La Main de la Force
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Cantonica - Château du Prince Asmodan

21 577 - Une semaine après les évènements d'Ossus

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- Dis-moi, Clérice, comment cela se passe-t-il ?

- Le médecin républicain continue de s’occuper du blessé.

- Et…pour le vieillard ?

- Toujours inconscient Maitre.

- Bon…le docteur ne leur donne pas trop de mal ?

- Non Maitre, il est directif mais se tient à sa place.

- Fort bien. Asmodan savourait un verre d’un vin démesurément cher tout en appréciant la situation, décidément, il avait fait une rafle de choix. D’humeur joueuse, il posa son verre sur une console richement ornée. J’ai envie d’un bain.

- Mais Maitre, vos deux contacts vont bientôt arriver.

- Hé bien, elles attendront…

- Mais…

Le regard qu’il lui lança sur le moment glaça le sang de Clérice. Nulle animosité, juste, quelque chose, dans son beau regard, qui lui donnait un air inquiétant. Le Prince Noir s’approcha de son esclave. Il passa une main dans les boucles noire de la jeune femme, un sourire moqueur sur ses lèvres :

- Ne me dis pas que tu…tentes de me tenir front ?

- N…non Maitre, jamais. Je vais préparer le bain.

Elle avait baissé la tête, tressaillant au contact de la main du Sith. Ses beaux yeux d’émeraudes s’étaient embués à l’idée d’avoir déplu à son seigneur. Clérice avait ses faveurs pour le moment, mais elle savait que cet intérêt n’était qu’éphémère. D’ici quelques temps, il se sera lassé d’elle. Restait à savoir combien de temps le Prince mettra pour se désintéresser de la belle gazelle à la peau sombre et aux yeux clairs.



**



Le Château du Prince Asmodan était à l’image de son propriétaire. C’était une immense bâtisse, posée sur Cantonica, véritable joyau d’exubérance et de luxe, en plein cœur du désert. Asmodan s’y était fait faire un véritable petit paradis artificiel, un écrin de verdures et de douceur où il faisait bon vivre. Certes la présence de ses hauts murs et de ses tours lui donnait des airs de forteresse. La fortune pour construire une telle oasis avait dû être colossale. Mais Asmodan ne reculait devant rien pour montrer à la fois sa démesure et sa domination. Il n’avait pas non plus lésiné sur la sécurité. Tout était discret, mais les systèmes étaient présents. On disait même que le château pouvait devenir invisible. Pur effet d’optique dû à la déviation des faisceaux lumineux par des superpositions de couches d'air de températures différentes. Le château prenait donc des airs de mirages en plein cœur du désert brulant de Cantonica.

Le Prince aimait y faire des réceptions gargantuesques. Véritables orgies où l’imagination du propriétaire des lieux constituait la seule limite. On était loin des clichés attribués généralement aux Siths. C’était ce que Darth Calix et Darth Unus pourraient se dire en arrivant à destination. Elles avaient été l’une et l’autre conviée à se rendre sur Cantonica pour rencontrer Asmodan. L’une pour un débriefing, et l’autre pour une mission importante.

Un petit comité d’accueil attendait Darth Unus sur l’air d’atterrissage privée du château. Un Zabrak s’inclina respectueusement devant elle :

- Soyez la bienvenue. Il l’invita à la suivre à travers des jardins somptueux. Ils entrèrent par une baie vitrée dans ce qui semblait être un salon. Le mobilier était clinquant à outrance. Table basse, sofa, coussins de soies, tapis, tout laissait sous-entendre la richesse de l’hôte des lieux. Le Zabrak invita Darth Unus à prendre place sur un sofa où reposaient des coussins aux couleurs chatoyantes. Une autre personne attendait également. Une Felacatian. Le Zabrak demanda avec douceur : Notre Seigneur n’est pas encore…disponible. Puis-je servir à vos excellences des rafraîchissements ?

Pendant ce temps, une Twi-lek courait à vive allure dans le palais. Elle arriva, essoufflée devant une immense porte. Elle tâchait de reprendre son souffle, ajusta ses lekku et vérifia le retombé de sa jupe, puis elle entra discrètement. Elle entendit un rire qui provenait de la salle de bain. Elle s’approcha doucement…Soudain une voix s’éleva :

- Qu’y a-t-il ?

Elle se figea…il avait senti sa présence…Elle déglutit avant de pouvoir expliquer :

- Vos invitées Maitre…elles sont arrivées.

- Toutes les deux ?

- Oui Seigneur.

- Entendu. Faites-les patienter.

Le prince avait bien l’intention de terminer son bain avant de rencontrer les deux Siths.




Darth Calix
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Ainsi donc Asmodan avait accepté de la rencontrer. Calix en était ravie car le jeune aristocrate semblait bien plus en phase avec les vues de la félacatiane que son paternel, autant donc se rapprocher de lui. Surtout que de ce qu’elle avait appris sur lui il n’était certainement pas du genre à se contenter d’une place de prince héritier – si tant est que Darth Ramken avait bien de tels projets pour son fils – et elle y voyait une occasion de s’élever dans son sillage. D’aucun seigneur à sa place se serait imaginé en marionnettiste du jeune homme, il était si jeune après tout, mais son parcours laissait transparaître trop d’intelligence pour qu’elle n’y aille pas prudemment. Cette rencontre serait l’occasion de jauger en personne la valeur du Prince Noir.
Et d’être jaugée en retour à n’en pas douter, raison pour laquelle elle avait décoller à destination de Cantonica dans la précipitation sitôt l’invitation reçue. Elle avait ainsi pu arriver sur la planète avec une large et confortable avance sur son rendez-vous et tandis que Bépo s’occupait de régulariser sa présence sur la planète comme de simples vacances dans les casinos réputés, elle dormait et récupérait de son voyage, agréablement court si bien qu’elle ne s’était même pas transformée. Une fois sur pied elle profita des quelques heures qu’il lui restait pour glaner quelques renseignements triviaux sur le prince et rafraîchir sa garde-robe pour cette rencontre, la planète ne manquant pas de boutique de luxe pour cela.

Quand elle posa le pied sur l’aire d’atterrissage privée du château, l’odeur sucrée des dattes et des agrumes fut sa première source de surprise avant que ses yeux ne se posent sur le magnifique jardin blotti au pied de ces hauts murs blancs. Une telle installation devait être à peine moins chère ici que sur Bonadan et c’était une puissante déclaration de la fortune et du pouvoir de son hôte. Fortune, d’ailleurs, dont ses agents n’avaient pas su avec certitude lui indiquer l’origine puisqu’elle doutait très fortement qu’elle provienne exclusivement, voir même ne serait-ce qu’en partie, de son père.

