Fúm Ellar
Fúm Ellar
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21 577, Jour des Récoltes • Orbite de Dantooïne.


Fúm Ellar aka Pink Poppy – #E9CBE8
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] aka la plus jeune de la Portée – #B83B3E
Une Togruta trop, trop canon – #8385AB


« Tu te rends quand même totalement compte que sur les parents ou Clin’ apprennent ça, je vais encore me faire défoncer sévèrement ma gueule ? – Et pourquoi est-ce qu’ils l’apprendraient ? Tu vas leur dire ? On est dans le salon, tranquillement, à chiller, pendant que Lazu pilote. On devrait arriver dans moins d’une heure. Alors elle me fait toute belle, des p’tites tresses de partout et tout. Pour l’occasion, j’ai préparé mes fringues les plus… Bon. De vrai, elles ressemblent jamais à rien mes fringues. J’ai fait sobre, un jean noir, mon haut noir, ma veste en cuir. En vrai, j’ai l’air d’une gangsta à la petite semaine avec ça, mais j’ai rien d’l’classieux, j’vais pas commencer à sortir mes uniformes de la Czerka ? J’suis pas là pour leur vendre quoi que ce soit… – Bien sûr que non, j’vais pas leur dire exprès. Mah tu sais bien que j’ai zéro talent pour mentir. Elle va me faire son regard de policière, là, la Clin’, j’la vois v’nir, et moi, j’vais plus savoir où me mettre, et elle va me poursuivre et ça va encore être la bagarre et… – Et non, rien de tout cela n’arrivera, car on va effectivement faire ce que j’ai dit qu’on ferait. On le fera juste un truc en plus avant, et ça, ils sont pas obligés de le savoir. – Ah ? Parce que derrière, on va vraiment aller jusque Mon Calamari ? Mah t’as cru que l’essence ça se pissait ou bien ? – J’ai beau le savoir, je suis toujours surprise par la couleur que prend ton langage quand les parents sont plus dans les parages. Ne t’inquiète pas, j’aurai largement de quoi payer les frais, c’est pour cela qu’on va à Mon Calamari, j’ai un contrat là-bas, un vrai, simplement, on doit s’arrêter avant sur Dantooïne. Je ne peux pas faire semblant de rien. – Si, si, tu peux très bien faire semblant de rien. Regarde-moi, je fais super semblant de rien, et tout va très bien. Elle s’arrête, surprise, et j’vois son visage qui passe par-dessus le mien. – Bah, pourquoi tu vas sur Dantooïne, si c’est pas pour aider les Jedis ? – Mais qu’est-ce que tu veux j’en ai à foutre de les aider ? Ils se sont mis dans ces histoires-là tout seul. Moi, j’ai un boulot, main’nant, c’est ça qui m’nourrit et qui vous nourrit un peu aussi. Si j’vais là-bas c’est parce que… J’suis toute gênée, j’aime pas en parler, c’pas des trucs… C’t’intime, là ! Pourquoi qu’on m’embête comme ça, moi j’suis gentille, j’rends service et tout et… – Bon, tu te décides à me dire plutôt que de te monter la tête en silence et t’énerver toute seule ? – C’est à cause de mes trucs. – De tes trucs ? S’il te plaît, Fúm, tu peux arrêter d’avoir cinq ans et me dire clairement les choses ? – Hey, c’est toi la plus jeune, hein ! Commence pas à jouer les grandes, là ! – Diversion. – Quoi, diversion ? – Tu fais diversion, pour ne pas me répondre quant à ta venue sur Dantooïne. – Et ça marche ? – Pas du tout. Mais, écoute, si tu ne veux vraiment pas en parler, tant pis. Je pensais juste que ce serait aussi l’occasion pour nous de se rapprocher, mais je ne veux t’obliger à rien… Silence qui tue. – T’es carrément en train de me faire du chantage affectif, là, on est d’accord ? – Et ça marche ? – Complètement. Elle sourit et me fait un baiser d’esquimau avant de reprendre ses douces dans mes cheveux. Elle sait qu’elle a gagné, la maligne. C’t’une Ellar, pour sûr… – Donc ? – Donc… Ce sont mes talents, tu sais, justement, de la Force, tout ça. Elle s’arrête de nouveau, et je vois encore reparaître sa tête. Pourquoi qu’on arrête tout le temps mes papouilles, sérieux ? – Attends, c’est tout ? – Comment ça c’est tout ? Meuf, j’vois le putain de turfu ! Je vois des trucs ! Quand je dors, quand je me bats, quand… Et puis, j’sais pas. J’ai l’impression… J’ai l’impression ça grandit. J’sais pas, j’ai p’t’être décoincé des trucs dans ma tête ? Qu’est-ce que j’en sais ? Mais c’est flippant. J’ai pas envie de devenir un putain de monstre, comme les autres tarés d’l’Empire, là… – Mais pourquoi tu deviendrais un monstre ? Bon, on ne va pas se le cacher, tu n’es pas la douceur incarnée, mais de là à te comparer à une Sith, tu n’exagères pas un peu ? – Cymo’, mon métier, c’est littéralement de tuer des gens, parfois. Des méchants, hein, mais quand même. Et puis, je vois le putain de turfu. Imagine, dans le turfu que je vois, je vois Max être blessée ? Ou l’un de vous ? Comment je fais pour pas vriller et butter la moitié de la Galaxie à titre préventif ? J’veux qu’ça s’arrête, c’est tout… C’était sympa’ quand il s’agissait d’attirer la télécommande sans avoir b’soin d’se lever, mais là, ça devient trop n’imp’… – Je pense que tu t’inquiètes de trop. Tu es quelqu’un de bien, je ne vois pas pourquoi tu deviendrais un monstre sanguinaire. – Vous n’savez pas ce dont je suis capable… C’est pour ça que vous comprenez pas. C’est pour ça que j’ose pas en parler. Tu ne m’as jamais vu me battre, Cymo’, tu m’as jamais vu… ‘Fin… J’suis sûre, tu verrais ça, plus jamais tu me parles. – Je t’ai déjà vu te battre. Le petit Gregg Auri, à l’école. – On avait sept ans, n’exagère pas. – On n’avait peut-être que sept ans, mais grâce à toi, à sept ans, lui il avait déjà perdu toutes ses dents de lait. – Tu sais que tu fais que démontrer que je suis bien une psychopathe en puissance, là ? – Non, je ne fais que démontrer que pour nous protéger t’as toujours su quand commencer et quand t’arrêter. Le lendemain, c’est toi qui est allé lui offrir ta GameJir pour te faire pardonner, à l’hôpital. Les parents n’ont rien eu à te demander. » Un silence gênant s’installe. J’arrive pas à avoir son assurance. Parfois… Parfois je me fais peur. Quand je suis avec Max, au milieu de tout ça. Ils peuvent pas comprendre.

🥕

Je marche, tranquillement, sur un joli chemin de caillou blanc, le long de la plage qui relie la ville à l’Enclave. J’connais pas l’endroit, j’y suis jamais allée, moi c’était sur Ondéron que j’avais fait mes baux. L’air marin joue avec mes cheveux et mes oreilles. C’est sympa’, de vrai. Plein de bruits, d’odeurs, le ressac. La dernière fois que j’ai pris le temps d’m’attarder sur une plage, c’était à Bracana, avec Max. Encore. Max. Toujours.

