ses soldats anonymes, clones les uns des autres, ne m’inspire aucun intérêt particulier. De simples pantins obéissants. Magnanime, je me décider à abréger la torture, avant que les zones d’ombres se meuvent en des pensées suspectes quant aux raisons de ma présence, ici, sur Phindar, en territoire Impérial. Aucun utilisateur de la Force, Lumineux ou Ténébreux, ne croit aux coïncidences, ce qui pousse parfois aux conclusions hatives. Je croise les bras sur le torse :
« Je de bonnes raisons de croire que Darth Therliss détient d’ancien padawan devenu assassins à sa solde. J’ai une liste de noms potentiels, c’est plus qu’une simple intuition. S’il existe une chance qu’au moins l’un d’eux puisse être ramené du coté lumineux, cela vaut tous les risques… Même celui de place ma lame et ma vie entre les mains d’un Seigneur Sith… »
J’avance lentement, casse la distance. Chaque pas m’expose un peu plus aux représailles. Le grand Yrlion pourrait simplement rire de ma proposition et ordonner à ses hommes de désintégrer sur place. Bien malin serait celui capable d’anticiper les réactions d’un adorateur de l’obscurité. Pourtant ce geste atteste de mes intentions, celle de me place sous sa coupe l’espace d’une vendetta. Je crois sincèrement que le souverain de Sigil n'est pas homme à dégainer son sabre avant d’obtenir toutes les réponses.
« Mais pourquoi donc accepteriez-vous mon aide ? J’imagine que la question vous brûle autant les neurones que les lèvres. Effectivement. Pourquoi ? Simplement parce que je suis le grain de sable vous assurant une possible victoire. »
Je m’arrête. A moins d’une dizaine de mètre du contingent. Je croise les bras dans mon dos, puis commence à faire les cents pas, de gauche à droite, tout en exposant les conclusions de mon enquête. A la manière de ces détectives calculateurs que l’on peut observer dans les holofilms bas de gamme :
« Darth Therliss a tout préparé, dans les moindres détails. Un plan muri. Elle n’a jamais eu l’intention de vous tuer sur Nar Shaddaa. Sinon elle n’aurait pas envoyé une aussi maigrelette bande d’assassins de seconde zone, incapable de faire face à vos talents et à ceux de votre escorte. Non. Elle vous observe depuis longtemps. Elle vous connait. Vos qualités, vos défauts, vos moyens, votre manière d’agir et de penser. Elle a volontairement envoyé une poignée de ses pions à l’abattoir. Un sacrifice rituel pour conjurer votre colère, pour vous provoquer. Elle savait que vous ne pourriez laisser passer cette humiliation, surtout venant d’elle… Elle a tout fait pour que vous sachiez parfaitement qui se dissimulait derrière la tentative de meurtre éhontée en terrain neutre. Tout ça n’était que la première étape de son grand plan : vous attirer ici, dans son piège, sur son territoire, là où elle a planifié de longue date votre venue. Ces montages derrière vous sont votre tombeau à ciel ouvert… Elle est le lion tapit dans l’ombre, et vous le rat qu’elle s’apprête à dévorer vivant. »
Une bien funeste prophétie, qui pourrait, malgré moi, déclencher la colère du souverain. Aussi, je continue ma démonstration :
« Mais j’imagine que vous le saviez déjà. Seulement vous êtes coincé : agir et tomber dans le piège, ou bien ne rien faire, perdre la face, et laisser le temps à votre ennemie de devenir encore plus dangereuse. Dilemme. Oui. Sauf qu’il y a une faille dans le plan parfait de Darth Therliss. Un élément inconnu, imprévu, improbable même : »
Je m’arrête enfin, bombe le torse.
« Moi »
Tadaaaa. Pause théâtrale. Haha. Je mériterai la statuette du meilleur acteur. Et celle du meilleur scénariste aussi.
« Son piège a été calibré dans les moindres détails. Pratiquement infaillible. Vous êtres pris dans son étau, contraint de jouer un jeu dont elle a défini les règles. Mais qui a été élaboré pour vous, mon très cher Seigneur Yrlion. Vous et vos hommes. Jamais elle n’aurait pu prévoir qu’un Jedi aux tendances suicidaires serait de la partie. Elle n’a surement rien vu venir, et n’a pas eu le temps de rebattre ses cartes pour ajuster sa main. Donc, oui. Moi. Je suis ce grain de sable, l’élément perturbateur, l’électron libre, la carte « règles du jeu » oubliée dans la pioche, qui menace de gripper les rouages huilés de son traquenard savamment orchestré…
Je me suis laissé persuader que vous êtes un homme de parole. Alors passons ce marché :
Je vous accompagne, je place ma lame et ma vie entre vos mains pour que vous puissiez faire taire définitivement celle qui vous provoque et vous menace. En contrepartie, si l’occasion s’en présente, je demande simplement une chance de me laisser sauver un seul de ses anciens padawan, si j’en trouve un qui peut encore être libéré de ses démons. Vous tuerez un puissant Sith, tout en me permettant de ramener un Jedi à la raison. L’équilibre dans la Force sera ainsi préservé… Et je pense que c’est justement pour cela que la Force a mêlé nos destins… »
J’avance encore. Je ne suis plus qu’à cinq mètres du groupe. Assez proche pour subir de plein fouet une vague de force, une décharge d’éclairs, ou un lancer de sabre. Mon cœur s’accélère soudain. Derrière mon apparente assurance se dissimule un puits sans fonds d’incertitudes et de doutes. Je vie, peut-être, les derniers instants de ma trouble existence de Jedi indiscipliné. J’inspire lentement. Non. J’ai toujours fait confiance à mon instinct : et en cet instant, il ne m’ordonne pas de fuir… J’espère juste qu’il ne va pas me demander de cracher dans ma main pour sceller notre accord ! Je préfère encore qu’on s’entaille les avants bras pour le forger dans le sang fratricide…
Trois semaines plus tôt, devant le Conseil Jedi,
« … Impensable ! Il est malheureux que de jeunes novices aient été capturés par l’Empire, mais nous n’y pouvons plus rien. Nous avons d’autres priorités. Notre Ordre est morcelé, notre sécurité est menacée. Les Jedi perdus sont légion… Je refuse de cautionner l’envoi de l’un des nôtres à l’intérieur des frontières de l’Empire. C’est du suicide ! Il y a le risque humain… Mais aussi politique. Une telle provocation pourrait remettre le feu aux poudres. Imaginez si l’Empire s’en saisissait pour relancer ses hostilités envers la République, ou bien monnayer les Jedi enfermés dans les geôles Républicaines en échange de la paix ? »
Je dois prendre sur moi pour ne pas bailler. La diatribe du vieux bougon dure ainsi depuis de bien trop longues minutes. Interminables. Une vraie torture. Un « non » aurait amplement suffit. Mais non. Lorsque Maitre Pulos estime qu’il doit approfondir sa pensée pour que chacun puisse profiter des miettes éparse de sa sage réflexion, il n’hésite pas. Un peu comme ces octogénaires assis sur un banc public, qui balancent des morceaux de pains aux pigeons quémandeurs. Oui, aujourd’hui c’est moi le pigeon quémandeur. Je détourne quelques instants les yeux de son impressionnante silhouette, lovée dans un kimono qui peine à dissimuler sa pilosité abondante. Au-dessus de ma tête, dans le creux du dôme arraché à la roche brute, une colonie de vers luisants se moque de ma position précaire. Debout, seul, entouré des Grands Maitres du Conseil assis dans leurs fauteuils austères, bien loin du luxe qu’ils ont connu au Temple Jedi d’Ondéron. Cette pièce fut l’une des premières creusées, après les quartiers d’habitation nécessaire à la survie des premiers arrivants. Une pièce circulaire, un dôme… Mais la comparaison avec la chambre du Conseil d'Ondéron s’arrête là. Aucune sculpture, dorure ou fresque antique rappelant les grands moments de notre Ordre n’égaye la monotonie minérale qui nous écrase de sa masse poisseuse d’humidité. La condensation, principalement née, j’imagine, des souffles atterrés du Bothan, lui donne un aspect étrange, comme si un importun s’était amusé à appliquer sur la roche une fine couche de vernis brillant. Il faut dire que bâtir un Temple souterrain est une idée géniale en ce qui concernant la sécurité… Mais au prix d’une ventilation digne de ce nom… M’enfin, au moins nous arrivons, ici, à conserver une température bien inférieure à celle suffocante du désert aride au-dessus de nos têtes. De quoi je me plains ?
Enfin Maitre Pulos se tait. J’expire et reporte mon regard sur le Grand Maitre Hunter Licht. J’ignore quoi penser de lui encore. Mais par défaut, je n’apprécie guère ceux qui décident de siéger au Conseil plutôt que d’arpenter la galaxie pour permettre à notre crédo millénaire de repousser les ombres. Nos regards se croisent. Intenses. Je frissonne. L’espace d’une seconde j’ai l’impression qu’il déchire mon âme pour en extraire son essence. Sans un mot, d’un simple geste, il m’invite à répondre.
« L’espoir. »
Un simple mot, mais dont les racines sont profondément enfuies dans les strates historiques de notre Ordre. Une entrée en matière efficace, efficiente même. Qui attire autant l’attention qu’elle déclenche le désir d’entendre la suite.
« Nous avons été trahis, chassés, pourchassés. Certains des nôtres sont encore emprisonnés, à la merci d’un allier devenu subitement ennemi. Je ne suis pas là, devant vous, pour faire de la politique fiction. Oui, les risques sont élevés… Mais je crois que nous avons terriblement besoin d’un nouvel espoir. Nous avons reconstruit, avec les moyens à notre disposition, notre Temple. Mais nos membres, surtout les plus jeunes, sont encore hantés par l’Exode. Ils sont fragilisés, même s’ils le cachent, par peur de décevoir les Chevaliers et Maitres que nous sommes. Alors non, nous n’avons pas juste besoin de retrouver quelques Jedi disparus pour regrossir nos rangs. Nous avons besoin d’un symbole fort…
Je ne vous demande pas d’approuver ma mission en réfléchissant avec vos cerveaux… Mais avec vos cœurs. Si j’échoue, que risquons-nous ? Perdre un membre de plus ? Nous nous en remettrons… Mais si je réussi : je reviendrai avec des novices perdus de longue date, pervertis par les ténèbres, ramenés dans notre nouveau foyer pour être sauvés d'eux-mêmes. Le symbole de renouveau, voilà ce que je propose. Qui transformera ce Temple de pierre en un havre de paix ou même les âmes égarés et déchirées par le doute et l’obscurité peuvent guérir et renaitre. Notre nouveau foyer.
C’est pour cette raison que je vous demande d’accepter l'emprunt trois cristaux Kyber corrompus, et de me laisser gagner Phindar à bord de mon vaisseau. Ainsi, je pourrai aisément me faire passer pour un Sith auprès de la population locale… Je ne peux vous promettre de réussir… Mais je peux vous assurer que je ferai le nécessaire pour revenir avec les novices perdus, s'ils sont encore en vie... »
Un discours préparé depuis plusieurs jours. Il sonnait mieux sur le papier et dans ma tête. Je soupire. Ai-je été assez convaincant ? Lorsque l’on désire l’inacceptable, il ne reste plus qu’à jouer sur les sentiments plutôt que la raison, non ? Sur ma droite, la vénérable Jiljoo’blankuna bouge imperceptiblement. Hunter et elle ne se quittent plus du regard… Ils échangent télépathiquement leurs pensées les plus pures. Celles qui ne se parent pas des atours grotesques du langage. Mon petit doigt me dit que je vais rapidement être fixé…
« Disons que je cherche également votre Némésis… Mais pour un tout autre motif que la réparation d’un affront qu’un Monarque de votre envergure ne peut ignorer et laisser passer. »
S’il est vrai qu’on ne peut, en théorie, rien refuser à un souverain despotique tout puissant, c’est parce qu’ils ont la fâcheuse tendance à surréagir aux offenses. Si certains obéissent aveuglément à leur égo surdimensionné, dans le cas du Seigneur Yrlion, je crois plutôt deviner des motivations plein plus pragmatiques : affirmer son statut et son autorité en terrassant de sa propre main celle qui pourrait devenir, dans le cas contraire, une opposante et une menace de premier ordre. Je laisse échapper un léger sourire, alors que je peux ressentir au travers de la Force la tempête de questions qui déferle sous le crâne de mon interlocuteur. Je concentre tout mon attention sur lui… Ses soldats anonymes, clones les uns des autres, ne m’inspire aucun intérêt particulier. De simples pantins obéissants. Magnanime, je me décider à abréger la torture, avant que les zones d’ombres se meuvent en des pensées suspectes quant aux raisons de ma présence, ici, sur Phindar, en territoire Impérial. Aucun utilisateur de la Force, Lumineux ou Ténébreux, ne croit aux coïncidences, ce qui pousse parfois aux conclusions hatives. Je croise les bras sur le torse :
« Je de bonnes raisons de croire que Darth Therliss détient d’ancien padawan devenu assassins à sa solde. J’ai une liste de noms potentiels, c’est plus qu’une simple intuition. S’il existe une chance qu’au moins l’un d’eux puisse être ramené du coté lumineux, cela vaut tous les risques… Même celui de place ma lame et ma vie entre les mains d’un Seigneur Sith… »
J’avance lentement, casse la distance. Chaque pas m’expose un peu plus aux représailles. Le grand Yrlion pourrait simplement rire de ma proposition et ordonner à ses hommes de désintégrer sur place. Bien malin serait celui capable d’anticiper les réactions d’un adorateur de l’obscurité. Pourtant ce geste atteste de mes intentions, celle de me place sous sa coupe l’espace d’une vendetta. Je crois sincèrement que le souverain de Sigil n'est pas homme à dégainer son sabre avant d’obtenir toutes les réponses.
« Mais pourquoi donc accepteriez-vous mon aide ? J’imagine que la question vous brûle autant les neurones que les lèvres. Effectivement. Pourquoi ? Simplement parce que je suis le grain de sable vous assurant une possible victoire. »
Je m’arrête. A moins d’une dizaine de mètre du contingent. Je croise les bras dans mon dos, puis commence à faire les cents pas, de gauche à droite, tout en exposant les conclusions de mon enquête. A la manière de ces détectives calculateurs que l’on peut observer dans les holofilms bas de gamme :
« Darth Therliss a tout préparé, dans les moindres détails. Un plan muri. Elle n’a jamais eu l’intention de vous tuer sur Nar Shaddaa. Sinon elle n’aurait pas envoyé une aussi maigrelette bande d’assassins de seconde zone, incapable de faire face à vos talents et à ceux de votre escorte. Non. Elle vous observe depuis longtemps. Elle vous connait. Vos qualités, vos défauts, vos moyens, votre manière d’agir et de penser. Elle a volontairement envoyé une poignée de ses pions à l’abattoir. Un sacrifice rituel pour conjurer votre colère, pour vous provoquer. Elle savait que vous ne pourriez laisser passer cette humiliation, surtout venant d’elle… Elle a tout fait pour que vous sachiez parfaitement qui se dissimulait derrière la tentative de meurtre éhontée en terrain neutre. Tout ça n’était que la première étape de son grand plan : vous attirer ici, dans son piège, sur son territoire, là où elle a planifié de longue date votre venue. Ces montages derrière vous sont votre tombeau à ciel ouvert… Elle est le lion tapit dans l’ombre, et vous le rat qu’elle s’apprête à dévorer vivant. »
Une bien funeste prophétie, qui pourrait, malgré moi, déclencher la colère du souverain. Aussi, je continue ma démonstration :
« Mais j’imagine que vous le saviez déjà. Seulement vous êtes coincé : agir et tomber dans le piège, ou bien ne rien faire, perdre la face, et laisser le temps à votre ennemie de devenir encore plus dangereuse. Dilemme. Oui. Sauf qu’il y a une faille dans le plan parfait de Darth Therliss. Un élément inconnu, imprévu, improbable même : »
Je m’arrête enfin, bombe le torse.
« Moi »
Tadaaaa. Pause théâtrale. Haha. Je mériterai la statuette du meilleur acteur. Et celle du meilleur scénariste aussi.
« Son piège a été calibré dans les moindres détails. Pratiquement infaillible. Vous êtres pris dans son étau, contraint de jouer un jeu dont elle a défini les règles. Mais qui a été élaboré pour vous, mon très cher Seigneur Yrlion. Vous et vos hommes. Jamais elle n’aurait pu prévoir qu’un Jedi aux tendances suicidaires serait de la partie. Elle n’a surement rien vu venir, et n’a pas eu le temps de rebattre ses cartes pour ajuster sa main. Donc, oui. Moi. Je suis ce grain de sable, l’élément perturbateur, l’électron libre, la carte « règles du jeu » oubliée dans la pioche, qui menace de gripper les rouages huilés de son traquenard savamment orchestré…
Je me suis laissé persuader que vous êtes un homme de parole. Alors passons ce marché :
Je vous accompagne, je place ma lame et ma vie entre vos mains pour que vous puissiez faire taire définitivement celle qui vous provoque et vous menace. En contrepartie, si l’occasion s’en présente, je demande simplement une chance de me laisser sauver un seul de ses anciens padawan, si j’en trouve un qui peut encore être libéré de ses démons. Vous tuerez un puissant Sith, tout en me permettant de ramener un Jedi à la raison. L’équilibre dans la Force sera ainsi préservé… Et je pense que c’est justement pour cela que la Force a mêlé nos destins… »
J’avance encore. Je ne suis plus qu’à cinq mètres du groupe. Assez proche pour subir de plein fouet une vague de force, une décharge d’éclairs, ou un lancer de sabre. Mon cœur s’accélère soudain. Derrière mon apparente assurance se dissimule un puits sans fonds d’incertitudes et de doutes. Je vie, peut-être, les derniers instants de ma trouble existence de Jedi indiscipliné. J’inspire lentement. Non. J’ai toujours fait confiance à mon instinct : et en cet instant, il ne m’ordonne pas de fuir… J’espère juste qu’il ne va pas me demander de cracher dans ma main pour sceller notre accord ! Je préfère encore qu’on s’entaille les avants bras pour le forger dans le sang fratricide…
****
Trois semaines plus tôt, devant le Conseil Jedi,
« … Impensable ! Il est malheureux que de jeunes novices aient été capturés par l’Empire, mais nous n’y pouvons plus rien. Nous avons d’autres priorités. Notre Ordre est morcelé, notre sécurité est menacée. Les Jedi perdus sont légion… Je refuse de cautionner l’envoi de l’un des nôtres à l’intérieur des frontières de l’Empire. C’est du suicide ! Il y a le risque humain… Mais aussi politique. Une telle provocation pourrait remettre le feu aux poudres. Imaginez si l’Empire s’en saisissait pour relancer ses hostilités envers la République, ou bien monnayer les Jedi enfermés dans les geôles Républicaines en échange de la paix ? »
Je dois prendre sur moi pour ne pas bailler. La diatribe du vieux bougon dure ainsi depuis de bien trop longues minutes. Interminables. Une vraie torture. Un « non » aurait amplement suffit. Mais non. Lorsque Maitre Pulos estime qu’il doit approfondir sa pensée pour que chacun puisse profiter des miettes éparse de sa sage réflexion, il n’hésite pas. Un peu comme ces octogénaires assis sur un banc public, qui balancent des morceaux de pains aux pigeons quémandeurs. Oui, aujourd’hui c’est moi le pigeon quémandeur. Je détourne quelques instants les yeux de son impressionnante silhouette, lovée dans un kimono qui peine à dissimuler sa pilosité abondante. Au-dessus de ma tête, dans le creux du dôme arraché à la roche brute, une colonie de vers luisants se moque de ma position précaire. Debout, seul, entouré des Grands Maitres du Conseil assis dans leurs fauteuils austères, bien loin du luxe qu’ils ont connu au Temple Jedi d’Ondéron. Cette pièce fut l’une des premières creusées, après les quartiers d’habitation nécessaire à la survie des premiers arrivants. Une pièce circulaire, un dôme… Mais la comparaison avec la chambre du Conseil d'Ondéron s’arrête là. Aucune sculpture, dorure ou fresque antique rappelant les grands moments de notre Ordre n’égaye la monotonie minérale qui nous écrase de sa masse poisseuse d’humidité. La condensation, principalement née, j’imagine, des souffles atterrés du Bothan, lui donne un aspect étrange, comme si un importun s’était amusé à appliquer sur la roche une fine couche de vernis brillant. Il faut dire que bâtir un Temple souterrain est une idée géniale en ce qui concernant la sécurité… Mais au prix d’une ventilation digne de ce nom… M’enfin, au moins nous arrivons, ici, à conserver une température bien inférieure à celle suffocante du désert aride au-dessus de nos têtes. De quoi je me plains ?
Enfin Maitre Pulos se tait. J’expire et reporte mon regard sur le Grand Maitre Hunter Licht. J’ignore quoi penser de lui encore. Mais par défaut, je n’apprécie guère ceux qui décident de siéger au Conseil plutôt que d’arpenter la galaxie pour permettre à notre crédo millénaire de repousser les ombres. Nos regards se croisent. Intenses. Je frissonne. L’espace d’une seconde j’ai l’impression qu’il déchire mon âme pour en extraire son essence. Sans un mot, d’un simple geste, il m’invite à répondre.
« L’espoir. »
Un simple mot, mais dont les racines sont profondément enfuies dans les strates historiques de notre Ordre. Une entrée en matière efficace, efficiente même. Qui attire autant l’attention qu’elle déclenche le désir d’entendre la suite.
« Nous avons été trahis, chassés, pourchassés. Certains des nôtres sont encore emprisonnés, à la merci d’un allier devenu subitement ennemi. Je ne suis pas là, devant vous, pour faire de la politique fiction. Oui, les risques sont élevés… Mais je crois que nous avons terriblement besoin d’un nouvel espoir. Nous avons reconstruit, avec les moyens à notre disposition, notre Temple. Mais nos membres, surtout les plus jeunes, sont encore hantés par l’Exode. Ils sont fragilisés, même s’ils le cachent, par peur de décevoir les Chevaliers et Maitres que nous sommes. Alors non, nous n’avons pas juste besoin de retrouver quelques Jedi disparus pour regrossir nos rangs. Nous avons besoin d’un symbole fort…
Je ne vous demande pas d’approuver ma mission en réfléchissant avec vos cerveaux… Mais avec vos cœurs. Si j’échoue, que risquons-nous ? Perdre un membre de plus ? Nous nous en remettrons… Mais si je réussi : je reviendrai avec des novices perdus de longue date, pervertis par les ténèbres, ramenés dans notre nouveau foyer pour être sauvés d'eux-mêmes. Le symbole de renouveau, voilà ce que je propose. Qui transformera ce Temple de pierre en un havre de paix ou même les âmes égarés et déchirées par le doute et l’obscurité peuvent guérir et renaitre. Notre nouveau foyer.
C’est pour cette raison que je vous demande d’accepter l'emprunt trois cristaux Kyber corrompus, et de me laisser gagner Phindar à bord de mon vaisseau. Ainsi, je pourrai aisément me faire passer pour un Sith auprès de la population locale… Je ne peux vous promettre de réussir… Mais je peux vous assurer que je ferai le nécessaire pour revenir avec les novices perdus, s'ils sont encore en vie... »
Un discours préparé depuis plusieurs jours. Il sonnait mieux sur le papier et dans ma tête. Je soupire. Ai-je été assez convaincant ? Lorsque l’on désire l’inacceptable, il ne reste plus qu’à jouer sur les sentiments plutôt que la raison, non ? Sur ma droite, la vénérable Jiljoo’blankuna bouge imperceptiblement. Hunter et elle ne se quittent plus du regard… Ils échangent télépathiquement leurs pensées les plus pures. Celles qui ne se parent pas des atours grotesques du langage. Mon petit doigt me dit que je vais rapidement être fixé…
Darth Yrlion
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Ven 17 Mar 2023 - 20:23
Le Jedi déambulait ainsi avec la plus grande aisance et la plus grande confiance possible. S’en était presque insolant du point de vue de son interlocuteur Sith. Il était tellement sûr de son coup et de la nécessité de cette alliance contre-nature qu’il en oubliait que d’une seule pensé, en une fraction de seconde, le monarque pouvait lui faire rejoindre la Lumière qu’il aimait tant. Le Jedi avait du panache. Valtus admirait cela d’une certaine manière mais cette admiration n’allait pas plus loin. Encore que...
Le Sith n’avait rien manqué de la trame déductive du Jedi. Il l’avait écouté avec patience et un très grand intérêt afin de recouper les informations données avec ses propres informations. L’impassibilité relative de Valtus masquait en vérité une agitation dans son esprit soucieux. Un piège ? L’amateurisme du commando qui l’avait attaqué sur Nar Shadaa était somme toute à relativisé mais leur manque de précautions avait aussi surpris le Sith.
Valtus le savait à présent, il était bien la cible d’une conspiration. Non pas de la part de ses sujets ou de ses vassaux mais de la part de ses semblables obscurs. Cette conspiration se développait et trouvait de plus en plus de ramifications à mesure que le temps passait. L’espace d’un instant, le Sith considéra que le Jedi pouvait lui aussi faire partie, à sa manière, de cette conspiration. Un réflexe… Mais cette idée s’évapora rapidement.
« Théorie intéressante. Je dois l’admettre... »
Valtus ne pouvait s’empêcher de penser aux circonstances qui l’avait conduit sur cette planète. Les informations qu’on lui avait fournit… cela avait-il été fait à dessin ? La conspiration serait-elle plus étendu qu’il ne le pensait alors ? Et si tout cela n’était qu’un jeu ? Une nouvelle fois, s’il se trouvait être le pion d’une machination supérieure dont il ignorait tout ? Une idée qu’il n’était pas du tout prêt accepter. Il n’était pas non plus enclin à se laisser faire…
« Décidément, Jedi, à chaque fois que nous nous rencontrons je dois me résoudre à être d’accord avec vous… et cela me coûte toujours autant de le dire. »
C’était une réalité d’un point de vue stratégique. La présence et l’implication d’un Jedi n’était pas dans l’équation originale.
« J’accepte cet arrangement et votre allégeance « temporaire »… puisqu’il le faut … Mais comprenez bien ceci, cependant. Ce n’est pas une opération de maintient de l’ordre, ce n’est pas une intervention pour rétablir la paix…
Vous placez votre lame à mon service ? Elle servira ! Et il faudra vous en servir… car ce sont des Siths que nous allons affronter… il faudra donc vous comportez comme un Sith. En serez-vous capable, Jedi ? Prendrez vous le risque de vous avancer si loin dans l’Obscurité que l’envie d’y rester et de l’embrasser ne devienne trop forte pour y résister ? »
Valtus insistait bien et perdait peut-être un temps précieux pour le faire. Mais dans la folie de la situation, il ne voulait pas avoir à gérer un Jedi qui, basculant pour la première fois vers le Côté obscur, deviendrait incontrôlable sous l’euphorie de sa puissance nouvellement acquise.
« Si c’est le cas alors, ne perdons pas plus de temps et mettons nous en route. Dans la cas contraire, saisissez cette chance de partir encore en vie et sain d’esprit.
Car en vérité, vous ne savez pas dans quoi vous vous engagez… Vous faites erreur en pensant qu’il s’agit d’une réaction face à un simple affront ou d’une simple vengeance puérile visant à apaiser un égo blessé. C’est bien plus sérieux que cela... »
Le Sith donna quelques ordres divers à ses gardes de manière à préparer leur marche vers la tanière de Therliss.
Palais royale de Sigil ** Un mois plutôt **
Les yeux de Valtus se laissaient aller à vagabonder au milieu du paysage urbain qui s’étendait à perte de vue en dessous de son speeder.
A l’image d’un monde riche et développé, la cité-capitale de Sigil s’étendait sur des centaines de kilomètres. Bien que fortement urbanisée, la mégapole n’avait cependant rien de semblable avec Coruscant, Fondor ou jadis Taris, elle ne couvrait qu’une infime partie de la surface de la planète. Grandes avenues, méga-complexes et autres bâtiments monumentaux composaient cette cité pleine d’orgueil et de puissance. Les couloirs aériens emprunté par les milliers de speeders et navettes zébraient le sol de myriades d’ombres lorsque le soleil était à son zénith.
