Paul Hardin
Paul Hardin
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Un poing alourdi par la colère s’écrasa sur le bureau, sans retenue. La douleur pulsa immédiatement dans le muscle, mais elle ne faisait pas le poids, absorbée par la fureur qui déformait le visage de Paul. Ses sourcils avaient complètement obscurci ses yeux, sa bouche pincée s’était perdue dans sa barbe. Son poing, les jointures blanchies, ne démordait pas du cou invisible autour duquel il s’était enroulé.


La voix d’un présentateur tiré aux quatre épingles vociférait depuis le dispositif installé dans le coin gauche du bureau, à droite de la porte. Elle vociférait tant, emportée par une exaltation malsaine, qu’elle aurait vrillé l’esprit de toute personne présente, mais pour Paul, en cet instant, cette voix n’était plus qu’un soupir distant.


Il a osé, pensa-t-il. Il a osé. Il a osé. Un courroux torrentiel, d’exaspération et de rage mêlés, emportait sur son passage les mots et les phrases. Toute pensée rationnelle, toute analyse méthodique s’étaient effacés sous le flot majestueux de ce déluge duquel ronflaient encore les mots stridents de ce présentateur zélé : « En vertu de la Loi patriote, il a publié au Journal officiel de la République Galactique, un décret interdisant aux membres de l’Ordre Jedi l’accès au territoire républicain. ». Les doigts distraits de Paul sillonnèrent les rayures ancrées dans le plastacier du bureau, puis il se leva, s’arrêta après quelques pas, se rassit enfin.


Cette enflure a… a…, mais les mots s’enfuyaient comme s’enfuient les songes dès le réveil. Que faire contre une sommité pareille, qui n’accordait à la rigueur légale que l’infime poids de ses paroles ? Cet obséquieux Chancelier se dérobait à toute forme de contrôle, de vote et de respect qui, considérant le poids de ses responsabilités, lui incombait pourtant.


Ce tour de force, Paul devait bien l’admettre, renforçait son intime conviction que cette Constitution fissurée, où s’aplatissaient les vipères, exigeait un lourd travail afin que nul ne puisse ainsi s’y soustraire à nouveau. Cependant, face à l’autorité du fait accompli, ces changements n’interviendraient que dans un second temps, un temps où l’on panserait les blessures infligées par S’orn, dont Paul ne lâchait pas l’invisible cou de son poing comprimé.


« Eh oh ! C’est bientôt fini là, on s’entend plus, merde à la fin ! Baisse le volume de ce satané holo-transmetteur. »


Par un prodigieux miracle, cette tonitruante voix couvrit le vacarme et ramena Paul à la réalité. Il fit un geste de la main comme s’il intimait le silence à un enfant et immédiatement, le silence s’imposa.


« Qu’est-ce qu’on peut faire, concrètement ? demanda aussitôt Paul, le visage fermé. »


Malgré sa fureur, quelques minutes plus tôt, le Sénateur avait repris consistance et fixait un point diffus, loin derrière l’homme.


Son interlocuteur, Ed – Eddy de son vrai prénom –, ferma la porte et prit place dans l’un des deux fauteuil disposés devant le bureau du Sénateur. Il caressa l’une de ses joues, rasée de près, pensif, puis passa une main distraite dans son abondante chevelure.


« Alors là, je dois dire qu’il nous a tous pris de court, oui ! Et sans le Sénat !


— Il n’y a aucun moyen pour que ça soit constitutionnel.


— Je te le fais pas dire, seulement… La plupart des moyens actuels de contrôle de constitutionnalité, je te l’apprends pas, passent par le Sénat. C’est quand, déjà, ton rendez-vous avec la Sénatrice Ekway ?


— Bientôt. »


Les règles du jeu politique étaient ainsi édictées : rejoignez un parti ou mourrez. Pour Paul, il était hors de question de rejoindre le parti majoritaire ; les discussions à ce sujet auprès du Conseil sénatorial avaient été longues et âpres et une zone d’entente avait été trouvée sur l’Union Galactique des Systèmes Solidaires. Ni pro-conflit, comme l’Alliance contre l’Oppression, ni populiste comme la Coalition des Mondes Opprimés.


« J’envisage de saisir la Cour suprême, ici même, sur Druckenwell. J’imagine, mais je ne peux en être sûr, qu’elle élèvera une exception d’inconstitutionnalité et pourrait forcer les instances républicaines à appliquer le droit. Pour légitimer cette loi. Seulement, la Loi Patriote est déjà en partie inconstitutionnelle et ça me… (Paul fit danser une main dans les airs avant de décrire des moulinets au niveau de sa tempe.) Ça me rend fou que personne n’ait rien soulevé à l’époque. Cette loi bafoue la plupart des principes généraux de la Constitution. Le principal moyen que nous avons, c’est d’obtenir ne serait-ce qu’une fois une majorité au Sénat, ça c’est évident. »

Ce qui avait commencé comme une explication adressée à l’interlocuteur, toujours assis, les mains posées sur les genoux, était progressivement devenu un exutoire à haute voix. L’homme y était habitué, il écoutait patiemment.


« Paul, les Cours régionales et locales n’ont pas vocation à statuer sur la loi fédérale, je pense que tu le sais.


— Je le sais fort bien, Ed. »


Par acquis de conscience, Paul avait réépluchée la Constitution républicaine. Il la détenait sous la forme d’un petit livre, en simili-papier à la couverture épaisse. Ce dernier sentait le plastique, n’avait aucun charme particulier et, par endroit, laissait entrevoir les fibres synthétiques à l’image de la Constitution elle-même : désagrégée.


Ariane et Paul avaient longuement réfléchis à ce sujet, le soir venu, se querellaient souvent quand la fatigue s’immisçait dans leurs voix pâteuses.


« Mais l’écran législatif pourrait marcher. Après tout, nul n’a statué dessus, reprit Paul.


— C’est risqué.


— C’est encore plus risqué de laisser S’orn là-haut. »


Un ange passa.


« Je vais rencontrer les Jedi. »


Au ton de sa voix, Ed comprit que Paul venait d’y penser comme il se remémorerait un ingrédient oublié sur une liste de course. Il chercha dans les yeux du Sénateur un éclair de malice, un frémissement dans sa barbe, signes invariables qui trahissaient Paul lorsqu’il manquait de sérieux. Paul soutint son regard.


« Tu vas ?


— Rencontrer les Jedi. »


Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Après tout, les Jedi étaient les premiers concernés et cela semblait nécessaire de connaître leurs positions avant toute initiative.


« Et comment vas-tu t’y prendre ? demanda Ed.


— Je vais aller les voir.


— Tu sais que tu possèdes une ligne sécurisée ?


— Quand bien même l’est-elle vraiment, je ne suis pas naïf au point de jouer à ce jeu quand les mises sont importantes. Tu comprends très bien pourquoi je veux les rencontrer, dit Paul, posément.


— C’est si dangereux.


— Mais pas interdit, que je sache. N’aies crainte, nous serons quand même discrets. Tu m’accompagneras. »


Ed était un Nautolan au tempérament calme et réfléchi, un garde-fou pour Paul. En tant que conseiller politique aux affaires extérieures, il s’était toujours montré avisé et extrêmement précautionneux. Si Paul parvenait à le convaincre, plus ou moins laborieusement, alors l’idée était viable. Si Ed se montrait inflexible, alors la sagesse dictait d’abandonner.



