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« Tst, tst, tst, regardez-moi ce travail, il était grand temps que j'arrive. »

Quelque chose n'allait pas avec les ombres, elles n'avaient pas la forme qu'elles devraient avoir, elles n'étaient pas où elles devraient être et elles semblaient onduler suivant le murmure menaçant de la sorcière.

« Ce sera tout mon brave, je prends le relais à partir de là. »

Une forme ovoïde noire, en suspension au-dessus du sol, pénétra avec un silence inquiétant dans la cellule. Elle s'ouvrit alors, libérant de ses entrailles plusieurs bras manipulateurs. Ces derniers, avec une délicatesse contre nature, se saisirent de la forme endormie du Miralian et l’entraînèrent à l'intérieur du sarcophage de métal.

*****

Le paysage de Ziost avait perdu depuis longtemps le droit de paraître anodin. Dans ses toundras gelées, semblables à des ossuaires à ciel ouvert, la neige, pareille à de la poudre d'os, se précipitait dans votre gorge pour mieux vous étouffer, le froid mordait comme un millier de bouches affamées qui vous séparait de votre chair, une bouchée à la fois, le vent s'agrippait à vous telle une mer de crochets et vous emportait sans cesse plus profondément dans ce gouffre au centre de vous-même. Et profondément, ils avaient creusé, les noirs seigneurs de ce monde.

Noires face aux plaines laiteuses comme la peau d'un cadavre, les tours de Malhazar se dressaient telles un bouquet d'épées. Le métal, agencé en angles acérés, lacérait jusqu'au regard porté sur lui. Il avait soif de sang, une soif qui ne serait jamais étanchée.

Entre la couronne de ses tours reposait un vaste, et trompeur, cercle de métal, trompeur dans le sens où, loin d'être le corps principal de la prison, il n'en était que le plus superficiel niveau, dissimulant les profonds abîmes de ses geôles. C'était au point culminant de ce cercle que se trouvait le centre d'accueil des nouveaux prisonniers, un véritable sas isolé hermétiquement du reste complexe et où ses futurs résidents étaient préparés pour leur long séjour en son sein.

C'était là que la Sorcière se trouvait, arrivant tout droit de Cantonica dans ses plus beaux habits, flanqués de deux sarcophages ovoïdes flottant silencieusement au-dessus du sol. Un droïde vint à sa rencontre, une sphère portée par quatre membres arachnéens. La machine produisit l'hologramme écarlate du directeur de la prison, Darth Shriek.

« Deux nouvelles âmes offertes à notre métier à tisser ? » lança-t-il sans autre forme de procès.

« Des présents du Prince Noir en personne, répondit-elle avant de faire un geste de la main en direction de l’œuf de métal à sa droite, le Président de l'AGPU, le même pour celui à sa gauche, et un médecin militaire qui s'avère être le patriarche d'un clan influent de Mirial. »

« De bien belles proies. Y a-t-il quoi que ce soit que je dois savoir avant de commencer le conditionnement préliminaire ?

— Le président est dans le coma, je tiens à ce qu'il y reste pour l'instant. Pour le reste, ce sera à vous de le découvrir.

— Fort bien, lâcha-t-il avec une pointe d'agacement, commençons alors. »

*****

La sorcière jouait avec le cylindre de données qu'elle avait reçu de sa futur-ex-futur-amie, la délicieusement duplicieuse Darth Calix, quand Shriek lui annonça qu'il en avait finit.

« Les prisonniers sont prêts pour leur transfert dans leurs cellules. Le Président Thélophilus est toujours dans le coma, mais ses constantes sont stables.

— Parfait.

— Concernant le Docteur Atraïde, outre des blessures superficielles causées par son séjour dans les geôles du Prince Noir, il présente des tissus cicatriciels correspondant à des brûlures au 3e degré sur un quart du corps ainsi qu'une jambe prothétique, la gauche. Cela est typique d'une blessure de guerre, une mine, une grenade ou un tir d'artillerie. Sa prothèse a été retirée conformément au protocole de sécurité standard, cependant, sa confection est un peu trop élaborée pour être la dotation standard de l'armée républicaine, soit il se l'ai payé lui-même, soit un tiers l'aura confectionné pour lui, les analyses à ce sujet se poursuivent.

