Gary Kovani
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Yeux clos. Pose en tailleur. Tête dressée au sommet d'une échine parfaitement rectiligne. Mains relâchées posées sur les genoux, paumes vers l'azur infini marbré de rares volutes blanchâtres. Tissu alourdi par l'humidité et la transpiration mêlée. Je médite. L'hydrométrie suffocante, balayée par de timides bourrasques tièdes, s'accroche à mes vêtements, à ma peau rougie par la chaleur. Lové dans ce rustre écrin de minéralité, je suis la marionnette consentante des éléments. Je peux sentir à travers mon pantalon bien trop léger, la morsure désagréable de la rudération chaotique de l'arche de pierre saillante sur laquelle j'ai jeté mon dévolu. Un îlot stérile qui s'élève cinquante mètres au dessus de la jungle inextricable, océan de verdure dont le vent joue avec les frondaisons. Une ondulation semblable à celle des vagues, en creux, en crêtes, qui cheminement à la surface des flots en lames écumeuses et fulminantes. Une écume de pollens, spirales aériennes presque invisibles, qui emportent les senteurs musquées des essences sauvages de cette région préservée de l'urbanisation galopante caractéristique des mondes développés.

Phindar.

Une boule de cendre et d'émeraude qui dérive au rythme des courants astraux dans ce qui fut jadis l'espace Mandalorien, depuis bien des décennies phagocyté par l'insatiable Empire Sith. L'Ennemi Millénaire. Celui que l'on avait cru, à tord, disparu dans les méandres de l'Histoire galactique, sur des rayonnages poussiéreux seulement importunés par une poignée d'adorateurs des temps révolus. Grossière erreur. Je soupire, et chasse aussitôt ces pensées parasites qui gravitent à la lisière de ma conscience apaisée.

Au dessus de ma tête, une volée de créatures multicolores hurlent aux vents. Leurs cris rauques se réverbèrent en une multitudes d'échos rapidement dévorés par le brouhaha ininterrompu de la faune florissante. Seuls les sots croient que la Nature est emprunte de calme et de sérénité, propice à la paix de l'esprit, au délassement de l'âme et des humeurs. En vérité, elle n'est que chaos assourdissant, indescriptible mélange des cris d'oiseaux, grésillement des nuées d'insectes, croassements vulgaires des amphibiens, grognements discrets des prédateurs tapis dans les ombres. A chaque inspiration, des milliers de créatures naissent, éclosent, se reproduisent. A chaque expiration, tout autant trépassent, dévorées, écrasées, déchiquetées par une chaine alimentaire implacable...

Je médite donc. Un exercice périlleux, entre conscience et inconscience, où la Nature tente de s'inviter chaque fois que mes sens percent la carapace de ma concentration. Un exercice que je maîtrise à la perfection pourtant. J'ai toujours aimé méditer. Plonger dans une transe permettant à l'esprit de s'étendre bien au delà des limites de mon enveloppe charnelle, bien plus profondément dans ma mémoire. Je fais partie d'un tout. Une pièce imbriquée dans une multitude d'autres, formant le canevas foisonnant de la Vie, agrippé à la trame invisible de la Force omniprésente. Je la laisse couler en moi, à travers moi. Mon rythme cardiaque dégringole, mes respirations se raréfient. La flamme qui m'anime, qui anime toute vie, s'étrécie jusqu'à devenir aussi insignifiante que celle d'un insecte...

Mais soudain, une onde me transperce. Un écho dans la Force, comme les remous de l'eau après le ricochet d'un galet. Je le localise sans mal. Les vrombissements des répulseurs couvrent tout autre son. La faune, apeurée, fuit, se terre, se tait. Je me retrouve bien malgré moi à l'épicentre des événements.

Bien malgré moi ? J'en doute. J'ai laissé la Force me guider jusqu'à cette arche de pierre, convaincu que quelque chose m'y attendait. Une intuition. Un pressentiment... Et maintenant que j'ai sous les yeux, la navette sombre, je comprends. Un sourire en coin s'étire lentement, timidement. La navette se pose. Coupe ses moteurs. Le silence assourdissant est de nouveau massacré, mais cette fois par le sifflement désagréable des vérins pneumatiques qui actionnent la rampe latérale. Un troupeau en sort. Assemblage compact de silhouettes sombres en armures de combat.

Je me relève alors, laisse passer la demi-seconde nécessaire à ma pression artérielle pour recouvrer sa valeur nominale. Puis je me laisse tomber. Une chute de cinquante mètres, amortie par la Force. Je retombe sur mes deux jambes pliées, un poing à terre, dans cette vaste clairière ou viennent d’atterrir les importuns. Aussitôt ils réagissent, me braquent de leurs armes. Je me relève lentement, et laisse le chapeau conique qui dissimule le sommet de mon visage et me protège de l’agressif astre diurne glisser en arrière. Cette fois, c'est un véritable sourire qui barre mes traits burinés par cette longue semaine de pérégrinations solitaires.

Je dégaine mes griffes lasers. Rouge sang. Mais laisse mon emprunte dans la Force se déployer jusqu'à celui que je ne quitte des yeux. Le souverain de Sigil. Ma silhouette, lovée dans une tenue ample et légère couleur des Ténèbres, achève de m'identifier comme un membre de l'Ordre Sith. Pourtant mon aura affirme le contraire. Enfin j'ouvre la bouche, avant qu'un membre un peu trop zélé de cette garde royale décide d'appuyer sur la détente, malgré l'absence d'ordre direct de son souverain :

« Votre Altesse Royale, souverain incontesté de Sigil, Seigneur Darth Yrlion... »

Je ponctue cette salutation officielle d'une révérence conforme à l'étiquette. J'ai bien fait mes devoirs. J'en ai appris autant que je le pouvais sur Sigil, son histoire, ses traditions... Et ses récents événements politiques. Je me redresse :

« Un jour, un être sage et quelque peu imbu de lui-même, m'a affirmé qu'on ne pouvait refuser l'invitation d'un Roi... Et comme je suis, malgré les apparences, homme à faire la part des choses, j'ai décidé d'accepter, certes avec un peu de retard, ladite proposition... »

Je ricane. Et rengaine mes griffes laser, pour exhiber un thermos de thé brûlant.

« Surpris de me voir ? Je reconnais qu'il n'a pas été facile de s'infiltrer dans l'Empire. Fort heureusement pour moi, la plupart n'ose remettre en doute la parole d'un Sith. Ou du moins ce qui s'en apparente...»

Je lève les yeux vers l'horizon. Derrière le mur végétal qui encercle la clairière, s'étend une impressionnante chaîne de montagne. Ses crêtes acérées découpent l'azur du ciel comme les dents d'une mâchoire cauchemardesque. De ce que j'ai pu comprendre, Darth Therliss se tapit là bas, quelque part, entourée d'une bande d'assassins prêt à mourir pour elle. Des acolytes parmi lesquels se trouvent, j'en suis convaincu, d'anciens padawan arrachés à l'Ordre Jedi aux premières heures de l'Exode.

« Il se pourrait, votre Altesse, que nos intérêts convergent. Alors permettez moi de mettre mes compétences à votre service... »



****

Trois semaines plus tôt, sur Tatooine,

Je fais les cents pas. Dans mon dos, le vieux Maître grogne. Il mesure moins d'un mètre quarante, mais il ne faudrait surtout pas faire l'erreur de se fier à sa taille pour le juger. Il a botté l'arrière train de bien plus trapus que moi. Je soupire, et accepte enfin de tenir en place, non sans croiser les bras sur ma poitrine en ultime signe de défi.

« Tu es trop impatient, mon jeune ami... »

Jeune, jeune... J'ai largement passé l'âge de me considérer comme un « jeune ». Mais pour une épave croulante comme Maitre Kalidor, ce genre de subtilité n'a aucun sens. Face à lui tout le monde est jeune, même Maître Don. J'inspire et ravale ma réponse acerbe. Le plus agaçant c'est qu'il a raison. Je suis incapable d'attendre sereinement les résultats des analyses. Enfin je m'assois, me masse les tempes. Je n'ai pas dormi depuis bien trop longtemps. Jesaëlle est entre la vie et la mort, plongée dans une cuve de bacta, à l'infirmerie dans la galerie souterrain juxtaposée au laboratoire. Oui, peut-être que je manque de sommeil, peut-être que l'état de santé de Jesaëlle m'inquiète... Peut-être que le lien que je viens de faire en compulsant les archives récentes de l'Ordre m'interdit de relâcher la pression.

« Oui, je le reconnais, je manque de patience... Mais c'est parce que des vies dépendent de ces résultats ! »
« Des vies dépendent de chacun de nos choix. Nulle vie ne vaut plus qu'une autre. Alors il convient de garder la tête froide et d'affronter l'adversité avec le recul nécessaire pour faire les bons choix. »


Purée... Que répondre à ça ? Je lève les yeux au ciel.

« Merci pour la leçon philosophique, Maître. Mais ce n'est pas pour vos conseils avisés que je suis venu requérir vos compétences... »
« Maugréer ne fera pas accélérer la chromatographie, mon ami. Explique moi plutôt ce qui me vaut une telle humeur. Parler fera passer le temps plus vite. »


Au point ou j'en suis, je suis prêt à tout...

« Roan Flox, ce nom vous dit quelque chose ? »
« Je ne crois pas. »
« Moi non plus, il ne me disait rien. Mais j'ai vérifié, à tout hasard. J'ai croisé un Seigneur Sith sur Nar Shaddaa. Je passe les détails. Un assassin Sith du nom de Roan Flox l'a menacé et tenté de le tuer. »


Il n'est vraiment pas nécessaire de rajouter que j'ai faillit boire un coup avec un adorateur de l'Obscur, ni que je me suis battu, en quelque sort, à son coté. Même un vieux maître ouvert d'esprit comme Kalidor aurait du mal à comprendre ma démarche stupide. Appelons ça un goût prononcé pour l'inconnu et les expériences douteuses.

« J'ai vérifié dans les archives de l'Ordre. J'ai retrouvé un Roan Flox. Un jeune homme détecté tardivement comme ayant un potentiel intéressant, sur un monde neutre dont je n'ai pas retenu le nom. Il a été repéré par le Chevalier El'Dor... Mais il n'a jamais été ramené au Temple. Roan, ainsi que trois autres candidats potentiels, plus jeunes, sont portés disparus depuis que le vaisseau de Maître El'Dor a été capturé par des pirates aux frontières de la République aux premières heures de l'Exode. Nous étions trop concentré à survivre, nous avons oublié cette histoire... »
« Je vois. Mais est-ce le même Roan ? La galaxie est vaste, il pourrait s'agir d'un homonyme. »
« Je ne crois pas aux coïncidences. Un candidat prometteur qui disparaît. Et cinq ans plus tard, je croise un assassin Sith qui porte le même nom ? Tout laisse penser qu'il a été capturé, puisqu'il a atterrit, d'une manière ou d'un autre, dans l'Espace Impérial où il a été formé aux Arts Obscurs. Et s'il est vivant... »

« Alors peut-être que les autres le sont aussi ? C'est ce qui justifie ton impatience ? »

J'ouvre la bouche, mais je suis coupé aussi sec par le bip du spectromètre de masse. Avec une lenteur qui manque de me faire exploser sur place, Maitre Kalidor extrait la solution, et place quelques gouttes sur une languette qu'il insère dans l'analyseur atomique.

« Tu sais que les chances de trouver une correspondance permettant de remonter une piste sérieuse sont très minces... »
« Oui, oui... Mais j'ai un bon pressentiment. Cette spalière en Beskar était portée par l'un des assassins. Il y a forcément un trace, un composé chimique ou un élément qui peut nous aider à déterminer où il était avant de rejoindre Nar Shaddaa ! »
« A condition que l'échantillon n'ait pas été pollué au point de devenir inutile. »
« Tant d'optimisme aura raison de votre cœur, Maître Kalidor... »


Soudain, une série de bip m'éjecte de mon siège. En moins d'une seconde je suis debout, presque à pousser le vieux Jedi pour prendre sa place devant l'analyseur.

« La poussière ne donne rien. Par-contre nous avons une correspondance sur un pollen. Sais-tu, mon jeune ami, que chaque pollen est unique ? Comme une emprunte digitale, il n'y a pas deux espèces de plantes ou d'être vivants qui sécrètent le même pollen... Mais encore une fois, il pourrait s'agir d'une contamination... »
« Dites toujours, et laissez moi en décider. »
« Exfolia Primatus Ergomagnis. Fleur d'albus sauvage. Espèce vénéneuse endémique de la grande chaine rocheuse de l'hémisphère Sud de Phindar... Phindar... Phindar. C'est bien dans l'espace Impérial ? »
« Oui ! Exactement ! Tout concorde ! Je le savais ! »

« Hmmm... Quelque chose me dit qu'aucun mot ne saurait te dissuader de franchir les frontières de l'Empire. Mais ce n'est pas de mon ressort. Ni du tien. Tu vas devoir te montrer persuasif pour que le Conseil autorise pareille mission sur de si maigres supputations... »


Soupire théâtral. Le Conseil Jedi... La plaie.
Darth Yrlion
Darth Yrlion
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La méditation. C’est un exercice qui connaît bien des déclinations, une multitudes de pratiques différentes et qui est pratiqué dans différents contextes. Mais pour les êtres sensibles à la Force, qu’ils soient Siths ou Jedis, cela revenait en un sens à ne faire qu’un avec la Force. La laisser s’infiltrer au plus profond de son être, être à attentif à ses variations, la laisser vous transcender et élever votre conscience au point d’être à l’écoute des échos de l’Univers lui même… dans le but de mieux vous concentrer sur l’instant présent. Un exercice que Valtus pratiquait quotidiennement.

Enveloppé par la pénombre pourpre de la navette impériale, le Sith se focalisait sur Phindar et les raisons qui les conduisaient sur ce monde, la dizaine de gardes royaux et lui. Dans ce genre de transport militaire, le grade, la position sociale n’avait pas sa place. Les sièges étaient en nombre égal, disposés en deux rangées se faisant face, et tous étaient aussi inconfortables et proches les uns des autres. Pourtant, cela ne semblait gêner personne.

Valtus était plongé dans une profonde méditation depuis plusieurs heures déjà, de même que plusieurs de ses guerriers. Ilorna, la capitaine de la garde, était quant à elle sortie de sa méditation depuis un moment. Il régnait un silence imperturbable dans l’habitacle.

Les images de Phindar se matérialisaient de manière éparse dans l’esprit de Valtus. Une vallée, une forêt, un ciel agité, de la pluie qui tombe… Des choses banales en vérité. Mais après un si long moment à méditer, Valtus ne semblait pas vouloir se satisfaire de cela. Il décida de se montrer plus audacieux en essayant de contraindre la Force, d’une certaine manière, à lui en dire plus. Un changement d’attitude qui le dirigeait naturellement vers le Côté obscur. Rassemblant les plus noirs sentiments qu’il éprouvait à l’égard de Darth Therliss, Valtus se focalisa sur l’accomplissement de sa vengeance et de sa justice. Des flashs montrant des scènes de violence et de massacre se matérialisaient à présent. Mais il y avait aussi de nouveaux endroits… notamment une clairière… calme et paisible… adossé à flanc de montagne… une anomalie en vérité dans cet enchaînement de noirceur qui agitait son esprit. S’efforçant d’abord d’écarter ce passage de ses visions, Valtus commença à se dire que ce n’était anodin car plus il tentait d’éloigner cette vision, plus elle revenait et résistait à sa volonté et plus elle se précisait. Il y avait des pierres disposées en arche dans cette clairière et une présence… quelqu’un ou quelque chose que la Force, même le Côté obscur, semblait trouver digne d’intérêt.

Le vrombissement qui fit légèrement trembler l’habitacle de la navette signifiait qu’elle venait de quitter l’hyper-espace. L’éclairage tamisé rougeâtre en changeant en une lumière blanche vive.


// Mon seigneur, nous pénétrons dans l’atmosphère de la planète. Nous arriveront à notre destination dans une dizaine de minutes.//

Ouvrant les yeux, Valtus prit quelque secondes pour retrouver pleinement ses esprits après une méditation si longue. Alors que ses gardes finissaient de se préparer commando d’élite que l’on larguerait en plein champs de bataille, lui désactiva le point d’encrage de sa nacelle et se dirigea dans le cockpit. Une fois à l’intérieur, il se focalisa immédiatement sur l’holo-carte qui matérialisait la surface proche en dessous de la navette. Les senseurs étaient bien moins précis que ceux d’un croiseur mais cela importait peu. Valtus se fiait à autre chose que la technologie en l’occurrence.

 « Nous changeons de destination, lieutenant. Mettez le cap sur ses coordonnées. »

Les nouvelles coordonnées venaient d’apparaître sur la console de pilotage. C’était un endroit à l’opposé de leur première destination et qui les éloignaient a priori du domaine de Therliss. Mais l’instinct de Valtus lui commandait de se rendre à cet endroit précisément. La présence qu’il avait perçu dans sa méditation était toujours là, le dernier flash qu’il venait d’avoir le confirmait. De plus, cette présence était devenue comme… familière.

Aussi, lorsque la navette atterrie à l’endroit que Valtus avait vu dans sa vision et que tous débarquèrent, il comprit… Garibaldi, le Jedi était là, comme à l’attendre. De son point de vue à lui, il était tenu en joug et à la merci de douze gardes tous identiques. Tous portaient les mêmes pièces d’armures noires et acier. En dessous desquelles ils portaient, les mêmes vêtements mêlant combinaisons militaires et bures de Sith. Tous portaient le même sabre-laser à la cuisse droite ou gauche dans un holster intégré. De la même manière, ils portaient tous un blaster léger sur l’autre cuisse. A la ceinture, de multiples compartiments et petits équipements étaient à disposition. Les visages étaient tous dissimulés par un casque intégral à l’exception d’un seul qui n’était dissimulé que partiellement sous une capuche, Valtus.

Que faisait-il ici ? Cela ne pouvait être un hasard pour Valtus. Les évènements de Nar Shaddaa y étaient certainement pour quelque chose… L’intervention du Jedi le confirma par la suite. Valtus fit un léger geste de la main et les gardes baissèrent aussitôt leur arme, relâchant ainsi la pression sur leur invité surprise. Valtus replia doucement le morceau de tissu qui recouvrait sa tête montrant ainsi son regard perplexe.


 « Je ne sais pas ce qui me trouble le plus… Le fait que nous ayons des intérêts communs sur ce monde anodin en plein territoire impérial ou bien le fait que vous vous mettiez à mon service... »

Toujours avec la perplexité dans son regard, Valtus se tourna vers un de ses gardes, la capitaine en vérité. Là il dessina un petit sourire amusé.

 « Un Jedi… au service d’un seigneur Sith… voilà qui a de l’allure ! Non ? »

Il laissa s’échapper un petit soupire de résignation cependant.

 « Je sens que cette journée va être… intéressante... »

Pendant ce temps, le Jedi venait de lui servir une tasse de thé. Par politesse machinale, Valtus se saisi du récipient contenant le liquide fumant mais il ne le porta pas à ses lèvres pour autant. Ses yeux perçant se fixèrent dans ceux de Garibaldi.

 « Ainsi donc… nous avons des intérêts communs ? Lesquels exactement ? »


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Pénitencier de Dol Arthen, quartier de haute-sécurité – Sigil ** Un mois plutôt **

Évoquer Dol Arthen provoquait toujours la même réaction chez les sigiliens. D’abord une profonde terreur à l’idée d’y être envoyé un jour suivie d’une forme de tristesse pour celui ou celle qui s’y trouvait ou qui y serait envoyé. Il y avait de nombreuses prisons sur Sigil, mais aucune d’entre elles n’égalait Dol Arthen. Destiné à accueillir les criminels de toute sorte, mais aussi ceux que le pouvoir considérait comme des opposants politiques, des séditieux et autres renégats ou indésirables, le complexe était à la pointe de la technologie.

Situé en périphérie de la capitale, le bâtiment était doté d’une architecture agréable et harmonieuse à l’œil. De la végétation et des aménagements urbains divers occupaient tout le pourtour de l’enceinte sécurisée. A l’intérieur, chaque prisonnier bénéficiait d’une cellule privative avec tout le confort nécessaire. Une couche auto-régulée qui adapte la température du matelas en fonction de la température du corps, les sanitaires et douche auto-nettoyant, évacuation et fourniture automatique pour le linge sale et propre sur demande. Et enfin, distributeur automatique et à volonté de nourriture. Tout était fait pour s’assurer que les prisonniers restent en vie… et même que celle-ci soient la plus longue possible. Car si lorsqu’on était envoyé à Dol Arthen, ce n’était pas pour purger une peine de prison ordinaire, mais plutôt pour y être « rééduquer ».

Le discours était toujours le même lorsque les prisonniers arrivaient le premier jour. « Dol Arthen est une chance pour vous. Vous allez pouvoir faire le point sur votre vie passée, sur vos actions et  comprendre pourquoi elles sont contraire à l’ordre et au bien commun. Nous vous aiderons et nous vous formerons à devenir des citoyens utiles et de loyaux sujets... » etc etc.

Une rééducation qui devait être dispensé lentement, très lentement pour être efficace et « acceptée sincèrement »… le tout dans la plus grande sérénité et à l’abri du tumulte du monde extérieur grâce à un système insonorisation global redoutable… La propagande était belle et donnait presque envie.

Le calme olympien qui régnait d’ordinaire dans les couloirs du pénitencier était quelque peu malmener cependant en ce premier jour de l’été sur Sigil. Les droïds d’entretien s’affairaient comme jamais à nettoyer plafonds, sols et cloisons pourtant déjà parfaitement aseptisés. Les gardiens de la prison étaient tous pris d’une tension particulièrement forte et d’un stress perceptible.

Tous se mettaient littéralement au garde à vous lorsque Valtus, accompagné par deux gardes royaux, passait devant eux et franchissait les points de sécurité, sans leur accorder le moindre intérêt. L’Administrateur de la prison, à l’uniforme impeccable, le précédait et désactivait en personne les ses de sécurité pour que le souverain éteigne le plus rapidement possible la « salle de rééducation 05 ».

Une fois devant, Valtus commanda à ses gardes de rester en sentinelle à l’extérieure comme d’ordinaire et, alors que l’Administrateur s’apprêtait à le suivre, il commanda à la porte de la salle de se refermer aussitôt.

La salle de rééducation 05. L’une des plus célèbre du pénitencier. C’est dans cette salle que les prisonniers les plus réputés, les plus estimés étaient reçus. C’est également la seule salle qui disposait du matériel le plus moderne et le plus sophistiqué. Paré de son costume royale sombre, Valtus faisait presque tâche en dans l’environnement blanc immaculé de la salle. Il n’y avait aucune décoration, ni aucune table, ni aucune station de travail visible. Seulement une console devant laquelle se trouvait un homme. Il portait l’uniforme des gardiens du pénitencier mais avec une sorte de blouse blanche ajustée à ses courbes par-dessus. La console affichait des données biométriques diverses et matérialisait l’hologramme détaillée de la silhouette d’un individu.

L’individu en question se trouvait dans la salle lui aussi, à trois mètres tout au plus du gardien. Pris comme dans un champ de stase, son corps dénudé et en sueur flottait à moins d’un mètre du sol. A priori, il était inconscient ou faisait mine de l’être. Son visage d’apparence juvénile et exsangue de tous défauts ferait presque oublier le fait qu’il était un assassin parmi les Siths.

Le gardien s’inclina de manière martiale lorsque Valtus d’approche de lui. Cependant, le Sith ne s’arrêta pas et se dirigea directement vers le champs de stase et se mit à observer dans le détail chaque partie du corps du prisonnier.


 « C’est extra-ordinaire… J’ai beau avoir vu cet appareil fonctionner à de multiples reprises, je suis toujours stupéfaits par les résultats… Son corps est en parfait état ! Aucune trace, aucune marque, aucun hématome. C’est stupéfiant ! »

 « Je vous remercie, mon seigneur. L’Académie tient à cœur de donner le meilleur d’elle même pour que votre justice soit rendue le plus... efficacement... possible. »

 « Fascinant… Est-il inconscient ? »

 « Pour le moment, oui. Cela fait partie du processus. Le sujet est d’autorité plongé dans une phase de sommeil profond durant quelques minutes. Juste le temps qu’il faut au réseau synaptique pour… récupérer. »

S’attardant plus avant, Valtus observa la tête du prisonnier sur laquelle on avait installé une sorte de bandeau cybernétique qui en faisait tout le tour. Joignant le geste à la parole, l’officier pénitentiaire afficha un hologramme du cerveau du prisonnier et commença à entrer dans des explications qui fascinait véritablement le monarque.

 « L’inhibiteur fonctionne bien ? »

 « A la perfection, Majesté. Depuis son arrivé dans le complexe, le prisonnier n’a plus aucun lien avec la Force. »

Comme par réflexe, au moment même où il avait posé la question, Valtus avait de lui même mis à l’épreuve le fonctionnement de l’inhibiteur à travers la Force. Le prisonnier était véritablement coupé de la Force. Une prouesse à mettre cette fois au crédit de l’Inquisition impériale.

 « Le cycle de récupération est terminé, Majesté. »

Valtus se redressa alors, prenant un légère inspiration.

 « Bien… Roan ? Est-ce que tu m’entends ? »

Les yeux du jeune homme s’ouvrirent aussitôt effaçant dans le même temps les traits paisibles de son visage endormi. Le champs de stase n’entravait pas totalement ses mouvements, il était important que le sujet puisse bouger, même de façon limitée, d’après les mots de l’officier. De même, ce n’était pas un champs de force à proprement parlé, il était donc possible de passer à travers.

 « Non ! Ça va recommencer … !! Pitié !! Non…!!! Il faut que ça s’arrête !! Pitié !! »

Valtus demanda alors au droïd-med qui se trouvait là de lui donner à boire. Après un instant, une gourde apparut dans un des compartiments de la machine. Le monarque se saisit de la gourde et s’approcha du prisonnier, traversant légèrement le champs de stase pour lui porter lui même aux lèvres, comme s’il était soudainement pris de pitié et d’affection devant cette détresse sincère. D’abord réticent, Roan posa ses lèvres et commença à boire avec empressement.

 « Là… là… il faut boire doucement pour que cela fasse totalement effet… C’est une solution énergétique qui va renforcer ton organisme et te redonner de la force et de l’endurance...»

Valtus pris bien le temps d’attendre que la gourde soit parfaitement vide pour se retirer. Il la reposa délicatement dans le compartiment et s’adressa à nouveau à Roan.

 « Les choses vont mal se terminer pour toi, Roan, vraiment. Roan Flox… ancien padawan qui a voulu rejoindre les rangs impériaux, les Sith et qui a voulu devenir Assassin de part son potentiel et ses prédispositions avec la Force…

J’admire ton audace et ton courage… Un tel changement de vie… pfiou… ce n’est pas rien. Mais je pense que tu t’en rends pleinement compte maintenant… Chez les Sith, les erreurs peuvent se payer très cher. »


Il se tourna alors vers l’opérateur et lui demande de commencer. Esquissant un sourire, l’opérateur activa une série de commandes sur la console. Roan se mit à hurler de douleur et ses membres à se crisper. S’écartant, Valtus se rapprocha de la console et demanda quelques détails.

 « Comme vous le voyez, Majesté, liaison entre le terminal et le réseau neural est parfaitement stable, ce qui assure une stimulation des différentes zones du cerveau dès pus efficace. »

 « Effectivement. Le programme est donc capable d’identifier quelles parties du cerveau gèrent les différentes parties du corps et peut les stimuler de manière à leur donner de fausses informations ? »

 « C’est cela. Le programme dresse une sorte de carte précise du système nerveux du prisonnier et les centres névralgiques qui les relient et ensuite… hé bien… on peut leur faire croire ce que l’on veut. »

Les cris de douleurs et les suppliques de Roan ne semblaient pas inquiéter le moins du monde les deux personnages qui ne semblaient même pas les entendre.

 « Actuellement le programme stimule la zone du cerveau relative à la régulation de la température du corps. Avec les algorithmes actuels, le cerveau du prisonnier traduit comme s’il était en train de brûler de l’intérieur. »

 « Fascinant… Mais je remarque comme des marques sur son torse… est-ce normal ? »

 « Absolument, Majesté. Le corps réagit naturellement à ce qu’il pense être réel. Mais rassurer vous, les marques disparaissent aussitôt la stimulation interrompue. Voyez plutôt. »

L’officier entra des nouveaux paramètres. Les hurlements de Roan disparurent et il se mit à suffoquer et à être saisi du spasmes. S’approchant de lui, Valtus observa que les marques rouges sur sa peau étaient en train de disparaître.

 « C’est du très beau travail… Il est en train de s’étouffer ? »

 « Oui. Le programme commande aux alvéoles de ses poumons de rester fermée ce qui simule l’absence d’air dans la pièce. »

 « Impressionnant. Accordez lui une pause, je vous prie. »

Aussitôt le programme stoppé, Roan démultiplia les efforts pour reprendre son souffle avec soulagement. Les larmes coulaient déjà sur ses joues blêmes.

 « Pitié… Mon Seigneur… je vous en supplie... »

 « Dis moi ce que je veux savoir, Roan… tout simplement… et tu as ma parole que tout s’arrêtera. »

Le prisonnier ne put se retenir et éclata en sanglot. Ce n’était ni la fatigue, ni la perspective apaisante de cette promesse que venait de lui faire Valtus qui provoquait cette émotion…

 « Je vous ai dit tout ce que je savais !!! »

 « Je connais les planètes que tu m’as donné… comme tout le monde d’ailleurs ! Et Therliss ne se trouve sur aucune d’elle… Allons, Roan, la question est simple… où se trouve le repère de Darth Therliss ? »

 « Je vous l’ai déjà dit… elle ne me contactait ou ne me rencontrait que sur Korriban et à chaqu... »

Exaspéré de ne pas entendre ce qu’il voulait, Valtus tourna les talons en fit signe à l’officier de reprendre le programme.

 « Attendez un instant…  Est ce qu’il y a un record d’endurance ? »

Après une légère hésitation, l’officier lui répondit sur un ton affirmatif.

 « H4-D… Le prisonnier matricule H4-D… il a tenu presque une journée consécutive avant que le cœur lâche. »

Valtus haussa un sourcil d’étonnement. L’officier indiqua alors au monarque que Roan était supplicié depuis plus de six heures déjà. Il se tourna vers Roan qui tremblait de froid.

 « Te voilà dans la course ! A toi de voir si tu veux établir un nouveau record ! Je suis à ta disposition si tu trouves la réponse à ma question ! D’ici là…. »

Il s’adressa alors sur un ton plus bas à l’officier.

 « D’ici là, il ne bouge pas d’ici. Continuez jour et nuit … organisez des relèves … vous avez carte blanche. Inutile de précisez que vous aussi, ainsi que votre unité, êtes dans la course. Car il est inenvisageable que notre cher invité meurt au bout d’une journée… ni même qu’il meurt tout court d’ailleurs. C’est entendu ? » 

 « Nous ferons le maximum, mon seigneur. »

 « Oh… je crois que vous ferez mieux que ça, vraiment. Car s’il venait à mourir avant que je le décide, je vous accorderait le privilège de tester en personne, ainsi qu’à tous vos collègues,  votre création. »

Le Sith libéra alors la salle de rééducation 05 de sa personne et laisser l’unité disciplinaire accomplir son devoir dans la plus grande sérénité.
Gary Kovani
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La fatidique question est posée. Prévisible. Aussi inéluctable que la disparition de la Force elle-même, un jour, lorsque tout vie, toute matière et toute énergie a été dispersée aux quatre coins de l’univers. Pensée réconfortante non ? De ce dire que toutes ces conneries auront un jour une fin définitive... Ou pas. Car à l'extinction des temps, les ténèbres sidérales triompheront... Je chasse cette pensée parasite, et réponds enfin. Après quelques secondes de flottement allégrement monopolisées par la cacophonie entêtante de la faune indifférente à mes jeux de mots et d’esprit :

« Disons que je cherche également votre Némésis… Mais pour un tout autre motif que la réparation d’un affront qu’un Monarque de votre envergure ne peut ignorer et laisser passer. »

S’il est vrai qu’on ne peut, en théorie, rien refuser à un souverain despotique tout puissant, c’est parce qu’ils ont la fâcheuse tendance à surréagir aux offenses. Si certains obéissent aveuglément à leur égo surdimensionné, dans le cas du Seigneur Yrlion, je crois plutôt deviner des motivations plein plus pragmatiques : affirmer son statut et son autorité en terrassant de sa propre main celle qui pourrait devenir, dans le cas contraire, une opposante et une menace de premier ordre. Je laisse échapper un léger sourire, alors que je peux ressentir au travers de la Force la tempête de questions qui déferle sous le crâne de mon interlocuteur. Je concentre tout mon attention sur lui… Ses soldats anonymes, clones les uns des autres, ne m’inspire aucun intérêt particulier. De simples pantins obéissants. Magnanime, je me décider à abréger la torture, avant que les zones d’ombres se meuvent en des pensées suspectes quant aux raisons de ma présence, ici, sur Phindar, en territoire Impérial. Aucun utilisateur de la Force, Lumineux ou Ténébreux, ne croit aux coïncidences, ce qui pousse parfois aux conclusions hatives. Je croise les bras sur le torse :

« Je de bonnes raisons de croire que Darth Therliss détient d’ancien padawan devenu assassins à sa solde. J’ai une liste de noms potentiels, c’est plus qu’une simple intuition. S’il existe une chance qu’au moins l’un d’eux puisse être ramené du coté lumineux, cela vaut tous les risques… Même celui de place ma lame et ma vie entre les mains d’un Seigneur Sith… »

J’avance lentement, casse la distance. Chaque pas m’expose un peu plus aux représailles. Le grand Yrlion pourrait simplement rire de ma proposition et ordonner à ses hommes de désintégrer sur place. Bien malin serait celui capable d’anticiper les réactions d’un adorateur de l’obscurité. Pourtant ce geste atteste de mes intentions, celle de me place sous sa coupe l’espace d’une vendetta. Je crois sincèrement que le souverain de Sigil n'est pas homme à dégainer son sabre avant d’obtenir toutes les réponses.

« Mais pourquoi donc accepteriez-vous mon aide ? J’imagine que la question vous brûle autant les neurones que les lèvres. Effectivement. Pourquoi ? Simplement parce que je suis le grain de sable vous assurant une possible victoire. »

Je m’arrête. A moins d’une dizaine de mètre du contingent. Je croise les bras dans mon dos, puis commence à faire les cents pas, de gauche à droite, tout en exposant les conclusions de mon enquête. A la manière de ces détectives calculateurs que l’on peut observer dans les holofilms bas de gamme :

« Darth Therliss a tout préparé, dans les moindres détails. Un plan muri. Elle n’a jamais eu l’intention de vous tuer sur Nar Shaddaa. Sinon elle n’aurait pas envoyé une aussi maigrelette bande d’assassins de seconde zone, incapable de faire face à vos talents et à ceux de votre escorte. Non. Elle vous observe depuis longtemps. Elle vous connait. Vos qualités, vos défauts, vos moyens, votre manière d’agir et de penser. Elle a volontairement envoyé une poignée de ses pions à l’abattoir. Un sacrifice rituel pour conjurer votre colère, pour vous provoquer. Elle savait que vous ne pourriez laisser passer cette humiliation, surtout venant d’elle… Elle a tout fait pour que vous sachiez parfaitement qui se dissimulait derrière la tentative de meurtre éhontée en terrain neutre. Tout ça n’était que la première étape de son grand plan : vous attirer ici, dans son piège, sur son territoire, là où elle a planifié de longue date votre venue. Ces montages derrière vous sont votre tombeau à ciel ouvert… Elle est le lion tapit dans l’ombre, et vous le rat qu’elle s’apprête à dévorer vivant. »

Une bien funeste prophétie, qui pourrait, malgré moi, déclencher la colère du souverain. Aussi, je continue ma démonstration :

« Mais j’imagine que vous le saviez déjà. Seulement vous êtes coincé : agir et tomber dans le piège, ou bien ne rien faire, perdre la face, et laisser le temps à votre ennemie de devenir encore plus dangereuse. Dilemme. Oui. Sauf qu’il y a une faille dans le plan parfait de Darth Therliss. Un élément inconnu, imprévu, improbable même : »

Je m’arrête enfin, bombe le torse.

« Moi »

Tadaaaa. Pause théâtrale. Haha. Je mériterai la statuette du meilleur acteur. Et celle du meilleur scénariste aussi.

« Son piège a été calibré dans les moindres détails. Pratiquement infaillible. Vous êtres pris dans son étau, contraint de jouer un jeu dont elle a défini les règles. Mais qui a été élaboré pour vous, mon très cher Seigneur Yrlion. Vous et vos hommes. Jamais elle n’aurait pu prévoir qu’un Jedi aux tendances suicidaires serait de la partie. Elle n’a surement rien vu venir, et n’a pas eu le temps de rebattre ses cartes pour ajuster sa main. Donc, oui. Moi. Je suis ce grain de sable, l’élément perturbateur, l’électron libre, la carte « règles du jeu » oubliée dans la pioche, qui menace de gripper les rouages huilés de son traquenard savamment orchestré…

Je me suis laissé persuader que vous êtes un homme de parole. Alors passons ce marché :

Je vous accompagne, je place ma lame et ma vie entre vos mains pour que vous puissiez faire taire définitivement celle qui vous provoque et vous menace. En contrepartie, si l’occasion s’en présente, je demande simplement une chance de me laisser sauver un seul de ses anciens padawan, si j’en trouve un qui peut encore être libéré de ses démons. Vous tuerez un puissant Sith, tout en me permettant de ramener un Jedi à la raison. L’équilibre dans la Force sera ainsi préservé… Et je pense que c’est justement pour cela que la Force a mêlé nos destins… »


J’avance encore. Je ne suis plus qu’à cinq mètres du groupe. Assez proche pour subir de plein fouet une vague de force, une décharge d’éclairs, ou un lancer de sabre. Mon cœur s’accélère soudain. Derrière mon apparente assurance se dissimule un puits sans fonds d’incertitudes et de doutes. Je vie, peut-être, les derniers instants de ma trouble existence de Jedi indiscipliné. J’inspire lentement. Non. J’ai toujours fait confiance à mon instinct : et en cet instant, il ne m’ordonne pas de fuir… J’espère juste qu’il ne va pas me demander de cracher dans ma main pour sceller notre accord ! Je préfère encore qu’on s’entaille les avants bras pour le forger dans le sang fratricide…

****

Trois semaines plus tôt, devant le Conseil Jedi,


« … Impensable ! Il est malheureux que de jeunes novices aient été capturés par l’Empire, mais nous n’y pouvons plus rien. Nous avons d’autres priorités. Notre Ordre est morcelé, notre sécurité est menacée. Les Jedi perdus sont légion… Je refuse de cautionner l’envoi de l’un des nôtres à l’intérieur des frontières de l’Empire. C’est du suicide ! Il y a le risque humain… Mais aussi politique. Une telle provocation pourrait remettre le feu aux poudres. Imaginez si l’Empire s’en saisissait pour relancer ses hostilités envers la République, ou bien monnayer les Jedi enfermés dans les geôles Républicaines en échange de la paix ? »

Je dois prendre sur moi pour ne pas bailler. La diatribe du vieux bougon dure ainsi depuis de bien trop longues minutes. Interminables. Une vraie torture. Un « non » aurait amplement suffit. Mais non. Lorsque Maitre Pulos estime qu’il doit approfondir sa pensée pour que chacun puisse profiter des miettes éparse de sa sage réflexion, il n’hésite pas. Un peu comme ces octogénaires assis sur un banc public, qui balancent des morceaux de pains aux pigeons quémandeurs. Oui, aujourd’hui c’est moi le pigeon quémandeur. Je détourne quelques instants les yeux de son impressionnante silhouette, lovée dans un kimono qui peine à dissimuler sa pilosité abondante. Au-dessus de ma tête, dans le creux du dôme arraché à la roche brute, une colonie de vers luisants se moque de ma position précaire. Debout, seul, entouré des Grands Maitres du Conseil assis dans leurs fauteuils austères, bien loin du luxe qu’ils ont connu au Temple Jedi d’Ondéron. Cette pièce fut l’une des premières creusées, après les quartiers d’habitation nécessaire à la survie des premiers arrivants. Une pièce circulaire, un dôme… Mais la comparaison avec la chambre du Conseil d'Ondéron s’arrête là. Aucune sculpture, dorure ou fresque antique rappelant les grands moments de notre Ordre n’égaye la monotonie minérale qui nous écrase de sa masse poisseuse d’humidité. La condensation, principalement née, j’imagine, des souffles atterrés du Bothan, lui donne un aspect étrange, comme si un importun s’était amusé à appliquer sur la roche une fine couche de vernis brillant. Il faut dire que bâtir un Temple souterrain est une idée géniale en ce qui concernant la sécurité… Mais au prix d’une ventilation digne de ce nom… M’enfin, au moins nous arrivons, ici, à conserver une température bien inférieure à celle suffocante du désert aride au-dessus de nos têtes. De quoi je me plains ?

Enfin Maitre Pulos se tait. J’expire et reporte mon regard sur le Grand Maitre Hunter Licht. J’ignore quoi penser de lui encore. Mais par défaut, je n’apprécie guère ceux qui décident de siéger au Conseil plutôt que d’arpenter la galaxie pour permettre à notre crédo millénaire de repousser les ombres. Nos regards se croisent. Intenses. Je frissonne. L’espace d’une seconde j’ai l’impression qu’il déchire mon âme pour en extraire son essence. Sans un mot, d’un simple geste, il m’invite à répondre.

