Fâr Sorem
Fâr Sorem
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[Dialogues traduits du Huttese]


Des mois plus tôt.
Coruscant – Bas-Fonds - Niveau 3125.


Le sol est poisseux, à certains endroits. Impossible de savoir ce que c’est. On fait seulement attention à ne pas y coller ses semelles. Tout autour, les murs infinis des tours d’immeubles de Coruscant qui s’étagent en milliers de niveaux superposés, construits sur des millénaires. C’est un labyrinthe, de ceux dont il n’existe aucune carte et dont on ne peut espérer ressortir propre sans savoir exactement ce qu’on est venu y faire. On prend à droite, puis à gauche, et on retombe indéfiniment sur les mêmes ruelles glauques, sur les mêmes escaliers glissants, les mêmes figures de clochards hagards.

A cette profondeur sous la surface, la lumière naturelle n’existe plus : seuls les néons et les éclairages psychédéliques des publicités d’altitude projettent de partout leurs faisceaux de lumières crues. Elles découpent les ombres à la vibro-lame, donnent aux moindres poubelles des allures traumatisantes. Si vous habitez-là, vous ne connaissez rien d’autre, toute cette agitation rampante est votre quotidien. Sinon ? Vous enfoncer dans les entrailles de la ville basse jusque-là est une épreuve en soi. Mais, on risque de ne pas pouvoir vous féliciter, c’est là que les choses sérieuses commencent.

Ici, pas d’holonav, les gars. Les réseaux sont parcellaires, et les accès Holonet, très chers. Vos comlinks risquent autant leur vie que vous. Autant peser longuement le pour et le contre avant de tenter d’appeler « la police ». Laquelle ne viendra peut-être pas jusqu'ici.

Dans la gueule du couloir qui s’ouvre depuis la rue, et semble plonger encore plus bas qu’on ne l’est déjà, on peut à peine apercevoir les grilles défoncées d’une entrée dérobée qu’on a sans doute tenté de condamner, jadis. Il fait si sombre que seules les espèces nyctalopes peuvent songer à se déplacer sans l’aide d’un éclairage. L’odeur infâme qui émane des bouches d’aération suffit à dissuader les derniers téméraires de s’aventurer là. Il n’y ni à boire ni à manger, ici, sinon des activités dont on préfère ignorer la nature exacte. Surtout si on habite juste de l’autre côté de la rue. A priori, ces bâtiments, dont l'autre face surgit beaucoup plus loin, bien plus présentable il paraît, se présente comme un complexe médical. L'évidence même lorsqu'on lorgne sur les ouvertures noires et sans vie qui s'offrent à la vue depuis les trottoirs vides.

Le genre d’endroit que, non vraiment, même un type armé jusqu’aux dents et légèrement éméché aurait plutôt évité ! Plutôt ? Sauf à savoir très précisément ce qu’il est venu y faire.

Le genre d’endroit que Sorem fréquente, donc.

C’est pourquoi ? Râle une voix affreuse quelque part dans le noir.

Le pyke se plante dans l’embrasure de la porte et entreprend de fouiller ses innombrables poches, sans se presser. Il trouve ce qu’il est venu porter. Croise les bras et, avec provocation, agite le datacube qu’il tient à deux doigts.

Le courrier.

Fâr, malgré sa vue adaptée à cet environnement de nuit, peine à trouver des détails dans la mélasse d’ombre que sont les couloirs enclavés. La silhouette est petite, trapue : c’est tout ce qu’il en voit. Le reste est dissimulé sous une épaisse capuche grise agrémentée d’une armure de mauvaise facture et d’un respirateur.

Ah ! Bien ! Tu es en retard, par contre... Pas terrible ! Commente la voix avec un ton soudain plus guilleret,

J’suis pile à l’heure, kxringe’. Toujours. C’est oit’qu’a pas la bonne toquante, tu piges ?

Mh, mh. Je vais pas me battre pour ça, spico. Tu peux entrer, mais dépêche-toi : le Soleil Noir n’est pas du genre à attendre ! Ses émissaires non plus.

Fâr ne répond rien, impassible. Il garde sa position, avec la même nonchalance goguenarde. La seule différence tient au fait que sa hanche a pivoté, laissant la possibilité à sa main de tirer l’arme qu’elle porte avec la fulgurance qui est la sienne. Un détail que le petit gardien serait en peine d’appréhender.

Suis-moi. Il doit être descendu, maintenant. Ne le dérange que le temps de transmettre ton colis. Pas de tentative de corruption, pas de colportage, et surtout pas de bavasseries inutiles !

La petite silhouette passe devant lui avec un bruit métallique. Elle cherche ses pass, les trouve, et leur dégage un passage vers l’intérieur du bâtiment abandonné.

Eh, tu penses que c’est la première fois que j’me ramène dans vot’piole de tronchés, l’marlou ? T’inquiète pas. Kazlam m’expédiait déjà faire le mariole ici qu’t'étais encore à pointer aux services sociaux. Le toubib’ connaît ma tronche et moi la sienne, alors épargne-moi le didacticiel !

C'est une suite de couloirs grisâtres aux murs douteux, munis de quelques grilles, champs de forces et passage vers des salles à moitié vides où règne une odeur de mort. Fâr connaît l'endroit, il n'a pas vraiment changé depuis la dernière fois. Peut-être à peine plus en loque, et encore ?

Si tu le dis… Je ne fais que mon boulot, rien d’autre.

Alors on est deux, mon p’tit baltringue ! Fissa, j’ai pas qu’ça à foutre, allez !



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Des mois plus tard, c'est à dire « aujourd'hui ».

Excarga, Capitale de Zogoto, Quartier n°755


Autre temps, autre décors : loin des sales étages de l’immense Coruscant, Excarga, monde minier secondaire, planète a priori sans histoire, perdue dans la lointaine Bordure Extérieure, indépendante mais surtout corrompue à tous les étages…

Sur la façade de guingois de l’un des bâtiments en hauteur, perché on ne sait trop comment sur la profonde avenue qui relie l’une des hovergares au centre-ville grouillant de Zogoto, on peut lire « Dan’Nagoha* » en larges lettres capitales bardées de néons en fin de vie. Le vent, le sable charrié depuis les mines ont mené la vie dure au décorum des commerces de la surface. Ce lieu de loisir ne fait pas exception, et peu de choses peuvent inciter le voyageur de passage à choisir cet établissement plutôt qu’un autre, tant la décrépitude du 755 invite peu au fantasme. On se croirait sur les quais du Quartier Bleu de Corellia, l’atmosphère saturée de produits dégueux en prime. Sur les différents niveaux qui composent la « rue » à proprement parler, les badauds vont et viennent inlassablement, et on peut observer tout leur petit manège depuis les larges baies vitrées des derniers étages du Dan’Nagoha. Pour autant, l’essentiel de l’activité de l’établissement ne s’établit pas vraiment en terrasse, sous un soleil écrasant.

Sous les rues plutôt présentables de ces quartiers populaires, une véritable fourmilière a grandi avec le temps. Bienvenu à la Plaque, tournante bien-sûr, ce trente-six heures sur trente-six, quelque soit le temps qu’il fait au-dessus ! Un endroit tout à fait fabuleux pour les pykes, mais aussi pour toutes les espèces prenant part aux trafics qui font la petite et la grande vie de la Bordure. Un coupe-gorge tout aussi fabuleux pour les autorités locales, qui ont depuis longtemps cessé de tenter d’en maîtriser les environs, conscientes que la configuration particulière des nombreuses anciennes galeries minières qui en forment les accès sont piégées par les malfrats qui les connaissent par cœur. Dans cet immense supermarché noir sur près d’un demi-kilomètre de profondeur sous le quartier 755, la Plaque compte parmi les centres de passage prisés entre les frontières républicaines et l’espace contrôlé par les Cartels Hutt. Ici, tout s’achète et tout se vend. Absolument tout.

Le paradis, quoi ?

Teshe’.

Le pyke, affalé au fond du siège, tourne la tête en direction de la twi’lek qui fend les rangs de son pas chaloupé, sans conviction. Son cou de serpent lui permet de la regarder sans avoir à bouger les épaules : le mouvement est perturbant à contempler, par ce qu'il a d'impossible à un être humain. Ses yeux iridescents se détachent à peine dans la pénombre, où il a élu domicile, confortable. La fille, parfaitement intégrée aux décors, invisible tant elle en fait partie, se glisse derrière le siège le plus naturellement du monde. Depuis l’autre côté de l’immense salon, elle peut tout aussi bien nettoyer les tables, ramasser les verres laissés là par les clients, que personne n’y aurait vu malice. C’est un manège habituel.

Y a quelqu’un pour toi, au moins-un.

Elle ramasse effectivement un verre qui traîne, pour justifier d’être arrivée jusque-là aux yeux des indiscrets qui jalonnent l’endroit. Fâr tire sur sa pipe sans bouger ses fesses d’un millimètre, noyant la silhouette de la serveuse dans un nuage ocre.

Il est pas là.

Leurs échanges discrets se sont fondus dans le brouhaha. Un peu partout, des types bourrés s’invectivent, des attroupements se forment devant les retransmissions des courses de pods de la semaine, et les rendez-vous plus ou moins nets vont bon train autour des tables.

Bah, y a maille à s’faire, à c’qu’y dit.

Elle-même n’a pas l’air très convaincue, mais elle fait la commission, ni plus ni moins, comme elle vient d’être payée pour la faire. Sorem est un grand habitué des lieux. Ils se connaissent, donc, plutôt bien. Mais rien de tout ça n’est une évidence en dehors des yeux des âmes damnées du Dan’Nagoha : qu’on soit ici depuis des années ou pour la première fois, le caractère des tauliers reste le même. Merdique…

Avec un ricanement à peine audible, le grand alien se plie vers la table basse, où il a prit soin d'étaler quelques affaires.

De quel genre, ton jobard ?

Étranger. Humain, apparemment. Parle pas le huttese, bizarre. Mais renseigné. Il a dit à Baudrel qu’il cherchait à « entrer à la Plaque ».

Fâr contemple les visages lointains des occupants de la cantina, tout en pesant les paroles de la twi’lek. L’ambiance est plutôt détendue, pour un après-midi. Comme toujours, la silhouette étrange du pyke n'est pas unique, dans les environs. Dans l'angle opposée de la large salle, il avise le regard de Mâzef, puis celui de Tisha. Il leur fait signe, l'air de rien. Elles opinent.

Ouais. Ils disent tous ça.

Avec une trace de mauvaise grâce, il consent malgré tout à plier bagage. Range son bric-à-brac dans ses poches, réajuste sa ceinture et fait de nouveau disparaître son faciès étrange derrière la barrière opaque de son casque pressurisé. La serveuse est passée à autre chose, toujours l'air de rien, elle a contourné les tables et s'est fondue entre deux gaillards. Sorem observe une minute les environs, veille à ce que ses ombres captent convenablement sa manœuvre, et s'avance vers les escaliers à moitié dissimulés par l'un des décors de la scène, où miaule encore une artiste togruta dont personne ne retient jamais le nom.

Le bruit de fond du Dan’Nagoha et de sa faune s'estompe. Seuls les pas lourds du pyke en armure s'entendent dans l'étroite cage d'escalier qui s'enfonce à travers les étages. Il atterrit au milieu d'une autre foule, plus compacte, qui se dispute quelques mètres carrés emplis de fumées et de rires. Sans se laisser distraire, il fend la masse multicolores des aliens agglutinés là, et franchit une série de pièces sans se presser. Un gamorréen lui barre bientôt la route, les troncs qui lui tiennent lieu de bras croisés sur son imposant bas-ventre. Il lève rapidement les yeux lorsque la haute silhouette de Fâr se découpe dans le brouillard ambiant.

Salut, Bau'. Alors, c'est quoi le deal, cette fois ? Tu ramènes quoi ?

Aucune idée, c'est Stofal qui l'a ramené, pas moi. Il a traduit, le type brasse pas un mot d'huttese... J'lui ai dit d'attendre derrière, si jamais tu veux voir : moi, j'dis que ça vaut pas le coup. On sait pas d'où il vient, ni par qui il est passé. Pas clean, ça.

Derrière lui, le dernier couloir donne en réalité sur un sas. Lequel délimite l'entrée et la sortie des niveaux inférieurs du Dan’Nagoha, dont Baudrel et ses mains gardent précieusement l'entrée.

Pas clean, hein ? C'est bon, j'prends. Si ça dégénère... tu mettras ça sur la note !

Ricane Fâr à travers son masque. Il se détourne, et va prendre place plusieurs mètres de là, s'asseyant sans vergogne à proximité d'un couple qui le dévisage avec un air stupéfait.

Faites comme si j'étais pas là, les toquards. Allez, j'regarde pas. Enfin, j'vais essayer, hein ?