Seul le Palais royal était épargné par ce balais ininterrompu. Plus qu’un simple bâtiment, le Palais royal de Sigil désignait un domaine d’un peu plus de vingt kilomètres carrés dans lequel on avait aménagé forêts luxuriantes, collines et reliefs, jardins fleuris et aménagés, vergers fournis, plaines et clairières adossées à de mini-lacs. Des espèces diverses originaires de Sigil mais aussi d’autres mondes y évoluaient paisiblement. Un anneau aquatique d’un kilomètre de large séparait le domaine du reste de la cité dans lequel pouvait s’épanouir de nombreuses espèces aquatiques locales. Au centre du domaine se trouvait le bâtiment en lui même, luxueux, chamarré et imposant. L’architecture était commune au reste de la cité mais se mêlait harmonieusement avec des éléments plus anciens, beaucoup plus anciens, voir antiques ainsi que des statues et des obélisques à la gloire des Siths. Assuré la logistique du Palais était un défi à lui tout seul et d’aucun considérait même qu’il s’agissait d’une cité dans la cité.
Considéré comme une zone d’exclusion aérienne totale, survoler le Palais royal était un privilège seulement réservé à la famille royale et aux quelques rares qui se voyaient accorder se privilège, comme Ocur Garoon, mieux connu sous le nom de Darth Khaar, membre éminent de l’Inquisition impériale.
Alors que le speeder royal pénétrait dans l’enceinte du Palais, l’hologramme d’Ipas apparut devant Valtus. Le twi’lek semblait anormalement nerveux, ce qui ne surprenait pas en soi le Sith qui s’était habitué au zèle de son intendant.
// Je me réjouis de votre retour, Mon seigneur. Darth Khaar est en visite au Palais et il a demandé à être reçu sans délai. N’en sachant pas plus, je me suis permis de le faire patienter dans le salon d’apparat et de lui faire servir...//
« Il suffit, Ipas… Tu as bien fait. Voilà qui est… inattendu. »
Le visage de Valtus se crispa de perplexité et d’étonnement. L’Inquisition ne dépêchait aucun de ses serviteurs sans une bonne raison et jamais pour une « visite de courtoisie ».
« Je le recevrai dans mes appartements privés… Je serai là dans quelques instants. »
Valtus ne s’était pas trop avancé. Alors que l’hologramme disparaissait, le speeder entamait la procédure atterrissage sur la plate-forme privée de Valtus, située deux niveaux en dessous de ses appartements.
Appartements royaux - Palais royal de Sigil
Trônant dans le salon de réception des appartements, la baie vitrée gigantesque offrait une vue magnifique sur les plaines du Palais. Malgré les buildings visibles au loin, l’impression de se trouver en plein milieu de la nature sauvage de Sigil était là et l’immersion complète. La baie était si grande qu’une série d’armatures ouvragées la décomposait en plusieurs morceaux. Debout et impassible, Darth Khaar observait et patientait. Son manteau d’inquisiteur tombait légèrement sur le sol obsidienne. Ses mains gantées étaient jointes derrière son dos et sa posture donnait à son buste un alignement parfait. Malgré ses cheveux bruns parfaitement lisses tombant au bas de son dos et qui lui donnait un petit air de jeunesse, Khaar avait le visage marqué par les ans. Du point de vue de Valtus, il avait l’âge d’être son père.
L’inquisiteur effectua un quart de tour sur lui même lorsque les portes des appartements s’ouvrirent pour laisser entrer le monarque.
En dépit de sa surprise et de ses inquiétudes, Valtus marchait d’un pas tranquille et affichait un air serein. En observant son homologue en train de le regarder avec intérêt, le monarque s’interrogeait encore plus sur les raisons pour lesquelles l’Inquisition avait dépêché chez lui l’un de ses membres les plus zélés et l’un des plus efficaces.
« Seigneur Khaar ! »
« Seigneur Yrlion ! »
Les deux Siths affichèrent leur respect mutuel en se saluant à la manière de leur Ordre.
« Le temps est passé si vite depuis l’Académie ! Néanmoins, je pense que vous n’êtes pas venu jusqu’ici pour la nostalgie de cette époque palpitante. Que me vaux donc le privilège d’avoir l’attention de l’Inquisition impériale ? »
Khaar et Yrlion s’étaient rencontré la première fois sur Korriban. L’un était l’inquisiteur attitré du centre de formation tandis que l’autre venait fraîchement de commencer son apprentissage. Les talents de Valtus mais aussi sa ferveur et sa dévotion envers le Côté obscur avait rapidement attiré l’attention de l’inquisiteur au point même qu’il avait envisagé de le recruter. Mais le Côté obscur avait guidé Valtus dans une autre voie. Il sourit à l’écoute de l’ancien acolyte qui n’avait rien perdu de son verbe et de son attitude si... aristocrate.
« Quel merveilleux domaine vous avez là, mon seigneur. Je dois admettre bien volontiers que je n’en ai rarement vu de pareil. Cela doit susciter bien des admirations, et bien des convoitises aussi. N’est ce pas ? »
Valtus s’était avancé jusqu’à une desserte sur laquelle de multiples alcools et autres boissons étaient à disposition. Il commença à se servir un verre tout en écoutant son homologue sith, qui n’avait pas répondu à se question. Mais cela ne semblait pas le perturber car c’était la manière de faire de Khaar.
« Fort heureusement, aucune convoitise qui ne puisse être jugulée et étouffée avec la plus grande fermeté. »
« Vraiment ? »
Une simple interrogation qui n’avait rien d’anodine en vérité. Khaar s’approcha lui aussi de la desserte et porta son attention sur une bouteille de liqueur et s’en servi un verre tranquillement. De l’autre main, il sorti de son vêtement un petit appareil semblable à un comlink. Il tenait tout entier dans la paume de sa main. il le posa délicatement sur la desserte et l’activa. Une petite lumière rouge s’alluma avant de devenir bleu quelques secondes après. Les oreilles de Valtus réagirent l’espace d’un instant comme si elles étaient soudainement devenues sensibles aux ultrasons.
Le monarque s’étonna intérieurement de l’usage d’un tel dispositif au sein de sa propre demeure. car s’il ne se trompait pas, il s’agissait d’un appareil servant à brouiller les systèmes de surveillance et d’espionnage. Etait-il espionné ? La chose semblait impensable… et pourtant… Si c’était le cas, qui aurait cette audace ?
« Nous pouvons parler librement à présent. »
Valtus attendit la suite. La main dans sa poche, Khaar en sorti une sorte de plaque frappée d’un emblème doré, un antique symbole Sith associé à la justice. Le monarque de Sigil jeta un œil dessus sans pour autant être surpris. Il se contenta de boire une gorgée de son verre.
« Si je suis ici officiellement en tant qu’Inquisiteur, c’est en ma qualité d’Adjudicateur de la Loge que je m’adresse à toi officieusement, Valtus.
De graves accusations ont été portés par Darth Therliss devant la Loge à ton encontre. Elle t’accuses d’imposture et revendique les possessions et privilèges de ton ancien maître. Elle demande ton excommunication… et donc ta mise à mort. »
Le verre du monarque se vida d’un seul trait. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne s’attendait pas à ses accusations.
« Un imposteur ? »
« Elle soutient que ton ancien maître n’est pas mort et que tu le retiens prisonnier quelque part ici sur Sigil. Elle n’en a cependant pas apporté la preuve pour le moment. Mais la Loge estime l’accusation suffisamment grave pour tenir un conseil. »
Impossible… c’était impossible… Comment Therliss était au courant ? Il avait pourtant pris toutes les précautions à l’époque.
« Quelle audace ! Comment peut-elle oser ! Et la Loge ?! Comment peut-elle prendre en compte ses accusations sans preuve, sur une simple affirmation ? »
« La Loge se targue d’œuvrer « avec discrétion » pour le bien commun des Sith et pour la préservation de nos intérêts… Elle n’en reste pas moins tributaire du comportement de ses membres. Des comploteurs et des ambitieux.
Therliss et ton ancien maître s’étaient alliés afin d’atteindre les plus hautes sphères du pouvoir impérial. Non seulement ton ancien maître devait devenir le nouveau Chambellan et ainsi diriger la Loge mais il œuvrait également pour devenir le Maître des Forges. En temps utile, Therliss comptait évidemment se débarrasser de son allié, de son apprenti et s’emparer de tout.
En prenant sa place, les projets de Therliss ont été réduit à néant et ses ambitions avec… mais elle a des soutiens de poids au sein de la Loge, ce qui explique que ses accusations aient été si facilement accueillies. »
Valtus fulminait intérieurement, en témoigne le geste brusque avec lequel il posa son verre qui manqua presque de se briser.
« Comment peuvent-ils bafouer leurs propres règles ! C’est indigne… c’est innommable ! »
Le monarque était connu pour la maîtrise des ses émotions et la gestion de sa colère. Même puissante et ardente, il savait la contenir et la canaliser pour en faire usage le plus efficacement possible. Pourtant, en cet instant, il n’avait pas envie de la contrôler… Ses yeux jaune-orangés en témoignaient.
« Trahison…. C’est de la trahison ! Je les briserai… tous autant qu’ils sont... »
« Chaque chose en son temps… Pour l’heure, c’est sur Darth Therliss que ta colère doit se focaliser. »
Valtus fut surpris par l’intervention de Khaar. A la fois le ton et la main qu’il avait posé sur son épaule laissait penser à un maître en train de conseiller avec affection son apprenti.
« Et c’est également pour cela que je suis ici… En s’en prenant à toi sur Nar Shaddaa, Therliss a elle aussi enfreint les règles de la Loge. En d’autres circonstances, ses actions l’auraient discrédité et rendu caduque l’ensemble de ses accusations et de ses revendications. Mais du fait de ses soutiens, il n’en sera rien et la Loge ferme les yeux.
Il y a clairement un déséquilibre… que je me dois de corriger en tant que gardien des règles de la Loge. Dans un soucis… d’équité… évidemment. »
Le ton de Khaar était étrange. Sous ce prétexte d’équité, Valtus comprenait qu’il y avait autre chose qui motivait l’Adjudicateur. D’autant plus que le concept même d’équité ainsi abordé était des plus curieux en la circonstance.
« C’est à dire ? »
« Nous savons que Darth Therliss tiens résidence en ce moment sur Phindar. Aux coordonnées 3-8-44-30-7-2. Il s’agit d’un complexe où elles forment des assassins avec le soutien de mercenaires mandaloriens. »
Khaar bu à son tour le verre de liqueur qu’il s’était servi. Il regardait Valtus dans les yeux avec un sérieux tranchant.
« Je suppose que je dois vous remercier pour cette information ? Au nom de l’équité, bien-sûr. Même si cela ne semble pas tellement orthodoxe.»
« La gratitude est hors de propos, Valtus. Nous nous comprenons toi et moi. Je l’ai perçu dès ton arrivé sur Korriban. Nous sommes de la même trempe. Nous aimons l’ordre, l’honneur et nous sommes fidèle à nos convictions et au Côte obscur. Je n’avait aucune espèce de sympathie pour ton ancien maître… encore moins pour Darth Therliss qui n’est qu’une parvenue et une intrigante mesquine.
Therliss a décidé de s’affranchir des règles de la Loge en s’en prenant directement à toi plutôt que d’attendre et de présenter ses preuves devant le conseil. C’est un signe de fébrilité, voir de faiblesse… et un manque de respect envers nos valeurs. Partant de là, j’estime alors que « tous les coups sont permis » pour le dire trivialement. »
« Si la Loge vient à l’apprendre, ils voudront prendre des mesures contre vous. »
« Je suis l’Adjudicateur de la Loge, je dispense la justice en son nom et à sa demande. Cependant, je reste souverain quand aux moyens à mettre en œuvre pour y arriver.
La Loge se réunira dans trente rotations planétaires de Sigil, pour étudier la requête de Darth Therliss et rendre son verdict. A toi de faire le nécessaire d’ici là… Je sais que tu as encore de très nombreuses questions, mais mon temps ici est écoulé. »
Khaar reposa son verre et désactiva le brouilleur avant de le remettre dans sa poche. Il reprenait dans le même temps son rôle d’inquisiteur, ainsi à Valtus la raison pour laquelle il s’était déplacé.
Le Sith n’avait rien manqué de la trame déductive du Jedi. Il l’avait écouté avec patience et un très grand intérêt afin de recouper les informations données avec ses propres informations. L’impassibilité relative de Valtus masquait en vérité une agitation dans son esprit soucieux. Un piège ? L’amateurisme du commando qui l’avait attaqué sur Nar Shadaa était somme toute à relativisé mais leur manque de précautions avait aussi surpris le Sith.
Valtus le savait à présent, il était bien la cible d’une conspiration. Non pas de la part de ses sujets ou de ses vassaux mais de la part de ses semblables obscurs. Cette conspiration se développait et trouvait de plus en plus de ramifications à mesure que le temps passait. L’espace d’un instant, le Sith considéra que le Jedi pouvait lui aussi faire partie, à sa manière, de cette conspiration. Un réflexe… Mais cette idée s’évapora rapidement.
« Théorie intéressante. Je dois l’admettre... »
Valtus ne pouvait s’empêcher de penser aux circonstances qui l’avait conduit sur cette planète. Les informations qu’on lui avait fournit… cela avait-il été fait à dessin ? La conspiration serait-elle plus étendu qu’il ne le pensait alors ? Et si tout cela n’était qu’un jeu ? Une nouvelle fois, s’il se trouvait être le pion d’une machination supérieure dont il ignorait tout ? Une idée qu’il n’était pas du tout prêt accepter. Il n’était pas non plus enclin à se laisser faire…
« Décidément, Jedi, à chaque fois que nous nous rencontrons je dois me résoudre à être d’accord avec vous… et cela me coûte toujours autant de le dire. »
C’était une réalité d’un point de vue stratégique. La présence et l’implication d’un Jedi n’était pas dans l’équation originale.
« J’accepte cet arrangement et votre allégeance « temporaire »… puisqu’il le faut … Mais comprenez bien ceci, cependant. Ce n’est pas une opération de maintient de l’ordre, ce n’est pas une intervention pour rétablir la paix…
Vous placez votre lame à mon service ? Elle servira ! Et il faudra vous en servir… car ce sont des Siths que nous allons affronter… il faudra donc vous comportez comme un Sith. En serez-vous capable, Jedi ? Prendrez vous le risque de vous avancer si loin dans l’Obscurité que l’envie d’y rester et de l’embrasser ne devienne trop forte pour y résister ? »
Valtus insistait bien et perdait peut-être un temps précieux pour le faire. Mais dans la folie de la situation, il ne voulait pas avoir à gérer un Jedi qui, basculant pour la première fois vers le Côté obscur, deviendrait incontrôlable sous l’euphorie de sa puissance nouvellement acquise.
« Si c’est le cas alors, ne perdons pas plus de temps et mettons nous en route. Dans la cas contraire, saisissez cette chance de partir encore en vie et sain d’esprit.
Car en vérité, vous ne savez pas dans quoi vous vous engagez… Vous faites erreur en pensant qu’il s’agit d’une réaction face à un simple affront ou d’une simple vengeance puérile visant à apaiser un égo blessé. C’est bien plus sérieux que cela... »
Le Sith donna quelques ordres divers à ses gardes de manière à préparer leur marche vers la tanière de Therliss.
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Palais royale de Sigil ** Un mois plutôt **
Les yeux de Valtus se laissaient aller à vagabonder au milieu du paysage urbain qui s’étendait à perte de vue en dessous de son speeder.
- Spoiler:
A l’image d’un monde riche et développé, la cité-capitale de Sigil s’étendait sur des centaines de kilomètres. Bien que fortement urbanisée, la mégapole n’avait cependant rien de semblable avec Coruscant, Fondor ou jadis Taris, elle ne couvrait qu’une infime partie de la surface de la planète. Grandes avenues, méga-complexes et autres bâtiments monumentaux composaient cette cité pleine d’orgueil et de puissance. Les couloirs aériens emprunté par les milliers de speeders et navettes zébraient le sol de myriades d’ombres lorsque le soleil était à son zénith.
Seul le Palais royal était épargné par ce balais ininterrompu. Plus qu’un simple bâtiment, le Palais royal de Sigil désignait un domaine d’un peu plus de vingt kilomètres carrés dans lequel on avait aménagé forêts luxuriantes, collines et reliefs, jardins fleuris et aménagés, vergers fournis, plaines et clairières adossées à de mini-lacs. Des espèces diverses originaires de Sigil mais aussi d’autres mondes y évoluaient paisiblement. Un anneau aquatique d’un kilomètre de large séparait le domaine du reste de la cité dans lequel pouvait s’épanouir de nombreuses espèces aquatiques locales. Au centre du domaine se trouvait le bâtiment en lui même, luxueux, chamarré et imposant. L’architecture était commune au reste de la cité mais se mêlait harmonieusement avec des éléments plus anciens, beaucoup plus anciens, voir antiques ainsi que des statues et des obélisques à la gloire des Siths. Assuré la logistique du Palais était un défi à lui tout seul et d’aucun considérait même qu’il s’agissait d’une cité dans la cité.
Considéré comme une zone d’exclusion aérienne totale, survoler le Palais royal était un privilège seulement réservé à la famille royale et aux quelques rares qui se voyaient accorder se privilège, comme Ocur Garoon, mieux connu sous le nom de Darth Khaar, membre éminent de l’Inquisition impériale.
Alors que le speeder royal pénétrait dans l’enceinte du Palais, l’hologramme d’Ipas apparut devant Valtus. Le twi’lek semblait anormalement nerveux, ce qui ne surprenait pas en soi le Sith qui s’était habitué au zèle de son intendant.
// Je me réjouis de votre retour, Mon seigneur. Darth Khaar est en visite au Palais et il a demandé à être reçu sans délai. N’en sachant pas plus, je me suis permis de le faire patienter dans le salon d’apparat et de lui faire servir...//
« Il suffit, Ipas… Tu as bien fait. Voilà qui est… inattendu. »
Le visage de Valtus se crispa de perplexité et d’étonnement. L’Inquisition ne dépêchait aucun de ses serviteurs sans une bonne raison et jamais pour une « visite de courtoisie ».
« Je le recevrai dans mes appartements privés… Je serai là dans quelques instants. »
Valtus ne s’était pas trop avancé. Alors que l’hologramme disparaissait, le speeder entamait la procédure atterrissage sur la plate-forme privée de Valtus, située deux niveaux en dessous de ses appartements.
Appartements royaux - Palais royal de Sigil
Trônant dans le salon de réception des appartements, la baie vitrée gigantesque offrait une vue magnifique sur les plaines du Palais. Malgré les buildings visibles au loin, l’impression de se trouver en plein milieu de la nature sauvage de Sigil était là et l’immersion complète. La baie était si grande qu’une série d’armatures ouvragées la décomposait en plusieurs morceaux. Debout et impassible, Darth Khaar observait et patientait. Son manteau d’inquisiteur tombait légèrement sur le sol obsidienne. Ses mains gantées étaient jointes derrière son dos et sa posture donnait à son buste un alignement parfait. Malgré ses cheveux bruns parfaitement lisses tombant au bas de son dos et qui lui donnait un petit air de jeunesse, Khaar avait le visage marqué par les ans. Du point de vue de Valtus, il avait l’âge d’être son père.
L’inquisiteur effectua un quart de tour sur lui même lorsque les portes des appartements s’ouvrirent pour laisser entrer le monarque.
En dépit de sa surprise et de ses inquiétudes, Valtus marchait d’un pas tranquille et affichait un air serein. En observant son homologue en train de le regarder avec intérêt, le monarque s’interrogeait encore plus sur les raisons pour lesquelles l’Inquisition avait dépêché chez lui l’un de ses membres les plus zélés et l’un des plus efficaces.
« Seigneur Khaar ! »
« Seigneur Yrlion ! »
Les deux Siths affichèrent leur respect mutuel en se saluant à la manière de leur Ordre.
« Le temps est passé si vite depuis l’Académie ! Néanmoins, je pense que vous n’êtes pas venu jusqu’ici pour la nostalgie de cette époque palpitante. Que me vaux donc le privilège d’avoir l’attention de l’Inquisition impériale ? »
Khaar et Yrlion s’étaient rencontré la première fois sur Korriban. L’un était l’inquisiteur attitré du centre de formation tandis que l’autre venait fraîchement de commencer son apprentissage. Les talents de Valtus mais aussi sa ferveur et sa dévotion envers le Côté obscur avait rapidement attiré l’attention de l’inquisiteur au point même qu’il avait envisagé de le recruter. Mais le Côté obscur avait guidé Valtus dans une autre voie. Il sourit à l’écoute de l’ancien acolyte qui n’avait rien perdu de son verbe et de son attitude si... aristocrate.
« Quel merveilleux domaine vous avez là, mon seigneur. Je dois admettre bien volontiers que je n’en ai rarement vu de pareil. Cela doit susciter bien des admirations, et bien des convoitises aussi. N’est ce pas ? »
Valtus s’était avancé jusqu’à une desserte sur laquelle de multiples alcools et autres boissons étaient à disposition. Il commença à se servir un verre tout en écoutant son homologue sith, qui n’avait pas répondu à se question. Mais cela ne semblait pas le perturber car c’était la manière de faire de Khaar.
« Fort heureusement, aucune convoitise qui ne puisse être jugulée et étouffée avec la plus grande fermeté. »
« Vraiment ? »
Une simple interrogation qui n’avait rien d’anodine en vérité. Khaar s’approcha lui aussi de la desserte et porta son attention sur une bouteille de liqueur et s’en servi un verre tranquillement. De l’autre main, il sorti de son vêtement un petit appareil semblable à un comlink. Il tenait tout entier dans la paume de sa main. il le posa délicatement sur la desserte et l’activa. Une petite lumière rouge s’alluma avant de devenir bleu quelques secondes après. Les oreilles de Valtus réagirent l’espace d’un instant comme si elles étaient soudainement devenues sensibles aux ultrasons.
Le monarque s’étonna intérieurement de l’usage d’un tel dispositif au sein de sa propre demeure. car s’il ne se trompait pas, il s’agissait d’un appareil servant à brouiller les systèmes de surveillance et d’espionnage. Etait-il espionné ? La chose semblait impensable… et pourtant… Si c’était le cas, qui aurait cette audace ?
« Nous pouvons parler librement à présent. »
Valtus attendit la suite. La main dans sa poche, Khaar en sorti une sorte de plaque frappée d’un emblème doré, un antique symbole Sith associé à la justice. Le monarque de Sigil jeta un œil dessus sans pour autant être surpris. Il se contenta de boire une gorgée de son verre.
« Si je suis ici officiellement en tant qu’Inquisiteur, c’est en ma qualité d’Adjudicateur de la Loge que je m’adresse à toi officieusement, Valtus.
De graves accusations ont été portés par Darth Therliss devant la Loge à ton encontre. Elle t’accuses d’imposture et revendique les possessions et privilèges de ton ancien maître. Elle demande ton excommunication… et donc ta mise à mort. »
Le verre du monarque se vida d’un seul trait. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne s’attendait pas à ses accusations.
« Un imposteur ? »
« Elle soutient que ton ancien maître n’est pas mort et que tu le retiens prisonnier quelque part ici sur Sigil. Elle n’en a cependant pas apporté la preuve pour le moment. Mais la Loge estime l’accusation suffisamment grave pour tenir un conseil. »
Impossible… c’était impossible… Comment Therliss était au courant ? Il avait pourtant pris toutes les précautions à l’époque.
« Quelle audace ! Comment peut-elle oser ! Et la Loge ?! Comment peut-elle prendre en compte ses accusations sans preuve, sur une simple affirmation ? »
« La Loge se targue d’œuvrer « avec discrétion » pour le bien commun des Sith et pour la préservation de nos intérêts… Elle n’en reste pas moins tributaire du comportement de ses membres. Des comploteurs et des ambitieux.
Therliss et ton ancien maître s’étaient alliés afin d’atteindre les plus hautes sphères du pouvoir impérial. Non seulement ton ancien maître devait devenir le nouveau Chambellan et ainsi diriger la Loge mais il œuvrait également pour devenir le Maître des Forges. En temps utile, Therliss comptait évidemment se débarrasser de son allié, de son apprenti et s’emparer de tout.
En prenant sa place, les projets de Therliss ont été réduit à néant et ses ambitions avec… mais elle a des soutiens de poids au sein de la Loge, ce qui explique que ses accusations aient été si facilement accueillies. »
Valtus fulminait intérieurement, en témoigne le geste brusque avec lequel il posa son verre qui manqua presque de se briser.
« Comment peuvent-ils bafouer leurs propres règles ! C’est indigne… c’est innommable ! »
Le monarque était connu pour la maîtrise des ses émotions et la gestion de sa colère. Même puissante et ardente, il savait la contenir et la canaliser pour en faire usage le plus efficacement possible. Pourtant, en cet instant, il n’avait pas envie de la contrôler… Ses yeux jaune-orangés en témoignaient.
« Trahison…. C’est de la trahison ! Je les briserai… tous autant qu’ils sont... »
« Chaque chose en son temps… Pour l’heure, c’est sur Darth Therliss que ta colère doit se focaliser. »
Valtus fut surpris par l’intervention de Khaar. A la fois le ton et la main qu’il avait posé sur son épaule laissait penser à un maître en train de conseiller avec affection son apprenti.
« Et c’est également pour cela que je suis ici… En s’en prenant à toi sur Nar Shaddaa, Therliss a elle aussi enfreint les règles de la Loge. En d’autres circonstances, ses actions l’auraient discrédité et rendu caduque l’ensemble de ses accusations et de ses revendications. Mais du fait de ses soutiens, il n’en sera rien et la Loge ferme les yeux.
Il y a clairement un déséquilibre… que je me dois de corriger en tant que gardien des règles de la Loge. Dans un soucis… d’équité… évidemment. »
Le ton de Khaar était étrange. Sous ce prétexte d’équité, Valtus comprenait qu’il y avait autre chose qui motivait l’Adjudicateur. D’autant plus que le concept même d’équité ainsi abordé était des plus curieux en la circonstance.
« C’est à dire ? »
« Nous savons que Darth Therliss tiens résidence en ce moment sur Phindar. Aux coordonnées 3-8-44-30-7-2. Il s’agit d’un complexe où elles forment des assassins avec le soutien de mercenaires mandaloriens. »
Khaar bu à son tour le verre de liqueur qu’il s’était servi. Il regardait Valtus dans les yeux avec un sérieux tranchant.
« Je suppose que je dois vous remercier pour cette information ? Au nom de l’équité, bien-sûr. Même si cela ne semble pas tellement orthodoxe.»
« La gratitude est hors de propos, Valtus. Nous nous comprenons toi et moi. Je l’ai perçu dès ton arrivé sur Korriban. Nous sommes de la même trempe. Nous aimons l’ordre, l’honneur et nous sommes fidèle à nos convictions et au Côte obscur. Je n’avait aucune espèce de sympathie pour ton ancien maître… encore moins pour Darth Therliss qui n’est qu’une parvenue et une intrigante mesquine.
Therliss a décidé de s’affranchir des règles de la Loge en s’en prenant directement à toi plutôt que d’attendre et de présenter ses preuves devant le conseil. C’est un signe de fébrilité, voir de faiblesse… et un manque de respect envers nos valeurs. Partant de là, j’estime alors que « tous les coups sont permis » pour le dire trivialement. »
« Si la Loge vient à l’apprendre, ils voudront prendre des mesures contre vous. »
« Je suis l’Adjudicateur de la Loge, je dispense la justice en son nom et à sa demande. Cependant, je reste souverain quand aux moyens à mettre en œuvre pour y arriver.
La Loge se réunira dans trente rotations planétaires de Sigil, pour étudier la requête de Darth Therliss et rendre son verdict. A toi de faire le nécessaire d’ici là… Je sais que tu as encore de très nombreuses questions, mais mon temps ici est écoulé. »
Khaar reposa son verre et désactiva le brouilleur avant de le remettre dans sa poche. Il reprenait dans le même temps son rôle d’inquisiteur, ainsi à Valtus la raison pour laquelle il s’était déplacé.
