Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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Hall d’accueil du Joyau du Si’Klaata, hôtel de luxe, spa et casinos,

Lentement, la cervelle monopolisée par de multiples pensées, Ragda Rejliidic, le propriétaire des lieux, dérivait sur son chariot répulseur. L’appareil, rectangulaire, matelassé de coussins de soie rouge détrempés de mucus, flottait à quelques centimètres du sol de marbre blanc veiné d’or. Du véritable or. De la pierre de taille extraite d’un filon de Boz Pity découvert six ans auparavant, et polie pendant des semaines, à la main, par toute une armée de Klatooniens serviles.

« Dernier appel pour la navette de 14h20, en direction de la Fontaine des Anciens. » hurla soudainement un hautparleur fixée bien en hauteur au-dessus de l’opulent comptoir dédié aux arrivées. Ragda sursauta, et recouvra enfin le fil de ses pensées. Une petite délégation Impériale approchait rapidement. Il ignorait qui la composerait exactement... Mais ils avaient payé le prix nécessaire pour mériter l'accueil du propriétaire et souverain de cet espace de la galaxie. Rien de moins que ça. Un accueil chaleureux, respectueux, mais aussi discret. Ils se poseraient directement dans le spatioport privé de l’établissement. Dans dix minutes.

Dix minutes. Une éternité pour qui gamberge. Une goutte d’eau comparé à l’espérance de vie d’un Hutt. Le grand hall principal débouchait sur une large allée bordée de colonnades faussement antiques et de bassins où jouaient des créatures marines aux vives couleurs. Elles croassaient, inconsciente du climat extrêmement rude de la planète, inhospitalière : elles ne devaient leur survie en ces lieux qu’au sentiment d’émerveillement qu’elles parvenaient à susciter. Drôle de sélection naturelle n’est-ce pas ?

D’une pression d’un doigt boudiné sur l’écran tactile, Ragda s’engagea dans l’allée, les yeux rivés à présent sur l’horizon découpé par les trois énormes structures qui composaient les principales installations de l’Hôtel. Trois pyramides : une petite, une moyenne, une grande. Le prix des suites gonflait exponentiellement à chaque étage. La plus luxueuse, appelée « Suite du Chancelier S'orn » en l’honneur d’un vieil allié ayant accompli les rêves inavoués du Hutt, occupait le toit terrasse panoramique de la plus haute. Là-haut, on pouvait jouir du paysage désertique et torturé de Klatooine. On contraste choquant avec le vert émeraude des jardins et de la forêt aux senteurs entretenue par l’importation massive de citernes d’eau. Des oiseaux rares voltigeaient en chantant au-dessus des têtes. La faune et le flore jouissait ici d’une liberté totale : aucune cage ou filet, pour la simple et bonne raison que le climat rude à l’extérieur des murailles de transparacier qui ceinturaient discrètement le domaine, interdisait toute fuite. Il suffisait de déambuler dans les sentiers pavés pour croiser des créatures sauvages à présent habituées à la présence des vacanciers. Un cadre idyllique, paradisiaque, loin des jeux de politiques politiciennes de la République, des intrigues morbides de l’Espace Hutt, et des luttes de pouvoir de l’Empire. Ici tout le monde était le bienvenu, et pouvait séjourner en paix, à condition de mettre de coté ses idéaux le temps des vacances… Et de payer les factures !

Un trait d’esprit qui fit sourire l’énorme Hutt. Sa large bouche dépourvue de lèvre s’étira, déformant son visage triangulaire et jouant avec les bourrelets graisseux de sa face disgracieuse. Ironique non ? Ici tout était si beau que Ragda se sentait d’autant plus… Laid. Il soupira. Pour l’occasion, il portait un poncho flambant neuf, pièce unique de la collection été-été Klatooinien de son styliste attitré : un wookie qu’il payait rubis sur le bourrelet. Il s’était surpassé, une fois de plus : Jaune d’or, aux rayures diagonales d’azur électrique. Largement décolleté sur l’avant, il s’achevait dans son dos en une capeline de dentelles balancées par la brise artificielle, chargée de la rafraichissante humidité des brumisateurs dissimulés un peu partout. Un haut col mao, comme une cerise sur une succulent gâteau, offrait une personnalité unique à ce chef d’œuvre. Il remontait droit, sur une dizaine de centimètre, encadrant avec sévérité le visage du Hutt. Enfin, parce qu’il s’agissait d’une grande occasion : l’Empire n’était pas son meilleur client depuis la fin des troubles internes, il s’était affublé d’une perruque blonde qui cascadait en de bouclettes dorées sur arrière de son crâne usuellement glabre.

