Karm Torr
Karm Torr
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Bip bip bip.
Ça marche pas.
Bip bip !
J’te dis que ça marche.
Bip bip ?
Ben non.
Bip… ?
Ah… euh…

Clic.

Ouais, bon, en effet. M’étais trompé de bouton.
Bip bip bip bip bipbip !
Inutile d’être grossier, Blipouchou.
Bip…

Fort heureusement pour lui, Blip fut sauvé par le gong, c’est-à-dire par l’aura de Luke, qui venait de se résonner à l’entrée de l’un des hangars de l’Enclave. Karm abandonna le cockpit de l’Épave, où son rôle se résumait de toute façon à activer les commandes que son astromech lui assurait avoir mises à jour, et il descendit la rampe du vaisseau en essuyant avec un chiffon ses mains pleines de graisse de moteur.

Le Consulaire était accompagné d’un homme au visage soucieux, mais pas un paysan, pas à en juger à sa tenue en tout cas. Peut-être un commerçant de l’une des petites bourgades voisines. Il avait demandé à parler au Maître de l’Enclave, et seulement au Maître, car son affaire, disait-il, était de la plus haute importance. Par chance, en se présentant à l’entrée, l’homme était tombé directement sur Luke.

Quelques instants plus tard, ils étaient assis tous les trois sur des caisses de pièces détachées.

Je vous écoute, fit l’explorateur.
Je n’aime pas les Jedis.
Drôle d’entrée en matière, mais OK.
C’est pour vous dire que je ne suis pas ici de gaieté de coeur, et que si j’avais une autre solution, c’est là que j’irais.
Bien noté.
Je m’appelle Mondago Adagi. Je suis vétérinaire, je vis à Bourg-Planète, à une petite centaine de kilomètres d’ici. Ça…

Il afficha sur son datapad la photo d’une jeune fille dont il était facile de constater qu’elle lui ressemblait beaucoup : les mêmes cheveux crépus, le même regard aiguisé, le même menton.

… c’est ma famille, Neyva. Elle a seize ans. Elle a fugué.
Fugué ?
J’ai trouvé une lettre qui disait qu’elle partait et depuis, elle a disparu. Elle dit qu’elle va chercher un vaisseau pour s’envoler dans les étoiles. Je suis allé voir la police, ils m’ont dit qu’ils la chercheraient dans les alentours, mais que si elle avait quitté Dantooine, il faudrait écrire aux bureaux d’enquête républicains et… Et ça prendra une éternité.

L’homme, évidemment gagné par le désespoir, les fixa tour à tour, et avec une sorte d’agressivité préventive, il lança :

Mais j’imagine que vous allez me dire que des Maîtres Jedi ont mieux à faire…
Absolument pas, répliqua Karm sans hésiter. Vous avez la lettre ?

Adagi parut désarçonné, comme s’il avait accompli cette ultime démarche sans jamais espérer au fond qu’elle porte ses fruits.

Ou… Oui, bien sûr, dit-il en se reprenant.

Le vétérinaire tendit un datadisk qu’il avait préparé à l’avance.

On s’en charge, dit Karm.
Vous allez la retrouver ?
On va faire tout notre possible.
Pourquoi ?

Le Jedi haussa les épaules.

Parce qu’on est voisins. Et qu’entre voisins, on se serre les coudes.

Mondago hocha lentement la tête.

Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de ses motivations ?

L’homme eut un soupir résigné.

Elle ne se plaît pas ici. Oh, vous savez, je peux la comprendre. Il n’y a pas grand-chose à faire sur Dantooine, quand on a seize ans. Elle est difficile depuis que sa mère n’est plus là.
Vous avez perdu votre épouse ?
En un sens. On a divorcé il y a quatre ans. Vous savez, des problèmes de couple… Enfin, non, j’imagine que des gens comme vous, ça ne sait rien de ces choses-là. Maya, mon ancienne épouse, est repartie vivre sur Coruscant, sa planète natale, et elle n’a pas la place d’y accueillir notre fille. Alors Neya est restée avec moi. À partir de ce moment-là, elle a été difficile.
Et il s’est passé quelque chose, récemment ?
Les voisons ont déménagé. Les Kottiki. Ils avaient un fils de son âge, je crois que Neya et lui avaient… Une amourette d’adolescents. Mais à cet âge, tout monte à la tête.
Déménagé où ? Les Kottiki.
Ord Cantrell, répond le vétérinaire. Les parents ont trouvé du travail là-bas, dans une station balnéaire. Ils voulaient se rapprocher du Noyau. Quelle idée…

Karm ne put s’empêcher de remarquer que ce père éploré semblait avoir des opinions tranchées sur à peu près tous ceux qui les entouraient. Mais ce n’était pas une raison pour refuser de l’aider.

Bon, très bien, conclut-il donc. On va se pencher sur la question.
Personnellement ?
Bien sûr.
Parce que c’est de ma famille qu’il s’agit.
Vous pouvez rester parmi nous en attendant si vous v…
Certainement. J’ai du travail. Moi.
Comme vous préférez, répondit Karm d’un ton égal, avant de faire un geste de la main à un Padawan qui s’exerçait à la mécanique sur l’un de leurs petits vaisseaux. Wa-Li va vous raccompagner, alors.

Quand l’homme eut disparu, guidé par l’apprenti Sentinelle, Karm, tout en insérant le disque dans son datapad, lâcha :

Un type charmant, y a pas à dire.

Puis il entreprit de lire la lettre à voix haute :

Cher Papa,

J’ai décidé de partir. Je ne peux pas passer ma vie à Bourg-Planète, quand l’avenir m’attend autre part. Je ne peux rester tourner en rond ici, et me préparer au même avenir que toi. La galaxie est beaucoup trop grande pour être coincée tous les jours sur Dantooine. J’ai bien réfléchi et je me suis préparée. Quand tu liras cette lettre, je serai déjà loin, au milieu des étoiles. Ne viens pas me chercher. Je sais ce que je fais, je sais ce que je veux. Je ne suis plus une enfant.

Neya


Karm relut encore une fois la lettre, avant de commenter :

Pas grand-chose à en tirer, non ? Je propose que tu contactes les policiers de Bourg-Planète pour voir s’ils ont la moindre piste, pendant qu’on va vers l’astroport de Canin-sur-Mer. Si elle a vraiment cherché à s’embarquer sur un vaisseau, ce sera là l’endroit le plus proche. Hé, Blip !

L’astromech sortit de l’Épave, en posant sur son maître un œil au moins aussi soupçonneux qu’électronique.

Prépare-nous à partir : une nouvelle tâche héroïque attend les FBI !
Bip ?
Fichtrement Beaux Investigateurs.
Bip…, fit le droïde d’un ton consterné.
Luke Kayan
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Professionnel, Luke conserva un visage impassible. Il comprenait que tous n'approuvent pas le système de l'Ordre, mais que l'homme s'exprime de manière aussi effrontée l'agaçait. Pas tant pour lui, mais pour Karm qui s'était efforcé de donner une image ouverte et coopérative aux locaux. Il se surpris à éprouver de la peine pour Neya dont l'amour pour cet adolescent était... Ridiculisé. Ces fœtus de sentiments un peu trop humains furent mis à l'écart lorsque les deux Jedis saluèrent le père éploré, néanmoins, il se promit d'interroger subtilement l'adolescente. C'était Karm qui avait initié ce changement en lui, éprouver plus de compassion à l'égard des jeunes fauteurs. Quitter sa famille, partir sur une autre planète, ce n'était pas rien. Il y avait un malaise là-dessous, peut-être plus profond que celui d'imaginer un avenir semblable à son père.

Il confirma les sentiments de Karm d'une légère onde dans la Force. Charmant, en effet, cet homme aux préjugés trop installés. Les mots qui suivirent eurent néanmoins le mérite de tirer un sourire au Jedi. Le "FBI", c'était l'occasion de repartir travailler avec l'explorateur. Luke ne savait pas si c'était réel ou subjectif mais il avait l'impression que ça faisait longtemps. Voilà qui leur permettait au moins de se réunir. L'humour de son compagnon lui avait aussi manqué, et il savoura la blague "facile" que Blip interpréta d'un air consterné.

Sans avoir besoin de préparer davantage d'affaires, Luke ne tarda pas à monter dans le vaisseau. Au dernier instant, Bip, appelé depuis le comlink du Chevalier fit joyeusement irruption. Il trilla joyeusement envers Blip, heureux de trouver un autre astromech. Certes, ce dernier avait un dôme bleu là où le sien était jaune et leur batterie était différente (celui du R2 de Luke reposait sur le soleil et un ingénieux système d'auto-régénération), mais il avait peu l'occasion de côtoyer d'autres droïdes de son type. Il espérait que son comparse l'accepterait facilement, contrairement aux vulgaires R2 des hangars dont tout le monde se servaient. Eux alors, ils étaient vraiment infréquentables.

- C'est une bonne idée. Je vais aussi contacter la famille Kottiki.

Les gamins de cet âge mettaient beaucoup d'espoir dans leurs relations. Mondago Adagi n'avait même pas donné le prénom du fils, d'ailleurs le mot "amourette" démontrait ce qu'il pensait de la relation. Avait-il seulement eu l'idée, voire l'humilité de contacter les Kottiki ? Et quand bien même, Luke était persuadé que le prétendant n'aurait rien dévoilé. Eux pourraient expliquer être de leur côté, désirant trouver un compromis. D'ailleurs, les deux Jedis avaient accepté cette mission personnelle parce que Neya était mineure. Le Hapien désapprouvait que la gamine viole les lois, tant par principe que pour sa sécurité, mais il n'était pas contre lui proposer des alternatives comme une tutelle ou un foyer spécialisé qui la guiderait vers des études. Qui sait ce qu'une jeune provinciale pouvait vivre ou vivait déjà sur une planète sans doute beaucoup plus industrielle.

- Je pencherais pour Coruscant, à titre personnel. Elle n'est sans doute pas allée chez sa mère vu son désir d'échapper à l'autorité parentale.- Il soupçonnait aussi Neya d'en vouloir à sa génitrice. Depuis qu'il côtoyait le monde policier, le Chevalier en avait appris davantage sur la psyché des être pensants, surtout les adolescents. Ça avait dû être violent pour une gamine d'être "rejetée" par sa mère à cause du manque de place. Il y avait certainement des raisons logistiques sincères à ce problème, mais une ado en crise n'y songerait pas, autocentrée sur ses sentiments.- Mais d'instinct, un criminel en cavale comme une jeune en fugue chercheront un endroit familier. En derniers recours, Neya sait qu'elle pourrait chercher refuge chez sa mère. De plus, elle connaît l'endroit, même si c'est vaguement... Et enfin, je pense qu'elle a voulu trouver la planète la plus différente possible du lieu fuit... Coruscant ou un monde très urbanisé est exactement l'idéal qu'elle poursuivrait, pour échapper à l'ennui de Bourg-Planète.


Le Hapien appela la police qui confirma peu ou prou leur idée première. On aurait vu une gamine correspondant à la description de Neya prendre une navette à partir de l'astroport Canin-Sur-Mer. Les destinations proposées étaient peu nombreuses, mais elle avait tout aussi bien pu prendre un autre vaisseau depuis l'une d'elles, histoire de s'éloigner encore davantage de son paternel. En fait, il y avait une (mal)chance résiduelle pour que l'adolescente ait le cran de couper entièrement les ponts, afin de ne plus entendre parler de sa famille. Dans ce cas, ils étaient vraiment mal partis. Quoiqu'il en soit, la police, réticente à l'idée que des Jedis mettent leur nez dans leurs affaires répondirent vaguement, même si le Chevalier leur accordait une chose. Neya avait déjà dû quitter la planète. Luke raccrocha, retrouvant le faux silence qui pesait dans leur transport, bercé par les bips du droïd de Karm et la latente litanie de l'engin qui les menaient vers l'astroport.

- Malheureusement, c'est une adolescente qui a déjà fugué, ce que son père s'est bien gardé de nous dire. La police ne traite jamais ces cas avec autant de sérieux parce qu'ils ne sont jamais classés comme disparitions inquiétantes. Vu ses antécédents, elle considère que Neya reviendra ou... Qu'effectivement, il est déjà trop tard si elle a quitté la planète.

Au lieu d'être soulagée que des Jedis prennent une affaire délaissée en main, ils en étaient vexés. D'ailleurs, il craignait que les agents ne leur aient volontairement cachés des informations. Une silhouette pouvant ressembler à Neya avait été aperçu sur les quais de Canin-Sur-Mer, aux alentours de midi la veille. Ceci dit, la qualité de l'image n'aurait pas permis de le certifier. La psyché humaine continuait décidément de fasciner et d'effrayer Luke en même temps. Il reprit son comlink pour chercher le numéro des Kottikis grâce à un annuaire fourni destiné auquel tous les travailleurs rattachés à la justice avaient accès. Il ne faudrait pas que leur enquête soit entravé par un numéro privé. Il mit un certain temps à ajuster l'hologramme pour que Madame Kottiki ne puisse les voir. C'était volontairement que le Chevalier avait choisi de montrer leur visage afin que Karm puisse lire les expressions de la femme, mais aussi rassurer cette famille, s'en rapprocher.

- Madame Kottiki, je vous présente le maître Jedi Karm Torr, et je suis le Chevalier Luke Kayan, nous sommes actuellement à la recherche de Mademoiselle Neya Adagi. Votre fils et elle ont un lien fort d'après ce que j'ai compris, nous aurions besoin de son aide. Serait-ce possible de lui parler ?

Le blond fut soulagé et inquiet de savoir que le garçon était dans sa chambre. Il aurait préféré que la gamine ne soit pas seule en pleine ville. Son compagnon aurait été un appui et une protection non négligeables. À deux, on pouvait veiller l'un sur l'autre mais aussi se soutenir.

- Kévin, c'est bien ça ? Nous voudrions aider Neya... Nous comprenons son geste, mais elle ne peut pas rester seule, on ne sait où. C'est dangereux. Le but n'est pas de simplement la ramener chez son père, mais d'avoir une conversation et de trouver un compromis qui lui convienne... Qui vous convienne.


Ils étaient arrivés à Canin-Sur-Mer, mais Luke ne fit aucun pas pour descendre. Il essaya de manipuler le comlink pour que l'hologramme montre le Maître Jedi, sans vraiment réussir ni échouer (ce dernier apparaissait penché, en diagonale, mais au moins, on le voyait). Son ami matchait toujours avec les jeunes esprits frondeurs alors que lui était plus conventionnel. Il avait par exemple beaucoup joué de son caractère pondéré pour rassurer Madame Kottiki et la convaincre de leur passer Kévin.
Karm Torr
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C’est Key-Vinh, dit l’adolescent.

(La différence était subtile.)

Et je… Hm… Je ne vois vraiment pas de quoi vous voulez parler, à vrai dire.

L’adolescent ajusta machinalement le col de sa chemise. Karm, qui mentait en général avec le talent d’un enfant trois ans cherchant à convaincre des adultes qu’il était un pilote de speeder de renommée internationale, reconnut aussitôt chez ce garçon des dispositions similaires aux siennes en la matière.

Ah ouais, fit-il ? Genre t’as pas eu de nouvelles d’elle ?

Key-Vinh ouvrit des yeux ronds en entendant un Jedi, un Maître Jedi, s’exprimer avec autant de laisser aller.

Eeeeuh…, répondit-il, ce qui à coup sûr inspirait spontanément la confiance. Oui, Votre Excellence… Votre… Votre Béatitude ?
Hein ?
Votre Sainteté ! Oui, Votre Sainteté, j’en suis sûr. Voilà plusieurs jours que je n’ai pas eu de nouvelles de N… Mademoiselle Adagi.

Karm croisa les bras et adopta une expression qui voulait dire : « prends-moi pour une endive ».

Prends-moi pour une endive.

(Au cas où c’était ambigu.)

Je n’oserais pas, Votre Sainteté.
Écoute, mec, j’vais te donner un conseil de vie qui te servira pour l’avenir. Je sais pas où t’en es avec ton conseiller d’orientation professionnelle au lycée, mais je serais tout, j’éviterais vendeur de speeder ou avocat comme carrière, parce qu’embobiner les gens, c’est pas ton domaine.

Key-Vinh jeta un regard inquiet tout autour de lui. Il avait la tête d’un type prêt à prétendre qu’il passait sous un tunnel, même installé dans son salon.

Je… je vous reçois mal, Votre Sainteté.

Karm leva les yeux au ciel, mais ça n’empêcha pas l’adolescent de s’éloigner de ses parents en feignant de chercher une meilleure réception, jusqu’à finir par s’enfermer dans sa chambre.