« L’espoir. »

Un simple mot, mais dont les racines sont profondément enfuies dans les strates historiques de notre Ordre. Une entrée en matière efficace, efficiente même. Qui attire autant l’attention qu’elle déclenche le désir d’entendre la suite.

« Nous avons été trahis, chassés, pourchassés. Certains des nôtres sont encore emprisonnés, à la merci d’un allier devenu subitement ennemi. Je ne suis pas là, devant vous, pour faire de la politique fiction. Oui, les risques sont élevés… Mais je crois que nous avons terriblement besoin d’un nouvel espoir. Nous avons reconstruit, avec les moyens à notre disposition, notre Temple. Mais nos membres, surtout les plus jeunes, sont encore hantés par l’Exode. Ils sont fragilisés, même s’ils le cachent, par peur de décevoir les Chevaliers et Maitres que nous sommes. Alors non, nous n’avons pas juste besoin de retrouver quelques Jedi disparus pour regrossir nos rangs. Nous avons besoin d’un symbole fort…

Je ne vous demande pas d’approuver ma mission en réfléchissant avec vos cerveaux… Mais avec vos cœurs. Si j’échoue, que risquons-nous ? Perdre un membre de plus ? Nous nous en remettrons… Mais si je réussi : je reviendrai avec des novices perdus de longue date, pervertis par les ténèbres, ramenés dans notre nouveau foyer pour être sauvés d'eux-mêmes. Le symbole de renouveau, voilà ce que je propose. Qui transformera ce Temple de pierre en un havre de paix ou même les âmes égarés et déchirées par le doute et l’obscurité peuvent guérir et renaitre. Notre nouveau foyer.

C’est pour cette raison que je vous demande d’accepter l'emprunt trois cristaux Kyber corrompus, et de me laisser gagner Phindar à bord de mon vaisseau. Ainsi, je pourrai aisément me faire passer pour un Sith auprès de la population locale… Je ne peux vous promettre de réussir… Mais je peux vous assurer que je ferai le nécessaire pour revenir avec les novices perdus, s'ils sont encore en vie... »


Un discours préparé depuis plusieurs jours. Il sonnait mieux sur le papier et dans ma tête. Je soupire. Ai-je été assez convaincant ? Lorsque l’on désire l’inacceptable, il ne reste plus qu’à jouer sur les sentiments plutôt que la raison, non ? Sur ma droite, la vénérable Jiljoo’blankuna bouge imperceptiblement. Hunter et elle ne se quittent plus du regard… Ils échangent télépathiquement leurs pensées les plus pures. Celles qui ne se parent pas des atours grotesques du langage. Mon petit doigt me dit que je vais rapidement être fixé…
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Le Jedi déambulait ainsi avec la plus grande aisance et la plus grande confiance possible. S’en était presque insolant du point de vue de son interlocuteur Sith. Il était tellement sûr de son coup et de la nécessité de cette alliance contre-nature qu’il en oubliait que d’une seule pensé, en une fraction de seconde, le monarque pouvait lui faire rejoindre la Lumière qu’il aimait tant. Le Jedi avait du panache. Valtus admirait cela d’une certaine manière mais cette admiration n’allait pas plus loin. Encore que...

Le Sith n’avait rien manqué de la trame déductive du Jedi. Il l’avait écouté avec patience et un très grand intérêt afin de recouper les informations données avec ses propres informations. L’impassibilité relative de Valtus masquait en vérité une agitation dans son esprit soucieux. Un piège ? L’amateurisme du commando qui l’avait attaqué sur Nar Shadaa était somme toute à relativisé mais leur manque de précautions avait aussi surpris le Sith.

Valtus le savait à présent, il était bien la cible d’une conspiration. Non pas de la part de ses sujets ou de ses vassaux mais de la part de ses semblables obscurs. Cette conspiration se développait et trouvait de plus en plus de ramifications à mesure que le temps passait. L’espace d’un instant, le Sith considéra que le Jedi pouvait lui aussi faire partie, à sa manière, de cette conspiration. Un réflexe… Mais cette idée s’évapora rapidement.


 « Théorie intéressante. Je dois l’admettre... »

Valtus ne pouvait s’empêcher de penser aux circonstances qui l’avait conduit sur cette planète. Les informations qu’on lui avait fournit… cela avait-il été fait à dessin ? La conspiration serait-elle plus étendu qu’il ne le pensait alors ? Et si tout cela n’était qu’un jeu ? Une nouvelle fois, s’il se trouvait être le pion d’une machination supérieure dont il ignorait tout ? Une idée qu’il n’était pas du tout prêt accepter. Il n’était pas non plus enclin à se laisser faire… 

 « Décidément, Jedi, à chaque fois que nous nous rencontrons je dois me résoudre à être d’accord avec vous… et cela me coûte toujours autant de le dire. »

C’était une réalité d’un point de vue stratégique. La présence et l’implication d’un Jedi n’était pas dans l’équation originale.

 « J’accepte cet arrangement et votre allégeance « temporaire »… puisqu’il le faut … Mais comprenez bien ceci, cependant. Ce n’est pas une opération de maintient de l’ordre, ce n’est pas une intervention pour rétablir la paix…

Vous placez votre lame à mon service ? Elle servira ! Et il faudra vous en servir… car ce sont des Siths que nous allons affronter… il faudra donc vous comportez comme un Sith. En serez-vous capable, Jedi ? Prendrez vous le risque de vous avancer si loin dans l’Obscurité que l’envie d’y rester et de l’embrasser ne devienne trop forte pour y résister ? »


Valtus insistait bien et perdait peut-être un temps précieux pour le faire. Mais dans la folie de la situation, il ne voulait pas avoir à gérer un Jedi qui, basculant pour la première fois vers le Côté obscur, deviendrait incontrôlable sous l’euphorie de sa puissance nouvellement acquise.

 « Si c’est le cas alors, ne perdons pas plus de temps et mettons nous en route. Dans la cas contraire, saisissez cette chance de partir encore en vie et sain d’esprit.

Car en vérité, vous ne savez pas dans quoi vous vous engagez… Vous faites erreur en pensant qu’il s’agit d’une réaction face à un simple affront ou d’une simple vengeance puérile visant à apaiser un égo blessé. C’est bien plus sérieux que cela... »


Le Sith donna quelques ordres divers à ses gardes de manière à préparer leur marche vers la tanière de Therliss.

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Palais royale de Sigil ** Un mois plutôt **

Les yeux de Valtus se laissaient aller à vagabonder au milieu du paysage urbain qui s’étendait à perte de vue en dessous de son speeder.

Spoiler:

A l’image d’un monde riche et développé, la cité-capitale de Sigil s’étendait sur des centaines de kilomètres. Bien que fortement urbanisée, la mégapole n’avait cependant rien de semblable avec Coruscant, Fondor ou jadis Taris, elle ne couvrait qu’une infime partie de la surface de la planète. Grandes avenues, méga-complexes et autres bâtiments monumentaux composaient cette cité pleine d’orgueil et de puissance. Les couloirs aériens emprunté par les milliers de speeders et navettes zébraient le sol de myriades d’ombres lorsque le soleil était à son zénith.

Seul le Palais royal était épargné par ce balais ininterrompu. Plus qu’un simple bâtiment, le Palais royal de Sigil désignait un domaine d’un peu plus de vingt kilomètres carrés dans lequel on avait aménagé forêts luxuriantes, collines et reliefs, jardins fleuris et aménagés, vergers fournis, plaines et clairières adossées à de mini-lacs. Des espèces diverses originaires de Sigil mais aussi d’autres mondes y évoluaient paisiblement. Un anneau aquatique d’un kilomètre de large séparait le domaine du reste de la cité dans lequel pouvait s’épanouir de nombreuses espèces aquatiques locales. Au centre du domaine se trouvait le bâtiment en lui même, luxueux, chamarré et imposant. L’architecture était commune au reste de la cité mais se mêlait harmonieusement avec des éléments plus anciens, beaucoup plus anciens, voir antiques ainsi que des statues et des obélisques à la gloire des Siths. Assuré la logistique du Palais était un défi à lui tout seul et d’aucun considérait même qu’il s’agissait d’une cité dans la cité.

Considéré comme une zone d’exclusion aérienne totale, survoler le Palais royal était un privilège seulement réservé à la famille royale et aux quelques rares qui se voyaient accorder se privilège, comme Ocur Garoon, mieux connu sous le nom de Darth Khaar, membre éminent de l’Inquisition impériale.

Alors que le speeder royal pénétrait dans l’enceinte du Palais, l’hologramme d’Ipas apparut devant Valtus. Le twi’lek semblait anormalement nerveux, ce qui ne surprenait pas en soi le Sith qui s’était habitué au zèle de son intendant.


 // Je me réjouis de votre retour, Mon seigneur. Darth Khaar est en visite au Palais et il a demandé à être reçu sans délai. N’en sachant pas plus, je me suis permis de le faire patienter dans le salon d’apparat et de lui faire servir...//

 « Il suffit, Ipas… Tu as bien fait. Voilà qui est… inattendu. »

Le visage de Valtus se crispa de perplexité et d’étonnement. L’Inquisition ne dépêchait aucun de ses serviteurs sans une bonne raison et jamais pour une « visite de courtoisie ».

 « Je le recevrai dans mes appartements privés… Je serai là dans quelques instants. »

Valtus ne s’était pas trop avancé. Alors que l’hologramme disparaissait, le speeder entamait la procédure atterrissage sur la plate-forme privée de Valtus, située deux niveaux en dessous de ses appartements.


Appartements royaux - Palais royal de Sigil

Trônant dans le salon de réception des appartements, la baie vitrée gigantesque offrait une vue magnifique sur les plaines du Palais. Malgré les buildings visibles au loin, l’impression de se trouver en plein milieu de la nature sauvage de Sigil était là et l’immersion complète. La baie était si grande qu’une série d’armatures ouvragées la décomposait en plusieurs morceaux. Debout et impassible, Darth Khaar observait et patientait. Son manteau d’inquisiteur tombait légèrement sur le sol obsidienne. Ses mains gantées étaient jointes derrière son dos et sa posture donnait à son buste un alignement parfait. Malgré ses cheveux bruns parfaitement lisses tombant au bas de son dos et qui lui donnait un petit air de jeunesse, Khaar avait le visage marqué par les ans. Du point de vue de Valtus, il avait l’âge d’être son père.

L’inquisiteur effectua un quart de tour sur lui même lorsque les portes des appartements s’ouvrirent pour laisser entrer le monarque.

En dépit de sa surprise et de ses inquiétudes, Valtus marchait d’un pas tranquille et affichait un air serein. En observant son homologue en train de le regarder avec intérêt, le monarque s’interrogeait encore plus sur les raisons pour lesquelles l’Inquisition avait dépêché chez lui l’un de ses membres les plus zélés et l’un des plus efficaces.


« Seigneur Khaar ! »

« Seigneur Yrlion ! »

Les deux Siths affichèrent leur respect mutuel en se saluant à la manière de leur Ordre.

« Le temps est passé si vite depuis l’Académie ! Néanmoins, je pense que vous n’êtes  pas venu jusqu’ici pour la nostalgie de cette époque palpitante. Que me vaux donc le privilège d’avoir l’attention de l’Inquisition impériale ? »

Khaar et Yrlion s’étaient rencontré la première fois sur Korriban. L’un était l’inquisiteur attitré du centre de formation tandis que l’autre venait fraîchement de commencer son apprentissage. Les talents de Valtus mais aussi sa ferveur et sa dévotion envers le Côté obscur avait rapidement attiré l’attention de l’inquisiteur au point même qu’il avait envisagé de le recruter. Mais le Côté obscur avait guidé Valtus dans une autre voie. Il sourit à l’écoute de l’ancien acolyte qui n’avait rien perdu de son verbe et de son attitude si... aristocrate.

« Quel merveilleux domaine vous avez là, mon seigneur. Je dois admettre bien volontiers que je n’en ai rarement vu de pareil. Cela doit susciter bien des admirations, et bien des convoitises aussi. N’est ce pas ? »

Valtus s’était avancé jusqu’à une desserte sur laquelle de multiples alcools et autres boissons étaient à disposition. Il commença à se servir un verre tout en écoutant son homologue sith, qui n’avait pas répondu à se question. Mais cela ne semblait pas le perturber car c’était la manière de faire de Khaar.

« Fort heureusement, aucune convoitise qui ne puisse être jugulée et étouffée avec la plus grande fermeté. »

« Vraiment ? »

Une simple interrogation qui n’avait rien d’anodine en vérité. Khaar s’approcha lui aussi de la desserte et porta son attention sur une bouteille de liqueur et s’en servi un verre tranquillement. De l’autre main, il sorti de son vêtement un petit appareil semblable à un comlink. Il tenait tout entier dans la paume de sa main. il le posa délicatement sur la desserte et l’activa. Une petite lumière rouge s’alluma avant de devenir bleu quelques secondes après. Les oreilles de Valtus réagirent l’espace d’un instant comme si elles étaient soudainement devenues sensibles aux ultrasons.

Le monarque s’étonna intérieurement de l’usage d’un tel dispositif au sein de sa propre demeure. car s’il ne se trompait pas, il s’agissait d’un appareil servant à brouiller les systèmes de surveillance et d’espionnage. Etait-il espionné ? La chose semblait impensable… et pourtant… Si c’était le cas, qui aurait cette audace ?


 « Nous pouvons parler librement à présent. »

Valtus attendit la suite. La main dans sa poche, Khaar en sorti une sorte de plaque frappée d’un emblème doré, un antique symbole Sith associé à la justice. Le monarque de Sigil jeta un œil dessus sans pour autant être surpris. Il se contenta de boire une gorgée de son verre.

 « Si je suis ici officiellement en tant qu’Inquisiteur, c’est en ma qualité d’Adjudicateur de la Loge que je m’adresse à toi officieusement, Valtus.

De graves accusations ont été portés par Darth Therliss devant la Loge à ton encontre. Elle t’accuses d’imposture et revendique les possessions et privilèges de ton ancien maître. Elle demande ton excommunication… et donc ta mise à mort. »


Le verre du monarque se vida d’un seul trait. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne s’attendait pas à ses accusations.

 « Un imposteur ? »

 « Elle soutient que ton ancien maître n’est pas mort et que tu le retiens prisonnier quelque part ici sur Sigil. Elle n’en a cependant pas apporté la preuve pour le moment. Mais la Loge estime l’accusation suffisamment grave pour tenir un conseil. »

Impossible… c’était impossible… Comment Therliss était au courant ? Il avait pourtant pris toutes les précautions à l’époque.

 « Quelle audace ! Comment peut-elle oser ! Et la Loge ?! Comment peut-elle prendre en compte ses accusations sans preuve, sur une simple affirmation ? »

 « La Loge se targue d’œuvrer « avec discrétion » pour le bien commun des Sith et pour la préservation de nos intérêts… Elle n’en reste pas moins tributaire du comportement de ses membres. Des comploteurs et des ambitieux.

Therliss et ton ancien maître s’étaient alliés afin d’atteindre les plus hautes sphères du pouvoir impérial. Non seulement ton ancien maître devait devenir le nouveau Chambellan et ainsi diriger la Loge mais il œuvrait également pour devenir le Maître des Forges. En temps utile, Therliss comptait évidemment se débarrasser de son allié, de son apprenti et s’emparer de tout.

En prenant sa place, les projets de Therliss ont été réduit à néant et ses ambitions avec… mais elle a des soutiens de poids au sein de la Loge, ce qui explique que ses accusations aient été si facilement accueillies. »


Valtus fulminait intérieurement, en témoigne le geste brusque avec lequel il posa son verre qui manqua presque de se briser.

 « Comment peuvent-ils bafouer leurs propres règles ! C’est indigne… c’est innommable ! »

Le monarque était connu pour la maîtrise des ses émotions et la gestion de sa colère. Même puissante et ardente, il savait la contenir et la canaliser pour en faire usage le plus efficacement possible. Pourtant, en cet instant, il n’avait pas envie de la contrôler… Ses yeux jaune-orangés en témoignaient.

 « Trahison…. C’est de la trahison ! Je les briserai… tous autant qu’ils sont... »

 « Chaque chose en son temps… Pour l’heure, c’est sur Darth Therliss que ta colère doit se focaliser. »

Valtus fut surpris par l’intervention de Khaar. A la fois le ton et la main qu’il avait posé sur son épaule laissait penser à un maître en train de conseiller avec affection son apprenti.

 « Et c’est également pour cela que je suis ici… En s’en prenant à toi sur Nar Shaddaa, Therliss a elle aussi enfreint les règles de la Loge. En d’autres circonstances, ses actions l’auraient discrédité et rendu caduque l’ensemble de ses accusations et de ses revendications. Mais du fait de ses soutiens, il n’en sera rien et la Loge ferme les yeux.

Il y a clairement un déséquilibre… que je me dois de corriger en tant que gardien des règles de la Loge. Dans un soucis… d’équité… évidemment. »


Le ton de Khaar était étrange. Sous ce prétexte d’équité, Valtus comprenait qu’il y avait autre chose qui motivait l’Adjudicateur. D’autant plus que le concept même d’équité ainsi abordé était des plus curieux en la circonstance.

 « C’est à dire ? »

 « Nous savons que Darth Therliss tiens résidence en ce moment sur Phindar. Aux coordonnées 3-8-44-30-7-2. Il s’agit d’un complexe où elles forment des assassins avec le soutien de mercenaires mandaloriens. »

Khaar bu à son tour le verre de liqueur qu’il s’était servi. Il regardait Valtus dans les yeux avec un sérieux tranchant.

 « Je suppose que je dois vous remercier pour cette information ? Au nom de l’équité, bien-sûr. Même si cela ne semble pas tellement orthodoxe.»

 « La gratitude est hors de propos, Valtus. Nous nous comprenons toi et moi. Je l’ai perçu dès ton arrivé sur Korriban. Nous sommes de la même trempe. Nous aimons l’ordre, l’honneur et nous sommes fidèle à nos convictions et au Côte obscur. Je n’avait aucune espèce de sympathie pour ton ancien maître… encore moins pour Darth Therliss qui n’est qu’une parvenue et une intrigante mesquine.

Therliss a décidé de s’affranchir des règles de la Loge en s’en prenant directement à toi plutôt que d’attendre et de présenter ses preuves devant le conseil. C’est un signe de fébrilité, voir de faiblesse… et un manque de respect envers nos valeurs. Partant de là, j’estime alors que « tous les coups sont permis » pour le dire trivialement. »


 « Si la Loge vient à l’apprendre, ils voudront prendre des mesures contre vous. »

 « Je suis l’Adjudicateur de la Loge, je dispense la justice en son nom et à sa demande. Cependant, je reste souverain quand aux moyens à mettre en œuvre pour y arriver.

La Loge se réunira dans trente rotations planétaires de Sigil, pour étudier la requête de Darth Therliss et rendre son verdict. A toi de faire le nécessaire d’ici là… Je sais que tu as encore de très nombreuses questions, mais mon temps ici est écoulé. »


Khaar reposa son verre et désactiva le brouilleur avant de le remettre dans sa poche. Il reprenait dans le même temps son rôle d’inquisiteur, ainsi à Valtus la raison pour laquelle il s’était déplacé.
Gary Kovani
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« Votre sollicitude me touche, Seigneur. Mais n’ayez crainte, ce ne seront pas les premiers Sith que j’affronterai. Ni les derniers, j’y compte bien. Le côté obscur est un poison qui flétrit l’âme et repousse la lumière. Or, quel meilleur moyen de s’immuniser à un poison que d’en absorber régulièrement quelques doses ? Je ne prétends pas savoir ce qui nous attends là-bas. Je comprends à présent que l’enjeu réel dépasse la simple querelle d’autorité... Mais j’ai plongé assez de fois dans la noirceur pour savoir comment la gérer. »

Je coupe court à ses sous-entendus. J’ai connu l’horreur, la mort, la colère et la soif de vengeance. J’ai été maintes fois l’esclave de sentiments qui ne m’appartenaient pas. J’ai sombré si profondément dans les ténèbres que j’ai erré pendant plusieurs années dans les bas-fonds de Nar Shaddaa, accro aux bâtons de la mort, devenu une loque, une créature à peine humaine. Et je suis encore là. Plus suicidaire que jamais. Probablement une émanation de mon inconscient flagellateur qui me pousse à prendre tous les risques dans l’espoir de parvenir à laver mes offenses au code Jedi. Ou, tout simplement, peut-être que j’aime ça : sentir le souffle froid de la mort sur ma nuque… Ce qui ne brise pas rend plus résilient. En théorie.

« Permettez-moi d’insister sur un point. Afin d’éviter tout malentendu. Je me soumets volontairement à votre autorité, pour cette opération. Mais cela ne veut pas dire que je vous obéirai au doigt et à l’œil. Ne me confondez pas avec l’un de vos soldats anonymes, marionnettes de vos ambitions, à la volonté altérée par la vôtre. Voyez plutôt cela comme un… Partenariat asymétrique. Le genre d’association ou l’un touche 80% des recettes, tandis que l’autre, ayant d’autres objectifs en tête, se contente du reste. Vous menez la danse donc… Mais ne croyez pas pouvoir me mettre la main aux fesses entre deux voltes. »

Oui, j’ai parfaitement conscience de jouer éhontément avec la ligne rouge. Celle qui, si franchie, me garantira une mort lente et atroce. Le genre de trépas que seul un Seigneur Sith est capable d’administrer. Mais j’assume mes propos sans sourciller. Je suis allé bien trop loin pour faire marcher arrière. Mieux vaut mettre les points sur les « i » ici et maintenant que dans le feu de l’action, lorsque la colère et l’obscurité coulera dans ses veines…

Pendant ce temps, la navette, dans le dos du contingent, reprend de l’altitude. Elle a accompli son œuvre : vomir un bataillon de la mort au pied des montagnes. Sous son ventre plat, l’herbe et les fleurs sauvages sont arrachées de l’humus par les vibrations des répulseurs poussés à plein régime. Je dois lever la voix pour que mes derniers mots n’agonisent pas avant d’avoir atteint les tympans de mon interlocuteur… Et alors que j’ouvre une ultime fois la bouche, je me fige soudain, muet, livide. Un frisson dans l’échine m’arrache un hoquet de surprise. Tous mes poils se hérissent. La Force m’envoie un terrible mauvais pressentiment… Et je ne suis pas le seul à le recevoir…

« A TERRE ! »

Je hurle ces mots alors même que je plonge au sol, doigts déjà croisés sur ma nuque dans le sot espoir de protéger ma tête. Au même instant, une ombre à peine perceptible fuse et frappe de plein fouet la navette. La déflagration nous éparpille comme si nous étions des fétus de paille abandonnés aux quatre vents. En une fraction de seconde, le ciel vire de l’azur au carmin. Une vision surréaliste : des épaisses volutes de flammes qui, par milliers, dégringolent rapidement autour de nous, sur nous. Un missile hypersonique incendiaire. Un engin de mort atroce dont le fuselage est chargé de gel inflammable vaporisé par l’explosion. Merde ! Je roule, et balance à la volée, par pur réflexe, des vagues télékinétiques dans les airs. L’onde déchire le matelas incendiaire avant qu’il ne me frappe, m’épargnant une mort atroce. Je suffoque, mais me redresse prestement. Je suis sonné, victime d’acouphènes, mais l’instinct de survie a déjà pris le dessus, dopé par une marée d’adrénaline analeptique. Autour de nous, le paysage est devenu l’incarnation de cet enfer mythologique où les âmes impures subissent d’éternels châtiments. La haute lisière qui ceignait quelques instants plus tôt la paisible clairière s’est muée en un terrifiant mur de flammes qui irradie d’une chaleur intense, pénétrante, qui brule même à travers les vêtements. Le sol gronde sous le martellement des sabots de troupeaux effrayés qui, même en hurlant de détresse, peine à couvrir le crépitement mortifère des brasiers incandescents. Un cri. Je pivote. Juste à temps pour voir l’un des soldats de sa majesté s’effondrer, devenu une torche aux formes vaguement humanoïdes. Ceux qui n’ont eu le réflexe de se protéger, gisent au sol, déjà calcinés. Le gel incendiaire est une vraie saloperie, qui colle à la peau et aux vêtements, qui promet une cuisson rapide des chairs même protégées d’une résistante armure de combat. Une arme barbare interdite depuis des lustres dans les frontières de la République… Et au milieu de ce chaos, trône une silhouette plus sombre encore que les autres, dont l’aura obscure m’éblouie au travers de la Force : Darth Yrlion. Un roc inébranlable au milieu d'un torrent de flammes déchainées. Déjà sa garde rapprochée converge vers lui, je leur emboite le pas, les yeux rivés vers le ciel assassin.

A ce moment précis, je suis persuadé qu’une seconde salve va nous achever… Mais je me trompe. Therliss ne prendrai aucun plaisir à nous vaporiser aussi rapidement. Elle veut jouer avec sa proie. Faire du souverain sa marionnette impuissante. Le forcer à sombrer dans une folie meurtrière qui réduira en charpie ce qui reste de ses principes. Elle veut le briser, le discréditer, réduire son corps, son esprit et son héritage en cendres… Ou quelque chose du genre. Après tout qu’est-ce que j’en sais ?!

Je me joins rapidement au carré serré formé par la garde rapprochée de Darth Yrlion, qui tente de quitter le plus rapidement possible l’épicentre de l’incendie. D’épaisses fumées toxiques m’arrachent des quintes de toux. Ce ne sont pas les flammes les plus mortelles, mais leurs émanations. Note pour moi-même : penser à prendre un casque plutôt qu’un chapeau la prochaine fois… Nous nous déplaçons rapidement, vers une zone moins boisée ou règne un silence de mort à présent.

Le feu, prédateur élémentaire, nous a pris en chasse, poussée par un vent défavorable. Il nous rabat despotiquement vers les montagnes. Vers ce massif de roches nues et crayeuses. Un amas fracturé de strates friables qui promet des éboulements à chacun de nos pas. La silhouette torturée des pics acérés m’évoque les dents d’un prédateur. Celle de la lionne qui s’y dissimule et qui va jouer avec nos nerfs jusqu’à ce qu’elle décide, enfin, de nous achever. Devant nous, à peine visible de l’autre côté d’une haie naturelle de buissons épineux, je devine le départ d’un sentier caillouteux qui serpente sur le flanc abrupt, au-dessus d’une profonde ravine, vers ce qui pourrait être une grotte. Je ne suis pas le seul à regarder dans cette direction.

« Elle nous pousse à jouer selon ses règles. Mais rien ne nous y oblige. »

Je ricane.

« Voyez-vous l'ironie ? La grotte symbolise le côté obscur : la voie facile, la plus direct vers notre objectif. Une illusion : car ce chemin est jalonné de pièges mortels qui meurtriront notre chair autant que notre volonté… Et il y a la falaise : l’autre voie, qui mène vers la lumière de la cime. L’escalader promet d’être difficile. Une ascension qui mettra à rude épreuve notre volonté…. Mais qui nous offrira, une fois sur la crête, une vue dégagée sur les périls qui nous attendent.

Alors, mon Seigneur, que choisissez-vous ? La voie obscure, ou le chemin lumineux ? »



****


Deux semaines et demie plus tôt, à bord du Xalfocafacta.

Je ne trouve plus le sommeil.

L’holo-affichage bleu électrique égraine inlassablement les secondes du compte à rebours. Le temps restant avant de sortir de l’hyperespace dans le secteur Talcène, à proximité de l’oppressante Metalorn. Une planète à l’atmosphère étouffante, lourde, aux jungles impénétrables, et aux complexes miniers à ciel ouvert qui la défigurent un peu plus chaque jour. Un monde sans attrait, en dehors de toute juridiction galactique, où les corporations minières jouissent de tous les droits. Il n’existe pas de terreau plus fertile pour la corruption systémique. Là-bas, pourvu que j’aligne quelques crédits, je sais que je trouverai un passeur vers l’Empire, à un saut seulement de là, de l’autre côté du mince bras Républicain qui l’en sépare. J’ai un contact sur place. S’il vit encore. Les jungles urbaines sont souvent bien plus mortifères que les grands espaces naturels. Les prédateurs y sont plus nombreux, et bien plus perfides.

Un grincement sinistre m’arrache à mes pensées. La coque du vaisseau gémit encore, soumise à des distorsions spatiotemporelles, aux marées hyperspatiales. Le sous-espace est semblable à un océan en furie, à l’intérieur duquel sont propulsées à des vitesses inimaginables nos fragiles embarcations. Un saut dans l’inconnu, mais qui est, finalement, devenu une banalité de notre temps…

Ce ne sont pas ces réflexions parasites qui m’interdisent le repos. Non. C’est la chose abandonnée sur le tableau de bord, qui m’obsède. Ou plus précisément ce qu’elle dissimule. Ma prothèse de main. Elle crépite. Des échos obscurs dans la force, causé par les trois cristaux Kyber corrompus, rouge sang, qui ont remplacé les miens. Invisibles, mais omniprésents dans mes pensées… Une décharge douloureuse m’arrache un grognement. Je lance un regarde assassin à mon moignon, souvenir laissé par le premier Sith que j’ai tué, celui là même qui venait d’ôter la vie à mon mentor. C’était il y a si longtemps… Et pourtant, je ressens les douleurs du membre fantôme comme au premier jour, surtout lorsqu’il me prend la sotte idée de retirer ma prothèse. Dans quelques heures, il me faudra la porter à nouveau… Je sais que c’est psychologique, que c’est dans ma tête, que la corruption qui a perverti ces cristaux ne peut m’atteindre au travers de l’acier et des composants électroniques. Malgré tout, je ne trouve plus le sommeil… Je vais devoir jouer, pendant quelques temps, un rôle difficile. Celui d’un membre de l’Ordre Sith. En apparence principalement, mais aussi dans les faits si on ne m’en laisse pas le choix. Je ferai ce qui doit être fait. Je n'ai pas peur de jouer au monstre. Non. J'ai peur de mon monstre intérieur, qui ne manquera pas de jaillir si je baisse la garde.

Je me décide enfin à fermer les yeux. J’inspire, expire. Encore une stupide mission éprouvante qui laissera une marque au fer blanc sur mon âme meurtrie. Je crois qu’une part de moi, la plus raisonnable, espérait que le Conseil Jedi m’interdise de gagner l’espace Impérial. Mais non. Il faut croire que mon petit laïus idiot sur l’espoir les aura convaincus… Tant mieux. L’autre pendant de ma personnalité, la plus sombre, se languit déjà de plonger la tête la première dans le feu de l’action. Dans la crasse, les larmes et le sang.
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Le dos bien droit et les mains jointes derrière son dos, Valtus se demanda à un moment si le Jedi le prenait vraiment pour un idiot à ne pas avoir compris les réels conditions sous-jacentes de cette alliance contre-nature. Son visage affichait presque une moue blasée. Etait-il sérieux ou bien cherchait-il à le provoquer ou à le taquiner ? Pour le monarque les deux revenaient au même en vérité.

Le vrombissement des réacteurs de la navette qui s’élevait doucement dans les airs derrière le groupe aurait couvert même la voix la plus puissante, c’est pourquoi le Sith attendait patiemment de pouvoir répondre au Jedi et de commencer leur marche.

Mais l’envie était trop forte… Aussi, Valtus commença à faire quelques pas en direction du Jedi pour qu’il puisse l’entendre avec plus d’aisance. Un pas… deux pas… et le sang du Sith se glaça soudainement. Une sensation également partagée par ses gardes royaux. Il en était toujours ainsi lorsque le Côté obscur se manifestait à eux. Valtus s’immobilisa alors. L’obscurité cherchait à lui faire comprendre quelque chose… La réponse ne fut pas longue à être découverte.

Une fraction de seconde avant l’explosion, Valtus et ses gardes avaient tous levé la tête vers l’appareil. Puis il y eu le cri du Jedi...


 « A TERRE ! »

La déflagration qui s’en suivit balaya littéralement le groupe et l’éparpilla ici et là. Que ce soit ses gardes ou bien Valtus lui même, aucun n’avait eu le temps d’achever le bouclier de Force qu’ils étaient en train d’invoquer déviant ainsi de manière aléatoire la déflagration. Valtus, Iolna et deux autres gardes reçurent la force de l’explosion de côté, les projetant ainsi sur quelques mètres. Les autres gardes la reçurent directement par le haut, comme s’ils étaient écrasés par elle, pour les plus chanceux et les plus alertes…

Malgré la puissance du souffle à si petite distance, Valtus arrive à garder une certaine concentration et à rester conscient. Une prouesse qui n’a cependant rien de naturelle… Dans la Force, c’est un torrent d’obscurité qui se déverse littéralement dans sa chaire et jusqu’ à la moelle de ses os, comme si le Côté obscur lui même s’incarnait en lui pour qu’il survive. Fort de cette afflux d’obscurité, Valtus focalisa son pouvoir pour se protéger efficacement du déluge de feu qui s’abattit sur eux tous après l’explosion. Iola et les gardes les plus proches d’elle s’étaient regroupé tant bien que mal et unir projeter ensemble un bouclier de Force pour se protéger les uns les autres. Déjà, les cris et les hurlements d’effroi de ceux qui n’avaient pas pu se protéger raisonnaient. Valtus les entendaient… ils les acceptaient… il s’en nourrissait…


 « Tiruïn ! Yomenië os-aran ! »

Cet ordre donné en langue ancienne de Sigil par Valtus pourrait se traduire en Basic par « Gardes ! Ressemblez vous autour de votre roi ! ». Sa voix raisonne même à travers la Force comme un appel impérieux et envoûtant auquel on ne peut résister et qui cherche à vous conduire inexorablement. Les gardes survivants le rejoignent ainsi rapidement et l’entourent pour former une enceinte protectrice autour de lui. Tous ainsi réunis autour de l’aura inspirante de Valtus, ils se concentrent pour mobiliser leurs forces intérieurs et les canaliser à travers la Force.

La chaleur dégagée par la végétation en feu est insoutenable et l’air vicié par les fumées commence déjà à attaquer les poumons de chacun, même de Valtus qui ne peut s’empêcher de tousser à plusieurs reprises. Même le système de filtration des casques intégraux de la garde royal est saturé et ne parvient plus à diffuser un air respirable à leurs porteurs. Mais l’obscurité ainsi unie autour du monarque commença à rapidement montrer ses effets. Les flammes autour d’eux perdaient en intensité, elles reculaient même à certains endroits dégageant ainsi une issue. C’est ainsi que tous se dirigèrent vers l’escarpement rocheux le plus proche, un endroit que naturellement les flammes ne pouvaient atteindre.

Une fois en sécurité, Valtus vacilla et fut contrainte de poser un genou à terre pour ne pas s’effondrer tant il ressentait une fatigue aussi profonde que fulgurante. A la seconde où ils avaient franchis cette ligne ténue qui séparait le sol rocheux de la végétation brûlante, le Côté obscur s’était retiré soudainement de lui. A chaque fois c’était une épreuve pour le monarque. Le Côté obscur offrait la puissance, la puissance qui dépasse la normale, la puissance qui permet de défier la Nature elle-même ! Mais cela avait un prix.

Les gardes de Valtus semblaient ne pas ressentir cette même fatigue. Ils étaient éprouvés certes, mais plus par le choc et la violence de ce qui venait de se passer qu’autre chose. Iola était en train d’étouffer les flammes qui commençaient à naître sur le pan gauche de sa cape lorsqu’elle remarqua la détresse de son roi. Elle se précipita vers lui.


 « Majesté ! »

Valtus la repoussa d’un geste tandis qu’il se relevait en expulsant les dernières fumées qui entravaient péniblement ses poumons. Il remarqua alors non sans un certain soulagement étragne, que le Jedi avait survécu et qu’il était à côté de lui.

 « Capitaine, rassemblez les survivants. Nous partons immédiatement ! »

D’un point de vue extérieur, c’était comme une gifle qu’aurait porté Valtus à l’intention bienveillante que lui portait Iola. Mais il n’en était rien en vérité. C’était leur manière de faire et d’interagir depuis une dizaine d’années déjà.

Malgré la gravité de la situation, le Jedi semblait trouver les ressources nécessaire pour se laisser aller à l’humour. Valtus regardait dans la même direction que lui et commençait déjà à réfléchir à la suite.


 « Vous avez bien des choses à apprendre à propos du Côté obscur, Jedi… S’en est presque navrant… « Facile » et « direct », hum ? C’est ainsi que vous voyez le pragmatisme. Une notion qui vous échappe à tous sur Coruscant ou sur Ondéron… euh… Ossus… ah ! Non ! Tatooïne à présent, c’est vrai ! C’est qu’il va falloir songer à vous fixer un jour… »

La taquinerie était gratuite, facile… mais de bonne guerre pour Valtus. Contre toute attente, le Sith se permit même de tapoter l’épaule droite du Jedi en lui faisant un clin d’oeil, lui laissant à lui seul la redoutable tâche de trouver la signification de ce geste.

 « Comme je l’ai dit lors de notre dernière rencontre, il n’y a pas d’obscurité sans lumière… Escalader la cime et faire le point à son sommet et la meilleure chose à faire d’un point de vue tactique. »

Les gardes s’étaient tous rassemblés pour écouter les instructions et les ordres d’Ilona. Valtus n’en dit pas plus et observait la carcasse de sa navette en train de brûler et de fondre sous ses yeux. Le bruit du métal se tordant et se rompant venaient ponctuer le crépitement des arbres en feu. Dans les flammes, Valtus regardaient les corps de ses gardes immobiles dont les chaires se consumaient plus rapidement que les pièces de leurs armures. Des faibles ? Des guerriers sans talents ? Un simple manque de chance ? Des Siths sans valeur ? Valtus ne se posait pas ce genre de questions… Pour lui, ils étaient avant tout des filles et des fils de Sigil… tous morts inutilement et de la manière la plus effroyable possible. Cet accès de sentimentalisme passé, le Sith usa de la Force pour arracher à l’un des cadavres les plus proches et les moins atteints sa ceinture multi-fonction. Arrivant rapidement dans sa main, le Sith constata avec soulagement qu’elle était encore intacte même si elle avait souffert des flammes en apparence. Elle était destiné au Jedi.

 « Tenez… Elle vous sera plus utile qu’à sa défunte propriétaire. »

La ceinture était composée de plusieurs compartiments dans lesquels se trouvaient tout ce qui pouvait être utile à un soldat sur un terrain d’opération. Médipack, détecteur de proximité, rations de survie, stimulants et dopants, kits de réparation, comlink mais surtout et ce qui était le plus utile présentement, un auto-grappin. Pas plus imposant qu’une gourde, le dispositif contenait un métal liquide qui au contact de l’air ambiant se solidifiait pour former un câble rigide assez solide pour supporter le poids de deux individus. Le grappin en lui même était propulsé via une cartouche de gaz simple et les quatre bras métalliques qui le formaient tapissés des milliers de nano-crochets assurant ainsi une adhérence et un maintient parfait.

Le moment était venu… Tous les survivants à l’explosion, soit une dizaine Valtus et le Jedi inclus, s’étaient parfaitement alignés le long de la paroi rocheuse. Les auto-grappins furent dégainer et les câbles aussitôt se formèrent. Attachant l’auto-grappin à leur ceinture, tous commencèrent la périlleuse ascension. Dès le premier mètre escaladé, le système d’assistance des auto-grappins s’activa comme si le câble était rembobiné, soulageant ainsi des grimpeurs d’une partie de la difficulté. Valtus et le Jedi grimpait non loin l’un de l’autre.


 « Je suppose que Garibaldi est un nom d’emprunt… Peut être allez vous enfin consentir à me donner votre véritable nom ? »
Gary Kovani
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J'accepte le présent, et obtempère sans un mot. Je ne relève aucune des piques mesquines du puissant Seigneur Sith. L'art d'un bon détective, c'est aussi de connaître les limites. Les siennes et celles des autres. A cet instant, l'instinct me dicte de coopérer en silence, d'accepter la ceinture, et de ne surtout pas chercher à entrer dans un conflit métaphysique stérile. Aucun de nous ne parviendra à convaincre l'autre. Nos natures, forgées par le dogme et l'expérience, sont aux antipodes l'une de l'autre.

Je me place à la gauche de Valtus. Yeux rivés sur la paroi. Je grimace, dubitatif. Je laisse mes doigts glisser dessus, alors que le reste de la petite troupe déjà amputée de quelques membres, se positionne. La roche est extrêmement friable, crayeuse. Elle laisse sur mes gants de similicuir une poudre ocre clair, qui tire sur le jaune. Un grattement suffit à en arracher quelques fragments. Je lève les yeux au ciel, pour aviser le haut pinacle. Son arête découpe le bleu azur du ciel, maintenant chargé de nappes de suies ébènes, avec la précision d'un enfant de trois ans. Entre cet objectif et nous, des milliers de saillies et de crevasses creusées par la pluie, érodées par les bourrasques traîtresses, nous invitent à l'escalade. Un terrain vertical, vertigineux, dont chaque corniche pourrait s'effondrer sous notre poids, déclenchant une véritable avalanche de poussières...

Pourquoi est-ce que j'ai proposé cette stupide idée ?