C’est ainsi qu’il rejoignit son escorte, qui patientait devant la lourde porte séparant le cœur du domaine des parties techniques inaccessibles aux convives. Deux membres de la Garde Refugienne, un commando d’élite composé de membres éminents de Refuge, éprouvés à l’usage de la Force. Un échange de bons procédés : ils protégeaient la grosse limace tandis que celle-ci assurait la sécurité du secteur de Boz Pity. En quelques années, la rumeur avait fait le tour de la galaxie, le petit refuge de Velvet s’était mué en une colonie prospère mais encore jeune, sensible aux tensions et potentiellement vulnérable sans l’appuis du Mogul Rejliidic.

Ragda leur fit un signe de la tête, les salua chaleureusement. Ces anciens Jedi n’étaient en rien des serviteurs. Non. Il leur parlait avec autant de respect qu’il l’aurait fait avec Halussius ou Velvet.

« Merci d’être venu aussi vite. L’heure de l’arrivée a été précipitée. J’ignore ce qui a poussé nos invités à modifier leur emploi du temps au dernier moment. Ils ne représentent, a priori, aucune menace. Vous êtes là pour l’apparat, et pour, le cas échéant, vous assurer que personne ne viendra troubler leur arrivée. Ils ont été clair : le plus discret possible… Nous en saurons davantage rapidement, j’en suis persuadé. »

Ragda n’avait pas posé de questions. L’éthique imposait de laisser aux riches invités le luxe d’agir à leurs guises, et de subvenir au moindre de leurs caprices. C’était pour cette raison que les chambres froides débordaient de mets provenant des quatre coins – si tant est qu’une galaxie avait des coins – de la galaxie. Il avait fallu au Hutt monter de toute pièce une titanesque plateforme logistique en orbite. Un investissement couteux mais largement rentabilisé par les sommes astronomiques que les nantis payaient pour déguster des espèces protégées sur d'autres mondes. Les crédits coulaient à flot, largement de quoi maintenir à flot son Kajiidic sans devoir investir dans des activités interlopes à haut risque : comme la contrebande, la drogue ou la piraterie. Le luxe : une valeur sûre et indémodable.

Déjà, dans le ciel azur dépourvu d’humidité, et donc de nuage, un point lumineux s’annonçait. La coque d’une navette impériale reflétant les implacables rayons de l’astre diurne.

« Allons-y ! Et souriez, je veux voir toutes vos dents ! »
Ervin Holz
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« D'après notre informateur la cible pourrait avoir trouvé refuge sur ce complexe de luxe. Elle a probablement changé d’apparence physique. Restez sur vos gardes, les Hutts sont indignes de confiance et celui qui dirige ce secteur a l'habitude de s'entourer d'anciens membres de l'Ordre Jedi. Bravo 1-1, vous allez être inséré sur l'objectif Mucus, et de là vous devriez être reçu par le Mogul en personne. Vous n'avez pas le droit à l'erreur, Bravo. »

La dangerosité de l'Espace Hutt n'était pas une légende. En dehors de Nar Shadda et de quelques rares mondes réputés pour leur vie nocturne et débridée, comme cette station où ils se rendaient, la plupart de ces planètes sans lois étaient peuplées d'une plèbe de fugitifs, de crapules, de violeurs et de meurtriers en tout genre. Et tout ce monde était enfermé ensemble entre quatre murs, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Seul un dégénéré pouvait avoir envie de vivre dans un endroit pareil. Ce n'était pas un hasard si l'immigration qui y arrivait était souvent composée de repris de justice cherchant refuge dans l'anonymat. Une fois qu'ils étaient là, les retrouver revenait à chercher une aiguille dans une immense fosse sceptique. Même l'Empire laissait souvent tomber et confiait le boulot à des chasseurs de prime. C'était l'endroit idéal pour une cavale.