Pour être parfaitement honnête, reprit-il alors, dans une voix qui n’était plus désormais qu’un murmure, Neya et moi ne sommes pas tout à fait ensemble.
Pas tout à fait ?
C’est compliqué.
Mais encore ?
Vous ne comprendriez pas.
Ben maintenant que t’es lancé, ce serait dommage de t’arrêter en si bon chemin…
Vous pensez qu’elle peut être en danger ?
Potentiellement.
Elle est très débrouillarde, vous savez.
Et tu penses qu’une vie à Bourg-Planète l’a préparée à une épopée en solitaire semi-légale dans les grands astroports de la galaxie ?

Le jeune homme s’octroya le temps de la réflexion, avant de reconnaître :

Peut-être pas…
Ouais, hein…
Hé bien, pour tout vous dire, je ne suis pas son petit ami.
Ah.
Je suis sa barbe.
J’te demande pardon ?
Sa barbe.
Mais… mais t’as pas de barbe…
Quoi ?
Rien rien. Poursuis, fit Karm, en espérant que la chose s’éclairerait d’elle-même.
Neya a rencontré quelqu’un sur l’Holonet il y a quelques mois, et avec cette personne… Enfin c’était de longues discussions, Neya s’est beaucoup ouverte et elle a formé le projet de la retrouver.
Où donc ?
Borgo Prime, je crois.
Génial…

L’astéroïde n’avait pas la meilleure réputation. Il était tout entier dévolu à un astroport où se rencontraient des marchands parfaitement légitimes et d’autres qui se livraient à des activités beaucoup plus douteuses.

Et du coup, cette histoire de barbe, se résigna-t-il à demander ?
Hé bien, vous savez.
Ben non. Pas vraiment.

Key-Vinh redoubla son air conspirateur.

Neya est attirée par les femmes. Mais son père est très, très homophobe…
Le contraire m’eût étonné…, marmonna le Jedi.
… alors je lui sers de faux petit ami, vous comprenez ? Pour donner le change. Je lui ai dit plusieurs fois d’essayer de s’installer à l’Enclave Jedi, il paraît que c’est Queerland, là-bas.

L’adolescent eut l’air aussitôt effrayé par ce qu’il venait de dire.

Euh ! Je veux dire ! Sauf votre respect, hein, Votre Sainteté.
Et pourquoi elle n’est pas venue ?
Je crois que… Je crois que Neya a fini par se convaincre que Dantooine ne serait jamais qu’une prison pour quelqu’un comme elle. Elle ne se voyait pas d’avenir là-bas et quand nous sommes partis, ça a été un coup dur. Elle n’avait plus personne sur place à qui se confier. Aller à l’Enclave… Elle se serait attirée aussi les foudres de son père. Vous savez, Bourg-Planète, c’est joli, mais c’est une petite ville. Parfois, elle pèse comme une chape de plomb. On a presque envie de domestiquer un chien de kath et puis de quitter la ville pour partir à l’aventure dans les hautes herbes.
Je vois, fit l’explorateur, qui aurait été mal placé pour reprocher à qui que ce soit son envie de partir à l’aventure dans les hautes herbes.

Tout cela n’était tout de même pas très rassurant, mais il se sentait une solidarité redoublée avec cette jeune fille.

Tu en sais plus sur la fille avec qui elle discutait ?
Pas vraiment. Qu’elle se faisait appeler Ondine, mais j’imagine que c’était un pseudonyme. Elles se sont rencontrées sur un site de… euh… hé bien…
Oui ?

Key-Vinh rougit et lâcha comme un mot tabou :

De TwiTwi.
De TwiTwi ?

Le garçon hocha vigoureusement la tête.

Et qu’est-ce que c’est que ça, le TwiTwi, demanda le Jedi qui se sentait de plus en plus vieux ?
Ah ! Eeeuh… C’est un genre de bande-dessinée.
Oui ?
Qui tourne autour des Twi’Leks.
D’accord.
Des hommes Twi’Leks, plus précisément.
Hmm hmm.
Qui, euh, vous savez, ont des sentiments les uns pour les autres. Et les expriment. Parfois très, euh, concrètement. Vous voyez. Et vivement. Avec entrain.
Ah.
Voilà.
C’est du porno, donc ?
Ah non, s’offusqua l’adolescent ! C’est du TwiTwi ! C’est très différent.
Bon, hé bien, envoie-nous l’adresse du site.
Vous allez voir, vous n’allez pas regretter !
Pour les besoins de l’investigation.
Bien sûr, bien sûr.
Et puis s’il y a autre chose qui te revient ou si elle te contacte…
Je vous dis.

Et l’adolescent coupa là la communication.
Luke Kayan
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[HJ : Je ne fais pas trop avancer les choses, désolée mais je ne voulais pas jouer Karm, savoir s'il pense que l'idée d'aller sur Borgo Prime est bonne etc. Et désolée ce n'est vraiment pas fameux Crying or Very sad je voulais vraiment répondre mais je suis fatiguée. La preuve étant, notre précédent rp clos... Que j'ai re-clos sans y penser. Embarassed Razz ]


- Bravo, je savais que tu savais parler aux adolescents. Par contre... On va vraiment avoir un souci avec le père, même si on retrouve Neya. Je veux dire, vu la nature de leurs différents, on ne pourras pas juste la rendre en l'état... Il faudra trouver un moyen qu'ils parlent ou... Trouvent une solution.

Luke soupira, une part de lui était égoïstement soulagée qu'il n'ait pas deviné leur lien, à Karm et à lui, mais surtout triste pour sa fille. Encore une fois il remercia l'Ordre de lui avoir une si belle vie, entouré de gens tolérants ou du moins, beaucoup plus ouverts que la moyenne en général. La situation de Neya le gênait, faisant écho à ce qu'il avait toujours craint : être rejeté à cause de sa sexualité, mais au lieu de conseiller à la fille de réprimer son identité (chose qu'il aurait fait et avait fait avec sa propre personne), il se surprenait à vouloir l'aider. Luke se rattrapa, d'abord la mission, le professionnalisme, ensuite éventuellement, la compassion et l'empathie.

- On pourrait demander à l'équipe administrative de Titi... euh TuiTui... bref, les responsables de cette application de chercher le pseudonyme de Neya et de nous donner accès à tous ces messages envoyés à cette Ondine. Malheureusement, bien que ce soit une mineure, l'hébergeur est sûrement installé dans un monde neutre, afin d'échapper aux inspections, aux impôts et représailles de la République donc ce sera très long. Il va falloir aller sur Borgo Prime, je le crains. À mon tour de t'offrir de merveilleuses vacances.

Tiqua légèrement le Hapien, se rappelant de leur virée dans un monde hostile aux catastrophes naturelles si nombreuses qu'elles faisaient partie de la météo quotidienne. Là-bas Karm et Luke y avaient rencontrés une femme étrangement attirée par l'idée qu'ils soient ensemble. Entre ceux qui rejetaient l'homosexualité et ceux qui l'approuvaient avec cette espèce de lubricité étrange, le blond ne savait plus que faire de ce Monde.

- Elle a bien dû atterrir et donc probablement s'enregistrer sur la planète, à moins qu'elle n'y soit entrée clandestinement mais c'est très difficile. Je ne pense pas qu'une mineure de Bourg-Planète ait des faux papiers crédibles, par contre cette Ondine... Si c'est d'ailleurs réellement une Ondine, je n'en doute guère.

Luke frissonna imperceptiblement. Il en avait vu des histoires semblables chez ses collègues policiers. Des fausses femmes qui trompaient de jeunes ingénus pour les séquestrer, demander une rançon ou abuser de leurs victimes. Perdue sur un Monde qu'elle détestait, avec un père qu'elle devinait intolérant à sa différence, Neya devait être désespérée. Luke avait relevé le petit parallèle involontaire avec leur propre couple. Deux hommes pas vraiment censés être ensemble qui pourtant, continuaient de s'aimer. Malheureusement la situation de Neya était bien plus préoccupante. Elle était très jeune, sans doute vraiment isolée tandis que l'Ordre avait eu la bonté de tolérer leur amour, à Karm et à lui. Une pointe de peine passa furtivement dans le regard du Hapien qui se promit de parler à la jeune fille s'ils la retrouvaient. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais le blond n'était pas un monstre. Il refusait l'idée de balancer Neya dans les bras de son père juste parce que c'était la loi... Et ne le croyez pas rebelle du protocole, ça en faisait partie, justement, de s'assurer que tout allait bien lorsqu'il y avait suspicion. En revanche, il aurait été le premier à contacter le père afin de le prévenir d'où se trouvait sa fille, quitte à arranger un entretien ensuite. Cette fois, sans se l'expliquer, le Jedi savait qu'il essayerait d'être plus subtil. Il parlerait à Neya seule à seule, sans l'acculer et lui proposerait des alternatives si cette dernière ne voulait plus revoir son père. Sans doute que la cause lui paraissait étrangement familière et donc attachante. Ou alors c'était Karm qui l'avait influencé question "interprétation des règles"... Ou les deux.

Si le thème de l'enquête, devenu malgré lui l'homosexualité gênait un peu le blond, il n'en laissa rien paraître, effaçant tout auto-scrupule. On parlait d'une mineure probablement en danger, que ce soit à cause ou avec Ondine. De plus, Luke était curieusement beaucoup plus tolérant avec autrui qu'avec sa propre personne. Il avait du mal à s'assumer alors qu'il serait le premier à soutenir toute personne essayant de le faire.

- Tu crois que tu pourrais essayer de retrouver cette Ondine sur le site ? Ça ne donnera sûrement pas de gros résultats, en imaginant qu'on la retrouve, elle ne te donneras pas l'adresse de son appartement comme ça. - Luke se prit à espérer très fort qu'Ondine soit vraiment cette gamine amoureuse de la fille d'un vétérinaire de campagne fugueuse.- Si elle est toujours sur le site, ce qui pourrait être une mauvaise nouvelle d'ailleurs.

Dans le cas où Ondine était un tordu, qu'il se connecte signifiait qu'il en avait fini avec sa dernière proie mais le Hapien se refusa à penser uniquement en ces termes, ce serait trop triste.

- On ne pourra pas la laisser, mineure et déscolarisée, sur Borgo Prime. Mais il y a des alternatives. Je lui en proposerai si elle ne veut pas revoir son père et... On essayera de lui parler avant. Est-ce que ça te sembles bien ? Comment penses-tu que nous devrions essayer d'entrer en contact avec elle ? En mode gardiens de la paix qui s'inquiètent de sa sécurité ou de potentiels "amis" qui la comprennent ?

Interrogea le jeune homme qui essayait d'apprendre à ne plus juger aussi vite. Depuis l'histoire du membre de l'AgriCorps amoureux d'une autre apprentie qu'il avait accidenté dans une vaine tentative de fuite, Luke essayait d'apprendre à ne plus juger hâtivement. Ce jour-là, il avait déçu Karm, ça lui avait brisé le coeur. Pire, avec le recul, le Chevalier avait remarqué s'être déçu lui-même et probablement ses aînés s'ils avaient eu vent de l'histoire. Depuis, il essayait vraiment de ne plus interpréter rapidement, d'être moins manichéen.

- Borgo Prime reste Républicain malgré tout, je pense que nous pouvons y aller en tant que Jedi, au moins le temps d'exiger de voir les registres. Je profiterai du voyage pour demander les mandats de perquisition. Ensuite, le temps des recherches, nous n'aurons qu'un avantage : Neya ne s'attend sûrement pas à ce que des Jedis de Dantooine la recherchent, sauf si Key-Vinh la prévient.


Ce petit idiot pourrait mettre son amie en danger en lui révélant avoir craqué. Luke comptait sur les mots de Karm pour la raisonner. Il semblait avoir compris en tout cas, au comlink, qu'ayant grandi à Bourg-Planète, Neya avait peu de chances de s'en sortir seule. Le Hapien aurait aimé utiliser le garçon pour contacter la jeune fille mais ce serait trop risqué. Il y avait encore de la méfiance dans son attitude vis-à-vis d'eux et c'était un mineur. On n'utilisait as aussi facilement un mineur comme appât dans une mission, qu'un adulte.

En réalité, Luke n'était pas trop inquiet si Ondine était sincère (et pas trop débrouillarde mais ça il ne fallait pas y compter). Ce ne serait pas vraiment difficile de retrouver une adolescente, incapable de fournir de faux papiers aisément (contrairement à certains marchands de Borgo Prime). Le plus dur serait encore de la convaincre de les laisser entrer pour entamer une discussion.
Karm Torr
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Et ainsi L’Épave s’était envolée pour Borgo Prime. Karm avait envoyé deux Padawans aguerris et débrouillards se renseigner à l’astroport de Canin-sur-Mer, dans l’espoir que Neya n’ait pas réussi à embarquer. Mais le temps était compté et il ne pouvait pas se permettre de ne pas explorer toutes les pistes en même temps.

Pendant que l’astromech achevait les calculs hyperspatiaux, Karm écoutait les déductions et les inquiétudes de son compagnon. Pour sa part, c’était la première fois qu’il avait affaire à une histoire de ce genre.

Hmmm…

Et sur ces propos très éclairants, leur vaisseau s’échappa pour de bon de l’attraction de Dantooine et disparut dans les replis de l’espace.

J’pense qu’on peut raisonnablement supposer qu’elle a pas de papiers d’identité convaincants, comme tu dis. En d’autres termes, si elle a réussi à s’embarquer sur Dantooine, c’est probablement comme passagère clandestine. Donc soit elle a été repérée au débarquement sur Borgo Prime, et dans ce cas on l’a retrouvera en cellule le temps qu’ils arrivent à l’identifier, soit elle s’est faufilée en douce et du coup, elle s’est fondue dans la population de l’astéroïde.

Karm déboucla son harnais de pilote, avant de sortir son datapad.

Dans l’absolu, ça me paraît peu probable qu’Ondine soit un vieux détraqué. Pas impossible, hein, mais… Si son plan c’est d’attirer des jeunes filles jusqu’à lui, y a des proies avec plus de chance de succès qu’une gamine sur Dantooine qui a une chance sur mille de passer les sécurités des astroports. Soit c’est un mec dans ce genre-là qui était venu à la base juste pour échanger des messages chelous et qu’a vu une opportunité, mais dans ce cas, on peut douter qu’il soit bien organisé pour ce genre d’opérations. Soit c’est vraiment une autre gamine qui vit sur Borgo Prime.

Quelques années plus tôt, quand Luke l’avait rencontré, le Jedi aurait lancé ces observations pêle-mêle sans ordre ni méthode, en point d’en être presque incompréhensible, mais l’âge et les responsabilités allant croissant, il avait appris à s’expliquer aux autres.

J’pense donc qu’on a de bonnes chances de la retrouver sur Borgo Prime en relativement bonne santé, et que le plus délicat, ce sera d’imaginer quoi faire après. J’vais me plonger dans leur site, là, j’te laisse identifier les structures d’accueil si jamais elle voulait plus retourner chez son père ? On peut évidemment lui proposer l’Enclave, mais ce serait bien d’avoir des alternatives.

Et Karm partit à la découverte du TwiTwi. Il y avait le TwiTwi classique, le TwiTwi avec des animaux qui ressemblaient à des Twi’Leks, le TwiTwi où les messieurs étaient très musclés, le TwiTwi où les bandes dessinées reprenaient des holoséries connues, mais en remplaçant tous les personnages par des Twi’Leks à la libido bouillonnante.

Les lectures studieuses du respectable Jedi furent ponctuées de :

Hmm…

Et de :

Ah ouais…

Et de :

C’est possible, ça ?

Généralement suivis de regards songeurs en direction de Luke. Songeurs, et de moins en moins innocents. Après avoir parcouru une dizaine de chapitres très explicitement illustrés qui ne lui feraient plus jamais voir les Twi’Leks du même œil et s’être promis de consulter le reste pour son édification personnelle, afin de ne pas rester éternellement ignorant d’un pan de la culture galactique sans nul doute essentiel à la compréhension du monde contemporain, l’explorateur partit à l’assaut des forums.

C’est drôle, observa-t-il, les gens discutent vraiment de tout et de rien. Bon, y a cinquante pour cent consacrés aux groupes de Twi-Pop les plus sexys du moment, hein, on va pas se mentir, mais y a aussi un thread de cinquante pages sur comment bien choisir sa lampe torche. Et je peux te dire que le débat est : enflammé.

(À un moment, quelqu’un se faisait traiter de fasciste pour avoir témoigné d’une préférence pour les batteries rechargeables d’Alderaan.)

Ondine poste pas des masses. Neya a principalement interagi avec elle sur trois sujets. Le premier est consacré à une fanfiction où Alysanne Méridan est en fait un homme, mais aussi un Twi’Lek, qui a une relation passionnelle avec son garde du corps. Qui est un Twi’Lek. ‘videmment. Le second est un sujet sur un groupe de musique. Et le troisième parle de la manière dont faire son coming out. Ondine raconte que pour elle ça s’est bien passé, ses parents sont tolérants, etc., etc.

