Darth Hope
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Le Chant de Melantha

Elle avait peur que cette réussite ne les sépare trop vite.








S’extirper du lit avait été rude. Au-delà du hublot, l’irradiation de l’atmosphère de Dromund Kaas imitait vaguement un lever de soleil. Elle avait entendu l’eau de la douche. C’était ce qui l’avait réveillé en sursaut et elle paniqua en remarquant qu’elle avait cédé au sommeil, que son sort s’était sans doute dissipé, que Lloyd avait pu….Un autre bruit attira son attention et elle s’assit au milieu des draps froissés pour admirer le capitaine quitter la salle d’eau, à moitié vêtu, les cheveux encore humides. L’holoprojecteur était allumé et diffusait les aventures rocambolesques de Capitaine Peep. Elle se remémora avoir allumé l’appareil en pleine nuit, afin de rester réveillé e. A son plus grand désarroi, cela n’avait pas fonctionné. Elle déglutit silencieusement et se pinça les lèvres.







Quelques minutes plus tard, elle sortait elle-même de la douche et trouvait Lloyd en train de fermer les attaches de ses bottes sombres, un bout de brioche coincé entre ses dents serrées par la concentration. Elle trouva le tableau à la fois attendrissant et amusant. Elle prit le temps de détailler la blondeur des mèches qui retombaient en pagaille sur le front pâle du capitaine. Elle eut envie d’attraper un peigne, de le coiffer encore, mais se ravisa. A la place, elle enfila son kimono écarlate et s’installa sur la banquette du bureau, attrapa un miroir et sa trousse de maquillage.

- Je vais devoir inspecter le vaisseau aujourd’hui, annonça-t-elle en commençant par de l’anti-cernes pour camoufler les conséquences de sa presque nuit blanche. Sa main descendit vers son cou, près de la naissance de son épaule. Elle remarqua, au travers du miroir, que la marque de la morsure était toujours présente, colorée et vivide. Elle hésita et renonça à la camoufler. Essayer le pass qu’Arboghast m’a confié. L’un de tes lieutenants m’a transmis une liste. Une liste des lieux qu’avait souvent fréquenté Pyke. Je veux m’assurer qu’aucune surprise ne se terre sur Melantha avant la cérémonie. S’il arrive quoique ce soit, je serai la première responsable.

Elle avait choisi un rouge à lèvre carmin et brillant qui coula sur ses lèvres avec provocation.


- Tu peux être sûr que s’il reste un traître, je le trouverai. Alors essaie…

Elle laissa tomber le maquillage pour mieux le contempler. Un étrange pressentiment compressait sa poitrine. Elle se mordit la lèvre, menaçant de foutre en l’air son fard et articula :

- Essaie de faire de ton mieux, pour le reste.

Dana n’était pas au courant des résultats de l’évaluation, du moins pas dans leur détails. Elle avait « loupé » la réunion au sommet concernant la prise de décision de l’Etat-Major, et elle s’arrangerait pour rappeler à Arboghast la nécessité d’avoir l’Inquisition à chaque réunion de l’équipe de commandement, sans exception. Mais lors de l’absence de Lloyd, la veille, elle était retournée à sa cabine invité récupérer quelques affaires. Les droïdes terminaient alors seulement de réparer les dégâts causés par le capitaine. En revenant à la tanière, elle avait surpris des discussions à propos de la cérémonie qui se tiendrait bientôt. Entre la nuit courte et la matinée qui ne faisait que débuter, elle n’avait pas vraiment eu le temps de questionner Hope à ce propos. D’un autre côté, elle n’était pas certaine de vouloir savoir, que cela n’avait pas d’importance bien qu’aux yeux du hapien c’était l’accomplissement de toute une vie. Elle le soutenait pour ça, mais elle appréhendait également sa réussite. Elle avait peur que cette réussite ne les sépare trop vite.



















L’invitation pour la cérémonie n’avait pas tardé à s’afficher sur son datapad alors qu’elle marchait rapidement direction de l’infirmerie du pont supérieur où elle avait ce stupide rendez-vous avec le docteur Chet pour une stupide morsure à la main qui ne nécessitait pas de monitoring. Les caprices de Lloyd Hope avaient-ils seulement une fin ? Songea-t-elle en levant les yeux au ciel avant d’archiver l’invitation. A son arrivée, l’infirmerie de bord grouillait d’activé. Le personnel médical s’affairait aux derniers check-up avant les préparatifs de la cérémonie. Elle reconnut pas mal d’uniformes de pilote de chasseurs et elle rentra la tête dans les épaules, espérant que Stan Graymes soit dans une autre infirmerie.

-Ah, Inquisitrice Shar ! S’exclama la voix de Chet tout le monde se raidit au rappel de la présence d’une Inquisitrice. Les bavardages cessèrent presqu’aussitôt et on entendit les mouches voler. Ce sera dans mon bureau, s’il vous plaît, annonça-t-il et elle le suivit.

Un droïde médical ronronnait en faisant ses mises à jour et le bureau était encore plus encombré que la dernière fois qu’elle l’avait visité. Le lieutenant semblait débordé malgré sa tranquillité habituelle. Elle s’installa sur la table d’examen, tâchant de faire taire les souvenirs indécents que ce genre de table faisait remonter en elle.

- Est-ce que le capitaine Hope est…est-ce qu’il a passé l’évaluation avec succès ? Demanda-t-elle brusquement.

Chet s’immobilisa, un seringue de kolto synthétique en main. Il observa l’Inquisitrice dans ce treillis sombre qui lui cintrait la taille et ce débardeur grisâtre qui paraissait trop petit. Elle avait attaché ses cheveux courts et quelques mèches s’échappait du semblant de structure capillaire. Il poussa un soupir.

- Pas d’après mes informations. Lors de la cérémonie, un nouveau commandant sera nommé.

Elle accueillit la nouvelle avec une douleur à l’estomac. Elle avait mal pour Lloyd, mais ne pouvait nier le soulagement qui commençait à se répandre dans son esprit.

- Hors de question que vous me piquiez encore avec du foutu kolto synthétique, écrivez que ça va bien et ce sera suffisant.

Chet ne dit rien et rangea son matériel, non sans avoir jeté un coup d’oeil à la nouvelle morsure qui était apparue sur le derme de Dana.

- Comment allez-vous ? Demanda-t-il doucement en se réinstallant à son bureau et la question surprit Shar, la laissant silencieuse de longues secondes. Elle serra les poings, tremblant légèrement. Il palluma son datapad et fixa son attention sur sa patiente, très sérieux. Je veux dire, précisa-t-il avec gentillesse. Vous avez vécu récemment une fausse couche particulièrement éprouvante, vous avez dû combattre après, puis votre arrivée sur Melantha, votre empoisonnement. Le commandant est exigeant. Je veux simplement m’assurer que vous vous remettez bien, bien que vous n’ayez pas pu prendre le repos nécessaire. Si à tout hasard, vous n’aviez pas envie d’être là…
- Pas envie d’être là ? Souffla-t-elle, prise de court.
- Je suis simplement inquiet, comme un docteur devrait l’être, expliqua-t-il avec calme.
-Où avez-vous servi avant l’Empire ?
- Vous inversez l’interrogatoire, sourit-il.
- Je suis Inquisitrice, interroger les gens est dans ma nature, lâcha-t-elle en quittant la table d’examen. Elle se rendait compte que ses mains tremblaient au souvenir de l’accouchement, des difficultés qu’elle avait dû surmonter ensuite.
- Inquisitrice Shar, reprit-il avec un ton paternel, je suis au service de l’Empire, ma loyauté est infaillible mais je suis également un médecin. Et votre santé, comme la santé de chaque personne à bord de Melantha me préoccupe.
- Je vais bien, dit-elle d’une voix blanche avant de fuir hors de l’office, tétanisée.


Elle bouscula Stan Graymes dans sa fuite en avant et il la rattrapa par le bras, surpris.

- Dana ? Vous avez tant peur que ça des piqûres ? S’amusa-t-il, mais elle dégagea vivement son bras de sa poigne, le fusillant du regard.
- Je suis pressée.
- Oh, alors quand vous serez moins pressée, vous pourrez faire un détour par votre cabine, les pluies de Vaynai se portent à merveille. J’ai tenté de vous les donner en personne, mais vous étiez introuvable.

Elle affronta l’étincelle du regard de Graymes durant quelques secondes. Le pilote était un homme intelligent, il devait se douter, forcément qu’il n’y avait qu’un seul lieu sur Melantha où on ne pouvait pas l’atteindre, où on ne pouvait pas la trouver.

- Mer-ci, dit-elle.

Elle voulut repartir, mais il la retint une nouvelle fois par le bras, plus fermement et la ramena face à lui.

-Vous vous rendez compte que vous jouez avec le feu ? Siffla-t-elle. Avec une Inquisitrice ? Vous poussez votre chance, Stan Graymes.

Autour d’eux, des oeillades curieuses et intrépides, mais surtout des figures que l’étonnement avait gagné. On trouvait Stan héroïque, courageux d’oser de telles familiarités avec l’Inquisition. Alors on attendait, on observait discrètement et Dana Shar se sentait mise en porte à faux.

- Et vous, répliqua-t-il d’un ton qui n’avait plus rien de taquin ou de badin. Avec quoi vous jouez, exactement ?

Ses prunelles azurées s’étaient assombries alors qu’il fixait la marque de morsure qu’elle avait près de la bretelle de son débardeur. La peau était mauve par endroit, jaunâtre à d’autre, l’hématome courait sous son derme, formait une trace évidente.

-En quoi cela vous regarde ?

Elle sentit la main de Stan se desserrer. Il avait laissé une empreinte blanche sur la peau de Dana. Il se mura dans un silence froid et se décala d’un pas pour lui céder le passage.











De retour dans la cabine invitée, elle remarqua les pluies de Vaynai former un bouquet homogène sur le lit. Les droïdes astiquaient désormais le sol propre. Il y avait également un paquet, déposé aux côtés des plantes luminescente. Elle extirpa son datapad alors qu’une communication s’affichait à l’écran. Elle connecta l’appareil à la console de comm’ la plus proche et l’holographe de Runà se matérialisa dans l’air propre de la cabine.

-Bonjour Dana.
-Bonjour, Maître.
-Tu as reçu mon présent ?
-Un présent ?
-Je l’ai fait livrer sur Melantha la veille, c’est ta robe pour la cérémonie qui vient
-Je comptais pas y participer. Mes obligations me tiendront loin de ce genre de trucs.
-Kedrod et d’autres Inquisiteurs seront là pour assurer la sécurité de l’évènement à bord, Dana. Pour ta part, je t’ai prévu une autre mission. J’ai dû parlementer, mais…je t’ai recommandé en personne pour animer la cérémonie.
- A..animer ?! s’exclama-t-elle.
- Le chant, la scène les projecteurs, n’est-ce pas que tu aimes ? Sourit Runà, à la fois moqueuse et méprisante. Tu pourras interpréter Melantha, en hommage au nouveau commandant. Je suis certaine qu’il ou elle sera ravi-e.
- Je veux PAS participer ! Qu’est-ce que vous comprenez pas dans ce souhait ?! Hurla-t-elle de colère.
- Tu obéiras, parce que c’est ma volonté, mon souhait. Que tu es mon apprentie. Tu es à ma disposition. Et si tu doutes que je puisse transformer ta vie en Enfer, avant de la reprendre comme je te l’ai redonné, menaça Runà d’un ton glacial qui se répandit dans la Force. Alors permets-moi de t’ôter ce doute immédiatement. Si tu n’es pas là à la cérémonie Dana.

Un silence plana. Dana serra les poings.

- Si tu n’es pas là. Sache que je connais exactement l’emplacement de la tombe de tes chères petites filles. Et je suis sûre…que tu ne voudrais pas avoir à récupérer leurs os disséminés un peu partout dans la Galaxie, pour en recreuser une nouvelle.

La menace fut comme un coup de poing directement envoyé dans ses tripes. Une nausée soudaine monta à sa tête et elle crut vomir.

- La robe, le chant. Le spectacle. Si je veux te prostituer de cette façon, c’est mon souhait. Nous nous voyons bientôt. Comment va ce cher capitaine Hope, en fait ? Est-il heureux de retrouver son Inquisitrice préférée ? J’ai hâte de le revoir. As-tu quelque chose à dire ?
- Non, Maître, articula-t-elle, toute blême.

La liaison se coupa brutalement et Dana se précipita dans la petite salle d’eau pour vomir le petit-déjeuner qu’elle avait ingurgité quelques heures plus tôt.




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Lloyd Hope
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Le Chant de Melantha


- Vous pensez à autre chose, vous ?
- Mais absolument.




- Inspecter le vaisseau, marmonnait Lloyd entre ses dents. Et je fais quoi moi en attendant ?

