Lauren Aresu
Lauren Aresu
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HRP : C'est une mise en forme test que j'ai... euh... testée ! C'est marrant, ne vous inquiétez pas si la page met quelques secondes à se mettre en forme ; mon "code" doit être TOUT sauf efficace. Pour les dates et horaires, Thann et Lauren sont respectivement sur Dantooïne et Ondéron, donc sur des horaires très très différentes et j'ai adapté, de manière HRP, à notre système horaire pour mieux se rendre compte des intervalles entre leurs réponses !



Je suis là, allongée dans mon lit, les yeux que je sens rougis de fatigue. La pénombre est presque totale, mon visage uniquement éclairé par la lumière blafarde et bleutée de mon datapad. Parfois, le soir, délestée des innombrables pensées quotidiennes, je m'abandonne dans un cocon de nostalgie et de mélancolie, un moment où je laisse mes souvenirs divaguer à loisir sur ce qui fut avec un plaisir révolu, comme si j'en récupérais l'essence, longtemps après.
Aujourd'hui, toutefois, l'excitation perce, je la sens fourmiller dans mon ventre. Je me rends enfin sur Dantooïne ; j'ai obtenu l'aval des Maîtres, j'y resterai deux semaines pour découvrir et participer à l'établissement de l'Enclave. Ils pensent, comme toujours, que ce sera formateur. Je me demande sincèrement ce qu'ils ne trouveraient pas formateur, finalement ?
J'avais une énième fois demandé où nous étions et Yann, m'accompagnait, m'avait répondu, dans un soupir sonore, "A deux jours environ, je crois ! Compte les heures, ça t'occupera !"
Je suis donc là, allongée, les yeux rivés sur les messages que Thann et Seïid m'avaient envoyé quelques semaines après le Tournoi des Trois Cristaux ; je les relis, je sais que je souris.




Coucou Thann ! C’est Lauren (comme tu le vois…) ! Comment vas-tu ? Ca fait quelque temps que je voulais te contacter, même un petit message comme je le fais là, mais il s’en est passé des choses ! L’eau a coulé sous les ponts pour nous deux. Et puis, je dois bien l’avouer, j’ai parfois (souvent…) oublié. Alors me voilà !
Lundi 15h45 - reçu

J’imagine qu’on a toutes les deux beaucoup de choses à se dire et qu’un message tardif vaut mieux qu’aucun message, n’est-ce pas ? J’espère sincèrement que tu vas bien et je suis désolée que l’éloignement ne nous permette pas de nous revoir…
Lundi 15h47 - reçu

Réponds-moi quand tu peux (ou veux, bien sûr), ça me fera plaisir de te lire !
Lundi 15h49 - reçu


Lauren ! Je suis contente de te lire ! Je suis au moins aussi fautive que toi, j'aurais dû t'envoyer au moins un coeur depuis des lustres... Depuis que j'ai quitté Ondéron et que les travaux de l'Enclave ont commencé, je n'ai plus une minute pour moi !
Mardi 4h58 - reçu

Donc... Comment je vais ? Epuisée, mais ravie. J'arrive à peine à me souvenir la dernière fois que l'on s'est vues... C'était au Tournoi des Cristaux, non ?
Mardi 5h00 - reçu

Seïid te dit bonjour aussi, elle se demande aussi comment tu vas !
Mardi 5h08 - reçu


Oh Seïid ! Je m'en veux aussi, dis lui que je suis désolée et que je la salue en retour bien sûr ! Elle va bien ?
Mardi 10h04 - reçu

Je suis soulagée que tu me répondes et contente de te voir ravie ! Oui, la dernière fois, on s'était entraperçues au Tournoi, si rapidement. Ca s'était bien passé au fait, pour toi ? Je t'avoue que pour nous...
Mardi 10h07 - reçu

L'enclave ? J'en ai entendu parler, mais les événements ne m'ont pas laissé le loisir d'en apprendre plus !
Mardi 10h08 - reçu


Coucou, c'est Seïid. J'ai capturé le Datapad de Thann pendant que Madâme fait l'intéressante en réunion et que je dois trouver des moyens de m'occuper. Du coup, moi, ça va ! Je passe beaucoup de temps à me préparer pour les épreuves, je serai bientôt une Gardienne.
Mardi 16h16 - reçu

Pour l'Enclave, c'est le grand projet de Maître Karm et Thann l'y assiste avec ferveur. Ils sont en train de construire quelque chose de dingue ici. Tu devrais venir à l'occasion, ce serait plus simple que de tout t'expliquer par message !
Mardi 16h18 - reçu

Bon... J'vais pas en dire plus, je vais plutôt ramener son outil de travail à notre Miraluka favorite, ça lui évitera de débarquer en trombe dans la chambre, essoufflée et en nage, quand elle remarquera son oubli. Des bisous !
Mardi 16h19 - reçu


Seïid ! J'ai l'impression que ça fait encore plus longtemps qu'on s'est pas croisée... Thann n'a pas changé, alors, toujours à faire son intéresante... C'est notre secret ! Heureuse de voir qu'elle s'implique dans un projet qui semble lui tenir à coeur, ça fais du bien. Je viendrais, promis !
Mardi 16h23 - reçu


C'est de nouveau moi, je viens de voir qu'on se retrouve embarquées dans une conversation à trois, finalement ! Je ne reviendrai pas sur la diffamation dont j'ai fait l'objet ! Ahah ! Pour le Tournoi des Cristaux... Bon... Euh... Joker ? 'Fin, c'était moyen, de mon côté, mais on en discutera à l'occasion, non ?
Mardi 19h31 - reçu

Sache qu'en tout cas, depuis, ça va beaucoup mieux de mon côté et que je n'ai jamais été aussi heureuse de la voie que je me suis choisie ! Il faut que je te fasse voir tout ce qu'il y a ici. Je te joins une holo aérienne qu'on a réalisé des travaux, l'autre jour.
Mardi 19h33 - reçu

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Mardi 19h38 - reçu

Et toi ? Qu'est-ce que tu as fait dernièrement ? Raconte !
Mardi 19h39 - reçu


Les maîtres me reprochent d'être toujours collée devant un datapad, je vais finir par les croire... Mais c'est pour la bonne cause ! (Diffamation, tout de suite les grands mots, tu lis ça Seïid !). JOKER également pour le Tournoi, on ne va pas tenir ces retrouvailles !
Mercredi 1h05 - reçu

Wouah, c'est magnifique, cette photo ! Comment vous avez fait ?? Tu as choisi quel voie, déjà ?
Mercredi 1h06 - reçu


Celle des Sentinelles. Je veux explorer, découvrir de nouvelles choses, ne jamais m'arrêter de bricoler, continuer de concevoir des endroits comme l'Enclave où les Jedis et les civils pourraient cohabiter, et même, décider ensemble de leur avenir commun plutôt que de vivre les uns en parallèle des autres. Apprendre auprès des autres, aider la vie, partout où elle tente de se faire un chemin. Mais je m'emballe ! Mais j'ai l'impression qu'avec tout ce qu'on me demande ici, je ne trouverai jamais le temps de m'occuper de moi !
Mercredi 1h10- reçu

Qui est-ce qui te reproche ton amour des écrans ? Parfois... Je me rends compte que finalement, le Temple ne me manque pas tant. Certaines personnes du Temple, oui mais... son ambiance, finalement... Enfin... Je préfère ici, quoi.
Mercredi 1h12- reçu


Les Sentinelles ? Ca me fait un peu rêver tu sais ! Je vous trouve
Mercredi 1h15 - reçu

Je vous trouve courageuses ! (désolé, je voulais pas envoyer...) Je crois que j'aurais pas le courage moi, mais je te reconnais bien dans ce que tu me dis là ! C'est beau, sois fière de toi !
Mercredi 1h17 - reçu

Boarf, tu sais, pour ce qui est du datapad, je l'utilise quelquefois dans la journée, mais Yann, lui, trouve que ça fait trop. Je l'apprécie beaucoup Yann, tu sais, mais quand il fait son "grand frère poule", ohlalala...
Mercredi 1h19 - reçu

Kzdoiahighùicezzzzzzzzzzz
Mercredi 1h28 - reçu

Oh euh... désolé haha, je suis épuisée et je devrais dormir, bisous !
Mercredi 2h44 - reçu


Ma pauvre, tu sembles manquer cruellement de sommeil ! Enfin... C'est une excellente raison pour venir nous voir ! On pourra plus te reprocher d'avoir le nez tout le temps dans les encyclopédies. Merci pour tes jolis compliments, mais tu sais, j'ai pas du tout l'impression de les mériter autant. Je fais simplement ce que j'aime, et il y a quand même tâche plus difficile que celle-ci ! Donc, puisque c'est décidé, quand est-ce que tu débarques ?!
Mercredi 17h42 - reçu