Je lance une ultime œillade plaintive en direction de la gueule ouverte de la grotte. Frisson. Non. J'ai eu raison. C'est la moins pire des deux options qui s'offrent à nous, exceptée celle de faire demi-tour et de laisser tomber... Ce qu'aurait fait tout être sain d'esprit, doté d'un instinct de survie fonctionnel. Le miens est mort depuis longtemps. Sur Nar Shaddaa. A l'époque où la drogue, ou plus précisément le manque de drogue, dictait mes actes. J'ai été jusqu'à bouffer les excréments d'autres camés dans le stupide espoir d'ingérer quelques résidus euphorisants... Mais bref. Ce genre de détails ne regardent que moi. Les souvenirs, particulièrement les plus atroces, doivent être préservés : c'est le seul moyen de s'assurer que nous ne reproduirons pas les mêmes erreurs le moment venu.

Enfin, j'imite mes camarades. Je lève le bras, tire. Le filin siffle, à l’unisson des neufs autres. Une cacophonie dissonante qui carillonne comme un chant funèbre à l'agonie. Je pense que tout le monde réalise que cette ascension coûtera au moins une vie... Le grappin s'enfiche dans la roche, là-haut, bien trop haut pour qu'à contre-jour je puisse le distinguer. Pour m'assurer de la solidité de son point d'accroche, je tire un grand coup sur la corde d'acier. Il tient bon, contre toute attente. Aurais-je été trop pessimiste ?

Les premiers mètres le confirment. Les prises sont nombreuses, sous nos bottes, sous nos paumes. Je refuse de laisser tout mon poids reposer uniquement sur le filin, alors je l'utilise plus comme une ligne de vie. Ce n'est pas la première façade que je grimpe à mains nues. Mon attention s’anesthésie progressivement. Et je ne suis pas le seul. Darth Yrlion brise enfin le silence. Et ma concentration. Je lui décoche un sourire amusé. Sa question sonne éhontément comme un reproche :

« Si l'on considère que vous n'avez même pas daigné me donner un pseudonyme lors de notre première rencontre, qui est le plus en tord ? Il a fallu que je tape « Qui est le roi de Sigil ? » sur l'holonet impérial en arrivant sur Phindar, pour mettre enfin un nom sur votre visage. Pourquoi cette question soudaine ? Vous n'aimez pas Garibaldi ? Est-ce si important ? Appelez moi Gary alors, c'est plus court... »

Je m'amuse clairement à noyer le poisson. Gary est-il mon véritable prénom ? Ou bien s'agit-il seulement du diminutif de mon pseudonyme ?! Mystère ! Et je compte bien laisser le hautain souverain dans le flou aussi longtemps que possible. On s'amuse comme on peut, suspendu à fil, accroché à un escarpement fragile, à dix mètres au dessus du plancher des banthas.

« Je peux vous retourner la question d'ailleurs... Dans le feu de l'action, lorsque nos vies ne seront suspendues qu'à nos réflexes et notre capacité à coopérer, comment dois-je vous appeler ? Parce que Votre Altesse Royale Valtus Ier, aka Darth Yrlion, c'est un peu... long. Vous aurez le temps de mourir sept fois avant que je n'ai eu le temps de vous avertir du canon braqué sur vous... Et ne me répondez pas « Seigneur », ou « Maître ». Car le sarcasme qui en transpirerait dans ma bouche aurait tôt fait de déchirer la maigre estime qui s'est tissée entre nous, malgré nous. »

Je lève une main, plonge les doigts dans une anfractuosité. Puis relève un genou, pose une semelle sur une corniche étroite. Par moment, j'ai l'impression de sentir la roche crisser... Comme si mon poids suffisait à mettre en péril sa structure interne, incrustées de coquillages d'autres âges. Une roche sédimentaire née sous les océans... Les dix mètres suivants sont dévorés rapidement. Je prends de plus en plus de confiance, repousse toujours un peu plus loin les doutes nés au pied de la falaise. Le système auto-tractant du grappin me permet d'économiser assez d'énergie, pour, finalement, profiter de cette position précaire pour répondre aux tergiversations du Sith :

« Je persiste et signe, les ténèbres sont la voie de la facilité. Mais n’interprétez pas mal mes paroles. Ce n'est pas parce qu'un chemin est plus aisément accessible qu'il est sans embûche, et ne débouche pas sur des pièges mortels. L'accès et le cheminement sont deux choses distinctes. Pour frayer avec le coté obscur, il suffit de laisser libre court à ses émotions, quelles soient positives ou négatives... Alors que la lumière impose la retenue et le contrôle de soi... C'est en cela que cette voie est la plus difficile à emprunter. En somme, les ténèbres sont facile d'accès, mais terriblement dangereuses. Alors que la lumière requiert de lutter contre sa propre nature pour finalement accéder à la sérénité de l'âme. C'est pour cela que, chez les Jedi, on évite de se tirer dessus à coup de missiles incendiaires, ou d'envoyer des assassins nous souhaiter la bienvenue sur Nar Shaddaa... »

Je laisse échapper un soupire théâtral

« Je doute que nous tombions d'accord un jour sur ce point, je...  »

Soudain, une corniche cède sous ma botte. Je perds l'équilibre, bascule en arrière. Mes mains fouettent l'air, inutiles... Mais heureusement le filin me sauve la vie, m'interdisant la chute libre, trente mètres plus bas. Je lève les yeux, vers le grappin enfiché dans la roche friable. Merde ! J'ai un mauvais pressentiment.  Mon sang de fait qu'un tour. Un tsunami adrénaline inonde mon système sanguins. Mes nerfs s'électrisent alors que mes cheveux se hérissent. J'use de mon bassin pour me balancer et regagner la paroi... Et alors que mes quatre membres y trouvent des prises salvatrices, un terrible grondement me force à relever les yeux. Des fissures s'ouvrent au dessus de nos têtes. Des nappes de poussières aussitôt balayées par les vents surchauffés par l'incendie nous dégringolent dessus, suivies par des pans entiers de la paroi. Petits d'abords, mais qui en entraînent des bien plus volumineux. Une avalanche de roche. Par réflexe, je me plaque contre la falaise. Un bloc aussi gros que moi me frôle la nuque. J'entends un cri étouffé. Un corps chute, emporté malgré ses efforts. Celui d'un soldat. Il ne survivra pas.

Enfin le silence retombe, lourd, asphyxiant. Quelques infimes grondements le brisent de temps à autre, alors que de petits cailloux se décident à rejoindre finalement les autres. Le pire est passé... Sauf que pour la moitié d'entre nous, les filins pendouillent dans le vide, au rythme dicté par l'oscillation molle des grappins devenus inutiles.

Il ne reste plus qu'un poignée de mètres avant le sommet. Je décide, prestement, d'achever l'ascension à l'ancienne. Je crains que d'autres fissures se forment si nous restons plus longtemps sur place. Enfin j'arrive en haut. Je pose un main sur l'herbe desséchée par le soleil qui culmine à cette altitude, bien au dessus des jungles verdoyants devenues brasiers. Je pose un genou sur le rebord, et me hisse enfin. Prudent, je reste là, à plat ventre. Immobile. Mais rien ne bouge, aucun missile ou tir de blaster ne nous accueille. Nos avons posé pied sur une étroite crête. Devant nous, en contrebas, un incroyable dédale de canyons, ravines et crevasses, défigure le paysage aride. Un entrelacement si complexe qu'il est pratiquement impossible de suivre ses courbes à l’œil nu. Et quelque part au milieu de ce labyrinthe géologique se terre notre cible, Darth Therliss. Mais où ? Au moment ou je me pose cette question, un miroitement attire mon attention.

« Là, un sniper... »

Je distingue à peine sa silhouette, plaquée contre le sol, sur une crête légèrement en contrebas par rapport à la notre, mais de l'autre coté d'un large canyon impossible à franchir d'un bond. il tient un impressionnant fusil, presque aussi long que lui. L'homme est en tous points semblable aux mercenaires qui nous ont attaqué sur Nar Shaddaa : il porte un assemblage bigarré d'armures mandaloriennes ayant connu des temps meileurs.

« Il est tellement sûr d'avoir l'avantage de la position, qu'il n'a pas pris la peine de se camoufler... »

Amateur. Les yeux posés sur sa lunette de visée, il scrute ce qui pourrait être la sortie de la grotte que nous n'avons pas emprunté... Mais ce jeu de dupe ne durera qu'un maigre temps. Si nous nous déplaçons en suivant les crêtes il finira par nous repérer... Et, pour avoir vu les armures de beskar à l’œuvre, je doute que lui tirer dessus à cette distance soit une excellente idée... Non. Seule la Force pourrait nous venir en aide. Je ferme alors les yeux et laisse ma conscience s'étirer jusqu'à lui. Je peux sentir son cœur battre, lentement, sa respiration calme. Et le vide qu'il opère dans son esprit pour assurer sa visée. Je m'enroule mentalement autour de lui, étau invisible...

« Faites ce que vous avez à faire. A votre signal, je le maintiens. Il ne pourra ni bouger ni avertir ses amis pendant une trentaine de secondes. A cette distance, et une fois l'effet de surprise passé, je crains de ne pas pouvoir maintenir plus longtemps mon emprise sur un esprit entraîné. »


****


Deux semaines et demi plus tôt, Phindar.


Je coupe les répulseurs. Le silence remplace leur bourdonnement sourds. J'avise une dernière fois ma tenue. Un cliché. Harnais de cuir sombre, vestes noire par dessus une tunique rouge. Pantalon moulant et gants en similicuir ébènes. Je ressemble à un Sith tout droit sorti d'un film de propagande Républicain contre l'Empire. Mais ça fera l'affaire. Qui ira remettre en doute mon statu s'il risque, en théorie, de prendre mes griffes laser dans le visage ?

C'est avec cette assurance que je quitte mon vaisseau, par la rampe latérale. En bas m'attendent un groupe de trois soldats. Accompagnés d'une femme sans uniforme. Un sabre pend à sa ceinture... Une aura sombre se dégage de sa silhouette. Si dense que j'en aurais presque des relents d’œufs pourris dans les narines. Le plus gradé des trois impériaux m'énonce, sans aucune forme de politesse :

« Veuillez nous suivre immédiatement. Sans faire d'histoires. »

Le genre de demande qu'on ne peut refuser. Du moins si l'on veut revoir un autre levé de soleil.
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Le Lion et le Rat


Ce petit jeu de provocation amusait plutôt fortement Valtus. Il y prenait un plaisir certain à mesure que sa sympathie envers son adversaire séculaire grandissait insidieusement. Serait-il en train de baisser sa garde et de s’avancer inexorablement vers la Lumière ? Cette faiblesse inhérente à tout à chacun était-elle en train de se faire happer, exploiter par l’adversaire à son insu ? Ou bien, plus simplement, leur deux personnalités bien qu’antagonistes n’en demeuraient-elle pas moins compatible, la Force les attirant l’une à l’autre comme deux aimants ? Autant de questions auxquelles Valtus prendrait le temps de répondre en temps voulu.

Pour l’heure, il fallait se débarrasser de ce sniper embusqué et trop confiant. Avec un garde en moins, le corps expéditionnaire se réduisait encore et perdait en puissance d’attaque, ce qui laissait un goût amer dans la bouche du Sith. Il perdait trop de ses précieux guerriers et à chaque fois d’une manière peu honorable qui n’était pas digne de leur fidélité. Aussi, voir ce tireur d’élite si proche et si arrogant de confiance attisait chez lui un désir de vengeance puissant auquel le Côté obscur réagissait déjà. Peu à peu ses yeux se teintaient de pourpre-orangée.

Positionné aux côtés de Gary, Valtus percevait dans la Force l’étau qu’il était en train de nouer autour de l’esprit de leur cible. Le Côté obscur influait en Valtus attendant le bon moment pour se déchaîner.  A eux deux, si proche l’un de l’autre, ils provoquaient une perturbation inédite dans la Force, ni totalement lumineuse ni totalement sombre…


 « J’espère que vous serez aussi efficace que je le serais ! »

Sans que cela soi dit explicitement, le moment était venu d’agir. Valtus alors couché sur le ventre se releva subitement pour se mettre sur les genoux. Gary avait finalisé son piège et tenait le sniper sous son emprise. Aussitôt, le Sith tendit sa main vers la position ennemie. Là, il commanda au Côté obscur de s’attaquer à la roche, de la fracturer, de la briser et de l’arracher. La puissance de son attaque était à la mesure de son ressentiment.

En quelques instants, la pierre tout autour du sniper se brisa d’abord de manière anarchique puis ensuite et rapidement d’une manière bien définie découpant littéralement la crête de part en part. Le morceau de roche commença alors rapidement à se briser et se disloquer en centaines de morceaux tombant en contrebat du ravin, finissant par emporter avec lui le sniper impuissant. Signe que l’emprise du Jedi s’était dissipée, le malheureux avait agité ses bras dans l’espoir futile de s’agripper à quelque chose… Il aurait pu user d’une multitude d’autres effets pour mettre à bas le sniper… mais le morceau de roche brisé se détachant de la paroi avait l’avantage de laisser planer le doute de l’accident bête, de la faute naturelle dû à l’imprudence d’un excès de confiance et de la méconnaissance profonde du terrain.


 « Un de moins, mon seigneur... »

Sous son casque, Ilona savourait cette mort tragique mais Valtus lui ne l’était pas.

 « Le compte n’y est pas… capitaine… un des leurs pour quatre des nôtres… le compte n’y est pas du tout. »

L’amertume de Valtus s’entendait explicitement dans sa voix. Le Côté obscur était toujours à l’œuvre dans son esprit et alimentait ses émotions négatives. Etait-ce par maîtrise ou bien par l’intervention du Jedi que le monarque retrouva une sérénité relative, si ce n’est précaire. Impossible à dire. Mais le Côté obscur avait fini par se dérober temporairement. Il se tourna vers le Jedi.

 « Valtus… Je pense que c’est de bon ton que vous me nommiez ainsi… Je m’en voudrais qu’à force de m’appeler « mon seigneur » vous y preniez goût… ou pire encore… que l’envie vous prenne d’adopter aussi ce titre… »

Le regard de Valtus était froid et dur. Mais l’espace d’un instant, le léger plissement de son œil droit qui se manifesta évoquait à qui était attentif et perspicace quelque chose de beaucoup plus léger, presque signe de complicité.

 « Assurément, ce serait une très grande perte pour l’Ordre Jedi. »

Pendant qu’ils parlaient tous deux, Iola et deux autres gardes s’étaient dispersés à l’opposé les uns des autres pour observer les environs grâce au macro-jumelles intégrées dans leur casque. Ilona avait le campement de Therliss en vue, au loin. L’afficheur indiquait moins d’une dizaine de kilomètres à peine pour l’atteindre. Programmé pour être commandé via le mouvements des yeux et des paupières, le casque enregistra les données relatives au campement et une barre de progression commença à se remplir rapidement avant de disparaître...

 « Mon seigneur, l’infra-rouge indique la présence de quatre sentinelles et d’au moins une patrouille sud/sud-ouest en direction du campement. »

Valtus soupira d’agacement. Il savait que la porté de senseurs embarqués dans les casques n’excédait pas les trois kilomètres… Autant de monde en embuscade sur une si petite distance !

 « Déployer autant de moyens sur un monde qui est censé être secret… Quelle machination encore cela cache... »

Là encore, le temps n’était pas à la réflexion. Ils devaient se mettre en route au plus vite afin de garder le peu d’effet de surprise qu’ils avaient encore.

Descendre de la falaise fut beaucoup plus simple que la montée. Un chemin, certes très escarpé mais praticable, partait du plateau sur lequel ils étaient jusque dans la jungle en contre-bas.

La végétation était dense mais curieusement l’air restait frais et léger. D’apparence, le groupe avançait dans la jungle mais le climat n’avait rien de tropical. Le groupe parcourut plusieurs centaines de mètres dans le plus grand silence. Même Valtus et Gary étaient restés silencieux alors que leur Grande discussion était loin d’être terminée. Mais là encore, ce n’était pas le temps.

Soudain, tous cessèrent leur marche. Immobiles, ils s’affairaient tous à masquer jusqu’au bruit de leur respiration… Ils avaient tous perçus quelque chose dans la Force. Paradoxalement, une chose qui n’était pas liée et qui ne trouvait aucun écho en elle…

Un des gardes royaux de Valtus leva alors légèrement la main, à peine plus haut que son épaule, pour désigner de son index le droïd-sonde qui se déplaçait entre les cimes des arbres à une cinquantaine de mètres devant eux. La sphère noire balayait les environs avec son objectif bleu central qui pouvait se déplacer tout autour de son axe médian. A chaque craquement, chaque bruit de la faune ou de la flore, la sonde se stoppait pour scanner la source du bruit.

Sans dire un mot et par un seul geste, Ilona donna l’ordre à ses gardes de se mettre à couvert au plus vite. Valtus et Gary devaient faire de même. La trajectoire de la sonde allait clairement dans leur direction.


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Appartements royaux - Palais royal de Sigil // Deux jours après la visite de Darth Khaar

Adossée aux appartements royaux, la salle de méditation était une réplique quasi parfaite de celles que l’on pouvait trouver dans les temples Sith ou dans leurs académies. Un éclairage tamisé produit par des obélisques pourpres. Il y en avait six en tout, chacun frappé d’une inscription en langue Sith reprenant un passage du Code du sombre Ordre. Les murs étaient exsangues de toute décoration superflue et la partie centrale en demi-niveau à laquelle était accessible en descendant trois marches.

Munn Darell se trouvait devant le sas d’accès reliant la salle aux appartements. L’homme d’une cinquantaine d’année, mince et athlétique dans son uniforme noir, semblait hésiter malgré son assurance naturelle inébranlable. Ses tempes grisonnantes alliées à son visage rectangulaire et son front plissé ne pouvaient dissimuler sa perplexité. Le sas était perpétuellement fermé d’ordinaire. Que le roi soit dedans ou non. Il s’agissait d’un sanctuaire accessible par lui seul et nul n’avait le droit d’y pénétrer sous peine de mort. Pourtant… Son roi l’avait convoqué ici dans cet endroit. Même lui, en tant que Maître-espion, Directeur des services de renseignements de Sigi et par conséquent sachant tout sur tout et sur tout le monde, ignorait ce qui se trouvait dans cette salle qui semblait vide de toute présence.

D’un pas prudent, Munn s’avança dans le sas et perçu aussitôt à quel point la Force y était concentrée. A la manière d’un mur d’air glacé qui viendrait frapper son visage, l’énergie obscure caressait la moindre parcelle de sa peau.


 « Mon seigneur ? »

Son interpellation raisonna légèrement dans la salle de méditation. Il s’écoula de longues secondes avant que la réverbération ne se dissipe. Il faisait de plus en plus froid dans la pièce au point que le Maître-espion ne commence à ressentir de fort frisson. La porte du sas se referma alors et se verrouilla. Se tournant de surprise, Munn fut encore plus surpris de voir Valtus assis en tailleur en plein milieu de la salle alors qu’il n’y avait personne la seconde d’avant. Il ne comprenait pas ce qui se passait… Son assurance s’ébranlait de plus en plus et il ne comprenait pas pourquoi. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il voulait fuir. C’était irrationnel mais il le voulait vraiment.

Alors qu’il s’apprêtait à parler, son visage se plissa et se contracta rudement signe qu’il était saisi par une douleur extrême. Son entraînement et sa dignité lui interdisait de  laisser échapper le moindre son qui pourrait exprimer sa souffrance mais elle était réelle. La Force s’était infiltré en lui, plus particulièrement dans son esprit, balayant tout sur son passage. L’effet était le même qu’un millier d’aiguilles qu’on enfoncerait dans son crâne. Une voix se faisait entendre dans sa tête.


** Qui est ton véritable maître ?! **

Cette voix… il l’a connaissait parfaitement. La Force continuait d’ébranler son esprit, fouillant ses souvenirs, sa mémoire qui se manifestaient spontanément sous forme de flashs. Des moments joyeux, malheureux, tristes, honteux et de colères étaient ressassés sans la moindre précaution, sans la moindre compassion et avec une violence totale. La tension dans son esprit était tellement intense que Munn ne pouvait rester debout. Il fut contraint de s’agenouiller. Son visage était rouge de crispation.

 ** M’as tu trahis ? Avoues ! Et je t’accorderai une fin digne et noble ! **

Contrit par la douleur et par l’émotion suscité par certains souvenirs douloureux qu’il était en train de revivre à la chaîne, le Maître-espion arriva à rassembler ses forces pour répondre de vive voix.

 « Ja… jamais… jamais… je ne vous trahirai… jamais… je… ne vous ai … trahis... »

Sa difficulté à articuler était réelle tout comme sa sincérité.

** Jadis tu servais ma mère… peut être penses-tu que je ne suis pas légitime ! Peut être tu as applaudi lorsque l’Usurpateur s’est emparé du trône ! Lorsqu’il a tué toute ma famille !! Peut-être même que… tu … convoite… toi aussi… mon trône ! Qui est ton maître ! »

Sa respiration devenait courte et ses forces vitales étaient en train de l’abandonner subitement. Néanmoins, il rassembla ce qui lui restait encore pour répondre.

 « Fidèle ! en … tout… temps… Loyal ! jusque dans… la mort… Dévoué ! Jusque dans… mon âme…  pour mon peuple … et … mon … roi ! »

Quelques flashs se matérialisèrent encore, la voix de Valtus raisonnait encore et encore, puis… plus rien. Le silence. Le calme. Le froid glacial du Côté obscur s’effaçait lui aussi au profit de la chaleur ambiante. Munn respirait avec avidité, comme pour retrouver son souffle et regagner les forces qui s’étaient dérobés quelques instants plutôt. Elles lui revirent en un instant de manière inattendue. Debout dans un coin de la salle de méditation, Valtus avait la main tendu vers lui et concentrait la Force afin d’inverser le processus d’absorption. Redevenu assez vaillant pour se tenir à nouveau debout et se redresser fièrement, Munn jeta un regard incrédule mais teinté de peur et de rage envers Valtus.

 « Pourquoi ?! »

Valtus n’avait toujours rompu le lien mental avec son Maître-espion. La frustration, le peur et l’incompréhension qu’il percevait en lui était gage de sa bonne foi. Il ne l’avait pas trahis. Ce n’était pas lui. Il s’approcha de lui avec un regard impassible, sans aucune considération pour la douleur qu’il venait d’infliger.

 « Je devais être certain de votre fidélité et étant donné votre force d’esprit et votre entraînement, je n’avais d’autre choix que d’employer ce procédé brutal et violent.

Darell acquiesça après un temps. C’était donc un test… Ce que Valtus venait de dire n’était pas de la flatterie mal placée destiné à lui assurer quelques réconforts, non. Il avait raison. Darell était capable de résister à bien des tortures, bien des manipulations conventionnelles mais face à manipulateur aguerri comme son roi, il s’avouait impuissant. A sa place, il aurait procédé de la même manière.

 « C’était effectivement approprié, mon seigneur. »

Le sas de la chambre de méditation était toujours fermé.

 « Nous avons été trahis… Et jusqu’à maintenant je ne pouvais me fier à personne d’autre que moi même. »

 « Trahi ? Comment et dans quelles mesures?

Le sourcil de Valtus se leva malicieusement. Il croisa les bras comme de dépit.

 « C’est bien le Maître-espion du roi qui pose cette question ? »

Darell se sentit piqué par cette remarque ironique, se rendant lui même compte du ridicule de la chose. Il y avait une trahison et il n’était même pas au courant. Mais Valtus dissipa rapidement le malaise qui commençait à s’installer.

 «  J’ignore comment, mais Therliss à réussi à s’infiltrer ici, dans le Palais. »

 « Si des assassins s’étaient infiltrés dans le palais, même invisible, le système de sécurité les auraient détectés. »

 « Pas s’ils sont dissimulés dans la Force… mais à présent que j’ai déjà eu à faire avec eux, je sais les traces qu’ils laissent. Ils ne sont pas invisible à cent pour cent et je les auraient perçu. »

 « Therliss n’a pas pu infiltrer du personnel extérieur. Tous ceux qui servent dans le Palais sont identifiés grâce à un implant qui marque leur ADN. L’implant est scanné en permanence par les détecteurs internes et comparé aux données des Archives civiles. C’est infalsifiable et je mets même les services de renseignements de l’Empire de percer le cryptage des Archives. »

Cet échange de réflexions improvisé semblait satisfaire les deux interlocuteurs.

 « L’implant détecterai si l’ADN de son porteur était modifié ? »

Munn compris aussitôt où Valtus venait en venir mais il écarta aussitôt son hypothèse.

 « Il existe une infime marge d’erreur prise en compte par les détecteurs. Mais je vois à quoi vous pensez. Même si Therliss trouvait le moyen d’injecter de l’ADN de l’un de serviteurs du Palais à l’un de ses assassins dans le but de tromper l’implant, cela ne fonctionnerait pas. En l’état actuel de la technologie médicale la plus avancé, même impériale, le processus n’est total. Il reste toujours des traces de l’ancien ADN. Des traces que l’implant détecterai, ce qui déclencherai immédiatement une anomalie et une alerte de sécurité. »

 « Une reprogrammation ? »

 « Impossible. Toutes tentatives de modification déclenche automatiquement une alerte de sécurité. De même, il est impossible de se procurer un implant sans que nous le sachions. »

 « La chambre forte de l’Égide ? »

Munn acquiesça. L’Égide était la dénomination officielle des services de renseignements de Sigil. Un endroit aussi inviolable et sécurisé que la salle de méditation de Valtus.

 « C’est l’Égide qui fournit et programme les implants à tous les serviteurs du Palais. Et en dehors de vous, mon seigneur, je suis le seul à pouvoir entrer dans la chambre forte. »

Valtus soupira. Il avait d’autres hypothèses qui lui venait en tête mais il était clairement en train de se noyer dans les supputations. Il devait se rendre à l’évidence et l’hypothèse la plus simple.

 « Donc… nous avons été trahis par l’un des nôtres »

 « Je peine à le croire... »

 « Et pourtant… »

 « Therliss se donnerait vraiment beaucoup de mal pour vous atteindre… »

 « Vraiment beaucoup effectivement ! Therliss est au courant de l’existence du complexe de Lathal… et potentiellement de ce qu’il abrite. L’existence de ce complexe n’est connu que de moi, de vous, du Docteur Frann et d’Ilona… »

 « Pensez-vous qu’elles aient pu vous trahir ? »

Valtus hésita un instant en regardant dans le vide, l’air pensif.

 « Non… J’aimerai en être totalement sûr... »


Gary Kovani
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Jusqu'ici, les choix du Seigneur Sith, Valtus, s'avèrent judicieux. De mon humble point de vue, évidemment. Rester sur les crêtes n'aurait eu que pour effet de nous garder à découvert, cibles faciles pour qui aurait eu l'idée subite de pointer une lunette de visée vers les cimes. En contrebas, dans la végétation, nous sommes camouflés, même si nos déplacements sont plus lents. Le sous-bois, plus proche de ceux que l'on trouve dans les régions tempérées plutôt que la jungle, nous barre plusieurs fois la route, murs de ronces garnies d'épines aussi effilées que des aiguilles, ou racines traitresses menaçant de nous deséquilibrer. Nous les contournons plutôt que de les déchiqueter de nos armes laser, désireux d'évoluer en silence, de ne point déranger la faune qui pourrait répondre à la violence par des cris de détresses susceptibles de révéler notre présence.

J'essaye d'imaginer l'état d'esprit de l'ennemi. Un bon détective doit savoir entrer dans la tête de ceux qu'il recherchent, ou tente d'éviter. Ils ont tissé un réseau de pièges aux mailles serrées pour mieux pour nous prendre et nous achever... Mais après l'effet de surprise, le missile incendiaire, nous avons totalement disparu de leurs radars... Que vont-ils faire ? Le plus logique serait... Hmm.... de se replier, pour étrécier encore le maillage. Se regrouper derrière une seconde ligne de pièges, pour attendre, à l’affût. Mais cela ne veut pas dire qu'ils vont laisser nous approcher tranquillement...

Au même instant, le groupe se fige. Dans les airs, au dessus des frondaisons composées de larges feuilles caduques nous offrant un complexe jeu de lumière et d'ombres chinoises animées par le vent timide, quelque chose bouge. Lentement. Imperceptible dans la Force, à l'excepté de la signature laissée par les circuits électroniques, et les variations de polarisation de ses composants. Les « bips » caractéristiques accusent la présence d'un droide-sonde, qui se rapproche de notre position. Un grand classique : petits robots autonomes fabriqués en de milliards d'exemplaires et déployés dans toute la galaxie. A mesure que la forêt se densifie, il descend pour passer sous les branches les plus hautes. C'est logique, parfaitement logique. Si l'ennemi s'est replié, comme je le pense, alors il aura déployer des moyens de prévenir notre vecteur d'approche, afin d'adapter au mieux le comité d’accueil.

Cinquante mètres.

Je regarde à gauche, à droite. La gorge verdoyante dans laquelle nous nous sommes enfoncé n'offre nulle échappatoire. Nous ne pouvons qu'avancer ou reculer. Et je doute que la végétation suffise à nous soustraire aux scanners perfectionnés du droïde... Une idée surgit alors. Une très mauvaise idée. Je glisse silencieusement jusqu'à Valtus pour lui proposer le plan dans le creux de l'oreille. Mon souffle tiède à quelques centimètres seulement de son visage, alors que nos auras que tout oppose se diluent lentement l'une dans l'autre.

« Si reculer n'est pas une option, nous allons devoir tromper les sens du droïde. Le détruire, même en usant de moyens faussement accidentels, ne fera qu'éveiller les soupçons de Therliss et de ses sbires. »

Quarante mètres.

« Cette forêt grouille d'êtres vivants. Les senseurs du droïdes sont probablement réglés sur le rythme cardiaque et la température d'un humain lambda. Comme vous, comme moi, comme la plupart de vos gardes. »

Trente mètres.

« Si nous nous plongeons en méditation profonde, pour réduire la chaleur de nos corps, et les battements de nos cœurs, je suis persuadé que nous le tromperons. Il nous survolera sans même nous remarquer. »

Je marque une pause, ce plan n'est pas sans faille.

« Une telle technique de méditation, aussi profonde, orchestrée en si peu de temps pourrait... Nous tuer. Nous pourrions ne jamais nous en éveiller... C'est pour cela que nous tous nous unir, dans la Force. Comme une cordée. Si l'un sombre, les autres sauront, peut-être, le tirer jusqu'à la conscience... Sauf si le malheureux les entraine tous... »

Vingt mètres.

Le temps presse. Moins de deux minutes avant que nous soyons découverts. Faute d'autre option viable, nous nous mettons aussitôt à l’œuvre. Rassemblement sous un buisson densément feuillu, allongé au sol, ventre contre terre, les uns près des autres. Et comme lors d'une cérémonie occulte, nous nous donnons le main, formant un cercle à travers lequel la Force, en théorie, pourra circuler librement, d'une conscience à l'autre. Je ferme les yeux. Bloque ma respiration une trentaine de secondes pour forcer mon rythme cardiaque à chuter rapidement. A travers l'invisible Force, je transmets mes instructions à ceux qui sont moins familier avec cette technique de Méditation extrême. Valtus lui, se débrouille parfaitement. Amusant. Plus l'aventure progresse, plus je nous trouve de points communs. Nos auras se diluent encore un peu plus, ni sombre, ni lumineuses à présents. Elles influencent les autres. Je suis le premier à dire que les ténèbres grandissent derrière les obstacles posés devant la lumière véritable. Mais que ce passe-t-il lorsqu'il n'est pas totalement opaque ? Comme une masse nuageuse dans le ciel azur d'un parfait jour d'été ? Il en résulte une zone grise, de lumière tamisée, somme des deux entités, mais ni l'une ni l'autre. Un état d'équilibre instable, mais bien naturel. Cette soudaine idée m'aide à plonger dans une profonde réflexion, où je réalise, peut-être un peu tard, que tout le manichéisme enseigné par nos dogmes respectifs sont ridicules. Tout n'est que nuances de gris. Irrémédiablement, je sens mon esprit attiré par celui de Valtus. La proximité, le lien, la méditation harasse les barrières que nous avons mis une vie à ériger autour de nos esprits torturés. Je peux sentir les zones plus lumineuses dans son âme, tout comme lui doit percevoir à présent, la marque de l'obscur qui grêle la mienne. Des tâches imperceptibles, laissées là par l'usage de la psychométrie. Toutes ces fois où je ne fus plus moi-même, que je tente d'isoler dans les abysses de mon esprit pour ne pas sombrer dans la folie. Soudain je crois sentir un sentiment puissant, sous-jacent, derrière l'écran de ténèbres. De l'amour. Dans sa plus pure expression. Un amour véritable pour Sigil, et son peuple. Valtus, le monarque qui serait prêt à se rendre coupable des pires infamies, même d'y laisser sa vie, pour protéger ce peuple qui lui fut arraché, asservi par un usurpateur. Une idée vaporeuse qui se délite aussitôt, comme les souvenirs d'un rêve au réveil. Elle achève d'arc-bouter la vision que j'ai du Seigneur Sith.

Je perds toute notion du temps... Le droïde est-il passé ? Ou sommes nous tous morts, massacré dans notre sommeil artificiel par un ennemi nous ayant découvert ? Le doute s'immisce dans mon esprit, fait tanguer ma concentration. Alors que nos esprit, unis, sont encore ouverts les uns aux autres, je décèlle soudain... Une résistance. Un blocage, un mur. Un barrage qui menace de déstabiliser le flux de Force qui nous traverse. Son écho s'intensifie. Un abyme, un précipice qui s'ouvre un peu plus dans nos esprits mutualisées. Je me tourne mentalement vers la conscience de Valtus ! Il nous faut nous éveiller maintenant ! La terrible sensation nous aspire vers le fond, nous emporte. Au prix d'un effort surhumain, je parviens péniblement à prendre mes esprits...

Je me redresse d'un coup, assis, mes cheveux s'écrasent et s'emmêlent dans l'amas de branchettes entrelacées. J'inspire douloureusement, une grande bolée d'air frais. Privé d'oxygène depuis bien trop longtemps, je manque de défaillir, alors qu'une nuée de tâches sombres dansent devant mes yeux. Mon cœur recouvre un rythme normal. Je secoue la tête, chasse les brumes. Rapidement, je réalise que nous avons réussi, le droïde nous a dépassé depuis plus d'une minute trente, il flotte cent mètres en aval de notre position.

Mais je réalise aussi que deux des gardes royaux n'ont pas réussi à revenir. Leurs cœurs se sont définitivement arrêtés. Nous étions dix en pénétrant dans cette forêt, nous ne sommes plus que huit à présent, Valtus et moi compris...

Et avant que le Seigneur Sith n'ait pu réagir à cette nouvelle perte, je me glisse à son coté, et lui susurre dans l'oreille, profitant que les autres n'ont pas encore recouvré tous les esprits :

« Il y a un traître parmi nous. Cette idée me tanne depuis que le missile a frappé votre navette, Valtus. Ce genre de missile s'oriente soit par pointage laser, soit via une balise émettrice. Et comme si vous, ni moi n'avons senti la présence d'une sentinelle pointant votre vaisseau, cela signifie que l'un de vos gardes a laissé à l'intérieur une balise, cible du missile... Et maintenant, quelqu'un a sciemment cherché à cacher ses pensées lors de notre communion, menaçant de tous nous emporter dans le néant. La même personne. Qui cherche à cacher ses véritables intentions... »

Sur ces pensées secrètes, nous reprenons rapidement nos esprits, et notre progression. Il est trop tôt pour agir, le traitre, finira pas se trahir, c'est certain. Au bout de trois cent mètres, la forêt se clairseme. Les hauts arbres cèdent la place à de plus chétifs arbustes qui eux même abandonnent le terrain au profit de buissons bas, épineux ou non. Les deniers cent mètres ne sont qu'une prairies d'herbes folles parsemées de fleurs sauvages multicolore, nous offrant tout de même la possibilité de rester dissimulé en rampant. Devant nous, à l'autre bout de l'étroite bande de prairie, se dresse une arche de pierre, naturelle, sous laquelle, à même la falaise abrupte, a été édifiée une porte blindée. Elle est gardée par deux hommes en armures pseudo-mandaloriennes. Leur attitude atteste de notre réussite, ils discutent, le fusil posé sur l'épaule, aucunement alerté par notre approche.

« J'imagine que cette porte ouvre sur une série de tunnel conduisant droit au repère de Therliss... Que faisons-nous, mon seigneur ? »

Étrangement, le mot « seigneur » sort de ma bouche, comme mu d'une volonté propre. Il n'a plus rien d'une moquerie ou d'un sarcasme. C'est une forme de respect qui transparaît à présent de ce mot lourd de sens.



****


Deux semaines plus tôt, Phindar, localisation inconnue,

Les menottes, trop serrées, me coupent la circulation sanguines depuis trois jours déjà. Suspendu à une esse enfiché au plafond, j'attends mollement le chapitre final de ma misérable vie. C'est contre moi-même que je peste cette fois. Débile que j'ai été de me lancer à corps perdu dans cette missions stupide, de convaincre le Conseil Jedi de me l'autoriser. A peine ai-je eu le temps de poser pied à terre, que j'ai été arrêté. Par des soldats impériaux et une puissante Sith.

Soudain la musique recommence. Assourdissante. Elle me vrille les tympans, brise mes pensées, me réduit à l'état de légume végétatif impuissant. Les chaînes qui m’entravent me coupent de la Force, me prive de mon unique refuge. L'hymne martial de l'Empire. Encore et encore. Ils ne m'accorde que quelques secondes de silence, devenu tout aussi douloureux, avant de le relancer. Le même jeu perfide se rejoue depuis trois jours. Ils cherchent à me faire craquer... Mais pourquoi ? Je l'ignore, et je suis incapable d'y réfléchir...

Enfin le silence retombe. Je grogne, bave. Mes cheveux souillés de sueur me collent au visage. Ils m'ont déshabillé. Je suis entièrement nu, dans cette pièce surchauffée. La déshydratation commence à altérer mon jugement. Je crois voir passer des ombres autour de moi. Mes lèvres crevassées refusent de bouger. Les rares mots que j'arrive à aligner ne sont que grognements inintelligible. Une voix tonne, dans le haut-parleur :

« Quoi êtes-vous ?! Que faites-vous sur Phindar ?! »

Les mêmes questions, toujours. Ils savent que je n'ai plus la force mentale ou physique d'y répondre, mais ils continuent. Pourquoi ?! POURQUOI ?!

Les minutes s'étirent. Je perds toute notion du temps. Il pourrait être midi comme minuit. Depuis ces quelques jours, je m'accroche au chiffre trois, une seule fois un droïde est venu m'apporter de la nourriture... Il m'a fourré un tube dans la gorge et y a déversé une bouillie énergisante, à peine capable de me maintenir en vie. Je déteste les droïdes...

Le cycle aurait pu continuer ainsi, jusqu'à ce que je m'éteigne.... Mais, alors que je n'attends plus rien de la vie, une porte s'ouvre, face à moi. La lumière crue m'arrache un grognement de douleur alors que mes paupières ne suffisent plus à protéger mes rétines. Un claquement de botte s'invite dans mon espace de privation sensorielle. Des pas déterminés, rythmés. Une voix, féminine, s'adresse alors à la carcasse que je suis devenu :

« Jedi... A quoi bon lutter encore ? Vous pensiez réellement pouvoir venir ici, en territoire impérial, sans éveiller les soupçons ? Savez-vous ce qui vous a trahi en premier ? Non, pas votre aura ridiculement lumineuse... Mais l'immatriculation falsifiée de votre vaisseau au nom imprononçable. A peine entré dans l'espace orbital de Phindar, nous avons su qui vous étiez. Nous vous avons déjà repéré sur Nar Shaddaa... Vous avez beau disposer d'autorisations en règles, volées je ne sais comment à nos services, la signature singulière de votre vaisseau ne peut être aussi aisément travestie... Il aurait fallu modifier les caractéristiques extérieures, changer les moteurs pour tromper nos bases de données. Voyez-vous, c'est toute l'efficacité d'une administration ultra-centralisée. Aucune information ne se perds, tout est consigné quelque part, accessible à ceux qui en ont les autorisations... »

Un long, trop long monologue, digne des pires méchants de l'histoire des holofilms grotesques de série. Sauf que cette fois ci, il ne s'agit pas de cinéma. Ma confusion mentale risquerait de me le faire oublier. J'ouvre la bouche, tente de prononcer quelques mots, d'une voix rauque, brisée :

« Qui... »

Un index s'écrase sur mes lèvres gercées. La silhouette est tout proche, je peux sentir un subtil parfum florale. La meilleure odeur que je n'ai jamais senti de toute ma vie ? C'est que ce que me fait croire la privation, à cet instant. Mon corps se réveille.

« Gardez vos forces Jedi. Les méthodes barbares du colonel Briscus n'ont pas réussi à vous briser. Je m'en félicite... Car vous m'intriguez. Je sens... Quelque chose d'inhabituel chez vous. J'ignore quoi encore. Mais je compte bien le découvrir. Mes hommes vont vous détacher, vous laver, vous habiller et vous transférer jusqu'à ma demeure. Vous êtes trop faible pour résister... Alors ne tentez rien. Ils ont reçu l'ordre de vous abattre si vous vous regimbez. Ne me décevez pas, je préfère m'occuper de vous, à ma façon... »

L'ultime phrase avait pris, subitement, une intonation plus... sensuelle, moins froide. Mais étonnamment, c'est celle-ci qui me fit le plus trembler. A quoi bon résister lorsque votre destin est tout tracé ? Si la Force m'a conduit ici, c'est qu'elle à un plan pour moi. Même s'il n'a rien... d'agréable.
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Eclats Kyber : 283
Le Lion et le Rat


Main dans la main, les sensitifs formaient une unité totale à travers la Force. De prime abord, l’idée n’avait pas enchanté du tout le Sith. Mais étant adepte du pragmatisme, il se rangea rapidement du côté de Gary car il s’agissait de la seule solution efficace qui se présentait à eux. Car il avait dit juste… reculer n’était pas une option… plus maintenant.