Leur siffle-t-il d'un ton doucereux sans dévier son regard de la porte où Baudrel a disparu à l'instant. Les clients échaudés tentent de l'ignorer, en vain. Avec un intérêt neuf, le pyke attend l'arrivée du type qui l'a fait demander par son nom de code. Forcément pour affaire, on s'amuse pas avec ce genre de choses, par ici. Sa nouvelle planque temporaire n'est qu'une manière de savoir à qui il a affaire : au milieu de l'agitation, difficile de l'apercevoir en premier. Mais lui, ne ratera pas la tête du premier toquard qui se ramènera par cette porte.

Alors, de quoi va-t-on discuter aujourd'hui ? La question l'intrigue, parce qu'il ne s'y attendait pas.

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* trad. du huttese, littéralement "Bon Voyage"




Torhyn Lokred
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Des mois plus tôt.
Coruscant – Bas-Fonds - Niveau 3125.



Dans une [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]:

- Vous semblez vous remettre de vos blessures cher monsieur.

- En effet.

- Vous avez besoin d’une nouvelle identité donc ?

- Oui.

- Nous pouvons vous aider. Vous êtes médecin vous aussi ? Je me demande ce que vous avez fait pour nécessiter cela ?

Mon regard glacial laissait sous-entendre que je n’étais pas d’humeur à faire étalage de ma vie. Je sortais de l’enfer, et Darth Oracci avait promis de me payer ma nouvelle identité. Tout était prévu depuis quelques temps. Il était temps d’honorer cette promesse.

- Souhaitez-vous une petite retouche ? Un terme élégant pour parler d’un genre de lifting qui changeait légèrement les traits du visage. Juste pour semer le doute dans l’esprit de ceux qui auraient pu croiser le « remanié » auparavant.

- Oui, je suis ici en grande partie pour cela.

- Très bien, c’est noté. Vous avez un ou une mécène très convainquant(e) cher monsieur. Nous vous avons réservé notre prestation VIP.

- Trop aimable…

- Vous ressortirez d’ici tout neuf. N’ayez crainte, nous avons l’habitude.

- Si vous le dites.

Je n’étais pas très loquace. Ces toubibs du dimanche (plus accès « esthétique » que véritable médecine) m’avaient rafistolé au mieux. J’espérai que le ravalement de façade prévu serait plus convaincant.


**



- Haaaa Docteur Lokred ! Vous avez l’air au mieux de votre forme. Je suis navré nous avons fait ce que nous avons pu. Mais votre état ne nous permet pas de faire mieux. Peut-être lorsque votre emphysème sera guéri…

- Vous savez bien que c’est incurable !

- Oui…certes…

- Ca suffira pour le moment.

- Mais vous pourrez revenir quand vous irez mieux pour que nous puissions lisser le tout…

J’avais haussé les épaules. A quoi bon… ? Les cicatrices ne se voyaient pas, et mon visage avait suffisamment « changé » pour semer le doute dans l’esprit de ceux qui m’avaient connu.



**
Il y a quelques semaines
Navette en route pour Coruscant


« Docteur Thorn… » ......>

Non…trop formel…

« Cher Docteur Thorn »...…>

Ha oui…mais non…c’était encore trop…

« Absalom ».....>

C’était quand même un peu simplet comme formulation…

« Cher ami, ».....>

Hum…pourquoi pas ? Après tout je le savais suffisamment ouvert d’esprit pour ne pas s’offusquer de ce genre de chose. Et il avait appris à me connaitre, moi et ma manière de m’exprimer…Bon, poursuivons.




« Cher ami,
J’espère que vous vous portez au mieux. Je suis, pour ma part, en bonne forme, grâce à vous ! Vous m’avez libéré dans tous les sens du terme, et m’avez redonné gout à la vie, moi qui ne voyais que part ma maladie. A présent j’ai bon espoir de trouver un moyen de me guérir. Je suis actuellement en voyage d’affaires sur Coruscant. Je vous tiendrai informé de mon prochain retour sur Hapès.

Avec mes amitiés,

T.L.

PS : Ci-joint, un petit souvenir de notre première collaboration. »





Le souvenir en question n’était autre que la fameuse peluche de Tooka que j’avais gagné lors de la fête de la Courge sur Balamak. N’avais-je pas dit que Torhyn était un grand sentimental ?



**
Il y a quelques semaines
Coruscant - Bas-Fonds - Niveau 3125.




J’avais finalement pris la décision de revenir dans cette clinique. Pourquoi ? Il y avait deux raisons à dire vrai. La première était d’ordre matérielle. J’avais besoin d’un élément bien spécifique pour continuer sur la voie de la guérison. Aussi quand j’avais présenté cette requête un peu « spéciale », le médecin qui m’avait déjà opéré avait pris un air mystérieux.

- Ha…hum…pas simple en effet. Disons que pour maximiser les chances, il vous faut trouver une pièce d’origine.

- Exactement…Bien qu’il soit possible d’utiliser un élément universel. Mais…il y a des soucis de compatibilités qui peuvent entrer en cause.

- Je comprends…Peut-être devriez-vous vous adresser directement à notre fournisseur.

- Qui est ?

A nouveau j’eus droit à un air mystérieux…

- Il se fait appeler Teshe'banza.

- Técé’k’ça ?

- Teshe'banza, c’est du huttese.

- Veuillez m’excuser, mes connaissances dans cette langue sont rudimentaires. Je ne parle pas huttese.

- Cela veut dire « Sombrêve ».

- Un poète…

- A sa manière. C’est un Pyke. Demandez-lui l’impossible, il vous le fait.

- Ha, un poète utile donc…Une rareté. Et où peut-on le trouver ce garçon ?

- Hum…ce genre de renseignement coute cher docteur, je ne suis pas sûr de…J'eus un sourire poli...mon regard s'était assombri. Avec douceur, mais fermeté je précisais:

- Vous savez qui je suis ? De quoi je suis capable ? Il hocha de la tête, alors si vous ne voulez pas me prendre littéralement de grippe, cher collègue, je vous conseille de rester à votre place et répondre à mes questions. Car même vos employeurs ne pourront vous préserver de ce que je peux vous faire.

Il eut un sourire entendu, et m’invita à entrer dans la salle d’opération.

- Et si nous profitions de votre meilleur état de santé pour un petit lifting, gratuit évidemment. Je pourrais vous donner plus amples détails sur notre ami en même temps ?

- Faisons cela.




**
Actuellement
Excarga, Capitale Zogoto, Quartier n°755



Je profitais du long voyage qui m’attendait pour travailler, et poursuivre ma correspondance. Je commençais par He’Thu.




« Ma très chère amie,

Comment vous portez-vous ? Un petit message pour vous signaler que je poursuis les investigations à la recherche d’un bien qui pourrait nous convenir. J’ai découvert un bel endroit sur Hapès grâce au Docteur Thorn. Un homme charmant ! Je vous enverrai quelques holo-clichés dès que je rentrerai sur Hapès. Je suis en route pour la Bordure Extérieure…Je recherche de la matière première. Je vous raconterai cela de vive voix lors de nos prochaines retrouvailles.
Prenez soin de vous,

amicalement votre,

T.L. »





J’observais mon visage dans le reflet d’une vitre de la navette. Mon visage me tiraillait un peu, mais au moins des rides s’étaient estompées et ma peau était plus rebondie. Une profonde satisfaction m’envahissait en constatant l’excellent travail du médecin que j’avais visiblement intimidé.

Mon homologue de la Clinique des Bas-fonds de Coruscant m’avait rencardé sur un type qui savait comment trouver le fameux « Sombrêve ». Depuis que je participais aux aventures d’Absalom, j’avais pris pour habitude de simplifier et surtout adapter ma garde-robe. Je ne pouvais décemment pas porter mes traditionnels costumes durant nos périples. J’avais donc opté, dans le cas présent, pour une tenue passepartout, et surtout agréable à porter. Par-dessus une chemise en lin, j’avais passé une veste qui dissimulait un holster où sommeillait mon blaster. Les talons de mes bottes noir claquaient sur les pavés des rues grouillantes. Mes cheveux étaient laissés libres et mes ondulations voguaient au gré de la petite brise qui s’insinuait parfois entre les immeubles. Je pris une bouffée de cet air vicié que mes poumons artificiels filtraient sans souci.

Je devais trouver le « Dan’Nagoha », rien de bien compliqué, quoique sa façade et ses néons défraichis ne donnaient pas envie de se risquer là-dedans. Qu’est-ce qu’il m’attendait là ? Je soupirai…quand fallait y aller…

Je suivais les instructions données par le toubib de la clinique. Je passais donc le message, et le nom du « type » que je recherchais. On me fit attendre. Pendant un moment d’ailleurs. Enfin un gamorréen se pointe. Le gaillard qui m’avait accueilli traduisait ce que j’énonçais. Bien entendu je restais suffisamment évasif. Je réservais les détails pour celui que j’espérais rencontrer. A nouveau on me fit attendre. A croire que j’avais demandé rendez-vous avec la Reine-Mère d’Hapès ! Par combien de sous-fifres allais-je devoir passer avant d’enfin obtenir satisfaction. Enfin le gamorréen revint et me fit comprendre que je devais le suivre. J’espérais que mon futur interlocuteur avait des connaissances en basic ? Langue des signes ? Aucune chance qu’il parle le lorrdien…Cela promettait.

Je fus introduit dans ce que j’identifiais comme…un genre de boite de nuit. Entre la fumée, les fêtards, il était difficile de distinguer quelque chose. Il me fallut quelques secondes pour adapter ma vision à ce chaos. Un coup au niveau de mon bras me fit réaliser que le porcinet m’indiquait une direction. Plissant les yeux, je distinguais alors un alien assis. Je devinais sa grande taille malgré tout. Il portait un casque typique, épousant la forme particulière de sa tête de pyke. Le voila donc.

Je slalomais entre les tables et les gens pour le rejoindre et prendre place devant lui, non sans le saluer d’un signe de tête.

- Alors c’est vous, Teshe'banza ? Ravi de vous rencontrer. Il est difficile de vous approcher, mais je peux comprendre que vous preniez des précautions. J’affichais un sourire poli. On m’a dit que vous étiez doué pour trouver ce dont on a besoin. Il s’avère que j’ai besoin de quelque chose de très spécifique. Une serveuse s’était approchée de moi pour me proposer à boire. Je ne souhaitais pas consommer, mais je savais que dans ce genre d’endroit cela pourrait être assez mal pris. Aussi je commandais : un whisky corellien, sans glaçon. J’attendis qu’elle se soit éloignée pour reprendre : n’avez-vous pas un endroit plus tranquille pour parler affaire ? Ce que j’ai à vous demander est…particulier. Je n’aimerais pas que cela s’apprenne.

Je fixais son casque, je n’aimais pas quand on m’empêchait de voir les traits de mes interlocuteurs. Cela me forçait à trouver d’autres méthodes d’analyse, comme tout bon lorrdien que j’étais. Comme observer son corps, et les signaux qu’il envoyait à travers sa posture ou ses gestes. Mes yeux d’un bleu glacial scintillaient dans cette ambiance électrique. Je guettais chaque mouvement de ce pyke, j’étais passé en mode analyse, essayant de comprendre à qui j’avais affaire. Me comprenait-il au moins ?

Fâr Sorem
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La porte s’ouvre, donc. Clac ! Ou plutôt 'Pfzzzzzz...' Un truc comme ça. Quelques têtes se tournent, mais personne ne réagit vraiment à la venue d’un nouveau client. Trop de bordel pour un si petit endroit ! La silhouette qui en sort est seule et sans armure : c’est la première chose qui frappe Sorem. Pas forcément bon signe, mais au moins, le touriste du jour a soit une vague connaissance de la « bienséance », soit il s’avère complètement inconscient ! L’un dans l’autre, ça ne change pas grand-chose au déroulé de l'action. De part et d’autre de ses jambes croisées, Fâr laisse négligemment ses pouces posés sur les gâchettes de ses blasters, immobile et vigilant depuis son confortable point de chute. C’est en effet la tête d’un humain, fringué sans grande classe, totalement quelconque au milieu de ce capharnaüm. Jusque-là, la scène colle plutôt bien au synopsys...

A côté, les clients dérangés dans leur tentative d’être discrets renoncent à récupérer leur table et changent de place. Fâr, imperméable à leurs regards outrés, s’étend encore davantage sur le carré gagné à la seule force de son sans-gêne. L’inconnu à la tignasse défaite s’installe face à lui, ce qui confirme silencieusement le pronostic du porte-flingue. Celui-là est bien celui qu’on lui a annoncé à l’entrée : l’étranger qui-parle-pas-huttese, le bizarre. Bref, un type venu d’on ne sait trop où pour on ne sait trop quoi : le genre de personne que Sorem croise plutôt souvent, au carrefour de la galaxie. Reste à savoir ce qu'il veut vraiment.

Alors c’est vous, Teshe'banza ? Ravi de vous rencontrer.

