Tanlo Jakobi
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Tatooine.

Tellement de souvenirs ici.

Tanlo Jakobi grimace alors que le sable lui gifle le visage. Des dizaines de petites douleurs, comme autant d'aiguilles d'acupuncture s’enfonçant dans sa peau. Protégés par des lunettes de sécurité, ses yeux bleus fixaient le contrefort rocheux devant lui, presque impossible à distinguer au milieu de la tempête de sable.

Il avait marché pendant des jours avant de l'atteindre.

L'Oasis. Là où vivait une des meilleures forgeronnes de la galaxie, cachée de tous sauf d'une poignée d'élus.

Dont lui.

Sa main nue caresse doucement la pierre, avant de trouver une faille. La faille. Il appuie doucement. La roche s'enfonce, d'un centimètre à peine, et s'ouvre devant lui, révélant un passage. Ce dernier est étroit.

Plus que la dernière fois.

A quand remonte sa dernière visite ? Vingt ans ?

Il grimace. Peste avec humour sur son surpoids, et se glisse dans le couloir, frôlant la pierre. Le passage se referme, et il se retrouve dans l'obscurité. Rapidement, il avance à quatre pattes, son sac devant lui, fermement tenu par une main. Heureusement qu'il n'est pas claustrophobe...

Il rampe, encore et encore. L'avancée dure une bonne quinzaine de minutes, pénibles, éprouvantes. Les murs sont inégaux, le sol, plein de cailloux.

Un rite de passage.

Lorsqu'enfin, le couloir s'élargit, Tanlo Jakobi est plein de poussière, les mains gercées, le pantalon ruiné. Une manière d'enseigner l'humilité.

La pièce est sombre, mais la vision de l'homme s'est vite habituée, il sait où est la sortie.

Il arrive à l'air libre.

Un moment de nostalgie, alors que son cœur bondit dans sa poitrine.

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Devant lui, se trouvait une des dernières oasis souterraines de la planète. Un miracle géologique et naturel, créé il y a des siècles et entretenu depuis par des générations de gardiens séculiers, utilisant des miroirs afin de refléter la lumière du soleil extérieur et éclairer artificiellement, mais avec la lumière naturelle, l'Oasis. On y trouvait de rares oiseaux, et parfois même quelques animaux n'osant plus aller à la surface désolée de la planète.

Cette Oasis avait appris à Tanlo qu'il ne fallait jamais se fier à ce qu'on voyait. Même une planète désertique peut cacher un oasis. Un salopard peut cacher des qualités. Un saint, camoufler les pires vices.

Il descendit les escaliers qui le menaient jusqu'à un vieil arbre aux fruits bioluminescents. Autour, une poignée d'enfants jouaient, leurs cris de joie emplissant la caverne. Ils étaient surveillés par une jeune fille, pâle et fragile, qui, en voyant arriver Tanlo, fit de grands yeux. Les enfants s'immobilisèrent, devenant muet devant l'étranger.

Il s'immobilisa, levant les mains, montrant qu'il venait en paix.

- Hey, pas d'inquiétude. Je connais l'endroit, je...

Il plissa les yeux. Il reconnaissait cette fille pâle... ces yeux verts, ces cheveux de jais... cette cicatrice le long du visage... bon dieu... une adulte maintenant ? Mais...

- Mirashoyne... bon dieu... tu m'arrivais à peine aux genoux la dernière fois que je suis venu...

La jeune femme se mit à rougir, après un silence malaisant.

- Je... je suis désolé monsieur, je vous reconnait pas...

- Tanlo... je suis Tanlo. Dis... tu peux m'annoncer à ta grand-mère s'il te plaît ?

Son sang ne fit qu'un tour. Il n'avait pas pensé à une possibilité toute bête : et si elle était morte, depuis le temps ?
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Un ange passa, alors que le silence entre le colosse et les enfants s'éternisait. Les jeunes regardaient Tanlo avec un mélange de fascination et d'inquiétude. Il tenta un sourire rassurant, mais ils reculèrent. Un soupir intérieur.