Un pas après l’autre, les mains dans les poches, le regard qui va-et-vient, j’finis par atteindre l’endroit. C’est genre… Dix heures, un truc comme ça. Y a du monde qui s’agite autour. Le premier truc qui m’surprend quand même, c’est que les fringues sont plus trop les mêmes. Ici et là, j’reconnais des bures, mais c’est ouf comme en fait y en a pas tant que ça. Et pourtant, y en a plein qu’on le sabre à la ceinture quand même. C’est passé de mode ? Merde… J’me rends compte que je sais même pas quoi faire. A qui qu’on demande des trucs pareils ? Et… Woohhwwoohhwwoohhh, mazette : c’est quoi ce missile ? Okay, si c’est pour elle, j’veux bien essayer d’me souvenir du Code. Je m’approche, belle comme un cœur, et je lui tapote l’épaule, qu’elle a haut perché quand même. Merde… Ces yeux ! Haannn… J’crois j’suis amoureuse. « Euh… Bonjour. Je peux quelque chose pour vous ? J’suis perdue, là, j’ai tout chaud, pis comme elle commence à froncer un sourcil, j’me souviens de pourquoi je suis là. – Oui, oui, bonjour euh… Je suis Fúm. Fúm Ellar. J’ai… J’ai été Jedi. Enfin, juste Padawane, y a un moment, mais j’ai pas été au bout comme toi. T’es bien une Chevalière, hein ? T’as l’air d’une Chevalière. Enfin, bref. Le truc, c’est que je me suis, récemment, mise à voir des trucs, à avoir des rêves tout ça, ça m’inquiète. T’crois y a moyen y a un maître il s’ennuie et on voit à comment on arrête tout ça ? j'sais bien on est un jour férié tout ça... Mais bon. Quand même ? Elle est circonspecte, ça se voit de ouf, elle me regarde un moment puis finit par sourire quand même. Et quel sourire… Hann vas-y, demande-moi de t’épouser, promis, je serai une gentille Lepie ! Elle se tourne vers quelqu’un que je vois pas de là où je suis, et elle lance : – Thann ? Tu te souviens de la fois où Karm a mangé, par inadvertance, ma part de tarte ? Je crois que j’ai trouvé un moyen de me venger. Bouge pas, je reviens ! De nouveau, ses beaux grands yeux se penchent vers moi, elle me fait un signe de la main et, docile comme un agneau, je la suis, où elle veut, quand elle veut, jusqu’où qu’elle veut, je m’en fous… Et putain, le cul vaut bien les yeux. Merde…
Karm Torr
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Karm ?
Maître Karm ?
Où est Maître Karm ?

Notre vénérable maître à penser ? Ah ! Puisse la Force toujours éclairer le chemin que foulent ses célestes orteils ! Je crois l’avoir aperçu il y a une ou deux heures du côté des serres horticoles.

Mais du côté des serres horticoles :

Hé ben je ne sais pas, moi, mais vous lui direz que si je le reprends à faire pousser ses… machins… au milieu de mes fleurs, Maître ou pas, je lui botte l’arrière-train, moi ! Essayez dans les hangars à vaisseau. Hooligan.

Mais dans les hangars à vaisseau :

Bip ? Bip bip bip ! Bip bip…

Du coup, du côté des salles d’entraînement :

Il était… Il était… oh la vache, je sens plus mes jambes…
Mon tentacule ! J’ai le tentacule tout endolori…
Une seconde. Je reprends ma… Res… Pfffiou…
Entraînez-vous, qu’i disaient. Et ré-entraînez-vous, qu’i disaient…
Je crois qu’il est parti à la cafétéria.

Sauf qu’à la cafétéria :

Oh la la ! Si seulement il était venu ! Il est toujours si… si… hmmmmm… avec ses… et puis son… il paraît que c’est vraiment très… vous savez… enfin, c’est ce qu’on dit… Des gens qui l’ont vu complètement… Peut-être dans ses appartements ?

Dans les appartements de Maître Karm, il n’y a pas de Karm, mais un autre Maître Jedi, un beau Hapien qui s’est probablement trompé de chambre parce qu’il est aveugle et qui est rentré par erreur dans celle de son collègue.

Et c’est ainsi qu’on dirige les deux jeunes femmes à peu près à leur point de départ, où un énorme reptile quadrupède manque de les renverser en cavalant comme un fou furieux, poursuivi par une star de boys’ band pour pré-adolescentes qui lance :

Choupi ! Non mais sérieux Choupi ! Vas-y, là…

La suite passe du basic à une langue complètement incompréhensible. Fort heureusement, l’idole des jeunes se fait harponner par la guide de Fúm, qui résume la situation avec un sourire prédateur, avant de les laisser tous les deux en présence.

Euh… Ouais. OK, une toute petite seconde.

Le Jedi se retourne dans la direction où s’est enfui le scyk surexcité. Les pupilles de l’Ark-Ni se dilatent légèrement, la Force tourbillonne presque aussitôt autour de lui, nerveuse et pulsatile, et il siffle entre deux de ses doigts. Quelques instants plus tard, le reptile à l’aspect menaçant trottine pour venir se ranger aux côtés de son maître, qui se fait aussitôt un devoir de le gratter sous le menton.

Mais qu’est-ce qu’il est trognon, murmure l’individu en adoration, mais oui, mais c’est le Choupi à son…

Une seconde.
Est-ce qu’on n’était pas en train de requérir sa sagesse, là ?

Karm se fige.
Ses joues rosissent légèrement sous l’embarras.
Et il se retourne vers la visiteuse en faisant :

Ah, euh, oui, bon, bref. Voilà voilà, quoi.

Choupi incline la tête et pousse du bout de son museau écailleux la hanche du Jedi, alors Karm sort discrétos un morceau de steak de sa poche, qu’il lance derrière lui à l’animal.

Je suis Maître Torr, dit-il enfin. L’un des… disons, refondateurs de cette Enclave.

Il ne parle pas très fort. À peine plus qu’un murmure. Il y a quelque chose d’étrange, peut-être pas tout à fait humain, ou peut-être qu’il appartient simplement à une ethnie peu commune.

Donc…

(Choupi pousse un grognement de satisfaction à donner envie de prendre ses jambes à son cou.)

… t’as des questions sur… Des visions, c’est ça ? Viens, on va se promener. C’est…

Il se tourne vers le reptile et conclut :

Excellent pour la digestion. Morfal.

Karm prend sciemment la direction des sentiers qui longent la côte océanique. Au début, le spectacle des vagues laissait Choupi perplexe, et même inquiet. Un instinct de toute une espèce acclimatée aux déserts de Tatooine se rebellait devant cette anomalie de la nature. Depuis quelque temps, le jeune reptile est passé à une curiosité circonspecte et Karm continue à l’habituer.

Une ancienne Padawane, hein ? J’te préviens, l’Enclave ici risque d’être un poil… Dépaysante. Mais t’es la bienvenue tant que tu veux rester. Un jour, une semaine. Des mois. C’est toi qui vois. Idem pour les gens qui t’accompagnent éventuellement, si vous voulez bien participer aux petits travaux du quotidien. C’est pas toujours le grand luxe, on est en pleins travaux d’expansion, m’enfin, y a l’électricité et l’eau courante.

Choupi les distance de quelques mètres pour renifler de sa langue bifide les fleurs sauvages qui bordent le chemin.

