21.577, 1^er semestre • Orbite haute de Valc VII

Thann Sîdh – #FFC59A
B0-UT aka Bouteboute – #EDF888
Seïid Qiik – #8385AB
Eddy Son – #CCCCFF

Quelques jours plus tôt…

« Alors, comment vous sentez-vous, Chevalière ? » Seïid et Thann se trouvaient dans leur chambre, posées tranquillement pour la première fois depuis des jours. Les suites du Conclave avaient été nombreuses et leur vie s’était soudainement changé en tourbillon furieux, si bien qu’elles n’avaient pas eu le temps de goûter à la joie simple d’une étreinte depuis l’accession de Thann à ce nouveau rang. Celle-ci se trouvait allongée sur le canapé, la tête reposant dans le giron de sa compagne, après avoir libéré un long soupir d’apaisement. Dehors, le soleil couchant de Dantooïne présentait son visage à la chaleur mourante. Elles avaient beau s’être promis de se retrouver le plus tôt possible, l’une comme l’autre n’avaient réussi qu’à se libérer tardivement de toutes leurs obligations. – Terriblement épuisée, Chevalière. Mais j’imagine que le réconfort de vos papouilles dans mes cheveux délicats devraient œuvrer à l’amélioration globale de mon état. La Togruta sourit, l’embrassa doucement sur le front, et commença le va-et-vient du bout de ses doigts sur le visage de son aimée, ses cheveux, sa gorge. Pour Thann, ce fut comme un appel, elle se débarrassa du haut de sa tenue et s’étendit comme un chat pour que son dos pût à son tour profiter de ce même réconfort. – C’est quand même fou que tu adores autant ça alors que tu es chatouilleuse au dernier degré. – Mais ça n’a juste rien à voir… Ce serait comme… Considéré qu’il est étrange d’apprécier les gratouilles au prétexte qu’on ne supporte pas de se faire frotter le dos au papier de verre. – Mmmhh… Vu comme ça… Bouteboute, tu peux nous mettre un peu de musique et nous ramener le plateau que j’ai préparé, s’il te plaît ? – Bien sûr, Seïid. Jusqu’alors tranquillement posé sur son propre coussin de veille, le droïde s’activa et fila en direction de sa cible. – Un plateau ? – Oui, je me suis dit que nous n’allions pas réduire davantage notre temps à deux en mangeant au réfectoire ce soir. J’ai prévu des fruits, une soupe froide, de quoi grignoter… Et il y a ce jus de fruit étrange que Dhuu voulait absolument te faire goûter. – Et des amandes ? – Et des amandes, bien sûr… – Des amandes, des papouilles, de la musique tranquille… J’vais jamais réussir à trouver la volonté de quitter cette pièce, moi. – C’était un peu l’effet escompté, Chevalière. Au moins pour ce soir. Seïid déposa un baiser dans le dos de Thann qui soupira d’aise, lui attrapa la main pour la porter à son tour à ses lèvres et, après lui en avoir embrassé la paume, souffla. – Je t’aime. – Moi aussi… »

La sphère bourdonna discrètement tandis qu’elle s’approchait, le plateau fermement tenu par ses pinces. Dans une manœuvre tout à fait maîtrisée, il déposa celui-ci, tout juste à portée de main des deux amantes. Il ne faut pas longtemps pour que la main de Thann alla sans mal trouver les fameuses amandes sans même avoir à tourner le regard. Seïid était habituée à cette vue singulière et ne s’étonna pas du fait. Pour sa part, elle se servit de ce fameux jus et, téméraire, le porta à sa bouche. « C’est… étonnant. Tout à fait. C’est drôle, ça pique un peu, mais je n’arrive pas à savoir ce que c’est. – Montre, vais te dire. Thann bascula sur le dos et se redressa pour pouvoir goûter à son tour alors que le verre venait de changer de main. Elle apprécia l’étrangeté des saveurs et proposa son hypothèse. – Je pense que c’est le gingembre. C’est un genre de racine qu’il vient de découvrir. Il adore. Il ne m’a même pas dit d’où ça venait. Mais effectivement, avec le citron et l’ananas, c’est… terrible. Je crois qu’il a mis de la carotte, aussi, non ? C’est orange ? Elle ne portait pas sa visière dans l’intimité et était alors incapable de le juger par elle-même. – Non, à vrai dire, c’est même plutôt vert. Genre vert assez clair. – Bon, bah j’ai aucune idée de ce qu’il a mis dedans, mais j’aime bien. Je le couperai quand même un peu à l’eau, je le trouve un peu trop concentré. Un nouveau verre fut préparé en conséquence et Thann pivota. Ses jambes allongées sur celle de sa compagne, elle mangeait d’une main, buvait de temps en temps de la même main, de l’autre allait et venait le long du bras de Seïid. – Tu as réussi à tout finaliser pour ton départ de demain ? »