Sombrêve, Noiréclipse, Ephémerveille, Visionirique, Voldenuit. Tous ces pseudonymes aux accents étranges et évocateurs traduits de langues étrangères à l’aide d’un drôle de dictionnaire, sont autant de moyens détournés d’avoir accès à des « commerçants » d’un tout autre genre que ceux qu’on croise de jour, derrière les jolies devantures des boutiques des villes du Noyau. On ne s’adresse pas à eux si on ne sait pas ce que l’on cherche, qui l’on cherche, ni à quel prix. Un autre écosystème, une autre sphère, avec ses propres allées de traverses. Donc, le visiteur sait ce qu'il veut, ou ? Il sait qui il veut, c'est déjà pas mal.

Le type se met à babiller comme s’il était attablé au café de la rue. Et vas-y que j’te raconte ma vie avec un air de ravi de la crèche… Fâr cligne des yeux derrière son masque, blasé. Si « Teshe’banza » avait pu comprendre ce que « ravi de vous rencontrer » voulait dire, la chose aurait sans conteste refait sa journée ! Malheureusement, l’opportunité de rire ne vient qu’avec la compréhension, et la seule chose drôle tient à l’accent terrible du personnage qui lui laisse penser que le drôle vient de loin.

Un whisky corellien, sans glaçon.

D’un regard dédaigneux, la proche-humaine aux mèches multicolores le toise au milieu du brouillard ambiant, une main sur la hanche.

C’est ça ! Et pis pourquoi pas du vin d’Alderaande, aussi tant qu’t’y est ?! Ici c’est l'Turbofizz ou rien, mon p’tit gars ! Faut pas déconner !

Elle débarrasse la table d’un geste expert et bouscule le type au passage. Fâr la suit du regard une vague seconde : seuls ses yeux pivotent, alors que sa tête étrange demeure bien en place. Il revient à l’humain, maintenant penché en avant sur son siège.

Sa tenue vaut celle de n’importe quel numéro de la salle, à peine trop débraillé pour qu’on ait envie de le soupçonner d’être autre chose qu’un paumé ordinaire. Bien joué... Sa mouille affiche un sourire de parfait publiciste : il vend du rêve, ou bien il se vend, ou bien les deux à la fois. Plutôt convaincant, l'animal ! Il donne envie ! Mais son numéro peut bien valoir pour les individus de son espèce, ils marchent moins bien sur les étrangetés qui gravitent par ici. Encore que, suffisamment proche en physionomie des échevelés pour en comprendre les mimiques, le pyke n’a pas de mal à deviner la tentative d’autopromotion de son partenaire du jour. Le privilège d’avoir également deux yeux, un nez, une bouche, et une ribambelle de dents à montrer pour composer quelques tableaux sympas ?

N’avez-vous pas un endroit plus tranquille pour parler affaire ? Ce que j’ai à vous demander est…particulier. Je n’aimerais pas que cela s’apprenne.

Avec une franche dénégation des deux mains, Fâr arrête l’humain : c’est inutile. Le seul effort qu’il consent à faire à l’adresse du potentiel client est de se plier à articuler d’une manière terrible les quelques mots qu’il pense connaître, avec son fantôme de ricanement perpétuel :

Ch’lé pèrrrl pé tuaé laank dèch târis’t, ûmaanh’ji ! L’pazik’ ksssêpa pârlé heïssi, ex-è âtré’chaz. Oueï ? Bocce, t’ua pèrrrl ?²

Cette courte entrevue lui apprend l’essentiel de ce qui importe pour sa profession. L’homme est armé, mais d’une manière qui évoque davantage la protection que l’agression. Son arme est de petit calibre et tend à être dissimulée sous ses vêtements. Ses bottes sont beaucoup trop lustrées pour appartenir à un mercenaire. Elles ne portent aucun blindage, son pantalon de contient aucun renfort : cette tenue décontractée ne conviendrait pas vraiment à une escapade dans un lieu mal famé ! Ses gestes sont rares et peu déliés : soit c’est un excellent acteur, soit c’est un civil. L’œil vigilant de Fâr suit, derrière les pensées rendues presqu’extralucides par la fumées qui les embrume constamment. Pas de danger immédiat à causer avec le gusse, très bien. Baudrel a peut-être tort de penser à un canular ? Les opportunités se cachent là où les y attend le moins ! Sorem n’est pas du genre à reculer devant un peu d’intrigue, pour peu que le jeu soit prometteur !

Stofal ? Nan wata ! Jee dayan uba bai kouuobabau.*


Eheh...! f'ee bla f'ee haf'tkocanh f'en bimhee bahia !**

Derrière l’inconnu, le guide qui l’avait introduit plus tôt dans le bâtiment avait joué l’ombre silencieuse pour fermer la marche. Un alien à peine plus petit que l’humain, mais dont les trois yeux pédonculés attiraient autrement plus l’attention que la tignasse sombre d’à côté.

Jee nah jiu bai dopo bai bkoha biw tah…***

Le visage incongru du Gran se fend d’un large sourire gras, ses dents de devant saillant dangereusement depuis sa bouche proéminente.

Il pourrait ressembler à ça, le mec:

Faif’tes pas f’ette têf’te, m’fieu’ : j’fais traduire graft’is pour fo’t trogne, on est des braf’es gens, saf’ez…

Annonce Stofal avec un air faussement niais.

L’ Bazic est pfas fraiment parléf’, par ifi. Z’pas très très bien fu, d’ pas causer Huttese, fous saf’ez ? Mais f’est pas graf’e, tout l’monde a fes p’tits foucis…

Puis Stofal et son cheveu fur la hangue se tournent vers Fâr et remonte artificiellement le cours de la conversation :

Goo f'banag bai meef'to toe f'a f'uee pieah lumf'pa !****

La longue tête casquée du pyke acquiesce. Il laisse le temps à la serveuse de déposer sans douceur un large verre sous le nez du type efflanqué, avant d’entreprendre de déployer sa longue ossature serpentine, jusqu’à dominer la petite table qui les sépare de toute sa hauteur retrouvée :

Roachee mi.*****

Fait-il en désignant quelque chose du pouce derrière lui. Sans s’expliquer davantage, il tourne les talons, enjambe l’un des sofas laissé là et enjoint ses deux comparses à le suivre dans le brouillard épais qui les entourent.

On f’era plus franquilles en bas.

Parce que, oui, apparemment, malgré que le niveau 0 soit encore apparent, il y a encore plus bas qu’en bas, sur Excarga. Au fond de la salle, dans l'un des murs, encore un escalier.

En réalité, il y a un en bas en bas d'en bas. Ceci, Lokred le découvre très vite.

__________

²trad. du Fâr improvisé : Je parle pas ta langue de touriste, l'humain ! Le Basic est pas parlé par ici, essaye autre chose ! Oui ? Le Bocce, tu parles ?
* trad. du huttese : Stofal ? Viens ici ! J'ai besoin d'toi pour traduire. J'vais pas m'amuser à essayer de comprendre ça.
** trad. du huttese : Je savais bien que je finirais par servir [à quelque chose].
*** trad. du huttese : Je vais pas m'amuser à essayer de comprendre ça.
**** trad. du huttese : Il dit qu'il veut aller dans un endroit plus calme.
***** trad. du huttese : Suivez-moi.


Torhyn Lokred
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Quelques heures plus tôt



La réponse d’Absalom à mon message m’avait fait grand plaisir. Je ne voulais pas le tenir à l’écart de mes progressions. Aussi avais-je rédigé une nouvelle réponse :




Mon cher ami,

Un grand merci pour ce document transmis et qui m’a rendu un grand service. Mon séjour sur Coruscant s’est quelque peu écourté, mais j’ai pu apprécier la qualité de la cuisine et l’atmosphère fort sympathique de deux des adresses que vous m’avez recommandées. Ce fut un régal. Vous avez, comme de coutume, un gout très sûr. Je garde précieusement ces indications pour ma prochaine visite sur ce monde.

Je suis ravi que ce tooka ait trouvé une place de choix à vos côtés, avec tous les avantages qu’il peut accorder. Soyez rassuré, je n’éprouve aucun sentiment de peur vous concernant. J’ai toujours aimé les animaux, mais la plupart du temps, ils sont des cobayes. Alors quand ils arrivent à moi ils sont stressés, effrayé, et souvent affamés. Il est important, quand on fait des recherches scientifiques avec des cobayes, quels qu’ils soient, d’apprendre à les comprendre et d’établir un lien de confiance suffisant. Quelle ironie ne trouvez-vous pas ?

Comme je vous le disais, j’ai dû quitter Coruscant, un collègue m’a renseigné sur un individu qui pourrait m’aider à trouver une pièce manquante sur le dur puzzle que je dois réaliser. Il a la réputation de trouver absolument tout dans cette Galaxie. Peut-être pourrait-il même vous être utile. Je vais établir un premier contact sur Excarga, un monde minier situé dans les Territoires la Bordure Extérieure. J’espère trouver sur place un interprète, les rares mots que je connais en Huttese ou Bocce sont bien trop limités. Il va vraiment falloir que je trouve le temps d’apprendre au moins une de ces deux langues pour me faire comprendre dans ce genre d’endroit. Je vous tiendrai informé de mon investigation, et surtout de la fiabilité de l’individu. Je n’ai pas autant de tact que vous, mais c’est l’occasion de mettre en application ce que j’apprends à vos côtés.

Je vous en prie, n’ayez aucune retenue envers-moi, même à l’écrit, c’est toujours un plaisir de converser avec vous, de quelque manière que ce soit. Et lire les nouvelles que vous me donnez atténuent une étrange sensation d’éloignement. Alors, n’hésitez pas, cher ami, à m’écrire autant qu’il vous plaira. De même, Ana est une personne remarquable, je la sais réservée, mais si d’aventure elle avait la moindre question en matière de Sciences, je reste à sa disposition pour l’éclairer dans la mesure de mes capacités.

Je dois vous laisser, je suis en vue de ma destination. Portez-vous bien !

Veuillez croire à mon meilleur souvenir et en l’assurance de mon amitié la plus sincère.
T.L »





Le souvenir en question n’était autre que la fameuse peluche de Tooka que j’avais gagné lors de la fête de la Courge sur Balamak. N’avais-je pas dit que Torhyn était un grand sentimental ?



**
Actuellement




- Ch’lé pèrrrl pé tuaé laank dèch târis’t, ûmaanh’ji ! L’pazik’ ksssêpa pârlé heïssi, ex-è âtré’chaz. Oueï ? Bocce, t’ua pèrrrl ?


Keskidit?

J’étais resté un instant sans voix en entendant la tentative désespérée de mon interlocuteur pour s’exprimer. Cela tenait plus de borborygmes que de véritables mots. « Bocce » çà j’avais compris. Mais le reste…Nous v’là bien…Heureusement, le Gran qui m’avais accueilli un peu plus tôt, un dénommé Stofal, était venu à notre rescousse. Quoique son basic était gâché par un accent terrible, et un détestable cheveu sur la langue. Bon sang que tout ceci allait être long. Mais, malgré tout, je demeurai courtois et gentilhomme.

- Faif’tes pas f’ette têf’te, m’fieu’ : j’fais traduire graft’is pour fo’t trogne, on est des braf’es gens, saf’ez…

- C’est fort aimable à vous cher monsieur, j’apprécie.

- L’ Bazic est pfas fraiment parléf’, par ifi. Z’pas très très bien fu, d’ pas causer Huttese, fous saf’ez ? Mais f’est pas graf’e, tout l’monde a fes p’tits foucis…

- Comme vous dites. Seulement, habituellement j’ai un ami qui a la gentillesse de me traduire le Huttese. J’eus un sourire avant de reprendre, mais soyez assuré que la prochaine fois je saurai m’adapter autrement. Votre ami ici parle le Bocce si j’ai cru comprendre ? Ne le pratiquant plus, j’ai grandement perdu en vocabulaire, et syntaxe. Je comblerais tout cela si d’aventure nous en venions à conclure un marché. Ce sera plus pratique pour de prochaines entrevues.

Et cela m’évitera d’avoir à souffrir la locution de ce Gran. Mais pour l’heure il allait falloir faire avec. Au même titre que la mixture que la serveuse venait de me servir. Je la gratifiais de mon plus beau sourire angélique, et paya. Je saisis le verre, y trempais mes lèvres, retins une grimace de dégout – Par la Force que c’était fort !

- C’est…explosif, fis-je en guise de compliment, mais la serveuse n’en avait cure, elle m’encaissa et s’éloigna non sans pester que « ce n’était pas une boisson pour les petites natures, et que de toute manière celui-là il était maniéré, non mais il s’était cru où d’abord et ghniaghniaghnia ».

Sans regret j’abandonnais mon verre sur une table, et emboitais le pas à la suite de Sombrêve. A nouveau nous empruntâmes des escaliers.

- Décidément…ceux qui ont conçu l’endroit n’ont pas hésité à creuser profondément et avec avidité.