Allez, vas-y, j’t’écoute. On verra ce qu’on peut faire pour toi. Te censure pas, les phénomènes zarbis, c’est ma grande passion dans la vie.
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Okay, c’est un genre de blague, c’est ça ? Y a une caméra cachée ? Trop lol ! Allez stop, là, putain ! Mais c’est ouf ça ! J’suis même pas là depuis une heure que déjà ils mettent ma patience à l’épreuve ?! Bordel ! C’est ça en fait. J’suis morte, et j’suis dans un genre d’enfer horrible, condamné à suivre un cul magnifique comme pas possible sans jamais pouvoir l’atteindre, avec jamais la réponse à mes questions sur pourquoi la vie et pourquoi j’peux pas avoir un cul pareil ! Nah mais… merde quoi ! Y a des trucs, Jedi ou pas, ça se fait pas ! On fait pas courir les gens tout autour de l’Enclave, à d’mander aux uns puis aux autres d’où qu’il est le maître de la Force, on envoie des messages. Merde ! C’est l’futur ou bien c’est juste une bande de débile sur place ? C’est ça ? En fait, c’est ça, elle est super belle, elle me fait vriller le cœur, mais elle a juste zéro neurone dans la tête et elle se dit pas que ça irait genre mille milliards de fois plus vite si elle sortait de sa poche arrière son comlink pour l’appeler ? … En même temps, bon, je suis l’un des plus jolis tableaux vivants que j’ai jamais vu. Est-ce que je peux pas montrer un peu une forme de patience ? Vous imaginez si j’avais pu méditer là-dessus ? Dans un si joli décor ? Nah mais, sérieux, r’gardez comment ça me transforme, j’ai réussi à ne pas frapper ce gosse, là, qui parlait tout le temps alors qu’il savait pas d’où qu’il est l’autre con. Et puis, vous voyez quand même l’arnaque fondamentale qu’il y a dans tout ça, nan ? ‘Fin, rendez-vous compte, je viens voir un gars parce que j’m’inquiète de voir dans l’turfu la nuit et que j’arrive plus à dormir correctement, et le gars, il est pas foutu lui de savoir que je le cherche ? Qu’est-ce qu’il a de plus important dans sa journée de moine gentil que de me voir débarquer ? Mmmh ? Rien. Et la Force elle lui dit pas ? J’suis sûre, le gars, c’t’une arnaque. Un gros naze. Un vieux qui pue. Mais qui pue le vieux… Rien à voir avec cette came-là, en tout cas. « Tu ne vas donc pas le lâcher des yeux du trajet, c’est ça ? – Bah, tu m’as demandée de te suivre, nan ? – Et tu as été une Padawane… – Tu noteras que je n’ai jamais dit avoir été une excellente Padawane. Ou encore une Padawane sérieuse, ou bien élevée. Donc bon… Pas que je commence à me lasser, hein, note bien, mais on arrive bientôt ? » Elle se contente d’un soupire pour réponse et je me contente de rien changer et de suivre.

🥕

« Bonjour Choupi, bonjour Karm. Il y a une visiteuse qui voudrait te voir. Elle affirme avoir été Padawane, par le passé, et elle s’inquiète de la manifestation de certains de ces pouvoirs, en particulier des visions. Thann m’a dit l’autre jour que tu t’étais toi-même beaucoup penché sur le sujet, dernièrement, je me suis dit que tu saurais peut-être l’aiguiller ? Amusez-vous bien. Elle se tourne vers moi, avec ses grands yeux pleins de couleurs et de jugement. Faut dire, je viens seulement de relever la tête pour remonter d’aussi bas… – Adieu, Fúm Ellar, je te souhaite de trouver les réponses que tu es venue chercher. – C’est très gentil… Mah du coup, j’peux p’t’être avoir ton numéro ? Ce serait toujours une réponse de moins à chercher… Elle soupire, encore, j’crois j’ai frappé en plein dans l’cœur, et elle s’éloigne sans rien dire de plus. Ouais… Mon charme, pour sûr. Et là, j’dois constater qu’j’avais raison. Le type ressemble tellement à rien qu’à côté, même moi j’fais plus Jedi que lui. Et putain, c’que je fais pas Jedi… Il est tout chétif, il a l’air con comme un pied d’table… Avec sa frimousse qui voit jamais l’soleil et ses chuchotis, là, j’ai l’impression d’voir un gosse coincé dans un corps d’adolescent avec des responsabilités d’adulte. Sérieux ? Ils sont où les vieux, là ? Ceux qui connaissaient leur métier ? Y avait un vieux… Merde. Don Quichotte ? Don… Don Juan ? Don… Merde, j’suis sûre y avait un Don dedans. Don Gomez ? … Bon allez, c’est parti, discours à la vitesse Lepi et au volume attendu par des gens qui parlent sans vouloir se dire particulièrement des trucs cochons. « Vous êtes sûr z’êtes le gars qu’il me faut ? Nan, parce que bon, j’veux bien admettre que ces derniers temps, pour vous, c’pas été facile, mais… Voilà, c’vraiment chelou, hein, j’veux quelqu’un qui sait vraiment c’qu’il fait. Comment je sais, moi, elle m’a pas amené vers le clown chelou du campus ? Et puis… C’est quoi s’bordel ? Pourquoi vous portez plus les bures, tout ça ? Et depuis quand les filles sont devenues si jolies au Temple ? Si j’avais su, j’s’rais p’t’être pas partie si vite. Enfin bref… Bon… D’façon, vu qu’apparemment j’aurais que vous pour s’occuper de moi, j’vais essayer de faire avec. Y a que j’vois des trucs dans mes rêves, ça le faisait pas avant. Des trucs qui s’passent parfois. Et c’est pas comme, genre, quand t’as une impression de déjà vu. C’est vraiment ce qui se passe après et j’peux presque passer le film avant qu’il se joue. Avant, ça faisait surtout ça quand je faisais la bagarre – ouais, parce que je suis genre super forte à la bagarre – j’arrive toujours à voir les coups venir légèrement à l’avance, ça rend fou les gens parce qu’ils ont l’impression je vais super vite et tout, alors qu’en fait, j’ai juste un temps d’avance ; bon j’vais aussi super vite, hein, sans déconner, j’suis trop forte, mais pas à ce point. Et là, depuis quelque temps… J’te dis, j’sais pas ce qu’il se passe, c’est bizarre. Et ça m’inquiète. Ça m’inquiète parce qu’avec vos conneries, là, Côté Obscur tout ça, j’ai peur de vriller guedin un jour. J’veux pas moi, voir des trucs. T’as vu, j’suis une Lépie, tu sais ce que c’est une Lépie ? ça veut dire que les humeurs, tout ça, chez moi, c’est catastrophique, et bon… Voilà. Bref. Comment on éteint tout ça, du coup ? Tu sais ? Allleezzz, dis. Tu m’dis, j’apprends, j’repars. Deal ? Deal. » Grand sourire lumineux de lapine toute mignonne.
Karm Torr
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C’est plus de mots que la totalité de l’équipage d’un vaisseau ark-ni n’en prononce de toute l’année. Quelques secondes après le début de ce discours-fleuve, Karm dégaine son datapad pour noter les questions, ce qui lui donne encore plus l’air d’un adolescent mal éduqué qui préfère consulter les résultats de sa ligue de fantasy podracing plutôt que d’écouter son prof d’astronavigation.

Le sex appeal, c’est notre marque de fabrique, déclare-t-il enfin, quand on lui laisse en placer une, avec l’aplomb que confère l’autorité de la sagesse. Alors, euh… Voyons voir. Dans l’ordre.

Il fait défiler ses notes sur le datapad et lit à haute voix :

« Trois navets dorés, du miel de… » Ah non, zut, j’suis remonté trop haut. Hmm… « Et sa main s’égara sur ses abdominaux sculptés par l’effort, qui… » Eeeeeuh… Non mais ça, c’est… autre chose… pour, euh… un traité sur le domaine de la restauration. Bref. Voilà.

Karm jeta un bref regard à son interlocutrice, avant de reprendre le fil de ses questions.

Est-ce que j’suis sûr d’être le gars qu’il te faut ? Mais tellement pas. J’suis le gars que la Force a mis sur ton chemin, cela dit. Mais tu sais ce qu’on dit : on sait ce qu’on croit chercher parce qu’on croit savoir ce qu’on cherche, mais en vrai on cherche ce qu’on sait pas chercher et c’est ça qu’il faut croire. Une question de foi, quoi.

Limpide.

Est-ce qu’on vous a amené vers le clown chelou du campus ? Définitivement.

Ça, c’est réglé.

C’est quoi ce bordel ? L’Enclave Jedi de Dantooine. Là… C’est nos embarcadères. Les bâtiments résidentiels ici. Le centre de formation. Les fermes. Je milite pour la construction d’un gigantesque toboggan qui partirait de la falaise pour aller droit dans l’océan, mais censément…

Il fait des guillemets avec ses doigts.

Y a des trucs plus urgents.

Absurde.