Le départ en question avait effectivement occupé une bonne partie de la journée de Thann, ainsi que la veille. C’était la première fois qu’elle partait ainsi, à l’aventure, à bord de l’Ëarendil, et en plus de cette nouveauté, Oni lui avait demandé de bien vouloir prendre avec elle une jeune novice qu’elle n’avait jusqu’alors pas eu l’occasion de rencontrer. La petite [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]. Elle avait eu l’occasion de la remarquer lors du Conclave. Ses inquiétudes, sa spontanéité l’avait touchée et, si elle avait voulu trouver l’occasion de lui parler davantage, elle n’était pas parvenue à la trouver jusqu’à ce que son ancien maître lui en offrît l’occasion. Certainement la Force avait-elle œuvré là à lui faciliter l’existence ? De fait, ce qui devait être son premier vol en solitaire c’était transformé en son premier vol avec la responsabilité d’une plus jeune qu’elle. Etrangement, cela l’avait un peu rassurée. Bien qu’elle avait fait savoir à Oni sa volonté de s’éloigner de l’Enclave et d’aller trouver un calme véritable plus loin dans les étoiles, elle n’était pas sûre non plus de désirer une absolue solitude. Ce moyen terme inattendu, finalement, l’avait satisfaite. Eddy l’avait aidé à penser à tout : l’entretien moteur, l’entretien des instruments, la quantité de vivre, celle du carburant… La check-list avait été longue mais réalisée dans son ensemble. « Tout est prêt. Il n’y a plus qu’à décoller. J’aurais aimé pouvoir la rencontrer avant le départ, pour la rassurer, mais il n’y a pas eu moyen que nos emplois du temps concordent. Enfin… Le mien, surtout. Je crois que m’éloigner un peu de la frénésie de l’Enclave me fera du bien. Et… Thann s’interrompit. Seïid ne manqua pas de noter la gêne qui apparaissait doucement sur son visage et d’un sourire allié à une caresse du bout du doigt sur la joue, elle l’invita à poursuivre. – J’aimerais bien, si l’idée te plaît, que nous fassions le prochain voyage ensemble, toi et moi. Je voudrais enfin qu’on trouve ce temps, vraiment pour nous, dont on parle depuis… qu’on a commencé tout ça ? Elle dissimula son excès de pudeur au fond de son verre qui, rapidement, s’avéra incapable d’être une cachette efficace : il faut dire qu’il était vide. – Rien ne me ferait plus plaisir, Chevalière, que de me perdre avec toi parmi les étoiles. » Elles se sourirent puis s’embrassèrent tendrement, dégustant avec une douce quiétude le reste de leur soirée en tête à tête.

« J’ai reçu la confirmation que la Novice Nidmu était en route, elle sera là un peu avant l’heure fixée. – Bon, les moteurs n’auront pas tout à fait eu le temps de chauffer mais, au moins, nous aurons l’occasion de discuter tranquillement avant de décoller. Eddy, un retour sur les diagnostics ? – Rien d’anormal. Le Bothan descendit la rampe d’accès du vaisseau, un datapad entre les mains. – Mais on travaillera, quand tu seras rentrée, à mettre en place cette boucle à induction pour optimiser la chauffe des cycles ioniques. Tu auras certainement parfois besoin d’un départ en urgence, et un starter de dix minutes, c’est trop long, je suis sûr qu’on peut faire mieux. – De toute façon, on aura forcément tout un tas de retour de données après ce premier vol long courrier. Ce ne sera pas la seule optimisation à faire, j’imagine, surtout si on veut proposer le modèle en série pour l’Enclave. – Effectivement. Bon, je dois te laisser, j’ai du travail. Bon courage. » Ils s’échangèrent un rapide sourire, le mécanicien n’était jamais très démonstratif, et son tandem civil quitta la plate-forme sur laquelle l’Ëarendil avait été affrété pour le départ. Ne restait plus que Thann et son brave B0-UT, Seïid et elle ayant préféré l’intimité de leur chambre pour leurs aux-revoir. Un mélange d’excitation et de nervosité parcourait les épaules de la Miraluka. Certainement l’émotion adéquate à toutes les grandes premières.