Karm n’eut pas l’impression qu’Ondine cherchait particulièrement à appâter qui que ce soit, mais il n’était certes pas le mieux placé pour juger de ce genre de choses.

Ces investigations préliminaires finies, la suite du trajet se déroula au son de la Twi-Pop.

C’est plutôt entraînant, comme rythme, pas vrai, était en train d’observer le Maître Jedi quand leur vaisseau sortit de l’hyperespace non loin de Borgo Prime ?

L’astéroïde était énorme, pour un astéroïde, c’est-à-dire petit, pour un monde, mais la station de Borgo Prime le couvrait entièrement et creusait dans ses profondeurs. À cette époque, les activités de minage battaient encore leur plein et l’immense rocher spatial renfermait encore bien des richesses. La guerre avait aussi rendu sa position quasi-frontalière enviable, et des marchands plus ou moins recommandables se mêlaient désormais aux mineurs et aux ingénieurs.

Peut-être quelque chose de moins repérable que la bure jedi, quand même, suggéra Karm à son compagnon, tandis qu’il débutait les manœuvres d’approche, assisté de son droïde ? On est quand même loin du Noyau, ici…

Dix minutes plus tard, des portes métalliques se refermaient lourdement au-dessus de leur vaisseau et l’atmosphère artificielle vint remplir le hangar. Karm laissa — lâchement — Luke accomplir les formalités administratives, tandis qu’il partait interroger les responsables de la sécurité du spatioport. Quand les deux Jedis finirent par se retrouver en face d’une boutique de souvenirs, dont l’intégralité de la marchandise était constituée de petits cailloux tirés de l’astéroïde, tous gris, tous moches, Karm expliqua :

Ils lui ont mis la main dessus mais elle leur a filé entre les doigts. Ils l’ont appréhendée alors qu’elle essayait de débarquer clandestinement un navire qui revenait d’une livraison de minerai à Dantooine. Mais y a eu un dysfonctionnement dans le système de recyclage d’air du côté du centre de détention provisoire et elle a profité de l’évacuation des cellules pour s’enfuir en courant. Depuis, ils la recherchent, mais… Pas hyper énergiquement, on va dire. J’crois que leur principale préoccupation est de vérifier que tout le minerai qui sort est bien déclaré. C’est à nous de jouer, donc.
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Ça fait sens. - Dut reconnaître le Chevalier, un peu dérouté mais pas mécontent de cette alternative. Il était plus réjouissant d'imaginer deux mineures amoureuses en cavale plutôt qu'une victime et son psychopathe de kidnappeur. Dans le cas où Karm avait raison, tout se jouerait après les retrouvailles. Il faudrait convaincre Neya qu'elle ne pouvait pas se nourrir d'amour et d'eau fraîche et qu'à son âge, on devait dépendre d'une institution. C'était la loi Républicaine.- Par anticipation, je vais effectivement chercher des centres d'accueil pour mineurs. Je doute qu'on en trouve sur Borgo Prime, mais sur une planète intermédiaire où cas où Ondine ne veut pas déménager. Pouvoir continuer de retrouver son amie sera décisif.

Par chance, le blond s'y connaissait plutôt en la matière. Il avait suffisamment travaillé avec la police pour être renseigné sur ces foyers. Que ce soit pour de jeunes mères célibataires ou plus souvent, des mineurs délinquants, en perdition, il serait à même de proposer une gamme d'établissements corrects à Neya si elle ne voulait pas retourner chez elle. À une époque, le blond aurait essayé de la convaincre de rester avec lui, arguant qu'elle avait de la chance d'avoir une famille, que sa place dans un foyer serait prise par une personne réellement démunie. Aujourd'hui, le jeune homme commençait à saisir combien les relations familiales pouvaient être dures, l'amour et les devoirs filiaux ne faisaient pas tout. De plus, faire son "coming out" comme disaient les concernés ne se passait pas aussi aisément qu'on aurait pu l'attendre dans une société prétendument évoluée. Luke savait bien, au fond, pourquoi il avait encore du mal à admettre sa relation avec Karm alors même que l'Ordre le protégeait de jugements offensants. La majorité de ses membres étaient éduqués pour être tolérants, là où la société se composaient parfois de psychopathes en puissance, sans retenue ni remords.

- En réalité, si ce n'est pas trop lourd pour les parents d'Ondine, comme ils semblent n'avoir aucun souci avec ses... Préférences, on pourrait discuter avec. Il existe des programmes de tutorats, de quoi prendre en charge Naya, avec l'aide de subventions bien sûr, mais il faudra tâter le terrain avant. On ne propose pas ce genre d'engagements à n'importe qui.

Encore fallait-il que la relation entre les deux filles soit assez solides pour éviter qu'elles ne finissent par se haïr sous le même toit. Curieusement Luke était moins inquiet de ce côté. Peut-être parce qu'à part son ex complice d'assassinat en puissance, il avait de suite connu l'amour sincère et réel. Pour lui d'ailleurs l'âge n'était pas un critère car il était persuadé qu'en rencontrant l'explorateur avant, il auraient aussi eu une relation saine. À tort peut-être (?)

- Je ne saisis pas l'idée. Pourquoi utiliser Alysanne Méridan en la transformant en homme et en Twi''Lek ? En la changeant autant, ce n'est plus Alysanne Méridan, autant créer un personnage de toute pièce. Ceci dit, je ne comprends pas non plus cette idée d'avoir des envies par rapport à des histoires de Twi''Leks inconnus.

Pour Luke, le désir physique était dépendant du lien mental. S'il admettait volontiers -dans le cercle intime- avoir envie de Karm parce que ce dernier lui semblait beau, il savait que si leurs idéaux, leur personnalité n'étaient pas compatibles, il y aurait renoncé. Loin de son nouveau lui, l'idée de condamner les nuits sans lendemains des fêtards, mais lui personnellement, s'en trouvait incapable. Il imaginait donc difficilement le fantasme sur un corps sans esprit.

- Je dois admettre pour la musique. Reste à savoir ce que racontent les paroles.

Jugea le Hapien, mi-amusé, mi-méfiant. Il ne connaissait pas la langue, probablement du Twiileki, et vu la plateforme où elle était passée, les paroles ne devaient pas être innocentes.

Corrigé par son compagnon, le blond changea de tenue, optant pour un jean serti d'un tee-shirt blanc. D'habitude, il choisissait une chemise mais dans ce coin de la Galaxie et face à une adolescente, mieux valait sembler plus... Décontracté. C'était ce que ses cours d'Infiltration lui avaient enseigné en tout cas. Avec une veste en jean par-dessus, le jeune homme avait l'air d'un garçon d'une vingtaine d'année au sortir de la Fac, impression renforcée par la besace en cuir qui retombait sur son flanc et demi-queue de cheval.

- Puisqu'Ondine semble être dans de bons termes avec ses parents, il suffirait de retrouver son nom de famille. Ils doivent bien payer des impôts, ce qui nous mènerait à son adresse, où ils pourraient nous renseigner. Est-ce qu'on a une idée de sa localisation plus précise grâce à ses messages ou à son compte ? Si elle a payé des options premium, on peut aussi avoir son numéro de carte bancaire. On retrouve l'établissement, on demande l'adresse et on remonte jusqu'à elle. Autre piste à explorer en parallèle, celle de Neya. Il suffit qu'elle ait utilisé sa carte de crédit pour savoir quel distributeur elle a utilisé et vers quel endroit chercher... On a son nom de famille également, mais je doute qu'elle se soit enregistré dans un hôtel. Elle aura plutôt opté pour des auberges qui ne demandent pas de papiers. Tout le monde sait au moins ça grâce aux holofilms apparemment. En plus, Neya et Ondine s'attendent à ce qu'on recherche la fugitive, pas son amie.

Le jeune homme s'attela à deux tâches en parallèle : chercher une structure d'accueil possible afin de dresser une liste convaincante lorsqu'ils parleraient à fugueuse, et celle de persuader le site de leur envoyer les codes bancaires de la jeune femme. S'ils trouvaient d'autres sites avec son IP, ils pourraient essayer d'en chercher un payant pour trouver sa carte bancaire. La police était réticente à cette idée mais le Hapien finit par les convaincre d'effectuer ces recherches préliminaires en leur promettant de vite les débarrasser d'un nid à problèmes : une adolescente éventuellement en danger, dont ils ne s'occupaient pas. Leurs supérieurs ou même les journalistes n'aimeraient pas qu'un tel scandale éclate, si une gamine d'origine étrangère mais Républicaine avait un accident, n'est-ce pas ?

- J'ai une correspondance. Par chance, elle a payé, il y a très longtemps, une option qui permettait d'avoir des émocones... Des émitocones... Des petites images plus élaborées et mouvantes de Twi'Leks expressifs pour ponctuer ses phrases.

Autrement dit, un tout petit pack de smileys achetés juste après son inscription pour faire bonne impression. L'un d'eux se dandinait plus fluidement que les émoticônes de base et envoyait un clin d'oeil, d'autres scintillaient ou avaient des yeux angéliques, peu réalistes mais terriblement "craquants".

- Tu sais, je voulais juste te dire, je pense que tu as raison, et depuis le début j'ai aussi eu cette idée de lui parler, de proposer des solutions alternatives à Neya pour ne pas qu'elle ait à retrouver son père. Ils s'aiment sûrement mais ne semblent pas compatibles actuellement. Ça, c'est toi qui m'a appris à le voir... À y être plus sensible, et donc à éprouver cette vraie compassion que les Jedis doivent avoir. Je voulais t'en remercier. Tu me fais devenir meilleur à chaque fois.

Un petit sourire doux ponctua la phrase du Hapien. L'urgence n'était pas finie, Neya pouvait toujours être aux mains d'un criminel qui avait prétendu avoir une famille unie, tolérante envers l'amour entre deux personnes... Mais Luke ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine tendresse pour cette mission "simple" qui les réunissait dans un contexte, certes gênant puisqu'il se référait un peu à leur situation, mais belle.

- Pour en revenir à mes recherches, elles sont peu fructueuses concernant des structures dur Borgo prime, mais je vais essayer de redoubler d'efforts, et hormis le coup de pouce par comlink de la police, nous allons devoir nous débrouiller. Étant loin du noyau, notre "influence" est moindre... C'est donc sous couverture qu'il va falloir enquêter dans les commerces ou autre si on a des pistes. On devra les convaincre de nous donner des informations pour nos jolis yeux comme on dit.

Car évidemment, l'adresse d'Ondine était une chose, les Jedis pouvaient travailler comme tels par comlink, mais encore faudrait-il fouiller les alentours, aborder les parents doucement pour ne pas les effrayer, surtout s'ils soutenaient le couple. Ou s'ils ne le faisaient pas d'ailleurs...
Karm Torr
Karm Torr
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L’amour est une voie de vertu, déclara très sérieusement l’Ark-Ni quand son compagnon le remercia pour les progrès qu’il estimait avoir accomplis. Moi-même, sans toi, je serais rien de ce que je suis. À part peut-être un explorateur qui passe le plus clair de son temps à fuir la compagnie des autres, en train de purger loin du monde, sur une planète déserte, ses fautes en partie imaginaires.

Mais de quelles fautes précisément voulait-il parler ? Luke n’en sut pas beaucoup plus sur le moment, car le Maître consulta les données bancaires habilement extorquées aux autorités locales. Pour l’heure, Neya n’avait pas fait chauffer son compte bancaire, mais ce n’était peut-être qu’une question de temps. Après avoir demandé à son datapad de l’alerter s’il y avait le moindre mouvement de fonds, le Jedi se remit en marche dans les rues de Borgo Prime.

Cela faisait un bon moment qu’il n’avait pas mis les pieds dans une station spatiale implantée de la sorte dans un astéroïde, et il devait bien avouer que c’était impressionnant. L’énorme roche stellaire était animée d’un léger mouvement rotatif, de sorte que les étoiles que l’on voyait à travers les baies de transparacier fermant en hauteur les allées de la ville changeaient en permanence, quoique très lentement.

À des intervalles réguliers, des affichages holographiques indiquaient une heure bien sûr purement arbitraire, mais sur laquelle se réglait la vie de la station. En théorie, le système central était censé faire varier la luminosité, pour donner l’illusion du jour et de la nuit, et éviter de trop perturber les horloges biologiques. En pratique, tout cela avait un cruel besoin de réparation et Borgo Prime vivait constamment sous sa lumière artificielle, sauf quand il s’agissait de faire des économies d’énergie.

Bon, l’avantage, c’est que c’est pas très grand, conclut l’explorateur après avoir soigneusement étudié le plan que l’on pouvait afficher sur une console d’informations vieillotte mais, elle, encore parfaitement fonctionnelle. Et y a un lycée, collège, école. Si Ondine a plus ou moins le même âge que Neya, ça peut être un bon endroit par où commencer.[/color]

Les deux hommes reprirent leurs marches dans les coursives de la station. On approchait de la fin de la journée de travail, mais pour l’heure, l’essentiel de la population était occupée aux activités de minage ou bien travaillaient dans les bureaux commerciaux exigus que certaines entreprises occupaient là, tout à la frontière de l’espace républicain. Alors les rues étaient calmes.

Karm se fia aux indications murales et de la sorte, ils n’eurent guère de mal à trouver l’établissement scolaire. En réalité, il s’agissait en tout et pour tout d’une grande pièce unique, presque exclusivement occupée par des enfants entre trois et huit ans. Deux femmes, une Quermiane et une humaine, s’occupaient de faire la classe, ce jour-là consacrée à une activité peinture qui faisait régner un certain chaos parmi la petite troupe.

Les deux Jedis n’étaient pas entrés depuis longtemps quand une légère mélodie vint indiquer la fin de la journée. Karm jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule et constata qu’en effet, la rue derrière eux s’était vite remplie de parents et, pour les enfants les moins chanceux, de droïdes de protocole venus récupérer les artistes en herbe.

Le Jedi entraîna son ami à l’écart pour laisser sortir la horde de bambins surexcités, qui se mirent à tous parler en même temps, pour expliquer à leur famille les tenants et les aboutissants de leur dernière création. Fort heureusement pour tout le monde, les pots peints étaient tous en train de sécher sur une petite étagère au fond de la salle, et personne ne repartit avec des traces sur ses vêtements.

L’école fut bientôt vite et la rue à nouveau désertée. Pendant que la maîtresse humaine s’occupait de reboucher une myriade de pots de peinture, la Quermiane avisa les deux hommes qui se tenaient dans l’entrée et s’approcha d’eux, un sourire affable sur le visage.

Messieurs, dit-il, bienvenue à l’établissement scolaire X23. L’École des Étoiles.

Et pour appuyer son propos, elle désigna de l’un de ses quatre longs doigts le plafond décoré d’étoiles découpées dans du plastique de façon très, très approximative.

Je suis l’institutrice Tapel Toof.
Enchanté. Moi c’est Torr et lui c’est Kayan.
Vous souhaitez inscrire votre enfant dans notre école ?
Euh…

Karm ne put s’empêcher de ressentir un pincement au coeur, qui n’échappa peut-être pas à son compagnon au sein de la Force.

Non, à vrai dire, non. Cela dit, j’avais cru comprendre qu’il y avait tous les niveaux, ici, mais vous avez l’air d’être une maternelle.
Oh, non, répondit Tapel Toof. Nos locaux sont limités, alors les élèves plus âgés reçoivent la plupart de leur enseignement par les centres d’éducation à distance du Noyau. Nous les accueillons pour l’aide au devoir. Mais les petits sont… comment dire…
Moins zens devant un écran toute la journée ?

L’institutrice acquiesça d’un signe de tête au bout de son interminable cou.

À vrai dire, on cherche une certaine Ondine.

Cette fois-ci, le sourire de la Quermiane disparut quelque peu et son regard se fit inquisiteur.

Nous n’avons pas l’habitude de communiquer des informations sur nos élèves, dit-elle d’un ton néanmoins poli, quoiqu’il fût clair qu’elle les soupçonnait d’être possiblement deux pervers aux trousses d’une lycéenne.
Ah non mais… on est, euh… des cousins de la famille. Des cousins éloignés. On vient rendre visite.

Comme Karm était au mensonge ce que les banthas sont au ballet classique, les soupçons de l’institutrice n’en firent que redoubler.

Messieurs, je… je crois que vous devriez partir. On doit bientôt fermer l’école, de toute façon…
Luke Kayan
Luke Kayan
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"Au moins reconnais-tu qu'elles sont imaginaires" avait répliqué le jeune homme, intérieurement heureux de ce lapsus révélateur de progrès. Que Karm déculpabilise par rapport à son passé ou même son présent lui semblait primordial. Tous deux formaient une belle équipe involontairement hypocrite, prompt à prendre soin de l'autre en s'oubliant dans l'équation. Petite circonstance atténuante, ils n'en avaient guère le temps.