Pourquoi vous portez plus de bure ? Vaste question. Ça dépend à qui tu demandes. D’une, la bure n’a jamais été l’uniforme que d’une partie, c’est vrai souvent majoritaire, de l’Ordre Jedi, mais beaucoup de gens ont opéré en dehors du code vestimentaire. De deux… Dans cette Enclave, civils et Jedis se mélangent. On vit ensemble, on apprend ensemble, on bosse ensemble. C’est moins, je sais pas… un temple monastique qu’une ville avec une grosse communauté religieuse. Et comme mettre un uniforme, c’est pas spécialement… Tu sais, propice à créer un sentiment de proximité avec ceux qu’en ont pas… Quant à moi… J’imagine que je suis un peu l’impulsion derrière cette habitude.

Le Chevalier au Slip est une icône de la mode.

Ma philosophie, c’est que la bure, en tant qu’institution, je parle pas du choix personnel, c’est de la fausse modestie et que la fausse modestie est une faillite morale. Quand on veut à tout prix montrer au monde entier combien on est différent et combien nous, on vit modestement, on sombre dans l’orgueil de la vertu. On peut avoir des rituels pour donner une forme à sa religion et une discipline à son éthique sans avoir besoin de les exhiber à tout le monde, tu vois c’que j’veux dire ? C’est souvent beau et utile, d’avoir des vêtements cérémoniels, mais faut pas que ça devienne des costumes.

Le clown chelou baisse les yeux vers son datapad.

Depuis quand les filles sont aussi jolies ? Ben tu devrais voir les mecs, sérieux. Le mien est hyper canon.

Pour une fois, il résiste à la tentation de montrer une photo de Luke en train d’étudier, ou une photo de Luke en train de s’entraîner, ou une photo de Luke endormi nu dans le lit conjugal, vaste collection personnelle qui occupe une bonne partie de la mémoire de son datapad.

À mon tour, maintenant.

Le Maître fait disparaître le datapad dans les poches de son blouson.

Déjà, balise pas trop, les visions, au début, c’est toujours hyper flippant et ça paraît totalement incontrôlable, je suis bien placé pour le savoir, mais avec un peu d’entraînement, c’est pas insurmontable. Faut juste accepter qu’il y a des choses qui se contrôlent jamais, mais que quand un courant nous emporte, on peut pas toujours le remonter, mais on peut le naviguer. Donc, de deux choses. Un, qu’est-ce qui se passe concrètement. Deux, c’est quoi ton point de référence.

Sur quoi, Karm fait un pas de côté pour éviter une fiente d’oiseau tombée tout droit du ciel comme un missile téléguidé.

Les visions. C’est du passé, du présent ou du futur ? Les visions du futur, est-ce qu’on parle… De trucs hyper clairs et réalistes, ou on est plutôt dans le délire psychédélique ou le métaphorique ? Est-ce qu’on est dans quelque chose d’extrêmement sensuel, type les goûts, les images ou les couleurs, ou c’est plus intellectuel, façon intuition et prophétie ? Uniquement des rêves ou des visions éveillées ? Est-ce que ça concerne un peu tout et n’importe quoi, ou juste des gens, des lieux, des trucs dont tu es proche ?

Démarche analytique classique qui consiste à décomposer les aspects de nouveaux pouvoirs pour y isoler des expériences individuelles, plus faciles à aborder et à transformer en exercices fertiles.

Et le point de référence. Qu’est-ce que tu sais faire d’autre avec la Force ? S’entraîner à l’usage de la Force, ça représente quoi, pour toi, concrètement, au quotidien ?
Fúm Ellar
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Karm Torr – #00CCFF


En vrai, y a trop d’trucs chelous qui s’passent, ici. Y a rien qui ressemble à ce que j’ai connu, ça donne des airs cool et tout. Ça m’énerve. Ça m’énerve ils font genre tout est bien là, ça m’énerve ils sont même pas colère de s’être fait baiser la gueule comme rarement on s’est fait baiser la gueule dans l’histoire de la Galaxie, ça m’énerve ils se donnent des airs de trop les gentils. Et ça m’énerve aussi qu’y’a des p’tits culs pareils qui m’s’ront passés sous la truffe juste parce que j’suis pas restée assez dans l’secteur. Merde. J’suis sûre j’étais à rien d’l’avoir, moi, son numéro. Et c’est quoi cette façon d’parler ? Il s’fout d’ma gueule en fait ? Avec ces sifflements ? Ou alors il croit il va s’réincaner en serpent ? J’m’approche vachement près, pour bien planter mon regard dans le sien, à cette distance, j’peux frotter l’bout d’mon nez qui remue sans arrêt au bout d’son nez qui est bouge jamais – ennuyeux à mourir. « Attends, attends. Juste, pour être sûre, tu parles tout doucement parce que tu me fais le cours en ASMR ou alors tu me parles tout doucement parce que tu te dis qu'avec ces grandes oreilles faut pas m'parler trop fort ? Il bouge pas, il me regarde d’en dessous de ses sourcils – J'parle toujours comme ça. C'est comme qu'on parle dans mon peuple. On fait aussi d'la musique avec des moteurs hyperdrive, mais je vais pas tout te montrer d'un coup. Bon. C’pas un gros raciste. C’est un Zhumain bizarre ? Encore. Du coup, j’vais faire un effort, p’t’être faut j’fasse pareil ? P’t’être. Mieux vaut d’mander, de vrai, ça m’f’rait chier, j’vais pas m’infliger ça pour rien. Alors j’ASMR aussi, comme si j’voudrais l’pécho dans la chambre juste à côté d’celle de ces darons qui dorment pas encore ; pas ma faute si j’chuchote jamais d’habitude. – Et tu veux je parle comme ça aussi ? J'passe mon temps à m'adapter aux Zhumains, je peux m'adapter aux Zhumains comme toi aussi. – Ah non, t'inquiète, fais comme tu le sens : mes oreilles ont pas autant la classe, mais elles entendent très bien. J’repars en arrière, j’ai pas b’soin d’lui casser la gueule, ça va. J’fais la belle avec mes oreilles et j’les fais dabber, so underground. – Je sais, j’suis trop belle. Même que tu m’as pas encore vu faire un spectacle de marionnettes avec… Chaque fois, ça fait craquer Namour. Enfin ! Du coup, du coup… Tu disais des trucs. Ah oui ! Tu m’en veux pas d’mettre de côté les conneries du genre « la Force elle a fait gaffe à c’que tu te sois bien brosser les dents c’matin en partant », hein, merci, très peu pour moi. J’vis très bien avec l’idée qu’le hasard est un sacré bordel et basta. Pour les mecs, on pourra avoir aussi une conversation au sujet d’leurs p’tits culs. De vrai, moi, du moment qu’ils sont pas persuadés qu’ils ont l’droit d’charger mon arrière-train comme à la guerre… J’te jure, le nombre qui pense que le sexe c’t’une affaire de domination malsaine… Dégueux. Autant te dire qu’à la sortie du Temple, j’ai eu deux/trois surpris dans mes premières fréquentations. Enfin bref. Plus tard, j’ai dit. C’pas con c’qu’tu dis sur les fringues. J’l’aurais pas dit comme ça, mais j’pense en faire un post-it à mettre quelque part dans le Doashim. C’est mon vaisseau. Le Doashim. Il est trop cool. T’imagines même pas. En plus j’ai fait la couleur moi-même… Il défonce. Enfin, bref, comme pour les garçons, on garde ça au chaud pour plus tard.