Gary Kovani
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Mar 21 Mar 2023 - 0:32
« Votre sollicitude me touche, Seigneur. Mais n’ayez crainte, ce ne seront pas les premiers Sith que j’affronterai. Ni les derniers, j’y compte bien. Le côté obscur est un poison qui flétrit l’âme et repousse la lumière. Or, quel meilleur moyen de s’immuniser à un poison que d’en absorber régulièrement quelques doses ? Je ne prétends pas savoir ce qui nous attends là-bas. Je comprends à présent que l’enjeu réel dépasse la simple querelle d’autorité... Mais j’ai plongé assez de fois dans la noirceur pour savoir comment la gérer. »
Je coupe court à ses sous-entendus. J’ai connu l’horreur, la mort, la colère et la soif de vengeance. J’ai été maintes fois l’esclave de sentiments qui ne m’appartenaient pas. J’ai sombré si profondément dans les ténèbres que j’ai erré pendant plusieurs années dans les bas-fonds de Nar Shaddaa, accro aux bâtons de la mort, devenu une loque, une créature à peine humaine. Et je suis encore là. Plus suicidaire que jamais. Probablement une émanation de mon inconscient flagellateur qui me pousse à prendre tous les risques dans l’espoir de parvenir à laver mes offenses au code Jedi. Ou, tout simplement, peut-être que j’aime ça : sentir le souffle froid de la mort sur ma nuque… Ce qui ne brise pas rend plus résilient. En théorie.
« Permettez-moi d’insister sur un point. Afin d’éviter tout malentendu. Je me soumets volontairement à votre autorité, pour cette opération. Mais cela ne veut pas dire que je vous obéirai au doigt et à l’œil. Ne me confondez pas avec l’un de vos soldats anonymes, marionnettes de vos ambitions, à la volonté altérée par la vôtre. Voyez plutôt cela comme un… Partenariat asymétrique. Le genre d’association ou l’un touche 80% des recettes, tandis que l’autre, ayant d’autres objectifs en tête, se contente du reste. Vous menez la danse donc… Mais ne croyez pas pouvoir me mettre la main aux fesses entre deux voltes. »
Oui, j’ai parfaitement conscience de jouer éhontément avec la ligne rouge. Celle qui, si franchie, me garantira une mort lente et atroce. Le genre de trépas que seul un Seigneur Sith est capable d’administrer. Mais j’assume mes propos sans sourciller. Je suis allé bien trop loin pour faire marcher arrière. Mieux vaut mettre les points sur les « i » ici et maintenant que dans le feu de l’action, lorsque la colère et l’obscurité coulera dans ses veines…
Pendant ce temps, la navette, dans le dos du contingent, reprend de l’altitude. Elle a accompli son œuvre : vomir un bataillon de la mort au pied des montagnes. Sous son ventre plat, l’herbe et les fleurs sauvages sont arrachées de l’humus par les vibrations des répulseurs poussés à plein régime. Je dois lever la voix pour que mes derniers mots n’agonisent pas avant d’avoir atteint les tympans de mon interlocuteur… Et alors que j’ouvre une ultime fois la bouche, je me fige soudain, muet, livide. Un frisson dans l’échine m’arrache un hoquet de surprise. Tous mes poils se hérissent. La Force m’envoie un terrible mauvais pressentiment… Et je ne suis pas le seul à le recevoir…
« A TERRE ! »
Je hurle ces mots alors même que je plonge au sol, doigts déjà croisés sur ma nuque dans le sot espoir de protéger ma tête. Au même instant, une ombre à peine perceptible fuse et frappe de plein fouet la navette. La déflagration nous éparpille comme si nous étions des fétus de paille abandonnés aux quatre vents. En une fraction de seconde, le ciel vire de l’azur au carmin. Une vision surréaliste : des épaisses volutes de flammes qui, par milliers, dégringolent rapidement autour de nous, sur nous. Un missile hypersonique incendiaire. Un engin de mort atroce dont le fuselage est chargé de gel inflammable vaporisé par l’explosion. Merde ! Je roule, et balance à la volée, par pur réflexe, des vagues télékinétiques dans les airs. L’onde déchire le matelas incendiaire avant qu’il ne me frappe, m’épargnant une mort atroce. Je suffoque, mais me redresse prestement. Je suis sonné, victime d’acouphènes, mais l’instinct de survie a déjà pris le dessus, dopé par une marée d’adrénaline analeptique. Autour de nous, le paysage est devenu l’incarnation de cet enfer mythologique où les âmes impures subissent d’éternels châtiments. La haute lisière qui ceignait quelques instants plus tôt la paisible clairière s’est muée en un terrifiant mur de flammes qui irradie d’une chaleur intense, pénétrante, qui brule même à travers les vêtements. Le sol gronde sous le martellement des sabots de troupeaux effrayés qui, même en hurlant de détresse, peine à couvrir le crépitement mortifère des brasiers incandescents. Un cri. Je pivote. Juste à temps pour voir l’un des soldats de sa majesté s’effondrer, devenu une torche aux formes vaguement humanoïdes. Ceux qui n’ont eu le réflexe de se protéger, gisent au sol, déjà calcinés. Le gel incendiaire est une vraie saloperie, qui colle à la peau et aux vêtements, qui promet une cuisson rapide des chairs même protégées d’une résistante armure de combat. Une arme barbare interdite depuis des lustres dans les frontières de la République… Et au milieu de ce chaos, trône une silhouette plus sombre encore que les autres, dont l’aura obscure m’éblouie au travers de la Force : Darth Yrlion. Un roc inébranlable au milieu d'un torrent de flammes déchainées. Déjà sa garde rapprochée converge vers lui, je leur emboite le pas, les yeux rivés vers le ciel assassin.
A ce moment précis, je suis persuadé qu’une seconde salve va nous achever… Mais je me trompe. Therliss ne prendrai aucun plaisir à nous vaporiser aussi rapidement. Elle veut jouer avec sa proie. Faire du souverain sa marionnette impuissante. Le forcer à sombrer dans une folie meurtrière qui réduira en charpie ce qui reste de ses principes. Elle veut le briser, le discréditer, réduire son corps, son esprit et son héritage en cendres… Ou quelque chose du genre. Après tout qu’est-ce que j’en sais ?!
Je me joins rapidement au carré serré formé par la garde rapprochée de Darth Yrlion, qui tente de quitter le plus rapidement possible l’épicentre de l’incendie. D’épaisses fumées toxiques m’arrachent des quintes de toux. Ce ne sont pas les flammes les plus mortelles, mais leurs émanations. Note pour moi-même : penser à prendre un casque plutôt qu’un chapeau la prochaine fois… Nous nous déplaçons rapidement, vers une zone moins boisée ou règne un silence de mort à présent.
Le feu, prédateur élémentaire, nous a pris en chasse, poussée par un vent défavorable. Il nous rabat despotiquement vers les montagnes. Vers ce massif de roches nues et crayeuses. Un amas fracturé de strates friables qui promet des éboulements à chacun de nos pas. La silhouette torturée des pics acérés m’évoque les dents d’un prédateur. Celle de la lionne qui s’y dissimule et qui va jouer avec nos nerfs jusqu’à ce qu’elle décide, enfin, de nous achever. Devant nous, à peine visible de l’autre côté d’une haie naturelle de buissons épineux, je devine le départ d’un sentier caillouteux qui serpente sur le flanc abrupt, au-dessus d’une profonde ravine, vers ce qui pourrait être une grotte. Je ne suis pas le seul à regarder dans cette direction.
« Elle nous pousse à jouer selon ses règles. Mais rien ne nous y oblige. »
Je ricane.
« Voyez-vous l'ironie ? La grotte symbolise le côté obscur : la voie facile, la plus direct vers notre objectif. Une illusion : car ce chemin est jalonné de pièges mortels qui meurtriront notre chair autant que notre volonté… Et il y a la falaise : l’autre voie, qui mène vers la lumière de la cime. L’escalader promet d’être difficile. Une ascension qui mettra à rude épreuve notre volonté…. Mais qui nous offrira, une fois sur la crête, une vue dégagée sur les périls qui nous attendent.
Alors, mon Seigneur, que choisissez-vous ? La voie obscure, ou le chemin lumineux ? »
Deux semaines et demie plus tôt, à bord du Xalfocafacta.
Je ne trouve plus le sommeil.
L’holo-affichage bleu électrique égraine inlassablement les secondes du compte à rebours. Le temps restant avant de sortir de l’hyperespace dans le secteur Talcène, à proximité de l’oppressante Metalorn. Une planète à l’atmosphère étouffante, lourde, aux jungles impénétrables, et aux complexes miniers à ciel ouvert qui la défigurent un peu plus chaque jour. Un monde sans attrait, en dehors de toute juridiction galactique, où les corporations minières jouissent de tous les droits. Il n’existe pas de terreau plus fertile pour la corruption systémique. Là-bas, pourvu que j’aligne quelques crédits, je sais que je trouverai un passeur vers l’Empire, à un saut seulement de là, de l’autre côté du mince bras Républicain qui l’en sépare. J’ai un contact sur place. S’il vit encore. Les jungles urbaines sont souvent bien plus mortifères que les grands espaces naturels. Les prédateurs y sont plus nombreux, et bien plus perfides.
Un grincement sinistre m’arrache à mes pensées. La coque du vaisseau gémit encore, soumise à des distorsions spatiotemporelles, aux marées hyperspatiales. Le sous-espace est semblable à un océan en furie, à l’intérieur duquel sont propulsées à des vitesses inimaginables nos fragiles embarcations. Un saut dans l’inconnu, mais qui est, finalement, devenu une banalité de notre temps…
Ce ne sont pas ces réflexions parasites qui m’interdisent le repos. Non. C’est la chose abandonnée sur le tableau de bord, qui m’obsède. Ou plus précisément ce qu’elle dissimule. Ma prothèse de main. Elle crépite. Des échos obscurs dans la force, causé par les trois cristaux Kyber corrompus, rouge sang, qui ont remplacé les miens. Invisibles, mais omniprésents dans mes pensées… Une décharge douloureuse m’arrache un grognement. Je lance un regarde assassin à mon moignon, souvenir laissé par le premier Sith que j’ai tué, celui là même qui venait d’ôter la vie à mon mentor. C’était il y a si longtemps… Et pourtant, je ressens les douleurs du membre fantôme comme au premier jour, surtout lorsqu’il me prend la sotte idée de retirer ma prothèse. Dans quelques heures, il me faudra la porter à nouveau… Je sais que c’est psychologique, que c’est dans ma tête, que la corruption qui a perverti ces cristaux ne peut m’atteindre au travers de l’acier et des composants électroniques. Malgré tout, je ne trouve plus le sommeil… Je vais devoir jouer, pendant quelques temps, un rôle difficile. Celui d’un membre de l’Ordre Sith. En apparence principalement, mais aussi dans les faits si on ne m’en laisse pas le choix. Je ferai ce qui doit être fait. Je n'ai pas peur de jouer au monstre. Non. J'ai peur de mon monstre intérieur, qui ne manquera pas de jaillir si je baisse la garde.
Je me décide enfin à fermer les yeux. J’inspire, expire. Encore une stupide mission éprouvante qui laissera une marque au fer blanc sur mon âme meurtrie. Je crois qu’une part de moi, la plus raisonnable, espérait que le Conseil Jedi m’interdise de gagner l’espace Impérial. Mais non. Il faut croire que mon petit laïus idiot sur l’espoir les aura convaincus… Tant mieux. L’autre pendant de ma personnalité, la plus sombre, se languit déjà de plonger la tête la première dans le feu de l’action. Dans la crasse, les larmes et le sang.
Je coupe court à ses sous-entendus. J’ai connu l’horreur, la mort, la colère et la soif de vengeance. J’ai été maintes fois l’esclave de sentiments qui ne m’appartenaient pas. J’ai sombré si profondément dans les ténèbres que j’ai erré pendant plusieurs années dans les bas-fonds de Nar Shaddaa, accro aux bâtons de la mort, devenu une loque, une créature à peine humaine. Et je suis encore là. Plus suicidaire que jamais. Probablement une émanation de mon inconscient flagellateur qui me pousse à prendre tous les risques dans l’espoir de parvenir à laver mes offenses au code Jedi. Ou, tout simplement, peut-être que j’aime ça : sentir le souffle froid de la mort sur ma nuque… Ce qui ne brise pas rend plus résilient. En théorie.
« Permettez-moi d’insister sur un point. Afin d’éviter tout malentendu. Je me soumets volontairement à votre autorité, pour cette opération. Mais cela ne veut pas dire que je vous obéirai au doigt et à l’œil. Ne me confondez pas avec l’un de vos soldats anonymes, marionnettes de vos ambitions, à la volonté altérée par la vôtre. Voyez plutôt cela comme un… Partenariat asymétrique. Le genre d’association ou l’un touche 80% des recettes, tandis que l’autre, ayant d’autres objectifs en tête, se contente du reste. Vous menez la danse donc… Mais ne croyez pas pouvoir me mettre la main aux fesses entre deux voltes. »
Oui, j’ai parfaitement conscience de jouer éhontément avec la ligne rouge. Celle qui, si franchie, me garantira une mort lente et atroce. Le genre de trépas que seul un Seigneur Sith est capable d’administrer. Mais j’assume mes propos sans sourciller. Je suis allé bien trop loin pour faire marcher arrière. Mieux vaut mettre les points sur les « i » ici et maintenant que dans le feu de l’action, lorsque la colère et l’obscurité coulera dans ses veines…
Pendant ce temps, la navette, dans le dos du contingent, reprend de l’altitude. Elle a accompli son œuvre : vomir un bataillon de la mort au pied des montagnes. Sous son ventre plat, l’herbe et les fleurs sauvages sont arrachées de l’humus par les vibrations des répulseurs poussés à plein régime. Je dois lever la voix pour que mes derniers mots n’agonisent pas avant d’avoir atteint les tympans de mon interlocuteur… Et alors que j’ouvre une ultime fois la bouche, je me fige soudain, muet, livide. Un frisson dans l’échine m’arrache un hoquet de surprise. Tous mes poils se hérissent. La Force m’envoie un terrible mauvais pressentiment… Et je ne suis pas le seul à le recevoir…
« A TERRE ! »
Je hurle ces mots alors même que je plonge au sol, doigts déjà croisés sur ma nuque dans le sot espoir de protéger ma tête. Au même instant, une ombre à peine perceptible fuse et frappe de plein fouet la navette. La déflagration nous éparpille comme si nous étions des fétus de paille abandonnés aux quatre vents. En une fraction de seconde, le ciel vire de l’azur au carmin. Une vision surréaliste : des épaisses volutes de flammes qui, par milliers, dégringolent rapidement autour de nous, sur nous. Un missile hypersonique incendiaire. Un engin de mort atroce dont le fuselage est chargé de gel inflammable vaporisé par l’explosion. Merde ! Je roule, et balance à la volée, par pur réflexe, des vagues télékinétiques dans les airs. L’onde déchire le matelas incendiaire avant qu’il ne me frappe, m’épargnant une mort atroce. Je suffoque, mais me redresse prestement. Je suis sonné, victime d’acouphènes, mais l’instinct de survie a déjà pris le dessus, dopé par une marée d’adrénaline analeptique. Autour de nous, le paysage est devenu l’incarnation de cet enfer mythologique où les âmes impures subissent d’éternels châtiments. La haute lisière qui ceignait quelques instants plus tôt la paisible clairière s’est muée en un terrifiant mur de flammes qui irradie d’une chaleur intense, pénétrante, qui brule même à travers les vêtements. Le sol gronde sous le martellement des sabots de troupeaux effrayés qui, même en hurlant de détresse, peine à couvrir le crépitement mortifère des brasiers incandescents. Un cri. Je pivote. Juste à temps pour voir l’un des soldats de sa majesté s’effondrer, devenu une torche aux formes vaguement humanoïdes. Ceux qui n’ont eu le réflexe de se protéger, gisent au sol, déjà calcinés. Le gel incendiaire est une vraie saloperie, qui colle à la peau et aux vêtements, qui promet une cuisson rapide des chairs même protégées d’une résistante armure de combat. Une arme barbare interdite depuis des lustres dans les frontières de la République… Et au milieu de ce chaos, trône une silhouette plus sombre encore que les autres, dont l’aura obscure m’éblouie au travers de la Force : Darth Yrlion. Un roc inébranlable au milieu d'un torrent de flammes déchainées. Déjà sa garde rapprochée converge vers lui, je leur emboite le pas, les yeux rivés vers le ciel assassin.
A ce moment précis, je suis persuadé qu’une seconde salve va nous achever… Mais je me trompe. Therliss ne prendrai aucun plaisir à nous vaporiser aussi rapidement. Elle veut jouer avec sa proie. Faire du souverain sa marionnette impuissante. Le forcer à sombrer dans une folie meurtrière qui réduira en charpie ce qui reste de ses principes. Elle veut le briser, le discréditer, réduire son corps, son esprit et son héritage en cendres… Ou quelque chose du genre. Après tout qu’est-ce que j’en sais ?!
Je me joins rapidement au carré serré formé par la garde rapprochée de Darth Yrlion, qui tente de quitter le plus rapidement possible l’épicentre de l’incendie. D’épaisses fumées toxiques m’arrachent des quintes de toux. Ce ne sont pas les flammes les plus mortelles, mais leurs émanations. Note pour moi-même : penser à prendre un casque plutôt qu’un chapeau la prochaine fois… Nous nous déplaçons rapidement, vers une zone moins boisée ou règne un silence de mort à présent.
Le feu, prédateur élémentaire, nous a pris en chasse, poussée par un vent défavorable. Il nous rabat despotiquement vers les montagnes. Vers ce massif de roches nues et crayeuses. Un amas fracturé de strates friables qui promet des éboulements à chacun de nos pas. La silhouette torturée des pics acérés m’évoque les dents d’un prédateur. Celle de la lionne qui s’y dissimule et qui va jouer avec nos nerfs jusqu’à ce qu’elle décide, enfin, de nous achever. Devant nous, à peine visible de l’autre côté d’une haie naturelle de buissons épineux, je devine le départ d’un sentier caillouteux qui serpente sur le flanc abrupt, au-dessus d’une profonde ravine, vers ce qui pourrait être une grotte. Je ne suis pas le seul à regarder dans cette direction.
« Elle nous pousse à jouer selon ses règles. Mais rien ne nous y oblige. »
Je ricane.
« Voyez-vous l'ironie ? La grotte symbolise le côté obscur : la voie facile, la plus direct vers notre objectif. Une illusion : car ce chemin est jalonné de pièges mortels qui meurtriront notre chair autant que notre volonté… Et il y a la falaise : l’autre voie, qui mène vers la lumière de la cime. L’escalader promet d’être difficile. Une ascension qui mettra à rude épreuve notre volonté…. Mais qui nous offrira, une fois sur la crête, une vue dégagée sur les périls qui nous attendent.
Alors, mon Seigneur, que choisissez-vous ? La voie obscure, ou le chemin lumineux ? »
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Deux semaines et demie plus tôt, à bord du Xalfocafacta.
Je ne trouve plus le sommeil.
L’holo-affichage bleu électrique égraine inlassablement les secondes du compte à rebours. Le temps restant avant de sortir de l’hyperespace dans le secteur Talcène, à proximité de l’oppressante Metalorn. Une planète à l’atmosphère étouffante, lourde, aux jungles impénétrables, et aux complexes miniers à ciel ouvert qui la défigurent un peu plus chaque jour. Un monde sans attrait, en dehors de toute juridiction galactique, où les corporations minières jouissent de tous les droits. Il n’existe pas de terreau plus fertile pour la corruption systémique. Là-bas, pourvu que j’aligne quelques crédits, je sais que je trouverai un passeur vers l’Empire, à un saut seulement de là, de l’autre côté du mince bras Républicain qui l’en sépare. J’ai un contact sur place. S’il vit encore. Les jungles urbaines sont souvent bien plus mortifères que les grands espaces naturels. Les prédateurs y sont plus nombreux, et bien plus perfides.
Un grincement sinistre m’arrache à mes pensées. La coque du vaisseau gémit encore, soumise à des distorsions spatiotemporelles, aux marées hyperspatiales. Le sous-espace est semblable à un océan en furie, à l’intérieur duquel sont propulsées à des vitesses inimaginables nos fragiles embarcations. Un saut dans l’inconnu, mais qui est, finalement, devenu une banalité de notre temps…
Ce ne sont pas ces réflexions parasites qui m’interdisent le repos. Non. C’est la chose abandonnée sur le tableau de bord, qui m’obsède. Ou plus précisément ce qu’elle dissimule. Ma prothèse de main. Elle crépite. Des échos obscurs dans la force, causé par les trois cristaux Kyber corrompus, rouge sang, qui ont remplacé les miens. Invisibles, mais omniprésents dans mes pensées… Une décharge douloureuse m’arrache un grognement. Je lance un regarde assassin à mon moignon, souvenir laissé par le premier Sith que j’ai tué, celui là même qui venait d’ôter la vie à mon mentor. C’était il y a si longtemps… Et pourtant, je ressens les douleurs du membre fantôme comme au premier jour, surtout lorsqu’il me prend la sotte idée de retirer ma prothèse. Dans quelques heures, il me faudra la porter à nouveau… Je sais que c’est psychologique, que c’est dans ma tête, que la corruption qui a perverti ces cristaux ne peut m’atteindre au travers de l’acier et des composants électroniques. Malgré tout, je ne trouve plus le sommeil… Je vais devoir jouer, pendant quelques temps, un rôle difficile. Celui d’un membre de l’Ordre Sith. En apparence principalement, mais aussi dans les faits si on ne m’en laisse pas le choix. Je ferai ce qui doit être fait. Je n'ai pas peur de jouer au monstre. Non. J'ai peur de mon monstre intérieur, qui ne manquera pas de jaillir si je baisse la garde.
Je me décide enfin à fermer les yeux. J’inspire, expire. Encore une stupide mission éprouvante qui laissera une marque au fer blanc sur mon âme meurtrie. Je crois qu’une part de moi, la plus raisonnable, espérait que le Conseil Jedi m’interdise de gagner l’espace Impérial. Mais non. Il faut croire que mon petit laïus idiot sur l’espoir les aura convaincus… Tant mieux. L’autre pendant de ma personnalité, la plus sombre, se languit déjà de plonger la tête la première dans le feu de l’action. Dans la crasse, les larmes et le sang.
Darth Yrlion
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Jeu 23 Mar 2023 - 16:57
Le dos bien droit et les mains jointes derrière son dos, Valtus se demanda à un moment si le Jedi le prenait vraiment pour un idiot à ne pas avoir compris les réels conditions sous-jacentes de cette alliance contre-nature. Son visage affichait presque une moue blasée. Etait-il sérieux ou bien cherchait-il à le provoquer ou à le taquiner ? Pour le monarque les deux revenaient au même en vérité.
Le vrombissement des réacteurs de la navette qui s’élevait doucement dans les airs derrière le groupe aurait couvert même la voix la plus puissante, c’est pourquoi le Sith attendait patiemment de pouvoir répondre au Jedi et de commencer leur marche.
Mais l’envie était trop forte… Aussi, Valtus commença à faire quelques pas en direction du Jedi pour qu’il puisse l’entendre avec plus d’aisance. Un pas… deux pas… et le sang du Sith se glaça soudainement. Une sensation également partagée par ses gardes royaux. Il en était toujours ainsi lorsque le Côté obscur se manifestait à eux. Valtus s’immobilisa alors. L’obscurité cherchait à lui faire comprendre quelque chose… La réponse ne fut pas longue à être découverte.
Une fraction de seconde avant l’explosion, Valtus et ses gardes avaient tous levé la tête vers l’appareil. Puis il y eu le cri du Jedi...
« A TERRE ! »
La déflagration qui s’en suivit balaya littéralement le groupe et l’éparpilla ici et là. Que ce soit ses gardes ou bien Valtus lui même, aucun n’avait eu le temps d’achever le bouclier de Force qu’ils étaient en train d’invoquer déviant ainsi de manière aléatoire la déflagration. Valtus, Iolna et deux autres gardes reçurent la force de l’explosion de côté, les projetant ainsi sur quelques mètres. Les autres gardes la reçurent directement par le haut, comme s’ils étaient écrasés par elle, pour les plus chanceux et les plus alertes…
Malgré la puissance du souffle à si petite distance, Valtus arrive à garder une certaine concentration et à rester conscient. Une prouesse qui n’a cependant rien de naturelle… Dans la Force, c’est un torrent d’obscurité qui se déverse littéralement dans sa chaire et jusqu’ à la moelle de ses os, comme si le Côté obscur lui même s’incarnait en lui pour qu’il survive. Fort de cette afflux d’obscurité, Valtus focalisa son pouvoir pour se protéger efficacement du déluge de feu qui s’abattit sur eux tous après l’explosion. Iola et les gardes les plus proches d’elle s’étaient regroupé tant bien que mal et unir projeter ensemble un bouclier de Force pour se protéger les uns les autres. Déjà, les cris et les hurlements d’effroi de ceux qui n’avaient pas pu se protéger raisonnaient. Valtus les entendaient… ils les acceptaient… il s’en nourrissait…
« Tiruïn ! Yomenië os-aran ! »
Cet ordre donné en langue ancienne de Sigil par Valtus pourrait se traduire en Basic par « Gardes ! Ressemblez vous autour de votre roi ! ». Sa voix raisonne même à travers la Force comme un appel impérieux et envoûtant auquel on ne peut résister et qui cherche à vous conduire inexorablement. Les gardes survivants le rejoignent ainsi rapidement et l’entourent pour former une enceinte protectrice autour de lui. Tous ainsi réunis autour de l’aura inspirante de Valtus, ils se concentrent pour mobiliser leurs forces intérieurs et les canaliser à travers la Force.
La chaleur dégagée par la végétation en feu est insoutenable et l’air vicié par les fumées commence déjà à attaquer les poumons de chacun, même de Valtus qui ne peut s’empêcher de tousser à plusieurs reprises. Même le système de filtration des casques intégraux de la garde royal est saturé et ne parvient plus à diffuser un air respirable à leurs porteurs. Mais l’obscurité ainsi unie autour du monarque commença à rapidement montrer ses effets. Les flammes autour d’eux perdaient en intensité, elles reculaient même à certains endroits dégageant ainsi une issue. C’est ainsi que tous se dirigèrent vers l’escarpement rocheux le plus proche, un endroit que naturellement les flammes ne pouvaient atteindre.
Une fois en sécurité, Valtus vacilla et fut contrainte de poser un genou à terre pour ne pas s’effondrer tant il ressentait une fatigue aussi profonde que fulgurante. A la seconde où ils avaient franchis cette ligne ténue qui séparait le sol rocheux de la végétation brûlante, le Côté obscur s’était retiré soudainement de lui. A chaque fois c’était une épreuve pour le monarque. Le Côté obscur offrait la puissance, la puissance qui dépasse la normale, la puissance qui permet de défier la Nature elle-même ! Mais cela avait un prix.
Les gardes de Valtus semblaient ne pas ressentir cette même fatigue. Ils étaient éprouvés certes, mais plus par le choc et la violence de ce qui venait de se passer qu’autre chose. Iola était en train d’étouffer les flammes qui commençaient à naître sur le pan gauche de sa cape lorsqu’elle remarqua la détresse de son roi. Elle se précipita vers lui.
« Majesté ! »
Valtus la repoussa d’un geste tandis qu’il se relevait en expulsant les dernières fumées qui entravaient péniblement ses poumons. Il remarqua alors non sans un certain soulagement étragne, que le Jedi avait survécu et qu’il était à côté de lui.
« Capitaine, rassemblez les survivants. Nous partons immédiatement ! »
D’un point de vue extérieur, c’était comme une gifle qu’aurait porté Valtus à l’intention bienveillante que lui portait Iola. Mais il n’en était rien en vérité. C’était leur manière de faire et d’interagir depuis une dizaine d’années déjà.
Malgré la gravité de la situation, le Jedi semblait trouver les ressources nécessaire pour se laisser aller à l’humour. Valtus regardait dans la même direction que lui et commençait déjà à réfléchir à la suite.
« Vous avez bien des choses à apprendre à propos du Côté obscur, Jedi… S’en est presque navrant… « Facile » et « direct », hum ? C’est ainsi que vous voyez le pragmatisme. Une notion qui vous échappe à tous sur Coruscant ou sur Ondéron… euh… Ossus… ah ! Non ! Tatooïne à présent, c’est vrai ! C’est qu’il va falloir songer à vous fixer un jour… »
La taquinerie était gratuite, facile… mais de bonne guerre pour Valtus. Contre toute attente, le Sith se permit même de tapoter l’épaule droite du Jedi en lui faisant un clin d’oeil, lui laissant à lui seul la redoutable tâche de trouver la signification de ce geste.