Approuvant l'idée de son ami, Luke abandonna la piste froide de la carte bleue pour se diriger vers l'école. Les bruits, le mouvement auraient eu tendance à l'effrayer s'il n'avait pas été entraîné, mais il demeurait gêné. Les Padawans étaient bien plus disciplinés et le Hapien craignait d'être renversé. Paradoxalement, il songea inconsciemment que cette vie désordonnée n'était pas si désagréable. C'était presque chaleureux, joyeux en tout cas à l'instar de Topel Toof au début. Le Chevalier rougit sitôt qu'il eut compris ce qu'impliquait le "votre" enfant au lieu de vos. Sans croire un instant qu'ils étaient amis, la professeure avait déduit que les deux hommes avaient adopté. Luke fut saisi de son affabilité qui se sentait au-delà de son sourire. Elle semblait loin de se formaliser d'un couple homoparental là où une mauvaise généralisation considérait que le milieu scolaire était finalement, un de ceux les plus réfractaires à ce type de famille. Leur obsession pour le bien-être de l'enfant, chez certains en tout cas, menaient à l'homophobie ou le racisme. Il aurait fallu des parents d'une même race, d'un milieu aisé, d'un âge semblable et bien sûr, composé d'une maman et d'un papa.

Topel Toof mettait à mal le cliché des professeurs coincés. Attiré malgré lui par le mot "étoiles", le Jedi suivit comiquement le doigt de la femme sans avoir la moindre idée de l'étrange coïncidence. Malheureusement l'ambiance amicale n'était pas destinée à demeurer. L'hypothèse première de Luke concernant un pervers qui aurait enlevé Naya se retourna contre les deux hommes. Décidément, la vie avait choisi d'être facétieuse (et le mot était faible) avec eux jusqu'au bout, aujourd'hui. Le Consulaire se remémora leur entrée puis leurs paroles. Certes, nul doute, Topel était une bonne professeure qui avait toutes les raisons du monde de se questionner. Le Chevalier hésita à brandir sa carte d'identité, désireux de laver son honneur. Il renonça à ce réflexe en se rappelant que sur Borgo Prime on n'était pas spécifiquement en faveur des Jedis. Toute républicaine fut-elle, la planète avait beaucoup à cacher. Il y avait ici trop de spectateurs capables de faire une scandale, dont des parents, la plus dangereuse des espèces capable de réagir avec hystérie au moindre de signe de danger pour leurs gosses. La présence de deux représentants de la loi en serait-elle un ?

Il respira alors profondément et se décida. Puisqu'ironiquement (encore une fois), leur homosexualité risquait moins de causer d'émois, Luke choisit cette carte. C'était peut-être pour les besoins de l'enquête mais quand même, c'était la première fois que le Chevalier allait avouer leur relation à voix haute. Il aurait pu trouver une autre solution, il y en avait sûrement mais quelque chose au fond faisait comprendre à Luke que cela ferait plaisir à l'Ark-Ni. Le pincement au sein de la Force ne lui avait pas échappé, ce n'était d'ailleurs pas un secret entre eux. Outre le mariage, Karm aurait aimé avoir des enfants. Bien que leur statut permette au Hapien d'échapper à l'exposition réelle de ses arguments (pratique), il avait déjà laissé sous-entendre ne pas apprécier l'idée. Son caractère tranquille et routinier n'était cependant pas l'unique explication, pas plus que l'importance de son devoir. Le jeune homme aurait trop peur d'être un mauvais parent après des années de maltraitance. Il ne voudrait pas non plus qu'un hypothétique gosse soit maltraité parce qu'il avait deux pères, et enfin plus sournoise, demeurait la crainte qu'on ne l'aime pas. Que son propre fils ait honte de sa personne ou s'ennuie, à l'instar d'Ecktor. Son seul regret était que la seule idée qu'il soit "contre" rende son ami triste. Luke aimait le satisfaire autant que possible, mais ce serait hypocrite et dangereux de déclarer désirer un enfant juste pour contenter son compagnon.

"Heureusement", cela dit, que les choses évoluent ou pas (car Luke avait déjà prouvé évoluer) le rang de Jedi évitait au Hapien de plonger dans ces questionnements puisque la réponse était toute faite : rien ne les destinait à adopter un jour. Alors il pouvait au moins faire cet effort...

Attrapant la main de son ami, le Consulaire baissa la tête, avouant tel un adolescent pris en faute (ce qui rendait son mensonge extrêmement crédible, puisqu'une grosse partie était vraie dont son attitude si timide).

- D'accord. Nous sommes tous les deux ensemble. Je veux dire, Torr est mon petit ami... Et nous ne connaissons pas Ondine, mais une fille qui serait en lien avec. Il y a quelques jours, elle a fugué de Dantooine, d'où nous venons aussi. Elle est partie de son village parce qu'elle avait peur de révéler à son père qu'elle est lesbienne. Nous nous inquiétons parce que nous l'apprécions beaucoup, qu'elle est mineure et que son père n'est pas commode, il est vraiment homophobe... Un de nos amis en commun nous a dit qu'Ondine était une de ses proches... Hum si vous voyez ce que je veux dire, autrement dit sa copine. Nous voudrions parler à notre amie, mais elle demeure introuvable alors nous cherchons Ondine. Nous sommes partis tous les deux parce que nous voulions être discrets, vis-à-vis du père de notre amie, et parce que nous voulons lui parler, pas la "dénoncer et l'obliger à rentrer chez lui. On sait ce que ça fait... Les regards sur nous, le jugement, les parents qui ne comprennent pas... Nous voudrions savoir si elle est en sécurité, rencontre cette jeune fille : Ondine.


Hormis le fait qu'ils ne connaissaient pas vraiment Neya, le mensonge était assez crédible. Karm comme lui faisaient jeune. Tout au plus leur aurait-on donné 25 ans. C'était un peu âgé mais pas impossible pour une gosse de 16-18 ans de se lier d'amitié avec des étudiants. Luke espérait que leur homosexualité rassurerait l'institutrice sur leurs intentions envers une gamine. L'air attristé, le jeune homme leva les yeux à peu près au niveau du menton de la Quermiane. Réajustant le tir, cette dernière plongea ses grandes prunelles dans celles du blond, cherchant aussi à déchiffrer les iris turquoises de l'autre garçon. C'est vrai qu'ils avaient l'air d'étranger, rien qu'à leur accent.

- Torr et moi ne voulions pas vous dire la vérité de suite, parce que c'est bien sûr un peu gênant... Mais voilà. Alors si vous connaissez Ondine, vous n'êtes même pas obligée de nous donner son nom de famille... Juste nous laisser lui parler, ici dans l'enceinte de l'école. Nous voulons juste des nouvelles de notre amie.

Luke détacha ses doigts de la main de Karm qu'il s'aperçut avoir tenu plus fermement qu'il ne l'aurait cru au moment des aveux. Le mieux aurait été de pouvoir parler à Ondine tranquillement mais le Hapien préférait diminuer les "risques" pour éviter que la Quermiane trouve davantage de moyens de refuser. En l'état, la rencontre ne paraissait plus si dangereuse, enfin Luke espérait. Il priait juste la Force pour ne pas s'être trompé et bien avoir perçu un esprit ouvert dans les paroles de la professeure et non un malheureux quiproquo... Sans oublier les parents qui avaient pu les voir. Intérieurement, Luke brûlait littéralement. Toutes les alarmes de ses zones de confort allègrement violées hurlaient. Extérieurement il avait juste l'air d'un ami désemparé à l'idée de retrouver sa copine.
Karm Torr
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ET BAM.
La Force en pleine face !

En l’espèce, pour Luke, elle prenait la forme d’une vague de bonheur pur et subit qui déferlait sur lui en provenance de l’homme à qui il venait de prendre la main et dont, tout Maître Jedi qu’il fût, on ne pouvait décemment pas attendre qu’il se contrôle en toutes circonstances. Karm affichait donc un sourire benêt qui ne contribua pas beaucoup à rendre leur inquiétude pour Ondine crédible, mais fort heureusement, c’était surtout au Hapien que l’institutrice s’intéressait désormais.

Je vois…, dit-elle prudemment, avant de reporter son attention sur l’Ark-Ni, qui eut la présence d’esprit de ravaler son air d’idiot heureux pour adopter une expression plus préoccupée. Je vois… Attendez ici une petite seconde.

La Quermiane s’éloigna pour aller s’entretenir avec sa collègue, deux opinions valant mieux qu’une. Ils étaient désormais seuls dans l’école et derrière eux, la rue n’avait plus guère de passant. Karm, qui flottait sur son petit nuage, fut occupé pendant un bon moment à tourner des regards énamourés vers son petit ami, que seule la présence de deux respectables professeures des écoles l’empêchait de plaquer contre le mur le plus proche pour lui exposer avec adresse et vigueur tout ce que lui inspirait la scène qui venait de se dérouler.

Tapel Toof finit par revenir vers eux et l’Ark-Ni sur terre.

Nous allons devoir fermer l’école, comme je vous l’expliquais, et nous ne pouvons pas vous recevoir ici pour un entretien, mais voici le numéro des parents d’Ondine. Ce sont les mieux placés pour décider ce qui est approprié. Du reste, c’est un couple très compréhensif.
Merci, madame. Prof. Maîtresse. Votre aide a été inestimable.

La Quermiane hocha la tête, et il était évident qu’elle demeurait partagée sur leur compte, en espérant, sans en être certaine, avoir fait le bon choix. Les deux Jedis levèrent le camp avant qu’elle ne regrette sa décision et, quelques coursives plus loin, Karm s’installait sur banc pour dégainer son comlink et composer le numéro indiqué.

Oui ? Allô ? Bonjour. Ici le Maître Jedi Torr…

Puisqu’il y avait tout lieu de penser, aux propos de Toof, que les parents de la jeune fille étaient des personnes respectables, Karm n’avait pas jugé utile de s’embarrasser de faux semblants.

Je suis à présent sur Borgo Prime où j’enquête sur la disparition d’une mineure avec…



Non, madame, pas votre fille.



En effet, madame, si elle est dans sa chambre, il y a peu de choses qu’elle ait disparu…



Évidemment, madame…



Ben, euh… De la télékinésie, quoi…



Non, madame…



Est-ce que…



Oui oui.



Plutôt… plutôt vers la gauche… enfin, ça dépend des jours…



On peut… Madame ? Est-ce qu’on peut passer vous voir ?



Hmm hmm…



Entendu. Merci, madame.


Après avoir raccroché, l’explorateur eut besoin de quelques secondes pour digérer sa conversation.

C’est une femme très… euh… énergique. On va dire. Ouais. Voilà. Énergique. Allez, viens. On est attendus pour le thé.

Luke eut le droit à un nouveau regard tout dégoulinant d’amour et les deux hommes reprirent leur marche. Les parents d’Ondine habitaient dans les niveaux souterrains de l’astéroïde. Ce n’était pas l’endroit le plus prisé, parce qu’en se rapprochant des mines, on devait supporter parfois le bruit des forages, mais le quartier était somme toute propre, bien entretenu et ne manquait pas de boutiques.

Karm avisa le numéro qu’on lui avait indiqué et pressa l’interphone, à côté du nom : Azuria. Aussitôt on lui ouvrit la porte. Madame Azuria n’était pas une grande spécialiste de la méfiance, semblerait-il. Les deux Jedis descendirent deux étages de l’immeuble qui s’enfonçait son tour et là, dans le couloir, une dame les attendait sur le seuil de son appartement.

Madame Azuria était une Sephi à la peau d’un violet très clair et dont les cheveux déjà grisonnants étaient arrangés en une architecture de spirales compliquées décorées de diverses pierres. Elle était vêtue d’une étrange robe ample et légère, d’un tissu multicolore aux motifs floraux. Peu familier de l’espèce, l’explorateur aurait eu bien du mal à lui donner un âge.

Ah, c’est vous, s’exclama-t-elle avec une joie quasi enfantine ! C’est vous ! J’ai tout de suite reconnu votre flux.
Euh…

Quand ils furent devant elle, elle s’empara sans prévenir du poignet du Jedi, pour se pencher sur la paume de sa main.

Oui… oui… je vois…, marmonna-t-elle d’une voix pensive en étudiant soigneusement les différentes lignes. Beaucoup de coeur ! Bien sûr. Mais un passé troublé. Tempérament sensuel. Ami des animaux.

Après lui avoir libéré la main, elle se tourna vers Luke, mais Karm intervint pour sauver son ami d’une lecture.

On peut rentrer ?
Ah ! Bien sûr ! Je manque à tous mes devoirs !

Madame Azuria les introduisit dans un petit couloir obscur jusqu’à une pièce unique qui servait tout à la fois de salon, de cuisine et de salle à manger. Les murs étaient décorés de reproduction d’estampes avec des schémas compliqués aux allures mystiques, une collection de cristaux envahissait à peu près tous les murs et de petites statues dorées représentant des gens assis en tailleur jouxtaient des plantes en pot.

Bienvenue, bienvenue, dit la Sephi en se dirigeant vers la partie cuisine pour débrancher une bouilloire et entreprendre de servir le thé, avec une série de gestes amples et lents, qui firent soupçonner à Karm qu’elle était en train de suivre un rituel particulier. Ondine devrait revenir d’un moment à l’autre.
Revenir ?
Elle est sortie faire une course.
Ah…
Vous auriez préféré qu’elle soit là à votre arrivée, demanda madame Azuria en levant les yeux, presque avec naïveté ?

Karm comprit vite que l’esprit pratique n’était peut-être pas la plus grande qualité de leur interlocutrice.

Quelques instants plus tard, ils étaient assis en tailleur sur de gros tabourets rembourrés qui n’étaient pas sans évoquer les coussins de méditation du Temple.

C’est pas indiscret de vous demander ce que vous et votre mari faites dans la vie ?
Nullement, nullement. Mon mari est ingénieur pour les mines, ici.
Et vous, demanda Karm, après une gorgée d’un thé d’ailleurs délicieux et parfumé ?
Je cultive la Voie du Troisième Oeil.
Euh…
L’illumination des Sept Nombrils Divins Intérieurs.
Ah ouais.
Et j’écris pour des magasines ésotériques, je donne des consultations de voyance, principalement sur l’holonet. Et des masterclass de méditation luminescente.
OK.
Un peu comme vous, quoi, conclut-elle d’un ton léger !
Euh… Ouais. Un peu comme nous. Tout à fait.
Êtes-vous déjà sorti de votre corps ?
J’essaie d’éviter.

Madame Azuria parut un peu déçue, mais elle se consola avec son thé.

Et donc, comme je vous disais au téléphone, on recherche une jeune fille qui serait… En contact avec Ondine.
Ondine ne m’a rien dit de tel, reconnut la mère, mais vous savez, à cet âge, les adolescentes sont secrètes, et j’essaie de ne pas être trop inquisitrice.
Et elle a quel âge, exactement ?
Dix-sept ans.
Comment elle va, ces derniers temps ?
Elle m’a bien semblé un peu préoccupé, et je lui ai fait des tisanes de purge spirituelle pour réaligner ses Nombrils Intérieurs, mais j’avais supposé que c’était l’approche des examens de fin d’années.
Et vous lui connaissez des… hm… des amis, des relations, ce… Ce genre de choses ?
Elle est à la Chorale de Borgo Prime, répondit la voyante, avec d’autres jeunes de tous les âges, et je crois qu’elle s’y plaît bien. J’ai essayé de le convaincre de pratiquer le chant guttural wookie. Vous savez que c’est une technique de méditation ancestrale qui…

S’ensuivit un bon quart d’heure d’explications sur le chant guttural wookie et ses vertus.

Pendant ce temps, Ondine ne revenait toujours pas.
Luke Kayan
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L'inquiétude l'avait rendu raide, il avait l'impression de ne plus savoir se servir de ses articulations. Allaient-ils se faire rabrouer ? Traiter de pervers x2 ? La réaction du jeune homme était sans doute déraisonnable, surtout vu l'attitude ouverte de la professeure mais il en avait déjà trop vu. Dans des familles déchirées, des enfants reniés dont il aurait certainement fait parti en restant avec sa mère et quelques attaques personnelles subies. Rien. Ou plutôt si, la joie de Karm. Malgré lui, le Hapien se détendit. Peu importe ce que songerait la Quermiane, il avait rendu son ami heureux. Le sentiment suffisait pour l'instant, timide retour, le concerné esquissa une vaguelette de Force, fragile mais tendre, encore toute surprise de sa propre existence. Double chance, la professeure hésita, considérant les loustics encore suspects mais dignes d'un certain intérêt. Que les parents se débrouillent avec, ils étaient ouverts d'esprit et ne la critiqueraient pas pour avoir laissé échapper un numéro de comlink, Tapel refusait d'avoir le sang d'une jeune étrangère sur les doigts.

