Message HRP adressé aux politiciens a écrit:Début des Débats ce 19 septembre 2021. Après l'intervention d'Evea Ekway vous êtes libre d'intervenir si vous le désirez.

ATTENTION : Ce rp se déroule donc AVANT l'attentat à la bombe sur Ossus (Event XV).

"La personne injuste agis comme les artisans habiles - tel le pilote consommé, ou le médecin, distingue dans son art l'impossible du possible, entreprend ceci et laisse cela ; s'il se trompe en quelque point il est capable de réparer son erreur - ainsi donc, que l'injuste se dissimule adroitement quand il entreprend quelque mauvaise action s'il veut être supérieur dans l'injustice. De celui qui se laisse prendre on doit faire peu de cas, car l'extrême injustice consiste à paraître juste tout en ne l'étant pas. Il faut donc accorder à l'homme parfaitement injuste la parfaite injustice, n'y rien retrancher et admettre que, commettant les actes les plus injustes, il en retire la plus grande réputation de justice ; que, s'il se trompe en quelque chose, il est capable de réparer son erreur, de parler avec éloquence pour se disculper si l'on dénonce un de ses crimes, et d'user de violence, dans les cas où de violence il est besoin, aidé par son courage, sa vigueur, et ses ressources en amis et en argent."

- Platon, La République, Livre II

Il ne faisait aucun doute que la Reine Keto était l'archétype de l'injuste décliné par Platon. Mais cessons d'entrecroiser les univers pour revenir à la pantoranne qui nous intéresse en ces lieux et ces termes. Evea était à présent au coeur de la fausse pour ainsi dire, sa nacelle s'étant avancée vers le centre névralgique du pouvoir, au plus près du chancelier, du ministre et de son orateur, tous attendaient à présent que la sénatrice d'Alderaan prenne la parole sur l'injustice qu'elle dénonçait en ce jour. Elle accorda un regard consécrateur à chacune des personnes présentes, et plus largement à l'assemblée. Mais cette fois-ci pas un seul sourire sur le visage habituellement rayonnant de la Fleur Bleue.

- Merci à vous monsieur le ministre. Chers collègues sénateurs et sénatrices, monsieur l'orateur, monsieur le chancelier suprême, c'est avec un air grave que je m'adresserai à cette assemblée dû à la gravité de la situation que nous devons aborder aujourd'hui. Il a été prouvé et avéré que l'armée d'Umbara, et plus étroitement la Reine Keto, a été impliquée dans une affaires aux sombres motivations, telles qu'elles ont été exposées dans l'axiome que vous avez tous eu le temps de prendre connaissance. Cela étant qu'une des plus profonde crise politique républicaine a été soulevée par le sénateur de Tanaab malgré son injonction au silence. Dans une optique de justice, les instances républicaines ne pouvaient se permettre de repousser ces déclarations aux dossiers passés sous silence, malgré le fait que l'affaire implique la Vice-chancelière de la République Galactique elle-même. Sans plus attendre, et dans un ré-activisme digne d'un véritable chef d'état, le chancelier suprême a fait envoyer une flotte militaire en orbite du système de Tanaab, avec comme objectif d'assurer la sécurité et le transport à bon port de la délégation républicaine dont j'avais la responsabilité. Elle observa du regard le chancelier coi.

Fallait-il intervenir ? Cette question cruciale c'est celle des preuves. Est-ce qu'Umbara a bel et bien commis les atrocités dont la Reine Keto et son armée sont accusées, violant ainsi tout ses engagements auprès de la République ? Nous savons aussi que dans le système de Tanaab, toutes les manipulations politiques sont possibles, ainsi la question des responsabilités a également été posée au gouvernement actuel du dit-système. Les ennemis du matin pouvant devenir les adversaires du soir. Une seule question importe donc, chers collègues, c'est de savoir que ce sont nos propres services de renseignements, ce sont des experts et ce sont des ressortissants tanaabiens qui attestent de ces preuves. Il convenait donc de réagir, et de manière authentique, soutenant l'idéal de justice que nos institutions défendent depuis la nuit des temps. Et à juste titre : La flotte républicaine est tombée face à un blocus intraitable brouillant toutes communications, établit par la flotte umbarane, un blocus jamais vu encore au sein même des frontières républicaines, une puissance militaire assaillant une planète comme si une guerre à l'échelle galactique se déroulait en silence sous nos yeux. Evea parlait avec fermeté mais une profonde affliction se laissait deviner sur son visage.

Le fait est qu'aucune force extra-atmosphérique n'appartenait pas à Umbara, preuve même que Tanaab n'était pas à même de faire face à un tel déluge de force brute. Les motifs restaient à être éclairés. Ayant toute sommité, la délégation républicaine pu passer le blocus, cependant la vision cataclysmique de la surface de la planète n'a fait que confirmer les faits : Umbara a bel et bien fait débarquer des armées à la surface, détruisant un maximum d'infrastructures et anéantissant toutes les forces de résistances que pouvait déployer le gouvernement tanaabien. Ayant été accueillis par le Grand Conseiller Yi Bo-Gum, il n'a pas fallut longtemps pour que la délégation soit victime d'une embuscade perpétrée par la résistance au pouvoir. Le mécénat umbaran n'ayant pas encore été confirmé, il a cependant été assuré par nos nombreuses sources, que les résistants au pouvoir étaient un troisième bloc impliqué dans les combats, qui luttaient dans le but de renverser la Reine Ina-Wa et le Grand Conseiller ayant accédés au pouvoir dans une affaire de manipulation politique afin de s'emparer du trône, les résistants jugeant le Prince Héritier Lee Yeong - exilé - comme étant le véritable prétendant au trône, qui lui avait été ravis dans des circonstances que je n'aborderai pas ici afin de me concentrer d'avantage sur les implications de la Reine Keto, sujet de cette séance. Il aurait été impertinent de peser le pour et le contre dans une affaire si sérieuse. Pour l'instant l'on se questionnait sur la gravité de la responsabilité de la Reine Keto, la question de la légitimité de la Reine Ina-Wa viendrai ensuite.