Cela me rappelait un holo-film fantasy que j’avais vu il y avait quelques temps…Mais passons. Je le suivais donc, son sbire sur mes talons. Je n'étais pas à proprement parler inquiet. Je n'étais pas une menace pour eux, et j'imaginais que s'il accédait à ma requête, c'était qu'il semblait intéressé par ce que j'avais à dire. Il sera toujours temps de s'inquiéter...plus tard. mais je demeurai optimiste...




Fâr Sorem
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______________

L'ouverture dans le mur est sommaire, et on devine qu'il vaut mieux ne pas être bien large pour s'y glisser. Impossible pour le garde gamorréen de les y suivre, pour l'exemple ! Mais Fâr, malgré sa taille d'alien, est suffisamment mince pour y entrer, ses deux suivants aussi. Si bien que le trio quitte la salle enfumée pleine de rires et de hurlements pour le noir et le silence.

Sans lumière, difficile de comprendre l'architecture d'un tel endroit. On ne pouvait se fier qu'à ses autres sens. Excarga est un monde poussiéreux. La roche friable de la surface a été attaquée sans douceur, et les reliefs du passage sont encore bruts : le nez a donc tout loisir de capter ce parfum râpeux. Les mélanges entêtants de la salle souterraine se dissipent au profit d'autres parfums, moins prononcés mais tout aussi bizarres... La poussière, fine, colle à la langue et aux narines. De l'huile minérale, du feu électrique, du gaz de ville, des eaux usées. Les pieds rencontrent une topographie aléatoire qu'il est difficile d'anticiper : un petit jeu d'équilibriste sans grande difficulté, mais qui a le mérite d'annoncer la couleur. Par ici, on n'aménage pas les carrés VIP pour les affaires, et on épargne pas les voyageurs !

Après avoir arpenté le boyau étroit, les voilà rendus dans ce qui pourrait ressembler à une antique cage de turbolift désaffecté.

Décidément…ceux qui ont conçu l’endroit n’ont pas hésité à creuser profondément et avec avidité !

Peut-être le drôle n'a-t-il pas complètement conscience de la pertinence de sa propre remarque !

On se souvient que le 755, comme une écrasante majorité des derniers districts de la large banlieue, fut il y a encore quelques siècles à peine un large terrain d'excavation juteuse pour les corporations minières. Le temps passé, les mines ne donnant plus rien, on a laissé la ville avaler tout ceci à son profit, et déporté les activités plus loin encore dans le désert de roche d'Excarga... Ainsi, sous les fondations du Dan’Nagoha, on trouve encore l'une des nombreuses entrées de ces vertigineuses usines des profondeurs, maintenant abandonnées faute d'être rentable. Enfin, simplement pour mieux changer de mains...

Avec l'assurance de celui qui sait précisément où il va, même dans le noir, Sorem guide sa curieuse troupe dans les griffes de la cage rouillée.

Yoieu du !*

Les invite-t-il avec un ample geste du bras. L'interprétation ne nécessite pas que l'on ait besoin de la traduire. Son attitude reste identique, son armure rend volontairement peu lisible ses réactions. Vu de l'extérieur, difficile de savoir ce qu'il peut bien penser. En réalité, Sorem, fidèle à lui-même, oscille entre un détachement jovial et une curiosité malsaine. Aussi guette-t-il les réactions de l'humain, intrigué par sa présence : il ne semble pas nerveux, au contraire de nombre d'autres visiteurs. Presque même curieux des lieux. Peut-être feint-il d'être un touriste, peut-être est-il déjà venu ? Fâr pense que cela lui faciliterait la tâche, en bas. En attendant, il lui faut savoir ce que cette rencontre vaut : il est ici pour ça.

Faut pas re'farder en bas, hein !

Note le Gran avec un sourire affreux à l'adresse du visiteur.

'Le bas', en effet, doit se situer à quelque trois-cent mètres sous leurs pieds, lesquels sont maintenant suspendus sur le vide par la seule vaillance d'un caillebotis grillagé ayant connu des jours meilleurs. Quel âge peut bien avoir un truc pareil ? Difficile à dire, mais la dernière révision ne date pas d'hier.

Alors que les trois individus sont en place sur leur frêle moyen de transport, le pyke tend la main vers l'un des boîtiers fixé sur les montants de la structure. Un vieux clavier digicode y passe presque inaperçu, posé là dans la poussière : sans la moindre hésitation, le pyke y entre un code. Une paire de secondes après, un bip lui répond, et la mécanique réagit favorablement à sa demande. Tout leur environnement bouge et soulève une poussière monstre : ça crisse, ça gémit, on a réveillé la vieille mécanique et elle n'a pas l'air d'apprécier !

Avec une lenteur mythique, le monte-charge s'anime, et ils plongent tous trois dans les abîmes à grand renfort de grincements. Fâr fait quelques pas dans le carré qui les transporte et se colle dos au fond de la cage, les yeux noirs du masque fixés sur la tête de l'homme.

Eniki, ateema jeejee caiot bunno. Hee, haku koose uba wata, pateessa ?**

Dans le silence, Stofal se sent obligé de prendre son rôle de traducteur à cœur. Bien qu'il se demande où tout ceci peut bien le mener : après tout, c'est pas son taf, d'ordinaire.

If'i, on feut f'arler, personne n'écoute et 'fe bruif fa' confre les foix. Y a bien dix minuf'tes avant qu'on arrif'e en bas !

Au fur et à mesure qu'ils descendent, mètres après mètres, les dernières rumeurs du Dan’Nagoha propagée dans les tunnels disparaissent. Ne reste à présent que le roulis répétitif du vieux turbolift et ses rhumatismes, accompagnés des craquements de la roche tout autour. La chaleur sèche de la surface cède le pas à une fraîcheur bienvenue. Les sensations changent. On peut presque à présent sentir la pression augmenter avec la profondeur. L'humidité augmente encore, puis décroit. Les odeurs se font bien plus nombreuses, quelques courants d'air leurs parviennent... Le turbolift n'a pas l'air d'avoir d'étage intermédiaire à desservir, ils continuent leur descente aux enfers.

Ne reste plus à l'être humain qu'à exposer les raisons de sa venue. C'est un huis clos : lui, le pyke, le gran, et leur vieille cage rouillée. De ce qui les attend en bas, peut-être que ce qu'il tient à dire changera tout.


__________

* trad. du huttese : Montez !
** trad. du huttese : Ok, maintenant, on peut causer. Alors, qu'est-ce qui t'amène l'ami ?


Torhyn Lokred
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J’avais suivi jusque là sans grande crainte. Que pouvais-je bien risquer ? Je n’étais pas menaçant, et j’avais une proposition à leur faire. Nul besoin pour eux de se montrer déplaisant envers moi. L’endroit était des plus étonnant, à l’image de mon hôte, qui ne semblait guère dérangé par l’obscurité. Je fronçais les narines alors que des odeurs indélicates me parvenaient. Certes j’avais déjà senti des choses nauséabondes. Mais ce n’était jamais agréable, reconnaissons-le.

Mes mains rencontraient les parois rugueuses. Mes pieds trébuchaient parfois sur le sol accidenté. Nous étions dans un endroit brut, sans fioriture. Il n’y en avait nul besoin cela dit. Mais un peu de lumière ne m’aurai pas déplu. En tant qu’humain, je n’étais pas nyctalope. Et y voir un peu m’aurait permis de mieux appréhender l’architecture primitive dans laquelle nous nous trouvions. Mais je n’étais pas en position de faire la fine bouche.

D’un geste il m’invita à entrer dans une cage de monte-charge. Je retins une grimace.

- Faut pas re'farder en bas, hein !

- Trop tard…ronchonnais-je.

Je serrai les dents : abruti de Gran ! Car bien sûr, il suffit qu’il fasse cette mention, et…je regardais en bas. Ho il n’y avait rien à voir. Que du noir. Mais c’était justement ce qui était peu rassurant. Je ne voyais pas le « fond » et donc j’imaginais la profondeur…démesurée sans nul doute. Mon vertige ne fut pas aisé à contrôler. Pour ce faire, j’avais une méthode : penser à autre chose. Et justement, le pyke m’en donna l’occasion. Le bruit du monte-charge allait couvrir nos voix, et personne ne risquerait d’entendre ce que j’avais à dire. Je jetais un œil au Gran. Il aurait été plus pratique qu’il ne soit pas là. Mais je n’avais pas la maitrise de la langue. Tant pis.

Je délaissais le Gran pour reporter mon attention sur Teshe’banza. Du moins du peu que je le discernais. Je n’aimais pas me retrouver en pareille posture. Ne pas voir les détails qui transpiraient de mon adversaire. J’essayais de décrypter ses gestes, mais même eux étaient limités. L’art lorrdien ne m’était d’aucune utilité. Quelle poisse.

- Fort bien, fis-je suffisamment fort pour couvrir les gémissements de la vieille mécanique. Je cherche des poumons. Une paire de poumons humains. Vous allez me dire, rien de compliqué en soit. La difficulté vient du problème de compatibilité. Il vous faudra trouver un donneur qui répondra aux critères biologiques nécessaires par rapport au patient. On dit que vous êtes le meilleur pour trouver certaines choses qui sortent du commun. C’est l’occasion. Je vous donnerai les correspondances génétiques qui vous servirons de repère. Petite précision…Le sujet ayant besoin de cette greffe est un Lorrdien. C’est là qu’est tout le problème. Voyez-vous, pour trouver un donneur compatible, l’idéal est de taper dans la famille. Or vous n’êtes pas sans savoir le sort que l’Empire a réservé à Lorrd-city…berceau familial du sujet. Néanmoins l’espoir est permis…

Un petit courant d’air vint soulever quelques mèches rebelles de mes cheveux. Je pris une bouffée de mes poumons artificiels. Je n’avais pas précisé que le sujet en question se trouvait devant eux. J’attendais de voir leurs réactions avant d’entrer dans les détails.

- Bien entendu, j’ai conscience qu’un homme tel que vous ne travaille pas gratuitement. Vos efforts seront récompensés.

Les pykes n’aimaient pas les projets qui ne leur rapportaient rien. Il était donc normal que je le rassure en matière de paiement.





Fâr Sorem
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______________

Trop tard…

Dit le visiteur du jour avec la gueule de celui qui vient d'apercevoir le dîner d'un rancor au fond du puits. Fâr l'observe toujours avec un certain intérêt. Rien d'anormal, c'est presque maladif, et de toute manière, tant que ses yeux demeurent cachés, cet examen soutenu reste son propre secret.

Stofal se concentre, du moins fait ce qu'il peut, pour suivre l'exposé de l'homme à la tignasse brune :

Je cherche des poumons. Une paire de poumons humains.

Le gran tire la tronche : comment est-il sensé traduire ça ? Des "poumons" ? C'est quoi, ça ? Bah, le spico le sait sans doute ? Une substance rare, peut-être ? Forcément un truc pas net, sinon, l'humain se serait contenté de la boutique du coin de la rue. Là, on est sur de l'exotisme, ou la chose qu'il faut pas s'aviser de demander à quelqu'un de trop propre sur lui. Quoi qu'il en soit, l'homme s'attache maintenant à donner encore davantage de précisions. C'est qu'il ne s'agit pas que d'une marchandise rare, mais aussi ayant des critères bien précis ! Stofal fait la tête, ses dents trop longues dépassent largement de sa bouche d'alien, et ses trois yeux clignent alternativement de dépit.

Tandis que leur inconnu dévoile ses projets d'aménagement d'intérieur avec une passion imposant le respect, Fâr dévisage alternativement l'humain et le gran. C'est drôle, ça l'amuse, de ne rien comprendre à toute cette parole, alors que les visages s'animent de mille détails intéressants ! Son amusement tient autant des mimiques de l'humain que des déformations multidimensionnelles que le Glittersim donnent si fréquemment à une réalité rendue presque futile. Mais pourtant son sourire un peu fou reste invisible, son visage public, totalement impassible.

Contrairement aux humains, qui n'aiment rien de plus que de se sentir uniques et intéressants par leur seul faciès, les pykes apprennent tôt à vivre dans un total anonymat. Leurs masques deviennent rapidement leur seule identité sur le marché de l'emploi, et on les considère davantage comme un ensemble indistinct que comme une paire d'individus. Sorem ne fait exception que par le petit statut enviable qu'il a réussi à se gagner, qui lui vaut d'être à minima laissé en paix avec méfiance, faute d'être encore respecté, dans ce milieu si vaste et si clos qu'il parcourt depuis toujours.

Pour autant, son visage reste celui du même masque pâle que celui de ses innombrables cousins. S'il s'avisait d'enlever ces plaques jaunes où trônent le symbole du Syndicat : qui s'aviserait de le reconnaître, dans cette foule compacte ? C'est fou ce que les aliens peuvent se ressembler, en fin de compte, pas vrai ? Des trois numéros qui ont quitté le bar tout à l'heure, ou de lui, s'ils se trouvaient réunis, est-ce que l'on saurait savoir qui est qui, dans l'ombre d'un tunnel ? La plupart du temps, c'est un exercice périlleux auquel seul les regards les plus experts peuvent réussir : un jeu des sept erreurs qui n'admet pas l'erreur ! Pour l'instant, dans cet ascenseur, Fâr est seul, assumant avec son culot ordinaire sa fonction d'entremetteur louche.

