An'ya Qelis
An'ya Qelis
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La jeune femme se tenait la tête dans les mains, entourée des ténèbres de son désespoir, à la manière de son manteau noir. Adossée contre le mur froid, elle tentait de trouver une sortie à cette situation catastrophique, se massant nerveusement les sinus du bout de doigts.

Aller, il doit bien y avoir une solution. Vous n'allez quand même pas mourir comme des connes ici, hein!

Elle luttait pour ne pas se laisser envahir par la panique, qui risquait à tout instants de faire céder les remparts de son sang froid.

- Bon sang, comment on s'est foutu dans un merdier pareil? Comment on en est arrivée là?!

Oui, comment?


***


QUELQUES HEURES PLUS TÔT...


Température agréable, doux soleils, belle végétation... Décidément, cette planète avait tout pour plaire. On était loin du rude climat qu'avait connu An'ya sur Dromund Kaas ! Cette expédition allait être du pur bonheur malgré tout le travail qu'il fallait abattre.
Quand les membres du MedCorps avait su que Maître Karm Torr montait une équipe pour installer un campement afin d'étudier et sécuriser une nouvelle planète non identifiée, ils y virent deux opportunités en or : trouver de nouvelles plantes pour leurs travaux et... se débarrasser ďAn'ya un temps.
Bah quoi? Il fallait se farcir son sale caractère régulièrement quand même! Sur Dantooine, dans le laboratoire de fortune installé à la va-vite lors du Jexit, l'ancienne sith ponctuait le quotidien de sarcasmes, de mauvaise humeur, de piques bien senties...

- Oui mais si on creuse, elle a bon fond, avait dit un jour un des vieux scientifiques.

La sale garce, arrivée à ce moment, avait répliqué du tac au tac, faisant mine de ne pas avoir tout entendu:

- J'ai pas compris, tu veux creuser quoi? Ta tombe?

L'humour antipathique ďAn'ya en somme. Sa carapace. Karm le pratiquait régulièrement et, lui, ne s'offusquait pas. Il n'avait jamais jugé l'ancienne impériale et avait réussi à briser la glace avec elle. Depuis, ils étaient amis. Karm était aussi l'unique confident d'An'ya.

La tatouée pénétra dans la grande tente de l'ExploCorps afin de s'approcher de l'androgyne aux yeux réfléchissant. Ce dernier l'avait fait demandé alors elle avait lâché la classification de son herbier sur datapad.
Entre eux, pas de chichi, pas de "Bonjour Maître" ou se genre de protocoles social.

- Tu m'as dérangé pendant ma sieste. J'espère que t'as une bonne raison sinon ça se paiera, dit-elle d'un ton égal.

- Ouais. Figure toi que j'ai une opportunité unique et disons le franchement exceptionnel de se dégourdir les jambes et que, généreux comme je suis, j'ai pensé à toi et à Lauren. C'est pas génial, ça ?

- Lauren... Lauren... La padawane aux cheveux blancs? demanda-t-elle en replaçant une mèche noires derrière son oreille.

- Ah, tu vois, t'es déjà enthousiaste ! Donc. Tu sais, le Hibou. Là-haut. Merveille de technologie, pas vrai ? C'est beau, c'est automatisé, ça fonctionne comme un charme. Jamais le moindre problème. Garantie constructeur. Du matériel de qualité. Y a juste, genre, un tout petit problème avec les transmissions de données. On a perdu le contact. Impossible de redémarrer à distance. Du coup...

- Mouais... Tu veux vraiment me faire quitter cette belle planète pleine de vie pour ce tas de ferraille? Tu sais bien que je n'aime pas l'espace, alors t'as intérêt à avoir une bonne raison de m'envoyer là-haut.

- Sans le Hibou, on va perdre des semaines à avancer à l'aveuglette sur cette planète. J'ai besoin de quelqu'un là-haut qui puisse... Parer à toutes les éventualités. Si y a eu un dysfonctionnement, l'ordinateur central aura peut-être scellé les sections de la station. On a les clés d'accès sur ce datapad, mais sait-on jamais, faudra p'têt un peu d'ingéniosité. Et de clairvoyance. Essayez d'identifier le problème, dans l'idéal de le réparer, et on vous accueillera en héroïnes à votre retour.

- Ah ! Ah ! M'accueillir en héroïne... rien que pour ça je vais y aller. Tout le monde se sentira redevable envers moi.

Puis, prenant faussement la posture d'une conspiratrice, se frottant les mains :

- Je vais pouvoir gratter le dessert des autres...

La blague fut de courte durée, la fin étant marquée par l'habituel air antipathique de l'ancienne assassin:

- Bon, et pourquoi je me coltine Lauren ?

- J'savais que tu serais motivée. Vous aurez probablement besoin d'être au moins deux pour réparer tout ça. Et au cas où y ait des problèmes avec les générateurs de gravité, des morceaux qui se baladent, ce genre de trucs, vous aurez besoin de quelqu'un avec un minimum d'entraînement télékinésique pour remettre de l'ordre. À moins que tu veuilles faire de la natation en zéro G pour récupérer ton tournevis ?

"Et c'était surtout, songea l'explorateur, une excellente occasion pour la jeune Padawane de se rendre à nouveaux utile, loin des incertitudes et des violences de la guerre."

L'ancienne espionne, quant à elle, s'imagina en train de faire la brasse pour mettre la main sur le moindre outil qui lui aurait échappé des mains.

- Bon OK. Va pour l'assistante, dit-elle à contre cœur.

Une dizaine de minutes plus tard, la jeune femme aux tatouages siths avait rejoins le chasseur qui leur avait été allouée pour cette mission banale. An'ya ne s'était pas gênée pour récupérer tout un tas d'outils, en plus du datapad avec les clés d'accès.
Habituellement, lors de ses missions d'infiltration pour le compte de Darth Draâl, elle n'avait pas eut besoin de tout cet attirail puisqu'elle utilisait alors son petit droïde volant qui permettait pas mal d'options. Mais, ça, s'était avant. Le droïde, elle l'avait caché sur Dantooine - en même temps que les poisons qu'elle avait chipé lors du chaos engendré par le Jexit sur Onderon - préférant ne pas dévoiler son existence. Pour son droïde, elle avait un plan. Un jour, elle ferait semblant de le ramener d'un marché après en avoir extrait les données sensibles. Ainsi, elle retrouverait son outil de travail sans être inquiétée.

A côté du chasseur paré à décollé, se tenait une jeune femme - la vingtaine parierait An'ya - aux cheveux bancs comme la neige et aux yeux gris. Une echanie, peut-être, doutait l'ancienne impériale. Dans tous les cas, elle semblait attendre la venue de sa binôme.

- Me voilà. An'ya Qelis, dit simplement l'ancienne sith en guise de présentation, sans même une excuse pour son retard, avant de jeter le sac de matériel dans les bras de Lauren, comme s'il s'agissait juste d'une assistante pour cette mission. Puis, elle grimpa agilement dans le chasseur.