***

Paul n’avait pas négligé les préparatifs. Le trajet se déroula dans une navette de taille moyenne qui n’arborait aucun signe distinctif, si ce n’était sa peinture défraîchie. Seuls Paul, Ed et trois gardes voyageaient vers Dantooïne. La navette atterrit au milieu du tumulte dans l’astroport de Rainë, la ville mitoyenne à l’Enclave Jedi. Paul et son équipe, en relation étroite et sécurisée avec les Jedi, avaient convenu qu’il était bienvenu d’éviter l’Enclave et de s’intégrer à l’agitation urbaine.


Dès l’arrivée, les gardes du corps se mêlèrent à la foule pendant que Paul et Ed se dirigeaient, affectant le pas hâtif du voyageur pressé, vers une bâtisse qui les dominait de ses trois étages.


A peine eurent-ils frappés sur la porte métallique qu’elle se déverrouilla, laissant apparaître une Twi’lek. D’une main, de la même couleur jaune auréolin que son visage, elle leur indiqua silencieusement l’intérieur de la pièce, enfoncé dans l’ombre, et leur emboita le pas sitôt introduits.


Deux personnes aux traits humains se tenaient debout, face à eux, bien que Paul supposât fort bien la présence d’autres individus dissimulés. Pouvait-il seulement blâmer les Jedi d’agir par excès de prudence ? Les yeux de Paul s’acclimatèrent et il discerna le mobilier. C’était une demeure conventionnelle. Ils se trouvaient dans une salle à manger, attenante à la cuisine qu’il entrevoyait par un porche et d’où filtrait une lumière blafarde. Trois suspenseurs et une fenêtre aux rideaux tirés baignaient le lieu d’un éclairage qui virait vers l’orangé.


Les deux individus se trouvaient à côté d’une table métallique ronde, complétée de quatre sièges faisant chacun paire avec un verre d’eau. Deux portes, une à leur gauche, l’autre derrière eux, semblait mener aux différentes pièces. Un calme de plomb régnait.


Paul s’inclina et, brisant le silence, commença d’un ton révérencieux :


« Je suis Paul Hardin. » Il n’estima pas nécessaire d’énoncer son titre, jugeant que les deux hommes, maintenant qu’il distinguait leurs traits, le savaient déjà.


« Voici Ed, mon conseiller, reprit-il. (Il s’inclina à nouveau.) Je suis ravi de vous rencontrer, bien que j’en déplore les circonstances. »

Karm Torr
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Karm, Karm, Karm, Karm, Karm…
Oh non…
Hé si !
Tu vas me forcer à faire un truc horrible…
Tu me connais si bien.
J’ai piscine !
Et moi j’ai ton emploi du temps.
Cours d’aquabantha.
Un rendez-vous politique.
Je crois que j’suis en train de développer une mononucléose foudroyante.
Tu sais ce que c’est ?
Non mais c’est foudroyant.
On a reçu un message d’un sénateur.
Je m’sens foudroyé.
Qui souhaite rencontrer des Jedis.

Nata, l’auxiliaire de l’ExploCorps qui jouait le rôle d’administratrice générale de l’Enclave, plongea son regard le plus persuasif — ou le plus menaçant, ça dépend des points de vue — dans celui de son mentor, qui se laissa aller à un long, très long, très, très long soupir, en s’affaissant dans sa chaise, accablé par toute la misère du monde.

Mais je suis encore jeune, naïf et innocent.
Parfait, ça lui ferait un vent de fraîcheur, déclara la jeune femme en lui tendant une dataclé qui contenait les informations essentielles à la rencontre, tirée des Archives Jedis. [color:034c=[color=#00ccff]cornsilk]Et j’ai réussi à réquisitionner Maître Kayan, aussi.

Ça, c’était une bonne nouvelle, et l’explorateur se détendit un peu. Non que l’intervention de Nata fût nécessaire sur ce point-là, parce que le Jedi aurait probablement supplié son compagnon de l’accompagner, de toute manière. Rendu à cet argument définitif, Karm hocha la tête et se mit au travail.

Depuis l’expulsion des Jedis, il n’avait eu d’autres choix que de s’intéresser à la politique. Lui qui s’était toujours considéré comme un étranger au sein de la République, né ailleurs, naturalisé par le hasard de son intégration à l’Ordre Jedi, toujours fourré au-delà de ses frontières, découvrait péniblement les arcanes de ses institutions. À vrai dire, il oubliait une partie de ce qu’il lisait, les acronymes se mélangeaient dans son esprit, et toute cette grande machine administrative si parfaitement étrangère à ses propres convictions lui demeurait opaque.

Rendez-vous n’en avait pas moins été donné au sénateur Hardin sur Dantooine et, d’après ce qu’avaient pu lui dire les Consulaires questionnés pour l’occasion, et en premier lieu Loé, son ancien Padawan, il y avait des raisons d’espérer que ce politicien-là soit sincère dans sa démarche. Alors, pour le préserver, dans un effort de discrétion qui serait peut-être dérisoire, les Jedis s’étaient arrangés avec l’un de leurs fournisseurs de Rainë.

Vous croyez que j’aurais dû mettre la bure, demanda Karm en se recoiffant machinalement, les yeux rivés sur son reflet transparent, dans la vitre de la pièce où ils patientaient ?
Maître, répondit Loé, je crois que pour des rencontres de ce genre, l’authenticité vaut mieux que le protocole, non ?
Euh… Ouais. J’imagine.

Il n’empêche que l’Ark-Ni n’irradiait pas l’autorité. Petit, avec des traits juvéniles, habillé avec un tee-shirt à l’emblème d’un groupe de folk rodien, d’un blouson et d’un jean, on avait plutôt envie de lui conseiller de retourner les bancs d’un amphithéâtre de L1 que de méditer avec lui le sort de la galaxie.

Ils sont là, lâcha-t-il distraitement, avant même que leur hôte ne les avertisse de la présence de la délégation.

Quelques secondes plus tard, en effet, alors que les Jedis qui les accompagnaient s’effaçaient pour les laisser discuter, Luke et Karm se retrouvaient face à deux politiciens républicains, une espèce peu faite pour leur inspirer confiance, par les temps qui courent.

Le Gardien ne s’en inclina pas moins à son tour.

Maître Torr, dit-il. Et Maître Kayan.

C’était peut-être un peu puéril, mais il éprouvait toujours une certaine fierté en utilisant le nouveau rang de son compagnon.

Circonstances ou pas circonstances, on est heureux de vous accueillir. On aurait préféré vous montrer l’Enclave, mais… Je sais pas, c’est peut-être de la paranoïa de notre part, mais on voudrait pas vous mettre en délicatesse.

Le Maître Jedi parlait un basic teinté d’accent populaire, et dont une oreille exercée pouvait deviner qu’il ne s’agissait pas de sa langue maternelle. Mais le Sénateur Hardin n’ignorait peut-être pas que les apparences ne disaient pas tout et que l’homme qui lui faisait face avait joui jusque-là d’une solide réputation au sein de l’armée républicaine, et que tout le monde le connaissait au sein de son Ordre. Comme son ami.

D’un geste de la main, Karm invita tout le monde à s’asseoir et il prit place lui-même.

J’vois que vous êtes venus avec des gardes…

(Comment ça, il le « voyait » ?)

… et c’est évidemment pas un problème. On a trois personnes dans la pièce voisine, des Consulaires qui sauront mieux que nous, en tout cas que moi, se pencher avec vous sur des points techniques, si jamais c’était nécessaire. Moi-même, je fais plutôt dans l’exploration, la cartographie. Éventuellement les opérations militaires. Ce genre de choses.