***

Le bonheur du Maître irradiait encore le corps du jeune homme qui risquait de s'y habituer lorsqu'ils parvinrent à la demeure d'Ondine. Luke avait capté, à la conversation audio, que la mère était spéciale. Pour dérouter Karm, roi de l'improvisation et des blagues pince-sans-rire, il fallait vraiment être particulier, mais qu'importe, les deux Jedis avançaient, l'enquête les menaient doucement à penser que Neya n'était pas en danger de mort et Karm le contaminait d'ondes fleur bleue. Rarement, le Hapien s'était senti aussi détendu, prêt à accepter n'importe quoi... Ou presque.

En effet, se retenir de corriger cette dame sur la comparaison entre l'Ordre et la religion des Sept Nombrils Divins Intérieurs fut légèrement... Complexe. Luke appréciait l'accueil de la femme, le changeant d'ailleurs des rendez-vous de ce genre hostile, mais tout de même. Son devoir le poussait à en demander davantage afin de s'assurer qu'Azuria ne se laissait pas embrigader dans une secte, mais là n'était pas le sujet. Il contint donc son désir de protéger cette étrange Sephi de sa propre personne pour se centrer sur leur mission actuelle : trouver Ondine. Ensuite, ils pourraient essayer de la convaincre de parler pour le bien-être de Neya.

- Excusez-moi Madame, mais j'ai senti un présage. Ah vous l'avez senti également ? Magnifique. C'est le signal, le bon moment pour retrouver Neya, mais l'opportunité est fugace. Si vous pouviez appeler votre fille, s'il vous plaît

-S'il ne s'était pas résolu à employer des termes complètement fadas du genre "chacras" ou encore "Onde céleste", par pur respect envers Azuria, le Chevalier ne s'était toutefois pas privé de couper doucement la conversation. Émoustillée, la mère oublia ses chants Wookies gutturaux pour appeler sa fille. Par bonheur, si secrète soit cette adolescente, elle n'était pas en rupture avec sa famille. Il y avait de l'amour, caché sous son exaspération au comlink.

- Comment ça c't'important ? C'est quoi cette fois ? Le 5 ème nombril qui s'est ouvert pour annoncer qu'il fallait manger le riz à 19h30 ?

- Chérie, on ne plaisante pas avec l'écho 5ème nombril, d'ailleurs, tu te moques mais tu sais très bien que tu as d'immenses qualités de prêtresse ! Tu as deviné ! Ceci dit je t'appelle pour te demander de rentrer encore plus tôt... Le 3 ème nombril et deux messieurs, ici, t'attendent. Ils ont des choses importantes à te révéler.

Sans doute parce qu'elle craignait pour l'intégrité de sa mère et son portefeuille encore soulagé par d'éventuels charlatans, Ondine débarqua quinze minutes plus tard. Avec bien des difficultés, Luke et son ami parvinrent à se défaire d'Azuria. Méfiante, l'adolescente les toisait. Elle avait quelque chose à cacher, mais pour ne pas sembler suspecte, sans doute devrait-elle jouer le jeu. Tout dans son attitude révélait une certaine défiance, elle luttait farouchement pour un idéal, comme seuls les jeunes de son âge savent le faire.

- Voulez-vous des gâteaux ? Oh oui désolée j'ai compris, vous êtes occupées. Monsieur - Azuria qui venait de faire éruption désigna Karm- Il faut absolument que nous continuions la lecture passionnante de votre paume !

La porte se referma, laissant la gamine et les Jedis face à face dans un fauteuil nonchalamment pour une, dans un canapé pour les deux autres.

- J'vous préviens, si vous êtes de la secte de ma mère, vous ne m'y prendrez pas. Vous devriez lui lâcher la grappe, c'est une bonne person...

- Non Ondine, nous sommes des Jedis, nous venons de Dantooine. Nous sommes là pour Neya... Mais attention, Savez-vous ce que sont les Jedis ?

- Vaguement. Mais Neya. Connais pas. Un genre de police ?

Le Chevalier ne se laissa pas démonter.

- Nous pouvons être vu comme tels, mais il y a une grande différence : notre objectivité. Nous ne sommes pas d'un côté ou d'un autre. Nous ne faisons pas qu'appliquer la loi. Nous résonnons en tant qu'institution indépendante, réfléchissons et pensons à des alternatives lorsque deux personnes ne s'entendent pas. Il n'est pas juste question de vous séparer.


- Vous m'prêtez vraiment une vie que j'ai pas hein...

- Écoutez, actuellement Neya n'a aucune couverture sociale, son passeport n'est pas valide. Comment va-t-elle continuer ses études ? Il faut bien qu'elle existe aux yeux de la loi. Cherchons un moyen pour elle comme pour vous de vous côtoyer sans... Mettre la vie de Neya en danger. Pas un danger immédiat mais juridique, social. Nous avons parlé à son père, il ne nous semble pas judicieux de lui "livrer" Neya comme ça... Surtout si elle n'est pas d'accord. Nous aimerions juste discuter avec, même par vidéoconférence, sans révéler ou elle est, qu'avez-vous à perdre ?

Luke requit l'aide de son aîné. Il avait réussi à intéresser Ondine, qui malgré sa feinte indifférence, jetait un regard en biais aux deux zigotos. Une chance qu'ils lui aient montré leur carte d'identité, sans quoi elle aurait eu du mal à croire qu'ils puissent appartenir à l'Ordre vu leur tête de gosse. Quelque chose coinçait encore cependant. Elle les voyaient comme une communauté religieuse, de celles qui avaient embrigadé sa mère adoptive.

- J'sais pas. J'ai pas envie d'être mêlée à tout ça. La Force j'y crois pas, et puis j'suis sûre que vous amenez les gens dans vos délires, ils doivent faire des tas de trucs initiatiques ou j'sais pas. J'veux pas que N... Aller dans une de vos structures, un genre de foyer de lavage de cerveaux pour jeunes perdus, pas envie.

Fit-elle en défendant bravement quoiqu'avec une petite faille, l'intégrité cérébrale de sa copine.
Karm Torr
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Non mais la Force, on s’en fiche.

Ah bah bravo !

’Fin on s’en fiche pas dans l’absolu, hein, nous deux, là, personnellement, mais c’est vraiment pas de ça qu’il est question ici.
Vous êtes un Maître Jedi, vous ?
Ouais.
Hé bien dis donc…
Comment ça, hé ben dis donc ?
Non mais rien, mais disons, voilà, quoi.
Je fais pas les sommets diplomatiques, si ça peut vous rassurer.
Je m’disais, aussi…
Et pour en revenir à notre sujet, on est là pour trouver la solution la plus appropriée pour Neya. Si elle veut venir au Temple, y a de la place et elle est pas obligée de méditer en tailleur, mais y a plein d’autres options, on tient pas particulièrement à recruter.
Mais qu’est-ce qui vous dit que j’en sais quelque chose, moi ?
On a nos sources.
Elles fabulent, vos sources.

Karm resta un moment silencieux, pensif, avant de déclarer :

OK.
Quoi, OK ?
Ben si tu sais rien, on va pas te déranger plus longtemps. Merci de nous avoir accordé de ton temps.
Vous partez, fit la jeune Sephi d’une voix incrédule ?
Ben ouais. Dit au revoir à ta mère de notre part.

Et sans autre forme de procès, le Jedi se releva du canapé et entraîna son compagnon hors du petit appartement. Quand ils eurent dévalé les escaliers et regagné la rue, il lui murmura tout bas :

J’pense qu’il faut que ça infuse de son côté. Tu l’as fait réfléchir, mais elle avait l’air d’avoir encore besoin de temps. Vu sa mère, j’ai peur de la braquer si on se montre trop insistants. En revanche…

Karm mit un genou à terre et fit mine de refaire ses lacets. En réalité, il se plongeait dans la Force — comme quoi, on ne s’en fiche pas tant que ça ! — et dans les entrelacs compliqués des événements. Petit à petit, son esprit se détacha du moment présent, pour remonter le fil du temps, jusqu’à ce que sa vision s’arrête sur le moment où, un peu plus tôt, Ondine avait quitté son immeuble.

Par ici…, souffla-t-il d’une voix distante, avant de se redresser pour s’engager dans les coursives de l’astéroïde à la façon d’un somnambule.

Les gens qui faisaient leurs courses du soir après le travail furent bien obligés de s’écarter de son chemin, car Karm avançait sans prêter attention à eux, et sans doute sans les voir. Il était trop occupé à suivre la présence fantomatique et fugitive d’Ondine dans le passé, la démarche pressée de la jeune fille à travers les galeries de Borgo Prime. Parfois, elle disparaissait complètement, la vision du Jedi se troublait et le moment présent se réimposait à lui. Alors il devait s’arrêter, s’adosser à un mur. Reprendre sa concentration.

Tant bien que mal, les deux hommes finirent toutefois par arriver devant un immeuble. Ce fut à ce point que la fatigue de Karm le rattrapa et qu’il fut forcé de s’extraire de la Force, pour reprendre bien dans son présent. Le voyant se massa l’arrête du nez, en tentant de faire abstraction de la migraine qui commençait à poindre.

Toujours pas l’activité la plus reposante qui soit, marmonna-t-il. Mais en tout cas, tout à l’heure, elle est allée ici.

Restait à savoir ce que c’était, ici. Les deux Jedis pénétrèrent dans l’immeuble, mais ils furent arrêtés dès l’entrée par un concierge qui fit claquer ses mandibules pour les couper dans leur élan.

Dites donc, vous deux, dit l’homme d’une voix vrombissante, en les fixant de ses yeux aux innombrables facettes, on peut savoir où vous allez, comme ça ?
Où on est, déjà ?
Vous êtes drogués, c’est ça ? J’ai lu que la drogue faisait un ravage dans la jeunesse de Coruscant.
On est pas de Coruscant.

Karm songea que ce n’était peut-être pas la précision la plus importante à apporter, alors il s’empressa de rajouter :

Ni drogués. D’ailleurs. On… on cherche l’auberge du… Du Mineur Hydraté.
Du Mineur Hydraté ? Connais pas. Vous êtes chez MCS, ici.
MFS ?
Minerais et Carburants Solutions.
Ah. OK. On a dû s’égarer.
C’est la drogue, ça.
On prend pas de… Laissez tomber.
Et que je vous surprenne pas dans les sous-sols !
Les… ?
Ah, ne faites pas les innocents, hein ! Je sais bien ce que vous y fabriquez !

Karm réfléchit un instant, avant d’entraîner Luke vers la sortie. Non sans lui chuchoter au passage d’un ton conspirateur :

Monsieur l’expert du Côté Lumineux, on a besoin d’une petite lumière éblouissante, là. ‘Fin, le mets pas hors service pendant plusieurs heures, hein. Juste de quoi se faufiler discrètement.

Quelques secondes plus tard, profitant d’une vague de lumière inexplicable qui aveugla un temps le concierge, Karm se glissait subrepticement jusqu’à la porte des sous-sols, en guidant son petit ami par la main. Ils descendirent un escalier de permabéton éclairé par des néons de basse intensité, qui donnait sur un couloir creusé à l’intérieur même de l’astéroïde.

Les lieux n’avaient rien d’extraordinaire : des portes successives indiquaient la fonction de différents locaux techniques.

Je crois qu’on est au boulot du père d’Ondine, tu te souviens qu’on nous a dit qu’il bossait dans les mines. À mon avis, elle planque Neya dans les sous-sols, le temps de trouver une solution, et elle lui amène de la bouffe régulièrement. Y a probablement des vestiaires pour les employés, de quoi se laver, c’est pas l’idéal mais c’est fonctionnel, quand y a personne, tôt le matin et tard le soir. Dix contre un que c’est Neya que le concierge a aperçue.
Luke Kayan
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- Peu orthodoxe mais j'approuve.

Fit Luke, en réalité impressionné par la psychologie de son ami. Il y avait réfléchi sur le chemin, entre deux efforts pour ne pas se prendre un poteau. Lui aurait eu tendance à insister, mais son aîné avait raison. Ondine n'était pas une suspecte, elle ne voulait pas de mal à Neya, aucun risque donc de la laisser s'en "tirer". Mieux encore, l'adolescente pourrait se rengorger d'avoir rembarré deux Jedis, elle serait moins méfiante, plus facile à suivre donc. Ou alors, peut-être prendrait-elle le temps de réfléchir à l'avenir de son amie, au sien. Luke se rendait compte maintenant que lâcher prise pouvait inspirer confiance à la Sephi. C'était vraiment le point fort de Karm, gagner la confiance des gens en anticipant leurs mécanismes de défense.

Quelques secondes plus tard, le maître continuait sa série d'exploits en utilisant son don de voyance. Luke sentit sa fatigue poindre quelques secondes avant que Karm ne ressente concrètement les effets. Inquiet, il lui envoya une onde de Force guérissante. Il n'y avait certes aucune plaie à soigner, mais un peu d'énergie ne ferait pas de mal à son aîné. Au fur et à mesure des minutes qui passaient, à condition de ne pas encore solliciter son pouvoir, sa migraine naissante devrait disparaître.

Ironiquement, ce fut l'aveugle qui joua avec la lumière afin de flasher le pauvre concierge, déjà agacé par de trop nombreuses rencontres dans ce coin jadis tranquille. Karm et Luke se faufilèrent dans le réseau labyrinthique des services techniques. Le jeune homme vérifia une dernière fois que le concierge ne les avaient pas suivi. Par chance, son salaire ne valait pas la peine d'être trop méticuleux puisqu'il ne s'aventura pas à leur poursuite. Son aura, moins forte qu'un Sensitif mais tout de même repérable tremblota à la surface quelques secondes avant de s'éteindre.

Luke se rapprocha de son ami. Un froid typique des lieux souterrains le fit légèrement frissonner. Ici, Neya ne devait pas être à son aise, cela le conforta dans son idée que sa petite amie présumée et elle cèderaient plus facilement. Restait à aborder correctement la fugueuse pour que l'histoire se termine bien. Songer que l'adolescente se cachait bien dans ces sous-sols rassurait Luke d'avance. Au moins, il n'aurait pas à rapporter de tristes nouvelles à son père... Ou du moins, pas si terribles que celles auxquelles il pouvait s'attendre, car il était certain que Neya ne voudrait pas revenir de suite chez lui. Le Chevalier se mit à sonder attentivement les portes. Il y étendit son aura, douce et chaleureuse, apaisante. C'était plus efficace chez des Sensitifs, mais au cas où, il espérait attirer Neya, probablement seule, triste et apeurée dans les entrailles de cette entreprise.

- C'est trop grand, je ne peux pas la repérer uniquement à la Force.


Chuchota le jeune homme qui se rendait compte de l'étendue des souterrains creusés dans l'astéroïde à l'écho. Devant lui, c'était le néant qui s'affichait, parfois misérablement rempli de quelques objets inanimés. Des droïdes devaient monter la garde mais ils n'étaient certainement pas d'une grande qualité puisque Neya avait réussi à détourner leur attention.

Discrètement, le Chevalier en appela au pouvoir Holonet de son comlink. Un avantage de sa cécité, il n'avait aucunement besoin d'une forte luminosité sur son écran et il avait toujours des écouteurs sur lui. Le processus fut un peu long vu la laborieuse connexion, mais ce n'est pas comme s'ils n'avaient pas le temps.

- Je confirme. Nous sommes bien dans des mines, j'ai consulté le registre, du reste pas secret le moins du monde... Et le père d'Ondine y travaille. La mauvaise nouvelle, c'est que ça fait 4000 m2. C'est grand, très grand, ça non ? Il reste à trouver le plan, mais j'imagine qu'elle ne se cache pas dans un lieu quotidiennement fréquenté par les employés... Et il faudrait pouvoir y poser un matelas. On pourrait aussi attendre qu'Ondine passe. Elle pourrait ne pas tarder à venir pour justement déplacer son amie après notre passage.

Même en prévenant par Comlink, Ondine serait forcée d'accompagner Neya qui ne devait rien connaître aux lieux. Elle attendrait peut-être plus tard, ce soir? En tout cas, le jeune homme préférerait que Karm ne continue pas d'essayer de remonter la piste grâce à ses dons de voyance, épuisants pour lui. Si attendre dans les sous-sols d'une entreprise était risqué, ça n'était pas impossible. Les locaux étaient déjà fermés et il n'y avait pas grand monde hormis le concierge et les probables quelques droïds de sécurité. Aucun voleur n'aurait l'idée de s'atteler à la tâche la nuit pour extraire des minerais, il préférerait sans doute se rendre directement chez le revendeur, et par sécurité, l'argent n'était pas détenu ici. Sauf si c'était pour piquer une tenue de mineur ou squatter, il n'y avait pas grand chose à faire de nuit par ici.