HRP:
Lauren Aresu
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Les pâles étoiles ne s’étaient pas encore estompées derrière les premiers rayons d’un paresseux soleil printanier que l’on pouvait déjà entendre, étouffés, une série de chocs claquants. Tantôt s’arrêtant, tantôt reprenant, avec plus d’ardeur, ils provenaient d’un petit appentis situé un peu à l’écart de l’Enclave, non loin de l’embarcadère où mouillaient paisiblement les bateaux du Temple au son du doux clapotis des vagues. Une lumière blanche et crue brillait au travers de la fenêtre, à peine suffisante pour qu’on ne discernât le chemin qui menait là.


Lauren frappait sans relâche sur les clous disséminés sur une structure en bois, d’une quinzaine de centimètres de côtés, fermement maintenue sur l’établi sale. Ces quelques pièces, quoique légèrement bancales, cabossées par les coups de marteaux ratés, prenaient la forme d’un nichoir qu’elle accrocherait dans un arbre, non loin.


Au cours des dernières années, Lauren avait pris une attention toute particulière à remarquer la présence de ces petits êtres, à reconnaître leurs chants et leurs ramages et à souffler, à se calmer à leurs côtés. Et puis, se disait-elle, ils me dévisagent en retour, m’honorent d’une mélodie et s’enfuient.


Depuis le début de sa convalescence, de longues semaines auparavant, une mésange, toute menue, venait picorer les miettes que l’Echani lui laissait sur le rebord de sa fenêtre, gazouillant tous azimuts ; elle se plaisait à penser que la mésange nicherait dans cette cabanette un peu tordue et y rapatrierait, un jour, sa nichée. Oh bien sûr, Lauren surveillerait doucement, à l’affût de ces tâches jaunes et bleues qu’elle reconnaîtrait assurément.


N’y tenant plus face aux cauchemars, la padawane avait pris l’habitude de se lever aux aurores, bien avant tout le monde, quand les bruits de la nuit emplissaient encore la forêt alentour ; avant même que les rumeurs de la vie n’émanassent de Raïné. Le plus souvent, elle marchait, mais, depuis deux semaines, elle s’était attelée au bricolage de ce nichoir. Assurée d’être seule, elle parlait à haute voix. Tout ce qu’elle n’arrivait pas à confier, ses malheurs et ses plaintes, ses bonheurs, plus rares, sa vision d’elle, des autres, du monde, tout y passait et, des heures durant, elle monologuait ainsi. C’était un véritable rempart face à sa solitude, une soupape qu’elle avait découverte et qui ne la quittait plus.


C’était toutefois lors de ces longues tirades qu’elle avait réalisé que parler seule ne suffirait pas ; le seul écho de sa voix ne lui permettait plus de prendre le recul nécessaire et, face à cette situation de fait, Lauren se sentait profondément lasse et vidée. C’était rageusement qu’elle se taisait après avoir émis un doute, ancré dans le réel par la consistance des mots prononcés, mais qu’aucune réponse ne l’accompagnait.


Lauren enfonça le dernier clou d’un coup sec, prit le nichoir entre ses mains, le berçant presque d’un regard satisfait. Elle sortit, jaugea les arbres et en choisit un. Escabeau sous le bras, nichoir sous l’autre, elle l’installa à quelques mètres du sol, assez haut pour que l’animal n’y soit point effrayé, assez bas pour qu’elle pût apercevoir sa frimousse. Ses pas craquaient sur l’herbe gelée par les derniers frimas récalcitrants. Le soleil commençait à nimber l’est de sa couleur orangée, légèrement camouflée par de pesants nuages. D’entre les arbres s’élevaient des volutes de fumées ; de son visage également, de petites arabesques cotonneuses dans l’air froid. Elle se frictionna les bras.


« Lauren ! »


L’Echani se retourna vivement en direction du cri qui l’avait alpagué, les muscles tendus.


« Juste là ! C’est Yihlapa ! »


Comme Lauren, la jeune Twi’leck avait grandi, mûri et, les années filant, le bleu opalin de sa peau s’était assombri vers un magnifique bleu de minuit qui lui seyait à merveille. Ses prunelles vertes n’en étaient que plus éblouissantes. A sa vue, Lauren se radoucit :


« Ah, » dit-elle d’un ton bourru, puis elle se reprit : « Yihlapa, désolé ! Je… Tu m’as fait peur ! » Elle laissa échapper un rire rauque. « Mais…, il est tôt, quelle heure il est, qu’est-ce que tu fais ici déjà ?


« Déjà ? » Les yeux de la Twi’leck rétrécirent. « Il est huit heures vingt, Lauren.


« Oh… Ça passe vite. »


Un ange passa, Yihlapa reprit :


« Ça va bien ?


Ça va, un peu froid, mais ça va, et toi ? Qu’est-ce que tu fais là ?


— Maître Karm !


Mmmh ?


— Maître Karm. Il souhaite que je te laisse un message. »


Lauren réfléchit un instant avant de jeter un œil pensif à son datapad, puis répondit :


« J’ai rien sur le datapad, pourtant.


— Oui normal. » Yihlapa sourit, de son grand sourire candide qui lui était propre. « Enfin, j’en sais rien, mais tu le connais : il a marmonné, mais j’ai compris l’essentiel du message. »


Lauren haussa les épaules, désigna le chemin qui menait vers l’Enclave et manifesta son écoute d’un mouvement de tête vif.


« Eh bien, reprit Yihlapa en ménageant son discours, il s’est plus ou moins rappelé que t’existais, apparemment vous vous êtes croisés.


Croisés…


— Et donc, continua-t-elle, il souhaite que tu ailles sur… euh… une station dans l’espace qui est… euh… vraisemblablement cassée ou quelque chose comme ça.


Je…


— Et tout ça, aux abords d’une planète sans nom. Mais jolie, paraît-il.


Mais…


— Oh et tu seras accompagnée d’An’ya, tu vois qui c’est ?


Ah, don...–


— Oui, c’est ça, la repentie au visage aussi fermé qu’une boutique qui a fait faillite. Avec ses traits qui, honnêtement, m’effraient.


Tu–


— Bref, j’aimerais pas être à ta place.


M’enfin tu vas–


— Voilà les grandes lignes. Il a marmonné le reste, mais ça parlait d’une boisson alcoolisée je crois. Ou d’une parure de lit, je sais pas.


Yihlapa ! »


L’injonction eut l’effet escompté. Les joues de la jeune Twi’leck rosirent, à peine visibles et ses traits affichèrent sa repentance.


« Merci, » dit finalement Lauren d’une voix douce. « Je vois qui est An’ya, enfin, juste de visu, je la connais pas. »


— Apparemment, c’était une Sith.


Ça m’importe peu, si elle est là, parmi nous, et que les maîtres l’ont accepté, je pense que c’est positif. Je la jugerai sur ses actes.


— Si tu le dis… Chassez le naturel et il revient au galop.


Je te savais pas si fermée, dis donc ! lança Lauren avec un sourire. Moi, je pense que ça m’importe peu !