Il a donc été confirmé par tous les groupes en présence, et par mes observations en adéquations aux multiples témoignages, qu'Umbara avait bel et bien été à l'origine de la dévastation de la surface, et qu'un blocus était en effet en cours en orbite. Les discussions avec le Grand Conseiller et la Reine Ina-Wa n'ont fait que corroborer la violence des exactions. A partir de ce moment là, il s'est avéré que les forces umbaranes s'étaient livrées à une guerre de pouvoir à la seule justification d'établir une hégémonie umbarane sur Tanaab en se servant de l'instabilité politique préalablement admise. En revanche, cela a soulevée la question de la légitimité au pouvoir de la Reine Ina-Wa et du Grand Conseille Bo-Gum, par conséquent des actions ont déjà été entreprises afin de rétablir la justice sur Tanaab. La question de la responsabilité de la Reine Keto n'est plus à prouver, Umbara s'est bel et bien servi du Prince Héritier afin de motiver une guerre personnelle ayant fait des milliers de victimes tanaabiennes et ayant éveillée une crise sans précédent que la République ne saurait oublier. Jugeant avoir apporté suffisamment de contexte au dossier déjà soumis à chaque sénateur au préalable de cette séance, Evea se tût, laissant un silence pesant s'établir dans la rotonde.

Le mouvement de recul de sa nacelle signifia qu'elle en avait terminé avec ce récit, ne voulant pas se lancer dans des tergiversions qui risqueraient de lasser l'assemblée. Tout ce qu'on lui avait demandé était de faire une résumé de la situation en soulignant bien les actions que le gouvernement avait entreprises pour mettre à jour toute cette affaire. C'était chose faite, à présent les sénateurs allaient pouvoir lire en entier les trente-quatre pages soumises à chacune des instances et délégations, pages qui retraçaient dans l'entièreté la plus complète - pléonasme justifiant le travail irréprochable soumis par Evea - les tenants et aboutissants de la crise. Elle n'y manquait pas de souligner les atrocités perpétrées en y adjoignant des holo-images capturées sur les lieux afin de faire résonner la gravité de la situation, Evea y avait également consigné tous les échanges qu'elle avait eue avec le gouvernement tanaabien mais également les témoignages des résistants qu'elle avait pu rencontrer sur place. Cela confirmait la responsabilité de la Reine Keto et l'urgence de sa destitution, mais soulevait également l'illégitimité de la Reine Ina-Wa et du Grand Conseiller Bo-Gum qui avaient également leurs part de responsabilité notable. La sénatrice Ekway estimait avoir remplie une tâche des plus difficile mais non moins capitale au bien de la justice républicaine.

Le discours de la pantoranne avait laissé la Rotonde en émoi. Les discussions allaient bon train. On lançait des hypothèses d’une nacelle à l’autre, ou des « je l’avais toujours su » qui sonnaient d’autant plus faux que les mots leur venaient comme étant ceux qui étaient adéquats en cet instant précis : la désolidarisation avait lieu, précipitée, comme elle avait eu lieu pour Emalia lorsque le vent avait tourné pour elle lors de la bataille de Dubrillion.

Cette analyse, pourtant, Jonas Kira-Tessin était loin d’avoir l’expérience nécessaire pour la partager. Dressé dans sa nacelle, il ne cessait de jeter des coups d’œil à droite et à gauche. Il avait revêtu pour l’occasion un petit costume trois-pièces dans lequel il suait abondamment depuis qu’il pianotait sur son bloc de données. Il mettait un temps fou à retranscrire, approximativement, les propos donnés par Evea Ekway. Il pianotait son message.





A quelques centaines de mètres de là, dans un luxueux hôtel, Emalia Kira est attablée. Elle mâchonnait un pauvre stylet avec une concentration extrême déchiffrant les propos de son neveu. Une séance à huis-clos ? Elle s’était empressée d’accourir, bien sûr. C’était qu’il se passait quelque chose d’important. Jonas ne pourrait pas se débrouiller seul – pas encore. Alors, ils avaient trouvé ce stratagème qu’utiliseraient certainement aussi un tas de journalistes pour accéder à ce qui se disait dans la Rotonde. Le tout était de ne pas se faire prendre. Or, tant qu’ils ne diffusaient pas cette information, ils ne risquaient pas tellement d’être investigués. Il suffisait donc d’être prudent.

Lorsqu’il eut terminé, demandant quoi faire, Emalia pianota à son tour.

Rédige éléments de langage.
-> Demande parole puis gagne du temps.

Dans la Rotonde, Jonas déglutit en lisant le message de sa tante. Il expira longuement, tout en approchant ses doigts tremblants de la commande de la nacelle. Il ferma les yeux en appuyant comme s’il s’était jeté dans le vide.
Quelques secondes à peine plus tard, la voix du porte-parole retentit.

- Le Sénateur d’Ondéron, Jonas Kira-Tessin, demande la parole !

La nacelle d’Ondéron s’envola pour s’avancer vers le centre, non loin de celle encore mise en lumière d’Evea Ekway, et aussitôt des murmures goguenards emplirent l’immense lieu. Le jeune Jonas s’humectait les lèvres, déglutissant.

- Hum, heu, vous m’entendez ? Un, deux… Ah, oui.

Il y eut quelques rires moqueurs. Quelqu’un lui cria de retourner à sa table d’écolier, mais Jonas fit mine de ne rien entendre.

- Alors, tout d’abord, décréta-t-il d’une voix tremblante, je voudrais… Je voudrais demander une minute de silence, pour toutes les victimes de ce conflit.

Les murmures se tarirent. La demande parut légitime, et on se tut donc. Un grand silence envahit la Rotonde, et les secondes s’égrenèrent.


Dix.


Vingt.


Trente.


Quarante.


Cinquante…


Jonas sentit son bloc de données vibrer dans sa poche, et il resserra imperceptiblement ses doigts sur l’objet avant de le sortir.