Klatooine n'était pas très loin de l'Espace Sith et appartenait à un sub-espace contrôlé par un clan Hutt mineur du nom de « Rejliidic ». Le Mogul qui la dirigeait était assez énigmatique et peux d'informations circulaient à son sujet, bien qu'il fusse un temps ministre de la République Galactique. Tentant d'ignorer les rebonds de la cabine, il cliqua sur une pic jointe au dossier et une énorme tête frappée de deux yeux jaunes orangés apparue. Le type soupira. On aurait dit un énorme tas de morve. Voilà donc le cacique en charge de cette mafia, probablement planqué la plupart du temps dans les entrailles crasseuses d'un repaire ténébreux. Le genre d'endroit où même l'armée Sith refuserait d'entrer. Les Hutts étaient dangereux, certes. D'autant que les liens que celui-ci entretenait avec ces salopards de Jedi, allié à l'hébergement potentiel d'un ennemi de l'Empire sur son territoire, jetait sur lui une suspicion indéniable. Le Major allait la jouer à l'ancienne. Prudence et vigilance.


Assez vite, l'agent impérial sentit la navette ralentir en se redressant. Le droïde V8 venait d'annoncer l’atterrissage proche. Quelques minutes plus tard, quatre silhouettes humaines et masculines sortaient par la rampe abaissée de l'aéronef dans une brume d'énergie vibrante. Ils étaient vêtus de blazer noirs, de pantalons beiges et chaussaient des chaussures en cuir brun. Deux d'entre eux, dont celui qui marchait à leur tête, portaient des lunettes polarisées noires mono-visière « cyclope » avec crosscom intégrée. Pour Holz c'était surtout une manière d'éviter que ses prunelles ne soient exploitées par un dispositif de reconnaissance faciale, alors qu'il se savait au milieu d'anciens membres de l'Ordre Jedi.
Ils marchèrent vers une assemblée souriante qui se tenait en ligne, et comme aucun d'entre eux ne portait d'armes visibles, le Major se douta qu'il s'agisse de sensitifs. Cette fameuse garde rapprochée mentionnée par le renseignement. Une première qui témoignait de la puissance de ce chef mafieux. Il ajusta une dernière fois son oreillette droite. Son regard s'arrêta assez vite sur l'être qu'ils accompagnaient et qui était beaucoup plus terrifiant. Sur un chariot répulseur recouvert de coussins somptueux, un Hutt d'une envergure modeste le fixait de ses yeux énormes. Sa peau imberbe était huileuse et couverte d'un mucus visible. Ses bras semblaient rachitiques comparés à son énorme corps habillé de couleurs vives. Il était très vêtu, ce qui contrastait avec ses semblables et était même coiffé d'une perruque blonde, ce qui laissa le chef des impériaux dubitatif. Holz nota que la créature le fixait. Il remarqua alors une prothèse de main couvrant une partie du bras droit du Hutt, détail additionnel qui en faisait un spécimen original. C'était donc lui, Ragda Rejliidic. L'alien qui était peut-être derrière cette machination diabolique.
L'impérial s'arrêta à bonne distance, marquant l'arrêt des ses semblables qui le suivaient en ligne comme des spectres muets.

Votre Obésité Rejliidic, permettez-moi au nom de l'Empire de vous dire que c'est un plaisir d'être reçu par votre personne. »

Jouer à ce jeu n'était franchement pas sa spécialité. Blablater n'était pas sa tasse de thé, et Holz n'était même pas sûr qu'il puisse convenir au job. Mais vu la dangerosité de la cible et sa présence potentielle dans le secteur, sans parler de sa complicité possible avec Rejliidic, l'envoi de membres de la Death Company n'était pas totalement illogique.

Inspecteur Dayt, division impériale pénitentiaire, il s'écarta pour désigner les autres d'une mains, et voici mes collègues. Nous vous sollicitons dans le cadre d'une instruction en cours sur le territoire impérial. Il jeta un regard rapide sur la garde Jedi. Cela peut attendre d'être en compagnie plus confidentielle. »

Plusieurs secondes de silence s'écoulèrent, puis l'homme au dispositif cyclope observa la structure autour de lui en cherchant ses mots.

J'ai bien cru arriver sur Korriban avant d’apercevoir cet oasis. Cet endroit est diablement impressionnant. Nous serions ravis de visiter votre complexe, même si nous souhaitons ne pas trop attendre pour échanger sur la nature de l'affaire qui nous amène.
De nombreuses vies impériales sont en jeu, et un sablier machiavélique a commencé à couler. »
Ragda Rejliidic
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Lorsque l'austère navette éructa de quatre silhouettes toutes aussi spartiates, lovées dans leurs uniforme bien trop militaires, Ragda laissa échapper, une seconde seulement, une moue déçue. Une laissé allé à la mesure de sa désillusion. Seule la froideur du devoir à accomplir accompagnait ces hommes aux visages fermés. Des êtres taillés pour l'action, très loin du profil habituels de ses visiteurs de marque. Mais comme on dit, le client est roi. Tant qu'il paye, il peut bien se présenter sous la forme qu'il désire...