— Bon, et… euh… Vous décollez pour la planète euh... dont j'ai oublié le nom demain. Alors me demande pas, je sais pas non plus. A l’astroport. »


Lauren l’enlaça d’un mouvement vif et courut aussitôt vers ses quartiers, criant un « Merci ! » au passage qui s’évanouit avec elle. Son cœur battait la chamade, mais son pas soutenu n’en était pas la raison. Une vague sensation de malaise l’enveloppait, celle qui accompagnait les grands changements, la routine bousculée. Elle se sentait barbouillée. Les dernières semaines lui avaient paru une éternité et elle recommençait à aspirer au changement, mais lorsqu’il prenait consistance, elle était tentée de le fuir. De s’enfermer dans sa chambre en prétextant une quelconque indisposition. Seulement, Karm ne l’y prendrait pas. Elle frissonna, entre le froid et l’inconfort, pétrie d’angoisses qui mélangeaient ses traumatismes passés avec ses futures aventures.



***


Lauren se tenait debout, raide, à côté du chasseur. Scintillant, il attendait lui aussi à ses côtés, silencieux. Les longues estafilades sur son blindage extérieur témoignaient de ses voyages.


Elle ne sut si c’était le froid mordant, la tétanie ou le respect hiérarchique qui l’empêchèrent de prendre ses jambes à son cou à cet instant. Des éclats de voix lui parvenaient. L'appréhension de l'inconnu pesait sur ses épaules. Débarquée la veille, Lauren n'avait pas eu l'occasion de visiter cette planète sans nom. Ce seul petit avant-poste ne payait pas de mine, comme la piste sur laquelle elle patientait. La cime de quelques majestueux arbres dépassait des baraquements de fortune et n'évoquait à Lauren aucune variété qu'elle connût.


Il était treize heures dix-huit et aucun signe de Karm ou d’An’ya.


La jeune femme apparut enfin, gravit lestement la dizaine de marches jusqu’à l’aire où Lauren et le vaisseau attendaient. Elle fixa Lauren, le visage figé derrière un masque neutre et dédaigneux. Les marques sur sa face assombrissaient ses yeux, dissimulaient la finesse de ses pommettes et, de manière générale, lui conféraient un air menaçant et rugueux. Dans ses yeux, une teinte safran à l’allure malfaisante demeurait.


Lauren veilla à taire ses pensées dans la Force, par respect pour l’arrivante. En retour, le sac cogna contre son ventre, s’étala lourdement au sol dans un bruit de ferraille. Estomaquée, Lauren ne sut que répondre, irritée.


« Tu as oublié ton sac, » lâcha-t-elle finalement en montant à son tour dans le vaisseau.

L’Echani fut étonnée de sa propre impudence. Le stress, l’irritation comme la fatigue déclenchaient chez elle ces réactions qui ne lui étaient pas coutumières. Assaillie en permanence par les émotions, son contrôle sur celle-ci s'érodait parfois.


Un large sourire fourbe barra le visage d’An’ya :


« Oups, quelle maladroite je fais. Aurais-tu la gentillesse de me le monter, s'il-te-plaît ?


J'apprécierai autant que tu ailles le chercher et que tu conviennes que c'était pas très cool. On est là pour l'Ordre et pour collaborer, on se connaît à peine, j'accepte pas. »


Une ombre mauvaise noircit le visage de son interlocutrice.


« Très bien, » grinça-t-elle dans un souffle court et contrôlé.


Le sas débouchait dans une petite pièce exiguë, toute en longueur, qui faisait office de pièce à vivre. En son centre trônait un holo-transmetteur usé, entouré de banquettes usées, et un petit corridor usé, à droite, menait à trois compartiments, dont deux chambrettes, probablement usées elles aussi. A gauche se trouvait le poste de pilotage.


Lauren se carra sur l’une des banquettes, détournant le regard. Elle s’excuserait sans doute, plus tard. Les bottes claquèrent sur le sol métallique, un fracas cliquetant, puis le chuintement des vérins hydrauliques.


« Collaborons, alors. »


L'affirmation, lancée au pied levé, résonna dans la coquerie comme une menace. Lauren frissonna.


« Karm n’est pas là ? Il est déjà là-bas ? »


Pour seule réponse le vrombissement progressifs des moteurs. Lauren s’assit dans le siège du copilote.


Un point lumineux sur leur radar matérialisa la station, le Hibou. Celui-ci, jugea Lauren lorsque le bâtiment apparut devant elles, ressemblait plus à un champignon qu’à un hibou. Seul fait notable : ce vaste chapeau, percé de deux entrées, uniquement éclairé par le soleil du système. Nulle lumière n’émanait directement de l’infrastructure. Cette vue d’ensemble ne rassurait pas la padawane : tout semblait déserté, mort, abandonné ; une coquille vide qui dérivait là faute de mieux.


Les énormes portes, barrant habituellement les sas d’arrivée, étaient ouvertes aux quatre vents et le chasseur s’y engouffra. Derrière lui, les portes coulissèrent, comme si elles avaient été réveillées d’un profond sommeil, dans un vacarme abrutissant. Lauren attrapa son datapad.


« Nous devons attendre un peu, dit-elle en parcourant des yeux le petit écran. Ce type de station n’abrite pas forcément la vie. De ce que je lis là, c’est une station de contrôle, de mesure et d’observation, principalement opérée par des droïdes. Lorsqu’il n’y a personne, la station désactive les systèmes d’oxygène et de recyclage de l’air pour économiser l’énergie. » Elle tendit l’oreille. « Le ronflement qu’on entend, ça doit être tout ça qui repart. Si on sort maintenant, on mourra d’asphyxie. C’est pour ça que les portes n’étaient pas fermées et ça m’étonnait, bien que je ne sois pas experte. Tout ça provient des documents qu’on a reçu. Karm t'a expliqué ce qu'on devait faire ? »



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An'ya Qelis
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Alors comme ça, cette Lauren osait lui tenir tête? An'ya récupérera donc le sac, le visage fermé, laissant volontairement sa contrariété se diffuser dans la Force. Ce qui rentrait complètement en contraste avec la douce aura lumineuse que dégageait de Lauren.

Oh, toi, tu ne perds rien pour attendre...

Les deux femmes, An'ya en seconde, se laissèrent avaler par le petit sas qui menait à l'intérieur du chasseur. Ce dernier était un modèle usé, un peu plus grand que ses congénères et sans doute moins maniable que les petits chasseurs de combat. Chaque élément était optimisé pour ne pas perdre de place.

La Jedi, quant à elle, évitait de croiser le regard énervé de la brune. Sans doute avait-elle des regrets sur le déroulement de leur "collaboration". Bien. An'ya ne se priverait pas de jouer sur cette corde sensible.

L'ancienne impériale ne prit même pas le temps de répondre à sa question, s'installant l'air de rien sur la place du pilote, faisant mine d'être habituée. Bon, en réalité, le pilotage était loin d'être son truc alors le trajet - aussi court soit-il - avait intérêt à se dérouler sans problème. Heureusement, un droïde astromécano, attendait patiemment sur le haut du chasseur avant de lancer le départ. Sans lui, certaines manœuvres allaient s'avérer délicates.