Un peu trop affalé dans le fauteuil de son bureau, le hapien manipulait son datapad pour y faire apparaître le petit hologramme indiquant la position de la nanopuce. Le signal faiblissait parfois un peu et il fronçait les sourcils. Maintenant que les préparatifs de la cérémonie étaient en cours, il se sentait désœuvré. Il avait renoncé à écrire à l’Amiral Antarxarxès. De toute façon, ce dernier n’aurait pu se rendre disponible en quarante-huit heures, supposait-il, et que lui aurait-il écrit ? « Voulez-vous venir à la cérémonie où je serai viré ? » Il avait fini par supprimer ses tentatives de message, définitivement, pour mieux continuer à jouer avec le détecteur de nanopuce en se balançant sur son fauteuil, le regard sombre, en marmonnant des reproches à quiconque en méritait.

Il fut interrompu dans cette productive activité par trois coups contre l’écoutille.

- Entrez, grogna-t-il à contrecœur, éteignant le datapad.

L’écoutille coulissa avec un bruit feutré et, comme il l’avait craint, la lieutenante Narih se tenait dans l’encadrement. Tirée à quatre épingles, comme toujours.

- Mon Capitaine.
- Oui, lieutenante ?

La jeune femme sembla hésiter. Elle qui avait été particulièrement froide ces derniers jours n’affichait cette fois qu’une mine prudente. Elle referma l’écoutille derrière elle avant de s’avancer. Elle sembla hésiter de nouveau, se triturant les mains avant d’attraper un siège de la table de réunion à proximité pour le retourner. Elle s’y assit non loin du hapien, sans être à la place du subalterne ou de celui qui devait faire face, de l’autre côté du bureau. Lloyd parut comprendre qu’elle ne souhaitait pas avoir une conversation ordinaire et un léger soupir résigné s’échappa de ses lèvres. Il repoussa le bloc de données sur le bureau pour la regarder avec une moue blasée.

- La cérémonie va avoir lieu demain soir et je suppose qu’on va être très occupé. Je voulais vous demander… Vous… Vous partez dans la foulée ?

Le Sith haussa les épaules.

- Je ne sais pas. La passation de consignes n’a pas été organisée, mais il n’y en aura peut-être pas.
- Vous allez dire au revoir aux troupes ?

Lloyd leva les sourcils.

- J’ai pas prévu ça, non. Ça ne fait qu’un peu plus de six mois ; changer de commandant ne signifiera pas grand-chose pour eux.

Narih haussa les épaules. Elle s’était à demi tournée vers la table et d’un doigt elle traquait à la surface des poussières ou des miettes imaginaires.

- Je peux pas parler au nom de tous, répondit-elle pensivement, mais l’équipe de commandement, en tout cas, ça nous fera quelque chose.

Le hapien resta silencieux, à guetter les gestes distraits de la lieutenante. Comme le silence s’installait et devenait gênant, Narih se sentit obligée de compléter :

- Ça m’embêterait que vous partiez alors qu’on est en froid.
- On n’est pas en froid. Ou alors, c’est vous qui êtes en froid avec moi, moi je suis pas en froid avec vous.

Narih le regarda et lui fit une grimace agacée.

- Je me sens un peu responsable.

Lloyd fit un effort pour contenir un soupir. Il s’était attendu à ce genre de conversations.

- Ecoutez, je suis pas psy. Vous n’êtes pas responsable. Si vous voulez décharger votre culpabilité, tout ça, parlez-en au docteur Chet. Ou faites comme moi : pensez à autre chose, ça passera.
- Vous pensez à autre chose, vous ?

Le hapien fronça le nez.

- Mais absolument, mentit-il.
- Bon. Alors, il faut que je vous fasse valider ça.

Narih lui tendit son datapad, et le Sith se redressa pour attraper le bloc de données. Ses yeux allèrent d’une ligne à l’autre avant que soudain, son visage ne se tendît.

- Quoi ! Deux cent-vingt personnes ?!
- Ça nous vient de l’Etat-Major, précisa la lieutenante d’une petite voix d’excuse.
- Mais ils viennent tous avec leur famille éloignée c’est pas possible ! Il était censé amener seulement quelques généraux du département !
- Ahm, oui, mais leurs épouses sont invitées, quelques représentants de l’Inquisition aussi, ainsi que des responsables des chantiers astronavals et..
- Ça va ça va, la coupa le hapien en maugréant. J’ai compris. C’est validé. Comme si j’avais le choix de toute façon.

La lieutenant récupéra son datapad avec un petit soupir de soulagement.

- Aussi, l’Etat-Major nous a transmis le déroulé de la cérémonie avec un protocole.

Le hapien s’accouda à son bureau pour mieux cacher ses yeux derrière une main lasse.

- Allez-y, tant qu’on y est.
- Bon, alors l’accueil des invités est prévu à sept heures standard DK, jusqu’à neuf heures. Nous devons mettre à disposition une baie d’atterrissage – nous avons choisi celle du pont inférieur numéro 1 car elle est peu utilisée et avec un volume inférieur aux autres, elle sera plus intimiste. A neuf heures trente, le Castellan fera son apparition avec un discours pour le lancement des festivités. On pourra alors servir mets et boissons. Ensuite…
- C’est pas Subol qui s’occupe du protocole normalement ?
- Si, si, mais l’Etat Major le bombarde de réunions en holo, il ne peut pas s’absenter un seul instant de son bureau, alors je lui donne un coup de main. Donc ensuite, il y aura un spectacle…
- Un spectacle ?!
- Oui, l’Etat-Major se charge des artistes, ils ont prévu deux-trois divertissements, on n’a pas plus d’infos là-dessus…
- J’aime pas les artistes.
- Hem. Bon, et donc après le spectacle, le Castellan reprendra la parole pour faire le baptême du nouveau Commandant.

Lloyd émit un gros soupir et retira enfin sa main pour toiser Narih d’un air exaspéré.

- Un baptême ? C’est nouveau ça, y’a pas de baptême d’habitude.
- Je sais, on n’a pas de détail…
- On sait pas qui c’est ?
- Non.

La lieutenante subit un long moment le regard du hapien. Elle finit par écarquiller les yeux en jetant des œillades à droite et à gauche.

- Heu, mon Capitaine, je vous jure que je ne sais pas qui c’est !

Lloyd soupira de nouveau, se laissa aller dans son fauteuil en croisant les bras.

- Je m’en fous de toute façon. Bon, et après ?
- C’est tout. Après, il est stipulé que le nouveau Commandant aura pris ses nouvelles fonctions…

Narih s’humecta la lèvre en gardant les yeux concentrés sur son datapad.

- Ouais, donc, que j’aurais vidé les lieux.
- Rien n’est précisé mais…

Le hapien émit un nouveau soupir.

- Faites envoyer deux caisses de transport à ma cabine.
- Mais…
- C’est bon, lieutenante, arrêtez de vous inquiéter pour moi et priez pour que votre nouveau Commandant ne soit pas un Sith, et tout ira bien.

Lloyd se leva subitement de son bureau et ouvrit l’écoutille pour s’éloigner dans le couloir. La lieutenante ne tenta pas de le rattraper.








S’il y avait une chose que Lloyd Hope avait emprunté aux Jedi, c’était bien la frugalité. En dehors des affaires qu’il stockait sur le Sans Visage, le hapien ne possédait presque rien – si ce n’était une Inquisitrice, qu’il n’avait pas encore essayé de mettre dans un carton. Pour le reste, il était en train de rassembler quelques vêtements dans l’une des caisses livrées par les droïdes quand en ouvrant un tiroir, quand il tomba sur un morceau de papier, un petit magnétophone et un bracelet où trois serpents s’entremêlaient. Il s’assit sur le bord de la couchette en passant les doigts sur le bijou, son esprit voguant vers Jabiim, et vers une petite tombe dans le sable, sous un grand arbre.



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Le Chant de Melantha

Je connais la chanson.







A la lueur tamisée de la luxueuse cabine invitée, un silence religieux régnait. Un pan de tissu écarlate glissa sur une épaule dénudée. Une crinière de jais dévala la courbe saillante d’une omoplate féminine. Il y eut un plop discret quand les doigts vernis de l’Inquisitrice délogèrent firent sauter le capuchon d’un tube de rouge à lèvres. Le cosmétique carmin glissa doucement sur la bouche charnue de Dana dont les grands yeux avisaient son reflet dans la glace. Elle semblait être concentrée sur sa tâche, comme si elle effectuait un rituel important;

Depuis sa conversation holographique avec Darth Runà, elle n’était pas retournée à la tanière du loup. Elle avait laissé les heures s’égrener, jusqu’à ce que son estomac soit bien vide, jusqu’à ce que la terrible échéance d’une cérémonie catastrophique s’annonce. Alors, elle avait commencé à se préparer au moment même où les premières navettes abritant d’illustres invités arrivaient sur le Melantha.













Sur la baie d’atterrissage du pont inférieur numéro un, une étrange atmosphère alourdissait l’air. On assistait à un ballet calculé de navettes aux insignes impériales qui se posaient et déversaient leur lot de sommité. Des femmes, humaines ou aliennes, élégantes, s’engageaient sur les passerelles métalliques accrochées au bras d’uniformes dont les gallons étaient nombreux. Parfois, c’étaient des bures inquisitoriales ou Sith qui se dévoilaient au détour d’une des passerelles. Au fur et à mesure, un léger vacarme fait de discussions s’éleva dans le hangar dont les projecteurs ne faiblissaient pas.

Dana se tenait debout au milieu de cette foule intimiste, une main tenant son bras, peu à l’aise. Elle observait Kedrod qui avait émergé d’un tas de bures pour se rapprocher d’elle. Sous la cape de son manteau sombre, ses yeux rutilants observèrent les coutures de la robe carmine qu’elle portait, puis remontèrent à sa figure irisée jusqu’à sa chevelure sagement remontée en un chignon sophistiqué, dénuant son cou gracile et sa nuque blanche.

- Pas de bure pour vous, je vois, Inquisitrice Shar, lâcha-t-il brutalement.
- Les ordres, articula-t-elle avec autant de sympathie.
- Mh, mh, fit-il à la fois pensif et moqueur.
- Où est Runà ?
- Le Seigneur Runà, n’est pas encore arrivée. Mais cela ne saurait tarder.
- Je présume que vous n’êtes pas là pour profiter des petits fours.
- En effet, la sécurité d’un tel évènement requiert de tels Inquisiteurs; dont vous ne semblez pas faire partie. Je pense vraiment qu’on vous tolère dans notre Ordre parce que vous êtes l’élève du Seigneur Runà, sans cela.
Je connais la chanson, le coupa-t-elle avec lassitude.

Une musique de chambre aux intonations martiales commença à s’élever dans l’air. Un orchestre avait discrètement pris place dans un coin du hangar et leurs instruments émettaient loin, profitant de l’écho qu’offrait un tel endroit. Kedrod ne répondit pas et fit signe à deux autres Inquisiteurs de le suivre afin de prendre leur poste concernant la sécurité de l’évènement. Dana les observa s’éloigna, une moue contrite sur le visage. Son regard finit par capter, au loin, entre les invités, une crinière blonde familière. Elle prit une profonde inspiration et en prit la direction quand un obstacle se dressa devant elle, l’enveloppant de son ombre. Et elle dressa son attention sur la figure rougeoyante du Seigneur Rishna, drapé d’une armure Sith aux insignes de l’armée Impériale qui indiquait son statut de commandant. En retrait, deux officiers l’escortaient bien qu’il n’eût pas besoin de protection.

- Seigneur Rishna, maugréa-t-elle entre ses dents serrées et elle tenta de le contourna mais d’un pas martial, il lui barra une nouvelle fois la route.
- La Lame Rouge Dana Shar.
- Inquisitrice.
- Quelle importance. Quand Hope m’indiquait avoir à bord l’héritière de Ch’Hodos, je pensais plutôt à Shar Damaya, avant de me rappeler qu’elle était morte. Comment déjà ? Ah oui, abattue par un Jedi.
- Laissez-moi passer.

Par-dessus son épaule, elle tentait de repérer Lloyd dont elle avait aperçu la chevelure lumineuse, mais désormais trop de gens lui bouchaient la vue.








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Le Chant de Melantha


- L’enflure.
- Je suis d’accord avec vous. Encore une fois. C’est vraiment le signe qu’il faut qu'on arrête de travailler ensemble.




- Un verre, Capitaine ?
- Non, merci.