— C'est tout ?

— Non, une dernière chose. Les tests sanguins ont révélé un taux de Midichloriens supérieur à la normale.

— Assez pour justifier d'une formation ?

— Non, mais il n'est pas négligeable non plus.

— Je vois, je saurais faire bon usage de tout ceci.

— Comme toujours... Concernant le placement de nos nouveaux pensionnaires, le cinquième niveau devrait être suffisant.

À la vue de leur importance, et de celle de ceux qui nous les ont confiés, placez-les plutôt au septième. »

*****

La cellule était un cube parfait de deux mètres de côté, une faible lumière émanait de ses arêtes, la plongeant dans une pénombre abstraite et fractale. En son centre reposait l'un des deux sarcophages ovoïdes, il ne flottait plus désormais, mais était relié à une plus vaste machinerie qui descendait du plafond de la pièce. Son sommet était ouvert, dévoilant la tête du docteur Atraïde.

La Sorcière était là, elle aussi, se tenant face à lui comme un prédateur à l'affut. Elle claqua des doigts et les machines se mirent en branle, injectant dans le corps du Mirialan les substances qui le sortiraient de sa torpeur.

« Réveillez-vous, mon docteur. » Dit-elle, sa voix à la fois doucereuse et râpeuse accompagnant son retour à la conscience. « Réveillez-vous, car nous avons à parler, vous et moi, et nous avons beaucoup à parler. Alors... Réveillez-vous. »

Une vrille de son esprit vint se glisser dans celui encore groggy du médecin, une injonction qui vint se joindre aux produits pour l'arracher à l'inconscience.

« Re bienvenu parmi nous, mon bon docteur. Je suis sûr que vous avez de nombreuses questions concernant votre situation actuelle, ne vous inquiétez pas, je suis là pour y répondre. »

Elle fit un grand geste de la main pour désigner l'endroit où ils se trouvaient.

« Vous êtes à présent l'un des, nombreux, pensionnaires de Malhazar, un enfer qui ne connaît nulle fin ou issue et où jusqu'à votre âme elle-même sera mise à mort... »

Elle marqua une pause ponctuée d'un petit ricanement.

« Ce sont les mots du Directeur, c'est un dramaturge qui s'ignore. N'ayez nulle peur, mon bon docteur, ce n'est pas entre les mains de l'Inquisition et de ses bouchers au rabais que vous êtes. Ceci n'est pas un lieu de punition, mais de guérison. Ici, ce qui est brisé est réparé et ce qui est perdu remplacé, ici, l'on devient une meilleure version de soi-même. »

Elle sortit alors un datapad des replis de sa robe.

« Mais, avant que nous n'allions plus loin, je dois vous rappeler quelques points du règlement de notre établissement, c'est la procédure standard pour tous les nouveaux arrivants, on ne peut pas y couper. »

Elle pointa du doigt la structure métallique dans laquelle le Mirialan était enfermé.

« Ceci est ce qu'on appelle une N.O.U.N.O.U, c'est un sigle. À la base, c'était une combinaison entre un droïde anesthésiste et un caisson d'isolation sensoriel conçue pour gérer nos prisonniers sensibles à la Force. Mais depuis, elle est devenue bien plus que cela. La N.O.U.N.O.U prend soin de vous et pourvoit à tous vos besoins. Elle vous nourrit et vous garde propre, elle vous aide à vous endormir, mais aussi à vous réveiller. Elle est comme une seconde mère, et vous apprendrez à l'aimer comme elle, elle vous aime.»

La machinerie émit un vrombissement comme pour donner son assentiment aux propos de la Sith. Cette dernière attira ensuite l'attention de son prisonnier sur le collier de métal argenté fixé à son cou.

« Quant à ceci, il s'agit d'une variante d'un collier d'esclave Zygerien, du haut de gamme. Il est connecté à vous en trois points précis. »

Elle montra ces fameux points en pointant deux endroits de chaque côté de sa gorge et un dernier au niveau de sa nuque.