Dès les premiers mots, pourtant, le visage bouffi du Hutt s'étira d'un sourire amusé. Nul besoin d'avoir étudié la physionomie humaine pour comprendre que l'exercice n'avait rien de naturel pour l'inspecteur. Aussi, en bon hôte avisé, Ragda décida de mettre un terme au supplice du fonctionnaire :

« Inspecteur Dayt, sachez que vous n'avez aucunement besoin de flatter mes rondeurs. J'ai passé assez de temps dans les sphères Républicaines, parmi les bipèdes, comme savoir parfaitement ce que vous pensez de mon apparence. Je conviens que la politesse impose quelques mensonges, mais n'en abusons pas. »

Une manière détournée d’insinuer que lui non plus n'éprouvait aucun joie à converser avec un quelconque officier pénitentiaire sans grand intérêt. Mais au moins il ne tournait pas inutilement autour du pot.

« Instruction en cours ? Division pénitentiaire ? » répéta Ragda, cette fois ne se retenant plus de soupirer. Le sourire venait de disparaître. « J'avais espéré un peu plus de... enfin soit. Les affaires sont les affaires. Veuillez me suivre, nous allons rejoindre une salle de réunion sécurisée. »

Aussitôt, Ragda pianota de ses petits doigts boudinés sur le tableau de bord tactile de son chariot répulseurs. Un vrombissement à peine audible l'anima. Il effectua un demi-tour rapide en direction d'un large couloir. D'un signe de la tête entendu, il ordonna aux deux membres de sa garde de rester dans le hangar, pour surveiller la navette. La confiance n'exclus pas le contrôle. Mieux valait garder un œil sur ce que préparaient, en réalité, ces impériaux bien trop sérieux pour être amicaux. Le virage serré fit virevolter la capeline, révélant la large queue du Hutt. Épaisse, huileuse, déformée d'une multitude de bourrelet... Et surmontée d'une coquille d'acier noir.

« Oui, mon domaine est impressionnant » répondit-il, sans la moindre once de modestie. « Construit dans les sable brûlants du désert Klatooinien. Il m'aura fallut presque dix ans faire naître cette oasis. Une folie pourriez-vous dire ? Mais c'est justement cette folie qui attire mes plus riches hôtes ! Un jardin d’Éden perdu dans l'immensité du désert, loin de toute juridiction, où je peux garantir à tous sécurité et Neutralité »

Ragda insista lourdement sur ce dernier mot. En guide d'avertissement à peine dissimulé. Sa réputation reposait, justement, sur sa volonté à ne plus faire de politique. Ici, dans cet établissement de luxe, citoyens Républicains, sujets impériaux et ressortissants de toutes les espèces se prélassaient librement, bien loin des conflits et tensions étatiques. La requête de l'inspecteur, toujours parée d'ombre, n'échapperait pas à cette règle fondamentale. Tout cela résumé en un seul mot : Neutralité.

« Ce qui est amusant... » reprit-il, changeant rapidement de sujet, comme seul un esprit Hutt pouvait le faire « C'est que la complexe et incroyable mécanique qui permet à cet endroit d'exister doit rester invisible, en toutes circonstances. N'est-ce pas ingrat envers les centaines d'ingénieurs qui ont sué eau et sang pour mener à bien ce projet fou ? Mon établissement est comme un studio de cinéma : le spectateur ne veut surtout pas voir l'envers du décor, les effets spéciaux, les ficelles qui permettent aux maquettes de flotter devant les fonds verts... »

Le petit groupe passa devant une baie vitrée offrant une vue imprenable sur la forêt des senteurs. Un espace faussement sauvage où des espèces apprivoisées jouaient les effarouchées. Le verre sans tain les protégeaient des regards indiscrets.