Connaissant les goûts de son hôte, Calix avait choisit sa tenue en conséquence : celle-ci était toute entière composée de soieries écarlates si légères qu’elles dévoilaient toute la volupté de sa silhouette dans le moindre contre-jour et donnaient l’impression qu’une simple bourrasque suffirait à la dévêtir complètement. Elles s’arrangeaient dans une simplicité feinte pour dévoiler quelques bouts de peau – ou plus exactement de fourrure – au moindre mouvement, parfois l’ébauche d’une rotondité sensuelle mais sans jamais révéler l’essentiel, laissant toujours le voyeur dans l’expectative. Des liserés de fils d’or venaient décorer ses bras, jambes et souligner le galbe de sa poitrine, tandis qu’une ceinture de tissu plus épais, légèrement satinée, paraît ses hanches et marquait sa taille. Enfin un ensemble de bijoux venaient décorer ses poignets, ses chevilles, son cou et ses longs cheveux laissés libre de dévaler sur son cou et ses épaules. Elle portait une paire d’escarpins assortis à sa tenue.

Un zabrak obséquieux l’accueillit et s’excusa de l’indisponibilité de son maître avant de l’amener à un salon luxueux pour qu’elle puisse patienter. Elle n’avait que faire de savoir si les occupations d’Asmodan étaient réelles ou non, elle se doutait qu’il ne manquerait pas l’occasion de la faire attendre un peu. Une manière comme une autre d’asseoir son statut, voir de tenter de déstabiliser ses invités en jouant sur leurs nerfs. Qu’à cela ne tienne, elle n’était pas à dix minutes – ou même une heure ou deux – près, elle pouvait attendre, surtout confortablement lovée sur les coussins moelleux que l’on laissait à son usage. Elle ne se laissa pas aller à se vautrer complètement toutefois, ou à s’enrouler sur elle même comme un chat sauvage comme elle aimait le faire dans l’intimité : elle ne savait pas quand débarquerait son hôte, ni même s’il ne l’observait pas actuellement, et elle escomptait bien qu’il apprécie au premier coup d’œil le spectacle qu’elle offrait. Elle était donc installée telle une aristocrate, le port altier, les jambes délicatement croisées, les bras reposant sur le dossier du sofa, mettant légèrement et discrètement sa poitrine en valeur, tandis que son regard de prédateur allait et venait à travers la pièce, scrutant le moindre détail.

La présence se fit sentir avant d’être visible. Elle hérissa le poil sur la nuque de Calix qui se tendit subtilement. Quelqu’un approchait, quelqu’un qui avait fait de l’Obscurité un mode de vie. C’était comme contempler une limace, une énorme limace qui essaierait de dévorer tout ce qu’elle touche. Ce qui contrastait quelque peu avec la petite femme en longue robe écarlate qui arriva dans la pièce derrière le domestique zabrak. Un visage pâle, inexpressif, aux lèvres évoquant celles d’une pendue. Calix plissa les yeux en l’observant, ignorant totalement le domestique, se contentant d’un geste de la main pour signifier qu’elle acceptait un rafraîchissement.

« Je ne m’attendais pas à vous rencontrer en cette occasion, Darth Unus. Vous êtes bien loin de vos laboratoires. »

La nouvelle venue tourna son morne visage vers elle, le craquement de sa nuque hérissant les oreilles de Calix.

« Je ne m'y attendais pas moi-même, il semblerait que, quelques affaires que le Prince est avec moi, cela doive se régler en personne... Peut-être veut-il faire de moi sa nouvelle maîtresse... »

Elle ricana, d’une façon qui tendit encore plus la félacatiane malgré l’effort qu’elle mettait à paraître solennelle et tranquille. Il n’était pas question d’avoir l’air impressionnée par la sorcière.

« Des rafraîchissements ? Quelle excellente idée. »

Sans quitter Calix des yeux elle se fit servir un verre. Elle restait debout, droite devant l’assassine. Si Unus avait été plus grande, la posture aurait pu être impressionnante.

« Vous semblez avoir l'insigne honneur de me connaître... mais il n'est malheureusement pas partagé. »

Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Calix. Elle ne faisait pas tant d’efforts inutilement après tout. Elle hésita un instant à esquiver la question puis décida que si Asmodan avait voulu cette rencontre – et il y avait fort à parier que c’était le cas, le jeune homme ne devait pas laisser ce genre de choses au hasard – le secret serait éventé tôt ou tard. Plus probablement le premier. Autant rompre la glace elle-même dans ce cas.

« L'inverse m'aurait déçue. Puisque notre hôte semble avoir voulu cette rencontre toutefois, je ne garderai pas de mystère : je suis Darth Calix. »

Elle porta la coupe de vin à ses lèvres, en savourant le nectar. Comme à chaque fois ou presque, la question de savoir d’où venait son goût pour cette boisson lui effleura l’esprit : était-ce une vraie préférence personnelle ou juste un résidu de cette mission où elle l’avait feinte pour faciliter l’approche d’une cible ?

« Vous avez demandé une audience ou vous avez été convoquée ? Asmodan ne vous a donné aucune information sur les raisons de votre entrevue ? »
Invité
Anonymous
Qu'est-ce que la Vie et qu'est-ce que la Mort ?

La pièce était un long rectangle qui se terminait en un bulbe arrondi à l'une des extrémités.

Qu'est-ce que marquait la différence entre l'un et l'autre ?

On penserait qu'elle était mal éclairée, pourtant les lampes tournaient à plein régime pour inonder les lieux d'une lumière crue. C'était le métal noir dont elle était faite qui semblait dévorer toute clarté. Le lieu tout entier semblait respirer la dévoration, ses angles acérés transpiraient d'une voracité sourde, ses murs semblaient vouloir se refermer sur vous pour vous déchiqueter.

Les Jedi disent qu'il n'y a pas de mort, seulement la Force, ils se trompent, si proche, mais si loin à la fois. Il y a la Mort et elle est la Force. Ce faisant, les Sith sont les seigneurs de la Mort.