- Alors, hum, voilà, soixante secondes, ça fait une minute. Merci pour… Merci pour les victimes, j’espère que nos institutions en feront autant pour honorer leur mémoire. Et maintenant… Si vous voulez bien m’excuser, j’ai pris quelques notes pendant le discours de Madame Ekway…

Le jeune homme posa son bloc de données devant lui.

- Hem, voilà. C’est un évènement terrible qui s’est produit dans la République avec ce conflit. Et nous ne parlons pas seulement de pertes d’êtres vivants et conscients, mais bien aussi de la violation de nos lois et de nos institutions comme rarement nous l’avons vu. Evidemment, Ondéron demande justice au nom du peuple de Tanaab. La recherche et le jugement de Sly Keto et ses complices d’abord, et la sanction d’Umbara ensuite. Une multiplication aussi d’agences indépendantes des Renseignements pour croiser les informations de sources diverses afin qu’elles ne puissent plus être dissimulées au Sénat et au Gouvernement, avec un fonctionnement en aveugle afin qu’elles ne puissent collaborer pour dissimuler des faits de violence ou d’intimidation d’un monde sur l’autre. Mais pas seulement.

La sueur perlait sur les tempes de Jonas, que les projecteurs éclairaient sans ménagement. Il prit une nouvelle inspiration, le souffle court.

- Car une chose est sûre, ce drame remet en question les informations sur lesquelles ont été basées un certain nombre d’affaires plus ou moins récentes. En effet, depuis combien de temps l’Agence Fédérale des Informations était-elle véreuse ? A-t-elle couvert tout un réseau de malfrats légitimés par le gouvernement ?

Cette fois, il y eut dans l’assemblée quelques approbations. La plupart venait des délégations sénatoriales des mondes membres de l’Alliance contre l’Oppression. Jonas y trouva un certain réconfort pour parler avec un peu plus d’aplomb.

- Ai-je besoin de rappeler le procès inéquitable, réalisé avec, très étrangement, la Vice-Chancelière Sly Keto elle-même parmi les jurés, d’Emalia Kira, qui a conduit à une sanction sur toute une planète ? Emalia Kira a été jugée à partir d’éléments provenant de cette agence ! N’ont-ils pas été truqués ? Ondéron demande une révision de ce dossier et de tous les autres qui auraient pu pâtir des abus de cet organe à la solde directe des intérêts individuels d’un membre du gouvernement !

Les propos de Jonas furent accueillis par un tollé. Des cris pour demander justice, d’autres traduisant l’exaspération de ceux qui ne voyaient là qu’une tentative désespérée de Kira de faire réviser son sort.
Jonas essuya son front couvert de sueur avec un petit mouchoir en soie. Sa nacelle s’écarta doucement pour retourner à sa place.

Du haut de sa nacelle, le Sénateur Rackbarr de Mon Calamari ne tenait définitivement plus en place. Il n'en croyait pas ses oreilles, pourtant des crises il en avait connu depuis son accession au Sénat. La dernière en date, la trahison de Ragda Rejliidic, qui avait failli couter la vie de la Ligue des Mondes Périphériques à laquelle il appartenait encore malgré les scandales à répétition et l'incapacité aux membres du parti à se ranger unanimement derrière leur président, le dug Aks Teema.

- Sénateurs, au vu des preuves apportées par notre chère consoeur d'Alderaan, il ne fait aucun doute ... la Vice-Chancelière s'est rendue coupable de trahison. ce mot avait don d'alimenter les réactions au sein de la rotonde, mais Calba Rackbarr n'était pas là pour faire de la figuration. Je tremble encore à l'idée de savoir qu'un membre si haut placé de notre administration ai pu s'adonner à ce genre de barbarie ... hélas l'histoire de la République regorge de nombreux exemples de ce type. Souvenons de l'affaire Deinos où un Sith, était parvenu à se hisser jusqu'à la même fonction que la Reine Keto ... avant d'installer au coeur du Noyau une base sith. le batracien observa l'assemblée avant de continuer son discours. Certes, Sly Keto n'a rien d'une Sith, mais par son acte elle est devenue une ennemie de la République. De fait, je soutiendrai toute initiative visant à la destituer et à la juger devant les tribunaux de la Cour Suprême. Cependant ... il se tourna en direction du Ministre de la Sureté de l'Etat, le pointant violemment du doigt. ... je trouve l'action du Gouvernement face à cette situation plus qu'insuffisante ! Je ne doute pas qu'une telle crise, en pleine période électorale soit embarrassante pour certains acteurs ici présents ... mais pensez-vous sincèrement que le Sénat se contentera de la démission du Directeur chargé des services de renseignements ? Ne vous méprenez pas, j'apprécie le fait qu'une enquête fédérale ai été ouverte, tout comme le fait qu'une réforme des services de renseignements soit en préparation mais cette crise doit être assumée par le seul et unique responsable de ce fiasco ... le Ministre de la Sureté de l'Etat lui-même, pas par des petites mains qu'on envoie se faire décapiter à sa place sur le front. l'intervention de Rackbarr provoqua de vives réactions parmi l'assemblée, certains voyant là l'occasion de faire tomber une tête de plus au sein du Gouvernement, d'autres soutenant le Zygerrien qui jeta des regards d'appel à l'aide au Chancelier de la République.

Sénateur Hong Sam-Nong de Taanab

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Sa situation était précaire. Lui qui d’habitude était si sûr de lui, si imbu de lui-même. A présent il n’en menait pas large. Le Sénateur Taanabien Hong Sam-Nong tordait ses doigts entre eux alors qu’il attendait de savoir ce qu’il allait advenir de lui.

Il avait été obligé de parler…cette histoire de drogue dans les Bas-Fonds et la mort de son neveu avait mêlé son nom des évènements sordides. Il n’aurait pas cru que cela déraperait de la sorte. Lui et son neveu avaient eu les yeux plus gros que le ventre. A présent, il avait perdu son cher héritier d’une étrange manière. Et un vénérable vieil homme était mort…Le père d’un soldat de la République ! C’était le pompon !