Les moteurs vrombirent et le chasseur décolla. An'ya était loin d'être rassurée. Certains détestaient le café, elle, détestait les voyages dans l'espace. Un peu le café aussi. En même temps, si on l'écoutait, qu'est ce qu'An'ya aimait ? Si, peut-être réfléchir.
Et le temps du voyage, elle réfléchissait à cette situation. Un détail lui échappa et elle n'aimait pas ça. Visiblement, Lauren n'avait pas croisé Karm -qu'elle appelait par son prénom- le chef de l'expédition. Elle était donc fraichement arrivée sur la planète inconnue et était envoyée directement pour s'occuper du Hibou. Pourquoi faire venir une personne qui vient de débarquer plutôt que quelqu'un déjà présent dans l'expédition ?

Pourquoi Lauren, Karm ?

Le chasseur s'approcha du fameux Hibou, silencieux depuis peu. Le petit point métallique éclairé par le soleil grossissait de plus en plus afin de laisser apparaitre les détails de la structure qui sera le lieu de leur mission.

Une fois dans le sas, Lauren prit la parole, rentrant dans les détails de l'opérationnel. Un pragmatisme qu'An'ya apprécia. Effectivement, la porte du sas de la station grande ouverte était inhabituel. Même si la station économisait de l'énergie, laisser le vide rentrer dans le sas n'avait aucun sens.

- "Karm" ? Maître Torr, tu veux dire ?

Elle laissa un blanc, histoire de voir si un malaise allait naître de cette remarque.

L'Echani fronça les sourcils.

- Maître Karm, oui.

- Si je comprends bien, tu ne l'as pas vu en arrivant sur la planète qu'on étudie. Il est gonflé, quand même. T'envoyer en mission avec juste un document sur un datapad...

Qu'est-ce que cela voulait dire ? Lauren n'avait pas toutes les infos et...

Ah ! Je vois, Karm, tu as une idée derrière la tête... Mais laquelle?


Habilement, la femme aux tatouages siths sortit à son tour un datapad des plis de sa bure de Padawane.

- En gros, le Hibou ne transmet plus aucune donnée. Et impossible de redémarrer à distance. A nous de rétablir les transmissions avec les clé d'accès qui sont là-dedans, résuma-t-elle en brandissant le datapad.

Puis, elle observa le sas et tiqua sur une caisse de matériel flottant au gré de la gravité zéro. Au début, elle ne s'en était pas rendue compte car le chasseur ne bougeait pas (sans doute grâce à ses pieds aimantés qui évitaient ce genre de désagrément).

Et merde, je parie que le module antigrav de la station ne marche plus non plus. Qu'est ce que c'est que ce bazar?

- Puisqu'on a un peu de temps à tuer, tu pourrais m'expliquer pourquoi tu as rejoins l'expédition de Maître Torr?

An'ya voulait en avoir le cœur net. La voix de l'Echani, quant à elle, se radoucit. Peut-être qu'après avoir laissé plané un silence lourd durant tout le trajet, le fait de discuter soulageait la jeune femme aux cheveux blancs ?

- Parce que Maître Torr, Karm, a requis ma présence. Honnêtement j’en sais pas plus, mais je sais qu’il aurait pas accepté que je ne vienne pas. Et toi ?

Tsss... Karm, tu es incorrigible.

- Moi? C'est plutôt le MedCorps qui m'envoie sur l'expédition. Mais quand le Hibou a cessé de fonctionner, Karm a pensé à moi.

L'ex sith laissa passer une respiration, avant de continuer :

- Et, à part le Hibou, tu vas faire quoi dans l'expédition?

Lauren hocha pensivement la tête.

- Eh bien… je ne sais pas trop. Maître Torr sait que je souhaite m’engager sur la voie des Consulaires, de la diplomatie. Je… moi et les combats avons un rapport… particulier. Bref. Peut-être souhaite-t-il que j’œuvre pour y développer nos moyens.

Et bien, pour une Echanie, elle était assez atypique. Tant mieux, An'ya n'était pas non plus du genre douée pour le combat. Elle allait creuser cette histoire de rapport particulier au combat plus tard. Le savoir (sur quelqu'un), c'était le pouvoir (sur ce même quelqu'un).

- Je vois. Pour résumer, tu ne sais pas grand chose. Puis elle ajouta, en plissant les yeux de manière à montrer son scepticisme : Les voix de Karm sont impénétrables.

Lauren baissa alors le regard, tortilla ses doigts, visiblement gênée.

- Oui… et euh… désolé pour tout à l’heure, au départ.

C'était comme si la culpabilité la forçait à s’excuser alors qu’elle n’en éprouvait pas l’envie. An'ya trouva ça tellement chou. Surtout, la tatouée se dit qu'elle n'allait pas laisser une occasion pareille d'utiliser la culpabilité de Lauren pour avoir l'ascendant psychologique sur elle.
L'ex-sith sentait tout de même une certaine fureur à son égard mais la culpabilité de la Jedi prenait le dessus.

Culpabiliser pour si peu... C'est vraiment mignon.

L'ancienne assassin connaissait très bien se sentiment néfaste de culpabilité. Il lui collait à la peau dès qu'elle repensait aux victimes qu'elle avait tué ou meurtrie. Manipuler celui de l'Echani pour l'amener où An'ya voulait semblait facile pour cette dernière.

- Mouais... Je sais bien que j'ai de drôles de réactions dès fois. Mais ce n'est pas toujours facile pour moi de m'intégrer. J'aurais plutôt besoin de ton soutien. Surtout devant les autres, si jamais ça arrivait.

Nouvelle respiration, puis :

- Mais je ne t'en veux pas, tu sais.

Lauren sourit d'un sourire teinté de tristesse. Et sincère.

- Nous y arriverons, promis, conclut-elle.

An'ya en déduisit que cette jeune femme avait de la peine pour elle. Ce n'était pas tout à fait l'effet escompté mais ce n'était pas grave : Lauren avait fait une promesse. Et An'ya saurait utiliser cette promesse pour nourrir ses fins. Ainsi était la dromundienne, elle plantait des graines qui ne manquerait pas de germer.

Mais pour l'heure, le droïde sortit la brune de son plan machiavélique, indiquant par quelques bips sonores que la voix était libre.

La suite fut des plus comiques : An'ya sortit avec le sac, galéra avec le manque de gravité et, comme si Karm avait prédit l'avenir, se retrouva à faire la brasse pour attendre la porte de l'autre côté. Physiquement éreintée, elle posa le sac à côté d'elle et entreprit de connecter son datapad avec la serrure de la porte, afin d'en libérer le verrouillage. Sauf que cela échoua.

- Quoi ? Même le verrouillage des portes ne fonctionne plus.

Elle se tourna alors vers son sac qui se faisait la malle tranquillement (et qui contenait tout le matériel nécessaire pour ouvrir cette fichue porte), et qu'elle choppa par la lanière avec le bout du pied. Sauf qu'elle décolla elle aussi et se rattrapa du bout des doigts à la porte. La position inconfortable par excellence. An'ya n'en pouvait plus, elle détestait Karm.