« Au dessus de nos têtes se trouve un dôme d’énergie invisible. Sa charge est suffisamment faible pour permettre aux navettes de le traverser sans même ressentir sa présence. Il filtre quatre-vingt pour cent des ultraviolets, coupe les vents arides. Sans lui, tout ceci serait impossible, brûlé et recouvert de sable en quelques semaines seulement. Voilà le genre d'effet spécial que les visiteurs préfèrent ignorer. »

Nul besoin d'avoir étudié la physionomie Huttesque pour comprendre que complimenter les lieux excitait la vanité de Ragda bien plus que les flatteries. Il n'avait que trop rarement l'occasion de montrer à des inconnus l'incroyable ingéniosité mise en œuvre pour permettre à son oasis de proliférer. Enfin, après quelques instants de silence sciemment placés pour permettre aux impériaux de lever les yeux au ciel et de tenter de distinguer sans succès les reflets irisés du dôme, le groupe arriva devant une double porte épaisse, en bois exotique, donnant sur une salle de réunion terriblement classique.

Un assemblage de tables sans particularité occupait l'espace central, ceinturée de chaises sagement alignées. Au centre trônait un projecteur holographique flambant neuf.

« Il arrive que j'accueille des séminaires. La pièce est sécurisée, insonorisée et je garantis la confidentialité des échanges. Sans supplément. » menti-il.

D'une ultime pression sur l'écran tactile, Ragda flotta au fond de la pièce, pour faire face à son hôte.

« Bon. Soyons bref. Je vous donne trois minutes pour me convaincre de briser mes deux règles d'or : discrétion et neutralité. Faute de quoi, vous pourrez repartir aussitôt. Et ne comptez pas sur moi pour vous rembourser le moindre crédit. La maison ne fait pas les annulations de dernière minute. La prochaine fois, énoncez directement vos intentions, nous y gagnerons tous. »
Ervin Holz
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Holz alias Dayt, ne put s'empêcher de sourire, observant le visage du Hutt s'animer avec passion et fierté en dévoilant les secrets de son domaine. Il ne pouvait nier l'impressionnante réalisation, malgré les circonstances qui les avaient amenés ici. Néanmoins, il garda une posture droite, conservant la solennité de sa mission.

Vos deux règles d'or, je les comprends et les respecte. Je ne suis pas venu ici pour les enfreindre sans raison, ni pour abuser de votre hospitalité. » Sa voix était calme, ses mots choisis avec soin, cherchant à ne pas froisser son interlocuteur. « Mais je vous demande de considérer la gravité de la situation qui m'amène. » sourit-il.

Ni lui, ni aucun des spectres muets qui l'accompagnaient ne retirèrent leur lunette polarisée en s'asseyant.

« L'inspecteur » prit le temps d'observer les moindres détails de la pièce, comme s'il cherchait à graver chaque élément dans sa mémoire. La salle était vaste et lui évoquait étrangement certaines salles de l'Académie Sith de Korriban qu'il avait visité une seule fois dans sa carrière. L'endroit témoignait du goût éclectique et raffiné de son interlocuteur. Les murs étaient recouverts de fresques aux teintes chaudes, dépeignant des scènes de la vie quotidienne lointaine, et parfois d'une époque plus lointaine, offrant un spectacle étonnant et fascinant.
Les parfums de la pièce étaient envoûtants, mélange subtil d'encens et de fleurs d'une vallée perdue. Une brise fraîche était soufflée par des aérateurs chromés intégrés en symbiose aux parois des murs, offrant un havre agréable à l'abri du soleil ardent. Les bruits extérieurs semblaient avoir été totalement absorbés, laissant régner un silence presque surnaturel, seulement interrompu par les voix des protagonistes.

J'avoue être sincèrement impressionné par la qualité de cet endroit. Tout est pensé dans les moindres détails. Il serait fâcheux qu'une personne indésirable, ne vienne y apporter de lourds ennuis dans ses bagages. Docteur Klet, veuillez expliquer à Monsieur Redjidic la nature de l'affaire qui nous amène. »

Un sourire impassible sembla s'animer sur le visage d'un des chauves qui portait une blouse blanche. Une voix humaine claqua dans la pièce.

Laissez-moi vous conter une histoire quelque peu amusante », commença-t-il, un sourire toujours en coin. « Imaginez un homme, appelons-le Eyclone pour les besoins de la cause. Eyclone est un homme doté d'un talent exceptionnel pour.. disons.. provoquer des catastrophes à grande échelle. Un véritable artiste de la destruction, si vous voulez. »
L'homme marqua une pause, laissant les mots imprégner l'atmosphère. « Maintenant, imaginez que cet homme vienne séjourner dans un magnifique endroit où la discrétion est reine, où la neutralité est le credo. Un endroit comme le vôtre, mais bien sûr, il ne s'agit que d'une coïncidence. » fit-il en observant ses ongles sans raison.