Thann arborait l’une de ses tenues de voyage, relativement sobre, surtout pratique. Elle n’arborait pas les couleurs de l’Enclave pas plus qu’elle le design ne rappelait son appartenance à l’Ordre Jedi. C’était une combinaison pratique, qui n’avait pour avantage que de proposer de très nombreuses poches à son utilisatrice ; laquelle se trouvait souvent bardée d’outils. Sa visière lui indiquait, lorsqu’elle se mirait, que les couleurs allaient du blanc cassé au noir. Rien d’extravagant, comme à son habitude. Après quelques minutes à patienter tranquillement, l’épaule appuyée contre l’un des énormes vérins de la rampe d’accès, il lui sembla sentir dans le bal perpétuel des voyageurs une petite lumière vacillante qui tentait vaillamment de traverser l’espace sans bousculer personne…

« Sortie de l’hyperespace dans cinq… quatre… trois… deux… un… Le monde, autour, reprit sa consistance, et, si gigantesque qu’elle comblait une bonne partie de la verrière, Valc VII apparut. Thann, au travers des relevés de sa visière, distingua les bleus, les verts, les blancs qui marbraient la surface de la planète. De là-haut, le spectacle était époustouflant, majestueux, et pourtant, il était simplement celui d’une sphère suspendue au milieu du vide qui n’avait d’autre curiosité pour elle d’être le dernier système connu avant le néant. Pourquoi Valc VII ? Son mentor, quelques mois plus tôt, lui avait demandé de prospecter afin de découvrir, si possible, de nouveaux lieux où établir l’Ordre Jedi ; dès lors, pourquoi ne pas débuter de façon très méthodique par le premier objet tout au bord de la carte galactique ? – Attache-toi, Kiva, nous allons descendre et traverser l’atmosphère, cela peut parfois être turbulent. Ne t’inquiète de rien pour l’instant, contente-toi de profiter du spectacle que la planète va t’offrir, d’accord ? » La Chevalière lui sourit, bien consciente des premiers émois qu’elle avait connu en pareille situation, et entama ses propres procédures d’approche.

Thann Sîdh – #FFC59A
B0-UT aka Bouteboute – #EDF888

Quelques jours plus tôt…

Leur rencontre, leurs premiers échanges, le balbutiement de leur relation, tout semblait se faire avec une forme de naturel qui était venu assez facilement à bout des premières angoisses de Thann. Finalement, elle qui craignait des conséquences de son nouveau statut réalisa qu’en réalité, fort peu avait changé : de la même façon qu’elle avait pris une part importante dans la formation des plus jeunes en tant que Padawane, elle poursuivait son œuvre et, si ce n’est qu’elle volait à présent en toute indépendance dans un chasseur dont elle pouvait se dire qu’il était à elle, elle le faisait avec la même tranquille assurance et le même plaisir. Tandis que B0-UT, à son tour, devenait tuteur, Thann donnait les explications de ses mouvements à sa jeune élève. « Le pilotage d’un vaisseau ne peut pas être comparé à celui d’un engin terrestre. Contrairement à un landspeeder que tu peux prendre et dont tu peux user à ton aise, tu ne peux décider, sur un coup de tête, de décoller avec ton chasseur pour des raisons évidentes de sécurité. De fait, la première chose qu’il faut faire, avant même d’avoir attaché sa ceinture, c’est demandé la permission à l’opérateur le plus proche de décoller. La tour d’opération seule pourra t’informer de la sûreté de ton espace aérien et éviter les accidents dramatiques.

Lorsque tu attends tranquillement cette autorisation, tu peux procéder à la chauffe de tes moteurs. Elle dépend énormément du modèle de ceux-ci mais ne doit jamais être négligée. Un moteur froid, de toute façon, n’aura pas la puissance nécessaire pour fonctionner et tout juste pourras-tu effectuer des sauts de puce, si tu ne fracasses pas toute la mécanique interne d’abord. C’est un point que nous travaillons d’ailleurs de près sur l’Ëarendil, j’aimerais parvenir à réduire ce temps de chauffe sans pour autant entraîner une surconsommation déraisonnable du carburant.