La Sorcière occupait l'extrémité, elle en était le point central et la position de toute chose en ce lieu référerait à la sienne. À sa droite, se trouvait une sorte de sarcophage de métal entrouvert, il était vide. À sa gauche, un homme attaché, il lui manque une main. Face à elle, l'espace de travail en lui-même qui formait un arc de cercle, une main y était posé, la coupure était encore fraîche. Trois cylindres étaient placés juste derrière, l'un contenait un estomac, un autre, un cœur toujours connecté à son système vasculaire qui ondulait autour de lui comme la corolle d'une méduse, le dernier, un squelette complet.

Tout comme la matière oscille entre le solide, le liquide et le gazeux, les vivants alternaient entre le monde physique et celui de la Force. C'était une symétrie et sa compréhension constituait la base de la Sorcellerie Sith, soit l'utilisation de son propre corps comme d'une porte au travers de laquelle l'on pouvait faire déferler les puissances de l'indicible sur le monde matériel. Là où les autres se contentaient d'utiliser le Côté Obscur, les sorciers, eux, lui donnaient forme.
L'un des exemples les plus édifiants était sans nul doute la réanimation de cadavres. Un être vivant, après tout, n'était rien de plus qu'un amas de cellules en mouvement et cette chose qu'on appelait un corps ne servait qu'à leur fournir leur nécessaire nourriture. Quand la « mort » arrivait, ces cellules continuaient de perdurer pendant un temps, avant de finir par s'éteindre à leur tour, faute d'alimentation. C'est là que le Côté Obscur entrait en jeu, en le connectant à la Force encore présente dans ces cellules moribondes, on leur offrait une source d'alimentation « alternative » pour relancer la machinerie. Le résultat était imparfait, pour un vaste nombre de raisons, mais il existait.
Et avec lui venait les questions, à quel moment quelqu'un devenait-il assez mort pour que cela fonctionne, par exemple, ou encore le cas des amputations : l'on pouvait survivre sans une main, mais cette main ne pouvait pas survivre sans vous, pouvait-on alors la ranimer séparément ?

Elle avait déjà les réponses à certaines d'entre-elles, pour les autres, c'était à ça que servait cette main posée sur sa table. Elle était fraîche, du sang gouttant encore de la coupure. Avec la Force, elle pouvait voir ses cellules continuer sur leur élan vital, mais cette inertie ne durerait pas, bientôt viendrait le manque, la faim, la panique, la mort, la décomposition. Il était donc temps de commencer.

Elle vint placer sa propre main au-dessus du membre esseulé et fit appel au Côté Obscur. Un océan s'écoula au travers du chas d'une aiguille, ses propres cellules devinrent comme un essaim d'araignées innombrables, chacune distillant l'indicible en un fil unique. Une pluie de ténèbres suinta des angles de la réalité, d'une main à une autre, d'une araignée à une autre. Les fils se combinèrent en un tissage, une toile, un sort.

La main fut parcourue de spasmes comme si un courant électrique la traversait, mais c'était une tout autre énergie qui contractait désormais ses muscles. Sa peau blêmit à vue d’œil au point de devenir presque transparente, révélant un réseau de veines devenues noires. La Sorcière effectua un subtil mouvement du doigt et la main se dressa telle une araignée à cinq pattes.

La volonté était la clé, comme toujours. Qu'était-ce que la mort si ce n'était la cessation de cette dernière ? Il fallait toujours prendre en compte la barrière de l'ego, la contourner ou la briser était l'un des piller de la Sorcellerie Sith. Cependant, il n'y avait rien d'inédit dans ce qu'elle avait accompli jusque-là, c'était maintenant qu'elle allait essayer de pousser les choses un peu plus loin.

L'énergie qui animait désormais le membre était la même que celle utilisée pour la manifestation de l'Obscur, elle était donc polyvalente et flexible. Maintenant qu'elle était connectée à des cellules vivantes, l'altérer devait permettre d'altérer par dériver la nature de ces dernières. Les effets de la modification de son tissage ne se firent pas attendre, la main convulsa avec une violence redoublée, des craquements sinistres quand ses doigts se plièrent en des angles impossibles. C'était comme regarder un gant de chair être lentement occupé par quelque chose qui était tout sauf une main. La chair au niveau de la coupure avait complètement viré au noir et une grappe d'échardes frémissantes en jaillit, d'étranges excroissances segmentées en firent de même au niveau des articulations. La réaction, au combien intéressante au demeurant, prit fin aussi brusquement qu'elle était apparue, laissant pour résultat une chose qui n'était plus tout à fait une main, du moins, pas la main d'un homme.

C'est à ce moment-là que son datapad sonna, une rapide consultation lui révéla que son message d'arrivé chez les renégats avait reçu une réponse, une invitation plus précisément, pas de Ramken cependant, mais de son fils, Asmodan, ce qui était toujours mieux que rien.

Quand elle reporta son attention sur sa table, la main avait disparu, c'était un problème. Elle la retrouva bien vite cependant, occupée à essayer de se rattacher à son propriétaire. Une tentative dont observer le résultat serait intéressant en soit, mais elle devrait remettre ça à plus tard, elle avait une autre problème plus pressant sur les bras à présent, trouver où se situait Cantonica.

*****

Après avoir consulté trois cartes stellaires différentes, elle avait finalement découvert où se trouvait ce caillou, à savoir dans le secteur corporatiste. Après avoir vérifié une dernière fois qu'il se trouvait bien dans l'espace renégat, et qu'il s'y trouvait tout court, elle s'y rendit enfin.

Ce monde était exactement ce qu'elle s'était imaginée qu'il serait, à savoir une petite bille désertique et totalement anodine qui, par quelque hasard, n'avait pas été désassemblée par une corporation minière locale mais recyclée en lieu de villégiature pour gens friqués. Que le Prince Noir ait choisi cet endroit pour une rencontre était des plus parlant quant au genre d'individu qu'il était, sentiment renforcé par le fait que le lieu en question était un palais qu'il avait fait lui-même bâtir.

À vu de nez, donc, Asmodan était un bellâtre hédoniste qui aimait faire étalage de sa richesse et de son pouvoir, les deux découlant en partie du fait que son paternel était l'Empereur, soit, un Fils de. Cela dit, la démesure de la construction, ainsi que son éloignement, indiquait clairement un besoin de prouver quelque chose, ou de se convaincre de ce qu'on n'était pas, sans pour autant défier papounet trop ouvertement, encore une fois, typique des Fils de. Tout ceci était cependant des plus intéressants, tout particulièrement si elle comptait un jour se débarrasser de Ramken.