Ce n’était peut-être pas très malin d’avouer de but en blanc qu’on ne savait pas très bien de quoi on parlait, mais Karm n’avait jamais été très doué avec les faux-semblants.

Sachez que votre… euh… comp… Sollicitude ? Sollicitude nous touche. C’est pas une activité très agréable que d’en être réduit à compter ses alliés, je vous le cache pas, mais parfois les grandes tempêtes chassent les nuages de pollution. On a bien conscience pour notre part d’être… Pas un épiphénomène, mais… Disons un symptôme. Un symptôme d’un trouble assez profond au sein des institutions républicaines, un trouble que certains d’entre nous ont contribué à aggraver, mais qui aujourd’hui nous dépasse largement. Plus que notre propre sort, parce qu’on trouvera bien une manière de survivre, c’est ça qui nous préoccupe, vous voyez ?
Luke Kayan
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Bien qu'il se soit détaché de la politique, Luke connaissait le nom de Paul Hardin. Honnête, sans vocation à scandale et tourné vers le social. Son geste n'était pas sans risque, car il était impliqué dans la République. Président à la commission des Affaires Sanitaires et Sociales, mais également membre de sa délégation, l'homme avait à perdre si on le voyait fricoter avec des Jedis. Ce constat avait poussé le Hapien à considérer la rencontre, bien qu'au fond, il n'en ait aucune envie. Pourquoi se battre alors que les siens avaient été caillassés pour les faire sortir plus vite des colonies ? La population ne semblait pas vouloir d'eux. Nulle manifestation ou grève remarquable, sans haine aucune, le nouveau Maître songeait chaque jour à simplement renoncer. Il tenait parce que certaines associations avaient énormément perdu après leur départ. Les Jedis étaient en effet impliqués dans de gros projets où ils faisaient à la fois office de main d'oeuvre gratuite mais aussi d'instructeurs. Sans eux, ces projets juridiques, médicaux et sociaux s'effondraient. Il y avait aussi l'espoir infime de libérer les membres du Conseil mais dans cette société injuste, où une loi imposée de manière grossière était si facilement passée, Luke n'était pas sûr de pouvoir faire quoique ce soit.

Néanmoins, ils se retrouvaient donc face à Paul Hardin. Luke avait lui aussi noté les gardes. Malgré sa cécité, le jeune homme avait tour à tour posé son regard à l'endroit où ils se trouvaient, les sondant rapidement pour déterminer leurs intentions. Neutres, ils ne faisaient qu'accompagner ce Sénateur, lequel semblait effectivement bien disposé à leur égard. Lorsque Karm les présenta, le blond sentit un petit frisson. Il ne s'accoutumait pas à ce titre, mais inutile de jouer les modestes, les timides face au politicien. Si l'Explorateur avait le rôle du baroudeur qui s'assume, son compagnon avait l'air bien plus protocolaire, apte à saisir s'il y avait une entourloupe diplomatique. Au moins, Karm inspirerait la confiance par rapport à sa simplicité d'approche. Luke Padawan se serait hérissé face à ce type inapproprié d'approche. Aujourd'hui, il considérait cela intelligent et surtout, il savait que si quelqu'un sous-estimait son ami, il aurait bien tort. Ce dernier avait souvent un jugement plus fin que lui, voire de meilleures capacités sociales. Il se liait avec les gens, savait leur parler ou les faire parler tandis que le Hapien restait en surface. Lui était plutôt bon pour ajuster des contrats, discuter des termes d'une négociation ou faire des rapports. Juger la vraie personnalité des gens, se lier avec, c'était bien plus difficile et moins naturel. Quand ils seraient seuls, toutefois, Luke se promit de rassurer Karm en lui disant d'utiliser ses mots, sans souci de haut langage. Sa réputation lui permettait de passer outre et ça valait encore mieux que de buter sur le basic.

Quoiqu'il en soit, souci de vocabulaire ou non, son ami avait très bien enclenché la discussion en montrant la préoccupation des Jedis pour autrui. Quelque soit la situation, ce n'était pas eux qui avaient désespérément besoin d'aide. Ils remerciaient Paul Hardin de venir sans démontrer dépendre de lui. En politique il était important de ne montrer ni faiblesse, ni intérêt et son aîné l'avait parfaitement compris. Bien joué Karm.

- Je me joins à Maître Torr pour vous remercier. Vous avez entrepris un voyage périlleux pour nous rencontrer, la moindre des reconnaissances est de faire en sorte que ce dernier soit fructueux.

Luke restait, par habitude, un peu en retrait de Karm. Ils étaient maîtres tous les deux, ceci dit, c'était son compagnon qui était à la tête de l'Enclave, lui qui en tout cas, l'avait crée et finalement dicté son fonctionnement. Également habillé en civil (il avait renoncé à la toge pour assurer un véritable anonymat à Paul Hardin), le jeune homme avait opté pour un jean, une chemise blanche réhaussée d'une petite veste. Ceci dit, son visage était aussi juvénile que celui de l'Ark-Ni, et on l'aurait volontiers renvoyé sur les bancs de l'université de droit.

- Pourquoi avoir souhaité nous rencontrer. Les autres Sénateurs ont-ils réagi ? Que voudriez-vous proposer ? Je me permets aussi de demander des nouvelles des prisonniers, un jugement est-il prévu ? Une remise en liberté ?

Luke était prudent, il ne souhaitait pas critiquer Grendo bien que l'envie soit grande. Pas en premier toujours. Pour le moment, il demeurait méfiant envers le politicien quelque fut sa réputation. Si S'orn avait réussi à convaincre tout le monde que les Jedis avaient fomenté un complot, qu'inventerait-il au cas où cette rencontre avec Hardin était préparée, filmée ? Arguerait-il craindre pour sa vie au point de prôner l'élimination des Jedis ? Le passage en force de sa loi et son exécution laissait croire qu'il en avait le pouvoir.

- Nous nous inquiétons surtout pour les projets que nous avons dû délaisser. Des associations et leurs structures ont subi les conséquences de plein fouet. Pourront-elles demander un dédommagement pour préjudice ?

La construction d'écoles dans des milieux défavorisés, des camps montés pour des épidémie, la recherche, l'agriculture, l'université ou même des projets juridiques se trouvaient amputés. Les Jedis étaient partout, quoiqu'en dise Grendo, ils avaient souvent mis les mains dans la boue et leur interventionnisme avait permis de nombreuses avancées. Luke répugnait à laisser la police plantée comme il avait dû le faire, ainsi que les universitaires avec qui il collaborait. Si au moins ces associations pouvaient demander des aides légalement, Grendo se retrouverait coincé de ce côté et elles se redresseraient plus ou moins. Ce serait déjà une belle consolation. Toutefois, ne pas accuser le Chancelier, ni le menacer ne voulait pas dire renoncer aux droits des travailleurs du Temple, même non-sensitif qui avaient été exilés.

- Comme vous le comprendrez, je n'ai pas eu le temps de me plonger dans des textes de lois ces derniers temps, mais il me semble que la Constitution condamne bien des arrestations ou des punitions, dont l'exil, envers des innocents. On ne peut retirer la nationalité à une personne à cause de sa race, de sa religion, de son orientation sexuelle ou de ses idées politiques... Pire encore, le faire à des gens qui sont liés professionnellement à une institution comme la nôtre. Pour eux au moins, séparés de leur famille, de leurs biens, il devrait y avoir une solution. Un moyen d'arranger ça à l'amiable.

