Thann Sîdh – #FFC59A
B0-UT aka Bouteboute – #EDF888
Seïid Qiik – #8385AB

21.577, 07 Centaxday II (Kelona) • Sur une terrasse de l’Enclave, durant l’heure du déjeuner

« Du coup, ça n’a pas marché, avec le Decep Sion ? Seïid mordit dans son sandwich avec une sauvagerie de bête affamée avant de répondre, la bouche moins encombrée, – Non... Je sais pas. C’est… Un feeling qui ne s’est pas fait ? Il était mignon, tout ça mais… J’sais pas. Il manquait d’un brin de quelque chose. J’avais l’impression de le terrifier à chaque parole, à chaque geste. Comme un genre de bébé écureuil. Et j’ai pas le tempérament qu’il faut, je crois, pour élever des bébés écureuils. – Je suis sûre que tu ferais une super maman écureuil… Peut-être as-tu davantage peur de ne convenir à personne plutôt que personne ne te convienne ? Ou alors… Tu avais pris quoi au petit-déjeuner ? – Tu imites très mal les Consulaires, tu sais ça ? – J’imitais Oni, donc… Je suis plutôt fière de moi. – Mmmh… Quoi qu’il en soit, je vais continuer encore seule mon chemin quelques mois, visiblement. – Quelques mois ? Tu n’exagères pas un peu ? – Non, non… Tu m’as donné envie de bouger, avec tes histoires de voyage avec la petite Kiva, tout ça. Je pense que j’ai besoin d’être un peu seule, loin de tout, utile ailleurs, voir qui je suis devenue avant de chercher à transmettre ce que je sais. Comment est-ce que je pourrais avoir une relation aussi intime que celle d’un Padawan et de son Maître si moi-même je ne sais pas ce que j’en attends ? – Ah ! Tu as raison. Je pense qu’on a tous besoin de prendre un peu l’air, on a vu tellement de choses changer ici. Et puis, c’était sympa’, avec Kiva, vraiment… Assez pour que je retente l’expérience aujourd’hui, d’ailleurs. – Avec Kiva ? – Non, une autre petite que j’ai repérée l’autre jour, lors d’un cours de botanique. C’était Mand Ragor qui s’en chargeait et… Je sais pas. J’ai senti quelque chose, j’ai été curieuse. Je lui ai proposé qu’on passe la journée ensemble, aujourd’hui, et qu’on voit. On verra. Elle s’appelle Kiara Hellstorm, une mignonne petite Sephi. Tu sais, elle avait osé prendre brièvement la parole lors du Conclave. Une peau un peu lavande, de jolis cheveux longs… – Je crois me souvenir, mais je suis pas sûre. Tu vas lui faire faire quoi ? Encore une escapade dans un monde sauvage ? – Non, quelque chose de plus calme, cette fois. Elle semblait curieuse de constater l’état de nos archives. On commencera par-là et ensuite on se laissera porter par le vent. Tu partirais quand, du coup ? Même si elle souriait, bien sûr, savoir qu’elle serait séparée un temps de son amante ne la laissait pas totalement indifférente. En réalité, c’était un délicat mélange : le contentement de la savoir à la recherche du bonheur, l’amertume toujours un peu déplacée de ne pas pouvoir la sortir à tout instant de sa poche. Autrefois, elle en aurait nourri une grande honte. Depuis lors, elle avait grandi et assumer ce sentiment de manque. Il était une composante de son amour et, quelque part, simplement une nouvelle preuve de son existence. – Demain, certainement, dans l’après-midi. On passe la soirée ensemble, du coup ? » La question était dans une perfection anodine qui la rendait tout à fait charmante ; le plus beau, dans ce sentiment doux-amer, finalement, était qu’il se trouvait partagé.

« Oui, tu avais raison Boute, j’ai bien fait de prendre ma tenue plus informelle, cela l’intimidera certainement moins que mon uniforme. Nous sommes à l’heure ? – Avec une approximation de deux minutes, oui. Nous sommes un peu en avance sur l’horaire prévu. – Très bien, il ne nous reste donc plus qu’à attendre pour palier cette approximation. » Elle sourit à son camarade robotique et se posa sur un banc. Dans son dos, le puis de la bibliothèque de l’Enclave. Elle était construite en cercle, tout en profondeur, un puis de lumière en son centre, et le tout en surface vitrée. Le tout était bien moins en pompe que les archives du Temple d’Ondéron mais la profondeur, le miroir d’eau loin en-deçà du premier siècle donnait au tout une impression d’infini vertigineuse : un sentiment finalement assez proche de celui du Padawan posant pour la première fois son regard sur l’infinité du savoir.