Il avait été forcé de livrer à la République et au Sénat un os à ronger…Histoire de détourner leur attention. Mais en ayant servi cette guerre sur un plateau, il risquait gros. Très gros. Il ne restait plus qu’à espérer qu’il saura jouer la parfaite victime de toute cette débâcle. Et que la République le protégera. Voila donc pourquoi il avait la ferme intention de plaider sa cause au Sénat, appelant à la clémence de ses membres.

Il se savait surveillé, impossible de fuir. Quand il apprit que la Sénatrice d’Alderande était revenue vivante, il avait vu ses chances s’amoindrir…Pourquoi avait-il fallut qu’elle revienne vivante cette gourde ? Elle se rendait dans un endroit particulièrement dangereux et il avait fallut qu’elle s’en sorte indemne. Et le pire, elle avait ramené des preuves et des témoins. Pourquoi avait-il la sensation que le destin s’acharnait sur lui ? Rien ne se déroulait comme cela aurait dû.

Il eut un soupire écoutant les propos de chacun. Entre Evea Ewkay, frêle petite fleur bleue qui s’était fait un sacré chemin depuis ses débuts. Et le rejeton Kira qui tâchait de réclamer une révision du procès de sa tante. Le Mon Calamari qui se déchainait contre le Ministre de la Sureté de l’Etat. Comme quoi les priorités de chacun n’allaient pas plus loin que leur nombril. Il ne fera pas exception.

Il demanda la parole.

« Le Sénateur Taanabien, Hong Sam-Nong demande la parole. »

Sa nacelle se détacha pour s’envoler, alors que le Taanabien s’approchait de son micro.

- Honorables confrères du Sénat, je me présente devant vous pour confirmer les propos de la Sénatrice Ewkay. A ma grande honte, j’ai pris part, indirectement à cette horrible mascarade. J’avais même, au nom de Grand Conseiller et de la Reine In-Wa, envoyé un [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] de paix au Sénateur Nyss Detchi d’Umbara ! Il ne peut le nier ! Mais, le Prince Héritier Lee Yeong ne voulait que la guerre ! Le Grand Conseiller lui-même avait supplié le prince de ne pas prendre cette voie, que le peuple en souffrirait. Mais un jeune esprit est aisément corruptible. Par crainte de représailles, j’ai tu toute cette histoire. Je craignais pour ma vie et celle de ma famille. Vous savez tous comment les Umbarans procèdent ! Et le Sénateur Detchi ne fait pas exception ! C’est la peur qui m’avait muré dans le silence ! Mais un sénateur se doit de représenter son peuple. Et les attentes de ceux-ci. J’ai donc décidé de prendre mon courage à deux mains ! Et j’ai décidé de révéler cette trite vérité et l’existence de cette guerre entre mon monde et celui de la Vice-Chancelière. Vous savez tous que Taanab est un monde agricole ! Nous sommes pacifistes, nous n’avons jamais fait entendre parler de nous ! Pouvons-nous en dire autant d’Umbara ?! Je vous assure…mes chers amis…je m’en veux d’avoir manqué de courage. Je ne savais comment agir contre la puissance d’Umbara dont la reine avait été catapultée dans les hautes sphères de la République !

Il n’avait pas hésité à gesticuler de manière théâtrale pour appuyer chacune de ses paroles. Son affliction était plus que visible.

- Mon cœur saigne quand je vois le rapport de la Sénatrice Ekway. Et je la remercie d’avoir eu le courage d’enquêter sur mon monde, en ces temps troublés. Tous ces Taanabiens, morts…par la faute de notre Prince Héritier avide de sang et de guerre et dont l’esprit a été abusé par une vile sorcière et le perfide serpent qui lui sert de Sénateur ! Oui j’ose parler en ces termes peu élogieux, mes amis ! Je vois la douleur du peuple Taanabien…Pandath est une ville magnifique ! Il n’y règne plus que chaos et souffrance ! Notre culture est menacée ! Tout autant que notre identité en tant que Taanabiens !

Quel jeu d’acteur…Sa robe vermillon oscillait à mesure qu’il témoignait de son affliction. Il soupira, et actionna la coupure de son micro, mimant un trop grand désarroi pour continuer à parler. Il s’effondra dans son fauteuil alors que sa nacelle revenait à sa place alors que la Rotonde se déchainait. Certains apportait leur soutien au pauvre sénateur Hong Sam-Nong, d’autres l’accusaient d’avoir étouffé toute cette histoire. Son sort ne lui appartenait plus…

Comment en était-il arrivé là ? Lui qui avait toujours suivi le droit chemin, qui s’était toujours ligué contre la malfaisance pour le bien de son peuple et des siens. S’était-il égaré à ce point ? Quand les soldats républicains avaient débarqué sur la Station Umbaran, exigeant qu’il soit remis sous l’autorité de la République et du Sénat. L’ordre émanait directement du Chancelier Suprême. Personne ne pouvait se soustraire à une telle demande. Même pas la vice-chancelière. Où était-elle ? Elle avait apparemment fui.

L’héritier du trône royal de Taanab avait été emprisonné dans une geôle du Sénat, attendant son jugement. Il avait eu le temps de méditer, de faire le point sur la situation. Il avait été mis au courant des conséquences de ses actes. Et il était dépité…pour en pas dire en détresse émotionnelle totale en son plus for intérieur. Telles étaient les Taanabiens, ne montrant pas ce qu’ils ressentaient en demeurant complètement stoïques. En tant que Prince Héritier, Lee Yeong faisait en sorte de garder toute sa prestance. Assis en tailleur au centre de sa cellule, les yeux fermés, il restait totalement immobile. Perdu dans ses pensées, seul avec sa douleur et sa culpabilité.