Alors qu'elle posait son vaisseau et que l’archétype même du serviteur docile et obséquieux venait pour l’accueillir, elle réfléchissait à la dernière inconnue de la situation, à savoir ce que lui voulait le Prince. Elle-même savait parfaitement de quoi elle était capable, la question était donc ce qu'Asmodan attendait de ses talents, elle espérait simplement que ce ne serait pas quelque chose de trivial, sinon, le fils risquerait bien de ne pas survivre au père.

Elle n'avait jamais eu grand intérêt pour les mondanités et sa garde-robe s'en ressentait, mais, sachant que son hôte semblait avoir le goût des belles choses, elle avait fait un petit effort. La robe qu'elle portait était d'un écarlate prononcé, rehaussé de quelques touches de noir. Comme à l'accoutumé elle était ample, enveloppait son corps comme un suaire et affichait un style que l'on pourrait qualifier de « fonctionnel élégant », prévu pour aller autant dans les soirées que les salles d'autopsie. Complétant l'ensemble, une paire de bottes à même de braver le désert et un châle enroulé autour de sa tête. Petite touche final à sa présentation, un nouveau « visage », plus agréable que ce qu'il restait du sien et qui aurait presque pu faire illusion, si ce n'était sa quasi-absence d'expression, son teint cireux et ses lèvres bleuâtres la rapprochant plus de la noyée que de la beauté.

L'intérieur du palais était semblable à l'extérieur, à savoir d'un clinquant ostentatoire. À peine en avait-elle franchi le seuil qu'on lui proposa déjà des rafraîchissements et un sofa sur lequel s’asseoir. Aussitôt, sa paranoïa de Sith entra en action, se demandant quel poison avait été ajouté aux boissons et quel genre de créatures venimeuses se cachaient dans les recoins du confortable mobilier.

Son hôte brillait par son absence, mais quelqu'un autre était présent, un autre Sith. C'était une félinoide, félacatienne au vu de son humanomorphisme prononcé. Si Unus avait fait le minimum syndical pour être présentable, l'inconnue s'était mise sur son trente-et-un, il était vrai qu'elle avait plus à mettre en valeur que la Sorcière. Il y avait un contraste certain entre elles deux, l'une à l'aura diffuse dans la Force, confortablement installé et définitivement habillé pour séduire et l'autre, à la présence dévorante, debout droite comme un I dans une tenue que l'on pourrait qualifier de conservatrice, voir pudique.

Le fait qu'Asmodan est demandé la présence de deux Sith était intéressant en soit, mais étaits-elles là pour la même chose ? La féline lui épargna la peine d'initier la conversation elle-même et ce premier échange l'aiguilla quant à la nature de cette femme prénommée Calix.

Elle esquissa un nouveau ricanement avant de lui révéler sa déduction.

« Secrète et curieuse, une espionne, je présume, le genre qui se cache en pleine lumière au vu de la tenue. »

Le genre qui était parfaitement à son aise dans les rendez-vous mondains comme celui-ci. Elle pouvait voir l'utilité qu'Asmodan pouvait avoir d'une espionne, plus que d'une sorcière d'ailleurs, mais leur présence conjointe était-elle due à un simple souci de commodité ou bien à un dessin commun qu'il avait pour toutes les deux ?

Elle imita alors la pose de la féline, à la seule différence qu'elle ne fit même pas mine de vouloir boire ce qu'il y avait entre ses mains.

« Pour vous répondre, un peu des deux, et aucun en même temps. C'est Ramken que j'ai contacté, pourquoi s'embarrasser avec des intermédiaires après tout, mais seulement pour l'informer que je le rejoignais. Quelque temps plus tard, l'un de ses secrétaires me recontacta pour me dire d'aller rendre une petite visite à son fils, qu'une mission m'y attendrait. J'attends toujours, à moins qu'il ne s'agisse juste que de vider sa cave à vin. »

« Ce ne serait pas une mission trop désagréable. Mais je doute que notre Empereur ait de telles considérations. J'imagine que nous ne devrions plus trop tarder à en savoir plus, notre hôte va finir par dépasser le stade du retard soigné. »

Elle but une gorgée de vin.

« Je dois dire que cela m'amuse assez de vous imaginer envoyer un simple message à Darth Ramken pour lui dire que vous avez décidé de l'aider. Comme un genre d'amusante incohérence entre l'importance du propos et la simplicité de votre démarche. »

Ainsi, elle avait bu, erreur de débutant ou bien certitude que la boisson, outre son indice d'alcool, était inoffensive ? Concernant le sofa, elle n'y détecta aucun être vivant caché dedans ou à proximité.

« De nos jours, les gens aiment tout compliquer, pour ensuite prétendre que le monde l'est. Ils érigent autour d'eux des labyrinthes dont eux seuls ont les plans pour ensuite regarder les autres se perdre à l'intérieur, se gaussant de l'illusion de leur supériorité. Car c'est exactement ce que c'est, une illusion pour dissimuler leur absence de substance, leur petitesse, leur simplicité. Une illusion qui ne perdure que jusqu'à ce que quelqu'un ne se décide à aller droit au centre en passant à travers les murs, laissant dans son sillage leurs dédales de pacotille en lambeaux et la vérité révélée. »

Elle tendit sa coupe, toujours pleine, vers le serviteur. Ce dernier arriva promptement, mais sa démarche était différente, privée de l'empressement servile qui la caractérisait auparavant. Mécaniquement, il prit la coupe entre ses mains, mécaniquement, il en but le contenu cul-sec.

Ne faisant aucun cas de ce phénomène, la sorcière changea enfin de position pour venir se placer juste à côté de Calix sur le sofa.

« Et la vérité, c'est que le monde est simple. Simple dans les principes qui le gouvernent et simple dans les désirs de ceux qui l'habitent. Simple, mais pas simpliste. »

Le zabrak continuait de boire une coupe désormais vide, Unus tendit à nouveau la main et ce dernier vint y replacer le récipient. Juste après cela, deux émotions apparurent sur son visage, la confusion et la peur. Sans dire le moindre mot, il se retira à nouveau.

« Intéressante démonstration de pouvoir. Par contre la prochaine fois donnez lui de l'eau, là c'est gâcher du bon vin. Enfin je doute que cela vide les caves de notre hôte. Il commence à se faire attendre d'ailleurs. »

En effet, le Prince aimait se faire désirer, semblerait-il, qu'à cela ne tienne, cela lui avait donné l'occasion de faire connaissance avec une personne particulièrement intéressante.
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- Maitre, laissez-moi vous sécher…

Debout devant son bain, entièrement nu, le Prince Noir se laissait faire par les petites mains douces et serviles de son esclave. Il lui avait fait comprendre de prendre son temps. Laisser des invitées faire plus ample connaissance étant, en fin de compte, un acte de politesse qu’il leur faisait.