Par acquis de conscience, le jeune Jedi se concentra pour étendre ses sens. Il parvenait -sauf la vue évidemment - à augmenter ses capacités. Ça ne durait jamais très longtemps et Luke fatiguait rapidement comme lorsque Karm usait de la voyance. Il n'avait pas assez peaufiné cette capacité, sans nul doute. Le premier essai ne donna rien, malheureusement, hormis une écoute approfondie des machines ronronantes qui maintenaient les installations.

[HJ : Je n'ai pas fait beaucoup avancer, désolée, car je n'ai pas de pouvoir pour repérer Neya, et le domaine de la scrutation est trop faible ! Merci Thann pour les indications. drunken Au moins, j'ai donné quelques idées. lol! ]
Karm Torr
Karm Torr
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Le truc, c’est que je doute qu’il y ait une seule issue. On serait en forêt, je les traquerais à l’ancienne, mais là…

Karm se pencha sournoisement dans l’obscurité pour déposer un baiser sur la joue de son petit ami.

… heureusement que le Consulaire le plus sexy de la Galaxie fait des cadeaux déments.

Plaît-il ?

En tout cas, l’explorateur retira son sac à dos pour fouiller à l’intérieur et, quelques secondes plus tard, un sonde modulaire se reconfigurait jusqu’à prendre la forme d’un arachnide qui, une fois connecté au datapad du Jedi, s’élança dans les couloirs avec beaucoup d’entrain.

Tu prends à droite, suggéra Karm à son compagnon, je prends au milieu et on laisse Fugueur explorer la gauche. On se tient au courant.

Il n’hésita pas à laisser Luke seul dans ces couloirs souterrains, car il ne l’avait jamais traité comme un impotent. Son compagnon était un Chevalier Jedi parfaitement capable de se défendre lui-même. L’exploration reprit donc en ces termes, dans l’obscurité régulièrement tempérée par les appliques murales qui garantissaient un minimum de visibilité dans les mines.

Karm jetait de temps à autre un coup d’oeil sur l’écran du datapad pour suivre les explorations de Fugueur, pour l’heure infructueuse. Sa théorie était cependant qu’ils ne tarderaient pas l’un ou l’autre à tomber sur les deux jeunes filles, car il lui paraissait peu probable qu’Ondine ait caché son amie dans les profondeurs de l’astéroïde, à plus d’une heure de marche, au bout d’un labyrinthe où Neya aurait eu bien du mal à se repérer en cas d’urgence.

Et en effet, au bout d’un quart d’heure, Fugueur se mit à transmettre le bruit d’une conversation étouffée. Karm coupa aussitôt le guidage automatique de la sonde et reprit le contrôle pour l’arrêter contre le coin d’un mur et éteindre tous les systèmes, après avoir repéré sa position. Il la transmit à Luke et remonta sa partie du dédale au pas de courses, pour rejoindre l’endroit repéré par la sonde au plus vite.

Il ne lui fallut pas longtemps pour récupérer le petit appareil et l’enfoncer dans son sac. Aplati contre le mur du tunnel renforcé par les mineurs, il prêta l’oreille pour écouter la conversation des deux jeunes filles.

Et je me dis que peut-être, tu sais… Peut-être ce ne serait pas déraisonnable d’accepter de l’aide…, disait la voix de la Sephi.
Je refuse de retourner sur Dantooine, répliqua l’autre. Je refuse que ma vie soit… que tout se résume à…

Il y eut un soupir et celle qui devait être Neya murmura :

Tu me trouves prétentieuse ? De ne pas vouloir me satisfaire de ce que j’ai ?
Pas du tout. Je te trouve courageuse.

La suite ressemblait très clairement à des bruits de baiser, mais Karm estimait de toute façon en avoir appris assez. Il se mit à rebrousser chemin et intercepta Luke sur son trajet, pour regagner avec lui la surface. Le Gardien comptait s’en tenir à sa première stratégie : ne brusquer personne. Désormais, ils savaient où se trouver Neya et pourraient intervenir si les choses ne se passaient pas comme il l’espérait avec Ondine.

Le concierge fut à nouveau distrait, cette fois-ci par un petit mouvement télékinésique qui renversa une partie de ses paquets de biscuits, et les deux Jedis s’éclipsèrent. Une heure plus tard, ils occupaient une chambre très exiguë dans l’un des rares hôtels de Borgo Prime, où chaque mètre carré comptait. Karm fit tout un discours inintelligible à Luke en se brossant les dents, avant de recracher son dentifrice et de répéter :

On sonde Ondine une nouvelle fois demain après-midi et puis si ça ne donne rien, on va voir Neya. Je doute qu’elle change régulièrement de planque, c’est un vrai labyrinthe là-bas dessous et ce serait un coup à se perdre pour de bon. Essayons d’ici là de lui trouver des solutions réalistes et qui puissent aussi convenir à son père, parce que je doute qu’un juge des familles accepte de les séparer juste parce qu’elle s’entend mal avec lui.

Karm se déshabilla et se glissa dans le lit. Ils passèrent le reste de la soirée à échafauder différents scénarios susceptibles de satisfaire une adolescente qui se sentait à l’étroit dans son village de la Bordure Extérieure. Le lendemain matin fut consacré au même exercice, puis, vers midi, selon les horloges purement arbitraires de l’astéroïde, Karm reçut un appel d’Ondine.

Vous voulez vraiment l’aider, demanda de but en blanc la Sephi ?
Bien sûr.

C’était un net progrès : elle acceptait implicitement de reconnaître sa relation avec Neya.

Il est homophobe, vous savez, ça ? Son père.
C’est ce qu’on nous a dit, ouais. Mais tu sais, parfois, les préjugés, ça se fonde juste sur de l’incompréhension.
Vous êtes gays, pas vrai ?
Euh…
Non mais oui, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
Ah bon ?
Du coup vous devez savoir ce que ça fait. Quand les gens vous reprochent d’être ce que vous êtes.
Hmm…

En réalité, non, pas vraiment. Si Karm avait déjà été victime de comportements homophobes, il ne s’en était pas vraiment rendu compte.

Tu sais… C’est clair que ça craint de devoir constamment éduquer les autres sur ce qu’on est. Ça devrait pas être à nous de leur faire l’école et de les aider à être un peu moins réacs. Mais… Parfois, ça vaut le coup. Ça évite de s’éloigner des gens et d’avoir des regrets toute sa vie. Crois-en quelqu’un qui n’a pas vraiment l’occasion de voir sa famille : c’est pas si libérateur qu’on ne le croit.

Il y avait peut-être un brin de manipulation dans sa manière de présenter les choses, car au fond, il n’éprouvait guère d’attachement pour sa lignée ark-ni. Pour la culture de son peuple en général, oui. Sa langue, sa musique, ses traditions. Mais sa famille était au sein de l’Ordre et il la voyait autant qu’il le voulait.

Je… je pense que vous pourriez essayer… essayer de lui parler, oui, se rendit Ondine, d’une voix mal assurée.

Et un rendez-vous fut ainsi fixé pour l’après-midi.
Luke Kayan
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- Pardon ? Oh oui, Fugueur !

Le Jedi reconnut immédiatement le bruit presque inaudible de la sonde qui se transformait. Il rougit dans la pénombre, à la fois "outré" du compliment audacieux de Karm et... Charmé. Comment pourrait-il en être autrement ? Davantage confiant, une fois lancé par son ami, le jeune Jedi se lança dans les couloirs. Seul, il aurait tenté par dépit. Accompagné, il le faisait grâce aux encouragements implicites. Son maître, puis son aîné et finalement le Conseil avaient confiance, il ne les décevraient pas. Sens jetés en avant, Luke avait patiemment parcourut le domaine qui lui était assigné, sans rien trouver d'autres que des résidus de vie, d'émotions peut-être, laissés par les employés qui passaient un bout de leur quotidien ici, mais d'adolescentes en perdition, que nenni, aucune trace. La technologie, heureusement faisait des merveilles et Fugueur trouva juste à temps les jeunes filles pour que les Jedis puissent les écouter derrière la porte, malappris bienveillants qu'ils étaient.

Leur conversation tourna longtemps dans la tête de Luke qui peina à trouver le sommeil. Il se demandait ce qu'il serait advenu de Karm et de sa personne s'ils avaient grandi dans la société . Elle était si agressive que les propres parents seraient capables de perdre leur gosse au nom des sacro-saintes normes. Aurait-il pu tenir tête à ses géniteurs ? Leur amour aurait-il survécu ? Au fond, Neya démontrait plus d'amour envers Ondine -et réciproquement- que lui envers son compagnon. Dire qu'il avait tout juste réussi à tenir sa partie du contrat en admettant auprès de ses proches, à demi-mots, avoir une relation avec. Inévitablement, le Chevalier songea aussi au bonheur éprouvé par l'Ark-Ni lorsqu'il avait confessé leur lien à l'institutrice, dans un but certes un brin manipulateur. Son ami en valait la peine.

- Je te promets de faire des efforts.

Glissa le jeune homme à la silhouette probablement endormie à ses côtés, avant d'enfin trouver la paix des songes. Le lendemain, après leurs exercices, le Jedi eut déjà l'occasion de rougir, par rapport à ses promesses solitaires de la veille. Visiblement, plus besoin d'aveux, Ondine avait deviné pour eux, mais Luke ne démentirait pas. Devinant son compagnon mal à l'aise, il lui proposa de gérer la conversation avec Neya.

- Tu as parfaitement géré. Grâce à toi, on a un contact avec elle, il ne reste plus qu'à trouver un compromis. Je vais tenter une approche.

Un rendez-vous fut fixé sans trop de difficultés. La jeune fille les attendaient encapuchonnée à l'arrière de l'entreprise, dans une courette semi-déserte, comme si son habit pouvait vraiment lui servir de déguisement utile. Malgré son courage évident, l'adolescente n'était pas faite pour cette vie de fugitive. À travers la Force, Luke pouvait sentir toutes ses inquiétudes, sa lassitude aussi et sans doute, l'envie malgré tout, de revoir ce père aimé.

Luke poussa un soupir, il avait en partie l'occasion de tenir sa promesse, et bien que ce soit difficile, il le ferait. Après avoir tendu un menu de fast-food demandé par la gamine, le Consulaire entama la conversation. Il ne doutait pas qu'Ondine ait partagé son opinion sur leur homosexualité avec sa copine, une des raisons pour laquelle les filles avaient probablement obtempéré. Le Hapien ne tenta même pas d'approche plus conventionnelle, fonçant droit dans le précipice en se servant de son expérience personnelle. Parler de ça lui faisait honte et mal, mais il savait que cela pouvait aider Naya, alors autant essayer. Après quelques échanges banals sur sa santé, le jeune homme aborda le sujet qui fâche, aidé par l'adolescente qui avait tout de même, timidement, demandé des nouvelles de son géniteur.

Certes, il parlait un peu de manière toujours guindée et pas très "ado" (bien qu'il ait accepté de tutoyer Neya, fait rare, à sa demande) mais il était purement sincère, ses mots sortaient du coeur et ça pourrait toucher Neya. Lui l'avait réellement vécu et connu, ce sentiment de rejet, cette homophobie tantôt directe, tantôt subtile et parfois en effet... Fictive.

- Je ne vais pas prétendre savoir ce que tu vis. Notre communauté est bienveillante, éduquée à la tolérance et nous n'avons plus de contact avec notre famille très jeunes. Néanmoins, nous avons beaucoup voyagé et rencontré de nombreux peuples aux us et coutumes différentes. Lors de Missions, j'ai parfois eu affaire à l'homophobie, notamment parce qu'à ce qui paraît... Ça se voit chez moi. - Le Chevalier esquissa un léger sourire, signe miraculeux d'une tentative de trait d'humour.- Lavette, tapette, tout ça et plus agressif, j'avais honte, je souhaitais presque sortir du vaisseau et rentrer me terrer chez moi. Le pire... Le pire s'est produit au sein de l'Ordre, parce qu'un gamin avait peur que je l'aide pour ses exercices, seul à seul. Il était persuadé que je le... Toucherais. C'était comme se sentir moins que rien, une tare qui me faisait davantage souffrir que toutes les injures sur mon handicap. J'en ai conçu un violent besoin de protéger mon secret, pour ne plus m'exposer à ce genre de remarques et protéger mon ami. Néanmoins, lui n'avait jamais demandé ça, au contraire, en voulant nous préserver, j'aurais pu nous perdre, parce que c'était lui qui devait imaginer que j'avais honte de sa personne. J'étais devenu l'homophobe en quelque sorte. Tout ceci, ces expériences accumulées m'ont poussé à me cacher, à mentir sur une partie de mon identité, faisant du mal à mon compagnon. D'ailleurs je te parle aujourd'hui, mais ça m'ait difficile. Je sais que tu as peur d'être rejetée. À chaque fois que tu aimerais faire cet aveu, tu es déchiré entre le confort et le désir de vraiment être acceptée pour ce que tu es, dans ton entièreté. Pire encore, lorsqu'il s'agit de ton propre père, un proche dont tu sais les tendances homophobes. Pourtant, il t'aime Neya. Je ne te dis pas que cela va être facile, ni qu'il acceptera du premier coup ou qu'il acceptera tout court, mais... De nombreux parents, même réfractaires changent d'opinion lorsque ça touche leur enfant. Souvent, c'est plus de l'incompréhension que de la pure méchanceté ou de la véritable homophobie. Je ne connais pas le degré de ton père, ni ses véritables sentiments à ce propos, je ne le connais pas ,ce serait insultant pour toi que de prétendre anticiper ses réactions. Ceci dit, je pense que tu devrais au moins lui donner cette chance de saisir, ta chance. Tu serais peut-être surprise de sa réaction. Quand mon "secret" a été éventé par inadvertance, j'ai rencontré des gens formidables. De collègues, ils sont passés à amis. Alors certes, j'en ai moins, mais ceux-ci sont sincères, vrais. En somme, tu possèdes un filtre qui te permets de tester les gens pour ne conserver que les véritables proches. Ça ressemblerait presque à un superpouvoir ça. Le tri n'est pas évident, surtout s'il faut classer ton père, mais laissez-vous cette chance, sinon tu auras des doutes pour la vie et tu ne profiteras jamais complètement de ton quotidien, si merveilleux soit-il avec Ondine. Si tu lui parles, quelque soit l'issue, tu auras fait le plus dur, pour ensuite te dévoiler à d'autres et être pleinement toi.

Le Jedi parlait posément, seul Karm qui le connaissait pouvait sentir sa tension. Parler de tout ceci, sortir des émotions vraies, les analyser et en tirer des leçons pour faire profiter Neya n'était pas simple.

- Je ne te dis pas de le crier sous les toits, surtout si ce n'est pas ta nature, mais au moins à ceux qui comptent pour toi, petit à petit. Quant à ton père, si tu ne te sens pas prête, nous pouvons lui transmettre de tes nouvelles, sans lui dire où tu te trouves, mais ce sera temporaire. Tu es mineure, nous ne pouvons pas éternellement lui cacher où tu es. Par contre, je peux te donner un délai grâce à un foyer qui accueille les jeunes homosexuels en fugue ou en rupture avec leur famille pour t'aider. Ils pourraient te parler, t'aider à trouver les mots. Je m'engage, et je pense que Karm aussi, tu n'y verrais pas d'inconvénients ? À être à tes côtés lorsque tu décidera de voir ton père. Qu'il accepte ou non, par la suite, nous trouverons une solution et ne vous laisserons pas seules, toi et Ondine. Il va y avoir des moments encore difficiles, mais tes choix d'aujourd'hui peuvent contribuer à vous forger un avenir solide.

Car bien sûr, à la sauvette, sans papiers, Neya ne pourrait pas tenir bien longtemps. D'ailleurs, dans l'imagination de Luke, un futur plutôt agréable attendait le couple s'il tenait bon. La jeune fille originaire de Dantooine pourrait étudier sur Coruscant ou ici (bien que les universités ne soient pas extraordinaires, vu l'endroit) puis déménager une fois sa majorité atteinte. Les parents de la Sephi l'accueilleraient facilement, au moins aurait-elle ce lien, cette famille de secours si le père ne cédait pas. C'était horrible, mais en lui parlant, Neya avait l'occasion de panser sa blessure. Soit tous deux se réconciliaient, soient ils se séparaient, mais l'incertitude ne demeurerait pas, purulente, infectieuse.

- Qu'en penses-tu ? Nous avons plusieurs plans à te proposer d'ailleurs, pour te diriger vers des études, mais ça on en discutera plus tard. Ta vie n'est pas finie et tu n'es pas condamnée à rester cachée éternellement dans cette entreprise pour vivre ton amour à la sauvette. Est-ce que ce ne serait pas mieux pour vous deux ?

Interrogea finalement le Consulaire avec douceur avant de se tourner vers Karm, notamment parce qu'il avait fini de parler, mais aussi parce qu'il ne pouvait plus vraiment contrôler le rouge qui lui montait aux joues.
Karm Torr
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Une poussière dans l’oeil.
Pendant que Luke parlait.
Une grosse poussière dans l’oeil, qui obligea Karm à essuyer quelques larmes d’un revers de manche.