« La pose a été réalisée avec minutie par un droïde et seul un droïde parviendra à le retirer, essayer de le faire par vous-même entraînerait des conséquences... fâcheuses. Ce charmant dispositif renseigne votre position ainsi que la totalité de vos signes vitaux en temps réel directement auprès du directeur. Si quoi que ce soit... d'irrégulier devait arriver, le directeur serait en mesure de régulariser la situation d'une simple touche. Cela vaut pour tous nos pensionnaires. »

Elle jeta un nouveau regard à son datapad avant d'ajouter :

« Il se pourrait aussi que vous sentiez comme s'il vous manquait une jambe, eh bien, c'est parce que c'est le cas. Votre prothèse vous a été retirée, cela fait partie du protocole de sécurité standard j'en ai bien peur, mais rassurez-vous, elle vous sera restituée en temps utile, ce n'est pas comme si vous alliez être amené à vous déplacer dans un avenir proche de toute façon.

« Oh, lâcha-t-elle en feignant la surprise alors qu'elle rangeait son datapad, j'allais oublier, les présentations d'usage, quelle tête en l'air je fais. »


Elle exécuta une brève révérence à son prisonnier avant de déclamer un discours mainte fois récité :

« Darth Unus, le meilleur cauchemar que l'on puisse rêver d'avoir, sorcière extraordinaire, salope exemplaire, heureuse de vous rencontrer, mon bon docteur. Et quant à vous, mon cher, vous êtes Balian Atraïde, major de l'armée républicaine, médecin militaire et... »

Elle retint volontairement ses derniers mots, comme pour entretenir un effet de suspense.

« … Patriarche du clan Atraïde-Arrakis, ceux qui se sont enfuis, ceux qui ont abandonné leur patrie derrière eux. »
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« Réveillez-vous, mon docteur. » Cette voix je ne la connaissais pas. « Réveillez-vous, car nous avons à parler, vous et moi, et nous avons beaucoup à parler. Alors... Réveillez-vous. »

Il me fallut quelques secondes pour émerger. J’avais l’impression d’une formidable gueule de bois Que m’était-il arrivé ? Où étais-je ? Je n’en savais rien. La dernière chose dont je me souvenais c’était avoir soigné l’œil du Major Holz…la grosse brute qui me tabasse…et le foutu droïde aussi qui s’en mêle et m’anesthésie. Et ensuite…trou noir.

Je ne voyais pas très bien l’endroit où je me trouvais. Comme si mes yeux étaient embués. Un « grand flou lumineux » comme qu’il dirait dans les holo-films. Mes yeux eurent besoin d’u peu de temps pour s’habituer à la pièce. Il y avait une femme devant moi, elle déblatérait tout un tas de conneries. J’étais donc prisonnier. Jusque là rien de nouveau.

Je me concentrais sur la femme…Elle dégageait quelque chose de…très inquiétant. Pour ne pas dire terrifiant. Pas besoin d’être formé pour comprendre qu’il s’agissait là dur Côté Obscur. Mais sous une forme bien plus effroyable que ce que j’avais pu déjà rencontrer. Mes yeux, enfin accommodés, décelaient cette personne face à moi à mesure qu’elle me faisait son monologue. De cette femme finalement on ne voyait pas grand-chose. Elle se perdait au milieu de sa tenue. Soit elle était d’une beauté renversante, soit elle était hideuse…Je n’avais guère envie de le découvrir en fait.

Mesure que le temps s’écoulait, je reprenais mes esprits pleinement, et je prenais conscience de ce qu’elle me disait. J’étais emprisonné dans une petite pièce, dans une sorte de machine qui allait pourvoir à mes besoins les plus basiques. N.O.U.N.O.U…quel nom à la con. Bien entendu ma prothèse m’avait été retirée…à mon grand désespoir. On m’avait collé un collier aussi. A la moindre sottise de ma part…tchac ! Je ne risquais pas de me faire la malle avec tout cette sécurité. S’en était risible. D’ailleurs je me rendis compte que…je riais. Un fou-rire totalement nerveux. Oui parce que la situation n’avait rien de drôle.

- Haha. Excusez-moi…mais vous ne croyez pas que vous en faites un peu trop ? Je ne suis même pas un véritable guerrier, je suis juste un toubib militaire. Vous m’avez ôté ma jambe, je suis enchainé dans ce…cette…heu…chose…et en plus j’ai un collier…sérieusement ?