Beaucoup de cauchemars et je suis aussi un peu déraisonnable, comme là, donc je finis par accumuler de la fatigue... Mais ça va ! Ça va ! Ce qui n'empêche que je compte bien venir vous voir dès que je le peux ! Ça a l'air si paisible, à en juger par la photo que tu m'as envoyée. Faudra que tu m'en envoies d'autres !
Mercredi 18h33 - reçu

Non, non on mérite toujours les compliments, c'est ce que me disait ma mère ; c'est donné gratuitement, sans intérêt, alors autant les accepter ! Tu sais, je pense que la passion mérite d'être complimentée !
Mercredi 18h36 - reçu

Non, vraiment, j'arrive quand je peux ! Tu sais, je suis de plus en plus forte avec mon bras, mais les maîtres ne me sentent pas prête pour l'instant. Ça m'enrage un peu, mais bon...
Mercredi 18h38 - reçu


Tu sais que tu peux me contacter quand tu le veux, si ça ne va pas... Ce n'est pas parce que la Force nous a placée l'une loin de l'autre que tu n'existes plus. Sache que quoi qu'il arrive, tu as une amie de l'autre côté de la galaxie. Et Seïid aussi, même si je m'en serais peut-être débarassée d'ici là pour l'enterrer quelque part dans les jardins de l'Enclave car elle n'arrête pas de me faire des blagues pas drôles avec MON datapad, hein Seïid ?! Enfin bref, je décompte les jours avant ton arrivée !
Mercredi 18h41 - reçu

Ouais, j'avoue, j'l'embête, mais en même temps, tu aurais dû voir sa tête quand une image de bébé gizka qui vomit a envahi son écran... C'était trop drôle !
Mercredi 21h57 - reçu


Seïid, tu as mon ID pour m'envoyer un message si tu as besoin d'aide ! Je refuse que Thann t'enterre allons ! Bon, je pense que j'aimerais pas tes blagues quand même, par contre.
Mercredi 23h54- reçu

Et... Merci Thann, ça me touche, je le sais et tu le sais aussi, n'est-ce pas ! Je sais que lorsqu'on se retrouvera, on aura encore plus à se dire ! Seïid sera là, aussi, hein ? Allez, je vais au lit, bonne nuit !
Mercredi 23h58 - reçu


<MESSAGE VOCAL - TRANSCRIPTION> Oh bah, je découvre qu'on peut laisser des messages vocaux avec ce truc-là. Ah. Ahahahah ! Ça enregistre là ?
Jeudi 16h28 - transmis


<MESSAGE VOCAL - TRANSCRIPTION> Ouais, ça enregistre, et Madame est en train de s’entrainer dehors après s’être pris une petite correction. Elle passe trop de temps en réunion, elle ne sait toujours pas se servir de l’arme qu’elle s’est forgée, j’essaie de la remettre dans les rails. Je tiens à dire que vos réflexions sur mon humour, c’est de l’anti-gardienisme primaire.
Jeudi 17h01 - transmis


<MESSAGE VOCAL - TRANSCRIPTION> J’en conclus que Seïid sera… soupir théâtral là aussi. Oublie pas que je te défends contre ton enterrement prématuré ! Et normal que je sois euh… ce que t’as dit, parce que je ne serai pas une Gardienne moi !
Jeudi 21h11- transmis


<MESSAGE VOCAL - TRANSCRIPTION> Encore heureux, j'aurais bien assez d'une gardienne dans ma vie, elle est déjà bien assez envahissaannntteeuh ! AAAhhh... Arrêteuh ! Okay, tu veux la guerre, tu vas...
Mercredi 21h47- tra,smis
Thann Sîdh
Thann Sîdh
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21.576, 1er semestre • Dantooïne, Enclave Jedi.

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« On peut savoir pourquoi tu t’es mise à chantonner ? Les sourires, les rires, la jovialité, c’est une chose, là… Je vais finir par croire que tu prends des trucs, Padi. » S’était-elle effectivement mise à chanter ? C’était possible. Il faut dire qu’elle était particulièrement contente, aujourd’hui. Le Bothan, toujours pince sans rire, la regardait avec de grands yeux trop peu expressifs pour avoir l’air exaspéré ou trop peu sympathique. Elle appréciait son caractère… singulier. Quelque part, ensemble, il formait une bonne moyenne pour que l’atelier puisse tourner. Pourquoi cette humeur rayonnante ? Elle avait reçu, il y a peu, d’excellentes nouvelles...

🌿




Alors, alors, alors ?!
Mercredi (quinze jour plus tard) 20h12 - vu


Alors, tu es en vie finalement ? Very Happy J'ai cru que l'attaque sournoise de Seïid t'avait été fatale ! Mais là... je ne sais pas quoi répondre ! Alors quoi ?
Mercredi 21h12 - lu


Elle n'est pas si dangereuse qu'elle aimerait l'être. Enfin... Elle n'est pas l'unique sujet de cette conversation ! Alors, alors, alors... Quand est-ce que tu débarques ?! M'oblige pas à faire pression sur le Conseil entier. Tu sais que j'ai ce pouvoir. Mais un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités.
Mercredi 21h15 - vu


<MESSAGE VOCAL – TRANSCRIPTION, le ton est malicieux et taquin tout à la fois>

Faire pression sur le Conseil entier ? J’avoue que j’aimerais voir ça…
Mercredi 21h16 - lu


Ne m'oblige pas à le faire uniquement pour te prouver que je peux. Dis-moi plutôt que tu seras bientôt là !
Mercredi 21h19 - vu


Oh, mais vraiment, ça m’intéresserait. Pour avoir la réponse, il faudra attendre ce soir par contre, je suis occupée ! À plus tard ! Wink
Mercredi 21h25 - lu


<MESSAGE VOCAL – TRANSCRIPTION, le ton est extrêmement enthousiaste>

Alors alors ! Bon, la bonne nouvelle… c’est que j’ai le droit de venir ! Durant deux semaines ! Mais tu dois deviner dans combien de temps sinon je ne viens pas !
Jeudi 4h05 - lu


Je dirais dès demain. Sinon, de toute façon, je m'enfermerai dans la bouderie pour l'année à venir. Je suis heureuse que tu viennes !
Jeudi 13h19 - lu


La bou— quoi ? Hahah ! Non, malheureusement, pas dès demain… Perdu ! Je viens plus du coup !
Jeudi 13h21 - lu

Sans rire, je viens dans un peu plus d’une semaine, une semaine et 2 jours pour être exacte. Et je suis si heureuse moi aussi !
Jeudi 13h22 - lu


Fantastique ! Je m'occupe de préparer ton arrivée !
Jeudi 13h27 - vu


🌿

… Et c’était le jour J. Cela faisait un moment qu’elle avait l’habitude de recevoir des consœurs, des confrères et des visiteurs et de leur faire découvrir l’Enclave, mais c’était la première fois qu’elle avait l’occasion de le faire avec une amie et, qui plus est, une amie de longue date. Cela donnait au tout ce supplément d’âme qui rendait certains jours absolument éclatants. « Je viens de recevoir la confirmation de la tour de contrôle, la navette du Padawan Aresu a communiqué ses autorisations d’accès il y a peu. Si vous vous dirigez vers la zone aéroportuaire maintenant, vous y serez juste à temps pour l’accueillir. – Merci, Bouteboute, t’es l’meilleur. Peux-tu prévenir Seïid ? – C’est déjà fait, elle m’en avait elle-même fait la demande avant que vous. – Elle faisait la grande dame détachée, mais finalement, elle était aussi pressée que moi. Fantastique ! Elle nous rejoindra pour le repas dans les jardins. Tu lui communiqueras notre position sur le coup de midi ? – Ce sera fait. » La Miraluka sourit et, après des vœux de bonne journée adressés à son camarade faussement placide, elle s’éloigna d’un pas léger vers les plates-formes d’atterrissage, situées un peu en retrait de l’Enclave, à mi-chemin de la ville et de celle-ci ; il n’y avait qu’en cas d’urgence ou de nécessité que certains véhicules étaient autorisés à atterrir directement dans des endroits spécifiques du cœur du complexe.

