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"Retour au calme"

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Janimel soupire. Le ciel sombre de Dromund Kaas semble refléter son état d’esprit. Elle n’a aucune raison, pourtant, de se sentir déprimée. Son avenir professionnel s’annonce sous de meilleurs auspices, maintenant qu’elle a à nouveau pris du galon. Chaque promotion est une petite victoire, dans le fait qu’il se trouve de moins en moins de stupides idiots arrogants pour la sous-estimer et la sacquer.

Et pourtant, ce soir, l’abattement est là. Elle a récemment perdu deux hommes, encore, et le reste de l’équipage a dû lui effectuer la haie du déshonneur, encore. Sa course à l’honneur semble s’éterniser, elle se sent tel Sysiphe à voir son objectif s’éloigner à chaque fois qu’elle s’en approche. La dernière nouvelle en date ? Ses parents et cadets ont à nouveau trahi. Elle vient d’apprendre qu’ils avaient rejoint les rangs renégats de Darth Ramken.
La Estjoll n’est pas surprise, elle ne connaît que trop bien les tendances de ses parents, mais son désespoir grandit au fur et à mesure de leurs actions. Elle n’a pas de nouvelle de son aîné et, ne l’ayant presque pas connu, est bien incapable de savoir qu’il n’a pas trahi, lui non plus. Par conséquent, elle part du principe qu’elle est le dernier membre loyal de sa lignée.

Toujours est-il qu’elle se rend à son établissement favori, le seul dont le patron lui laisse sombrer dans son propre déshonneur, sa conduite honteuse. Ici, elle peut parier sur John Ranballow, ce joueur de grav-ball… Ré-pu-bli-cain.

Janimel passe dans les ruelles qu’elle connaît désormais par cœur. Perdue dans ses idées moroses, elle ne réalise où elle est qu’une fois devant l’enseigne. “le Rancor Albino”. Alors qu’elle pousse la porte, son mental baisse encore un peu plus. Elle sait qu’elle déshonore son nom d’une manière encore pire que sa famille avec ça. Elle sait aussi qu’elle en a besoin pour tenir, pour supporter la pression et les humiliations que certains continuent de lui infliger.

La porte à peine passée, ses problèmes s’allègent sur son esprit. Elle retrouve cette ambiance discrète, intime si j’ose dire, qui lui manque tant lors de ses patrouilles. Ici, elle se sent un peu plus libre, dans ce lieu elle peut être elle-même et avouer ses travers à d’autres habitués. Le capitaine de la Marine sait, ou tout du moins elle se doute, que les renseignements impériaux ont des oreilles ici. Elle pense même qu’ils seraient sacrément incompétents de ne pas en avoir, mais tant pis.

Si les renégats ne faisaient pas parler d’eux, il est presque certain qu’elle serait dans les cibles d’observation prioritaires des renseignements. Un officier de la grande Marine Impériale qui tombe en pâmoison devant un sportif républicain, c’est une faille potentielle pour la sécurité. Heureusement, pour l’instant, les deux blocs sont en paix relative, les rebelles continuent de rendre nécessaire tout soldat ne tentant pas de faire défection et, pour terminer, elle n’a jamais tenté de prendre contact avec un républicain quel qu’il soit pour obtenir ses objets de collection, ce qui limite énormément le risque de divulgation d’information essentielles.

— Salut Jarren… Mets-moi ce que t’as de plus fort ce soir, j’en ai besoin.

— Tout de suite beauté. Dure journée ?

Elle sait qu’il n’attend pas de réponse, elle sait que son petit surnom ne contient aucun sous entendu, et elle sait, surtout, qu’il ne sera jamais insistant avec ses question, malgré cette curiosité qu’il a et qui semble sans limites.

Elle ne fait pas attention à ce qu’il se passe autour d’elle, n’ayant pas besoin de se retourner pour voir le Mirialan violet au bras robotique se bidouiller le bras, ni pour savoir que tel ou tel habituer recommence à tricher aux cartes. Tout ce dont elle a besoin, actuellement, c’est qu’on la laisse tranquille et que son verre arrive.