Le temps avait défilé beaucoup trop vite. Lloyd n’avait pas revu Dana depuis leurs dernières étreintes, quand elle ne savait pas encore ce qui allait advenir de lui et Melantha. Il n’avait rien dit. Il avait profité de ces derniers instants de tendresse dans cette luxueuse cabine, il s’était enivré d’elle, précisément pour pouvoir résister ce soir à l’alcool qui lui tendait les bras : la déception lui rongeait les entrailles, les décorations fastes du hangar mettaient en scène sous ses yeux dépités une foule d’officiers et de personnages aux tenues protocolaires – tout un public pour voir la fin de son essai misérable au commandement d’une frégate. Oui, il y avait de quoi boire, mais il attendrait la fin de la nuit. Il restait bien quelques réserves dans la soute du Sans-Visage, à bord duquel il comptait embarquer avec Dana après la cérémonie. Et si elle souhaitait rester pour poursuivre sa mission à bord de Melantha ? Il rejeta l’idée dans un coin de sa tête. Il l’en dissuaderait. Elle viendrait avec lui. Elle ne pouvait pas le laisser en un moment pareil, tâchait-il de se convaincre. Elle avait dit que si ça n’allait pas, elle lui ferait l’amour, elle le protègerait du reste du monde : très bien, c’était de ça dont il aurait besoin après cette fichue cérémonie.

Le droïde protocolaire qui tenait les boissons s’éloigna de son pas raide entre les convives. Au-delà de la masse informe des invités, des soldats de Melantha étaient en train de se mettre en rang, formant un carré de cérémonie pour la fête à laquelle ils ne participeraient que comme figurants : ils resteraient immobiles, au même titre que les vaisseaux disposés là ou les tentures ornées de l’emblème impérial : ils feraient partie du décor, exposés comme dans un musée. Lloyd toisait tout ceci d’un œil morne, à l’extrémité de la baie, non loin de la porte par laquelle arrivaient les convives. En effet, chacun d’entre eux était accueilli par une délégation dont il faisait partie. Les premières minutes, il avait essayé de retenir les noms qu’on lui annonçait en serrant des mains, puis il avait abandonné : à quoi bon ?

- Voilà encore un des vôtres, grommela une voix à sa gauche, et Lloyd tourna son regard vers le Major Arboghast.

Ce dernier n’avait pas adressé la parole au hapien depuis la réunion avec l’Etat Major. Etrangement, le Capitaine lui en était reconnaissant : la dernière chose dont il avait besoin, c’était que l’on revînt sur son sort.

- Vous voulez dire, un Sith ?
- Oui, voilà.
- Il n’est pas exclu que votre nouveau commandant en soit un, supposa le hapien d’un air qui se voulait dégagé tandis qu’il serrait la main d’une officier mirialan.
- Une seule expérience de ce genre m’aurait suffi, grommela Arboghast entre ses dents. Avec l’Inquisitrice et vous, je pense déjà avoir fait le tour de ce que signifie avoir des Sith à bord. Enfin, sauf votre respect.
- Vous me respectez maintenant ? C’est nouveau, ça.

Le Major ne se dérida pas. Les projecteurs faisaient paraître son visage plus anguleux, son teint plus cireux. Il arborait toujours son air hautain, mais il toisait d’un œil suspicieux une nouvelle bure noire qui se pressait à l’entrée du hangar. Lloyd suivit son regard, pour apercevoir un énorme twi’lek à la peau orange, dont le rire guttural éclata comme il serrait, avec ses doigts mutilés, la main d’un Inquisiteur humain à l’air mielleux. Lloyd sentit un poids s’écraser au fond de ses entrailles, hébété.

- L’enflure.
- Je suis d’accord avec vous. Encore une fois. C’est vraiment le signe qu’il faut qu'on arrête de travailler ensemble, plaisanta sobrement Arboghast, mais le hapien ne l’entendait plus.

Comme s’il l’avait entendu, Rishna tourna subitement son regard acéré vers le Capitaine. Leurs yeux se défièrent silencieusement, tandis que Rishna gardait sur les lèvres un rictus triomphant. Il parut vouloir s’approcher pour venir faire ses salutations mais soudain un silence envahit l’atmosphère : les conversations s’étaient tues, les regards s’étaient tournés, expectatifs, vers l’entrée du hangar au-delà du Seigneur Rishna. Une silhouette était apparue – des épaules massives sous une armure sombre, un capuchon noir d’où dépassaient de longs lekkus rouge. Un regard carmin qui semblait passer le hangar au rayon X, et soudain les convives simultanément s’inclinèrent. Certains posèrent un genou au sol, et surtout personne n’osait croiser ce regard bien connu de l’Armée Impérial.

Lloyd resta l’un des seuls debout, bien droits, se contentant de baisser les yeux, la mâchoire serrée par la frustration.

Le Castellan Noir traversa la foule inclinée et silencieuse d’un pas lent, semblant contempler les lieux – la grande baie d’observation, les troupes alignées.

- Aaah… Enfin ! s’exclama Darth Laduim avec une ironie forcée. Enfin le Commandant de Melantha a-t-il daigné m’inviter à visiter les lieux ! Mmh, une frégate flambant neuve… Il me semble pourtant avoir vu des impacts sur la coque pendant mon trajet en navette.

Ses propos furent accueillis par un silence épais. Lloyd serrait les poings. Il sentait dans la Force, quelque part, la présence de Dana Shar. Un fil tendu, discret. Mais il ne l’avait pas encore aperçue et il était obnubilé par le sentiment désagréable qu’il s’humiliait devant elle en recevant ici le Castellan qui le virait de son poste. Darth Laduim ne t’a pas tout à fait libéré, n’est-ce pas ? Il ne voulait plus de cette laisse. Cette main ne l’avait jamais nourri, contrairement à celle de Dana. Elle n’avait fait que le tourmenter, l’instrumenter, l’isoler et l’affamer toujours plus.

- J’espère que le maître des lieux temporaire va me faire faire une petite visite ?! s’exclama joyeusement Darth Laduim en se tournant vers Lloyd, tandis que ce dernier relevait le regard.
- Bien entendu, Castellan, grogna Lloyd.
- Parfait. Chers amis, prenez le temps de trinquer avant que le spectacle ne commence ! aboya impérieusement le twi’lek en écartant les bras, simulant une bonté à laquelle on s’empressa d’obéir.

On se remit à serrer des mains poliment, avec un ton un peu forcé, à admirer les troupes restées immobiles, et l’air s’emplit à nouveau des murmures des discussions. Au fond du hangar, le régiment fanfare se mit à battre une mesure solennelle et guerrière avec des percussions aux sonorités profondes. Le Castellan, les yeux pétillants, se dirigea droit vers le hapien qui se tourna pour débuter cette fameuse visite. Ça n’avait aucun sens : toutes les frégates de cette catégorie se ressemblaient, et Darth Laduim n’avait jamais eu le moindre intérêt pour les aspects techniques de l’astronautique. Mais il connaissait parfaitement son maître et, en marchant à ses côtés pour longer le carré des soldats, il savait qu’il ne s’agissait que de se ménager un espace de discussion. Le hapien ne laissa pas le temps au Castellan de commencer l’offensive.

- Qu’est-ce que Rishna fait ici ?! grogna-t-il dès qu’ils furent assez loin des autres convives.
- Le Seigneur Rishna.
- Il n’a de Seigneur que le culot, rétorqua le hapien en s’efforçant de maîtriser son animosité. Il n’a obtenu son titre qu’en marchant sur la tête des autres, et vu son pedigree, je ne suis même pas sûr qu’il vous soit loyal encore longtemps !

Le Seigneur Laduim ne se départit pas de sa mine satisfaite de circonstance. Néanmoins, son regard quitta enfin les longues rangées d’uniformes pour s’abaisser vers Lloyd.

- Tu t’es renseigné sur lui.

Lloyd se mordit la lèvre inférieure, mais ne prit pas la peine de démentir.

- Pour quelle raison ?
- Je me suis battu contre lui, je vous rappelle. Je voulais savoir à qui j’avais à faire.
- C’est la seule raison ?
- Non.

Le hapien s’autorisa à défier Laduim du regard, et le twi’lek eut une drôle d’expression – quelque chose entre la satisfaction et le doute, peut-être. Il fit mine de ne pas se formaliser. A la place, un sourire étira ses lèvres pourpres.

- Je sens ta frustration. C’est bien, déclara-t-il avec satisfaction. C’est bon pour toi, tu le sais, n’est-ce pas Lloyd ? Tu as toujours été meilleur Sith sous l’emprise de la colère.

Une fois encore, Lloyd ne répondit pas. D’une certaine manière, Laduim avait raison. Les destins de Pyke et de Faucet n’étaient-ils pas des preuves de ce que sa frustration pouvait faire à ses ennemis ?

- C’est à cela que je vois que je t’ai bien formé, poursuivit le Sith avec une tranquille assurance.

Les deux Sith avançaient l’un à côté de l’autre, d’un pas lent et protocolaire, mais Lloyd ne voyait plus le hangar autour de lui. Seule comptait cette colère que la présence de Laduim dans la Force attisait. Le monstre en lui grognait dans sa tanière, et simultanément restait tapi, comme dompté dans la terreur. Quand la colère deviendrait plus grande que cette terreur ? Laduim avait très délicatement dosé tout cela pendant des années. Il jouait avec lui. Le hapien serra les dents, tâcha de se concentrer sur ce qui importait vraiment.

- Si vous nommez cette ordure au commandement de Melantha, je ne peux pas vous garantir que ma vie m’importe encore suffisamment pour éviter que je défie votre autorité.

Darth Laduim écrasa un rire dans sa gorge qui se tarit entre ses lèvres serrées.

- Ta vie ? Non, je sais. C'est d'ailleurs cela que ton premier maître n'avait pas compris, et pour cela qu'il a raté ton éducation. Il actionnait le mauvais levier : ta vie ne t’a jamais suffisamment importé. Celle de tes femelles, en revanche…

Lloyd sentit un goût acide lui envahir la bouche. Bien sûr, il savait tout pour Dana Shar.

- Vous ne pourrez pas toucher à la protégée de Darth Runà, bluffa-t-il. Les relations avec le Clergé sont déjà bien trop problématiques.
- Oh, les relations institutionnelles sont mauvaises, mais avec certains interlocuteurs, on peut encore faire des marchés intéressants. Et cela tombe bien, la voilà qui arrive.

Ils bifurquaient au bout du hangar pour longer la baie d’observation et par automatisme, le hapien tourna le regard vers la foule, pensant que Laduim parlait de Dana Shar. Mais ses yeux se heurtèrent à une longue élégante robe blanche qui apparaissait sous une grande bure noire. La femme qui portait cette tenue était accueillie par un Major Arboghast raidi par l’exercice des formalités, et son absence de regard mettait mal à l’aise les officiers qui la côtoyait. Elle était grande, élégante. Lloyd pinça les lèvres.

Il décida subitement de jouer le tout pour le tout. Abandonnant là le Castellan, il traversa la salle d’un pas vif vers l’entrée du hangar, bousculant un ou deux officiers au passage. Il entendit vaguement une plaisanterie de Stan Graymes sur le sens de l’accueil du Capitaine Hope qui tâchait d’excuser son supérieur hiérarchique auprès d’un couple élégant de technocrates. L’instant suivant, il se plantait devant Darth Runà. Perchée sur ses hauts talons et la tête ornée d’une coiffure élégante sur le haut de son crâne, elle paraissait plus grande que lui.

- Capitaine Hope, sourit-elle en tournant vers lui son visage aiguisé et voilé au-dessus du nez. Quel plaisir de vous revoir. Le souvenir de la dernière soirée en votre compagnie m’est encore délicieux.

La malice décorait sa voix, et autour d’elle, quelques autres notables approuvèrent de mouvements de tête approbateurs, alors même qu’ils n’avaient pas saisi l’allusion de Darth Runà.

- Quelle surprise, répliqua le hapien, sans trop feindre un enthousiasme qu’il était loin d’éprouver. L’Inquisition a décidé d’être massivement présente, pour un évènement militaire.
- Pas n’importe quel évènement, répondit Darth Runà sur un ton mondain. On dit que lors d’une cérémonie tout est décidé d’avance, mais je n’en crois rien. Et l’Inquisition tient à resserrer les liens avec l’Armée, voyez-vous. C’est d’ailleurs d’une grande délicatesse de m’avoir invitée, Capitaine Hope.

Le hapien leva brièvement les yeux au ciel. Ils savaient tous les deux que la liste des invités lui avait été imposée.

- Mais je vous en prie. J’ose espérer qu’en échange vous refuserez tout marché malvenu qui toucherait à écarter officiers impériaux et inquisiteurs, en ce cas.

Le sourire de Darth Runà s’étira un peu plus. Elle avait des dents blanches, étincelantes.

- Je vois ce que vous voulez dire, souffla-t-elle comme s’il l’avait taquiné sur un sujet grivois, mais il était certain qu’elle savait très bien de quoi il parlait.

Alors que quelques convives les observaient, un verre à la main, Darth Runà fit un pas vers le Capitaine pour se rapprocher de lui. Lloyd se raidit. La miraluka épousseta une épaule du hapien, avant de furtivement lui caresser la joue du dos de la main. Subitement, il reconnaissait l’odeur de cette femme, ce parfum entêtant, et des souvenirs moites lui envahirent l’esprit.