- Bien sûr répond Mirashoyne. Restez ici, s'il vous plait !
- D'accord...

Il passe ses doigts sur son menton, caressant sa barbe blanche. Mince, c'est vrai, qu'il est vieux. Ce petit bout de chou qu'il tenait dans ses bras et bercait entre deux entraînements l'appelle monsieur maintenant. Bordel de merde. Tes deux apprenties t'appellent papy mais tu t'es toujours pas rendu compte que tu vieillis, Tanlo. Un jour, tu te fera déglinguer par quelqu'un de plus jeune, plus beau, plus fort, vaincu par le poids des ans.

Il serra le poing, fulminant.

- Monsieur, vous allez bien ? demande, candide, un des enfants.

Tanlo dépose son sac et se met à genoux, mains posées sur ces derniers, comme son premier maître le lui avait appris.

- Ca va. J'ai surtout soif et besoin de repos. Vous vous appelez comment ?

- Moi c'est Nabkov, lui c'est Sandath répondit le plus grand, avant de désigner un autre enfant, un peu plus petit, qui devait être son frère.

- Salut Nabkov, salut Sandath. Vous venez souvent jouer ici ? A mon époque, c'était interdit. Qu'en pense l'ancien ?

- Oh, maintenant on a le droit. De toute façon, en bas c'est dur de jouer, il n'y a plus autant de place !

- De place ? Vous êtes combien ?

A son époque, seule une petite vingtaine de personnes vivaient dans l'Oasis. Des reclus et ermites s'en étaient fait un refuge, loin du monde et de sa violence.

- Oh... euh... le petit compte sur ses doigts. Dix fois dix, je crois ?

Tanlo haussa un sourcil. Une centaine de personnes ? La population multipliée par 5 en à peine vingt ans ? Que diable s'était-il passé ici ? Le hameau devait ressembler à un village maintenant !

Il continua de bavarder avec les enfants, qui demandaient avec curiosité à quoi ressemblait le monde extérieur. Il leur répondit sans faire trop de vague. On évitait de sortir de l'Oasis. Tatooine était dangereuse, et mieux vallait ne pas faire rêver inutilement les gosses. Le colosse tint sa promesse, tenue ici il y a bien longtemps, et se contenta de décrire la vie rude et dangereuse au sein des dunes ensablées.

Lorsque Mirashoyne revint, un des enfants était accroché au bras tendu de tanlo, comme un singe à une branche, balancant ses pieds dans le vide, s'émerveillant de voir que l'homme ne cillait pas sur son poids.

- Elle veut bien vous voir ! Suivez moi !

Soulagement. Il emboîta le pas à la jeune fille, suivi des enfants derrière lui. Ainsi escorté, ils marchèrent à travers la végétation. Le couloir rocheux déboucha sur une autre grotte, dans laquelle se trouvait une vingtaine de bâtiments, construits en planches de bois, contre la roche. Des dizaines de personnes étaient présentes. Un vrai village, relativement silencieux malgré l'agitation. Des dizaines de paires d'yeux se fixèrent sur Tanlo Jakobi et sa juvénile escorte, mais il ne lut aucune hostilité dans leur regard. Juste de la curiosité, mêlée d'une méfiance presque réflexe.

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Ils dévalèrent le sol rocailleux, se faufilant à travers la rue principale, jusqu'à arriver dans la cabane de la forgeronne. Alors qu'ils s'approchaient, Tanlo entendait des voix. Celles d'une dispute, plutôt agîtées. Un léger tremblement traversa son corps, et, alors qu'il s'apprêtait à entrer avec Mirashoyne, le rideau couvrant la porte s'ouvrit, pour laisser passer une personne que Tanlo ne s'attendait pas à croiser.