Soudain un bruit de porte, le son de talons qui claquent sur le sol. On venait le chercher pour le conduire à sa destinée. Il se releva sans un mot, et quand la grille de sa cellule se désactiva, il suivit les gardes qui étaient venus le chercher. Le chemin lui semblait long alors qu’on le guidait à travers les immenses couloirs en direction de la Rotonde. S’il avait fait preuve de plus de retenue, il aurait pu venir plaider sa cause auprès du Sénat…plutôt que de s’arrêter à la Vice-Chancelière. Mais le Chancelier Suprême l’aurait-il écouté ? Défendu ? Il avait toujours admiré le Neimoidien pour sa prestance et sa facilité d’expression. Mais ce n’était plus en tant que Prince Héritier qu’il allait lui faire face, mais bien en tant que prisonnier.

Une voix retentie alors derrière eux, ils venaient de passer devant un salon, juste avant la prochaine bifurcation pour entrer dans l’arène. Le jeune prince s’était figé, cette voix il l’avait reconnue. Il se retourna, pour faire face à l’ancien Conseiller de Droite, Han Jeon-Su.

- Seosongnim (Maître > dans le sens enseignant) ?

- Peyha !et sous les yeux ébahis de Lee Yeong, venaient d’apparaitre également Li Mei garde royale de feu le roi Taejo, Kim Byung-Yeon, fils du précédent Commandant de la Garde royale, et Kang Mu-Seok, fidèle ami et garde du corps de Lee Yeong. Ils étaient donc tous revenus de Taanab ? Les gardes du Senat voulurent les faire reculer mais leur chef indiqua qu’on pouvait accorder un peu de ce temps au prince.

- Que…que faites-vous ici ? bégaya-t-il les larmes aux yeux.

- Peyha ! (Majesté) s’exclamèrent-ils tous en se prosternant.

- Non…fit-il avec désolation. Ne m’appelez pas ainsi.

-Mais… Vous êtes l’héritier du trône malgré les allégations du Grand Conseiller ! Une partie du peuple vous est fidèle !

- Justement…je ne veux plus que les Taanabiens soient scindés en deux. Taanab doit être unie derrière son roi.

- Vous ne pouvez être deux prétendants au trône !

- Non…en effet. Vous avez raison Conseiller. L’un d’entre nous doit disparaitre. Les regards des Taanabiens fixaient le prince Héritier. Celui du jeune homme était dans le vague, jusqu’à ce qu’il lève les yeux vers l’ancien Conseiller de Droite. Cependant…lequel de nous deux mérite le plus de disparaitre ? Cet enfant est celui qui fut désigné pour devenir roi à sa majorité. Moi…on m’a accusé d’être l’assassin de mon père. Un bâtard à l’esprit malade et coupable de haute trahison.

- Mais c’est faux !

- Pas totalement. Si vous deviez choisir l’un d’entre nous…Et que je vous demandais celui dont cette planète en guerre avait le plus besoin…lequel choisiriez-vous ? Le conseiller était incapable de répondre alors que ses yeux se remplissaient de larmes, comprenant parfaitement ce que Yeong voulait dire. Cet enfant est le dernier espoir de notre royaume. Tous les scélérats qui comptaient l’utiliser pour s’emparer du royaume doivent être évincés. Alors Conseiller, guidez ce futur roi…Afin qu’il devienne celui dont le peuple a besoin. Pour moi il est trop tard. J’appartiens au passé… Seule la voix tremblante de Yeong était audible. Chacun retenait son souffle, estomaqué de la décision du jeune homme. Je m’en remets à vous Conseiller…et aux ministres vertueux qui vous sont loyaux.

- Et si ce jeune prince n’était pas le fils de feu le roi Taejo….

- Cet enfant…le prince…est le fils de mon père…et il est mon frère. Les propos de Yeong ne laissaient aucune place à la discussion. Veuillez considérer que je suis le responsable de toute cette guerre qui aura débuté par la mort de mon père…Et donc le Prince Héritier Lee Yeong n’est plus… j’appartiens à ceux qui ont mis Taanab à feu et à sang pour le pouvoir. C’est ce que je veux voir dans les annales. C’est la dernière chose que je puisse faire pour Taanab en tant que membre de la lignée royale.

Ayant prononcé ces dernières paroles, Yeong fit un signe aux gardes. Il ne voulait pas entendre les suppliques de ses hommes. Il fallait qu’il reste sur cette lancée qu’il avait décidé, pour le bien de Taanab.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Dans la nacelle qui s’élevait, Lee Yeong se tenait droit et fier. Il portait sa robe bleue à dragon, l’emblème de la royauté. C’était sans nul doute la dernière fois qu’il porterait cette tenue en tant que Prince héritier. Il était sous bonne garde…son regarde se leva en direction du Chancelier. On lui donnait la parole. Il n’accorda aucune attention pour le Sénateur Hong Sam-Nong…ce vil serpent qui était à la solde de Yi Bo-Gum et sa clique.

Le jeune homme pris une profonde inspiration, et se redressa alors. Il était peut-être considéré comme un criminel, mais il était fils de roi…héritier du trône…et toute sa vie il avait reçue une éducation stricte dans le but de paraître toujours avec une perfection millimétrée quelque soit la situation. Il ne faillirait pas ici…Mais maintenant.

- Honorables représentants des peuples de la République. Je me tiens aujourd’hui devant vous pour témoigner, et apporter des éclaircissements sur la situation de mon monde. Et je vous avoue immédiatement…que je plaide coupable. Il y eut des murmures dans l’assemblée. On ne s’était pas attendu à cela. Oui…je suis coupable d’avoir comploté contre le gouvernement actuel de Taanab pour revendiquer le trône. Je suis coupable de la souffrance du peuple taanabien à qui je demande humblement pardon. Aveuglé par mon chagrin suite à la mort de mon père, j’ai manqué de discernement. Dans ma volonté devenir chercher la justice je me suis fourvoyé…car c’était la vengeance qui m’animait. J’ai livré Taanab à la guerre…et à la désolation.

Cette fois les murmures s’étaient mués en des esclandres. Certains accusaient le Prince d’être un meurtrier, et d’autres lui sommait de se taire et ne pas aggraver sa situation. Mais il n’y prit pas garde. Il tourna la tête vers le Sénateur de Taanab.