Les visions… Les visions ! Déjà, dans l’concret… Bah c’t’une vision, y a le son, l’odeur, des trucs chelous, parfois moins. C’est difficile parce que parfois, t’sais, t’as c’t’impression de déjà-vu chelou où quand ça t’arrive, bah tu débloques un peu, tu te demandes si c’est vraiment ça, si t’es pas juste un peu zinzin. Nan, parce que l’autre fois… Euh… Quoique je vais pas raconter les détails, j’crois l’endroit est pas fait pour des trucs coquins comme ça. Mais soit, j’ai vraiment eu ce sentiment-là. Et en même temps, j’suis presque méga sûre que je l’avais rêvé avant, parce que je suis pas sûre que j’aurais eu l’idée seule de le faire. Mais du coup tu te demandes, si c’est le rêve qui se concrétise parce qu’il t’a soufflé l’idée, ou parce qu’en fait c’était le futur dont t’as vu un aperçu et tu te conditionnes à ce qu’il arrive – j’avais vraiment, vraiment envie d’essayer du coup. Mais sur d’autres choses… J’ai cru revoir des trucs d’avant, de y a longtemps, d’ici. Enfin, pas ici, ici, ici, là-bas. Sur Ondéron. Et parfois c’est beaucoup plus tout fouillis, c’est des flashs, des bribes de paroles, des odeurs, des sensations aussi.
Alors que je parle, je sens bien que je m’agite parce que le sujet m’inquiète. Alors j’fais des gestes, j’ai le nez qui gigue – surtout la partie où j’évoquais le… bon. C’chaud à dire, même ici. ‘Fin bref. Du coup, j’dois passer pour une cinglée. Parce qu’y’en a plusieurs qui, quand même, en passant, nous regarde d’un œil curieux. Alors j’leur fais la grimace. J’crois même à un moment j’ai mes oreilles qui miment un geste obscène à un qui vraiment nous regardait beaucoup trop. Mais j’y peux rien, c’mes oreilles, elles font c’qu’elles veulent, j’suis pas responsable. – … Et tu vois c’est vraiment compliqué, pour l’instant, d’savoir. Mais j’sais pas… Pour moi, j’ai vraiment percut e quand même le jour où j’ai cru voir un truc qu’arrivait à ma sœur. Enfin… Je sais pas si c’est vraiment c’que j’ai vu, vu, ou si c’est ma tête qui s’est fait des films sur ce qu’elle m’a dit mais… J’avais ce sentiment d’y être là. Et… Et j’ai failli aller tuer quelqu’un. Et c’est pas bien du tout, et si Namour m’avait pas retenu, y aurait eu un cratère de plus sur Corellia à la place de la maison de ce fils de pute, tu vois ? Non. Pas pute. Sa mère elle y est pour rien et les putes non plus. Ce connard. Voilà. Mais bon, j’ai vu sa mère, elle avait vraiment l’air d’une… Bref. DOOOONNCCC ! J’ai peur. Du coup, j’dois t’appeler Karm aussi ? Enfin, j’demande, mais d’ici cinq minutes, j’t’aurais trouvé un surnom plus mignon que ça. Et ça c’est Choupi alors ? C’est quoi Choupi comme espèce ? Il a l’air rigolo. Et du coup j’sais bouger des trucs avec la pensée… C’est à peu près tout, j’ai lâché les cours sur la Force depuis. Mais j’crois j’vais reprendre. Je sais pas. J’ai surtout fait de la bagarre. J’suis trop forte à la bagarre. Et j’tire super bien. Et même que si tu frappes là, là, et là, ton bras il devient tout flagada. C’est mon maître Kung… Là, d’un coup, la tristesse me passe dessus comme une vague s’écrase sur la gueule d’une mouette qui picorait du sable. Flaque. Et j’ai les oreilles qui tombent. – Ouais, nan… Lui aussi c’était un connard. Certainement l’un des plus gros d’la Galaxie, t’imagine pas… ‘Fin bref, mais j’te jure, j’suis trop forte à la bagarre, si, si. Et j’vois des trucs. C’est à peu près mon CV. C’est grave, docteur ? » Grand sourire, yeux qui brillent, les émotions, ça va, ça vient… Et puis j’ai envie d’gratter la tête de Choupi moi aussi. Ceci dit, si tu veux j'ralentisse, faut m'laisser m'en rouler, hein... C'est autorisé maintenant ça aussi ici ? J'sais pas... Vu que vous vous mettez aux câlins...» Petite haussement d'épaules, genre "ça se tente".
Karm Torr
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Sacrée histoire, tout de même.

Karm n’est pas sûr d’en avoir saisi la totalité. Le basic, ce n’est pas sa langue maternelle, alors le basic dans le désordre, avec de l’argot et des syllabes en moins, c’est encore une autre histoire. Mais enfin, l’habitude de baragouiner tant bien que mal d’un bout à l’autre de la Galaxie avec des gens encore moins lecteurs que lui du Grevisse de Coruscant, ça vous forme un homme.

Ouais, ouais, vas-y, fait-il d’un ton distrait, fume ce qu’il te faut pour te détendre.

Pas qu’il cautionne en toutes circonstances, mais rien ne serait plus contreproductif que d’imposer la sobriété à sa visiteuse. La tolérance est un gage d’efficacité.

Et tu peux m’appeler Karm, si tu veux. Lui, c’est bien Choupi. C’est un scyk de Tatooine, un animal féroce…

(Choupi, qui est en train de renifler une fleur sauvage avec sa langue serpentine, laisse échapper un petit éternuement.)

… j’ai trouvé son oeuf dans un nid dévasté par des prospecteurs, dans le désert. Tu sais, les gens qui veulent installer des fermes à champignons. Ils se pointent, ils font le ménage du côté des prédateurs et ils brisent les nids. Ou ils essaient de revendre les oeufs, pour les plus entreprenants, mais les scyks, c’est difficile à dresser, alors le marché est pas énorme. Je l’ai récupéré et il a éclos et grandi ici.

Mais toutes ces explorations dans la nature de Dantooine ont fatigué le pauvre reptile, qui se faufile présentement sous des buissons pour se vautrer dans l’herbe et y trouver un repos bien mérité. Il ne faut que quelques secondes pour que le rêve d’autres aventures lui fasse agite les pattes pendant son sommeil.

Donc. Pour en revenir à l’essentiel. Je comprends que ça soit hyper perturbant, mais faut voir un peu ça comme si tu apprenais une nouvelle langue sans avoir de cours, tu vois ce que je veux dire ? Du coup, tu te débrouilles comme tu peux, intuitivement, tu fais des phrases, en l’occurrence des visions, qui tentent de dire quelque chose, avec des éléments que tu connais, mais comme t’as pas toute la syntaxe et le vocabulaire, ou l’habitude de pratiquer, c’est un peu difficile à comprendre. En gros, c’est un peu ça l’idée.

Ils sont arrivés au bout du chemin, à une pointe de la côte. Des vieilles lunettes d’observation un peu rouillées sont boulonnées là, en haut de la falaise, et tournées vers l’océan où on peut apercevoir au loin la silhouette des îlots d’un archipel inhabité. Curieuse relique d’une époque où quelqu’un a cru que Dantooine était destinée à devenir un monde touristique.

Y a pas mal de bouquins sur la question, comme tu peux imaginer, mais je crois que la théorie, c’est utile surtout quand on a commencé un peu à pratiquer. La meilleure manière de comprendre ses pouvoirs, c’est de les éprouver. De les mettre en oeuvre. Plus tu feras des exercices, plus tes visions auront du sens, plus tu seras capable de distinguer celles qui relèvent du futur ou du passé et plus tu te sentiras en contrôle, donc moins… j’sais pas comment dire, mais, genre, submergée par tout ça. J’avais les mêmes impressions que toi quand ça a commencé, mais les choses s’améliorent. Quant à ce qui se passe concrètement… Attends, j’vais prendre une métaphore.

Le Jedi fait quelques pas, jusqu’à se trouver tout au bord de la falaise, puis il tend les deux mains. Pendant quelques instants, il ne se passe strictement rien, à ce qu’on dirait, et puis une sphère d’eau en suspension s’élève depuis l’océan jusqu’au promontoire. Karm se retourne vers l’intérieur des terres et la déverse dans le creux d’un rocher, en guise de vasque.

OK.

(Tout est normal.)