- M... Maître ?
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Il ne l'avait pas vu depuis leur affrontement sur Tatooine, il y a plus de 25 ans. Le combat avait été rapide, brutal, Tanlo laissant son maître blessé derrière lui. Une victoire éclatante. Le maître, Barbucho, avait été vaincu par l'élève qu'était alors Tanlo.

Barbucho avait vieilli, naturellement. Il était plus petit aussi, plus malingre, même si les restes de son ancienne stature puissante étaient encore visibles. Ses cheveux bruns étaient devenus blancs, et son visage était creusé de rides, mais son regard n'avait rien perdu de sa fougue.

Barbucho:

- Toi !

Ce n'était pas une interjection. Plus un crachat. Il bouge. Tanlo réagit instantanément. Barbucho n'avait pas encore fini son coup de pied que l'avant bras de Tanlo s'était déjà relevé pour parer le coup, qui s'écrasa sans même secouer le colosse. Son ancien maître tenta de suivre par un coup de genou, bondissant sur son unique pied au sol, mais Tanlo avait saisit sa jambe, et l'envoya valser.

Barbucho atterit sur le sol, sur ses deux pieds jambes, le regard enflammé. Les deux hommes s'étaient mis en garde.

- COMMENT OSES-TU TE PRESENTER ICI APRES CE QUE TU AS FAIT, SALOPARD !

- Maître...

- JE NE SUIS PLUS TON MAÎTRE ET TU N'ES PLUS MON ELEVE, FILS DE CHIEN !

- Je vais où je veux, et vous le savez. Si vous voulez vous battre je...

- Personne ne se bat ici ! cria une voix aigue, suivie du lancement de deux sandales, une percutant la nuque de Barbucho, tandis que l'autre claqua contre le visage de Tanlo. Les deux hommes lâchèrent un cri de surprise et se massèrent la nuque et le visage sous les rires des enfants. La tension explosive était retombée.

Une autre personne était sortie de la maison. Les yeux bleus de Tanlo s'éclaircirent en la voyant. La forgeronne, en chair et en os, vieille et fripée, mais vivante !

- Barbucho, Tanlo, vous devriez savoir qu'il est interdit de vous battre ici, et encore moins devant chez moi ! dit-elle en agitant légèrement sa cane, faisant un bruit de clochette à chaque mouvement de ses vêtements amples.

- Mais c'est lui q... AIE ! répondit Tanlo, interrompu par la cane de la forgeronne qui le frappa en plein visage.

- Silence quand je parle, grand nigaud ! rugit-elle. Et ramène moi ma canne et ma sandale ! Tanlo s’exécuta, la trace rouge de la sandale encore en plein visage. Elle lui fit un grand sourire édenté. Je suis ravi de te revoir ici, Tanlo.Que tu es devenu grand ! Quant à toi... elle se tourna vers Barbucho. Dehors ! Nous avons déjà abordé ce sujet. Quoi qu'ai fait Tanlo et vos différends, il restera autant de temps que je le décide ! Toi, tu me suis ! Mirashoyne, ma chérie, merci de t'être dérangée pour moi. Allez, tous les autres, ouste !

Tanlo suivit la forgeronne dans sa demeure. Elle était exactement comme il y a 30 ans. Elle sentait l'huile, l'ozone, l'acier, la chaleur des chalumeux. Malgré son âge, la vieille femme était encore en activité ? C'était de l'ordre du miracle. Elle le fit s'installer sur un siège, avant de disparaître dans une autre pièce, revenant avec ce qui était vraisemblablement une soupe de champignon réchauffée.

- Alors, Tanlo... que fais-tu ici ?

Assis sur le siège qui craquait sous son poids, le colosse goûta la soupe -acre et épicée à l'extrême- avant de reprendre la parole.

- Erf... ce serait poli de dire que c'est car vous me manquiez... mais je viens pour le travail et demander un service.

Elle rigole, claire, puis tousse, reprenant sa respiration. L'âge se fait sentir. Combien de temps lui reste-t-il ? Cinq ans ?