Si Paul Hardin était sincère, il les aideraient, s'il était ambitieux, le Consulaire avait présenté les choses de telle manière à ce qu'il voit le potentiel d'un tel acte. En ramenant au moins les civils condamner sur le territoire Républicain, il réunirait des familles et gagnerait de futurs électeurs pour un poste plus important. Pour eux, les Jedis, Luke ne réclamait rien, il ne les compromettrait pas, ni ne semblerait vouloir lutter en leur nom. Ce serait trop risqué et probablement inutile de chercher à retrouver une nationalité Républicaine, du moins pour l'instant.

La voix du jeune homme était calme, douce mais on sentait un creux, une distance. Il était poli et impeccable dans sa diction, digne dans ses réclamations mais il y avait peu de chaleur dans ses mots. Quoique reconnaissant envers Paul Hardin, comme il l'avait dit au début, le blond demeurait prudent, et surtout encore choqué de ce qui s'était passé. Le temps du candide Padawan qui croyait fermement au système était révolu. Il allait se battre pour ceux qui payaient les actes -pourtant loin d'être criminels bien que Luke ne les approuve pas- de certains de ses pairs. Depuis quand exilait-on un pan de la population parce que des chanceliers étaient mauvais ? Halussius était probablement victime d'un complot, mais au pire, on aurait dû l'arrêter lui afin de lui demander des comptes, pas directement s'en prendre aux Jedis.

Les raisons évoquées lors du Jexit étaient ridicules, évidemment fausses, pas même creusées, et c'était ce qui blessait le plus le Hapien. Pour se créer sa propre armée, S'orn n'avait même pas eu besoin d'être subtil, alors encore une fois, à quoi bon se battre ? Mais cette amertume, le nouveau maître n'en ferait pas part à Hardin, par professionnalisme bien sûr mais aussi méfiance. Que pouvait gagner cet homme à leur rencontre ? Renforcer ses liens dans l'opposition ? Venir les voir, c'était très bien, mais Paul devait démontrer ses réelles intentions, Luke n'était plus simplement ébloui par un gentil geste. Il savait maintenant que beaucoup prenaient des risques pour se faire un cadeau à eux, et encore si c'était le cas, grand bien leur fasse, du moment que ça n'était pas à leurs dépends.
Paul Hardin
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Dans un mouvement synchrone, Paul et Ed s’assirent. Les chaises s’agitèrent quelques secondes sous leur poids, puis se stabilisèrent. Paul ressentit la discrète vibration du répulseur miniature dissimulé dans le pied, s’ajustant à sa corpulence. Il saisit le verre d’eau et but une gorgée, puis embrassa la pièce du regard, qui révélait maintenant les cadres accrochés aux murs, les petites étagères surchargées de bibelots, une pendule au tic-tac monotone.


Il reporta son attention sur les deux Jedi qui, profusément, parlaient. Pour la première fois peut-être depuis l’annonce du Chancelier, une vingtaine de jours auparavant, Paul mesura l’ampleur de ses conséquences. Face à lui, deux êtres qui disputaient au courage la résignation, mais plus profondément, il lui sembla discerner le vaporeux nuage d’incompréhension qui habitait leurs esprits, la lancinante blessure taillée à vif par les mots de S’orn.


« Je suis enchanté de vous rencontrer, réitéra Paul avec respect. Et je vous remercie d’avoir convenu à cette entrevue. Les trois gardes ne sont là qu’au cas où, mais on n’est jamais trop prudent récemment. »


Il se tut.


« Je vais être franc : je n’ai rien à proposer à proprement parler. J’ai souhaité vous rencontrer pour échanger car je pense, maintenant plus que jamais, qu’il est nécessaire de communiquer, reprit-t-il de but en blanc. »


Les faisceaux cuivrés d’un suspenseur vacillèrent un instant.


« Ça risque d’être un peu long, mais je me dois de vous expliquer la situation entière, ainsi que ma réflexion. »


Sa main gauche fourragea dans sa barbe, accaparé, quelques battements de cœur durant, par le centre de la table.


« L’annonce du Gouvernement S’orn a pris de nombreux élus de court. De très court. Nous savions tous que le sort des Jedi… Votre sort, pardonnez-moi, n’était plus scellé au sein de la République. Vous le saviez, je suppose. Quelques-uns d’entre nous, Sénateurs, nous battions pour parer à cette situation, éviter coûte que coûte ce qui, fatalement, nous est quand même tombé sur le coin du nez.


« Et je vais en profiter pour vous répondre, maître Kayan, dit Paul en considérant celui qui avait pris place à sa gauche. J’ai souhaité vous rencontrer parce que je ne crois pas en une République sans Jedi. Je ne crois pas en un Ordre Jedi sans République. Nos liens étaient – sont ! – toujours forts et leur dislocation nous ampute tous. »


Paul entrecroisa ses doigts, devant lui, dans une posture mimant la réflexion.


« Oh que oui, continua-t-il pensivement. Les institutions républicaines sont en crise et ces événements en sont sans doute un symptôme. Je peux de mon côté vous dire, aussi sûr que vous me voyez devant vous, que Grendo S’orn en est le germe, la pathologie,maître Torr. (Il cracha ces mots.) Il a effectivement piétiné la Constitution, l’a interprétée fallacieusement. Malheureusement… »


Il s’interrompit le temps de chercher les mots justes.


« Malheureusement, il s’est appuyé sur une loi qui viole également la Constitution républicaine, mais qui, remercions l’oisiveté de mes semblables d’alors, est aujourd’hui en vigueur. Je pense très sincèrement qu’il existe des failles, que tout ceci ne demeurera pas impuni. »


La pendule, négligeant leur conversation, tinta de trois coups d’un carillon grave, puis trois nouveau d’un carillon aigu qui continua de vibrer bien longtemps après le dernier son. L’intervention fortuite de l’objet parut réveiller chez Paul une pensée oubliée.


« Pourquoi êtes-vous intervenus sur Ossus ? Vous aviez des informations ? »


Paul secoua aussitôt vigoureusement la tête.


« Non, non, je ne reproche pas votre présence en tant que telle. J’ai milité pour que vous ayez un statut d’observateurs, à tout le moins. Mais malgré tout… Cette question me taraude, quel fut votre cheminement de pensée en connaissance de cause ?


« Mais surtout, surtout, une question supplante tout le reste : (Il reprit sa respiration, articulant chaque mot avec soin.) qu’en est-il de la position de l’Ordre, maintenant ? Je n’ai aucune légitimité à défendre quoi que ce soit si vous pensez que vous êtes mieux sans la République et… bien que ça m’en coûte, je ne peux vous en blâmer. Quel futur souhaitez-vous ? Ensuite, nous pourrons œuvrer sur ce postulat. »


Paul et Ed échangèrent un regard entendu, voilé par une tension palpable qui s’effaça aussitôt. Une pensée l’effleura, c’est un bon début, mais il la balaya d’un geste invisible. C’était un début, point. Il n’était pas venu pour intimer quoique ce soit à l’Ordre, pour requérir quelque intérêt en échange de son aide et, Paul avait eu tout le loisir d’y réfléchir pendant le voyage, il était temps d’écouter et d’agir ensuite. Les réponses aux questions anxieuses soulevées par maître Kayan ne pourrait être répondues qu’une fois cette étape satisfaite.

Karm Torr
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Le pragmatisme de Luke préoccupait Karm, depuis quelques jours. Il lui semblait que son compagnon s’attachait à beaucoup de questions très concrètes, sans prendre le temps de songer au grand mouvement qui les animait, malgré eux, mais irrémédiablement. Le Gardien aussi s’interrogeait sur l’avenir des associations et des institutions qu’ils avaient laissées derrière eux, et sur le destin des civils avec lesquels ils avaient collaboré, mais il avait l’impression que si Luke se concentrait sur ces sujets, c’était pour s’empêcher de penser à tout le reste, et de céder au désespoir.