Valtus était coutumier de séances de méditation intense. Il lui arrivait d’en pratiquer régulièrement pour entretenir et approfondir toujours plus son lien avec la Force. Le Côté obscur affluait toujours en lui à ce moment là, envahissant son esprit, renforçant sa détermination et ses convictions. Et c’était à nouveau le cas cette fois, mais la configuration était différente. La sombre aura de Valtus se mêlait à l’aura éclatante de Gary et aux autres auras des gardes royaux, qui n’étaient pas de vrai Sith à proprement parlé mais plutôt des guerriers sensitifs redoutablement entraîner pour utiliser la Force en soutient à leurs techniques de combats. Aucune d’eux ne tiendrait bien longtemps face à un vrai Sith ou un vrai Jedi, mais l’entraînement que Valtus leur donnait en personne n’était cependant pas à sous-estimer.

Lorsque l’unité commença, l’obscurité qui l’envahi lui suggéra une idée redoutable. La méthode ressemblait étrangement à la mise en place d’une bombe psychique. Alors que les esprits commenceraient à se lier, Valtus n’aurait aucune difficulté influencer et orienter l’esprit de ses gardes pour qu’ils se laissent envahir et siphonnés par le Côté obscur. Gary poserait certainement des difficultés mais rien d’insurmontable… C’était une idée…  qui disparut dès que l’unité commença à se stabiliser, dès que la Force lumineuse s’infiltrait à son tour en lui pour produire comme un équilibre. A présent, il n’y avait plus d’obscurité, ni de lumière, simplement la Force dans son ensemble et dans son unité.

Maintenir l’unité était très éprouvant pour chacun d’eux, à sa mesure. Si l’endurance du Jedi et du Sith, bien que mise à l’épreuve, tenait bon, celle des gardes de Valtus chutait à chaque seconde. Il le sentait et il d’une certaine manière tentait de faire en sorte de maintenir et stabiliser les esprits de ses gardes…

Une telle unité à également pour effet de lier tous ces esprits les uns aux autres, ils s’attiraient et se liaient momentanément d’un lien unique et éphémère dont l’existence même serait oublié et renié jusque dans la Force une fois l’unité terminée. La chose était totalement aléatoire néanmoins c’est out naturellement que les deux plus puissants esprits s’effleurèrent d’abord avant de finir par s’unir. Valtus sentait la présence de Gary dans son esprit mais il ne pouvait rien faire, il n’avait aucun contrôle, ni même aucune autre volonté que de maintenir l’unité. Il en était de même pour le Jedi…

L’esprit du Jedi était bien plus tourmenté que ne le pensait Valtus. La Lumière si aveuglante n’arrivait cependant pas à effacer des fragments obscurs. Même le plus fidèle et le plus sage des Jedis portait en lui une part d’ombre. C’était inévitable. Mais la présence en grand nombre de tâches obscures étonnait le Sith. Sans le vouloir ni le penser, une des marques sombres s’approcha de lui puis vins littéralement le percuter.

Le choc fut violent.

Valtus commença alors à ressentir des sentiments étranges. De la peine, de la frustration… puis le vide… un vie intérieur qui ébranlait tout son être jusqu’à serrer son propre coeur. Les pleurs d’un nourrisson se firent alors entendre dans les chimères de Force que générait l’unité. En un instant, Valtus se retrouvait dans un couffin. C’était lui qui pleurait. Il était devenu le nourrisson qui était en train de se faire porter par un homme au regard tendre et réconfortant.


 « Que dirais-tu de « Gaius » ? »

 « Le même prénom que mon grand-père ? Aucune chance ! « Ceri » dans ce cas ?

 « C’est une blague ? C’est le prénom de mon oncle qui travaille au fisc… Ne donnes pas à cet enfant de mauvais idée de carrière…

Le visage d’un femme aimante et aux traits harmonieux s’esquissa soudainement aux côtés de l’homme.

 « Roohh ! Hé bien pourquoi pas… « Gary » ? Qu’est ce que tu en penses ? »

 « Cela me plaît beaucoup ! Petit Gary... Notre petit Gary...»

Les chimères se dissipèrent pour commencer à matérialiser une autre scène. Le froid de l’obscurité, un rire féminin, le plaisir mais aussi la douleur, la honte et le ressentiment commencèrent à être perçu par Valtus. Puis… rien … Les images, les sons disparurent subitement. Valtus se sentait… bouleversé. Véritablement. Son cœur se serrait comme jamais et la détresse qu’il ressentait était inédite pour lui. Ce qu’il venait de voir et de ressentir ébranlait tout la structure de on esprit pourtant solide et parfaitement construit. Les souvenirs étaient ceux du Jedi, de son subconscient le plus profond et pourtant même lui ne ressentait pas de telles émotions. C’est comme si elles étaient amplifiées en Valtus… Il le ressenti alors… le Côté obscur grandissant. Il était là, à nouveau, tel un prédateur à l’affût fixant et convoitant l’esprit du sith avec avidité. C’était lui le catalyseur de cet excès d’émotion. Une exagération, une amplification qui n’avait qu’un seul but... la bombe psychique. L’idée venait de revenir et le Sith sentait inexorablement son esprit vasciller et emprunter ce chemin funeste. Aussitôt, Valtus avait entrepris d’ériger ses propres défenses mentales comme pour se protéger de lui même. Puis plus rien…

Les yeux de Valtus s’étaient ouvert soudainement. Il était à terre. Il était allongé. Il cherchait sa respiration. Il venait de reprendre connaissance. Depuis combien de temps était-il dans cet état ? Impossible à déterminé. Comme se faisant violence, il se releva d’un coup et rassemblait rapidement ses forces éprouvées pour se maintenir debout et observer les environs. Le droïd flottait au loin à présent. Ses gardes étaient en train de reprendre leurs esprits non sans difficultés. Toutefois, deux d’entre eux ne semblaient pas ne pas avoir réussi à les retrouver, comme endormis dans la paix de la Force.

C’est alors que Gary lui glissa discrètement à l’oreille qu’il avait ressenti la présence d’un traître. Il l’écouta avec attention mais il semblait perplexe. Il n’avait rien senti de particulier dans l’esprit de ses gardes. Les seules étrangetés qu’il avait ressenti et même vécu provenait de Gary. Il était sur le point de lui répondre une chose mais ne sachant pas si le Jedi était au fait de ce qu’il avait perçu lorsque leurs esprits s’étaient liés, il se ravisa un instant. Lui même était incapable de dire ce que Gary avait lu en lui. Mais ce qu’il venait de dire projetait un doute réel, une hésitation qui pouvait vite devenir malsaine pour la suite des évènements.

Il ne répondit donc rien et s’approcha de chacun d’eux. Touchant leur visage et leur poitrine au niveau du coeur en prononçant à chaque fois la même suite de mots en phrasé antique de Sigil. Après cela, Valtus s’inquiéta brièvement de l’état de ses gardes survivants et tous reprirent leur progression.

Tandis qu’il marchait, Valtus réfléchissait aux dires de Gary, notamment sur ce qu’il avait dit sur le missile. Un instant, il se tourna vers Iola, la capitaine de la garde, sentant une grande faiblesse en elle. Une faiblesse physique qu’elle avait visiblement anticipée en sortant une ration de survie énergisante de sa ceinture qu’elle avala en deux bouchées.


 « On dirait que vous vous y entendez en armement impérial. Mais si je peux me permettre de compléter vos informations. Ce type de missile peut aussi être programmé pour cibler automatiquement des cibles prédéfinies. Dans le cas d’un vaisseau ou d’une navette, il suffit de programmer la fréquence du transpondeur et le missile décolle dès que l’engin est a porté de détecteur. »

De part ses fonctions au sein des Forges impériales, Vatlus savait de quoi il parlait. Le missile incendiaire faisait partie de la dotation de base des régiments d’artillerie impériaux.

 « Effectivement, je n’ai pas ressenti la présence de sentinelle. Tout comme je n’ai pas ressenti et vous non plus, la présence de ce droïd sonde. Ce même droïd qui aurait put très bien pointer un laser de guidage à des kilomètres de là. »

Se rapprochant de Gary, il lui glissa dans son oreille.

 « J’entends votre théorie… mais il va falloir l’affinée bien plus que cela. »

L’idée de mettre en cause l’intégrité de ses gardes dérangeait Valtus. D’autant plus après ce qu’il avait perçu dans l’esprit de Gary. Plus tard lorsqu’ils arrivèrent en face des deux gardes en train de remplir leur mission dans la plus grande décontraction, Valtus ne pensait plus du tout à cela. Il se concentrait sur le moment présent. Tel un Jedi…

Le Jedi authentique serait-il en train de se prendre au jeu ? C’est ce que se demanda Valtus lorsque « Mon seigneur » fut prononcer par la bouche de Gary. Ce qui ne manqua pas de l’amuser intérieurement et le fit sourire. Les gardes royaux eux-même tournèrent tous la tête vers le Jedi tant ils étaient surpris.


 « Je vous avait prévenu, mon ami. Vous êtes en train d’y prendre goût. »

Cette petite taquinerie passée, il fallait décider de la marche à suivre. Les deux gardes ne s’attendaient pas à une attaque, ils avaient baissés leur garde et leur vigilance. L’endroit était bien calme...

 « Ce n’est pas un point d’accès principal, on dirait. Les environs ne sont pas aménagés… et ce tunnel conduit droit dans la forêt… Une sortie secrète pour fuir en toute discrétion ? Capitaine ? Votre avis?

Allongée à côtés de Gary, Ilona observait les deux gardes et l’arche à travers son casque intégral. Les détecteurs basiques de son casque mais efficaces indiquaient qu’il n’y avait que les deux gardes. Pas de droïds, ni des systèmes de surveillance ou de défense dissimulés, aucune interférence.

 « Ce serait cohérent, mon seigneur. Je ne détecte aucun terminal d’accès à l’intérieur, ce qui veut dire que le tunnel ne s’ouvre que de l’intérieur ou via une commande que ces gardes possèdent. »

 « Bien… La discrétion reste de mise. Je vais les distraire, capitaine. Vous et vos hommes savez quoi faire. »

Confirmant d’un signe de la tête, Iola et deux gardes commencèrent à s’avancer en rampant vers les gardes. L’arche en pierre au dessus de laquelle se trouvait incrustée la porte blindée était striée à divers endroits par des racines épaisses et entremêlées. Valtus se concentra à travers la Force pour se fixer sur elles. Visualisant dans son esprit les racines en train de se démêler, la chose commença à se réaliser tranquillement dans la réalité. Alors qu’elles se démêlaient, les racines commencèrent à pendre doucement en dessous de l’arche, peu à peu, centimètre par centimètre. Les gardes situés juste en dessous n’avait rien remarqué et continuait de discuter. Aussi, lorsque la longueur des racines fut suffisante pour atteindre leur épaules, les racines les agrippèrent tout les deux avec la rapidité et la force d’un fouet. Poignets, avant-bras, cou et taille tout tout ainsi ligoté en quelques instants, empêchant les gardes bouger. Dans le même temps, les gardes royaux de Valtus tapis dans l’herbe se relevèrent et se précipitèrent sur eux telles des ombres, la lame rétractable intégrée dans leur brassard prête à trancher. Un coup, deux coup. L’un à la gorge, sous le casque d’apparence mandalorienne et l’autre dans le flanc, là où les pièces en beskar ne protégeait pas les gardes. Lorsque Valtus senti que la vie des deux gardes s’était éteinte, il libéra sa concentration. Les racines délièrent les corps inertes des gardes qui tombèrent avec tout le poids de leur armure. Immédiatement, les gardes se mirent en position pour sécuriser les alentours tandis que Ilona fouillait les défunts à la recherche de quelque chose d’intéressant.

Lorsqu’il fut établi que la zone était sans danger, Gary et le reste du groupe rejoignirent l’entrée du tunnel. Comme Ilona l’avait dit, il n’y avait pas de terminal et elle n’avait rien trouvé sur les gardes qui permettaient d’activer l’ouverture de la porte blindée.


 « Les gardes n’avaient aucun dispositif qui permet l’accès au tunnel, mon seigneur. »

Valtus acquiesça. Il s’approcha alors de la porte blindée. Elle n’était pas immense, à peine plus de trois mètres de haut, de forme pentagonale. Son blindage était renforcé, mais rien qui ne puisse être percé par la lame d’un sabre-laser. Il serait donc aisé de se frayer un chemin à travers. Mais là encore, Vatlus avait en tête de garder une certaine discrétion. Une ouverture réalisée au sabre-laser aurait tôt fait d’être remarqué même par les détecteurs les plus mal calibrés d’un droid-sonde. Il fallait être plus subtile.

Retirant ses gants, Valtus passa sa main gauche sur la froide paroi métallique. La surface d’apparence lisse était en rugueuse au touché. Il posa ensuite sa main droite à l’opposé de sa main gauche. Cela n’avait rien d’anodin. En plaçant ses mains au contact de la porte, le Sith diffusait la Force autour d’elle de manière à la sonder. Le champ ainsi créé se diffusait sur toute sa surface, jusque dans les rouages de ses mécanismes de fermeture et d’ouverture, les roulements à billes qui la faisait se déplacer, les pistons qui la tractait. Tout cela se visualisait d’une certaine manière dans l’esprit de Valtus.

Après quelques instants, Valtus prit une profonde inspiration et décolla les mains de la paroi, mais cependant, c’était comme si elles lui résistaient. Elles tremblaient légèrement. Peu à peu le champ que la Force générait autour du métal semblait devenir comme visible. La surface de la porte ondulait subtilement et de presque de façon imperceptible comme la surface de l’eau caressée par le vent. Le bruit du métal en train de se tordre était également présent. Puis il y eu le bruit des engrenages, des soupapes de pression et enfin l’ouverture de la porte. Valtus remit ensuite ses gants et adressa un clin d’oeil complice à Gary.

 « Entrons enfin dans le vif du sujet ! »

Lorsqu’ils furent tous à l’intérieur du tunnel, la porte blindée se referma d’elle même, comme le programme d’ouverture le prévoyait. Le groupe était dans le noir complet. Aussitôt, chacun des gardes de Vatlus sortirent de leur ceinture une sorte de petite sphère tenant dans le creux de la main. Chaque sphère se mit à émettre de la lumière et à s’élever dans les airs avant de toutes se regrouper et former une sphère plus grande illuminant ainsi parfaitement le tunnel. Faisant office de détecteur de proximité, la sphère se déplaçait au rythme du groupe mais un mètre au devant de lui. L’aspect général du tunnel confirmait l’hypothèse du tunnel de secours. Les parois étaient couvertes de plaques de métal mais pas partout, formant comme une ossature interne. Le sol était couvert de permabéton incrusté de plaques de métal orange d’oxydation. Il interpella Gary.

 « Vous le sentez aussi ? Cette présence ? Le Côté obscur semble attirée par elle… Nous approchons de Therliss. »


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Atelier de maintenance - Palais royal de Sigil // Deux semaines plus tôt

Situé dans les niveaux médians du complexe, le hangar royal accueillait tout type de transport nécessaire aux déplacements du roi. Moto-jets, speeder atmosphériques, barge de parade, navette spatiale ou encore transport blindé se partageait l’immensité des lieux. Une centaine de personnes et des dizaines de droïds de maintenance s’affairaient ici nuit et jour afin d’entretenir les véhicules et faire en sorte qu’ils soient en parfait état de marche et à disposition à la demande de Sa Majesté.

Ekart Roll était le plus ancien, le plus doué des mécaniciens en fonction dans le hangar et par conséquent celui que l’on avait naturellement désigné comme Maître-mécanicien. Ses années d’expériences et de curiosité lui conféraient une compétence redoutable pour diagnostiquer et réparer n’importe quel engin qui se présentait à lui. De l’avis même de ses collègues et subordonnées, il connaissait presque mieux les appareils que les ingénieurs qui les avaient conçus.

Sa famille et lui n’étaient pas originaire de la capitale mais des Terres de Malgarith. Une zone aride mais néanmoins riche en cobalt et en electrum qui assurait une rente confortable à la famille Tahlyyn et particulièrement à sa matriarche, la Duchesse Vadic qui fut en son temps un soutien au l’Usurpateur. Comme ce dernier l’avait exigé, chaque famille noble devait fournir un contingent défini de travailleurs, ouvriers et spécialistes destinés à remplacer le personnel du palais mort durant la Purge qui suivi sa prise de pouvoir. Ekart était l’un d’eux. Le lendemain de son mariage, il s’était vu attribué ses fonctions dans la capitale et sommé de partir là-bas corps et bien. Un an plus tard, son épouse donnait naissance à leur fils unique, Kasar. Lorsque Valtus reprit le pouvoir, tous les contingents furent autorisé à retourner vivre sur leur terres d’origines s’il le désiraient. Comme on le lui avait proposé, Ekart avait décidé de garder ses fonctions au palais mais lors de son temps libre, il retournait en Malgarith pour s’occuper, profiter de sa maison et passer du temps avec son fils.

L’air frais et la pénombre de l’aube occupait toujours l’immense plate-forme amovible du hangar. Depuis des années, Ekart arrivait toujours en avance, très en avance pour profiter du calme et surtout de la vue imprenable qu’il pouvait avoir sur le domaine du palais. De la manière dont le hangar était orienté, on pouvait voir les rayons du soleil en train de se lever illuminer le sommet des collines puis se répandre peu à peu sur les plaines et les eaux du lacs. Seul au milieu des machines et des droïds effectuant leur routines, le mécanicien qu’il était buvait paisiblement son café en admirant ce spectacle magnifique, presque poétique de son point de vue.

Ce jour, il avait décidé de s’occuper d’une des moto-jet du roi. Il devait changer une pièce complexe du moteur et en profiter pour faire l’entretient de l’appareil. Le premiers mécaniciens ne prendraient pas leur poste avant deux bonnes heures, il était donc seul pour travailler tranquillement. Seul… Pas tout à fait. Une ombre s’approchait de lui. Alors qu’il était allongé sous la moto-jet en train de retirer la pièce endommagée, sur un plateau de maintenance en lévitant légèrement au dessus du sol, Ekart glissa légèrement vers l’avant pour voir de qui il s’agissait. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il reconnu le visage de Valtus.


 « Ma… Majesté ! »

Le mécanicien avait commandé au plateau de maintenance de se retirer afin qu’il puisse se relever avec empressement pour saluer comme il se doit son roi. Il était en tenue de travail déjà tachée de graisses et autres huiles de vidanges de même que ses mains. Non sans une certaine décontraction, Valtus le dispensa des formalités.

 « Allons… mon ami… je vous en prie. Je pense que l’on peut se passer de ce genre de chose entre passionné que nous sommes. »

Il était de notoriété que le roi de Sigil était féru de technologies et de ses applications pratiques notamment dans le domaine mécanique. Des rumeurs disaient même que certaines nuits, le monarque s’affairaient dans le hangar pour « bidouiller » lui-même ses appareils, comme une sorte de hobby.

Ekart inclina la tête avec surprise et bonne humeur tout en essayant machinalement de nettoyer ses mains au mieux.


 « Je vois que vous êtes en plein travail… »

Valtus s’approcha de la moto-jet et s’accroupit avec un œil averti pour se rendre compte de l’état du moteur.

 «… L’injecteur de fluide on dirait ? Oh ! Vous avez été obligé de retirer la posi-matrice aussi ? »

Le Maître-mécanicien n’en revenait pas. Son roi, un Sith, un dignitaire influent de l’Empire, partageant son temps entre Sigil et Dromund Kaas… parlait de mécanique en des termes précis, justes et plus encore… il s’intéressait à son travail. Il resta coi l’espace d’un instant avant de se rendre compte que Valtus le regardait en attendant sa réponse.

 « Heu… c’est exactement ça… Majesté. La posi-matrice n’est pas gênante en soi mais j’ai remarqué que si elle reste connectée alors qu’on touche à l’injection cela perturbe son calibrage et donc modifie le champs magnétique qu’elle produit. Beaucoup considéreraient que c’est négligeable mais… pas moi. »

 « Je vois… c’est un plaisir de voir quelqu’un avec autant de passion et être aussi consciencieux. Vous permettez ? »

Valtus venait de se saisir d’un tournevis sonique et proposait purement et simplement d’assister Ekart dans ses réparations. C’est ainsi que les deux passionnés commencèrent à travailler de concert. Valtus était parfaitement détendu mais Erkat lui n’arrivait pas à éprouver autant de calme et de sérénité. Il cherchait toujours la raison pour laquelle un homme si important s’abaissait à pareil activité et s’intéressait à lui. Valtus lui posait des questions à propos de son travail. Des questions anodines pour la plupart, parfois précises cependant. Le mécanicien n’étant pas un sensitif, il était aisé pour Valtus de s’infiltrer dans son esprit et de percevoir le moindre de ses sentiments, de ses impressions et de ses émotions. Il le sentait parfaitement détendu et confiant. Un droïd de maintenance venait de déposer un gros conteneur là où il devait être entreposé. Cela fit curieusement plus de bruit que d’ordinaire mais vu la taille de l’objet, ce n’était pas étonnant. Ekart jeta cependant un œil sur le droïd. Il avait accompli sa tâche et s’affairait déjà à la suite… Il se figea cependant, subitement décontenancé. Son fils était là… tête baissée, mains entravées et sous la garde portant l’uniforme de l’Egide, Munn Darell, le Maître-espion du roi en personne.

Cela n’était pas un hasard et Ekart comprenait à présent que la présence de Valtus ne l’était pas non plus. Le petit soupire qu’il libéra de sa bouche sonnait presque comme un soulagement. Pour le moment, Valtus restait concentré sur le réglage des injecteurs. Sans le regarder, il s’adressa au mécanicien.


 « L’héritage… que l’on soit roi, prince, soldat, gens du peuple, peu importe qui nous sommes, tous nous nous posons à un moment dans notre vie cette question… « Que vais-je laisser comme héritage après la mort ? »

Pour le première fois, Valtus posa ses yeux sur Ekart.

 « Vous êtes vous posé cette question, Maître Roll, lorsque vous avez pris cette décision imprudente de me trahir ? »

Ses deux mots à eux seuls étaient lourd de sens pour Ekart. Il était en train de prendre réellement conscience des implications de ses actes… et de la duperie dont il avait été la victime. Son regard désolé ne pouvait se détacher de la personne de son fils prisonnier.

 « Oui… Majesté. Ce fut même ma seule motivation. Mais je vous supplie de croire que jamais… à aucun moment… je n’avais conscience que ce que je faisait serait un acte de trahison. Il n’y avait que lui qui comptait. »

Valtus tourna légèrement le regard vers Kasar. La relation qui pouvait lier un père à son enfant était une notion qui lui échappait. Il ne niait pas son existence, mais n’ayant pas lui même de descendance, il était incapable d’en appréhender l’essence même.

 « Racontez-moi, Maître Roll et prenez conscience que s’il doit y avoir un jour de votre vie où le choix et le poids des mots que vous allez prononcer ont une importance, c’est aujourd’hui. »

Le mécanicien en avait déjà parfaitement conscience. Doucement, il posa donc les outils qu’il avait en main. Allongé, il se redressa pour se mettre sur ses genoux.

 « Depuis la mort de ma femme, Kasar et moi avons des relations tendus. Ce fut un bouleversement pour tous les deux. Mais je n’en avait pas conscience à l’époque. Il était déjà un jeune homme lorsque c’est arrivé mais je me ne suis pas rendu compte à quel point cela l’avait affecté et à quel point il se sentait seul, déjà. Moi je me suis réfugié dans mon travail et lui… lui… dans l’Épice. Il m’avait pourtant supplié de le suivre pour vivre en Malgarith. Il voulait connaître enfin la terre de sa mère et de son père… mais c’était au-delà de mes forces. Alors il est parti et nous avons commencé à nous éloigner.

Et puis il y a quelques mois de cela… il y a eu cette arrestation et les accusations ce complicité de trafic d’Épice qui s’en suivirent. Les lois de Votre Majesté sont sévères lorsqu’il s’agit de drogues, mais celles en Malgarith le sont encore plus. C’était la condamnation à mort assurée pour lui. Lorsque je suis aller le voir en prison… lorsque je l’ai vu dans sa cellule… c’était comme un électrochoc pour moi. Je me suis rendu compte qu’ il était en vérité l’être auquel je tenais le plus dans cet univers… le seul et le plus magnifique leg que sa mère m’avait laissé. Peu importe comment, mais je devais le sauver ! Sauver mon héritage...

Alors lorsque cet homme est venu m’aborder en sortant de la prison en me disant qu’il pouvait faire en sorte de libérer mon fils et d’effacer toutes les charges qui pesaient sur lui. Je n’ai pas hésité… Surtout qu’on ne me demandais pas de tuer ou autre chose du genre… je devais simplement faire une copie du manifeste de bord, des journaux de navigation des transports et des navettes du palais. »


Valtus ne perdait pas un mot de son récit. Un injecteur de plus était recalibré.

 « Qui était cet homme ? »

 « Son visage était dissimulé sous un vêtement ample qui couvrait sa tête et une longue veste. Cependant, je me souviens parfaitement de sa voix et d’un petit détail. Au moment de me remettre l’holo-puce sur laquelle je devais copier les données, j’ai remarqué qu’il portait une broche sur son vêtement de dessous. Sur le côté gauche. Une main argentée entouré d’un cercle...

Tandis qu’Ekart s’affairait à donner le plus de détails et de commentaires possible, la connexion entre son esprit et celui de Valtus permettait à ce dernier de vérifier la sincérité ou non du mécanicien. Il ne décelait aucune duplicité en lui. Mieux encore, dans son esprit se matérialisaient en simultané les souvenirs qu’Ekart avait dans son propre esprit et se rappelant de la scène. Le Sith pouvait donc lui aussi voir la broche en question, voir la silhouette et entendre la voix de l’homme en question. La voix ne lui disait rien… mais il avait parfaitement reconnu l’insigne.

 « C’est à ce même homme que vous avez remis les données ? »

 « Non, Majesté. Une fois la copie effectuée, je devais simplement la remettre à un droïd qui m’attendait à l’aéro-gare. 

On m’avait assuré que tout cela ne poserai aucun problème… que je pourrais garder mon travail ici et que tout irait pour le mieux pour mon fils. L’homme m’avait même promis que tout serait fait pour aider mon fils à guérir… Comme j’ai été naïf… »


Valtus avait terminé de calibrer le dernier injecteur. Posant au sol son tournevis sonique, le Sith se releva tout en s’essuyant les mains dans un chiffon qui traînait, déjà imbibé de détergeant.

 « Vous me mettez dans une situation délicate, Maître Roll. Tout comme vous, je pense à l’héritage que je vais laisser après moi… Mais en tant que roi, je dois aussi me soucier de l’instant présent. Quelle image je donnerai de moi si je laissais passer une trahison, aussi minime soit-elle et involontaire soit-elle ? »

A son tour Ekart se leva pour se mettre au niveau de Valtus. Son air était grave et teinté de tristesse.

 « L’image d’un souverain qui fait preuve de faiblesse, assurément… Je suis prêt a assumer les conséquences de mes actes, Majesté. »

C’est alors qu’il posa un genou à terre. Puis un deuxième. Avant de s’incliner face contre terre.

 « Mais je vous supplie avec toutes mes forces, mon seigneur, d’épargner la vie de mon fils ! »

 « Debout ! Un Sigilien ne rampe et ne s’humilie devant personne de lui même !»

Le Sith était visiblement agacé. Cet excès de servilité ne ressemblait pourtant pas à Ekart. Tout au long de la discussion, Valtus avait eu le temps de sonder suffisamment son esprit et sa personnalité pour le savoir. Ekart pouvait être anxieux, docile, résilient et obéissant mais en aucun cas servile. Si le mécanicien s’abaissait à telle attitude, c’est qu’il était mue réellement par l’idée de préserver la vie de son enfant. La puissance et l’intensité d’une telle force de conviction intriguait et troublait véritablement Valtus. Le désir d’exercer sa justice était fort et puissant… mais l’attachement que le père éprouvait envers son fils le renvoyait à des souvenirs lointains mais toujours présents dans sa mémoire. Après avoir attendu qu’Ekart se relève, le sith lui dit.

 « Vous vous êtes rendu coupable de trahison envers votre roi… Cependant, je suis sensible à votre plaidoyer. En attendant ma décision vous et votre fils êtes assignés à résidence au palais. Vous aller poursuivre vos tâches de Maître-mécanicien sous l’étroite surveillance de l’Égide. Mais je vous assure, Ekart, que si vous abusez ou si vous contrevenez d’une manière ou d’une autre, de la plus infime manière que soi à mes ordres, vous perdrez ce a quoi vous tenez le plus dans cet univers ! »

Valtus fit alors un geste en direction de Munn qui à son tour ordonna aux agents de l’Égide dissimulés ici et là dans le hangar de se retirer et d’emporter Kasar avec eux. Valtus déposa le chiffon sur un établi non loin de là et laissa Ekart à sa contrition pour rejoindre son Maître-espion.

Munn regardait Ekart qui était en train de reprendre ses esprits d’une certaine manière. Il n’éprouvait ni dégoût, ni compassion en le regardant. Il regardait juste un homme prisonnier de sa solitude soudaine.


 « Que faire de lui, Mon Seigneur ? »

 « Je ne sais pas… Et en vérité, son sort ne compte pas. Il n’est que le pion utile qui a servi d’intermédiaire aux véritables traîtres. Avez-vous entendu ce qu’il a dit ? »

 « Oui. Un homme masqué portant une broche représentant une main dans un cercle en argent. »

 « Pas en argent… une main argentée, a-t-il dit. Argentée… comme l’Electrum. »

Les yeux de Valtus se fermèrent de colère serrant fermement ses poings.

 « Vous pensez à un homme de Vadic ? »

 « Pas seulement… Cette broche est traditionnellement portée par l’intendant de la duchesse, mais vu les crimes dont était accusé le fils Roll, l’autorité d’un intendant ne suffit pas… où si c’est le cas il en a eu l’autorisation... »

 « Vadic, elle même ? »

 « Elle faisait partie des nobles qui soutenaient ouvertement l’Usurpateur et l’une des plus virulentes quant à mon retour sur le trône… Creusez de ce côté là, je veux tout savoir à son propos. Absolument tout... »

Alors qu’il s’apprêtait à partir, il fit demi-tour.

 « Où en est votre enquête concernant Ilona et le Docteur Frann? »

 « C’est en cours de finalisation, mon seigneur. Mais les premières conclusions tendent à démontrer que la Capitaine de votre garde royale et le Docteur Frann ne sont pas compromises. »

 « Redoubler d’efforts. JE veux des certitudes. »



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Gary Kovani
Gary Kovani
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Je frissonne. Par-dessus mon épaule, j’abandonne un ultime regard sur la porte blindée, close, verrouillée, qui nous a définitivement coupé de la lueur rassurante sur soleil, de ses tièdes caresses, de l’air frais chargé de la fragrance subtile de centaines d’espèces végétales. Une pression s’enroule autour de ma gorge, comme une main invisible qui tente de m’étrangler. La marque du côté obscur, qui m’assaille à chaque inspiration devenue glaciale. Les ténèbres sont des prédateurs voraces, qui dévorent la lumière jusqu’à ce qu’il n’en reste aucune trace. Elles ne laissent derrière qu’un champ stérile, gelé, terreau où prolifèrent les pulsions les plus primitives, celles qui ne s’embarrassent pas de logique ou de raison. Je secoue la tête. Non. Je refuse de me laisser gagner la doctrine de Valtus. La lumière est toujours la plus forte.

Machinalement, j’imite les soldats. Je plonge la main dans la ceinture tactique offerte par Valtus. Mes doigts gantés se referment sur une sphère, qui s’active immédiatement. Il n’aura suffi que d’un effleurement. Elle s’élève lentement, silencieuse, minuscule soleil d’albâtre, qui diffuse une lumière bien trop aseptisée pour chasser de mon cœur les craintes nées de la morsures des ombres. Elle s’immobilise à un mètre devant moi, attendant d’analyser mes mouvements pour mieux m’éclairer le chemin. A son côté, les autres sphères forment une constellation qui peine à percer les épaisses ténèbres, denses. Un mur de noirceur insondable.

« Oui, je sens l’obscurité… Elle est partout autour de nous… Je n’aime pas ça… »

Je ferme les yeux, tente de projeter ma conscience au-delà de mon enveloppe charnelle. Je fronce les sourcils, arrête même de respirer pour laisser mon cœur ralentir et mon esprit s’apaiser. Mais rien. Absolument rien. J’ai la sensation de n'être entouré que de néant. Les ténèbres agissent comme un brouilleur dans la trame même de la Force invisible. Il m’aveugle, m’empêche de détecter d’autres formes de vies, de ressentir les lieux et d’en deviner la profondeur. Je me sens nu, impuissant. Je ne peux me fier qu’à mes yeux.

« Avançons prudemment, je n’arrive pas à savoir ce qui se trouve devant nous. »

Suis-je le seul à ressentir cela ? Valtus et ses soldats sont-ils si accoutumés au côté obscur qu’il ne perturbe plus leurs sens ? Je l’ignore. Quelques sensations diffuses, qui ne sont pas les miennes, effleurent mon esprit alerte. Les pensées confuses d’un des hommes, ou des femmes, du souverain de Sigil. Après notre communion dans la Force, pour échapper au droïde sonde, il reste un lien ténu entre nos esprits. Rien de comparable avec ce que nous avons vécu là-bas. Nous sommes liés, et le resterons probablement encore quelques heures. Si l’un de nous détecte un danger, par exemple, je suis prêt à parier que nous le sentirons tous au même instant. L’obscurité attaque cette liaison psychique, presque contre-nature, née de la fusion de la noirceur de Valtus, et de ma propre lumière. Par conséquent, peut-être, alors, que chacun de nous ressent inconsciemment cette noirceur comme une ennemi, plutôt qu’une alliée. Je l’ignore.

Alors que nous avançons lentement, armes levées, prêt à dégainer nos sabres si nécessaire, je laisse glisser mes doigts gantés sur la cloison artificielle du tunnel. Une trouée circulaire arrachée à la montagne par les mâchoires implacables d’une excavatrice. La roche friable, fragile, se dissimule derrière des armatures métalliques assurant la stabilité de l’ensemble. Nos bottes frappent durement le sol lisse de permabéton, souillé de flaques d’eau, conséquences de la condensation de l’air de plus en plus frais à mesure que nous progressons. Après une centaine de mètres monotones, il me faut forcer de plus en plus pour l’inspirer. Une illusion, je ne le sais, préambule des cauchemars qui ne manqueront pas de nous assaillir bientôt, à mesure que l’obscurité s’intensifie. J’ai entendu dire que même les plus vaillants Jedi ne ressortent jamais totalement indemnes de ce genre d’épreuve. Le soldat devant moi s’arrête soudainement. Je manque de le percuter. Le canon de son arme, interrogatif, darde vers une volée de marches qui descendent dans les entrailles de la terre. Taillées dans une roche sombre, très différente de la craie jusqu’alors omniprésente. La montagne serait-elle posée sur une stèle basaltique plus solide ? Les sphères nous précèdent, prennent un peu plus d’avance comme guidée par nos pensées. Les murs bruts ne sont plus bardés de renforts métalliques. La minéralité millénaire nous écrase de sa masse stérile. Faute d’autre option, nous continuions notre progression.

« C’est étrange. »

Je peux sentir les pensées de Valtus et de ses soldats s’intriguer de ma pensée formulée à voix-haute. Alors je m’explique :

« Les aspérités dans ce boyau sont différentes. Plus petites, irrégulières… Comme si le basalte avait été creusé… Avec des outils, plutôt qu’avec des machines. Cette section du tunnel est beaucoup plus… ancienne. L’obscurité également. »

Est-ce la Force pervertie qui s’invite dans mon esprit et y projette des fantasmes ? Je ne pense pas. Enfin, nous arrivons à un palier, après une cinquantaine de marches irrégulières et traitresses. Je frisonne encore. L’air que j’expire se charge de minuscules cristaux de glace, une vapeur qui monte vers le plafond pour s’y dissiper, dans les ténèbres. Le tunnel est rectangulaire à présent. Cinq mètres de large pour trois de haut, a vue de nez. Alors que je le réalise, mes doigts buttent sur une protubérance. Je pose ma main sur l’épaule d’un soldat, et lui demande :

« Eclairez par ici s’il vous plait. »

Il se retourne. La sphère qu’il contrôle bien mieux que la mienne, se plaque contre le mur, pour l’éclairer. Elle révèle une fresque, sculptée en bas-relief dans la paroi. Le motif est devenu presque illisible. A l’exception de plusieurs silhouettes aux longs bras, un visage, et de quelques mots. Un langage que je ne connais pas. Très ancien. Un terrible malaise torture mon instinct.

« Nous ne sommes pas les bienvenus. Quel que soit ce lieu. Il s’est passé ici quelque chose de terrible. »

Un soldat annonce au même instant avoir trouvé autre chose. Des alcôves. Elles aussi creusées dans la paroi. Elles ne dissimulent nulles sculptures. Seulement un entrelacs serré en fer forgé. Rouillé jusqu’à l’âme, mais encore parfaitement identifiables : des cages. Cylindriques, étroites, le genre dans lesquelles on peut enfermer une personne, lui interdisant tout autant de se ternir debout que de s’assoir. Il ne reste à l’intérieur que quelques os rongés par les animaux, érodés par les années. Je tends une main gantée vers ce qui ressemble à un tibia, assez long pour être celui d’un Phindarien. Sous mes doigts, l’os se délite en une poussière ocrée qui s’étale sur le similicuir en une fine poudre… Et alors je comprends. Un coup de massue qui menace, l’espace d’un instant, de m’assommer. Les révélations sont parfois excessivement difficiles à avaler…

Je recule, la face déformée par une moue terrifiée, que je ne parviens à réprimer. Je me tourne vers Valtus

« Ce… Cette montagne au-dessus de notre tête. Ce n’est pas de la craie. Ce n’est pas du calcaire marin concassé et amalgamé par la pression insoutenable du ventre de cette Terre. C’est… Des os. De la poussière d’os. De milliards de corps sacrifiés et abandonnés au-dessus de cet endroit, qui, avec le temps ont formé ce massif. Ce n’est pas un hasard si Therliss a choisi cet endroit pour bâtir son domaine. Le massacre a créé une malformation putride dans la trame même de la Force. Une blessure toujours ouverture de laquelle les ténèbres jaillissent, puissantes, brutes, sauvages. Elle s’en nourrit, pour renforcer son pouvoir… Elle nous attend exactement là où, dans cette galaxie, elle est la plus puissante. »

Dans la semi-pénombre, je cherche à capter le regard du Seigneur Sith. Je tends un bras, le pose sur sa poitrine pour sentir les battements de son cœur au travers des couches de tissus. Une peine perdue. L’obscurité brouille mon esprit, je suis incapable de devenir ses pensées qui pourraient elles aussi être altérées.

« Seigneur, si vous vous nourrissez-vous aussi de ces ténèbres, vous deviendrez comme elle. Il est possible que vous soyez assez puissant pour la battre a son propre jeu, en jouant avec ses propres armes… Mais je vous crois plus sage que cela. Nous devons conjurer ces ténèbres. Trouver la source de la corruption et la détruire. Si nous parvenons à refermer cette plaie béante, Therliss ne pourra vous résister. Si elle s’est entourée d’autant de sbires, c’est parce qu’elle a peur de vous. »

Des grattements me coupent la chique. Rendus audibles par leurs imperceptibles échos dans cette espace clos et terriblement silencieux. Quelque chose approche. Très sombre. Des âmes torturées et déformées par le côté obscur… J’active mes griffes.
Darth Yrlion
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Le Lion et le Rat


L’ombre du tunnel se faisait de plus en plus oppressante. Les jambes fléchies et le fusil-blaster en joug, Fen avançait avec prudence. Placé sur la gauche, il formait avec Iola, placée au centre, et Castoris, placée à droite, le trio de tête ouvrant la voie au reste du groupe. Tous prenaient grand soin de ne pas aller au-delà du champ lumineux produit par les sondes flottants devant eux.

Âgé de vingt sept ans, Fen était l’un des gardes les plus prometteurs. Il n’avait pas été retenu pour suivre la formation des acolytes, préambule au statut d’apprenti conduisant à celui de Sith. Cependant, le jeune homme montrait de réelles facilités pour manier la Force. Un tel échec s’accompagnait pratiquement à chaque fois par la mort des candidats, mais Fen avait néanmoins réussi à préserver sa vie. C’est ce qui lui avait valut d’être remarqué, entraîné et intégré à la garde royal de Sigil. L’accès ou non des sigiliens sensitifs aux académies Sith intéressait de très près Valtus, qui voyait toujours en l’échec une opportunité qu’il fallait exploiter.

Mais si Fen savait manier la Force habillement, il était naturellement et de manière inexplicable réfractaire au Côté obscur. Ce n’était pas de son fait, non. Les instructeurs Sith ne pouvaient l’expliquer mais il arrivait en de rares cas que certains individus possédant pourtant un désir ardent de devenir des Sith soient pourtant délaissé par le Côté obscur lui même. Haine, colère, frustration, envie et convoitise même poussé à l’extrême n’arrivaient pas à faire venir l’Obscurité. Ainsi, pour les Sith, Fen était considéré comme une aberration, une anomalie dans la grande équation universelle de la Force, mais pour Valtus, cela faisait de lui le garde parfait.