- Mais tout se négocie, cher Capitaine, souffla Darth Runà avec une voix langoureuse. Tout se négocie.

Elle se détourna de lui subitement tandis qu’un droïde lui présentait une coupe d’une boisson à bulles, d’un jaune électrique. Elle s’en saisit et s’éloigna vers le centre du hangar.

- Je compte bien que vous m’invitiez à danser ce soir, pour que l’on en discute, capitaine Hope ! lui lança-t-elle par-dessus son épaule avant de disparaître entre les convives.

Le hapien se mordit la langue, raide.




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Le Chant de Melantha

Combien d’autres se souviendraient également ?







A sa grande surprise, Rishna s’était décalé d’un pas railleur pour accéder à sa requête. Dana en profita pour s’engouffrer dans l’ouverture créée et mettre le plus de distance entre elle et le Seigneur Sith. Ses entrailles lui brûlaient désagréablement tandis qu’une foule de souvenirs hideux tentaient d’émerger de son esprit catastrophé. Un tel regroupement dans l’armée impériale, elle aurait dû s’attendre à ce que des fantômes de l’Etat-Major ressurgissent comme par magie, même des années après. Rishna s’était sans doute souvenu d’elle; combien d’autres se souviendraient également ? Les visages se décomposaient dans une masse floue autour d’elle et la musique n’était déjà plus qu’un tintement inconfortable à ses oreilles bourdonnantes. Elle se frayait un chemin dans la petite foule, en direction du point où elle avait pensé apercevoir Lloyd Hope.

Mais tout se figea brutalement avec l’arrivée de l’une des figures les plus redoutées dans l’Empire. Les mouvements cessèrent et chacun avait retenu un souffle précautionneux dans sa poitrine. Autour d’elle, quelques personnes avaient même jeté un genou au sol pour mieux accueillir le Castellan Noir dont la peau écarlate luisait sous les puissants projecteurs. Dana recula doucement et prit la direction opposé, les dents serrées de colère.

Après quelques minutes d’errance visant à s’éloigner des figures indésirables ou détestables, elle fut retenue par la présence du Major Arboghast qui avait terminé ses interminables ronds de jambes auprès des diverses personnalités. Tiré à quatre épingle dans son uniforme cérémoniel noir et sans couleur, il s’était dressé sur sa route avec la ferme intention de la confronter.

- Inquisitrice Shar, l’interpella-t-il.

Et elle s’était immobilisée pour lui faire face, rutilante sous les lumières du hangar, les yeux grands ouverts comme un animal qui tentait de trouver une issue pour regagner sa tanière. Les lueurs crues jetaient des couleurs pâles dans sa chevelure de jais, et sur la peau dénudée de ses épaules étroites.

- Je n’ai pas le temps, Major, se força-t-elle à dire.
- Je tenais simplement à vous prévenir.
- De quoi ?

L’agacement avait claqué dans sa voix et il marqua un silence pour mieux la contempler, se pinçant les lèvres, réfléchissant à ce que, peut-être, il devrait garder certaines choses pour lui. Mais la peau de l’Inquisitrice semblait palpiter et on pouvait voir, à défaut de sentir, une chaleur douce en irradier. Il quitta ses airs songeurs pour reprendre :

- L’ancien commandant des Lames Rouges d’Axxila est présent ce soir.
- Un grand ami à Laduim, grogna-t-elle, peu ravie d’apprendre la nouvelle.
- Quitterez-vous Melantha également ? Avec le départ du Capitaine Hope, je veux dire.
- La décision ne me revient pas.
- Et si elle vous revenait ? Insista-t-il en avalant d’un pas la distance qui les séparait et elle crut étouffer. Les discussions des convives, quelques rires, les notes de musique, s’entremêlaient de façon irrégulière et tambourinaient à ses oreilles.
- Qu’est-ce que vous voulez m’entendre dire, Major ? Que je quitterai. Evidemment que je quitterai, je suivrai le Capitaine. Vous êtes content de l’apprendre. Ou peut-être que vous souhaitez davantage de détails ?

Quelque chose n’allait soudainement pas. Elle venait de le sentir à travers la Force, comme le fil qui figurait Lloyd s’était étrangement métamorphosé. C’était semblable à une intuition, un sentiment palpable mais sur lequel mettre des mots concrets devenait compliquer. Elle se mit à ignorer Arboghast pour mieux se concentrer, laisser la Force fuir son corps pour se répandre à travers la masse. Et elle ne percuta que l’Obscurité et l’onde lui revint, avec la signature invisible de Darth Runà. Un frisson glissa le long de son échine et sans écouter la réponse du Major, s’éloigna.

Elle refusa deux fois des verres proposés par les droïdes protocolaires qui sillonnaient le parterre d’invités. A la troisième sollicitation, elle accepta finalement, se servant un verre d’alcool pétillant dont elle ne connaissait pas le nom et dont la teinte ambrée de lui disait rien qui vaille, mais il allait lui falloir du courage pour affronter ce qui venait à elle, foulant le sol du hangar avec une légèreté élégante et froide. La Miraluka fendait les âmes présentes comme le tranchant d’une lame pénétrait du beurre, avec aisance. Son aura glaça Dana avant même qu’elles ne soient séparées par un petit mètre. Et l’élève faisait face au Maître, le rouge de sa robe insolente contrastant avec le blanc immaculée que portait l’autre Inquisitrice.

- Bonjour Maître, souffla Shar.
-Tu es repérable à des parsecs à la ronde, chère apprentie, s’amusa Runà. Tu devrais mieux contrôler ta Force, mieux la dissimuler; tu es trop aisément identifiable et atteignable; dans une foule comme celle-ci, c’est impardonnable.
- J’ai de quoi craindre pour ma vie ce soir ? Je ne pense pas.
- Tu devrais penser, justement. Comme tu as pu le constater les renégats sont partout. Cela ne m’étonnerait pas qu’un petit téméraire tente l’impossible avec la présence du Castellan, ou s’il se débine, ne se tourne vers une cible plus aisée, comme une petite Inquisitrice imprudente qui ne dissimule pas sa Force.
- Bref, coupa court la Ch’hodienne. Je me suis faite humiliée par Kedrod à cause de vos fichus ordres, c’est l’image que je suis censée renvoyer, vraiment ?

Runà ne pouvait pas la voir, évidemment, mais elle savait sonder suffisamment l’invisible pour deviner les contours sulfureux de son apprentie et un sourire étrange déforma ses lèvres fines.

- Et je vous signale que je vous ai également senti, Maître.
- Parce que je ne cherchais pas à me cacher de toi, tu devrais le soir. La robe est parfaite. Je sens l’odeur du Seigneur Rishna. Il t’a approché déjà. Et je suis certaine que Darth Laduim est curieux de découvrir la nouvelle conquête de son apprenti. Une Inquisitrice Sith, c’est tout de même une meilleure publicité qu’une esclave twi’lek, n’est-ce pas ? Et si tu ne fais pas d’effort, je crains qu’il ne te repère trop vite.
- Je ne le crains pas, affirma-t-elle, une lueur brutale illuminant brusquement son regard doré.
- Fais. Un. Effort. Lui ordonna la miraluka.

Dana prit une grande inspiration, chassant son agacement et se focalisa sur la Force, la rassemblant autour d’elle, la rappelant en elle. Elle tenta de colmater toutes les brèches par lesquelles la Force s’échappait de son être et lui sembla que c’était une tâche impossible à réaliser. A peine réussissait-elle à referme une faille fuyante, qu’une autre s’ouvrait. Face à l’expression déçue de Runà, elle esquissa un nouvel essai; laissant progressivement le bruit des festivités s’estomper au profit du son de sa propre Force.

-Inutile, murmura son maître, sèchement. Seigneur Laduim.

Elle avait salué le Castellan à voix haute, s’inclinant avec respect tandis que l’ombre du Twi’lek s’était étendu dans le dos de Dana et qu’il la contourna, l’écrasant de sa présence sombre pour se placer à ses côtés et faire face à sa principale interlocutrice dont les traits étaient redevenus élégants et calmes. Shar avait brillé comme un phare dans la nuit, incapable de dissimuler sa présence.

- Seigneur Runà, renvoya-t-il avant de détourner son attention vers l’élève qui se bornait à regarder devant elle.

Puisque le silence devenait pesant, presque menaçant. Dana se força à articuler :

- Seigneur Laduim.
- L’Inquisitrice du Melantha. Loin d’égaler son maître, encore.
- Vous me flattez, Votre Excellence, sourit Runà. Mais Shar Dana est un investissement précieux pour l’Inquisition. Ses dons dans la Force sont grands. N’est-il pas inscrit, dans tout destin, que les élèves surpasseront les maîtres ? Après tout, nous avons bien surpassés les nôtres.

Et cette dernière interrogation philosophique résonnait comme un avertissement. Surpasser étant un euphémisme pour ne pas évoquer explicitement le meurtre.

- Seuls les Siths méritants obtiennent ce privilège, admit sobrement le Twi’lek, sans quitter l’héritière des yeux, comme s’il sondait au-delà de son apparence et elle trouva cette inspection très désagréable parce qu’elle ressentait le regard de Laduim jusque dans ses os.
- Le Melantha ne pouvait espérer Inquisitrice plus adaptée pour sa sécurité. Mais je doute que Votre Excellence ai eu le temps de lire les derniers rapports sur…
- Je les ai lus, la coupa-t-il avec un rictus.
Oh, fit-elle, faussement surprise. Dana, laisse-nous.

Soulagement. Aussi raide qu’un automate, elle inclina la tête pour les saluer et recula d’un pas, s’attendant à ce que Laduim la retienne d’un moment à l’autre, mais il n’en fit rien et elle put s’éloigner afin de les laisser discuter. Et ce fut comme respirer un nouvel oxygène; la tension était retombée si brutalement que c’en fut douloureux. Elle plaqua une main sur son ventre noué par l’angoisse et prit le temps de respirer normalement, d’attendre que les nausées et les vertiges passent. Il y avait trop de monde, trop de bruits, trop de personnes hostiles pouvant surgir à tout moment. Elle avait besoin de trouver Lloyd. D'un geste déterminé, elle porta son verre d'alcool à ses lèvres et en avala la moitié d'une traite.







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Le Chant de Melantha


Combien vaut-elle pour vous ?




La main du hapien se posa subitement sur le verre pour empêcher Dana d’avaler davantage.

- Doucement, chuchota-t-il en se penchant pour qu’elle fut la seule à entendre, tout en jetant autour de lui des regards courroucés. Trop de risques, ici. N’en rajoute pas.

Il avait beau se tenir près d’elle, dans une posture qui rappelait vaguement un prédateur au-dessus de sa proie captive, il était toujours pétrifié par une colère silencieuse. Il toisa le duo formé par leurs maîtres à quelques pas de là, et comme s’ils l’avaient senti, Darth Runà et Darth Laduim eurent aussi une œillade dans leur direction. Il semblait à Lloyd qu’eux quatre seuls avaient conscience de ce qui pouvait se briser ici, au cours de cette cérémonie. Le Seigneur Rishna se pavanait un peu plus loin, faisant des courbettes à une femme officier gênée.

- Tiens-toi prête, murmura-t-il encore. Je m’attends à devoir fuir si ça tourne mal.

Il baissa les yeux, lut la contrariété dans le regard de l’Inquisitrice. Parce que ce plan-là ne l’enchantait guère, ou bien parce qu’il avait eu l’impudence de la sermonner ? Il pinça les lèvres. Ici, devant tout ce monde, il ne pouvait pas la prendre dans ses bras ou faire tout autre chose avec elle qui divulguerait leur point faible commun. Il fallait espérer qu’elle comprît cela. Le temps d’une fraction de seconde, une expression plus peinée traversa son regard.

- Attends-toi à être enlevée, du coup.

Le capitaine s’écarta vivement d’elle pour aller rejoindre un groupe de personnes enjouées qui l’appelaient.










- Voilà que je rencontre donc en chair et en os celle qui réussit à instrumenter mon prometteur apprenti, disait Darth Laduim qui dépassait Darth Runà d’au moins deux têtes, abaissant sur elle un regard suffisant, que la miraluka faisait mine de ne pouvoir deviner à cause de son absence de globe oculaire.
- Vous parlez de Dana Shar ou de moi-même ? dit-elle sur un ton taquin.
- Je vous le demande précisément.

La miraluka avait saisi une boisson sur un plateau et elle trempa les lèvres dans un liquide jaune pétillant.

- Et je ne vous répondrai pas précisément, vous le savez bien, fit-elle après avoir laissé quelques secondes s’écouler.

Le Castellan acquiesça avec un soupir. Il détacha son regard de la miraluka pour observer le ballet des convives qui serraient des mains, contemplaient les troupes, trinquaient joyeusement – un engouement un brin artificiel.

