Zerath Ular'Iim
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Nar Shaddaa - 2h37 (heure locale)

La foule débarque du grand transporteur en cette heure tardive. Fournie, hétéroclite, disparate, on y voit toute espèce, toute forme et stature. Ici, c’est un Wookie à la jambe de fer. Là c’est un Zeltron borgne qui dévisage d’un air mauvais autour de lui. Encore là, une famille d’amphibiens, drapés sous des manteaux, qui se faufilent dans cette populace étrange et peu amène - écume marginale venue de toute la galaxie pour s’échouer aux rivages où aucune loi jamais ne posera pied: Nar Shaddaa! Paradis de crime, fantasme de liberté, haute église de la piraterie. Les docks du spatioport accueillent sur leurs jetées de bien étranges visions; on voit de chaque navire débarquer une singulière histoire, qui s’affiche et tour à tour se dissimule. C’est le milieu de la nuit, il est bien deux heures du matin passées, et surprenamment l’affluence ne s’est pas arrêtée. Des regards inquisiteurs trahissent les habitués. Véritables carnassiers, ils cherchent à la vulnérabilité, lorgnent la faiblesse; à qui l’on peut importuner, sur quelque motif que ce soit. Et au bout de la jetée, l’entrée à la ville est gardée derrière une grande arche. Là, le flot se concentre, se condense - s’étouffe. Un goulet d’étranglement tenu par huit Gamoréens en armure de corps - sorte de tabliers blindés de plaques blindées - et vibro-haches. On y contrôle l’affluence: un Ishi Tib et un droïde bipède interrogent les arrivants sous l’éclairage de grands spots artificiels puis leur ouvrent le passage vers Nar Shaddaa.

/- Que devrions-nous faire maîtresse Lorra?/” s’enquiert une forme humaine, sous une épaisse étoffe. Elle doit avoisiner le mètre soixante-quinze.

- Passer comme tout le monde.” répond laconiquement une voix profonde à son côté. La maîtresse en question est une seconde forme humanoïde, mais qui domine de presque un mètre la petite forme. Elle porte un chapeau à bords larges, un manteau rapiécé aux extrémités. L’oeil avisé y remarquerait qu’en réalité, ce manteau est fait de plusieurs coutures: comme si on avait assemblé plusieurs vêtements ensemble pour réussir à vêtir la personne de stature anormale pour l’industrie textile. Le chapeau, sur une autre tête, serait ridicule tant il est large. Lui aussi est épuisé, sans doute a-t-il passé par de nombreuses aventures et propriétaires avant de finir entre les mains de cette Lorra. Sous le cache-poussière, on distingue ce qui peut-être est une robe, par pragmatique décision vestimentaire à n’en pas douter. Il est un miracle qu’elle ait trouvé des gants à sa taille. Ces derniers, tissés dans un cuir délavé qui oscille entre le marron et un gris épuisé s’étirent laborieusement jusqu’à ses avant-bras, où des manches bouffantes noires prennent le relais. Dans son dos on devine une lourde bosse - certainement un sac à dos qu’elle porte avec discernement sous ses vêtements. Il serait mal avisé de faciliter le travail des pickpockets après tout...

La foule s’écoule naturellement vers l’embouchure promise. À mesure qu’approche l’arche, la puanteur se fait plus forte: la route galactique a été longue, les transporteurs communs n’ont pas de douches - pour certains même le concept n’est appliqué qu’une fois par mois, voire par année. Deux rangs devant, Lorra aperçoit un loup bipède gratter avec insistance sa tête infestée de puces. Le mouvement ralentit. Au niveau de l’arche, quelques cinq mètres devant, revoici notre famille d’amphibiens! Le mâle observe avec angoisse de ses grands yeux, alors que l’Ishi Tib et le droïde, inspectant leurs documents, s’entretiennent en murmures. La femelle tient leurs petits - une portée de six, qui semblent des versions miniature de leurs parents. Sous leurs manteaux, on distingue leurs queues écailleuses qui battent l’air de gauche et de droite. L’automate - un modèle assemblé de pièces hétéroclites, probablement une combinaison de plusieurs machines rapiécées ensemble - gesticule dans la direction de la famille. Deux des gamoréens tombent sur le mâle et l’électrocutent! La mère gémit de terreur, les enfants se cachent les yeux! Les armes électriques frappent à son tour la mère, qui convulse, tombe au sol, la bave aux lèvres. Les petits sont tétanisés.
Deux rangs plus loin, le loup bipède gratte toujours ses puces. Le Wookie défait les noeuds de son pelage et rajuste sa fausse jambe. On attend son tour, insensible.
Les porcins se saisissent des petits, qui gémissent en sons aigus de leurs bouches encore édentées, les emmènent au loin. Les corps des deux parents, eux, sont expulsés dans la foule impassible qui les avale, victimes silencieuses de l’apathie généralisée.

/- Maîtresse Lorra, pourquoi ont-ils pris les petits?/

- Pour servir d’esclave ou d’animal de compagnie luxueux. Silence à présent; c’est notre tour!

Le duo s’avance vers les bourreaux de la nuit. Lorra tend de sa main gantée une carte magnétique d’authentification. Le droïde s’en empare et la scanne, tandis que son compagnon Ishi Tib les dévisage de ses deux yeux surélevés. Il abaisse son regard, sous la jupe de la géante...Puis lève un regard scandalisé! Il tonne en pointant les pieds de la personnage:

- Hey! Droida must wamma extra!

Lorra lève le bord de son chapeau. Ses yeux croisent ceux de l’Ishi Tib qui se raidit - comme un Blurrg face à un landspeeder. Sans un mot de plus, elle dépose une centaine de crédits dans la main mécanique du droïde, d’où elle récupère avec assurance son holo-ID. Et dans le silence le plus total, on lui ouvre la voie, dans laquelle son petit serviteur s’empresse de la rejoindre.

/- Maîtresse Lorra, qu’a dit cet alien tout à l’heure?/” réclame la petite forme tandis qu’ils laissent définitivement derrière eux l’arche.

- Je ne sais pas, je ne parle pas le huttesse.

L’autre mime la surprise. Lorra s’arrête. Les rues se découpent à présent en ruelles larges, où les landspeeders affluent en trafic chaotique. Un alien grassouillet sur un siège rétropropulsé indique à qui la priorité...Mais il est probable que les piétons n’obtiennent jamais vraiment gain de cause. La conduite est à ces lieux ce que la liberté d’expression est à l’Empire; une farce à laquelle on ne doit pas croire trop longtemps si l’on veut rester vivant. Lorra avise, puis décide de changer de route. Son compagnon peine à suivre ses grandes enjambées. Il trotte d’une démarche régulière derrière elle.

/- Pourquoi nous ont-ils laissé passer alors?/

- Parce qu’il est une langue que les Hutts parlent couramment; celle des crédits. À présent, trouvons une cantina, aussi mal fréquentée que possible.

/- Pour y chercher des informations maîtresse?/

Elle l’arrête en posant son gant sur son torse. Son index désigne une enseigne de néons fluorescents: Le Night Parade Club. À côté du nom de l’établissement, une silhouette Twi’lek est découpée en néons. C’est une boîte de nuit. Compte tenu de l’heure la fête doit y battre son plein...

- Pour en donner.
Maxence Darkan
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Le temps était magnifique, absolument sublime. Dans les parties supérieures de la ville-lune, mais pas trop supérieures non plus, juste histoire de trouver les meilleures malfrats, on pouvait voir le ciel verdâtre, comme une crème moisie, délicatement déposer sur un chocolat froid et d'où apparaissait quelques rayons, passant hasardeusement au travers des couches les moins épaisses de nuage. Il était toujours dur de déterminer s'il faisait jour ou nuit ici, tout était ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la densité de personnes restait constamment la même et les voyageurs se faisaient si nombreux qu'il était dur de mettre tout le monde en accord sur les horaires. Quand vous aviez la chance de vous trouver à ciel ouverte et pas sous l'un des nombreux tunnels piétons, les néons des différentes enseignes crachaient leurs lumières flashy pour former cette espèce d'arc en ciel délavé qui avait souvent tendance à laisser les épileptiques s'écrouler au milieu de la foule.

Une motojet à l'allure plus qu'agressive traversait les rues, juste au-dessus des piétons, dépassant largement la vitesse autorisée, filante comme une étoile, elle s'arrêta en dérapant, avant de lentement redescendre sur le sol. Sa propriétaire stoppa le moteur, mettant pieds à terre, elle balaya son regard parmi les têtes bien trop habituées à ce genre de show pour faire attention. Posant une cigarette aux bords de ses lèvres, elle avança vers le bar, juste en fasse de sa place de parking. Un endroit un peu miteux, perdu parmi les autres bars, sans grande attention du public, on y trouvait principalement des habitués si ce n'était carrément des piliers de bar venu discuter potin avec le propriétaire, comme chaque jour.

La porte s'ouvrit, des visages se tournèrent vers la silhouette -passablement- féminine qui, à son tour les considéra. Le lieu repris son activité et l'intrue marcha lentement, mais sûrement en direction d'une table où se trouver quatre hommes qui, aux vues de leur allure, avaient dû en voir dans leur vie. Elle attrapa l'un des verres pour se servir directement, attirant inévitablement l'attention. Des cartes de Sabbac sur la table, des paris d'amis, un cendrier qui ne demandait qu'à être vidé, elle attendait nonchalamment une réaction.

-Max, je pensais pas t'revoir de si tôt.

-Davo... tu pensais, ou t'espérais ? Elle posa une main sur la table pour se pencher à sa hauteur. Nan, parce que tu vois, j't'ai fait confiance sur une chose, seulement une. J't'ai acheté tes putains d'tuyaux hydrauliques plein pot pour me retrouver avec une merde sans nom qui s'est pété en trois atterrissages. T'expliques ça comment ?

-J't'en prie, ça doit être un mal entendu. Ses compères s’enfoncèrent dans leur siège de façon bien trop menaçante pour la blondinette. J'peux t'les réparer en deux-deux, mais bon, y' a de l'expertise à faire, au minimum, pour m'assurer que c'est bien la marchandise qui déconne et pas... le reste.

-Tu sous-entends qu'j'suis pas capable de m'occuper de mon putain d'vaisseau moi-même ?

-J'dis juste qu'il n'y a jamais d'mauvaises marchandises, seulement des mauvaises manip'.

-Espèce de petite m...

-Hé, hé, tout doux ma grande. Fit-il en reculant sa chaise pour montrer sa main sur la crosse de son blaster. J'suis sûr qu'on peut régler ça d'manière civilisé, comme des grandes personnes. Si ça t'convient pas, tu devrais aller faire un tour dans d'autres bars, pour voir si t'y trouves des mécanos bénévoles.

Elle soupira en laissant échapper un rictus nerveux. Lentement, elle posa sa cigarette sur le bord du cendrier et, aussitôt fait, elle attrapa la tête d'un des hommes pour l'éclater contre la table tout en enfonçant son talon dans le torse de l'entubeur pour le renverser. Alors que les deux autres venaient de se lever, prêt à dégainer, Maxence se rua sur eux. Sa main saisit le poignet d'un homme, ignorant le direct dans le nez qu'elle venait de se prendre, elle lui tordit le bras dans la longueur pour le faire tomber, tout en tournant sur elle-même, évitant un tir qui explosa le verre d'un client tétanisé. Prenant appuie sur l'épaule de sa proie à genoux, elle sauta sur l'homme armé, renversant la table en même temps, ils roulèrent l'un sur l'autre. Des coups s'échangèrent, terminant au-dessus, elle enfonça son index et son majeur dans le creux de sa clavicule, paralysant la partie supérieure de son corps avant de lui chopper le front et étaler l'arrière de son crâne contre le sol.

-Ma clope !

S'exclama-t-elle en sautant dessus, attrapant le cendrier renversé par la même occasion pour le lancer sur Davo qui venait de se relever. Elle se redressa, prit une latte, dégaina son blaster pour tirer dans l'entre jambe de l'homme au bras tordu qui venait de regretter son envie de tirer le premier. Trois assommés... du moins, l'un d'eux était plus en train de se tenir les restes fumants de sa pauvre verge, un debout, se tenant l'arcade sanguinolente, son pistolet sur le sol, il se croyait déjà mort. Maxence s'essuya son nez sanglant en s'approchant. Sa main mécanique lui saisit le col.

-La prochaine fois, je serais pas aussi clémente avec toi et ta p'tite bande de salopes.

Elle le poussa avant de faire demi tour, sa cigarette à moitié consumée. Abandonnant un bar traumatisé dont la moitié des clients s'était déjà enfuie. En regardant son bracelet, elle avait reçu un message vocal de la part d'Abraham.

-Hé, Max, j'ai p't'être un truc qui pourrait autant t'intéresser que t'mettre en rogne, j't'envoie une adresse, rejoins-moi là-bas dès que possible.
Zerath Ular'Iim
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Après avoir passé deux humanoïdes porcins qui se décomposent face à sa taille de géante, Lorra entre dans l'enseigne. Le plafond est presque trop bas pour elle; elle se courbe vers l'avant et maintient d'une main son chapeau en place. Au delà on plonge dans un couloir exigu de ténèbres humides. Totales? Pas exactement. Une brume bleuâtre s'accumule dans l'air, tourbillonne, virevolte, s'écrase contre les murs et le plafond - cage trop étroite pour l'oiseau éthéré qui peine à déployer ses ailes de nuage. C'est l'humidité de l'air ambiant qui, chargée de chaleurs corporelles, a gagné en température. Faute de lumière un humain n'y verrait rien, mais il y sentirait une ombre tiède et poisseuse. Quelques dix mètres plus loin on ne distingue qu'une unique ouverture rectangulaire, gardée par des faisceaux de lumière qui se mêlent comme les courants d'une cascade, ruissellent dans l'encadrement, éclaboussant les murs de leurs teintes bleues, vertes, violettes. Sans même une inspiration, Lorra plonge et crève l'intangible rideau de fluorescence. De l'autre côté du miroir, c'est une scène toute à la fois envoûtante et surprenante. Le bar, qui forme un long rectangle, est surplombé par des supports suspendus d'où descendent en serpentant des tuyaux translucides remplis de liquides luminescents, rouges, bleus, jaunes, blancs. Au bout, les bouteilles sont pendues à l'envers, étranges mamelles de boisson.

Autour, en constellations éclatées, les clients forment des îlots, certains debout, d'autres assis près du bar - spatioport où atterrissent les nouveaux venus autant que les déçus. Les jeunes, tout sourire, flirtent, s'échangent leurs verres, dansent corps serrés. Ici, on voit de toutes les espèces, qui se mélangent dans la nuit avec la même envie dans le regard.
Il flotte une forte odeur, à la fois des arômes artificiels et de bâtons de la mort, saveurs qui s'assemblent en nuage comme vivant et se mêlent au parfum de l'euphorie, étrange nuage. Comme un monstre lubrique, il pose ses mains lubriques sur chaque corps, s'écarte comme vexé quand les danses deviennent trop brusques, retombe en manteau lourd sur les beaux parleurs et pirates assis. Son origine joyeuse ? Deux gros aliens à bec de perroquet au fond à gauche qui tirent sur une longue tige qui jaillit d'un droïde translucide dans le ventre duquel un liquide gargouille et rote à gros bouillon.

Sur l'aile gauche, acculé au mur sur un îlot de lumières oranges, celui qui donne le tempo de tout le lent carnaval: un petit être trapu en veston blanc à la tête de batracien et aux yeux noirs. Sa voix de ténor chante un jizz en 5/8. Toute la foule comme d'une commune conscience s'élève et s'abaisse aux pulsations des instruments, balance la tête aux vagues que dégage l'organe chaud de l'être aux épaules larges de boxer. Certains, endiablés par le swing de la mélodie, se déchaînent face à l'interprète - comme pour lui rendre l'énergie de sa voix par leurs mouvements.

Lorra pour passer la porte s'est baissée comme lorsqu'on pénètre dans la cabane d'un enfant. Elle se redresse. Sa stature magnétise quelques secondes la curiosité, puis chacun et chacune revient à son affaire du soir.

"- Et ils appellent ça une fête." murmure-t-elle pour elle-même.

Elle s'avance lentement vers le bar, tire une chaise, s'asseoit. Un humain en chemise et bretelles éponge la longue table. Éclairé par tous les breuvages suspendus au-dessus de lui, son visage se découpe en mosaïque de teintes.

"- J'vous sers quoi?" beugle-t-il pour qu'on l'entende au dessus de la musique.

Lorra pointe au-dessus d'elle une bouteille vert fluo. Le barman attrape un verre et l'élève juste sous le contenant pendu tête en bas. Par quelque diaphragme caché et curieux, la bouteille commence à déverser son précieux nectar. Une plaquette de crédits plus tard, la grande s'empare de sa consommation, qui exhude une brume chimique qui descend en vague continue le long de son gant. Elle joue avec, fait tourner le liquide dans son contenant - minuscule dans ses mains, s'adosse pour observer la foule depuis l'ombre de son chapeau.
La boîte de nuit a une entrée basse, mais les plafonds sont à bien neuf mètres. Sur le fond, un escalier amène à un balcon qui surplombe toute la fête. Il y a un étage. On y distingue deux formes qui ne dansent pas. Leur langage corporel est calme. Lorra se lève et longe le bar, les yeux rivés sur le binôme qu'elle peine à pleinement distinguer. Dans la fausse nuit et les lumières artificielles en incessante métamorphose, les détails lointains lui échappent. Un jeune Twi'lek, veston de cuir et coupes à la main, se dirige vers son amie du soir. Lorra passe sur sa route, fend sa trajectoire comme un brise-glace la banquise. Surpris, il laisse échapper une coupe pétillante qui achève sa course en éclats de cristal sur le dancefloor.

"- Hey! Hey toi! Mon lait d'Ezkab! Hey c'est à toi que je parle!"

Lorra s'arrête, maintenant assez proche pour mieux observer. Les deux formes du balcon sont en train de...Discuter. L'une est humaine - ou du moins une de ces multiples variantes colorées dont le nom comme les nuances échappe à la grande en manteau. Une femme, vêtue avec le pragmatisme de la contrebande: pantalon de cuir bouilli rapiécé et doublé aux genous, veston à multiples poches...Blaster, aussi. Sa coiffure est sommaire face aux élaborations déployées au rez-de-chaussée, dans cette ode au paraître. La seconde forme est un homme à la peau bien plus sombre et aux cheveux crépus. Plus chic, il arbore une tenue rose sur laquelle pétillent des motifs dorés. On devine en dessous une chemise bouffante. Sur ses épaules, une cape dont la couleur est - dans cette lumière - impossible à identifier mais qui..

"- JE TE PARLE."

Lorra porte son regard sur le Twi'lek, qu'elle domine d'un torse entier. Sous le chapeau son visage est enveloppé de bandages, retenus sur le côté droit par des séries d'agrafes parallèles. L'étrange col descend au-delà du menton, enveloppant comme une étrange collerette là où se trouverait le cou avant de disparaître dans le col des vêtements. Mais deux fentes ont été ménagées pour les yeux: deux prunelles apathiques aux iris dorés, scélérats sombres et pupilles longiformes, fentes noires enflées par l'obscurité. Autour, des paupières écailleuses trahissent l'ascendance de Lorra; elle tient du reptile, sans doute un prédateur monstrueux, dont les proportions se sont adoucies au fil des générations, sans que sa cruauté se fut aucunement diluée dans ses progénitures.
Il est un instinct que tout être ressent devant pareille vision; un héritage des ancêtres pour qui cette pulsion incontrôlable de terreur a été synonyme de survie. La civilisation, où les forêts et jungles de prédateurs ont été remplacées par des tours gigantesques et des voies de speeders, a longuement éteint ce besoin, mais jamais ne l'a totalement éliminé. La hiérarchie de la proie et du prédateur, une seconde fugace, ressort à la surface. Notre jeune Twi'lek palit. Le choix devient celui de la survie: fuir ou combattre. Mais la société a une composante supplémentaire face à la cruelle loi animale: le rejet social. Le visage du jeune se tord en grimace, il crache par-terre puis se détourne. Le regard de Lorra s'encre de noirceur. En une enjambée elle le rattrape. Sa main gantée l'empoigne à l'arrière de son veston de cuir et le soulève aussi simplement que si elle cueillait une fleur des plaines de Kaadara. Elle l'amène à sa hauteur. Les pieds du Twi'lek tétanisé pendant dans l'air, soulevé un mètre au-dessus du sol.

"- Ne m'insulte pas si tu veux quitter cet endroit vivant, petit être."

Elle le repose au sol puis dépose son verre - fumant et plein - en équilibre sur la tête du jeune tétanisé. Derrière, sa partenaire du soir est paralysée d'angoisse tout autant que lui suite à son faux pas dont les conséquences pourraient s'avérer terrible. Insensible à la détresse du jeune qui s'est senti par l'alcool pousser des ailes, Lorra procède à quelques essais pour équilibrer le contenant sur le crâne sans cheveux. Elle finit par le lâcher avec douceur, puis siffle:

"- Ta nouvelle boisson. Apporte la à ta table comme je te l'ai donnée; renverses-en une goutte et je te tuerai."