- Sénateur Hong Sam-Nong, je serai curieux de savoir qui vous a ordonné de garder l silence sur ce qu’il se produisait dans notre système. Car assurément, je ne pense pas que ce soit la peur d’Umbara qui vous animait. Mais plutôt la crainte de la colère de la Reine Ina-Wa et celle du Grand Conseiller Yi Bo-Gum. Car si mes crimes sont grands, les leurs n’en sont pas moins amoindris. Cherchant toujours plus de pouvoir, le père et la fille veulent faire du jeune roi une simple marionnette entre leurs griffes. La mort de mon père, le roi Taejo a été préméditée, tout comme le fait de m’en faire prendre la responsabilité. Ils ont décimé ma famille et ce depuis des années ! L’erreur de mon père a été de faire confiance aux mauvaises personnes…et manifestement j’ai suivi ses traces. J’estime que Taanab a assez souffert des querelles au sein de la Cour Royale. Et si je suis prêt à assumer les conséquences de mes actes, et de mes décisions, alors Yi Bo-Gum et la Reine Ina-Wa devraient en faire autant. Et mon jeune frère doit pouvoir compter sur des hommes fiables. Comme le Conseiller Han Jeon-Su qui est venu avec la Sénatrice d’Alderande. Votre Excellence, termina Lee Yeong en s’adressant à Grendo S’orn, je vous en prie…condamnez-moi pour mes crimes…mais ayez pitié de Taanab…


Il venait de déchainer les passions.

Suite à la demande du chancelier suprême qu'Evea "appelle à la barre" les témoins qu'elle avait ramenée de Tanaab, à savoir l'ex-conseiller de droite et Li Mei, la sénatrice fit monter sur sa plateforme les deux natifs, prêt à dénoncer les faits. Ceci-dit, ils furent devancés pas le Prince Lee Yeong qui fit son apparition et tint des propos retentissants de culpabilité, il reconnu d'emblée sa responsabilité et l'assumait pleinement. Une manœuvre surprenante et inattendue qui déclencha toute la véhémence des sénateurs et sénatrices de la rotonde, discutant entre eux ou lançant des exclamations perdues dans le brouhaha initié par le prince héritier qui termina son plaidoyer en demandant d'être condamné, directement au chancelier lui-même. Ce dernier ne pouvait se permettre de prendre la parole directement après, il fallait encore un peu plus de matière, et aussi le temps de revenir au calme. C'est ainsi que la délégation d'Alderaan fut de nouveau ramenée vers le centre de la rotonde, Evea Ekway pris ainsi la parole, de nouveau.

- Chers collègues sénateurs et sénatrices, monsieur l'orateur, monsieur le ministre, monsieur le chancelier suprême, c'est en demandant la plus grande attention de chacun d'entre vous que je me propose d'étayer un peu les multiples allégations qui ne manquent pas d'ébranler cette honorable assemblée, depuis le début de cette séance.

Les propos tenus par le Prince héritier Lee Yeong sont retentissants de responsabilité et sont entièrement dans le vrai, c'est ainsi que pour appuyer cet idéal de vérité que j'ai à mes côtés l'ex-conseiller de droite Han Jeon-Su, révérent conseiller du défunt roi Taejo. Elle le désigna d'un bras qui glissa ensuite vers Li Mei. Et voici Li Mei, ancienne et dernière membre de la Garde Royale du Roi Taejo. Les deux taanabiens s'inclinèrent devant l'assemblée qui retrouvait son calme.

Je vais à présent laisser Han Jeon-Su prendre la parole afin de jeter un rayon de lumière sur l'affaire d'usurpation du trône de Taanab.

Sur ces mots, Evea Ekway recula sur la plateforme de manière à laisser le vénérable s'avancer au micro. En passant, il exprima sa reconnaissance en posant une main sur l'épaule de la pantoranne qui lui adressa un sourire empli de confiance. Han Jeon-Su copia un instant le sourire sur son propre visage et c'est avec cette mine confiante qu'il pris la parole, d'abord observant le prince héritier, puis le reportant sur le chancelier suprême. Et c'était au cours de son discours que son regard embrassa s'assemblée en faisant bien attention de ne pas glisser sur la délégation taanabienne.

- Très honorable représentant des mondes républicains, c'est avec déférence que je me tiens aujourd'hui face à vous, abattus par le dramatisme de la situation. Monsieur le chancelier suprême, vous qui êtes venus à la rescousse de notre peuple, je vous doit, à vous et à tous ceux qui nous écoutent, d'éclaircir les faits. Faits qui ont été depuis trop longtemps étouffés au profits de mensonges en séries et de manigances qui n'ont fait que tourmenter une planète au passé paisible. Un calme et une prospérité que je souhaite retrouver sur Tanaab au plus vite. Il joignit les mains.

Depuis toujours la famille Yi a eu une propension à l'obscurantisme, mais le passif complotiste du Grand Conseiller ainsi que de ses alliés serait bien trop long à énoncer et ne nous concerne plus. Ce que je dénonce à vos oreilles, et je pèse mes mots, est rien de moins que l'assassinat du défunt roi Teajo. Esclandres. Mais le silence revint bien vite.

C'est bel et bien le Grand Conseiller Yi Bo-gum ainsi que sa fille Ina-wa qui ont fait disparaitre leurs filles, el remplaçant par un garçon dans le seul but de prendre possession du trône taanabien par son biais. Ayant découvert la manigance, le prince héritier Lee Yeong en a informé son père, le roi Taejo. Se rendant compte que la situation lui échappait, la famille Yi s'est empressée d'attaquer, avec leurs soldats, la garde royale dans l'enceinte même du palais. Décimant ainsi la totalité de ses effectifs, sauf une, Li Mei, se tenant à mes côtés aujourd'hui. Le roi Tejo a été assassiné durant cette nuit sanglante. C'est seulement grâce à Li Mei que le prince Lee Yeong est parvenu à échapper à la tuerie. Ne voulant pas courber le dos et ignorer de telles violences, j'ai été radié de mon poste et ai entreprit de maintenir la vérité en luttant contre le pouvoir tyrannique et illégitime imposé par le Grand Conseiller Yi Bo-gum. De très nombreux éléments de la rébellion pourrons venir corroborer les allégations que je tiens en ce jour, déjà énoncées et appuyées tantôt par la sénatrice Ekway. Et avec les démarches judiciaires qui ne tarderont pas à être engagées, les langues ne manqueront pas de se délier, même parmi les plus proches alliés de la famille Yi. Croyez-moi.