- Vous pouvez au moins me dire si c’est vous qui l’avez choisi.
- Non. Je ne connaissais même pas son existence avant de découvrir l’obsession de Dana pour lui. Et même après l’avoir découvert, j’ai longtemps cru qu’il n’était qu’un pion parmi les autres, qu’elle aurait tôt fait d’oublier.

Darth Laduim acquiesça avec gravité.

- C’est opportuniste.
- C’était opportun, corrigea Runà, dont la voix s’était quelque peu durcie.
- Bref, balaya-t-il d’un revers de la main évasif, vous souhaitez certainement tirer parti de cette situation et moi également. Combien vaut-elle pour vous ?

Si une grimace déforma les lèvres de la miraluka, cela passa si vite sur son visage qu’on eût cru avoir rêvé.

- Mon apprentie n’est pas à vendre, votre Excellence.
- Je ne parlais pas de crédits, évidemment.
- Même.
- Que suggérez-vous, alors ? Vous savez que je veux la conserver. Vivante et contrôlée.
- J’ai sur elle des moyens de contrôle que vous ne pourrez jamais posséder. Si vous voulez faire pression sur votre apprenti… Vous n’aurez qu’à me le demander en temps et en heure, et je vous donnerai mon prix en échange, ponctuellement.

Darth Laduim siffla de dépit entre ses dents. A ce moment, un officier aux cheveux grisonnants s’approcha avec force de courbettes, mais le twi’lek le renvoya d’un bref geste négligent. L’officier repartit les épaules basses.

- Je n’aime pas les intermédiaires, décréta-t-il froidement. Cela me fait perdre mon temps, et ne m’offre aucune garantie d’avoir ce que je désire quand je le désire.
- Je comprends, répondit Runà prudemment. Mais Dana m’est trop précieuse pour vous en laisser l’absolu contrôle. En revanche, je pourrais… éventuellement vous la prêter à intervalles réguliers.

Une étincelle d’intérêt s’alluma dans le regard du Castellan.

- Développez, je vous prie.
- Hé bien, nos deux tourtereaux ne seront que plus manipulables s’ils ne sont pas à volonté l’un avec l’autre, voyez-vous. Leur passion risquerait de s’émousser. Pire ; à force d’être ensemble, ils pourraient concevoir des plans d’autonomie prématurés. Nous avons tout intérêt à les occuper fortement pour qu’ils ne puissent faire cela. Dana a de toute façon beaucoup de travail sur de nombreux bâtiments militaires. Je peux l’envoyer sur un certain nombre de missions et… Mettons, une fois sur quatre, une mission sur laquelle vous avez le contrôle. Sur laquelle vous pourrez décider ou non d’y mêler Lloyd Hope.
- En somme, une mission sur quatre est ordonnée par mes soins.
- C’est exactement cela. Toute mission d’inquisition, d’infiltration, d’interrogatoire peut lui être confiée. Dana a des lacunes, mais elle est polyvalente. Elle peut aussi être utilisée à des fins récréatives.
- Oh, cela, je le sais.
- Parait-il.
- Il va nous falloir évoquer de nouveau la question du prix.
- Le prix à payer est simple : je veux davantage de soldats directement à ma solde dans vos rangs, Darth Laduim.
- Nous parlons de combien de tête.
- Une bonne vingtaine, au moins. En particulier dans la Vème flotte.

Le twi’lek s’humecta les lèvres. Il semblait peser le pour et le contre.

- Accordé. Je vous transmettrai les noms. Ils obéiront officiellement pour le compte des Renseignements.

D’un trait, Darth Runà vida le contenu de son verre au moment où une musique solennelle prenait fin. Une autre, plus enjouée, débuta.

- Ah ! Parfait. Ravie de faire des affaires avec vous, Darth Laduim. Et en ce cas, vous ne m’en voudrez pas d’aller m’amuser, votre Excellence ?
- Certainement pas.

La miraluka parut s’envoler, le pied léger, quand elle se hâta à travers les convives. Déjà, des couples se formaient pour danser de façon très convenue. On exécutait d’élégantes danses de salon, rien de très frivole pour une soirée aussi solennelle, mais Darth Runà avait saisi l’occasion pour fendre la foule en tenant un pan de sa robe élégante et se précipiter sur Lloyd.

- Ah ! La première danse du commandant, je l’exige ! claironna-t-elle d’une voix cristalline.

Sur son passage, les officiers s’étaient retournés pour admirer la beauté de la miraluka, et l’un d’entre eux ne manqua pas d’avoir pour le hapien une œillade entendue – du type, « une occasion comme cela, ça ne se rate pas ». Mais Lloyd restait le visage fermé et les dents serrées.

- Là, tout de suite. Vraiment ? interrogea-t-il avec froideur quand elle l’arracha au groupe de personnes qu’il écoutait poliment.
- Vous vouliez que je sois transparente avec vous, non ? rétorqua-t-elle avec autorité à voix basse, et le hapien se laissa emmener.

Elle l’attira plus près de l’orchestre, pour que le son des instruments couvrît correctement leur conversation. Puis la miraluka se pendit au cou du hapien. Lloyd se raidit, mais accepta la proximité sans broncher. Darth Runà rapprocha son visage du col de l’officier, sembla humer un instant les fragrances qui émanaient de sa peau rendue brûlante par l’embarras et la colère.

- Vous portez encore son odeur, lui chuchota-t-elle à l’oreille en se hissant sur la pointe des pieds.

Lloyd ne répondit pas tout de suite. Il s’efforça d’imiter ses voisins danseurs avec un embarras évident.

- Tant mieux, grommela-t-il au bout d’un moment. Venons-en au fait. Quel marché avez-vous passé avec lui ?
- Hé ! s’offusqua-t-elle faussement avec un sourire. Vous manquez cruellement de délicatesse. Pourquoi croire que j’ai comploté avec votre maître ? D’autant plus que c’est plutôt moi qui suis en position de vous demander des choses, vous ne trouvez pas ?

Lloyd grogna.

- Mes rapports sanguins n’ont plus grande valeur maintenant que je vais quitter cette frégate. Et si vous comptez faire pression sur moi en utilisant Dana, je vous ferai vite passer cette envie.
- Oh, vraiment ? Et comment, je vous prie ?

Cette fois, le hapien baissa son visage vers le faciès voilé de la miraluka. Le hangar décoré tournoya autour d’eux quand ils pivotèrent dans un pas de danse. Il aurait voulu la regarder dans les yeux, mais c’était impossible. Leur rapprochement physique et la Force les connectaient cependant suffisamment pour qu’elle sût qu’il parlait vrai. Il se pencha pour chuchoter à son oreille et Darth Runà se raidit. L’instant suivant, elle s’écartait de lui, furieuse. Elle le toisa, raide, au milieu des autres couples qui dansaient.

- Vous n’avez pas fait ça.
- Si, je l’ai fait. J’en ai eu tout le temps et le loisir ; Dana a beaucoup fréquenté le centre médical de Melantha, ce qui a été fort pratique et a permis plusieurs coups d’essai. Ce qui n’a pas été inutile puisque les premières tentatives ont été infructueuses à cause de vos prescriptions qu’il a fallu substituer.
- Mais elle…

Darth Runà s’interrompit en jetant des coups d’œil autour d’elle, consciente soudain que si elle en disait davantage, elle risquait de dévoiler la teneur de leur conversation à des oreilles indiscrètes. Alors elle reprit contenance, sourit de nouveau comme si rien ne s’était produit. Elle se rapprocha du hapien pour se remettre entre ses mains de danseur maladroit.

- Je vois. Un drôle de mouvement. Mais je comprends pourquoi Darth Laduim vous trouve judicieux malgré votre lâcheté. Mais si Dana apprend ce que vous avez fait, elle ne vous le pardonnera peut-être pas.
- Nous verrons.
- Sachez en tout cas que mes échanges avec le Castellan n’ont conduit à aucun acte concret, et que j’ai pour Dana des plans de carrière que votre misérable possession ne pourra pas empêcher.
- Je n’en doute pas. Mais pour le moment, nous voulons tous les deux qu’elle reste concentrée sur sa tâche principale, à savoir me surveiller de près, n’est-ce pas ?

Darth Runà eut un soupir bref en guise d’assentiment, avant de poser sa tempe contre l’épaule du blond comme s’ils étaient un couple en pleine réconciliation. Il leva les yeux au ciel, en espérant que la fin du morceau se profilât bientôt.

- Bon. Contenu de l’échange ?
- Je peux seulement vous dire qu’il veut toujours faire pression sur vous, Capitaine. Mais rassurez-vous, j’ai eu la sagesse de gagner du temps. De lui faire miroiter peut-être des choses dans le futur. Je serai obligée de m’y plier. A moins bien sûr que vous n’offriez davantage que lui.

Lloyd serra les dents.

- C’est-à-dire ?
- Des renseignements. Vous saurez lesquels en temps voulu, et j’adapterai mon prix en fonction de ce que vous demandez.

Le hapien déglutit. Devant ses yeux passaient des danseurs que l’alcool aidait à se désinhiber, mais il semblait ne pas les voir.

- Ce que vous me demandez est proche de la trahison, murmura-t-il à voix très basse.
- En ce cas, je crains qu’il y ait beaucoup de traîtres dans l’armée, Capitaine.

Elle eut un soupir de contentement en se laissant aller contre lui.

- Vous êtes si naïf, Capitaine. Mais c'est ce qui m'a plu je crois. Comment vous avez si gentiment obéi.

Le hapien se sépara brutalement d'elle, sans mot dire, pour s'éloigner d'un pas raide. Darth Runà avait un sourire amusé en se tournant vers un autre officier qu'elle désigna pour prendre la place de Lloyd Hope.



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Le Chant de Melantha

C’était un nouveau chant de guerre.







Lloyd s’en était allé. Dana avait réfléchi avant de porter la flûte étincelantes à ses lèvres sublimées de rouge, pour terminer son alcool cul-sec - en dépit des recommandations raisonnables du capitaine. Elle déposa sèchement la coupe vide au sommet d’un droïde protocolaire et fendit la foule compacte quand les premières notes d’une valse entraînante résonnaient. Sa tête tournait et le breuvage alcoolisé n’y était pour rien. C’était tout ce bruit, toutes ces voix et ces visages inconnus, c’était savoir Runà et Laduim près d’elle, près d’eux. Tout lui paraissait minuscule et les murs du hangar se rapprochaient impitoyablement. Elle crut suffoquer. Sa robe lui parut trop serrée, compressant désagréablement sa poitrine.

Elle avait soigneusement évité les regards insistants qui l’invitaient à danser, sans oser. Et sous un rayon de lumière, baignée par le halo d’un projecteur puissant, elle s’immobilisa car ses yeux avaient capté Darth Runà danser avec un officier blond dont l’uniforme impeccable rutilait malgré sa noirceur. Son esprit se fracassa en milliers de morceaux devant cette vision d’horreur qui la transporta à un autre soir, dans un manoir lugubre, face à une chambre au lit défait. Elle ne vit pas l’ombre du Castellan Noir la recouvrir et absorbée la lumière dont elle était abreuvée. Les lekkus écarlates du Sith se balancèrent doucement alors qu’il secouait la tête, un rictus imperceptible aux lèvres.

- Le plus faible se plie à la loi du plus fort, c’est ainsi que les Siths sont, commenta-t-il alors que Runà enlaçait son apprenti.

Dana aurait souhaité mourir. Elle n’avait tout simplement plus les mots, réduite au silence par son impuissance et sa colère. A peine eut-elle compris comment reformuler des mots, s’apprêtant à répondre que la danse prenait fin et que la lueur crue du projecteur l’auréolait de nouveau.







La marche brutale du capitaine s’arrêta net quand la silhouette d’une certaine Inquisitrice se dressa devant lui. Si soudainement qu’il faillit la percuter, elle réussit à reculer au bon moment. Runà et Laduim s’étaient de nouveau perdus dans la foule Hangar, mais elle pressentait qu’ils pourraient surgir à tout moment.

- Je devais chanter Melantha, dit-elle d’une voix brisée. Mais ça n’a plus d’importance, tu seras plus commandant, tu…

Elle baissa d’un ton alors qu’un groupe d’officiers les frôlaient.

- Après tout ça, tu peux m’enlever. On prendra la direction que tu veux, avec le Sans-Visage. Pour faire le sale boulot. On restera impériaux, on…

Un silence brutal s’abattit sur la cérémonie dès que l’orchestre cessa brusquement de jouer. Il mit fin à la phrase de Dana. La scène montée pour l’occasion s’était éclairée d’un coup; une scène vide, qui attendait quelqu’un. C’étaient les ordres. Elle baissa les yeux, un peu honteuse.

- Non rien, oublie. Je dois y aller.