Lorsqu’elle se retrouva enfin à l’air libre, les vents portèrent la fraicheur des vagues jusqu’à elle et jouèrent entre ses jambes. Elle portrait pour l’occasion l’une de ses dernières créations, en cuir synthétique et en tissu polymère extrêmement résistant, à la fois extrêmement confortable et audacieuse dans ses formes comme le lui avait signifié sa camarade Togruta. La jupe était ouverte, sur l’avant, faites des deux matières, venant prendre appuie sur les hanches plutôt que la taille pour obtenir une coupe galbée – davantage sur Seïid que sur elle, et l’ensemble jouait sur ce principe d’ouverture et de fermeture à la fois, le tissu recouvrant ce que le cuir ne révélait pas. Sur son visage, sa fidèle visière, dans son sillage, le fidèle Bouteboute, dans ses cheveux, des myriades de tresses serrées s’entrelaçaient : c’était un compromis efficace pour garder les cheveux relativement longs et en même temps ne pas les voir traîner dans les circuits électroniques qu’elle bidouillait d’ordinaire. Son acolyte identifia pour elle le quai devant lequel elle devait attendre et confirma que c’était la bonne navette qu’elle pouvait à présent apercevoir. Cela faisait pratiquement un an depuis le Tournoi, dernier moment où elles avaient eu l’occasion de se voir. Avait-elle fort changé ? La curiosité et la joie se battaient farouchement pour avoir la primeur dans son esprit et elle avait presque l’impression d’entendre des roulements de tambours pour marquer la tension dramatique tandis qu’elle entendait les moteurs de la navette doucement ralentir, ses soupapes de dépressurisation se libérer de la compression et les vérins de sa passerelle s’actionner pour lui permettre d’accueillir son invitée, un sourire radieux sur le visage.
Lauren Aresu
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L’excitation vibrait dans toutes les fibres du corps de Lauren. Bien qu’assise, ses muscles semblaient rigides et décontractés à la fois, tout son être tendait vers la fin d’un voyage qui n’avait pas encore commencé. Elle tapait du pied, d’un rythme décousu, jusqu’à lire en retour l’exaspération dans les yeux de Yann qui l’accompagnait. Lauren ne le remarqua pas, son regard vissé sur les boyaux percés de fils colorés fixés à la coquerie sans même les voir. Elle jouait et rejouait dans son esprit les retrouvailles, le visage béat.


« Lauren ? »


« Lauren ? Eh oh !


- Mmmh ?


- Harnache-toi, nous allons bientôt décoller. »


Aussitôt, son regard s’enfuit à nouveau. Yann sourit.


« Thann est plus petite ou plus grande que toi, déjà, je m’en souviens pas ? reprit-il.


- Plus petite, d’environ un an.


- Vous vous êtes pas vues depuis quand ?


- Depuis les Trois Cristaux. »


Yann renonça, le regard bienveillant. Lauren s'était retirée dans son palais mental, ses yeux brillaient et dansaient un joyeux ballet dont il n'était que spectateur extérieur. Ses mains agrippaient les accoudoirs du siège qu'elle quitterait dès le décollage passé, ses jambes ne tenaient jamais en place plus de quelques secondes. Le chevalier était heureux d'enfin retrouver une Lauren insouciante, au moins pour un temps. Cette escapade de deux semaines agissait comme une fontaine de jouvence, chaque goutte rejaillissant sur la padawane avec un éclat de bonheur.



Vous pouvez détacher vos ceintures et vaquer à vos occupations, annonça une voix grésillante dans le haut-parleur de la navette, vous avez à peu près… 97 heures avant l'arrivée estimée.


Lauren bondit, gratifia Yann d'un "je vais dans la chambre" absent et fila. Dépassant une série de couloirs rectilignes à peine éclairés, elle glissa dans une chambre qui sentait le propre et se laissa choir lourdement sur le lit. Enfin ! sémilla-t-elle. Je vais enfin revoir Thann, je vais enfin partir du Temple pour autre chose qu’une mission, je vais enfin - peut-être - pouvoir m’impliquer dans quelque chose ! L’Echani se recroquevilla sur le lit, puis s’étira et se recroquevilla à nouveau, paradoxalement débordante d’énergie et lasse de devoir attendre, encore attendre. On l’avait toujours sermonné sur la patience, une qualité « d’adulte » ; 97h dans une coquille de fer : au diable la patience ! Qu’ils arrivent et vite !


Il semblait à la padawane que le temps se distordait autant que les étoiles qui s’étiraient de tout leur corps derrière la large baie vitrée à l’avant de la navette telles des chamallows de l’espace fondus.



Lorsque Yann tapota son épaule, Lauren n’ouvrit qu’à grande peine ses yeux sombres et bouffis, emmêlée dans les draps d’un lit qui n’y ressemblait plus.


« Lauren… Lauren ! Nous sommes bientôt arrivés, plus qu’une dizaine de minutes. »


La voilà debout, secouée d’impatiences, derrière la porte pneumatique, toujours close, alors que la vaisseau amorçait sa progressive descente au-dessus du spatioport de Dantooïne. Lauren n’avait discerné que le paisible ciel bleu, piqueté de blanc, à travers le cockpit et elle ressentait déjà la douce chaleur matinale sur son visage épuisé. Elle sentait déjà les effluves florales portées par une délicate brise flottant dans les cheveux de Thann comme les siens. Elle s’imaginait déjà descendre le ponton métallique, flottant de félicité.


L’Echani reprit contact avec la réalité, plus sombre, sous les couleurs grisâtres du vaisseau. Elle réajusta rapidement ses cheveux, déplora son accoutrement un brin négligé qu’elle frotta pour la forme et posa ses yeux sur la porte jusqu’à qu’elle ne s’ouvre ; celle-ci, dans son chuintement caractéristique découvrit un spatioport lumineux où battait une multitude de vies et d’activités sans qu’elles ne deviennent oppressantes. Des bosquets de verdure émaillaient ça-et-là les chemins blancs, certains holographiques, d’autres biens réels. Cinq plateformes d’atterrissage étaient disposées à côté de la leur et rejoignaient un chemin commun et central qui se divisait ensuite au gré des destinations proposées.



Happée par l’environnement enivrant, elle ne vit qu’une dizaine de secondes plus tard la main qui s’agitait avec force quelques mètres devant elle. Par la Force, qu’elle avait changé, mais Thann demeurait fidèle à elle-même et, par-dessus tout, magnifique et rayonnante. Lauren se précipita à sa rencontre, les bras ouverts au possible, le visage radieux, les yeux fixés dans les siens. Elle s’amusa intérieurement de cette scène, typique des holo-films où l’on visionnait ces retrouvailles qu’elle avait toujours trouvées mielleuses. Qu’importe aujourd’hui qu’elle fut cette personne tant la joie de retrouver Thann effaçait le reste.


Les deux jeunes filles ne s’adressèrent pas un mot au premier abord, savourant le silence des émotions, se détaillant l’une et l’autre. Soufflée par la finesse de sa coiffure, Lauren fixa le visage de Thann ainsi mis en valeur. Elle garda les mains sur ses épaules, s’éloigna un peu, telle une mère dévisageant son enfant, prête à lancer « Tu as bien mangé, au moins ? », mais elle ne pipa mot. L’Echani sentit la chaleur qui lui montait au visage, imaginant fort bien ses joues rosies : retrouver l’air libre après 97h de voyage presque ininterrompues, sous un climat clément, éclaboussée par les événements, engendrait invariablement des signes bien visibles.

Thann Sîdh
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Que c’était curieux de se revoir après tant de changement. Elles se regardaient, ne sachant quoi se dire dans l’immédiat. Son amie s’était approchée d’elle sans un mot et la regardait désormais, détaillant intensément la nouvelle Thann. Il faut dire que les changements, depuis tout ce temps, étaient impressionnants – quoiqu’ils s’étaient déjà amorcés lors de leur dernière rencontre. Pourtant, qui eût pu prévoir, lors, que les grands travaux de la Cathédrale Sîdh se termineraient si tard ? Sa croissance s’était fait attendre de nombreuses années et comme pour compenser cette attente, elle s’était aussi terminée sur le tard. Lauren était grande, aussi, mais Thann l’était encore un peu plus. Cent soixante-seize centimètres. De ce point culminant, elle fixait sa camarade « dans les yeux » pour ne pas la mettre mal à l’aise mais aussi pour que sa visière lui détailla son amie. Pour la première fois, elle sut que les cheveux de Lauren était blanc, que ses yeux étaient bleus. C’était singulier que de le savoir et de pourtant, ne pas réellement être capable de le comprendre, de le sentir. Elle nota toutefois que le blanc n’était pas courant et que certainement il lui venait de son sang-mêlé. Oui. Lauren était devenue grande et belle. C’était un fait indubitable et se sentir être devenue « adulte » en miroir d’elle qui l’était également devenue remuait étrangement les sentiments de la Miraluka.