'foudrais p'fas p'faraître imp'foli mais... 'fuis pas fûr d'p'foufoir fraduire fa correct'fement, hein...? 'Fais faf'ment tordu 'fotre truc, là ! Euh...En fait, 'fuis pas 'fertain d'toutes les 'fraduc'fions... mais ok...

Avec un soupir, le traducteur improvisé se tourne vers Sorem et se lance dans des explications que n'auraient pas renié un lannik bourré. Les gestes sont malgré tout un poil plus maîtrisés, et peuvent peut-être indiquer au bonhomme que sa demande de spécialiste risque de connaître quelques problème d'enregistrement à la commande.


______________
[Dialogue traduit du huttese]



F'suis pas 'fûr de fe qu'il racon'fte, mais apparemment, il 'feut un truc ultra 'frécis, 'fest pas 'fi 'fimple...

Hein ? Sérieux, mec, tu peux pas êt' plus clair ? J'veux bien m'taper des commissions mais si de base je sais c'qu'on cherche !

F'ais pas 'fuper clair. En gros... Il ferfe des p'foumons*, deux. Tu 'fais f'que fa peut êf'tre ?

Des quoi ?! Sérieux Stof', faut que t'ailles t'faire tailler le râtelier, j'pite rien à ta marmelade, là ! Des oumons ? Jamais entendu parler. C'est p'tet une plante exotique ? On a p'tet un collectionneur.

'veux fais... Eh, franf'ment, Tefe, 'fais pas mon domaine, 'fa ! Mais il a 'farlé de greffe.

Une greffe ? Il veut du cyber, alors ? Quoi, un implant ? T'as pas capté un autre indice plus net que ça ?

'fes 'foumons, il 'feut que 'fe foit des 'foumons de Lorrdiens, mais ap'frès f'est fuper dur à comp'frendre pour'fois. Des 'fruc de 'fpéfialistes...

Fâr tourne la tête, regarde une brève seconde la tête de l'homme dont un côté est dans le noir, l'autre éclairée par les diodes vertes. C'est fou le temps et l'énergie qu'on peut perdre à se comprendre, dans cette galaxie multiculturelle !

De Lorrdien ?! Attends, Lorrd c'est une planète, c'est pas faute d'en avoir brassé des plombes sur ces histoires de guerre ! Les oumons c'est des lorrdiens ? C'te culture qu'il faut pour capter les ienclis, à c't'heure, bordel ! Ok, il veut un mec, alors ?! Mais c'est quoi l'rapport, merde ? C'est d'moins en moins captable ! Sa race, Stof', laisse béton, on va faire autrement. S'il veut un lorrdien, on va lui en chopper un, il prendra bien ce qu'y veut après pour s'greffer où il veut !

Par 'fontre, il est ok pour mef'tre la maille fur la table si on lui 'frouve son fordel !

Ah ouais ? Genre, ça existe encore les types qui pensent qu'on rase gratis ?

'fa a l'air imp'fortant, il a 'fans dout'fe les moyens.

Tu crois ? Ok. T'sais quoi mon cousin ? S'il sait c'qu'y veut et qu'y pose la thune, on va la lui trouver, ça putain d'greffe à la con ! A la Plaque, on trouve tout, on s'démerde pour lui fourguer sa came, c'est pas un souci. Par contre, faut vrem's que j'me dégotte un aut' trado. T'es nul, Sto. Sans rancune, eh ?

______________

Les commérages animés des deux aliens se fondent avec les litanies de souffrance de l'appareillage qui les glisse dans le néant. C'est une sorte de voyage sans fin, une scène qui tourne en boucle. Si bien qu'on se demande s'il y a effectivement un fond. Fâr pianote sur la crosse de ses blasters d'un geste machinal. Pas sûr que ça l'aide à réfléchir, mais faute de mieux, ça lui occupe les deux mains.

'fous ca'fe pas qu'on est : Il dit que 'fa fa pas êf're facile, mais 'fi 'fous êtes p'frêt à y mefre les moyens, il connaît les p'fersonnes cap'fables de 'fous faire du 'fur mesure.

La voix crissante du gran prend presque des accents d'excuses. Sorem lâche quelques notes de rire, sa large main à trois doigts s'abat sur l'épaule de l'homme et la flatte avec bonhommie avec une douceur à l'image de son éducation : faut savoir être commerçant, dans la vie. Sa nature vicieuse ne le rend pas apte à penser l'amitié comme le ferait un être humain, mais sa propension à la désinvolture en fait avant tout un individu peu vindicatif de prime abord. Pour peu qu'on s'y prenne pas trop mal, l'argent fait le reste.

T'ênkiêt pà, z'y fêh... pèsssih'bl, on vâh féhr. Si tié peï ? Pèch'dé problèm ! Les pykes y trouév ! Oueï ? Okey ?

Il tend son autre main au gaillard, en attendant visiblement un geste de sa part.

__________

* en basic, avec l'accent, dans le texte.


Torhyn Lokred
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- 'foudrais p'fas p'faraître imp'foli mais... 'fuis pas fûr d'p'foufoir fraduire fa correct'fement, hein...? 'Fais faf'ment tordu 'fotre truc, là ! Euh...En fait, 'fuis pas 'fertain d'toutes les 'fraduc'fions... mais ok...

Je le regardais avec surprise, comment cela il n’était pas sûr de la traduction ? Qu’est-ce qu’il y avait de complexe dans ce que je venais de dire ? Et puis c'était pas le moment de se planter hein! Je les observais discuter entre eux dans cette langue dont bien des éléments m’échappaient encore. Quelle poisse. Absalom avait raison…je devais vraiment progresser dans les langues comme le huttese. Je regardais le Pyke trifouiller les crosses de ses blasters. Cela n’était pas spécifiquement rassurant. Et je commençais à me sentir un peu à l’étroit dans cette cage, qui descendait sous terre. De vieux traumatismes pouvaient ressurgir…Mais mon traducteur – si on pouvait le qualifier de la sorte – s’adressa à nouveau à moi :

- 'fous ca'fe pas qu'on est : Il dit que 'fa fa pas êf're facile, mais 'fi 'fous êtes p'frêt à y mefre les moyens, il connaît les p'fersonnes cap'fables de 'fous faire du 'fur mesure.

- Du « sur mesure » ? fis-je dubitatif en ouvrant de grands yeux. Dites vous êtes sûr d’avoir compris ce que je demande ?

La main du Pyke me tira de ma surprise en se posant brutalement sur mon épaule. Compte tenu de notre différence de taille, je ne pus retenir un « humpf » sous le choc et le poids qui venait de s’abattre sur moi. Je tournais la tête vers lui, notant la manière donc il me tapotait – toujours avec la même délicatesse…aucune éducation ce type.

- T'ênkiêt pà, z'y fêh... pèsssih'bl, on vâh féhr. Si tié peï ? Pèch'dé problèm ! Les pykes y trouév ! Oueï ? Okey ?

Allez savoir pourquoi, j’avais bien saisi ses propos en ce moment malgré son accent épouvantable. Il faisait donc ce que je lui demandais, du moment que je payais. Rien de surprenant en soi.

- Je paierai, mais avez-vous seulement compris de quoi j’ai besoin ? C’est quelque chose de très spécifique et de très précis.

Je réflechissais à une manière de me faire comprendre. L’idée de mimer me vint, et je regardais les deux aliens :

- Des poumons, repris-je en me tapotant le torse, montrant précisément ma cage thoracique, des poumons c’est pour respirer. Je pris une énorme inspiration en exagérant le mouvement. Mais devant l’air encore plus dépité du gan, je me résolus à employer une autre méthode.

- Hé merde…cette foutue barrière de la langue ! Bonph Echuta ! (Bordel de merde ! en huttese). Qui avait dit que les insultes étaient souvent les choses que l’on retenait le plus facilement dans l’apprentissage d’une langue qui nous est étrangère. Je dégainais mon datapad vivement et pianotais à la recherche d’un traducteur non sans pester en basic: Je vous jure, ce qu’il ne faut pas faire…des poumons…ils comprennent pas ce que c’est…et ils respirent avec quoi hein ? Je paramétrais l’application que je soupçonnais être très basique dans sa conception et donc dans sa traduction. Mais au moins cela me permettrait de poser des mots sur ce qu’ils ne comprenaient pas. Là ! Voila !

Je tournais le datapad dans leur direction en leur montrant l’image d’une paire de poumons humains en précisant :

- Ciuca, bai bmeha ! (Poumons, pour respirer!) Je mimais de ma main libre l’action de respirer tout en montrant de nouveau ma cage thoracique. Puis je repris mon datapad et pianotais de nouveau pour générer une nouvelle phrase que je retranscrivis avec un certain accent : Fa baa che ba ahson hhontuapa! Du bu chalanh see lanakea panshie, bu ciuca katka manpanh paupe pohopkaheyox'a. Tah doth wonkee la katka doth samhana wa lorrdien da hatkocanh manpanh heee pohopkaheyox'a wahca bai bu mankiua. (C'est pour une greffe d’organes ! Dans un souci de compatibilité génétique, il faut que les poumons répondent à certaines caractéristiques. Voilà pourquoi il faut les prélever sur un lorrdien qui répondra à ces caractéristiques proches du receveur.)

J’observais les deux aliens qui me faisaient face. J’imaginais que l’interface avait glissé des fautes de syntaxe ou de grammaire, mais au moins il devait y avoir le vocabulaire nécessaire à leur compréhension.

- Compris ? Eniki ?

Mes yeux bleus se posaient tour à tour sur l’un puis sur l’autre, cherchant à déceler dans leur « regard » - c’était beaucoup dire entre le casque de l’un et les globuleux de l’autre – ou dans leur attitude quelque chose qui permettrait de me signifier qu’ils avaient percuté…





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Un CLONG tonitruant ponctue leur descente. Impossible de savoir exactement ce que c'était, hormis que le son est sans conteste d'origine mécanique.

La main de Fâr reste vide, alors que l'humain entreprend de s'agiter de plus belle : pas facile à cerner, le routard, malgré sa mine avenante de bon premier ! Sombrêve ne peut s'empêcher de penser qu'il collerait bien à quelques-uns de ces spots de pub holovisés qu'on voit souvent défiler sur les grandes avenues. Là où les humains comme lui sont majoritaires, écrasants de suffisances et d'égocentrisme ! Le genre d’endroit que Fâr méprise, donc, même si y fracasser quelques belles enseignes holographiques a jadis fait partie de ses loisirs.

Du « sur mesure » ? ... Dites vous êtes sûr d’avoir compris ce que je demande ?

Si la peau terreuse du gran avait pu rougir, Stofal se serait empourpré comme une jeune adolescente à sa première soirée. Comment ça, il se fait démasquer si facilement ? C’est pas comme si revendre des trucs au marché noir ne nécessitait aucun savoir faire en marketing !

En réaction, il se contente de fourrer hâtivement ses énormes paluches à six doigts dans les poches de sa veste élimée. Fâr, qui n'a pas vraiment cherché à saisir le sens de la remarque, parvient pourtant à rire de ses effets. Rare ont été les occasions d'emprunter ce monte-charge en si bonne compagnie ! D'ordinaire, il se contente d'une longue descente solitaire, et pas vraiment comique. Cette fois, le client du jour change la donne, pour son plus grand et égoïste plaisir :

Je paierai, mais avez-vous seulement compris de quoi j’ai besoin ? C’est quelque chose de très spécifique et de très précis.

Le ton indique en effet que la chose est d'importance ! Mais Stofal n'est plus si bien luné.

Baaah 'fous l'afez dit, hein, 'fuis pas 'fpéfiali'fte, moué ! 'fos trucs 'fest pas 'fuper clair non plus, quoi...!

Vexé, le gran ? A peine ! Sombrêve pense que faute d'avoir la meilleure des traductions, il aura eu la distraction. Les petites choses qui font que la vie n'est pas complètement une crasseuse, même dans des trous pareils ! Mais peut-être n'est-il pas encore au bout de ses surprises.

On assiste alors à une scène pour laquelle Sorem aurait été prêt à prendre un ticket s'il y avait eu des sièges et une estrade : l'homme se met à mimer, à déformer les traits de son visage si curieux de tout un tas de manière. Il prend des airs de poisson-globe et ne recule devant rien pour se faire comprendre.

Des poumons, des poumons c’est pour respirer !