Le condamné reste figé sur place.

"- En marche, ne fais pas attendre ta partenaire." intime cruellement Lorra.

Livide et décontenancé, l'autre se met en marche, lentement, précautionneusement. Quelques rires gras relèvent l'humiliation atypique, mais la géante observe la pauvre âme qui clopine piteusement à sa table. Lorra reporte son attention au balcon. Les deux sont toujours là, mais à présent leurs regards sont sur elle. À son côté, son compagnon de taille normale s'approche.

"- Maîtresse Lorra, j'ai repéré les lumières. Dois-je les désactiver ?"

Le zèle de celui-ci est admirable.

"- Non. Suis-moi."

Sans une hésitation elle avance et gravit les escaliers, lentement. Elle guette de l'ombre de sa coiffe les réactions du binôme. L'homme a un mouvement de recul, la femme campe ses positions, accueille d'un sourire arrogant l'arrivée de la géante.

"- C'est rare les chasseuses de primes dans votre genre. D'autres auraient commencé une bagarre pour un crachat."

"- Les cadavres sont mauvais pour les affaires. La vue du sang tend à rendre le dialogue plus...Difficile. "

L'homme tourne à ses doigts des grosses bagues dorées, nerveusement.

"- Vous voyez pas qu'on est occupés ? On est déjà en discussion et je ne vous connais pas."

"- Je me déplace pour les Djiilo."

Une seconde, l'air se tend comme un orage prêt à éclater. L'homme se raidit, la femme au contraire tend imperceptiblement ses muscles, contrôle sa respiration.

"- Ce blaster ne sera pas nécessaire." commente-t-elle en posant ses yeux acérés sur la femme, dont la main s'est arrêtée à sa hanche. Son sourire s'est évaporé pour une moue menaçante.

"- Vous n'êtes pas d'ici et encore moins Djiilo."

"- Ai-je prétendu aucune de ces deux choses ?"

La femme ne répond rien. L'homme, lui, continue à tripoter nerveusement ses bagues. Je me déplace pour les Djiilo, s'il ne s'agit pas de les représenter, n'a qu'une interprétation possible: je viens pour les Djiilo. Une affirmation terrible, qui ne se fait pas à la légère.

"- V-vous pensez vraiment qu'on vous aiderait...? Je veux pas d'une guerre de cartels dans mon établissement ! "

"- Bien au contraire: je viens leur garantir une paix, s'ils sont prêts à payer le prix. Vos cargaisons arriveront toujours pour être stockées à l'arrière-boutique. Vous pourrez toujours revendre votre matériel dérobé ici sans regard pour le nom ou la traçabilité, sous la bannière Djiilo..."

Le binôme échange un regard.

"- Et si on refuse?"

Lorra les observe, tour à tour. Le gérant continue à tripoter ses bagues. Sa poitrine se soulève et s'affaisse rapidement; il est terriblement nerveux, proche de l'hyperventilation. La femme est sur le qui-vive, prête à bondir. Lorra sourit.

"- Réfléchissez bien."

Elle se détourne et disparaît dans la foule, baignée des lumières multicolores.

Il faut plusieurs minutes pour que le binôme curieux retrouve l'éclairage artificiel de Hutt town et ses rues encrassées.

"- Maîtresse Lorra, que faisons-nous maintenant?"

"- Nous attendons. Les Djiilo devraient venir bien assez tôt."

Et pour cause. Si Lorra a vu juste, la bague du gérant n'était pas un simple bibelot. Elle est certaine d'y avoir vu un petit bouton. C'est une affaire évidente. Il s'entretenait avec une pirate à une heure tardive. Un traffic se déduisait logiquement entre les deux partis, dont le club ne serait qu'une façade. Mais aucun traffic n'est jamais inaperçu dans une banlieue de crime. Et cette ville étant aux mains Djiilo, ce club est donc sous leur logique "protection". C'est pour cette raison qu'il fallait à Lorra un lieu aussi mal fréquenté que possible, car c'était la garantie de tomber sur de la contrebande sans même avoir à chercher. Et qui dit contrebande, dit Hutt.
Un brin de menace, un brin de rhétorique, cela amènera certainement face à elle des émissaires. Et alors, les négociations pourront commencer.
Maxence Darkan
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Son doigt s'enfonça dans la sonnerie de l'appartement alors qu'elle remarquait enfin le sang qui décorait ses phalanges. Elle l'essuya rapidement en entendant les quelques pas s'approcher de l'entrée. La masse s'arrêta pour regarder par l'œil de la porte avant de la déverrouiller, découvrant un Abraham, blaster dans le dos, présentant l'entrée à la blondinette. Il n'avait pas l'air hyper détendu, comparé à sa cheffe qui se baladait désormais dans l'appartement qu'elle considérait de pièce en pièce. Ce n'était pas le sien. Abraham n'était pas du genre à avoir des posters de boysband de Twi'lek, chemise ouverte, pectoraux saillant. Elle s'arrêta dans la cuisine, ouvrant le frigo pour en sortir une bière bon marché, de la pisse de vache, comme on l'appelait dans les bistrots, mais qui, pour le coup, lui convenait parfaitement. L'homme posa son arme sur la table pour ramener un datapad qu'il tendit à la blondinette avant de pointer sa tête mal arrangée.

-Bagarre ou baise ?

-Pour moi, ça fait l'même effet. C'est quoi ça ?

-Lis. Elle se pencha pour commencer à lire. C'était y' a à peine une demie-heure. Personne ne répond à l'appelle, elle est toujours là et le gérant est en train d'se chier dessus. J'ai peur qu'il fasse une connerie, c'est pas trop l'moment d'créer des tensions.

-Créer des tensions. Tu t'fous d'ma gueule ? J'vais lui expliquer deux-trois trucs à cette pétasse. Putain, j'ai vraiment l'impression d'être la seule personne censée dans cette galaxie à la con. T'as ton fusil ? Il hocha la tête. Alors prends-le, j'finis ma bière, je pisse un coup et on s'occupe de ça.

-T'as ton armure ?

-Pas l'temps, elle est dans mon vaisseau, j'en aurais pas besoin.

Vraiment dommage, elle ne pourrait pas utiliser son petit bijou pour l'instant. Pour autant, elle avait la classe dans la rue, elle et sa pommette violette suivie d'Abraham, fusil dans le dos. Ils s'approchèrent de l'établissement, bousculant les gens suffisamment fous pour se mettre sur leur chemin, l'air déterminé, ils ne firent même pas attention aux plaignards qui se retournaient pour les insulter dans toutes les langues imaginables.

À une petite cinquantaine de mètres de l'établissement, une femme les arrêta. Elle leva les mains en voyant la paume baladeuse de la blondinette sur la crosse de son blaster. Il s'agissait de l'une des lanceuses d'alerte, celle-là même qui se trouvait avec le gérant. Elle les attendait depuis un petit bout de temps maintenant. Elle leur fit signe de s'écarter de la masse pour discuter au calme... du moins, ce qui s'approchait le plus du calme sur cette Lune mouvementée.

-Maxence, c'est ça ? J'ai entendu parlé d'toi. J'ai tout de suite pensé à Abraham quand elle est arrivée.

-Parce que ?

-Parce que... Elle échangea un regard discret avec l'homme et les deux détournèrent les yeux en rougissant presque trop pour paraître vrai. Il... est... très efficace en tant qu'informateur et... je...

-Pitié, épargnez-moi ça, vous pourrez vous pécho après. Elle est où, la débile qui fout l'bordel ? J'ai d'autres trucs à faire, genre... me branler et regarder des vidéos d'handicapés pour rigoler, donc on fait ça rapidement. Abraham, sur mes talons.

Elle tourna lesdits talons pour se diriger une bonne fois pour toute vers sa cible. Une fois devant l'enseigne, impossible de la rater, avec la taille d'immeuble qu'elle se tapait la bougre. Maxence s'arrêta à cinq bons mètres de la figure qui l'avait d'ores et déjà remarquée. Entre les passants, elles se considéraient l'une l'autre sans un mot, dans le brouhaha, dans la foule. Le bras de la blondinette, à peine visible, tellement le mouvement fut rapide et fluide, dégaina son arme pour tirer dans les airs. La populace se sépara, pas vraiment de mouvement de panique, trop d'habitude pour ça, non, à la place, ils s'écartèrent en silence pour regarder la blondinette qui venait de faire feu et la géante qui n'avait pas bougé d'un poil.

Maxence laissa les secondes s'écouler, elle la scrutait. Putain d'impudente. Si ça ne tenait qu'à elle, la mercenaire aurait déjà commencé le combat pour terminer là où elles avaient commencé : nulle part. Évidemment, les temps étaient durs et il fallait jouer un minimum la carte de la négocia...

-Écoute moi bien peti... grande salope, je sais pas c'que tu penses, mais franchement, arrête de réfléchir, visiblement, ça t'réussit pas. Elle rangea son arme en prenant un air hautain pour lui expliquer : Alors toi, l'AGPU explose, Jaliac meurt, l'espace Kossakii est bouffé par un Empire qui compte pas s'arrêter là, Jogga cherche à réunir les Cartels et la première chose que tu trouves à faire, c'est venir nous emmerder dans un putain d'établissement Djiilo sur Nar Shaddaa. Franchement, faut revoir ses priorités.

Elle se demandait réellement ce qui pouvait animer cette idiote à venir les emmerder ici et maintenant. La blondinette avait ses mains sur ses hanches, mais c'était imperceptible, elle était déjà prête à dégainer une nouvelle fois à la vitesse de l'éclaire pour descendre son opposante.

-Alors j'te file trois options, soit tu t'en vas sans rien dire et on s'arrête là, soit tu m'dis un truc suffisamment intéressant pour t'éviter d'te retrouver avec un trou entre les deux yeux, soit tu m'dis un truc vraiment pas intéressant et j'traîne ton putain d'cadavre dans la boue sur trois kilomètres en demandant aux passant d'te cracher dessus. C'est toi qui vois.

Abraham arma bruyamment son blaster et Maxence, sans détourner le regard, tourna légèrement la tête dans sa direction.

-Nan, ça, par contre, c'était hyper cliché.

-Ah ouais, tu trouves ? Je sais pas, j'trouvais qu'ça rajouter un peu d'dramatique à la tension.
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Lorra, immobile, dévisage la jeune humaine en approche. Elle a un hématome visible qui enfle sa pommette droite mais pourtant ces traits...Cheveux comme les blés mûrs négligés en touffes désordonnées et rebelles...Peau constellée de tâches de rousseurs, yeux clairs...Blouson de cuir sur les épaules, blasters à chaque cuisse. Console de commande à l'avant-bras droit. Quelques minutes elles s'observent mutuellement, Lorra est dans un immobilisme si absolu qu'on croirait qu'il s'agit d'une statue. La fille, elle, est suivie d'un second humain - un mâle cette fois et armé d'un fusil blaster qui plus est. La main de la fille tremble à peine; en un battement de cils son bras est en l'air soudain armé d'un blaster. Le tir subite fait l'effet d'une bombe. Les passants fuient comme une nuée de blattes exposée à la lumière, grouillent dans toutes les directions en une marée fébrile, se heurtent paniqués entre eux, se précipitent à la première porte venue pour y trouver refuge. Cette vague se brise et éclate en écumes sur Lorra, roc noir gigantesque sur lesquels les flots de la panique crèvent et retombent, impuissants. Sous les bords de son chapeau, elle observe en silence, calmement. Ceux qui font des démonstrations de force du genre suivent souvent le geste d'un discours - car le tir n'a pour vocation que d'attirer sur eux l'attention qu'ils ne peuvent captiver par l'éloquence.

Et sans faillir, la tirade suit. Drapée dans son manteau rapiécé - assemblage curieux, improbable, comme si un chirurgien fou avait agrafé ensemble plusieurs épidermes dans une fièvre chimérique - elle s'interroge un instant. Ce tempérament grossier, insultant et hautain...Se pourrait-il...? Ce serait un coup du sort...Serait-ce seulement possible? Que cette petite humaine, survenue ainsi que Lorra l'avait prévu pour relever son défi à peine dissimulé aux Djiilo soit celle que Lorra recherche? Elle plisse les yeux, satisfaite, puis lève quatre des six doigts de sa gigantesque main. Sa voix profonde jaillit de son corps, vibrante comme un tambour d'outre-tombe.

"- Quatre: je vous emmène avec la nuit et la galaxie ne revoit jamais vos visages. Peut-être que je tuerai celui-ci (sa main désigne l'homme derrière la jeune femme) avant le voyage et éparpillerai son corps dans la ville? En preuve de ma bonne volonté, je vous délivre cet avertissement - et ce sera le seul.
Je suis ici pour affaires; et vous êtes je pense celle que je cherche. Vous parlez fort à propos d'Ossus; le groupe...
(elle hésite) l'organisation pour laquelle je travaille souhaiterait vous enfermer au nom de certaines de vos...Transgressions. Cependant je pense que vous avez bien plus grande valeur sous le soleil qu'en cellule."

L'autre répond sans se faire prier.

"-Mais ferme ta gueule. T'as sniffé quel genre de solvant ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre qu'on veuille m'enfermer, tu seras une femme morte avant même de toucher à un cheveux du beau gosse derrière moi. Nan mais franchement, tu t'rends pas compte que tu passes pour la débile du groupe, là ? Tu pouvais pas juste m'envoyer un message, comme tout l'monde ? (Un soupir amusé lui échappe.) Allez, c'est bon tire-toi, j'suis sûre que tu pourras t'faire un nom bien plus facilement, mais va falloir travailler tes entrées, c'est pas un film ma grande."

Lorra sourit, mais son masque ne laisse pas transparaître son humeur, si ce n'est la plissure aux coins de ses paupières. Il s'agit bien de la bonne personne, pas de doute. Il est amusant de voir les petits humains si suffisants. Comme ils se pavanent, saouls de leur propre pouvoir, imbus d'un sentiment d'invincibilité - une brume qui masque leur lucidité. Car l'oeil avisé aurait noté que Lorra, en seulement deux de ses immenses pas, peut avaler la distance qui la sépare de la fille. L'oeil expert aura remarqué que ses mains sont si grandes qu'une tête entière tiendrait aisément au creux de ses paumes. Et le regard le plus fin ou curieux aura noté sous sa robe l'absence de bottes - là où devraient être des pieds se trouvent des serres mécaniques. L'être sensé aurait déjà fui, répondant à ses instincts primaires. Mais Lorra n'est pas venue dans ce trou à Hutts pour les êtres de bon sens.
Sa forme se découpe dans la rue à présent déserte, prise entre l'éclairage violacé du Night Parade Club et un holo bleu vif au loin qui accentue les angles de sa silhouette anormale et allonge son ombre. Elle doit choisir ses prochains mots: elle a promis que si la jeune l'insultait encore, elle la tuerait. Ce serait fâcheux et contre productif mais Lorra n'a qu'une parole et elle n'aime pas se répéter. À côté, son petit suivant engoncé sous sa gauche observe l'échange, observant tour à tour sa maîtresse et les deux arrivants.

"- Je sais ce que ça fait d'être dépassée. De désespérément lutter pour empêcher ce qu'on a bâti de s'effondrer comme un château de cartes. De se battre pour à tout prix repousser l'inéluctable à l'horizon - mais d'échouer, malgré tout. Ça encre les veines de noir, liquéfie les membres. Ça tient éveillé jusqu'au lever du jour et tourmente d'une seule question: 'aurais-je pu l'empêcher? '.

Tu le sens aussi: ce monde est assis sur une bombe - et Ossus en a raccourci la mèche considérablement. Tes petits jouets blasters, tes fléchettes lancées à la fierté t'aident contre la petite vermine et les rats qui manquent d'assurance, mais pour ce qui approche cela ne te sera d'aucun secours. Tu sais que le moindre faux pas...Et tout explose.

C'est pour ça que tu es ici; qu'au milieu de la nuit tu t'es déplacée à travers la crasse jusqu'à venir devant moi, dont tu ignorais tout il n'y pas même deux heures. Tu aurais pu laisser cette affaire à tes petites frappes, qui rouleraient comme toi des mécaniques...Et pourtant.Tu sais que la mauvaise personne au mauvais endroit pourrait souffler ton petit château de cartes. Te crois-tu maintenant puissante car je ne te déclare pas de guerre?
Quand tout s'effondrera ici, qui te protégera? Lui, et son petit fusil? Ta prothèse peut-être ? Accepte ou refuse, je quitterai cette planète dans tous les cas pour accomplir ma tâche.

Mais lorsque j'en aurai fini, ceux qui m'auront aidé auront une assurance; la seule ressource qu'on ne peut acheter est le temps, combien en perdrais-tu derrière des barreaux? Ne crache pas sur la main qui t'offre la liberté car c'est une denrée plus rare que le beskar.

Tu sais comme moi qu'il est important de choisir ses ennemis avec prudence, mais plus encore de bien choisir ses amis. Alors...choisis. Ce n'est, après tout, rien de plus que du business.
"
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Max ne pigeait absolument rien à ce que baragouinait la personne en face. Elle était complètement éclatée visiblement.

-Oh, mince, nan, putain, les gars... fit-elle en collant ses paumes contre ses joues, prise d'un soudain élan dramatique, elle a carrément raison ! Vite, tous dans le monorail de la vérité, droit vers les quais d'la magie, on ira sniffer d'la colle et fumer des joins en attendant l'prochain arrêt ! Puis elle dégaina finalement son arme en retirant le cran de sûreté, droit vers l'intruse. Nan. T'as beau embellir une tirade qu'on pourrait résumer en une phrase, ça fait pas d'toi quelqu'un d'exceptionnel. Oui, Maxence connaissait la définition du mot tirade. Si t'es là pour me menacer, ou pour faire un marché, dit le clairement. Sinon j'te tue.

-Avec ce jouet ? Il faudra un bien plus gros calibre. Je l'ai déjà dit: je suis ici pour affaires - avec toi. Je ne suis pas ici pour te menacer; tu es libre d'accepter ou de refuser mon contrat, je ne suis pas Sith à imposer de faux marchés. Si tu acceptes de collaborer avec moi, ce sera de ton plein gré ou il n'y aura pas de collaboration.

C'était un affront de considérer une mercenaire de l'envergure de Maxence de la sorte. Elle avait de la chance, de trouver autant de patience venant d'un esprit aussi instable. Cependant, la Djiilo, usant de toute son empathie, ignora le handicape mental de son interlocutrice. Peut-être qu'après tout, son marché valait le coup.

-Je crois qu'tu sous-estimes un peu ma capacité à t'ajouter des trous du cul, mais on va ignorer ça et considérer qu't'es aussi conne que t'en as l'air. Alors j'v...

L'immense figure venait d'ores et déjà de se ruer sur Maxence. Le bruit de ses articulations de métal frappèrent ses oreilles. Durant ce court laps de temps, elle put froncer les sourcils avant de sourire à pleines dents. Idiote. Elle appuya à de multiple reprise sur la gâchette alors que la masse ne s'arrêtait pas. Les lasers de ses armes s'écrasèrent sur un bouclier, encore et encore, elle n'allait pas à le surcharger. Attendant jusque la dernière seconde, la mercenaire se résigna à bondir sur le côté, se rattrapant sur ses paumes, exécutant une roue parfaite. À l'instant où elle se redressa, son sourire disparut. Abraham venait de se faire chopper. La grande intruse venait de lui saisir son fusil.

Sans attendre, son regard se détourna sur la figure qui suivait la femme depuis le début. Son canon se détourna sur son genou, tirant sans hésiter, l'acolyte tomba, sans même lâcher un cri. Maxence fondit sur elle, sautant au dernier moment pour lui envoyer son pied dans la figure, glissant autour d'elle pour bloquer son cou dans son creux poplité. L'acolyte avait presque la tête contre le sol. Maxence tenait sa gorge entre sa cuisse et son mollet, son genou au sol, elle venait de dégainer son deuxième blaster. Un contre la tempe de son otage, un autre en direction de son adversaire. Étrangement, ce qu'elle était en train de menacer directement de son arme ne réagit pas du tout. Pas de gémissement, de chouinement, de mouvement ou même de saute de respiration pour exprimer une quelconque suffocation.

De l'autre côté, l'intruse venait d'attraper le crâne d'Abraham et menace de lui écraser entre ses mains gantées. Plus bas, au niveau du sol, les griffes de ses pieds se dessinaient plus clairement, le mouvement avait légèrement changé l'arrangement de ses vêtements, tout était plus clair. Cette personne était presque une chose. Le reste des badauds étaient absolument conquis par le spectacle qui se dessinait devant eux.

-Je sais pas pourquoi tout l'monde à un ego aussi fragile dans cette galaxie, mais franchement, vous vous mettez dans des situations pitoyables. J'ai presque envie d'me rendre pour éviter d'te voir pleurer. Si tu tue ce type, tu meurs avec lui... et ton pote aussi... ensuite, j'me ferai aussi un plaisir de retrouver toute ta putain d'famille pour en faire de la bouillie. J'te jure que je trouverai le temps libre pour faire ça.