Quand elles eurent fini de se contempler, Thann, tout sourire, prit les mains de sa camarade, en caressant doucement du pouce le revers de la main, et demanda : « Alors, ce n'est pas trop dur de me reconnaître sous ce déguisement d'adulte ? – Je t’ai reconnue, je t’ai reconnue ! Mais… tu as tant changé ! Et, ces tresses sont… Il faudra que tu m’apprennes ! Je suis vraiment heureuse de te voir ! – C'est Jane, la cheffe de la Sécurité, qui m'a appris ! Tu verras, avec un peu de patience, on apprend vite, c'est un coup de mains à prendre. Je suis pas la seule, de ce que je vois, à avoir pris d'la graine ! Je te dépasse de quoi ? Quelques doigts, même pas ? Elle souriait, riait, tout à la fois euphorique et ravie. Sa camarade, pour l’amusait, fronça le nez et poursuivit : – Ouai, ouai, quelques doigts, moins je pense même ! Tu promets de me présenter Jane quand même hein ? Non, parce que moi j’ai Yann et Yann, lui, il sait pas faire les tresses. Et il se coiffe mal. Regarde-moi-le ! » Ce qui ne l’empêcha pas de le saluer en souriant. Elle avait visiblement un humour aussi taquin que celui de Seïid. L’homme, la trentaine, débonnaire, lui rendit à la fois son sourire et son geste. Lorsqu’on s’intéressait à ses cheveux, on ne pouvait pourtant utiliser d’autre que mot que « tignasse » pour les désigner. Thann rit de nouveau.

« Rooohh... Tu exagères, il a l'air sympathique comme tout. Enfin... Le voyage s'est bien passé ? Tellement longtemps ! Je ne sais même pas par où commencer ! Lauren feignit de s’évanouir et commença par répondre à sa question : – Quatre-vingt-dix-sept heures, Thann. Quatre-vingt-dix-sept-heures. Est-ce que tu peux seulement imaginer ? C’était long et long et encore long et encore et encore long et ennuyeux. Je préfère oublier ! conclut-elle avec un clin d’œil. Mais oui ça s’est bien passé ! Et moi non plus je sais pas quoi te dire et de quoi parler, j’ai l’impression de m’y perdre ! Tiens Seïid ! Où est-elle ? La conversation se poursuivit du tac-o-tac, – Mmmhhh... J'avoue qu'avec ma passion pour la bidouille, je n'ai jamais trop eu l'occasion de m'ennuyer pourvu qu'on me donne au moins un fil et une aiguille, mais dis comme ça, cela prend l'air d'une épreuve terrible. Je vais tâcher de te la faire oublier, de fait !

Seïid, Seïid... Tu veux dire l'effroyable Togruta qui n'a de cesse de me tourmenter et d'interférer dans nos échanges ?
Elle laissa de nouveau son rire jaillir. Sa voix était toujours légère, portée vers des aigues tranquilles, mais elle avait gagné la profondeur de la maturité. Ni le corps, ni la voix n’étaient plus ceux d’une enfant. – Elle se rend utile, pour une fois, elle est en train de travailler avec son équipe du côté de la forêt à faire de nos jeunes pousses des jeunes gens à même de survivre avec à peine plus qu'un couteau et une toile de jute. Elle devrait nous avoir rejoint pour le repas de midi. Tu as déjà petit-déjeuné ? Tu veux quelque chose avant que je ne t'embarque ? Lauren se retourna un instant pour indiquer à ses camarades qu’elle irait avec Thann et répondit : – T'as bien de la chance parce qu'après deux livres lus, deux fois le tour complet du vaisseau effectués, dix blagues racontées à Yann qui est très mauvais public, j'avais envie de sauter par le sas. Ah ! Je t'avoue que si t'avais un gâteau qui traîne ou un truc du pays, je serais pas contre. La nourriture en conserve, ça me... beurk. Embarquez-moi, agent de la police ! » Elle éclata de rire et fut rapidement imitée par la Miraluka qui, après avoir repris le contrôle de ses zygomatiques, se tourna vers le nouveau B0-UT.

« Bouteboute, tu veux bien faire en sorte que les affaires de Lauren soient conduites jusqu’à sa chambre ? Nous allons commencer par faire un tour en ville, il faut absolument que je lui fasse découvrir Rainë ! Nous aurons tout le temps de visiter l’Enclave ensuite. – Ce sera fait. Que dois-je faire ensuite ? – Ensuite, tu vas voir Dhu Kkro, et tu lui demandes un panier repas de ma part, tu dis que c’est pour une invitée de marque de l’Enclave. Nous allons avancer sur la promenade de la côte, vers la ville, tu n’auras pas de mal à nous retrouver et à nous rattraper. – Très bien, ce sera fait. Padawan Aresu, ce fut un plaisir de vous revoir. » ajouta-t-il avant de filer vers les camarades de Lauren qui s’occupaient de décharger leurs affaires. La visite de l’Enclave viendrait, pour l’heure, les deux vieilles amies prirent de concert le joli chemin de sable qui longeait, d’assez loin, la plage et se dirigeait tranquillement vers la ville.



🌿

De part et d’autre, régulièrement, des arbres, des bosquets, des fleurs, de hautes herbes. C’était finalement une voie verte qui répondait à tous les critères du mignon qui reliait l’Enclave à la ville. Les oiseaux marins s’attardaient, ça et là, le bruit des vagues, le vent parfois, par bourrasque, l’iode dans l’air. Le faible soleil du matin, quoique le ciel fût dégagé, ne suffisait pas à réchauffer les plus frileux mais Thann, qui avait connu les glaciers d’Ilum et ceux de Kholma, trouvait finalement cette fraicheur plus vivifiante qu’inconvenante. Elles n’avaient pas encore flâné au-delà de la moitié du chemin que déjà un message s’affichait à l’intérieur de sa visière. Leur repas était en route : Thann ne doutait pas de trouver la place pour un second petit-déjeuner dans le creux de son estomac. Elle informa Lauren de cette arrivée imminente et lui proposa lors de se diriger vers l’une des petites surfaces de pique-nique aménagées au milieu des bosquets de fleurs, à destinations des promeneurs.
Lauren Aresu
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Un dernier bref signe de la main en direction de Yann et Lauren s’en fut, côte à côte avec Thann. L’Echani s’absordait dans la contemplation fascinée de son environnement avec avidité — les quatre-vingt-dix sept heures enfermée dans une navette avaient donné à ce changement la patine de la nouveauté étincelante, de la fraîcheur, de l’instantané, du vif. Les odeurs, nourriture ou carburant, titillaient ses narines de curieuses effluves ; aux éclats de rire et éclats de pleurs répondaient les vrombissements saccadés des moteurs. La verdure, omniprésente, avait été pensée pour coexister avec l’activité du lieu et sa présence octroyait au spatioport un cachet que les autres n’avaient pas, souvent par manque de place.


Attirée par un mouvement rapide à l’orée de sa vision, Lauren détourna le regard, surprit ce petit oiseau, bien minuscule, non loin d’elles sur ce muret de béton, qui offrit à ses yeux le spectacle d’une collerette rouge et chatoyante luisant au gré de son agitation alerte. Rayonnante, Lauren se sentait complètement à l’aise dans cette marée cosmopolite qu’elles fendaient ; où chaque ressac brassait des individus de toutes races et couleurs confondues en un arc-en-ciel de peaux et d’étoffes. Que ses cheveux fussent blancs, ses iris cendrés, n’éveillait aucune méfiance, aucun haussement de sourcil moqueur dans les regards qu’elle croisait. Dès l’instant où les deux demoiselles dépassèrent les insouffrables bips des portiques, Lauren nageait déjà dans un environnement familier.


L’Echani avait oublié ce plaisir de voyager ; que les départs ne fussent plus dictés par la survie ou le devoir, mais par l’envie de s’émouvoir. Elle le redécouvrait pour la première fois depuis tant d’années et ne remercierait jamais assez Thann pour cette opportunité. Même ce petit sentier, guère large, emmêlé de végétation comme autant de colliers autour d’un cou dénudé, s’intégrait dans son milieu naturel, si précautionneux de ne point déranger la faune et la flore qui, à loisir, l’habitaient. Elle frissonna, rapprocha le vêtement de ses bras et de son buste, susurra un « Il fait froid ici ! Comment tu n’as pas froid ? », écouta la Miraluka parler de planètes qu'elle avait autrefois visitées. Parfois, ses paroles se perdaient dans une bourrasque comme si celle-ci se vengeait de ne pas faire partie de la conversation. Odeurs de sève de pins, de fleurs exotiques, le piquant iodé invité par le vent, venaient rassasier Lauren de souvenirs d’antan : depuis les lacs et océans qu’elle avait jadis parcourus avec sa mère, sur Rhinnal, jusqu'aux pinèdes desséchées, leurs pas craquant sur un tapis d’aiguilles. Des moments révolus qui, d’une certaine manière, reprenaient vie avec poésie.


Ces instants hors du temps, d’un infini calme, peuplés de mots compréhensifs, d’histoires anciennes et de péripéties récentes, de rires partagés, comblèrent Lauren d’un bonheur humble, celui de retrouver une amie.


« C’est ici ? » demanda-t-elle d’un geste du menton. Thann acquiesça.


« Dis, reprit-elle, le droïde m’a dit… qu’il était content de me revoir. (Elle insista sur la première syllabe.) Je n’ai pas osé le dire devant lui, mais, avant qu’il n’arrive… On s’est déjà croisé lui et moi ? »


Elles s’assirent d’un mouvement commun. Quelques pétales délavés dansèrent devant leurs yeux, au milieu de la table de pierre, et sans attendre les applaudissements, repartirent vers un autre lieu où dévoiler leur représentation muette.