Imagine que l’eau, là, c’est la Force. La Force ou autre, t’appelle ça comme tu veux, peu importe. C’est partout.

Il se penche pour ramasser un petit caillou.

Partout à travers l’espace et partout à travers le temps. Imagine que les événements passés et les événements futurs, c’est pas des choses qui n’existent plus ou qui n’existent pas encore, mais des trucs qui sont à des endroits différents de la Force. Ça…

Karm présente le caillou dans sa paume.

C’est un événement.

Et il le lâche dans la vasque.

Quand l’événement se produit dans la Force, tu vois, il envoie des ondes tout autour de lui. Des signaux, quoi. Elles sont importantes quand on est tout près de l’endroit où le caillou tombe, puis de plus en plus faibles à mesure qu’on s’en éloigne. Et plus quelqu’un est éloigné du centre, plus il a besoin de sens développés pour percevoir ces signaux. Quand on est tout près d’un événement, n’importe qui peut le percevoir. Avec son nez, ses oreilles, sa langue, ses antennes, ce genre de trucs. Quand on est un peu plus loin, on peut affûter la perception de ces organes en étant attentif à la Force. On voit plus loin, on entend mieux, tout ça. Et quand on est encore plus loin, on peut continuer à entendre tous ces signaux, mais ça prend la forme de visions. Mais c’est sur le fond, c’est pas fondamentalement différent de sentir l’océan là à côté de nous en ce moment et de sentir l’océan d’il y a cinquante ans.

Une explication typique de la métaphysique de Karm, toujours profondément sensualiste. Ses premières visions l’avaient conduit à remettre en cause ses convictions en la matière et puis, petit à petit, il leur avait donné du sens à travers sa compréhension de la Force Vivante et organique.

Perso, ça m’aide à pas paniquer. De me dire qu’une vision, c’est pas un délire, un truc complètement cosmique ou je sais pas, mais juste… Une manière un peu plus poussée de palper et de renifler. D’être très, très attentif à des trucs à peine audibles.
Fúm Ellar
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On discute, on discute, et avec tout ça, j’réalise qu’on se retrouve devant la mer et qu’on m’a autorisé à m’rouler un joint. Bordel, mais ils sont totalement partie en vrille les Jedis ou bien ? De vrai, j’imagine même pas la gueule qu’ils auraient tiré, les gars qui m’encadraient à l’époque, si j’leur avais demandé d’m’en rouler un sous leur nez. Déjà, à l’époque, faut dire, c’était pas encore trop dans mes habitudes. C’était même pas du tout dans mes habitudes, justement parce qu’ils m’avaient mis en tête plein de fais pas ci, fais pas ça, la Force, c’est pas bien, on essaye pas de pécho sa copine de chambrée même si elle est carrément okay, tout ça. Et là, quoi ? Vas-y mets toi à l’aise, pieds sous la table et tout. Enfin… Sous la table, on s’comprend. Là, j’viens d’avoir la tignasse ébouriffée par un caprice du vent, tout là-haut. M’enfin… Puisque c’est permis, moi j’sors direct le matos. En plus, vu que j’ai été ramasser Cymosa, j’ai pu d’mander au frérot d’m’en mettre de sa dernière récolte, elle est toute fraiche comme la rosée du matin, ou la brise marine, tiens ! Crack, crack, slurp, slurp, clic… On tire un bon coup et même deux… PPPpppffffiiiiooouuuu ! On ralentit. Le nez se stabilise, mes yeux s’ouvrent un peu plus. Okay… Au rythme Zhumain, j’devrais faire moins peur. Bon… Punaise, n’empêche, heureusement que j’ai d’bonnes oreilles parce qu’entre le vent et le ressac, tout là-bas en bas, j’vous dis pas comme c’est pas évident d’percevoir l’ASMR d’mon prof’. Il pouvait pas faire mieux encore et m’emmener dans un concert de heavy metal pour me chuchoter ses trucs ?

J’entends Tatooïne, et j’tique un peu. J’commence à en avoir marre de c’te planète, moi. Alors y a des bestioles comme Choupi qui se cache dessus ? C’est ouf… On penserait pas qu’il y a autant de vie, sous le sable, à douze mille degrés, sur une planète où tout le monde s’emmerde… Non, parce que, oui, j’me suis faite des copines, là-bas, mais déjà, j’crois j’me suis un peu fâchée avec une, parce que j’ai pas compris ce qu’elle m’a demandé, et que parfois j’suis insupportable… Souvent même que. Et en plus, bon… Moi, j’ai p’t’être été d’abord dans la campagne, puis dans un putain de Temple, mais n’empêche que mon truc c’est la ville. J’suis pas un lapin des champs, putain… J’ai une tête de lièvre ? Non, j’crois pas. Même que je trouve ça hyper insultant quand les Zhumains ils disent qu’ils ont un bec. ‘Fin bref, c’est pas le sujet. Et pendant que je tire des idées à grands coups de taffe, il essaie de me métaphorer des trucs. Bordel… J’pensais être la seule à planer, mais en fait, le gars à juste déjà deux heures d’avance de trip sur moi. Deux heures ? Dix ans, ouais. L’eau, la Force, des oreilles. Merde, qu’est-ce qu’il raconte ?

Quand j’reparle, il peut remarquer que finalement, j’parle à un débit normal et que j’ai vachement l’air d’avoir mis ma truffe dans autre chose que du speed. « Bon, bon… Bon. Bien. Non, en fait, j’suis pratiquement sûre de ne rien avoir compris. Donc, j’suis dans l’eau, l’eau c’est la Force, et même que dans l’eau, y a des trucs d’il y a cinquante ans et… Ouais. Effectivement la théorie, j’ai pas l’impression que ça me permet de mieux comprendre. De vrai, ce qui m’inquiète, c’est l’état dans lequel je me mets en sortant de ça. J’sais pas si t’es bien au fait de la physiologie Lepie ? Ben... Euh... 'Fin, non, à part le côté extérieur, quoi. Mais vas-y, je t'écoute, je m'éduque volontiers sur la physiologie des gens. Je taffe encore et je reprends. – Déjà, premier point, on vit assez mal la frustration. En fait, y a pas mal de choses qu’on vit mal. Mais aussi des choses qu’on vit trop bien. En fait, faut t’imaginer que tout ce qu’on vit, on le vit comme les Zhumains mais en mille fois, dix mille fois plus intense, et compressé sur des périodes de temps ultra-courte. Les émotions extrêmes, la colère, l’amour, la dépression, chez nous… ‘Fin, y a plus d’un Lepi qui s’est r’trouvé dans une taule républicaine parce qu’il a étêté le Zhumain qu’a mis une main au cul de sa nana. C’est un enfer de se maîtriser quand on entre dans ces moments de dinguerie. T’imagines pas. Sauf qu’en plus des autres Lepis, moi j’ai la Force. J’pensais qu’en arrêtant d’en apprendre plus long, qu’en mettant ça de côté, ça allait finir par… J’sais pas, passer. Mais ça passe pas. Pire, ça revient. J’fais comment, moi, main’nant ? Avec des histoires de Côté Obscur et de corruption plein la tête ? Et si un jour, j’me réveille, et j’étrangle ma compagne parce que la dernière vision m’aura pas plus ? Je… J’me fais peur, Karmotte. J’me fais peur. Et j’suis perdue parce que je sais pas si apprendre ça va me rendre plus dangereuse, ou l’inverse. Et j’veux pas redevenir une Jedi, sérieux. Votre délire, c’est pas le mien. Mais du coup, j’fais quoi ? J’apprends où ? Toute seule, j’fais forcément finir par faire une connerie… »
Karm Torr
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OK.

Et au terme de cette fine analyse psychologique, Karm reprend son chemin. Direction l’Enclave, cette fois-ci, mais pas trop vite, pour que sa visiteuse ait le temps de profiter de ses remèdes herbacés.