Rire n’était peut-être pas le meilleur comportement à adopter face à un Sith…mais c’était plus fort que moi. Elle maniait l’art de paraître en tout cas.

Elle se présenta avec la plus grande sincérité…et chercha à m’impressionner en montrant qu’elle connaissait parfaitement bien mon identité. A nouveau j’eus un rictus :

- « Ceux qui ont abandonné leur patrie derrière eux »…facile à dire quand on est les envahisseurs. De Cette patrie dont vous parlez n’était plus…les vôtres se sont évertué de la détruire et de l’annexer à votre Empire. Alors épargnez-moi vos leçons de moral. Si mon Clan est parti, c’est la faute des vôtres. Commençait déjà à me taper sur les nerfs. Et puis comment elle savait cela ? Même au sein de la République beaucoup ignorent que je suis Chef de Clan. Je soupirais…On vous a mal rencardé chère madame…je ne suis que sergent…à moins que ces imbéciles de l’Etat-Major aient accepté ma demande de montée en grade alors que j’étais sur Ossus. Ce serait bien leur genre. Cela dit…je ne comprends pas très bien ce que je fais ici. Pour commencer : où est mon patient ? Le vieil homme qui m’accompagnait ? Où est-il ? Ensuite : okay, vous savez qui je suis. Vous dîtes être une salope, je suis moi-même considéré comme un emmerdeur de service. Alors si vous espérez une rançon ou je ne sais quoi…vous avez misé sur le mauvais Fathier. Mes supérieurs ne seront surement pas disposés à quoique ce soit me concernant. Cela dit…vous n’avez pas l’intention de me tuer…sans quoi ce serait déjà fait. Alors…pourquoi ? Qu’est-ce que vous me voulez ? Ha et…vous n’auriez rien contre la gueule de bois ? J’ai un de ces mal de crâne, et le sentiment d’être dans le gaz…

J’observais les réactions du Sith à mesure que je faisais le paon…




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Il riait, pensant sans doute qu'elle ne verrait pas au-delà de ça. Un être de moindre valeur s'y serait sans doute laissé prendre, quelqu'un comme un inquisiteur ou ce médiocre geôlier sur Cantonica par exemple. De telles créatures n'étaient que des coquilles vides à l’Ego si fragile qu'une simple remarque suffisait à les faire s’effondrer sur eux-mêmes. Mais elle était d'une autre trempe, elle pouvait voir par-delà ce rire, et tout ce qu'il s'y trouvait était les bravades d'un homme confus, luttant pour se réconcilier avec l'absurdité de sa propre existence... Comme il n'avait pas idée.

« Il est vrai que l'on pourrait trouver tout ce dispositif excessif, répondit-elle sans être décontenancée pour le moins du monde, mais Malhazar a bâti sa réputation d'être l'une des prisons les plus inviolables de l'Empire en suivant ces deux principes très simples que son directeur à établit. Le premier est que personne, pas même le plus insignifiant de nos pensionnaires, ne s'échappe de Malhazar, le second, c'est qu'il vaut mieux un excès de zèle qu'un excès de négligence. Et voilà pourquoi vous êtes dans la position qui est la vôtre actuellement. C'est une machinerie bien rodée vous savez, cela n'a pas commencé avec vous. »

La réponse du médecin, quand elle évoqua son clan, et par extension son peuple, était prévisible, attendue même. Elle pouvait sentir la colère qui commençait à poindre en lui, c'était un bon début, mais elle venait à peine de commencer.

« Détruis ? dit-elle en inclinant la tête, affectant un mélange de curiosité et de confusion. C'est donc cela le mensonge que vous vous racontez pour vous donner bonne conscience ? Il est vrai que c'est bien plus simple ainsi, de faire passer cette bonne vieille Mirial par pertes et profit, cela évite d'avoir à regarder en arrière, de se poser les questions qui dérangent. Il est vrai que vous avez trouvé mieux entre temps. Je ne suis jamais allée sur Naboo, mais j'ai entendu dire que c'était un vrai petit coin de paradis, votre ancien monde doit faire peine à voir à côté.

