Seul dans son vaisseau, assis en lotus, Wan respire lentement. Son esprit repasse la scène.

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Il avance dans les terres glacées de Missarassa. Cela fait désormais trois mois qu’il cherche sur cette planète, trois mois qu’il parcourt la neige et la glace afin de trouver un cristal adegan, le dernier élément manquant pour la construction de son arme, de son sabre afin d’atteindre le premier de ses deux objectifs, qui lui permettront de finalement devenir un Disciple d’Élite.

La neige l’apaise, mais le froid l’énergise. Il se sent bien dans la glace, comme dans son élément. Après deux heures de marche, une grotte s’offre à son regard. Une grotte constituée entièrement de glace, mais un abri tout de même contre les éléments qui s’éveillent. Il entre et s’enfonce dans cet édifice improbable, pour finalement trouver ce qu’il cherche, encastré dans une paroi.

Avec l’impression de faire ce qui doit être fait, Wan sort son sabre d’entraînement. Les éléments, la Loi de l’Espace l’a guidé ici, il va donc prendre ce cristal que la glace veut lui refuser. La glace, censée être éternelle en ce lieu, crépite sous la chaleur de l’arme. La grotte réverbère ses craquements, l’écho donnant l’impression que l’édifice tout entier hurle de douleur, impression augmentée par les cris du vent que le disciple entend au loin.

Finalement, le cristal tombe de son écrin. Wan l’attrape d’un geste vif, sans le laisser tomber au sol, alors qu’il éteint son arme.

— Donnes-moi ça.

La voix, qui vient de derrière lui, surprend le disciple. Elle est grave et dure, sèche comme les déserts de tatooine où il a pu se rendre.

Wan se retourne doucement, sa prise encore en main et son sabre dans l’autre. La personne à qui appartient cette voix porte une armure de fibre, elle aussi, d’un jaune tirant sur le sable. L’homme possède aussi une cagoule qui dissimule ses traits, seuls ses yeux sont visibles derrière le masque transparent qu’il porte.

— Dépêche-toi.

Des ordres. Ce sont des ordres et Wan n’en reçoit que d’un groupe restreint de personnes. Cette voix n’appartient à aucune d’elles et il n’y obéira pas. Il fixe la main tendue de l’inconnu et active son sabre.

— Tu le prends comme ça, hein.

L’autre sort un sabre laser, lui aussi, dont la lame brille d’un orange pâle. Sa main reste tendue, mais des éclairs en sortent.

Wan ne prend pas le temps de réfléchir, lâche le cristal et se met en position défensive, juste à temps pour pouvoir bloquer une partie de l’électricité. Sans plus d’idée de ce qu’il va faire ensuite, il envoie une Onde de choc la plus puissante possible. Le cristal vole, les éclairs se stoppent alors que l’inconnu est projeté contre la paroi opposée. Il trouve cependant le moyen de se retourner et d’y atterrir sur les pieds. Pendant la manœuvre, l’homme se met à briller, des éclairs semblent parcourir sa silhouette tandis qu’une odeur d’ozone emplit la caverne.

Wan n’a le temps que de se jeter vers la sortie avant qu’une explosion électrique n'ait lieu et le balaie dans le même temps. Alors qu’il gît au sol, paralysé et le dos brûlé, il entend l’autre ramasser le cristal et approcher.

— Tu te bats mieux que les autres disciples, raison de plus pour ne pas te laisser vivre.

L’inconnu sait. Wan ignore comment, mais cet homme connaît son affiliation, presque son rang même. Pire, il semble que Wan ne soit pas le seul de la secte à être tombé sous les coups de cet homme. Le disciple concentre toute la force qu’il peut, il se charge autant que possible avant que l’inconnu n’arrive à ses côtés. Ensuite, il lance la plus puissante Onde de Choc qu’il ait pu. Une fraction de seconde plus tard, quelque chose lui transperce la hanche, quelque chose de brûlant. Il hurle sa douleur alors que la caverne s’effondre sur eux.

Lorsqu’il ouvre les yeux, sa hanche le lance encore. Le froid a complètement engourdi son corps, le gel a recouvert sa blessure. Il semble cependant qu’il soit seul, que l’assassin l’ait simplement laissé pour mort au milieu des éléments déchaînés.

Wan active son commlink et crée la liaison avec son vaisseau, pour que le droïde l’entende.