Ces priorités étant réglées, tu peux t’occuper des questions de pilotage proprement dites. Contrairement à un véhicule terrestre, un véhicule volant ne doit pas être penser selon le même axe. Une fois suspendu en l’air, tu te retrouves à devoir maintenir ton assiette en plus de ta vitesse, et ainsi être maîtresse, à chaque instant, de ta trajectoire. Pour bien saisir l’idée, rien de mieux que de te la montrer… » Tandis qu’elle parlait Thann s’était activée à actionner plusieurs interrupteurs, dirigeant l’énergie ici, augmentant la puissance-là, ou encore calibrant un appareil. Avec une élégance tranquille, l’aile blanche commença à s’élever et, aux premières indications, se joignirent bientôt bien d’autres, lesquelles ne semblaient pouvoir s’interrompre un jour tant l’adorable Mirialane se donnait de peine pour trouver de nouvelles questions à poser.

« Alors… Si tu t’interroges sur la topographie de la surface, nous allons faire une petite pause, juste au-dessus des couches nuageuses supérieures, dans quelques instants. Une fois les principales couches de l’atmosphère dépassées, nous ne risquerons pas d’être embêtées. » Ainsi Thann procéda aux manœuvres finales pour donner à ses paroles une réalité et, suspendue à des kilomètres au-dessus de la surface de la planète, manœuvra afin de positionner l’aile en vol stationnaire. Sur ce, elle activa l’un des interrupteurs présents sur l’accoudoir de son fauteuil et un déclic distinctif indiqua que le verrou magnétique de celui-ci venait de se défaire. Son fauteuil, à présent, volait tranquillement au-dessus de la surface du sol. Les poignées, régulièrement présentées le long de la baie de pilotage prirent alors tout leur sens quand elle s’agrippa, et d’un geste fluide, se fit planer avec aisance jusqu’à la baie opposée, de l’autre côté du projecteur, comme glissant sur l’air. Sous elle, le plus souvent, une surface transparente, simplement entrecoupée par quelques bandes blanches métalliques structurante de l’ensemble de la sphère mais aussi caches élégantes des nombreux câbles qui courraient en-dessous d’elle. « Les poignées ne sont pas là que pour s’amuser ainsi, elles seront aussi utiles si jamais le système de gravité artificielle venait à faillir. expliqua-t-elle en souriant. Certes, elles étaient une mesure d’urgence, il n’empêchait qu’à cet instant, elle jubilait d’avoir pu, pour la première fois, s’élancer ainsi d’un bout à l’autre de son immense zone d’opération.

Ainsi parvenue à la baie d’analyse, elle pianota rapidement et soudain, au milieu de la gigantesque sphère de verre, au-dessus de la table centrale qu’on aurait pu jusque-là considérer comme un simple support, apparue une gigantesque sphère, représentation holographique de la planète qui les accueillait à présent. « Kiva, je te présente Valc VII ! Du moins une représentation holographique à échelle réduite de celle-ci. Nous sommes actuellement… Elle appuya sur un nouveau bouton de l’écran tactile qui parcourait la baie d’analyse, ici, au niveau du point qui doit être rouge. Nous sommes dans l’hémisphère Sud, environ à équidistance du pôle et de l’équateur, dans la zone tempérée de la planète. Puisque tu t’interroges sur le relief, je te propose de faire apparaître celui-ci plus clairement. De nouveau ses doigts glissèrent sur les surfaces électroniques et l’image, plate, se modifia, se débarrassant de sa couche nuageuse et se nimbant de différentes couleurs pour faire transparaître, à l’œil nu, les différentes zones d’élévation. Ainsi représentée, on ne peut pas vraiment faire apparaître le relief de la planète sans un nuancier de couleurs, même la plus haute des montagnes est ridicule une fois remise en contexte dans une modélisation à l’échelle. Mais si tu es curieuse, tu peux zoomer dans la représentation pour t’approcher et les mettre en évidence, regarde… » D’un simple à-coup, elle s’éloigna de la baie d’analyse pour se rapprocher du projecteur. Elle quitta son fauteuil d’un mouvement souple et commença à parcourir l’hologramme des mains. Aussitôt, détectant ses doigts, l’image se mit à y répondre. Thann vint positionner le point rouge de son côté, Kiva se tenant à présent à côté d’elle, et écarta les mains afin de provoquer une fuite en avant de l’image. Aussitôt, alors que la vue se approcher du sol, le relief apparut clairement et la région, à des kilomètres à la ronde autour d’eux, prit une forme autrement moins plane.