Darth Unus et Darth Calix semblaient faire deviser à leur manière. Et le pauvre serviteur d’Asmodan était devenu un jouet entremêlé dans les fils de la sorcière sith. Quand le malheureux fut libéré, il s’enfuit, non sans croiser son maitre qui rejoignait ses hôtes sans se presser.

- Allons mesdames. Savez-vous comme il est difficile de trouver des serviteurs compétents et gracieux sur ce cailloux ?

Adossé contre l’encadrement de la porte, le Prince Noir s’était enfin manifesté. Son sourire était éclatant alors qu’il analysait ses invitées qui lui faisaient face. Elles seraient peut-être surprises en le voyant, il n’avait rien à voir avec les Siths traditionnels. Ses longs cheveux blonds, à la limite du blanc, cascadaient sur ses épaules. Il portait un pantalon léger en soie bleue, et une robe de chambre assortie. Il n’avait même pas pris la peine de la nouer, montrant ainsi au grand jour sa musculature particulièrement bien sculptée. Il était pieds nus, affichant une désinvolture qui lui était propre, parfaitement conscient de ses charmes dont il usait souvent à outrance. Il tenait un verre de vin à la main, et se décida à s’approcher.

- Ravi de vous rencontrer très chères. J’espère que vous avez fait bon voyage. Darth Calix, il plongea son regard de braise dans les iris de la Felatican, vous avez fait du bon travail sur Ossus. Du très bon travail. Je ne vais pas m’étendre en banalités, je préfère entrer dans le vif du sujet. Voyez-vous grâce à la débâcle que vous avez générée, des alliés à nous ont pu mettre la main sur des prisonniers de choix qui profitent de mon hospitalité.

Un sourire malsain s’était dessiné sur ses lèvres fines.

- Thélophilus, président de l’AGPU nous fait l’insigne honneur de sa présence. Cependant il a été gravement blessé durant l’explosion. Il a heureusement été pris en charge par un médecin visiblement compétent. C’est la deuxième prise : un certain Docteur Balian Atraïde. Un médecin militaire. Darth Calix, j’aimerai que vous vous renseigniez sur ce médecin. Ce type a pratiqué une opération des plus délicate en plein milieu de ce joyeux bazar que vous avez semé. Il nous en savoir plus sur lui.

Asmodan prit une gorgée de vin tout en s’amusant à observer les courbes de féline créature qui n’avait pas manqué de se mettre en avant dans le choix de sa tenue et de son maintien. La sorcière était beaucoup plus austère. Mais il en fallait plus pour mettre le Prince Noir mal à l’aise. Alors qu’il savourait l’instant, son esclave à la peau d’ébène fit son apparition. Il l’interrogea du regard, elle s’approcha et vint susurrer quelque chose à son oreille. Le Prince éclata de rire :

- Vraiment ? Haha voyez-vous cela. Voila qui est d’autant plus amusant. Je commençais à croire que ce républicain manquait de piquant.

Il eut un geste et l’esclave s’écarta pour aller se planter dans un coin, prête à répondre à la moindre requête de son maître.

- Il semblerait que notre ami médecin ait refusé de nous rejoindre de son propre chef. Mais…je suis sûr que c’est parce qu’il n’a pas encore fait votre connaissance Darth Unus. Je compte vous confier les prisonniers pour que vous les rameniez sur Ziost afin que mon père puisse en disposer à sa guise. Bien entendu je compte sur vous pour les traiter selon leurs rangs. L’état de Maître Thélophilus s’est stabilisé. Les médecins assurent qu’il est hors de danger. Il faut simplement qu’il daigne se réveiller.

Une nouvelle gorgée de vin, alors qu’il observait les réactions de ses propos chez ses deux invitées de marque.


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Calix se surprit à presque ronronner de plaisir sous les compliments et le regard incendiaire d’Asmodan, auquel elle répondit par un sourire mutin. Mais elle passa très vite à la suite en écoutant ce qu’avait à dire le Prince Noir : ainsi le président de l’Alliance Galactique des Puissances Unies était ici-même, dans les geôles d’Asmodan ? C’était une information de premier ordre et elle tira une intense fierté du fait qu’on ose lui révéler, bien plus que de ce regard de braise, aussi flatteur était-il.
Le deuxième prisonnier avait un nom qui ne lui était pas inconnu. Elle réfléchit quelques instants, passant ses rapports en mémoire, avant de réussir à s’en souvenir :

« Balian… Ah oui, le nouveau patriarche du clan Atraïde. Ils sont très influents sur Mirial, l’Empire essaie de se les mettre dans la poche depuis un moment mais une bonne partie est en exil dans la République. Lui c’est un médecin avec son lot de problèmes personnels mais je n’ai plus le détail en tête. Son père était le précédent patriarche et est mort récemment dans des circonstances… nébuleuses. »

Asmodan sembla légèrement surpris de ce soudain exposé et elle haussa délicatement les épaules, faisant onduler la soie de sa tenue, penchant légèrement la tête de côté avec un petit sourire.

« C’est un nom qui peut faire de grandes choses sur Mirial et j’essaie de toujours rester informée de ce genre de personnes. En plus il y a quelques… étrangetés autour des Atraïdes restés sur Mirial qui m’intriguent. »

Elle ne s’était pas vraiment penché sur la question mais les quelques rapports qui avaient pu passer sur son bureau lui donnait l’impression qu’il y avait là-bas quelqu’un d’autre qui jouait au même genre de jeux. Qui ? Pourquoi ? Aucune idée et les hypothèses ne manquaient pas, mais elle avait gardé cela dans un coin de sa tête depuis. Un genre de signal d’alerte interne si la question venait à surgir, comme c’était le cas à cet instant.

« Je peux vous trouver plus d’informations sur lui si nécessaires. Certains sujets vous semblent plus importants que d’autre ? »

Sa question s’adressait au moins autant à Asmodan qu’à Darth Unus, puisque le premier venait d’annoncer qu’il allait confier les prisonniers à la seconde. Sa réputation la précédant, Calix avait un certain nombre d’hypothèses sur ce qu’il serait demandé à la sorcière mais elle était curieuse de savoir de quoi elle pouvait avoir besoin pour ça.