« Hélas, continua-t-elle en réduisant la distance qui la séparait du major, Mirial existe encore, tout comme son peuple. Ils endurent notre règne, ils s'adaptent et évoluent, comme toute chose devrait le faire. Le cousin Vyséris vous passe le bonjour au passage, ou, du moins, je suis sûr qu'il ne manquera pas de le faire quand il saura que vous êtes parmi nous. Il semblerait que la décision de votre départ n'a pas été aussi unanime que vous voudriez bien le faire croire. »


Elle continua de se rapprocher du Mirialan jusqu'à ce que son visage ne soit plus qu'à un souffle du sien. Il était pâle comme un masque mortuaire, des lèvres cyanosées étirées en un sourire énigmatique et des yeux qui brillaient, brûlaient dans la pénombre.

« Mais, et si un jour nous disparaissions et que votre monde se retrouvait « libéré », oserez-vous, vous et votre clan, y retourner ? Pensez-vous qu'ils vous accueilleront à bras ouverts ? Qu'ils ne vous poseront pas l'une de ces fameuses questions qui dérangent... »

Elle se pencha vers lui comme pour l'embrasser, ou lui déchirer la gorge, mais c'était son oreille qu'elle visa et dans cette oreille elle murmura... Et dans ce murmure, il y avait comme un écho. Il était prononcé avec plus d'une voix, et entendu avec plus d'une oreille. C'était un bruissement sourd, comme quelque chose d'incroyablement vaste qui bougeait à une distance inconcevable. C'était une résonance qui venait de l'extérieur comme de l'intérieur, c'était l'obscurité de la pièce elle-même qui semblait vibrer aux mots de la Sith.

P͟o̵u҉r̸quoi.̸.̛. P̕oúrq̨u͠o͘i҉ nouş ̵avez-vo̧us a͝b͜andơnn҉és ̀en͞tre ̶l҉eś ͟main͜s de ̡ce̢ux͠ ́pouŕ qui ch̴a͞q̸ue é͝t̴r̕e̸inte e͝st̸ u͏ńe cruci͜fix̀íon̨ ?̀... Òù͡ ̢é͠tie̴z-v̷ous ͘q̡ua̶n̨d̸ ͘nou̴s s͘o̡uf̧fr̛i͠o̶ns dan͡s͢ les̛ ̸tén̨èbres à ́l̴a̡ m͘er̛çi ͡d̡e nos ̛c̴œ̴urs̴ ąffa͘més ͘?҉..͠.̡ ̷Q̀ù'̛avez̶ ̡fai̴t͟ ͞pǫu͞r ̢nous ̸pen̵dan͝t t̢out ͏ce͠ ̴tem͡p͢s͜ ͟o̡ù͢ ̡n̡ou̕s b́rû̸lio̕ns d́ans ̡leş ̶f̀la̕m̨mes҉ de̕ ͜not̵r͠e f̡o͡i, ͏e̡nchaînéş au cau͝c͟h̶em͝a̕r ḑe no̕i̴r èt͟ de ͜ròugę ?

C'était des mots qui n'étaient pas des mots, qui étaient plus que des mots. C'étaient des vers qui rampaient dans le cortex auditif du médecin, une grammaire pathogène qui essayait de le déborder pour se déverser ailleurs, partout.

Quand la Sorcière recula, que son murmure cessa, l'écho, lui, demeura.

«  Vous êtes le Patriarche, ajouta-t-elle de sa voix qui était sa voix, à travers vous votre clan entend et réponds, sur vos épaules reposent le poids de toutes ses fautes. Ces questions viendront, un jour ou l'autre, et elles auront leurs réponses, d'une manière ou d'une autre. »

La Sith se détourna de lui un instant, mains jointes dans son dos, faisant mine de se diriger vers la porte de sa cellule. Elle parla alors avec le ton d'une maîtresse d'école corrigeant la mauvaise réponse d'un de ses élèves :

« J'ai bien peur d'être un peu mieux rencardée que vous ne le pensez. Cela fait un petit moment que vous êtes avec nous maintenant et bien des choses se sont passées depuis les événements d'Ossus.

« Toutes mes félicitations... Major. »
Ajouta-t-elle en faisant volte-face, un son de claquement accompagnant ses paroles, elle l'applaudissait.