« La planète dispose de la bonne composition et de la bonne masse pour avoir une activité tectonique relativement semblable à celle de Dantooïne. Les massifs montagneux sont donc bien présents en surface, mais sans excès. Nous sommes actuellement en train de survoler l’océan sud, mais nous ne tarderons pas à gagner le continent que tu peux apercevoir ici. Nous le survolerons d’abord afin d’en scanner plus complètement la surface, pour procéder à la collecte des données, puis nous pourront choisir d’atterrir où tu le souhaites. Des premiers relevés longues distances qui ont été opéré de Valc VII, nous trouverons certainement là-bas plaines, collines, montagnes et forêts éparses. Si j’ai choisi cette planète, c’est qu’elle semblait accueillir une mégafaune importante et variées. Quelque chose disparu de la surface d’Ondéron et de Dantooïne depuis des millions d’années. La planète est, pour ainsi dire, assez sauvage et s’il y a bien eu quelques prospecteurs de la République, plutôt des équipes scientifiques, rien n’a révélé de richesses particulières dans ses sols, si bien qu’elle a vite été mise de côté et pratiquement oublié. Qu’est-ce qui fait sa singularité, sinon ses gigantesques habitants ? Elle est la dernière planète cartographiée avant les régions parfaitement inconnues de notre galaxie. Tandis qu’elle expliquait tout cela, un sourire radieux était venu illuminer son visage. Elle renouait avec la joie de la découverte. Elle vivait son rêve de Sentinelle. Alors, Padawane Nidmu, es-tu prête à fouler des sols qui n’auront connu d’autres pas pleinement conscients que le tiens ? » C’était un appel clair à l’esprit d’aventure de la jeune Mirialan qui, tout le temps du trajet, n’avait pu y goûter encore beaucoup, passé le premier moment d’excitation du décollage.

Thann Sîdh – #FFC59A
B0-UT aka Bouteboute – #EDF888
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] – #666699
V-3 – #CC6600

L’enthousiasme de la Padawane n’eut aucun mal à conquérir tout à fait Thann qui, plus elle y pensait, se revoyait quelques années plus tôt, aux côtés d’Oni, sur le point de découvrir elle aussi un environnement vierge de toute altération sentiente. Un franc sourire naquit sur son visage tandis qu’elle constatait toute son ardeur de la Mirialane qui se débattait avec la carte interactive de Valc VII. Quelques minutes suffirent à ce que l’adolescente se démêlât avec l’engin et proposât le fruit de sa réflexion. Deux destinations possibles, deux topographies fort différentes. « Les deltas se forment souvent lorsque la pente n’est plus assez marquée pour que l’eau parviennent à se frayer aisément un chemin. Il résulte souvent de cette ramification des cours d’eau de larges zones de marais, très humides, très propices au développement d’une faune et d’une flore variée mais aussi très difficilement praticables pour nous autres bipèdes peu adaptés à ces milieux extrêmes.

Nous irons donc là-bas ! Puisque nous sommes ici pour témoigner de la diversité que peut offrir cette planète, et nous irons, dans un second temps, le long de l’autre fleuve si jamais nous parvenons à être suffisamment rapides. Pour ce qui est de nommer tous ces lieux en revanche… Nécessairement une ombre passa sur sa joie, comme l’averse automnale assombrit parfois les cieux éclatants de l’été indien. Ils n’auront de valeur que pour l’Ordre et les gouvernements qui voudront bien le reconnaître. En nous chassant, la République a également mis fin à l’ensemble de nos accords de partages scientifiques. Nous pourrons produire un contenu, bien sûr, mais ils n’existent plus d’automatisme dans l’acceptation de nos données. Avant… Avant, il nous suffisait d’établir un code clair de référencement, suivant les normes républicaines, et de proposer en plus de code matriculaire un nom de notre choix, laissé à la discrétion de la découvreuse. Ce n’est plus ainsi… Enfin… De nouveau, l’éclairci fit jour. En autre… Sachez, Padawane Nidmu, que vous vous êtes embarquée à avec moi dans une opération relativement secrète des institutions Jedis. Certes, les lieux ne pourront peut-être pas porter les noms que nous désirons, du moins pas officiellement pour l’heure, mais sache que de nos découvertes – tenues secrètes – naîtra peut-être un nouveau refuge pour les gens de l’Ordre. » La Miraluka sourit de nouveau, même pour elle, le sceau du secret avec quelque chose de réjouissant.