Malgré ce blocage naturel, plus le groupe s’avançait dans le tunnel et plus Fen ressentait d’étranges sensations. Son armure disposait d’un système d’auto-régulation de la température. Il était parfaitement fonctionnel d’après les indications de son casque, pourtant son sang se glaçait peu à peu. Ilona et Castoris étaient elles plus réceptives au Côté obscur que Fen. Elles aussi sentaient leur corps se glacer mais en plus des voix commençaient à se manifester dans leur esprit. Des complaintes, des gémissements et des suppliques plus précisément.

Sur la gauche de Fen, une cage rouillée et déformée de l’intérieur se trouvait encore suspendue à une chaîne massive. Sa curiosité l’avait poussé à s’approcher de l’objet avec prudence. Le métal était rouillé mais aussi souillé par autre chose. Lui aussi commença alors à entendre des suppliques, faibles et diffuses mais l’intensité de la corruption ambiante était telle que même sa protection naturelle au Côté obscur trouvait ses limites. A un moment même, il sentait comme une pression le long de son casque, telle une main invisible qui glisserait du haut vers le bas de son visage. Tous les gardes royaux commençaient à subir les effets de ce sombre endroit, les soumettant tous à un stress et des angoisses violentes. Ils gardaient une certaine concentration grâce à leur maître qui projetait en eux une sorte de barrière mentale juste suffisante pour préserver leur mental.

Valtus lui aussi percevait toute cette corruption. Son esprit s’affairait activement à la repousser et la maintenir à distance pour ne pas succomber à son attrait. La chose pouvait sembler curieuse pour un Sith car une telle corruption, pourtant émanation du Côté obscur, présentait une source de pouvoir immense a porté de main. Une puissance gratuite et si facilement accessible sur laquelle la plupart des Sith se précipiteraient. Mais quelque chose dérageait le monarque de Sigil. De son propre point de vue, il estimait posséder une perception fine de la Force et de son Côté obscur si bien qu’il pouvait déterminer lorsqu’il y avait une anomalie. Il y en avait une. Pour lui, aussi improbable que cela puisse paraître, le Côté obscur présent partout aux alentours était… corrompu. L’obscurité corrompue et imparfaite était synonyme d’imprévisibilité, de perte de contrôle et donc par essence de danger, même pour un Sith aguerri comme Valtus. L’ombre combattait l’ombre...

Aussi, lorsque Gary posa sa main sur lui pour le mettre en garde, le Sith ne put qu’acquiescer. Il sentait le trouble qui était en train d’assaillir le Jedi. Son esprit pourtant bien solide s’effondrait au crépuscule de la lumière qui le protégeait.


 « Ces ténèbres sont mauvaises, même pour moi. »

Le contact entre les deux antagonistes produit un effet inattendu, à nouveau. Leurs auras se renforcèrent au lieu de s’affaiblir, comme si la Lumière et l’Obscurité consentaient à s’unir et à collaborer pour faire face à la Corruption. Le trouble qui accaparait l’esprit de Gary serait momentanément aboli. Mais pour Valtus, la charge physique que tout cela impliquait devenait trop lourde. Il ne pouvait maintenant sa propre protection, celle de ces gardes et se lier comme il était en train de le faire au Jedi. La Force ne lui laissait pas le choix en vérité, c’était plus fort que lui. C’est ainsi que la barrière qui protégeait ses gardes s’affaiblit rapidement.

Il y eut alors ces bruits inquiétants, de plus en plus proche. Presque en simultané, les casques intégraux des gardes de Valtus affichaient des alertes de proximités sur la visière. Les sphères se reconfigurèrent automatiquement de manière à éclairer plus fortement en direction des créatures en approches. Elles étaient nombreuses…

Aussitôt en vue, Valtus activa à son tour son sabre-laser. Les gardes eux pointèrent leur fusil-blaster. Les premiers cris et hurlements se firent entendre. Les créatures à la peau d’écailles blanches et grises, aux orbites vides de leurs yeux et aux bras plus grand de la normale se mirent à charger. Aussitôt un torrent de lumière rouge illumina la salle dans laquelle il se trouvait. Les tirs des fusil-blasters fusaient et frappaient les créatures qui s’effondraient aussitôt atteinte par un tir. Si la première ligne fut vite abattue, elle fut quasi immédiatement remplacée par une autre. Les créatures étaient des dizaines, de plus en plus nombreuses et arrivant de nul part. Le groupe s’était resserrer. Les gardes avaient été obligé ranger leur arme d’assaut et de dégainer eux-aussi leur lame laser. Là aussi, les créatures tombaient comme des mouches. Elles tombaient même trop facilement… Elles n’attaquaient pas en vérité, elles se contentaient juste de charger, bêtement de charger poussant ainsi le groupe à reculer ou plutôt à s’enfoncer plus dans les ténèbres.


 « Mon seigneur ! Les créatures sont trop nombreuses ! Elles vont nous submerger !

Valtus l’avait bien compris lui aussi. Gary qui venait de trancher une créature grâce à ses griffes lasers devait lui aussi s’en être rendu compte. Ils devaient fuir. Mais cette idée n’enthousiasmait pas du tout le Sith. Ce n’était pas la fuite en soi qui le dérangeait. Non. Mais prendre la fuite les obligeaient à s’engager dans un nouveau tunnel, celui qui se trouvait à présent sur leur droite, derrière eux, d’où émanait encore plus de corruption. Les créatures étaient tellement nombreuses à se précipiter que leur pas faisait même vibrer le sol et les parois.

 « Nous n’avons pas le choix… vite ! Dans le tunnel ! »

L’ordre de repli était donné. Valtus rassembla ses forces pour lancer une série d’éclairs de Force en guise de distraction et dans l’espoir de leur laisser suffisamment de temps pour fuir. Cela fonctionna. Mais alors que tous se précipitaient pour rejoindre le nouveau tunnel, le sol se mit à craquer et à se fragmenter. Tout le groupe tomba dans un trou qui venait de s’ouvrir à la faveur de fragilité de la masse rocheuse.

La chute ne dura pas longtemps, quelques dizaines de secondes en vérité et se termina… dans l’eau. Une eau limpide qui occupait les deux tiers d’une caverne au bout de laquelle se trouvait des marches sculptées dans la pierre, puis un porche au-delà duquel se trouvait d’autres marches conduisant dans un couloir sombre montant.

Chacun des membres du groupe avait pied, l’eau leur arrivant seulement un peu au dessus de la taille. Valtus fit un rapide tour d’horizon. Il n’y avait aucune perte cette fois… Bien que les sphères lumineuses n’avaient pas suivies, la caverne était relativement éclairée. En effet, le fond de l’eau et à de nombreux endroits sur les parois abruptes serpentaient des sillons violacés phosphorescents. Le trou béant au dessus d’eux laissait passer les cris et complaintes des créatures qui visiblement n’osaient pas descendre.

Rapidement, tous se mirent à sortirent de l’eau pour rejoindre la berge rocheuse. C’est alors qu’ils sentirent… la putréfaction. Une intense odeur de putréfaction qui émanait de ce couloir sombre, seul sortie qu’il était possible d’emprunter.


 « Ces créatures… leur comportement était étrange. Elles ne cherchaient pas à nous attaquer comme des prédateurs avides de sang. Elles voulaient ne repousser et nous obliger à aller là où elles l’avaient décidées. »

 « Ou bien … là où on leur a commandé de nous conduire... »

Fen ne s’était pas rendu compte qu’il avait parlé à voix haute. Ce qui était de l’ordre de sa réflexion personnelle venait subitement d’être ajouté à la discussion, sans qu’il ne le veuille et sans y être invité.

 « Fen ! »

 « Pardonnez moi, mon seigneur ! Je ne me suis pas rendu compte que je n’étais pas ma place ! »

 « Effectivement… mais développez votre réflexion néanmoins.»

Fen se sentait gêné, terriblement gêné mais le comportement des créatures lui avait rappeler ce qu’il avait lu un jour dans un article spécialisé en anthropologie, sur l’holonet impérial.

 « Des scientifiques impériaux ont récemment étudiés une colonie insectoïde sur Géonosis vivant en sous-sol. La colonie était beaucoup plus primitive que celles vivants en surface et avait cette particularité d’être commandée par un esprit de ruche. Un esprit unique, celui de la reine, qui pouvait commander à loisir et sans contrainte chaque membre de sa colonie ou bien les faire agir ensemble avec une coordination parfaite. L’expédition avait été attaquée et contrainte de regagner la surface au bout d’un moment.

J’ai trouvé qu’il y avait des similitudes entre le comportement de ses créatures et celui décrit par les scientifiques sur Géonosis.


Valtus lança un regard perplexe au Jedi.

 « Intéressant… Vraiment…  Si je ne me trompe pas ces créatures énuclées étaient des autochtones. De ce que j’en sais, les phindiens n’ont rien de comparables socialement avec les géonosiens. Ces créatures n’ont même rien à avoir avec les phindiens eux même. Plus d’œils, une peau d’écailles…

Je n’ai jamais été confronté à pareil corruption quelle soit physique ou bien de la Force et du Côté obscur… »


Les évènements étaient tel des morceaux d’un puzzle qui commençaient à assembler une hypothèse qui n’allait réjouir personne. Valtus n’avait jamais été confronté à pareil chose, c’était un fait. Mais néanmoins ce n’était pas inédit pour lui… Ses lectures de rouleaux antiques dans les Archives de Korriban lui revenait. Des récits d’anciens Siths versés dans un art sombre et malsain mais qui fit néanmoins la gloire de l’Ordre. Des « alchimistes » comme on les appelaient jadis…

Cette inquiétude soudaine de Valtus pouvait vraisemblablement se percevoir dans la Force. Elle était réelle et palpable. Les souvenirs de ses lectures lui revenaient à la mémoire. Les récits des expériences étaient terrifiantes à plus d’un titre. Ces récits étaient laissés en libre accès aux acolytes et aux apprentis afin d’attiser leur curiosité, leur soif de pouvoir, susciter potentiellement en eux une vocation mais surtout leur montrer combien le Côté obscur était puissant et pouvait remodeler jusqu’à l’essence même de la nature. Tout ceux que Valtus avaient connus et qui s’étaient essayés à l’Alchimie Sith étaient mort soit en succombant à leur folie soit en étant victime de leur propre expérience.


 « Là où il y a destruction, il y a création... »

Valtus venait de murmurer la citation d’un Sith alchimiste qui lui été resté en mémoire.

 « Reprenez vos forces, Maître Jedi… vous allez en avoir grandement besoin ! »

Gary n’était le seul qui devait reprendre des forces. Car s’il s’agissait bien d’Alchimie Sith, le pire était à craindre. Les ceintures multi-fonctions disposaient toutes d’un compartiment dans lequel se trouvait des rations de survie. Pas de quoi faire un repas mais assez nourrissante pour donner un coup de fouet. Une fois cette petite pause terminée, tous s’engagèrent dans le couloir et commencèrent à grimper les marches. Ilona avait pris la tête du groupe brandissant son sabre-laser pour éclairer la voie. Le couloir n’était pas large, à peine assez que se tenir par deux côtes à côtes. Il n’était pas très haut, à peine trois mètres. Par sécurité le groupe évoluait donc les uns derrières les autres, en quinconce.



Gary Kovani
Gary Kovani
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Je chute. Mon hoquet de surprise se noie dans les eaux glaciales. L'air s'échappe de ma gorge en une multitudes bulles, une écume mousseuse qui s'élève vers une surface aussi sombre que ses profondeurs. Je flotte dans les ténèbres. Une poche d'eau souterraine, frigide, traîtresse, assassine. Abandonnée par les rayons ardents de l'astre diurne depuis d'interminables millénaires. Elle se venge, aspirant la chaleur de mon corps, devenu un amas de chairs frissonnantes, de muscles figés, tétanisés par le choc thermique. Sans ma volonté, j'aurais été happé, telle une pierre, vers les fonds insondables. Mais je ne suis pas de ceux qui abdiquent aussi aisément. Puisant dans la maigre énergie qu’il me reste, résidu de ce qui fut un flot d'adrénaline, je plie les genoux, pour me propulser en direction des ombres mouvantes créées par les sphères lumineuses qui jouent avec les flots déchainés par notre volonté de survivre. Je crève la surface, gueule ouverte, aspirant assez d'air pour m'en faire éclater les poumons. Dans un chaos né des échos entremêlés de nos clapotis désorganisés, le petit commando s'en échappe, gravissant les marches creusées à même la roche, sous une arche. Quelqu'un a construit cet endroit. Pour une raison obscure, malsaine... Et nous nous jetons dans son antre.

Lorsque je parviens enfin à rejoindre les autres, je suis frigorifié. Les tremblements ont cessé, preuve de l'hypothermie toute proche. Je ne sens plus mes extrémités. Je m'assois. Les marées ténébreuses dans la Force assaillent mon esprit, sapent mes barrières mentales déjà malmenées. Les liens ténus nous unissant tous sont autant de passerelles pour les émotions négatives, celles-là même qu'un Jedi devrait récuser... Mais je n'en ai plus vraiment la volonté. Le doute s’immisce dans mon esprit, et avec lui la peur naissante des membres du commando les moins solides. Ils sont devenus les marionnettes des flux obscurs. Qui joue avec leurs émotions. Qui décuple les plus négatives. Qui exacerbe les phobies irréelles. Sans Valtus et moi-même pour stabiliser inconsciemment leurs esprits, au moins l'un d'eux aurait succombé à ses démons intérieurs, volonté brisée en millions d’échardes qui crèvent l’âme. Le Seigneur de Sigil, roc sombre sur lequel s’appuyer, robuste. Moi, socle lumineux, stable, sur lequel préserver son équilibre.

Je ferme les yeux, alors que l'un des sbires de Valtus énonce son étrange théorie. Je me concentre sur moi-même, sur mon propre corps. Un état méditatif, mais en surface seulement. A travers la Force, je prends pleinement conscience de mon enveloppe charnelle, des vêtements qui l’enserrent de leur étau glacial. Je perçois la signature singulière des molécules aqueuses, cramponnées sur ma peau bleuie, agrippées aux mailles pourtant serrées du tissu synthétique devenu linceul. Je puise dans mes ultimes ressources pour les chasser. La Force se dissimule en toute chose, elle est la trame qui unit et assemble les éléments chimiques de cet univers. Rien ne peut y échapper. Je presse, doucement, subtilement, sur les particules d’eau. Elles vibrent d’abord, imperceptiblement, avant de subir les effets de la télékinésie. Je les repousse. Elles dégorgent de mes vêtements, dégoulinent de ma silhouette, ruissellement jusqu’à mes pieds. Avant de regagner, ru nonchalant, le lac souterrain redevenu placide, en dévalant sur les marches de pierre. Une placidité annonciatrice d’une terrible tragédie.

Pendant ces quelques minutes, alors que mon esprit déambule dans les limbes de mon inconscient, une théorie nait. Malformée, prématurée, mais qui dissimule, je le sens, une once de vérité. Elle me perturbe, se fait l’écho des craintes que je ne maitrise plus. Aussi, je préfère la chasser, pour le moment. Je rouvre les yeux lorsque Valtus m’interpelle. Je dodeline du chef. Oui. Il me faut reprendre des forces. J’imite en silence ses gardes qui déchirent l’emballage insipide de rations de combat. Elles n’ont ni gout ni odeur. La texture d’un carton que l’on mâchouille. Mais chaque coup de dent libère un véritable cocktail détonnant de vitamines, de protéines et de glucides analeptiques, qui allume un feu salvateur dans mon estomac. J'ignore ce qu'ils y ont mis, je ne préfère même pas le savoir : l’effet est immédiat. Je recouvre les sensations abandonnées aux eaux, débarrassé de la fatigue physique, de la lassitude mentale. Je me redresse, en grognant, muscles ankylosés qui me supplient de leur accorder un temps dont nous ne disposons pas.

La petite troupe se remet en branle. Nul besoin d’énoncer les évidences pour convaincre chacun de la nécessité de sortir le plus rapidement possible de ce guêpier. L’arche de pierre s’ouvre sur un énième tunnel. Peut-être plus large et haut que les autres. Dépourvu de sculptures ou de fresques. Une minéralité brute qui tente de nous broyer, de nous avaler. Sabres et fusils levés, nous progressons sans rencontrer d’adversaires. Mes griffes orangées créent un jeu de lumière qui creuse encore plus mes traits harassés.  Les créatures qui nous ont poussé jusqu’à ce gouffre ont disparu… Alors ma théorie refait surface. Je décide d’en parler. Je remonte la colonne pour me placer au coté du Seigneur qui ouvre la voie :

« Et si nous avions été victimes d’hallucinations ? J'ai déjà lu des récits similaires, ou des Jedi trop prétentieux se précipitaient dans des grottes hantées par l'obscurité, sabre au clair, avant d'être assaillit par les peurs qu'ils enfouissaient jusqu'alors au plus profond d'eux. »

Je développe ma théorie, voix posée, yeux perdus dans les ténèbres au bout du corridor rectiligne :

« J'ai... Touché cet os, et subitement, il s'est réduit en poudre sur mon gant. Pourquoi ai-je immédiatement fait le rapprochement avec la montagne au-dessus de notre tête ? Comme si cette idée était déjà inscrite dans mon esprit. Et les créatures qui nous ont attaquées : n’est-ce pas étrange qu'un de tes hommes ait une explication instinctive aussi plausible ? Comme si ces démons étaient sortis de son propre crâne ? L'un de nous a t'il été blessé  ? Non... »

Je le tutoie, sans même m’en rendre compte. Chaque épreuve nous rapproche. Tels des aimants. Devant nous la noirceur est si dense qu'elle joue avec mon imagination, je crois deviner des formes, des silhouettes qui dansent dans les airs, auréolée d’une vague lueur bleutée, éthérée, comme les spectres d’un autre temps.

« La Force est si profondément corrompue qu'elle distord nos perceptions. Elle ne pousse vers la folie. »

Comment réconforter et remotiver une équipe ? Je n'ai certainement jamais lu ce manuel. Seule la vérité la plus tranchante s'échappe de mes lèvres qui commencer à recouvrer leur couleur miel habituelle.

« Plus nous nous approcherons de sa source, plus nos visions tenteront de nous briser. »

Non, je ne rêve pas. Une lueur bleutée, à peine perceptible, éclaire le fond du tunnel. Je ne suis pas le seul à la remarquer. Intrigué, nous éteignons nos armes, nos sphères. Devant nous, à une trentaine de mètre se découpe une nouvelle arche nimbée de cette lumière tamisée bien plus visible dans la pénombre. Attirés comme des papillons, nous avançons vers elle, souffle coupé…

Le corridor s’évase. Nous découchons dans une vaste cavité sphérique. Une cloche de pierre où étuve le Mal incarné depuis des temps immémoriaux. Je me fige, muscles tétanisés. Je peine à respirer, comme si l’air trop lourd refusait de passer la barrière de mes poumons. Au centre du dôme minéral, trône un autel sacrificiel, brut, surréaliste sous la lueur bleutée des mousses bioluminescentes qui ont colonisées le plafond. Des centaines de vers luisants flottent tout autour de nous. Ils sont difformes, leurs silhouettes dévorées par des grosseurs malignes. Je tousse, nauséeux. L’air est saturé des relents acres de la putréfaction. Car toute l’horreur réside au pied de cet autel. Une masse informe de corps emmêlés, en décomposition lente, qui tendent désespérément leurs bras décharnés vers l’artéfact. Un octaèdre noir, aux reflets métalliques, aux arrêtes agressives, qui flotte à quelques centimètres au-dessus de la stèle noircie, corrodée par le sang. Ceux, qui comme nous, ont été attirés jusqu’ici, ont été incapables de briser l'étreinte de la corruption, malgré tous les efforts. Depuis ils sont lentement digérés, momifiés, par les rares insectes qui survivent à ses marées. Tout mon entrainement Jedi n’y peut plus rien : je suis terrifié. Une voix d'outre-tombe, surement une autre illusion, nous accueille en psalmodiant des malédictions dans une langue ancienne, rêche, anguleuse... J’ignore comment, mais j’identifie immédiatement la nature de l’objet sinistre :

« Un artefact Rakata... »

Quelque chose tombe derrière, je me retourne aussitôt. L’un des hommes de Valtus s’est écroulé. Son corps se contracte, terrassé par des spasmes, comme une crise d’épilepsie. Un autre trésaille, retire son casque avec précipitation, révélant des larmes de sangs qui inondent ses joues, ses globes oculaires devenu deux boules rouges incandescentes. Il s’effondre à son tour. Réalisé ou fantasme ? Je ne suis plus incapable de penser avec cohérence... La panique gagne le groupe, décuplée par le lien qui nous unit tous.

Je capte le regard du Seigneur Sith. Il brille d'une multitudes de sentiments contradictoires. Sur moi, sur la mission, sur les hommes qui nous accompagnent. Dans son esprit, germent le doute. La corruption nous grève, mentalement, physiquement.

« Donne moi ta main. »

Une requête saugrenue, presque puérile. Ma voix tonne brisant le silence morbide.

« Nous devons nous unir, dans la Force. La puissance brute, bestiale, de ton obscurité. La tempérance, la frugalité de ma lumière. Ensemble, je le crois, nous pouvons repousser les marées de la corruption… »

Je ne lui laisse pas vraiment le choix. Je saisi sa main et le tire vers moi. Presque corps contre corps. Je ferme alors les yeux, et projette mon aura aussi loin que possible, repoussant péniblement la corruption. J'enrobe Valtus de cette chaleur réconfortante, semblable à celle que procure les bras d'une mère aimante, ou l'étreinte d’un amant dans les moments de déprime. Mais contrairement à l'expérience dans la forêt, pour échapper au droïde, je garde mon esprit calfeutré derrière mes propres défenses. L'ici l'enjeu n'est plus de fusionner nos âme, mais de noyer nos auras pour ne former, du point de vue de la Force, qu'un seul être hybride, ni sombre, ni lumineux, seulement gris. Un monolithe capable de résister aux assauts de la Force dénaturée par l’artefact.

« Ensemble. Jusqu’à la mort. Ou jusqu'à notre salut. »
Darth Yrlion
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Le Lion et le Rat


Spoiler:

La corruption est comme une plante parasite. Elle naît à l’abri des regards, se confond avec les autres espèces alentours, pousse en s’enroulant autour d’une de ses semblables incrédules. Déjà ses ramifications s’infiltre dans le corps pourtant solide de sa victime et vampirise ses réserves vitales, l’affaiblissant lentement jusqu’à la priver de toute résistance et enfin la faire disparaître et la supplanter…

La troupe de musiciens en grands habits de parade jouait une musique festive et entraînante. Les convives, tous des hautes noblesses, dansaient au rythme de la mesure avec dignité et distinction. Une gaieté retenue, parfois surjouée, parfois subie ou feinte, mais l’ambiance était indéniablement à la fête dans la salle de réception du palais royal de Sigil.

Valtus était debout devant la grande baie d’observation. Le reflet de la surface cristalline lui renvoi sa propre image vêtue d’un habit royal. Mais il ne portait pas de couronne. Sur le dessus de sa veste noir était enroulé une écharpe rouge brodée de fil d’or et d’argent. Celle des princes de Sigil.

En se tournant avec incompréhension, le roi redevenu prince observa la scène. Les décorations, les personnes présentes, l’ambiance tout semblait si familier et identique … à ses souvenirs.


 « J’ai déjà vu ça... »

 « Vu quoi, mon fils ? »

L’échine de Valtus se courba en voyant l’homme qui venait de le rejoindre et de lui porter l’interrogation. Son père. La chose était impossible… Pourtant il était bien là, devant lui, aussi noble et imposant qu’il était. La musique s’interrompit alors pour laisser un jeu de cuivres sonner un moment important.

 « Allons… ne traîne pas. On nous attends sur le trône. »

Incapable de parler, Valtus regardait son défunt père le quitter et rejoindre la mère la Reine et son grand frère qui venaient de faire leur entrée. L’instant d’avant, il était en compagnie de sa garde royale et du Jedi devant cette relique d’un temps fort lointain. A présent, il se retrouvait plus de vingt ans en arrière, le jour où il avait tout perdu…

Bien qu’il soit dans sa forme adulte, Valtus se sentait revenu comme le petit enfant qu’il était à l’époque à ceci près qu’il savait ce qui était sur le point de se produire.


 « Non… Père !! »

Le souffle haletant, Valtus chercha à rejoindre son père. Le cœur agité par la peur et l’angoisse, il tendait la main pour l’atteindre et le mettre en garde. Mais personne ne semblait l’entendre. La foule qui s’était rassemblée autour et devant empêchait cependant toute progression. Plus il tentait de forcer le passage et plus la foule se resserrait en réaction à ses vaines tentatives. Sa vision matérialisait à l’identique tout ce qu’il avait en mémoire de ce jour funeste dont il était à présent spectateur. Il perçu alors le froid et la noirceur le frôler… Le capitaine des mercenaires. Le seigneur Sith aguerri par ses années d’entraînement et d’expérience tressailli pourtant à la vue de cet individu. Il était désemparé et tout son être semblait ébranlé par sa personne. Le mercenaire qui ne semblait ignorer totalement sa présence se stoppa l’espace d’un instant. Le visage dissimulé sous un morceau de tissu, il se tourna alors vers Valtus et dévoila son visage au grand jour… C’était le visage d’un  Jedi… celui de Gary qui le regardait d’un regard malin et jubilatoire. Cela ne dura qu’une seconde avant qu’il ne remette sa capuche et s’en aille plus avant. La seconde suivante, les tirs de blasters fusèrent de partout et les lames de sabre-lasers commencèrent à trancher…
Dans la panique la foule se dispersa rapidement mais un noyau solide restait toujours agglomérée autour de Valtus, l’empêchant toujours de se déplacer. Tentant de se dégager, le Sith remarque que ces individus n’avaient pas de visage, pas d’oeils, pas de bouche, pas de nez, mais une simple surface lisse.


 « Hahahahahahah !! »

Une voix féminine raisonna dans toute la salle alors qu’un mouvement de sabre-laser détachait la tête de la mère de Valtus de son corps. C’était Farz Teneb qui avait commis cet acte à l’époque. Mais présentement, ce n’était pas lui. L’individu portait les mêmes vêtements que lui, les mêmes atours de parade… mais il s’agissait d’une femme. Ses courbes étaient sublimes et ses proportions harmonieuses. Ses cheveux d’ébène courait le long de sa nuque jusqu’à la limite de ses reins. La meurtrière se tourna alors vers Valtus qui subissait sa propre haine et sa propre détresse. C’était elle… Le regard envoûtant, presque hypnotisant, de Darth Therliss fixait Valtus avec un sourire cruel et rire victorieux à faire frémir. Valtus était incapable de parler tant ses émotions le submergeait. Therliss leva alors le visage comme pour le toiser de haut et l’invectiva d’une simple phrase.

 « Les faibles doivent périr... »

Spoiler:

Quelque chose vint perturber la vision. Un des individus qui immobilisait Valtus posa soudain une main sur son bras. Prit un sursaut, Valtus reconnu le visage de Gary qui s'adressait à lui avec vigueur.

 « Donne moi ta main. »

La pensée de Valtus était bloquée. Il ne savait pas quoi faire, ni quoi penser. Il était totalement perdu. Les rires sarcastiques de Therliss raisonnaient encore.

 « Nous devons nous unir, dans la Force. La puissance brute, bestiale, de ton obscurité. La tempérance, la frugalité de ma lumière. Ensemble, je le crois, nous pouvons repousser les marées de la corruption… »

L’obscurité. L’évoquer provoqua comme un déclic chez Valtus qui commençait à reprendre ses esprits. Sa main était jointe à celle du Jedi. Il se sentait lourd du poids de la corruption qui grimpait le long de sa chaire et qui ébranlait son esprits jusque dans ses fondations. Mais le Côté obscur était toujours en lui, puissant, indomptable et mue par la rage de vaincre cet ennemi perverti.

A présent unis physiquement à Gary, Valtus percevait aussi leur union dans la Force. La Lumière et l’Obscurité s’unissait naturellement, laissant tomber cette opposition naturelle et irrésistible. La vision avait disparût et Valtus avait repris complètement ses esprits. Cette étreinte et cette union de circonstance étaient en train de fonctionner. La corruption commençait à reculer…

Un recul qui n’était pas du goût de l’artefact. Le son aigu et les grésillements qui sortaient de lui montraient qu’il semblait se débattre vigoureusement, comme s’il était habité d’une volonté propre, amplifiant l’intensité de la corruption qu’il diffusait.

Gary et Valtus ressentirent aussitôt cette contre-attaque qui repoussait leur unique aura jusque dans ses retranchements, essayant de projeter en eux des visions contradictoires dans le but de les déstabiliser… La lutte était rude. Le forces combinées des deux sensitifs étaient en train de chuter. Le sith plongea alors son regard dans celui du Jedi.


 « Ensemble… Pour notre salut ! »

Il était temps d’agir. La même idée naquit dans l’esprit de l’un et de l’autre. L’artefact les attaquait à travers la Force… mais il était impuissant dans le monde physique. Ils tendirent alors chacun une main en direction de l’octaèdre antique. La projection unifiée d’éclairs et de vagues de Force vint le frapper et commencer à mettre à mal l’intégrité de sa structure. Cela fonctionnait. La faune putride alentour s’agitait d’agonie et la caverne tout entière était saisie de secousse de plus en plus forte. Dans une ultime attaque, les deux sensitifs lancèrent une dernière projection qui fractura l’artefact en son cœur et le brisa sur la moitié supérieure de sa structure. L’artefact s’était éteint.

C’était une victoire mais le groupe n’avait pas le temps de la savourer. Les vers luisants difforment se détachaient de la roche et tombaient les uns après les autres, faisaient comme une pluie de cadavres. Les corps en putréfactions étaient en train disparaître comme consumés par un feu invisible vorace. Avec eux, la caverne était en train de s’effondrer. Les gardes royaux étaient tous présent, même ceux qui s’étaient effondrés ou étaient morts quelques instants auparavant. Ils étaient inconscients, certains portant des traces de sang au creux des oreilles, sous le nez ou encore le long de leur joues, mais commençaient déjà à reprendre leurs esprits. Le temps jouait contre eux. Gary et Valtus se précipitèrent pour les aider à les relever vigoureusement, sans ménagement pour leur propre salut. Même la capitaine de la garde en prit vite conscience et même si elle hésite une fraction de seconde, elle se saisit de la main que lui tendait Gary pour l’aide à se relever.

Derrière l’artefact meurtri se trouvait une seconde arche qu’aucun n’avait vu jusque là. Tous se précipitèrent aussi vite qui possible à travers elle et montèrent les longues marches qui conduisaient à des niveaux supérieurs. Un énorme panache de fumée précédé par un bruit sourd inonda l’escalier étroit et longiforme qui semblait d’une longueur sans fin.

Les escalier débouchaient sur un nouveau tunnel du même type que le premier qu’il avait emprunté à ceci prêt que ce dernier était parfaitement éclairé. La sortie du tunnel était légèrement en retrait à l’abri dans une cavité qui passait quasiment inaperçu. Les membres du groupe sortaient les uns après les autres… La corruption de l’artefact et son emprise sur eux n’étaient plus, cependant tous devaient encore en supporter les stigmates… dans leurs esprits. Pris par une fatigue qui n’était pas physique, Valtus posa une main contre la paroi du tunnel pour s’appuyer comme pour éviter de défaillir devant ses gardes. Il en appelait au Côté obscur pour se régénérer… plutôt pour tenter car sa concentration était encore hasardeuse.


 « Qu’est ce que c’était que cela, mon seigneur ? »

Valtus ne répondit pas immédiatement. Il cherchait ses forces mentales pour les rassembler et les réorganiser. Les flashs du capitaine des mercenaire sous les traits de Gary et de Therliss dans la peau de l’Usurpateur le hantaient toujours. L’illusion créée par l’artefact avait été si forte et intense qu’il éprouvait encore des difficultés à distinguer la réalité de la corruption de ses souvenirs. Après un moment, il réussit à articuler.

 « Une technologie antique issue d’une espèce éteinte depuis des millénaires… Des adaptes de la Force qui savaient la corrompre pour s’en servir comme base de leur technologie et leurs armes. »

 « Des abominations ! »

Le Sith se faisait violence pour retrouver ses esprits mais étrange sensation persistait. Les mots de Therliss après avoir décapiter sa mère : « Les faibles doivent périr... » Tel un tison, cette phrase marquait au fer rouge le Sith jusque dans ses entrailles.

 ** Hahahahahahah !! **

Ses rires raisonnaient à nouveau dans sa tête. Un rapide coup d’oeil lui fit remarqué que quelque chose troublait ses gardes et aussi le Jedi.

 « Cette voix… dans ma tête… je l’ai déjà entendue ... »

Les autres gardes confirmèrent et Valtus compris qu’il n’était pas le seul à l’avoir entendu.

 « Therliss... »

Au fond du tunnel, la porte blindée se déverrouilla laissant pénétrer un air vivifiant accompagnant une lumière vive et chaude.  Des soldats en armure se précipitèrent dans le tunnel pour encercler le groupe. Ils portaient tous une tenue mélange d’équipements de soldats impériaux et de guerriers mandaloriens. Résister était inutile. Dans la lumière, une silhouette impérieuse et aux courbes enivrantes apparut. Elle était habillée à la manière d’un seigneur Sith mais avec un bustier et une robe légèrement échancrés. Ses yeux faussement creusés par l’ajout de maquillage sombre lui donnait un air autant sévère que charmeur que ses cheveux longs aux reflets verts, parfaitement lissés, amplifiaient. Le claquement de ses cuissardes fines et élégantes raisonnaient dans le tunnel. Darth Therliss aussi belle qu’intimidante s’approchait.

 « Enfin !! Il t’en a fallut du temps ! « Trésor »... »

Il ne fallut pas longtemps à Valtus pour comprendre que Therliss ne s’adressait pas à lui… mais à Gary. La main câline qu’elle glissa le long de la joue du Jedi tout en tournant autour le confirma définitivement. Elle observa ensuite les gardes, principalement ceux encore casqués puis Valtus...

 « Quelle triste mine… Allons ! Un peu d’air frais et de lumière vous ferons le plus grand bien ! Et cela aura en plus le mérite de faire disparaître cette odeur de Bantha décomposé que vous exhaler si fortement ! Allez, oust ! Dehors ! »

Sous bonne escorte, le groupe fini par sortir du tunnel pour arriver dans une sorte de grande cour, immense même où était entreposés containers et cargos. Tout le sol était couvert de permabéton. Des tentes étaient dressées à une centaine de mètres de là tout autour d’un bâtiment central en forme pas tout à fait pyramidale. Ilona faisait partie des rares gardes royaux qui portaient encore leur casque. Curieusement, bien qu’on leur avaient confisqué leurs armes, les sbires de Therliss n’avaient pas pris la peine de leur lier les mains. En vérité, il n’avait pas vraiment pris de risque car à l’extérieur c’est tout un bataillon de soldats et de mercenaires de Phindar qui les attendaient. A dix contre un, le commando n’avait aucune chance. Les mains levées en l’air Ilona fit bouger  discrètement son poignet gauche. Sur l’écran tête-haute de son casque, une série de coordonnées s’affichèrent à la suite d’un schéma de triangulation. La capitaine commença à battre des paupières utilisant ainsi les commandes oculaires de son casque. « TRANSMISSION EFFECTRUEE» apparut dans son casque, en Basic, après quelques secondes.

Therliss prit une profonde inspiration et se plaça en plein dans un rayon de soleil comme pour prendre la pause.


 « Aaahhh… voilà qui est mieux ! Vous ne trouvez pas ? »

Son regard fixait Gary avec une pointe d’inquiétude, voir de panique qui tranchait avec son attitude décontractée.

 « Trésor ? Qu’est ce qui se passe ? Tu n’es pas content de me revoir ? »

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Maison de la Garde - Palais royal de Sigil // Deux semaines plus tôt

L’arène de combat couvrait une surface grande comme un terrain de Huttball. Le sol était couvert de terre et de sable fin dans son intégralité afin d’amortir plus ou moins les chocs. Des gradins et une plate-forme d’observation s’organisaient harmonieusement en cercle autour. Le terrain accueillait exclusivement les gardes royaux de Sigil à la fois pour leur entrainement mais aussi lors du grand tournoi qu’ils organisaient entre eux chaque année pour se confronter et entretenir une sorte de saine compétition entre eux. Loin de l’esprit de compétition présent dans les académies Sith, celui des gardes les poussaient à toujours plus de performances, d’améliorations et de techniques mais dans le seul et unique but de protéger Sigil et son roi légitime.

Matériels militaires divers, armures, combinaisons, machines sportives et de développement musculaires étaient à disposition. Mais il y avait aussi des droïds avec lesquels les gardes pouvaient interagir et contre lesquels ils pouvaient se battre.

C’est contre l’un d’entre eux que la capitaine de la Garde avait prévue d’affronter aujourd’hui. Portant ce qu’on pourrait appeler une tenue « décontractée » en vérité une combinaison militaire mais absente de tout renfort d’armure, Ilona brandissait sa vibro-lame d’entraînement avec assurance. Sa posture était inspirée d’une des formes de combat au sabre-laser communes aux Siths et aux Jedis mais différente car spécifiquement adaptée aux gardes royaux, sensibles à la Force mais pas autant que les membres de l’Ordre sombre ou lumineux.

Face à elle, un droïd d’entraînement spécialement programmé pour le combat rapproché. Lui aussi tenait une vibro-lame d’entraînement mais sa programmation se basait quant à lui sur les formes authentiques de combats au sabre-laser. Le programme que la capitaine avait sélectionné n’était pas inédit pour elle. Cette séance d’entraînement visait plus à parfaire encore plus les mouvements et enchaînements qu’elle connaissait déjà plutôt qu’à apprendre des nouveautés.

Le droïd se mit alors en mouvement et porta le premier coup qu’Ilona avait réussi à anticiper et à parer. Les attaques de la machine étaient précises et rapides, obligeant la jeune femme à user de tout ses réflexes et ses sens que la Force amplifiait, à sa mesure. Après une troisième parade, Ilona fit appelle à la Force et bascula en arrière en pliant ses genoux à l’équerre tout en maintenant son corps parfaitement droit. Elle frappa rapidement le droïd à la jambe gauche. Malgré ses algorithmes, il ne réussi pas à anticiper et parer le coup qui le fit trébucher en une gerbe d’étincelles. Le droïd se releva rapidement et attaqua à son tour. La riposte était fulgurante, au point qu’Ilona due faire une roulade en avant pour ne pas être frappée par la vibro-lame de son adversaire. Alors qu’elle se relevait pour lancer une onde de Force en direction du droïd, celui-ci se stoppa et reprit une posture d’attente, comme s’il venait de se désactiver. En vérité, il ne faisait que suivre son protocole de sécurité lorsqu’une certaine personne se trouvait à proximité.


 « Votre technique est presque parfaite, capitaine. Cependant, vous manquez d’un poil de flexibilité. Mais ce n’est qu’un détail… vraiment. »

Désactivant sa vibro-lame, Ilona s’inclina avant de se mettre au garde à vous devant Valtus.

 « Merci, mon seigneur ! »

Valtus s’approcha du droïd d’entraînement et lui ordonna de se retirer, ce qu’il fit sans attendre. Le monarque commença alors à retirer sa veste. Il se saisi du sabre-laser qui se trouvait à l’intérieur avant de la laisser tomber au sol sans la moindre délicatesse. Il jeta ensuite le sabre-laser au pied de sa capitaine.

 « Combattre un droïd est une chose… Montrez-moi ce que vous valez face à un adversaire de chaire et de sang... »

Tout en disant cela, Valtus avait retirer aussi sa chemise. Il était torse-nu laissant ainsi apparaître ses multiples cicatrices et stigmates de ses combats passés. Ilona n’était pas surprise en vérité car Valtus appréciait d’entraîner lui même régulièrement ses gardes. Mais il y avait quelque chose de différent. Il semblait impatient et dégageant une certaine forme d’animosité à son égard. Elle jeta alors sa vibro-lame au loin et s’accroupit pour se saisir du sabre. A peine l’avait-elle prit en main que Valtus se jeta sur elle en brandissant son propre sabre-laser.

L’attaque était fulgurante et la jeune femme dû user de la Force pour augmenter sa vitesse de déplacement pour éviter l’éviter. Mais ce n’était pas suffisant, Valtus se déplaçait aussi rapidement qu’elle et semblait anticiper le moindre de ses déplacements. Pour le moment, il se contentait simplement d’utiliser son sabre et n’employait pas la Force de manière offensive.


 « Cesse de te défendre ! Attaque moi ! »

Ilona était toujours surprise par l’agressivité dont faisait preuve le monarque. Il sentait même à travers la Force l’obscurité bouillonner en lui et dirigée contre elle. Elle para une nouvelle attaque mais il lui était impossible de contre-attaquer.

 « Est-ce tout ce dont tu es capable ?! Peut-être ai-je fait une erreur au final d’avoir choisi une capitaine aussi faible ? Oh… ou bien peut-être est-ce Vadic qui a fait une erreur ? »

Les lames des sabres venaient soudainement de s’entrechoquer comme si le nom de Vadic avait produit quelque chose chez la jaune femme. Valtus le remarqua et le sentit aussitôt dans son esprit.