« Je sais que je te le répète depuis tout à l’heure, mais c’est magnifique ici. Je veux dire, Ondéron, c’est beau. Tu connais ! Très sauvage aussi, mais… Je ne sais pas comment le dire, ça n’a pas le même charme. Hormis au Temple, c’est comme si les villes de la planète, là-bas, avaient repoussé la végétation alors qu’ici, vous vivez avec. C’est partout pareil ? (Lancée dans les questions, elle continua aussitôt :) Oh et, qui est Dhu Kkro ? (L’accent était approximatif.) Et c’est quoi Rainë ? »

Thann Sîdh
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Lorsque Lauren eut eu confirmation, elles s’installèrent toute deux tranquillement sur l’une des tables rondes. En y regardant de près, on se rendait compte qu’elle était en bois et, plus précisément, en bois flotté longuement travaillé pour pouvoir servir à présent de support. L’ensemble semblait n’avoir toujours formé qu’un bloc, ce qui n’était évidemment pas possible puisque le plateau et la forme était impossible à obtenir d’un seul tronc. Pourtant le résultat était là, et lorsqu’on voyait le résultat, de loin, on pensait voir le pied central de la table surgir du sol et continuer de croître pour mieux soutenir le repas des affamés, ou simplement leurs conversations.

Lorsqu’elle aborda la question de B0-UT et de son nouveau look pour sa nouvelle vie, Thann ne put s’empêcher de rire un peu de l’incompréhension de son amie. Elle s’était habituée assez vite à ce nouveau modèle et avait tout aussi vite oublié que tous ceux qui l’avaient connu ne l’avaient pas encore vu ainsi apprêté. « Bien sûr que tu le connais, c'est Bouteboute ! Bon... J'admets que je l'ai largement optimisé depuis la dernière fois qu'on s'est vu, et qu'il a gagné en élégance, mais je pensais que tu l'aurais reconnu ! Tu aimes la voix que je lui ai choisie ? Lauren écarquilla les yeux de surprise avant de répondre, enthousiaste : – Bouteboute ? Le vrai Bouteboute ? Tu l'as sacrément pimpé, je l'avais même pas reconnu... Il faut dire que ça fait combien de temps, maintenant ? Oui, d'où elle vient ? – Je sais plus... Longtemps ! Trop longtemps. Les Trois cristaux, je crois. Pour sa voix, j'ai épluché pendant des heures les banques sonores disponibles et finalement... On dira que je l'ai fait à l'instinct. »

Elle sourit largement, et reprit, ne laissant pas de côté la cascade des questions qu’on lui avait posées : Et oui, ici, l'idée, ça a vraiment été de se fondre au maximum dans la nature. On ne veut plus arriver en envahisseur, tout maîtriser, rendre les choses trop... carrées. Non. Au contraire. On essaie de passer plus... inaperçus ? Dantooïne est magnifique. La côte est magnifique. Et Rainë, c'est la ville que tu vois là-bas. Celle qui a accepté de jumeler l'Enclave à ses installations. Nous travaillons en étroite collaboration avec les instances publiques, là-bas. Enfin... Dernière question, Dhu Kkro, c'est l'un des chefs cuisiniers. Il connaît mon régime alimentaire, il sait toujours me préparer des choses fantastiques. C'est un Besalisk adorable. Et très drôle. La mention du Tournoi sembla troubler un peu son amie, – Les Trois Cristaux… Quelque chose semblait s’y être mal passé, pour elle aussi, mais plus profondément troublant que pour la Miraluka. Pourtant, Lauren ne lui laissa pas vraiment le temps de creuser cette veine, puisqu’elle poursuivit presque aussitôt après des marmonnements incompréhensibles. Vous avez vraiment réussi. C'est si rafraîchissant d'atterrir et de découvrir de la verdure, intégrée et en bonne santé ; pas ces vieux hologrammes dépassés qui puent l'électricité. Elle tourna son regard vers la ville, au loin, qu’on devinait à travers les feuillages. C'est beau... Tu me montreras la côte ?! On peut y marcher ? Et puis tu devras aussi me présenter ce Dhu Kkro. Elle regagnait en enthousiasme et se caressait le ventre à l’idée de cette rencontre. Le nuage était-il passé ? Haaan, j'ai tellement de questions à te poser et de choses que j'ai envie de voir sans même savoir qu'elles existent ! »

Oui, il était facile, de là, d’aller jusqu’à la plage proprement dites et même d’y plonger les pieds. Le sable, ici, était d’un blanc puissant, parfois mêlés d’un vert un peu curieux, résultat de l’érosion de certaines roches de ce côté de l’océan. Thann répondit avec le même enthousiasme que l’Echani : « D'ici, la plage n'est pas bien loin. Tu peux l'apercevoir entre les bouquets d'arbres, à l'occasion. Tu voudras tremper tes pieds après le repas ? On passera voir le chef en rentrant, s'il est pas trop occupé. – You’re the boss ! Je te suis, tu gères ! » Sur ce, le petite roucoulement distinctif des répulseurs de B0-UT se firent de plus en plus nettement entendre. Le petit déjeuner était arrivé. Il déposa sur la table un large panier qu’aussitôt Thann entreprit de défaire. Le repas était intégralement végétalien, composé de salade de légumes frais, de pain, de jus de fruits et d’une soupe froide dont le chef avait le secret et de fruits secs. Sans oublier, dans un thermos bien au chaud, un délicieux cacao. Un petit bonheur livré en un rien de temps. Aussitôt, Thann invita son amie à débuter son repas, elle-même ne se fit pas prier pour mordre dans les premières tartines.

Il lui fallut un petit temps pour parvenir à marcher correctement le continent de mie qu’elle venait d’arracher, mais elle Thann finit par en venir à bout et alimenter de nouveau la conversation. « Alors... Qu'est-ce que tu me racontes ? Qu'est-ce qui t'auras gardé sur Ondéron si longtemps ? La mine de son amie changea alors radicalement et des sentiments contradictoires semblaient se battre pour le contrôle de son visage. – Devine donc ! Les maîtres. Après les différentes missions, y a pas mal de temps, nous avons enfin pu rester tranquille avec Saery, mon maître. Tu te souviens d'elle ? Nous n'avons accompli que de courtes sorties. Il y a un an environ, elle est partie en mission, ma présence n'était pas souhaitée. J'ai eu-- enfin. Elle n'est jamais revenue. Je sais plus si je t'avais raconté l'histoire, mais je pense que t'en as déjà eu vent, non ? Thann eut le sentiment de se prendre un coup dans l’estomac. Non, elle n’était absolument pas au fait de cette disparition et, de la manière la plus sûre qui fût puisqu’elle l’avait vécu elle-même, elle savait pertinemment le sentiment qui habitait Lauren à ce moment. Pourtant, l’eau avait commencé de briser le barrage et Lauren poursuivit : Alors, eh bien je continue de m'entraîner tu vois ! C'est moins palpitant depuis, mais les maîtres ont refusé que je m'éloigne trop. Jamais hors d'Ondéron. Honnêtement, ça m'a plus enquiquiné qu'autre chose. Elle se mit à rire, du rire triste qu’on emprunte faute d’autre chemin pour une fuite désespérée. Thann, spontanément, avait cessé de manger pour saisir les mains de sa camarade et en caresser doucement le dos, pour la réconforter. Désolée, j'ai pété l'ambiance ! – Tu ne brises aucune ambiance, je suis sincèrement désolée, Lauren. Tu n'as pas à feindre, avec moi, je suis aussi passée par cette épreuve, souviens-toi, et je sais combien... La Miraluka resserra l’étreinte de ses mains. Si tu veux en parler, à coeur ouvert, je suis là. Tu n'as pas à avoir honte de la cette peine, tu n'as pas à avoir honte de ce que tu ressens. Cela ne sert à rien de faire semblant de se tenir loin de tout cela, je suis ton amie, d'accord ? »
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« Je ne sais pas si je fais vraiment semblant… Ou peut-être ? Il y aurait tellement de choses à dire, si peu de temps pour les évoquer, répondit Lauren d’une voix absente. »


Un voile troubla ses yeux. Une mèche neigeuse dansa devant son visage, portée par un souffle d’air discret. Elle la replaça derrière son oreille et accepta d’un mouvement de tête le petit gobelet fumant que Thann lui présentait.


« Merci. »


Pendant quelques secondes, elle plongea son regard dans le sien et acquit l’authentique certitude que Thann la comprenait vraiment, n’en doutait-elle déjà ; pas de ceux qui l’assuraient simplement, à la recherche d’un secret, d’une confession pudique.