« Comme je l’ai dit lors de notre dernière rencontre, il n’y a pas d’obscurité sans lumière… Escalader la cime et faire le point à son sommet et la meilleure chose à faire d’un point de vue tactique. »
Les gardes s’étaient tous rassemblés pour écouter les instructions et les ordres d’Ilona. Valtus n’en dit pas plus et observait la carcasse de sa navette en train de brûler et de fondre sous ses yeux. Le bruit du métal se tordant et se rompant venaient ponctuer le crépitement des arbres en feu. Dans les flammes, Valtus regardaient les corps de ses gardes immobiles dont les chaires se consumaient plus rapidement que les pièces de leurs armures. Des faibles ? Des guerriers sans talents ? Un simple manque de chance ? Des Siths sans valeur ? Valtus ne se posait pas ce genre de questions… Pour lui, ils étaient avant tout des filles et des fils de Sigil… tous morts inutilement et de la manière la plus effroyable possible. Cet accès de sentimentalisme passé, le Sith usa de la Force pour arracher à l’un des cadavres les plus proches et les moins atteints sa ceinture multi-fonction. Arrivant rapidement dans sa main, le Sith constata avec soulagement qu’elle était encore intacte même si elle avait souffert des flammes en apparence. Elle était destiné au Jedi.
« Tenez… Elle vous sera plus utile qu’à sa défunte propriétaire. »
La ceinture était composée de plusieurs compartiments dans lesquels se trouvaient tout ce qui pouvait être utile à un soldat sur un terrain d’opération. Médipack, détecteur de proximité, rations de survie, stimulants et dopants, kits de réparation, comlink mais surtout et ce qui était le plus utile présentement, un auto-grappin. Pas plus imposant qu’une gourde, le dispositif contenait un métal liquide qui au contact de l’air ambiant se solidifiait pour former un câble rigide assez solide pour supporter le poids de deux individus. Le grappin en lui même était propulsé via une cartouche de gaz simple et les quatre bras métalliques qui le formaient tapissés des milliers de nano-crochets assurant ainsi une adhérence et un maintient parfait.
Le moment était venu… Tous les survivants à l’explosion, soit une dizaine Valtus et le Jedi inclus, s’étaient parfaitement alignés le long de la paroi rocheuse. Les auto-grappins furent dégainer et les câbles aussitôt se formèrent. Attachant l’auto-grappin à leur ceinture, tous commencèrent la périlleuse ascension. Dès le premier mètre escaladé, le système d’assistance des auto-grappins s’activa comme si le câble était rembobiné, soulageant ainsi des grimpeurs d’une partie de la difficulté. Valtus et le Jedi grimpait non loin l’un de l’autre.
« Je suppose que Garibaldi est un nom d’emprunt… Peut être allez vous enfin consentir à me donner votre véritable nom ? »
Le vrombissement des réacteurs de la navette qui s’élevait doucement dans les airs derrière le groupe aurait couvert même la voix la plus puissante, c’est pourquoi le Sith attendait patiemment de pouvoir répondre au Jedi et de commencer leur marche.
Mais l’envie était trop forte… Aussi, Valtus commença à faire quelques pas en direction du Jedi pour qu’il puisse l’entendre avec plus d’aisance. Un pas… deux pas… et le sang du Sith se glaça soudainement. Une sensation également partagée par ses gardes royaux. Il en était toujours ainsi lorsque le Côté obscur se manifestait à eux. Valtus s’immobilisa alors. L’obscurité cherchait à lui faire comprendre quelque chose… La réponse ne fut pas longue à être découverte.
Une fraction de seconde avant l’explosion, Valtus et ses gardes avaient tous levé la tête vers l’appareil. Puis il y eu le cri du Jedi...
« A TERRE ! »
La déflagration qui s’en suivit balaya littéralement le groupe et l’éparpilla ici et là. Que ce soit ses gardes ou bien Valtus lui même, aucun n’avait eu le temps d’achever le bouclier de Force qu’ils étaient en train d’invoquer déviant ainsi de manière aléatoire la déflagration. Valtus, Iolna et deux autres gardes reçurent la force de l’explosion de côté, les projetant ainsi sur quelques mètres. Les autres gardes la reçurent directement par le haut, comme s’ils étaient écrasés par elle, pour les plus chanceux et les plus alertes…
Malgré la puissance du souffle à si petite distance, Valtus arrive à garder une certaine concentration et à rester conscient. Une prouesse qui n’a cependant rien de naturelle… Dans la Force, c’est un torrent d’obscurité qui se déverse littéralement dans sa chaire et jusqu’ à la moelle de ses os, comme si le Côté obscur lui même s’incarnait en lui pour qu’il survive. Fort de cette afflux d’obscurité, Valtus focalisa son pouvoir pour se protéger efficacement du déluge de feu qui s’abattit sur eux tous après l’explosion. Iola et les gardes les plus proches d’elle s’étaient regroupé tant bien que mal et unir projeter ensemble un bouclier de Force pour se protéger les uns les autres. Déjà, les cris et les hurlements d’effroi de ceux qui n’avaient pas pu se protéger raisonnaient. Valtus les entendaient… ils les acceptaient… il s’en nourrissait…
« Tiruïn ! Yomenië os-aran ! »
Cet ordre donné en langue ancienne de Sigil par Valtus pourrait se traduire en Basic par « Gardes ! Ressemblez vous autour de votre roi ! ». Sa voix raisonne même à travers la Force comme un appel impérieux et envoûtant auquel on ne peut résister et qui cherche à vous conduire inexorablement. Les gardes survivants le rejoignent ainsi rapidement et l’entourent pour former une enceinte protectrice autour de lui. Tous ainsi réunis autour de l’aura inspirante de Valtus, ils se concentrent pour mobiliser leurs forces intérieurs et les canaliser à travers la Force.
La chaleur dégagée par la végétation en feu est insoutenable et l’air vicié par les fumées commence déjà à attaquer les poumons de chacun, même de Valtus qui ne peut s’empêcher de tousser à plusieurs reprises. Même le système de filtration des casques intégraux de la garde royal est saturé et ne parvient plus à diffuser un air respirable à leurs porteurs. Mais l’obscurité ainsi unie autour du monarque commença à rapidement montrer ses effets. Les flammes autour d’eux perdaient en intensité, elles reculaient même à certains endroits dégageant ainsi une issue. C’est ainsi que tous se dirigèrent vers l’escarpement rocheux le plus proche, un endroit que naturellement les flammes ne pouvaient atteindre.
Une fois en sécurité, Valtus vacilla et fut contrainte de poser un genou à terre pour ne pas s’effondrer tant il ressentait une fatigue aussi profonde que fulgurante. A la seconde où ils avaient franchis cette ligne ténue qui séparait le sol rocheux de la végétation brûlante, le Côté obscur s’était retiré soudainement de lui. A chaque fois c’était une épreuve pour le monarque. Le Côté obscur offrait la puissance, la puissance qui dépasse la normale, la puissance qui permet de défier la Nature elle-même ! Mais cela avait un prix.
Les gardes de Valtus semblaient ne pas ressentir cette même fatigue. Ils étaient éprouvés certes, mais plus par le choc et la violence de ce qui venait de se passer qu’autre chose. Iola était en train d’étouffer les flammes qui commençaient à naître sur le pan gauche de sa cape lorsqu’elle remarqua la détresse de son roi. Elle se précipita vers lui.
« Majesté ! »
Valtus la repoussa d’un geste tandis qu’il se relevait en expulsant les dernières fumées qui entravaient péniblement ses poumons. Il remarqua alors non sans un certain soulagement étragne, que le Jedi avait survécu et qu’il était à côté de lui.
« Capitaine, rassemblez les survivants. Nous partons immédiatement ! »
D’un point de vue extérieur, c’était comme une gifle qu’aurait porté Valtus à l’intention bienveillante que lui portait Iola. Mais il n’en était rien en vérité. C’était leur manière de faire et d’interagir depuis une dizaine d’années déjà.
Malgré la gravité de la situation, le Jedi semblait trouver les ressources nécessaire pour se laisser aller à l’humour. Valtus regardait dans la même direction que lui et commençait déjà à réfléchir à la suite.
« Vous avez bien des choses à apprendre à propos du Côté obscur, Jedi… S’en est presque navrant… « Facile » et « direct », hum ? C’est ainsi que vous voyez le pragmatisme. Une notion qui vous échappe à tous sur Coruscant ou sur Ondéron… euh… Ossus… ah ! Non ! Tatooïne à présent, c’est vrai ! C’est qu’il va falloir songer à vous fixer un jour… »
La taquinerie était gratuite, facile… mais de bonne guerre pour Valtus. Contre toute attente, le Sith se permit même de tapoter l’épaule droite du Jedi en lui faisant un clin d’oeil, lui laissant à lui seul la redoutable tâche de trouver la signification de ce geste.
« Comme je l’ai dit lors de notre dernière rencontre, il n’y a pas d’obscurité sans lumière… Escalader la cime et faire le point à son sommet et la meilleure chose à faire d’un point de vue tactique. »
Les gardes s’étaient tous rassemblés pour écouter les instructions et les ordres d’Ilona. Valtus n’en dit pas plus et observait la carcasse de sa navette en train de brûler et de fondre sous ses yeux. Le bruit du métal se tordant et se rompant venaient ponctuer le crépitement des arbres en feu. Dans les flammes, Valtus regardaient les corps de ses gardes immobiles dont les chaires se consumaient plus rapidement que les pièces de leurs armures. Des faibles ? Des guerriers sans talents ? Un simple manque de chance ? Des Siths sans valeur ? Valtus ne se posait pas ce genre de questions… Pour lui, ils étaient avant tout des filles et des fils de Sigil… tous morts inutilement et de la manière la plus effroyable possible. Cet accès de sentimentalisme passé, le Sith usa de la Force pour arracher à l’un des cadavres les plus proches et les moins atteints sa ceinture multi-fonction. Arrivant rapidement dans sa main, le Sith constata avec soulagement qu’elle était encore intacte même si elle avait souffert des flammes en apparence. Elle était destiné au Jedi.
« Tenez… Elle vous sera plus utile qu’à sa défunte propriétaire. »
La ceinture était composée de plusieurs compartiments dans lesquels se trouvaient tout ce qui pouvait être utile à un soldat sur un terrain d’opération. Médipack, détecteur de proximité, rations de survie, stimulants et dopants, kits de réparation, comlink mais surtout et ce qui était le plus utile présentement, un auto-grappin. Pas plus imposant qu’une gourde, le dispositif contenait un métal liquide qui au contact de l’air ambiant se solidifiait pour former un câble rigide assez solide pour supporter le poids de deux individus. Le grappin en lui même était propulsé via une cartouche de gaz simple et les quatre bras métalliques qui le formaient tapissés des milliers de nano-crochets assurant ainsi une adhérence et un maintient parfait.
Le moment était venu… Tous les survivants à l’explosion, soit une dizaine Valtus et le Jedi inclus, s’étaient parfaitement alignés le long de la paroi rocheuse. Les auto-grappins furent dégainer et les câbles aussitôt se formèrent. Attachant l’auto-grappin à leur ceinture, tous commencèrent la périlleuse ascension. Dès le premier mètre escaladé, le système d’assistance des auto-grappins s’activa comme si le câble était rembobiné, soulageant ainsi des grimpeurs d’une partie de la difficulté. Valtus et le Jedi grimpait non loin l’un de l’autre.
« Je suppose que Garibaldi est un nom d’emprunt… Peut être allez vous enfin consentir à me donner votre véritable nom ? »
Gary Kovani
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Mer 29 Mar 2023 - 0:33
J'accepte le présent, et obtempère sans un mot. Je ne relève aucune des piques mesquines du puissant Seigneur Sith. L'art d'un bon détective, c'est aussi de connaître les limites. Les siennes et celles des autres. A cet instant, l'instinct me dicte de coopérer en silence, d'accepter la ceinture, et de ne surtout pas chercher à entrer dans un conflit métaphysique stérile. Aucun de nous ne parviendra à convaincre l'autre. Nos natures, forgées par le dogme et l'expérience, sont aux antipodes l'une de l'autre.
Je me place à la gauche de Valtus. Yeux rivés sur la paroi. Je grimace, dubitatif. Je laisse mes doigts glisser dessus, alors que le reste de la petite troupe déjà amputée de quelques membres, se positionne. La roche est extrêmement friable, crayeuse. Elle laisse sur mes gants de similicuir une poudre ocre clair, qui tire sur le jaune. Un grattement suffit à en arracher quelques fragments. Je lève les yeux au ciel, pour aviser le haut pinacle. Son arête découpe le bleu azur du ciel, maintenant chargé de nappes de suies ébènes, avec la précision d'un enfant de trois ans. Entre cet objectif et nous, des milliers de saillies et de crevasses creusées par la pluie, érodées par les bourrasques traîtresses, nous invitent à l'escalade. Un terrain vertical, vertigineux, dont chaque corniche pourrait s'effondrer sous notre poids, déclenchant une véritable avalanche de poussières...
Pourquoi est-ce que j'ai proposé cette stupide idée ?
Je lance une ultime œillade plaintive en direction de la gueule ouverte de la grotte. Frisson. Non. J'ai eu raison. C'est la moins pire des deux options qui s'offrent à nous, exceptée celle de faire demi-tour et de laisser tomber... Ce qu'aurait fait tout être sain d'esprit, doté d'un instinct de survie fonctionnel. Le miens est mort depuis longtemps. Sur Nar Shaddaa. A l'époque où la drogue, ou plus précisément le manque de drogue, dictait mes actes. J'ai été jusqu'à bouffer les excréments d'autres camés dans le stupide espoir d'ingérer quelques résidus euphorisants... Mais bref. Ce genre de détails ne regardent que moi. Les souvenirs, particulièrement les plus atroces, doivent être préservés : c'est le seul moyen de s'assurer que nous ne reproduirons pas les mêmes erreurs le moment venu.
Enfin, j'imite mes camarades. Je lève le bras, tire. Le filin siffle, à l’unisson des neufs autres. Une cacophonie dissonante qui carillonne comme un chant funèbre à l'agonie. Je pense que tout le monde réalise que cette ascension coûtera au moins une vie... Le grappin s'enfiche dans la roche, là-haut, bien trop haut pour qu'à contre-jour je puisse le distinguer. Pour m'assurer de la solidité de son point d'accroche, je tire un grand coup sur la corde d'acier. Il tient bon, contre toute attente. Aurais-je été trop pessimiste ?
Les premiers mètres le confirment. Les prises sont nombreuses, sous nos bottes, sous nos paumes. Je refuse de laisser tout mon poids reposer uniquement sur le filin, alors je l'utilise plus comme une ligne de vie. Ce n'est pas la première façade que je grimpe à mains nues. Mon attention s’anesthésie progressivement. Et je ne suis pas le seul. Darth Yrlion brise enfin le silence. Et ma concentration. Je lui décoche un sourire amusé. Sa question sonne éhontément comme un reproche :
« Si l'on considère que vous n'avez même pas daigné me donner un pseudonyme lors de notre première rencontre, qui est le plus en tord ? Il a fallu que je tape « Qui est le roi de Sigil ? » sur l'holonet impérial en arrivant sur Phindar, pour mettre enfin un nom sur votre visage. Pourquoi cette question soudaine ? Vous n'aimez pas Garibaldi ? Est-ce si important ? Appelez moi Gary alors, c'est plus court... »
Je m'amuse clairement à noyer le poisson. Gary est-il mon véritable prénom ? Ou bien s'agit-il seulement du diminutif de mon pseudonyme ?! Mystère ! Et je compte bien laisser le hautain souverain dans le flou aussi longtemps que possible. On s'amuse comme on peut, suspendu à fil, accroché à un escarpement fragile, à dix mètres au dessus du plancher des banthas.
« Je peux vous retourner la question d'ailleurs... Dans le feu de l'action, lorsque nos vies ne seront suspendues qu'à nos réflexes et notre capacité à coopérer, comment dois-je vous appeler ? Parce que Votre Altesse Royale Valtus Ier, aka Darth Yrlion, c'est un peu... long. Vous aurez le temps de mourir sept fois avant que je n'ai eu le temps de vous avertir du canon braqué sur vous... Et ne me répondez pas « Seigneur », ou « Maître ». Car le sarcasme qui en transpirerait dans ma bouche aurait tôt fait de déchirer la maigre estime qui s'est tissée entre nous, malgré nous. »
Je lève une main, plonge les doigts dans une anfractuosité. Puis relève un genou, pose une semelle sur une corniche étroite. Par moment, j'ai l'impression de sentir la roche crisser... Comme si mon poids suffisait à mettre en péril sa structure interne, incrustées de coquillages d'autres âges. Une roche sédimentaire née sous les océans... Les dix mètres suivants sont dévorés rapidement. Je prends de plus en plus de confiance, repousse toujours un peu plus loin les doutes nés au pied de la falaise. Le système auto-tractant du grappin me permet d'économiser assez d'énergie, pour, finalement, profiter de cette position précaire pour répondre aux tergiversations du Sith :
« Je persiste et signe, les ténèbres sont la voie de la facilité. Mais n’interprétez pas mal mes paroles. Ce n'est pas parce qu'un chemin est plus aisément accessible qu'il est sans embûche, et ne débouche pas sur des pièges mortels. L'accès et le cheminement sont deux choses distinctes. Pour frayer avec le coté obscur, il suffit de laisser libre court à ses émotions, quelles soient positives ou négatives... Alors que la lumière impose la retenue et le contrôle de soi... C'est en cela que cette voie est la plus difficile à emprunter. En somme, les ténèbres sont facile d'accès, mais terriblement dangereuses. Alors que la lumière requiert de lutter contre sa propre nature pour finalement accéder à la sérénité de l'âme. C'est pour cela que, chez les Jedi, on évite de se tirer dessus à coup de missiles incendiaires, ou d'envoyer des assassins nous souhaiter la bienvenue sur Nar Shaddaa... »
Je laisse échapper un soupire théâtral
« Je doute que nous tombions d'accord un jour sur ce point, je... »
Soudain, une corniche cède sous ma botte. Je perds l'équilibre, bascule en arrière. Mes mains fouettent l'air, inutiles... Mais heureusement le filin me sauve la vie, m'interdisant la chute libre, trente mètres plus bas. Je lève les yeux, vers le grappin enfiché dans la roche friable. Merde ! J'ai un mauvais pressentiment. Mon sang de fait qu'un tour. Un tsunami adrénaline inonde mon système sanguins. Mes nerfs s'électrisent alors que mes cheveux se hérissent. J'use de mon bassin pour me balancer et regagner la paroi... Et alors que mes quatre membres y trouvent des prises salvatrices, un terrible grondement me force à relever les yeux. Des fissures s'ouvrent au dessus de nos têtes. Des nappes de poussières aussitôt balayées par les vents surchauffés par l'incendie nous dégringolent dessus, suivies par des pans entiers de la paroi. Petits d'abords, mais qui en entraînent des bien plus volumineux. Une avalanche de roche. Par réflexe, je me plaque contre la falaise. Un bloc aussi gros que moi me frôle la nuque. J'entends un cri étouffé. Un corps chute, emporté malgré ses efforts. Celui d'un soldat. Il ne survivra pas.
Enfin le silence retombe, lourd, asphyxiant. Quelques infimes grondements le brisent de temps à autre, alors que de petits cailloux se décident à rejoindre finalement les autres. Le pire est passé... Sauf que pour la moitié d'entre nous, les filins pendouillent dans le vide, au rythme dicté par l'oscillation molle des grappins devenus inutiles.
Il ne reste plus qu'un poignée de mètres avant le sommet. Je décide, prestement, d'achever l'ascension à l'ancienne. Je crains que d'autres fissures se forment si nous restons plus longtemps sur place. Enfin j'arrive en haut. Je pose un main sur l'herbe desséchée par le soleil qui culmine à cette altitude, bien au dessus des jungles verdoyants devenues brasiers. Je pose un genou sur le rebord, et me hisse enfin. Prudent, je reste là, à plat ventre. Immobile. Mais rien ne bouge, aucun missile ou tir de blaster ne nous accueille. Nos avons posé pied sur une étroite crête. Devant nous, en contrebas, un incroyable dédale de canyons, ravines et crevasses, défigure le paysage aride. Un entrelacement si complexe qu'il est pratiquement impossible de suivre ses courbes à l’œil nu. Et quelque part au milieu de ce labyrinthe géologique se terre notre cible, Darth Therliss. Mais où ? Au moment ou je me pose cette question, un miroitement attire mon attention.
« Là, un sniper... »
Je distingue à peine sa silhouette, plaquée contre le sol, sur une crête légèrement en contrebas par rapport à la notre, mais de l'autre coté d'un large canyon impossible à franchir d'un bond. il tient un impressionnant fusil, presque aussi long que lui. L'homme est en tous points semblable aux mercenaires qui nous ont attaqué sur Nar Shaddaa : il porte un assemblage bigarré d'armures mandaloriennes ayant connu des temps meileurs.
« Il est tellement sûr d'avoir l'avantage de la position, qu'il n'a pas pris la peine de se camoufler... »
Amateur. Les yeux posés sur sa lunette de visée, il scrute ce qui pourrait être la sortie de la grotte que nous n'avons pas emprunté... Mais ce jeu de dupe ne durera qu'un maigre temps. Si nous nous déplaçons en suivant les crêtes il finira par nous repérer... Et, pour avoir vu les armures de beskar à l’œuvre, je doute que lui tirer dessus à cette distance soit une excellente idée... Non. Seule la Force pourrait nous venir en aide. Je ferme alors les yeux et laisse ma conscience s'étirer jusqu'à lui. Je peux sentir son cœur battre, lentement, sa respiration calme. Et le vide qu'il opère dans son esprit pour assurer sa visée. Je m'enroule mentalement autour de lui, étau invisible...
« Faites ce que vous avez à faire. A votre signal, je le maintiens. Il ne pourra ni bouger ni avertir ses amis pendant une trentaine de secondes. A cette distance, et une fois l'effet de surprise passé, je crains de ne pas pouvoir maintenir plus longtemps mon emprise sur un esprit entraîné. »
Deux semaines et demi plus tôt, Phindar.
Je coupe les répulseurs. Le silence remplace leur bourdonnement sourds. J'avise une dernière fois ma tenue. Un cliché. Harnais de cuir sombre, vestes noire par dessus une tunique rouge. Pantalon moulant et gants en similicuir ébènes. Je ressemble à un Sith tout droit sorti d'un film de propagande Républicain contre l'Empire. Mais ça fera l'affaire. Qui ira remettre en doute mon statu s'il risque, en théorie, de prendre mes griffes laser dans le visage ?
C'est avec cette assurance que je quitte mon vaisseau, par la rampe latérale. En bas m'attendent un groupe de trois soldats. Accompagnés d'une femme sans uniforme. Un sabre pend à sa ceinture... Une aura sombre se dégage de sa silhouette. Si dense que j'en aurais presque des relents d’œufs pourris dans les narines. Le plus gradé des trois impériaux m'énonce, sans aucune forme de politesse :
« Veuillez nous suivre immédiatement. Sans faire d'histoires. »
Le genre de demande qu'on ne peut refuser. Du moins si l'on veut revoir un autre levé de soleil.
Je me place à la gauche de Valtus. Yeux rivés sur la paroi. Je grimace, dubitatif. Je laisse mes doigts glisser dessus, alors que le reste de la petite troupe déjà amputée de quelques membres, se positionne. La roche est extrêmement friable, crayeuse. Elle laisse sur mes gants de similicuir une poudre ocre clair, qui tire sur le jaune. Un grattement suffit à en arracher quelques fragments. Je lève les yeux au ciel, pour aviser le haut pinacle. Son arête découpe le bleu azur du ciel, maintenant chargé de nappes de suies ébènes, avec la précision d'un enfant de trois ans. Entre cet objectif et nous, des milliers de saillies et de crevasses creusées par la pluie, érodées par les bourrasques traîtresses, nous invitent à l'escalade. Un terrain vertical, vertigineux, dont chaque corniche pourrait s'effondrer sous notre poids, déclenchant une véritable avalanche de poussières...
Pourquoi est-ce que j'ai proposé cette stupide idée ?
Je lance une ultime œillade plaintive en direction de la gueule ouverte de la grotte. Frisson. Non. J'ai eu raison. C'est la moins pire des deux options qui s'offrent à nous, exceptée celle de faire demi-tour et de laisser tomber... Ce qu'aurait fait tout être sain d'esprit, doté d'un instinct de survie fonctionnel. Le miens est mort depuis longtemps. Sur Nar Shaddaa. A l'époque où la drogue, ou plus précisément le manque de drogue, dictait mes actes. J'ai été jusqu'à bouffer les excréments d'autres camés dans le stupide espoir d'ingérer quelques résidus euphorisants... Mais bref. Ce genre de détails ne regardent que moi. Les souvenirs, particulièrement les plus atroces, doivent être préservés : c'est le seul moyen de s'assurer que nous ne reproduirons pas les mêmes erreurs le moment venu.
Enfin, j'imite mes camarades. Je lève le bras, tire. Le filin siffle, à l’unisson des neufs autres. Une cacophonie dissonante qui carillonne comme un chant funèbre à l'agonie. Je pense que tout le monde réalise que cette ascension coûtera au moins une vie... Le grappin s'enfiche dans la roche, là-haut, bien trop haut pour qu'à contre-jour je puisse le distinguer. Pour m'assurer de la solidité de son point d'accroche, je tire un grand coup sur la corde d'acier. Il tient bon, contre toute attente. Aurais-je été trop pessimiste ?
Les premiers mètres le confirment. Les prises sont nombreuses, sous nos bottes, sous nos paumes. Je refuse de laisser tout mon poids reposer uniquement sur le filin, alors je l'utilise plus comme une ligne de vie. Ce n'est pas la première façade que je grimpe à mains nues. Mon attention s’anesthésie progressivement. Et je ne suis pas le seul. Darth Yrlion brise enfin le silence. Et ma concentration. Je lui décoche un sourire amusé. Sa question sonne éhontément comme un reproche :
« Si l'on considère que vous n'avez même pas daigné me donner un pseudonyme lors de notre première rencontre, qui est le plus en tord ? Il a fallu que je tape « Qui est le roi de Sigil ? » sur l'holonet impérial en arrivant sur Phindar, pour mettre enfin un nom sur votre visage. Pourquoi cette question soudaine ? Vous n'aimez pas Garibaldi ? Est-ce si important ? Appelez moi Gary alors, c'est plus court... »
Je m'amuse clairement à noyer le poisson. Gary est-il mon véritable prénom ? Ou bien s'agit-il seulement du diminutif de mon pseudonyme ?! Mystère ! Et je compte bien laisser le hautain souverain dans le flou aussi longtemps que possible. On s'amuse comme on peut, suspendu à fil, accroché à un escarpement fragile, à dix mètres au dessus du plancher des banthas.