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"Piégée"

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Quelques minutes. C’est le temps qu’il faut à Janimel pour finir son verre, en commander un second et le finir lui aussi.

Quelques minutes, c’est le temps qu’il lui faut pour se détendre un peu et relâcher la tension de cette journée, pour retrouver son calme.

Quelques minutes, enfin, c’est le temps qu’il faut pour que sa solitude soit brisée. Une femme arrive, une sith selon le sabre pendant à sa hanche. Janimel la voit arriver du coin de l'œil. Une femme, selon les protubérences discrètes apparaissant au-dessous de son cou, à la démarche sûre de celle qui a tous les droits d’être ici, qui a tous les droits d’être partout. Sa tenue ample, bien que d’un assortiment de couleurs discrètes mais d’un bon goût évident à qui connaît la noblesse, renie à notre capitaine le droit d’en savoir plus sur son physique.

L’inconnue s’assoit proche de la soldate, alpague le barman et s’ensuit un échange des plus humoristiques qui tire au capitaine un sourire amusé. Bien évidemment, Janimel remarque la touche de vérité dans la dernière annonce de la Seigneurie. Tout SIth, surtout en ces temps troublés, se doit de redoubler de vigilance lorsqu’il visite une planète inhabituelle. Après réflexion, ils se doivent de garder un tel niveau de vigilance partout et seul un endroit comme cette cantina, où on ne s'attendait pas à la voir s’arrêter, lui permet de baisser ne serait-ce qu’un peu sa garde.

Un habitué ne se laisse pas intimider par l’odeur de chat mouillé qui se dégage de leur nouvelle camarade et s’approche, ayant tout de même la présence d’esprit de le faire timidement. Janimel se retient de rire et se contente d’un sourire moqueur en voyant le vieil Hormund se faire rabrouer à sa première phrase. Il est toujours en train de chercher de nouvelles victimes à plumer et elle s’est fait prendre une fois, alors qu’elle ne connaissait pas la cantina et ses coutumes. Depuis, elle a toujours refusé de combler le manque de joueurs à sa table. Elle attend désormais impatiemment de le voir se faire envoyer bouler par la Sith, comme le reste de la salle d’ailleurs, afin de pouvoir se moquer de lui pour sa vaine tentative.

A leur grand désarroi, la nouvelle, dénommée Catra apparemment, n’est pas assez vigilante et accepte. Pire, elle demande à ce que la soldate joue elle aussi. La dernière Estjoll loyale ne veut rien d’autre que refuser. Elle veut se contenter de boire tranquillement au bar et écouter les derniers ragots, demander des nouvelles de son joueur favori à Jarrene et oublier ses problèmes. Le problème est que l’autre, cette ignoble Felacatian, est une sith. Et la volonté des Siths est loi, surtout sur Dromund Kaas ou aucun Renégat un tant soi peu futé ne pointerai le bout de son nez, ou de son museau dans le cas de Catra.

Avec un soupir, Janimel avale d’une traite la boisson que son confident lui a fait parvenir, la troisième de la soirée. Elle ne s’occupe pas de compter ce qu’elle lui doit, sachant qu’il garde les comptes pour elle et n’a jamais tenté de la rouler là dessus.

— C’est bon, Hormund, fais-moi une place à ta table, j’arrive.


Elle regarde à nouveau la Sith en se promettant de s’associer avec son comparse pour la délester de toute économie qu’elle peut avoir amené, un juste retour des choses pour l’avoir attirée dans ce guet-apens.

— Enchantée… Catra. Vous pouvez m’appeler Aina.

Sans plus de formalité, elle se lève et attend que la Seigneurie féline ne se dirige vers la table de jeu aux allures de billot pour la suivre.

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"Descente aux enfers"

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Bien évidemment, Janimel a obéi aux désirs de la Sith. Bien sagement, elle s’est rendue au billot. Bien docilement, elle s’est assise à la table de l’enfer. Pire, la Sith annonce fièrement avoir joué avec, je cite, “tout c’que l’espace kossadi compte de mercos prêt à se battre pour nous”.