Alors que la femme éclatait de rire, Maxence ajustait sa mire pour l'avoir dans l'oeil.

-Oh non, les miens te tueraient comme une mouche agaçante. Ne t'y trompes pas, ce n'est pas de la fierté: je tiens simplement parole. Je t'ai dit qu'il n'y aurait qu'un avertissement. Tue mon compagnon, j'en ferai un autre comme lui dans la semaine. Abraham gémissait sous la pression des doigts de sa preneuse d'otage. Combien d'années pour que tu en retrouves un comme lui ? Si, bien sûr, tu t'échappes... Il se mit à grimacer en essayant réduire la pression en vain. Si fragile. Comme une pastèque trop mûre.

-Max, c'est quand tu veux.

-Tenir ce genre de parole, c'est juste un moyen détourner d'assumer son ego d'enfant, t'es vraiment sûre de pas être une Sith ? Elle soupira. Les concours de teub, j'vous jure... le trucs, tu vois, c'est que je suis pas en train d'te balancer ça au pif. Tu vas rien reconstruire, je traînerai ton putain d'cadavre dans les rues. Ton bouclier est encore capable d'encaisser combien d'coups avant d'lâcher ? Deux ? Trois ? Six ? Tu l'tueras peut-être, mais entre-nous, la grande gagnante si tu l'fais, ce sera moi.

Elle tordit le bras d'Abraham qui se mit à lâcher un grognement de douleur. Il n'en était pas capable, sinon il criait, mais il souhaitait par dessus tout que Maxence laisse tomber ses armes, juste pour discuter calmement et profiter de corps comme il l'aimait : sans douleur.

-Loin s'en faut. Ne pas tenir parole est la marque de l'enfant infiable et sans caractère qui sur un caprice change d'avis. (Ses yeux observent le quartier) La nuit se raccourcit et il est temps de se décider. Choisis tes prochains mots soigneusement, 'gagnante'.

-Mais je sais même pas c'que tu m'veux, t'as juste pété une durite plus vite que moi et t'es prête à mourir pour tenir des paroles d'adolescente contrariée. Fais-le, t'es morte. C'est tout.

-Tu devrais choisir tes mots plus prudemment et écouter plus attentivement alors.

Les yeux de Maxence s'assombrir, elle avait le doigt sur la gâchette, prête à tirer. En face, plus un mot, sa poigne se resserrait, elle allait écraser la tête de son ami entre ses putains de mains. La mercenaire n'allait pas le laisser mourir. Elle calculait déjà le nombre de balles, le temps qu'elle prendrait à les tirer pour surcharger son bouclier et l'abattre sur place. Le timing semblait bien trop serré. Sous sa jambe, elle sentit un très léger mouvement de tête venant de ce qui était en fait un droïde.

-Maîtresse Lorra, et la disparition du major Atraïde ?

-Silence.

Le regard de la lieutenante s'adoucit subitement. Les deux étaient en train de bluffer comme des dégénérées. Elle baissa son arme la première, son menton pointa ce qui n'était pas son opposante, tout compte fait.

-Lâche. Admit-elle simplement. Atraïde. Le médecin ? Étonnant qu'elle se soit souvenue du nom. C'est pour ça, ton putain d'intérêt pour ma prothèse ? J'suis désolée pour toi ma grande, mais si Balian a disparu, j'ai rien à voir là-dedans. J'lui dois mon bras.

-Je... j'crois qu'elle est assez clair nan ? Articula difficilement Abraham, toujours sous pression. Y' a moyen de... desserrer les doigts ? Juste un peu ?

Peut-être que commencer directement par ça aurait été un choix plus judicieux venant de maîtresse Lorra.
Zerath Ular'Iim
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Par-delà la surface, loin au-dessus des nuages on ne perçoit de Nar Shaddaa que sa teinte. Suspendue par un sortilège en plein océan d'étoiles, sombre émeraude dont la rotation est si lente, si monumentale qu'elle en est imperceptible - comme pétrifiée, cerclée d'une sphère de déchets, d'ordures, nuée grise incessante - cohorte de moucherons innombrables qui suivent sans jamais l'attaquer l'immense et immobile animal. Qu'y verrait de son hublot le voyageur arrivant pour la première fois? Au-dessus des cimes, la misère est invisible. Pas de guerre, pas de crime, pas de meurtre. Et si un dieu veillant sur le monde se penchait de sa crête nébuleuse, apercevrait-il ses créations, des plus grandes aux plus modestes? Serait-il heureux des accomplissements de ses petites créations, ou outré de leurs traces sur sa création? Peut-être froncerait-il les sourcils, troublé de trouver là où il avait semé des forêts désormais de longues grilles électriques et des sols bétonnés? Comme un jardinier qui trouve sur son rosier des pucerons, il trouverait là où autrefois était l'orbite vierge des nuages entiers de déchets. Administrerait-il de sa main céleste le divin châtiment? Ou n'y verrait-il là qu'un évènement anodin et passager, comme la terre se craquelle par les chaleurs rigoureuses? Cet artisan là aurait-il seulement conscience de toutes les tragédies et tous les bonheurs minuscules qui s'accomplissent chaque seconde sur cette lune insignifiante?

Dans la rue, le temps s'était suspendu. Les secondes, à l'ankylose, s'étiraient comme pour tenter d'immobiliser l'univers entier dans un tableau d'éternité. D'un côté, cette humaine familière, visage familier du quartier, une blonde aux grands yeux expressifs. Elle n'avait rien d'amène, et elle peignait dans son attitude grossière - d'aucun auraient dit honnête à l'excès - un portrait somme toute exhaustif des mondes Hutts. Prompte à la violence comme aux amours, chez qui le langage moderne s'exprimait autant par insultes que par ironie, elle exprimait sans détour ses pulsions. Les mots comme les actes étaient l'expression directe de ses instincts et désirs, fussent-ils sombres, fussent-ils généreux. Cette attitude, ce je-n'ai-rien-à-cacher s'exprimait chez cette humaine dans son attitude autant que dans son physique et son vestimentaire; on portait ouvertement son attirail de guerre car il n'y aurait eu personne pour questionner un instant l'aptitude de cette représentante des Djiilo à semer la mort en leur nom - n'en avait-elle après tout pas l'autorité ? Sur son visage aux traits pourtant encore fins et très jeunes elle portait les conséquences d'un tel tempérament: un hématome enflé, qui serait sans doute douloureux quelques jours. Et la Huttese, fidèle à son image - à son essence - était à califourchon sur un pauvre hère immobile et muet, face contre terre. Un blaster sur sa tempe, un autre pointé face à elle, elle avait pris un otage pour protéger son confrère.

Ce dernier était entre des mains qui par leur taille comme leur composition étaient à ce monde intimement étrangères. Sa tête reposait au creux d'un gant aux proportions gigantesques: les six doigts étaient si longs qu'ils en englobaient sa caboche entière dans leur écrin de cuir. Les cheveux bruns de l'homme émergeaient en touffes entre les longs doigts, qui rampaient comme une mâchoire monstrueuse jusqu'à ses tempes de chaque côté du crâne. Le mercenaire était pâle: les doigts exerçaient une pression douloureuse sur sa tête, à en faire blanchir sa peau. Et au-dessus de lui, dans son dos, la grande figure de Lorra, penchée comme une énorme chauve-souris. Une main était sur le crâne de l'homme, l'autre lui avait saisit son fusil blaster vivement, lui interdisant toute riposte. Les passants et badauds survenus après les premiers tirs, lorgnant depuis les vitres crasseuses comme des rats terrés au fond de leur trou observaient la scène improbable avec fascination. Il fallait être courageuse pour oser s'en prendre aux puissants lieutenants Hutts, folle pour le faire seule, démente pour le faire à mains nues. Pour une personne sensée, c'était une condamnation à mort. Mais la grande figure pouvait-elle réellement être une personne? Les yeux de l'humaine étaient emplis de ténèbres; son corps s'était tout entier contracté, comme se préparant à tirer et simultanément bondir dans un déplacement félin. Mais la grande figure, elle, ne trahissait aucune préparation pour un quelconque mouvement. Le seul indice qui indiqua qu'elle était vivante étaient les grimaces et les respirations toujours plus laborieuses de son otage, alors que la pression des griffes ne cessait d'augmenter. Et sous son chapeau, les yeux de vipères observaient sans empathie - simple reflet du prédateur attendant que ne bouge la proie.
Une affreuse curiosité tenait immobiles ici tous les spectateurs. Le crâne de l'homme allait-il réellement exploser? Sur chaque visage, on lisait une sympathie profonde pour sa condition. Certains avaient pâli à leur tour, d'autres imitaient inconsciemment tout ou partie de ses expressions, se projetant sur sa douleur. On observait la figure de cauchemar à l'expression indéchiffrable, on tentait de déceler une trace d'espoir chez la jeune fille en face - sans succès. Et de tous les témoins, aucun n'agissait - enchaîné par une peur sourde. L'homme allait mourir, cela semblait certain. La tête broyée entre les mains d'une alien venue d'une nébuleuse inconnue et violente? Cela semblait fin horrible, réduit à l'impuissance et la douleur graduelle, le visage tourné vers son amie qui ne pourrait rien faire d'autre qu'espérer le venger. Mais la question la plus horrible était certainement: et après ? Que se passerait-il, une fois chaque otage mort?

"- Maîtresse Lorra, et la disparition du major Atraïde?" interrogea calmement l'otage, sous le genou de la jeune femme.

"- Silence." gronda la voix lourde de l'interpellée.

Mais étonnamment, ces mots innocents suffirent à dénouer l'indénouable tension qui avait tenue toute la scène. Les secondes reprirent leur course régulière alors que la mercenaire, la première, baissait ses armes en signe de paix. La monstruosité, à son tour, lâcha la tête de l'homme. Ce dernier tomba à genoux, se massant les tempes, fébrile. Lorra, elle, observait Max, souriante sous ses bandages. Elle rit, singulièrement amusée.

"- Béni soit ce satané médecin et son tempérament altruiste."



***



"- / Bonjour, je suis IM-20, droïde expérimental républicain. Êtes-vous mon maître?/"

Zerath observa le droïde - son droïde, puis le cybernéticien. Pour des raisons de sécurité, il était nécessaire de formater la mémoire des appareils régulièrement. Ceci venait de plusieurs précautions. La première était de limiter l'émergence de réactions anormales, causées par une saturation des mémoires cognitives. La seconde, plus pragmatique, était de limiter les informations détenues par l'appareil, s'il tombait aux mains d'un adversaire. Communément, on formatait les droïdes en leur laissant le souvenir de leur propriétaire. Cependant, Zerath avait explicitement réclamé que soit effacée de la mémoire du robot son appartenance réelle.

"- Je suis ta maîtresse, mon nom est Lorra." dit-il.

"/- Enchanté maîtresse Lorra./" répéta docilement le droïde.

"- Un long voyage nous attend, IM-20. Mais d'abord: ta tâche sera de m'aider sur la disparition du major Atraïde et du président Théophilius. À cette fin, il m'est nécessaire d'obtenir les services d'une certaine personne... Il est fort probable que l'échange tourne à la violence - ce sera nécessaire même pour que puisse s'instaurer une forme de respect. Il est probable que tu finisses captif."

"/- Mes modules actuels ne me permettent pas de mener des affrontements maîtresse Lorra./"

"- Tout juste. Si tu es pris en otage, il sera inutile de lutter. Lorsque j'arrêterai de parler, compte un délai, puis demande moi ce qu'il en sera de l'enquête. Ne mentionne qu'un seul des deux noms que nous cherchons."

"/- Entendu maîtresse. Quelle durée dois-je attendre avant de parler?"

Zerath songea. Il faudrait certainement un délai assez étendu pour que cela semble naturel et non une réplique pré conçue. Mais si le temps était trop long alors IM serait probablement détruit avant d'avoir le temps de la dire.

"- Dix sept secondes." répondit-il avec assurance.


Le centre de maintenance cybernétique était un de ces nombreux bâtiments formant le complexe militaire de Coruscant. Bien entendu, la ville comportait plusieurs centaines de casernes différentes. Zerath avait jeté son dévolu sur une qui était volontairement excentrée afin de ne pas attirer l'attention de ses confrères. Les ordres médicaux étaient clairs: repos pour un mois. Fort de la mort de Vost'yr, un travail titanesque administratif s'annonçait déjà. Fort de ces besoins, il avait été ordonné au bon Commander de ne lancer aucune opération d'envergure, pour faciliter sa transition au poste.

Une façon, Zerath soupçonnait, de limiter également ses mouvements. Il n'avait aucun doute quant à la qualité de ses collègues dans l'état-major, mais il savait également qu'ambition souvent rimait avec jalousie maladive. Or il était certain que le Kaleesh avait toutes les faveurs du Chancelier et devenait peu à peu une figure connue de l'armée mais aussi du public. Son tempérament avait à tous les égards dicté les conséquences d'Ossus; ses façons belliqueuses seules étaient responsables de ce duel contre l'amiral Antarxarxès - dont les holo-vidéos tourneraient dans le rang pour encore de nombreuses années. Il devenait peu à peu un symbole - mais s'il inspirait le respect aux hommes et commandait la crainte des ennemis, que serait-il au citoyen pacifique ?

Alors qu'ils arrivaient devant la porte principale permettant de quitter le centre, Zerath aperçut une figure droite en uniforme. Elle se retourna à son arrivée, le port altier et les mains jointes dans le dos. Son visage était aplati, long, et se prolongeait en un cou qui n'avait rien à envier au genre des squamates; on distinguait de chaque côté de ce cou tombant des plis de peau refermés, fentes curieuses, comme des lèvres supplémentaires. Au milieu de ce qui faisait lieu de visage, on ne trouvait pas de nez - tout juste une peau aplatie. Le crane rectangulaire accouchait des deux yeux en protubérance singulière de chaque côté - des prunelles sombres et humides, pacifistes et calmes. La peau était nue et d'un rose tirant vers l'ocre marronâtre. C'était une ithorienne. Plus exactement, il s'agissait de Onaw Madron, cheffe de l'état-major républicain.

Elle débuta de son usuel ton compassé, alors qu'une voix de polyphonies discordantes s'élevait dans le couloir. Les plis de son cou étaient bel et bien des bouches supplémentaires, dont des sons à des timbres différents s'élevaient de sa bouche principale; trois voix parlaient en synchronie exacte, mais en décalage singulier de ton et de texture.

"- Je sais ce que vous comptez faire, amiral. Vos ordres sont pourtant de ne pas participer à une nouvelle opération."

"- Savamment joué! salua Zerath. Je suis surpris que vous ayez pu me retrouver si rapidement."

"- C'est la rançon de la gloire mon bon amiral! Mais peut-être pouvez vous m'expliquer la fausse identité que vous avez demandé à nos services du renseignement?"

Zerath observa la cheffe de l'état-major. Les renseignements produisaient des documents de la sorte de façon cloisonnée pour éviter les fuites accidentelles. En outre, des milliers d'agents avaient besoin de couverture chaque jour. Pour qu'elle ait conscience de la nature de la demande de Zerath il n'y avait pas beaucoup d'options. Elle devait le faire suivre.

"- Cela sera utile à mes desseins prochains." répondit-il énigmatiquement.

"- Vos desseins qui impliquent de ré-interroger les témoins de l'enlèvement du président Théophilius et de votre cher major?"

"- Comparer les dépositions successives permet parfois de faire surgir des éléments qu'une seule interrogation n'aurait jamais décelés."

Les yeux de Onaw semblèrent se peiner - encore que l'absence de sourcil rendit cette évaluation hasardeuse au mieux. Zerath, qui observait la chaleur de sa supérieur, ne parvint pas à décider nettement de son émotion. L'atypique visage était encore un mystère, même à son regard qui perçait sous les chairs.

"- Vous pourriez laisser ce travail aux équipes d'enquêtes compétentes, amiral. Nos hommes ont besoin plus que jamais d'être formés - ne voudriez vous pas partager votre science stratégique aux plus jeunes de nos officiers?"

"- Le temps viendra pour l'enseignement - mais il est pour l'heure à la traque. Vous parlez d'équipe d'enquêtes et fort à propos; le commissaire Mear m'a confié les données récoltées dans le cadre de cette enquête. Il se peut qu'un autre regard puisse amener des conclusions surprenantes."

"- Par la Force amiral, vous envisagez sérieusement une reconversion? Les ravisseurs du président Théophilius ont-ils du soucis à se faire?"

"- Dérober mes hommes et ceux sous leur protection est une déclaration de guerre à mon égard. Ils apprendront à craindre le prélat de la Lune."




***



Ainsi elle connaissait Balian - mieux, ce dernier lui avait posé sa prothèse. Sous le chapeau, Zerath souriait tant cela était un coup du sort. Ce médecin et sa tendance à soigner la galaxie entière sans distinction...! Même maintenant qu'il était volatilisé les dieux seuls savaient où, il continuait à aider les desseins de Zerath malgré lui! Les dieux souriaient à son entreprise, c'était évident.

"- Je piste ceux responsables de sa disparition. Qu'ils soient châtiés pour leur crime, mais surtout que puisse être remontée la piste du bon major. Pour ses patients il est philanthrope - et il traiterait la galaxie entière s'il le pouvait; n'est-ce pas chose naturelle que de vouloir le secourir? Mais je ne peux explorer partout avec la même aisance. Vos mondes de traffics et leurs réseaux sont hermétiques. Si je devais en forcer le couvercle, je perdrais un temps précieux où la piste refroidit."

La fille roula des yeux.

"- Azy Max, ça t'dirait pas de faire équipe avec moé por aider eu'l'type qu't'as r'mit ton bras en place ? 'plus c'sympa, t'améliores tes relations ?" ... J'veux dire, c'est pas plus simple de l'dire comme ça ?"

L'accent fit sourire Zerath, dont les yeux pétillaient. Il fallait bien admettre que cette façon de tout tourner en dérision avait un côté amusant.

"- Probablement, mais ce n'aurait pas été juste. Faire peser dans la balance la vie d'un ami aurait éclipsé toute vraie récompense que j'aurais été en mesure d'offrir. Fort malhonnête."

"-Ok le poète, épargne moi tes discours."

Elle se remit sur pieds, libérant son captif de son joug et de sa menace. Ses yeux à présent droit sur la gigantesque figure, elle dit sans un tressaut dans la voix:

"- Va falloir que tu m'expliques tout plus au calme."

Zerath, satisfait, plissait les yeux de plaisir. Il hocha de la tête, faisant un salut de son chapeau à larges bords.

"- Debout, IM. Nous avons trouvé notre interlocutrice."



***



À présent, le quatuor improbable s'était trouvé une table tranquille dans une cantina où, si tard dans la nuit, on ne trouvait que les bouteilles du bar pour confidentes. Les murs alvéolés accueillaient les sons dans un écrin cotonneux qui conféraient une acoustique étrange à la pièce, comme si tous les sons étaient amortis par une invisible toile de velours. Il y avait bien des rideaux, des tentures qui servaient à apporter à chaque table une intimité appréciable dans ce genre d'établissement; mais les tenanciers bien que connaissant Max et Abraham, lisaient facilement à leur air grave que la visite serait chaste. La table était éclairée par un tube bleu luminescent, curieuse lampe dans laquelle un plasma blanc grimpait puis retombait, flottant entre deux eaux d'un liquide transparent dans lequel il changeait inlassablement de phase, gagnant en luminosité alors que sa température grimpait, s'assombrissant alors qu'elle refroidissait. Lorra et IM étaient assis face à Abraham et Max.

"- Trois semaines plus tôt, Knossa a été en proie à un affrontement terrible. Le siège de l'Alliance Galactique des Planètes Unies a été soufflé par une terrible explosion, dont les responsables sont encore en fuite. Beaucoup ont perdu la vie de cet acte perfide.
Cependant au milieu des décombres, le major Balian Atraïde s'en est tiré. Il a commencé à aider les blessés sur place, assisté d'un caporal sécurisant la proximité. Dans son acte, le major Atraïde a extrait le président Théophilius, représentant élu de l'AGPU. Le major et le président ne sont pas reparus depuis, et pour cause. Ils ont été enlevés par un individu, dont le signalement est encore flou. Un homme en armure, lourdement équipé - assez pour tirer une roquette sur une navette militaire d'après les éléments que j'ai pu récolter.

Les enjeux vont au-delà d'un simple copinage; tout cela sent le piège élaboré. Si l'enlèvement est de la même main que l'attentat, alors vous aurez l'occasion de venger votre défunt maître. Les objectifs sont simples. Retrouver le coupable de cet enlèvement est la première étape. La seconde est de retrouver la piste du major et du président. Je ne peux que vous laisser imaginer ce que cela impliquerait pour vos affaires, que d'avoir les faveurs d'une organisation telle que celle du président Théophilius.