- Tanlo, nous sommes des adultes, je ne vais pas me vexer car tu m'envoie pas de carte de vœux. Droit au but !

- Oui... Il se baisse, ouvrant son sac, avant d'en sortir une boîte. Le regard pétillant de la vieille femme s'illumine lorsqu'elle en voit le contenu : les gantelets énergétiques de Tanlo.

Ceux qu'elle a créé, il y a plusieurs décennies de ça.

- Ooooooh, ils sont superbes
. Elle s'en saisi d'un, l'examinant sous toutes les coutures. Tu les as modifié un peu, n'est-ce-pas ? Je suis content que tu en ai pris soin... dit-elle en caressant le gantelet comme s'il s'agissait d'un chaton.

- Je les aient fait renforcer avec du phrik contre les sabres lasers. Vous êtes la meilleure forgeronne que je connaisse. J'aimerais que vous y apportiez les dernières touches... si c'est encore possible.

Elle reste silencieuse, lui faisant signe de lui apporter l'autre gantelet.

- Hum, me remettre à la forge... oui, je pourrais... un sourire malicieux.

Il n'aime pas ça.

- A une condition...
il déglutit. Laquelle ?

- Je veux que toi et Barbucho vous vous réconciliez.

....

- Hein ?!

- Parfaitement. Tanlo réfléchit, concentré, passant son pouce sur son menton.

- Oh... c'est pour ça que vous vous disputiez avec le maître, pas vrai ? Vous lui avez demandé la même chose, et lui, ne veut pas...

Lueur de malice. Elle sourit avec franchise, toute édentée.

- Incroyable Tanlo... après deux décennies à te prendre des coups dans la tête, tu es devenu plus malin que dans ta jeunesse !

Il sourit.

- Je prendrais le compliment... et je vais me mettre au travail...
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Se réconcilier.

Tanlo n'avait aucune idée de comment faire.

Son existence avait toujours été une histoire de conflit. Il était un combattant. Un artiste martial. On se fait des amis, ou des ennemis. On affronte les ennemis, on gagne, ou on perd, et on se venge. Le respect mutuel peut se construire, mais on n'apprend pas à se réconcilier avec quelqu'un. Pas dans ce domaine. Les artistes martiaux, généralement, et passé un certain âge, sont fiers et orgueilleux. Oh, bien sûr, il y en a toujours qui se la joue sages, neutres, au-dessus de la mêlée... mais ce n'est que mensonges. Dans leur cœur brûle toujours cette petite flamme d'arrogance et de condescendance envers les.. sanguins, comme Tanlo.

Il sait quel type d'homme est son maître. Il lui prônait les valeurs des arts martiaux, le respect, la paix intérieure, tout en lui faisant subir un entraînement proche de la torture, accompagné de privations, et le faisait combattre dans les arènes de Tatooine dès l'âge de 13 ans, empochant l'argent pour lui.

Tanlo ne lui en voulait pas. Il avait beaucoup appris, et Barbucho avait pris soin de lui. Mais sa philosophie lui avait toujours semblé hypocrite. La paix intérieure ? Il aimait l'argent, et les belles femmes. C'est vrai, il n'avait jamais tué qui que ce soit avec ses techniques. Mais Tanlo n'avait jamais entraîné de gosse dans sa passion. Même malgré leurs demandes.

Il secoua la tête, évoluant à travers les minuscules ruelles du petit village troglodyte. Il devait arrêter de réfléchir et de penser philosophie. Il n'était pas bon là-dedans. Et son maître, objectivement, avait raison. Tanlo était un tueur, un meurtrier, qui adorait la violence et faire souffrir les gens. Il n'était pas en position de faire la leçon à quiconque, et n'était pas là pour confronter la vision de Barbucho...

Mais se réconcilier avec lui.

Il soupira. Il savait où son Maître se trouverait....