Et il continue, il enchaîne ! Et Sombrêve, sidéré, de le regarder faire sans rien dire. Mais il s'avère bien vite que la tentative savante de l'étranger pour se faire comprendre est de trop loin une source d'indicible hilarité pour l'esprit du pyke, pour que le contenu même de la tentative puisse atteindre tout à fait son but. Devant les joues gonflées et le regard exorbité de l'être humain, le porte-flingue ne peut conserver un sérieux qui n'a d'ailleurs rien de bien humain : les concepts de responsabilités et de bienséance n'ont pas l'air d'avoir cours chez un peuple aussi tordu.

La démonstration de leur inconnu prend un dernier tournant tout aussi improvisé.

L'accent de l'homme sur les modulations du huttese sont moins agressives que les consonnes écorchées de Fâr sur le basic, mais la démonstration laisse à désirer. Enfin, si on recherche l'exactitude linguistique : dans le cas du gangster, l'allocution est une nouvelle source de joie extatique, et il n'en revient pas de l'énervement provoqué par sa mauvaise foi évidente. Non, dans la Bordure, on ne fait vraiment aucun effort !


______________
[Dialogues traduits du Huttese]


Compris ? Eniki ?

Une seconde, c'est le silence total.

Alors, n‘y tenant plus, Fâr explose de rire. Son hilarité est telle qu’il manque de devoir se rattraper à la cage. Il rit à s'en tenir les cotes, d'une voix décuplée en échos par le vocodeur de son casque :

’tain, Sto’ ! C’t’un sketch à lui tout seul, ton jobard !!!

Si ses yeux avaient pu produire des larmes, fort à parier que Sorem en aurait pleuré de rire ! Quand il se redresse, un sourire plein de dents sur son visage toujours dissimulé au regard du visiteur, Fâr s'exprime autant par geste que par les mots, gratifiant le type d'en face de

Bel effort, cousin, mais c'pas encore ça, hein ? T'inquiète, ça va bien s'passer.

Il lui faut encore quelques notes de rire avant de se stabiliser de nouveau à des niveaux de conscience humainement acceptable :

Oh bordel, j'étais pas prêt, là ! Zaiv' l'humano, refais-la oim, allez, acapela ! Hahahaha !

Comme s'il lui fallait ce prétexte, il s'adosse de nouveau au grillage du monte-charge et entreprend de tirer sa pipe du tréfonds de l'une de ses innombrables poches. En deux temps trois mouvement, il emplit ses poumons à lui d'un mélange à l'odeur âcre. Ses épaules se relâchent et sa voix retrouve ses accents sinueux aux inflexions tout à fait mesurées. Sa lucidité retrouvée, Fâr examine enfin les quelques éléments supplémentaires que le numéro de l'homme a mis à sa disposition : des poumons. Il y est, il pense avoir vaguement compris de quelle chose il parle ! Sorem, comme la quasi totalité des pykes, n'a jamais eu que la rue et l'espace pour seule université, et la médecine humaine n'a jamais fait partie des matières étudiées. Pas sûr que grand monde l'ait toléré en classe, ceci dit ?

Ce type cherche donc des organes, humains, précisément : en soit, sa demande n'a rien d'extraordinaire, ici, bien que le trafic d'organes ne soit pas la spécialité de la Plaque. Coruscant et Nar Shaddaa sont bien davantage des points de chute pour ce type de recherche. Mais, si leur spécialiste a fait le déplacement jusqu'ici, jusqu'à s'enfoncer dans les entrailles de ces anciennes mines, pour le trouver lui, c'est sans doute parce qu'on l'a rencardé. Et Fâr a sa petite idée sur l'origine du tuyau... Ce qui pourrait passer pour un interminable détour n'en est pas un : quand on veut se fournir en toute discrétion, ce sont les gens que l'on cherche, et non les lieux. Et Sombrêve est un lieu qui déménage beaucoup trop souvent pour avoir une adresse fixe !

Il garde toutes ses considérations pour lui, feignant de continuer sur la même lancée rentre-dedans et futile. A ceci près qu'il se passe cette fois de tout intermédiaire, oubliant presque que son interlocuteur ne baragouine le huttese qu'à l'aide d'une IA en ligne de piètre qualité :

Ok, on récapépète l'ami : tu veux d'la pièce détachée, c'est ça ? Du genre pas pêchée d'la veille, hein ? J'te cache pas qu'aç'va chercher dans l'lourd question bif', ton p'tit nes'bi, ma pelure ! Pas l'genre de deal à s'traiter en deux sec' sur un tarmac ! Et tes histoires de gênéteykss* ?! Sans dec', va m'faloir m'dégoter un putain d'spécialo pour piter d'quoi du brasse, là ! T'as cru qu'j'étais toubib, ma biche ? T'm'as bien dikave là ? A d'autres !

Un rond parfait vole en direction de l'humain, la fumée s'estompe avec grâce dans le courant d'air. Les grincements de l'appareil se font de plus en plus rapprochés... Arrivent-ils ? Dessous, c'est encore le noir total.

Transbahuter d'la barbaque, ça limite pas mal. Déjà test dans les blocs Astrech scellés, et leur truc ç'd'la daube. A par la carbonite, l'reste ça craint à mort ! Et la carb', kxringe', c'comme qui dirait pas donné ! C'pas comme si on pouvait s'prendre une plaque juste pour s'caler un poumon ou deux, oik's. J'suppose qu'pour un'greffe ça la fous mal d'livrer du pas frais, hein ? Va falloir du matos et du bon.

Il inspire de nouveau, expire encore un rond évanescent qui monte tout autant qu'ils continuent de descendre.

Un lorrdien, ça s'cueille pas trop mal, ça promène comme qu'on veut, p'tet ben. Si on t'pêche un lorrdien, et qu'on t'le ramène sur pattes, tu l'craves tout seul ? Ou faut aussi qu'on t'fasse la découpe ? J'connais quelques scarlats qui pratiquent c'te type d'art moderne, mais ça fait d'la presta'sup'. C'toi qui voit, kxringe' ! Alors ? Jêk'ste vtohm taky ?**

D'une main tendue, le trafiquant réitère son offre, mais pas sûr qu'il attende un second refus d'un étranger, même tout aussi drôle et inventif que celui-là. Non, sérieusement, qu'est-ce qu'on croise dans cette galaxie, de nos jours !

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* en basic dans le texte
** trad. du pyke : Tu marches (dans la combine) ?



Torhyn Lokred
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C’était un sketch…un putain de sketch. Cette espèce d’empaffé d’alien était en train de se payer ma tête ? A moi ?! Je pris une profonde inspiration…M’énerver et lui hurler dessus ne servirait à rien et serait surement contreproductif. N’empêche qu’il se foutait de moi et copieusement. Je n’y pouvais rien si j’étais cerné par deux abruti qui n’avaient jamais foutu les pieds dans un cours de biologie et qui étaient incapable de comprendre ce qu’étaient des poumons ! Et dire que j’avais été obligé de mimer et me rabaisser à utiliser un vulgaire traducteur automatique de bas étages. Quelle poisse.

Je mis ma vanité de côté, e contentant de le laisser rire copieusement, en esquissant un sourire cynique. Vas-y mon pote…moque toi bien. Une chance que j’avais besoin de lui et de ses compétences un peu particulières.

Je le vis tirer d’une de ses poches ce que j’identifiais comme une pipe…Il était sérieux ?

Apparemment oui…Il parvint à reprendre un peu de contenance, et il m’exposa les difficultés de ma requête. Le traducteur me dégrossi le tableau, de quoi comprendre l’essentiel de ses propos. Il en revenait toujours à l’argent…Ce que je détestais les contrebandiers et autres oiseaux du même genre. Aucune conviction, pas de loyauté, ils vendraient leurs âmes aux plus offrant pour peu qu’on alignait suffisamment de crédits. Il n’y avait que cela qui comptait à leurs yeux…quelle étroitesse d’esprit. Mais qu’importait, depuis que j’avais rejoins Absalom, je recevais une paye en tant que chercheur-associé dans l’institut de biotechnologie dirigé par Cala Thorn. Absalom m’employait comme une sorte de directeur scientifique. Ce qui m’assurait un revenu désormais régulier et non négligeable. Alors non…financer les besoins de cet alien pour la mission que je lui confiais n’était pas un problème…

Il s’amusait à faire des ronds de fumées qui s’estompaient doucement. L’un d’entre eux se dégrada un peu moins rapidement et arriva jusque moi, ne manquant pas de me faire tousser alors que j’évinçais les derniers effluves. Quel manque cruel d’éducation.

J’observais sa main tendue…je la saisis pour sceller notre accord. Je repris mon traducteur et repris :

- Un lorrdien en vie m’ira très bien. Cela garantira la fraicheur des organes. Je n’ai jamais eu besoin de qui que ce soit pour tuer quelqu’un. Je préfère le faire moi-même, afin d’éviter que la marchandise ne soit pas abimée. Ha…et ne vous inquiétez pas pour le vocabulaire technique…je suis médecin. Je serai ravi de vous expliquer tout ce qui pourrait vous échapper.

D’un geste prudent, j’extirpais d’une poche un datadisk que je tendis à Sorem.

- Voici la concordance génétique qu’il me faut pour le souci de compatibilité. Car il ne faut pas n’importe quel lorrdien. Il faudra vous assurer qu’il réponde aux critères contenus ici. Sans cette correspondance, il ne sera pas possible de faire la greffe de poumons sur le receveur, car c’est le rejet assuré.

Je me demandais s’il comprenait seulement de quoi je voulais parler. Mais il avait bien saisi ce que j’avait tenté de lui expliquer durant mon petit numéro de théâtre qui avait déclenché son hilarité. Un détail m’interpelait toutefois.

- Vous semblez bien sûr de vous quant à trouver des lorrdiens. Vous comptez aller directement sur Lorrd ? Vous n’ignorez pas ce qui est arrivé lorsque l’Empire a attaqué la capitale de cette planète. Ceux qui ont survécu au gazage ont été lourdement exposé. Beaucoup sont morts par la suie, et d’autres ont développé des pathologies. Il me faut un lorrdien sain !

Je fixais le Pyke avec assurance, ne prêtant plus la moindre attention à son ami Gran.








Fâr Sorem
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[Dialogues traduits du huttese]

Stofal le voit : le visiteur fait la tronche. Lui aussi. Parfait, l'ambiance est là, la suite de la petite visite dans les profondeurs s'annonce bien ! Difficile de dire au vu de son attitude si Fâr a conscience des ressentiments que ses démonstrations de joie bizarre ont provoqués. Sans le mode d'emploi, comprendre les autres espèces est un bon jeu de bonneteau : droite ou gauche ? Devine si je me paye ta tête ou si je suis sérieux ? Une chance sur deux !

La main à cinq doigts lui semble bigrement petite par rapport à la sienne. Mais il la serre avec franchise, ce ne serait pas la première 'main' bizarre qu'il toperait sans frémir. Les humains ne sont pas les pires dans le genre.

Un lorrdien en vie m’ira très bien. Cela garantira la fraicheur des organes. Je n’ai jamais eu besoin de qui que ce soit pour tuer quelqu’un.

Bien, il se débrouille, chemise-propre ? C'est tant mieux, ça leur évitera d'avoir à le surveiller en bas, qui sait ? Dans la fange, on coule vite. La longue tête du pyke opine : c'est parfait, ce marché lui convient ! ...Attends, on a dit combien, déjà ? Open bar ? Fâr l'aime déjà, ce type !

Tandis qu'il reprend la parole, Sorem joue avec le bec de son instrument, ne quittant pas son nouveau clille des yeux. L'homme insiste, il s'attarde sur les précisions, les détails, et Stofal peine, le pauvre. Fâr est fasciné par ces jacasseries d'un autre monde, où l'air soucieux du gars se mélange à des mots tout droit sortis d'une holosérie sans budget d'un producteur torturé chez les Besadii pour injure aux mauvaises mœurs.

Ha…et ne vous inquiétez pas pour le vocabulaire technique…je suis médecin. Je serai ravi de vous expliquer tout ce qui pourrait vous échapper.

F'ans dé'fonner ? F'ous pou'fiez pas le f'dire pluf tôt ?! F'aurais même p'fas ef'ayé de f'traduire f'os délires, là... Un f'oubib'... Tu p'farles d'un mer'fdier...

Indifférent ou feignant de l'être, le médecin se prend d'un nouveau loisir : fouiller ses poches. Le pyke l'observe, détaille sa main, dédoublée, mouvante, souple, et l'objet que finalement, l'homme lui tend. Datadisk, modèle récent, compact. Une vague odeur d'après-rasage typiquement humain s'en dégage, son odorat d'alien l'identifie sans grand mal. Qu'est-ce que c'est ? Les cadeaux, en général, c'est suspect, par ici. Méfiance et curiosité, la main du pyke ne met pas longtemps à faire la part des choses. Les trois doigts gantés s'emparent de l'engin avec une inattendue délicatesse, et le cou de serpent de Fâr ondule de curiosité autour de ce nouveau centre d'intérêt :

Vous semblez bien sûr de vous quant à trouver des lorrdiens. Vous comptez aller directement sur Lorrd ? Vous n’ignorez pas ce qui est arrivé lorsque l’Empire a attaqué la capitale de cette planète. Ceux qui ont survécu au gazage ont été lourdement exposé. Beaucoup sont morts par la suie, et d’autres ont développé des pathologies. Il me faut un lorrdien sain !