 « Tes sentiments te trahissent… Quel a été le prix de ta trahison ?! Parle !! »

La méthode était assurément brutal et sans aucune subtilité mais Valtus savait à qui il s’adressait, il s’avait comment fonctionnait Ilona et savait comment la faire réagir et la pousser dans ses retranchements pour lui faire avouer la vérité.

 « Trahison ? Je… je ne vois pas de quoi vous voulez parler, mon seigneur. »

 « Vraiment ? Peut-être alors est-il temps de monter le niveau d’un cran... »

L’arc d’énergie créé par les deux lames lasers disparut à l’instant même où elle se séparèrent. Valtus venait d’envoyer une poussée de Force en direction d’Ilona d’un simple geste de la main. Surprise, la jeune femme ne put l’esquiver et fut projeter au loin à plusieurs mètres de là. Néanmoins, elle se rattrapa en effectuant une toupie sur elle même et réussi à atterrir, à moitié accroupi avec une main au sol pour se ralentir.

Le Sith percevait la colère et la haine que l’évocation de Vadic avait provoqué chez elle. Il avait touché juste. Mais la preuve de sa trahison n’était pas encore faite. Ilona était originaire des Terres de Malgarith et donc elle aussi inféodé à la duchesse, d’une certaine manière.

Ilona était toujours aussi surprise et incrédule face aux accusations que Valtus proférait contre elle. Comment pouvait-il envisager qu’elle ai pu le trahir ? Pour la première fois, la colère qu’elle ressentait trouvait un écho dans la Force. Se fixant sur Valtus, elle effectua un bond grâce à la Force pour l’attaquer. Le monarque feint d’être surpris et fit comme si elle avait réussi à prendre le dessus sur lui l’espace d’un instant.


 « « Fidèle, en tout temps. Loyal, jusque dans la mort. Dévoué, jusque dans mon âme, pour mon peuple et mon roi ! »

Cette fois, c’était Valtus qui était sur la défensive, il le faisait sciemment car il sentait que quelque chose se passait chez sa capitaine. Elle était plus agressive, beaucoup plus agressive. Ses attaques étaient plus brutales. Malgré cela, Valtus montrait implicitement qu’il gardait le contrôle du duel en parant ses coups d’une seule main.

 « Ah ! Des mots ! Ce ne sont là que des mots que j’ai entendu des centaines de fois ! Ces même mots que Muun Darell a prononcé avant de m’avouer sa trahison et la tienne ! Tu vas à présent le rejoindre dans la Force... »

Valtus n’attaqua pas plus qu’avant. Il se contentait de provoquer la jeune femme pour la faire sortir de ses retranchements les plus solides. A des fins de crédibilité, il envoya une salve d’éclairs qu’Ilona ne put parer. La douleur lui coupa net la respiration et lui fit poser un genou à terre. Mais à le grande surprise du Sith, elle se releva rapidement et repris ses attaques. Tout en parant les coups, Valtus l’observait avec une heureuse curiosité. Elle faisait preuve d’une pugnacité qu’il n’avait encore jamais vu en elle. Il commençait même à se demander si les instructeurs de Korriban n’avaient pas été trop hâtif à la juger inapte à suivre l’enseignement des Siths. Le coup que venait de lui porter Ilona l’obligea à faire un saut de Force pour éviter de se prendre la lame dans les jambes.

 « Bien…. »

[i]Ce mot de satisfaction prononcé par Valtus ne fut pas entendu par ilona qui ne semblait plus elle même. Du point de vue du Sith, cette fureur nouvelle était même irrationnelle mais il était enfin sur le point de comprendre le pourquoi de cette réaction. En effet, depuis le début du combat, il s’affairait à pénétrer l’esprit d’Ilona. En vérité, le combat n’était qu’une diversion destiné à occupé l’esprit de la jeune femme afin qu’il ne puisse pas se défendre et mettre en place les éventuelles fausses pensées qu’une lecture superficielle dans la Force qualifierait d’authentiques. En l’obligeant à se fixer sur le combat, Valtus pouvait facilement s’infiltrer et accéder à ses pensées profondes et découvrir ses réelles motivations.


 « Si je devais vous trahir un jour, mon seigneur, sachez que ce ne serait sûrement pas pour cette royale pourriture de Vadic ! »

Sa sincérité était sincère. Cette colère et cette haine qu’il avait ressenti n’était pas tourné vers lui mais vraiment vers la duchesse. Valtus lança à nouveau une poussée de Force en direction de sa capitaine. La fatigue du combat étant, elle ne pu pas plus l’esquiver et elle ne fut pas en mesure d’amortir sa chute. Elle retomba violemment et fut traîné sur plusieurs mètres. Contre toute attente, elle resta un instant ainsi allongée à terre avant de se relever et de se mettre sur ses genoux. Son sabre-laser était désactivé et elle le posa devant elle. Elle leva alors les yeux vers Valtus.

 « Je ne sais pas ce qui à été dit à mon sujet, mais ce sont des mensonges… Mais en acceptant l’honneur que vous m’avez fait en me choisissant comme capitaine de votre garde royale, je me suis engagée à vous obéir et à me soumettre à votre volonté, mon seigneur.

Alors… si votre jugement vous conduit à considérer que je suis une traîtresse… Je m’en remets à vous et j’accepte mon châtiment. Mon seul souhait est que le coup soit porté par votre main et non par un de ses droïd-exécuteurs. Comme tout bon guerrier, je veux mourir de la main de mon roi si je l’ai offensé. »


Valtus s’était rapproché d’Ilona, il était à porté de sabre pour lui ôter la vie. Brandissant son sabre et prêt à abattre sa lame, le Sith désactiva son arme au dernier moment. Ilona n’avait pas fermé les yeux mais c’est avec surprise qu’elle constatait qu’elle était toujours en vie et plus encore que Valtus lui tendait la main pour qu’elle se relève. Elle fini par la saisir. Tous les deux étaient en sueur et à présent que la tension commençait à redescendre, les premiers frissons apparurent sur la peau de Valtus.

 « Mon jugement est sans appel… Vous ne m’avez pas trahi, Ilona, Capitaine de la garde royale. Je le savais, mais je voulais en avoir le cœur net. »

[i]Ilona était en train de comprendre que tout ceci n’était en fait… qu’un simple test ?


 « Les mots ont un sens pour moi, mon seigneur. Mon serment d’allégeance signifie beaucoup, il est plus important que ma vie, il la conditionne et la guide chaque jour.

Est-ce que tout cela à un rapport avec ce qui s’est passé sur Nar Shaddaa ? »


Valtus opina du chef avant de remettre sa chemise.

 « Nous savons que c’est Darth Therliss qui est à l’origine de l’attentat. Elle a eut des soutiens ici, dans le palais, non seulement pour arriver à ses fins mais aussi pour découvrir des secrets qu’il seraient mal venu de révéler. Je ne pouvais me fier à personne jusqu’à il y a peu... »

Dans l’ombre d’un droïd d’assaut qui ne faisait que passer apparut alors le Maître-espion de Valtus qu’il prétendait avoir exécuté plutôt. Ilona le regarda un instant, elle ne percevait pas de menace. Elle comprenait toute la manipulation dont elle avait fait l’objet. Muun lui aussi était dans la confidence.

 « Des investigations sont toujours encours… mais il semblerait que Vadic participe activement à ce complot qui vise à me faire disparaître. Nous ayons mis la main sur le principal rouage de cette conspiration. Je dois cependant m’assurer qu’il n’y en a pas d’autres.

Et… je me réjouis que vous n’en faisiez pas partie, capitaine. »


 « Lorsque j’ai échoué aux épreuves de Korriban et que je suis retourné chez les miens… ce fut un terrible choc. Vadic a saisi tous nos biens, notre maison et a proclamé l’Indignité sur toute ma famille. J’avais honte de moi et mais j’étais plus en colère encore envers la duchesse. C’est moi qui avait échoué ! Ma famille, mes parents n’y étaient pour rien et ils ne devaient pas payer mon échec.

Alors… maintenant que j’apprends qu’elle complote et veux votre mort, mon seigneur… Dites moi comment je peux aider à vous débarrasser d’elle ! Avec tout le respect que je dois à une personne de son rang... »


[color=red] « Le moment n’est pas encore venu, capitaine. Pour l’heure, vous et Maître Darell allez coordonner vos efforts pour sélectionner les meilleurs éléments de la garde en vue de préparer une opération… spéciale. »

Valtus remit enfin sa veste sur ses épaules et fit un geste pour que Darell approche à son tour et prenne par à la conversation.
 


Gary Kovani
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Cinq jours plus tôt, base secrète de Darth Therliss sur Phindar,

« Tu sais ce que j'aime le plus chez toi, mon trésor ? »

La voix chaude, sensuelle, s’immisce dans mon crâne, de synapse en synapse, défiant le chaos des drogues qui noient la plupart de mes pensées cohérentes. Je secoue la tête, seule partie de mon corps qui m'appartient encore. Mes pieds et mes mains liées refusent de réagir à mes supplications mentales. Je gis, nu, sur un amoncellement de draps souillés par la débauche. Devenu l'objet des désirs sadiques d'une sorcière à la beauté fallacieuse. Aussi horrible intérieurement qu'elle resplendit extérieurement. Elle me domine, debout, jambes écartées, pointe de ses pieds posés sur mes avant-bras. Sa nudité, sous cet angle aguicheur, agite mes pulsions les plus primaires, dopées par le cocktail aphrodisiaque injecté par intraveineuse à intervalles réguliers.

« Lorsque je pose mes mains sur toi, tu deviens... un miroir. Et il n'y a rien de plus excitant que de baiser avec soi-même, mon trésor... »

Elle se laisse tomber, lentement, sur mon sexe maintenu en érection par la chimie complexe qui gonfle ses corps caverneux. Le contact, brutal, m'arrache un hoquet de douleur et de plaisir entremêlés. Elle se penche, plante ses ongles longs et pointu dans mon torse alors que son bassin entame des va-et-viens de plus en plus rapides. Je convulse. Un maelstrom d'émotions tyranniques m'assaillent. Elle ne m'appartiennent pas. Mais elle s'installent, impérieuses, dans mon esprit comme s'il s'agissait des miennes. Satanée psychométrie ai-je le temps d’esquisser, mentalement, avant que le tsunami m'emporte. Bribes d'images qui surgissent à leur tour, comme le reflet fracturé d'un miroir brisé. Kaléidoscope de couleurs et de sensations qui me laissent entrevoir des fragments du passé, et de la personnalité de Darth Therliss...

Haine. Une fillette malingre, pauvre, démunie. Battue, violentée. Sauvée par sa haine viscérale, essence de ses pouvoirs surnaturels.

Frustration. Des hautes silhouettes qui la maintiennent dans l'ombre. Un talent sous-estimé, sous-utilisé, résumée, bien trop souvent, à sa silhouette désirable.

Colère. Les échecs. Multiples. Un acharnement, qui ne paye jamais. Elle mérite bien plus. Beaucoup plus. Elle a donné et sacrifié bien plus que n'importe qui d'autre.

L'envie. Ce désir ardent de posséder tout ce dont elle a manqué plus jeune. Choses comme être vivants. Les autres ne sont-ils pas des choses dont on peut user librement, s'il n'ont pas la force de résister ?

Peur... Et si elle avait été trop loin cette fois-ci ?


L'orgasme me libère de ces pensées parasites. Je rouvre les yeux. Le visage la Sith n'est à quelques centimètre du siens, sourire malsain sur les lèvres. Elle se nourrit des échos de sa propre essence lovée dans la mienne. Elle est satisfaite. Une fois de plus... Mais cette fois-ci, au lieu de m'abandonner à l'équipe d'esclaves chargés de me nourrir et de me laver, elle reste assise sur le bord du lit, mains pressées contre son visage. J'ignore si elle va pleurer ou exploser d'une colère noire. Elle se reprend, se lève, se rhabille et me lance un regard assassin :

« Tu sais que tout est entièrement de ta faute, mon trésor... » Ses intonations glaciales m'arrachent un frisson. Elle sait souffler le chaud et le froid comme personne dans cette galaxie. Ses mots pénètrent mon enveloppe charnelle et lacèrent mon âme. « Si tu n'avais pas été là, sur Nar Shaddaa, ce misérable Valtus serait déjà mort. Tu ne fais que payer ta dette... Et crois-moi, plus d'un serait prêt à tout donner pour connaître pareil tourment... »


****



Les masques finissent toujours par tomber, révélant les cicatrices, les furoncles, tapis derrière. Destin inéluctable des mensonges, des non-dits, des intrigues que nous cherchons tous à étouffer, pour de bonnes ou de très mauvaises raisons...

Je détourne le regard de Valtus, incapable de soutenir le siens, d'y lire les terribles révélations qui y naissent. Je réponds plutôt à celle qui a fait de moi sa marionnette. Je ne cherche plus à dissimuler le dégoût qu'elle m'inspire. Ce jeu n'a que trop duré. C'est certainement cela qu'elle a senti. Elle a passé suffisamment d'heures à mes cotés pour décrypter chacune de mes pensées, chacun de mes gestes. L’excès de confiance conduit à la perte, pourtant.

« J'en ai assez oui » De telles paroles pourrait me valoir une exécution sans sommation. Mais ma lassitude mentale et physique est si intense que j'envisage la mort, à cet instant, comme une libération bienvenue. Je sais également que Therliss n'en a pas fini de jouer avec moi. Oui je payerai mes paroles, mais d'une autre manière. Une qui la satisfera, elle. Alors, je continue, ignorant sa moue faussement choquée. « Nous avions un marché. Je te ramène Darth Yrlion, et en échange je peux repartir avec l'un des anciens Jedi à ton service. » Elle m'a révélé, sur l'oreiller, que l'un d'entre eux croupit dans une geôle, depuis de longues années, car jugé inaptes à devenir un Sith acceptable. Therliss, n'est pas du genre à jeter ce qui pourrait servir un jour. Mais elle pourrait aussi m'avoir menti.

« Minute mon trésor. » Le lève un index et me l'agite devant le nez, comme on le ferait avec un enfant capricieux, ou un chien dressé qui se rebiffe. « Tu oses évoquer notre marché ? Oui, tu m'as bien ramené ce petit merdeux... Mais tu devais aussi te débarrasser de sa garde ! Il en reste encore beaucoup trop ! Et il n'a jamais été question d’abîmer mon putain d’Artefact ! » Sa voix monte dans les aigus, alors que sa main fend l'air. Elle s'écrase sur ma joue avec une telle fulgurance que j'en perds l'équilibre et tombe à genoux devant sa silhouette inquisitrice. « Si tu n'étais pas aussi... attirant, je t'aurais déjà tranché en rondelles et donné à manger à mes Vornskr ! Pourquoi tu m'imposes ça, mon trésor ?! Tu ne m'aimes donc plus ? »

Mon pouls pulse sur ma joue meurtrie, rougit, entaillé par l'une de ses multiples bagues serties de pierres aux arrêtes saillantes. J'observe le sol, en silence, bien dressé.

« Je me rends compte que je t'en ai demandé beaucoup... Alors je vais être magnanime... Pas de scène de ménage devant les invités de marque ! Relève toi, mon trésor. Pour te faire pardonner, tu n'as cas... Je ne sais pas... Tuer celle-là. Cette petite chose insignifiante. »

Elle désigne du menton, bras croisés sous sa poitrine généreuse, Ilona. Elle m'ordonne de l'assassiner froidement, comme on demandait à un chien d'aller chercher des pantoufles. J'ai un instant d'hésitation :

« Maintenant ? »

Pour toute réponse, je n'ai le droit qu'à un haussement de sourcil, qui signifie : ne me force pas à me répéter, tu ne vas pas aimer.

Ilona réagit aussitôt, mais est maîtrisée par trois mercenaires. Ils la maintiennent immobile, debout, bras ramenés dans le dos, impuissante. J'inspire... Expire. Une fois, un vieux maître m'a demandé jusqu'où je serai prêt à aller pour sauver un Jedi. J'y réponds en ce sordide jour. Sans un mot, je bondis. Mes griffes laser percent son armure au niveau de l'abdomen, pénètrent ses chairs. Après un ultime soubresaut, elle s’effondre. Je reste quelques secondes au dessus de son corps, puis me tourne pour faire face à Valtus, ignorant les applaudissements d'une Therliss aussi amusée qu'une gamine dans une boutique de bonbons.

« Oui, je t'ai... l’influencé pour te pousser à opter pour les choix les plus risqués, pour que tu perdes tes hommes les uns après les autres...  Mais sache que je ne t'ai jamais menti. Je t'ai prévenu qu'il y avait un traître dans notre groupe. Je t'ai parlé du pointeur laser que j'ai utilisé pour que le missile cible ta navette. Je ne pouvais rien te dire, j'avais donné ma parole. Mais j'ai tout fait pour que tu découvre la vérité. Je t'ai même aidé à détruire cet Artéfact...

Therliss m'a demandé de te ramener. Je l'ai fait... »
Un sourire amusé s'étire sur le coin de mon visage pourtant marqué par la fatigue et les regrets. « Tu voulais la trouver non ? J'ai tenu ma parole. Elle a peur de toi Valtus. Surtout maintenant que tu as détruit son précieux Artéfact... Elle a gravement sous-estimé tes pouvoirs. »

La réaction est immédiate. Le visage de la Dame Sith se déforme, métamorphosé par une colère insondable. Traits plissés, sourcils froncés qui n'en forment plus qu'un seul. Le monstre intérieur se révèle enfin à l'extérieur. Elle dévoile ses dents, prêt à mordre pour m'arracher la carotide. Sa main plonge vers sa ceinture, se referme sur la poignée de son sabre. Elle fait un pas dans ma direction... Et se fige.

« C'est intéressant tout ce qu'on peut trouver dans une ceinture tactique Sigilienne. On dit bien Sigilienne ? Ou Silglesque ? Siglian peut-être ? »

La mine de proximité, posée alors que j'avais un genou à terre, explose. Therliss à tout juste le temps de lever un bouclier de Force pour encaisser une partie de la déflagration. Tout le monde est soufflé en arrière, moi y compris. Dans un ultime élan, j'enserre le corps de Ilona, et disparaît avec elle sous le châssis trapu d'un véhicule blindé. Les mercenaires les plus proches sont secoués, déboussolés. Certains peinent à se remettre sur pied, blessés, sonnés. Le reste du bataillon, jusqu'alors éparpillés dans la base, se précipite dans notre direction, formant un troupeau indiscipliné mu par la peur et l'inquiétude. Malgré leur élan, il s'arrêtent rapidement.


Dans le nuage de poussières et de débris soulevés, deux silhouettes se font face. Une telle noirceur se dégage de la scène surréaliste, que plus personne n'ose bouger, parler, ou même respirer. Les auras entremêlées des deux Seigneurs Sith oppressent les esprits, même ceux insensibles à la Force. Sur nos épaules, pèse une chape invisible qui nous courbe l'échine, nous enserre la cage thoracique, et chasse de nos esprits tout envie d'intervenir. Lorsque deux prédateurs se font face, les proies que nous sommes se terrent.

Je relâche difficilement mon étreinte sur Ilona, bras crispés sur sa poitrine. Je peux la sentir se soulever lentement, trop lentement. Oui, elle vie encore. J'ai joué ma partition jusqu'à l'apothéose pour tromper la vigilance de Therliss. Mais dans mon ultime geste, je me suis assuré d'éviter les organes vitaux. Si moi-même je veux survivre au courroux inéluctable du Roi de Sigil, j'ai tout intérêt à la maintenir... Alors pendant que le combat s’amorce, je fouille frénétiquement dans la ceinture tactique dans l'espoir de trouver un medikit, ou quelque chose en mesure de maintenir ses constantes vitales.
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Frégate «Drakyr » - Quelque part dans l’hyper-espace

Le silence était maître sur la passerelle du Drakyr. Seuls les vrombissements légers des générateurs de gravité artificielle, les sons émis par les consoles et les droïds d’astro-navigation ponctuaient ce calme quasi religieux. Chaque enseigne, chaque officier était à son poste, parfaitement concentré et affairé à remplir ses tâches avec sérieux, sous la surveillance de leur capitaine.

De là où il était, sur les hauteurs de la fausse tactique, le capitaine Elladan Tar gardait un œil attentif sur tout son personnel en se laissant aller parfois à observer de manière vagabonde la danse lumineuse de l’hyper-espace. Il avait débuté sa carrière en tant qu’enseigne de la Marine royale de Sigil, à bord d’un cargo de ravitaillement dont il était le pilote. Rien de bien transcendant pour un jeune homme rêvant de vaisseaux de guerre et de batailles spatiales. Puis il y eut Artorias et la bataille contre la flotte de la République. Sigil y avait envoyé un contingent de sa propre flotte pour soutenir l’attaque impériale. Tar venait d’être promu et réaffecté sur la passerelle d’une corvette pour l’occasion. Face à l’incompétence dramatique de son capitaine qui menaçait la survie du vaisseau et de son équipage, Tar avait dans un premier temps tenté de le convaincre mais face à l’obstination de son supérieur il décida dans un second temps de le neutraliser d’un coup de poignard en pleine poitrine, comme il était d’usage sur Sigil. Il sauva le vaisseau et son équipage. Le Haut-commandement sur Sigil n’y trouva rien à redire lors de son procès, non seulement le meurtre de son capitaine ne lui fut pas reprocher mais selon la coutume de la Marine, ayant par son acte sauver l’honneur de l’institution en éliminant « un élément inutile », il fut promu au grade de capitaine et se vit confier le commandement du vaisseau qu’il avait sauvé. Depuis lors et après presque vingt ans de service depuis son entrée à l’École navale, le capitaine de vaisseau qu’il était devenu avait su gagner respect et admiration au sein de la flotte.

Les deux gardes personnels de Tar ne bougèrent pas lorsque Munn Darell franchit le sas d’accès à la passerelle. C’est avec les mains jointe dans son dos et la démarche légère qu’il rejoignit Elladan devant les hublots.


 « Maître-espion, nous avons rarement l’occasion de nous retrouver ainsi côte-à-côte. Je me réjouis que ses circonstances particulières nous rassemblent et nous conduisent à collaborer. »

Darell restait visiblement impassible et n’avait même pas tourné son regard vers son interlocuteur.

 « N’avez-vous jamais penser à faire de la politique, capitaine ? J’ai rarement vu un officier aussi aimable que vous. Ou bien serait-ce l’appréhension d’avoir l’Egide à votre bord ? »

Tar tourna à nouveau le regard vers Darell avec un regard amusé.

 « De l’appréhension ? Il est de notoriété Maître-espion que l’Egide connaît tout sur tout le monde… Mon vaisseau, mon équipage et moi même ne faisons pas exception. Je peux vous assurez que vous ne trouverez aucun dissident à mon bord. Les femmes et les hommes exerçant à bord de ce vaisseau sont les plus fidèles à notre roi et à notre monde que j’ai pu connaître. J’en réponds comme de moi même. »

 « Allons, Capitaine… je ne faisais que vous taquiner un peu. Il va de soi que si l’Egide avait quelque chose à vous reprocher à vous ou à des membres de votre équipage, vous le sauriez déjà… ou peut-être pas. »

Darell s’amusait toujours à laisser quelques sous-entendus ici et là de manière à déstabiliser ses interlocuteurs et inconsciemment, les pousser à la faute. Tar semblait moins réceptif à cela que la moyenne.

Une enseigne installée devant la console de communication, située dans le côté gauche de la fausse tactique, interpella alors son officier-superviseur qui lui même interpella Tar.


 « Capitaine, nous recevons une transmission sur le canal crypté de la garde royale. Ce sont des coordonnées. »

 « Affichage. »

L’holo-projecteur de tête de la passerelle matérialisa alors une carte holographique de Phindar avec en surbrillance les coordonnées transmises par la capitaine de la garde.

 « C’est le signal, capitaine. »

Tar acquiesça et sentit l’adrénaline monter subitement en lui. Il s’adressa aux officiers présent sur la passerelle.

 «  A tous les commandements, alerte tactique. Navigation, sortie de l’hyper-espace. Placez nous en orbite basse de Phindar. Maître-espion, je vous laisse à vos devoirs, tenez-vous prêt.

Darell tourna les talons rapidement tandis que le capitaine donnait ses ordres.

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La saison chaude était déjà bien avancée sur Phindar. Le soleil, haut dans le ciel, inondait la région du complexe Darth Therliss d’une chaleur vive heureusement adoucie par la bise venue des montagnes avoisinantes. Mais là où les deux seigneurs Sith se faisaient face, la chaleur était absente totalement. Tous ceux présents aux alentours ressentaient le froid… un froid glacial, mordant et saisissant.

Leurs sabre-lasers en garde, Therliss et Valtus s’observaient, se jaugeaient, augmentant progressivement la tension environnante et donnant l’illusion d’une passivité pesante. D’aucun furetait le moindre mouvement, le moindre rictus sur les visages des Siths qui désignerait celui qui attaquerai en premier. Leur affrontement avait déjà commencé, en vérité. A travers la Force, dans les chimères invisibles et inaccessibles aux non-initiés, leurs auras obscures s’affrontaient avec vigueur, provoquant des perturbations violentes qu’aucun sensitif présent ne pouvait ignorer. Un préambule qui n’avait d’autre but que de prendre l’ascendance psychologique sur l’adversaire pour perturber ses émotions et le déstabiliser.

L’esprit de Valtus était particulièrement fragile en cet instant. Malgré le doute qui s’était installé en lui lors de leur fusion mentale, la trahison de Gary était inattendu ainsi que, plus encore, son lien avec Darth Therliss. Dans sa tête raisonnait une voix qui prononçait toujours le même chose.


 ** Quelle naïveté !! **

Cette voix féminine renvoyait à des souvenirs très lointain de l’enfance du monarque. Lorsqu’il était la cible de quolibets de son frère aîné et de sa propre mère.

** Naïf ! Naïf ! Naïf ! **

Les mots se répétaient inlassablement tantôt prononcé par la voix de sa mère… puis par la voix d’Ilona… Le visage de Valtus grimaçait. Son aura était en train de battre en retraite contrainte et forcée. La fusion mentale tout d’abord puis le champ psychique qu’il avait généré pour empêcher ses gardes de sombrer dans la folie l’avaient épuisé. Son aura ne cessait de reculer encore… Le visage de Therliss était rayonnant voir même jubilatoire tant son emprise était assurée, de façon déconcertante voir même décevante d’une certaine manière.

** Naïf ! …  Faible ! … Imposteur ! Hahahahahahaha ! **

L’impact psychologique sur Valtus était réel. Il commençait à être déstabilisé et il était le premier à s’en étonner. La Force était présente en lui mais le Côté obscur, lui, se comportait de manière étrange assurant comme un service minimum dans l’attente de quelque chose.

Therliss contemplait la scène avec enthousiasme. Son rival contraint de poser un genou à terre face à son pouvoir. Quelle jubilation ! Bien que toujours incandescente, la lame de Valtus pointait vers le bas, il semblait lutter de toutes ses forces pour lui résister… en vain. L’affaiblissement de son rival était tel qu’elle ne risquait rien à s’avancer plus près de lui. C’est ainsi qu’elle se rapprocha, la démarche séduisante, le pas léger et le regard vainqueur.


 « Vraiment, quand je te regard en cet instant… Votre Misérable Altesse… Je me demande encore comment tu as pu vaincre ton maître et gagner ton rang parmi les Siths ! »

La Sith était suffisamment proche de Valtus pour lui porter le coup de grâce. Tendant la main, elle le gratifia d’une caresse pleine de tendresse sur sa joue. Dans l’esprit de Valtus raisonnait la voix de Therliss qui récitait toujours la même phrase, comme un mantra.

 ** Les faibles doivent périr ! **

Valtus leva la tête vers Therliss qui le dévorait déjà du regard. Il ne disait toujours rien.

 « Supplie-moi et je t’accorderai peut être une mort digne d’un roi… Supplie-moi... »

Le sourire vainqueur de Therliss s’effaça rapidement. Retirant sa main de la joue de Valtus, elle recula même d’un pas. La Force était en train de lui parler… une perturbation… quelque chose approchait. Le ciel dégagé au dessus du complexe gronda aussi fortement qu’un orage au point que même l’air ambiant vibra sous l’effet de la réverbération. Un nouveau bruit rond et vibrant se fit entendre en provenance du sommet de la montagne la plus proche. La sorcière Sith et ses mercenaires observaient le ciel avec inquiétude. La victoire était pourtant à sa main… qu’est ce qui pouvait venir perturber son triomphe ?

Spoiler:

A mesure que le ronronnement se faisait de plus en plus fort apparaissait par delà le pic de la montagne, la corvette de débarquement larguée quelques minutes plutôt par le Drakyr en orbite.

Spoiler:

La coque noire du vaisseau s’ouvrait déjà de part et d’autre pour permettre aux navettes d’assauts d’agir. Rapidement la corvette se plaça au dessus du complexe, c’est alors qu’une voix grave se fit entendre dans le ciel.

// Déposez les armes ! Par décret impérial ce monde est placé sous l’autorité de son Altesse Royale Valtus Premier du nom. Déposez les armes et constituez vous prisonniers. Toute résistance est futile et sera punis de mort ! //

A travers la Force et malgré son affaiblissement, Valtus percevait l’effroi et stupéfaction chez Therliss.

 «  Non… Non… C’est impossible ! »

Au delà de la présence des troupes menaçantes au dessus de sa tête, c’est cette mention en particulier qui jetais le trouble chez Therliss, « commandement impérial ». Comment et pourquoi l’Empire déciderai de s’impliquer dans cette affaire ?! Mais surtout qui aurait pris cette décision ?! Qui le morveux de Sigil avait-il réussi à duper et à s’attirer les faveurs ?! L’idée même que cela puisse venir de l’Impératrice lui glaçait le sang.

Le souverain de Sigil lui souriait. La manœuvre avait réussi. Dromund Kaas n’avait rien décidé du tout et ni le Conseil Noir ni l’Impératrice ne lui avait confié une quelconque autorité. Mais Valtus s’était suffisamment renseigné sur Therliss pour savoir que ce genre de duperie ne la laisserait pas indifférente. Il se releva alors à la faveur d’un regain de forces sous les yeux assassins de la sorcière.


 « Tu es vaincu, ma chère. Inutile de résister… et je t’accorderai peut être une mort digne d’un seigneur des Sith ! »

La présence soudaine du vaisseau impérial avait subitement sorti tous les spectateurs de ce duel de leur concentration. Saisi de stupeur comme s’ils sortaient d’un long sommeil, l’ensemble des soldats et mercenaires de Therliss se regardaient les uns les autres, commençant à ressentir panique, peur et hésitation.

 « Regroupez-vous, vermines ! Regroupez-vous ! On ne va pas se laisser impressionner par cette chaire à Bantha humaine ! »

Les soldats humains de Therliss se regardèrent eux aussi. Il était de notoriété entre eux qu’ils n’étaient guère appréciés des mercenaires et réciproquement. Les uns parce-qu’ils étaient humains et les autres justement parce-qu’ils ne l’étaient pas. Le capitaine des soldats de Therliss ayant trouvé la mort suite à l’explosion de la mine, ils se retrouvaient de facto sous les ordres du chef des mercenaires.

 « Auto-canon, descendez moi ce vaisseau ! »

Sur le toit du bâtiment central du complexe, un canon lourd posé sur trépied et manipulé par trois Phindariens ouvrit le feu sur la corvette. Les boucliers du vaisseau sourcillèrent à peine. La tourelle située sous le cockpit du vaisseau s’orienta en réponse et ouvrit à son tour le feu. L’auto-canon ainsi que le toit du bâtiment volèrent en une gerbe de flammes et de débris.

Le combat venait donc d’être engagé. Les navettes d’assaut décolèrent de leur hangar et atterrirent laissant les premières troupes débarquer.

Jusqu’ici retenus prisonniers, les gardes sigiliens profitèrent de cette distraction pour se libérer. Frappant le soldat qui le retenait prisonnier au visage, Fen se saisit de son blaster pour abattre l’autre soldat qui lui faisait face. Usant ensuite de la Force pour récupérer son sabre-laser, le garde laissa tomber le blaster et dégaina sa lame. Les autres gardes encore en vie firent de même et se regroupèrent de manière à former une ligne. Les troupes de Therliss se retrouvaient ainsi prise en tenaille entre les gardes royaux et les soldats qui commençaient à débarquer. Le chef des mercenaires ne s’avouait pas vaincu pour autant et faisait preuve d’un certain talent stratégique. Dans la précipitation, il avait réussi à organiser ses hommes en deux groupes. Le premier, majoritairement composé des soldats humains de Therliss, affrontait les soldats de Sigil tandis que le second, majoritairement composé de mercenaires Phindariens, affrontait les gardes royaux.

La bataille faisait rage et chaque camp était déterminé à ne laisser aucune chance à l’autre. Les troupes de Therliss se battaient avec sauvagerie et désespoir ce qui tranchait avec le comportement des troupes de Valtus qui faisait montre d’une redoutable organisation. Dès que l’un de leur tombait, il était immédiatement remplacé par le soldat se trouvant sur la ligne arrière. De fait, la ligne d’assaut restait parfaitement intact et progressait inexorablement vers l’ennemi. Les mouvements et l’organisation quasi-automatique donnait presque l’image d’une armée de droïds.

Fen venait de trancher le bras d’un Phindarien qui cherchait à le contrer avec une vibrolame. Dans la fureur du combat, il effectua un demi-tour sur lui même et sépara d’un coup franc la tête du corps de son adversaire. Il jeta un œil sur Ilona qui se trouvait toujours avec Gary. La tentation pour lui était grande de s’occuper du Jedi en personne, quand bien même ses chances étaient minces… mais bien que cela lui coûtait de l’admettre, sa capitaine était pour le moment plus en sécurité avec lui.

Ce bref moment de concentration hors du combat l’empêcha de voir et d’anticiper la charge du chef des Phindariens. Il lui fonça dessus avec une puissance insoupçonnée. Fen n’eut pas le temps de réagir, il lâche son sabre-laser sous le choc et fut projeté au sol avec tout le poids du Phindarien sur lui. Aussitôt à terre, il commença à le ruer de coups de poings ici et là et fini par s’acharner sur son visage. Les maigres efforts que Fen était encore capable de produire pour se défendre était sans effets. Le Phindarien lui planta un vibro-couteau en plein poitrine avant que ses mains, deux fois plus grosses que celle du sigilien, ne lui enserre le crâne et ne le fracture mortellement.

De leur côté, les deux Sith faisaient s’entrechoquer les lames de leur sabre-laser. Un combat d’escrime dans la plus pure des tradition. Le combat s’annonçait encore incertain, Therliss usant avec habileté de la forme Shii Cho tandis que Valtus lui répondait avec sa forme antagoniste Makashi. Le mouvement des lames et les flashs de leur impacts offraient presque un spectacle magique et envoûtant. De toute évidence, les deux adversaires ne se départageraient par sur leur maîtrise du sabre-laser. Ils l’avaient tous les deux compris et c’est pourquoi Therliss fut la première envoyé une salve d’éclair de Force contre Valtus. Ce dernier brandit son sabre avec suffisamment de rapidité devant lui pour qu’il absorbe la décharge. La puissance que Therliss avait mis dans ses éclaires contraint Valtus à reculer de quelques pas. A son tour, il envoya une salve de foudre qui manqua de peu la sorcière qui esquiva en usant d’un saut de Force. Retombant derrière Valtus avec une grâce qui lui est propre, Therliss rengaina son sabre-laser et envoya une nouvelle décharge qui frappa Valtus de plein fouet et l’éjecta sur plusieurs mètres avant de lui faire percuter le speeder présent sur sa trajectoire. Le choc avait été si fort que la carrosserie de l’engin était pliée à l’endroit de l’impact. La dame Sith avança alors d’un pas ferme et décidé vers sa victime, faisant jouer des arcs électriques entre ses doigts.


 « Je suis las tout ceci, petit morveux ! Je vais enfin finir ce que Corthus n’a pas été capable de faire et par la même … venger la mort de mon bien aimé ! Les faibles doivent périr !»

Le choc avait été violent pour Valtus, son corps fumant était tout entier endolori par la décharge de Force qu’il venait d’absorber et son esprit quelque peu embrouillé. Encore maintenant, le Côté obscur ne lui obéissait pas comme il le devrait… mais pourquoi ! Depuis cette manipulation mentale perpétrée par l’artefact, le Côté obscur lui refusait son plein potentiel. Depuis qu’il avait revécu la mort de sa famille… depuis qu’il l’avait à nouveau ressenti… Oui ! La corruption de l’artefact avait fait renaître en lui se sentiment de culpabilité de ne pas avoir pu agir ce jour-là, de s’être enfui, de n’avoir rien fait pour sauver son père… pour sauver son trône… Il avait laissé ce sentiment l’accabler pendant ses premières années sur Korriban et freiner son lien avec le Côté obscur. Il avait laissé la culpabilité l’envahir et le dominer plutôt de se l’approprier et de s’en servir pour alimenter son pouvoir. Il était en train de reproduire la même erreur des années plus tard. En vérité, le Côté obscur ne lui refusait rien, il attendait simplement qu’on lui donne ce qu’il voulait, qu’on lui donne de quoi se déchaîner… Valtus venait de le comprendre. Il murmura pour lui même.

 « Par le pouvoir, j’ai la victoire… par la victoire , je brise mes chaînes... »

Son esprit était en train de s’éclaircir et d’être à nouveau en phase avec le Sith qu’il était devenu depuis lors. Signe de ce changement, ses yeux se tintèrent de jaune, ce qui n’était pas arrivé depuis le début du combat. Le Côté obscur était de nouveau pleinement avec lui et le laissait réceptif au torrent d’émotions négatives qui l’entourait. Peur, angoisse, désarrois, l’espoir fugace au crépuscule de la vie que tout n’est pas encore fini et la mort elle-même affluait en lui et nourrissait son Côté obscur affamé. Coulant littéralement dans ses veines, l’énergie sombre était en train de lui redonner de la vigueur et de la force physique.

 « Oui…. Oui…. »

Therliss avait senti cet afflux soudain d’obscurité émané de son adversaire. Prenant peur de perdre son avantage, elle voulu lancer une décharge d’éclair pour en finir. Mais à sa grande surprise, le speeder se souleva dans les airs avant d’être projeté dans sa direction, l’obligeant à esquiver en usant de la Force pour effectuer un mouvement rapide. Valtus venait de se relever. Debout, il n’éprouvait plus cette fatigue malsaine qui l’avait empêcher jusque là, le Côté obscur l’avait suffisamment régénéré pour mettre un terme à ce combat une fois pour toute. Il n’y avait pas que le regard de Valtus qui s’était assombrit. A travers la Force, l’aura dans laquelle il était drapé était si sombre qu’elle déformait tout au alentour, à la manière d’un trou noir aspirant même la lumière. Fixant méchamment Therliss, il se contenta de reprendre ses mots.

 « Les faibles doivent périr... »

Sentant la puissance grandissante de Valtus surpasser la sienne, Therliss commença à multiplier les attaques de Forces, éclairs ou ondes de chocs. Chacune de ses tentatives étaient soient déviées ou absorbées par le monarque de Sigil qui se rapprochait inexorablement d’elle. Joignant ses deux mains elle canalisa une attaque de foudre qui produit une lumière et un son vifs qui surpris tout le monde, interrompant brutalement les combats. Ses deux mains devant lui, Valtus usait de la Force pour absorber les éclairs. La puissance de Therliss était impressionnante au point qu’elle avait réussi à stopper la marche de Valtus qui devait se concentrer au maximum pour se protéger. Mais il le sentait… Therliss faiblissait et jetait toutes ses forces, toutes ses réserves dans cette ultime attaque. Elle en appelait toujours plus au Côté obscur, cherchant son pouvoir, exigeant sa puissance et l’obtenait mais à son propre détriment.

Après un temps, Valtus senti que le moment était venu. Bien que les éclairs de Therliss cherchaient toujours à l’atteindre, le Sith commanda à la Force d’inverser la charge des éclairs de manière à ce qu’ils soient renvoyés à leur maîtresse. A son tour Therliss fut projetée dans les airs sur plusieurs mètres, victime de sa propre attaque. Secouée par ce retournement de situation inattendue, Therliss ne put rien faire lorsque Valtus la souleva à l’aide de la Force, elle était totalement contrainte et une pression forte commençait à s’exercer sur tout son corps. Elle et Valtus n’étaient qu’à quelques dizaines de centimètres l’un de l’autre. Une terreur profonde et sincère pouvait se lire sur son visage.


 « Supplie moi de t’épargner ! »

Valtus avait relâcher partiellement son emprise de manière à ce que Therliss puisse articuler quelque chose.

 « Pi...Pit… Pitié… Sei… gneur… Valtus… je… sss...suis… vaincue… jjjjj… j’imp...j’implore… vvvvv… votre... pitié. »

Valtus sourit d’un air mesquin avant d’éclater de rire.

 « Ma pitié… Hahaha… Est-ce que j’ai bien entendu ? Une dame des Sith en train de demander pitié pour sa vie ?! »

Valtus glissa sa main le long de la joue de Therliss avant de la coller totalement sur sa peau sans qu’elle ne puisse rien faire. Tout aussi impuissante, elle senti sa force vitale lui échapper pour être transférer dans le corps du monarque. La sensation et la douleur associée étaient atroces. Après quelques secondes, il se stoppa.