D’un pas raide, elle le contourna et visa l’estrade sur laquelle elle grimpa avec l’aisance d’un automate. Une fois que sa silhouette se dressa à cette hauteur, tous les yeux se tournèrent vers elle et elle oublia les précautions d’usage. Ne jamais regarder le premier rang. Mais elle regarda et aperçut Darth Runà aux côtés du Castellan, lui-même aux côtés de Rishna qui avait près de lui le Major Arboghast et sa mine contrite. Cette fois, ce n’était pas un projecteur, mais trois qui se braquaient sur ses courbes sulfureuses, enflammant sa robe carmin, irisant sa peau. La Miraluka semblait particulièrement fière et satisfaite. Elle s’était penchée à l’oreille de Laduim avec un sourire énigmatique et il avait semblé approuvé ses mots indiscernables. Elle chercha Lloyd Hope, mais les premières notes de Melantha s’élevèrent dans son dos ce qui la poussa à se tourner brutalement vers l’orchestre.

- Non. Non, pas celle-la.

Il eut des murmures dans les premiers rangs qui l’avaient entendue. Les musiciens haussèrent les sourcils pour exprimer leur étonnement mais obéirent, patientant pour d’autres instructions. Runà avait perdu son sourire pour la fixer froidement et Dana réprima le frisson qui courait le long de son échine. Elle était prête à chanter, à se prostituer comme le disait si élégamment la Miraluka. A condition de garder la main sur certaines choses. Runà n’avait pas d’yeux pour la transpercer du regard, mais elle sentait la Force de la Sith se ficher dans sa chair.

Le silence devenait accablant. Et elle avait besoin de ce vide sonore puisque sa rébellion lui valait un chant à capella.

- Ce chant, expliqua-t-elle bien fort pour que sa voix porte. Est pour tous les soldats de l’Empire qui ne sont jamais revenus auprès de Melantha. Qui n’ont jamais revu Melantha. Qui ont déjà dit au revoir à Melantha alors que…c’était en réalité un adieu.

Elle se détourna encore vers l’orchestre pour consulter leur culture du chant militaire. Ils se consultèrent du regard et hochèrent la tête. Le début d’une mélodie vibra dans l’air. Les mains moites de Dana attrapèrent le métal froid du microphone avant de verrouiller son regard le plus loin possible, vers l’ombre. Ses lèvres se séparèrent et les premiers mots chanter résonnèrent avec incertitude, pour qu’au fur et à mesure que les notes s’emballaient, le son de sa mélodie s’envole jusqu’aux coeurs battants des soldats. Et alors que sa voix devenait furieuse, elle défit ses cheveux, brisant la structure si obéissante de son chignon, laissant ses boucles de jais dévaler ses épaules étroites. Dana Shar avait toujours eu le sens du spectacle. Jusqu’à la dernière note, elle prostitua son coeur à la seule âme qui avait possédé la sienne. C’était un nouveau chant de guerre.

Un matin…je me suis réveillé
Et j’ai vu l’ennemi avancer,


Au revoir Melantha.

Ô officier, emporte-moi.
Car je me sens prêt à mourir.

Et si je meurs en pleine bataille
Tu devras prendre en main mon fusil,

Au revoir Melatnha

Et si je meurs par loyauté,
Tu devras dans le sable creuser
Pour m’enterrer près du lac.
A l’ombre d’un grand arbre.

Au revoir Melantha.

Et tous les gens qui passeront
« Quel bel arbre », ils diront.

Au revoir Melantha.

« Et c’est l’arbre d’un officier.
Mort par loyauté. »







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Lloyd Hope
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Le Chant de Melantha


Il lui semblait que l’une de ses mains était encore mouillée de la pluie, écorchée des petits grains tranchants qui se fichaient dans la peau pourtant endurcie de ses doigts.




Il était resté engourdi. La voix de Dana Shar découpait ses entrailles vides. Le sable. Enterrer dans le sable. Il lui semblait que l’une de ses mains était encore mouillée de la pluie, écorchée des petits grains tranchants qui se fichaient dans la peau pourtant endurcie de ses doigts.

Au revoir, Melantha.

Est-ce qu’elles s’appelaient comme ça ?

Bien après que le chant se fut interrompu, Lloyd Hope était resté figé, les yeux levés vers cette estrade où la splendide Inquisitrice se tenait toujours, au milieu des applaudissements qui crépitaient férocement. La voix de Dana Shar les ensorcelait tous, ainsi que ses cheveux, sa magnifique robe longue, ses yeux dorés qui reflétaient les lueurs chaudes des projecteurs.

- Mon Capitaine.

Lloyd Hope arracha à regret son regard pétrifié de la silhouette de l’Inquisitrice pour croiser celui, interdit et rouge, du lieutenant Subol. Le duros avait beau être peu expressif, son front était cette fois étrangement froissé.

- Les inspecteurs de l’Etat-Major voudraient vous parler, mais… Hum. Votre verre.

Le hapien baissa les yeux sur la coupe qu’on lui avait mise entre les doigts quelques minutes plus tôt. Il n'en restait rien. A la place, sa main était refermée sur du verre brisé, et son poing fermé dégoulinait de sang et de boisson mousseuse. Il resta figé à contempler ce qu’il avait fait sans s’en rendre compte.

- Dites-leur de questionner le lieutenant Narih, s’entendit-il répondre d’une voix absente. Je lui ai donné toutes les informations pour qu’elle puisse organiser la passation de consignes avec le nouveau commandant du mieux qu’elle pourrait.

Il entrouvrit les doigts et quelques morceaux de verre tombèrent à ses pieds, sous les yeux intrigués du lieutenant Subol.

- Mmh-mmh. Bien. Je ferai ainsi. Bon courage, mon Capitaine. Je veux dire… A votre service, Commandant.

Lloyd releva les yeux parce qu’il ne saisissait pas vraiment la nuance, mais le duros avait déjà tourné les talons pour s’occuper de deux humains âgés en uniforme. Autour de lui, de toute façon, personne n’avait remarqué sa maladresse. Tous les regards étaient toujours portés vers la scène, plus encore maintenant que Darth Laduim en avait lentement gravi les marches pour passer derrière Dana Shar. Lloyd se tendit quand il vit la main rouge sang se poser sur l’épaule de l’Inquisitrice.

- Magnifique, magnifique, gronda fièrement la voix gutturale de Darth Laduim, faisant taire les applaudissements. Une voix mélancolique pour un au revoir, cela sied parfaitement à la fin du commandement de Lloyd Hope.

Il y eut quelques applaudissements timides. Le hapien resta interdit, se contentant de mettre ses mains dans son dos en espérant à peu près dissimuler qu’il avait une main ensanglantée. Mais personne ne parut remarquer grand-chose.

- Pour cette inauguration, je dois remercier également l’Inquisition à travers la personne de Dana Shar, annonça Laduim avec un air paternel, sans lâcher l’épaule de l’Inquisitrice, qu’il tenait fermement, qui a investi beaucoup de sa personne pour épurer les rangs de cette frégate. Elle aura encore beaucoup à faire ici, sous l’égide d’un nouveau commandement.

Il parut au hapien que ses organes venaient subitement de réapparaître dans son corps après une absence incongrue. L’air lui manqua, ses entrailles pesaient lourd. Mais il resta pétrifié, les yeux fixant toujours les doigts plantés dans l’épaule de l’Inquisitrice, prêt à bondir s’il allait plus loin. Darth Laduim, justement, le regardait en retour, comme s’il savait parfaitement que par ce geste, il suspendait la respiration de son apprenti.

- Non.

Le mot était tombé de ses lèvres et avant qu’il se rendît compte qu’il l’avait prononcé à haute voix, les regards le fixaient déjà de nouveau. La face du Castellan s’étira d’un sourire. L’orchestre se tenait coi, incertain.

- J’ai bien peur que si, Capitaine Hope, rétorqua Laduim. Ne faites pas attention, il a toujours eu… Un peu de retard pour comprendre les choses à la portée des autres.

Il y eut quelques rires étouffés, quelques éclats hypocrites, mais le hapien y resta insensible. Il était resté bloqué sur cette annonce : Dana Shar était affectée à Melantha, quand on lui demandait de la quitter. Ce n’était pas possible. A l’intérieur de sa tête, un garçon affolé s’agrippa au plan qu’ils avaient évoqué, faisant crisser ses ongles contre l’intérieur de son crâne. Il l’enlèverait, voilà tout. Il y avait toujours une solution, lorsque l’on était Sith. Mais il était blême, et on jetait vers lui des regards curieux. D’aucuns avaient même été là à sa prise de fonctions. Evidemment, ils interprétaient son attitude comme la déception de perdre le commandement d’un si beau bâtiment. Mais on s’intéressa rapidement à la suite du discours du Castellan.

- Mes biens chers amis, cette soirée a pour but d’inaugurer cette magnifique frégate. Avec un tout nouvel équipage, une équipe de commandement déjà échaudée dans une bataille d’où ils sont revenus victorieux, ce vaisseau est capable de transporter des centaines de troupes, avec une puissance de feu tout ce qu’il y a de plus moderne, reflétant les capacités de l’Empire !

Les applaudissements se firent entendre. On trinqua. Ici, chacun trouvait un petit peu de fierté à se trouver ici, dans l’une des dernières productions des chantiers navals impériaux, avec cette impression de participer à un instant historique.

- Il ne fait aucun doute que cette frégate fera parler d’elle au cours de belles batailles. Et pour cela, rien de tel qu’un seigneur Sith pour s’emparer des courbes de Melantha, annonça Laduim, et sa main avait glissé de l’épaule de Dana pour en saisir le cou. Pour dompter ses ardeurs, pour mater sa fougue, et la diriger contre nos ennemis.
- NON !

La voix de Lloyd avait tranché dans le silence obséquieux du hall.

- Encore une fois, j’ai bien peur que si, Capitaine Hope, fit le Castellan dont le ton s’était durci. Seul un Seigneur Sith peut nous assurer la victoire sur ce navire. Et ce Seigneur Sith sera… Le Seigneur Rishna.

Le cri de rage de Lloyd se noya dans le tonnerre d’applaudissements qui retentit. Les silhouettes s’étaient toutes tendues, les regards se ruaient vers l’estrade comme on essayait d’ignorer le hapien – ne pas croiser son regard, on ne croisait jamais le regard d’un Sith contrarié, qu’il fut ou non Seigneur.
Pendant ce temps, Rishna lui fendait la foule, le torse bombé, pour rejoindre l’estrade.

Voir ce dernier frôler Dana Shar en rejoignant la scène fut de trop. Le hapien n’entendit pas les cris de protestation de Narih, lui disant qu’il allait se faire tuer, ni les mains de Graymes et d’Arboghast qui tentèrent de le retenir. Il s’arracha à la foule pour suivre Rishna, qui le regarda, étonné, gravir à son tour les marches, rouge d’une colère qui faisait trembler ses membres. Mais avant qu’il ne put faire un geste, Darth Laduim lui-même s’interposa. Il attrapa le hapien à la gorge, et il s’en suivit une lutte silencieuse d’une poignée de secondes. La respiration coupée, les projecteurs qui noyaient sa vision, Lloyd n’avait plus qu’une seule chose en tête, mais la voix du Castellan était plus forte. Avec le contact de sa main entourant sa gorge, il entendit les mots à l’intérieur de sa tête sans même savoir si Laduim les avait réellement prononcés.

Seul un Seigneur, Lloyd. Dana Shar et Melantha sont à lui, désormais. Sauf si tu es un Seigneur. En es-tu un, Lloyd Hope ?

Il ne parvenait pas à répondre. Ses membres s’étaient engourdis tandis qu’il essayait de s’arracher à l’emprise tant physique que psychique de son maître, sous les regards d’un public qui retenait son souffle. Ils ne voyaient pas ce qui se passait dans le silence, bien sûr, ils ne voyaient que la silhouette du hapien qui s’agitait avec rage, suspendue au bout du bras musculeux de Darth Laduim,

Tu peux peut-être en devenir un, Lloyd. Mon pauvre Lloyd… Mon cher apprenti… Il n’y a qu’un seul moyen.

Le champ de vision de Lloyd était en train de s’obscurcir, à cause du manque d’oxygène. Il crut entendre un cri de Dana Shar, retenue par Rishna en personne, et il se demanda si le twi’lek la retenait. Il savait ce qu’il lui restait à faire. Darth Laduim ne fit que confirmer ses certitudes absolues, sa volonté profonde.










Tue-le.










L’oxygène remplit ses poumons en même temps qu’il recouvrit la vue. Il s’effondra à terre, désorienté, car Darth Laduim l’avait lâché. Le Castellan s’écarta à peine, mimant l’étonnement, quand Lloyd s’élança, aveuglé par la rage. D’aucuns auraient pu croire qu’il avait tout simplement échappé au contrôle de son maître. Rishna n’eut pas le temps de sortir son sabre. Lloyd le percuta de tout son poids et ils basculèrent tous les deux au bas de l’estrade avec fracas. La foule recula avec des exclamations effrayées, se dispersant pour ne pas rester dans le chemin de cet affrontement de chiens enragés. Très vite, Rishna parvint à mobiliser le feu et son fouet laser, mais le hapien ignora la brûlure contre son torse et quand il restait contre le corps de son adversaire, Rishna ne pouvait pas prendre le risque de s’infliger à lui-même la morsure de son fouet. Il hurla de rage, utilisant la Force pour augmenter ses capacités, mais le côté obscur était massivement du côté du hapien enragé.