Holz reprit le flambeau. La stratégie d'intimidation était lancée.

Veuillez excuser le Docteur pour son humour narquois, nous avons de la pression provenant d'en-haut. Ce qui veut dire que cette pression se transmet sur vous. La merde glisse toujours vers le bas. »

Holz se frotta le nez en sortant son datapad qu'il posa devant lui sur la table, inspectant un instant le dossier épinglé au briefing.

Dossier N0017115:

Puis il reprit.

Cet individu, est vraisemblablement impliqué dans deux homicides perpétrés à l'encontre de dignitaires de l'Empire. Bien que nous ne disposons pas encore de l'ensemble des éléments constitutifs, l'affaire semble revêtir une ampleur plus considérable. En réalité, nous ignorons l'étendue de cette organisation, mais il est probable qu'il ne s'agisse pas d'un simple groupuscule marginal  adeptes de la fumette sur gazon. Des renseignements confidentiels nous orientent plutôt vers une menace d'une tout autre envergure. Je ne peux rien dire à ce sujet. Mais cet homme, ayant un passé de psychopathe, est également doté de facultés sensitives liées à la Force. Il a échappé, il y a un mois, à la capture par une unité d'élite. Et nous voici sans doute tous réunis ici, confinés entre quatre murs en sa compagnie. » conclut Holz.
Ragda Rejliidic
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Soupire théâtral. Trop théâtral. Complètement sur-joué. Si l’imposant et visqueux gastéropode avait été un acteur studio, alors le metteur en scène aurait hurlé « COUPEZ ! » avant de lui passer un magistral savon. Mais Rejliidic n’était pas un acteur studio, et plus personne n’osait lui passer de savon depuis qu’il régnait en maitre, d’une main glaireuse sur son Kajiidic préservé des jeux diplomatico-politiques auxquelles s’adonnaient masochistement les grandes puissances. En vérité, si : une personne aurait eu assez d’audace et d’indépendance d’esprit pour lui passer un véritable savon : Darth Velvet, son acolyte de longue date. Mais il ne lui en laissait nullement l’opportunité ces derniers temps. Ragda n’avait plus reposé pied sur Refuge depuis près d’une année standard, soit deux révolutions et demie de Klatooine, délaissant ses entraînements physiques et mentaux.

« Vous me placez dans une très fâcheuse position. » fit-il, en réponse au discours alarmiste. Une attitude emprunte de désinvolture. Il doutait, sans l’ombre d’un doute, de la gravité des faits évoqués, convaincu que les Impériaux les exagéraient volontairement pour lui forcer la main. « L’éternel dilemme : doit-on sacrifier la liberté sur l’autel de la sécurité ? Je sais d’expérience que vous avez tranché la question, chez vous, dans l’Empire. Mais ce n’est pas le cas partout. » Il secoue la tête, de gauche à droite, éclaboussant de quelques gouttes de mucus ses flancs. « C’est enchaînement des potentialités qui me laisse perplexe. D’abord vous me demandez un service. Puis, si j’accepte, vous allez, peut-être, probablement, un jour ou l’autre, revenir avec d’autres cibles. On passera du terroriste notoire aux opposants politiques encombrants… Non. Ça ne marche pas comme ça ici. Dans mon domaine, chacun laisse ses étiquettes et ses appartenances religieuses, ethniques et politiques dans le vestibule. Je suis l’avatar même de la Neutralité. Avec un « N » majuscule. Dans le cas contraire, je perdrais la confiance de mes hôtes. »

Une fin de non-recevoir. En apparence tout du moins. Un être fourbu aux arts des négociations de haut rang comprendrait aisément les règles du jeu entamé par le ventripotent Hutt : Refuser tout en bloc, pour forcer l’adversaire à revoir ses conditions. Puis lâcher du mou, lentement. Jusqu’à arriver à un compromis acceptable des deux partis. Ses deux énormes yeux globuleux disparurent sous ses paupières plissées, dissimulant quelques instants l’éclat de malice, ainsi que la pointe d’amusement qu’arborait ses iris jaune-orangé. Il observait les humains. Silhouettes dégingandées jugées sur deux excroissances longiformes. Depuis longtemps, Ragda avait développé un fétichisme douteux concernant ces appendices nommés jambes. Particulièrement celles élancées des danseuses. Mais il voyait aussi ces membres comme la preuve irréfutable d’une infériorité congénitale, génétique… Les êtres ayant dû évoluer de la sorte pour se mouvoir avec célérité descendaient manifestement d’espèces ayant été incapable de dominer leur niche écologique. Ce que les Hutt avaient su faire très tôt dans leur histoire. Pourquoi gaspiller de l’énergie lorsque l’on pouvait user et abuser d’esclaves et de serviteurs ?