« Concernant ce bon vieux Thélophilus, poursuivit-elle en se rapprochant à nouveau de lui, vous n'avez plus à vous inquiéter pour lui, il se porte comme un charme et il est entre de bonnes mains à présent, tout comme vous l'êtes en ce moment. »

Et ce fut là que le bon docteur eut le culot de demander ce qu'il faisait là et ce qu'on allait lui faire. Cela l'irrita, très légèrement. Elle avait l'habitude, depuis le temps, de se répéter après tout, elle était entourée d'idiots les trois quarts du temps.

« Quant à ce nous voulons de vous... Ne l'avez vous pas déjà compris à ce point ? N'était-ce assez évident ? Ce médiocre geôlier a dû vous cogner plus fort que prévu, à moins que ce ne soit tous ces cocktails de produits qui ne se sont pas encore parfaitement éliminés de votre système... Qu'à cela ne tienne, je connais le remède idéal. »

Dans un coin de l'esprit de la Sorcière, il y avait comme un cabinet. Dans ce cabinet, il y avait une vaste collection d'aiguilles, chacune d'entre elles représentait une souffrance différente, celles qu'elle avait expérimentées elle-même, mais aussi celles qu'elle avait expérimentées sur d'autres.

Elle tendit un doigt, pale et noueux, un doigt beaucoup trop long et terminé par une pointe osseuse. Quand cette pointe vint se placer au milieu du front du Mirialan, une aiguille s'enfonça profondément dans son esprit, une douleur, une qu'il reconnaîtrait très bien, celle d'avoir la jambe arrachée. Quelques secondes, puis, elle retira son doigt.

« Cela réveille, pas vrai ? dit-elle en affichant un sourire maternel. La souffrance est l'axe de symétrie qui sépare la vie de la mort, c'est une lance enfoncée dans le cœur de toutes choses. La souffrance, tout comme la peur ou la colère, peut être débilitante, mais elle peut aussi être la source d'une grande clarté.

« Pourquoi suis-je ici, que me voulez-vous, demande-t-il, alors qu'il c'est déjà lui-même répondu, et quelle triste réponse. Tout ce talent, toutes ces batailles menées, tous ces sacrifices et pourtant... Pour sa hiérarchie, il n'est rien, une quantité négligeable, un simple rouage dans la machine, une poussière sur leurs bureaux laqués. C'est à peine si l’on a dû remarquer qu'il n'était plus là. »


Elle pencha à nouveau vers lui.

« Vous êtes ici, mon bon docteur, parce que nous pensons autrement. Le prince noir lui-même a su reconnaître votre compétence, il a vu, tout comme moi je l'ai vu, votre potentiel et il est plus grand que vous ne le pensez. Vous êtes ici pour qu'il puisse s'accomplir et que vous en receviez de meilleures récompenses que de piteuses promotions qui ne changeront que le grade de ceux qui vous ignoreront. Ici, vous n'êtes plus ignoré, vous avez ma pleine et entière attention, je serais une mère, une sœur et une compagne cousues ensemble pour recevoir votre âme dans le creux de ses mains. Ensemble, nous allons œuvrer à passer en revue toute votre existence et à y apporter un regard neuf. Nous verrons la farce absurde et cruelle qu'elle aura été jusque-là, nous saurons défaire les mensonges qui la constellent, ceux que l'on vous a racontés et ceux que vous vous êtes racontés à vous-même. Vous êtes ici, mon bon, très bon docteur pour devenir une meilleure version de vous-même. »
Balian Atraïde
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Cette bonne femme me donnait à la foi la chaire de poule et l’envie de lui éclater la tête. Plus elle parlait, plus ma colère montait. Sourde et profonde. Elle osait me juger…juger mon Clan tout entier ! Mais par-dessus tout elle appuyait où cela faisait mal. Quitter Mirial n’avait pas été bien difficile pour moi au début. J’avais voulu fuir ce monde où ma mère était morte. Où je me sentais observé de toute part et jugé pour mes moindres faits et gestes. Du moins c’était ce que j’avais cru. Je croyais que je n’aimais pas Mirial. Je n’aurai jamais cru qu’elle me manquerait. Malgré tout je n’avais jamais abandonné totalement ma culture. Et j’avais toujours suivi, plus ou moins assidument, les rites de mon peuple. J’avais été tatoué à chacun des défis que la Force avait placé sur mon chemin. J’avais fait la paix avec mon père. J’avais accepté ses conseils sur ma nature en tant qu’Héritier, futur Patriarche. J’avais été entrainé, autant que faire ce peut, à user du maigre don accordé par la Force. Je n’avais jamais cessé d’être un Mirialan de la Caste Religieuse.