L'accord se noue sur le quoi, sur le combien. Le reste, il en fait son affaire ! Le datadisk disparaît comme par enchantement dans le labyrinthe sans retour des indénombrables poches du spico.

Ceux qui ont pour habitude de louvoyer dans les ombres savent ô combien les voies sont nombreuses lorsque l'on désire obtenir quelque chose. Sorem vit ainsi, au rythme de la foule vivante qui grouille au travers de la galaxie : il n'est pas du genre à tracer des plans, à calculer chaque pas trois jours en avance. Le porte-flingue est un être de l’instantané : le long terme lui est étranger. Vivre toujours comme si c'était le premier et le dernier jour, c'est la devise de tout gangster. Donc, si l'humain veut un lorrdien, Sombrêve n'a que faire de connaître le pourquoi ou le comment. Il l'aura, ça, c'est sa seule et unique certitude ! Les chemins qui mèneront les pykes au lorrdien et le lorrdien au médecin ne lui importent en aucune façon. Même, il lui tarderait presque de découvrir les surprises et les pièges que la vie ne manquera pas de lui tendre. Au moins, on s'emmerde pas, dans cette galaxie !

Comment qu'on fait, ça, ça nous r'garde, ma gueule... Chacun sa zincui'. Tu sais tailler ? Michto, mais c'pas l'plus chaudard dans l'process. Va falloir la jouer en scred, sinon pardi qu'la méru va galoper d'ses morts dans l'cagib' ! Et là, c'la zermi pour pécho ton zozio, ça va jacter, toutes les poucaves sur le pont et les enchères montent... Nan, faut se la faire clean, et ça c'est not' job, mon tocard.

Ses gestes amples et calmes sont un théâtre vivant qui soutiennent les notes amusées du huttese. Le gran jette un regard en biais au pyke, et semble hésiter à traduire. En miroir, il cherche dans le fond de ses poches, ce qui pourrait bien lui rester, pour compenser la frustration qui menace de l'envahir. Il n'aurait pas dû accepter, il va mettre des heures à remonter... S'il remonte.

Comme s'il avait attendu tout ce temps avec docilité, leur monte-charge en sursis se met à produire un concert de chuint'hurlements, tout instrument métallique confondu. Quand on en vient à se protéger les oreilles, le supplice prend fin aussi brusquement qu'il a commencé. Le trio encaisse l'ultime secousse, lorsque leur maigre plateau atteri quelque part dans les entrailles d'Excarga. Terminus, tout le monde dehors :

Ok, Sto',tu briefes not'micheton, avant qu'on s'radine dans la place ? J'veux pas qu'on nous crame d'entrée. Et pis foncedé c'te tignasse, l'tourista : t'aura déjà l'air moins flag' !

Fait-il à l'adresse de l'être humain avec un geste vers sa tête.

Il dépasse ses deux compagnons de voyage, les mains plaqués sur les crosses de ses armes. le noir l'enveloppe tout à fait, sa silhouette dégingandée disparaît. Dans un silence relatif, on devine les murmures inquiétants de la vie en enfer, quelque part, un peu plus loin. La chaleur est revenue, après plusieurs étages de froid humide. Les odeurs sont ici encore plus incongrues et agressives qu'en haut. Que reste-t-il des saletés utilisées autrefois pour piller la roche ? Peut-être encore des flaques corrosives ici ou là, il faut surveiller ses pieds.

Devant, un tunnel, dont les murs ont été hérités des mines, jusqu'à mi parcours : le reste semble avoir été curieusement aménagé plus récemment. Moderne, pas vraiment propre, et ... piégé ?

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Torhyn Lokred
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Il ne veut pas me dire comment il compte débusquer un Lorrdien, chacun ses petits secrets, et surtout chacun son travail. Si cela avait été si facile, je n’aurais pas eu besoin des services de ce Pyke et de son Syndicat. Le Gran avait cru bon de me traduire les propos de son comparse. Cela m’économisait en concentration pour essayer de comprendre le langage si horrible – même en huttese – de cet individu.

La tournure de la conversation m’avait poussé à me focaliser sur elle, et sur le besoin de traduire et de m’assurer que mes interlocuteurs avaient bien saisi ce que j’attendais d’eux. Si bien que j’en avais presque oublié que nous poussions toujours plus loin dans les entrailles d’Excarga. La vieille machinerie tenait bon, nous entrainant au cœur de la mine, avec pour seule musique que les lamentations mécaniques du vieux monte-charge.

Enfin nous nous immobilisâmes dans un raffut du diable. Je ne fus pas faché de poser un pied au sol. Mais…le fait d’être aussi loin sous la roche ne me mettait pas à l’aise. De vieux traumatismes pouvaient refaire surface. D’autant plus que la seule source de lumière pour l’heure était fournie par l’entrée d’où nous venions. Autant dire qu’on n’y voyait pas grand-chose. Surtout avec des yeux d’humains.

Le Pyke expliqua quelque chose dont la majorité m’échappait. Il désigna ma tête et tout particulièrement mes cheveux. Visiblement je faisais trop propre ? J’haussais les épaules et qu’à cela ne tienne : j’ébouriffais mes cheveux avec mes mains. J’allais mettre des heures à tout démêler par la suite…et cela me navrait d’avance. Que ne fallait-il faire pour avec l’air crédible au milieu de la racaille. J’affichais donc fièrement ma nouvelle coiffure, et parce que j’étais un Lorrdien et un excellent comédien, si mon nouvel ami Pyke était observateur, il avait pu constater que j’avais changé de posture, mon visage avait pris un air moins éduqué. Oui…telle était la particularité des gens de mon peuple. Nous étions capables d’observer, et d’imiter n’importe quel autre individu, toute proportion gardée. Les meilleurs d’entre nous – je n’en faisais pas parti – étaient même capable d’imiter à la perfection une voix.

Le Gran m’expliqua alors :

- Y faut pas fous éloigner, f’est danfereux ifi. Il y a des piefes un peu partout.

- Vous ne connaissez pas la lumière artificielle dans ce trou à rat ?

- Fécurité inferieure. Il faudrait pas que les autorifés fiennent foutre leur nez fans les affaires de fet endroit.

Je fronçais les sourcils : ce putain de cheveu sur la langue…ce que me disait ce damné alien à trois yeux frôlait presque le charabia… Finalement j’aurai plus intérêt de communiquer avec mon huttese basic (haha) directement avec Sombrêve.

- Faut déjà le vouloir pour venir ici…ironisais-je quelque peu.

Une de mes mains vint se poser sur la roche humide. Il fait chaud…l’atmosphère était presque étouffante. Je m’étais mis en quête de retrouver le Pyke qui était parti légèrement en avant…mais sur ses crosses de blasters. Ce qui n’avait rien de rassurant. Dans quel merdier m’étais-je fourré ? Je tâchais de me guider en suivant le mur du couloir étroit et qui avait plus des airs de coupe gorge. Je ne voyais-absolument-rien.

Soudain, mon pied buta sur quelque chose, il n’y avait absolument rien pour me retenir…et je partis en avant, emporté par mon élan pour me réceptionner - je vous le donne en mille – dans les bras du Pyke - que du coup je venais de retrouver. Une bonne chose non ? Si on excluait la gêne de la situation…Hrem...



Fâr Sorem
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[Dialogues traduits du huttese]

Ce chemin, Fâr le connaît, et c'est précisément pour cette raison qu'il se permet, malgré sa tendance à l'effronterie qu'un humain trouverait pitoyablement suicidaire, de s'aventurer avec tant d'assurance dans ce noir aux reflets moirés. Le tunnel fait plusieurs coudes successifs, et c'est à peine si les prémices d'une future lumière leur laisse entrevoir un espoir d'en sortir. L'ambiance est lourde, la pression à cette profondeur se fait sentir, malgré l'aération évidente des boyaux creusés là. Le voici parti en éclaireur pour permettre à ses suivants de ne pas déclencher une mort douloureuse et précoce en activant les protocoles d'interception à la sauce mafieuse disposés ici depuis des décennies.

Mouais... Faudraif' p'fetre quelques ficatri'fes sur f'on muveau pour la crédibilif'té ?

Commente Stofal devant la nouvelle mine de l'homme brun. Fâr jette un oeil en arrière. Il apprend vite, le touriste. Incapable d'avoir une réaction sensée, le rire lui monte vite. Mais la tâche qui l'occupe à présent l'empêche de sombrer de nouveau dans un excès d'hilarité suspecte.

Comme un joueur de ces jeux d'holodanse dans une cybercantina dernier cri, Sorem choisit ses pas avec un tempo et une adresse qui dévoilent sa véritable personnalité. Le gran et l'humain suivent. Un coude, puis un autre. Arrivé de l'autre côté de la barricade obscure, le porte-flingue s'arrête, attend quelques secondes que sa suite sorte de l'ombre. Et là, c'est le drame. D'un coup, l'humain bat de l'aile, perd l'équilibre qu'il a réussi jusqu'ici à tenir. Fâr fait un pas, et son improbable client lui choit littéralement dessus. Dans un bruit mat, le médecin se retrouve le nez dans son plastron, et les yeux de Fâr louchent une seconde sur ce qui vient de se produire. Deux pas derrière, le gran ne sait pas comment réagir.

Cette fois, le rire est le plus fort ! De la position impromptue ou de la tête dépitée de l'être humain, difficile de dire quelle en est la cause la plus probable. Les deux mains de Fâr saisissent le médecin et le décollent de l'armure :

Bah alors ? Tu tiens pas l'alcool, p'tite nature ? T'as coulé qu'un verre, nan ? Qu'es'qui't'arrive ? M'dis pas qu't'as deux pieds droits !

S’esclaffe-t-il en empoignant l'humain pour lui éviter de choir de nouveau dans le noir. Il lui semble tout d'un coup léger et flasque. Bizarre. Les êtres humains sont très divers, leur physionomie est parmi la plus variée de la galaxie. Mais celui-ci fait l'effet à Sorem d'un animal domestiqué depuis trop longtemps, qui manque de muscles et de nerfs. Un peu comme ceux que l'on sait trouver en surface des grandes fourmilières républicaines, bien habillés et incapables d'ouvrir une portière de speeder sans la clef. Ses lèvres ourlées de dents de scies s'étirent derrière son masque :

Pah ! T'en fais une tronche, dis ! T'sais quoi ? Laisse faire, tu m'donnes la tristesse, là ! Toi t'es pas encore prêt d'pouvoir t'barrer en live à travers l'perma, hein ? T'as d'la veine, j'suis en canne.

Sans cirer gare, son bras immense se déploie autour du médecin échevelé et tout son corps s'articule avec souplesse pour l'arracher brusquement du sol. Sans plus de cérémonie, Sorem charge Lokred sur son épaule comme il l'aurait fait d'un sac de jute. Fier de son coup, le grand alien resserre sa prise sur son invité peu content du traitement de la maison, l'empêchant de gesticuler, pieds et mains battant l'air :

Allez go la caval'rie, on s'taille ! Sto', magne-toi.

S'ouvre soudain devant eux un labyrinthe en trois dimensions, comme peu de panorama savent en offrir dans ce coin de la galaxie. De partout, le marché noir a craché tout ce qu'il sait et connait pour s'approprier l'ancienne mine. Dans l'immense salle sur laquelle débouchent un nombre incalculable de vieux tunnels, identiques à celui qu'ils viennent de quitter, les derniers siècles ont vu se bâtir une suite ininterrompue de structures sans rapport les unes avec les autres, au fur et à mesure que s'est écrit l'histoire de ce lieu d'échange galactique. Où que se pose le regard, les détails surgissent par millier. En résumé, la légende n'avait pas menti : la Plaque n'est qu'un vaste foutoir. Un foutoir où le Syndicat s'est logé de longue date, comme nombre d'autres mafias du même acabit.

Eh ! Teshe' ! D'où tu l'sors, c'uilà ? L'est pas ben' rustaud ! T'es sûr qu'il en vaut ?

Lui lance un large zyguerrien hilare qui trône sur l'un des strapontins au-dessus d'eux.

J'l'ai gagné au Sabacc ma puce ! Pas super pratique, mais oik's c'était donné, va !

Tout autour, c'est un véritable concert. On pense aux jours fastes sur Coruscant, avec en arrière plan néanmoins, tout ce qui fait le charme de Nar Shaddaa, la roche, la poussière et le soufre en prime. C'est le paradis des emplettes illégales, ça se bouscule, ça hurle. Qui tire dans le tas est sûr de faire mouche. Mais sur l'horizon, autant d'armes que de paires de pattes. De toutes les tailles et de toutes les formes, les aliens de la Bordure Extérieure défilent, laissant quelques rares humains et cyborgs dépasser de la masse grouillante qui vient ici chercher on préfère ignorer quoi.