Quant à mon offre, elle est toute aussi simple. Votre engagement dans les cartels est élucidée aisément à qui sait regarder. Votre présence sur le Guns Macha ne laissait que peu d'incertitudes... Mais pourtant il y a vos venues au Temple Jedi. Si l'actualité les accable, il faut leur reconnaître qu'ils ne choisissent que rarement des meurtriers pour invités. Je peux vous offrir un havre, de quoi passer les frontières entre les mondes Hutts et la proche République sans être inquiétée. Un matricule spécial, si vous le préférez. Cette offre part bien entendu du principe que vous ne fassiez pas de vague avec ce matricule. Voyez cela comme une plaque vierge, elle sera utile...Aussi longtemps que vous ne la ternissez pas.

La durée attendue du contrat sera de trois semaines. Je peux user de mon influence pour étendre la zone où votre...Accréditation douanière aura cours. Choisissez un secteur limitrophe aux Hutts et considérez le accordé pour autant que le contrat soit honoré: trouver les coupables de l'opération et la piste des deux disparus.

Est-ce assez clair, mes chers Djiilos?
"

Par-delà la surface des yeux de Lorra on ne percevait que leur teinte. On ne distinguait guère du hublot de ses iris dorés toutes les horreurs que son culte obscur au monde comme à ses ennemis promettait.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Hochement de tête, hochement de tête, petit « hmmhmm » pour faire genre d'écouter, hochement de tête. Pas mal. Ouais. C'est ça. Elle jeta un œil à Abraham, devant son verre, il se massait les tempes, de grandes marques dessus. Un petit rire lui échappa. Elle était bien informée sur Maxence. C'était un joli tableau qu'elle lui peignait là.

-Donc, si j'ai bien pigé. Tu m'demandes de trouver qui a capturé le président d'l'AGPU et un médecin d'l'armée en plus d'en suite retrouver ledit président ainsi que ledit médecin, tout ça contre un truc que je sais déjà faire illégalement sans aucun problème ? T'es aussi mauvaise parleuse que négociatrice.

-De retrouver la piste, pas de participer à l'opération de sauvetage. Si ce prix ne te convient pas, nomme donc celui qui te satisfait; s'il est en mon pouvoir de te l'accorder alors ce sera exaucé.

-J'veux des nudes de Grendo, un Bantha en Beskar et ta mère pour une soirée. Pour jouer aux jeux d'société, évidemment. Elle échangea un regard complice avec Abraham qui rigolait autant qu'il gémissait de douleur. C'est bon, j'déconne. Disons qu'j'veux d'l'argent, beaucoup d'argent. Et va falloir que tu parles aux connards de douaniers comme ceux qu'ont attaqué le Guns Macha et leur dire gentiment d'aller s'faire mettre de la part de Maxence Darkan. Elle se pencha au-dessus de la table. Ton passe, j'm'en branle complètement, par contre, les fils de pute comme celui qui m'a sûrement balancé en chialant auprès d'ses supérieurs, j'commence à en avoir plein l'cul. Alors voilà c'que j'te propose. Des thunes et toi, en tête à tête avec le planqué qui t'sers de supérieur pour lui demander d'arrêter d'faire le con aux frontières, contre moi, vous aidant à trouver les responsables de la plus grande tragédie d'l'histoire.

Après le onze Septembre et la création des crocs.

-Tu as une notion enflée de ton importance. Nar Shaddaa est une petite lune, dans un petit système stellaire. Je t'invite à contempler une bactérie s'asseyant à ta table et réclamant que tes lieutenants s'entretiennent de ses affaires. En marquant une pause, le regard de la femme passa sur l'homme avant de revenir à la mercenaire. Je te pense compétente - celle qu'il me faut - mais n'aie pas les yeux plus gros que le ventre. Je peux t'offrir ceci; une trêve d'un an. Une année entière coruscantii, où les petites chasses sur toi seront levées. Ce n'est pas une immunité. Les charges actuelles seront délayées - et si nous trouvons bien le président Théophilius elles pourront être épongées. Mais tout ce que tu feras dans cette année ne sera pas ignoré: c'est une trêve, pas une cécité.

-Mais ma grande, on parle pas du prix qu'je vaux pour m'enfiler au coin d'une ruelle, on parle du putain d'président d'l'AGPU là. On parle d'un putain d'attentat qu'a fait sauter le bâtiment où sont censés s'entretenir les plus grands meeting pour la paix dans la galaxie. Si tu penses que ça vaut qu'un an et qu'je suis peut-être pas aussi utile que ça, alors trouve quelqu'un d'autre. J'ai autre chose à faire que m'entretenir avec une personne suffisamment stupide pour lécher l'anus de Grendo.

-Je pensais avoir été claire au sujet des injures. Tiens ta langue, ma clémence a ses limites. Cette année de trêve est pour le docteur Atraïde. Quant à Théophilius, s'il vit encore le pardon est certain. C'est cette entreprise où tu peux faire la différence: n'importe quelle enquête saura nous ramener sa dépouille. S'il est mort je ne peux étendre notre trêve que de quelques années mais sans plus. S'il vit en revanche... Ce serait passer l'éponge sur ton passé.

-Oh, pauv' choute, excuse-moi, je voulais pas blesser ton e... Aïe ! Elle jeta un regard noir à son équipier qui venait de lui mettre un coup de coude magistral dans l'épaule. Ok, d'accord, ça m'va. Par contre, je veux des excuses en plus. Pas pour moi, pour lui. Elle pointa Abraham. Il est très sensible tu sais ? Pas d'excuses, pas d'aide, vois ça comme un premier paiement.

-Des... Excuses ? Lorra pencha la tête en direction de l'homme qui grimaça rien qu'à l'idée de se faire dévisager par cette chose. Mourir de ma main serait un grand honneur de là où je viens. Vous vous êtes admirablement défendu et avez fait preuve de valeur... Pourquoi souhaitez vous la moindre excuse ?

-Caresser mon ego dans l'sens du poil changera pas l'fait qu't'as failli m'tuer pour te consoler face à des insultes.

Il échangèrent un nouveau regard, moins complice, plus... suspicieux. Maxence avait juste lancé ça pour emmerder Lorra et lui faire ravaler son ego visiblement surdimensionné, mais pour Abraham, c'était personnel. Son regard ne trompait pas, il ne l'aimait pas... plutôt logique, quand la première interaction revenait à jouer aux brises noix avec son crâne.

-À ta guise humain. Pardonne moi pour avoir manqué de te tuer sur une affaire qui ne te concernait pas.

-Fantastique ! S'écria la blondinette en tapant les poings sur la table, pleine d’entrain, empêchant son partenaire de parler. Excuses acceptées. Où qu'on en était ?

-Max, faut qu'j'te parle.

Il se leva en emportant la blondinette avec lui, à l'extérieur de l'alcôve, ils s'écartèrent un peu, puis Abraham la poussa contre un mur pour lui chuchoter... du moins, il essayer de crier en chuchotant.

-Tu m'expliques c'que tu branles ? Tu vois bien qu'cette tarée a pas toute sa tête ? Et elle a failli exploser la mienne ! Combien d'temps ça va prendre avant qu'tu lui dise qu'elle a tort sur un truc et qu'elle se mette à chialer en essayant d'te tuer ?

-J'ai parié sur deux heures et trente-trois minutes, mais j'avoue que j'devrais revoir le chiffre à la baisse.

-T'es incorrigible putain. Tu fais tout ça pour quoi ? Des promesses ? Qu'est-ce qui t'dit qu'elle te la mettra pas à l'envers quand tout sera terminé ?

-Je sais, j'ai un trop grand cœur… Au final, c'était un peu parce qu'elle en devait une au Major Atraïde, la grosse débile qui voulait le retrouver ne l'intéressait pas du tout. Mais quand on m'les brise, on en subit les conséquences. Elle se pencha légèrement vers lui. Si jamais elle me la met à l'envers...


***

-Me revoilà. Fit-elle en s'asseyant de nouveau à sa place, dégainant une cigarette. Abraham est parti se détendre un peu les tempes. De toute, il a bien mieux à faire. On discutait d'toi justement, avant d'se séparer. Je sais qu't'es trop bornée pour m'écouter et qu'tu pigeras p't'être pas l'importance de mes mots, elle haussa les épaules en laissant échapper un rictus étrange, mais si jamais te vient l'idée de m'la mettre à l'envers à un moment ou un autre... je tue Balian et Théophilius de mes propres mains.

Le pire, dans tout ça, c'était bien qu'elle ne mentait pas. Ce n'était pas du bluff pour impressionner la personne en face d'elle. Le deal était simple : « Si je n'ai rien, alors toi non plus. » Elle acceptait la coopération, ça ne voulait pas dire qu'elle excluait la compétition. Elle était prête à brûler son temps et ses ressources, juste pour la dépasser et prouver quelque chose. De son côté, Abraham, lui, avait pris congé pour partir se renseigner sur ladite Lorra, vu les informations maigres à son sujet, il n'en tirerait pas grand chose, mais il attendait les détails que lui fournirait Maxence durant l'enquête.

-Ceci dit, va m'falloir une meilleure description, des types en armure capables de tirer des roquettes, j'en connais une branlée et ils ont tous le profil pour faire ce genre de conneries. Tous suffisamment fous, donc. T'as des témoignages ? Des images ? La scène de crime sur Ossus a été nettoyée, ou j'peux jeter un œil pour comprendre le mode opératoire de... elle hocha doucement la tête, déjà excitée par l'idée, cette machine de guerre ?
Zerath Ular'Iim
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Entre les volutes de fumée argentée que la jeune fille expirait à chaque respiration, les yeux de Lorra perçaient comme deux orbes fluorescentes. L'étrange chasseuse de tête semblait absorbée dans quelque observation active; ses yeux allaient et venaient à chaque mimique de la jeune femme tandis que cette dernière parlait et gesticulait, à la façon d'un docteur détaillant méticuleusement son patient pour en soupçonner le trouble du seul examen visuel. Aux menaces de meurtre, elle ne réagit guère, car elle haïssait de se répéter. Elle n'avait qu'une parole, et un accord était un accord. Ce n'était pas qu'elle ne l'avait pas envisagé; c'était que pour respecter ses propres valeurs la pratique était tout bonnement proscrite. Plus tôt, Lorra n'avait-elle pourtant pas démontré qu'elle tenait ses promesses? Pourquoi fallait-il supposer qu'elle serait prompte à honorer ses menaces mais pas ses récompenses ? Sans doute parce que l'on était sur un monde autre que Kalee. Mais celui qui ne s'engageait que dans les gages de violence et jamais d'échanges, celui là sans doute n'agissait jamais pour sa parole; seulement pour un égoïsme mal avisé et une vision à court terme. Une fierté infantile, certainement, qui s'exprimait par le besoin de s'affirmer physiquement sur les autres sans jamais rien donner en retour.

Lorra jeta un oeil à sa droite. Immobile dans un coin, assis et parfaitement figé au sol, son droïde se tenait rigide - comme éteint.

"- IM, synthétises le contrat."

Ses yeux étaient sur Max de nouveau. Tandis que la jeune fille était partie s'entretenir un instant avec son camarade, Lorra, elle, avait modifié l'accord officiel qu'elle avait préparé entre elle-même et la lieutenante Hutt. Le droïde s'avança et projeta en hologramme l'accord. Bien que jouant d'un vocabulaire légal standardisé - et procédurier à souhait, ce n'était rien de plus qu'un accord usuel tel qu'on en voyait par milliers sur l'HoloNet. Sans doute un usurier plus habile ou mesquin eût-il trouvé formulation pour tout à la fois obtenir la collaboration de Max et lui ôter tout droit à une récompense - mais Lorra n'était pas de cette espèce. Sous une langue officielle qui certainement était aux yeux Hutts pompeuse, les tenants et aboutissants étaient clairs:

Le but était naturellement d'enquêter sur l'enlèvement du major Atraïde et du président Théophilius. À cet égard l'enquête devait être faite en collaboration avec Lorra qui, à travers le contrat, mettrait à disposition toutes les informations jugées appropriées au déroulé de l'enquête. Toute nouvelle information découverte pour l'enquête devait être partagée avec Lorra pour établir le dossier complet. Ce point semblait anodin, mais il relevait d'une raison plus profonde. Il fallait que les informations soient retraçables. L'enquête avait en son cœur un point crucial, évoqué séparément dans le contrat pour en souligner l'importance; il s'agissait en réalité du fondement principal de toute l'opération visant à établir l'identité du/des kidnappeurs et ne pas nuire à leur potentielle arrestation. Ici, c'était car Lorra nageait en milieu Hutt. Si les responsables étaient par hasard de la même veine, il y aurait peut-être du sabotage; elle se protégeait sur cette clause. Car si une seule part du contrat était brisée, ce dernier serait caduque. Pour appuyer la motivation, la récompense promise était bien au-delà de l'effort: une rémunération d'un million de crédits!

Une somme qui, pour une enquête, était incroyablement élevée. Une équipe entière d'investigation et son matériel aurait peut-être coûté moins cher. Le contrat comportait deux clauses supplémentaires:

D'abord, si la localisation actuelle du major Atraïde retrouvée les autorités républicaines ignoreraient en espace républicain Maxence Darkan et ne la pourchasseraient pas. Ensuite, si la localisation du président Théophilius était établie et que ce dernier était encore vivant, alors une demande de pardon serait émise auprès de l'AGPU. Le casier judiciaire de Maxence Darkan serait également effacé de son commencement jusqu'à la date de signature du contrat.

Sommes toutes, c'était semblait-il un moyen immense déployé pour cette opération, et avec bien peu de chances de succès auraient raillé les collègues de Lorra. Embaucher une criminelle des basses rues de Nar Shaddaa, ce temple de la vermine et de la pertilence - et pour incriminer ceux qui étaient peut-être ses camarades? C'était l'assurance d'une trahison. Un contrat ne liait personne Mais dans les bonnes circonstances, même les trahisons pouvaient être acceptables. C'était pour cela que Lorra réclamait dans le contrat que les preuves soient partagées avec elle; à l'inverse elle fournirait les éléments pour aiguiller sa nouvelle équipière, mais ces éléments n'étaient guère que des copies.

Rien ne pourrait être détruit de la sorte; même si IM venait à exploser en fumée noire, Lorra n'y perdrait que du matériel - les informations et preuves précieuses dormaient bien au-delà de cette orbite, loin de toute corruption. La trahison pouvait avoir ses usages, mais Lorra pensait cependant la récompense promise amplement suffisante. La discussion avait commencé dans la langue de la violence et aurait pu s'achever par les murmures de la mort - mais miraculeusement tout s'était apaisé et à présent elle parlait le dialecte le plus courant des Hutts: les crédits.


Le contexte stratégique était simple. La ressource la plus cruciale de l'enquête était le temps. Lorra ne doutait pas que les équipes extrêmement compétentes déjà mobilisées parviendraient à une conclusion appropriée. Mais qui avait pu commettre cet enlèvement ? Les possibilités étaient multiples. Qui aurait souhaité nuire à la paix entre Empire et République ? On aurait pu citer beaucoup d'acteurs, dont l'Empire et la République eux-mêmes. Ramken, naturellement, était le suspect le plus pertinent. Mais il fallait poser une seconde question: qui serait disposé à commettre cet enlèvement en plein attentat?

Si l'on supposait la piste d'un agent mobilisé par une armée, il y avait certainement à interroger sur le matériel. Qui amenait un lance-missile pour effectuer un kidnapping? Un agent destiné à semer le trouble peut-être. Si tel était le cas, peut-être était-ce même le responsable de l'attentat lui-même, devant d'abord semer le chaos puis enlever le président ? Pour aller au fond de cette affaire, il faudrait certainement étudier plus en détails la déflagration elle-même, mais surtout retracer au mieux le trajet de ce kidnappeur.

S'il n'était pas coupable de l'attentat, alors le missile interrogeait. En réalité, peu importait sa mission, un tel matériel était étonnant pour fuir discrètement. De ceci, on pouvait supposer que ce n'était pas un agent spécial - il aurait agi sinon plus discrètement ou en équipe. Un mercenaire semblait dès lors plus probable. Mais comment traquer un mercenaire ? Il fallait explorer, et il était certain que quel que fut l'employeur, il n'avait pas mobilisé n'importe qui; la galaxie était vaste mais le personnel compétent rare. Mais chercher des systèmes entiers aurait été impossible, improbable, il fallait savoir où regarder. Il y avait le signalement de l'individu, et le fait qu'il parle un basic impeccable, sans accent.

Ainsi était la stratégie de Zerath: lui explorerait les mercenaires depuis la perspective Hutt, où les chasseurs de primes s'affichaient sans complexe ni crainte. La jeune Darkan lui servirait d'interface avec ce milieu hermétique afin de focaliser ses recherches. Les équipes en terre républicaine exploraient professionnellement toutes les pistes, mais si elles convergeaient aussi vers l'Espace Hutt combien de temps pour mener la moindre investigation à son terme? C'était véritablement une question d'efficacité; Zerath anticipait la difficulté avant qu'elle n'apparaisse.



Lorra, ainsi, patienta, laissant la jeune humaine signer électroniquement le contrat. Ces signatures étaient des empreintes typiques dans les milieux du mercenariat; plus parlantes que les noms, traversant les dialectes, elles assuraient l'authenticité des contrats. Étant donnée une signature, on ne pouvait que vérifier si sa reconstruction était exacte. C'était en raison de propriétés particulières dans l'étape de signature elle-même, un encryptage holo asymétrique qui n'offrait pas la possibilité de contrefaçon. Il n'était pas possible de prendre une signature sur un contrat et de la reproduire, tout simplement parce que le contrat comportait uniquement une empreinte, une transformation holo de la signature originale irréversible, qui incluait en particulier une transformation non linéaire pour représenter la date.

On ne pouvait reproduire l'empreinte, parce qu'on aurait alors reproduit une mauvaise date, et l'on ne pouvait altérer la date parce que la transformation non linéaire qui composait l'empreinte à partir de la signature secrète et de la date était inconnue - tenue secrète et différente pour chaque signataire. Une méthode élégante, à bien des égards, sur laquelle Zerath avait investi des jours entiers pour en saisir l'essence. Il n'avait pu se plonger dans les mathématiques terriblement complexes que cela impliquait, ses lacunes étaient immenses à cet égard. Kalee avait développé certes des théories, et il incombait aux prêtres de cristalliser le savoir autant que les rites, ainsi avait-il de solides fondements - mais c'était un saut bien trop gigantesque, comme demander à un chimiste amateur de concevoir un modèle protéïque complet.

Non, il n'avait eu qu'un loisir à cet égard: d'interroger les experts de son armée et d'attentivement écouter leurs enseignements, avide mais patient, attentif aux apparentes contradictions entre son intuition et la réalité des faits. Il n'avait fait que cela ; tenter de construire une intuition de cette étonnante technologie, ce singulier outil à sa disposition. Il n'avait jamais été question de concevoir quoi que ce soit bien sûr - tout juste de saisir ce dont il faisait usage à un degré instinctif. Rien n'était plus dangereux que de penser une méthode infaillible car on en ignore les limites. Il avait autrefois usé de pareille signature - et dans un trait d'humour c'était celle-ci qu'il utilisait à présent. Il se présentait comme mercenaire, n'était-ce pas suprêmement correct que de revenir à ces longues années en arrière, avant même qu'il ne joigne la République? Il avait à l'époque une solide réputation - mais quinze ans s'étaient écoulés depuis. Le contrat signé, il réclama calmement:

- IM, témoignage r-4."


Ce n'était pas exactement l'enregistrement originel. Zerath se souvenait fort bien de l'holo enregistrement, car il l'avait visionné à maintes reprises, attentif à chaque mot. Le document, à l'époque, était composé d'une vidéo autant que d'un audio. La version présentée à Maxence n'était que cet audio, dont il avait pris soin de n'extraire en premier lieu que les détails cruciaux. Les voix elles mêmes avaient été modifiées, anonymisées, devenues désincarnées et difformes.

La vidéo originelle était plus parlante et personnelle. On y distinguait nettement la témoin , une jeune humanoïde. Aux bords de son front, des excroissances osseuses discrètes révélaient son ascendance Zabrak. Elle devait certainement être épuisée, car ses yeux étaient cernés de manière prononcée. Elle portait une combinaison épaisse et élastique, dans quelque variante de plastomère pressurisé. L'avant était bombé et rigidifié, et on distinguait à l'épaule un blindage frappé du symbole républicain. Il ne manquait qu'un casque respiratoire pour compléter ce qui avait l'allure d'un curieux scaphandre. Cette tenue était froissé et sale, éclaboussée de boue et de poussière. La Zabrak à la joue droite portait une tâche sombre qu'on aurait pu prendre pour du sang dans les teintes monochrome de l'affichage.



"\- Présentez-vous.\" demanda une voix artificielle gutturale.

"- [Son inaudible], pilote."

"\- Savez-vous pourquoi vous êtes ici?\"

"- Affirmatif monsieur."

"\- Racontez les éléments, dans l'ordre le plus aisé pour vous.\"

"- [Son de piste déraillant] Il portait une armure complète. Un bouclier énergétique qui le protégeait de nos tirs...Il...Il avait...[/color]"

"\- Calmez-vous [son inaudible] vous êtes encore sous choc physiologique post-paralytique. Respirez et répondez lorsque vous êtes prête. De quelle couleur étaient ses vêtements?\"

Il y eut une inspiration. Zerath voyait dans son esprit l'image de cette Zabrak. Éveillée tout juste de sa paralysie, c'était elle qui avait demandé immédiatement qu'on prenne sa déposition. La situation était terriblement urgente, il fallait agir vite! Elle souffrait encore du contrecoup de ce que le suspect lui avait infligé: un tir paralysant. Au réveil ces tirs pouvaient avoir des effets secondaires psychologiques et somatiques, dont des bouffées de stress subites.