En l’écoutant, il prenait la mesure des difficultés traversées par son compagnon, et il se sentait injuste d’avoir tant exigé de lui. Pourquoi n’avait-il pas fait preuve de plus de patience ? Et de plus de psychologie.

Des épisodes de sa propre jeunesse lui revinrent en mémoire. Souvent, il avait vu dans le regard des soldats de la République avec lesquels il avait longtemps partagé son quotidien une désapprobation implicite. On lui avait parlé de sa faiblesse, de sa délicatesse, et Karm avait toujours mis cela sur le compte du racisme. C’était son identité fondamentale, celle qu’il éprouvait en premier, plus vivement que son orientation sexuelle : être un Ark-Ni. Rassembler à un Ark-Ni. C’était cela, à ses yeux, qui le séparait du reste de la Galaxie.

Mais peut-être qu’en réalité, toutes ces remarques visaient sa sexualité et son genre, plutôt que ses origines. Peut-être avait-il été victime de l’homophobie que Luke décrivait sans jamais s’en rendre compte. C’était un idée étrange, reconsidérer ainsi tout son passé, et la remarque d’Ondine résonnait encore dans son esprit. Est-ce qu’il faisait gay ? Est-ce que ça se voyait ? Est-ce que c’était ce que les gens pensaient en premier quand il les rencontrait ?

S… si…

La voix de Neya n’avait été d’abord qu’un murmure mal assuré où il était facile de se rendre compte qu’entrait aussi beaucoup de fatigue. La jeune fille était éreintée par son voyage, ses inquiétudes, les conditions difficiles dans lesquelles elle se trouvait. Elle devait se sentir coupable, aussi — Karm s’en rendit compte en sondant ses sentiments à travers la Force —, car elle découvrait que l’amour ne suffisait pas et que, malgré tous ses idéaux, elle était attachée à un certain confort matériel, ce qu’on ne pouvait lui reprocher.

Et puis… je ne veux pas faire porter à Ondine le poids de ma présence.

La Sephi ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose, l’assurer du contraire, mais elle se ravisa : cette conversation, c’était celle de son amie.

Je n’ai pas honte de ce que je suis, vous savez ? Si la société a un problème avec moi, c’est le problème de la société, pas le mien. Moi, je veux le crier sur tous les toits. Si mon père veut me mettre à la porte, c’est parfait, ça me convient très bien.

Pour la cinquième fois, elle jeta un regard inquisiteur à Karm. Finalement, la question lui brûla trop les lèvres et elle demanda :

C’est vrai ce qu’on dit de vous sur Dantooine ?
Ben euh… ça dépend ce qu’on dit de moi, je suppose…
Que vous voyez le passé et le futur.
Sérieux, ne put s’empêcher de s’exclamer Ondine ?
Euh, ouais, ‘fin, du calme, hein, c’est très relatif.
Vous pouvez voir mon futur à moi ?
Hmm…

Elle n’était pas la première à lui demander une chose pareille, depuis que la rumeur de ses pouvoirs s’était répandue au sein de sa communauté. Même certains Jedis, pourtant aguerris, ne résistaient pas à l’attrait d’une certitude sur l’avenir.

Le futur, ça n’existe pas, dit-il avec douceur. Il y a toutes les possibilités contenues dans ton présent, comme des chemins qui partent de toi, certains bien balisés, clairs, faciles à voir, d’autres qui s’enfoncent dans la brume et dont le dessin se perd au-delà de ton regard. Ce que Kayan te dit, c’est que… Le chemin se construit quand on s’engage dessus, et c’est pas parce que la route paraît difficile qu’elle mène pas au bon endroit.
C’est…

Neya hésita avant d’avouer :

Pas hyper clair.
Je sais. Mais alors, prenons les choses pas à pas. Qu’est-ce que tu risques à parler à ton père par l’Holonet ?
Pas grand-chose, j’imagine…
T’as même pas besoin de dire qu’on est avec toi, si tu veux pas qu’il insiste pour qu’on te ramène. Tu lui parles, tu lui dis… Ce dont tu as envie. Et tu vois à partir de là. Tu fais un premier pas, et tu vois un peu plus loin dans le brouillard. Et accessoirement, tu nous laisses te payer une chambre d’hôtel, parce que les galeries de mine, c’est pas hyper fun quand même.

Neya hocha la tête et, cinq heures plus tard, elle était assise en tailleur sur le lit d’une chambre minuscule au même hôtel où les deux Jedis étaient descendus, pendant que les trois autres se tassaient dans un coin de la pièce, hors champ de l’holocaméra. Le visage de Mondago Adagi ne tarda pas à s’afficher, les traits tirés, la mine soucieuse.

Neya, s’exclama-t-il aussitôt ! Ah, mon dieu, j’ai eu si peur ! Où es-tu ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui t’a pris ? Tu es blessée ?
Je vais bien, papa, murmura la jeune fille, en jouant nerveusement avec le bout de sa longue natte de cheveux tressés. Je vais bien, je suis avec une amie.
Quelle amie ? Où ça ?
Ma…

Neya se retint d’adresser un bref coup d’oeil à Ondine, hors champ, pour ne pas trahir sa présence.

Ma…, répéta-t-elle sans parvenir à terminer sa phrase, malgré toute sa prétendue assurance.
N… Neya ? Je ne t’entends plus ! La communication est hachée, fit son père d’un ton presque désespéré. Tu es toujours là, mon trésor ?
Oui oui. Papa, je suis avec ma petite amie.

Il y eut un long silence.

Je ne comprends pas, finit par dire prudemment Mondago.
Ben… Ma petite amie, quoi. Ma compagne. Ma copine. Genre, on… On est amoureuses et tout ça.

Nouveau silence.

Et Key-Vinh, alors ?
Non mais Key-Vinh, c’est juste un ami, hein…
Ce n’est pas ce que tu avais l’air de dire.
Ben, c’est que… Enfin… Je… je savais pas comment… Aborder le sujet. Je sais que tu as des opinions très… Arrêtées sur la question.
Et on peut savoir où tu l’as rencontrée, cette femme ?
Elle a mon âge, hein, je me suis pas enfuie avec une contrebandière de cinquante ans non plus, tu sais. Je l’ai rencontrée sur l’Holonet.
Sur l’Holonet !
Ben oui, sur l’holonet, qu’est-ce que tu crois, les bars lesbiens, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue chez nous !

Silence.

Écoute, Neya, dit l’homme d’un ton qu’il voulait probablement diplomatique, à ton âge, c’est normal d’être troublé par beaucoup de choses, et je suppose qu’on a le droit de faire des expériences. Moi-même, quand j’étais jeune, je me suis laissé pousser les cheveux…
Pousser les cheveux… ?
Mais ces choses-là, ce sont des passades, tu comprends ? On les sent vivement quand on est jeunes, mais elles n’ont pas d’importance une fois entré dans l’âge ad…
Tu compares ma sexualité à un caprice capillaire, là ?
Ta sexualité, ta sexualité ! À ton âge, on n’en sait encore rien, de ces choses-là. Ce n’est pas comme ça qu’on fonde une famille, ce n’est pas comme ça qu’on s’intègre à la société. Il faut savoir distinguer les caprices de l’adolescence nourris par la permissivité de la pop culture et les valeurs solides qui…

Sans autre forme de procès, Neya coupa la communication.
Luke Kayan
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Karm compléta astucieusement le discours de Luke. Ses mots sur le "futur" qu'il pouvait en partie décrypter laissa les filles un peu déçues mais impressionna le Hapien. C'était encore relativement nouveau pour lui, et il peinait encore à croire que son compagnon possède de tels pouvoirs. Certes, limités comme lui-même l'expliquait mais toutefois puissants. La sérénité de son ami, sa prise de responsabilité admirable ne manqua pas de faire hocher vivement la tête au Jedi. Il offrit à son ami une onde de soutien, chaleureuse et douce. Son aîné ne cessait de parcourir du chemin dans tous les domaines, y compris finalement, dans celui de la diplomatie puisqu'il s'était exprimé avec une grande justesse, au point où les filles avaient cédé sans trop de difficultés.

Les deux jeunes hommes étaient parvenus à gagner la confiance de la fugueuse qui accepta la chambre d'hôtel. Connaître son adresse et surtout la savoir bien logée était un soulagement. Le blond aurait aimé discuter avec son ami, ayant ressenti des émotions confuses au long de sa propre intervention. S'il n'était pas entraîné, le Hapien aurait d'ailleurs été chamboulé par ce qui venait de se produire : ces révélations, dont certaines avaient surgi à l'instant où ils les prononçaient. C'était toujours difficile de mettre des mots sur une souffrance camouflée par le feu de l'action ou de belles excuses. Néanmoins, l'heure n'était pas aux sanglots, Neya devait encore s'installer puis parler à son géniteur.

La douche fut glacée. Luke sentit aussitôt la culpabilité se mêler à la boule qui s'était formée dans son estomac depuis leurs retrouvailles avec l'adolescente. Il avait déjà imaginé, malgré lui, comment sa propre mère réagirait. Vu le phénomène, nul doute que le gamin aurait été battu, peut-être renié mais Maria Kayan n'était pas une référence. Entendre un parent respectable prononcer ces mots absurdes lui semblait encore plus dur. Le Hapien avait envie d'attraper le micro pour remettre l'homme à sa place, lui dire combien il était insultant de comparer la vie de sa fille, tout un pan de son identité à la "folie douce" de s'être laissé pousser les cheveux. Lui dont la formation avait nourri une nature déjà docile, timide, abîmée par les coups et qui ne s'était jamais rebellé trouvait soudain injuste que la fugueuse soit traitée de la sorte. C'était finalement plus facile quand on l'insultait lui.

Pour autant, le Chevalier demeura calme, jusqu'à ce que Neya raccroche et pousse un soupir énorme suivi de larmes inévitables. Aux côtés de son compagnon, le jeune homme avait appris à faire preuve d'un peu plus de tact, à ne pas penser au pragmatisme froid et brutal. D'abord l'émotion, le dialogue, discuter avec l'adolescente, si cette dernière en avait envie. Le Consulaire tâta prudemment le terrain, ne résistant pas à l'envie d'envoyer une décharge de peine, brève mais bien présente à son ami. Il compatissait plus que prévu à ce cas.

La Dantooinienne (?) avait laissé son esprit ouvert. Malgré les fissures qui venaient de se déchirer, Luke sentait qu'elle restait tournée vers eux. C'était une de ces personnes qui avait besoin de se confier, de sentir une présence près d'elle qui la console. Pour Luke, peu habitué aux effusions, c'était "gênant", mais pour la mission ça n'en était que mieux. Ils avaient vraiment dû gagner sa confiance. Le Hapien s'approcha doucement en tendant un mouchoir. Il était tellement désolé que cette courageuse adolescente, désireuse de crier son identité sur tous les toits, se prenne déjà un revers. Allait-elle finir comme lui ? Trop peureux, timoré pour assumer ? L'Univers avait besoin de gens comme Karm ou comme elle.

Ondine se précipita sur sa chérie pour l'enlacer, vociférant avec violence contre son "beau-père". Luke qui ressentait la haine monter dans la voix de la Sephi essaya de la reprendre tout doucement. Il ne voulait pas que les jeunes filles pensent à ça. Sans pardonner à l'homme, ni le défendre, elles pouvaient profiter de leur temps différemment.

- Je suis désolé, Neya. Je ne vais pas te préconiser de ne pas en vouloir à ton père. Tu en as le droit et c'est légitime. -Du moins, c'est ce qu'imaginait le Jedi concernant les civils. En tant que Padawan on lui aurait déjà demandé d'accorder son pardon.- Mais ne songe pas que tout est définitivement perdu. Met-le de côté si cela te fais du bien, ne recherche plus le contact mais garde en tête, qu'au fond, il doit encore digérer la nouvelle. Ce n'est pas une excuse, seulement ce n'est pas encore fini, la réaction à froid n'est pas toujours honnête, il doit encore accepter, réfléchir. C'est tout ce que je peux te dire à ce sujet. Je suis réellement désolé que cela se soit passé de la sorte... Au moins, il ne sait pas où tu es mais est au courant que tu es en bonne santé. Plus tard, nous te proposerons des alternatives pour régulariser ta situation sans te forcer à le revoir avant d'être prête. Retire-toi au moins cette angoisse de l'esprit.

- On veut pas être séparées. Après ça, je la lâche plus !
- Il n'est pas question de faire cela Ondine. Crois-tu que tu pourrais en parler à tes parents ? S'ils l'accueillaient un petit temps, nous aurions déjà réglé le problème de la légalité. Elle pourrait s'inscrire à un foyer, en dépense administrativement mais pas être forcée d'y vivre. Cela reste toutefois une grande responsabilité.

À vrai dire, le Hapien espérait que les parents de l'autochtone accepteraient. Il y avait déjà songé, vu leur ouverture d'esprit, et si c'était trop compliqué pour Ondine de leur parler, il se disait que Karm, avec son bagou y parviendrait. Son ami avait fait forte impression sur la dame, elle leur ferait confiance, mais bien entendu, il leur fallait l'accord d'Ondine. Pas question de dévoiler un double-secret dans leur dos. Voyant que les solutions présentées apportaient un simili-réconfort au couple, le Chevalier termina sur un air qu'il espérait moins impersonnel, comme le lui avait enseigné Karm. Il voulait aussi leur donner un rôle essentiel afin de ne pas perdre le lien avec la fugueuse et sa petite amie.

Le Comlink de Neya sonna plusieurs fois, indiquant que le père essayait de la contacter. Ondine hésita à le prendre, probablement pour insulter le géniteur homophobe mais les yeux larmoyants de son amie, perdus entre amour et colère la firent vaciller. Elle se laissa finalement convaincre par les propos du Jedi, bon gré mal gré. Réagir de suite, à chaud pourrait nuire à sa compagne. Elle rêvait de cisailler le lien qui unissait ce bonhomme à cette merveilleuse créature, or cette dernière, au-delà de sa douleur ne semblait pas toute à fait prête. C'était son père, après tout. La voix du blond retentit, douce, sereine, apaisante. Il laissait facilement comprendre que rien n'était perdu et naturellement, on avait envie d'y croire.

- Vous n'êtes pas seules et la situation n'est pas désespérée d'accord ? Il existe des solutions loin d'être inabordables ou absurdes. La loi est de votre côté si l'on s'y prend correctement. Certes, il faudra composer avec ton père Neya, mais pas de suite, et pas seule. De plus, nous allons tout faire afin de ne pas vous séparer.

À vrai dire, le Consulaire n'était pas encore complètement sûr que les deux filles puissent vivre ensemble. Il ne connaissait pas spécifiquement les lois de cette planète, mais il savait qu'en général, les planètes étaient trop heureuses de savoir que ce type de problème se réglait entre particuliers. Il fallait juste accepter la tutelle d'une association, gérer le visa de l'adolescente (ce qui devrait être faisable vu que ce monde était tourné vers l'extérieur, très enclin à accepter les étrangers.) et promettre à l'état qu'elle dispose d'un foyer sain. Il y aurait du souci à se faire si le géniteur de Neya s'opposait à la décision juridique d'émancipation de l'adolescente, y compris éphémère. Là, s'engagerait un combat entre les deux planètes que celle d'accueil ne soutiendrait pas. La gamine devrait forcément rentrée chez elle, éjectée par le monde d'Ondine.

Quand ils disposèrent d'un instant seuls à seuls et qu'ils étaient sûrs que personne ne les espionnerait, le blond s'en ouvrit à son aîné.

- C'est le père qui m'inquiète. Il va falloir qu'il accepte que sa fille ne veut probablement pas le voir pendant un moment. Qu'il donne son accord facilement pourrait apaiser les choses entre Neya et lui. En le lui faisant comprendre, pour son propre intérêt, il pourrait accepter mais ça ne va pas être simple... Surtout qu'en plus d'être démuni, il doit être en colère, persuadé que l'on perverti son enfant. Il faudrait lui faire saisir que s'imposer à Neya, vu son caractère, c'est risqué de la perdre, malheureusement... Je ne sais pas comment nous pourrions. Tu sais, ce dont j'ai parlé avec Neya cet après-midi, et bien... Je pense que le père sait pour nous. Il doit déjà penser que nous confirmons les idées saugrenues qu'a sa fille, que nous participons à sa fugue, sa rébellion, que nous la contaminons. Je t'avoue être perdu, c'est moi le Consulaire, mais je ne sais pas si on devrait essayer de le prendre par la douceur ou la fermeté.