Lloyd Hope avait sorti une lame d’on-ne-savait-où. Pas un sabre laser, non, une fine lame émoussée, qui avait plus dû servir à bidouiller les circuits électriques d’un vaisseau qu’à tuer. Ou peut-être autant des deux. Il l’abattit avec des gestes frénétiques. La lame transperça la belle bure de Rishna et la peau en-dessous, lui arrachant des cris de douleur. Le twi’lek tenta de se redresser, parvint à rouler sur Hope qui était accroché à lui comme si sa main libre était dotée de griffes que le côté obscur insérait profondément dans sa chair. La lame ressortit, entra encore, et encore. Elle transperça le cou du twi’lek, puis un œil. Les cris de rage se muèrent en cris d’horreur, puis en gargouillis désordonnés. Rishna avait lâché son fouet, et le côté obscur ne lui obéissait plus : sa main de feu s’était éteinte au profit d’un désespoir que même les non-sensitifs avaient l’impression de ressentir. Lloyd Hope catalysait la Force pour la régurgiter dans ses gestes hystériques, écumant d’une rage qui arrachait à sa poitrine des râles barbares.

Il ne réalisa qu’au bout d’un long moment que le corps de Rishna, qui pesait lourd sur le sien, était complètement inerte. Il avait planté son couteau partout où il avait pu. Le cœur du twi’lek n’avait probablement pas pu encaisser le châtiment et avait lâché, épargnant le Seigneur Sith des souffrances supplémentaires qu’il aurait voulu lui infliger. Le sang giclé sur Lloyd, une flaque se formait autour d’eux et il avait vaguement conscience des regards horrifiés, atterrés.

Il repoussa le corps subitement pour se libérer de ce poids morbide. Il garda en main sa lame en se relevant, son uniforme souillé et brûlé par endroits. Ses yeux fouillèrent les alentours, désorienté, puis il trouva enfin ce qu’il cherchait : l’estrade, oui, à quelques pas de là. Darth Laduim y était toujours et il tenait Dana Shar par le bras, comme s’il avait dû la retenir.

- ELLE EST A MOI ! hurla Lloyd, et son cri lui brûla les entrailles, se répercuta en un écho sinistre dans le hall devenu silencieux.

Laduim lâcha le bras de l’Inquisitrice, et marcha lentement sur l’estrade dans la direction du hapien.

- ELLE EST A MOI ! hurla encore celui-ci, prêt à menacer son propre maître, qui avait levé les mains en signe d’apaisement.
- Oui, Lloyd, acquiesça le Castellan d’une voix posée, mais suffisamment forte pour que chacun pût entendre. Un Sith prouve qu’il est un Seigneur lorsqu’il… est capable d’abattre quelqu’un de ce même rang. Melantha est donc à toi.

Le hapien n’attaqua pas, mais il restait aux aguets, le souffle court, son regard furieux jeté autour de lui comme s’il s’était attendu à ce que quelqu’un se mît encore en travers de son chemin. Le Castellan baissa ses mains, se détournant de son apprenti pour mieux regarder la foule, laisser le temps à Lloyd de se reprendre.

- Le Seigneur Lloyd Hope, tonna la voix du Castellan, connu aussi sous le nom de Darth Omíros restera donc... le Loup de Melantha.

Cette fois, pas d’applaudissements. Personne n’osa bouger un cil. Le hapien eut le réflexe absurde d’essuyer sa lame sur sa veste souillée avant de la ranger, puis d’arranger son uniforme, comme s’il avait conscience qu’il fallait être bien habillé pour ce genre d’occasion.

A l’intérieur de sa tête, le petit garçon avait arrêté de gratter. C’était un soulagement. Il lui semblait que l’enfant boudeur se balançait pour se réconforter. C’était sa cérémonie, à lui. Dana Shar avait chanté pour lui. Elle était à lui. Rishna n’avait pas le droit, il n’avait pas le droit, il…

Lloyd tourna son regard égaré vers le public qui le contemplait avec hébétude. Les yeux se détournèrent du spectacle qu’il offrait. Seul un visage ne paraissait pas surpris. Un visage qui n’avait pas de regard.
Darth Runà lui souriait.



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Le Chant de Melantha

Le message était clair.







Au centre de l’estrade, la silhouette de Dana était figée. Son coeur battait à tout rompre. Les petits droïdes qui enregistraient l’évènement tournaient d’elle avec paresse. Ses grands yeux précieux ne quittaient pas Lloyd comme le reste de l’assemblée dont l’attention demeurait suspendue aux lèvres du nouveau commandant, comme s’il allait dire quelque chose d’important, qui expliquerait le massacre dont ils avaient été témoins. Mais le silence s’étirait, pesant sur l’atmosphère auparavant festive. Le premier geste vint de Runà qui fit un signe clair vers Kedrod dont la stature imposant se déplaça jusqu’au corps de Rishna. L’Inquisiteur souleva le cadavre entre ses bras puissants avant de prendre le chemin des navettes. Laduim avait pratiquement signé l’arrêt de mort du Sith. Il avait ordonné à son molosse d’exécuter. Les rumeurs étaient restées vraies; même s’il venait d’être introduit Seigneur, Hope demeurait un chien à la solde du Castellan Noir. Sitôt le corps de Rishna évacué, la large carrure de Laduim s’ébroua et ce fut comme un signal : la fête reprenait. Le nouveau commandant avait été annoncé. Lloyd Hope reprenait ses fonctions à la tête de Melantha, désormais honorée d’un titre plus grand. Et toutes les âmes présentes étaient glacées, gardant dans un coin de leur tête, la sauvagerie dont l’officier Sith était capable.

Et Shar aurait souhaité parlé, atteindre Lloyd à travers tous ces regards, tous ces non-dits. Elle aurait voulu lui hurlé dessus. Pourquoi ? Pourquoi avait-il pris tant de risques ? Pourquoi avait-il donné raison à leur maître respectif ? Elle quitta l’estrada d’un pas preste, ignorant les empreintes brûlantes que les poignes de Risha et Laduim avait imprimé sur son derme; bien qu’elles étaient invisibles et indolores, elle les ressentait au plus profond de son âme et le Côté Obscur les amplifiait pour mieux souiller son esprit d’une poix désagréable.






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On buvait maintenant à la santé du Commandant-Seigneur Hope. Les coupes se levèrent et les droïdes protocolaires ne cessaient d’en remplir. Petit à petit l’alcool avait effacé l’horreur chez les moins raisonnables. Mais d’autres, comme les membres de l’équipe de commandement avaient gardé la tête froide et buvaient raisonnablement ou ne buvaient pas. Il avait été convenu que le reste de la soirée se poursuive au mess des officiers où les tables avaient été dressées pour offrir un repas digne de ce nom au Castellan Noir et aux quelques membres de l’Etat-Major l’accompagnant. Il n’y avait pas que des représentants de la Marine, quelques généraux de l’Armée Impériale et d’autres figures importantes flottant autour du Seigneur Varnak s’étaient joints à la cérémonie.

Et les plans de tables avaient été consciencieusement préparés bien qu’un ordre de dernière minute réunissent autour de la même table, le Seigneur Laduim, Darth Runà et leurs apprentis. Ils étaient pour le moment seul et on servait ci et là des amuse-bouches auxquels les Sith ne prêtaient aucune attention gourmande. Le brouhaha régulier du mess traduisaient les discussions qui allaient de bons trains, on commentait parfois à demi-mots, parfois à voix haute, le spectacle du jour offert par Lloyd Hope. Et Dana essayait de se couper de ces rumeurs qui se construisaient lentement et qui iraient bientôt empoisonner les esprits.

Je présume que tout cela t’a coupé l’appétit, Dana, débuta Runà dans un sourire froid. Mais j’ai une bonne nouvelle à t’annoncer. Puisque tu as été si sage. L’obéissance mérite parfois d’être récompensée.

La Miraluka tendit un datapad allumé vers son élève assise en face d’elle et d’un regard las, Shar laissa ses yeux tomber sur l’écran avant de se figer.

C’est…
Le Clergé Sith a enfin honoré ta demande. Tu es officiellement divorcée de Darth Akusha. Un si beau couple trop vite brisé, quel dommage.
Je ne vous permets pas, Maître. C’était un vieux connard. Et il a toujours ma planète par votre faute.
Rien que l’Armée Impériale ne saurait reconquérir ? Répliqua Runà vers Laduim.
Ch’Hodos n’est pas au centre de nos priorités, annonça-t-il sèchement. D’autres fronts sont plus urgents
Ch’Hodos résiste pourtant, cracha l’Inquisitrice le regard furieux, Vous pourriez, au moins, envoyer de quoi aider cette résistance loyale.
Dana…
Ce n’est pas moi qui décide des fonds à attribuer à tel ou tel front, se dédouana-t-il dans un rictus cruel. Mais Darth Varnak, vous pourrez toujours tenter de lui parler sur ce ton. Et peut-être qu’il considéra à envoyer votre si jolie tête en guise d’aide à la résistance.

Malgré son insolence, il ne la tuait pas. Pour la bonne raison qu’elle avait encore une utilité selon le marché conclut avec Runà. Dana prit une grande inspiration, ignorant les oeillades que le hapien pouvait lui lancer.

Votre Excellence, Seigneurs, intervint une voix familière tout près d’eux. Arboghast était apparu, un salut militaire tendant son corps impeccablement tiré à quatre épingles dans un uniforme sombre.
Major Arboghast, souffla Laduim, satisfait. Votre travail sur Melantha a été remarquable, malgré quelques déconvenues survenues à cause de mauvais choix pris par le commandement.

Arboghast ne dit rien. Dans ce genre de situation, même si le vent tournait en votre faveur, il valait mieux faire profil bas. Il était aussi étonnant de voix que le Major connaissait personnellement Laduim et inversement. Ce qui laissait croire que Valor travaillait directement pour le Castellan Noir et qu’il avait peut-être d’abord obéi aux ordres émanants du Twi’Lek plutôt que du commandant Hope.

Comme convenu, l’Inquisitrice Shar va vous suivre.

Darth Runà ne broncha pas, sirotant son petit champagne sans un mot, détendue. Dana se figea.

Le suivre ? Et en quel honneur ?
C’est un ordre du Castellan, Inquisitrice, gronda Laduim. Où qu’il aille suivez-le ce soir, et sachez que le contrarier sera me contrarier alors, obéissez.

Elle offrit une oeillade scandalisée à sa maîtresse qui ne disait toujours rien. Ses prunelles précieuses allèrent ensuite au hapien qu'elle gratifia d'un long regard, comme si elle avait pu lui dire un millier de mots en une seconde. Puis elle recula son siège sèchement avant de se lever et de suivre le Major qui était demeuré silencieux tout ce temps. Il leur fallut à peine deux minutes pour quitter le réfectoire et disparaître.

Comme vous le savez, reprit Runà comme si rien de fâcheux ne s’était passé et elle s’adressait à Lloyd Hope. Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que Clergé Sith m’éclaire d’une liste de prétendants pour Dana Shar. Sa notoriété a suffi à faire considérer des alliances politiques. Quel gâchis, vous auriez pu être sur cette liste, Seigneur Hope. Mais….il vous manque quelque chose, comme un sang noble. Une ascendance glorieuse. De quoi…offrir un héritage de valeur à l’Ordre Sith. Je pense que je peux raisonnablement demander à votre apprenti de ne pas se mêler des affaires du Clergé Sith, Votre Excellence ?
Evidemment. Le Seigneur Hope a prouvé à quel point il voulait Melantha. Ses esprits devront être concentrés à ce que le vaisseau puisse prendre aux combats dès que possible. Tout digression pourrait être punissable.
Il est désormais clair que le Clergé Sith et l’Armée Impériale servent les intérêts d’un même Empire mais prennent deux chemins différents. Qui, hélas, ne sont pas appelés à se rejoindre.

Le message était clair.



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La soirée avait été longue. Après le repas durant lequel Dana Shar n’était pas réapparue, ni le Major Arboghast, il avait fallu passer les troupes en revue, que chaque soldat du Melantha salue son nouveau commandant. Beaucoup de visages s’étaient illuminés en constatant que Hope restait à ses fonctions, d’autres n’avaient pas bronché. Les rites s’étaient enchaînés; des discours. On avait bu et au fur et à mesure que la nuit standard s’étirait, les dignitaires et autres invités étaient remontés dans leurs navettes et Melantha se vidait, retrouvant sa tranquillité.