Le bar, évidemment. Le village, même lorsqu'il n'y avait qu'une dizaine de personnes, en avait un, tenu par Ando, un vieil homme bourru. Tout le monde se réunissait autour de son comptoir le soir et discutait, ou se mettait une belle murge. Tanlo ne reconnu pas le tenancier. Un jeune, un nouveau. Paix à ton âme Ando, tes blagues scabreuses ne seront jamais oubliées.

Et naturellement, Barbucho était assis là, au comptoir, penché sur son verre, tournant le dos à son ancien élève. Il vit son dos frémir alors qu'ils s'approchait. Mais Barbucho ne réagit pas plus lorsque Tanlo s'assit à côté de lui.

- Salut.

Aucune réponse, juste un regard haineux. Le vieil homme boit sa pinte, cul sec, avant d'en commander une autre.

- T'es fier de ce que t'es devenu, Tanlo ?

Oh merde, son haleine pue l'alcool. Le mercenaire jette un oeil legèrement inquiet aux 5 verres vides sur le comptoir. Son maître avait toujours bu à une vitesse hallucinante, sans jamais être bourré. Raisonner et parler avec lui allait être difficile, et Tanlo n'était pas un manipulateur, alors... comme toujours il décida d'être franc.

- J'vous ai toujours dit mon rêve, être le plus fort. Aujourd'hui, je suis plus fort qu'hier. Je suis en bonne santé, j'ai des amis, de l'argent, une petite réputation... alors non, je suis pas fier, mais j'suis pas honteux non plus.

- Moi j'honte de toi. Je sais c'que t'as fait sur Ossus. T'as buté des civils Tanlo.

Il se retint de pas lever les yeux aux ciel.

- Je suis mercenaire. On me paye pour faire un boulot, et je le fais. Je tue pas des gens au hasard car ça m'amuse. Et si j'avais voulu vraiment en tuer beaucoup, vous savez très bien que ça aurait été un bain de sang.

- C'est ca ta réponse ? Ca aurait pu être pire ?

Tanlo soupire. Il sait que cette conversation n'ira nulle part...

- Ok, maît...

- Appelle moi encore ainsi et je te cogne.

- Ok, heu.. Barbucho. On est tous les deux dans la même situation, pas vrai ? La forgeronne veut qu'on se réconcilie. J'vais être honnête : j'ai aucun problème avec vous, aucune rancune, rien. Vous m'en voulez, et j'le comprend, c'est mérité. Alors, qu'est ce que je peux faire pour que, euh... vous soyiez moins en colère contre moi ?

Barbucho se saisit de son col, le regardant avec un air fou.

- Putain, quarante ans et tu me parle comme si t'étais un putain de gosse. T'en a rien à branler, et moi non plus. Tu peux RIEN faire. Ce petit jeu de pardon d'merde, j'y suis que parce qu'elle le demande. Je m'en branle, tu comprend ?

Tanlo le fixait, sans réagir. Au final, oui... c'était un jeu de dupes. Qui était convaincu ?

- J'sais ce que t'a fait après être parti de Tatooine. T'es connu dans le milieu. Félicitatiions, petit. Tu t'y connais en rayon niveau tuerie hein ?

Il le relâcha, avant de le repousser d'un coup de pied. Le vieil homme avait pivoté sur son siège, et tangua un peu, avant de perdre l'équilibre et de se remettre debout. Il fixa Tanlo, qui était par terre, dos au sol, et se relevait, lentement.

Il pointa le colosse du doigt.

- CINQ jours. J'te donne cinq jours pour me montrer que tu sais faire autre chose que tuer, blesser et décevoir les gens Tanlo. Après ca... il se saisit d'une bouteille, à moitié pleine, qui finit, en quelques instants, totalement vide. Il la balance sur Tanlo, qui l'attrapa au vol.

- Après ca, tu dégage et tu r'viens jamais.

Après un dernier doigt d'honneur, il s'en alla.
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- Ca ne s'est pas bien passé ?