"- Gris. Avec un casque noir et rouge, et des épaulettes rouges."

"\- Avait-il d'autres points de protection?\"

"- Il avait un porte-plaque balistique blindé et...Et un lance-missile au dos."

Il y eut un moment de silence dans l'enregistrement. À cet instant en réalité, le droïde continuait à dresser avec soin le portrait robot de l'individu - ou plutôt de sa tenue.

"\- Parlez moi de son casque. À quoi ressemblait sa visière ?\"

"- En T...Avec le front noir. Ah et il avait un...un avant-bras blindé et des genouillères..."

À nouveau, quelques secondes de silence studieux pour l'un, crispé pour l'autre.

"\- Décrivez moi sa carrure. Était-il humain ?\"

"- Oui! Enfin, j'pense. Il faisait une taille moyenne et sa voix était...Bah humaine quoi. Homme. Et il avait pas un corps féminin."

Il se passa à nouveau quelques secondes, avant que le droïde ne réclame:

"\- Lequel parmi ces dix individus ressemble le plus au suspect?\"

Sur l'holovidéo, on voyait nettement l'hologramme que projetait devant lui l'automate; c'était une fresque de dix humains, qui regroupaient tous les éléments descriptifs rapportés par la pilote. Cependant, chacun des dix différent plus ou moins subtilement de son voisin. L'un avait les épaules larges et les jambes fines, l'autre était épais comme un Wookiee, le troisième avait quatre doigts...C'était un jeu des nuances. L'un portait sur son casque un module scaphandre tandis qu'un autre avait une antenne au casque. Mais le témoignage que Lorra diffusait à l'heure présente n'avait aucune de ces informations. On écoutait sans voir, comme un enseigne indiscret à la porte d'un conseil militaire.

"- Lui." accusa la soldate.

"\- Avait-il un accent?\" s'enquit l'autre.

"- Non j'crois pas."

"\- Qu'a-t-il dit? Répétez tout ce qui vous vient, même ce qui n'a pas l'air important. \"

Une moue de dégoût et de haine profonde passa sur le visage de la soldate.

"- Il nous tenait en joue. Il a demandé un infirmier d'Ossus de nous menotter, avec une paire d'électro menottes. Ce bâtard a dit 'T'inquiètes les Zabrak c'est pas mon truc, moi c'est plutôt les arkaniennes'...Le connard!"

Un son sourd résonna. Elle avait frappé la table du poing sous une brusque bouffée de colère. Le droïde attendit qu'elle se calme.

"\- Ensuite?\" demanda-t-il patiemment.

"- Il m'a d'mandé d'aller chercher un brancard pour transporter Théophilius. Il nous t'nait en joue mais j'ai remarqué qu'y tapotait sur la console de son avant-bras. Du coup j'ai tendu l'oreille."

Zerath était particulièrement friand de ce passage. Comme on appréciait un personnage sagace dénouant une intrigue complexe, il avait particulièrement apprécié l'attention dont la pilote en ce temps de crise avait fait preuve. Ses yeux passèrent sur Max, guettant l'once d'une réaction - ne serait-ce même qu'un frisson dans les muscles de son visage qui auraient trahi l'esquisse d'une émotion .

"- Y s'est éloigné pour parler avec un certain Rougla ou Rugla, je sais pas trop. Il était loin donc j'ai pas tout entendu, mais il parlait de point d'extraction et de temps imparti. Il est revenu vers nous, il voulait absolument qu'on transporte Théophilius par véhicule terrestre, puis il a subitement reculé. L'était à nouveau en appel. Il a dit clairement qu'il avait un groupe d'otages - l'impérial, l'infirmer ossien, Théophilius et nous autres."

"\- A-t-il désigné le blessé impérial comme un des otages?\"

"- Oui!"

"\- Avez vous entendu le moindre grade ou la moindre formule de politesse envers son interlocuteur?\"

Il y eut quelques longues secondes de réflexion pensive.

"- Je crois que...Hum...Non, rien qui me vienne comme ça sincèrement. Même pas un bonjour."

"\- Après son appel qu'a-t-il fait?\"

Le regard de la Zabrak s'assombrit. Dans l'enregistrement audio il n'y eut qu'un nouveau silence.

"- Il a dit que son employeur n'avait besoin que de Théophilius et de son équipe médicale. Le major Atraïde a tenté de s'interposer. L'autre lui a dit qu'ils allaient parler de Si, qu'il l'épargnait pour elle. Et ensuite il m'a tiré dessus, j'ai cru qu'il m'avait tuée."

Énième silence. Le droïde compilait les éléments pour établir sa prochaine question:

"\- A-t-il utilisé le mot employeur?\"

"- ...Nan, il avait dit client plutôt. Client, c'était ça."

Sur ces mots, l'audio s'arrêta brusquement. Zerath tendit devant son interlocutrice un croquis d'homme en armure. Les traits, précis et nets, avaient été clairement effectués d'une main synthétique. Le résultat était convainquant et réaliste - peut-être même était-il flatteur pour le suspect originel.

"- Celle-ci est la reconstitution choisie par le témoignage que vous venez d'entendre. Dites moi ce que cela vous évoque."

Zerath ne souhaitait pas faire part de ses conclusions à son interlocutrice. Ce n'était pas une méfiance particulière, mais la simple volonté de laisser libre court à une autre perspective. Pour le Kaleesh, il était clair que l'individu était un mercenaire. Les équipes d'enquêtes républicaines étaient sur un angle similaire, tant et si bien que l'on compilait depuis plusieurs semaines tous ceux qui avaient au fil des années agi contre les intérêts républicains.

Zerath, cependant, avait suggéré à son réveil et en entendant ce témoignage une autre approche; ce mercenaire - s'il ne s'agissait pas d'une pièce de théâtre évoluée - avait nui à République comme à Empire. Aussi, il ne fallait pas chercher dans les ennemis de la Chancellerie, mais étendre ses horizons, parmi même ses alliés. Cela compliquait les recherches, augmentant drastiquement les données à traiter - mais c'était nécessaire, le prélat le pressentait. Aussi avait-il suggéré que le commissaire considère d'abord ceux de bonne réputation auprès de la République - ils étaient moins nombreux que ceux connus par leur infamie.

D'après le commissaire, pareille entreprise réclamerait une recherche dans les bases de données d'au moins quatre jours. Cette nuit était le second jour.


Entre les volutes de fumée argentée que la jeune fille expirait à chaque respiration, les yeux de Zerath perçaient comme deux orbes fluorescentes. La volonté surnaturelle qui animait son corps tout entier n'avait qu'une finalité : trouver la solution à la tragique énigme. Et l'univers tout entier semblait se ployer à cette exigeance, répondant à son désir par des indices - symboles laissés par ses dieux à leur serviteur le plus dévoué, de telle façon qu'il n'était qu'une piste possible pour Zerath. Les interpréter et les comprendre.
Maxence Darkan
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Maxence s'enfonça dans son siège et, l'espace d'un instant, elle se concentra plus sur Lorra que sur l'interrogatoire. Peut-être qu'elle ne faisait pas exactement ça que pour sauver les miches de son petit docteur républicain chéri, peut-être qu'il y avait quelque chose de plus égoïste et bien plus stupide derrière ce contrat surprise qu'elle venait d'accepter. Et si son but, dans tout ça, n'était pas de récupérer l'argent, ou récupérer la paix dans la galaxie, mais seulement de trouver qui était la grande salope qui piétinait son territoire avec ses pieds en crochés. Elle ne savait pas si elle se contenterait de déposer gentiment sa tête sur le pas de porte de Grendo, ou si elle remonterait le réseau qui l'avait amenée à chercher Maxence.

Puis, au détour d'une pensée gore et plus ou moins excitante pour une psychopathe comme elle, elle reprit son écoute -ou prit, du coup- sur l'interrogatoire. Sa tête se pencha sur le côté, en toute honnêteté, elle n'avait rien écouté du début, mais la suite... la suite lui disait quelque chose. Prise d'otage, laisser les autres faire le boulot à sa place, le remarque de beauf en manque... l'armure, Rugla... merde, elle était vraiment mauvaise pour retenir les prénoms, mais la prononciation... toute proche de trouver un nom en particulier.

Maxence était persuadée que le coup avait été mis en place par les Impériaux, mais là où la piste semblait se resserrer, elle s'élargissait, on ne parlait plus de « Empire », on parlait de Loyalistes et de Renégats. Elle leva les yeux vers Lorra, un léger rictus se dessina sur son visage et elle se pencha en avant pour passer sa main à travers l'holograme.

-Ça m'évoque la même chose que d'habitude, une République qui perd un peu plus de crédibilité à chaque fois. Et toi ? Paisible, silencieuse, Lorra ne répondit pas. Intéressante, Maxence avait-elle toucher un joli point, ou n'en avait-elle réellement rien à foutre ? Okay. Admit finalement la blondinette non sans un ton fortement décalé. L'impérial, il était quoi ? Suces-boules des suce-boules ou suce-boules des rebelles ? Pratique, les Républicains étaient juste des suces-boules.

-Fidèle à l'impératrice, semble-t-il. Déçu de la perte de sa jambe, également.

Sa main vînt caresser son menton. Les Renégats étaient-ils réellement derrière tout ça, ou alors partait-elle dans la mauvaise direction ? Et si tout ça n'était qu'un coup d'un autre Kadjidic, de l'Échange, ou carrément d'une personne suffisamment folle pour mettre ce gigantesque plan en place, juste pour le plaisir de voir la galaxie brûler ? Elle priait sincèrement pour la troisième option. L'armure lui était familière... c'était quand même le problème avec Maxence, elle était clairement du genre à choisir ses souvenirs, des fois, des détails lui revenaient à l'esprit en moins de deux, des fois, elle oubliait quelle planète elle avait prévu de faire exploser.

-Pour c'que t'en sais, le type, tu penses qu'il avait un lien avec l'explosion, ou il travaillait pour quelqu'un d'autre ?

-Ce serait une coïncidence affrontée qu'homme si lourdement armé et disposé à enlever le président Théophilius soit présent exactement dans la ville à l'heure de l'attentat sans y être lié.

Ce qui était un point que Maxence pouvait admettre assez facilement. Mais le monde restait dans le genre à faire rapidement circuler les informations, alors il ne fallait pas oubliait que derrière le monde se cachaient des hommes et des femmes avides, vous scrutant depuis un œil de beauf pour trouver la moindre faille et profiter des situations le moment venu. Finalement, la mercenaire se mit à noter dans son bracelet ce qu'elle récoltait.

-« Si ». Il l'épargne pour Si. C'est quoi au juste, « Si » ? Balian et le type se connaissent ? Vous avez vérifié un truc qui correspondait à « Si », quelque part, dans la vie de Balian ?

-Il n'y a que très peu de noms que j'ai pu trouver. Un en particulier cependant: le bon docteur a effectué une cure à l'ancien Temple Jedi. Une maître Jedi, qui a aussi été selon les registres de l'hôpital central de Coruscant sa patiente en gynécologie. Elle mettra bientôt bas, et son nom est See'Ryl.

Comme quoi, ils pouvaient se convaincre de ce qu'ils voulaient, les Jedis ressentaient toujours le besoin de baiser. Sans dire mot, elle glissa un message à Abraham, il fallait qu'il lui trouve toutes les réponses qu'elle cherchait, des réponses sur Balian, elle voulait tout savoir sur son entourage, s'il connaissait un Mercenaire, Chasseur de Prime, Tueur à gage, n'importe quoi qui matcherait avec la description du type. Mais ce qu'elle voulait avant tout, c'était savoir si cette Lorra, ou du moins, ses caractéristiques physiques correspondaient avec une de ses connaissances.

-Y' a moyen qu'ce type me dise quelque chose... fit-elle en caressant l'hlogramme, et si j'étais en train d'te mentir, j't'aurais déjà demandée d'l'argent à l'avance pour me rafraîchir la mémoire, mais j'attends qu'ça m'revienne vraiment à l'esprit pour ça. T'as pas des vidéos ? D'autres témoins ? Quoi qu'ce soit d'un peu moins misérable qu'une troufion en train d'chialer ?

-Il y en a un autre. Mais il faudra l'interroger de vive voie. C'est l'infirmier né d'Ossus.

Sa cigarette venait de se terminer sur le bord d'un cendrier. Bizarrement, ce qui l'étonnait plus, c'était de savoir qu'aucune demande de rançon n'avait été placé pour récupérer le président de l'AGPU. Donc cet enlèvement n'avait de but que de semer le chaos... elle ne pensait pas que les Kadjidics se permettent une telle action alors qu'ils n'avaient pas tant la côte que ça en ce moment. Ce qui ne pouvait signifier qu'une chose, le ou les responsable cherchait belle et bien la guerre. Ou ils prenaient leur temps. Après une petite hésitation, elle jeta un nouvel œil à la récompense de cette mission... la somme était monstrueusement exorbitante, à tel point qu'elle amenait Maxence à se demander si on ne la roulait pas dans la farine. Il allait falloir lui payer une partie d'avance, dans tous les cas. Et si Lorra faisait belle et bien partie de la République ? Sinon comment pouvait-elle récolter de tels fonds pour cette enquête ?

-Alors dis-moi un truc... termina-elle en se levant de sa place, j'espère que tu m'as préparée un putain d'carosse direction Ossus.
Zerath Ular'Iim
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Zerath ouvrit les yeux. Une vibration continue faisait vriller ses tympans; le vrombissement venait des moteurs subluminiques archaïques qui mettaient en résonnance tout le large hangar. C'était une pièce crasseuse où se mêlaient puanteur de métal et de pelage transpirant. Les hublots étaient humides d'une chaleur animale étouffante. Cinq lampes halo éclairaient laborieusement d'un éclat terne et vacillant l'habitacle. La principale source lumineuse était extérieure; l'hyperespace et ses catacaustiques d'énergie bleue avaient pour la majeure partie du périple posé un linceul monochrome uni sur toute la scène. Désormais c'était le jour spatial, dans l'éclat du système stellaire ossien. Parmi les migrants pauvres, lovés dans leurs couvertures fines qui les gardaient autant de la crasse que de la vue des autres, parmi les droïdes piteux qui à chaque pas émettaient des gerbes d'étincelles par toutes leurs articulations, entre les caisses de cargaison couvertes de filets, adossé à un mur dans une position qui n'avait certainement rien de confortable était le géant sous son chapeau. Bras croisés tel un parent mécontent, ses énormes gants reposés sur son torse et la tête imperceptiblement inclinée vers l'avant, il dormait depuis la seconde moitié du voyage - au total onze heures de trajet. La première, il l'avait passée attentif et alerte à ses alentours mais surtout à la jeune humaine.



Une voix nasillarde annonça dans les haut parleurs:

"- Ossus."

Il y aurait encore une demi heure avant l'atterrissage, mais Zerath ne put s'empêcher de sentir une pointe d'impatience. Il passait enfin à l'action!





Les douanes, suite à l'attentat récent, avaient durci leurs contrôles. Toute personne jugée suspecte - c'était à dire non "ossienne" au faciès ou à l'holo-identifiant était contrôlée. C'était quelque chose que Zerath avait anticipé. Au débarquement il avait dit à Maxence, d'un ton égal:

"- Les douaniers m'interrogeront sans doute, peut-être même au moins une heure. Passe juste après moi, ils seront moins regardants sur ta provenance et tes armes. Retrouve moi à la cantina du Duc, à dix neuf heures."

Son inuition frappa en plein mille: dès que le titan s'était avancé dans le couloir de contrôle des migrations extra planétaires, les yeux s'étaient sensiblement écarquillés, la méfiance magnétisée par cette allure polarisante de soupçons. Et dès qu'il tendit sa carte à l'agent, ce dernier reçu l'objet comme s'il ç'eut s'agit d'un engin maléfique et maudit. Il lorgna la carte avec insistance, la confisqua finalement puis appela ses collègues, son supérieur, passa même un appel. À deux ils demandèrent au colosse de les accompagner. Docile, car la réaction était de celles qu'il attendait, il s'exécuta sans broncher accompagné de son droïde, laissant Maxence seule dans son sillage - temporairement du moins.



On mena "Lorra" à une salle secondaire après avoir vérifié qu'elle ne portait pas d'armes. Là, le cyborg s'assit et déposa son large chapeau sur la table qui trônait au centre de la pièce. Ils l'y laissèrent pendant de longues minutes, où il joua avec ses phalanges, observant avec délice la mobilité de ses doigts.



La porte se rouvrit vivement dans le dos de Lorra. Elle ne broncha pas, patiente, alors qu'une voix rêche réclamait dans son dos:

"- Où est-il?"

Zerath ne répondit pas. Derrière lui, les semelles claquèrent contre le sol avec impatience. Un homme surgit, se planta à l'opposé de la table. La mine poivre sel mais rasé de près, il observait par ses deux yeux orageux le colosse. En robe blanche chargée de dorures, un étranger l'eût prit pour un prince ou un prophète de quelque augure.

"- Vous dites avoir des informations sur le président, me voici. Maintenant, où est-il ?"

Il déposa sur la table la carte confisquée. Sur sa face intérieure une petite note avait été dissimulée. "Informations sur Théophilius".

"- Il est bon de commencer par des salutations commissaire Schmarer." souffla le titan d'une voix à faire trembler le monde. Car ce nouvel arrivant, loin des cours et des princes était en vérité homme de l'ordre. Et si sa fonction bien souvent le condamnait à l'anonymat, il s'était par son tempérament et peut-être une malheureuse opportunité distingué quelques semaines plus tôt; c'était lui qui avait arrêté dignitaires républicains et impériaux, les menant de gré et de force à l'opéra pour y débattre de la paix.

À ces mots, le Grand tira les langues d'étoffe qui enveloppaient son visage. Il les déposa en un tas unique quoique soigné, alors qu'apparaissait en dessous son masque couvert de tatouages. Le commissaire l'observa quelques secondes, avant de remettre son identité. Le front sévère mais la mine sincère il s'étonna:

"- Vous êtes...un militaire républicain? Vous étiez à la parade avant l'attentat...Qu'est-ce que vous venez faire chez nous?"

"- Je m'excuse de pareille duperie, mais je viens des terres Hutt où ce fut une nécessité. Il me fallait vous parler quant à la disparition du président, mais guère en tant que guerrier."

Zerath avait accolé à sa carte la note qui avait alerté les douaniers. La simplicité de l'affirmation combinée à l'apparence de chasseuse de prime qu'était son costume avaient à eux seuls fait venir le commissaire. Il y avait quelque chose d'intriguant, presque crédible après tout. Ce n'était pas son intuition qui avait eu raison, c'est qu'il avait tout orchestré, maquillant une prise de contact volontaire par un contrôle au faciès anodin. L'agent porta le regard vers les deux douaniers, et d'un lever de paume rassurant:

"- Tout est sous contrôle, merci messieurs."

Ainsi se retrouvèrent en tête à tête le commissaire et l'enquêteur amateur. L'homme était crispé.

"- Qu'est-ce que vous faites ici bon sang? La Chancellerie envoie un de ses hauts généraux sans escorte par navette civile maintenant ? Savez-vous seulement le cauchemar diplomatique si on vous avait arrêté plutôt que paisiblement escorté ici? Un Commander républicain arrêté par erreur par le climat actuel?"

" - Ce n'est pas la Chancellerie qui m'envoie. Je suis ici pour retrouver votre cher président."

Les sourcils incrédules, l'autre ouvrit puis ferma la bouche, avant de reprendre une mine neutre.

"- Vous...M'avez fait déplacer pour une lubie amatrice?"

"- C'est que retrouver Théophilius ne peut s'effectuer directement. Pour le trouver il faut chercher ailleurs; il faut retrouver son médecin."

"- Le sergent Atraïde?"

" -Lui-même. Curieux coup du sort que Théophilius non content de survivre à un attentat où beaucoup périrent, soit sur le champ enlevé?"

Le commissaire ne montra rien, mais sous sa peau sa chaleur avait changé. L'interrogation de Zerath suscitait des émotions.

"- Il aurait fallu que les ravisseurs soient informés de sa survie. Or, combien auraient pu le savoir, au milieu de la terreur et des cris? Il devait être méconnaissable, car mon bon sergent a ordonné une évacuation."

"- Peut-être votre homme était-il complice? Il aurait prévenu d'abord de la survie de Théophilius, ensuite se serait assuré de son transport et de son alibi. Avec sa présence pour assurer le sauvetage, il était envisageable de causer le sinistre."

"- Balian est grand praticien mais il n'est pas faiseur de miracles. Il faut un gourou ou un sorcier pour prétendre pouvoir sauver un vieillard dans une explosion de telle portée - des deux il n'est aucun. Un tel plan aurait été voué à l'échec. Le tempérament même de Balian aurait pu condamner votre président. Il n'accorde à aucun de laisser-passer voyez-vous. Roi comme manant ont la même importance à traiter, et il aurait bien volontiers soigné les ennemis s'ils souffraient davantage que les alliés."