Luke devait l'admettre, ce type de personnage le mettait très mal à l'aise, représentant ses craintes sournoises. Il avait beau être un Jedi, capable de négocier lors d'une prise d'otages ou de parer aux feux ennemis, ce campagnard brutal et primaire lui faisait un peu perdre ses moyens. Luke se sentait à la fois fâché contre lui mais également illégitime, comme remis à sa place par un homme pourtant sans réel pouvoir. Il était comme cet enfant brimé pour ce qu'il était face à lui.
Karm Torr
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Dévastée par la complexité de sa situation, Neya n’en restait pas moins une adolescente : c’est-à-dire qu’elle était affamée. Les deux Jedis avaient commandé un repas aux deux jeunes filles, qui parvint à la chambre sur un monte-plat mural, puis ils s’étaient éclipsés dans la leur, attenante, afin de laisser au couple un peu d’intimité.

Assis dans un fauteuil inconfortable, Karm contemplait l’un de ces tableaux sans personnalité dont les motels de la Galaxie aiment à se décorer. Quelque part, songea le Jedi, il devait y avoir toute une manufacture où des types peignaient à la chaîne de vagues paysages de Naboo et d’Alderaan, afin de les envoyer à tous les relais hyperspatiaux et aux stations d’astéroïdes de la Galaxie.

La situation est complexe, murmura-t-il quand son compagnon eut exposé ses craintes. Très complexe, même.

L’Ark-Ni détourna les yeux du tableau pour fixer son ami, puis, comme poussé par une décision subite, il se releva et prit son compagnon dans ses bras. Luke était serré contre lui, réfugié, protégé, c’était du moins ce dont Karm aurait voulu se convaincre, comme si sa présence rassurante pouvait suffire à effacer des années de crainte et d’inquiétude.

Je t’aime, chuchota-t-il. J’suis désolé d’être parfois trop… pas… enfin… je sais pas. Je t’aime.

Il l’embrassa dans le cou.
Et puis sous la mâchoire.
Son nez caressa celui du Hapien.

Et, quand il se détacha de lui, il lui prit la main pour y déposer un dernier baiser, avant de s’asseoir au bord du lit.

Qu’on le veuille ou non, dit-il alors, en reprenant le fil de leur affaire, il va falloir ménager la sensibilité du père de Neya. On peut pas vraiment se permettre qu’il nous tape un scandale sur Dantooine. S’agirait pas que les gens s’imaginent que l’Enclave Jedi se fait un devoir de débauche la jeunesse ou je sais pas quoi.

C’était une analyse bien plus pragmatique et politicienne qu’il n’en eût été capable quand Luke et lui s’étaient rencontrés, mais les troubles de leur époque lui avaient appris à ne pas s’en tenir à l’idéalisme.

Par ailleurs, Neya reste une mineure et, à ce qu’on en sait, rien n’indique qu’il ait été particulièrement violent envers elle. C’est quand même hyper délicat de justifier qu’elle retourne pas chez son tuteur légal. ‘Fin, n’importe comment, j’crois qu’on a besoin de faire intervenir une tierce partie. Une association spécialisée qui jouera les intermédiaires entre elle et son père, l’accompagnera dans ses démarches, ce genre de choses. Des gens plus compétents que nous, déjà, et qu’on pourra pas soupçonner d’avoir un intérêt trop directement personnel à la chose.

Fort heureusement, ce n’était sans doute pas ce qui manquait. Karm doutait de trouver ce qu’il leur fallait sur un astéroïde perdu aux confins de la République, mais les planètes urbanisées les plus proches fourniraient probablement le nécessaire.

On peut rester ici avec elle quelques jours, en attendant que tout cela se mette en place. Essayer de lui trouver une solution d’hébergement temporaire un peu plus stable que la famille d’Océane, parce que c’est le grand amour entre elles maintenant, mais peut-être pas pour toujours, et faudrait que pas ça mette en péril le futur de la petite. Le truc, c’est que c’est minuscule ici, je sais pas s’il y aura beaucoup d’alternatives.

L’Ordre pouvait pourvoir pour un temps aux dépenses de Neya, mais les finances de leur institution n’étaient pas sans limite et, surtout, Karm percevait que la frontière était floue, dans leur affaire, entre l’assistance qu’ils prêtaient à une jeune fille en détresse et leur complicité criminelle dans la fugue d’une mineure.

Je crois que la priorité, après ça, ça restera qu’elle parle avec son père. Pour arranger les choses, si c’est possible, ou sinon, pour les pousser à un point de rupture temporaire. Qu’elle ait une bonne raison de ne pas rentrer chez elle, quoi, de demander l’émancipation, de rechercher la protection d’autrui. Parce que pour l’heure, le mec est obtus et désagréable, je suis bien d’accord, mais on est très loin de ce qu’un juge des enfants estimerait intolérable, tu crois pas ?

Une seule conversation téléphonique un peu houleuse constituerait une mince justification pour la cavale de Neya, particulièrement si l’on songeait que, depuis, son père n’avait cessé de la rappeler. Preuve qu’il se souciait toujours d’elle.

Donc voilà, je dirais. Un, l’hôtel. Deux, l’association. Trois, des conversations avec le père. Et on avise à partir de là, mais on pourra pas éternellement se dispenser de mettre les services sociaux dans la boucle.

Ce n’était pas entièrement satisfaisant. Karm aurait aimé croire que l’amour de Neya et d’Ondine résisterait à l’épreuve du temps, même s’il n’avait encore jamais connu les petites rudesses sournoises du quotidien, et il aurait aimé croire que l’adolescente était parfaitement clairvoyante dans le jugement sans appel qu’elle portait sur son père, mais la vie était souvent plus confuse.

Luke…?

Il y avait une once de culpabilité dans la voix de l’Ark-Ni.

J’suis désolé de t’avoir entraîné dans cette histoire. Je… crois que j’ai jamais très bien mesuré à quel point tout cela avait pu être douloureux pour toi. C’est pas que je cherchais à minimiser, c’est juste… Je pense que je comprenais pas. J’ai l’impression de t’avoir poussé trop souvent, trop vite, à être plus… Serein. Ouvert. Affiché. C’était brutal de ma part. Inconséquent. Et je suis désolé.
Luke Kayan
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La situation prenait une tournure personnelle. Luke ne saurait dire si ça le dérangeait ou non. Pour le côté positif, il se rendait compte de la chance qu'il avait eu de grandir dans sa communauté -une fois de plus.- Les quelques moqueries reçues n'avaient jamais été violentes, et encore moins fréquentes. S'il en avait souffert, c'était plus vieux, en contactant des personnes extérieures. Là encore, son statut de Jedi le protégeait relativement, peu avaient osé s'en prendre à lui, même s'il était vrai que les rares bravaches n'en avaient été que plus durs. Mais qu'importe au final, le Hapien avait eu un excellent maître qui avait su le prévenir sans s'immiscer, se retenir si besoin et finalement, toujours lui apporter son soutien. Le vieil homme manquait énormément au blond qui loua sa sagesse et sa bonté une fois de plus.

- Ne t'en fais pas. Je crois que c'était une bonne chose au final. Je veux dire, je suis content de me montrer un peu plus, ou de le dire parfois. La réaction de l'enseignante était plutôt bonne. Jamais elle ne nous aurait donné les informations pour Océane sans cela, signe que malgré ses doutes, elle avait envie de donner confiance à un couple comme nous. Parfois c'est rude, mais il faut avancer, tu avais raison en cela.

Auparavant, jamais il n'aurait accepté un câlin, y compris dans une chambre attenante fermée, proche d'inconnus, surtout rattachés à leur mission et mineures, mais il n'hésita guère aujourd'hui. Sous les baisers de son compagnon, le jeune homme sentit la pression s'adoucir légèrement. Il remarqua combien ses épaules étaient crispées jusque là. Un soupir plus tard, ce fut lui qui chercha le contact avec Karm, déposant sa main sur la sienne quelques secondes, le temps de laisser transparaître toute sa tendresse et sa reconnaissance. Il était soulagé et triste à la fois que son aîné prenne conscience de ce qu'était l'homophobie. Quelque part, le blond aurait aimé le protéger davantage, le laisser dans une sorte d'ignorance mitigée comme il l'avait inconsciemment fait jusque là. Au coeur de leurs très rares et, certes, tempérées disputes, le jeune homme évitait d'utiliser la cruauté des hommes comme raison à sa timidité, ou du moins, il ne développait pas. Pourquoi faire ? Que son compagnon remarque qu'on le traitait parfois différemment à cause de son physique ? Luke ne comprenait pas tous les aboutissants de la silhouette, mais il avait vaguement saisi qu'être petit en taille, fin et peut-être avoir les cheveux longs aidaient les autres à se méprendre. Il fallait aussi être viril dans son attitude, une chose que le Jedi saisissait mieux, après avoir entendu la voix très masculine de cet abruti de Korgan ou de certains moqueurs.

- Je veux continuer en ce sens. Ça te rends heureux, ça m'enseigne beaucoup et je finis aussi par être mieux. Il faut juste me laisser du temps, mais ça nous en avions discuté et je trouve que tu le respectes bien.

Conclut le jeune Jedi avec un sourire complice. Décidément, ils s'en sortaient plutôt honorablement et malgré quelques moments difficiles, Luke ne saurait cracher sur leur chance. Maintenant, il en était aussi persuadé, le Conseil savait, mais on les laissait tranquille. N'était-ce pas merveilleux ? Son souci ironique vis-à-vis du regard des autres devait doucement s'estomper, et finalement Karm avait parfois bien fait de le pousser, même implicitement. Le blond ne supportait pas de voir son ami morose ou pire, qu'il se sente rejeté, se faisant, il choisissait volontairement de s'exposer, parce que son compagnon lui importait plus que les intolérants. C'était une belle leçon qui s'ancrait dans sa tête davantage et finalement, apportait son petit lot de confiance en lui. Quoiqu'encore très timide, le Chevalier était moins effacé, il prenait davantage d'initiatives et commençait à penser qu'on lui confiait certaines tâches à raison, parce qu'il maîtrisait ce sujet. Pour beaucoup, ce n'était rien, mais quand on s'appelait Luke Kayan, c'était énorme. Pour dire, Maxence Darkan ne lui faisait presque plus peur. Presque...

- Excellente analyse ! Tu as pris en compte tous les partis, cherché la meilleure solution, celle qui conviendrait à chacun, en toute objectivité et tu m'as exposé ça avec une clarté à faire pâlir d'envie un diplomate. Je crois que tu es en train de devenir un excellent gratte-papier... Je plaisante, mais je vois que tu commences à connaître les rouages du système judiciaire.

Luke cacha sa légère déception pour ne pas avoir su prendre de la distance et proposer ces solutions logiques. Un juge pour enfants se rirait d'un tel dossier et finalement tant mieux. En revanche, il était fier de Karm qui prenait en assurance, gagnait en pragmatisme et savait de mieux en mieux gérer les gens en fonction des possibilités qu'offraient les lois. C'était une gymnastique que beaucoup pensaient évidente à tort.

- Je m'occupe de convaincre les jeunes filles, essaye de parler au père par comlink, au moins pour lui résumer ce qui se passe, sans entrer dans les détails mais lui assurer que sa fille est entre de bonnes mains. Il respecte ton titre, je sais que tu sauras alterner entre douceur et fermeté pour lui expliquer que nous ne souhaitons pas entretenir la discorde entre son enfant et lui, tout en lui expliquant qu'ils ont besoin de ce processus. Tu sauras quoi lui dire et quoi taire, tu auras plus de chance, et tu es verbalement plus proche de lui. J'ai deviné qu'il se sentait menacé par... Hum... Mon vocabulaire ou ma manière de m'exprimer. Quoiqu'il en soit, je m'occupe des papiers à lui envoyer, et de rédiger un rapport pour prévenir Dantooine, ainsi que chercher des associations si besoin, pour une médiation. Quoique si nous passons quelques jours ici, tu pourrais m'aider.

En réalité, son compagnon avait un lexique plus étendu que lui. Certes, Karm ne connaissait pas certains mots complexes, mais pour un étranger il se débrouillait à merveille et surtout, commençant à bien maîtriser le langage pour s'adresser à l'administration, il oscillait entre les deux parfaitement. D'un côté il pouvait s'exprimer face à une gamine de 16 ans, un baroudeur des étoiles, d'un autre, il savait s'adresser au sénat. Luke lui, demeurait plus ou moins dans le même registre. Ça avait toujours été un de ses défauts, parmi les plus durs à lui faire passer quand il infiltrait. Il devait passer de longues heures à se mettre dans la peau d'un personnage trop différent de sa véritable personnalité. L'Ark-Ni empathisait et s'adaptait. Il saurait avoir autorité sur le géniteur sans le contraindre ou sembler le prendre de haut comme certains de sa classe sociale croyaient.

Lorsque son ami s'excusa de nouveau, le Chevalier sentit un pincement au coeur. Il se leva de sa chaise pour aller sur le lit et se poser à côté de lui. Il passa son bras autour du cou de ce dernier et l'embrassa tendrement sur la joue.

- Tu ne le savais pas. Tu viens d'une culture différente, ce n'est pas de ta faute. Je sais bien que minimiser n'est pas dans ta nature. Jamais je n'ai songé que tu n'en avais rien à faire, ou que j'abusais, peut-être juste que tu ne te rendais pas compte. Et finalement, je l'aime bien cette affaire. Déjà tu ne pouvais pas deviner la tournure que ça prendrait, sans compter que certes, c'est un peu stressant mais plaisant et valorisant.


Le Consulaire se leva, non sans avoir caressé le menton de son ami et l'avoir gratifié d'une onde chaleureuse. Il se sentait à la fois chagriné de la prise de conscience de ce dernier, qui en plus devait faire face à la culpabilité mais aussi soulagé. Soulagé de ne pas avoir été comme il le pensait, si faible et abusif.

- J'ai souvent cru que je faisais d'un grain de sable une montagne, pour ma part. J'avais beau m'efforcer d'y penser, en me rendant compte que ça t'attristait, je n'y arrivais pas, c'était plus fort que moi et je m'en voulais de créer des tensions pour si peu. Je suis au moins heureux que nous ayons pu en parler, mais surtout d'avoir si bien avancé. Je vais continuer dans ma voie, mais ne commence pas à te miner le moral, maintenant que je commence à aller mieux. On ne va pas s'en sortir sinon.

Le jeune homme eut un petit rire doux, n'ayant jamais eu de souci avec l'autodérision. Il avait toujours tellement l'impression d'être le geignard, c'était d'autant plus étrange de voir son roc d'explorateur afficher un air triste qui voguait délicatement jusque lui, en une onde de Force un peu amère.

- Je plaisante, bien entendu. Se poser parfois, dire que l'on est triste n'est pas un mal. Tu n'as évidemment pas à tout porter seul. Je suis content que tu m'aies parlé de tout ça, ainsi je peux te rassurer quant au fait que je sais pertinemment que tu n'as pas voulu me blesser. Tu n'y es pour rien, tu as fait du mieux pour nous deux. Ce dont je te remercie.

Acheva-t-il avec douceur, persuadé depuis tout jeune qu'il fallait s'ouvrir. Bien sûr, avant il y songeait dans le sens où il fallait parler à un maître pour que ce dernier aide à refouler les sentiments, grâce à de la méditation, mais aujourd'hui, il se rendait compte qu'un peu d'émotions laissées libres, écoutées, ne faisait pas tant de mal.

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Quelques jours plus tard, la colère de Neya s'était légèrement apaisée. Son père avait beau être très maladroit, il lui manquait. L'association "Tous Tolérants" avait accepté de faire de la médiation. Au final, Karm et Luke avait opté pour cet organisme, assez petit mais dynamique, et surtout composé de parents qui avaient su changer d'avis sur l'homosexualité. Même s'il faudrait par la suite, faire intervenir une autre association plus grosse, c'était ce qu'il y avait de mieux humainement pour eux. Premier geste du géniteur, il avait accepté de recevoir Ondine quelques jours, malgré une certaine froideur entre les deux. Bref, tout le monde rendait sur Dantooine. L'adolescente serait suivie à distance par l'association, ce qui lui permettrait d'évacuer son stress si besoin et de communiquer. Petite spécialité appréciable de "Tous tolérants", lui aussi avait un interlocuteur privilégié pour parler s'il se sentait dépassé ou en colère. Le géniteur eux n'adressa pas un mot aux Jedis, mais l'Ark-Ni eut le droit à une légère inclinaison de la tête et une vraie poignée de main. Pour ce genre de personne, encore blessée dans son égo et effrayé, cela signifiait beaucoup. Il reconnaissait la valeur du duo et surtout, se sentait rassuré de retrouver son enfant malgré tout.

Luke quitta la pièce où ils avaient assisté aux retrouvailles entre les différents parties. De retour dans la chambre de Karm, plus si tranquille ni sobre depuis l'arrivée d'un énorme lézard, lui chuchota un je t'aime Tam. Il était heureux pour Neya, plein d'espoir pour leur futur aussi, et pour une des rares fois dans sa vie, content de lui. Que demander de plus ?
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