Il aurait voulu lui prendre la main pour l’assurer, et même l’attirer dans ses bras, mais si le protocole n’était pas sa spécialité, il se disait tout de même que peloter son petit ami devant des dignitaires étrangers n’était peut-être pas prescrit par l’étiquette. Alors, à la place, son regard s’arrêta un instant sur le nouveau Maître, et sa tendresse résonna dans la Force, et puis il reporta son attention sur le sénateur, qui lui en revanche n’eut pas le droit à des guili-guili mystiques.

On aurait du mal à vous donner une réponse formelle sur ce qui désire l’Ordre. Les événements sont encore trop récents pour que tout le monde ait eu le temps de se faire une idée. De grandes discussions sont en cours, on se compte, on s’examine la conscience, on se tâte…

(En tout bien tout honneur.)

… et on essaie de déterminer collectivement la position à adopter. Ceci étant dit, je crois pas m’avancer beaucoup en supposant que les Jedis auront toujours à coeur d’aider les plus faibles et les plus opprimés, de préserver la Galaxie contre l’influence pernicieuse ou violente des Siths et de perpétuer leur culture. Et ça… C’est une certaine République qui leur permet de le faire, une République très différente de celle qui existe aujourd’hui.

L’Ark-Ni faisait l’effort de ne pas laisser son propre point de vue l’emporter dans un discours qu’il voulait tenir au nom de l’ensemble des siens. La République ne l’avait jamais beaucoup intéressé, elle avait été sa patrie d’accueil, mais pas d’adoption, et néanmoins il savait que nombreux étaient ceux qui, au sein de leur Ordre, y étaient profondément attachés.

Actuellement… Actuellement, y… il y a un gouvernement qui paraît déterminé à saigner les plus pauvres, et ça nous laisse circonspects. En tout cas, moi. Il y a un gouvernement qui, quand son ennemi est plongé dans une guerre civile, se révèle incapable de remporter la moindre victoire militaire. Ça aussi, c’est préoccupant. Pour être honnête, vu de l’extérieur, j’ai un peu de mal à m’expliquer la popularité de dirigeants dont les lois nuisent au plus grand nombre et dont le reste de l’action est un mélange d’attentisme et d’échecs spectaculaires depuis plusieurs années, mais bon. Je ne suis pas un politicien. J’imagine que des ressorts m’échappent.

S’orn avait peut-être pris des mesures populaires qui profitent au plus grand nombre, avec des résultats concrets. Karm avait simplement échoué à les trouver.

Et enfin… Enfin, nos traditions, notre culture, elles sortent pas de nulle part, elles sont enracinées dans des lieux et des planètes dont nous avons été chassés. Donc, voilà ce qu’on pourrait reprocher et attendre de la République, sur les trois points qui font, je crois, le plus facilement consensus au sein de l’Ordre. Quant à votre autre question…

Karm haussa les épaules.

Pour être honnête, difficile de vous dire très précisément pourquoi on était sur Ossus. La décision a été prise, paraît-il, par des gens qui sont désormais enfermés et avec lesquels on ne peut plus communiquer. Je crois que c’est pas un mystère qu’elle est loin de paraître claire, ou logique, à tous les Jedis. Personnellement, je ne peux faire que des suppositions. J’imagine que le Conseil craignait la duplicité des Siths ou, tout simplement, un débordement de leur guerre civile sur Ossus. J’imagine aussi qu’ils ont douté de la capacité de l’armée républicaine à les contenir, puisque cette armée s’est jusqu’à présent montré peu efficace. C’est pas… Comprenez-moi bien, j’ai longtemps combattu dans ses rangs, je suis bien placé pour savoir que ce n’est pas une guerre facile. Je dis juste que l’histoire a pu les inciter à se montrer précautionneux.

Si le Conseil avait eu des raisons plus tangibles d’intervenir, il les ignorait entièrement et, jusqu’à présent, personne ne s’était manifesté pour les expliquer.

Mais vous voyez, sénateur, j’étais aussi sur Ossus. Et vous savez ce que j’y faisais ? Je commandais des troupes républicaines. Étrange, pas vrai, pour une présence illégale et contraire aux volontés du gouvernement ? On m’a confié des gens pour débarquer sur la planète. Des soldats de la République. On m’a rappelé sur un transport de la République et on m’a envoyé avec d’autres soldats de la République infiltrer et saboter une frégate impériale. Ce qu’on a fait. Pour sauver la vie de soldats républicains. Vous avouerez que de ce point de vue, la hiérarchie militaire républicaine, sous l’autorité du chef des armées en la personne du Chancelier, avait pris de bien curieuses dispositions avec ces Jedis censément là contre sa volonté.

Et c’était ces circonstances-là, surtout, que Karm ruminait ces derniers jours.

La présence des Jedis sur Ossus était peut-être voulu par la République, peut-être pas, mais en tout cas, elle a été plus que tolérée : elle a été activement et concrètement soutenue et utilisée, sous l’autorité du commandement républicain, comme sur tous les théâtres d’opération de la République depuis des années. Il y a tout un régiment d’infanterie bien vivant à l’heure actuelle qui peut attester que c’est le cas. Peut-être que…

Karm chassa d’un mouvement des mèches de cheveux rebelles qui lui barraient le regard.

Je veux pas paraître prétendre mieux savoir que vous comment marchent ces choses-là, mais peut-être que la politique sénatorio-sénatoriale qui profite tant au Chancelier par des mécanismes… euh… difficilement compréhensibles pour un profane, n’est plus la bonne arène et qu’il faudrait sonder l’appareil judiciaire et les forces de l’Ordre, avec qui on a arrêté tant de gens, pour le compte de la République, le corps diplomatique, pour lequel Maître Kayan a tant négocié par le passé, l’armée, sous les ordres de laquelle on s’est si souvent rangés comme sur Ossus, le secteur associatif, comme disait Maître Kayan et ainsi de suite.
Luke Kayan
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L'atmosphère était lourde, mais chacun semblait plutôt honnête. Luke soupira discrètement après avoir achevé d'effleurer poliment l'esprit de chacun, terminant par Ed. Il ne pouvait pas y lire grand chose en respectant l'éthique commune à tous les Jedis (ne pas violer l'intimité d'autrui), mais au moins, il percevait quelques émotions. La colère, logiquement lorsque Paul s'emportait contre S'orn, suivi par Ed qui, silencieusement, pensait pareil, la tristesse aussi, entremêlée d'inquiétude peut-être. Des sentiments brutes, primaires et vrais. Pas de trahison en vue. Les gardes eux, semblaient plutôt neutres, légèrement préoccupé pour l'un d'eux. Les Jedis étaient des genres de hors-la-loi désormais, être vue en leur présence ne présageait rien de bon. Luke stoppa ses investigations, découragé. Le temps où les enfants Républicains les craindraient ne tarderait guère. Bientôt on leur promettrait d'être enlevés par des rustres en exil qui avaient trahi la patrie, s'ils ne s'endormaient pas vite. Combien de temps pour détruire des siècles de lien ? Pas longtemps. Les méfaits, y compris imaginaires, se retenaient mieux que les bienfaits.