L'homme accepta en silence les explications. Curieux songea Zerath. Il avait été si prompt à suggérer la trahison et à présent il ne défendait plus aucunement son hypothèse initiale? Il poursuivit néanmoins.

"- Il était impossible de savoir Théophilius survivant à l'explosion avant qu'elle ne se déroule. Pourtant ils l'ont fait et l'ont subtilisé. Il a donc fallu qu'ils apprennent sa survie. S'il était difficile de déterminer Théophilius vivant visuellement, si le chaos ambiant aurait empêché de l'apprendre auditivement, et puisque tout ceci dépendait d'un coup de dés - Balian le sauvant ou non - il est manifeste que cet enlèvement était...Imprévu. S'ils l'ont appris pourtant alors comment?"

Zerath se pencha en avant.

"- Dans les échanges de la navette, il y a des anomalies avec Balian. Son holotranspondeur a été peut-être été compromis. Malheureusement, le comment n'est pas retraçable sur la base de ma navette même, il faudra l'appareil et sa mémoire. Or, ce n'est pas un hasard, sa dernière émission localisable est ici, sur ce monde. Voici ce que je devais vous dire commissaire. Trouvez l'holotranspondeur disparu si ce n'est déjà fait. Je pourrai utiliser les algorithmes républicains qui vous font défaut pour en extraire le contenu."



***



Le commissaire de la Couronne, Miels Schmarer, est déjà sur place du sinistre. Après avoir mis sous arrêts les dignitaires républicains et impériaux, après avoir obtenu d'eux une laborieuse négociation de paix et la fin des hostilités, il rejoint enfin le coeur de Knossa. Il est aguerri aux scènes de crime, mais aujourd'hui il est sous le choc.

L'image sur l'écran montre un homme aux yeux gris orages, tirant vers la quarantaine. Rasé de près, tiré à quatre épingles, il arbore sobrement une robe de fonction grise, à épaulettes dorées. Son air est grave.

"- J'ai été frappé par l'odeur de sang, ça sentait vraiment la mort. Et en entrant il faut se figurer tous ces corps enchevêtrés, défigurés par des armes de guerre. On ne voit jamais ce type d'armes en crimes, d'habitude. Il fallait encadrer toutes les familles dans le sinistre, mais une ville entière était en deuil, les services compétents étaient absolument dépassés."

L'image de l'homme disparaît pour laisser place à une carte de Knossa. Le bâtiment royal reconstitué synthétiquement est exploré depuis ses sous sols.



Alors que la bombe explose dans la troisième chaudière, la déflagration provoque une onde de choc sur toute la structure. Le souffle projette le plancher du hall principal en l'air, engendrant de nombreuses victimes. (La caméra reconstitue l'explosion à mesure des paroles au ralenti). La tour, ancienne, ne survit pas au choc et s'effondre. De ce sinistre, peu en réchapperont. Le Jaliac Djiilo perd la vie dans cet attentat.



"- La réunion avait ce caractère historique auquel personne ne voulait rien manquer. De fait, beaucoup de monde s'était amassé autour du balais, par curiosité des résultats d'une réunion si unique. Quand la charge thermique explose, toutes les fenêtres explosent vers l'extérieur, les portes principales sont soufflées. Un vent de panique fait fuir tous ces pauvres gens. Mais alors, on commence à entendre une autre rumeur: (il fronce ses sourcils broussailleux et bombe le torse) le roi est mort! Vive le roi!

(Il reprend un air neutre et s'approche de la caméra, déclarant presque par confidence)

Et elle ne vient pas du palais."



Le plan change sur une carte de Knossa.



Presque simultanément à l'explosion, une fusillade à la carabine blaster éclate dans la cantina Imperia, opérée par le suspect Tanlo Jakobi et un complice. Pendant la fusillade, ils hurlent "le roi est mort, vive le roi" avant d'embraser la cantina. Dix personnes trouvent la mort, et une cinquantaine seront mises en soin intensif par les fumées d'incendie qui se propagent aux appartements voisins.



"- Ce Tanlo Jakobi est identifié par deux serveuses. C'est d'elles que nous vient son portrait robot détaillé. On sait également d'elles qu'il est approché avant la fusillade par son complice, un homme en armure. C'est ce complice qui va fusiller la cantina. Les témoignages sont unanimes: l'explosion du palais est le signal déclencheur. Dès lors on peut supposer que l'auteur de l'attentat est complice avec le duo."



Jakobi ne s'arrête pas à une seule fusillade. Dès la cantina brûlée, il se sépare de son complice et s'enfonce dans les rues en panique de Knossa. Il ressurgit, dix sept minutes plus tard, au 7 rue du Septum. Mitrailleuse de guerre en main, il ouvre le feu sur un groupe de civils et hurle Vibe le roi. Onze perdront la vie. Les autres seront grièvement blessés. Son complice, lui, va fusiller onze personnes de tirs en pleine tête. Ses cibles sont tous ceux qui fuient le palais.



"- Leur opération les approche simultanément du palais royal. Les scènes sont horribles. Des couples et des familles assassinés comme du gibier. Les tirs de Jakobi sont larges. Il arrose, son but est certainement la terreur: c'est pour ça qu'il hurle à la mort du roi. Son complice, lui, a une approche de tireur d'élite. Il se positionne et frappe civil après civil, méthodiquement. Treize personnes perdent la vie par sa faute, sans sommation."



La reconstitution montre un homme en chapeau, filmé de dos. Il marche dans une rue remplie de figurants qui courent dans tous les sens.

Mais Tanlo Jakobi ne pourra pas atteindre le palais. Sur sa route, il va rencontrer le caporal Mantell, des forces spéciales républicaines. (Un autre acteur, déguisé en uniforme incorrect de soldat républicain, s'approche de face, visage couvert et couteau à la main.) Le caporal décide de l'affronter seul. Un combat acharné s'engage, et alors l'improbable se produit: Jakobi bat en retraite. Le caporal, grièvement blessé, sera escorté en héros pour la clinique militaire centrale. Mais tout ceci n'était en fait qu'une diversion...

"- La différence d'approche entre les deux membres du duo s'explique facilement; l'un doit créer la panique, la peur, cristalliser l'attention. L'autre essaie de faire profil bas. C'est pour ça que Jakobi va de front au caporal, l'affronte puis se retire. Son but est atteint, parce que son complice n'a pas à affronter de garde pour atteindre leur cible: le président Théophilius."





Le complice de Jakobi s'infiltre dans le palais. Là, il prend en otage le président Théophilius et un médecin républicain qui s'occupait de lui, le sergent Atraïde. Les enquêteurs...



"- Deux gorak rôtis aux pétales malla. Vos boissons arrivent tout de suite."

Le gros serveur s'éloigna en dandinant. Zerath porta son regard de l'écran et du reportage sur Maxence. Jakobi, le nom sur toutes les lèvres. N'était-il pas naturel de s'accrocher à ce nom unique pour tenter de retrouver le binôme, considéré par la presse comme de grands criminels? Zerath avait déposé son chapeau si large qu'il occupait le dossier d'une chaise à lui tout seul. Le cyborg était pour sa part si grand que même assis il était encore aussi grand que les humains autour de lui.

Il était intéressant d'entendre la version assemblée par la presse et les services ossiens, presque un mois après les faits. Mais, plus intéressant encore, la réaction de sa partenaire.

"- Tu es anormalement silencieuse." commenta-t-il sobrement.
Maxence Darkan
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-Que faites vous ?

-J'm'assure que cette salope m'a pas mis d'mouchard. Mais il était vrai que, d'un certain point de vue, elle donnait plus l'impression de se tripoter. Elle fait partie d'la République, pas digne de confiance. Tu sais quel genre de réputation j'ai là-bas ? Pas grand chose, mais le peu qui doit en sortir est sûrement pas glorieux.

Puis elle se tourna vers son bracelet pour commencer un appel. Abraham apparut en hologramme, il avait l'air plutôt remis de sa première rencontre avec la tarée. Il se frotta le nez en reniflant bruyamment, attendant quelque chose de la part de sa partenaire. Puis après un mouvement de main, pour lui assurer qu'elle était seule, il cracha le morceau.

-J'ai rien trouvé.

-Putain, tu t'fous d'ma gueule ? J'suis sur putain d'Ossus au milieu de putain de Knossa, abruti du cul, tu pouvais pas au moins chopper ne serait-ce que sa couleur préférée ou la marque de ses sous-vêtements ?

-Bah... nan, en fait, Lorra n'existe pas. Genre, y a pas d'Lorra. 'fin si, y' en a, genre, six-cent soixante-dix million sept-cent quatre-vingt milles, mais aucune qui correspond à la description. Si t'arrives à chopper de quelle espèce elle fait partie, j'pourrais sûrement trouver un moyen d'calquer ça sur une Républicaine plus ou moins haut placée, un truc qui correspondrait à c'qu'elle promet quoi.

-Putain, super, et comment tu veux qu'je trouve l'espèce d'une tarée d'deux mètres de haut avec plus de métal que d'chair sur le corps ?

-J'sais pas, tu fais comme à ton habitude, tu la déshabilles, un truc du genre.

-J'vais sûrement pas coucher avec un grille pain ! Elle s'éclaircit la voix en regardant autour d'elle, dans la rue, tout le monde s'était retourné en fronçant les sourcils -ou le sourcil- de la même manière. Bref. Tu fais chier. J'te donne des nouvelles dès qu'j'en ai.

Elle coupa la communication. La mercenaire qui avait éclater, mais alors vraiment salement éclater le visage d'une Padawan à la mode purée de patates pour Thanksgiving se retrouvait désormais pas si loin de l'endroit où elle l'avait fait, avec de potentiels témoins dans le coin qui pourraient la reconnaître. Parfait. Elle se demanda un instant comment la scène de crime avait été découpée... elle espérait quelque part que l'affaire soit classée sans suite. Sike.

Elle avait les mains liées, l'une contre l'autre, elle regardait en silence la reconstitution du combat de Kaldor contre Tanlo. Abraham lui-même en avait vu une partie de ses propres yeux. Elle se demandait beaucoup de choses. Puis elle puisa avec assiduité dans tous ses souvenirs, quelque chose de compliqué, avec sa mémoire de poisson, mais elle se força. Elle s'imagina, une nouvelle fois, avec Tanlo, en combat, alors assurée d'être la meilleure, frappant comme une véritable tueuse dans son ancien maître en art martiaux, puis elle imagina Kaldor, le Républicain... tristement con, de ce qu'elle se souvenait. Puis elle pouffa de rire. Un hoquet surprise, juste un, qui dessina un large sourire sur son visage. Ensuite elle se concentra à nouveau sur la reconstitution, effaçant le sourire. Finalement, ce... « documentaire », que la mercenaire aurait plutôt appelé un outil de torture se termina et, en effet, elle resta silencieuse. Après un instant, la blondinette se pencha, tirant son paquet de cigarette pour en sortir une nouvelle, elle l'alluma. Oui, Maxence préféra une cigarette à son plat. Sans même tirer une bouffée, n'ayant plus la force de se maintenir, elle pouffa de rire, puis elle rigola, puis elle éclata de rire. Tapant son poing sur la table, accablée par la beauté majestueuse de cette blague, elle se demanda un instant si elle retrouverait la force de respirer.

-Oh... Oooh... merde... pfiou... attends, attends... Juste une seconde. Articula-t-elle entre deux rires. J'te jure, j'vais m'en remettre. Elle essuya sa petite larme, sur le coin de sa joue, portant de son autre main, sa cigarette à ses lèvres. Kaldor Mantell ?... elle se retînt de rire à nouveau, tient tête à ce ty...?

C'était trop, elle éclata de rire une seconde fois. Le véritable Tanlo Jakobi n'aurait pas failli une seule seconde contre Kaldor, il n'aurait pas battu en retraite, au mieux, il aurait eu pitié de lui. Mais maintenant tout était clair, cet abruti de colosse quadragénaire continuait de fricoter avec l'Empire comme un idiot. Mais franchement... utiliser des blasters pour tirer sur des civils ? Il était tombé bien bas. Enfin, et pour de bon, elle arrêta son cirque et reprit ses esprits.

-Écoute, des types capables d'éclater la gueule de Mantell, j'en connais une branlée. J'veux dire, sans déconner, coupe-moi l'deuxième bras et j'pourrais toujours lui enfoncer son visage dans son cul. Tu vois cette gueule ?

Elle pointa la tête du présumé Tanlo, qu'elle connaissait parfaitement, dont le portrait robot puait la peur, la panique et les nombreux, très nombreux témoignages d'abrutis en pleur incapables de se mettre en accord sur la taille de la barbe du malade qui avait abattu leur fille, parce que son cul qu'il avait une barbe aussi longue. En fait, ce portrait ressemblait autant à Tanlo qu'il ne lui ressemblait pas, et ça lui donnait un avantage.

-Cette gueule là ? J'suppose que tu l'as imprimée dans ta caboche... bah va sur Nar Shaddaa, sort du spatioport principal, fait cinq mètres vers ta droite, et j'suis sûre que tu trouveras un mec avec cette gueule là qui fait les meilleures cunni' d'la galaxie. Elle tira une bouffée de sa cigarette et continua alors qu'une nappe de fumée s'échappa de sa bouche en parlant. Le pire, c'est qu'j'suis presque sûre qu'y' serait capable d'éclater Mantell.

Ou de lui faire son meilleur cunnilingus, qui sommes-nous pour savoir ? Mais la blondinette ne s'attarda pas trop sur le cas du Tanlo et préféra s'enfoncer dans son siège, bras plié, cigarette près du visage, elle concentra son regard sur le type en armure qui lui paraissait familier en essayant d'ignorer le plus possible l'Ouragan. Si ce type en armure lui paraissait familier, elle se disait simplement qu'elle en avait croisé tellement dans sa vie qu'il était dur de les distinguer entre eux.

-Ce type m'intrigue. L'autre, Tanlo, c'est un amateur. Il tire au pif, attire l'attention, clairement pas la tête de l'opération. L'armuré abat les gens avec précision, il est efficace quand il bute les gens. Elle tapota un truc sur son bracelet pour commencer un communication. Abraham !

-Max, j't'ai dit que... oh, merde, putain d'bordel de cul. Salut Lorra, la forme ?

-J'ai besoin qu'tu m'trouves une certaine See'Ryl, une maître Jedi, en relation avec Balian Atraïde, le type qu'a fixé mon bras, faut qu'tu m'trouves un profil précis, un mec en armure, visière en T, armure verte et rouge, lui-même en relation avec la Jedi. … Ouais, et trouve-moi un certain Rougla, en relation avec l'armuré. Essaye de voir avec le... le Twi'lek, celui d'Alderande, y' peut t'trouver des filons en deux-deux. Et... euh... comment c'est son pseudo... Morty, sur Corellia, ça vaut l'coup d'l'appeler.

-J'te fais ça. Sale pute de Lorra, j'lui montrerai c'que... J'ai oublié d'couper la communication ? C'est ça ? Ok, à plus.

Cette fois, il coupa la communication et la mercenaire masqua du mieux possible son sourire. Finalement elle admit.

-C'est un peu tout c'que j'peux faire. Si t'as qu'un documentaire écrit par un attardé à qui la République a lavé l'cerveau et trois prénoms, c'est vraiment mon maximum là. J'peux essayer d'mettre deux ou trois autres types sur le visage du Tanlo, mais c'est pas avec ça qu'on retrouvera le médecin et... euh... c'est qui l'autre déjà ? Elle lança un regard furtif à son bracelet. Thé-o... phi... lius. Président de l'AGP... Président d'l'AGPU ? Ah bon ? Tu m'l'avais dit ? J'm'en souvenais plus. Bref. Bref. T'as pas quelque chose de plus consistant à m'filer. Des profils que tu recherches, des idées... Nan parce que t'es marrante à m'tester comme si j'étais une putain d'abruti, mais j'suis pas là pour faire un puzzle, soit tu m'files tout c'que t'as, soit on s'fait chier à bouffer d'la merde dans une cantina minable.
Zerath Ular'Iim
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Zerath détaille son interlocutrice. La cantina est loin d'être bondée. Ce n'est pas que ce soit un taudis. L'établissement est modeste, certes, mais rien d'irrespectable - surtout en revenant tout juste de Nar Shaddaa. Le reportage se poursuit, c'est une chaîne d'informations continues qui le diffuse, la C.I.R (Chaîne d'Informations Royale). La reconstitution de l'affrontement entre Kaldor et Tanlo est certainement exagérée songe Zerath, mais de là à en rire à gorge déployée ? Curieux. Les rapports élogieux du bon caporal Mantel faisaient état du caractère irrespectueux de la femme, mais elle ne semble avoir pas la moindre once d'estime pour le pauvre humain. Les dieux vous gardent, caporal, car vos oreilles doivent siffler à l'heure actuelle. Pourtant...pourtant quelque chose interpelle Zerath.

Ils ont combattu côte à côte. Le poison de Maxence pourrait être une tentative d'agacer Lorra. Insulter Kaldor, pour insulter la République et donc titiller la patience du personnage? Peut-être, mais...Elle estime ce Tanlo un amateur. Un parmi tant d'autres. Elle a combattu aux côtés du caporal et ses états de service parlent d'un homme sans crainte toujours au cœur de l'action - en atteste l'affection que semble lui porter la sénatrice Ekway. Or la réaction de Maxence n'est pas celle qu'on a face à un événement modérément plausible. La galaxie est vaste, mais est-il raison de penser ce Tanlo Jakobi autre chose qu'un tireur amateur ? Avec une estime basse du caporal Mantell, elle aurait pu trouver la reconstitution ridicule - car elle l'est à quiconque a déjà vu un soldat combattre. Mais d'en rire aux larmes? Soit elle hait profondément Kaldor...



Soit elle connaît Tanlo.



Cela expliquerait pourquoi elle estime si impossible que Mantell puisse le mettre en déroute; parce qu'elle connaît les compétences du fugitif autant que du militaire. Hm. Mais un dédain profond est tout autant envisageable. Si elle a gardé une antipathie viscérale pour notre pauvre héros de guerre, sa réaction s'explique aussi aisément. Ne pas chercher trop compliqué se martèle mentalement Zerath. La jeune femme face à lui est une criminelle des bas-fonds en devenir. Est-elle aussi limitée qu'elle le laisse apparaître ou n'est-ce qu'une façade pour endormir les vigilances? L'Ular'Iim ne sait pas. Il faudra garder ses horizons ouverts. Il serait fortuit que la jeune femme connaisse Balian, Kaldor mais également Tanlo. Ce serait trop beau...Son intuition doit se tromper. Ce sont des espoirs infondés qui lui font interpréter des signes qui ne sont rien, sans doute. Les humains n'agissent pas toujours pour des raisons dont ils ont conscience...Ce trait de rire pourrait n'être rien d'autre que l'expression d'une méchanceté déraisonnée et futile, plutôt que d'un affect raisonnable. Gardons tout cela en tête, avise le cyborg. Il viendra l'heure de tout tirer au clair mais pas encore - il est trop tôt. Et s'il a rencontré des vipères qui crachaient moins de venin, celle-ci au moins n'a pas la morsure fatale. À l'affaire suivante donc.



Zerath, tout masqué qu'il est, ne peut cependant pas résister infiniment à la faim. Alors que Max contacte son...Associé? Ami? Subordonné, subordonné est le mot juste, le géant de fer empoigne une bande de tissus là où se trouverait son menton normalement. Il tire dessus et la délie. En dessous, la partie inférieure de son masque apparaît, couverte de symboles noirs en arabesques complexes. Un "pshhh" vaporeux. Une face intérieure sous le masque se libère. Le bas du visage de Lorra apparaît; sa mâchoire aux écailles de bronze s'ouvre et dévoile des dents en aiguilles alors qu'elle prend une première bouchée de son plat. Elle écoute patiemment les doléances de son acolyte du jour tout en mâchant, prend une lampée d'eau.

"- Je n'ai pas orchestré cette diffusion." dit-il en désignant du pouce l'holo écran, qui poursuit son documentaire sur la santé du roi et l'impact de la disparition de Maître Théophilius sur l'administration. "- Ni fait en sorte que nous dinions précisément ici afin que tu la visionnes. Cela était certainement chanceux, mais ce n'était pas mon but initial. J'ai eu accès aux interrogatoires républicains, celui en armure est comme tu le dis un professionnel - mais son association avec Tanlo, plus amateur, démontre leur mercenariat. Ce nom, je l'ai appris par deux fois; l'une d'un soldat à l'ego blessé criant à la vengeance, l'autre du dernier guerrier à l'avoir affronté. Cependant le gouvernement ossien jalouse les informations. Ils n'ont pas confiance - c'est légitime - en les gouvernements qui se livraient la guerre dans leur orbite."

Zerath sourit.