Janimel se trouve encore plus décidée à s’associer au vieil Hormund afin de lui faire ravaler ses prétentions, le jeu étant la seule occasion où elle se permet d’aller à l’encontre des intérêts d’un Sith. Dès que la partie commence, quelques paires d’yeux se rapprochent, curieuses de voir ce que donne la nouvelle venue face à l’habitué. A la surprise générale, sa fortune ne semble pas augmenter, elle stagne, voire même régresse au fil de la partie.

La capitaine sent, de son côté, qu’elle est la seule à avoir pensé s’allier aux autres habitués. En une heure, grâce au fait qu’elle arrive à peu près à lire les bluffs de la Sith, elle arrive à se tenir à flot. Pour quelqu’un qui ne connaît pas son adresse aux cartes, on pourrait croire qu’elle joue simplement et ne sait pas lire les expressions. En réalité, sans cette observation d’autrui qu’elle tient de son métier, elle aurait coulé, ses jetons avec, en une vingtaine de minutes.

C’est donc avec une confiance en elle renouvelée qu’elle assiste à l’échange entre les deux autres joueurs. Son regard passe aussi le long des formes de la Sith alors qu’elle se demande si cette dernière s’est si souvent retrouvée dans cette tenue osée.

— Je vois, et j’en déduit que tu ne voulais pas te retrouver seule dans cette situation hein ? Désolée, mais je suis loin d’être assez ivre pour t’accompagner.

Janimel, à cette phrase, lève la main. Elle sait qu’elle ne devrait pas, vu qu’elle peine simplement à se tenir à flots sans trop d’alcool, ce qui lui laisse aussi assez de lucidité pour s’arrêter avant de tomber dans son travers, mais elle a soif et ne peut décemment pas se permettre de montrer une quelconque faiblesse à cette inconnue.

— Jarren, mon chou…

— J’arrive tout de suite. Qui veut autre chose ?

Après avoir pris les commandes de chacun, le barman arrive avec les boissons. Régulièrement, s’oubliant dans le jeu, l’humaine commande une nouvelle consommation, sans voir le piège qui se referme sur elle, manche après manche, main après main.

Catra debout sur sa chaise, en pleine déclamation, éblouit notre capitaine alcoolisée. Elle éclate de rire à la chute de cette histoire, comme la quasi-totalité de l’assistance, puis se tait. Elle se fige dans un mutisme atterré lorsque son nom est prononcé. Elle ? Déclamer une anecdote ? Quelle horrible condamnation…

Janimel se creuse la cervelle un moment, elle cherche une anecdote sans danger pour son employeur, et finit par trouver une idée. Ses déboires de paris sportifs.

— J’en ai bien une… C’était il n’y a pas si longtemps, je venais de toucher mon premier salaire. J’était dans une cantina pour fêter ça, et j’ai vu un match de bolo-ball. Cette cantina prenait les paris et, j’y connaissait rien à l’époque, je me suis dit que ça valait le coup d’essayer. J’ai misé sur l’équipe à la côte la moins élevée avant de voir qu’ils étaient menés à la fin de la première mi-temps… On m’a dit que c’était leur style de jeu, que j’avais pas à m’en faire pour mon argent, qu’ils enverrait les bons joueurs à la seconde mi-temps...

Elle laisse quelques secondes passer, prend le temps de boire un verre, avant de reprendre.

— Ils avaient raison. Le match s’est inversé d’un coup et mon équipe remontait avec fulgurance. Il ne restait qu’une dizaine de minutes et l’équipe était revenue à égalité, leur buteur était lancé pour marquer le but de la victoire….

Un nouveau verre plein arrive à la table, qu’elle finit en quelques longues rasades.

— Et v’la pas que c’t’abruti marche sur la balle et tombe en se faisant la cheville ! L’autre équipe en profite pour marquer le dernier point et gagner !

Elle soupire de dépit, sans se rendre compte que cette anecdote précise ne correspond qu’à un unique match lorsqu’on prend en compte les détails qu’elle donne sur le déroulé et la manière de jouer des équipes. Avec ça, n’importe qui peut deviner à quel mois elle a reçu sa première paie et, surtout, qu’elle avait misé sur une équipe républicaine.