Le récit de Karm était un poignard que l'on remuait dans ses plaies. Sous le choc, le jeune Jedi n'avait pas fait le lien entre toutes les contradictions. Il en voulait confusément à ses "supérieurs" de les avoir envoyé sur Ossus, donnant à S'orn une raison de les exiler, mais il n'avait pas songé au fait que la République avait sciemment profité de leur assistance. Son compagnon avait risqué sa vie sur le terrain pour finalement se faire rejeter d'une armée qui avait eu le temps d'apprendre à le connaître. Après des années de collaboration, achevées par cette ultime mission, sans gratitude, Karm avait été mis à la porte, sans qu'aucun ponte ne s'en alarme. Lui-même avait réussi, semblait-il, à innocenter les Jedis, pouvant être accusés, au pire, d'interventionisme. On ne jetait pas dehors toute une communauté, et pire, leurs aidants professionnels pour cette raison. Reconnaître qu'en plus, la République avait profité de leur présence sur Ossus terminait de brosser un portrait extrêmement peu flatteur de l'institution à laquelle ils étaient liés, inévitablement selon Paul Hardin. Professionnel, le nouveau Maître se retint de jeter un "pas pour cette République-là, visiblement". La colère ne lui seyait pas, elle l'atteignait parfois, certes, éclaboussure soudaine, surprenante, avant de glisser sur sa peau pour s'écraser sur le sol et disparaître. Habituellement. Aujourd'hui, le Hapien devait faire des efforts, mis en face de leur situation catastrophique.

- Concernant le futur, retrouver une certaine stabilité serait une priorité. Nous n'avons plus aucun soutien, aucune reconnaissance politique ou sociale. Nous sommes simplement exilés. Ce n'est pas vivable pour les membres de l'Ordre et ceux qui ont été exilés avec nous. Emplacements géographiques, liens sociaux et commerciaux, droits civils pour nos Padawans, nos travailleurs et nous, afin d'exister mais aussi de retrouver un sens à nos idéaux.

*Peut-être*

La voix du jeune homme s'essouffla tandis qu'il baissait légèrement la tête. Luke n'était pas certain d'apporter quoique ce soit à la conversation. Par instinct, il aurait réprimandé Karm qui s'épanchait, critiquait ouvertement mais il n'en avait pas le courage. Ce dernier avait raison, la république les avaient trahi. Utilisé puis trahi. Au moins, Paul semblait d'accord avec eux puisqu'il crachait littéralement le nom de S'orn et l'associait aux pires crimes. Afin de ramener un peu de concret dans la conversation, le jeune homme s'intéressa à la fameuse loi. S'adressant aussi bien à Ed qu'à Paul, Luke décida de les interroger. Peut-être pourraient-ils les aider au moins comme ça ? Le jeune homme craignait de plus en plus pour la vie de Saï et des autres membres du Conseil. Si eux avaient été condamné à l'exil, la mort administrative, qu'en serait-il des prisonniers dans cette nouvelle République démesurée ?

- Que savez-vous sur cette loi ? Peut-on la remettre en question pour application abusive ?

Bien que ce ne soit pas dans les projets immédiats de Luke, il n'avait jamais cessé de s'intéresser à tout ce qui pourrait servir les maîtres encore enfermés dans les cachots de la République. Il espérait pouvoir les faire libérer grâce à une faille. L'exil semblait être une sentence si grave, si caricaturale que lui aussi peinait à croire que cela demeure impuni. Karm l'avait mentionné, la popularité de ces Grands était étonnante, et blessante aussi. La population que les Jedis avaient toujours soutenu sans aucun calcul n'avait pas ou si peu réagi. Que ferait-elle lorsque la dictature s'installerait ? Parce que c'était ce qui semblait arriver, chaque jour un peu plus.

- Même si l'exil était annulé, condamné, je ne pense pas que nous reviendrions au sein de la République de suite. Certaines choses doivent être révisées, revues et cette crise en est la preuve. De plus, il semblerait que l'avenir entre nos deux institutions soit compromis avec l'arrivée de ces Lames Républicaines... Une armée qui obéirait au Gouvernement, Gouvernement qui... Obéit déjà à Monsieur S'orn.

Luke rougit aussitôt, sa respiration se coupa quelques secondes. Il se donnait l'impression d'être un hérétique à ainsi accuser le système. Ce fameux système auquel il avait tant cru pendant des années. Certes, l'âge aidant, le nouveau maître y avait vu des failles, des injustices volontaires contre lesquelles il avait essayé de lutter, mais aujourd'hui, ce n'était plus l'application des lois qui était subjective, salissante, c'était les lois elles-mêmes. La justice en laquelle le blond croyait s'effondrait. La République avait toujours eu de quoi se reprocher avait-il estimé, toutefois elle restait le meilleur modèle possible en politique jusque là. Or, elle aussi se transformait en dictature, le Hapien voyait les rouages s'installer, et pas de façon discrète. Le peuple n'avait-il donc rien appris ? Cette fois, s'il ne se rebellait pas, les Jedis ne pourraient pas les aider. Aussi perdu que son compagnon, le jeune homme ne comprenait plus les gens. Ni les politiciens, ni les gens qui les soutenaient, mais ils avaient encore à charge des fidèles travailleurs, des Padawans ou même des Chevaliers de leur communauté. Ils ne pouvaient pas tout abandonner, se séparer et partir.

Luke se rappela de ce jour où, tremblant à l'idée seule que cela n'arrive, il avait promis à son amour de quitter l'Ordre si ce dernier leur reprochait leur relation. Cela l'aurait détruit, mais il l'aurait fait pour Karm. Ironiquement, aujourd'hui, c'était la République qui avait détruit leur communauté. Ils avaient dû effectivement partir, emportant avec eux leurs frères et sœurs à la vocation brisée. L'Ordre était en pleine dérive.


Paul Hardin
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​Paul mesura son impuissance. Elle gagnait ses muscles, ses épaules s’affaissèrent. Elle gagnait son esprit, corrompait ses pensées d’un sentiment de défaite nauséeux. Il n'en laissa rien paraître.


« Monsieur Karm, Monsieur Kayan, dit Paul en les regardant successivement. Franchement, cette rencontre naît aussi pour moi de ce sentiment d’incompréhension que vous relayez. Je ne peux pas penser qu’une telle chose ait eu lieu, de cette manière-là, que ça soit arrivé au nez et à la barbe de tous, par le seul fait d’un Chancelier insatiable. J’avais confiance – j’ai toujours confiance ! se reprit-il – dans le Sénat et dans nos institutions, mais elles sont pour l’instant comme engourdies par un ramassis d’idées populistes dont nous venons d’admirer, pardonnez l’expression, le point d’orgue.


« Mon cabinet et mes équipes continuent d’explorer les recours juridiques et politiques disponibles, certains semblent prometteurs, mais beaucoup débouchent sur des voies sans issues. Le Chancelier a acquis un pouvoir qui dépasse largement, de nos jours, celui normalement dévolu à ses fonctions exécutives. Il est pour moi impensable qu’une telle décision ait pu être entérinée sans conséquence aucune et… (Il soupira.) Et pourtant, j’ai bien l’impression que c’est le cas. »


Un garde éternua. « A vos souhaits. – Merci, monsieur. »


« Mais bon, je vous épargne toute la pitié et l’amertume que j’ai à revendre, vous n’en avez pas besoin. » Paul avait capté le regard désapprobateur d’Ed. Un regard qui disait : A trop t’épancher de la sorte, tu vas finir par te faire mal.