« Quant à Thélophilus, cela sera encore plus simple mais je me demande ce que vous comptez faire de lui ? Sa disparition, surtout couplée à celle d’un officier de la République, n’a pas pu passer inaperçue. Tout retour de leur part sera au mieux suspect et nous marcherons sur des œufs. Alors que rechercherons-nous : décrédibiliser l’AGPU ou l’influencer selon nos désirs ?
Et surtout comment nous assurons-nous que les laquais de Darth Malevolus et de Darth Senjak ne nous mettent pas de bâton dans les roues ? »


Car si le reste de la galaxie allait regarder le retour de ces deux disparus avec une certaine réserve très prévisible, au mieux, il ne faisait aucun doute que le Conseil Noir, qui se saurait innocent dans cette affaire, comprendrait très vite ce qu’il se passait. A partir de là, il était certain que les services secrets et diplomatiques de l’Empire allaient monter au créneau. Bien évidemment, dans les deux cas, Calix était ravie de se démener pour les en empêcher.
Et si elle pouvait amener Asmodan à voir les choses comme elle et à l’aider, pensait-elle, elle aurait fait un bon pas en direction de la tête de cette salope à peau rouge.
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Comme ni Calix, ni le serviteur ne commencèrent à se tordre de douleur, elle dut se rendre à l'évidence, le vin n'était pas empoisonné. Pas de regret à avoir cela dit, elle évitait tout ce qui risquait d'émousser ses sens et son esprit, une vieille habitude de jeunesse, on ne survivait pas longtemps sur Socorro en étant long à la détente.

Toute ces tergiversions sur les boissons alcoolisées prirent fin quand leur hôte se montra finalement. La Sorcière quitta alors son sofa, époussetant sa robe au passage et vint se placer face à lui. La coupe qu'elle tenait encore quitta sa main pour venir se poser en douceur sur une table proche.

« Votre Altesse. » dit-elle tout en exécutant une, brève, révérence. Elle avait révisé son protocole avant de venir et c'était le terme qu'on employait pour un prince. « Ne vous inquiétez pas, ajouta-t-elle à propos du serviteur qui avait profité de l'arrivée de son maître pour prendre ses jambes à son cou, il n'en gardera aucune séquelle, une bonne nuit de sommeil et il n'y paraîtra plus. »

Asmodan était exactement tel qu'elle se l'était figuré à peu de chose près, à savoir un sous-Noctis, un bellâtre tout en regard de braise appuyé et torse dénudé. Elle se demanda ce qu'il ferait quand l'inéluctable entropie l'aurait dérobé de tous ses charmes, de même qu'elle se demanda s'il pensait qu'ils auraient le moindre effet sur elle ? Elle n'avait déjà guère d'attrait pour les mâles à l'époque où elle avait encore cette chose qu'on appelait une âme, alors maintenant. Non, elle laissait à Calix le soin de ce genre de chose, c'était plus son domaine après tout.

Quand on parlait du loup, enfin, du chat, plutôt, voilà que ce dernier était rivé yeux dans les yeux avec le Prince. Il ne fallut qu'une poignée de secondes à la Sorcière pour comprendre que ces deux-là se connaissaient, encore plus qu'en ils lui firent la révélation, indirecte, que c'étaient eux les responsables de l'attentat d'Ossus.

« Oh. » lâcha-t-elle, un son plus bas de quelques octaves que sa voix jusque-là. S'en suivit un ricanement qui parut plus comme une toux contenue et elle exécuta une nouvelle révérence, plus longue et plus appuyé.

« Tous mes compliments, ce petit monde insolent méritait cette leçon depuis un moment déjà. Mon seul regret est de ne pas avoir été là pour le voir brûler de mes yeux. »

Mais il y avait plus, oh oui, bien plus. Il y avait des prisonniers, et quels prisonniers.

« Le président de cette très chère AGPU et un médecin plus que compétent qui s'avère être en prime le patriarche d'un des clans les plus influents de Mirial, croyez-en celle qui fut une pirate, c'est un fameux butin que nous avons là. J'ignore qui sont ces alliés qui vous les ont amenés, mais leur récompense a dut être conséquente. »

Faisant mine de flâner dans la pièce, la Sorcière se plaça de façon à avoir à la fois Asmodan et Calix dans son champ de vision. Paranoïaque, dirait certains, certes, mais l'on n'atteignait pas son âge sans l'être, tout spécialement quand on vivait dans un empire de Sith.

Comparé au regard de braise du Prince Noir, le sien, malgré les airs affables qu'elle se donnait, était glaciale. Avec le calme et la minutie d'un prédateur à l'affût, elle mettait en place les pièces du puzzle et étudiait le vivier de nouvelles opportunités qui venait d’apparaître.

« Votre père sera sûrement plus que satisfait de la tournure qu'on prise des événements, et il le sera encore plus si nous parvenons à transformer l'essai, ce qui est pourquoi je suis là. »

Oh, comme tout devenait évident à présent, à commencer par la raison de sa présence ici, ainsi que de celle de l'espionne.

« Une place de choix leur sera réservée à Malhazar, où ils recevront toute l'aide nécessaire pour devenir une meilleure version d'eux-mêmes. »

Son sourire s'élargit, ses lèvres cyanosées, qui parurent au bord de la rupture, s'écartèrent pour découvrir une rangée de crocs noirs.

« Quant à vous, très chère, dit-elle en s'adressant à la féline, trouvez tout ce que vous pourrez, avec une préférence pour ces fameux problèmes personnels. Je veux tout savoir de leurs failles, de leurs fautes et de leurs péchés. Susurrez-moi à l'oreille tous les mensonges qu'ils disent aux autres autant qu'à eux-mêmes et la vérité hideuse qui se cache derrière. Dites-moi ce qu'ils aiment et haïssent, ce qu'ils redoutent et désirent, oui, tout particulièrement ce qu'ils désirent, ce qu'ils voulaient, veulent et voudront, car, de cela, découle absolument tout le reste. »

Calix n'était pas donc pas seulement là pour faire son rapport à son employeur, mais aussi pour fournir les précieuses informations qui serviraient à « l'amélioration » des prisonniers. Techniquement, la Sorcière pouvait obtenir tout ça par elle-même en fouillant directement dans l'esprit des concernés, mais, comme les projets d'Asmodan, et ceux qu'elle était en train d'élaborer, nécessitaient que leurs esprits restent relativement intacts, la féline avait donc toute son utilité.