- Lauren, c'est le moment d'agir, là.
Lauren Aresu
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La respiration de Lauren s’accélérait, de même que les battements de son cœur. L’agitation la gagnait. Une inquiétude intangible poignait, renforcée par la promiscuité de l’appareil, par leur présence, à des parsecs de l’Enclave, sur cette mystérieuse station. Et par son interlocutrice. Elle avait peur, s’en voulait pourtant d’être rassurée par sa présence. Tout sauf être seule. Elle s’intima le calme.


Ça va bien se passer, ça va bien se passer, on récupère les trucs, on rentre avec les honneurs, pensa-t-elle. Puis : Rien à faire des honneurs. Je te hais, Karm. En cet instant, le croyait-elle sincèrement. Et puis merde à la fin, pourquoi je passe mon temps à chialer, hein. Elle fit rageusement craquer ses doigts et défroissa sa bure.


« Nous y arriverons, promis. » Fichu Hibou champignon.


An’ya s’éleva dans les airs, s’agitant énergiquement dans un effort dont le résultat n’arrivait pas à hauteur de sa peine. L’hangar était absolument vide. Des relents de chaleur émanaient encore des réacteurs du chasseur. Lauren flottait elle aussi, accrochée au sas ouvert de l’engin. Elle n’entendait que le ronronnement des récupérateurs et des recycleurs d’air. Ses cheveux voltigeaient derrière elle, détachés, comme les capitules mûrs d'un pissenlit.


Promptement, elle tendit la main vers An’ya et le sac ; ce dernier hésita un instant puis entama son retour vers Lauren qui l’introduisit dans le vaisseau.


Il fallut plusieurs longues minutes avant qu’An’ya ne pousse un cri victorieux et ne réactive la gravité artificielle. Elle intima à Lauren de s’accrocher au plus près du sol, ce qu’elle fit. Un nouveau vrombissement, plus intense, ébroua la station qui semblait tirée d’une profonde léthargie contre son gré. Les pieds de Lauren reprirent contact avec le sol, ses épaules s’affaissèrent. Elle souffla, courbée, les mains sur les genoux, se réappropriant la sensation de son propre poids.


« Beau travail. » commenta-t-elle.


En trois enjambées, Lauren descendit du vaisseau. L’hangar lui semblait d’ici bien plus grand qu’elle ne se l’était imaginé. A vue de nez, il aurait pu contenir sans peine un autre vaisseau comme le leur, peut-être un troisième. De grands pans d’ombre dérobaient à son regard certaines parties, seule une barre lumineuse sur trois fonctionnait, faiblarde. Chacun de ses pas résonnait.


Lauren ferma les yeux, deux rides creusèrent son front, puis elle se tourna vers An’ya.


« Je ne perçois aucune présence proche. Tu penses que les élévateurs marchent encore ? »


Sans attendre la réponse, elle dépassa la jeune femme, écrasa la commande d’appel et, dans un crissement strident, la porte de l’ascenseur s’ouvrit. Ses dents tressaillaient encore de ce son insupportable de la tôle contre la tôle, un froissement métallique à s’en mordre les joues, un geignement de vieillesse mécanique.


« C’est pas la première jeunesse… » déplora Lauren en grommelant.


Les deux jeunes femmes prirent les outils, et, après un regard anxieux vers le système électrique, Lauren appuya sur le bouton en direction du pont supérieur. La même infernale supplique retentit lorsqu’à nouveau, les portes s’ouvrirent et découvrirent, devant An’ya et Lauren, un couloir sombre, uniquement éclairé par des veilleuses poussiéreuses.


Le corridor s’étendait à droite comme à gauche et disparaissait, de part et d’autre, derrière la courbure. Lauren s’avança prudemment et discerna sur sa droite une vaste fenêtre, au verre épais, crasseux. Ses yeux s’habituaient à la pénombre ; les longues ouvertures, qui offraient à sa vue l’espace infini, courraient sur le côté extérieur du couloir. Elle percevait ainsi distinctement le mouvement rotatif de la station, réprima un haut-le-cœur et se détourna pour trébucher sur quelque chose qui dépassait du sol.


Portant la main, à tâtons, vers ses pieds, elle attrapa un petit droïde ménager hors service, deux fois plus large que la paume de sa main.


« Euh… C’est normal ou c’est une conséquence des soucis pour lesquels on est là ? »


Lauren le tendit à An’ya.


« Tu crois que tu peux découvrir quelque chose ? Et on part de quel côté ? »


Consultant la carte sur son dapatad dont l'écran illuminait, d'une lumière bleutée et blafarde, ses traits tirés par la fatigue, elle annonça :


« Ça dit que… euh… A droite se trouve la salle des serveurs et… euh… à gauche, le pont principal d’un côté et… » Elle se rapprocha d’An’ya et tendit le petit écran entre elle. « Ça, là, je sais pas ce que c’est, une idée ? » Elle pointait un prolongement du couloir qui menait à deux pièces supplémentaires, à ce niveau. Projetant sa conscience alentour, elle déclara enfin : « Je sens toujours aucune présence vivante, si ce n'est peut-être... un rat ou un truc du genre. Comment un rat a-t-il pu atterrir ici ? »

An'ya Qelis
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La tatouée - qui avait abandonnée la porte verrouillée pour rétablir la gravité artificielle - observa la forêt de leviers ayant poussée lors de la conception du Hibou sur le mur qui se dressait face à elle. Perdue dans cette forêt, une An'ya dubitative: certains leviers abaissés, certains relevés, d'autres au milieu. Leur point commun? La vétusté. Pas ingénieure pour un sou, la brune entreprit de s'orienter avec l'aide du datapad de Karm.

An'ya cachait ses émotions dans la force ou, du moins, elle les laissait filtrer pour que les autres puissent interpréter ce qu'elle souhaitait. Manipulatrice, on avait dit. De plus, elle n'hésitait pas à ressentir dans la force les sentiments des autres afin de pouvoir mieux les influencer ou les contrôler.
La tatouée voulait en savoir plus sur sa binôme. Dans la Force, elle sentit cette dernière en proie à plusieurs émotions dont l'inquiétude. Il fallait dire que cette station, faiblement éclairée, était toute droite sortie d'un holofilm d'horreur. L'ancienne cambrioleuse, elle, ne voyait aucune raison de s'affoler. Au pire, elles feraient demi-tour.

Là, le mode d'emploi.

An'ya baissa avec difficulté un levier tant il était grippé, les pieds appuyés au mur. Puis la station sembla sortir de son étrange torpeur.

- Au sol, Lauren. Si tu ne veux pas te casser quelque chose...

Petit à petit, les deux femmes qui flottaient telle des sirènes retrouvèrent à nouveau une allure de bipède.

- Beau travail. Commenta l'Echani.

- Tsss. Pas besoin d'être astro-mécanicienne non plus. Répondit l'ancienne sith avec dédain.