« Je peux vous retourner la question d'ailleurs... Dans le feu de l'action, lorsque nos vies ne seront suspendues qu'à nos réflexes et notre capacité à coopérer, comment dois-je vous appeler ? Parce que Votre Altesse Royale Valtus Ier, aka Darth Yrlion, c'est un peu... long. Vous aurez le temps de mourir sept fois avant que je n'ai eu le temps de vous avertir du canon braqué sur vous... Et ne me répondez pas « Seigneur », ou « Maître ». Car le sarcasme qui en transpirerait dans ma bouche aurait tôt fait de déchirer la maigre estime qui s'est tissée entre nous, malgré nous. »
Je lève une main, plonge les doigts dans une anfractuosité. Puis relève un genou, pose une semelle sur une corniche étroite. Par moment, j'ai l'impression de sentir la roche crisser... Comme si mon poids suffisait à mettre en péril sa structure interne, incrustées de coquillages d'autres âges. Une roche sédimentaire née sous les océans... Les dix mètres suivants sont dévorés rapidement. Je prends de plus en plus de confiance, repousse toujours un peu plus loin les doutes nés au pied de la falaise. Le système auto-tractant du grappin me permet d'économiser assez d'énergie, pour, finalement, profiter de cette position précaire pour répondre aux tergiversations du Sith :
« Je persiste et signe, les ténèbres sont la voie de la facilité. Mais n’interprétez pas mal mes paroles. Ce n'est pas parce qu'un chemin est plus aisément accessible qu'il est sans embûche, et ne débouche pas sur des pièges mortels. L'accès et le cheminement sont deux choses distinctes. Pour frayer avec le coté obscur, il suffit de laisser libre court à ses émotions, quelles soient positives ou négatives... Alors que la lumière impose la retenue et le contrôle de soi... C'est en cela que cette voie est la plus difficile à emprunter. En somme, les ténèbres sont facile d'accès, mais terriblement dangereuses. Alors que la lumière requiert de lutter contre sa propre nature pour finalement accéder à la sérénité de l'âme. C'est pour cela que, chez les Jedi, on évite de se tirer dessus à coup de missiles incendiaires, ou d'envoyer des assassins nous souhaiter la bienvenue sur Nar Shaddaa... »
Je laisse échapper un soupire théâtral
« Je doute que nous tombions d'accord un jour sur ce point, je... »
Soudain, une corniche cède sous ma botte. Je perds l'équilibre, bascule en arrière. Mes mains fouettent l'air, inutiles... Mais heureusement le filin me sauve la vie, m'interdisant la chute libre, trente mètres plus bas. Je lève les yeux, vers le grappin enfiché dans la roche friable. Merde ! J'ai un mauvais pressentiment. Mon sang de fait qu'un tour. Un tsunami adrénaline inonde mon système sanguins. Mes nerfs s'électrisent alors que mes cheveux se hérissent. J'use de mon bassin pour me balancer et regagner la paroi... Et alors que mes quatre membres y trouvent des prises salvatrices, un terrible grondement me force à relever les yeux. Des fissures s'ouvrent au dessus de nos têtes. Des nappes de poussières aussitôt balayées par les vents surchauffés par l'incendie nous dégringolent dessus, suivies par des pans entiers de la paroi. Petits d'abords, mais qui en entraînent des bien plus volumineux. Une avalanche de roche. Par réflexe, je me plaque contre la falaise. Un bloc aussi gros que moi me frôle la nuque. J'entends un cri étouffé. Un corps chute, emporté malgré ses efforts. Celui d'un soldat. Il ne survivra pas.
Enfin le silence retombe, lourd, asphyxiant. Quelques infimes grondements le brisent de temps à autre, alors que de petits cailloux se décident à rejoindre finalement les autres. Le pire est passé... Sauf que pour la moitié d'entre nous, les filins pendouillent dans le vide, au rythme dicté par l'oscillation molle des grappins devenus inutiles.
Il ne reste plus qu'un poignée de mètres avant le sommet. Je décide, prestement, d'achever l'ascension à l'ancienne. Je crains que d'autres fissures se forment si nous restons plus longtemps sur place. Enfin j'arrive en haut. Je pose un main sur l'herbe desséchée par le soleil qui culmine à cette altitude, bien au dessus des jungles verdoyants devenues brasiers. Je pose un genou sur le rebord, et me hisse enfin. Prudent, je reste là, à plat ventre. Immobile. Mais rien ne bouge, aucun missile ou tir de blaster ne nous accueille. Nos avons posé pied sur une étroite crête. Devant nous, en contrebas, un incroyable dédale de canyons, ravines et crevasses, défigure le paysage aride. Un entrelacement si complexe qu'il est pratiquement impossible de suivre ses courbes à l’œil nu. Et quelque part au milieu de ce labyrinthe géologique se terre notre cible, Darth Therliss. Mais où ? Au moment ou je me pose cette question, un miroitement attire mon attention.
« Là, un sniper... »
Je distingue à peine sa silhouette, plaquée contre le sol, sur une crête légèrement en contrebas par rapport à la notre, mais de l'autre coté d'un large canyon impossible à franchir d'un bond. il tient un impressionnant fusil, presque aussi long que lui. L'homme est en tous points semblable aux mercenaires qui nous ont attaqué sur Nar Shaddaa : il porte un assemblage bigarré d'armures mandaloriennes ayant connu des temps meileurs.
« Il est tellement sûr d'avoir l'avantage de la position, qu'il n'a pas pris la peine de se camoufler... »
Amateur. Les yeux posés sur sa lunette de visée, il scrute ce qui pourrait être la sortie de la grotte que nous n'avons pas emprunté... Mais ce jeu de dupe ne durera qu'un maigre temps. Si nous nous déplaçons en suivant les crêtes il finira par nous repérer... Et, pour avoir vu les armures de beskar à l’œuvre, je doute que lui tirer dessus à cette distance soit une excellente idée... Non. Seule la Force pourrait nous venir en aide. Je ferme alors les yeux et laisse ma conscience s'étirer jusqu'à lui. Je peux sentir son cœur battre, lentement, sa respiration calme. Et le vide qu'il opère dans son esprit pour assurer sa visée. Je m'enroule mentalement autour de lui, étau invisible...
« Faites ce que vous avez à faire. A votre signal, je le maintiens. Il ne pourra ni bouger ni avertir ses amis pendant une trentaine de secondes. A cette distance, et une fois l'effet de surprise passé, je crains de ne pas pouvoir maintenir plus longtemps mon emprise sur un esprit entraîné. »
****
Deux semaines et demi plus tôt, Phindar.
Je coupe les répulseurs. Le silence remplace leur bourdonnement sourds. J'avise une dernière fois ma tenue. Un cliché. Harnais de cuir sombre, vestes noire par dessus une tunique rouge. Pantalon moulant et gants en similicuir ébènes. Je ressemble à un Sith tout droit sorti d'un film de propagande Républicain contre l'Empire. Mais ça fera l'affaire. Qui ira remettre en doute mon statu s'il risque, en théorie, de prendre mes griffes laser dans le visage ?
C'est avec cette assurance que je quitte mon vaisseau, par la rampe latérale. En bas m'attendent un groupe de trois soldats. Accompagnés d'une femme sans uniforme. Un sabre pend à sa ceinture... Une aura sombre se dégage de sa silhouette. Si dense que j'en aurais presque des relents d’œufs pourris dans les narines. Le plus gradé des trois impériaux m'énonce, sans aucune forme de politesse :
« Veuillez nous suivre immédiatement. Sans faire d'histoires. »
Le genre de demande qu'on ne peut refuser. Du moins si l'on veut revoir un autre levé de soleil.
Darth Yrlion
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Jeu 30 Mar 2023 - 16:25
Le Lion et le Rat
Ce petit jeu de provocation amusait plutôt fortement Valtus. Il y prenait un plaisir certain à mesure que sa sympathie envers son adversaire séculaire grandissait insidieusement. Serait-il en train de baisser sa garde et de s’avancer inexorablement vers la Lumière ? Cette faiblesse inhérente à tout à chacun était-elle en train de se faire happer, exploiter par l’adversaire à son insu ? Ou bien, plus simplement, leur deux personnalités bien qu’antagonistes n’en demeuraient-elle pas moins compatible, la Force les attirant l’une à l’autre comme deux aimants ? Autant de questions auxquelles Valtus prendrait le temps de répondre en temps voulu.
Pour l’heure, il fallait se débarrasser de ce sniper embusqué et trop confiant. Avec un garde en moins, le corps expéditionnaire se réduisait encore et perdait en puissance d’attaque, ce qui laissait un goût amer dans la bouche du Sith. Il perdait trop de ses précieux guerriers et à chaque fois d’une manière peu honorable qui n’était pas digne de leur fidélité. Aussi, voir ce tireur d’élite si proche et si arrogant de confiance attisait chez lui un désir de vengeance puissant auquel le Côté obscur réagissait déjà. Peu à peu ses yeux se teintaient de pourpre-orangée.
Positionné aux côtés de Gary, Valtus percevait dans la Force l’étau qu’il était en train de nouer autour de l’esprit de leur cible. Le Côté obscur influait en Valtus attendant le bon moment pour se déchaîner. A eux deux, si proche l’un de l’autre, ils provoquaient une perturbation inédite dans la Force, ni totalement lumineuse ni totalement sombre…
« J’espère que vous serez aussi efficace que je le serais ! »
Sans que cela soi dit explicitement, le moment était venu d’agir. Valtus alors couché sur le ventre se releva subitement pour se mettre sur les genoux. Gary avait finalisé son piège et tenait le sniper sous son emprise. Aussitôt, le Sith tendit sa main vers la position ennemie. Là, il commanda au Côté obscur de s’attaquer à la roche, de la fracturer, de la briser et de l’arracher. La puissance de son attaque était à la mesure de son ressentiment.
En quelques instants, la pierre tout autour du sniper se brisa d’abord de manière anarchique puis ensuite et rapidement d’une manière bien définie découpant littéralement la crête de part en part. Le morceau de roche commença alors rapidement à se briser et se disloquer en centaines de morceaux tombant en contrebat du ravin, finissant par emporter avec lui le sniper impuissant. Signe que l’emprise du Jedi s’était dissipée, le malheureux avait agité ses bras dans l’espoir futile de s’agripper à quelque chose… Il aurait pu user d’une multitude d’autres effets pour mettre à bas le sniper… mais le morceau de roche brisé se détachant de la paroi avait l’avantage de laisser planer le doute de l’accident bête, de la faute naturelle dû à l’imprudence d’un excès de confiance et de la méconnaissance profonde du terrain.
« Un de moins, mon seigneur... »
Sous son casque, Ilona savourait cette mort tragique mais Valtus lui ne l’était pas.
« Le compte n’y est pas… capitaine… un des leurs pour quatre des nôtres… le compte n’y est pas du tout. »
L’amertume de Valtus s’entendait explicitement dans sa voix. Le Côté obscur était toujours à l’œuvre dans son esprit et alimentait ses émotions négatives. Etait-ce par maîtrise ou bien par l’intervention du Jedi que le monarque retrouva une sérénité relative, si ce n’est précaire. Impossible à dire. Mais le Côté obscur avait fini par se dérober temporairement. Il se tourna vers le Jedi.
« Valtus… Je pense que c’est de bon ton que vous me nommiez ainsi… Je m’en voudrais qu’à force de m’appeler « mon seigneur » vous y preniez goût… ou pire encore… que l’envie vous prenne d’adopter aussi ce titre… »
Le regard de Valtus était froid et dur. Mais l’espace d’un instant, le léger plissement de son œil droit qui se manifesta évoquait à qui était attentif et perspicace quelque chose de beaucoup plus léger, presque signe de complicité.
« Assurément, ce serait une très grande perte pour l’Ordre Jedi. »
Pendant qu’ils parlaient tous deux, Iola et deux autres gardes s’étaient dispersés à l’opposé les uns des autres pour observer les environs grâce au macro-jumelles intégrées dans leur casque. Ilona avait le campement de Therliss en vue, au loin. L’afficheur indiquait moins d’une dizaine de kilomètres à peine pour l’atteindre. Programmé pour être commandé via le mouvements des yeux et des paupières, le casque enregistra les données relatives au campement et une barre de progression commença à se remplir rapidement avant de disparaître...
« Mon seigneur, l’infra-rouge indique la présence de quatre sentinelles et d’au moins une patrouille sud/sud-ouest en direction du campement. »
Valtus soupira d’agacement. Il savait que la porté de senseurs embarqués dans les casques n’excédait pas les trois kilomètres… Autant de monde en embuscade sur une si petite distance !
« Déployer autant de moyens sur un monde qui est censé être secret… Quelle machination encore cela cache... »
Là encore, le temps n’était pas à la réflexion. Ils devaient se mettre en route au plus vite afin de garder le peu d’effet de surprise qu’ils avaient encore.
Descendre de la falaise fut beaucoup plus simple que la montée. Un chemin, certes très escarpé mais praticable, partait du plateau sur lequel ils étaient jusque dans la jungle en contre-bas.
La végétation était dense mais curieusement l’air restait frais et léger. D’apparence, le groupe avançait dans la jungle mais le climat n’avait rien de tropical. Le groupe parcourut plusieurs centaines de mètres dans le plus grand silence. Même Valtus et Gary étaient restés silencieux alors que leur Grande discussion était loin d’être terminée. Mais là encore, ce n’était pas le temps.
Soudain, tous cessèrent leur marche. Immobiles, ils s’affairaient tous à masquer jusqu’au bruit de leur respiration… Ils avaient tous perçus quelque chose dans la Force. Paradoxalement, une chose qui n’était pas liée et qui ne trouvait aucun écho en elle…
Un des gardes royaux de Valtus leva alors légèrement la main, à peine plus haut que son épaule, pour désigner de son index le droïd-sonde qui se déplaçait entre les cimes des arbres à une cinquantaine de mètres devant eux. La sphère noire balayait les environs avec son objectif bleu central qui pouvait se déplacer tout autour de son axe médian. A chaque craquement, chaque bruit de la faune ou de la flore, la sonde se stoppait pour scanner la source du bruit.
Sans dire un mot et par un seul geste, Ilona donna l’ordre à ses gardes de se mettre à couvert au plus vite. Valtus et Gary devaient faire de même. La trajectoire de la sonde allait clairement dans leur direction.
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Appartements royaux - Palais royal de Sigil // Deux jours après la visite de Darth Khaar
Adossée aux appartements royaux, la salle de méditation était une réplique quasi parfaite de celles que l’on pouvait trouver dans les temples Sith ou dans leurs académies. Un éclairage tamisé produit par des obélisques pourpres. Il y en avait six en tout, chacun frappé d’une inscription en langue Sith reprenant un passage du Code du sombre Ordre. Les murs étaient exsangues de toute décoration superflue et la partie centrale en demi-niveau à laquelle était accessible en descendant trois marches.
Munn Darell se trouvait devant le sas d’accès reliant la salle aux appartements. L’homme d’une cinquantaine d’année, mince et athlétique dans son uniforme noir, semblait hésiter malgré son assurance naturelle inébranlable. Ses tempes grisonnantes alliées à son visage rectangulaire et son front plissé ne pouvaient dissimuler sa perplexité. Le sas était perpétuellement fermé d’ordinaire. Que le roi soit dedans ou non. Il s’agissait d’un sanctuaire accessible par lui seul et nul n’avait le droit d’y pénétrer sous peine de mort. Pourtant… Son roi l’avait convoqué ici dans cet endroit. Même lui, en tant que Maître-espion, Directeur des services de renseignements de Sigi et par conséquent sachant tout sur tout et sur tout le monde, ignorait ce qui se trouvait dans cette salle qui semblait vide de toute présence.
D’un pas prudent, Munn s’avança dans le sas et perçu aussitôt à quel point la Force y était concentrée. A la manière d’un mur d’air glacé qui viendrait frapper son visage, l’énergie obscure caressait la moindre parcelle de sa peau.
« Mon seigneur ? »
Son interpellation raisonna légèrement dans la salle de méditation. Il s’écoula de longues secondes avant que la réverbération ne se dissipe. Il faisait de plus en plus froid dans la pièce au point que le Maître-espion ne commence à ressentir de fort frisson. La porte du sas se referma alors et se verrouilla. Se tournant de surprise, Munn fut encore plus surpris de voir Valtus assis en tailleur en plein milieu de la salle alors qu’il n’y avait personne la seconde d’avant. Il ne comprenait pas ce qui se passait… Son assurance s’ébranlait de plus en plus et il ne comprenait pas pourquoi. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il voulait fuir. C’était irrationnel mais il le voulait vraiment.
Alors qu’il s’apprêtait à parler, son visage se plissa et se contracta rudement signe qu’il était saisi par une douleur extrême. Son entraînement et sa dignité lui interdisait de laisser échapper le moindre son qui pourrait exprimer sa souffrance mais elle était réelle. La Force s’était infiltré en lui, plus particulièrement dans son esprit, balayant tout sur son passage. L’effet était le même qu’un millier d’aiguilles qu’on enfoncerait dans son crâne. Une voix se faisait entendre dans sa tête.
** Qui est ton véritable maître ?! **
Cette voix… il l’a connaissait parfaitement. La Force continuait d’ébranler son esprit, fouillant ses souvenirs, sa mémoire qui se manifestaient spontanément sous forme de flashs. Des moments joyeux, malheureux, tristes, honteux et de colères étaient ressassés sans la moindre précaution, sans la moindre compassion et avec une violence totale. La tension dans son esprit était tellement intense que Munn ne pouvait rester debout. Il fut contraint de s’agenouiller. Son visage était rouge de crispation.
** M’as tu trahis ? Avoues ! Et je t’accorderai une fin digne et noble ! **
Contrit par la douleur et par l’émotion suscité par certains souvenirs douloureux qu’il était en train de revivre à la chaîne, le Maître-espion arriva à rassembler ses forces pour répondre de vive voix.
« Ja… jamais… jamais… je ne vous trahirai… jamais… je… ne vous ai … trahis... »
Sa difficulté à articuler était réelle tout comme sa sincérité.
** Jadis tu servais ma mère… peut être penses-tu que je ne suis pas légitime ! Peut être tu as applaudi lorsque l’Usurpateur s’est emparé du trône ! Lorsqu’il a tué toute ma famille !! Peut-être même que… tu … convoite… toi aussi… mon trône ! Qui est ton maître ! »
Sa respiration devenait courte et ses forces vitales étaient en train de l’abandonner subitement. Néanmoins, il rassembla ce qui lui restait encore pour répondre.
« Fidèle ! en … tout… temps… Loyal ! jusque dans… la mort… Dévoué ! Jusque dans… mon âme… pour mon peuple … et … mon … roi ! »
Quelques flashs se matérialisèrent encore, la voix de Valtus raisonnait encore et encore, puis… plus rien. Le silence. Le calme. Le froid glacial du Côté obscur s’effaçait lui aussi au profit de la chaleur ambiante. Munn respirait avec avidité, comme pour retrouver son souffle et regagner les forces qui s’étaient dérobés quelques instants plutôt. Elles lui revirent en un instant de manière inattendue. Debout dans un coin de la salle de méditation, Valtus avait la main tendu vers lui et concentrait la Force afin d’inverser le processus d’absorption. Redevenu assez vaillant pour se tenir à nouveau debout et se redresser fièrement, Munn jeta un regard incrédule mais teinté de peur et de rage envers Valtus.
« Pourquoi ?! »
Valtus n’avait toujours rompu le lien mental avec son Maître-espion. La frustration, le peur et l’incompréhension qu’il percevait en lui était gage de sa bonne foi. Il ne l’avait pas trahis. Ce n’était pas lui. Il s’approcha de lui avec un regard impassible, sans aucune considération pour la douleur qu’il venait d’infliger.
« Je devais être certain de votre fidélité et étant donné votre force d’esprit et votre entraînement, je n’avais d’autre choix que d’employer ce procédé brutal et violent.
Darell acquiesça après un temps. C’était donc un test… Ce que Valtus venait de dire n’était pas de la flatterie mal placée destiné à lui assurer quelques réconforts, non. Il avait raison. Darell était capable de résister à bien des tortures, bien des manipulations conventionnelles mais face à manipulateur aguerri comme son roi, il s’avouait impuissant. A sa place, il aurait procédé de la même manière.
« C’était effectivement approprié, mon seigneur. »
Le sas de la chambre de méditation était toujours fermé.
« Nous avons été trahis… Et jusqu’à maintenant je ne pouvais me fier à personne d’autre que moi même. »
« Trahi ? Comment et dans quelles mesures?
Le sourcil de Valtus se leva malicieusement. Il croisa les bras comme de dépit.
« C’est bien le Maître-espion du roi qui pose cette question ? »
Darell se sentit piqué par cette remarque ironique, se rendant lui même compte du ridicule de la chose. Il y avait une trahison et il n’était même pas au courant. Mais Valtus dissipa rapidement le malaise qui commençait à s’installer.
« J’ignore comment, mais Therliss à réussi à s’infiltrer ici, dans le Palais. »
« Si des assassins s’étaient infiltrés dans le palais, même invisible, le système de sécurité les auraient détectés. »
« Pas s’ils sont dissimulés dans la Force… mais à présent que j’ai déjà eu à faire avec eux, je sais les traces qu’ils laissent. Ils ne sont pas invisible à cent pour cent et je les auraient perçu. »
« Therliss n’a pas pu infiltrer du personnel extérieur. Tous ceux qui servent dans le Palais sont identifiés grâce à un implant qui marque leur ADN. L’implant est scanné en permanence par les détecteurs internes et comparé aux données des Archives civiles. C’est infalsifiable et je mets même les services de renseignements de l’Empire de percer le cryptage des Archives. »
Cet échange de réflexions improvisé semblait satisfaire les deux interlocuteurs.
« L’implant détecterai si l’ADN de son porteur était modifié ? »
Munn compris aussitôt où Valtus venait en venir mais il écarta aussitôt son hypothèse.
« Il existe une infime marge d’erreur prise en compte par les détecteurs. Mais je vois à quoi vous pensez. Même si Therliss trouvait le moyen d’injecter de l’ADN de l’un de serviteurs du Palais à l’un de ses assassins dans le but de tromper l’implant, cela ne fonctionnerait pas. En l’état actuel de la technologie médicale la plus avancé, même impériale, le processus n’est total. Il reste toujours des traces de l’ancien ADN. Des traces que l’implant détecterai, ce qui déclencherai immédiatement une anomalie et une alerte de sécurité. »
« Une reprogrammation ? »
« Impossible. Toutes tentatives de modification déclenche automatiquement une alerte de sécurité. De même, il est impossible de se procurer un implant sans que nous le sachions. »
« La chambre forte de l’Égide ? »
Munn acquiesça. L’Égide était la dénomination officielle des services de renseignements de Sigil. Un endroit aussi inviolable et sécurisé que la salle de méditation de Valtus.
« C’est l’Égide qui fournit et programme les implants à tous les serviteurs du Palais. Et en dehors de vous, mon seigneur, je suis le seul à pouvoir entrer dans la chambre forte. »
Valtus soupira. Il avait d’autres hypothèses qui lui venait en tête mais il était clairement en train de se noyer dans les supputations. Il devait se rendre à l’évidence et l’hypothèse la plus simple.
« Donc… nous avons été trahis par l’un des nôtres »
« Je peine à le croire... »
« Et pourtant… »
« Therliss se donnerait vraiment beaucoup de mal pour vous atteindre… »
« Vraiment beaucoup effectivement ! Therliss est au courant de l’existence du complexe de Lathal… et potentiellement de ce qu’il abrite. L’existence de ce complexe n’est connu que de moi, de vous, du Docteur Frann et d’Ilona… »
« Pensez-vous qu’elles aient pu vous trahir ? »
Valtus hésita un instant en regardant dans le vide, l’air pensif.
« Non… J’aimerai en être totalement sûr... »
Gary Kovani
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Dim 2 Avr 2023 - 15:24
Jusqu'ici, les choix du Seigneur Sith, Valtus, s'avèrent judicieux. De mon humble point de vue, évidemment. Rester sur les crêtes n'aurait eu que pour effet de nous garder à découvert, cibles faciles pour qui aurait eu l'idée subite de pointer une lunette de visée vers les cimes. En contrebas, dans la végétation, nous sommes camouflés, même si nos déplacements sont plus lents. Le sous-bois, plus proche de ceux que l'on trouve dans les régions tempérées plutôt que la jungle, nous barre plusieurs fois la route, murs de ronces garnies d'épines aussi effilées que des aiguilles, ou racines traitresses menaçant de nous deséquilibrer. Nous les contournons plutôt que de les déchiqueter de nos armes laser, désireux d'évoluer en silence, de ne point déranger la faune qui pourrait répondre à la violence par des cris de détresses susceptibles de révéler notre présence.
J'essaye d'imaginer l'état d'esprit de l'ennemi. Un bon détective doit savoir entrer dans la tête de ceux qu'il recherchent, ou tente d'éviter. Ils ont tissé un réseau de pièges aux mailles serrées pour mieux pour nous prendre et nous achever... Mais après l'effet de surprise, le missile incendiaire, nous avons totalement disparu de leurs radars... Que vont-ils faire ? Le plus logique serait... Hmm.... de se replier, pour étrécier encore le maillage. Se regrouper derrière une seconde ligne de pièges, pour attendre, à l’affût. Mais cela ne veut pas dire qu'ils vont laisser nous approcher tranquillement...
Au même instant, le groupe se fige. Dans les airs, au dessus des frondaisons composées de larges feuilles caduques nous offrant un complexe jeu de lumière et d'ombres chinoises animées par le vent timide, quelque chose bouge. Lentement. Imperceptible dans la Force, à l'excepté de la signature laissée par les circuits électroniques, et les variations de polarisation de ses composants. Les « bips » caractéristiques accusent la présence d'un droide-sonde, qui se rapproche de notre position. Un grand classique : petits robots autonomes fabriqués en de milliards d'exemplaires et déployés dans toute la galaxie. A mesure que la forêt se densifie, il descend pour passer sous les branches les plus hautes. C'est logique, parfaitement logique. Si l'ennemi s'est replié, comme je le pense, alors il aura déployer des moyens de prévenir notre vecteur d'approche, afin d'adapter au mieux le comité d’accueil.
Cinquante mètres.
Je regarde à gauche, à droite. La gorge verdoyante dans laquelle nous nous sommes enfoncé n'offre nulle échappatoire. Nous ne pouvons qu'avancer ou reculer. Et je doute que la végétation suffise à nous soustraire aux scanners perfectionnés du droïde... Une idée surgit alors. Une très mauvaise idée. Je glisse silencieusement jusqu'à Valtus pour lui proposer le plan dans le creux de l'oreille. Mon souffle tiède à quelques centimètres seulement de son visage, alors que nos auras que tout oppose se diluent lentement l'une dans l'autre.
« Si reculer n'est pas une option, nous allons devoir tromper les sens du droïde. Le détruire, même en usant de moyens faussement accidentels, ne fera qu'éveiller les soupçons de Therliss et de ses sbires. »
Quarante mètres.
« Cette forêt grouille d'êtres vivants. Les senseurs du droïdes sont probablement réglés sur le rythme cardiaque et la température d'un humain lambda. Comme vous, comme moi, comme la plupart de vos gardes. »
Trente mètres.
« Si nous nous plongeons en méditation profonde, pour réduire la chaleur de nos corps, et les battements de nos cœurs, je suis persuadé que nous le tromperons. Il nous survolera sans même nous remarquer. »
Je marque une pause, ce plan n'est pas sans faille.
« Une telle technique de méditation, aussi profonde, orchestrée en si peu de temps pourrait... Nous tuer. Nous pourrions ne jamais nous en éveiller... C'est pour cela que nous tous nous unir, dans la Force. Comme une cordée. Si l'un sombre, les autres sauront, peut-être, le tirer jusqu'à la conscience... Sauf si le malheureux les entraine tous... »
Vingt mètres.
Le temps presse. Moins de deux minutes avant que nous soyons découverts. Faute d'autre option viable, nous nous mettons aussitôt à l’œuvre. Rassemblement sous un buisson densément feuillu, allongé au sol, ventre contre terre, les uns près des autres. Et comme lors d'une cérémonie occulte, nous nous donnons le main, formant un cercle à travers lequel la Force, en théorie, pourra circuler librement, d'une conscience à l'autre. Je ferme les yeux. Bloque ma respiration une trentaine de secondes pour forcer mon rythme cardiaque à chuter rapidement. A travers l'invisible Force, je transmets mes instructions à ceux qui sont moins familier avec cette technique de Méditation extrême. Valtus lui, se débrouille parfaitement. Amusant. Plus l'aventure progresse, plus je nous trouve de points communs. Nos auras se diluent encore un peu plus, ni sombre, ni lumineuses à présents. Elles influencent les autres. Je suis le premier à dire que les ténèbres grandissent derrière les obstacles posés devant la lumière véritable. Mais que ce passe-t-il lorsqu'il n'est pas totalement opaque ? Comme une masse nuageuse dans le ciel azur d'un parfait jour d'été ? Il en résulte une zone grise, de lumière tamisée, somme des deux entités, mais ni l'une ni l'autre. Un état d'équilibre instable, mais bien naturel. Cette soudaine idée m'aide à plonger dans une profonde réflexion, où je réalise, peut-être un peu tard, que tout le manichéisme enseigné par nos dogmes respectifs sont ridicules. Tout n'est que nuances de gris. Irrémédiablement, je sens mon esprit attiré par celui de Valtus. La proximité, le lien, la méditation harasse les barrières que nous avons mis une vie à ériger autour de nos esprits torturés. Je peux sentir les zones plus lumineuses dans son âme, tout comme lui doit percevoir à présent, la marque de l'obscur qui grêle la mienne. Des tâches imperceptibles, laissées là par l'usage de la psychométrie. Toutes ces fois où je ne fus plus moi-même, que je tente d'isoler dans les abysses de mon esprit pour ne pas sombrer dans la folie. Soudain je crois sentir un sentiment puissant, sous-jacent, derrière l'écran de ténèbres. De l'amour. Dans sa plus pure expression. Un amour véritable pour Sigil, et son peuple. Valtus, le monarque qui serait prêt à se rendre coupable des pires infamies, même d'y laisser sa vie, pour protéger ce peuple qui lui fut arraché, asservi par un usurpateur. Une idée vaporeuse qui se délite aussitôt, comme les souvenirs d'un rêve au réveil. Elle achève d'arc-bouter la vision que j'ai du Seigneur Sith.