« Mais, continua-t-elle, créer des marionnettes est une chose, décider de quelle sera leur place dans le petit théâtre que nous somme en train de monter en est une autre. Je ne doute pas que son Altesse ait déjà quelques idées sur le sujet, et qu'il veuille peut-être les garder pour lui, mais je me permets de lui préciser qu'un objectif vague laisse à l'esprit la liberté de se questionner, de douter ; un objectif clair, par contre, offre le meilleur remède qui soit à cela, l'obsession. »

Tout ce qu'elle disait était vrai, mais, au-delà de l'angle purement professionnel, elle cherchait aussi à jauger de la capacité des Renégats à considérer le long-terme. Joignant ses mains dans le dos, elle prît un ton professoral :

« Pour le vieil homme, cela sera facile, il est âgé et dans un simili-coma, c'est aussi le porte-bavoir attitré du roitelet d'Ossus, un conciliant timoré qui veut être ami avec tout le monde, un partisan de la neutralité impuissante, bref, la définition même d'un faible. Il ne sera pas très difficile de le convaincre que tout ce qu'il accomplira sera pour le bien d'Ossus et de son roi, surtout après ce que les membres de son organisation ont fait à son monde ; qui sait, je pourrais même lui apprendre à haïr comme il faut, cela lui ferait du bien. »

Elle tapota son menton de ses longs doigts osseux, mimant une réflexion en temps réel, maquillant ce qu'elle avait déjà établi en suggestions et suppositions.

« Quant à ce que nous ferons de lui, eh bien, sa seule utilité est d'être assis à la tête de l'AGPU, donc, tout comme ma très chère collègue l'a si bien souligné, reste à savoir ce que vous voulons d'elle. Doit-elle déclencher la guerre, ou bien continuer de l'empêcher ? Doit-elle rester cette neutre coquille vide ou bien devenir une véritable puissance ? Tellement de possibilités, toutes alléchantes à leur façon. »

Si cela ne tenait qu'à elle, l'AGPU, et l'intégralité d'Ossus au passage, aurait été réduite en cendres purement et simplement, mais, d'un point de vue purement pragmatique, elle avait son utilité, car, malgré ce que les renégats pourraient bien penser, l'Empire n'était pas en état de mener une guerre de cette ampleur. C'était là, selon elle du moins, le but de cette guerre civile, elle était la fièvre nécessaire pour évacuer le mal qui s'était emparé de lui, mais, comme toutes les fièvres, son action affaiblissait son hôte avant de le guérir, elle le rendait vulnérable à un assaut opportuniste. Et y avait-il Être plus opportuniste dans la galaxie qu'un Neimoidien ?

Mais, la République ayant toujours préféré la paix à la guerre, l'AGPU pouvait être utilisée contre elle, comme un temporisateur, le temps que l'Empire soit prêt. La paix était un mensonge, mais le mensonge était l'une des armes des Sith.

« En ce qui concerne notre bon docteur, poursuivit-elle, cela sera un peu plus difficile. Il est plus jeune, il y a un sacré caractère et il est conscient. Il est aussi un soldat et un exilé, il a donc des raisons de nous détester personnellement et, comme nous le savons tous, la haine est source d'un grand pouvoir. Plus difficile donc, mais loin d'être impossible, j'ai brisé plus coriace, cela demandera juste un peu plus de temps.

« Pour son rôle à jouer, c'est un peu plus simple, correctement utilisé, il pourrait faire basculer Mirial de notre côté. La seule question en suspend est si nous avons besoin de la partie de son clan qui se trouve dans la République, et, le cas échéant, comment nous allons faire rentrer tout ce beau monde au bercail. »


Malgré sa moindre importance apparente, elle était plus impatiente de travailler sur ce Balian Atraïde que sur Thélophilus, déjà parce qu'il représenterait un challenge plus intéressant que le vieillard, ensuite parce qu'il contribuerait à la guerre de façon plus directe et, enfin, parce que cela lui donnerait peut-être une occasion de visiter Mirial. Elle était, en fin de compte, comme une peste ou une tempête devenue consciente d'elle-même, toujours heureuse de répandre sa dévastation à un nouvel endroit.

Face à son enthousiasme sous-jacent, le pessimisme de l'espionne offrait un contraste rafraîchissant.

« Cela me rappelle, dit-t-elle en réponse à ses inquiétudes, quand ceux de mon temps avaient enlevé le Chancelier de l'époque, Echte Andanu. On lui avait fait enregistrer un message nous avantageant, et évidemment, la suspicion fut telle que notre entreprise d'alors se solda par un échec. Cependant, nous pouvons faire preuve d'un peu plus de subtilité que cela, nous ne sommes pas l'Inquisition après tout. »

Elle écarta alors les bras comme à l'ouverture d'une grande représentation théâtrale.

« Considérons que la République s'est rendu compte qu'ils ont disparu, considérons qu'ils vont mener une enquête, considérons encore que cette dernière va leur permettre de remonter jusqu'à nous, et, considérons finalement qu'ils feront tout leur possible pour aller les récupérer. Nous savons donc ce qu'ils veulent, et savoir ce que notre ennemi veut est déjà la moitié de la victoire. Dame Calix ici présente à raison, simplement les relâcher éveilleraient bien trop de soupçon, mais nous n'avons pas besoin de faire cela, il nous suffit de laisser la République les sauver. »

Elle savait que sa proposition allait faire lever quelques sourcils, aussi la développa-t-elle :

« Imaginez, les preux, musculeux, et qui ne compensent absolument rien avec leur gros blasters, héros de la République sauvant le frêle vieillard des infâmes Sith grimaçant. C'est un holo d'action qui s'écrit tout seul, un monde d'une simplicité, d'une pureté absolue, enfantine, tout droit sorti de leurs campagnes de recrutements, et nous allons le leur offrir sur un plateau. Croyez-moi, pour peu qu'ils rencontrent un minimum syndical de résistance, ils goberont la chose sans se poser de questions, ignorant que le vieil homme qu'ils ont récupéré n'est plus tout à fait celui qu'ils ont perdu. »

Elle baissa soudainement les bras, affectant la posture de quelqu'un ayant vu douché par une soudaine réalisation.

« Bien sûr, ce serait sans compter sur les cafards de Malevolus et les poupées de Senjak. Si la République est assez naïve pour gober notre stratagème, eux, le sont beaucoup moins et ils seront plus que ravis de gagner des points auprès d'elle en nous pointant du doigt s'ils apprennent que nous les avons. Donc, c'est un problème... Mais il n'est pas sans solution. »

Elle leva les bras à nouveau.