Pendant ce temps, les cartes continuent de tomber et sa fortune fond de plus en plus vite alors que son taux d’alcoolémie augmente.

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"CITATION"

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Janimel ne comprend pas. Elle ne comprend pas comment cette Sith peut faire pour être complètement inconsciente de son rang, de sa position dans la société, au point d’accepter une telle humiliation. Sous ses yeux, les regards de certains joueurs et clients alentours glissent déjà sur la tenue de la Felacatianne. Elle peut sans souci deviner qu’ils tentent de l’imaginer se dévêtir devant eux.

Vient ensuite son histoire. Janimel s’épand et répand son histoire, déjà connue de quelques habitués de l’établissement et du barman. Lorsque Calix se lève, elle la regarde d’un air intrigué mais ne dit rien, se tourne vers les autres joueurs et se rend compte qu’elle est la cible de plusieurs regards inquisiteurs. Hormund finit par se faire la voix du groupe avec une unique question.

— Tous les Siths sont réellement comme elle ?

Janimel hausse les épaules. Elle sait qu’ils ne pousseront pas plus loin si elle ne veut leur répondre, mais elle a déjà compris qu’ils en savent plus sur elle qu’ils ne veulent bien le dire, vu qu’il en va de même dans l’autre sens. Chacun est libre de garder ses secrets dans ce bar, certes, mais il est impossible en réalité de garder son origine réellement secrète lorsqu’on se croise si régulièrement, dans un lieu de détente comme celui-ci.

La sith de retour, la partie reprend. La capitaine ne voit nullement la petite ruse de la Sith. Elle est bien trop concentrée sur son jeu, sur comment ne pas se faire plumer et protéger le peu de sa mise qu’il lui reste, pour ça. Tout ce qu’elle réussit à remarquer, encore heureux, c’est que la mise de sa supérieure descend à vue d'œil. Il semble que la prédiction de cette dernière s’avère juste. Tout ce que l’humaine espère est que les idées de sa supérieure ne deviennent pas contagieuses et que le groupe ne décide de lui faire subir le même sort, vu qu’elle sait être la prochaine sur la liste des éliminés.

La dernière passe de Jormun est finalement terminée, c’est au tour de Calix de distribuer. La capitaine récupère ses cartes prestement et les regarde le plus discrètement possible. Elle doit se servir de son entraînement et d’un peu de volonté pour ne pas laisser son souffle la trahir. Elle est sauvée. Avec cette main, elle est sauvée et peut même, si elle la joue fine, se renflouer suffisamment pour survivre à la partie. C’est alors que Calix prend laparole.

Janimel reste digne en entendant la proposition de cette Sith. Le simple fait d’héberger sous son manteau une femme nue la débecte de par son rang, son éducation, mais elle se retient. Elle se retient cependant de le montrer, cette femme se trouvant être une Sith et le respect des sensitif est bien trop ancré en notre Capitaine pour qu’elle puisse ne serait-ce que songer à refuser.

— Je suppose que je n’ai pas le choix, n’est-ce pas ? Et je ne garantis pas de ne pas le perdre, par contre, on verra bien ce que l’avenir nous réserve.


Elle commence à jouer, à miser prudemment, comme à son habitude, mais elle mise un peu plus longtemps, ne se couche certainement pas, jusqu’à ce qu’il ne reste que deux joueur à miser, deux joueurs qui sont en fait des joueuses.

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"Alea Jacta Est"

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La prudence, la défense. Rien ne vaut plus dans la vie du Capitaine Estjoll que ces deux mots. La prudence permet généralement de ne pas se retrouver dans ce genre de traquenard, elle permet de voir venir le danger avec un tant soit peu de vivacité d’esprit, de stratégie. La défense arrive ensuite, lorsqu’il est impossible d’échapper au traquenard ou que la prudence n’a pas permis de le voir venir.