Je perds toute notion du temps... Le droïde est-il passé ? Ou sommes nous tous morts, massacré dans notre sommeil artificiel par un ennemi nous ayant découvert ? Le doute s'immisce dans mon esprit, fait tanguer ma concentration. Alors que nos esprit, unis, sont encore ouverts les uns aux autres, je décèlle soudain... Une résistance. Un blocage, un mur. Un barrage qui menace de déstabiliser le flux de Force qui nous traverse. Son écho s'intensifie. Un abyme, un précipice qui s'ouvre un peu plus dans nos esprits mutualisées. Je me tourne mentalement vers la conscience de Valtus ! Il nous faut nous éveiller maintenant ! La terrible sensation nous aspire vers le fond, nous emporte. Au prix d'un effort surhumain, je parviens péniblement à prendre mes esprits...
Je me redresse d'un coup, assis, mes cheveux s'écrasent et s'emmêlent dans l'amas de branchettes entrelacées. J'inspire douloureusement, une grande bolée d'air frais. Privé d'oxygène depuis bien trop longtemps, je manque de défaillir, alors qu'une nuée de tâches sombres dansent devant mes yeux. Mon cœur recouvre un rythme normal. Je secoue la tête, chasse les brumes. Rapidement, je réalise que nous avons réussi, le droïde nous a dépassé depuis plus d'une minute trente, il flotte cent mètres en aval de notre position.
Mais je réalise aussi que deux des gardes royaux n'ont pas réussi à revenir. Leurs cœurs se sont définitivement arrêtés. Nous étions dix en pénétrant dans cette forêt, nous ne sommes plus que huit à présent, Valtus et moi compris...
Et avant que le Seigneur Sith n'ait pu réagir à cette nouvelle perte, je me glisse à son coté, et lui susurre dans l'oreille, profitant que les autres n'ont pas encore recouvré tous les esprits :
« Il y a un traître parmi nous. Cette idée me tanne depuis que le missile a frappé votre navette, Valtus. Ce genre de missile s'oriente soit par pointage laser, soit via une balise émettrice. Et comme si vous, ni moi n'avons senti la présence d'une sentinelle pointant votre vaisseau, cela signifie que l'un de vos gardes a laissé à l'intérieur une balise, cible du missile... Et maintenant, quelqu'un a sciemment cherché à cacher ses pensées lors de notre communion, menaçant de tous nous emporter dans le néant. La même personne. Qui cherche à cacher ses véritables intentions... »
Sur ces pensées secrètes, nous reprenons rapidement nos esprits, et notre progression. Il est trop tôt pour agir, le traitre, finira pas se trahir, c'est certain. Au bout de trois cent mètres, la forêt se clairseme. Les hauts arbres cèdent la place à de plus chétifs arbustes qui eux même abandonnent le terrain au profit de buissons bas, épineux ou non. Les deniers cent mètres ne sont qu'une prairies d'herbes folles parsemées de fleurs sauvages multicolore, nous offrant tout de même la possibilité de rester dissimulé en rampant. Devant nous, à l'autre bout de l'étroite bande de prairie, se dresse une arche de pierre, naturelle, sous laquelle, à même la falaise abrupte, a été édifiée une porte blindée. Elle est gardée par deux hommes en armures pseudo-mandaloriennes. Leur attitude atteste de notre réussite, ils discutent, le fusil posé sur l'épaule, aucunement alerté par notre approche.
« J'imagine que cette porte ouvre sur une série de tunnel conduisant droit au repère de Therliss... Que faisons-nous, mon seigneur ? »
Étrangement, le mot « seigneur » sort de ma bouche, comme mu d'une volonté propre. Il n'a plus rien d'une moquerie ou d'un sarcasme. C'est une forme de respect qui transparaît à présent de ce mot lourd de sens.
Deux semaines plus tôt, Phindar, localisation inconnue,
Les menottes, trop serrées, me coupent la circulation sanguines depuis trois jours déjà. Suspendu à une esse enfiché au plafond, j'attends mollement le chapitre final de ma misérable vie. C'est contre moi-même que je peste cette fois. Débile que j'ai été de me lancer à corps perdu dans cette missions stupide, de convaincre le Conseil Jedi de me l'autoriser. A peine ai-je eu le temps de poser pied à terre, que j'ai été arrêté. Par des soldats impériaux et une puissante Sith.
Soudain la musique recommence. Assourdissante. Elle me vrille les tympans, brise mes pensées, me réduit à l'état de légume végétatif impuissant. Les chaînes qui m’entravent me coupent de la Force, me prive de mon unique refuge. L'hymne martial de l'Empire. Encore et encore. Ils ne m'accorde que quelques secondes de silence, devenu tout aussi douloureux, avant de le relancer. Le même jeu perfide se rejoue depuis trois jours. Ils cherchent à me faire craquer... Mais pourquoi ? Je l'ignore, et je suis incapable d'y réfléchir...
Enfin le silence retombe. Je grogne, bave. Mes cheveux souillés de sueur me collent au visage. Ils m'ont déshabillé. Je suis entièrement nu, dans cette pièce surchauffée. La déshydratation commence à altérer mon jugement. Je crois voir passer des ombres autour de moi. Mes lèvres crevassées refusent de bouger. Les rares mots que j'arrive à aligner ne sont que grognements inintelligible. Une voix tonne, dans le haut-parleur :
« Quoi êtes-vous ?! Que faites-vous sur Phindar ?! »
Les mêmes questions, toujours. Ils savent que je n'ai plus la force mentale ou physique d'y répondre, mais ils continuent. Pourquoi ?! POURQUOI ?!
Les minutes s'étirent. Je perds toute notion du temps. Il pourrait être midi comme minuit. Depuis ces quelques jours, je m'accroche au chiffre trois, une seule fois un droïde est venu m'apporter de la nourriture... Il m'a fourré un tube dans la gorge et y a déversé une bouillie énergisante, à peine capable de me maintenir en vie. Je déteste les droïdes...
Le cycle aurait pu continuer ainsi, jusqu'à ce que je m'éteigne.... Mais, alors que je n'attends plus rien de la vie, une porte s'ouvre, face à moi. La lumière crue m'arrache un grognement de douleur alors que mes paupières ne suffisent plus à protéger mes rétines. Un claquement de botte s'invite dans mon espace de privation sensorielle. Des pas déterminés, rythmés. Une voix, féminine, s'adresse alors à la carcasse que je suis devenu :
« Jedi... A quoi bon lutter encore ? Vous pensiez réellement pouvoir venir ici, en territoire impérial, sans éveiller les soupçons ? Savez-vous ce qui vous a trahi en premier ? Non, pas votre aura ridiculement lumineuse... Mais l'immatriculation falsifiée de votre vaisseau au nom imprononçable. A peine entré dans l'espace orbital de Phindar, nous avons su qui vous étiez. Nous vous avons déjà repéré sur Nar Shaddaa... Vous avez beau disposer d'autorisations en règles, volées je ne sais comment à nos services, la signature singulière de votre vaisseau ne peut être aussi aisément travestie... Il aurait fallu modifier les caractéristiques extérieures, changer les moteurs pour tromper nos bases de données. Voyez-vous, c'est toute l'efficacité d'une administration ultra-centralisée. Aucune information ne se perds, tout est consigné quelque part, accessible à ceux qui en ont les autorisations... »
Un long, trop long monologue, digne des pires méchants de l'histoire des holofilms grotesques de série. Sauf que cette fois ci, il ne s'agit pas de cinéma. Ma confusion mentale risquerait de me le faire oublier. J'ouvre la bouche, tente de prononcer quelques mots, d'une voix rauque, brisée :
« Qui... »
Un index s'écrase sur mes lèvres gercées. La silhouette est tout proche, je peux sentir un subtil parfum florale. La meilleure odeur que je n'ai jamais senti de toute ma vie ? C'est que ce que me fait croire la privation, à cet instant. Mon corps se réveille.
« Gardez vos forces Jedi. Les méthodes barbares du colonel Briscus n'ont pas réussi à vous briser. Je m'en félicite... Car vous m'intriguez. Je sens... Quelque chose d'inhabituel chez vous. J'ignore quoi encore. Mais je compte bien le découvrir. Mes hommes vont vous détacher, vous laver, vous habiller et vous transférer jusqu'à ma demeure. Vous êtes trop faible pour résister... Alors ne tentez rien. Ils ont reçu l'ordre de vous abattre si vous vous regimbez. Ne me décevez pas, je préfère m'occuper de vous, à ma façon... »
L'ultime phrase avait pris, subitement, une intonation plus... sensuelle, moins froide. Mais étonnamment, c'est celle-ci qui me fit le plus trembler. A quoi bon résister lorsque votre destin est tout tracé ? Si la Force m'a conduit ici, c'est qu'elle à un plan pour moi. Même s'il n'a rien... d'agréable.
J'essaye d'imaginer l'état d'esprit de l'ennemi. Un bon détective doit savoir entrer dans la tête de ceux qu'il recherchent, ou tente d'éviter. Ils ont tissé un réseau de pièges aux mailles serrées pour mieux pour nous prendre et nous achever... Mais après l'effet de surprise, le missile incendiaire, nous avons totalement disparu de leurs radars... Que vont-ils faire ? Le plus logique serait... Hmm.... de se replier, pour étrécier encore le maillage. Se regrouper derrière une seconde ligne de pièges, pour attendre, à l’affût. Mais cela ne veut pas dire qu'ils vont laisser nous approcher tranquillement...
Au même instant, le groupe se fige. Dans les airs, au dessus des frondaisons composées de larges feuilles caduques nous offrant un complexe jeu de lumière et d'ombres chinoises animées par le vent timide, quelque chose bouge. Lentement. Imperceptible dans la Force, à l'excepté de la signature laissée par les circuits électroniques, et les variations de polarisation de ses composants. Les « bips » caractéristiques accusent la présence d'un droide-sonde, qui se rapproche de notre position. Un grand classique : petits robots autonomes fabriqués en de milliards d'exemplaires et déployés dans toute la galaxie. A mesure que la forêt se densifie, il descend pour passer sous les branches les plus hautes. C'est logique, parfaitement logique. Si l'ennemi s'est replié, comme je le pense, alors il aura déployer des moyens de prévenir notre vecteur d'approche, afin d'adapter au mieux le comité d’accueil.
Cinquante mètres.
Je regarde à gauche, à droite. La gorge verdoyante dans laquelle nous nous sommes enfoncé n'offre nulle échappatoire. Nous ne pouvons qu'avancer ou reculer. Et je doute que la végétation suffise à nous soustraire aux scanners perfectionnés du droïde... Une idée surgit alors. Une très mauvaise idée. Je glisse silencieusement jusqu'à Valtus pour lui proposer le plan dans le creux de l'oreille. Mon souffle tiède à quelques centimètres seulement de son visage, alors que nos auras que tout oppose se diluent lentement l'une dans l'autre.
« Si reculer n'est pas une option, nous allons devoir tromper les sens du droïde. Le détruire, même en usant de moyens faussement accidentels, ne fera qu'éveiller les soupçons de Therliss et de ses sbires. »
Quarante mètres.
« Cette forêt grouille d'êtres vivants. Les senseurs du droïdes sont probablement réglés sur le rythme cardiaque et la température d'un humain lambda. Comme vous, comme moi, comme la plupart de vos gardes. »
Trente mètres.
« Si nous nous plongeons en méditation profonde, pour réduire la chaleur de nos corps, et les battements de nos cœurs, je suis persuadé que nous le tromperons. Il nous survolera sans même nous remarquer. »
Je marque une pause, ce plan n'est pas sans faille.
« Une telle technique de méditation, aussi profonde, orchestrée en si peu de temps pourrait... Nous tuer. Nous pourrions ne jamais nous en éveiller... C'est pour cela que nous tous nous unir, dans la Force. Comme une cordée. Si l'un sombre, les autres sauront, peut-être, le tirer jusqu'à la conscience... Sauf si le malheureux les entraine tous... »
Vingt mètres.
Le temps presse. Moins de deux minutes avant que nous soyons découverts. Faute d'autre option viable, nous nous mettons aussitôt à l’œuvre. Rassemblement sous un buisson densément feuillu, allongé au sol, ventre contre terre, les uns près des autres. Et comme lors d'une cérémonie occulte, nous nous donnons le main, formant un cercle à travers lequel la Force, en théorie, pourra circuler librement, d'une conscience à l'autre. Je ferme les yeux. Bloque ma respiration une trentaine de secondes pour forcer mon rythme cardiaque à chuter rapidement. A travers l'invisible Force, je transmets mes instructions à ceux qui sont moins familier avec cette technique de Méditation extrême. Valtus lui, se débrouille parfaitement. Amusant. Plus l'aventure progresse, plus je nous trouve de points communs. Nos auras se diluent encore un peu plus, ni sombre, ni lumineuses à présents. Elles influencent les autres. Je suis le premier à dire que les ténèbres grandissent derrière les obstacles posés devant la lumière véritable. Mais que ce passe-t-il lorsqu'il n'est pas totalement opaque ? Comme une masse nuageuse dans le ciel azur d'un parfait jour d'été ? Il en résulte une zone grise, de lumière tamisée, somme des deux entités, mais ni l'une ni l'autre. Un état d'équilibre instable, mais bien naturel. Cette soudaine idée m'aide à plonger dans une profonde réflexion, où je réalise, peut-être un peu tard, que tout le manichéisme enseigné par nos dogmes respectifs sont ridicules. Tout n'est que nuances de gris. Irrémédiablement, je sens mon esprit attiré par celui de Valtus. La proximité, le lien, la méditation harasse les barrières que nous avons mis une vie à ériger autour de nos esprits torturés. Je peux sentir les zones plus lumineuses dans son âme, tout comme lui doit percevoir à présent, la marque de l'obscur qui grêle la mienne. Des tâches imperceptibles, laissées là par l'usage de la psychométrie. Toutes ces fois où je ne fus plus moi-même, que je tente d'isoler dans les abysses de mon esprit pour ne pas sombrer dans la folie. Soudain je crois sentir un sentiment puissant, sous-jacent, derrière l'écran de ténèbres. De l'amour. Dans sa plus pure expression. Un amour véritable pour Sigil, et son peuple. Valtus, le monarque qui serait prêt à se rendre coupable des pires infamies, même d'y laisser sa vie, pour protéger ce peuple qui lui fut arraché, asservi par un usurpateur. Une idée vaporeuse qui se délite aussitôt, comme les souvenirs d'un rêve au réveil. Elle achève d'arc-bouter la vision que j'ai du Seigneur Sith.
Je perds toute notion du temps... Le droïde est-il passé ? Ou sommes nous tous morts, massacré dans notre sommeil artificiel par un ennemi nous ayant découvert ? Le doute s'immisce dans mon esprit, fait tanguer ma concentration. Alors que nos esprit, unis, sont encore ouverts les uns aux autres, je décèlle soudain... Une résistance. Un blocage, un mur. Un barrage qui menace de déstabiliser le flux de Force qui nous traverse. Son écho s'intensifie. Un abyme, un précipice qui s'ouvre un peu plus dans nos esprits mutualisées. Je me tourne mentalement vers la conscience de Valtus ! Il nous faut nous éveiller maintenant ! La terrible sensation nous aspire vers le fond, nous emporte. Au prix d'un effort surhumain, je parviens péniblement à prendre mes esprits...
Je me redresse d'un coup, assis, mes cheveux s'écrasent et s'emmêlent dans l'amas de branchettes entrelacées. J'inspire douloureusement, une grande bolée d'air frais. Privé d'oxygène depuis bien trop longtemps, je manque de défaillir, alors qu'une nuée de tâches sombres dansent devant mes yeux. Mon cœur recouvre un rythme normal. Je secoue la tête, chasse les brumes. Rapidement, je réalise que nous avons réussi, le droïde nous a dépassé depuis plus d'une minute trente, il flotte cent mètres en aval de notre position.
Mais je réalise aussi que deux des gardes royaux n'ont pas réussi à revenir. Leurs cœurs se sont définitivement arrêtés. Nous étions dix en pénétrant dans cette forêt, nous ne sommes plus que huit à présent, Valtus et moi compris...
Et avant que le Seigneur Sith n'ait pu réagir à cette nouvelle perte, je me glisse à son coté, et lui susurre dans l'oreille, profitant que les autres n'ont pas encore recouvré tous les esprits :
« Il y a un traître parmi nous. Cette idée me tanne depuis que le missile a frappé votre navette, Valtus. Ce genre de missile s'oriente soit par pointage laser, soit via une balise émettrice. Et comme si vous, ni moi n'avons senti la présence d'une sentinelle pointant votre vaisseau, cela signifie que l'un de vos gardes a laissé à l'intérieur une balise, cible du missile... Et maintenant, quelqu'un a sciemment cherché à cacher ses pensées lors de notre communion, menaçant de tous nous emporter dans le néant. La même personne. Qui cherche à cacher ses véritables intentions... »
Sur ces pensées secrètes, nous reprenons rapidement nos esprits, et notre progression. Il est trop tôt pour agir, le traitre, finira pas se trahir, c'est certain. Au bout de trois cent mètres, la forêt se clairseme. Les hauts arbres cèdent la place à de plus chétifs arbustes qui eux même abandonnent le terrain au profit de buissons bas, épineux ou non. Les deniers cent mètres ne sont qu'une prairies d'herbes folles parsemées de fleurs sauvages multicolore, nous offrant tout de même la possibilité de rester dissimulé en rampant. Devant nous, à l'autre bout de l'étroite bande de prairie, se dresse une arche de pierre, naturelle, sous laquelle, à même la falaise abrupte, a été édifiée une porte blindée. Elle est gardée par deux hommes en armures pseudo-mandaloriennes. Leur attitude atteste de notre réussite, ils discutent, le fusil posé sur l'épaule, aucunement alerté par notre approche.
« J'imagine que cette porte ouvre sur une série de tunnel conduisant droit au repère de Therliss... Que faisons-nous, mon seigneur ? »
Étrangement, le mot « seigneur » sort de ma bouche, comme mu d'une volonté propre. Il n'a plus rien d'une moquerie ou d'un sarcasme. C'est une forme de respect qui transparaît à présent de ce mot lourd de sens.
****
Deux semaines plus tôt, Phindar, localisation inconnue,
Les menottes, trop serrées, me coupent la circulation sanguines depuis trois jours déjà. Suspendu à une esse enfiché au plafond, j'attends mollement le chapitre final de ma misérable vie. C'est contre moi-même que je peste cette fois. Débile que j'ai été de me lancer à corps perdu dans cette missions stupide, de convaincre le Conseil Jedi de me l'autoriser. A peine ai-je eu le temps de poser pied à terre, que j'ai été arrêté. Par des soldats impériaux et une puissante Sith.
Soudain la musique recommence. Assourdissante. Elle me vrille les tympans, brise mes pensées, me réduit à l'état de légume végétatif impuissant. Les chaînes qui m’entravent me coupent de la Force, me prive de mon unique refuge. L'hymne martial de l'Empire. Encore et encore. Ils ne m'accorde que quelques secondes de silence, devenu tout aussi douloureux, avant de le relancer. Le même jeu perfide se rejoue depuis trois jours. Ils cherchent à me faire craquer... Mais pourquoi ? Je l'ignore, et je suis incapable d'y réfléchir...
Enfin le silence retombe. Je grogne, bave. Mes cheveux souillés de sueur me collent au visage. Ils m'ont déshabillé. Je suis entièrement nu, dans cette pièce surchauffée. La déshydratation commence à altérer mon jugement. Je crois voir passer des ombres autour de moi. Mes lèvres crevassées refusent de bouger. Les rares mots que j'arrive à aligner ne sont que grognements inintelligible. Une voix tonne, dans le haut-parleur :
« Quoi êtes-vous ?! Que faites-vous sur Phindar ?! »
Les mêmes questions, toujours. Ils savent que je n'ai plus la force mentale ou physique d'y répondre, mais ils continuent. Pourquoi ?! POURQUOI ?!
Les minutes s'étirent. Je perds toute notion du temps. Il pourrait être midi comme minuit. Depuis ces quelques jours, je m'accroche au chiffre trois, une seule fois un droïde est venu m'apporter de la nourriture... Il m'a fourré un tube dans la gorge et y a déversé une bouillie énergisante, à peine capable de me maintenir en vie. Je déteste les droïdes...
Le cycle aurait pu continuer ainsi, jusqu'à ce que je m'éteigne.... Mais, alors que je n'attends plus rien de la vie, une porte s'ouvre, face à moi. La lumière crue m'arrache un grognement de douleur alors que mes paupières ne suffisent plus à protéger mes rétines. Un claquement de botte s'invite dans mon espace de privation sensorielle. Des pas déterminés, rythmés. Une voix, féminine, s'adresse alors à la carcasse que je suis devenu :
« Jedi... A quoi bon lutter encore ? Vous pensiez réellement pouvoir venir ici, en territoire impérial, sans éveiller les soupçons ? Savez-vous ce qui vous a trahi en premier ? Non, pas votre aura ridiculement lumineuse... Mais l'immatriculation falsifiée de votre vaisseau au nom imprononçable. A peine entré dans l'espace orbital de Phindar, nous avons su qui vous étiez. Nous vous avons déjà repéré sur Nar Shaddaa... Vous avez beau disposer d'autorisations en règles, volées je ne sais comment à nos services, la signature singulière de votre vaisseau ne peut être aussi aisément travestie... Il aurait fallu modifier les caractéristiques extérieures, changer les moteurs pour tromper nos bases de données. Voyez-vous, c'est toute l'efficacité d'une administration ultra-centralisée. Aucune information ne se perds, tout est consigné quelque part, accessible à ceux qui en ont les autorisations... »
Un long, trop long monologue, digne des pires méchants de l'histoire des holofilms grotesques de série. Sauf que cette fois ci, il ne s'agit pas de cinéma. Ma confusion mentale risquerait de me le faire oublier. J'ouvre la bouche, tente de prononcer quelques mots, d'une voix rauque, brisée :
« Qui... »
Un index s'écrase sur mes lèvres gercées. La silhouette est tout proche, je peux sentir un subtil parfum florale. La meilleure odeur que je n'ai jamais senti de toute ma vie ? C'est que ce que me fait croire la privation, à cet instant. Mon corps se réveille.
« Gardez vos forces Jedi. Les méthodes barbares du colonel Briscus n'ont pas réussi à vous briser. Je m'en félicite... Car vous m'intriguez. Je sens... Quelque chose d'inhabituel chez vous. J'ignore quoi encore. Mais je compte bien le découvrir. Mes hommes vont vous détacher, vous laver, vous habiller et vous transférer jusqu'à ma demeure. Vous êtes trop faible pour résister... Alors ne tentez rien. Ils ont reçu l'ordre de vous abattre si vous vous regimbez. Ne me décevez pas, je préfère m'occuper de vous, à ma façon... »
L'ultime phrase avait pris, subitement, une intonation plus... sensuelle, moins froide. Mais étonnamment, c'est celle-ci qui me fit le plus trembler. A quoi bon résister lorsque votre destin est tout tracé ? Si la Force m'a conduit ici, c'est qu'elle à un plan pour moi. Même s'il n'a rien... d'agréable.
Darth Yrlion
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Ven 7 Avr 2023 - 15:46
Le Lion et le Rat
Main dans la main, les sensitifs formaient une unité totale à travers la Force. De prime abord, l’idée n’avait pas enchanté du tout le Sith. Mais étant adepte du pragmatisme, il se rangea rapidement du côté de Gary car il s’agissait de la seule solution efficace qui se présentait à eux. Car il avait dit juste… reculer n’était pas une option… plus maintenant.
Valtus était coutumier de séances de méditation intense. Il lui arrivait d’en pratiquer régulièrement pour entretenir et approfondir toujours plus son lien avec la Force. Le Côté obscur affluait toujours en lui à ce moment là, envahissant son esprit, renforçant sa détermination et ses convictions. Et c’était à nouveau le cas cette fois, mais la configuration était différente. La sombre aura de Valtus se mêlait à l’aura éclatante de Gary et aux autres auras des gardes royaux, qui n’étaient pas de vrai Sith à proprement parlé mais plutôt des guerriers sensitifs redoutablement entraîner pour utiliser la Force en soutient à leurs techniques de combats. Aucune d’eux ne tiendrait bien longtemps face à un vrai Sith ou un vrai Jedi, mais l’entraînement que Valtus leur donnait en personne n’était cependant pas à sous-estimer.
Lorsque l’unité commença, l’obscurité qui l’envahi lui suggéra une idée redoutable. La méthode ressemblait étrangement à la mise en place d’une bombe psychique. Alors que les esprits commenceraient à se lier, Valtus n’aurait aucune difficulté influencer et orienter l’esprit de ses gardes pour qu’ils se laissent envahir et siphonnés par le Côté obscur. Gary poserait certainement des difficultés mais rien d’insurmontable… C’était une idée… qui disparut dès que l’unité commença à se stabiliser, dès que la Force lumineuse s’infiltrait à son tour en lui pour produire comme un équilibre. A présent, il n’y avait plus d’obscurité, ni de lumière, simplement la Force dans son ensemble et dans son unité.
Maintenir l’unité était très éprouvant pour chacun d’eux, à sa mesure. Si l’endurance du Jedi et du Sith, bien que mise à l’épreuve, tenait bon, celle des gardes de Valtus chutait à chaque seconde. Il le sentait et il d’une certaine manière tentait de faire en sorte de maintenir et stabiliser les esprits de ses gardes…
Une telle unité à également pour effet de lier tous ces esprits les uns aux autres, ils s’attiraient et se liaient momentanément d’un lien unique et éphémère dont l’existence même serait oublié et renié jusque dans la Force une fois l’unité terminée. La chose était totalement aléatoire néanmoins c’est out naturellement que les deux plus puissants esprits s’effleurèrent d’abord avant de finir par s’unir. Valtus sentait la présence de Gary dans son esprit mais il ne pouvait rien faire, il n’avait aucun contrôle, ni même aucune autre volonté que de maintenir l’unité. Il en était de même pour le Jedi…
L’esprit du Jedi était bien plus tourmenté que ne le pensait Valtus. La Lumière si aveuglante n’arrivait cependant pas à effacer des fragments obscurs. Même le plus fidèle et le plus sage des Jedis portait en lui une part d’ombre. C’était inévitable. Mais la présence en grand nombre de tâches obscures étonnait le Sith. Sans le vouloir ni le penser, une des marques sombres s’approcha de lui puis vins littéralement le percuter.
Le choc fut violent.
Valtus commença alors à ressentir des sentiments étranges. De la peine, de la frustration… puis le vide… un vie intérieur qui ébranlait tout son être jusqu’à serrer son propre coeur. Les pleurs d’un nourrisson se firent alors entendre dans les chimères de Force que générait l’unité. En un instant, Valtus se retrouvait dans un couffin. C’était lui qui pleurait. Il était devenu le nourrisson qui était en train de se faire porter par un homme au regard tendre et réconfortant.
« Que dirais-tu de « Gaius » ? »
« Le même prénom que mon grand-père ? Aucune chance ! « Ceri » dans ce cas ?
« C’est une blague ? C’est le prénom de mon oncle qui travaille au fisc… Ne donnes pas à cet enfant de mauvais idée de carrière…
Le visage d’un femme aimante et aux traits harmonieux s’esquissa soudainement aux côtés de l’homme.
« Roohh ! Hé bien pourquoi pas… « Gary » ? Qu’est ce que tu en penses ? »
« Cela me plaît beaucoup ! Petit Gary... Notre petit Gary...»