Dans la cabine du commandant, Dana était assise sur le bord du lit et dézippait sa robe pourpre. Elle grimaçait, le corps endolori par toute la tension qu’elle avait accumulé au cours de la soirée. Sitôt qu’elle avait pu quitter le Major, elle était venue se réfugier ici, l’esprit embué d’un millier de préoccupations. Une partie de sa robe tomba sur ses hanches et elle détacha ses cheveux le long desquels elle passa les mains pour les détendre. Derrière elle, contemplant son dos, le vide intersidéral était silencieux. Seules les étoiles avaient tourné les yeux vers sa silhouette.









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Le Chant de Melantha


Au bout d’un long moment, on avait laissé Melantha tranquille avec son loup.




Quelqu’un avait eu la présence d’esprit de lui apporter une serviette, avec laquelle il avait essuyé le gros du sang de Rishna qu’il avait sur le visage et les mains. Mais la sensation d’être souillé était restée malgré cela. Les propos tenus à table lui paraissaient venir d’un autre monde, comme si soudain il était devenu un peu sourd. Il comprenait sans comprendre. Tout se mélangeait si absurdement que les informations paraissaient déformées comme dans un rêve. Dana s’était éclipsée avec le Major, Runà parlait de divorce et de mariage auquel il n’était pas éligible. Laduim lui faisait des menaces sous cape, et lui s’accrochait à ses couverts, mais il n’avait pas faim.

Puis il y avait eu une longue revue des troupes. Lloyd avait retrouvé ses automatismes. Après six mois à les scruter, à leur donner des ordres, cela avait été un jeu d’enfants. Garde à vous, section, halte, droite, marche, aux armes, les honneurs, repos. Son corps, sa voix, faisaient cela tout seul. Le Castellan avait parlé encore, remercié les invités, et puis, au bout d’un long moment, on avait laissé Melantha tranquille avec son loup.

Narih s’occupa de disperser les troupes elles aussi épuisées par la soirée. La relève prenait son tour de navigation pendant que Lloyd rejoignait le pont le pas absent. Narih, Subol, Utuzz et même Nande s’accordèrent pour l’y suivre, mais le capitaine ne donna pas immédiatement ses ordres, alors ils restèrent en retrait, silencieux.
L’ambiance du pont était froide. Le hapien contempla la surface de Dromund Kaas quelques minutes. Un long ballet de vaisseaux, interminable, en choyait les contours, obscurcissant son atmosphère grise. Un clair-obscur se déversait par la baie, étirant les traits fatigués des visages, quand Lloyd cessa enfin de leur tourner le dos. Dans sa chevelure subsistait des traces de sang séché.

- Vous avez annulé les activités de découverte prévues demain pour le nouveau commandant ?
- Oui, mon capitaine.

Lloyd acquiesça.

- Est-ce qu’il avait reçu des ordres particuliers de l’Etat Major ?
- Hum…
- Il devait certifier que vous ayez bien vidé les lieux et… Hum… Interroger l’Inquisitrice.

Le hapien fronça les sourcils, mais ne commenta pas. Evidemment, Laduim voulait la manipuler.

- On ne sait pas à quel sujet, compléta la lieutenante. Seul le Major avait les détails.
- Où est-il ?

Les officiers se regardèrent.

- On ne sait pas. Il avait… Des ordres précis, semble-t-il.

Lloyd se pinça les lèvres. Il y eut un long silence.

- Bon. Et ensuite ?
- Ensuite, Melantha devait être envoyée rejoindre la Vème flotte.

Les yeux du hapien s’écarquillèrent un bref instant, à peine perceptible avant qu’il reprit son masque habituel.

- L’Amiral était au courant du changement de commandement ?
- Aucune idée, mon capitaine.
- Il y a peu de chances pour qu’il ne le soit pas, si je peux me permettre, intervint sagement Nande.

D’eux tous, le capitaine Nande avait le plus d’expérience. Il ne connaissait pas seulement les rouages des vaisseaux impériaux, mais aussi ceux de l’Armée mieux que la jeune équipe qu’ils formaient autrement. Lloyd acquiesça en silence. Il déglutit.

- Je me charge de lui écrire. Pour le prévenir, déclara-t-il.

Les officiers patientèrent pendant un nouveau silence. Lloyd finit par écarter les mains.

- Bon, ben. Qu’est-ce qu’on attend ?! s’agaça-t-il. Melantha poursuit sa route. Prenez votre temps de repos, on se revoit demain matin.
- Oui, mon capitaine.
- Reçu mon capitaine !
- Reçu, mon capitaine.
- Mon capitaine.

Les quatre officiers se dispersèrent. Aucun d’entre eux n’avait l’air trop effrayé, songea Lloyd. Aucun d’entre eux n’avait l’air particulièrement soulagé non plus.










La porte de la cabine du commandant bipa lorsqu’un badge aux accès privilégiés fut pressé devant la commande. Le panneau glissa dans un bruissement feutré et celui qui entra s’arrêta net après deux pas dans la cabine.

- Ah ben… T’es là, fit platement Mumkin dont les yeux ne pouvaient s’empêcher de buter sur les courbes de l’Inquisitrice à demi-dénudée.

Il tirait derrière lui un chariot propulseur sur lequel trônaient quelques cartons. Dans un geste absent, il le fit encore avancer derrière lui et l’écoutille se referma.

- Ahm… Le patron m’a demandé de ramener tout ça. Je crois que j’ai raté un épisode. On part plus ?

Devant la mine interdite de Dana, il comprit qu’il n’était peut-être pas très utile de demander les détails. Il avait ce genre d’instinct là. C’était bien pour ça qu’il avait survécu avec un patron Sith aussi longtemps.
Le dévaronien descendit un à un les quelques cartons pour les laisser au milieu de la pièce, sous l’œil de l’Inquisitrice, puis il s’assit sur le chariot propulseur avec un soupir ensommeillé. Visiblement, le nouvel ordre l’avait éveillé au milieu de sa nuit de sommeil. Il se frotta les yeux puis les cligna plusieurs fois pour mieux voir Dana.

- Tu dois être déçue, hein ? Moi, j’suis déçu. J’préférais le patron quand c’était un type paumé. C’était un peu mon égal, tu vois ? Là, sa vie pompeuse sur un navire tellement plein que tu sais pas si tu te douches pas avec l’eau récupérée de la chasse des toilettes de l’étage du dessus… Non franchement, c’est pas pour moi. Et toi qui l’attends sagement, comme un p’tit oiseau, là, et lui il doit être en train de picoler. Non parce que, moi, je le connais depuis plus longtemps que toi, le patron. Il a beau avoir tous les jours son bel uniforme maintenant, ça change rien au fait qu’au fond, c’est un bel enfoiré.

Le ronronnement de Melantha reprit ses droits quelques instants, le temps que Mumkin croise le regard noir de l’Inquisitrice.

- Oh, oh, ajouta-t-il en levant les mains pour signaler qu’il n’y avait pas de mal. Sans offense hein. Moi j’dis ça, j’dis rien, je constate, c’est tout. Mais enfin, faut se dire, c’est une belle leçon de vie. Moi maintenant, j’aspire à une vie plus simple. Les champs, la nature, une petite épouse dont j’aurais le temps de m’occuper, les enf… Ouais, fin, voilà quoi. J’imagine que les Sith peuvent pas tellement comprendre.

Le dévaronien haussa les épaules et se remit sur ses pieds pour s’apprêter à partir.



CSS par Gaelle

Darth Hope
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Le Chant de Melantha

Félicitations. .







Dana finit par détourner son attention vers la vitre renforcée qui donnait sur le vide intersidéral. La voix de Mumkin continuait de piailler en arrière-fond. Face au silence de l’Inquisitrice, il moulinait pour combler l’atmosphère devenue pesante. Ou peut-être qu’il tentait vraiment de la réconforter, ou de se confier sur ses états d’âme. Une chose était certaine. Lloyd Hope n’était pas revenu à sa cabine. Lui et son bel uniforme avaient dû reprendre le travail et elle avait eu tort d’attendre en songeant qu’il la rejoindrait. Qu’aurait-elle dit de toute façon ? Félicitations.

Finalement, elle se redressa et se défit complètement de sa robe. Dans la lumière irradiante de l’espace, son corps se découpa en une ombre sulfureuse. Le dévaronien paniqua avant de déglutir.


Il y a encore de l’alcool sur le Sans-Visage ?
Euhm..oui, ouais. Des vêtements aussi kof, kof.
Parfait, j’en ai pour deux minutes, annonça-t-elle en filant dans la salle d’eau pour disparaître sous un jet d’eau soudain.


En attendant, Mumkin se mit à déballer un peu les cartons, puis à faire les cent pas. Qu’entendait-elle par de l’alcool sur le Sans-Visage ? Il secoua la tête, reprit la valse de ses pas perdus jusqu’à ce qu’enfin Dana émerge; habillée d’une tenue sombre. Un treillis, un débardeur moulant. Dommage, songea-t-il, il avait préféré la robe.




A bord du Sans-Visage, les grincements provoqués par l’usure envahissaient l’air. Habituellement, le ronronnement irrégulier des réacteurs suffisaient à cacher cette misère. Mumkin entretenait bien le vaisseau, mais il fallait reconnaître qu’il avait besoin d’une rénovation complète et hors de prix. Toutefois, l’Inquisitrice aimait bien ce bruit de vieux; ces craquements métalliques lui donnaient l’impression de raconter quelque chose. Elle pensait que la carcasse du vaisseau se mettait à parler. Ses yeux étaient rivés sur un pilote qui était monté sur la table de la coquerie pour taper sur un néon capricieux dont la lueur finit par se stabiliser. Il redescendit ensuite, prenant garde à ne pas bousculer la bouteille de rhum et les deux gobelets qu’il avait servi.

Alors on trinque à quoi ?
Au patron ? Suggéra-t-elle avec une ironie certaine. On lui souhaite une longue et tranquille vie sur Melantha.
Au patron alors, céda-t-il dans une grimace avant d’avaler la moitié de l’alcool d’une traite. Dana était plus précautionneuse, elle se permit une gorgée raisonnable; de quoi sentir la piqûre du breuvage le long de sa gorge. Elle plaqua ensuite ses cheveux encore humides en arrière, dégageant son visage que la lumière blafarde de la coquerie rendait pâle.
T’as tort, quand tu dis que les Siths peuvent pas tellement comprendre. Enfin, la plupart ne comprendraient pas, mais y’a des Siths ratés qui comprennent.
Ah bon ? Mais au sujet de quoi ?
La petite épouse, les enfants. Ce à quoi tu aspires. C’est juste différent.
Mouais, je te rappelle que jusque-là, les mariages ça t’a pas trop réussi hein. Les enfants non plus d’ailleurs…il avait couiné courageusement la fin de sa phrase, mais Shar ne semblait pas s’énerver. Peut-être parce qu’il avait raison sur ce point.
Ce n’est pas parce que ça ne m’a pas réussi que…je n’aspirais pas à ça.
Ouais, désolé.
Je vais dormir ici pour cette nuit, décida-t-elle après avoir repris une gorgée.
Oh, oh, et les cabines de luxe du Melantha ?
Pas mon genre, sourit-elle derrière son gobelet et il put admirer la rangée de petites dents blanches briller entre ses lèvres carmines.
Invitée ou capitaine ?

Elle s’octroya quelques secondes de silence avant de répondre. Juste le temps de revoir cette dernière année défiler dans son esprit.

Est-ce que j’ai une tête de capitaine ? S’amusa-t-elle d’un ton taquin.
Tu n’as pas une tête d’invitée non plus, donc il reste ma cabine et…
Je vais m’installer dans le cockpit, ça ira, le coupa-t-elle avec un regard noir.

Puis elle se leva non sans se servir encore du rhum avant de disparaître.


Dans le cockpit aussi, on entendait les grincements. Elle s’était confortablement installée sur le siège du pilote, jambes étendues, chevilles croisées sur le tableau de bord. Elle buvait d’une main, fumait de l’autre, le regard pensif. Ses yeux allaient vers la baie que le calme et la routine avaient repris. On manoeuvrait quelques chasseurs. Elle sentit un picotement pincer désagréablement le bord de ses yeux. Elle allait pleurer et elle ne savait même pas pourquoi. Ou au contraire, elle savait très bien. Ses joues se creusèrent quand elle inspira une profonde bouffée de toxine et elle expulsa la fumée lentement, observant au travers d’elle. Le cuir du siège grinça un peu quand elle s’y conforta et renversa la tête en arrière pour mieux s’installer. Elle ferma les paupières, reposa le gobelet de rhum presque vide sur le siège du copilote, garda sa cigarra en bouche. Il fallait profiter du calme, de ce dernier petit instant de solitude avant d’affronter la nouvelle tempête qui se profilait. Mais derrière ses yeux clos, elle ne trouva pas de repos, du moins difficile, car la silhouette de Lloyd Hope apparaissait; quand il souriait, quand il riait, quand il la touchait avec la Force ou avec ses mains.





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