Alors elle parla. De son passé, du déchirement après le décès de sa mère, de leur fuite, de leur survie précaire, de cette peur indicible de l’abandon qui la hantait. Mis à part Yann, Thann était maintenant l’une des rares personnes à qui elle l’avait avoué, du bout des lèvres, dans un souffle où perçait la honte. Son inhibition s’était brisée et le flot de paroles ne tarissait pas, cessait à peine lorsqu’elle buvait une gorgée de chocolat chaud. Elle continua, de leur reconstruction sur Makem Te, de l’attaque, de la disparition de son père et de son arrivée dans l’Ordre. Elle jeta un regard contrit en direction de son bras artificiel qui, pour toujours, lui rappellerait que ce jour-là, elle avait perdu un être cher. Elle évoqua sa rencontre avec Saery jusqu’à sa disparition, à elle aussi, aussi subite que les autres, aussi difficile à panser.


Faire le deuil d’une personne disparue était peut-être le plus difficile, tant l’esprit, abrasif, se heurtait à deux pulsions contradictoires : accepter cette perte pour avancer ou la refuser. Et si jamais ?


Elle se tut, seulement bercée par le bruit des feuillages brassés par la brise. Trente secondes durant, elles respectèrent ce silence attentionné qui succédait aux confessions intimes, à cette fissure du soi. Puis elle reprit :


« Voilà pourquoi… pourquoi je ne veux pas aller plus loin. J’ai réussi à dompter cette phobie, tu sais. Ils l’appellent la monophobie, les médecins. Des crises de panique, j’en ai tant vécu, pour si peu parfois. Je préfère maintenant accepter, penser à mes amis, à toi, à Kiva, à d’autres et non aux disparus. C’est… égoïste, mais sinon je ne vis plus. Voilà tout, tu connais presque toute l’histoire maintenant ! »


D’un geste lent, elle attrapa un fruit juteux et le fit rouler distraitement entre ses doigts.

Puis, à nouveau, un silence.


Le passé a derechef absorbé Lauren avec une dévorante facilité. Il était si aisé de s’y perdre, de s’égarer entre deux souvenirs douloureux, d’en ruminer les tenants et aboutissements, en vain.


Thann s’était levé, s’approchant d’elle d’un pas souple. Sa visière trônait sur la table et révélait les bandages blancs par-devant ses yeux. Ses bras s’enroulèrent sur les épaules de l’Echani, l’enserrèrent avec une affectueuse tendresse. D’abord interdite, Lauren déposa ses mains sur ses avant-bras, mesura dans la simplicité de ce geste toute la bienveillance qui émanait de Thann.


« J'aimerais te promettre que je serai toujours là pour toi, que notre devoir ne nous séparera jamais, comme ton Maître, mais je ne peux pas, on ne peut pas. Tout ce que je peux faire, c'est être là quand je le peux, et te serrer dans mes bras chaque fois que tu te sentiras triste, si tu me le permets, dit Thann, le menton roulant sur sa clavicule.


Je sais, murmure Lauren. Je sais bien, je ne te demande pas une telle promesse, mais tes mots me rassurent. Merci. »


Le silence les enveloppa une fois de plus. Le silence est toujours un message. Lauren se remémora ces mots, jadis professés par sa mère. Seules de rares situations permettaient d’en réellement mesurer la portée et c’était l’une d’elle. Un silence léger, dénué de faux-semblants, de sous-entendus, où comptait seulement la sensibilité de chacun.


Elles se séparèrent finalement, échangèrent un sourire complice.


« J’aimerai vraiment aller voir la plage ! demanda Lauren. »


Voilà, aussi bref que le chant d’un oiseau, aussi fugace que le souvenir d’un rêve, ce moment était terminé, leur rencontre avait repris son cours normal. Lauren savait qu’elle ne l’oublierait jamais, ce moment-là, mais petit à petit, elle sentait cet embarras qui s’entortillait au creux de son estomac à chaque fois qu’elle se confiait ainsi. Elle sirota le reste de son chocolat chaud, mordit dans le fruit. Thann réajusta sa visière.



***

Lancée à pleine vitesse, une botte brinquebalante dans chaque main, Lauren s’enfonça dans le sable jusqu’à ce que l’eau vienne lécher ses mollets. Elle se retourna, embrassant du regard ce morceau de plage où Thann les avait guidées.


Des arbres à basse canopée répandaient leurs racines, véritables vers des sables qui furetaient à la recherche de l’eau et de minéraux. Certaines, hors-sol, ressemblaient à une multitude de pattes décharnées sur lequel l’arbre, lassé, aurait pu s’enfuir. Quelle que fut l’heure de la journée, leurs immenses lits de feuilles, où dormaient tant d’oiseaux, recouvraient une partie de la plage d’une ombre dense et rafraîchie.


Du bois-noyé et des coquillages, de toutes formes et tailles, s’étaient échoués, cimetière d’organismes dont seul subsistait le squelette iodé. Lauren en ramassa un, le porta à son oreille, le jeta dans le sable, en prit un second et réitéra l’opération, puis elle s’élança, quatre ou cinq longues enjambées. Elle savourait le chatouillement de ce sable fin et tiède entre ses orteils, le clapotis des vagues en écho à ses éclats.


« Bon… Je me répète. (Lauren rit de bon cœur.) Mais ça t’étonne si je te dis que c’est magnifique. Quand je regarde là-bas, (Elle pointa du doigt l’horizon où ciel et mer se confondaient.) je me demande toujours ce qu’il peut y avoir, qu’est-ce qu’on regarde. Pas toi ? Vous avez eu votre mot à dire dans le choix du lieu ou bien la ville vous un peu « placés » (Elle mima les guillemets.) là ? »

Thann Sîdh
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S’il n’y avait eu Maître Karm, comment eût-elle réagi alors ? Quelle froideur eût-elle prétendu incarnée ? Eût-elle fait appel à l’implacable nécessité de tenir tout sentiment au loin ? Aux terribles mantras du Code, dans leur lecture la plus sévère ? Peut-être… Mais il y avait eu Maître Karm. Il avait été là pour lui parler des sentiments, de la peine, de la peur, de la souffrance aussi. De toutes ces ombres qui, si elles pouvaient se trouver parfois menaçantes, n’étaient pas aussi résolument dangereuses. De toutes ces noirceurs qui, finalement, dans le cœur de l’amie bienveillante, n’amenait rien d’autre que la compassion et le besoin, faute de pouvoir trouver les mots, de marquer sa présence d’une embrassade des plus sincères, des plus tendres. Sans plus une parole, Thann serrait contre elle son amie, la berçant presque, liant ses mains aux siennes.

🌿

Le vent côtier avait débarrassé le ciel de ses nuages. Lauren courait dans le sable, délestée de ses bottes, et gagna l’eau avec tout un bataillon d’éclaboussures. Quel cœur parviendrait à tenir sa mélancolie dans un cadre aussi vivifiant. Thann suivait tranquillement, souriante. A son tour, elle retira bottes et bas pour que ses orteils pussent connaître la félicité des ondes marines. Elle attendit d’avoir tout à fait rejoint Lauren avant de lui répondre. « Si tu veux tout savoir, là-bas, c'est très loin. Nous sommes au bord de l'océan, il faut des heures de vols pour atteindre le prochain continent. On a placé l'Enclave à quelques kilomètres de l'ancien site, celui de l'ancien Ordre, tu sais ? Revan, Maître Vendar, Maître Vrook, Maître Shan... Alors qu’elle citait ces noms, ses pensées tendaient vers ce passé lointain et cherchait à organiser ce qu’elle en avait retenu. Nous avons préserver les ruines, nous transformerons l'endroit en musée, plus tard, en jardins de méditation, aussi... Nous voulions nous rapprocher de la mer, qui n'était pas si loin, et qui permettait tant de choses comme... Courir comme une folle en essayant de sauter par-dessus les vagues sans se mouiller. Encore une fois, ses lèvres dessinèrent une joli lune qui tendit ses rayons et en baigna Lauren. – Je suis très mauvaise à ce jeu, alors ! Alors qu’elle parlait, Lauren regardait de droite et de gauche, le long du rivage, comme à la recherche de ce passé qu’elles venaient d’évoquer ensemble. Ces lieux sont chargés d'histoire... Comment ça se fait que ce site n'ait pas perduré ? A cause de Revan ? Vous y avez trouvé que des ruines ? Tu ne peux pas les voir d'ici, elles sont par-delà les collines que tu vois là-bas. Ces ruines ont des siècles. Détruites une première fois par Malak, elles ont été reconstruites, mais je ne me souviens plus du détail. Boute, une idée ? Elle se tourna vers le brave droïde qui flottait un bon mètre au-dessus de l’eau, un petite panier en osier fermement tenu sous lui – cadavre exquis d’un petit-déjeuner délicieux. – Les archives de l’Enclave site le nom de l’Exilée comme contemporaine de la reconstruction. On ignore cependant si elle en fut à l’origine. Par ailleurs, j’ai consulté une entrée issue des Mémoires du Maître Visas Marr. Il semblerait que l’Ordre Jedi renaissant a préféré gagner Ondéron que Dantooïne, pour des raisons très multiples, dois-je vous les énoncer ? – Non, ça ira, merci. De fait, les lieux ont été laissés à l’abandon durant des siècles. Le temps, la faune et la flore ont suppléé avec ferveur l’entropie et ont lentement ramené les lieux en un état proche de celui dans lequel les avait laissés les Siths de Malak. Pratiquement tout a été pillé par les locaux depuis. La zone est encore dangereuse mais j'imagine que nous pourrions aller les voir, si tu veux. Cela ne sembla pas débouté Lauren qui répondit immédiatement, non sans un enthousiasme criant : – Bien sûr, oui ! Super ! Imagine, on trouve un holocron ou que sais-je, dissimulé et que personne n'a vu ! Thann, elle, restait plus sceptique. Il faut dire que sa dernière visite des lieux avaient été singulièrement troublée. – On ignore s'il y a encore beaucoup à y trouver. Maître Karm, Loé et moi avons déjà parcouru une première fois les lieux et... La mort de nos ancêtres a laissé une plaie dans la Force, là. Les Consulaires ont parlé d'un Nexus. Un lieu où la Force est à la fois puissante et largement marquée par les faits passés. Peut-être pourrais-tu, sans trop de mal, convaincre mon Maître de t'y accompagner ? Ce sera bien plus simple de parvenir à avoir l'un de nous seulement ; goupiller nos deux emplois du temps est un véritable tour de Force. »
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« Avec Karm ? (Lauren hésita un instant.) Tu penses… qu’il acceptera de m’y accompagner ? Je doute qu’il ait le temps de faire guide touristique !