D’un mouvement souple, la capitaine de l’Ëarendil quitta le centre de la sphère pour regagner les commandes du vaisseau et celui-ci, répondant fidèlement à ses ordres, s’ébranla à nouveau et fila, par-dessus la crète des vagues, à des centaines de kilomètres de là. Sur l’horizon, d’abord, une minuscule marche se dessina, escalier de géant, laquelle, rapidement, se transforma en une majestueuse falaise d’ocre et de sienne mêlée. Les couleurs entremêlées allaient de l’or au soleil couchant en passant par les nuances plus sanguines, la pluie et le vent ayant longuement travailler à sculpter la roche pour lui donner des élancements de cathédrale, par endroit. Thann ne pouvait qu’en croire les indications de sa visière, elle qui ne pouvait saisir le concept de la couleur, ne saisissait que l’architecture naturelle du lieu. Pourtant, pas un instant elle ne douta que la vue, pour la Mirialane, devait être saisissante. Pour continuer le spectacle, elle décida de ne s’éloigner du niveau de la mer que tardivement. Par-là, elle avait laissé aux falaises tout le temps de dominer la vue par leur majesté. Soudain, alors que l’Ëarendil dépassait la crète de pierre, la vue s’ouvrit sur le continent, infini. Des arrêtes de pierre crevaient le sol, ici et là, des forêts, rases pour que le vent côtier ne les arrachât pas, s’épanouissaient et partout d’extraordinaires animaux volants, d’autres courant dans les plaines, des formes et des chants encore inconnus. « Les gens de ton clan ont-ils aussi de belles paroles à prononcer en cette occasion ? » demanda-t-elle doucement, le cœur saisit par l’émotion.

Après une bonne heure de vol et un sol qui ne cessait de gagner en anfractuosités et en pics, finalement, elles trouvèrent un plateau sur lequel se poser en sécurité, loin de ces créatures géantes, aux ailes comme du cuir, qu’elles avaient aperçus à quelques sommets de-là. Lorsqu’elles sortirent du vaisseau, le dos chargé, Thann parla à nouveau, répondant aux questions posées, un peu plus tôt, par son insatiable élève. « Bien, si nous ne nous sommes pas posés plus haut, c’est pour éviter le mal de l’altitude. Ce n’est jamais une expérience très agréable pour le corps de monter si haut. Le manque d’oxygène peut rapidement te rendre malade, et ce n’est pas ce que nous souhaitons. En plus de cela, les cours d’eau naissent à mi-pente, non au sommet, le temps que les fontes et la pluie trouvent le lieu adéquat pour se retrouver. Nous allons descendre par-là, tu vois ? Et petit à petit, tu sentiras l’air se réchauffer. Attention, ici et là, le sol sera encore enneigé, ne te met pas à rouler dans la pente, aucune idée de là où tu finirais par arrêter !

Soit attentive à tout ce qui t’entoure, n’hésite pas à prélever ici et là des échantillons : pierre, plante, qu’importe. L’important est que tu indiques avec précision le lieu du prélèvement et la nature du terrain prélevé. Tu numérotes aussi chaque pièce, et tu prends une image la plus précise du contexte de l’objet prélevé. D’accord ? » Même s’il faisait froid et que le vent l’obligeait à cacher son sourire derrière une écharpe salvatrice, aucun doute sur le fait que les lèvres de la jeune femme dévoilaient toutes ses dents, laissant au tissu le soin de les protéger. La Sentinelle, n’ajoutant rien de plus, s’élança alors dans la pente. Derrière elles, l’Ëarendil disparaissait tandis que B0-UT venait d’activer le système furtif afin d’éviter que l’appareil ne fût pris pour cible par la faune locale, curieuse de constater l’arrivée d’un nouveau voisin.