Pour toute réponse la Jedi appela l'ascenseur qui fit se mit en action de manière désagréable. An'ya s'en boucha les oreilles. Comment cela pouvait-il être dégradé à ce point ? Que foutaient les robots chargés de l'entretien ?

Tandis qu'elles montaient, An'ya observa la trappe par laquelle sortir en cas d'immobilisation de l'ascenseur entre deux étages. Au pire, elles passeraient par là si l'ascenseur tombait en panne. Le bruit infernal des portes la sortit de ses pensées, afin de dévoiler la suite de la station. Lauren se prit les pieds dans quelque chose. Un petit droïde inactif.

- Euh… C’est normal ou c’est une conséquence des soucis pour lesquels on est là ?

- Un conséquence ou... une cause. Lâcha-t-elle tout en lâchant nonchalamment le droïde au sol dans un bruit sourd, après l'avoir inspecté sous toutes ses coutures.

Lauren observa le plan des lieux, hésitante sur la direction à prendre. Visiblement, elle attendait l'avis de l'ex-sith avant de prendre une décision. A moins qu'elle ne soit si peu sûre d'elle qu'elle laissait An'ya prendre les devants ?

- Les rats, c'est comme les siths. Ils sont toujours là où l'on s'y attends le moins.

***

Les deux ombres s'avancèrent dans les couloirs glauques, telles des anticorps dans les veines d'un organisme de métal malade, à la recherche de la cause du syndrome. Sauf que l'organisme en question semblait étrangement mort... Peut-être que les premiers soins permettront de réanimer la machine-champignon ?

- On va aller directement sur le pont pour rétablir les communications. Et faire l'inventaire des pannes.

Elle ajouta, comme pour expliquer à une profane (ce qui était gonflé puisqu'An'ya en était justement une, de profane) :

- Il y a tout plein de voyants et d'écrans là-bas qui vont nous indiquer tout ça.

Il était vrai que la tatouée ne connaissait pas grand chose en astromécanique. Par contre, c'était une maline. Son sens de l'observation et de la déduction, souvent mis à contribution lors de ses quelques vols spatiaux, l'aidait à élaborer un plan d'attaque pour soigner le hibou.

En effet, si le cœur de l'organisme - cœur qui envoyait de l'énergie dans le reste du corps pour se mouvoir ou fonctionner correctement - se trouvait dans la salle des machines, les ordres étaient directement déclencher par le cerveau. A savoir: le pont.
Quant à la question de savoir comment interpréter les signaux lumineux du tableau de commande...

Facile. Avec les infos du datapad et la notice qui doit certainement se trouver quelque part sur le pont, ça se fera, même si ça doit prendre un peu de temps.


Malgré la pénombre, l'ancienne assassin se mouvait agilement sans être incommodée. Par l'usage de la Force, elle avait permis à ses yeux de capter le peu de lumière que produisait les quelques néons qui grésillaient, à la manière d'un chat. (Tiens, ils grésillent maintenant?)

Quelques pas de plus dans l'inquiétant couloir, puis... le cerveau. Enfin... du moins la porte verrouillée qui menait au cerveau. Impossible de l'ouvrir, même en connectant le datapad rempli de codes d'accès.

- Hm? C'est vraiment bizarre. La porte à pourtant du jus, expliqua l'ancienne cambrioleuse en se massant les sinus du bout des doigts, yeux rivés sur l'écran blafard. Comme si le système de verrouillage était saboté...

Puis, elle débrancha le datapad et entreprit de fouiller dans le sac afin d'en sortir quelques outils. Outils qu'elle fourra dans les mains de Lauren, sans même lui demander son avis.

- Tiens moi ça.

Elle se saisit d'un tournevis et d'une clé à molette pour défaire le capot du bouton qui activait ou verrouillait la porte.

- Hm, dit-elle d'un air entendu lorsqu'elle observa le circuit électronique. Je connais bien ce modèle, facile à contourner. Donne moi-ça.

Alors elle prit d'autres outils des mains de l'Echani et les manipula avec la dextérité de quelqu'un qui savait contourner les systèmes de sécurité des serrures.

Soudain, de manière inattendue, un tuyau péta au dessus des deux femmes-anticorps projetant une vapeur dense et brulante. An'ya hurla de surprise et de douleur avant de se jeter, visage protégé dans les bras, quelques mètres plus loin hors de portée du jet chaud et continu.

- C'est quoi, ça ?!

Elle regarda le sac, et les outils qu'elle avait utilisé, impuissante, au sol, en plein dans la zone devenue inaccessible. La vapeur semblait sortir de manière continu et inépuisable du tuyau usé et rompu, tel un vaisseau sanguin ouvert. Ses mains et son visage étaient rouges. Puis, elle prit conscience d'une chose.

Hm. Lauren. Où est-elle?
Lauren Aresu
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An’ya fit un mouvement du bras, désignant le sombre couloir qui perçait sur leur gauche, et s’y engagea. Lauren opina, l’air absente, jeta un regard sur sa droite et se rapprocha jusqu’à dépasser légèrement, le pas averti, la courbure du corridor. Elle aperçut une minuscule lumière de sécurité rouge, déficiente, qui indiquait peut-être la salle des serveurs. Ou juste un énième sas. N’était-il pas plus logique de vérifier de prime abord si les serveurs fonctionnaient, intacts ? Invariablement, les éléments informatiques et électroniques reposent sur ces systèmes, y laissant même des journaux d’événements peut-être, pensa-t-elle, doutant toutefois d’avoir en sa possession le matériel nécessaire ou les connaissances requises pour fouiner dans ces armoires alignées, qui crépitaient et clignotaient habituellement, comme elle avait quelquefois eu l’occasion d’en voir.


Sa compagne du jour parla, les mots résonnèrent abruptement jusqu’à Lauren qui rebroussa chemin au pas de course. A sa hauteur, elle lâcha un « mmh » audible.


Les deux battants de la double-porte devant laquelle elles étaient parvenues étaient résolument fermés. Lauren discernait les deux matelas de caoutchouc noirâtre, au centre des deux vantaux de métal épais, qui scellaient hermétiquement l’ensemble de la porte. Il y avait, en haut de celle-ci, deux petites lucarnes, bien trop étroites et trop hautes pour offrir quelque visuel que ce soit aux deux femmes.


« Saboté ? entama Lauren. Tu sais, j’ai… »


Elle reçut un outil dans les mains qu’elle rattrapa lestement, puis se tut, un peu vexée, pendant qu’An’ya manipulait le panneau de contrôle.


« An’ya, reprit-elle, t’as parlé de sabotage et je suis allé voir… »


Au-dessus de leurs têtes, un sifflement chaud. On eût dit qu’un serpent, silencieux jusqu’à présent, s’outrageait de leur présence. Le son enfla, enfla, à mesure que la colère du serpent s’amplifiait. Lauren, légèrement en retrait, sentit d’abord cette vague de chaleur brûlante. Des gouttelettes bouillantes piquèrent la peau nue de son bras. Elle lâcha immédiatement l’outil qui ajouta sa plainte tapageuse.