- Bof...

Tanlo était assis en tailleur, à l'ombre du vieil arbre aux fruits bleus. Il regardait les enfants jouer, innocents et loin des soucis du monde. Les petits chanceux. A ses côtés se tenait Mirashoyne, qui elle aussi surveillait les enfants. Les gamins, une petite douzaine au total dans le village, jouaient à un sport de balle quelconque dont les règles inventées semblaient changer en fonction des envies des participants, les petits s'accusant mutuellement de tricher, avant de reprendre comme si de rien n'était.

La jeune fille et Tanlo avaient sympathisé. Elle était calme, posée, bavarde mais relativement pudique, ne demandant pas trop de choses sur Tanlo. Elle savait au moins le principal. Ancien élève de Barbucho, devenu indépendant. Elle, était l'apprentie de la forgeronne.

- C'est fou, quand même. Mon médecin traitant est en train de former sa fille, qui va me suivre. Et voilà qu'une autre va remplacer celle qui a fait mes gants. Le temps passe vite. C'est la première fois que je vois une génération en remplacer une autre, en direct.

- Ça vous inquiète ?

- Un peu. M'excite aussi. Je vais être remplacé. Je me demande par qui.

- Vous n'avez pas d'apprentis ?

- Oh, si, quelque-uns et unes. Des très doués. Mais... me remplacer ? Ils maîtrisent leur art, mais j'en imagine pas reprendre mon dojo, ou même en faire un. Ils ont... d'autres buts.

Il souffle, posant son menton sur sa paume. Deux jours étaient passés depuis la dispute avec Barbucho. La jeune fille lisait dans ses pensées.

- Vous pensez à ce qu'il vous a dit ?

- Ouais.

Elle savait tout de la dispute entre les deux artistes martiaux. Elle avait proposé de parler au vieux maître en faveur de Tanlo, mais ce dernier avait refusé. La brune voulait faire comme sa mâitresse : régler les affaires des autres, servir d'entremetteur, utiliser la diplomatie. Elle était pleine de bonne volonté, mais Tanlo connaissait le caractère explosif de son ancien maître. Mieux valait ne pas la mêler à ca.

Elle toussa, un bon coup, puis un deuxième. Tanlo haussa un sourcil, alors qu'elle continuait de tousser, jusqu'à cracher ses poumons, avant de se redresser, comme si de rien n'était, un bras tendu vers Tanlo comme pour le repousser.

- Ca va petite ?

- Ca va... j'ai toujours eu ça. Des... palpitations ? J'ai un petit cœur
dit-elle en souriant d'un air pâle. Barbucho me ramène des médicaments de la ville. J'ai parfois des crises plus graves...

- Tu peux pas te faire soigner ?

- Pas sur Tatooine... et ce genre d'opérations est chère n'est-ce-pas ?

- Je pe...

- Non. Je ne veux pas de dettes. Et pas d'un inconnu.

Il bougonna, joues gonflées. Tu sais d'où ça vient ?

- La forgeronne dit que c'est héréditaire. Je dois éviter l'effort intense. Hum... d'où le corps frêle et pâle. Je préfère la précision. C'est pour ca qu'être forgeronne me plaît. Il faut être patiente, et minutieuse...

- Ouais, j'imagine.

Il réfléchit quelques instants, avant de sourire.

- Hey, Mirashoyne... je pense pouvoir t'aider pour ton problème.

Elle le regarda d'un air faussement curieux, celui de celle qui a déjà entendu cette phrase un nombre incalculable de fois, pour être sans cesse déçue.

- J'connais des exercices de respiration. Elle poussa un rire adorable.

- Je sais très bien respirer !

Sourire malin.

- Personne dans cette galaxie respire aussi bien que moi. Laisse moi te montrer.
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- Tu es bien concentrée ?

- Oui.

Tanlo et Mirashoyne étaient isolés, dans la petite cabane servant de maison à la jeune orpheline. Les deux étaient en débardeur, la femme trempée de sueur, le visage détendu, scrutée par Tanlo.