Tout en laissant ces pensées s’inscrire et s’évanouir aussitôt dans la trame de fond de son esprit tortueux, Ragda pratiquait sur ses invités de marque une éhontée vivisection mentale. Dissection de chaque mouvement infime, de chaque tic nerveux, de chaque geste anodin. Puis, avec une efficience héritée de plus d’une centaine d’années de pratique, il les classait en deux catégories : les conscients et les inconscients. Subtile subtilité. Un négociateur avisé savait parfaitement que le langage corporel trahissait pensées et sentiments non avoués. Aussi, les plus habiles lançaient, sciemment, de faux signaux, pour tromper leurs adversaires. L’Art consistait à démêler l’artificiel du naturel… Comme dans une partie de Sabbaac aux enjeux dépassant largement la mise sur table… Sauf qu’ici, les joueurs ne disposaient pas de plusieurs tours pour décrypter leurs adversaires… Il fallait les juger vite, sans se tromper. Car en cas d’erreur, il serait trop tard pour faire marche arrière sans perdre la face.

Une poignée de secondes d’un assourdissant silence s’égrenèrent avant que le Hutt ne bombe le torse pour se tourner lentement, abandonnant l’observation de ses interlocuteurs pour se perdre dans le panorama. La plus grande fierté de son existence.

Les Impériaux ne bluffaient pas. Ragda venait de s’en convaincre. Ces bipèdes n’avaient rien des diplomates aux ambitions voraces qu’il avait pu côtoyer au cours de sa longue et mouvementée carrière. Ils les devinaient êtres de terrain, d’action. La désinvolture du « Docteur » trahissait tout le dégout qu’il éprouvait, jugeant ces pourparlers comme une perte de temps inacceptable. L’autre dissimulait mieux son impatience. Mais la manière dont il avait aussi aisément révélé quelques miettes d’une affaire sensible prouvait qu’il n’espérait qu’une chose : aller droit au but pour passer à la traque.

Sous le crâne glabre du Hutt, des dizaines, peut-être même des centaines, de scénarios défilaient à la vitesse de ses pensées, infiniment plus rapide que celle de la lumière. Alors qu’il échafaudait ses plans sur la base de ses observations et de ses options supposées, il continuait d’enfoncer le clou :

« Comme vous le savez, la confiance est une denrée fragile, hautement friable. Un seul faux-pas, et elle vole en éclats acérés. Et parfois, ce qui est brisé ne peut être reforgé. » Il en était lui-même convaincu. Il continua, toujours dos à ses interlocuteurs. « Que diriez-vous si, demain, des émissaires Républicains me demandaient d’outrepasser mes règles, ici, alors que des officiels Impériaux se prélassent paisiblement ? Il pourrait s’agir d’une opération sous couverture, usant d’un faux-prétexte pour… » Sa voix gutturale meurt sur ce mot, afin de laisser à ses interlocuteur le loisir de l’achever, mentalement, à leur guise. Il ricana alors. Un rire caverneux qui n’avait rien de moqueur. Seulement amusé. Oui, Ragda prenait son pied.

« Mais je ne suis pas Hutt à fermer aussi aisément des portes, au risque de renoncer aux opportunités... » Fit-il enfin. « Si votre homme trouble la sécurité de mon établissement, je saurai le gérer. Vous avez sans doute remarqué que ma garde rapprochée est composée d’êtres sensibles à la Force. Je n’ai nullement besoin d’officiers impériaux pour interpeller un trouble-fait, quel que soit son pédigré. » L’opportuniste Hutt comptait profiter de cette occasion inespérée. « Disons que vous m'avez convaincu concernant la dangerosité de cet homme. Il serait, effectivement, imprudent de le laisser déambuler parmi mes invités de marque sans prendre quelques précautions... Comme le garder discrètement à l’œil. Mais, pourquoi devrais-je l'arrêter ? Qu'ai-je à y gagner ? Un bon accord se doit d'être gagnant-gagnant.»
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