C'est un maître très pris, certes, mais jamais au point de négliger ses devoirs de formation auprès de nous. Et puis, je doute que de visiter des ruines imprégnées par le Côté Obscur et par les milliers d'âmes de nos ancêtres morts horriblement soit considéré comme "du tourisme", même avec beaucoup de mauvaise foi, répondit Thann.


Oh… euh, oui tu as raison. »


Lauren sourit maladroitement.


Là, à quelques mètres d’elles, un reflet rose accrocha les rayons lumineux, dépassant à peine du sable sans cesse trempé par les vagues successives. Profitant de l’occasion pour dissimuler sa gêne, Lauren l’attrapa et déterra de la plage, qui était devenue sa grève, un volumineux coquillage qu’une main ne tenait qu’à grande peine.


Ses couleurs oscillaient entre le blanc cassé et le blanc de platine, seule l’ouverture scintillait d’un fuchsia délavé. Sa forme rappelait à Lauren deux pyramides qui auraient été placées l’une sous l’autre, inversées. Elle parcourut des doigts les arêtes ondulantes et gercées, hérissés de petits pinacles.


« Bouteboute, qu’est-ce que c’est comme coquillage ça et qu’est-ce qui peut habiter un truc pareil ? demanda-t-elle.


C’est la coquille d’un strombe géant. Vous pouvez imaginer ça comme un gros escargot marin. D’ailleurs, il en existe de bien plus grands, leur coquille peut atteindre alors jusqu’à trente centimètres. »


Lauren tenait un spécimen d’une quinzaine de centimètres. Ses doigts suivaient le tracé des tâches colorées, si délicates. C’était comme si chaque petite particule minérale, excédée d’évoluer seule, avait souhaité prendre part à une œuvre commune, pour la postérité.

« Je pense que je vais le garder, ça me fera un souvenir ! conclut-elle. »


Thann posa une main sur son épaule et désigna l’orée de la forêt, derrière elles.


« Viens, suis-moi ! »


Lauren lui emboita le pas, secoua distraitement le sable de ses pieds avant de les enfoncer à nouveau dans ses bottes. Son coquillage sous le bras, elles dépassèrent une large racine blanchie par le sel, sautèrent sur les trois suivantes et, aidées d’une branche tombante, atteignirent un petit sentier bourbeux que le récent soleil avait asséché, malgré l’épaisse canopée. Le vent ne battait plus leurs vêtements maintenant, il filait, sifflant, au-dessus de leurs têtes. Des raies lumineuses drapaient le sol d’un cadrillage inégal.


Thann expliqua aussitôt :« Ce chemin est bien moins connu et entretenu que l’autre, mais il mène également à la ville en slalomant dans la forêt. »


Elles évoluaient dans un environnement plus familier qui rappelait à Lauren les nombreuses forêts ondéronniennes. Les senteurs multiples, vivifiantes, taquinaient les narines de l’Echani : le bois frais côtoyait l’odeur, plus puissante, du tanin, entre feuilles mortes humides et branches décomposées. Il semblait qu’il ne poussât, entre les majestueux arbres, que des fougères, par centaines, étendant leurs palmes avec aplomb.


Bien qu’elles fussent généralement moins denses sur Ondéron, les forêts s’enveloppaient toujours de cette ambiance si particulière ; un écosystème naturel qui invitait curieusement à l’introspection. Lauren le ressentait ainsi à chaque fois qu’il s’y promenait.


« Comment les habitants locaux vous ont-ils accueillis ? C’était pas trop compliqué au début ? s’enquit Lauren.


Nous avons été surpris, finalement, de la facilité avec laquelle les négociations se sont menées. Rainë est bâtie sur l'ancien site de Khounda. Le nom ne te dit sûrement rien, ce n'était qu'une toute petite bourgade il y a des siècles, mais l'Exilée a participé à la prospérité de l'endroit. Le fait est que cela a semé la graine d'un fruit que nous avons pu récolter aujourd'hui. Il y a bien eu des résistances, nécessairement, mais en ouvrant comme on l'a fait l'Enclave à tous, en laissant chacun s'y exprimer librement, disposant du même poids dans chaque décision, la confiance a pu naître. Il faut dire que les lointaines hostilités du Noyau n'ont pas trouvé un très grand écho ici. »


Lauren demeura un moment silencieuse. Elle acquiesça doucement. Makem Te se situait dans la Bordure Extérieure, si éloignée du Noyau, et pourtant… Elle chassa cette pensée.


« L’effet papillon…, dit-elle, rêveuse. T’as déjà parlée de l’Exilée tout à l’heure, qui est-ce exactement ? »


Un instant, Lauren craignit que Thann ne dardât sur elle un regard réprobateur.


« On n'en sait pas beaucoup, sur elle, répondit la Miraluka. Une des Jedis qui suivit Revan à la guerre, malgré l'interdiction du Conseil de l'époque. Elle est la seule à être revenue pour répondre de ses actes et à subir le jugement de celui-ci. Elle fut bannie de l'Ordre et ne revint que lorsque les Sith faillirent détruire pour de bon la lumière. Je n'en sais pas beaucoup plus, il faudrait demander aux Consulaires de t'ouvrir les archives sur la question. »


L’Echani dodelina de la tête. Elle n’en sait pas beaucoup plus… mais elle en sait déjà tellement ! Lauren s’émerveillait de la rapidité avec laquelle Thann convoquait ses connaissances pour les dégrossir ensuite au gré de ses explications.


Les deux jeunes femmes sillonnaient toujours paisiblement la piste, sans doute creusée par les passages successifs. Lauren ne se pressait pas outre mesure. Elle ne boudait pas son plaisir et profitait de cette bulle verdoyante.

Thann Sîdh
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Lauren Aresu – #F4BBFF


Alors qu’elles évoluaient parmi les feuillages, parfois, Lauren pouvait entrapercevoir la ville qui s’approchait, doucement mais avec certitude. Thann était songeuse, elle semblait vouloir aborder un sujet sans y parvenir. Elle finit par rompre le silence, inopinément. « Tu as eu l'occasion de parler avec Seïid, en-dehors des fois où elle squattait impunément notre conversation ? C’était qu’elle désirait ardemment abordé la question, sans équivoque, avant que la frénésie de la cité ne lui laissât plus l’occasion de le faire. – Pas beaucoup ! Quelques blagues et elle m'a dit que tu t'entraînais, si je me souviens bien. C'est pour ça qu'il me tarde de la revoir ! Si les mots peinaient à venir, du moins le sentiment était bien là et le sourire candide, d’aucun l’eussent jugé niais, de la Padawane suffisait à tout discours. – Moi aussi il me tarde toujours de la revoir... On... Tu sais qu'on est très proches ? Lauren parut aussi hésitante que Thann, il fallait bien le dire, ils n’étaient pas nombreux les professeurs à avoir pris le temps de leur apprendre à parler de ces choses. – Je... euh... On sent, dans les messages qu'on a échangés, que vous êtes proches, mais... La phrase s’enlisait, et la tension de la Miraluka continuait de croître, elle se tourna soudain vivement vers sa camarade pour souligner l’évidence avec tout ce qu’elle avait d’abrupt. – On s’aime. Le silence. La tension ne se dissipait qu’à peine. Parler, encore. Pas comme des amis, je veux dire. On s'aime... vraiment. Il est des jugements que l’on considère plus que d’autres, ainsi il en va de celui de l’amie, comme un trait salutaire aussi bien que mortel. Et Thann attendait qu’enfin l’Echani tirât. – Les indices semblent plus nets, maintenant ! Moi, en tout cas, je suis heureuse pour vous, tu sais ! Elle semblait s’excusait, sans raison. Et je... Je mesure ta confiance, le fait que tu m'en parles. » Leur gêne mutuelle était palpable et il ne pouvait qu’être un étrangement triste de trouver, dans l’expression de tant de joie, un tel garrot pour l’empêcher de jaillir et d’éclabousser les deux jeunes femmes.