- Bien. Il ne faut pas interrompre ton momentum. Continue d'inspirer par le nez.

Inspiration. Il sent la tension en elle, mais ses sourcils restent hauts, son visage, parfait de sérénité. Comment fait-elle ? Pour cacher toutes ses émotions, ne rien laisser exploser ? Pour lui, c'était une torture de tous les instants.

- Bien. Pousse sur ton aire abdominale, vers le bas, trois pouces en dessous du nombril. Tu sens tes muscles, pas vrai ? Pousse. Parfait... tu es doué
dit-il alors que son regard d'expert voit, sous la peau, les muscles de la jeune femme se tordre, s'écraser, pousser et tirer. La magie du corps humain en fonctionnement.

- Remonte ton périnée.

Elle ne répond pas, mais reste immobile, hésitante.

- Ton gros cul !

Elle ne répond pas, se concentre, bonne élève... elle finit d'inspirer, expire, recommence en suivant les instructions... puis se met à rire, franc, avant de se contrôler, et de jeter un t shirt sale à Tanlo.

- Mon gros cul ?! Sérieusement ?!

Elle semble plus amusée du contraste entre cette remarque et les instructions expertes, presque militaires, qui avaient précédées.

- C'était pour te faire réagir. Tu es trop calme, ça me perturbe.
- C'est vous qui êtes perturbant. Vous dégagez des ondes puissantes. Juste vous avoir dans la même pièce que moi est une gêne.
- Ouah... c'est brutal. A ce point là.
- Ce n'est pas négatif. Je ressens votre présence, c'est tout.

Elle se remet en position, reprenant ses exercices.

Voilà trois jours que Tanlo et Mirashoyne se sont accordés. 2 fois par jour, matin et soir, il lui rend visite, lui enseignant des techniques de respiration. Dan Tien, Qigong, Kokyu Nage. En échange...

En échange, rien en fait.

A sa surprise, Tanlo est heureux de faire tout ca gratuitement. Il est habitué à donner des cours. Mais il est payé. Il y a toujours quelque chose en retour. De l'argent, un service, de l'affection. Ici, pour la première fois depuis longtemps, il le fait sans contrepartie. Ce n'est pourtant pas son genre. Peut-être que sa soif de sang a été satisfaite, lors de sa mission avec Fùm pour la Czerka ? Peut-être qu'accompagner Evea Akway, même pour quelques jours, à se contenter de discuter paisiblement, de se refocaliser sur les choses simples, plutôt que l'entraînement martial et les contrats sanglants, l'avait mis dans une meilleure disposition ?

Il évita de trop y réfléchir. Il était inconstant. Il l'avait toujours été. Capable de tuer des hommes un jour, et de discuter aimablement avec les enfants de ses apprentis le lendemain. D'aider une vielle dame à traverser la rue après avoir arraché la tête de quelqu'un deux avenues plus loin.

*Je devrais peut-être consulter un psy*

La séance se termina. La pauvre fille était épuisée.

- C'est dur...
- Je sais. J'ai pratiqué ça pendant dix ans. Mais ça vaut le coup. Après, le problème de ce genre d'exercice, c'est que si ça marche bien, c'est invisible.
- Ne vous en faites pas Tanlo. Je vais m'accrocher. Je me sens déjà... un peu plus à l'aise ?
- Pas vrai ? Dans deux semaines, tu pourra courir des semi marathons.

Ils continuèrent de discuter un peu, avant qu'il ne prenne ses bagages pour sortir de la cabane. A peine dehors, il remarqua que deux vieilles personnes lui faisaient face.

- C'est vous le Tanne-l'eau ?
- ... Ouiiiiii ? Peut-être ?
- Est-ce que vous pourriez m'aider ?

Respire Tanlo. Calme.

- Pour quoi ?
- Mon mari a mal au dos...
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