« T’es sûre que c’est ici que tu vas trouver une spécialiste en robotique et ingénierie ? Qui sait faire autre chose que des moissonneuses batteuses je veux dire.
- Bah c’est une Jedi et on les trouve plus que là maintenant, non ?
- Pas exactement mais c’est le meilleur endroit où commencer à chercher. Ça va être difficile de rentabiliser le voyage quand même. »

Le Vespide était posé dans l’astroport de Raïne depuis une heure et ils venaient de finir les démarches administratives. Il n’était pas question de contrebande cette fois, tout avait été déclaré en bonne et due forme – ou presque, il était possible que deux ou trois cargaison pas exactement légales aient été remisées tout au fond des soutes secrètes, mais elles n’avaient pas vocation à sortir ici. Jezaïl ne voulait pas devoir improviser une exfiltration en urgence, elle avait besoin de tout le temps qu’elle voulait pour trouver cette Jedi et s’entretenir avec elle.
Une Jedi, elle ne s’était pas imaginée aller rencontrer un de ces drôles d’oiseaux de sitôt. Et c’est pourtant vers une d’entre eux que sa Max adorée l’avait envoyé lorsqu’elle lui avait demandé si elle avait entendu parler de quelqu’un capable de jeter un œil à ses prothèses. C’est que sous ses airs de porte-flingue déjantée – ce qu’elle était – la blonde mercenaire connaissait aussi plein de gens et savait leur tirer les vers du nez, ce que Jezaïl avait finit par assimiler après de long mois.
Donc une Jedi. Pas très prévisible comme contact mais faut dire que la rouquine avait demandé quelqu’un qui ne serait pas en territoire républicain, rapport au fait que c’était compliqué pour elle d’y séjourner longtemps sans emmerdes depuis le casse d’Ondéron, pas un membre des cartels parce qu’elle savait trop bien quel genre d’attention elle allait recevoir et si possible pas dans l’Empire Sith parce qu’elle avait déjà donné dans leur stupide guerre civile, même si ça l’aurait amusé de pouvoir passer le bonjour à Dana.
Le choix était donc limité, finalement.

Le plus drôle c’est qu’elle ne savait presque rien de cette mécano en fait, Max n’avait entendu parler que de sa réputation et obtenu son nom. Un nom un peu compliqué d’ailleurs si l’on demandait son avis à l’artificière. See’Ryl Lun’Sa Asho’Tye. Apparemment elle donnait des cours avant. Elle supposait qu’elle s’était arrêté lorsque le chancelier avait décidé de virer les jedi sur un coup de tête – Volann avait bien essayé de lui expliquer que la situation était loin d’être aussi soudaine mais elle n’en avait rien retenu. Tout le monde disait sur l’Holonet que les Jedi allaient sur Dantooine. Du coup, elle était allé sur Dantooine.
Elle quitta le vaisseau en compagnie de volann, abandonnant celui-ci aux soins de Grognon – le surnom qu’ils avaient, à l’unanimité, donné au droïde qui leur avait été offert par l’Empire – car l’astromech ne quittait presque jamais le vaisseau, afin d’éviter les questions sur ce qu’ils pouvaient foutre avec un droïde impérial. Les deux collègues se séparèrent une fois en ville : Volann allait faire le tour du marché, des cantina du coin et voir, sans grande conviction, s’il trouvait quelque chose qui lui éviterait d’avoir l’impression de perdre son temps tandis que Jezaïl cherchait à se rendre à l’enclave Jedi.

Trouver la direction ne fut qu’une formalité, mais une fois à la sortie de la ville, au début de la voie bordée de plantes sauvages qui serpentait tranquillement jusqu’aux bâtiment de l’Enclave qu’elle apercevait au loin, elle se sentit prise d’abattement alors qu’elle réalisait la terrible réalité : elle allait devoir y aller à pieds ! En tout cas le pensait-elle jusqu’à ce qu’elle aperçoive un petit convoi de chariot antigrav tiré par un speeder sur lequel deux personnes achevaient de charger des caisses et qui semblait prêt à prendre la direction de l’Enclave. Elle s’approcha d’eux et après quelques échanges polis eut confirmation qu’ils allaient à l’Enclave et avait obtenu la permission de monter à l’arrière.
Elle quitta donc la ville, assise en tailleur au sommet d’un pile de caisse, au rythme lent d’un vieux speeder de manutention.

Elle contemplait le paysage depuis son perchoir, les champs, les fourrés, les bois et la mer un peu plus loin. Elle n’avait certainement pas l’habitude de contempler ce genre de paysage depuis autre chose que le cockpit du Vespide et elle aurait largement préféré que cette fois-ci ne fasse pas exception mais on ne l’avait pas laissé se poser à l’Enclave – en fait Volann l’avait convaincu de ne pas tenter pour éviter d’attirer l’attention. Le vent lui portait au nez des odeurs riches et étranges, ainsi que pas mal de pollen. Elle éternua beaucoup.

Les convoyeurs lui firent signe de descendre quand ils approchèrent de l’Enclave, apparemment tout le monde ne pouvait pas rentrer comme il voulait. C’était évident, bien sûr, vu les événements, mais Jezaïl n’y avait absolument pas pensé pour autant. Elle se retrouva donc devant un gardien qui la regardait de haut en bas avec un sourcil haussé. Il faut dire qu’au milieu des natifs de Dantooine, des Jedi et des quelques personnes qui n’étaient ni l’une ni l’autre elle faisait particulièrement tâche avec sa dégaine de mercenaire sortie d’une décharge : gilet de faux-cuir porteur de brûlure de blaster et réparé à la va-vite, débardeur bleu avec une tête de mort, mini-short et bottes de surplus militaire, à quoi l’on ajoutait sa sempiternelle ceinture bardée de poches remplies d’outils et de pièces détachés diverses dont certaines ne pouvaient s’empêcher de crépiter, son bras bionique et ses deux longues ‘tresses’, l’une de cheveux roux maintenus par des bouts de ferrailles l’autre tout de câble d’acier, qui venaient lui gratter les chevilles. Point bonus pour les tâches de graisse qui lui maculaient les bras, le débardeur et le visage parce qu’elle n’avait pas pris la peine de se nettoyer après avoir inspecté les moteurs du Vespide une fois posé au sol.

« Bonjour ! Je cherche Sirile Linsa Chotié. Vous savez si elle est ici ? Je peux la voir ? »

Demanda-t-elle toute sourire au Jedi face à elle.