Malgré tout, Thann poursuivit, soucieuse d’aller jusqu’au bout puisque le sujet était enfin abordé. « Nous nous le sommes avouées il y a un moment, déjà. Plusieurs mois. Nous... partageons la même chambre. Oserait-elle cette absolue honnêteté ? N’était-elle pas assez adulte pour oser le dire ? Certes, elle le fut, mais non sans se râcler la gorge avant. Le même lit. Elle chassa d’autant plus violemment la gêne en l’arrachant encore au fond de sa gorge. Je voulais... Je ne voulais pas te le cacher. Je... sais que ce n'est pas tout à fait commun, encore, dans notre ordre, mais les gens d'ici l'ont accepté, Maître Karm aussi. Je... Voilà. Je suis désolée si cela te met mal à l'aise. Lauren ne lui laissa pas le temps de s’en vouloir et répondit aussitôt. – Non, non ne t'excuse pas ! Ca ne me gêne pas, enfin... pas comme tu le ressens. C'est juste que c'est toujours difficile de savoir quoi dire, d'avoir les bons mots. Mais je suis sincère, je suis vraiment heureuse pour vous, plus encore maintenant que tu le me dis ! Merci pour ta confiance. Et la voilà qui gloussait, comme pour éclater la honte en fragments de rire. Alors, qui a toujours les pieds froids ? L’entendre ainsi ramener la gêne à ce qu’elle avait de ridicule libéra Thann d’un énorme fardeau d’air qu’elle poussa longuement hors de ses poumons. A son tour, elle laissa exploser son diaphragme, brisant le corset honteux, et répondit avec toute la sincérité du monde. C'est une Togruta, elle serait encore bouillante avec trente centimètres de neige comme couette. Merci... J'ai parfois, sûrement trop bêtement, peur des réactions. Je... te remercie. Juste. Mais... ça te surprend ? Je veux dire : tu nous connais depuis longtemps, est-ce que... tu ne trouves pas ça étrange ? ou alors peut-être ai-je été la seule aveugle à ne pas le voir venir à quinze parsecs d'ici ? »

Les deux amies rient de concert. Il était vrai que Seïid n’avait jamais émis la moindre surprise. De son côté, elle avait su écouter la nature, son cœur, sans broncher. Thann… C’était autre chose. Il avait fallu levé de nombreux verrous avant d’oser nommer les papillons bien étranges qui voletaient au creux de son ventre. Elle était curieuse d’un regard extérieur. « Est-ce que ça me surprend ? Un tout petit peu, mais finalement, avec le recul, je dirais que ça se voit, ça se sent. C'est... doux, mais pas étrange, non ! Le temps d’une étreinte, Thann glissa ses mains dans le dos de Lauren et l’accueillit avec bonheur avant qu’elles ne reprissent leur chemin. Ce serait mentir si je te disais que je comprends pas ta peur des réactions, malheureusement... – Elle a plus de facilité que moi, à envoyer valser par-dessus son épaule toutes les réticences, tous les regards. Depuis qu'on s'en est fait l'aveu, elle a... un naturel. Tout coule de source pour elle tandis que je trébuche à chaque étape. Certains jalons de ce périple lui vinrent à l’esprit, sans y être invité, et une vague de chaleur se jeta se répandit sur le sable de ses joues. Je crois que je suis juste plus... pudique ? Réservée ? Je sais pas. Mais je l'aime, pour sûr, autant qu'elle m'aime. Je suis juste plutôt nulle pour le montrer avec la même aisance. – Moi, je pense que vous vous complétez et ça aussi, ça se voit ! Le montrer avec aisance n’est pas synonyme de sincérité. Elle se reprit aussitôt, craignant que ses mots ne fussent mal compris. Enfin, non, mais bon c’est très mal dit désolé ! Je veux dire que ton manque d’aisance, qui n’en est peut-être pas un, veut simplement dire que tu le montres différemment avec une sincérité franche, tu vois ? De nouveau elle s’assura ostensiblement de la concordance entre sa pensée et ses mots, mais elle en fut insatisfaite. Bon rien à faire je suis super nulle pour m’expliquer et puis qu’est-ce que j’en sais ! Je crois que je suis comme toi finalement à ce niveau-là ! conclut-elle en riant.

Quelques pas, encore. La ville n’était plus loin. Thann continuait de penser et de livrer ses pensées, comme elles lui venaient. Pourquoi on a voulu chasser ça de notre vie, tu crois ? En vrai ? Je... Bien sûr, la jalousie, la possession, la peur de perdre... Mais en même temps, est-ce que ce risque n'est pas ridicule quand... le reste est si rayonnant ? Je sais pas... Lauren, hésitante, lui demanda alors. – Euh… chasser quoi, tu veux dire ? – L’amour. La Miraluka trouva la réponse si évidente qu’elle ne put s’empêcher de penser à une autre interprétation, laquelle lui sauta soudain au visage et les légères ondées chaleureuses qui avaient déjà déserté ses joues revinrent en force, irradiant furieusement cette fois comme rarement cela avait été le cas. Oohh... Euh... Oui... Non... Je voulais pas dire... Oh par la Force... Elle se cacha alors le visage dans ses mains, fuyant la honte qu’on lui prêtât une telle hardiesse. Lauren, en réponse, pouffa de nouveau de bon cœur. – Non j’avais bien compris que tu voulais pas dire ça, mais pour le reste… Tu penses vraiment qu’on veut le chasser ? C’est parfois compliqué, pire encore a une autre époque. Mais je pense que dorénavant, les mentalités ont changé. Et continueront. Mais tu as raison, c’est si rayonnant ! Thann essaya de rire à son tour, mais sa gêne restait palpable. – Et toi tu te moques, en plus ! T'es une vilaine… Sur cette condamnation audacieuse, elle alla chercher dans la besace livrée par B0-UT une gourde pour étancher sa soif et refroidir ses ardeurs. Apaisée, du moins en partie, elle reprit. Les mentalités ont changé... Oui, certaine. Mais tu m'imagines avoir cette conversation avec Maître Marja ? – OK, là, tu as raison ! C’est bien pour ça que je parle d’une autre époque et je pense que la nôtre la supplantera comme elle a déjà commencé de le faire. Finalement, nous sommes - en tant que Jedi - en train de nous rendre compte que l’acceptation devrait faire partie intégrante du Code. Et c’est bien ! Surtout quand ça permet à deux personnes de s’aimer sans barrières. De nouveau, la métaphore de son amie porta Thann vers des pensées qu’elle cherchait pourtant terriblement à repousser. Vaillamment, elle battit en retraite, d’autant que les deux femmes arrivaient à l’orée de la ville.

« Oui, oui... C'est... Oui. Enfin... On ne va pas tarder à arriver. Culturel, historique, économique ou humaine ? De quelle richesse de Rainë veux-tu profiter en premier ? L’hésitation suspendit dans l’air un « euh » remarquable avant que Lauren ne répondit enfin : – Je sais pas ? Culturelle et humaine je dirais ? Mais historique aussi ? Ouais enfin tout quoi, peut-être moins économique. Soudain plus assurée, Thann ne laissa pas son hôte se défiler. – Très bien, on terminera quand même par les boutiques car j'ai des merveilles à y trouver, par contre, il va falloir m'ordonner tout ça, ma très chère amie, je ne peux pas t'envoyer tout voir d'abord ! Il te faut faire un choix. Celle-ci imita un enfant excédé par la pression parentale et souffla ostensiblement. – T’es louuuuuurd ! Bon, culturelle, humaine, historique et économique. Voilà ! Aussitôt Thann de lui rétorquer en riant, – Bien, et parce que vous faites preuve d'une grande effronterie, jeune fille, vous porterez mes courses en punition ! » Et c’est précisément ce qu’elles firent mais si bien qu’elles en furent terriblement lentes. Seïid n’eut d’autre choix que de les rejoindre en ville, leurs premiers repas s’y firent joyeusement et le soir tombait quand enfin le trio, électrisé par le bonheur simple des retrouvailles, regagna l’Enclave.

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