Les chimères se dissipèrent pour commencer à matérialiser une autre scène. Le froid de l’obscurité, un rire féminin, le plaisir mais aussi la douleur, la honte et le ressentiment commencèrent à être perçu par Valtus. Puis… rien … Les images, les sons disparurent subitement. Valtus se sentait… bouleversé. Véritablement. Son cœur se serrait comme jamais et la détresse qu’il ressentait était inédite pour lui. Ce qu’il venait de voir et de ressentir ébranlait tout la structure de on esprit pourtant solide et parfaitement construit. Les souvenirs étaient ceux du Jedi, de son subconscient le plus profond et pourtant même lui ne ressentait pas de telles émotions. C’est comme si elles étaient amplifiées en Valtus… Il le ressenti alors… le Côté obscur grandissant. Il était là, à nouveau, tel un prédateur à l’affût fixant et convoitant l’esprit du sith avec avidité. C’était lui le catalyseur de cet excès d’émotion. Une exagération, une amplification qui n’avait qu’un seul but... la bombe psychique. L’idée venait de revenir et le Sith sentait inexorablement son esprit vasciller et emprunter ce chemin funeste. Aussitôt, Valtus avait entrepris d’ériger ses propres défenses mentales comme pour se protéger de lui même. Puis plus rien…
Les yeux de Valtus s’étaient ouvert soudainement. Il était à terre. Il était allongé. Il cherchait sa respiration. Il venait de reprendre connaissance. Depuis combien de temps était-il dans cet état ? Impossible à déterminé. Comme se faisant violence, il se releva d’un coup et rassemblait rapidement ses forces éprouvées pour se maintenir debout et observer les environs. Le droïd flottait au loin à présent. Ses gardes étaient en train de reprendre leurs esprits non sans difficultés. Toutefois, deux d’entre eux ne semblaient pas ne pas avoir réussi à les retrouver, comme endormis dans la paix de la Force.
C’est alors que Gary lui glissa discrètement à l’oreille qu’il avait ressenti la présence d’un traître. Il l’écouta avec attention mais il semblait perplexe. Il n’avait rien senti de particulier dans l’esprit de ses gardes. Les seules étrangetés qu’il avait ressenti et même vécu provenait de Gary. Il était sur le point de lui répondre une chose mais ne sachant pas si le Jedi était au fait de ce qu’il avait perçu lorsque leurs esprits s’étaient liés, il se ravisa un instant. Lui même était incapable de dire ce que Gary avait lu en lui. Mais ce qu’il venait de dire projetait un doute réel, une hésitation qui pouvait vite devenir malsaine pour la suite des évènements.
Il ne répondit donc rien et s’approcha de chacun d’eux. Touchant leur visage et leur poitrine au niveau du coeur en prononçant à chaque fois la même suite de mots en phrasé antique de Sigil. Après cela, Valtus s’inquiéta brièvement de l’état de ses gardes survivants et tous reprirent leur progression.
Tandis qu’il marchait, Valtus réfléchissait aux dires de Gary, notamment sur ce qu’il avait dit sur le missile. Un instant, il se tourna vers Iola, la capitaine de la garde, sentant une grande faiblesse en elle. Une faiblesse physique qu’elle avait visiblement anticipée en sortant une ration de survie énergisante de sa ceinture qu’elle avala en deux bouchées.
« On dirait que vous vous y entendez en armement impérial. Mais si je peux me permettre de compléter vos informations. Ce type de missile peut aussi être programmé pour cibler automatiquement des cibles prédéfinies. Dans le cas d’un vaisseau ou d’une navette, il suffit de programmer la fréquence du transpondeur et le missile décolle dès que l’engin est a porté de détecteur. »
De part ses fonctions au sein des Forges impériales, Vatlus savait de quoi il parlait. Le missile incendiaire faisait partie de la dotation de base des régiments d’artillerie impériaux.
« Effectivement, je n’ai pas ressenti la présence de sentinelle. Tout comme je n’ai pas ressenti et vous non plus, la présence de ce droïd sonde. Ce même droïd qui aurait put très bien pointer un laser de guidage à des kilomètres de là. »
Se rapprochant de Gary, il lui glissa dans son oreille.
« J’entends votre théorie… mais il va falloir l’affinée bien plus que cela. »
L’idée de mettre en cause l’intégrité de ses gardes dérangeait Valtus. D’autant plus après ce qu’il avait perçu dans l’esprit de Gary. Plus tard lorsqu’ils arrivèrent en face des deux gardes en train de remplir leur mission dans la plus grande décontraction, Valtus ne pensait plus du tout à cela. Il se concentrait sur le moment présent. Tel un Jedi…
Le Jedi authentique serait-il en train de se prendre au jeu ? C’est ce que se demanda Valtus lorsque « Mon seigneur » fut prononcer par la bouche de Gary. Ce qui ne manqua pas de l’amuser intérieurement et le fit sourire. Les gardes royaux eux-même tournèrent tous la tête vers le Jedi tant ils étaient surpris.
« Je vous avait prévenu, mon ami. Vous êtes en train d’y prendre goût. »
Cette petite taquinerie passée, il fallait décider de la marche à suivre. Les deux gardes ne s’attendaient pas à une attaque, ils avaient baissés leur garde et leur vigilance. L’endroit était bien calme...
« Ce n’est pas un point d’accès principal, on dirait. Les environs ne sont pas aménagés… et ce tunnel conduit droit dans la forêt… Une sortie secrète pour fuir en toute discrétion ? Capitaine ? Votre avis?
Allongée à côtés de Gary, Ilona observait les deux gardes et l’arche à travers son casque intégral. Les détecteurs basiques de son casque mais efficaces indiquaient qu’il n’y avait que les deux gardes. Pas de droïds, ni des systèmes de surveillance ou de défense dissimulés, aucune interférence.
« Ce serait cohérent, mon seigneur. Je ne détecte aucun terminal d’accès à l’intérieur, ce qui veut dire que le tunnel ne s’ouvre que de l’intérieur ou via une commande que ces gardes possèdent. »
« Bien… La discrétion reste de mise. Je vais les distraire, capitaine. Vous et vos hommes savez quoi faire. »
Confirmant d’un signe de la tête, Iola et deux gardes commencèrent à s’avancer en rampant vers les gardes. L’arche en pierre au dessus de laquelle se trouvait incrustée la porte blindée était striée à divers endroits par des racines épaisses et entremêlées. Valtus se concentra à travers la Force pour se fixer sur elles. Visualisant dans son esprit les racines en train de se démêler, la chose commença à se réaliser tranquillement dans la réalité. Alors qu’elles se démêlaient, les racines commencèrent à pendre doucement en dessous de l’arche, peu à peu, centimètre par centimètre. Les gardes situés juste en dessous n’avait rien remarqué et continuait de discuter. Aussi, lorsque la longueur des racines fut suffisante pour atteindre leur épaules, les racines les agrippèrent tout les deux avec la rapidité et la force d’un fouet. Poignets, avant-bras, cou et taille tout tout ainsi ligoté en quelques instants, empêchant les gardes bouger. Dans le même temps, les gardes royaux de Valtus tapis dans l’herbe se relevèrent et se précipitèrent sur eux telles des ombres, la lame rétractable intégrée dans leur brassard prête à trancher. Un coup, deux coup. L’un à la gorge, sous le casque d’apparence mandalorienne et l’autre dans le flanc, là où les pièces en beskar ne protégeait pas les gardes. Lorsque Valtus senti que la vie des deux gardes s’était éteinte, il libéra sa concentration. Les racines délièrent les corps inertes des gardes qui tombèrent avec tout le poids de leur armure. Immédiatement, les gardes se mirent en position pour sécuriser les alentours tandis que Ilona fouillait les défunts à la recherche de quelque chose d’intéressant.
Lorsqu’il fut établi que la zone était sans danger, Gary et le reste du groupe rejoignirent l’entrée du tunnel. Comme Ilona l’avait dit, il n’y avait pas de terminal et elle n’avait rien trouvé sur les gardes qui permettaient d’activer l’ouverture de la porte blindée.
« Les gardes n’avaient aucun dispositif qui permet l’accès au tunnel, mon seigneur. »
Valtus acquiesça. Il s’approcha alors de la porte blindée. Elle n’était pas immense, à peine plus de trois mètres de haut, de forme pentagonale. Son blindage était renforcé, mais rien qui ne puisse être percé par la lame d’un sabre-laser. Il serait donc aisé de se frayer un chemin à travers. Mais là encore, Vatlus avait en tête de garder une certaine discrétion. Une ouverture réalisée au sabre-laser aurait tôt fait d’être remarqué même par les détecteurs les plus mal calibrés d’un droid-sonde. Il fallait être plus subtile.
Retirant ses gants, Valtus passa sa main gauche sur la froide paroi métallique. La surface d’apparence lisse était en rugueuse au touché. Il posa ensuite sa main droite à l’opposé de sa main gauche. Cela n’avait rien d’anodin. En plaçant ses mains au contact de la porte, le Sith diffusait la Force autour d’elle de manière à la sonder. Le champ ainsi créé se diffusait sur toute sa surface, jusque dans les rouages de ses mécanismes de fermeture et d’ouverture, les roulements à billes qui la faisait se déplacer, les pistons qui la tractait. Tout cela se visualisait d’une certaine manière dans l’esprit de Valtus.
Après quelques instants, Valtus prit une profonde inspiration et décolla les mains de la paroi, mais cependant, c’était comme si elles lui résistaient. Elles tremblaient légèrement. Peu à peu le champ que la Force générait autour du métal semblait devenir comme visible. La surface de la porte ondulait subtilement et de presque de façon imperceptible comme la surface de l’eau caressée par le vent. Le bruit du métal en train de se tordre était également présent. Puis il y eu le bruit des engrenages, des soupapes de pression et enfin l’ouverture de la porte. Valtus remit ensuite ses gants et adressa un clin d’oeil complice à Gary.
« Entrons enfin dans le vif du sujet ! »
Lorsqu’ils furent tous à l’intérieur du tunnel, la porte blindée se referma d’elle même, comme le programme d’ouverture le prévoyait. Le groupe était dans le noir complet. Aussitôt, chacun des gardes de Vatlus sortirent de leur ceinture une sorte de petite sphère tenant dans le creux de la main. Chaque sphère se mit à émettre de la lumière et à s’élever dans les airs avant de toutes se regrouper et former une sphère plus grande illuminant ainsi parfaitement le tunnel. Faisant office de détecteur de proximité, la sphère se déplaçait au rythme du groupe mais un mètre au devant de lui. L’aspect général du tunnel confirmait l’hypothèse du tunnel de secours. Les parois étaient couvertes de plaques de métal mais pas partout, formant comme une ossature interne. Le sol était couvert de permabéton incrusté de plaques de métal orange d’oxydation. Il interpella Gary.
« Vous le sentez aussi ? Cette présence ? Le Côté obscur semble attirée par elle… Nous approchons de Therliss. »
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Atelier de maintenance - Palais royal de Sigil // Deux semaines plus tôt
Situé dans les niveaux médians du complexe, le hangar royal accueillait tout type de transport nécessaire aux déplacements du roi. Moto-jets, speeder atmosphériques, barge de parade, navette spatiale ou encore transport blindé se partageait l’immensité des lieux. Une centaine de personnes et des dizaines de droïds de maintenance s’affairaient ici nuit et jour afin d’entretenir les véhicules et faire en sorte qu’ils soient en parfait état de marche et à disposition à la demande de Sa Majesté.
Ekart Roll était le plus ancien, le plus doué des mécaniciens en fonction dans le hangar et par conséquent celui que l’on avait naturellement désigné comme Maître-mécanicien. Ses années d’expériences et de curiosité lui conféraient une compétence redoutable pour diagnostiquer et réparer n’importe quel engin qui se présentait à lui. De l’avis même de ses collègues et subordonnées, il connaissait presque mieux les appareils que les ingénieurs qui les avaient conçus.
Sa famille et lui n’étaient pas originaire de la capitale mais des Terres de Malgarith. Une zone aride mais néanmoins riche en cobalt et en electrum qui assurait une rente confortable à la famille Tahlyyn et particulièrement à sa matriarche, la Duchesse Vadic qui fut en son temps un soutien au l’Usurpateur. Comme ce dernier l’avait exigé, chaque famille noble devait fournir un contingent défini de travailleurs, ouvriers et spécialistes destinés à remplacer le personnel du palais mort durant la Purge qui suivi sa prise de pouvoir. Ekart était l’un d’eux. Le lendemain de son mariage, il s’était vu attribué ses fonctions dans la capitale et sommé de partir là-bas corps et bien. Un an plus tard, son épouse donnait naissance à leur fils unique, Kasar. Lorsque Valtus reprit le pouvoir, tous les contingents furent autorisé à retourner vivre sur leur terres d’origines s’il le désiraient. Comme on le lui avait proposé, Ekart avait décidé de garder ses fonctions au palais mais lors de son temps libre, il retournait en Malgarith pour s’occuper, profiter de sa maison et passer du temps avec son fils.
L’air frais et la pénombre de l’aube occupait toujours l’immense plate-forme amovible du hangar. Depuis des années, Ekart arrivait toujours en avance, très en avance pour profiter du calme et surtout de la vue imprenable qu’il pouvait avoir sur le domaine du palais. De la manière dont le hangar était orienté, on pouvait voir les rayons du soleil en train de se lever illuminer le sommet des collines puis se répandre peu à peu sur les plaines et les eaux du lacs. Seul au milieu des machines et des droïds effectuant leur routines, le mécanicien qu’il était buvait paisiblement son café en admirant ce spectacle magnifique, presque poétique de son point de vue.
Ce jour, il avait décidé de s’occuper d’une des moto-jet du roi. Il devait changer une pièce complexe du moteur et en profiter pour faire l’entretient de l’appareil. Le premiers mécaniciens ne prendraient pas leur poste avant deux bonnes heures, il était donc seul pour travailler tranquillement. Seul… Pas tout à fait. Une ombre s’approchait de lui. Alors qu’il était allongé sous la moto-jet en train de retirer la pièce endommagée, sur un plateau de maintenance en lévitant légèrement au dessus du sol, Ekart glissa légèrement vers l’avant pour voir de qui il s’agissait. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il reconnu le visage de Valtus.
« Ma… Majesté ! »
Le mécanicien avait commandé au plateau de maintenance de se retirer afin qu’il puisse se relever avec empressement pour saluer comme il se doit son roi. Il était en tenue de travail déjà tachée de graisses et autres huiles de vidanges de même que ses mains. Non sans une certaine décontraction, Valtus le dispensa des formalités.
« Allons… mon ami… je vous en prie. Je pense que l’on peut se passer de ce genre de chose entre passionné que nous sommes. »
Il était de notoriété que le roi de Sigil était féru de technologies et de ses applications pratiques notamment dans le domaine mécanique. Des rumeurs disaient même que certaines nuits, le monarque s’affairaient dans le hangar pour « bidouiller » lui-même ses appareils, comme une sorte de hobby.
Ekart inclina la tête avec surprise et bonne humeur tout en essayant machinalement de nettoyer ses mains au mieux.
« Je vois que vous êtes en plein travail… »
Valtus s’approcha de la moto-jet et s’accroupit avec un œil averti pour se rendre compte de l’état du moteur.
«… L’injecteur de fluide on dirait ? Oh ! Vous avez été obligé de retirer la posi-matrice aussi ? »
Le Maître-mécanicien n’en revenait pas. Son roi, un Sith, un dignitaire influent de l’Empire, partageant son temps entre Sigil et Dromund Kaas… parlait de mécanique en des termes précis, justes et plus encore… il s’intéressait à son travail. Il resta coi l’espace d’un instant avant de se rendre compte que Valtus le regardait en attendant sa réponse.
« Heu… c’est exactement ça… Majesté. La posi-matrice n’est pas gênante en soi mais j’ai remarqué que si elle reste connectée alors qu’on touche à l’injection cela perturbe son calibrage et donc modifie le champs magnétique qu’elle produit. Beaucoup considéreraient que c’est négligeable mais… pas moi. »
« Je vois… c’est un plaisir de voir quelqu’un avec autant de passion et être aussi consciencieux. Vous permettez ? »
Valtus venait de se saisir d’un tournevis sonique et proposait purement et simplement d’assister Ekart dans ses réparations. C’est ainsi que les deux passionnés commencèrent à travailler de concert. Valtus était parfaitement détendu mais Erkat lui n’arrivait pas à éprouver autant de calme et de sérénité. Il cherchait toujours la raison pour laquelle un homme si important s’abaissait à pareil activité et s’intéressait à lui. Valtus lui posait des questions à propos de son travail. Des questions anodines pour la plupart, parfois précises cependant. Le mécanicien n’étant pas un sensitif, il était aisé pour Valtus de s’infiltrer dans son esprit et de percevoir le moindre de ses sentiments, de ses impressions et de ses émotions. Il le sentait parfaitement détendu et confiant. Un droïd de maintenance venait de déposer un gros conteneur là où il devait être entreposé. Cela fit curieusement plus de bruit que d’ordinaire mais vu la taille de l’objet, ce n’était pas étonnant. Ekart jeta cependant un œil sur le droïd. Il avait accompli sa tâche et s’affairait déjà à la suite… Il se figea cependant, subitement décontenancé. Son fils était là… tête baissée, mains entravées et sous la garde portant l’uniforme de l’Egide, Munn Darell, le Maître-espion du roi en personne.
Cela n’était pas un hasard et Ekart comprenait à présent que la présence de Valtus ne l’était pas non plus. Le petit soupire qu’il libéra de sa bouche sonnait presque comme un soulagement. Pour le moment, Valtus restait concentré sur le réglage des injecteurs. Sans le regarder, il s’adressa au mécanicien.
« L’héritage… que l’on soit roi, prince, soldat, gens du peuple, peu importe qui nous sommes, tous nous nous posons à un moment dans notre vie cette question… « Que vais-je laisser comme héritage après la mort ? »
Pour le première fois, Valtus posa ses yeux sur Ekart.
« Vous êtes vous posé cette question, Maître Roll, lorsque vous avez pris cette décision imprudente de me trahir ? »
Ses deux mots à eux seuls étaient lourd de sens pour Ekart. Il était en train de prendre réellement conscience des implications de ses actes… et de la duperie dont il avait été la victime. Son regard désolé ne pouvait se détacher de la personne de son fils prisonnier.
« Oui… Majesté. Ce fut même ma seule motivation. Mais je vous supplie de croire que jamais… à aucun moment… je n’avais conscience que ce que je faisait serait un acte de trahison. Il n’y avait que lui qui comptait. »
Valtus tourna légèrement le regard vers Kasar. La relation qui pouvait lier un père à son enfant était une notion qui lui échappait. Il ne niait pas son existence, mais n’ayant pas lui même de descendance, il était incapable d’en appréhender l’essence même.
« Racontez-moi, Maître Roll et prenez conscience que s’il doit y avoir un jour de votre vie où le choix et le poids des mots que vous allez prononcer ont une importance, c’est aujourd’hui. »
Le mécanicien en avait déjà parfaitement conscience. Doucement, il posa donc les outils qu’il avait en main. Allongé, il se redressa pour se mettre sur ses genoux.
« Depuis la mort de ma femme, Kasar et moi avons des relations tendus. Ce fut un bouleversement pour tous les deux. Mais je n’en avait pas conscience à l’époque. Il était déjà un jeune homme lorsque c’est arrivé mais je me ne suis pas rendu compte à quel point cela l’avait affecté et à quel point il se sentait seul, déjà. Moi je me suis réfugié dans mon travail et lui… lui… dans l’Épice. Il m’avait pourtant supplié de le suivre pour vivre en Malgarith. Il voulait connaître enfin la terre de sa mère et de son père… mais c’était au-delà de mes forces. Alors il est parti et nous avons commencé à nous éloigner.
Et puis il y a quelques mois de cela… il y a eu cette arrestation et les accusations ce complicité de trafic d’Épice qui s’en suivirent. Les lois de Votre Majesté sont sévères lorsqu’il s’agit de drogues, mais celles en Malgarith le sont encore plus. C’était la condamnation à mort assurée pour lui. Lorsque je suis aller le voir en prison… lorsque je l’ai vu dans sa cellule… c’était comme un électrochoc pour moi. Je me suis rendu compte qu’ il était en vérité l’être auquel je tenais le plus dans cet univers… le seul et le plus magnifique leg que sa mère m’avait laissé. Peu importe comment, mais je devais le sauver ! Sauver mon héritage...
Alors lorsque cet homme est venu m’aborder en sortant de la prison en me disant qu’il pouvait faire en sorte de libérer mon fils et d’effacer toutes les charges qui pesaient sur lui. Je n’ai pas hésité… Surtout qu’on ne me demandais pas de tuer ou autre chose du genre… je devais simplement faire une copie du manifeste de bord, des journaux de navigation des transports et des navettes du palais. »
Valtus ne perdait pas un mot de son récit. Un injecteur de plus était recalibré.
« Qui était cet homme ? »
« Son visage était dissimulé sous un vêtement ample qui couvrait sa tête et une longue veste. Cependant, je me souviens parfaitement de sa voix et d’un petit détail. Au moment de me remettre l’holo-puce sur laquelle je devais copier les données, j’ai remarqué qu’il portait une broche sur son vêtement de dessous. Sur le côté gauche. Une main argentée entouré d’un cercle...
Tandis qu’Ekart s’affairait à donner le plus de détails et de commentaires possible, la connexion entre son esprit et celui de Valtus permettait à ce dernier de vérifier la sincérité ou non du mécanicien. Il ne décelait aucune duplicité en lui. Mieux encore, dans son esprit se matérialisaient en simultané les souvenirs qu’Ekart avait dans son propre esprit et se rappelant de la scène. Le Sith pouvait donc lui aussi voir la broche en question, voir la silhouette et entendre la voix de l’homme en question. La voix ne lui disait rien… mais il avait parfaitement reconnu l’insigne.
« C’est à ce même homme que vous avez remis les données ? »
« Non, Majesté. Une fois la copie effectuée, je devais simplement la remettre à un droïd qui m’attendait à l’aéro-gare.
On m’avait assuré que tout cela ne poserai aucun problème… que je pourrais garder mon travail ici et que tout irait pour le mieux pour mon fils. L’homme m’avait même promis que tout serait fait pour aider mon fils à guérir… Comme j’ai été naïf… »
Valtus avait terminé de calibrer le dernier injecteur. Posant au sol son tournevis sonique, le Sith se releva tout en s’essuyant les mains dans un chiffon qui traînait, déjà imbibé de détergeant.
« Vous me mettez dans une situation délicate, Maître Roll. Tout comme vous, je pense à l’héritage que je vais laisser après moi… Mais en tant que roi, je dois aussi me soucier de l’instant présent. Quelle image je donnerai de moi si je laissais passer une trahison, aussi minime soit-elle et involontaire soit-elle ? »
A son tour Ekart se leva pour se mettre au niveau de Valtus. Son air était grave et teinté de tristesse.
« L’image d’un souverain qui fait preuve de faiblesse, assurément… Je suis prêt a assumer les conséquences de mes actes, Majesté. »
C’est alors qu’il posa un genou à terre. Puis un deuxième. Avant de s’incliner face contre terre.
« Mais je vous supplie avec toutes mes forces, mon seigneur, d’épargner la vie de mon fils ! »
« Debout ! Un Sigilien ne rampe et ne s’humilie devant personne de lui même !»
Le Sith était visiblement agacé. Cet excès de servilité ne ressemblait pourtant pas à Ekart. Tout au long de la discussion, Valtus avait eu le temps de sonder suffisamment son esprit et sa personnalité pour le savoir. Ekart pouvait être anxieux, docile, résilient et obéissant mais en aucun cas servile. Si le mécanicien s’abaissait à telle attitude, c’est qu’il était mue réellement par l’idée de préserver la vie de son enfant. La puissance et l’intensité d’une telle force de conviction intriguait et troublait véritablement Valtus. Le désir d’exercer sa justice était fort et puissant… mais l’attachement que le père éprouvait envers son fils le renvoyait à des souvenirs lointains mais toujours présents dans sa mémoire. Après avoir attendu qu’Ekart se relève, le sith lui dit.
« Vous vous êtes rendu coupable de trahison envers votre roi… Cependant, je suis sensible à votre plaidoyer. En attendant ma décision vous et votre fils êtes assignés à résidence au palais. Vous aller poursuivre vos tâches de Maître-mécanicien sous l’étroite surveillance de l’Égide. Mais je vous assure, Ekart, que si vous abusez ou si vous contrevenez d’une manière ou d’une autre, de la plus infime manière que soi à mes ordres, vous perdrez ce a quoi vous tenez le plus dans cet univers ! »
Valtus fit alors un geste en direction de Munn qui à son tour ordonna aux agents de l’Égide dissimulés ici et là dans le hangar de se retirer et d’emporter Kasar avec eux. Valtus déposa le chiffon sur un établi non loin de là et laissa Ekart à sa contrition pour rejoindre son Maître-espion.
Munn regardait Ekart qui était en train de reprendre ses esprits d’une certaine manière. Il n’éprouvait ni dégoût, ni compassion en le regardant. Il regardait juste un homme prisonnier de sa solitude soudaine.
« Que faire de lui, Mon Seigneur ? »
« Je ne sais pas… Et en vérité, son sort ne compte pas. Il n’est que le pion utile qui a servi d’intermédiaire aux véritables traîtres. Avez-vous entendu ce qu’il a dit ? »
« Oui. Un homme masqué portant une broche représentant une main dans un cercle en argent. »
« Pas en argent… une main argentée, a-t-il dit. Argentée… comme l’Electrum. »
Les yeux de Valtus se fermèrent de colère serrant fermement ses poings.
« Vous pensez à un homme de Vadic ? »
« Pas seulement… Cette broche est traditionnellement portée par l’intendant de la duchesse, mais vu les crimes dont était accusé le fils Roll, l’autorité d’un intendant ne suffit pas… où si c’est le cas il en a eu l’autorisation... »
« Vadic, elle même ? »
« Elle faisait partie des nobles qui soutenaient ouvertement l’Usurpateur et l’une des plus virulentes quant à mon retour sur le trône… Creusez de ce côté là, je veux tout savoir à son propos. Absolument tout... »
Alors qu’il s’apprêtait à partir, il fit demi-tour.
« Où en est votre enquête concernant Ilona et le Docteur Frann? »
« C’est en cours de finalisation, mon seigneur. Mais les premières conclusions tendent à démontrer que la Capitaine de votre garde royale et le Docteur Frann ne sont pas compromises. »
« Redoubler d’efforts. JE veux des certitudes. »
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Gary Kovani
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Sam 8 Avr 2023 - 20:37
Je frissonne. Par-dessus mon épaule, j’abandonne un ultime regard sur la porte blindée, close, verrouillée, qui nous a définitivement coupé de la lueur rassurante sur soleil, de ses tièdes caresses, de l’air frais chargé de la fragrance subtile de centaines d’espèces végétales. Une pression s’enroule autour de ma gorge, comme une main invisible qui tente de m’étrangler. La marque du côté obscur, qui m’assaille à chaque inspiration devenue glaciale. Les ténèbres sont des prédateurs voraces, qui dévorent la lumière jusqu’à ce qu’il n’en reste aucune trace. Elles ne laissent derrière qu’un champ stérile, gelé, terreau où prolifèrent les pulsions les plus primitives, celles qui ne s’embarrassent pas de logique ou de raison. Je secoue la tête. Non. Je refuse de me laisser gagner la doctrine de Valtus. La lumière est toujours la plus forte.
Machinalement, j’imite les soldats. Je plonge la main dans la ceinture tactique offerte par Valtus. Mes doigts gantés se referment sur une sphère, qui s’active immédiatement. Il n’aura suffi que d’un effleurement. Elle s’élève lentement, silencieuse, minuscule soleil d’albâtre, qui diffuse une lumière bien trop aseptisée pour chasser de mon cœur les craintes nées de la morsures des ombres. Elle s’immobilise à un mètre devant moi, attendant d’analyser mes mouvements pour mieux m’éclairer le chemin. A son côté, les autres sphères forment une constellation qui peine à percer les épaisses ténèbres, denses. Un mur de noirceur insondable.
« Oui, je sens l’obscurité… Elle est partout autour de nous… Je n’aime pas ça… »
Je ferme les yeux, tente de projeter ma conscience au-delà de mon enveloppe charnelle. Je fronce les sourcils, arrête même de respirer pour laisser mon cœur ralentir et mon esprit s’apaiser. Mais rien. Absolument rien. J’ai la sensation de n'être entouré que de néant. Les ténèbres agissent comme un brouilleur dans la trame même de la Force invisible. Il m’aveugle, m’empêche de détecter d’autres formes de vies, de ressentir les lieux et d’en deviner la profondeur. Je me sens nu, impuissant. Je ne peux me fier qu’à mes yeux.