« Les Loyalistes n'ont plus trop la cote chez la République depuis l'attentat, ce grand dadais de Khorog se ridiculisant devant toutes les holo-caméra de la galaxie et l'attitude curieuse de Ladium ont fait dresser quelques sourcils. Imaginez maintenant ce qu'il se passerait si l'on retrouvait nos disparus chez eux ? Voilà mon idée, dès que nos invités ont fini leur ''thérapie'', nous les chargeons dans un vaisseau carcéral, ou quelque chose de ce genre ; on s'assure qu'il est bien l'air loyaliste et ensuite on le laisse se promener chez eux. Tout ce qu'il nous restera à faire sera alors de guider la République jusqu'à lui et de profiter du spectacle.

« Tout est une question de timing, il nous faudra, en parallèle, saboter toute tentative de contact entre la République et les Loyalistes pour augmenter la méfiance de la première envers les seconds, mettre en place notre petit théâtre, et, enfin, aiguillonner l'investigation républicaine afin que cette dernière tombe dessus juste avant que les loyalistes ne comprennent ce qui est vraiment en train de se passer. Ainsi, nous leur aurons coupé l'herbe sous le pied et laissé un beau foutoir diplomatique sur les bras. »


Elle joignit alors les mains devant elle pour offrir une conclusion physique à sa présentation.
La Main de la Force
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Ah, qu’il appréciait cette situation ! Il avait pris place dans l’un des fauteuils, observant les deux femmes qui lui faisaient face. Ses deux invitées s’avéraient vives d’esprit : cela lui plaisait. Il était d’ailleurs surpris par toutes ces données que Calix avait déjà engrangées sur ce médecin. Mais elle se justifia d’une fort belle façon : il était logique qu’une telle femme se trouve toujours bien informée, après tout...

Asmodan avait gardé le silence durant toute la représentation théâtrale de Darth Unus et de l’exposé tout aussi retentissant de son plan diabolique. Peu à peu, un sourire malsain s’était dessiné sur les lèvres du Prince Noir.

- Darth Unus, je ne vous connaissais pas ce penchant pour les tragédies... Cela dit, j’approuve totalement l’idée de faire porter le chapeau aux Loyalistes ! Il nous faudra jouer finement, et la République n’y verra que du feu. D’autant plus que, comme vous le dites si bien, l’Empire Loyaliste semble décidé à s’auto-détruire. Entre l’échec de Khorog, un Castellan qui prend ses aises, le silence de la moitié du Conseil Noir, l’absence d’un vrai chef, ce cher Cardinal Noir doit avoir beaucoup à faire. Néanmoins… il ne faut pas sous-estimer nos adversaires. Mais il ne sera pas impossible de faire croire que l’Empire Loyaliste cherchait à faire ployer un Patriarche Mirialan, et se mettre dans la poche l’actuel président de l’AGPU.

Il eut un geste désinvolte et aussitôt, un serviteur se précipita pour prendre le verre qu’il tenait du bout des doigts. De l’autre main, il fit comprendre à l’esclave qu’il ne désirait pas être resservi, et de les laisser seuls.

- Darth Calix ? Trouvez-nous donc davantage d’informations sur ce Balian Atraïde, et sa famille restée sur Mirial. A-t-il encore des contacts avec cette souche impériale ? Je veux tout savoir sur ces étrangetés dont vous parlez. Et je veux tout connaître de ce Balian. Vous prendrez-soin également de transférer tout ce que vous trouverez à Darth Unus., afin qu’elle puisse actionner les bons leviers dans l’esprit de notre précieux docteur. Un détail… Il semblerait qu’il ait un lien avec la Force. Est-ce qu’il a appris à l’utiliser ? A-t-il eu des contacts chez les Jedis ? A partir de ce que vous parviendrez à faire de ce docteur, nous verrons si nous nous contentons d’en faire un agent au sein de la République, ou si nous pouvons l’utiliser pour Mirial. L’idéal serait de faire d’une pierre deux coups. Mais ne soyons pas trop gourmands. Asmodan se redressa légèrement. Il réfléchissait, cherchant à ne rien laisser au hasard. Bien entendu, si vous pouviez veiller sur Senjak et ses actions chemin faisant, cela serait formidable. Pour une « Voix », je la trouve bien silencieuse ! Soit elle n’a plus rien à faire de l’Empire, soit elle prépare quelque chose. Son sourire s’était élargi alors que ses yeux s’étaient posés sur le corps de la Felatican. Concernant l’AGPU et son président, nous verrons ce que mon père décidera. Contrôler indirectement l’AGPU et Ossus serait, je dois le reconnaître, fort amusant.

Asmodan se leva de son fauteuil et claqua des doigts. Son esclave à la peau d’ébène entra alors. Elle risqua un rapide coup d’œil en direction des deux Siths présentes. Elle réprima une grimace devant l’attitude de la Felatican... Tellement aguicheuse… Elle avait si peur que son maître la délaisse. Après tout, sa survie n’était-elle pas aussi à ce prix ? Asmodan connaissait la jalousie de son esclave, si férocement possessive. Et cela commençait à l’ennuyer. Voila sans doute pourquoi il aboya, sans chaleur aucune, à la belle Clérice qui venait à eux :

- Le docteur Atraïde a-t-il terminé son office ?

- Oui, Maître.

- Fort bien. Fais savoir à la sécurité que nos prisonniers vont dès à présent devoir nous quitter. Ils sont confiés aux bons soins de Darth Unus, que voici.

- Tout de suite Maitre !

A nouveau, Asmodan fit savoir à son esclave d’un geste qu’il n’avait plus besoin d’elle. C’était le privilège des êtres supérieurs, que celui de se faire obéir sans même avoir à user de salive. Un confort méconnu.

- Bien… je suis sûr que mon père sera ravi de la tournure des événements. Au fait... Darth Calix ? Savez-vous si la République s’est d’ores et déjà mise en mouvement pour retrouver nos deux amis ? C’est l’une des raisons pour lesquelles je vous ai fait mander avec tant d’empressement. Je ne tiens pas à laisser ces prisonniers trop longtemps au même endroit. Vous comprenez, j’imagine ?

Chacune des deux Sith savait désormais ce qu’elle avait à faire. La machinerie était en marche, lancée à pleine vitesse parmi les ombres glauques qui étaient toujours l’apanages des leurs... Restait à espérer qu’aucun grain de sable ne viendrait perturber le bon fonctionnement des rouages bien huilés des manigances des Renégats.

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