« Concernant les maîtres de votre Ordre actuellement détenus, je pense pouvoir deviner assez aisément que le Chancelier va souhaiter les présenter devant la Cour suprême. J’en conviens : la loi veut que nous fassions normalement l’inverse. Je peux vous proposer de tenter d’ouvrir des négociations de mon côté, mais notre position est faible et je doute que nous ayons un moyen d’obtenir leur libération. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer, mais qu’il ne faut pas se leurrer sur les chances de réussite de cette entreprise. »


Paul empoigna d’un geste un petit datapad depuis la poche intérieure de sa veste. « Permettez-vous que je prenne des notes ? » Brefs signes de tête.


« Ce que vous dites m’intéresse, Monsieur Torr, mais je ne suis pas sûr de comprendre. »


Une grimace ombragea son visage. Ed, lui même si neutre habituellement, ne parvenait pas à calmer sa paupière droite. Elle tiquait au rythme de ses pensées, puis il reprit contenance.


« Vous… vous dites, si je résume votre propos, que vous étiez parmi les troupes républicaines, que vous commandiez des troupes et de cela, le commandement républicain en était parfaitement conscient ? Tellement de questions se posent, Monsieur Torr, et d’elles dépendent beaucoup de choses. Qui commandiez vous ? Quelle était votre mission ? Qui était au courant parmi la République ? Je prends ce que vous dites là très au sérieux, il me faut des précisions. Le Chancelier souhaite jouer sur l’interprétation de la loi, c’est sur ce terrain politique que nous devons l’assaillir et vos renseignement seront, si vous l’acceptez, précieux à cet égard. Vous même, Monsieur Kayan, je serais fort aise de recueillir votre témoignage sur vos missions diplomatiques. »


Paul laissa flotter un silence pesant.


« Il n’y a rien de politique-politicienne à savoir. Il n’y a d’autres détours à comprendre que les sombres desseins d’un homme. Je conçois sincèrement, Monsieur Kayan, vos craintes. Pour combattre cet isolement et assurer votre développement, je vous propose la conclusion d’un partenariat commercial et/ou un accord de libre-échange avec Dantooïne. Dans ce contexte, nous pourrions agréer à ce qu’une partie des ressources échangées parviennent à votre Ordre sans autre contrepartie que les prix de vente convenus avec Dantooïne. »


Son datapad vibra. Paul reporta son attention dessus, pianota puis il détourna son attention sur Luke, repoussant en sa direction le datapad où défilait un texte.


« Voici la fameuse Loi Patriote, votée des années avant l’accession à la Chancellerie de Grendo S’orn. C’est une loi liberticide qui répondait uniquement aux craintes d’une population meurtrie par la guerre tout en satisfaisant l’agenda politique de Sénateurs et dirigeants qui n’ont pas fait preuve de jugeote. Cette loi, à mon sens, est d’ores et déjà profondément inconstitutionnelle, elle créé une zone grise qui ne permet pas que soient respectés les principes fondamentaux constitutionnels tels que les droits de la défense, par exemple. Vous me suivez ? Bien. Sauf que cette loi a été votée. Aujourd’hui, bien opportunément, le Chancelier s’en sert pour justifier son décret ma foi tout aussi bancal. Il m’apparaît surprenant – et c’est très loin d’être une bonne surprise, soyez-en convaincus – qu’un décret autorisant l’exil et la détention d’un peuple, qui sont des mesures résolument pénales, puisse ainsi acquérir une force juridique. La menace pour la sécurité intérieure n’a même pas été caractérisée.


« Mes équipes, ainsi que je l’évoquais, cherchent en ce moment même les failles qui pourraient être utilisées et je suis persuadé, aussi fermement que je suis devant vous aujourd’hui, qu’elles existent et qu’une Cour indépendante pourra les entendre. »

Karm Torr
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Toutes ces histoires de droit et de constitution laissaient au fond l’Ark-Ni dubitatif. Il était né dans un peuple qui avait des coutumes plutôt que des lois, où rien n’était écrit, où tout se discutait, et puis sa carrière l’avait conduit à ces mondes à la frontière de la galaxie, dans le désert loin des institutions sentientes, où les rares voyageurs qu’il y croisait se forgeaient leurs propres règles, selon leurs intérêts.

À ses yeux, au fond, le droit, c’était le marketing de l’État : la manière trouvée par ceux qui exerçaient le pouvoir de rendre leur domination acceptable et même légitime aux autres. Il avait vu les règlements de l’armée s’adapter aux préoccupations des officiers supérieurs et, désormais, c’était toute la loi républicaine qui se retrouvait pétrie de contradictions et d’absurdités, pour le profit encore vague d’un homme désoeuvré.

Hé ben, c’est assez simple, débuta-t-il quand le sénateur l’interrogea sur les circonstances de ses activités sur Ossus. Je me suis rendu dans le système d’Ossus sur ordre du Conseil Jedi, ‘videmment. Dès mon arrivée, on… et par là, je veux dire l’armée républicaine, m’a confié le commandement d’une force expéditionnaire issue du 103e régiment d’infanterie de marine, transporté ce jour-là par le BT-7 Thunderclap.

Difficile de faire plus précis.

J’étais en train de débarquer sur Ossus avec une petite troupe de soldats du 103e et de forces spéciales, pour prêter main forte aux opérations de pacification sur le sol de la planète. C’est là que le Thunderclap a commencé à être pris pour cible par une frégate impériale, le Melantha, commandé par un Sith, un certain Hope.

L’onomastique ne manquait jamais d’ironie.

Je laisse le commandement de mon détachement à un officier républicain, je remonte à bord du Thunderclap et, sous les ordres du capitaine du transporteur du 103e, je me rends à bord du Melantha, accompagné de trois soldats impériaux, la caporal-chef Nomi Reed, un certain Malou et un Borrisk, plus le pilote de notre navette d’infiltration. Ils sont tous tombés au combat, pour ce qu’on en sait.

Lui-même ne pouvait en être sûr : il ne les avait pas vu mourir de ses propres yeux et il estimait entièrement possible que ces soldats aient été faits prisonniers. Mais de quelles ressources disposait-il désormais pour s’en assurer et, le cas échéant, les libérer ? Étrangement, l’armée républicaine non plus n’était pas pressée de dissiper le doute sur le sort des héros du Melantha.

Nous nous sommes infiltrés à bord du vaisseau et séparé. La caporal-chef et son second ont réussi à saboter une partie des systèmes, l’autre soldat a créé des diversions. J’ai affronté le capitaine de bord, sans victoire décisive, mais le combat a été suffisant pour empêcher la frégate de prendre une part active au combat spatial généralisé dans l’orbite de la planète et elle a surtout permis au Thunderclap de se soustraire à ses tirs et d’atteindre en toute sécurité la surface d’Ossus, pour y débarquer ses troupes. Je me suis éjecté par une capsule de sauvetage et j’ai été récupéré par le Thunderclap, où je me suis entretenu une nouvelle fois avec son capitaine.

Il se souvenait fort bien qu’il avait été question d’une médaille pour la caporal-chef et cette maigre consolation lui avait laissé un goût amer dans la bouche.

Après ça, j’ai rapidement regagné la surface d’Ossus, accompagné par un enseigne du Thunderclap et c’est après ça que j’ai retrouvé les Jedis et que j’ai été évacué avec eux. Mais comme vous le voyez, abstraction faite de l’opération d’exfiltration finale des Jedis, la totalité de mon intervention sur Ossus s’est passée dans le cadre des opérations républicaines.

Karm jeta machinalement un coup d’oeil sur le datapad qui contenait la Loi patriote et dont Luke, forcément, n’avait pas pu prendre connaissance. Il sortit le sien, pianota sur l’écran pour exhumer le texte des journaux officiels, avant de le tendre à son compagnon, pour que celui-ci puisse y ajuster ses écouteurs s’il le souhaitait.