"- Mais l'enquiète piétine et le temps s'amenuise. Ce n'est pas le concours à qui déliera le mystère mais à qui vaincra la montre. Les voies officielles refuseraient toute collaboration...Heh, mais tu sais mieux que moi comme marchent les façades de telles instances. Lorsque Balian attendait une évacuation, avec lui était un sullustéen. Cet un* n'a jamais livré de témoignage. Notre bonne soldate n'a plus toute sa mémoire et les détails fins lui échappent. Mais pas cet un. C'est pour cela que nous sommes sur Aydux.**"

Zerath s'interrompt, fronce les sourcils. Malgré ses efforts, son vocabulaire et son phrasé atypique finissent par ressortir. Chassez le naturel, il revient au galop, eh? Il reprend une bouchée, puis sa tirade.

"- Même si nous n'avons pas toutes les pistes, j'ai jugé que nous pourrions écarter certains suspects, par l'aide de ce brave être. C'est pathétique***, il est reclus dans son foyer, du choc de l'expérience - de culpabilité aussi, je gage."

Zerath tire un boîtier noir de son manteau. C'est une bande holo-magnétique, un moyen de stockage assez courant.

"- J'ai ici les voix de plusieurs mercenaires. Des phrases tirées des archives. Elles ne sont pas nombreuses - car si les profils correspondant à notre suspect sont maints, les discussions enregistrées sont plus rares."

Il pose ses couverts, fouille dans son sac, en tire un vêtement de toile bleue plié avec soin. Il le dépose proprement disposée sur la chaise juste à côté de Max. Ensuite, sa petite cassette en main, il reprend:

"- De l'autre côté de la rue est une coquette maison. Le numéro 7 est la résidence de ce cher infirmier. Et il se nomme Nachi Howar. Ses nerfs sont fragiles. Il ne supporterait pas ma vue. Ceci est une blouse du corps médical. Elle devrait être adaptée à ta taille mais si elle est trop large je m'excuse - il m'est complexe d'estimer les dimensions de vous autres. Ne lui mens pas si tu peux l'éviter - et garde toi de cracher le moindre venin. On ne donne pas du poison à celui qui a un cœur fragile."

Il tend l'appareil à la jeune humaine, puis a un mouvement de recul, comme changeant d'avis:

"- Ce n'est pas un test. C'est une collaboration."

Le second plat arrive pour le monstre qui jette un œil à l'humaine.

"- Tu devrais manger, le rôti est succulent et l'on agit mieux le ventre plein. Le corps est l'âme et l'âme est le corps."



*: Celui-ci (désignation archaïque )

**: Façon archaïque dont Ossus est désignée en Kaleesh

***: Sens non péjoratif du terme
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Grands dieux du ciel, qu'elle était laide. Maxence ne put s'empêcher de faire les gros yeux en la voyant toute démasqué, des gros yeux amplifiés par des sourcils dressés jusqu'en haut du front. Tout ça pour terminer par détourner le regard. Si elle gardait son masque constamment, l'odeur à l'intérieur ne devait pas pardonner qui que ce soit. Son regard, instinctivement, tomba sur son bracelet. Eos savait-il ce qu'il se trouvait en face d'eux ? Elle ne cacha pas non plus son dégoût, bien trop expressive pour ce genre d'exercice... ce n'était pas le bas du visage... juste l'idée de l'odeur qui la hantait.

Pour en revenir à ce qu'elle disait...

Pauvre petite chose acculée dans son terrier. Les traumas de la guerre. La guerre ? Non. La culpabilité de l'impuissance. La blondinette jeta un œil à la blouse, le bleu lui allait à la perfection, mais elle était septique à l'idée de jouer les psychiatres envers un bon à rien, juste pour récupérer quelques informations qui ne les amèneront pas à grand chose. Pour autant, elle ne refusa pas, elle se contenta d'éteindre sa cigarette sur le bord de la table, ignorant le cendrier, pour se tourner vers son plat et manger en réfléchissant. Le fait que Tanlo se trouvait dans le coup l'avait un peu secouée... ou pas, en fait, ce n'était vraiment pas sa présence le problème, mais son mode opératoire. Tuer des civils était une chose et, franchement, elle n'en avait pas grand chose à foutre avec du recule, mais maintenant, avec cet abruti qui crie son prénom haut et fort tout en commettant des crimes de guerre, plus elle, en pleine enquête avec une psycho-rajoutezlemotquivousva pour s'éviter les emmerdes. Elle était dans un cul de sac. Et elle n'était pas la meilleure baratineuse de la galaxie, difficile de savoir combien de temps elle pourrait garder le secret. Il lui fallait l'armuré pour atténuer les soupçons.

-J'm'occupe du médecin. Pas d'insultes. Pas de remarques. Mais va falloir qu'tu m'en dises plus sur lui. Il était où, pendant l'enlèvement ? Il a collé l'cul d'Atraïde jusqu'au bout ? Si j'l'interroge, faut qu'je sache le genre d'infos que j'dois lui soutir... entendre. Les infos que j'dois entendre.

Pas drôle, interdiction de lui péter la gueule... pourtant elle devenait vraiment bonne pour ce qui était de secouer les gens... ou même leur arracher les ongles. Ça marchait vraiment bien d'arracher les ongles.

-Infirmier, pas médecin. Corrigea-t-elle. Il assistait Atraïde au sauvetage de rescapés pendant le désastre et a, en effet, été semble-t-il le dernier debout. Plus longtemps du moins que la pilote républicaine. Oh et...La peur ne fonctionne que dans les holo films pour obtenir de véritables informations. La mémoire est mieux sollicitée quand la terreur est absente.

Pitié, pauvre petite Louloute perdue dans la bien-pensance, ce n'était pas elle qui allait apprendre le travail de renseignement de Maxence tout de même... bien sûr que si, la peur faisait avouer tout ce qu'on voulait. Attendez une sec...

-Et quel genres d'excuses j'suis censée lui filer en arrivant comme Bozo le clown dans sa baraque ? Lorra fit un signe du menton vers la blouse médicale et Maxence souffla du nez en retour. Nan, mais, j'suis censée faire quoi avec ta blouse ? J'vais pas juste me pointer et lui demander d'me parler d'ses traumas, uniquement parce que j'suis sapée comme une abrutie ?

-C'est une blouse du corps médical militaire, auquel appartient Atraïde. Articule patiemment Lorra. Une collègue ou amante à qui le bon docteur manque terriblement, c'est certainement un motif suffisant à ta présence ?

-Et toi dans tout ça, tu vas attendre patiemment ici, ou tu m'fais suffisamment pas confiance pour au moins me mettre sous écoute ?

Cette petite coquine souriait bien trop avec ses... dents immondes et sa gueule de chewing gum avarié pour ne pas avoir fait quoi que ce soit.

-La blouse contient naturellement au niveau du sein droit un micro qui retranscrit jusqu'aux plus faibles respirations. Oh non, ce n'est qu'un bouton, au temps pour moi.

Évidemment, il fallait que ce soit au niveau d'un sein.

-C'est dans mes cordes, amuse toi bien.

Elle lâcha son blouson, le laissant sur place, pour attraper sans attendre la blouse et l'enfiler en sortant de la cantina. Ses pas rapides l'amenèrent à destination. L'idée d'envoyer un message à Abraham lui vînt à l'esprit, mais la peur de paraître suspicieuse la rappela à l'ordre... une hyperbole ? Jusqu'aux plus faibles respirations ? Sûrement, mais bloquée, dans tous les cas, elle pouvait se permettre d'attendre un peu avant de demander quoi que ce soit à Eos. Elle sonna à la porte, l'interphone répondit.

-C'est pour ?

-Discuter, Monsieur Howar. Je suis... Ellie... Dorr. Ellie Dorr, infirmière. J'aimerai simplement discuter de...

-Je n'ai rien à dire, demander à quelqu'un d'autre, si c'est des conseils que vous cherchez, il existe suffisamment d'autres infirmiers pour vous les donner.

-J'vous en prie ! Balian était un ami proche ! J'aimerai simplement savoir ce qui est arrivé ! Les autorités ne veulent rien me dire !

Il y eut un silence, puis la porte s'ouvrit. La mercenaire détendit son visage, prenant un air contenté, sa prestation valait tout l'or du monde. À deux doigts de se la péter dans son petit micro espion, elle garda sa langue dans sa poche, juste le temps de voir le Sullustéen l'inviter à rentrer. Sans un mot, ou du moins, avec quelques bafouillements incompréhensibles, il l'invita à s'asseoir dans un salon à la décoration modeste, ou, sur une étagère, se trouvaient quelques holobooks de médecine. Modeste, mais sale, le rangement n'était pas son fort... ou plus son fort. Les affaires traînaient, la vaisselle ne demandait qu'à être lavé et lui-même pris du temps à trouver un verre propre pour servir de l'eau à son invitée surprise.

-Je vous demande pardon pour... le bazar ambiant. Fit-il en lui tendant le verre. Je ne m'attendais pas à recevoir quelqu'un. Comment m'avait vous trouvé ?

-En cherchant partout, les différentes unités médicales du coin ont fini par m'mener à vous. Écoutez, j'sais qu'ça peut... paraître un peu tôt pour vous, mais j'aimerai juste comprendre c'qu'y' s'est passé.

Il s'assit sur un fauteuil, en face d'Ellie. Il évita son regard en se tournant vers son propre verre d'eau. Sans répondre, il redressa la tête.

-Comment connaissez-vous le Sergent Atraïde ?

Maxence fronça les sourcils. Elle voulait lui éclater la gueule si violemment contre son sol qu'elle hésita une seconde à se dresser sur ses jambes pour lui chopper le col et lui demander de répondre avec le moins d'amabilité possible. Après une seconde de silence, elle remonta sa manche pour découvrir sa prothèse.

-On m'a coupé l'bras, il y a d'ça quelques années. J'ai dû économiser pour acheter ce bras, mais la pose... c'était autre chose. C'est Balian qui s'est occupé de ça. Malgré tout l'support psychologique qu'on m'avait amené, c'était le seul qu'a su comprendre c'que j'ressentais. Quand j'ai appris pour sa disparition... je... je sais pas. Lui et moi... on est peut-être pas aussi proche que c'que j'vous en ai dit, on est juste collègue, mais je voudrai savoir.

Oui... enfin... disons qu'elle avait embelli la réalité. Elle lui en devait une, en gros.

-Je... comprends. Il déglutit difficilement. Quand... quand l'AGPU a... vous savez, le Sergent était sur place, avec moi. Nous nous occupions des blessés... c'était horrible. Vous savez, quand nous avons un équipement limité, une équipe limiter et un temps limité, il faut savoir qui il est possible de sauver et qui devra mourir. Maxence ne réagit pas, elle n'en avait rien à foutre, mais plutôt que de se moquer, elle garda un air indifférent qui fit légèrement hésiter le Sullustéen. Il était dur, tempétueux, mais il ne cherchait qu'à sauver des vies, sans distinction. Il y avait ce soldat impérial que nous avons dû amputé... puis Théophilius est arrivé parmi les patients... en quelque sorte.

-En quelque sorte ?

-C'était... confus. Il était parmi les blessés... c'était... un VIP. Nous devions attendre une navette pour son extraction. Ses yeux venaient de s'éteindre, le spectacle pouvait commencer. Il y avait cet homme, en armure. Il est arrivé de... nulle part... je ne sais pas... il... il a tirer avec une roquette, sur son dos, droit sur la navette d'extraction. Le sergent s'est précipité dessus pour l'en empêcher, mais c'était trop tard. Il l'a pris en otage... il nous a pris en otage. L'homme.

-Pourquoi ? Pourquoi y' vous a pris en otage, il voulait quelque chose ?

-Il voulait le VIP...

-J'vous en prie, j'ai besoin d'savoir. Insista-t-elle en le voyant se refermer de plus en plus. Je veux savoir quel genre de personne pourrait faire ça.

-Je ne sais pas non plus ! S’emballa-t-il alors que Maxence serra un poing discret contre elle. Excusez-moi. Je... Il but une grande gorgée d'eau. Je ne sais pas quel genre de... monstre pourrait faire ça... le siège de la paix. Le président en personne. C'est insensé.

-Vous pensez que les Impériaux étaient dans le coup ?

-Non... enfin... Il y avait ce soldat impérial avec nous, celui que nous avons amputé. L'homme ne lui a prêté aucune bonne intention, il l'a laissé pour mort. Je suppose qu'il aurait pu faire ça pour garder une certaine couverture mais... il n'avait pas l'air d'un soldat impérial, ou même d'une troupe spéciale, juste un mercenaire.

-Et... il a fait quoi ?

-Il m'a demandé de menotter tout le monde avant de parler à son... employeur ? Je suppose, je ne pouvais que l'entendre, lui. C'était confus, je ne sais plus trop ce qu'il a dit. Il ne voulait que Théophilius et les médecins. Il se surnommait... euh... je...

-Prenez votre temps.

Mais pas trop, elle avait envie de l'éclater.

-Je ne sais plus. Il a menacé de nous tuer et le Sergent lui a hurlé de ne pas le faire. L'homme lui a chuchoter quelques mots... puis il a tiré sur la pilote. J'ai... j'ai cru que j'allais mourir. Il fronça les sourcils. Mais au dernier moment, il m'a relâché et m'a demandé d'aller sauver les autres. Après ça, je n'ai plus revu le Sergent Atraïde.

La mercenaire s'adossa contre son siège. Retour à la case départ. À part avoir subit cette chialeuse et joué les bonnes samaritaines -quelque chose qui la dégouttait profondément, surtout face à cette abruti incapable de faire son travail-, elle n'avait rien de plus.

-Physiquement, à quoi ressemblait l'homme ? Juste quelque chose, un rien pour le savoir, juste ça. Quelque chose de particulier ?

-Et bien... une armure, un jetpack, un missile sur le dos... un bracelet, au poignet, dont il se servait pour communiquer. Il avait aussi ce casque, avec un T, en visière et... c'est tout... je n'ai rien de plus... je suis dans le flou, comme tout le monde.

-D'accord, j'vous remercie. J'vais pas plus vous embêter, merci.

Elle se leva, direction la sortie. Rien du tout. Elle était forcée de participer à une enquête qui n'aurait pas de suite... ces attardés de la République n'étaient même pas capable de s'avouer qu'ils avaient échouer et que les gens, à l'extérieur de leurs précieuses frontières, étaient plus malin qu'...

-Le Mando ! S'exclama-t-il alors qu'elle allait sortir. Il se surnommait le Mando. Voilà. Pour ce que ça vaut.

Un rictus se dessina sur le visage de la mercenaire, juste avant que la porte ne se ferme. Casque en T, armure, épaulettes rouges, jetpack, missile sur le dos, Ruug'la, See'Ryl... nan, pas ça, aucune idée de ce que c'était mais, les remarques de beauf, le professionnalisme, le Mando.

-L'encasqué. Elle approcha au maximum sa bouche du micro pour faire saturer un maximum possible l'appareil. Je sais qui a fait l'coup.
Zerath Ular'Iim
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Zerath suit pensivement la jeune humaine des yeux tandis qu’elle quitte la cantina. Il ne s’attendait certainement pas à ce qu’elle s’exécute si rapidement, cette efficacité a quelque chose de plaisant mais ce manque cruel d'imagination...Combien de fois a-t-il dû en ces derniers jours expliquer des évidences, éclaircir des trivialités et énoncer les vérités flagrantes? Est-ce un flegme cérébral ou de la simple bêtise? L'esprit complexe prête volontiers ses traits à celui plus simple: il voit dans les comportements incohérents une volonté calculée, s'échine tout entier à déceler une raison quand sot comme génies souvent ne rationalisent les actions qu'à posteriori. Est-ce un esprit sot qui guide la lieutenante Hutt qui s’éloigne vivement, remonte le long de la rue sa blouse enfilée dignement, enfin arrive au portail de la propriété ? Est-il à ses actions l'explication simple d'un esprit dérangé et primaire, à celle que Howar reçoit et fait volontiers entrer dans la confidence de sa demeure? Peut-être...Mais après tout quelle importance? Tout est entre ses mains maintenant, mais c'est une tâche aisée. Il faudrait plus que de la sottise, il faudrait être inapte pour échouer à si évidente consigne. Et si Zerath peine parfois à cerner l'absence d'intelligence, il a en revanche l'œil acéré pour la compétence.



Il expire et d'une main indolente pousse son assiette, rassasié. Son masque se referme et scelle son visage dans les ténèbres de son secret. Il observe la maison comme s’il allait soudainement percer les murs du regard pour prendre part à la conversation. En dévisager la bâtisse allait-il propulser le temps vers l’avant? Une curieuse impatience naît dans son esprit, il se surprend à fantasmer quel nom l'infirmier va bien trahir. Qui tombera, sous sa confidence et le courroux de l'Ular'Iim? Quel nom viendra en lumière pour qu'aille Zerath répandre le sang de son porteur? On ne fait pas le monde sur des rêves éveillés raisonne le prêtre.

Il établit mentalement ce qu'il a pu déterminer et recoupe les éléments de l'enquête ossienne, songe aux leviers qu'il a tirés et qui devraient donner des résultats sous peu. Mais est-ce tout? Les équipes d'investigation officielles ont déjà effectué bien plus d'analyses en ces quelques semaines que Zerath ne pourrait faire indépendamment en une année entière. Que peut-il faire dès lors? Surtout, il n'est pas sur Kalee. Cela est bien détestable à avouer, mais combien de preuves aurait-il devant un quelconque organe sinon ce qui paraîtrait l'intuition d'un fou? Ces témoignages lui donneront certainement un nom et un visage pour complémenter ce Tanlo Jakobi, mais ensuite ? Il n'aura pas le moindre lieu où pointer des limiers, aucune orbite sur laquelle faire peser sa force et briser par sa volonté et les armes les geôles qui tiennent captifs ou morts les deux disparus. Et s'il en venait à interroger ces deux hommes, quoi après ? Ce ne serait qu'au terme d'une fastidieuse chasse - or c'est un temps qu'il n'a pas. Non, son meilleur espoir est bien ce transpondeur disparu de Balian. Le transpondeur, il en est persuadé, est la clé qui déverrouillera tout ce mystère. Il apportera les preuves suffisantes à ses collègues. Avec l'appareil entre ses griffes, Zerath saura quel ciel embraser. Maxence lui apportera le nom du second mercenaire, afin de pouvoir satisfaire les enquêtes et lancer les kath de la Justice sur les deux ravisseurs. Cela satisfaira ses collègues, ils seront heureux d'avoir les coupables.

L'Ular'Iim, lui, se moque des deux. Ils ont gagné leurs proies par le combat et ont triomphé à la loyale. Le caporal Mantell et le sergent Atraïde ont payé le tribu impartial des dieux pour leur faiblesse: ils ont rencontré meilleurs guerriers. Et à cela, Zerath n'entend aucune vengeance. Leur employeur en revanche...Lui est certainement responsable de l'explosion. Lui a ordonné à ses deux agents de semer le chaos et de poser cette bombe exécrable. Lui a disgracié l'art de la guerre par ses méthodes couardes. Il ne manque ainsi qu'à trouver qui est ce marionnettiste pour que s'active la mécanique martiale qui le broiera dans ses rouages.

Pour cela il ne lui faut que le communicateur de Balian. C'est sa carte à abattre, la seule chose qu'il puisse apporter que les inspecteurs n'ont pas méticuleusement exploré.



Un homme entre dans le champs de vision du kaleesh. Il revient à lui par réflexe, accommode son regard au nouvel arrivant qui passe la porte de l’établissement. L’homme porte un béret bleu, et une tunique des forces officielles. Il se découvre et s’avance calmement jusqu’à la table de Zerath. Il s’empare de la chaise de Max et s’y assoit. Le kaleesh plisse les yeux. Ce visage...

- Commissaire Schmarer. Quel plaisir de vous revoir.

En avance. Il fallait bien qu’il recontacte l’Ular’Iim tôt ou tard, mais si rapidement? L’homme désigne d’un geste de tête les deux verres posés sur la table et la cigarette éteinte.

- Je ne vous pensais pas en dîner galant. Où est votre collègue?

À interroger un de vos témoins, peut-être de façon violente si elle a choisi d’écouter son instinct animal plutôt que le peu de bon sens dans son crâne de primate évolué. Rien de bien avouable, en particulier à un agent de la loi. Rappeler leur ascendance simiesque aux humains leur déplaît en outre particulièrement.

- De retour dans quelques minutes, je le pense. Quelle efficacité pour me retrouver.

- Je suis un enquêteur professionnel, et vous n’êtes pas vraiment discret, roule des yeux Schmarer. Ecoutez, j’ai vérifié la scène de crime, telle qu’on l’a scannée le jour des faits. Rien qui s’apparente à un holo-comms dedans. Je voulais vous le dire en personne: vous courez après un fantôme. Votre piste est un cul-de-sac.

Les mots font l'effet d'un seau d’eau frigide au visage.



Le transpondeur n’est pas là.



Zerath a eu tort.



Ils ne retrouveront jamais Balian, ni le commanditaire.



Tout est en vain.





Il inspire. Effacer l'ego, éteindre les doutes. Tout n'est qu'épreuve des dieux, il n'échouera pas. Sa volonté s'arc-boute pour réprimer ses appréhensions et une vague montante de lassitude.