 « De ta propre bouche tu as admis ta faiblesse… Selon donc ta propre logique, tu dois  périr ! Et tu vas périr, tu peux me faire confiance sur ce point. Mais pas avant que je ne l’ai décidé et pas avant que ta vie ne me soit plus d’aucune utilité. Ne te méprends pas ma chère cependant… même la mort ne te soulagera pas de ma vengeance. »

Une nouvelle fois, Valtus absorba une partie de l’essence vitale de Therliss. Non loin de là, un des soldats de la sorcière se jeta sur Valtus dans une tentative incompréhensible et folle de sauver Therliss. Il avait à peine parcourut deux mètres que sa nuque se brisa instantanément suite à un mouvement de la droite du Sith. De quoi dissuader toutes les ardeurs potentielles. Pour le coup, Valtus se tourna vers les troupes qui avaient cessé de se battre, distraites qu’elles furent par l’issue du combat. Mobilisant son savoir de magicien Sith et la puissance toujours présente du Côté obscur, le monarque diffusa une Vague de Ténèbres dans les esprits des combattants restant de Therliss qui furent tous saisis d’une terreur morbide et horrifique, même les plus vaillants et les plus fort psychologiquement.

 « A genou ! »

La voix de Valtus ne se faisait pas seulement entendre dans leurs esprits mais elle était aussi audible par tous ceux présents. Elle était si grave et impérieuse que l’effet de réverbération produit grâce à la Force poussait presque même les sigiliens à suivre cet ordre. Phindariens, humains fidèles à Therliss, tous déposèrent les armes et s’agenouillèrent tout en continuant de subir les maux de leur esprit. La sorcière vaincue perdit connaissance lorsque Valtus passa sa main devant son visage, la laissant tomber par la même vulgairement sur le sol. Mais il en était un qui cherchait à résister… Le chef des mercenaires secouait sa tête dans tous les sens, il avait posé un genou à terre par la force des choses mais il se releva soudainement mue par son instinct de survie qui lui disait que tout cela allait mal finir pour eux. Il frappa un soldat pour lui arracher son fusil-blaster.

 « Plutôt mourir que d’être un esclave des Si... »

Il ne put terminer sa phrase. Sa gorge s’ouvrit sur tout le long du cou comme découpée par une lame invisible. Valtus n’y était pour rien cette fois. Alors que le mercenaire agonisait et s’effondrait à terre, l’air derrière lui commença à se distordre et à onduler jusqu’à rendre visible le Maître-espion Darell qui essuyait sa vibro-dague sur le brassard de son uniforme prévu à cet effet.

Par la suite, tandis que les forces de Sigil regroupaient les prisonniers, le véhicule blindé qui servait de protection à Gary vola dans les airs. Les yeux des Valtus, d’un jaune profond tirant sur l’orange et l’or, fixait Gary avec intensité. Il tenait son sabre-laser à la main. Il l’activa et le pointa en direction vers lui.


 « Écartes toi d’elle, Jedi.

Le ton était clairement menaçant et ne laissait aucun doute sur les conséquences encourues si l’intéressé ne s’exécutait pas. Deux gardes royaux se précipitèrent pour porter secours à leur capitaine. Valtus n’était cependant pas inquiétait outre mesure pour elle. Il percevait qu’elle était toujours en vie.

 « Si elle avait perdue la vie, tu respirerai déjà plus… Jedi. Mais saches que ta vie est toujours en suspens ! Pèses et choisis tes mots avec grand soin… Demande à la Lumière de t’apporter toute la sagesse qu’un Jedi peut recevoir pour répondre à cette simple question… Pourquoi ? Car de ta réponse va dépendre ton avenir immédiat !»



Gary Kovani
Gary Kovani
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Les premières explosions, causées par les déflagrations tonitruantes des tourelles anti-aériennes dont les tirs s’écrasent sur un bouclier d’énergie pure, font vibrer le sol, grincer l’énorme blindé sous lequel je me planche. Le chaos se déchaine, et avec lui sont flots de sensations devenues bien trop familières avec les années. Hurlement strident des lasers qui fusent vers leur cible. Cris, râles d’agonies. L’odeur azoté de l’air surchauffé. La complexe fragrance métallique du sang mêlée à celle plus dérangeante de la chair brulée. Le maigre horizon que m’autorise la carcasse ventrue du large véhicule s’obstrue rapidement de corps sans vies, de fumée et de poussières soulevées par le martèlement de dizaines de bottes frénétiques.

Mais je ne leur prête que peu d’attention. Tout juste assez pour réagir si un assaillant, soudain, s’élancerait pour s’en prendre à Ilona ou moi. Dans cette débauche mortifère, je représente, pour le moment, une cible sans importance : ni dangereuse, ni menaçante.

Mes deux mains plongent dans les poches multiples de la ceinture tactique. J’en extrais une mine, des rations, une gourde, des cachets de poison, le genre que l’on ingère pour ne pas être pris par l’ennemi. Je les jette tous de coté lorsqu’enfin je tombe sur une seringue de kolto. La couleur et la viscosité du liquide ne laissent aucun doute possible. Je déchire le capuchon d’un coup de dent et plante l’aiguille directement dans l’un des plaies profondes laissées par mes griffes. Sans prendre le temps de la retirer, je répète mon geste, armé d’une seconde seringue, dans une autre plaie. Les perforations aux bords noircis s’emplissent d’une mousse expansive réparatrice qui chassent les impuretés vers l’extérieur. Dans la ceinture d’Ilona, deux autres seringues me permettent de saturer de Kolto les trois entailles.

Mon œuvre accompli, tension mentale à son paroxysme, je me penche sur elle, tête au-dessus de la sienne. J’arrache son casque, et pose deux doigts sur sa carotide. Pouls faible, mais stable. Je laisse échapper un soupir de soulagement, au moment même pour elle rouvre les yeux. Pupilles dilatées, regard hagard. Mais dès que son œil se fixe sur le mien, ses traits se déforment. Une colère pure émane d’elle. Sa main lourdement gantée se soulève avec une célérité insoupçonnée et se referme sur ma gorge. Je me fige… Mais l’étreinte s’amolli aussitôt. Ses yeux roulent dans leurs orbites, tandis que son bras, devenu poids mort, retombe sur sa poitrine. Je pose ma paume gantée sur son front, chasse les mèches de cheveux collées par la sueur, avec tendresse.

« Tiens le coup Ilona. Survie. Tu auras tout le temps de te venger plus tard. Je t’en donne ma parole… Je ne me défilerai pas. »

Hors de notre abri de fortune, le chaos a atteint son paroxysme. Le sommet avec la chute brutale. L’obscurité, dans la Force, est si brute, si débridée qu’elle brouille tous mes sens. Je réalise que c’est l’aura de Valtus qui domine à présent. Seule. Celle de Therliss s’est éteinte. Définitivement. Les tirs cessent enfin. Silence morbide seulement brisé par le râle des blessés et des mourants. Une pression soudaine dans la Force m’ordonne de me plaquer au sol, mains sur la nuque. Le blindé qui nous offrait sa masse comme protection est jeté dans les airs. Le regard embrasé du Sith m’arrache un frisson de terreur impossible à réprimer. J’obtempère, m’écarte d’Ilona, les jambes tremblantes… Mais cet infime instant où le Seigneur se détourne de ma silhouette pour observer sa subordonnée prostrée à même la terre craquelée par le manque d’humidité, seringues abandonnées sur son flanc, m’offrent tout juste le temps nécessaire pour recouvrer la maitrise de mes pensées.

Je pose un genou à terre, et baisse la tête, pour présenter ma nuque au Seigneur Sith. D’un coup de lame, il pourrait la faire rouler au sol, sans la moindre difficulté.

« Votre Altesse » fini les tutoiements et familiarités. « Je me soumets à votre jugement.

J’ose croire que ce ne sont pas les actes qui définissent un être, mais les raisons pour lesquels ils les commentent.

Je suis le grain de sable. Celui qui s’immisce entre les rouages huilés. J’ai mis mon âme et mon arme à votre service, pour que vous puissiez trouver et tuer Darth Therliss. J’ai tenu ma parole. Tout comme j’avais promis à Therliss de vous ramener à portée de son sabre. J’ai aussi tenu ma parole. Je tiens toujours ma parole.

Si j’ai fait tout cela, c’est dans l’unique but, comme je vous l’ai énoncé, de sauver la vie d’un padawan. Une seule vie contre celle de votre ennemie. Les Jedi sont ma famille. Je serais prêt à tous les sacrifices dans l’espoir d’en sauver un seul membre. »
Je joue un jeu dangereux. J’ai assez lu dans l’esprit du Seigneur pour comprendre la plaie béante laissée par la mort tragique de sa propre famille. Je tire sur une corde sensible, qui, j’espère, saura mettre en lumière la noirceur de mes actes. Ou qui causera, le cas échéant, une mort particulièrement lente et douloureuse. « Il me fallait jouer ce double jeu, jusqu’au bout. Elle voulait que je vous conduise à elle, que je vous pousse à prendre les pires décisions pour que vos hommes meurent les uns après les autres. De telle sorte que vous soyez affaibli, l’esprit obscurci par les visions de son artéfact rakata. Mais je n’avais l’intention de lui obéir au doigt et à l’œil, tout comme je vous avais prévenu que je ne vous obéirai pas comme l’un de vos soldats. Je n’avais aucune confiance en sa parole. Alors j’ai misé sur un autre scénario : celui de votre victoire… Il fallait qu’une poignée de vos hommes se sacrifient pour nous permettre d’avancer jusqu’à son repaire, sans éveiller ses soupçons. Elle n’avait pas imaginé que vous seriez en mesure de détruire son précieux artéfact… » Je soupire. Le dégout pour ma propre personne manque de fendre ma carapace. « J’ai joué mon rôle, jusqu’au dernier instant. Mais je n’ai pas pu tuer Ilona. Je n’ai pas pu… vous causer une telle perte… Alors j’ai improvisé, pour lui sauver la vie, et vous offrir une ouverture… »

Aurais-je pu agir autrement ? Probablement. Mais dans le feu de l’action, il faut parfois faire des choix difficiles. Darth Therliss ne m'a pas vraiment laissé le choxi non plus, même si cela n'excuse nullement mes actes et mes paroles traitresses. Ressasser le passé et chercher des possibilités n’y changeront rien.

« Vous ne me devez rien. Et je ne suis en mesure d’exiger quoi que ce soit. Mais puisque j’ai tenu parole et que Darth Therlis est morte, je vous demande de tenir la vôtre. Une vie pour une vie. Permettez-moi de libérer un ancien Padawan de l’étreinte de l’obscurité, pour le ramener chez les siens. Et de repartir avec lui.

Je ne crains pas de mourir. De subir les conséquences méritées de mes actes. Mais je ne peux pas. Pas encore. J’ai donné ma parole à Ilona que sa vengeance viendra. Qu'elle soit le moteur de son rétablissement. Alors permettez moi de partir, de vivre, pour que je puisse répondre à votre appel, le moment venu. Je n’ai qu’une parle, Seigneur. Et je la tiens toujours, quel qu’en soit le coût et les conséquences. Je vous l'ai malheureusement bien trop prouvé. »


Je n’ose imaginer les pensées qui traversent en cet instant l’esprit torturé du Sith. Mais nous avons lu l’un dans l’autre. Nous nous sommes touchés, nos auras ont fusionné. Il serait idiot de nier qu'un lien s'est créé entre nous. Sommes-nous si différents ? Il a pu voir la noirceur tapis au plus profond de mon être… Je lui ai ouvert mon esprit dans les bois, mon âme dans les cavernes. Il en sait bien plus sur moi que la plupart des êtres que j’ai côtoyé dans cette galaxie. Quoi qu’il décide, je l’accepterai. Je ne résisterai pas. Mais si la Force nous a fait croiser nos chemins, c'est qu'elle attend quelque chose de nous deux. Quelque chose de bien plus grand.
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La lame dorée était si proche que ses effluves azotées caressaient déjà les narines du Jedi. Valtus n’avait qu’à bouger doucement son bras, sans forcer, pour qu’elle traverse le cou de Gary et sépare ainsi sa tête de son corps. Le geste n’avait même pas besoin d’être précis et était même attendu au regard de la haine que se vouait leur ordre respectif. Pourtant, le Sith ne pouvait s’y résoudre.

Gary l’avait manipulé, il l’avait ouvertement trahis et à présent qu’il tentait de sauver sa vie et de se justifier, il cherchait à le manipuler en faisant appel à la confusion de ses sentiments et de ses émotions.


“ Mon seigneur, les blessures de la capitaine sont stabilisés, mais elle a besoin de soins en urgence. ”

Le silence pesant qui unissait les deux sensitifs venait brusquement d’être brisé par l’intervention d’un des gardes royaux. Les yeux teintés de Valtus fixaient toujours Gary avec intensité, mais cela ne l’empêchait pas de se conentrer sur autre chose.

” Conduisez la immédiatement à bord d’une navette et regagner le Drakyr dans la minute. ”

Ilona fut placée dans un des médi-pod présent dans la navette. Le système entièrement automatisé du caisson analyse d’abord son état de santé global afin de lui administrer les soins adéquats par intraveineuse. Gary était toujours à la merci de Valtus, qui était toujours assailli par le doute. Après un instant, il trouva enfin la force de lui parler.

“ Tout cela… pour un seul padawan ? Un padawan ! Tu te moques de moi ?!”
Valtus savait qu’il ne mentait pas. Il avait sondé la Force en ce sens, mais il savait très bien que Gary était suffisamment aguerri pour l’influencer et ainsi tromper les sens de ses adversaires. Mais il avait le même regard que lorsqu’ils s’étaient unis pour détruire l’artefact rakata. Valtus possédait encore en lui les émotions qu’il avait perçues chez Gary et qui étaient associées à ce regard.

Cinq gardes royaux fraichement débarqués avec les autres troupes de Sigil s’approchèrent alors.


” Voulez-vous que nous nous occupions de lui, mon seigneur ? “

Le front de Valtus se plissa d’agacement et il répondit plutôt sèchement.

” Ne soyez pas stupide ! Même à cinq contre un et affaibli comme il est, le Jedi vous réduirait en poussière comme un rien ! “

Valtus désactiva la lame de son sabre et le raccrocha à sa ceinture. L’instant d’après, sa main frappait le visage de Gary au niveau de la joue gauche. Il n’y avait pas mis toute sa force, mais le coup était suffisamment puissant pour faire exploser quelques vaisseaux sanguins sous-cutanés à l’endroit de l’impact et le déstabiliser.

” Conduisez le à une navette et qu’il soit maintenu sous bonne garde… Le temps que je décide quoi faire de lui… ”

Ce n’était pas une posture pour faire bonne figure vis-à-vis de ses hommes. Valtus était pour le moment incapable de se décider quant au sort qu’il devait réserver à Gary. Il éprouvait trop, beaucoup trop de contradictions. C’est pourquoi il avait décidé de se concentrer sur le plus important. Therliss était sa prisonnière, mais ce n’était suffisant. Il lui fallait des preuves.

Le Sith s’était débarrassé de sa cape à moitié calcinée et de son plastron endommagé et partiellement fondu avant de franchir le sas d’entrée du bâtiment principal, d’où quelques fumées s’échappaient toujours de son toit explosé.

Le sas donnait sur une très grande pièce circulaire qui faisait office de réfectoire et de salle de réunion. Un grand projecteur holographique, une grande table, des fauteuils ainsi que des chaises hautes se trouvaient dispersés autour d’un bar. La prise du bâtiment ne s’était pas fait sans mal à en croire les cadavres encore fumant des soldats des deux camps qui gisaient au sol. Déjà ses hommes et des agents de l’Égide s’affairaient à explorer et fouiller tout le bâtiment à la rechercher des banques de données et des autres choses intéressantes.

Alors qu’il était en train d’observer l’endroit en quête d’une chose qui retiendrait son intérêt, Valtus se senti soudainement attiré par le corridor qui se trouvait sur à droite. Ce qui n’était d’abord qu’une intuition se confirma une fois qu’il commença à l’arpenter. Le Côté obscur y était non seulement présent, mais il était en pleine action.

Escorté par un groupe de soldats et des gardes royaux, le roi de Sigil s’avança jusqu’au seul accès vers lequel conduisait le couloir long d’une vingtaine de mètres. La porte blindée fut facilement ouverte, elle n’était pas verrouillée. Derrière cette porte se trouvait une pièce façonnée comme un dôme. Sa configuration et sa décoration laissaient penser à une salle de méditation ordinaire d’un Sith. Mais c’est le corps gisant en son centre qui attira immédiatement l’attention de Valtus.

Il s’agissait d’un jeune homme, trop âgé pour être encore considéré comme un adolescent, mais pas suffisamment vieux pour qu’on puisse dire qu’il s’agissait d’un adulte. Il était nu, recroquevillé sur lui-même à la manière d’un fœtus et en proie à de spasmes intermittents. Autour de lui se trouvaient quatre piliers formant comme une prison. Sur chaque pilier se trouvait en lévitation un objet cristallin en forme de losange animé d’une lueur rose-violacée. Chaque losange attirait à lui le Côté obscur et le projetait ensuite dans l’esprit du prisonnier qui se trouvait ainsi submergé par un flot incessant et oppressant d’émotions négatives. Un tel traitement ferait sombrer presque immédiatement dans la folie un être non sensible à la Force, mais en l’occurrence cette torture était destiné à faire succomber les Jedis dans les ombres. En l’état, Valtus était incapable de dire depuis combien de temps le padawan subissait ce châtiment ni à quel point le Côté obscur s’était infiltré en lui.


“ Il disait vrai… “

Murmurant ces mots pour lui-même, Valtus s’approcha de l’un des losanges et le désactiva en usant de la Force. La structure cristalline se réorganisa alors pour prendre la forme d’une pyramide teintée de rouge. Il fit de même avec les trois autres. Dès que le dernier holocron fut désactivé, le padawan se mit à hurler avec force, comme si on lui arrachait les membres. La fureur et la douleur ressenties le poussèrent à se jeter sur Valtus avec violence en lui criant des insultes pleines de désespoir. Il fut maîtrisé sans difficulté aucune, il n’était pas en été de faire de mal à qui que ce soit… Conscient de cela, Valtus ne fit rien d’autre de lui faire perdre connaissance au moyen de la Force et ordonna à ses hommes de l’évacuer afin de prendre soin de lui.

Le Maître-espion Darell se tenait en retrait dans le couloir, dans l’ombre de la porte, à observer. Lorsque le padawan fut évacué et que Valtus se retrouva seul, il s’approcha.


” Intéressante méthode. Est-ce la manière de procéder pour “convertir” les Jedis au Côté obscur et en faire des Siths ? “

” Je sais que c’est une méthode en usage au sein de l’Inquisition impériale, mais je ne l’avais jamais vu à l’œuvre avant aujourd'hui. Succomber au Côté obscur par la force… la souffrance enduré par ce padawan a dû être… ”

Le monarque ne termina pas sa phrase tant la conclusion était évidente.

” Ceux qui succombent à la suite de cette torture ne peuvent être considéré comme des Sith, des vrais Siths. Leur lien avec le Côté obscur n’est pas désiré, il est subit et donc par conséquent instable. Une instabilité gage d’un manque de fiabilité. Tôt ou tard, ces “convertis” sont destinés à périr lorsqu’ils n’ont plus d’utilités.”

Darell était un novice en la matière. Il ne pouvait se fier qu’aux avis et aux paroles de son maître pour essayer de comprendre un peu plus cet ordre mystique dont il était exclu par la nature. Il savait également que la plupart des semblables de Valtus n’auraient même pas pris la peine de lui répondre, considérant que bénéficier de telles informations était un privilège réservé entre Siths. Mais il n’avait pas besoin de plus de détail en l’espèce pour comprendre que “convertis” servaient de chaire à canon.

“ Je comprends…  Est-ce que ce genre de dispositif est courant chez vos semblables, mon seigneur ? “

Il venait d’aborder un point auquel Valtus était déjà en train de penser et auquel il répondit par la négative.

“ A ma connaissance, seuls les Inquisiteurs ont accès et utilisent ce “matériel”... “

“ Dans ce cas, comment Darth Therliss a-t-elle pu se procurer ce dispositif ? Fait-elle partie de l’Inquisition impériale, sans que nous le sachions ? “

“ Non… et c’est bien le problème. Si elle en possède un, c’est qu’un Inquisiteur le lui a fourni… “

Les yeux de Valtus se fermèrent. Une colère pleine d’amertume était en train de monter en lui à l’idée même qu’il puisse connaître l’identité de cet Inquisiteur. En soi, que Therliss ait pu se procurer ces holocrons via ses relations parmi la Loge n’avait rien de troublant. Valtus lui-même s’était procuré des inhibiteurs de Force par ce moyen. Mais un seul Inquisiteur membre de la Loge le liait justement à Darth Therliss. Il reprit la parole avec calme avant de rouvrir les yeux en plein milieu de sa phrase.

“ Avez-vous trouvé les bases de données ? “

“ Oui et nous sommes en train de les copier… Cependant, une partie des données ne sont pas accessibles depuis les terminaux que nous avons trouvés. Le terminal maître se trouve précisément dans une pièce que malheureusement, nous ne pouvons pas ouvrir, ni forcer. C’était principalement la raison de ma venue, à l’origine. “

” Vous voulez que je vous serve de serrurier, peut-être ? “

“ Précisément, mon seigneur. “

La seule porte du complexe qui n’avait pas été ouverte ressemblait à toutes les autres, à ceci prêt qu’elle était gravée d’une multitude de symboles issus de la culture Sith et incrustée de centaines de tiges métalliques reliées les unes aux autres. Aucun terminal d’accès n’était présent.

Entourés par un groupe d’agents de l’Egide, Darelle et Valtus observaient avec attention les gravures.


“ Nous avons analysé le système de verrouillage qui semble très perfectionné. Si nous essayons d’ouvrir la porte de force, le système de sécurité s’active et fait exploser les charges explosives qui se trouvent dans le sol et les murs de ce couloir. Si on tente de découper la porte, les charges explosent. Si l’on tente de désamorcer les charges, le système libère une dose concentrée de Dioxis et… “

“... Le système fera de même si vous tentez d’aligner les symboles manuellement. “

“ Exactement, mon seigneur. “

“ C’est un casse-tête… qui reprend le récit d’une ancienne légende Sith…“

Seul un Sith ou bien un sensitif instruit du savoir des Sith était en mesure de résoudre ce casse-tête. De plus, étant sensible à la pression, le système de sécurité imposait l’usage de la Force pour aligner les symboles de manière cohérente. Valtus ferma les yeux et se concentra. Le casse-tête mêlait en vérité deux récits anciens issus des Siths. Il fallait distinguer les symboles propres à chaque récit et les aligner en fonction de l’ordre de transcription. Après un long moment, le Sith tendit sa main vers les symboles qui s’alignèrent les uns après les autres dans un bruit d’engrenage, déverrouillant à chaque fois un point d’ancrage. Cela ne devait prendre que deux secondes au plus à Therliss pour ouvrir cette porte, mais Valtus n’avait d’autre choix que d’être prudent. Car même lui était vulnérable au dioxis. La porte s’ouvrit, une fois le dernier symbole aligné, sur une pièce richement décorée et meublée. Un terminal d’accès se trouvait au fond de la pièce, juste à côté d’un lit encore en bataille. La voix de Therliss se mit à résonner fugacement dans l’esprit de Valtus. Ils étaient dans les appartements privés de la sorcière. Alors que l’Égide s’occupait déjà des bases de données, le Sith lui s’approcha du lit instinctivement. Il n’eut pas besoin de poser la main dessus, la Force lui envoya alors des flashs sonores et des bribes d’images de ce qui s’était passé sur la couche. La Force lui montrait les discussions et les moments de plaisir accordés ou bien contraints de la part de Therliss à ses victimes ou complices. Les flashs se fixèrent un instant sur Gary avant que Valtus ne les fasse disparaître et qu’il ne soit interpellé par Darell.

” Mon seigneur ? Cela devrait vous intéresser… “

Un écran holographique matérialiser le manifeste des communications passées entre Therliss et ses contacts. Valtus reconnu immédiatement les contacts faisant partie de la Loge Noire. Mais il y avait aussi des communications à destination de Nar Shaada et de… Sigil. Chaque occurrence était reliée à un dossier recensant le niveau d’implication de chacun, même ceux au plus haut de la société de Sigil. Valtus avait ses preuves ! Les données confirmaient aussi que le complot monté contre lui impliquait d’autres personnes qu’il n’avait pas soupçonnées jusque-là.

Le Sith était resté étonnement serein à la vue de toutes ses informations. Déjà, son esprit commençait à organiser la suite des évènements et l’exercice de sa vengeance. Il se délectait déjà de ce qu’il allait faire subir à… Ses pensées se figèrent. Son esprit était soudainement interpellé par un trouble dans la Force. Il était tout proche. Se retournant, Valtus commença à examiner la chambre avec toute son attention, projetant la Force dans le moindre espace afin de découvrir la source de cette perturbation. Instinctivement, il se saisit de son sabre-laser et l’activa.

Un à un, les six assassins Sith présents dans la pièce et invisibles jusqu’à présent apparurent. Ils formaient un arc de cercle devant Valtus, chacun brandissant un sabre-laser à double lames rouges et arborant une tenue peu orthodoxe mêlant des éléments en cuir et en cortosis. Pris de surprise, Darell et ses agents se saisirent de leur blaster, prêt à riposter. Valtus percevait leur puissance à travers la Force, le Côté obscur influait en eux avec une intensité tout à fait remarquable. Ils n’avaient rien à avoir avec les assassins médiocres qui avaient tenté de le tuer, ni même avec le pauvre Roan toujours “invité particulier” du pénitencier de Dol Arthen. Ils s’agissaient de véritables Siths, de véritables assassins formés et entraînés selon le savoir-faire Sith en la matière. Si les agents de l’Égide se demandaient pourquoi ils n’avaient pas encore attaqué, Valtus lui ne semblait pas étonné. Ce n’était pas dans l’intention des assassins. Vu leur niveau d’entraînement, chacun d’eux étaient capables de devenir parfaitement invisible non seulement à l’œil nu, mais aussi dans la Force, même pour un Sith puissant comme Valtus. Le trouble qu’il avait perçu dans la Force été délibéré de leur part, signe qu’ils n’étaient pas là pour accomplir leur office.


” À qui ai-je l’honneur ? “

L’un des assassins s’avança d’un pas et retira son masque moulé selon les traits d’un visage apeuré.

” Nous sommes l’Unité. Celui-ci prendra la parole au nom des Autres. Celui-ci à renoncer à se faire reconnaître chez les Sith, par conséquent, Celui-ci ne porte pas de titre ni de nom, comme tous les Autres. Mais Celui-ci est conscient que cela peut déstabiliser ceux qui ne font pas partie des Autres. C’est pourquoi Celui-ci consent à se faire appeler Locus.”

La voix de Locus était suave et d’une douceur suscitant presque l’envoutement. Son visage ébène était parfaitement inexpressif.

” Darth Therliss et Darth Yrlion se sont affrontés. Ce dernier a vaincu. Il a prouvé sa puissance et sa supériorité. Les Autres et Celui-ci le reconnaissent et souhaitent se mettre à son service. “

Il était encore difficile à Valtus d’admettre la réalité de la scène. La manière étrange de parler de Locus, le lien fort qui unissait le groupe d’assassins qui était perceptible à travers la Force, formant presque comme une seule et unique aura… et maintenant leur allégeance inattendue.

” Fascinant… Vous prêtez allégeance à celui que vous deviez éliminer ? Pourquoi seriez-vous digne de confiance ? Il se pourrait que ce soit une ruse de plus… pour pouvoir m’atteindre plus facilement et m’éliminer une fois mes gardes et mes soldats absents et ainsi venger votre maîtresse.”

Locus sourit. Il s’attendait à ce genre d’objection de la part du Sith.

” Il n’y a pas de confiance. Il n’y a que la logique. Darth Yrlion est le plus fort, il est donc digne d’être servi. De même, la logique exclut toute forme de traîtrise, car si les intentions des Autres et de Celui-ci étaient de tuer Darth Yrlion, celui-ci serait mort lors de son voyage retour de Nar Shaada… ou bien lorsqu’il avançait dans la forêt pour venir ici… ou encore lorsqu’il se trouvait dans les tunnels… ou bien lorsque Celui-ci se trouvait derrière lui, dans l’ombre, alors qu’il menaçait le Jedi de son arme. “

Un frisson s’empara de Valtus. Les assassins le suivaient depuis tout ce temps… et il n’avait jamais, à aucun moment, senti leur présence. Il désactiva son sabre-laser Locus et ses semblables firent de même.

” Si vous étiez sur Nar Shaada, pourquoi ne pas m’avoir éliminé à ce moment-là ? ou bien à n’importe quel moment d’ailleurs, puisque vous en aviez à chaque fois la possibilité ?”

” Nos ordres n’étaient pas de tuer Darth Yrlion mais de l’étudier et de collecter des informations. Ceux qui ont tenté de tuer Darth Yrlion n’étaient que des appâts, une diversion. Darth Therliss savait très bien que ceux envoyés seraient médiocres et seraient vaincus et utilisés pour remonter jusqu’à elle. Dans cette affaire, l’Unité n’avait pas d’autre rôle que d’observer.”

” Intéressant… J’ai d’autres questions qui devront trouver des réponses satisfaisantes, mais ce sera pour plus tard. J’accepte cotre allégeance ! ”

D’un même mouvement, les assassins posèrent un genou à terre et baissèrent la tête. Pour la première fois, tous se mirent à parler et prononcèrent le même serment.

” En pleine nuit ou dans un jour noir. Pour la Lumière, point d’espoir. Si notre Maître, vous trahissez, les ombres de Darth Yrlion, craignez !”

Un nouveau frisson s’empara non seulement de Valtus mais aussi de Darell et de chacun des agents de l’Égide présents. Les mots qu’ils venaient de prononcer trouvaient un écho même dans la Force. Valtus le sentait, le Côté obscur venait de réagir, tel un témoin attestant et prenant en compte le serment.

Locus et les autres assassins se relevèrent alors après avoir reçu des instructions précises de Valtus. Mais avant de s’exécuter, Locus prit une dernière fois la parole après avoir remis son masque.


” Celui qui consent à se faire appeler Lux demande si l’Unité doit s’occuper du Jedi ? “

” Non. Je réglerai moi-même cette affaire.”

Sans en dire plus, les assassins de l’Unité disparurent à nouveau dans l’invisibilité de la Force. Darell s’approcha, encore incrédule après ce qui venait de se passer.

” Pardonnez-moi, mon seigneur… Mais… vous êtes conscient que, pour le moment, l’Egide n’est pas en mesure de contrer ses assassins ? “

” J’en suis conscient. Mais cette allégeance inattendue m’offre une opportunité que je ne peux pas me permettre de manquer… Les assassins Sith sont redoutables, mais ils ne sont pas invincibles, ni infaillibles. Tout est une question de temps, maître-espion… comme toujours.”

Valtus était en train de quitter la pièce lorsqu’il s’adressa à nouveau à Darell.

” J’ai cru voir une navette de plaisance dans l’un des hangars extérieurs. Avez-vous des informations dessus ? “

” Oui, mon seigneur. Il s’agit du vaisseau personnel de Darth Therliss. “

” Réquisitionnez-le et faites-le montez à bord de notre vaisseau en orbite. Je pense qu’il pourra peut-être nous servir. “

De retour à l’extérieur, Valtus observait les soldats et mercenaires de Therliss qui avaient tous été regroupés au même endroit. Ils étaient tous à genou, désarmés et les mains jointes dans le dos, sous la garde d’un bataillon sigilien. Ils ne le savaient pas encore, mais ils ne mourraient pas de la main de sa main, aujourd’hui.

Gary et les gardes royaux qui le surveillaient se trouvait à quelques mètres de là. Voyant Valtus arriver vers eux, les gardes se mirent au garde à vous et ordonnèrent au Jedi de se lever, sans ménagement. Tout l’équipement qui possédait, notamment des griffes lasers, lui avait été confisqué. Le Sith demanda d’ailleurs qu’on lui remette les griffes en question. Etant tout proche d’une rampe d’embarquement d’une des navettes d’assaut, Valtus se dirigea vers elle et se mit assis dessus. Il imposa alors à ses gardes de s’éloigner et invita Gary à s’installer à côté de lui.

Il ne lui parla pas de suite et ne lui prêta même pas un regard. Fixant son attention sur l’arme, Valtus fini par s’en équiper la main droite et trouva comment l’activer. Il fit passer les petites lames jaunes devant lui à plusieurs reprises pour teste la maniabilité du dispositif.


”Une arme intéressante, je dois dire. Mais je lui préfère de loin un sabre-laser ordinaire.”

Il désactiva les griffes et retira le dispositif de sa main, mais il le garda prêt de lui et hors de portée de Gary. Alors qu’il s’apprêtait à parler, des agents de l’Egide passaient non loin de là en escortant Darth Therliss vers une navette. Elle était toujours inconsciente, la tête couronnée d’un inhibiteur coupant son lien avec la Force, les mains et les pieds entravés par un système mettant les membres en lévitation et permettant ainsi de le déplacer facilement. Valtus n’y prêta pas plus attention et enchaîna.

” Que dois-je faire de toi ? Je suis un Sith et tu es un Jedi. La question ne devrait même pas se poser… ta tête devrait pourrir au soleil à deux mètres de ton corps. Tu m’as manipulé et tu m’as trahi de surcroît. Et pourtant… je ne peux me résoudre à t’infliger ce châtiment. ”

La couleur naturelle des yeux de Valtus avait repris le dessus, son ton était plus calme et le retour du tutoiement montrait que le Sith était adouci d’une certaine manière.

” Encore que… Je dis “Jedi” mais je vois surtout les manières et les motivations propres à un Sith.”

Ce n’était pas de la provocation gratuite de la part du monarque. Il le pensait vraiment et l’obscurité qu’il avait perçu chez Gary confirmait son impression.

” Une vie pour une vie, dis-tu ? C’était un marché honnête de prime abord et équitable. Je t’ai donné ma parole… celle d’un roi… elle sera donc honorée.”

Au même moment, un autre médi-pod passait en direction d’une des navettes avec le padawan à l’intérieur.

” Nous l’avons trouvé dans une salle de médiation… Vous serez libre de repartir, tous les deux. Mais avant cela, le padawan doit recevoir des soins…”

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Valtus tourna le regard vers Gary.

” La fin justifie les moyens, n'est-ce pas ? Mais tu m’as trahi là où moi, je t’ai accordé stupidement ma confiance. Trahir un seigneur Sith sans lui ôter la vie, s’est s’attirer avec certitude son courroux et l’assurance d’une vengeance… implacable.

L’emplacement exact de votre enclave sur Tatooine, le nombre exact de vos padawans, de vos chevaliers et de vos maîtres ainsi que leurs identités et leurs affectations, la fréquence et les quantités de vos ravitaillements… nous savons tout. Je pourrais te dire qu’un croiseur se trouve déjà en orbite au-dessus de votre enclave, prêt à la bombarder. Ce serait une belle vengeance, tu ne penses pas ? Sans compter les faveurs que j’en tirerai auprès du Conseil Noir et de l’Impératrice.

Crois-le ou non, mais je n’en ferai rien… tant que tu seras mes yeux et mes oreilles au sein de l’Ordre Jedi.


Déterminer s’il s’agissait d’un coup de bluff ou pas était délicat. Le doute était permis et légitime, mais Valtus disposait de ressources propres et de ressources impériales qui donnaient corps à ses propos.

”Une vie… pour des vies… Penses-y au calme, je n’attends pas de réponse immédiate de ta part. ”

Valtus remis alors les griffes à leur propriétaire légitime. Sur ce point, il n’y avait aucune équivoque, Gary était libre. S’il allait devoir prendre la même navette que Valtus et ses troupes, pour accompagner le padawan et regagner la frégate en orbite, ce serait sans crainte de représailles. Cependant, il ne se doutait pas que Valtus allait exiger une dernière chose de sa part.



Gary Kovani
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Lorsque la gifle s’abat, je l’encaisse, sans esquisser la moindre réaction. Un camouflet colérique, dominateur, inquisiteur, qui ébranle mon équilibre autant que mes pensées déjà confuses. Je m’affaisse, inerte, dans la terre labourée, tâchée de sang. L’espace d’un instant, résigné, j’accueille la mort avec un sentiment honteux de délivrance. La vie n’est qu’une succession d’épreuves difficiles, harassantes, parfois entrecoupées de quelques moments agréables. Mais plus les années filent, plus ces trêves s’espacent et perdent de leur substance. Ce qui jadis m’offrait l’élan nécessaire pour supporter les affres d’une vie de vagabond sensible à la Force, me semble aujourd’hui bien fade. Aux plaisirs se substituent la force des habitudes, de toutes ces gestes maints fois répétés, une mécanique décérébrée et insipide. Alors, lorsque je constate, la joue en feu, que la lame d’énergie qui menaçait ma gorge s’est évaporée, je demeure immobile, éplapourdi, prostré en une position fœtal pathétique. Il faut croire que j’ai encore assez de mordant, assez d’envie de survivre, pour que mes paroles aient trouvé un écho dans l’esprit de celui qui me domine par sa rage.

Je n’ose imaginer l’effort dont le Seigneur Sith doit user pour retenir sa main, preuve, s’il en fallait une, du lien improbable et tenace qui s’est crée entre nos deux âmes antinomiques. Fort heureusement, autant pour sa santé mentale que ma santé physique, il profite du premier prétexte pour s’esquiver à l’inévitable sentence. Je souffle. Quelques instants. Le gout ferreux du sang taquine mes papilles. Un brasier ardent brûle sous mon épiderme. Aucun doute que dans quelques minutes, ma joue ressemblera à la bajoue renflée d’un rongeur cherchant une crevasse pour y cacher ses réserves.

Une trêve donc. Un vent frais souffle sur le champ de bataille, arrachant au sol les miasmes de la bataille. L’odeur de la mort, de la chair carbonisée. Le silence presque religieux, contre-coup du déchaînement de violence, est plusieurs fois déchirés par des tirs de lasers qui achèvent les blessés incapables d’être convertis en prisonniers obéissants, destinés aux geôles et aux donjons de Sigil. Les gardes armés qui me flanquent, survivants de l’escorte rapprochée du souverain, m’interdisent tout mouvement. Dès que je tente de me relever, la pointe de leurs bottes se plantent dans ma colonne vertébrale, sur mes côtes, sans ménagement aucun. Ils déversent ainsi le trop plein de haine d’avoir été dupés, une colère décuplée par la vision de leur commandante allongée sur une civière, l’abdomen percée de mes griffes traîtresses. Est-ce parce que j’ai l’esprit de contradiction, ou parce que j’éprouve le besoin inconscient de laver mon âme dans la douleur, que je résiste encore, lorsque l’on me fouille, me prive de mes griffes ? Je l’ignore. Mon échine n’est plus qu’un vaste agrégat d’hématomes. Et c’est très bien ainsi. Souffrir, c’est se rappeler pourquoi nous continuons.

Je perds toute notion du temps. Lorsque Valtus réapparaît enfin, je m’éveille de ma torpeur. Quelque chose a… changé dans son aura. L’irrépressible haine s’est dissipée, du moins en surface. Lui aussi s’est résigné au rôle que la Force nous a imposé… Certainement qu’il a trouvé ce qu’il cherchait, et que cette satisfaction lui a permis d’aborder notre différent avec assez de recul pour chercher à en tirer plus de profit qu’un simple cadavre de plus. Je l’espère, et je le redoute. La mort serait certainement une solution bien plus simple que ce qui m’attends, je le pressens.

« La Force est une maîtresse cruelle. » Ma voix rauque se glisse entre les espaces laissés par le Seigneur alors que je laisse mon séant s’écraser mollement sur la rampe d’éployée, silhouette contre silhouette. Lorsque je pose ma main gantée sur le duracier glacial, mes doigts échouent à quelques centimètres seulement de ceux du souverain tout puissant. « Elle nous attire autant qu’elle nous repousse. Me permettre de vivre, c’est retarder l’inévitable, mais c’est aussi nous offre d’autres chances de nous… retrouver. »

Je parle sans même y réfléchir. Une lassitude irrépressible harasse mon esprit. Une journée comme on voudrait ne plus jamais en vivre… Mais c’est à la Force d’en décider. Cette fois, je le laisse achever son monologue, formuler ses menaces, et m’imposer son pacte dément. Un terrible poids s’évapore de mes épaules affaissées. Le Roi tiendra sa parole. J’hésite quelques instants, puis lui réponds, en secouant lentement la tête.

« Cela fait cinq ans que l’Ordre a été expulsé d’Ondéron… J’imagine que nos plus fervents ennemis ont réussi à retrouver notre piste. » J’ignore si Valtus connait l’emplacement exact de notre nouveau Temple, comme il l’affirme, mais avec cette réponse évasive, je ne lui donne aucun élément susceptible de confirmer ses doutes, s’il lui en reste. « Ce n’est qu’une question de temps avant que l’un d’eux décide de nous porter le coup de grâce. Mais… » Je tourne la tête pour observer ses traits las, étirés par la fatigue et la colère résiduelle. Je capte son regard et plonge dedans, pour y lire son âme. « Je doute que ce soit dans ton intérêt, Seigneur. » Le tutoiement est de retour, mais nuancé par une distance respectueuse. « Détruire notre nouveau bercail, ne ferait que pousser les Jedi à se disperser. Ils disparaîtraient dans les ombres, échappant à toute surveillance. Est-ce vraiment ce que l’Empire désire ? » Mieux vaut garder un ennemi en vie et à l’œil, que de l’estropier avant de le laisser s'échapper dans la nature où il fomentera sa revanche. Je n’ose le formuler… Oui... Mais... L’instant d’une terrible seconde, j’espère de tous mes vœux que le Seigneur passe à l’acte. Je milite depuis bien longtemps pour que nous abandonnions Tatooine. Une attaque permettait à l’Ordre muter, de changer, de redéfinir ses paradigmes. Mais à quel prix ? Le prix du sang. Un sang que je refuse de voir versé. « Tes véritables ennemis se trouvent de ce côté-ci de la frontière. » Je quitte enfin le regard du souverain pour observer Therliss avalée par la carcasse ventrue d’une navette au fuselage sombre arborant les armoiries de Sigil. En ayant constaté la disparition de son aura, je l’avais cru morte. Elle vit encore, mais coupé de la Force à présent. Je frissonne. Tous les sensitifs redoutent ce genre de supplice plus que la torture physique ou mentale. Elle me fait presque… de la peine. Je hausse les épaules, chassant la violeuse de mes pensées en rebondissant sur un autre sujet. Je gagne de précieuses secondes pendant lesquelles, une partie de mon esprit décortiquent les tenants et aboutissants potentielle d’une alliance contre-nature.