— Viens… Me ramasser.

Il lui envoie ses coordonnées.

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Wan wu, disciple interne de la Secte du Grand Infini, serait mort s’il n’avait pas possédé un droïde capable de piloter. Le Cyclope de l’Espace serre les dents. Il doit devenir plus fort et, pour ça, il doit anéantir cet homme qui l’a eu par surprise.

Il se relève et attrape son sabre d’entraînement. Il se met en garde, puis commence à répéter ses katas. Lors des katas, il se concentre sur la rancœur qu’il ressent contre lui-même. Il est encore trop faible. Ses enchaînements se font de plus en plus secs, de plus en plus violents, alors qu’il laisse sa rancoeur éclater et se mêler à la haine qu’il ressent envers Shien-Tu. Alors que son esprit divague vers la secte, il se revoit face à Zhu Zhang, il la revoit lui annoncer, dans le plus grand calme, qu’elle ne suivra jamais un homme faible. Sa rage augmente encore, mais elle s’éteint presque immédiatement, l’activité physique qui épuise son corps apaise aussi son esprit, malheureusement.

En sueur, il va se doucher et regarde encore la cicatrice qui orne désormais sa hanche, cadeau que son ennemi lui a laissé il y a désormais quelques semaines. Comme à chaque fois qu’il se voit, il se bénit d’avoir pensé à améliorer sa régénération avec son Ki à chaque fois qu’il l’a pu, sinon il serait resté alité bien plus longtemps.

Ces dernières semaines, il a passé beaucoup moins de temps à méditer et à s’entraîner, il s’est bien plus concentré sur la recherche d’informations. Après avoir passé des heures à écumer les informations fournies par l’Échange, recoupé avec les dernières informations que la secte possède concernant les disciples en extérieur, il estime que l’autre base ses opérations proche d’une route, à distance raisonnable du lieu de l’attaque et proche de l’espace Hutt où la secte dépose régulièrement ses disciples.

Très peu de planètes correspondent à cette conclusion, trois plus précisément. Jabiim, Taskeed et Dennogra, cette dernière est d’ailleurs la plus proche de l’espace Hutt, où la probabilité de trouver son homme est la plus importante. Pendant le trajet, Wan se concentre sur ses aptitudes de combat. Il faut qu’il progresse, il faut que l’autre paie, il faut que cet homme trépasse sous sa lame, il faut, enfin, qu’il récupère son cristal.

Pendant les dernières heures de trajet, Wan décide de ne pas s’épuiser plus que nécessaire au cas où son ennemi serait plus proche que prévu. Pas de méditation cette fois, il s’énerve plus qu’autre chose lorsqu’il tente de le faire, ces derniers temps, et ce n’est pas une bonne idée face à ce genre d’adversaire. A la place, il prend plus de temps pour se mettre au fait des événements écoulés depuis son dernier voyage. Comme d'habitude, il tombe sur des articles et informations concernant les événements d'Ossus. Il y prête cette fois plus attention à cause d'un nom qui revient comme celui d'un acteur important de cette débâcle, Tanlo Jakobi, le mercenaire.

A partir de là, Wan se met à lire, écouter et regarder tout ce qu’il trouve sur cet homme. Regarder ces holovids lui permet de voir comment un combattant sans Kise bat. Il cherche aussi à savoir si cet homme peut l’aider dans sa vengeance. Il a en effet conscience que son adversaire de cet instant est trop puissant pour être affronté seul.

Lorsqu’il arrive finalement sur Dennogra, Wan décide de se rendre dans la cantina la plus proche, pour s’abriter des rayons du soleil et de la chaleur du sable de midi. L’atmosphère étouffante de l’intérieur reste désagréable, mais bien moins que l’extérieur, alors que le son sourd des discussions continue. L’épée qu’il porte à la taille, son armure et son masque habituels ne lui valent même pas une seconde complète d’attention de l’assistance.

Wan se place au bar et commence à boire, lorsque le silence se fait. Sa tête se tourne presque inconsciemment vers l’entrée, comme seule une entrée d’une personne connue peut causer un silence dans un tel établissement.

Son bras se fige, son verre à mi-chemin de la table. Il a devant les yeux une personne qu’il reconnaît, pour la bonne raison que son portrait figurait sur chaque article qu’il a récemment lu. Il a devant les yeux Tanlo Jakobi.