« Avançons prudemment, je n’arrive pas à savoir ce qui se trouve devant nous. »
Suis-je le seul à ressentir cela ? Valtus et ses soldats sont-ils si accoutumés au côté obscur qu’il ne perturbe plus leurs sens ? Je l’ignore. Quelques sensations diffuses, qui ne sont pas les miennes, effleurent mon esprit alerte. Les pensées confuses d’un des hommes, ou des femmes, du souverain de Sigil. Après notre communion dans la Force, pour échapper au droïde sonde, il reste un lien ténu entre nos esprits. Rien de comparable avec ce que nous avons vécu là-bas. Nous sommes liés, et le resterons probablement encore quelques heures. Si l’un de nous détecte un danger, par exemple, je suis prêt à parier que nous le sentirons tous au même instant. L’obscurité attaque cette liaison psychique, presque contre-nature, née de la fusion de la noirceur de Valtus, et de ma propre lumière. Par conséquent, peut-être, alors, que chacun de nous ressent inconsciemment cette noirceur comme une ennemi, plutôt qu’une alliée. Je l’ignore.
Alors que nous avançons lentement, armes levées, prêt à dégainer nos sabres si nécessaire, je laisse glisser mes doigts gantés sur la cloison artificielle du tunnel. Une trouée circulaire arrachée à la montagne par les mâchoires implacables d’une excavatrice. La roche friable, fragile, se dissimule derrière des armatures métalliques assurant la stabilité de l’ensemble. Nos bottes frappent durement le sol lisse de permabéton, souillé de flaques d’eau, conséquences de la condensation de l’air de plus en plus frais à mesure que nous progressons. Après une centaine de mètres monotones, il me faut forcer de plus en plus pour l’inspirer. Une illusion, je ne le sais, préambule des cauchemars qui ne manqueront pas de nous assaillir bientôt, à mesure que l’obscurité s’intensifie. J’ai entendu dire que même les plus vaillants Jedi ne ressortent jamais totalement indemnes de ce genre d’épreuve. Le soldat devant moi s’arrête soudainement. Je manque de le percuter. Le canon de son arme, interrogatif, darde vers une volée de marches qui descendent dans les entrailles de la terre. Taillées dans une roche sombre, très différente de la craie jusqu’alors omniprésente. La montagne serait-elle posée sur une stèle basaltique plus solide ? Les sphères nous précèdent, prennent un peu plus d’avance comme guidée par nos pensées. Les murs bruts ne sont plus bardés de renforts métalliques. La minéralité millénaire nous écrase de sa masse stérile. Faute d’autre option, nous continuions notre progression.
« C’est étrange. »
Je peux sentir les pensées de Valtus et de ses soldats s’intriguer de ma pensée formulée à voix-haute. Alors je m’explique :
« Les aspérités dans ce boyau sont différentes. Plus petites, irrégulières… Comme si le basalte avait été creusé… Avec des outils, plutôt qu’avec des machines. Cette section du tunnel est beaucoup plus… ancienne. L’obscurité également. »
Est-ce la Force pervertie qui s’invite dans mon esprit et y projette des fantasmes ? Je ne pense pas. Enfin, nous arrivons à un palier, après une cinquantaine de marches irrégulières et traitresses. Je frisonne encore. L’air que j’expire se charge de minuscules cristaux de glace, une vapeur qui monte vers le plafond pour s’y dissiper, dans les ténèbres. Le tunnel est rectangulaire à présent. Cinq mètres de large pour trois de haut, a vue de nez. Alors que je le réalise, mes doigts buttent sur une protubérance. Je pose ma main sur l’épaule d’un soldat, et lui demande :
« Eclairez par ici s’il vous plait. »
Il se retourne. La sphère qu’il contrôle bien mieux que la mienne, se plaque contre le mur, pour l’éclairer. Elle révèle une fresque, sculptée en bas-relief dans la paroi. Le motif est devenu presque illisible. A l’exception de plusieurs silhouettes aux longs bras, un visage, et de quelques mots. Un langage que je ne connais pas. Très ancien. Un terrible malaise torture mon instinct.
« Nous ne sommes pas les bienvenus. Quel que soit ce lieu. Il s’est passé ici quelque chose de terrible. »
Un soldat annonce au même instant avoir trouvé autre chose. Des alcôves. Elles aussi creusées dans la paroi. Elles ne dissimulent nulles sculptures. Seulement un entrelacs serré en fer forgé. Rouillé jusqu’à l’âme, mais encore parfaitement identifiables : des cages. Cylindriques, étroites, le genre dans lesquelles on peut enfermer une personne, lui interdisant tout autant de se ternir debout que de s’assoir. Il ne reste à l’intérieur que quelques os rongés par les animaux, érodés par les années. Je tends une main gantée vers ce qui ressemble à un tibia, assez long pour être celui d’un Phindarien. Sous mes doigts, l’os se délite en une poussière ocrée qui s’étale sur le similicuir en une fine poudre… Et alors je comprends. Un coup de massue qui menace, l’espace d’un instant, de m’assommer. Les révélations sont parfois excessivement difficiles à avaler…
Je recule, la face déformée par une moue terrifiée, que je ne parviens à réprimer. Je me tourne vers Valtus
« Ce… Cette montagne au-dessus de notre tête. Ce n’est pas de la craie. Ce n’est pas du calcaire marin concassé et amalgamé par la pression insoutenable du ventre de cette Terre. C’est… Des os. De la poussière d’os. De milliards de corps sacrifiés et abandonnés au-dessus de cet endroit, qui, avec le temps ont formé ce massif. Ce n’est pas un hasard si Therliss a choisi cet endroit pour bâtir son domaine. Le massacre a créé une malformation putride dans la trame même de la Force. Une blessure toujours ouverture de laquelle les ténèbres jaillissent, puissantes, brutes, sauvages. Elle s’en nourrit, pour renforcer son pouvoir… Elle nous attend exactement là où, dans cette galaxie, elle est la plus puissante. »
Dans la semi-pénombre, je cherche à capter le regard du Seigneur Sith. Je tends un bras, le pose sur sa poitrine pour sentir les battements de son cœur au travers des couches de tissus. Une peine perdue. L’obscurité brouille mon esprit, je suis incapable de devenir ses pensées qui pourraient elles aussi être altérées.
« Seigneur, si vous vous nourrissez-vous aussi de ces ténèbres, vous deviendrez comme elle. Il est possible que vous soyez assez puissant pour la battre a son propre jeu, en jouant avec ses propres armes… Mais je vous crois plus sage que cela. Nous devons conjurer ces ténèbres. Trouver la source de la corruption et la détruire. Si nous parvenons à refermer cette plaie béante, Therliss ne pourra vous résister. Si elle s’est entourée d’autant de sbires, c’est parce qu’elle a peur de vous. »
Des grattements me coupent la chique. Rendus audibles par leurs imperceptibles échos dans cette espace clos et terriblement silencieux. Quelque chose approche. Très sombre. Des âmes torturées et déformées par le côté obscur… J’active mes griffes.
Machinalement, j’imite les soldats. Je plonge la main dans la ceinture tactique offerte par Valtus. Mes doigts gantés se referment sur une sphère, qui s’active immédiatement. Il n’aura suffi que d’un effleurement. Elle s’élève lentement, silencieuse, minuscule soleil d’albâtre, qui diffuse une lumière bien trop aseptisée pour chasser de mon cœur les craintes nées de la morsures des ombres. Elle s’immobilise à un mètre devant moi, attendant d’analyser mes mouvements pour mieux m’éclairer le chemin. A son côté, les autres sphères forment une constellation qui peine à percer les épaisses ténèbres, denses. Un mur de noirceur insondable.
« Oui, je sens l’obscurité… Elle est partout autour de nous… Je n’aime pas ça… »
Je ferme les yeux, tente de projeter ma conscience au-delà de mon enveloppe charnelle. Je fronce les sourcils, arrête même de respirer pour laisser mon cœur ralentir et mon esprit s’apaiser. Mais rien. Absolument rien. J’ai la sensation de n'être entouré que de néant. Les ténèbres agissent comme un brouilleur dans la trame même de la Force invisible. Il m’aveugle, m’empêche de détecter d’autres formes de vies, de ressentir les lieux et d’en deviner la profondeur. Je me sens nu, impuissant. Je ne peux me fier qu’à mes yeux.
« Avançons prudemment, je n’arrive pas à savoir ce qui se trouve devant nous. »
Suis-je le seul à ressentir cela ? Valtus et ses soldats sont-ils si accoutumés au côté obscur qu’il ne perturbe plus leurs sens ? Je l’ignore. Quelques sensations diffuses, qui ne sont pas les miennes, effleurent mon esprit alerte. Les pensées confuses d’un des hommes, ou des femmes, du souverain de Sigil. Après notre communion dans la Force, pour échapper au droïde sonde, il reste un lien ténu entre nos esprits. Rien de comparable avec ce que nous avons vécu là-bas. Nous sommes liés, et le resterons probablement encore quelques heures. Si l’un de nous détecte un danger, par exemple, je suis prêt à parier que nous le sentirons tous au même instant. L’obscurité attaque cette liaison psychique, presque contre-nature, née de la fusion de la noirceur de Valtus, et de ma propre lumière. Par conséquent, peut-être, alors, que chacun de nous ressent inconsciemment cette noirceur comme une ennemi, plutôt qu’une alliée. Je l’ignore.
Alors que nous avançons lentement, armes levées, prêt à dégainer nos sabres si nécessaire, je laisse glisser mes doigts gantés sur la cloison artificielle du tunnel. Une trouée circulaire arrachée à la montagne par les mâchoires implacables d’une excavatrice. La roche friable, fragile, se dissimule derrière des armatures métalliques assurant la stabilité de l’ensemble. Nos bottes frappent durement le sol lisse de permabéton, souillé de flaques d’eau, conséquences de la condensation de l’air de plus en plus frais à mesure que nous progressons. Après une centaine de mètres monotones, il me faut forcer de plus en plus pour l’inspirer. Une illusion, je ne le sais, préambule des cauchemars qui ne manqueront pas de nous assaillir bientôt, à mesure que l’obscurité s’intensifie. J’ai entendu dire que même les plus vaillants Jedi ne ressortent jamais totalement indemnes de ce genre d’épreuve. Le soldat devant moi s’arrête soudainement. Je manque de le percuter. Le canon de son arme, interrogatif, darde vers une volée de marches qui descendent dans les entrailles de la terre. Taillées dans une roche sombre, très différente de la craie jusqu’alors omniprésente. La montagne serait-elle posée sur une stèle basaltique plus solide ? Les sphères nous précèdent, prennent un peu plus d’avance comme guidée par nos pensées. Les murs bruts ne sont plus bardés de renforts métalliques. La minéralité millénaire nous écrase de sa masse stérile. Faute d’autre option, nous continuions notre progression.
« C’est étrange. »
Je peux sentir les pensées de Valtus et de ses soldats s’intriguer de ma pensée formulée à voix-haute. Alors je m’explique :
« Les aspérités dans ce boyau sont différentes. Plus petites, irrégulières… Comme si le basalte avait été creusé… Avec des outils, plutôt qu’avec des machines. Cette section du tunnel est beaucoup plus… ancienne. L’obscurité également. »
Est-ce la Force pervertie qui s’invite dans mon esprit et y projette des fantasmes ? Je ne pense pas. Enfin, nous arrivons à un palier, après une cinquantaine de marches irrégulières et traitresses. Je frisonne encore. L’air que j’expire se charge de minuscules cristaux de glace, une vapeur qui monte vers le plafond pour s’y dissiper, dans les ténèbres. Le tunnel est rectangulaire à présent. Cinq mètres de large pour trois de haut, a vue de nez. Alors que je le réalise, mes doigts buttent sur une protubérance. Je pose ma main sur l’épaule d’un soldat, et lui demande :
« Eclairez par ici s’il vous plait. »
Il se retourne. La sphère qu’il contrôle bien mieux que la mienne, se plaque contre le mur, pour l’éclairer. Elle révèle une fresque, sculptée en bas-relief dans la paroi. Le motif est devenu presque illisible. A l’exception de plusieurs silhouettes aux longs bras, un visage, et de quelques mots. Un langage que je ne connais pas. Très ancien. Un terrible malaise torture mon instinct.
« Nous ne sommes pas les bienvenus. Quel que soit ce lieu. Il s’est passé ici quelque chose de terrible. »
Un soldat annonce au même instant avoir trouvé autre chose. Des alcôves. Elles aussi creusées dans la paroi. Elles ne dissimulent nulles sculptures. Seulement un entrelacs serré en fer forgé. Rouillé jusqu’à l’âme, mais encore parfaitement identifiables : des cages. Cylindriques, étroites, le genre dans lesquelles on peut enfermer une personne, lui interdisant tout autant de se ternir debout que de s’assoir. Il ne reste à l’intérieur que quelques os rongés par les animaux, érodés par les années. Je tends une main gantée vers ce qui ressemble à un tibia, assez long pour être celui d’un Phindarien. Sous mes doigts, l’os se délite en une poussière ocrée qui s’étale sur le similicuir en une fine poudre… Et alors je comprends. Un coup de massue qui menace, l’espace d’un instant, de m’assommer. Les révélations sont parfois excessivement difficiles à avaler…
Je recule, la face déformée par une moue terrifiée, que je ne parviens à réprimer. Je me tourne vers Valtus
« Ce… Cette montagne au-dessus de notre tête. Ce n’est pas de la craie. Ce n’est pas du calcaire marin concassé et amalgamé par la pression insoutenable du ventre de cette Terre. C’est… Des os. De la poussière d’os. De milliards de corps sacrifiés et abandonnés au-dessus de cet endroit, qui, avec le temps ont formé ce massif. Ce n’est pas un hasard si Therliss a choisi cet endroit pour bâtir son domaine. Le massacre a créé une malformation putride dans la trame même de la Force. Une blessure toujours ouverture de laquelle les ténèbres jaillissent, puissantes, brutes, sauvages. Elle s’en nourrit, pour renforcer son pouvoir… Elle nous attend exactement là où, dans cette galaxie, elle est la plus puissante. »
Dans la semi-pénombre, je cherche à capter le regard du Seigneur Sith. Je tends un bras, le pose sur sa poitrine pour sentir les battements de son cœur au travers des couches de tissus. Une peine perdue. L’obscurité brouille mon esprit, je suis incapable de devenir ses pensées qui pourraient elles aussi être altérées.
« Seigneur, si vous vous nourrissez-vous aussi de ces ténèbres, vous deviendrez comme elle. Il est possible que vous soyez assez puissant pour la battre a son propre jeu, en jouant avec ses propres armes… Mais je vous crois plus sage que cela. Nous devons conjurer ces ténèbres. Trouver la source de la corruption et la détruire. Si nous parvenons à refermer cette plaie béante, Therliss ne pourra vous résister. Si elle s’est entourée d’autant de sbires, c’est parce qu’elle a peur de vous. »
Des grattements me coupent la chique. Rendus audibles par leurs imperceptibles échos dans cette espace clos et terriblement silencieux. Quelque chose approche. Très sombre. Des âmes torturées et déformées par le côté obscur… J’active mes griffes.
Darth Yrlion
# Re: [Phindar] Le Lion et le Rat [pv Darth Yrlion] - Jeu 13 Avr 2023 - 16:50
Le Lion et le Rat
L’ombre du tunnel se faisait de plus en plus oppressante. Les jambes fléchies et le fusil-blaster en joug, Fen avançait avec prudence. Placé sur la gauche, il formait avec Iola, placée au centre, et Castoris, placée à droite, le trio de tête ouvrant la voie au reste du groupe. Tous prenaient grand soin de ne pas aller au-delà du champ lumineux produit par les sondes flottants devant eux.
Âgé de vingt sept ans, Fen était l’un des gardes les plus prometteurs. Il n’avait pas été retenu pour suivre la formation des acolytes, préambule au statut d’apprenti conduisant à celui de Sith. Cependant, le jeune homme montrait de réelles facilités pour manier la Force. Un tel échec s’accompagnait pratiquement à chaque fois par la mort des candidats, mais Fen avait néanmoins réussi à préserver sa vie. C’est ce qui lui avait valut d’être remarqué, entraîné et intégré à la garde royal de Sigil. L’accès ou non des sigiliens sensitifs aux académies Sith intéressait de très près Valtus, qui voyait toujours en l’échec une opportunité qu’il fallait exploiter.
Mais si Fen savait manier la Force habillement, il était naturellement et de manière inexplicable réfractaire au Côté obscur. Ce n’était pas de son fait, non. Les instructeurs Sith ne pouvaient l’expliquer mais il arrivait en de rares cas que certains individus possédant pourtant un désir ardent de devenir des Sith soient pourtant délaissé par le Côté obscur lui même. Haine, colère, frustration, envie et convoitise même poussé à l’extrême n’arrivaient pas à faire venir l’Obscurité. Ainsi, pour les Sith, Fen était considéré comme une aberration, une anomalie dans la grande équation universelle de la Force, mais pour Valtus, cela faisait de lui le garde parfait.
Malgré ce blocage naturel, plus le groupe s’avançait dans le tunnel et plus Fen ressentait d’étranges sensations. Son armure disposait d’un système d’auto-régulation de la température. Il était parfaitement fonctionnel d’après les indications de son casque, pourtant son sang se glaçait peu à peu. Ilona et Castoris étaient elles plus réceptives au Côté obscur que Fen. Elles aussi sentaient leur corps se glacer mais en plus des voix commençaient à se manifester dans leur esprit. Des complaintes, des gémissements et des suppliques plus précisément.
Sur la gauche de Fen, une cage rouillée et déformée de l’intérieur se trouvait encore suspendue à une chaîne massive. Sa curiosité l’avait poussé à s’approcher de l’objet avec prudence. Le métal était rouillé mais aussi souillé par autre chose. Lui aussi commença alors à entendre des suppliques, faibles et diffuses mais l’intensité de la corruption ambiante était telle que même sa protection naturelle au Côté obscur trouvait ses limites. A un moment même, il sentait comme une pression le long de son casque, telle une main invisible qui glisserait du haut vers le bas de son visage. Tous les gardes royaux commençaient à subir les effets de ce sombre endroit, les soumettant tous à un stress et des angoisses violentes. Ils gardaient une certaine concentration grâce à leur maître qui projetait en eux une sorte de barrière mentale juste suffisante pour préserver leur mental.
Valtus lui aussi percevait toute cette corruption. Son esprit s’affairait activement à la repousser et la maintenir à distance pour ne pas succomber à son attrait. La chose pouvait sembler curieuse pour un Sith car une telle corruption, pourtant émanation du Côté obscur, présentait une source de pouvoir immense a porté de main. Une puissance gratuite et si facilement accessible sur laquelle la plupart des Sith se précipiteraient. Mais quelque chose dérageait le monarque de Sigil. De son propre point de vue, il estimait posséder une perception fine de la Force et de son Côté obscur si bien qu’il pouvait déterminer lorsqu’il y avait une anomalie. Il y en avait une. Pour lui, aussi improbable que cela puisse paraître, le Côté obscur présent partout aux alentours était… corrompu. L’obscurité corrompue et imparfaite était synonyme d’imprévisibilité, de perte de contrôle et donc par essence de danger, même pour un Sith aguerri comme Valtus. L’ombre combattait l’ombre...
Aussi, lorsque Gary posa sa main sur lui pour le mettre en garde, le Sith ne put qu’acquiescer. Il sentait le trouble qui était en train d’assaillir le Jedi. Son esprit pourtant bien solide s’effondrait au crépuscule de la lumière qui le protégeait.
« Ces ténèbres sont mauvaises, même pour moi. »
Le contact entre les deux antagonistes produit un effet inattendu, à nouveau. Leurs auras se renforcèrent au lieu de s’affaiblir, comme si la Lumière et l’Obscurité consentaient à s’unir et à collaborer pour faire face à la Corruption. Le trouble qui accaparait l’esprit de Gary serait momentanément aboli. Mais pour Valtus, la charge physique que tout cela impliquait devenait trop lourde. Il ne pouvait maintenant sa propre protection, celle de ces gardes et se lier comme il était en train de le faire au Jedi. La Force ne lui laissait pas le choix en vérité, c’était plus fort que lui. C’est ainsi que la barrière qui protégeait ses gardes s’affaiblit rapidement.
Il y eut alors ces bruits inquiétants, de plus en plus proche. Presque en simultané, les casques intégraux des gardes de Valtus affichaient des alertes de proximités sur la visière. Les sphères se reconfigurèrent automatiquement de manière à éclairer plus fortement en direction des créatures en approches. Elles étaient nombreuses…
Aussitôt en vue, Valtus activa à son tour son sabre-laser. Les gardes eux pointèrent leur fusil-blaster. Les premiers cris et hurlements se firent entendre. Les créatures à la peau d’écailles blanches et grises, aux orbites vides de leurs yeux et aux bras plus grand de la normale se mirent à charger. Aussitôt un torrent de lumière rouge illumina la salle dans laquelle il se trouvait. Les tirs des fusil-blasters fusaient et frappaient les créatures qui s’effondraient aussitôt atteinte par un tir. Si la première ligne fut vite abattue, elle fut quasi immédiatement remplacée par une autre. Les créatures étaient des dizaines, de plus en plus nombreuses et arrivant de nul part. Le groupe s’était resserrer. Les gardes avaient été obligé ranger leur arme d’assaut et de dégainer eux-aussi leur lame laser. Là aussi, les créatures tombaient comme des mouches. Elles tombaient même trop facilement… Elles n’attaquaient pas en vérité, elles se contentaient juste de charger, bêtement de charger poussant ainsi le groupe à reculer ou plutôt à s’enfoncer plus dans les ténèbres.
« Mon seigneur ! Les créatures sont trop nombreuses ! Elles vont nous submerger !
Valtus l’avait bien compris lui aussi. Gary qui venait de trancher une créature grâce à ses griffes lasers devait lui aussi s’en être rendu compte. Ils devaient fuir. Mais cette idée n’enthousiasmait pas du tout le Sith. Ce n’était pas la fuite en soi qui le dérangeait. Non. Mais prendre la fuite les obligeaient à s’engager dans un nouveau tunnel, celui qui se trouvait à présent sur leur droite, derrière eux, d’où émanait encore plus de corruption. Les créatures étaient tellement nombreuses à se précipiter que leur pas faisait même vibrer le sol et les parois.
« Nous n’avons pas le choix… vite ! Dans le tunnel ! »
L’ordre de repli était donné. Valtus rassembla ses forces pour lancer une série d’éclairs de Force en guise de distraction et dans l’espoir de leur laisser suffisamment de temps pour fuir. Cela fonctionna. Mais alors que tous se précipitaient pour rejoindre le nouveau tunnel, le sol se mit à craquer et à se fragmenter. Tout le groupe tomba dans un trou qui venait de s’ouvrir à la faveur de fragilité de la masse rocheuse.
La chute ne dura pas longtemps, quelques dizaines de secondes en vérité et se termina… dans l’eau. Une eau limpide qui occupait les deux tiers d’une caverne au bout de laquelle se trouvait des marches sculptées dans la pierre, puis un porche au-delà duquel se trouvait d’autres marches conduisant dans un couloir sombre montant.
Chacun des membres du groupe avait pied, l’eau leur arrivant seulement un peu au dessus de la taille. Valtus fit un rapide tour d’horizon. Il n’y avait aucune perte cette fois… Bien que les sphères lumineuses n’avaient pas suivies, la caverne était relativement éclairée. En effet, le fond de l’eau et à de nombreux endroits sur les parois abruptes serpentaient des sillons violacés phosphorescents. Le trou béant au dessus d’eux laissait passer les cris et complaintes des créatures qui visiblement n’osaient pas descendre.
Rapidement, tous se mirent à sortirent de l’eau pour rejoindre la berge rocheuse. C’est alors qu’ils sentirent… la putréfaction. Une intense odeur de putréfaction qui émanait de ce couloir sombre, seul sortie qu’il était possible d’emprunter.
« Ces créatures… leur comportement était étrange. Elles ne cherchaient pas à nous attaquer comme des prédateurs avides de sang. Elles voulaient ne repousser et nous obliger à aller là où elles l’avaient décidées. »
« Ou bien … là où on leur a commandé de nous conduire... »
Fen ne s’était pas rendu compte qu’il avait parlé à voix haute. Ce qui était de l’ordre de sa réflexion personnelle venait subitement d’être ajouté à la discussion, sans qu’il ne le veuille et sans y être invité.
« Fen ! »
« Pardonnez moi, mon seigneur ! Je ne me suis pas rendu compte que je n’étais pas ma place ! »
« Effectivement… mais développez votre réflexion néanmoins.»
Fen se sentait gêné, terriblement gêné mais le comportement des créatures lui avait rappeler ce qu’il avait lu un jour dans un article spécialisé en anthropologie, sur l’holonet impérial.
« Des scientifiques impériaux ont récemment étudiés une colonie insectoïde sur Géonosis vivant en sous-sol. La colonie était beaucoup plus primitive que celles vivants en surface et avait cette particularité d’être commandée par un esprit de ruche. Un esprit unique, celui de la reine, qui pouvait commander à loisir et sans contrainte chaque membre de sa colonie ou bien les faire agir ensemble avec une coordination parfaite. L’expédition avait été attaquée et contrainte de regagner la surface au bout d’un moment.
J’ai trouvé qu’il y avait des similitudes entre le comportement de ses créatures et celui décrit par les scientifiques sur Géonosis.
Valtus lança un regard perplexe au Jedi.
« Intéressant… Vraiment… Si je ne me trompe pas ces créatures énuclées étaient des autochtones. De ce que j’en sais, les phindiens n’ont rien de comparables socialement avec les géonosiens. Ces créatures n’ont même rien à avoir avec les phindiens eux même. Plus d’œils, une peau d’écailles…
Je n’ai jamais été confronté à pareil corruption quelle soit physique ou bien de la Force et du Côté obscur… »
Les évènements étaient tel des morceaux d’un puzzle qui commençaient à assembler une hypothèse qui n’allait réjouir personne. Valtus n’avait jamais été confronté à pareil chose, c’était un fait. Mais néanmoins ce n’était pas inédit pour lui… Ses lectures de rouleaux antiques dans les Archives de Korriban lui revenait. Des récits d’anciens Siths versés dans un art sombre et malsain mais qui fit néanmoins la gloire de l’Ordre. Des « alchimistes » comme on les appelaient jadis…
Cette inquiétude soudaine de Valtus pouvait vraisemblablement se percevoir dans la Force. Elle était réelle et palpable. Les souvenirs de ses lectures lui revenaient à la mémoire. Les récits des expériences étaient terrifiantes à plus d’un titre. Ces récits étaient laissés en libre accès aux acolytes et aux apprentis afin d’attiser leur curiosité, leur soif de pouvoir, susciter potentiellement en eux une vocation mais surtout leur montrer combien le Côté obscur était puissant et pouvait remodeler jusqu’à l’essence même de la nature. Tout ceux que Valtus avaient connus et qui s’étaient essayés à l’Alchimie Sith étaient mort soit en succombant à leur folie soit en étant victime de leur propre expérience.
« Là où il y a destruction, il y a création... »
Valtus venait de murmurer la citation d’un Sith alchimiste qui lui été resté en mémoire.
« Reprenez vos forces, Maître Jedi… vous allez en avoir grandement besoin ! »
Gary n’était le seul qui devait reprendre des forces. Car s’il s’agissait bien d’Alchimie Sith, le pire était à craindre. Les ceintures multi-fonctions disposaient toutes d’un compartiment dans lequel se trouvait des rations de survie. Pas de quoi faire un repas mais assez nourrissante pour donner un coup de fouet. Une fois cette petite pause terminée, tous s’engagèrent dans le couloir et commencèrent à grimper les marches. Ilona avait pris la tête du groupe brandissant son sabre-laser pour éclairer la voie. Le couloir n’était pas large, à peine assez que se tenir par deux côtes à côtes. Il n’était pas très haut, à peine trois mètres. Par sécurité le groupe évoluait donc les uns derrières les autres, en quinconce.