C'est ainsi, vénérables représentants de la république, que je me propose devant vous de prendre à ma charge l'éducation et le conseil du jeune roi qui a été depuis sa naissance le centre de toutes ces machinations. Je m'engage à m'entourer de personnes à qui la loyauté ne va qu'au trône, et uniquement à Tanaab elle-même. Il marqua une révérence.

Je reconnait à contre-coeur la responsabilité du prince Lee Yeong et je plaide pour que justice soit faite au peuple taanabien, un peuple qui a asse souffert. Honorables représentants des mondes républicains, je vous remercie de m'avoir prêté attention et m'en remet à présent à votre jugement. Je souhaiterai également laisser la parole à Li Mei qui pourra apporter des éléments utiles à votre conception de la vérité à présent dévoilée. Il se retira avec déférence, laissant ainsi la taanabienne devant le micro.

- Je me nomme Li Mei, fille de Li Wong, fils de Li Chen, du clan Li de la province de l’Ouest. J’étais… Elle hésita un instant. Je suis officier de la Garde Royale de Sa Majesté le Roi Taejo, Dragon Céleste et souverain de Taanab. Honorable assemblée. Je n’ai certes pas votre expérience, ni vos connaissances ni même la prétention de penser le contraire. La jeune femme paraissait mal à l’aise, comme si le fait de s’exprimer ainsi devant une telle assemblée la terrifiait. Ironique pour celle qui avait bravé la mort de si nombreuses fois dans les derniers mois. Elle se retourna un moment vers le Conseiller Han, ce dernier lui offrant un sourire d’encouragement.

J’ai en revanche une grande connaissance et un respect immuable dans les traditions et les valeurs les plus fondamentales de notre peuple. L’honneur, l’intégrité, la loyauté, le courage et l’honnêteté. Sous ma garde, Sa Majesté à été assassinée, et le Prince Héritier forcé de fuir notre monde.

La jeune femme laissa son regard croiser celui du Prince quelques instants. Elle eut un signe et un garde qui les accompagnait présenta à l'assemblée un sabre magnifique. Une arme sertie, richement décorée. Un artefact à la valeur inestimable.

Ce sabre m’a été remis par le Commandant Kim, Commandant de la Garde Royale de Sa Majesté le Roi Taejo, juste avant qu’il ne trépasse aux côtés du Roi. Je n'ai aucun droit de posséder une telle arme. Elle est passée de Commandant de la Garde à Commandant de la Garde, et c'est l’un des artefacts du Dragon, offert au Commandant par le roi lui-même. Puisse cette lame être preuve de vérité. La jeune femme inspira à nouveau, rassemblant ses idées et son courage.

Je ne mentionnerais pas la situation sur mon monde, l’honorable Conseiller Han s’est déjà exprimé à ce sujet. Non. Je désire vous parler du Prince Héritier et devant vous, humblement plaider sa cause. Il y eut quelques exclamations, des murmures. La jeune femme ne se laissa toutefois pas intimider.

Vous allez pointer immédiatement ma loyauté au Trône, qu’il est normal que je défende le Prince car tel est mon devoir. Non. Mon devoir est au Trône du Dragon Céleste, qui qu’il soit. Aujourd’hui, je vais vous parler en tant que Mei. Jeune femme de la province de l’ouest. Notre monde est une société patriarcale, où il est difficile pour une femme de se faire une place. Je suis rentré dans l’armée à ma majorité. C’est extrêmement rare d'y croiser des femmes. Alors la Garde Royale ? Non, j’ai eu ma chance grâce au Prince. Il possède malgré son jeune âge une grande sagesse. Il voit la personne, non pas l’apparence. J’ai côtoyé Sa Majesté le Prince au Palais pendant plusieurs mois. Il est quelqu’un de bon, de bienveillant. Il ne parlait que de projets qu’il souhaitait entreprendre pour le bien du peuple. Il participait à toutes les séances de doléance et s’assurait que, même si la période était écoulée, tous et toutes recevraient une oreille attentive à leurs demandes. Je ne peux imaginer un seul instant le Prince coupable des horreurs dont veut l’accabler le Sénateur Hong Sam-Nong. Mei marqua une pause.

Je crois en la mauvaise fortune. La mauvaise fortune qui s'est acharnée contre notre monde et contre la Famille Royale à cause de l’avarice et de la soif de pouvoir du Grand Conseiller. Selon certains rapports que des cellules de la rébellion ont réussi à obtenir, le Prince à été secouru par la flotte umbaranne alors que des vaisseaux taanabiens, sous l’ordre du Grand Conseiller tentait de détruire le yacht du Prince. Puis, plus tard, cette même flotte a alors attaqué notre monde. Pendant les semaines qui ont suivi, pas un seul émissaire n’est venu à notre rencontre, pas une seule transmission ne nous est parvenue. Ces étrangers ne faisaient pas de distinction entre les loyalistes et les rebelles. La capitale à été presque rasée sous les bombes. Les champs brûlés, des villages entiers détruits. Je doute que le Prince était responsable de tout cela.. Il est impossible qu’un homme bienveillant comme lui n'ait pu autoriser de son plein gré tant de souffrance et de destruction à ce peuple auquel il tient tant.

La jeune femme vit alors que le temps de parole qui lui était attribué arrivait à son terme. Il ne lui restait que quelques instants. Elle devait choisir les prochains mots avec justesse. Elle espérait qu’ils soient assez percutant pour avoir une chance de soutenir la cause du Prince.