« Attention ! »


Le crachat brûlant ne faiblissait pas, emplissait l’air d’une chaleur humide et d’une âcre odeur de caoutchouc calciné, bloquant An’ya entre la porte toujours close et le jet sous pression. Le nez enfoui dans le coude, Lauren recula plus loin. Elle ne distinguait plus qu’une vague silhouette, ondulante, vaporeuse.


« An’ya ! An’ya ? Tu vas bien ? s’enquit Lauren d’une voix forte. »


A ton avis ? Je viens de me faire ébouillanter la gueule par je-ne-sais-quoi ! »


Lauren se renfrogna et, sans répondre, tendit son bras artificiel pour récupérer les outils suintant d’eau sale.


« Tu vois le datapad ? demanda finalement An’ya. Il n’est pas de mon côté. Il a dû tomber. Et les outils sont dans le nuages de vapeur, dit-elle. »


Dans sa voix transparaissait la douleur, une voix ténue, abrupte. L’Echani balaya le sol du regard. Le datapad gisait, adossé au mur à sa droite ; elle le prit, essuya les gouttes d’un revers de manche, laissant des traces visibles, et alluma l’écran.


« Je… Je crois qu’il marche encore ! Il s’allume. Le datapad, je parle. J’ai déjà récupéré les outils. Tu as une idée pour colmater cette fuite ? (Elle lorgna quelques instants l’écran bleuté.) Selon les plans, et si je les lis correctement, il n’y a pas de valve ou autre dans le coin. Le système central pour euh… la… euh… tuyauterie… semble se trouver au pont inférieur. »


Rien n’était plus oppressant que le silence. L’absence de tout était une menace concrète, insidieuse, accablante. On ne pouvait s’attendre à rien si ce n’était le pire. La station était effroyablement paisible, si ce n’était le sifflement, et les suppliques métalliques qui provenaient des entrailles du champignon semblaient crier leur douleur… Ou les mettre en garde.


« Le pont inférieur ? Attends, il doit bien y avoir une deuxième entrée pour le pont supérieur. Vu la forme du Hibou, je parierai sur une porte similaire diamétralement opposée à notre position, répondit An’ya.


De ce que je comprends, la porte de l'autre côté de notre position nous amène à la salle des serveurs, elle aussi barrée de rouge. Ce que tu cherches est peut-être est le lieu que j'identifiais pas sur la carte ? (Elle marqua une pause et, avant qu’An’ya n’ait pu répondre :) Est-ce qu'on devrait pas essayer de rétablir le courant, aussi, à tout hasard ? »


Comment le rétablir, toutefois, Lauren n’en savait rien.


« J’en sais rien de si c’est le lieu dont tu parles, avoua An’ya, agacée. Mais pourquoi barrée de rouge ? Et puis, si tu trouves l’interrupteur, n’hésite pas, hein, lança-t-elle sans dissimuler le sarcasme dans sa voix.


Quand je dis barrée de rouge, c'est qu'il y avait la même lumière que là, ce gyrophare fixe, juste au-dessus de la porte. Ce que j'essayais de te dire, mais tu m'écoutais pas. Si tu pouvais cesser d'être sarcastique cinq secondes ? Que cherches-tu à la fin ?


Ce que je cherche, c'est un moyen d'accéder aux communications défaillantes d'une station pourrie. »


La voix d’An’ya était plus aigüe, emportée et cassante. La douleur avait effrité sa patience. Lauren perçut distinctement un soupir.


« Ce que je cherche, tempéra Lauren fermement, c'est la même chose et accessoirement à t'aider, tu le comprends ? C'est peut-être pas en fonçant tête la première dans une station inconnue et visiblement dérangée qu'on y arrivera : la preuve. (Bien qu’An’ya ne pût le distinguer, Lauren désignait le tuyau percé qui déversait, sans discontinuer, son relent fétide. Elle fixa sa main, puis la canalisation puis revint à sa main.) Ecoute, j’ai une idée. Quand je te le dirai, tu avanceras, d’accord ? Vers moi.


Comme si je pouvais prédire qu'un tuyau allait nous péter à la gueule..., maugréa An’ya. »

Lauren prit plusieurs longues inspirations, alternées d’expirations. La manœuvre était sans doute peu pertinente car elle ne respirait qu’une chaleur brute qui lui brûlait la gorge, mais elle passa outre et se calma.


« Viens, de suite, avance ! dit-elle en élevant la voix. »


An’ya hésitait.


« Avance, je te dis ! répéta-t-elle. »


Finalement, An’ya fit un pas, incertain, puis un deuxième. Par réflexe, elle plaça ses mains au-dessus de son visage, qui fixait le sol détrempé, et, au moment où l’eau aurait dû l’ébouillanter, elle ne sentit rien. Une fine pellicule, on eût presque dit un nuage, s’étendait entre l’eau et elle-même, la maintenant à une distance raisonnable.


« Tu veux bien te dépêcher ? »


Lorsqu’An’ya eut dépassé le jet jusqu’à une distance raisonnable, le nuage s’évapora. Lauren croisa le regard de sa coéquipière et ne put s’empêcher de lui décocher un clin d’œil moqueur. Des plaques rouges s’étalaient sur son visage qui perlait de sueur ; une grimace, qu’elle s’efforçait visiblement de dissimuler, ridait son front.


« Je peux ? demanda Lauren en s’approchant. Laisse-toi faire cinq secondes. »


Avec d’infinies précautions, mais le regard dur, elle laissa courir son index et son majeur gauche sur le visage blessé ; elle dessina les tatouages qui disparaissaient dans la pénombre ambiante, puis elle ferma les yeux et fit son possible pour soulager les brûlures. Elle ressentit un frisson, un frisson d’aise ou un frisson de gêne, l’Echani n’aurait su différencier l’un de l’autre. Raidie, An’ya fermait les yeux mais, sous ses paupières closes, ses globes oculaires s’agitaient comme si elle redoutait une quelconque menace. Chaque fois que les doigts de la padawane passaient sur un tatouage, ses mâchoires se serraient.


« Tu es bien brûlée, quand même. A notre retour, envisage un passage par l’infirmerie, ne serait-ce que pour éviter l’infection, aussi robuste sois-tu, conclut Lauren. »


La chaleur devenait insupportable ; Lauren s’éventait d’une main.


« Ce que j’essayais de te dire tout à l’heure, c’est qu’on dirait – je suis pas experte hein – que les systèmes ont été verrouillés volontairement. Y avait une lumière rouge, comme celle-ci là, au-dessus de la porte des serveurs. Les portes sont hermétiques. Alors, euh… arrête-moi si je me trompe, mais ça peut vouloir dire deux choses : soit quelqu’un a enclenché le verrouillage, soit un événement grave a déclenché tout ça automatiquement, c’est ça ? On peut retourner chercher une serviette au vaisseau, si tu veux. »


An’ya la fixa le temps d’un battement de cil, attrapa le sac d’une main et fit à nouveau face à la porte. Seule sa tête restait tournée vers Lauren.


« Lauren… Merci, dit-elle en fuyant le regard cendreux de Lauren.