« Les méthodes importent peu. Ce n’est pas la méthode qui détermine la nature du geste, mais les motivations qui l’animent. J’ai sauvé une vie innocente, tenu mes paroles, et participé à la chute d’une psychopathe névrosée. C’est le plus important. » Terrible mensonge. Ma traîtrise, nécessaire et forcée, me marquera l’âme au fer blanc pour le restant des mes jours. Jamais je n’oublierai le regard de Valtus au moment où mes griffes s’enfoncèrent dans l’abdomen d’Ilona. Mais par respect pour le souverain, je ne tenterai pas de justifier stupidement mes actes. Ce qui est fait est fait. Il faudra vivre avec, et en assumer les conséquences… En parlant de conséquences…

« Une vie pour une vie. Ce pacte a été conclu et est à présent honoré. Je t’en remercie Seigneur. Mais reste-il entre nous suffisamment de confiance pour espérer en conclure un nouveau ? Comment pourrais-tu être certain que je ne cherche pas à te duper, une fois de plus, dans l’espoir de sauver la vie de mes frères Jedi ? » Suis-je réellement en train d'envisager passer un pacte avec mon ennemi juré ? « Des informations pour des informations » C’est fait. « Voilà le pacte que je serai prêt à accepter. Mais telle sera ma condition : tu ne tueras point de Jedi. Je transmettrai des bribes de données susceptibles d’asseoir ton influence auprès de ton Impératrice en déjouant les plans de mon Ordre. En échange, tu me communiqueras des informations concernant tes ennemis, au sein de l’Empire. Mes frères et mes sœurs couperont, sans même le savoir, l’herbe sous le pied de tes adversaires… »  Ma main glisse de quelques centimètres, mes doigts gantées se posent sur la main de Valtus. De l'autre, je tire sur le col de ma veste élimée. Dessous, je révèle la trace de brûlure écarlate laissée par la lame de sabrelaser, alors que le souverain de Sigil peinait à retenir son bras. « Si mes conditions ne te conviennent pas, libre à toi de m'achever. Car dans le cas contraire, tu ne pourras jamais être certain de la véracité de mes données.»

« Tu as bien plus de lumière en toi que tu le prétends. Tout comme j’ai certainement bien plus d’ombre que j’ose le croire. Mes ennemis sont ceux qui embrassent les ténèbres par choix. Les égarés qui sombrent dans l’obscurité par nécessité méritent d’être pardonnés et sauvés. Tu es quelqu’un de bien Valtus, tu as fait ce que tu devais faire pour survivre. Rien de plus. Ensemble, nous pouvons agir pour éliminer les pires raclures de l’Empire, saper les actions des Jedi les plus véhéments ceux qui sont dont le dogme belliqueux est obsolète. Ensemble, nous pouvons conduire la galaxie vers un équilibre. » La fameuse prophétie de l’équilibre dans la Force, qui réapparait à chaque génération, d’une manière ou d’une autre. « Peut-être est-ce le dessein de la Force qui nous a réuni sur Nar Shaddaa… »
J'aimerais le croire. Mais est-ce que je ne serais pas plutôt en train de chercher des excuses rocambolesques pour, une jour, recroiser le chemin de Valtus sans que nous aillons nécessité à nous entre-tuer ?
Darth Yrlion
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Les allées et venues des troupes de Sigil s’intensifiaient sans que cela dérange les deux sensitifs. Valtus gardait un œil furtif ce que faisaient ses soldats, mais sa concentration toute entière était portée sur Gary. Le Jedi était fascinant, même en position défavorable, il gardait l’illusion de pouvoir maîtriser les choses. Il cherchait la négociation là où le Sith n’en laissait aucune en vérité. Mais la suite surprit véritablement Valtus… Gary était-il vraiment sérieux ?

Pour la première fois, de mémoire de Sith, un Jedi proposait de mettre sa lame et celle de son Ordre aux services d’un de leur ennemi. Nul doute que Valtus saurait tirer profit de cette situation… ses ennemis au sein de l’Empire allait devenir de plus en plus nombreux après tout ceci. Se servir de l’Ordre Jedi pour les éliminer ne présentait donc que des avantages…

L’idée avait déjà fait mouche dans l’esprit du monarque, mais il n’en laissa rien transparaître, laissant son regard grave vagabonder jusqu’à ce qu’il sente la pression de la main de Gary sur la sienne. Il chercha à la dégager par réflexe, mais Gary ne semblait pas disposer à le laisser faire, lui exposant de surcroît la brûlure vive de son cou. Nul doute qu’il souffrait et allait souffrir pendant un temps encore. Bien qu’il ne l’ait pas touché directement, le sabre-laser de Valtus l’avait approché suffisamment pour le marquer à vif. C’était là une particularité des cristaux énergétiques extraits de Sigil, alors qu’un sabre alimenté par un cristal ordinaire n’aurait fait que roussir la peau de Gary, le cristal Sigil alimentant le sabre-laser de Valtus irradiait et brûlait.

Valtus finit par dégager sa main. Ce contact inopiné avait fait naître une sensation étrange chez le Sith. Il avait été surpris, mais pas choqué et il devait bien admettre que ce contact n’était pas désagréable pour lui.


- Cela semble un marché honnête…

Tandis que Gary continuait de s’adresser à lui, Valtus se leva et fit quelques pas comme pour se dégourdir les jambes et les bras. Il sourit un instant et se tourna vers lui.

- Tu t’égares mon ami. Tu penses que je me suis tourné vers le Côté obscur par dépit ? Par une simple volonté d’assurer ma survie dans un univers qui tout entier s’organisait pour m’anéantir ? Allons…

Tu ne sais rien des usages de mon monde. Je suis né pour embrasser les Ténèbres. Mon trône, ma dynastie, mon pouvoir tout entier est fondé sur le Côté obscur, et cela, depuis que Marka Ragnos lui-même créa la royauté de Sigil. Depuis ma conception jusqu’à ma naissance, le Côté obscur est présent. Depuis mon enfance, on m’enseigne à l’appréhender, à le comprendre et à le dompter. Mes parents, mes ancêtres étaient tous adeptes de l’Obscurité ou des Siths. Que je le veuille ou non, je suis un enfant des Ténèbres et ma vie est liée au Côté obscur… c’est ainsi.


Il s’approcha alors de lui et posa une main paisible sur l’épaule de Gary, mais son regard arborait de sombres traits.

- Ne te méprend pas mon cher. Si pour tes semblables accaparer et user des pouvoirs du Côté obscur est un crime, alors je suis coupable et bien coupable… Je ne sais pas ce que tu as vu en moi, mais je te conseille de ne pas t’y fier…

Il releva sa main de son épaule. Son front grimaça un instant, comme s’il était frappé par une pensée perturbante.

- Et pourtant… Si un de tes semblables se tenait là-devant moi, je lui aurais pris la vie sans hésiter et sans fébrilité. Mais toi… C’est comme si quelque chose, au fond de moi, retenait ma main, retenait mon animosité. Je ne peux l’expliquer et tu n’imagines pas à quel point c’est perturbant !

Le Côté lumineux ? Impossible ! Valtus voulait écarter cette idée de toutes ses forces. Mais ce qu’il avait dit était vrai, quelque chose était né en lui depuis leur première rencontre. Il se fit violence pour se ressaisir lorsque son regard croisa celui d’un de ses gardes.

- Le dessein de la Force ?... Superstition de Jedi !

Pour les gardes de Valtus, cette perturbation dans la Force émanant de Valtus serait perçu comme un remous à peine perceptible de son agacement face aux propos du Jedi qu’aucun d’eux n’avait pu entendre. Mais pour un être aux sens affutés comme Gary, cette perturbation témoignerait d’un réel trouble chez le Sith, qu’il cherchait à étouffer au plus vite.

Darell et ses agents étaient en train de sortir de la tanière de Therliss, les mains chargées de leurs équipements et de caisses de transports. Apercevant son seigneur, le maître-espion se dirigea vers lui pour lui rendre compte, sans faire attention à Gary.


- Mon seigneur, toutes les bases de données du complexe ont été acquises puis effacées des supports d’origines. Nous avons fouillé tout le complexe et collecté tout ce qui était digne d’intérêt… tout comme ce qui ne l’était pas. Avez-vous d’autres instructions ? Peut-être, concernant les prisonniers ?

- Non. Ce ne sera pas nécessaire, maître-espion. Merci.

Ce remerciement concluait la brève discussion entre les deux hommes. Valtus ne fit qu’un pas sur lui-même pour s’adresser à nouveau à Gary.

- J’accepte tes conditions. Tu as la parole d’un roi, j’honorerai ma part. Mais… Gary… prend ce que je te dis avec le plus grand sérieux. Plus de pirouettes, plus de duplicité… Peu importe les raisons et leur légitimité, si tu me dupes, si tu me trahis… Que ce soit dans la République, dans l’Empire, chez les Hutts ou même dans l’Espace sauvage et les Régions Inconnues… il n’y aura nul endroit dans la galaxie où tu ne devras pas te méfier de ton ombre.

Il désigna alors une navette posée un peu plus loin.

- Ceci étant dit, je t’invite à rejoindre le padawan. Il va avoir besoin de beaucoup plus qu’une simple assistance médicale…

Une demi-heure plus tard, les navettes d’assauts regagnaient la corvette de débarquement qui survolait toujours le complexe. La navette de Darth Therliss regagnait directement le Drakyr en orbite. Les soldats et mercenaires ennemis avaient été laissés sur place, libres et sans entraves. Tous s’attendaient à devenir prisonniers ou bien esclaves, mais Valtus avait donné des ordres contraires. La surprise de leur sort était si forte qu’aucun d’eux n’osa bouger et tous se contentèrent de regarder le vaisseau de débarquement gagner en altitude.

Sur la passerelle tactique de la corvette, Valtus les observait via l’holo-projecteur. Il demande alors d’ouvrir une communication avec le Drakyr. L’image du capitaine Tar apparut.


- Quels sont vos ordres, Majesté ?

- Effacement total, capitaine.

Avec ces deux mots, Valtus venait d’ordonner de vitrifier la zone dans laquelle se trouvait le complexe qu’il venait de quitter. Alors que la corvette était toujours visible et en pleine ascension, les premiers tirs de turbo-lasers frappèrent le sol avant se muer en une véritable pluie de feu. Valtus avait les yeux fermés. À travers la Force, il percevait les cris, les hurlements de douleur et l’effroi des hommes de Therliss qui n’avaient aucune chance d’en réchapper et qui succombaient en un instant. C’était comme une douce musique qui se jouait dans son esprit. Le bombardement dura plusieurs dizaines de minutes afin que même les tunnels et les salles souterraines soient désintégrés.

À bord du Drakyr, il fallut attendre quelques heures avant que le padawan soit en état physique de pouvoir se déplacer. Un transport modifié par l’Egide avait été mis à disposition de Gary afin qu’ils puissent sortir de l’espace impérial sans encombre. Valtus avait exigé une dernière chose de la part de Gary. En effet, à bord du transport se trouvaient un homme, Ekart Roll, avec son fils, Kasar. Le Sith n’était pas entré dans les détails, mais il lui avait fait comprendre qu’il préférait les exiler plutôt que les exécuter. Ils n’étaient pas sensibles à la Force et ne représentaient aucune menace. Ekart était un mécanicien accompli et son fils une âme perdue soumise à l’Épice. Que ce soit au sein de leur enclave ou bien dans la République, peu importait en vérité, Valtus avait demandé à Gary qu’il use de ses talents pour leur permettre de commencer une nouvelle vie.

Au moment où leur chemin se séparait vraiment, Valtus laissa à travers la Force une marque que seul Gary pouvait percevoir et que seul son esprit pouvait interpréter.


** Bon vent, mon ami, et que la Force te serve toujours.**



Gary Kovani
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Grincement sourd de la coque. Grésillent épileptique des boucliers déflecteurs. Tout le vaisseau vibre, alors que d’infimes débris spatiaux, vestiges d’une antique bataille spatiale datant de l’âge d’or des Mandaloriens, nous perçurent à haute vélocité. Je serre les dents, priant secrètement la Force pour qu’une épave plus volumineuse n’ait pas l’idée soudaine de nous couper la route…

Pieds sur le tableau de bord, bras croisés sur ma poitrine, j’observe impuissant le maigre panorama que m’offre la verrière crasseuse du cockpit. Je soupire. Si je déroge ne serait-ce que d’un centimètre à la trajection inscrite dans l’ordinateur de bord, le croiseur stellaire me pulvérisera. Valtus et ses hommes ont été clairs. Ultime pied de nez du souverain de Sigil. Un sourire s’étire à sa pensée. Je lève les yeux, espérant entrapercevoir la silhouette effilée de son vaisseau de guerre.

« Valtus… » Les mots glissent dans ma gorge, jusqu’à mes lèvres, expression matérielle de pensées impossibles à refouler. « L’obscurité n’est pas une fatalité. Tu y beignes depuis ton plus jeune âge, entrainé dans le sillage sombre de tes aïeuls. Oui, je le sais. Mais tu n’as eu pas choix. Tu n’as rien choisi de ta vie. Tu n’avais même pas conscience d’avoir le choix. Mais il n’est jamais trop tard pour lever la tête et regarder l’horizon. » Je décroise les bras pour me gratter la nuque, geste d’inconfort. Je parle le seul, comme un dément. Et alors ? « Un jour tu réaliseras que tu as le choix… Et alors tes décisions détermineront le destin qui nous attend. Heureux ou funeste. Lié pour le meilleur et le pire, mon ami. »

Enfin la carcasse de mon vaisseau, aussi fatiguée que la mienne, s’échappe du nuage de débris. Un grognement étouffé, plus loin, dans mon dos, interrompt mes pensées mélancoliques et me rappelle à l’urgence. Je secoue la tête pour chasser les brumes et me redresse prestement, pour me précipiter vers mes quartiers. Mon lit a été réaménagé en infirmerie de fortune. Valtus a tenu parole : il m’a rendu le padawan en vie, ainsi que le nécessaire pour maintenir ses fonctions vitales stable le temps du trajet de retour vers Tatooine. Le jeune homme a les yeux ouverts, deux globes révulsés injectés de sang. Ils roulent frénétiquement dans leurs orbites, en proie à une panique incontrôlable. Changement de lieu. La douleur qui rythmait ses journées, à laquelle il s’accrochait pour survivre n’est plus. Ses repères sont brisés. C’est toujours sur le seuil, face à la sortie, que l’on risque le plus de sombrer. L’espoir ouvre la boite de pandore, toutes ces émotions refoulées depuis bien trop longtemps.

Je me penche sur lui. Une main plaquée sur son front humide. L’autre se saisit de sa main. Nos regards se croisent. Le sien fou, le mien plein de compassion. J’use de la Force pour pénétrer ses barrières mentales et y déverser autant d’apaisement que possible. Je repousse l’obscurité qui y croit insidieusement. Les convulsions s’arrêtent, sa respiration se stabilise. Je rapproche mon visage du sien :

« Tu es sauvé, mon ami. » Il se fige, respiration coupée. Cinq mots dont il avait oublié l’existence. « Je te ramène au Temple, parmi tes frères et tes sœurs. Je ne vais pas te mentir : le plus difficile t’attends là-bas. Pendant ces années, tu as appris à fermer ton esprit, à te protéger de l’obscurité. Mais il va te falloir réapprendre à l’ouvrir. Alors les ténèbres, ces souvenirs que tu refoules, s’engouffreront dans les failles pour détruire ta raison. Ton corps soignera rapidement. Mais ton âme, elle, portera à jamais ces plaies qui ne se refermeront vraiment jamais. » Il me renvoi ma propre image, celle d’un Jedi brisé à l’intérieur. « Tu survivras. Tu surmonteras toutes les épreuves. Parce que tu es incroyablement fort. Parce que tu n’es plus seul. Parce que tu ne seras plus jamais seul. Tu es la lueur d’espoir dont l’Ordre a besoin. Un symbole. Celui de la résilience. Tu es la preuve vivante que la lumière résiste à l’assaut des ténèbres lorsque le cœur et l’esprit œuvrent de concert, que la détermination reste intacte… »

Un symbole payé au prix fort. Celui de ma trahison. Mais soit. Si je dois me sacrifier pour que l’Ordre tout entier retrouver la foi et l’énergie pour renaitre de ses cendres, alors j’ai fait le bon choix. Valtus ne le réalise peut-être pas, mais il vient d’offrir à ceux qu’il déclare comme ses adversaires le plus beau des cadeaux depuis la trahison Républicaine… Hmmm… Si. Je crois qu’il le réalise. C’est sa petite part de lumière, cachée sous la chappe d’obscurité qui s’exprime. Un jour elle percera l’armure, j’en suis persuadé.

A très bientôt Valtus. La Force seule sait où et quand.
Darth Yrlion
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Le Lion et le Rat - EPILOGUE



Orbite de Kalakar V - Système Dromund

Un flash zébra l’espace proche de la cinquième lune de Dromund Kalakar. Elle brillait dans le vide stellaire comme une émeraude dans son écrin obsidienne. À l’instar de ses sœurs les plus proches, Kalakar V était inhabitée et ne présentait aucun intérêt pour l’Empire qui concentrait son activité sur le chantier naval de la planète. Un endroit idéal pour tous ceux en quête de discrétion.

Le vaisseau qui venait de quitter l’hyper-espace venait de reprendre de la vitesse afin d’adopter une allure constante qui la conduirait à la surface de la lune en moins d’une dizaine de minutes. Déjà, l’ordinateur de bord recevait les demandes d’identifications d’usages et répondait en conséquence sur un canal crypté.


** ID: Candor / Classe : X70-A / Propriété : Darth Therliss **

Spoiler:

Alors que le pilote automatique du vaisseau poursuivait d’ajuster sa trajectoire, une confirmation d’autorisation s’afficha sur l’un des écrans de pilotage qui émit un son cristallin répétitif. Sur le siège de copilote, Darth Therliss sortait peu à peu de son sommeil. Ses membres encore engourdis reprenaient vie peu à peu. Que faisait-elle à bord de son vaisseau ? Ses souvenirs étaient étrangement confus, voir totalement absents sur ce qui s’était passé après son combat contre Darth Yrlion. Elle se souvenait de la douleur, de l’angoisse et de la terreur qu’elle avait ressentie à l’issue du duel et puis… du vide… étrangement présent et intense, mais toujours persistant qui avait suivi. Elle se sentait abandonnée et comme si on lui avait arraché une partie d’elle-même. La Force. Le dispositif de brouillage qu'elle portait toujours sur la tête bloquait en permanence son lien avec elle et provoquant ainsi un sentiment d’angoisse morbide.

Le son émit par l’ordinateur de bord finit par avoir raison de sa détresse et attira son attention. Lorsqu'elle essaya de bouger pour voir ce qui s’affichait, il ne passa rien. Elle n’était pas entravée, mais aucun de ses membres ne voulait répondre à ses ordres, seule sa tête remuait légèrement. Avec un effort certain pour déplacer son regard, elle remarqua qu’elle était allongée sur son fauteuil, qui était basculé vers l’arrière. Elle n’eut pas le temps de se poser la moindre question, le fauteuil s’activa automatiquement pour la redresser, lui permettant ainsi de voir complétement la console de navigation. Elle avait aussi vu sur le hublot et sur la surface de Kalakar qui s’approchait de plus en plus.

L’écran qui émettait le son cristallin depuis de longues minutes, le plus proche d’elle, affichait un schéma détaillé de la partie arrière du vaisseau accompagné d’un message d’alerte écarlate. Elle pouvait lire qu’il s’agissait d’une défaillance de l’intégrité de la coque et des amortisseurs inertiels. Ses connaissances en la matière était suffisante pour savoir que la situation était critique. Le vaisseau était équipé d’une capsule de secours, elle avait une chance. Mais, elle n’arrivait toujours pas à bouger. C’est alors que l’holo-projecteur situé face à elle s’activa et matérialisa l’image souriante de Valtus.


- Tu es réveillée ! À la bonne heure !

Les yeux de Therliss fixait froidement l’image de son rival et vainqueur. Elle commença par l’invectiver, mais se rendit vite compte qu’il s’agissait d’un enregistrement.

- Avant toute chose, tu te demandes sûrement pourquoi il t’est impossible de bouger bien que ton corps ne soit soumis à aucune entrave ?

Ta colonne vertébrale a été sectionnée à des endroits précis afin de s’assurer que tu resterais bien sagement assise là où tu es. Tes sens et ton intellect sont cependant demeurés intacts. Je tenais à ce que tu sois pleinement consciente de ce qui se passe autour de toi. De même, la chose que tu as sur la tête interrompt ton lien avec la Force, ce qui peut expliquer ce léger désagrément que tu ressens.

À l’heure qu’il est, ton vaisseau est sûrement en train de s’affoler tout en s’approchant tranquillement de Kalakar… J’imagine déjà la tête des membres de la Loge lorsqu’on leur apprendra… Je m’égare, pardon.

Je vais être direct pour une fois… Tu vas mourir, Therliss. Mais, ça, je pense que tu t’en doutais un peu… Lorsque le pilote automatique va engager la séquence d’entrée dans l’atmosphère, l’intensité des boucliers sera réduite. La coque explosera à l’endroit précis où l’ordinateur de bord détecte une défaillance, permettant ainsi à la chaleur libérée par la friction de pénétrer dans l’habitacle.

Nous avons fait en sorte que tu ne manques aucune seconde de ce spectacle, que tu puisses ressentir, centimètre par centimètre, le feu dévorer ta peau…

Après quoi, les compensateurs inertiels se désactiveront, ton vaisseau explosera et toi… toi… il n’y aura plus de toi…

Je tiens à te remercier sincèrement, Therliss, vraiment… car grâce à toi, j'ai appris beaucoup et j’ai découvert que tu avais raison, plus que jamais…

Les faibles doivent périr…


L’hologramme disparu quelques secondes après, laissant Therliss entre fureur et terreur. Comme prévu, son vaisseau pivota pour commencer à entrer dans l’atmosphère. La coque se brisa violemment à l’endroit indiqué par l’ordinateur de bord, laissant entrer un flot de flammes ininterrompu qui embrasa et consuma l’air à bord. Malgré ses poumons et sa peau en feu, Therliss resta consciente de longues minutes avant que le vaisseau ne se change en une boule de feu et ne se désintègre totalement.

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Alcazar de la Loge Noire, surface de Kalakar V - Système Dromund

Les doigts de Tomïn Faruth se refermèrent les uns après les autres dans le creux de sa main. Posée ainsi sur son genou et dissimulée en partie sous le rebord de la table, personne ne put voir sa main se muer en poing et se fermer de contrariété. Son serviteur venait de lui apprendre que le transport de Darth Therliss venait d’exploser suite à une défaillance technique alors qu’il entrait dans l’atmosphère. Il n’en montrait rien, mais il était contrarié, fortement contrarié. Dans la Force cependant, cette contrariété était plus que palpable.

- Que se passe-t-il, seigneur Belar ?

Il y avait bien longtemps que Tomïn avait abandonné son patronyme d’origine, en vérité, depuis qu’il s’était hissé dans la hiérarchie impériale et Sith. Il était à présent connu comme étant Darth Belar. Celui qui venait de le questionner s’appelait Demer Opar, un riche industriel qui n’était pas sensible à la Force. Opar ne pouvait donc rien percevoir du trouble qui animait Belar soudainement, mais l’intervention incongrue de son serviteur en pleine discussion suffisait à justifier la question. Les autres sensitifs autour de la table avaient tous les yeux fixés sur Belar.

- On vient de m’apprendre une tragique nouvelle. Le vaisseau de Darth Therliss vient d’exploser alors qu’elle se trouvait à son bord. Nos senseurs ont repéré une défaillance technique critique au moment de son entrée dans l’atmosphère.

Tous commencèrent à échanger des regards et des chuchotements. Belar, lui, avait les yeux fixés sur Valtus qui siégeait juste en face de lui. Son regard était figé, mais ses yeux lui lançaient des éclairs d’une colère froide. Le souverain de Sigil le fixait avec la même intensité et avec ce même regard figé, à ceci près que lui avaient les yeux rieurs. Grâce à sa réaction, Valtus avait compris que Belar soutenait Therliss contre lui tandis que Belar lui venait de comprendre que Valtus n’était pas étranger à la défaillance qui venait d’emporter sa rivale. Il sentait la colère monter en lui, il était presque prêt à lui sauter dessus tant cette nouvelle le contrariait. Mais, la Loge avait ses usages et ses règles, dont celle qui interdisait formellement toute forme de combat, d’attaque ou de confrontation entre ces membres dans l’enceinte de l’alcazar. En tant que Chambellan de la Loge, Belar se devait, de surcroît, de montrer l’exemple.

- Sans Therliss, tout ceci ne rime plus à rien et l’objet même de cette réunion devient caduque !

- Je ne suis pas d’accord ! Les interrogations et les accusations soulevées par Darth Therliss doivent recevoir des réponses, peu importe qu’elle soit morte ou non !

Les regards de Belar et Valtus finirent par se quitter pour s’intéresser aux autres membres de la table qui était en train de se diviser et s’engager dans des débats houleux. Valtus les observaient les uns après les autres. Ceux qui le soutenaient, ceux qui étaient sans avis véritable et ceux qui soutenaient l’initiative de Therliss. Sur les quinze membres de la Loge Noire, un n’avait pas d’avis, sept soutenaient Therliss et sept se rangeaient du côté de Valtus.

La Loge Noire, ce groupe de personnages se disant influents et puissants au sein de l’Empire, qu’il soit Sith ou profane, et se réunissant de manière informelle pour discuter des grandes orientations prises par le Trône impérial et son Conseil noir. Seigneurs Siths, Capitaines d’industries, Moffs, amiraux et aristocrates, tous se targuaient de pouvoir agir dans l’ombre pour “rectifier” les choses si nécessaire, pour “le bien commun de l’Empire”. La clandestinité et la discrétion étaient les bases mêmes du fonctionnement et de la survie de l’organisation.

Des traitres et des idiots utiles, voilà comment Valtus les avaient tous très vite considérés alors qu’il n’était encore qu’un apprenti. Les affinités avec certains membres n’étaient que de circonstance et elles disparaissaient aussitôt les objectifs et les intérêts atteints. Il était le membre le plus récent. Puisqu’il avait vaincu son maître et s’était emparé de ses possessions, Valtus avait également pris sa place au sein de la Loge, ce qui ne faisait pas l’unanimité.

Encore plus exaspéré, Belar se saisit d’une sphère métallique qui était posée devant lui, sur un socle fait du même métal qu’elle. Il frappa trois fois la sphère sur son socle, ce qui imposa vite le silence et le calme autour de la table.


- Nous avons visiblement tous un avis différent sur la question… mais nous avons tous, ici présent, juré de respecter nos règles. C’est pourquoi, face à une telle situation, j’en appelle à la sagesse et au conseil de l’Adjudicateur de la Loge afin que la question puisse être tranchée.

Tous les regards se tournèrent alors vers le seul membre attablé qui restait neutre, Darth Khaar. L’inquisiteur impérial en imposait par son calme et même dans la Force, son aura obscure était étonnement gage de sérénité. Il prit un temps avant de répondre, passant sa main gauche sous son menton, fermant les yeux comme pour entrer en une rapide méditation qui lui apporterait la décision adéquate à prendre… En vérité, Khaar savait déjà ce qu’il allait répondre depuis longtemps.

- Ce sont des très graves accusations qui pèsent sur Darth Yrlion. Notre regrettée Therliss pensait qu’il s’agissait d’un comploteur et d’un imposteur. Des crimes qui méritent l’excommunication et donc… la mort.

Aucunes preuves n’ont été portés à la connaissance de l’Adjudication, Darth Therliss comptait profiter de cette réunion pour les apporter et démontrer la véracité de ses soupçons. Sa disparition tragique et soudaine emporte avec elle toutes les accusations visant Darth Yrlion, les règles de la Loge sont claires et sans appel.


Les partisans de Valtus ne pouvaient que se réjouir de cette décision. Ses adversaires se regardaient les uns les autres, cherchant un signe, une mimique, un geste de l’un d’eux qui oserait prendre la parole pour s’opposer à cette décision. Mais, ils furent tous pris de cours lorsque Khaar reprit la parole. Valtus lui-même parut surprit.

- Cependant, jamais la Loge n’a été saisie de pareilles accusations. Les laisser en l’état et ne pas déterminer si elles sont exactes ou non nuiraient à l’unité et à l’intégrité de la Loge…

C’est pourquoi, en tant qu’Adjudicateur, j’estime que même en l’absence de Darth Therliss, l’accusation est toujours valide. Therliss ne pouvant apporter la preuve de culpabilité, c’est à Yrlion d’apporter la preuve de son innocence.


Spoiler:

Les partisans de Valtus regardaient tous Khaar avec un regard assassin. Ceux qui voulaient la tête du monarque se frottaient ouvertement les mains de satisfaction, d’autres montraient plus de retenue en acquiesçant sobrement. Belar avait les mains jointes devant sa bouche, ses coudes posés sur les accoudoirs de son fauteuil, dissimulant un sourire malin. Il le tenait finalement, car peu importe la nature des justifications ou des preuves que Yrlion allait apporter, il serait déclaré coupable par la Loge. Belar était un traditionaliste et un fervent partisan du respect des règles et des lois… mais lui aussi faisait partie du complot que l’ancien maître de Valtus avait organisé avec Therliss pour prendre le pouvoir sur Dromund Kaas. Une ascension rendue impossible par le roi de Sigil.

- Ainsi a parlé l’Adjudicateur. Les charges visant Darth Yrlion sont maintenues… Nous sommes tous impatients d’entendre à présent la parole de l’accusé… ⁣

Belar était satisfait, cependant cette satisfaction se heurtait à un fait inattendu. Il n’était pas le seul, Valtus lui aussi semblait satisfait, que ce soit par l’expression de son visage ou bien à travers la Force. Plus que de la satisfaction, il affichait même une assurance certaine, loin de la réaction attendue par un individu qui risquait d’être exécuté prochainement. L’attitude de Valtus le fit même douter l’espace d’une seconde, l’obligeant à regarder furtivement autour de lui qu’il n’y avait rien d’étrange, sondant même la Force à la recherche d’une quelconque perturbation… sans rien trouver. Il savait Valtus suffisamment habile pour falsifier son aura à travers la Force et ainsi faire passer une émotion pour une autre, mais pour l’occasion, il ne poussa pas plus son exploration ésotérique. Une minute venait de passer et Valtus n’avait toujours pas prit la parole… Belar et d’autres commençaient visiblement à s’impatienter.

- N’as-tu donc rien à dire, Yrlion ?!

Toujours souriant, Valtus se redressa et s’enfonça plus profondément dans son fauteuil, de manière à avoir une posture plus imposante, pour contrebalancer sa jeunesse insolente. Il souriait toujours, mais son regard fusillait littéralement Belar.

- Therliss avait raison… Darth Corthus n’est pas mort. Je le retiens prisonnier dans une forteresse secrète, sur Sigil. Nous nous sommes bel et bien affrontés, je l’ai vaincu selon les règles. Pourtant, au moment de lui porter le coup fatal, je me suis rendu compte que la mort était un châtiment bien trop clément au regard de ce qu’il m’avait fait.

- Traitre !

- Imposteur ! Que l'on en finisse avec lui !

Belar leva une main de manière à imposer une nouvelle fois le silence. Il était le premier surpris par la révélation de son rival. Le plus surprenant pour lui n’était pas le contenu de cette révélation, mais bien qu’elle ait été faite, maintenant, à ce moment précis où la logique exigeait de n’importe quel accusé de démentir et de se défendre. Ce n’était pas normal. Le Chambellan en appela à nouveau à la Force pour sonder Valtus et essayer de comprendre où il voulait en venir.

- Pourquoi nous faire cette révélation ? Tu te condamnes toi-même, ce n’est pas logique… cela ne te ressemble pas !

- Oh… parce que vous estimez me connaître parfaitement au point de savoir ce qui me ressemble ou pas, seigneur Belar ? Je suis impressionné.

- Vous n’avez pas répondu à la question ! Et, pourquoi se sourire arrogant ?

Le regard méprisant que Valtus lança à Opar suffisait à lui répondre, lui qui n’était qu’un “non sensitif”. Mais Valtus consenti à lui répondre.

- La vie m’a toujours souri, mon cher… Mais, pour répondre à vos questions, j’imagine, avec une profonde délectation, la tête que chacun exposée sur les marches du palais impérial sur Dromund Kaas, après votre exécution pour haute trahison…

Certains se levèrent de colère en proférant des insultes, d’autres commençaient à s’inquiéter et se tournaient vers Belar ou Khaar, qui lui aussi semblait surpris par l’attitude de Valtus.

- Jamais le Conseil noir, ni l’Impératrice ne croiront un imposteur comme toi ! Nous sommes tous des membres éminents de l’Empire…

Valtus connaissait le refrain par cœur, il n’écoutait même pas Belar tellement il avait entendu, mainte et mainte fois, ce qu’il était en train de dire.

- Et puis… Quand bien même, tu aurais dévoilé notre existence… Explique-moi comment un mort serait capable de démontrer quoi que ce soit ?

Le regard de Valtus s’assombrit soudainement. Les auras de Belar et de ses partisans sensitifs s’étaient obscurcies. Tous s’étaient levés de leur fauteuil, Belar en tête, et s’étaient saisi de leurs sabre-lasers sans les avoir activés pour le moment.

- Tu ne sortiras jamais d’ici vivant, votre “Majesté”...

À son tour, Valtus, se leva, saisissant lui aussi son sabre-laser, et jeta un regard noir à chacun de ses adversaires. Il termina par Belar et là, il sourit à nouveau.

- Belar… Belar… franchement… ça j’en doute…

Des lames lasers s’activèrent alors. Mais, ni Valtus, ni Belar, ni aucun autre membre de la Loge n’avait bougé. Ce n'étaient pas les leurs… Belar avait perçu quelques choses dans la Force, une forte perturbation toute proche qui prit rapidement la forme de six lames, provenant de six sabre-lasers tenus par six assassins Sith, jusque-là invisibles physiquement et dans la Force. Il était trop tard pour lui et ses partisans pour réagir, déjà les lames transperçaient leur poitrine de part en part et l’odeur de la chaire et des vêtements brulés envahissait la pièce. Pris de panique, les membres non sensitifs de la Loge encore en vie, même ceux favorables à Valtus, cherchèrent à fuir. L’un d’eux chercha à s’en prendre à Valtus en lui tirant dessus avec son blaster. Un acte fou et désespéré, contré avec une facilité déconcertante par l’intéressé.

Dans les couloirs de l’alcazar, les assassins de Valtus et ses agents de l’Égide traquaient et éliminaient tous ceux encore en vie, les uns s'occupant des sensitifs tandis que les autres se chargeaient des profanes.
Autour de la table de la Loge, il ne restait plus que Valtus et Darth Khaar. L’Inquisiteur se déplaçait de cadavre en cadavre, les mains jointes derrière le dos, observant ceux avec qui il avait partagé un verre, une heure avant. À travers la Force, il percevait les vies qui s’éteignaient une à une dans l’alcazar.


- Je ne m’attendais pas à un tel dénouement… Enfin, si… peut être bien que si, finalement.

Valtus ne disait rien et le laissait parler. Il tenait toujours son sabre-laser à la main droite. Khaar parlait de la fin de la Loge noire. Elle n’était plus. Mais Valtus et lui, sans se parler ni même échanger un regard, savait que la portée de ses mots allait au-delà.

- Tu as rendu un grand service à l’Empire en te débarrassant de ses parasites et je ne doute pas que tu seras récompensé en conséquence.

Valtus ne lui laissa l’occasion de poursuivre et prit à son tour à la parole.

- Ce jour-là, lorsque vous êtes venu me prévenir sur Sigil et me donner les coordonnées du camp de Therliss, vous saviez que je découvrirais la vérité, que vous l’aviez aidé à comploter contre moi… Pourquoi m’avoir prévenu ?

Khaar soupira, mais ce n’était pas spécialement contre Valtus.

- Tout doit-il toujours trouver une réponse ? J’ai donné un avantage à Therliss, je t’en ai donné un en retour… Vous vous êtes affrontés et tu l’as vaincu. N'est-ce pas là, le plus important ?

N’oublie pas Valtus qu’il n’y a qu’une seule règle, un seul fondement universel qui anime et régit le Côté obscur… Les faibles doivent périr ! Et… aussi bien face à elle que face à la Loge, tu as prouvé que ce qualificatif ne s’appliquait pas à toi.


Il s’agissait de la même rhétorique que Therliss… cela ne pouvait pas être un hasard, se disait Valtus. Dans son esprit, différents éléments étaient en train de s’assembler et de se recouper avec ce qu’il avait découvert sur Phindar.

- Therliss était votre apprenti, n'est-ce pas ?

Khaar sourit.

- Tu es perspicace, je l’avais déjà remarqué sur Korriban.

Tournant le dos jusque-là à Valtus, l’inquisiteur se retourna pour lui faire enfin face.

- Therliss avait un énorme potentiel lorsque j’ai décidé de la former. Mais il a fallu qu’elle rencontre Corthus et qu’il lui retourne la tête avec ses plans et ses complots. Depuis ce jour, elle était devenue bouffie d’ambition et d’orgueil. Des qualités indispensables et inhérentes aux Sith lorsqu’elles sont exploitées de la bonne manière, ce qui n’était pas le cas de Therliss et encore moins de Corthus. Ton maître était un Sith puissant, mais médiocre, sans aucun honneur ni aucune noblesse. Je me suis réjoui lorsque j’ai appris que tu l’avais vaincu. Je pensais naïvement que Therliss abandonnerais ses ambitions ridicules et reviendrais vers moi et sur le chemin noble du Côté obscur… mais je me suis trompé. La mort annoncée de Corthus n’a fait qu’empirer les choses. En s’enfonçant dans un désir de revanche démesuré et en se laissant contrôler par lui, elle a fait preuve de faiblesse…

Et, moi… en pensant qu’elle changerait et en ne faisant rien pour contre Corthus, j’ai aussi fait preuve de faiblesse.  Tu le sais à présent, les faibles…


- … doivent périr.

Khaar n’avait plus rien à dire et Valtus l’avait parfaitement compris. Il avait encore beaucoup de questions à lui poser. Il avait également compris que même s’il les lui posait, il n’aurait plus de réponse à présent. Distant l’un de l’autre de cinq mètres à peine, les deux Sith activèrent leur sabre-laser et adoptèrent chacun leur posture de combat.

- Pour l’honneur…

- Pour l’honneur…

Le combat ne dura que quelques instants. Les lames s’entrechoquèrent, Valtus et Khaar échangèrent quelques passes avant que Valtus ne prenne rapidement l’avantage. Khaar ne cherchait même pas à le reprendre et semblait s’adonner au combat purement pour la forme. Volontairement ou non, Khaar manqua une parade simple qui permit à Valtus de transpercer sa poitrine au niveau du cœur. Le coup lui fit lâcher son sabre-laser qui se désactiva et qui tomba sur le sol. Valtus désactiva aussitôt après sa propre lame et regarda Khaar perdre peu à peu l’équilibre puis s’effondrer sans vie sur le sol. Il éprouvait presque du regret pour son geste. Tandis qu’il récupérait le sabre-laser Khaar, Valtus perçu la présence de son maître-espion qui venait d’entrer dans la pièce.

- L’alcazar a été totalement pacifié, mon seigneur. L’Unité s’est montrée particulièrement efficace…

- Je suis heureux de l’entendre, maître-espion.

Rien de plus significatif ne fut prononcé après cela. Durant l’heure qui s’écoula ensuite, l’Égide prit grand soin d’analyser les bases de données de la Loge et d’y apporter les “corrections” nécessaire, afin de satisfaire au mieux la curiosité des autorités impériales, le moment venu.

Valtus resta un certain moment à arpenter les couloirs de l’alcazar, enjambant les cadavres entre les allées de colonnes en pierres de tailles précieuses, inondant le sol de marbre de leur sang. Un spectacle familier dont il se satisfaisait et dont son Côté obscur se nourrissait volontiers d’ordinaire. Mais la mort de Darth Khaar lui laissait un goût amer dans la bouche qui l’empêchait de savourer sa victoire à sa juste valeur. Son sabre-laser ne finirait pas dans le Hall des trophées du palais royal, comme celui de Therliss. Valtus avait décidé de le conserver dans ses appartements privés, plus particulièrement dans son cabinet de travail, sur son bureau, afin que jamais, il n’oublie…


FIN



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