Thann Sîdh – #FFC59A
B0-UT aka Bouteboute – #EDF888
Kiara Hellstorm – #00FFFF

Assise tranquillement sur le banc, Thann s’était plongée dans la Force, profondément, afin d’être le plus à l’écoute possible de son environnement. Dans le puis, derrière elle, elle percevait les va-et-vient tranquilles des étudiants, des professeurs et des simples curieux. Comme de petites lanternes accrochées dans l’infini de l’espace, d’autres étaient simplement assis, immobiles, et parcourait les volumes qui les avaient amenés jusque-là. Parfois, la Lumière était plus vive, chez ceux que la Force habitait, parfois, elle était plus ténue mais bien présente. De la joie et une profonde paix. Cela faisait quelques semaines qu’elle n’avait pas retrouvé aussi pleinement ces sentiments. Elle vivait à l’unisson du monde alentour. Elle était heureuse. Vraiment. Parmi les lucioles, l’une finit par se découper du ballet. Une jolie luciole aux oreilles effilées. De très jolies oreilles effilées. Elle ne savait pas pourquoi, mais quelque part au fond d’elle, Thann avait décidé que tout le monde aurait été bien plus beau avec plus de ces gens aux oreilles effilées. Alors qu’elle s’approchait, Thann, par habitude pour éviter de mettre ses homologues voyants mal-à-l’aise, la suivit du regard et fixa sa visière métalliséeF sur elle aussi bien qu’elle aurait fixé des yeux. Dans sa bure de Padawane traditionnelle de l’Ordre, elle aurait pu trancher du reste de l’Enclave, quelques mois plus tôt. Depuis que le Temple d’Ondéron avait été pris d’assaut, cette tenue était redevenue assez commune aussi et les deux habitudes cohabiter : les habitués de l’Enclave portaient leurs tenues civiles ou leurs uniformes qui les identifier comme chargés d’une mission spécifique à cet instant, les moins habitués garder leur goût pour les habitudes proprement Jedi. Thann sourit avant même que l’adolescente ne parle et se leva pour l’accueillir, soucieuse de se montrer le plus bienveillante possible.

« Chevalier Sîdh ? Je suis Kiara Hellstorm. Vous vouliez me voir ? Thann eut soudain l’impression de se revoir, des années plus tôt, abordant pour la première fois son ancien mentor. – Je suis ravie de te voir, en effet mais j’attends plus de cette journée que simplement cela. Elle sourit plus franchement, espérant que son jeu de mots et son trait d’humour mettraient la Padawane plus à l’aise. – D’abord, comment te sens-tu, Kiara ? La jeune Sephi sembla réceptive à ses ondes positives et se détendit perceptiblement avant de répondre avec tout le sérieux du monde : – Je me sens bien, même si c'est perturbant de se retrouver ici. C'est difficile de se dire qu'on a perdu tout ce que l'on avait construit sur Ondéron. La vie n'est plus la même depuis que la République nous a exilé. Je ne comprends même pas pourquoi le Chancelier à fais cela. N'étions-nous pas les gardiens de la République ? Et puis... Décidemment, Thann ne s’attendait pas à rencontrer un miroir de son adolescence, mais curieusement, plutôt que de la déstabiliser, ce parallèle la rassurait. – Vas au bout de ta réflexion, il n'y a aucun mal à verbaliser une idée pour mieux l'examiner. La timidité vaincue, la Padawane leva les yeux vers le visage de Thann, – Ce n'est pas lié à la situation. C'est plus personnel. En fait je me demande si j'ai choisi de suivre la bonne voie jedi. était-ce étonnant qu’après tant de bouleversement les jeunes âmes de l’Ordre ne se trouvassent bouleversées ? La Sentinelle elle-même, à de nombreuses reprises au cours de la guerre et de ses épreuves, avait remis en question beaucoup des liens qu’elle entretenait avec l’Ordre et avec ses dogmes. Il n’y avait aucune trace de jugement dans la réponse qu’elle lui fit : – La bonne voie jedi ? Que veux-tu dire ? Tu ne te sens plus à te place parmi nous ? – Non ce n'est pas ça. Je sais que ma place est ici, mais est-ce que la voie du jedi consulaire est faite pour moi ? Je me pose cette question depuis que j'ai participé au tournoi des trois cristaux. – Pourquoi doutes-tu ? Ce n'est pas un mal que de te poser des questions, ne t'inquiète pas. Personne n'attend de nous que nous soyons toujours cousus de certitudes, bien au contraire. Sans compter que tu as encore le temps de te décider, et le droit même de changer d'avis vingt ans plus tard si tu le souhaites... Cette décision n'a rien d'irrévocable. Alors, je parle, je parle, mais c'est à toi de tout me dire. » Le souci de bien faire, comme à son naturel, l’amenait à se montrer volubile. Pourtant, le laconisme de son ancien mentor, un temps, était parvenu à canaliser sa propension à penser à voix haute et à se perdre en logorrhée. Si elle voulait pouvoir trouver une élève, elle allait devoir apprendre à dompter par elle-même sa langue, craignant davantage le soliloque qu’une dispute d’idées.