C’est ainsi qu’elle dirige ses hommes, c’est ainsi que son équipage survit le plus longtemps et qu’elle peut récupérer l’honneur de réussir ses missions avec le minimum de pertes dans ses rangs. C’est ainsi, pour ainsi dire, qu’elle vit et qu’elle joue.

Aujourd’hui, la prudence fut inutile, car la volonté des Siths est absolue et cette Sith voulait la voir à sa table de jeu. La défense, au poker, est le fait de jouer prudemment. Elle sait qu’elle a peu de chances de gagner ainsi, mais cela l’empêche au moins de perdre dès le début.

En ce moment, alors que trônent sur la table deux rois, deux as et un deux, elle se sent chanceuse. Sa main contient justement un autre deux et un As, ce qui lui assure un full sans problèmes. Presque aucune main ne peut la surpasser, sans compter que les suites et les couleurs sont actuellement impossibles.

De plus, au fur et à mesure que les adversaires se couchent, la probabilité que la féline ait une meilleure main s’amenuise. L’assurance de cette dernière, cependant, permet à Janimel de se dire que son adversaire a peut-être une meilleure main qu’elle. Ainsi, elle affirme une bonne fois pour toute sa supériorité face aux joueurs attablés, en tant que Capitaine de la grande Marine Impériale, tout en perdant contre la Sith, rassurant cette dernière sur le respect que l’héritière Estjoll porte au rang social. Prête à perdre la totalité de ses gains, Janimel se prépare à pousser le tas restreint de ses jetons. Elle se fige, pourtant, avant d’amorcer son mouvement.

Un oeil un peu trop baladeur. La lèvre qui tremble légèrement. La pose volontairement désinvolte mais, pourtant, légèrement crispée. Tous ces symptômes, elle les a déjà remarqués chez les victimes du groupe. Un coup de bluff mal mené, la tentative de la personne qui a tout à perdre et n’arrive pas à le cacher.

La dernière phrase finit de décider l’impériale. Si elle accepte, pour l’ensemble du groupe, elle sera la vainqueure. Elle sera celle qui aura fait taire cette nouvelle venue trop sûre d’elle. Si elle accepte… Elle vaincra un Sith. Elle sera, l’espace d’un instant, supérieure à la caste absolue. Cette simple idée lui donne des sueurs froides. Elle sera désignée. Elle sera désignée comme le soldat qui n’hésite pas à humilier les Siths pour une gloire éphémère. Elle sera la risée, la honte de la profession. Elle perdra tout.

La main légèrement tremblante à cette idée, les joues vidées de toute couleur à la simple possibilité d’oser surpasser un Sith, Janimel dépose humblement ses cartes sur la table, face cachée.

— Je ne suis pas à la hauteur. Je me couche.

Elle ne sait pas, à cet instant, qu’elle vient de gagner quelques minutes de répit supplémentaire, qu’elle aurait perdu l’ensemble de sa mise si elle n’avait pas succombé au contre-bluff de Calix.

Les cartes ramassées, Janimel sent les regards moqueurs se poser sur elle. Elle sait, elle devine ce que les autres attablés pensent. Elle vient de s’afficher clairement comme ne supportant pas la pression, certes, mais ils n’ont aucune idée du genre de pression que son adversaire venait de lui mettre. Ils ne savent pas, non plus, que contre n’importe qui d’autre elle aurait été sans pitié.

La donne change de main, c’est Janimel qui distribue. Rapidement, elle se rend compte que sa main, au moment du flop, est inutile et passe. Petit à petit, alors que le temps passe, sa mise réduit encore et toujours, au même rythme malgré quelques victoires par ci par là, jusqu’à la passe décisive, celle qui marquera son éviction ou sa survie. Il faut qu’elle la gagne, elle n’en a pas le choix sous peine de repartir grande perdante.

Sa main semble prometteuse, elle a même la possibilité de miser raisonnablement jusqu’à la turn, mais ne pourra pas suivre la rivière. Si elle ne les fait pas tous se coucher d’ici le retournement de la quatrième carte, elle devra miser quelque chose d’extérieur pour ne serait-ce que tenir jusqu’à l’abattage.