Mais ce qui m’avait manqué aussi, c’était mon cousin. Celui qui avait décidé de rester avec une partie de mon Clan. Celui avec qui j’avais grandi, comme un frère…celui que j’avais vu s’éloigner par jalousie, frustration, dépit…Celui que je percevais comme un traître pour avoir embrassé la coupe de l’Empire sans se battre. Alors quand elle mentionna son nom…je ne pus m’empêcher de tonner en tentant de bouger, comme si j’allais pouvoir lever la main sur elle :

- Je vous interdis !! Je vous interdis de l’utiliser contre moi ! Laissez Vyseris en dehors de tout ceci…

Il m’avait fallu des années pour comprendre quelle avait été la souffrance de mon cousin de grandir dans mon ombre sans jamais avoir le droit de m’égaler. Il lui avait été interdit de briller plus que le Kléronomos (l’Héritier) que j’étais. Il ne pouvait dépasser le fils du Patriarche. A moi on avait tout donné…A lui que des miettes. A moi on m’avait tout pardonné…a lui non…Je m’étais promis, en prenant mon nouveau titre, de tout faire pour un jour pouvoir lui demander pardon. Mais cette Sith…n’avait pas le droit…pas le droit de prononcer son nom…Elle n’en n’était pas digne !

P͟o̵u҉r̸quoi.̸.̛. P̕oúrq̨u͠o͘i҉ nouş ̵avez-vo̧us a͝b͜andơnn҉és ̀en͞tre ̶l҉eś ͟main͜s de ̡ce̢ux͠ ́pouŕ qui ch̴a͞q̸ue é͝t̴r̕e̸inte e͝st̸ u͏ńe cruci͜fix̀íon̨ ?̀... Òù͡ ̢é͠tie̴z-v̷ous ͘q̡ua̶n̨d̸ ͘nou̴s s͘o̡uf̧fr̛i͠o̶ns dan͡s͢ les̛ ̸tén̨èbres à ́l̴a̡ m͘er̛çi ͡d̡e nos ̛c̴œ̴urs̴ ąffa͘més ͘?҉..͠.̡ ̷Q̀ù'̛avez̶ ̡fai̴t͟ ͞pǫu͞r ̢nous ̸pen̵dan͝t t̢out ͏ce͠ ̴tem͡p͢s͜ ͟o̡ù͢ ̡n̡ou̕s b́rû̸lio̕ns d́ans ̡leş ̶f̀la̕m̨mes҉ de̕ ͜not̵r͠e f̡o͡i, ͏e̡nchaînéş au cau͝c͟h̶em͝a̕r ḑe no̕i̴r èt͟ de ͜ròugę ?


Ca…ca c’était grave flippant. Déjà que j’avais cru qu’elle allait tantôt me bouffer (les Siths ça suce le sang ?) tantôt me rouler un patin…limite j’aurai préféré par rapport à la suite. Était-ce elle qui avait murmuré cela dans mon oreille ? J’avais l’impression que cette sentence venait d’ailleurs. De partout. Même de moi ! Comme si ces propos étaient ceux que je redoutais depuis tant de temps et que j’avais volontairement enfoui. J’avais quitté Mirial avant que l’Empire ne vienne y fourrer sa sale trogne. Mais mon Clan avait tout de même décidé, sous l’égide de mon père et des Anciens, décidé de partir. J’avais approuvé cela, même si je n’avais pas vraiment droit au chapitre. Et j’avais ressenti le refus des autres de nous suivre comme un coup de couteau dans le dos. Mais…si on se mettait à leur place…De leur point de vue. N’était-ce pas nous…qui sommes partis…qui les avons poignardés ?

- Toutes mes félicitations... Major.