Wan fait signe au tenancier d’approcher.

— Dites-lui que je lui paie la boisson de son choix.

- Ouais, c'est noté.

Tanlo marchait dans les rues ensablées avec lenteur, le doigt sur son comlink. S'il affichait une mine sereine, il n'était pas forcément tranquille. Travailler avec l'Empire était risqué par les temps qui courent, et les réactions de ses proches après Ossus faisait qu'il acceptait les contrats avec les Siths à reculons. Toutefois, cette fois, pas d'affrontement contre la République. Ce serait neutre. Alors, que le type avec lui ait un sabre laser rouge ou bleu ne changeait pas grand chose, et sa conscience pouvait dormir tranquille.

On lui avait donné rendez vous dans cette petite ville, et qu'il serait rejoint par l'inquisiteur en question, ou au moins un de ses représentants. Bon, qu'on vienne le chercher ne le dérange pas, tant que l'inquisiteur en question ne sortait pas le grand jeu. En attendant, il pouvait toujours tuer un peu le temps à la cantina.

C'est en claquant la porte tournante que Tanlo avait fait son entrée dans la cantina. Avec politesse, il essuya ses bottes sur le tapis de l'entrée, laissant tomber du sable par terre, avant d'enlever son chapeau, recoiffant ses cheveux grisés et rendus humides par la transpiration. Le chapeau devenu temporairement éventail de fortune, il s'avança vers le comptoir, ignorant les regards posés sur lui.

Enfin non, il ne les ignorait pas. Il s'en délectait. Admiration ? Parfait. Haine ? Aucun n'avait les couilles de tenter quoi que ce soit, ce qui était encore plus plaisant. Le tenancier lui fit un signe. Le colosse s'accouda au comptoir, faisant légèrement grincer le bois, s'exprimant dans un Huttese parfait.

- Salut patron.

- Bonjour Tanlo. Y a quelqu'un qui a envie de t'offrir un verre.

Le regard bleuté du mercenaire devint pétillant, alors qu'un sourire déforme son visage barbu.

- Oh ? Qui est cette charmante minette ?

Le tenancier fait un mouvement de tête. Tanlo se tourne, et son sourire charmant disparaît devant la vision de l'homme.

- Oh.

Bon, il aurait du s'y attendre -on ne lui offrait que bien rarement des verres-, mais l'espoir fait vivre, non ?

- Ton eau la plus fraîche pour moi, merci, une bouteille, dit-il avant de se diriger vers l'homme qui l'invitait si généreusement, s'asseyant à côté de lui.

- Salut.

L'autre est silencieux. Les deux individus se jaugent, sans menace, ni hostilité, de manière purement informative. Les yeux perçant du mercenaire déshabillent presque le fanatique. Des muscles athlétiques, fins, tendus comme des câbles d'acier. Un masque qui cache toute émotion, mais il peut sentir la gêne de la chaleur. Sa posture est droite, décidée, presque digne, comme un fauve prêt à bondir. Légèrement fléchi sur la gauche. Une arme. A la hanche. Un sabre. Mais il y a autre chose. Caché. Il le vois dans les plis de l'armure, la physique des tissus. Quelque chose de lourd. Cylindrique. Un sabre laser ? Tanlo plisse les yeux. Ce n'est pas un Jedi, ni un Sith... mais il peut la sentir. La Force. Son instinct quasi-surnaturel l'encourage à fixer les jambes de l'autre. Hum...

- Ca va mieux la hanche ? Il fait un clin d’œil complice, avant de remercier le tavernier. Il se sert le verre d'eau, avant de l'engloutir tout entier. Ah la vache, elle est fraîche. Hey, à mon âge, trop d'alcool, c'est pas bon. Et tu sais quelle chaleur il fait, hein ?

Il se met un peu plus à l'aise.

- Bon, j'te connais pas, mais si j'en juge par ton sabre et ton physique, on est du même type, toi et moi, pas vrai ? Alors qu'est ce qui t'amène ici ? T'es là pour accompagner l'Empire ? Paraît qu'il y a des mouvements de troupes dans le coin, ca fait des semaines que ca se tourne autour avec quelques vaisseaux républicains et les Hutts sont en embuscade...

Il s'approche de son interlocuteur, chuchotant sur le ton de la confidence.

- Ou alors, t'es là pour raisons personnelles... je me trompe ?