"- Peut-être pourrais-je voir cette scène ?"

L'humain le dévisage, les mâchoires crispées. Ses yeux tentent de percer à travers l'air du prélat, mais il porte un masque littéral. L'inspecteur abandonne promptement l'exercice pour demander d'un ton égal :

"- Pensez-vous vraiment trouver des preuves mieux que mes équipes d'investigation professionnelles?"

Il a raison, bien sûr. Zerath a un sens aigu de l'observation - nécessaire pour survivre et se hisser par l'esprit et non la force au rang de prélat sur Kalee. Mais ces hommes sont des professionnels. Son œil novice peut-il apporter réellement quoi que ce soit?

"- Non, concède-t-il enfin."

Il s'abîme dans un silence puis reprend:

"- Avez vous remarqué des impacts de blaster, proches de l'entrée du hall? Il devrait y avoir des impacts éparpillés, de deux types différents."

L'homme hausse un sourcil.

"- Vous m'intriguez. Comment sauriez-vous cela sans accès à la scène de crime?"

"- Tout soin ne s'effectue que dans un périmètre sécurisé. Atraïde aura engagé l'hostile pour sûr. Si sa main est précise pour la chirurgie elle l'est moins pour le tir."

Cela, il l'a bien vu sur Balmorra. Bien qu'amiral, Zerath prend soin de connaître ses hommes, en particulier ceux qui ont plein potentiel à servir ses desseins.

"- Quant aux seconds tirs, c'est une supposition de ma part. Une communication interrompue du sergent est enregistrée dans l'historique de la navette, qui m'était destinée, un appel à l'aide. L'interruption était trop soudaine pour un assaut physique - car le médecin sait se défendre à la lutte. Seul un tir pourrait avoir stoppé net son alerte."

"- Un tir à sa jambe prothèse de surcroît, abonde Schmarer."

"- Énergétique n'est-ce pas?"

"- Parfaitement. Et nous sommes sûrs que votre homme n'a pu être touché qu'à la cuisse, en raison des éclats de bronzium éparpillés autour du point d'impact ainsi que des résidus de plastique carbonisés: la synthéchair."

"- Ce qui signifierait que l'appareil a été conservé par...Attendez. Bronzium, dites-vous?"

"- Eh bien, oui. C'est un matériau courant dans les prothèses, un métal facile à travailler et bon marché, bon pour des alliages basiques."

"- J'ai vu la prothèse de Atraïde, quand il ne la cache pas. Elle n'est pas de duranium, mais elle n'est pas faite non plus de votre métal. En revanche..."

Il sort son propre communicateur et le dépose sur la table.

"- Nos transpondeurs militaires, oui."

Voici donc ce que Zerath peut apporter à l'enquête : les connaissances qui légitimement font défaut au commissaire quant à l'armée républicaine.

Schmarer ouvre de grands yeux sur le dispositif et les affirmations et se mure dans la contemplation pensive. Admirable, songe l'Ular'Iim. Plutôt que de tirer des conclusions hâtives il préfère s'accorder une réflexion silencieuse pour réviser ses hypothèses à la lumière des nouveaux éléments. Cet humain n'est pas arrivé à son poste par hasard ou copinage.

"- Dans ce cas...articule lentement l'homme, le regard dans le vague, dans ce cas...Le tir aurait frappé le transpondeur de votre homme. Cela aurait projeté des éclats de bronzium. Mais et le plastique ?"

"- Il s'occupait de blessés lourds." rappelle Zerath, les yeux brûlants d'amusement. L'énigme se dévoile, les éléments arrivent en place l'un après l'autre. Par Imimek, tout n'est pas perdu!

"- Gants chirurgicaux, bien sûr...murmure Schmarer. Il tenait le transpondeur en main. Le tir a arraché l'appareil et envoyé des éclats de bronzium de la coque. La chaleur a également arraché des traces de plastique du gant qui tenait le dispositif..."

"- Puisqu'il n'est nulle part, il a été pris. Mais quel intérêt un mercenaire aurait-il à pareil gadget?"

"- D'après ses méthodes, il n'est pas dans l'opération par goût du risque, cela serait plutôt le profil psychologique de Tanlo Jakobi. Un trophée de chasse est donc hors de propos."

"- Et son employeur voulait Théophilius. Atraïde n'a été embarqué que parce qu'il était crucial pour le maintenir en vie, un communicateur républicain ne servait aucunement cet intérêt."

L'humain se lève.

"- Merci pour cette discussion éclairante. Je pense qu'une révision de tous les profils s'impose pour dénouer l'affaire."

Zerath ne répond pas tandis que Schmarer s'en va d'un pas poussé par une énergie nouvelle. Il ne dit rien quand il passe la porte et disparaît au coin de la rue non plus. Il convient de ne pas se précipiter. Si la discussion a permis de valider la justesse de sa recherche, elle n'a en définitif rien apporté de bien neuf si ce n'est peut-être la contribution prochaine de Schmarer.

Une figure connue repasse la porte. Le torse enflé de fierté et un large sourire d'arrogance au visage, elle marche - se pavane - et tournoie presque jusqu'à la chaise, blouse toujours sur le dos. Elle appuie son menton sur sa main - indolente - et observe Zerath emplie de satisfaction. L'autre se contrarie - imperceptible sous son masque. Pour qu'elle ait un tel sourire, il faudrait qu'elle ait battu à mort l'infirmier. Brève inspection de ses mains. Non, il n'y a aucun sang sur ses phalanges. Sur la blouse? Le tissus est aussi impeccablement propre qu'il y a quelques minutes.

"- Quel radieux sourire. Un bon augure je gage?"

"- À ton avis grande maligne?"

Son arme de prédilection est le blaster. Cependant l'hématome à la joue de leur première rencontre laissait à penser qu'elle était capable de violences parfaitement physiques. De surcroît, elle était si rapide qu'elle a échappé aux griffes de Zerath lors de leur - brève - échauffourée. Mais une menace au blaster aurait parfaitement fonctionné sur Howar. À travers la chaleur corporelle, il essaie de déceler des indices.

"- Pas de sang sur tes mains, je déduis la dentition de Howar toujours indemne."

Si elle l'a criblé de balles, alors elle ne manquera pas de s'en vanter - encore qu'on aurait entendu les tirs, à cette distance. Elle fronce les sourcils.

"- Comment ça 'déduis'?"

"- Comme mettre les éléments en relation pour tirer une conclusion."

Sous la peau, les effluves de chaleur montent. L'autre s'énerve.

"- Nan, mais... putain, mais me prends pas pour une conne, évidemment qu'je sais c'que ça veut dire. Comment ça, t'en déduis ? Tu devrais savoir c'qu'y' s'est putain d'passé."

"- Je ne suis pas encore omniscien- attends, tu..."

Il se tait un instant, soudainement tout prend sens. Son regard revient sur Maxence.

"- Tu as vraiment cru que le bouton de ta poche était un microphone?"

Nouvel afflux d'émotions qui apparaissent aux fluctuations de chaleur, le rythme de l'âme.

"- Évidement qu'j'ai cru qu'c'était un...!"

Les choses se calment. L'humeur redescend, tandis que la fille sourit.

"- J'passe peut-être pour une conne, mais j'me rends compte à quel point la République est composée d'amateurs notoires. Tu t'rends compte que tout c'que j'vais t'dire, c'est p't'être de la merde pour me sortir de tout ça indemne ? Nan, parce que j'espère que tu penses pas sérieusement qu'j'ai quelque chose à foutre de l'avis d'ta précieuse démocratie concernant ma gueule ?"

Zerath ne peut dire qu'il cherche les noms pour jeter un os à ronger aux autorités et que son intérêt est aux pistes pour retrouver les disparus plutôt que les coupables. Il objecte:

"- Ou peut-être que les mensonges sont inutiles devant moi et que je t'ai accordé un gage de confiance à ne pas t'affubler de mouchard?"

En réalité ce n'est pas exact, mais il est vrai que les fluctuations de l'âme - cette chaleur qui habite le corps - peuvent permettre de déceler le vrai du faux. Pour cela cependant il faut ou redoubler d'astuce ou être extrêmement observateur. Deux traits qui ne font pas défaut chez le prélat mais qui ne sont pourtant pas infaillibles.

"- Han... pauv' louloute, j'vais chialer... j'me permettrai pas d'bafouer ta confiance, tu vas nous refaire une scène."

Zerath ne dit rien et se concentre sur le visage de son interlocutrice, qui ricane et tapote sur son bracelet pour afficher un hologramme.

"- Joseph Vankrayn. Chasseur de Prime avec qui j'ai déjà bossé sur quelques missions. Même armure, il a un astromech nommé Ruug'la et y' s'fait surnommé le 'Mando'. Il est un peu... spécial. Doit lui manquer autant d'cases qu'à ton supérieur. Soit disant qu'c'est un mandalorien."

Son âme n'est habitée que par la fierté qu'elle avait à son retour triomphal. Mais elle pourrait être heureuse d'un mensonge bien ficelé, rien de bien probant. Mais, s'il met en relation avec son indignation précédente, en revanche, il peut émettre prudemment la conclusion : vérité.

"- Une affirmation honnête. Et une réponse précise de surcroît, deux marques d'un bon travail."

Il porte son regard, enfin, sur l'hologramme, puis sur son droïde, immobile depuis plusieurs heures à côté d'eux.

"- IM, envoie une requête à la DRI, pour le profil de Joseph Vankrayn."

Son regard revient sur Maxence. Il faut auparavant vérifier si tout cela concorde mais si oui, quelle épine hors de son pied - ses collègues auront enfin leurs coupables et lui sa liberté d'agir.

"- Cela ne prendra guère qu'une petite demi heure. Les éléments sont en bonne voie. Si tout concorde - et cela semble être le cas, tu seras sous peu l'heureuse bénéficiaire d'un million de crédits, ainsi que promis."



"- Ouais, 'fin y' manque un truc, là. C'est sympa d'coincer le mec qu'a été payé pour foutre la merde, mais j'pense pas qu'il crachera l'morceau sur qui est à la tête de tout ça. Joseph est loin d'être un amateur. Si vous le choppez... et je dis bien si, il dira rien. J'ai besoin d'savoir c'que la République pense sur les responsables de l'attentat. Je sais qu'les idiots qui vous servent de chefs ont pas suffisamment d'couille pour avouer quoi qu'ce soit en public, mais vous avez une idée, objecte la fille."

Des doléances qui semblent légitimes, pourtant une phrase interpelle immédiatement Zerath. J'ai besoin de savoir ce que la République pense sur les responsables de l'attentat. Le grand reptile la dévisage de ses deux pupilles rectilignes cerclées d'or et de bronze. Sa prime lui est accordée sur l'établissement de l'identité des deux kidnappeurs, les autres clauses - de son casier et sa liberté de mouvement - sont des bonus, dépendants de la recherche des disparus. Certainement, cette nuance n'aurait pas échappé à une lieutenante Hutt. Leur langage le plus naturel n'est-il pas les crédits ? Pire, si elle avait saisi les clauses de travers, elle se défendrait si l'on lui promettait moins que conclu - pas s'il était question par méprise ou hâte de lui épargner du travail. Cette réaction ne pouvant provenir du incompréhension du contrat, pourquoi interpeller Zerath de la sorte sur l'œuvre encore à accomplir? Non, non décide-t-il, ce n'est pas cela qui le dérange. La requête est légitime : l'identification du mercenaire ne livre aucune piste pour la suite. Il faut son employeur, qui est avec certitude derrière l'attentat. Mais alors qu'est-ce qui peut bien l'intriguer?

Ah, naturellement. Oui, c'est évident pourtant.



Il s'est écoulé quelques secondes depuis que l'humaine a parlé. Alors, Zerath déclame d'un ton sépulcral, à en éteindre le jour et glacer les étoiles:

"- Si lui ne parle pas, j'exercerai ma griffe sur son complice. Il ne sera pas aussi résistant que Vankrayn, et il est bien des méthodes pour éclater la psychée comme une coquille de noix. Ce...Jakobi n'y survivra peut-être pas, mais nous aurons notre piste, rassure toi."

Le sans visage n'a pas quitté la jeune femme des yeux. Son attention entière est portée sur ses prochains mots, ainsi que les inflexions que prendra son âme.



Ce qui dérange Zerath est que son interlocutrice ne parle pas du complice, quand les kidnappeurs étaient un duo. Maintenant, chère Djiilo, mensonge ou vérité ?
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Elle prenait son temps, la bougre, pour répondre. Elle connaissait la réponse ? Hésitait à lui dire ? Compréhensible, en somme. Ou alors elle lisait en elle ? Un court instant, Maxence détourna son regard sur le côté, pour lui faire comprendre que, malgré la grande joie qu'était : se regarder dans le blanc des yeux en tête à tête, elle commençait à s'impatienter. Mais la réponse ne fut pas spécifiquement celle qu'elle attendait. Et Maxence se retrouva face à un sentiment nouveau, elle était presque outrée. Une crispation incontrôlé du visage, une tête légèrement penché vers l'avant et des mains, remontant lentement pour se poser sur la table, faisant un point, un point important.

-C'est marrant, ça... Elle hocha la tête, ça ne se voyait presque pas, mais elle hochait la tête en détournant son regard de Lorra. C'est réellement marrant. J'veux dire, plus que les fois où j'ai dit qu'c'était marrant, mais j'forçais mon rire pour te faire chier. Cette crispation étonné vira vers le questionnement, l'introspection. J'ai toujours dit qu'les Jedis étaient exactement comme les Siths, en ignorant la couleur de sabre différente. En soit, on peut faire un parallèle similaire sur chacune de leur façon d'penser, on reviendra toujours au même point. Mais maintenant j'me rends compte que...

Elle dégaina son blaster pour le braquer directement en direction du visage de Lorra. La crispation avait disparu. En soit, elle savait qu'elle trahirait peut-être sa liaison avec Tanlo, mais ce n'était pas le point qu'elle défendait en retournant subitement sa veste.

-Qu'est-ce qu'y' m'dit qu'tu fait partie d'la République ? Y' a aucune Lorra suffisamment haut placée dans leurs précieuses frontières pour me promettre ne serait-ce qu'un millième de c'que tu m'promets. Eos, mon chou, c'est quoi, le truc en face de moi.

-Kaleesh. Elle avança son autre bras, celui avec le bracelet et une image de son espèce apparut. Race originaire de Kalee. Accent similaire. Articulation similaire. Yeux similaires. Bas du visage similaire. Différenciation : Cyborg. Assurance : Quatre-vingt-quinze pourcent.

-Y' suffirait de trois ou quatre heures supplémentaires pour savoir qui t'es réellement, mais un tas d'ferraille pleurnichard dans ton genre à tendance à m'faire perdre patience. La République ne se permettrait pas de dévoiler des techniques de torture Impériale à une Djiilo assez influente pour faire passer les mauvais messages aux Hutt tout en haut. Sans compter ta fâcheuse tendance à m'tester et à éviter mes questions. Alors j'te laisse cinq secondes pour me donner une identité.

-L'Empire n'a pas le monopole sur la torture. Tu discernes mon espèce et nous sommes à la guerre ce que les tiens sont au crime organisé; crois-tu que nous ne sachions rien d'un interrogatoire, parce que les citoyens sont libres de leurs opinions ? Sûrement tu as trop écouté la propagande de l'impératrice, qui confond libre-arbitre et faiblesse. Tu veux des preuves de mon affiliation, regarde mes actes qui seront plus forts que mes mots: observe le témoignage militaire, la connaissance que j'ai d'Atraïde, les efforts que je mets de mon temps pour cette affaire.

-Bla, bla, bla, bla. Elle retira la sécurité de son arme. J'vais t'expliquer, il te faut les étapes ? J'te file les étapes. La première, retirer la sécurité. La deuxième, tirer dans ton bras gauche, si tu bouges pas, tu pourras garder la droite en répondant, si tu bouges, tu perds les deux bras. Ensuite, si tu réponds toujours pas à mes questions, c'est la tête que j'vise. On est clair ? On est clair. J'ai déjà cherché à retrouver plein d'personnes que j'ai fréquenté, juste pour obtenir encore autre chose derrière, bien plus chère qu'une vie. Prénom, nom, maintenant.

La tension se faisait ressentir. La Kaleesh marqua une pause.

-Cette arme ne me blessera pas, tu le sais comme moi - n'as-tu pas déjà essayé ? Tu n'attires que la méfiance de ceux qui nous entourent, et peut-être même les autorités contre lesquelles ma voix ici n'a aucune portée.

-Merde... j'suis beaucoup trop patiente. J'ai pas la prétention d'faire souffrir un bout d'métal attardé, mais j'suis sûre qu'en pièces détachés, tu vaux super cher.

-Attardé ? Les Djiilo ont-ils déjà oublié qui a secouru leurs hommes sur Murkhana ? Atraïde était ci-bas, mais sous quelle voix penses-tu ?

Maxence appuya sur la détente sans hésité. Le laser résonna dans toute la salle, filant les quelques centimètres qui les séparaient pour s'écraser dans le bouclier de la chose en face d'elle. Un soupire échappa à la mercenaire alors que tout le monde dans la cantina venait de se lever en criant, hurlant à l'assassin, se réfugiant où ils purent... principalement à l'extérieur.

-Ah, oui, merde, c'est embarrassant là. Bon, aller, j'suis sympa, on va dire qu't'as une chance supplémentaire. C'est fou, pas vrai ? Même pour ton putain d'prénom, tu joues les gamines pourries gâtées. Tu trouves pas ça... d'autant plus embarrassant ?

-Je trouve embarrassant ce subite caprice, et l'illusion de pouvoir que tu places en cette arme. Elle se tut, reprenant en détachant chaque mot. Tu connais mon nom. J'étais sur Murkhana - je menais les forces médicales qui ont secouru les tiens. J'étais sur Arda, et j'y ai brisé l'Empire et ses pitoyables soldats. J'ai vu Destrillion assiégée et ai annihilé les troupes de Stoker. Sur Ossus je suis passé par le feu et la lame, pour tenir en respect des Sith l'éminent amiral. Nouveau silence. Tu connais mon nom, ou si tu l'ignores il te faudra le retenir. Et en République et chez les miens je vais par l'appellation de Zerath Ular'Iim.

Par contre faut arrêter de déconner. Maxence était d'autant plus outrée que ce Zerath -complet inconnu soit dit en passant, et pas la moitié d'un péteux le bougre- venait de toucher à sa sensibilité. Un caprice ? Là ? Un caprice ? Franchement, ça lui faisait mal au cul de se dire qu'en étant la plus conciliante des deux, à se faire traîner de force dans la galaxie, en plus de se faire rouler dans la farine et mentir à outrance, c'était finalement elle, Maxence Darkan, qu'on traitait de capricieuse. Une honte ! J'accuse ! C'était quand même Zerath qui avait failli explosé le crâne d'Abraham sans expliquer pourquoi. Zerath qui se vexait à la moindre réflexion. Zerath qui voulait que tout se passe sous ses conditions et pas autrement. Quel indignité. … Bref. On en était où ? Oui, Zerath Ular'Iim. Ce nom obligea la blondinette à marquer à son tour un long silence, sans baisser son arme.

-Jamais entendu parlé et j'vais sûrement t'oublier dans quinze jours.

-Max ! Surgit Arbraham de son bracelet, sans prévenir. Ah ! Merde ! Putain ! S'exclama-t-il en voyant le Kaleesh pour la troisième fois. C'est pas Lorra son prénom, c'est Zerath Ular'Iim, Amiral de la République Galactique.

Un militaire. Pas étonnant. Toujours les mêmes. Rebuts des mercenaires. Incapables des armes et de la réflexion. La stupidité enrobait ses hommes et femmes comme un glaçage le ferait sur le gâteau d'un enfant trop gras.

-Nan, mais je sais, t'arrive tout pile en retard.

-Ah, merde... fait chier. Ah ouais, bah c'est un peu gênant du coup. Bon... bah c'est bien. À toute.

Juste avant de couper la communication, il fit un doigt d'honneur à Zerath. Maxence se leva, rangeant son arme dans son holster.

-Ton CV est vraiment cool, mais visiblement, t'as ton coupable et tu sembles tout sauf disposé à m'aider pour le résoudre le contrat dans son entièreté. Toutes ces... bonnes actions envers les Djiilo ne valent plus rien. Regard en coin. Les Djiilo n'oublient jamais, c'est bien pour ça qu'ils pardonnent très peu.

La blondinette lui tourna le dos pour partir, comme si elle n'avait jamais tiré dans une cantina pleine de monde. Les autorités arriveraient sûrement très vite, mais elle courait suffisamment vite pour leur échapper. Elle bluffait sûrement. Elle ne voulait pas le voir ramper à ses pieds, non, si lui prenait l'idée idiote de faire ça, elle l'abattrait sur le champ, elle voulait des réponses. Zerath était un militaire, ce qui expliquait son ego fragile et la raison pour laquelle il était si compliqué de parler à une personne de façon sensé. Mais il avait des réponses, il lui fallait ses réponses.
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