Bon, déjà, y a pas que les Jedis et les Siths dans la vie, tu vois ? C’est un truc c’est important d’en avoir conscience. On peut facilement avoir l’impression qu’on a le choix qu’entre deux extrêmes, la vie monastique et la carrière de psychopathe intergalactique, mais c’est pas le cas. La Force, c’t’une réalité objective et éternelle, du coup, y a évidemment mille façon de la nommer, de l’aborder et de la pratiquer à travers l’histoire et la Galaxie. La Voie des Jedis et les Siths, c’est juste deux manières parmi d’autres, particulièrement intensives et intégrales, de faire les choses. Mais t’as pas besoin de passer dix heures par jour à méditer sur les haricots si ton but c’est juste de pouvoir continuer à vivre à peu près normalement.

Quelque chose lui dit que la vie de son interlocutrice n’a pas grand-chose de normal, mais chaque chose en son temps.

Ensuite, j’sais pas… Précisément quel âge t’as, mais j’imagine que t’as été éduquée au Temple à une époque où l’Ordre était relativement rigoriste et où il régnait une certaine paranoïa du Côté Obscur. C’est un effet de la guerre et des histoires de transfuges vers les Siths, mais disons que ça a pas mal restreint le champ des possibles et que résultat, le discours ambiant sur Ondéron dans les hautes sphères de l’institution était plutôt réac.

Conséquence inévitable des conflits guerriers, qui conduisent à camper ses positions, et sur le fait que les Jedis les plus hétérodoxes préfèrent en général vivre leur vocation aussi loin que possible des grands Temples, des Conseils et de leurs règles.

C’que j’veux dire par là, c’est qu’on t’a surtout présenté un discours hyper anxiogène, en particulier sur les émotions et le Côté Obscur. Je comprends que du coup, tu flippes à mort. Mais de la même manière que y a mille façons de se construire un bon vaisseau, y a mille façons de se tracer son chemin dans la Force.

Ils sont arrivés à la lisière des bâtiments de l’Enclave, là où les chemins côtiers et les champs cèdent la place aux esplanades arborées. À quelques dizaines de mètres d’eux, des Padawans s’entraînent avec des sabres blancs, tandis que, non loin de là, un minuscule prof à fourrure avec de grosses lunettes d’aviateur dispense ce qui doit être un cours de mécanique sur speeder.

Karm marque l’arrêt, le temps que Fúm ait fini son joint.

Donc ça, c’t’un premier point : t’inquiètes, le monde est pas si déprimant et radical qu’on a eu pu te le dire. Le deuxième point, c’est que moi, je peux te former, si tu veux. Pas à devenir une Jedi, j’ai compris que c’est pas ton truc, mais pour les visions. On peut faire ça à distance…

Grâce aux miracles de la classe virtuelle et les solutions de l’edtech pour une pédagogie à la fois agile et innovante qui prend en compte la diversité des rythmes des apprenants, dans la bienveillance et le respect des gestes barrière.

J’suis pas prosélyte, j’vais pas essayer de te recruter, j’te mettrai pas de sabre laser entre les mains, c’qui m’intéresse c’est que tu te sentes bien : c’est mon côté méga hippie.

Le méga hippie a trois sabres laser à la ceinture, mais c’est probablement un détail insignifiant.

Une fois l’herbe consommée, Karm s’engage avec la Lepi dans les couloirs de l’un des bâtiments. L’un des murs est couvert de panneaux d’affichage tactiles qui annoncent des réunions en tout genre. Des assemblées sur l’aménagement des locaux, un grand groupe de réflexion sur l’avenir de l’agriculture durable, un club de journalisme et des propositions pour créer une équipe afin de produire « un holofilm spirituel expérimental explorant les apories d’une théologie de la privation ».

Ils contournent une jeune Chevalière d’une vingtaine d’années en train d’y programmer un tract intitulé « Pour un féminisme jedi queer et révolutionnaire », puis Karm les introduit de ce qui, à en croire la plaque sur la porte, constitue son bureau.

À l’intérieur, la chose est moins évidente.
(D’abord parce qu’il n’y a pas de bureaux.)

C’est un mobilier disparate venu des quatre coins de la Galaxie, si possible les plus reculés, et soit de fabrication artisanale, soit issu d’opérations de recyclage particulièrement créatives de pièces détachées en tout genre. Des gros poufs, des fauteuils usés aux formes bizarres et des étagères envahies par des expériences botaniques en attente de replantage à l’air libre, des collections de minéraux, des piles de datadisks étiquetés contenant des rapports d’exploration, des traités d’arts martiaux ou des ouvrages de théologie, une maquette pour de possibles extensions de l’Enclave et un petit holoprojecteur qui diffuse aléatoirement des photos d’un Scyk de quelques jours, d’un splendide Hapien aux traits angéliques, d’un astromech, d’une jeune femme miraluka à la chevelure rousse et de deux ou trois autres personnes encore.

Karm se laisse tomber dans un pouf et croise les mains derrière la nuque.

Est-ce que l’activité physique, ça t’aide ? Quand t’as des émotions violentes, ‘fin intense, est-ce que ça t’aide la sensation des muscles, la respiration, tout ça ? Pour te défouler, te fatiguer, faire le vide dans ta tête ? Parce que y a des techniques de méditation active qui pourraient te soulager. Pas assis en tailleur à contrôler son souffle, mais… T’sais, dans le combat, ou la course à pied, ou le sexe, ou les travaux de gros oeuvre.
Fúm Ellar
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Main’nant qu’on est arrivé jusqu’à la mer v’là qu’on profite même pas de la vue et qu’on fait déjà demi-tour. Pourquoi qu’on est venu jusque-là alors ? Ou c’était le plaisir de la balade ? P’tain… Je continue de tirer tranquillement pendant qu’il me raconte des choses. C’est quand même plus facile comme ça. J’suis toujours moins pressée quand on me laisse taffer. J’pourrais presque commencer à considérer les Zhumains comme presque pas ennuyeux dans leur façon de vivre, dans la vitesse qu’ils ont à vivre. M’enfin, faut pas déconner, j’ai mis deux presque quand même. Qu’est-ce que je veux de la Force, moi, d’ailleurs ? Vivre normalement… C’est mort, c’est pas un truc pour moi, ça, vivre normalement. Ma vie, c’t’une dinguerie, et elle me va très bien comme ça. Mille à l’heure, des p’tits culs, Namour, de la bagarre… Le pied quoi. La famille aussi, toujours. Et puis, pour ceux qui vivent ici, c’pas la vie normale, de mater des haricots ? Remarque, si la vie normale, c’est juste de pas aller me perdre dans une église, ouais… Là, j’suis d’accord, c’est clairement pas un truc pour moi, ça, les églises. Et v’là qu’il me demande mon âge, dans cinq minutes, c’mon numéro qu’il veut, le coquin. Je tire une nouvelle latte.

Ouais… La paranoïa du côté obscur. Tu m’étonnes… La belle période, l’attaque du Temple, le ministère de l’inquisition, les engueulades à savoir s’il fallait devenir les nouveaux dirigeants de la Galaxie vu que la Répu’ elle était pas foutue d’s’bouger l’troufignon quand on venait jusque dans son Sénat y zigouiller des gens. Autant dire que c’était les belles années, ouais. J’avais l’impression d’être surveillée jusque sous ma couette quand j’me touchais, tellement qu’ils étaient paranoïaques. P’t’être qu’ils ont fini par m’contaminer, à force, ces zinzins. Pour sûr que c’était l’angoisse.

Alors que je l’écoute, je regarde alentours. J’vois les jeunes qui jouent avec leurs néons à faire vrou vrou. Une Gardienne que j’aurais été, sûrement. J’étais super balèze avec ce truc entre les mains. Même que j’aurais certainement pu m’en reconstruire un toute seule, j’avais déjà fini le mien. Un joli violet, presque rose. En vrai, mes cheveux, finalement, s’en rapprochent beaucoup, main’nant qu’j’y pense, comme un hommage. Ou alors, juste, j’aime bien la couleur ? Y a p’t’être un indice à aller chercher du côté d’mes lunettes, remarques. D’ailleurs, j’les fais descendre un peu de mon nez pouvoir le monde tel qu’il est. Elle est pas dégueux, leur esplanade, là, tout autour. De jolis arbres, de grandes espaces, j’entends encore la mer d’ici et on sent le sel.