Si la justification de tout ça, c’est que les Jedis ont donné deux chanceliers pourris, ben y a un paquet de partis politiques qui devraient être condamnés à l’exil. Si la justification, c’est que les opérations jedi sur Ossus relevaient de la trahison, dans ce cas, S’orn peut se présenter aux flics les poings liés, parce qu’aux dernières nouvelles, c’est lui le chef de l’armée républicaine qui a activement collaboré avec l’Ordre sur Ossus. Je parle même pas de son grand amiral qui a une conception bien à lui du droit international.

Le souvenir de son éphémère rencontre avec le commandant suprême de la flotte républicaine et son sens tout personnel du respect du droit de la guerre demeurait vif.

Mais tout ça, c’est qu’un exemple parmi d’autres, c’est ça qui me scie, ‘voyez ? Dans les mois et les années qui ont précédé Ossus, l’Ordre a accompli d’innombrables missions pour la République, sur les ordres de la République, sous l’autorité indirecte ou directe du Chancelier. Si y a trahison et gangrène, dans ce cas, c’est une faute politique de sa part et la preuve de sa spectaculaire incompétence. Faut voir à pas faire prendre les banthas pour des tookas : le mec est chancelier depuis des années, il peut pas faire l’ingénu qui découvre la situation non plus.
Luke Kayan
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[HJ : Désolée si j'ai raté des détails. Je suis sur le départ ! J'ai essayé de rédiger quelque chose au mieux pour ne pas vous bloquer. Encore pardon pardon pardon du retard et de la médiocrité de la réponse ! N'étant ni juriste, ni diplomate, j'ai fait au mieux pour ne pas dire quelque chose de trop insensé ! ]

Réentendre tout ce que son ami avait subi pour la République blessait davantage Luke qu'il ne l'aurait pensé. Il aimait donner sans recevoir, jugeant que son lien avec la Force servait de salaire éternel, mais là... C'était encore autre chose. La République les avaient littéralement trahis. Après les avoir utilisé, elle les avaient privé de tous les droits que leur communauté défendait. La douleur était plus intense encore parce que Karm représentait parfaitement le pire des sacrilèges. De la chair à canon, sciemment manipulée à leur guise, désormais ennemi public. Qu'on se soit servi des capacités de négociateur d'un Consulaire, passe encore, mais d'un Gardien, jeté sur les premières lignes de front, en exemple face à des soldats qu'il commandait la veille encore, c'était un crime.

Après avoir remercié Karm, le jeune homme pris quelques minutes pour écouter d'une oreille ce que son compagnon avait extrait des documents envoyés par Paul. Ses yeux naturellement expressifs ne surent taire la surprise qui envahissait leur propriétaire. Habituellement flegmatique, le jeune Jedi peinait à contenir ses émotions suite à un tel ramassis de folie. Pour une personne déjà normalement constituée, c'était insensé. Pour une personne formée à l'art du droit, c'était encore pire.

- Néanmoins, cette loi fonctionne comme toutes les autres, sur un principe de cause et de conséquences. Comme l'a dit Maître Torr, la mauvaise direction de deux Chanceliers ne suffit pas pour condamner des tiers. Pire, les concernés n'auraient eux-mêmes pas pu perdre leur nationalité à cause de ça. De fait, il est bien connu que les pires fraudes fiscales ou des affaires de meurtre, parfois, ne poussent pas les politiciens en prison, sans l'ombre d'un juste procès.

Indiqua le blond avec une voix extrêmement calme mais sans chaleur. Quiconque ne le connaissait pas songeait à un jeune homme au contrôle parfait de soi, poli même dans la pire des situations. Karm cependant pouvait deviner que son ami avait rarement été aussi en colère. D'ailleurs, il en fallait beaucoup pour que le Jedi le soit, y compris parmi ses pairs, on le considérait comme très serein. Aujourd'hui, cependant, seul le professionnalisme et l'idée de savoir Paul innocent dans l'affaire retenaient le Hapien. Impossible toutefois de ne pas laisser s'échapper une pique amère. La situation était si rocambolesque qu'à vrai dire, Luke avait du mal à y croire.

Luke retrouva vite une attitude beaucoup plus ressemblante au Consulaire lumineux qu'il était. À vrai dire, le discours d'Hardin avait de quoi rassurer. Vu les faits exposés, en réalité, l'Ordre n'aurait pas dû être inquiété. Cette loi était ridicule, mais pire encore, son exécution. C'était tellement illogique que le Hapien ne savait pas si espérer ou au contraire, plonger dans le plus profond des désarrois.

- Je vous remercie d'essayer, au moins, d'intercéder pour nos pairs emprisonnés. Veillez toutefois à ne pas vous mettre en danger. Nous ignorons quelle est la tolérance de ce nouveau... Gouvernement. - Parce que même si S'orn était aux commandes depuis un long moment, sa politique avait pris un tournant si inattendu que quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre semblait être aux commandes.- Faites attention.

L'inflexion s'était faite plus douce, Luke appréciait l'aide que souhaitait leur apporter Paul et Ed dont il n'avait guère entendu la voix jusqu'à présent. Il concevait parfaitement des avantages pourraient tirer un opposant d'une telle déchirure entre la République et les Jedis. C'était de bonne guerre, surtout dans le monde de la politique. Paul pourrait gagner de l'électorat ainsi, car parmi la population quoiqu'étonnamment placide, certains citoyens ne soutenaient pas la décision. Au final, tant mieux. Si l'homme en profitait, il se lasserait moins vite de leur apporter des informations de l'extérieur, ainsi qu'une possibilité d'agir. La nature du Hapien le poussait à croire que Paul avait aussi une véritable vocation de justice, mais les derniers événements le forçaient, quant à eux, à la prudence. Difficile pour un amoureux des lois, de leur application, de se retrouver victime d'un système qu'il avait toujours défendu. Quelques soient les faille de la République, le jeune Jedi avait toujours pensé qu'il fallait faire appliquer les lois, les améliorer au fil du temps, certes, mais surtout les respecter. C'était le ciment d'une société, capable d'éviter plus de meurtres, de vols et autres joyeusetés. Aujourd'hui, pourtant, les Jedis avaient été exilé à cause d'une erreur qu'aucun d'entre eux n'avait réellement commis. Luke se doutait bien que d'autres charges pesaient contre eux, mais c'était néanmoins la plus bancale que S'orn avait choisi d'évoquer. Dans le monde de Luke, c'était une erreur fatale dont ils auraient pu profiter. Dans ce nouvel univers, cependant, cela semblait suffire. Ce dossier judiciaire ne tenait même pas la route. Non seulement l'ancienne loi était anticonstitutionnelle mais son application, y compris avec des valeurs antiques était complètement injustifiable.

- Je vous transmettrai les grands traits d'une mission où la République nous a envoyé, négocier avec les Ark-Nis, peuple dont Maître Torr est issu. Le gouvernement voulait l'accès à des lieux stratégiques se situant dans leur zone. J'ai aussi été envoyé lors d'une crise sur Arkania ou j'ai été envoyé sur Gerrenthum par le Chancelier S'orn lui-même pour négocier le droit de mettre en place des installations militaires dans leur zone. Je vérifierai dans mes archives quelles donnés je peux vous transmettre.

Informa le Maître sobrement. Tristement, il était encore naturellement attaché aux règles. En toute logique, il ne se voyait pas briser la confidentialité pré-établie lors du "contrat", alors même que la République ne respectait pas leur droit de nationalité le plus élémentaire.

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