Je la regardais avec de grands yeux…j’avais été promu ? Pour de vrai ? pendant si longtemps j’étais resté un simple sergent du Corps Médical…Un petit sourire ourla mes lèvres alors que je songeais au seul officier qui avait finalement vraiment cru en moi…

- Alors ce Cornichon en Bocal a tenu parole murmurai-je pour moi-même…

Zerath Ular’Iim avait fait le nécessaire pour que je sois promu…Cela me faisait une belle jambe à présent remarquez…Ce n’était pas ici que j’allais être en mesure d’utiliser mon nouveau grade.

J’appris que Thelophilus était en vie, malheureusement il devait surement suivre le même traitement que moi. Qu’est-ce que ces Siths avaient en tête nom de nom ? A cette question la réponse allait arriver plus rapidement que je ne l’aurais cru. Cela commença par une douleur vive…et lancinante. Une douleur que cette connasse venait de générer de son doigt morbide. Une douleur que je ne pourrais jamais oublier. Une douleur qui de nouveau m’arracha un hurlement terrible même si ce ne fut que de courte durée.

Ca pour réveiller cela réveillait ! Elle avait toute mon attention, ma colère et ma haine à son encontre en prime ! Si je n’vais pas été enfermé dans cette foutue machinerie, j’aurai pu devenir violent son encontre sans le moindre remord. Mais au lieu de cela, j’étais coincé ici…Et je ne pus rien faire quand je pris en pleine poire ses propos :

- Pourquoi suis-je ici, que me voulez-vous, demande-t-il, alors qu'il c'est déjà lui-même répondu, et quelle triste réponse. Tout ce talent, toutes ces batailles menées, tous ces sacrifices et pourtant... Pour sa hiérarchie, il n'est rien, une quantité négligeable, un simple rouage dans la machine, une poussière sur leurs bureaux laqués. C'est à peine si l’on a dû remarquer qu'il n'était plus là.

Elle n’avait pas dégainé son doigt décharné cette fois, et pourtant, une nouvelle douleur vint me saisir. Plus diffuse. Plus sombre. Avec de simples mots, elle venait de générer une peine effroyable. Je secouais la tête :

- Non… non…Je suis monté en grade ! Le Commander Ular’Iim a reconnu ma valeur !

Je n’irai pas jusqu’à dire que nous étions amis. Il restait un putain de cornichon de l’espace en conserve. Mais Zerath avait compris ma façon d’être. Et il l’avait accepté ! J’étais reconnu ! Malgré tout, j’étais assailli par un doute affreux. Zerath était seul…contre une myriade d’autres qui n’avaient pas sa façon de penser. D’autres qui ne m’aimaient pas du tout. Et qui devaient se dire que finalement ma perte était une bonne chose. Je fronçais les sourcils, songeant à ce psychiatre sur Balmorra, il m’avait presque accusé de sympathie pour l’Empire à cause de mes origines. Sur Ossus…n’avais-je pas soigné un impérial ? Qu’allait-on penser de cela ? Et n’étais-je pas un ancien toxicomane à la trop grande gueule ? La phrase favorite de mon officier supérieur direct, le Commandant Powel, sur Coruscant n’était-elle pas « vous m’emmerder sergent » ? J’étais un poids pour beaucoup…Une bombe à retardement ! N’avais-je pas fait souffrir les deux femmes de ma vie ? L’une en lui faisant un enfant alors qu’elle est un maitre Jedi, et l’autre en lui imposant mes erreurs ? Et cet enfant…quel père pitoyable allait-il avoir ? Je n’avais rien à lui offrir…Quant à mon Clan…mes frasques avaient causé bien des tords…

- Vous êtes ici, mon bon, très bon docteur pour devenir une meilleure version de vous-même.

Cette espèce de pétasse…certes j’étais un des meilleurs toubibs de cette foutue Galaxie. Mais je refusais de rouler pour l’Empire. Leurs méthodes n’étaient pas les miennes.

- Je refuse d’être une marionnette, avais-je sifflé entre mes dents. Allez-vous faire foutre vous et votre Prince des Ténèbres Asmotrouduc…Je ne veux pas devenir un de vos pions.

Je voulais juste qu’on me laisse…Je voulais juste que tout ceci s’arrête…Et ma souffrance avec. Que le poids de mes erreurs disparaisse enfin…J’avais baisser la tête et les yeux…refusant d’accorder un regard à cette pouffiasse. Qu’elle me tue et qu’on n’en parle plus…


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