Je… t’en prie, répondit-elle sans s'éterniser. Tu préfères pas qu’on aille voir les serveurs ? Ou qu’on rallume le courant parce que… euh… les consoles de données en auront peut-être besoin ? Ou bien qu’on coupe l’eau ? »

An'ya Qelis
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Les épaules d'Anya s'affaissèrent. Elle devait reconnaître que Lauren avait raison. Bon, la tatouée ne le ferait pas verbalement, par fierté mal placée bien sûr. Mais elle se rendait bien compte que l'Echani pouvait être d'un précieux secours et que son avis n'était pas à exclure.

- Collaborons, alors... dit-elle à voix basse, comme pour convaincre son sale caractère qu'elle faisait le bon choix. Réfléchissons...

An'ya, d'un naturel introverti, allait faire l'effort de réfléchir à voix haute afin de travailler en équipe. Cela lui rappela sa mission sur Gerrenthum où elle devait retrouver la présidente de ladite planète, enlevée par l'infâme Mid E'roïb. Elle avait fait équipe avec un certain Luke Kayan, à l'époque Chevalier, et n'avait pas hésité à coopérer avec le bel hapien. Bon, il était aussi vrai qu'elle avait cherché à le taquiner, à prendre l'ascendant et à chercher ses limites, au Luke. Un peu comme avec Lauren sur cette mission, d'ailleurs.
Mais pour l'heure, le pragmatisme et le sens de la déduction qui caractérisaient l'ancienne espionne prirent la parole:

- Déjà, pas la peine de reprendre un ascenseur qui risque de nous claquer dans les doigts pour une serviette. Couper l'eau ? Si c'est une eau qui refroidit quelque chose d'essentiel, genre un réacteur ou un truc du genre, oui va falloir. Ensuite, si on est logique, on voit bien qu'il y a encore du courant pour n'alimenter que le strict minimum, c'est-à-dire ce qui est vital : Un néon sur trois, le recyclage de l'oxygène, les lumières rouge d'urgence, le seul ascenseur pour accéder aux différents niveaux (puisque, d'après le plan, il n'y a pas d'escaliers), etcétéra. On est donc sur une alimentation de secours et j'ose espérer que les ingénieurs ont eu l'intelligence d'alimenter le cœur et le cerveau de la station, à savoir : les commandes du pont et les serveurs. Et les consoles de données essentielles, bien sûr.

Elle se massa les sinus du bout de doigts, signe d'intense réflexion chez la jeune femme. Ses doigts glissèrent ensuite sur ses tatouages, le regard dans le vide, un tic qu'elle avait dès fois. Sa peau lui renvoyait encore une douleur mais rien d'insurmontable. Grâce à Lauren et ses pouvoirs de Force. An'ya n'avait pas l'habitude qu'on prenne soin d'elle de cette manière et l'altruisme dont avait fait preuve sa coéquipière perturbait ses codes durs issus de Dromund Kass. An'ya avait été touchée mais ne savait pas vraiment comment l'exprimer. Elle était partagée entre la honte de son attitude antipathique du début et la colère de ne pas s'être débrouillée toute seule comme une grande.
Afin d’éviter de se perdre dans de sombres ressentis, elle déroula plutôt la suite de sa pensée:

- Donc, à priori, je pencherais pour l'événement grave qui a déclenché toutes ces pannes. C'est vrai quoi, qui aurait pu saboter le Hibou? Il n'y a personne sur la station. A moins que la dernière personne à être venue vérifier la station n'est fait un sabotage à retardement... Savoir qui est venu serait facile, mais quel intérêt à dégrader le Hibou? D'ailleurs, vu le niveau de dégradation des lieux, je mettrais ma main à brûler... euh... Elle jeta un œil à sa main encore rouge... que personne n'a vérifié l'état de la station avant de l'envoyer sonder cette planète. Faut croire que le Jexit a coupé les moyens de l'ExploCorps sur cette exploration.

An'ya marqua un temps d'arrêt, toujours en intense réflexion. Quelque chose clochait.

- Pourtant, ce qui est bizarre, c'est que les communications d'urgence devraient aussi fonctionner. Le Hibou est autonome, il doit fonctionner seul et sans personne. Donc, en cas d'évènement grave, il aurait dû logiquement envoyer un message d'alerte. Or ce n'est pas le cas. C'est étrange... Ça, et les portes qui ne se déverrouillent pas normalement.

An'ya jeta un regard inquiet derrière elle. Il lui avait sembler entendre un bruit pneumatique plus loin. Difficile à déterminer.

- Bon. L'autre option c'est que les concepteurs du Hibou n'ont peut-être pas la même logique que moi ou ont fait du travail de merde. Conclut elle d'un air blasé. Aller. Les serveurs ne sont pas loin, ça vaut le coup d'y jeter un œil avant d'aller couper l'eau au pont inférieur. Peut-être y trouveront nous d'autres indices. Mais restons sur nos gardes.

La salle des serveurs donc. Même type de porte, même verrouillage incongru, donc même opération d'An'ya sur la serrure électronique. Sauf que cette fois-ci pas de tuyau qui s'éventra, les deux femmes- anticorps s'en était assurée.
Lorsque le "crochetage" fut réussi, les deux battants métalliques laissèrent la place à une salle aux allures labyrinthiques, présentant de nombreuses "armoires" remplies de fils électriques et autres composantes électroniques. Le ronronnement des serveurs remplissait la pièce. An'ya fut déçue de constater qu'aucune autre porte ne donnait sur le pont supérieur - avec ses panneaux de commande et son poste de pilotage - tant désiré. Elle s'était trompée sur l'agencement des salles mais elle n'était pas étonnée, vu la petite taille de la station, que le fameux pont - le cœur du Hibou - ne soit accessible que par un seul accès (rappelons-le, bloqué par le maudit jet de vapeur).

- Hm. Je ne pensais pas que ce genre de matériel pouvait dégager une odeur aussi prenante.

Les deux femmes-anticorps commencèrent à brancher le datapad de-ci de-là et à fureter à la recherche de... de quoi d'ailleurs? An'ya espérait tomber sur un droïde à interroger qui pourrait traduire tout ce charabia informatique. Lauren avait raison, il fallait mettre la main sur le journal de bord pour comprendre ce qu'il s'était passé. Sploch.

Comment ça "sploch" ?

An'ya observa la flaque dans laquelle elle venait de poser une botte. Les yeux sur le datapad, elle n'avait pas fait gaffe. L'odeur venait incontestablement de ce liquide qui semblait passer sous plusieurs armoires. An'ya eut un mauvais pressentiment mais, avant même qu'elle ne puisse réagir, elle entendit le bruit distinctif d'une mécanique qui se mit en mouvement... accompagné par le crépitement d'un câble électrique arraché!
La dromundienne bondit en arrière au moment où le liquide s'enflamma! Rapidement, plusieurs armoires prirent feu et la salle se transforma en brasier, dégageant une fumée opaque et irrespirable.
An'ya, vive d'esprit, identifia rapidement trois dangers pour elles: se perdre dans la fumée, manquer d'oxygène et... brûler vive.
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