« D’façon, j’sais déjà m’servir de vos sabres. Du moins, j’ai su. Mais j’avais le mien, et tout. Je l’ai rendu quand je suis parti. Enfin, rendu, c’était l’mien, j’l’avais forgé, té-ème-té-cé, dans les règles de l’art et tout. Mais j’l’ai abandonné en partant. J’aime pas ce que ça représentait. J’aime pas ce que les gens croient quand ils en voient. J’aime pas aussi… J’sais pas. C’pas du jeu quoi. Finalement, j’préfère m’servir de mes mains, d’mes blasters et puis j’ai découvert un truc récemment les fontas. Non. Les tonfas ! C’trop bien ça. Tu d’vrais m’voir botter des culs avec ça. J’en mène plus large que quand j’flippe à cause des trucs chelous que je vois dans ma tête. »

J’ai terminé mon herbe, j’trouve une poubelle, d’une pichenette j’envoie les restes dans sa gueule largement ouverte et on s’engage de nouveau dans les couloirs du bouiboui. On continue notre bonhomme de chemin, on croise une jolie pousse qu’écrit sur un tableau des trucs qu’ont l’air rigolo et il finit par pousser une porte sur laquelle y a son nom et le mot bureau aussi. ‘Fin, pousser la porte, on s’comprend, hein. A l’intérieur, c’est… un curieux genre de bordel. Après, j’dois reconnaître que l’artiste en moi est sidérée par tant d’objets d’artisanat aux formes et aux esthétiques si diverses. J’peux pas m’empêcher d’m’approcher, de toucher, d’admirer. J’l’entends s’affaler dans un pouf, j’reste debout pour continuer mon p’tit tour. « Ouais, la bagarre, ça m’aide beaucoup, la dépense physique, sous toutes ses formes d’ailleurs… Sourire de pirate soulard et pervers. Et pis j’fais de l’art, beaucoup. J’aime peindre, dessiner, en numérique et en physique. Mon blaz’, sur les réseaux, c’est Pink Poppy. Un collègue qui m’a appelé comme ça un jour, parce que les cheveux et mes poings dans les gueules qui faisaient ‘pop pop’ i’ paraît. Haussement d’épaules et tête penchée sur le côté de l’évasif. J’aime bien ton bureau, d’ailleurs. Ta lampe, là, avec le truc qui flotte dedans, elle vient d’où ? Et ça, c’est quoi ? J’arrive même pas à savoir si ça a une utilité ou si c’est purement décoratif. ‘Fin… Bon, ça a des allures de dildo, mais j’imagine que même avec ton côté hippie, tu mettrais pas ça sur une étagère quand même. » Je ris, trop contente de ma blague, et j’continue ma marche. Tu veux bien m’apprendre ça, la méditation active ? »
Karm Torr
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C’est une lampe disco.

Quelle question !

Les Discos sont une ethnie twi’lek qui vit sur plusieurs planètes aux marges de l’Espace Hutt. Probablement d’anciens esclaves qui se sont échappés et qui se sont mêlés y a hyper longtemps à d’autres sociétés. ‘Fin bref, ils ont toute une culture de la danse, un truc de dingue, une musique bien particulière et une esthétique très à eux. J’ai quelques potes là-bas, ils m’ont offert la lampe à mon dernier voyage.

Avec aussi un super pantalon à franges, mais Karm ne le porte pas souvent.

Ça ? C’est une sculpture wookie qui représente un arbre wroshyr. En un peu stylisé, pour évoquer aussi un phallus en érection. C’t’une manière de célébrer la fertilité de Kashyyyk, l’abondance de la planète, la force nourricière des arbres. Kashyyyk, c’est un peu ma seconde maison, tu vois. J’y passe pas autant de temps que je voudrais, alors je garde des souvenirs.

Karm laisse pudiquement de côté l’usage rituel qui peut être fait de la sculpture, pour qui souhaiterait célébrer un peu plus que symboliquement la fameuse fertilité des wroshyrs.

Enfin bref…

Il se relève avec une souplesse qu’il doit probablement à de longues heures sur le dancefloor des soirées disco.

La méditation active, c’est la Force Vivante. Te concentrer par sur le vide de ton esprit ou quoi, pas sur des représentations mentales, sur des émotions à calmer, mais sur ce que tu éprouves physiquement. En gros, quand t’as du mal à maîtriser ton esprit, les pensées vont à mille à l’heure, les émotions te submergent, tu t’ancres dans ton corps. Quand t’utilises un punching ball pour te défouler, c’est le même principe.

Tout en parlant, il visite ses étagères, en effleurant divers objets du bout des doigts.

La forme la plus simple de méditation active, pour un problème comme le tien, c’est la perception sensorielle. La forme la plus aboutie et la plus complexe, c’est le sexe et le combat. Dans le sexe et le combat, l’émotion, la pensée, le geste et la perception sont intimement liés. C’est là où tout se joue.

Heureuse ironie du sort, c’est à Luke, si prude en bien des circonstances, qu’il doit ses plus grandes découvertes de la Force Vivante, dans la chaleur de leurs étreintes, lui qui, avant de rencontrer le Hapien, n’avait jamais connu que d’indécises explorations solitaires.

Tiens.

L’explorateur tire un bocal de ses rayonnages. À l’intérieur, des bulbes végétaux dont naissent quelques filaments flottent dans un liquide presque transparent. Sur le récipient, une étiquette indique le contenu, mais l’écriture, composée d’idéogrammes ark-ni, reste obscure pour l’immense majorité de la galaxie.

Ça, c’est des fruits… ‘Fin, pas vraiment des fruits au sens botanique, mais plutôt, culinairement, quoi. C’est du sucré. Des bulbes sucrés d’une plante qui pousse sur une planète sans nom, que j’ai découverte à l’autre bout de la Galaxie.

(Est-ce que ça sous-entend qu’il fourre tout ce qui lui passe sous la main dans sa bouche, lors de ses expéditions ?)

Alors…

Le jeune Maître dévisse le bocal et en tire un petit bulbe qu’il présente à la Lepi sur la paume de sa main. Pour une fois, les petites trouvailles de Karm ne dégagent pas ces odeurs suspectes d’épices ou de fermentation qui trahissent en général les expérimentations culinaires de l’Ark-Ni. Tout paraitrait même fade à un nez peu exercé.

Sens-le. Tu vas avoir besoin de la Force, l’odeur est pas très forte. Y a que ton nez qui compte, y a que la sensation. Que le monde physique. Pas besoin de penser, pas besoin de réfléchir. Renifle. L’odeur du bulbe, et l’odeur de la terre qui l’a entouré, des animaux qui sont passés près de lui, de tout un monde qui ressemble à rien de ce qu’on connait. Y a pas de point de comparaison, pas de souvenir à avoir, pas de mot à mettre sur la sensation. Juste : fermer les yeux. Et renifler.

C’est l’une des expériences déstabilisantes que le Maître propose à ses étudiants et que l’immensité de la Galaxie permet : le miracle de la découverte, par les sens, de quelque chose sans point commun avec le connu. Le retour à l’expérience enfantine d’un monde tout entier à découvrir, jusque dans ses éléments les plus fondamentaux.

Pendant un moment, Karm garde le silence et puis il finit par murmurer :

Maintenant, y a une tablette de chocolat dans mon bureau.

(Ce n’est pas une métaphore.)

Tu peux la sentir.

Toute enveloppée qu’elle est.

Des herbes amères dans les parterres au pied de ma fenêtre. La cantine dans le bâtiment en face. Laisse tes sens grandir dans la Force. Laisse-toi submerger.
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