Votre excellence, elle s’adressa directement à Grendo, Sénatrices, sénateurs. je me permets, en toute humilité et à contrecœur de souligner que la Vice Chancelière vous a tous abusés, trompés, et pour certains peut-être, manipulés. Si cette femme est arrivée à ses fins avec des personnes de votre expérience et de votre sagesse, ne pensez-vous pas qu’il eût été des plus aisé pour elle de manipuler un jeune Prince idéaliste, soucieux du bien être de son peuple et… pardonnez moi Votre Majesté, la jeune femme s’inclina profondément vers Lee Yeong, naif. Je vous remercie de m’avoir accordé la parole. La jeune femme retourna alors s’asseoir, les jambes tremblantes aux côtés du Conseiller Han. Ce dernier adressa un sourire à la jeune femme, presque paternel.

- Tu as finement joué sur la fin Mei. Complimenta-t'il.

- En toute franchise Conseiller, je préfère affronter à nouveau l’armée du Grand Conseiller que de retourner à ce parloir. Plaisanta-t'elle.

Il pouffa de rire, posant sa main sur l’épaule de Li Mei.

Il était à présent presque certains que le sénat avait une image quelque peu précise des faits. Cela permettrait ainsi un jugement des plus parcimonieux. Evea Ekway avait bien jouée son rôle, et reprenant sa place devant les micros de sa plateforme, elle indiqua d'un signe de tête qu'elle avait terminée, ses deux témoins ayant pris la parole avec grande éloquence à la demande du chancelier. Tout en reculant, son regard glissa sur la lame de l'épée tenue par le garde sénatorial, ses yeux croisant ceux de son reflets, un regard reflétant un certain soulagement.

D’aucuns se souviendraient longtemps de cette séance exceptionnelle du Sénat. Les crises diplomatiques étaient monnaie courante dans la Rotonde, et lorsque les affaires d’une planète en particulier débordaient jusqu’ici, les sénateurs se repaissaient d’un repas croustillants : étalage de scandales, de discours larmoyants ou vindicatifs… Il était dans la nature des êtres pensants, faut-il croire, de trouver à ces crises une fascination toute satisfaisante. Mais aujourd’hui était visiblement un cas tout particulier : on n’avait encore jamais vu un aristocrate venir plaider coupable d’avoir provoqué le naufrage de sa propre planète – pour la sauver. L’acte paraissait si admirable à certains, et si absurde à d’autres, qu’on avait eu peine à se calmer pour écouter proprement l’honorable Han Jeon-Su et la jeune Li Mei.
Mais bientôt, le récit précis captiva les foules, en particulier le destin de la gardienne. Dès que leurs voix s’éteignirent, la Rotonde fut quelques instants plongée dans le silence. Puis les discussions reprirent. En baissant les yeux sur sa tablette, Jonas voyait de nombreux échanges écrits s’échanger entre le canal privé réservé aux membres du parti de l’Alliance contre l’Oppression, mais il n’arrivait pas tellement à se concentrer. A la place, il se demanda ce que devaient penser les sénateurs et leurs délégations du Prince Yeong. Le verraient-ils comme un naïf imbécile, ou comme un héros au destin tragique ? Il se tordit le cou pour essayer d’apercevoir la nacelle de Cadezia, comme pour y trouver une réponse, mais à ce moment une autre nacelle lui boucha la vue. C’était la plateforme de Vena qui s’élevait. En son centre, une sénatrice à la splendide tenue rouge sang qui contrastait avec sa peau très pâle se tenait droite, le cou tendu soutenant une coiffe toute aussi carmine et impressionnante.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Ashiira Kalexkernini, sénatrice de Vena,
Monde membre de l'Alliance contre l'Oppression

Lorsque sa voix s’éleva, elle confirma à la fois sa proximité avec l’humanité et sa distance : le timbre en était aigu, déformé par des siècles d’isolationnisme. Mais son accent restait compréhensible, travaillé pour être entendu dans un espace comme celui-ci.

- M’ga ! s’exclama-t-elle en faisant claquer sa langue lorsqu’on lui eut donné la parole – sur Vena, c’était une manière d’exprimer une émotion forte. C’est une histoire particulièrement tragique que nous venons d’entendre. La sagesse voudrait que l’on se questionne sur les origines d’un tel drame d’une part, et d’autre part sur les garde-fous qui permettront que ni Taanab, ni d’autres mondes ne réempruntent ces tortueux chemins de la manigance et de la violence. En effet, qui sait si, même avec vos propositions, vénérable Han Jeon-Su, les anciens partisans de vos ennemis ne saboteront pas ce nouveau destin que vous voulez forger à travers ce jeune roi ?

Bien évidemment, les autres membres de l’Alliance contre l’Oppression se hâtèrent de faire entendre leur approbation.

- Mais la République veut aider, m’ga ! Il s’agit de continuer à apporter protection et bienveillance dans notre coin de l’Espace. L’Alliance contre l’Oppression suggère de débloquer une aide financière et sécuritaire pour s’assurer que Taanab surmontera bien cette crise. Le gouvernement pourrait aider à financer la reconstruction des secteurs touchés par la guerre et envoyer une garnison pour protéger ce nouveau roi en devenir. Cela, bien sûr, indépendamment de la sanction infligée au Prince Yeong ; ne tombons pas dans les travers de l’ancienne Vice-Chancelière qui, pour punir des individus, condamnait des planètes entières, dont la population n’avait souvent rien à voir avec les agissements de leurs souverains, m’ga ! Il faut aider Taanab, non la désavouer !

Il était difficile de ne pas y voir une allusion à Ondéron. Même Jonas capta le message, et il se hâta d’écrire à sa Majesté la Reine Kira, pour lui informer du subtil mouvement engagé par la Sénatrice Kalexkernini. Dans la Rotonde, cette dernière s’inclina profondément, pour signifier que son tour de parole était révolu.