Le tout tire de l'art moderne toute sa précaire et absurde délicatesse : comment tout ça tient-il, même un givin aurait du mal à le calculer. Le mélange d'odeurs est tel qu'un nez un tant soit peu délicat y deviendrait fou. Toujours est-il que tout ce que la frontière compte de contrebandiers et de marchands de mauvaise vie trouve ici son chaland. Les indéboulonnables dealers d'épices d'Oba Diah n'ont pas fait exception à cette attraction formidable, et ainsi se retrouvent nos personnages, à foncer vers une destination dont seuls Fâr et Stofal semblent conscients. Le troisième suit, bien malgré lui.

Visiblement sûr de sa destination au travers de ce chausse-trappe géant, le pyke continue de progresser à longues foulées au milieu de la faune interlope de leur nouveau terrain de jeu, se heurtant sans douceur aux badauds qui ne regardent pas devant eux. Sa tête en éclaireur par-dessus la foule, il interagit gaiement avec les quelques uns qui semblent le connaître. Mais peut-on en être sûr ? Ici, se connaître n'est pas forcément s'apprécier. La large main de Sombrêve tape l'épaule du toubib en lévitation :

Alors, ça t'plaît? Jolie vue, hein ? T'crois pas qu'on va l'pêcher ton lorrdien avec ça ? J'te parie bien qu'si ma bichette ! Allez, fais pas la tête, promis j'te dépose au calme quand on arrive.

F'e crois qu'il feut que tu l'pfoses, Te'fe.

Ouais, mais moi j'veux pas. Là-haut, au moins, j'risque pas d'le paumer, mon craveur de poumons. Pas vrai ?

Il gratifie son invité haut-perché d'une nouvelle tape amicale dans le dos et entreprend de fendre la foule compacte qui s'amasse en beuglant dans ce bouge sans fond qu'est désormais la Plaque du 755. La traversée dure une petite dizaine de minutes, durant laquelle l'humain croise toutes sortes de regard, depuis son improbable perchoir. Finalement, Sombrêve abrège le supplice du médecin, qui n'avait peut-être pas escompté visiter la Plaque de cette façon. Mais après tout, toute visite touristique comporte des risques !

Vous vous souvenez des deux autre numéros de la première scène ? Elles, Mâzef et Tisha, que rien ne distingue l'une de l'autre pour l’œil profane, attendent leur lieutenant de frère à l'ombre du tunnel. La raison qui les a fait devancer le trio du monte-charge est simple : Fâr n'a pas emprunté le chemin le plus court, contrairement aux apparences. Bien plus preste qu'un vieux turbolift d'un autre âge, les deux jeunes pykes ont eu tôt fait de plonger à la Plaque par l'un des nombreux conduits d'aération envahi par les habitants des profondeurs.

Fin d'la balade, m'sieur des poumons. C'est ici qu'on s'cale ! Bien'vnu dans la Famille ! Et essaye d'pas gerber, ok ? Un peu d'tenu, st'euplaît.


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Torhyn Lokred
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Il fallait l’avoir vu pour y croire. Comment m’étais-je retrouvé là ? Pas la moindre idée. Et la situation gênante dans laquelle je m’étais initialement trouvé fut renouvelée. A ceci prêt qu’elle était un peu différente. Mais je me retrouvais une fois de plus dans les bras du Pyke. J’eus beau pester et le sommer de me lâcher, et ce dans toutes les langues que je connaissais, rien n’y fit. Il me tenait si fort qu’il me fut impossible de me débattre.

Point positif : j’avais une vue imprenable sur ce qu’ils appelaient « la Planque ». Et c’était un merdier pas possible. Je n’avais jamais vu un tel capharnaüm. Même les Bas-Fonds de Coruscant – du moins ce que j’en avais vu – semblaient moins bordéliques. Toutes sortes d’odeurs venaient chatouiller mes narines. Un mélange d’épices, de rôtissoire, d’excréments et urines, corporels, j’en passais. Tous les sens étaient hyper sollicités, pour ne pas dire : agressé. Je ne savais où poser les yeux, ni même quoi entendre, tant il y avait foule de bruits. Finalement ce n’était pas plus mal que je me préserve de cette crasse en tout genre.

Notre trio progressait, je devinais bien les rires face à ma position, et les pointages de doigts dans notre direction. Sans oublier les remarques qui fusaient. J’avais cru comprendre, dans la réponse du Pyke « gagner » et « sabacc » … pas besoin d’en comprendre plus pour deviner le sens de sa phrase. Je pestais de plus belle ! En Lorrdien, Huttese, basic, bref…tout y passait de nouveau. D’autant plus que le Pyke se permettait de me « tapoter » le dos de temps à autre comme si j’étais un animal de compagnie ou je ne savais quoi d’autre ! Il manquait cruellement d’éducation.

Quand il daigna enfin me reposer au sol je ne pus m’empêcher de le repousser. Je réalisais alors qu’il n’était pas le seul Pyke. C’était bien ma veine. J’avais déjà un sacré spécimen en la personne de Far Sorem, mais alors si je devais en gérer deux de plus…Cela promettait.

- Gerber ? Non mais ho ! Je suis médecin okay ! Médecin (en huttese), mon estomac a subi bien pire que ce que vous venez de me faire ! pfff…J’avais grimacé avant de reprendre : Dites donc, vous avez cru quoi ? Que j’étais un sac de patates que vous pouviez trimballer comme cela !? Et puis d’abord : c’est qui ça ? (en huttese)

Je me doutais qu’il ne devait pas comprendre un traitre mot de ce que je racontais. Mais au moins le ton ne laissait pas de place au doute. J’étais surtout surpris de la force dont il avait fait preuve pour me soulever ainsi et me transporter comme si je n’étais pas plus lourd que cela pour lui. D’un geste rageur je rajustais ma tenue et replaçais mes longs cheveux en arrière. Mon sac retrouva une place décente.

Je soupirais, observant les lieux pendant que les Pykes discutaient dans leur huttese de bas étage. Bon sang ce qu’Absalom me manquait à cet instant !

Soudain, je sentais quelque chose, comme un soubresaut au niveau de mon sac. Un petit rire strident et une forme qui disparu dans un tunnel sombre en un éclair en poussant un rire strident reconnaissable entre tous.

- HEY !! Saloperie de singe-lézard !! Reviens ici !! C’est à moi !

Entre ses griffes, mon datapad! Ni une ni deux, je m’engouffrais, suivant l’animal. Stofal eut tout juste le temps de crier :

- Hey !! Docteur !!! Refenez !!! F’est danfereux !! Haaa fiotte !!! Tefe !! Fite !! Le toubib !!





Fâr Sorem
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Passion puzzle





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[Dialogues traduits du huttese]


Sto’. Sans dec’.

C'est fait : pas deux minutes qu'ils sont posés, pas le temps de faire la moindre présentation que le client se taille ! Aucun savoir vivre.

Fâr contemple la silhouette dégingandée de l'humain qui disparaît entre deux aliens, à dix mètres de leur confortable planque. Trop tard pour lui tirer dessus... Le porte-flingue reporte son regard sur le gran, resté comme deux ronds de flan devant la fuite accélérée de leur colis express :

T’avais qu’un putain d’job à faire, bordel. Un... seul... foutu... putain d'job ! Et t’as mêm'pas été foutu d’le faire !

Il n'a pas assez de mains pour marquer correctement sa consternation, pas sûr qu'une besalisk en ait assez non plus. Mais quoi, c'est la vie ? Les revoilà partis pour prendre part à leur sport favori : le chope-moi-ça-fissa.

Nan mais f’es’pas ma f’auf’te, quoi !! F’ai fourné fa têf’te et PAF ! P’fus d’tfoubib’, quoi !

J'me d'mande vrem's à quoi tu m'sers, des fois.

... Euh... ? A t'fenir les pf'ortes ?

Ta gueule...

Le pyke détalle droit sur la dernière position de l'humain, sans prendre le temps de coller un tir à Stofal pour la forme. Dans la pénombre, les soeurs Sorem se détache de leur groupe pour constater que l'équipe arrivée est déjà repartie :

Bah alors, d'puis quand Velk' il s'fais la tchave direct ? C'est chaud ?

Y f'est ret'fourné f'erfé un 'féde'fin.

Gnê ?! Un médefin ? P'rquoi ? Il doit s'faire recoller, ou quoi ?

Euh, nan, f'est comp'fiqué...


L'artère grouille évidemment de monde, pas moins qu'il y a deux minutes. Les yeux du reptile décrypte les mouvements hasardeux des badauds pour tenter d'entrevoir la course de son fuyard dans le monumental fatras coloré de la Plaque.

Après une bonne minute à fendre la foule au hasard, il parvient à localiser le dos de l'homme entre deux silhouettes. Vif, le lieutenant dégaine son premier blaster et tente de clouer l'homme au sol en visant son pied au sol... Mais le tir rate sa cible : à l'endroit où s'est trouvé la botte une fraction de temps plus tôt, se plante l'énorme patte d'un aciere de bât, qui se cabre de douleur et de surprise. Panique à bord, ça crie et ça insulte, et le pyke vocifère dans son dialecte, furieux. Alors qu'il se lance de nouveau au train de l'étranger, un vieux vratix vêtu d'un simple manteau thermique vient s'écraser contre son épaulière avec un étrange bruit de caramel craquant. Fâr vacille et manque de démollir l'étal d'un vendeur de produits toxiques derrière lui. En face, le carambolage a laissé une vilaine trace sur la chitine du coureur :

Arg ! R'gardez où qu'vous mettez les pattes ! Déjà midi en surface, l'Syndicat s'enjaille tel'ment d'nos jours qu'vous r'gardez plus où vous allez ?!

J'm'enjaillerai p'tet quand j'aurais ben r'mis l'palot sur mon toubib, panouille ! Allez, circule ou j'te décalque !

Vot' quoi ?!

Mon - oh, on s'en branle : il est passé où, le... truc, l'humain, là ?Il était là, genre, y a dix s'condes ?!

C'qu'j'en sais, moua ! Vot' machin était en train d'essayer d'écharper mon singe ! Mon précieux singe, quoi ! J'le cherche depuis deux plombes, c'bordel !

Hein ? Bah merde !

Quand on parle du rancor ? De l'autre côté de la 'rue', ce qui s'en rapproche, revoici le fameux singe ricanant et juste après, rougi par sa course, le médecin des profondeurs. Les deux trafiquants se jettent aux trousses du duo de fuyard d'un même mouvement, dont l'animal poilu semble bien être le seul des deux à s'amuser, quelques vivres supplémentaires dans le bec depuis son dernier passage. Fâr plante le propriétaire du singe sur place et détalle à toute vitesse pour tenter de rattraper l'hovertrain en marche. Chaud devant...! Derrière...! Euh, ok, chaud tout court ?

Et l'humain court ! Court, court... et n'a pas l'air de se rendre compte du bazar qu'il génère ? Non. On y retourne, ça redémarre et encore une fois, ça sème encore davantage la confusion dans un bordel déjà bien parti. Sublime comme un tableau de Mal Prezi ! Au beau milieu, Fâr s'en moque, bien décidé à sortir son inconscient de client du merdier : c'était bien la peine de ramasser cette mission, sinon ! Qui paiera, s'il l'autre ahuri meurt dans un accident de Plaque ? Pas comme s'il avait laissé la personne à contacter d'urgence à l'accueil en entrant...

Hây ! Kxajy zâ vrahge dělás, ûmaanh’ji !! Vraťte ses'kxem !*

A gauche, à droite, à droite, à d... non, à gauche. Derrière, le proprio du voleur peine à suivre, mais ne lâche pas l'affaire si vite : ses appels n'ont pas l'effet escompté, par contre. Le jeu est trop drôle, faut croire ? Plus que quelques mètres, le tournant est miraculeusement dégagé, et le pyke peut enfin déployer toutes ses jambes pour couvrir d'un sprint la distance qui le sépare des deux fuyards. Ah, trop tard : le voilà qui a plongé droit dans... De loin, Fâr reconnaît l'un de ces boyaux verticaux qui débouchent sur...

Eh là ! Sortez d'là ! C'est interdit d'visiter les cages quand j'fais l'ménage ! Vous vous croyez où, mes p'tits salauds ?!

La courtoisie de Sorem se limite à une franche bousculade :

HEY Dégage, merde ! C'est MON toubib !

Et c'est MON singe qu'il essaye de kidnapper !

EH ! J'EN AI RIEN A FOUTRE ! C'EST MES BESTIOLES, OK ! PAS TOUCHE !

Bouffe tes morts, merde, c'est MON TOUBIB qui vient d'se casser LAAAAA ! ! Hey ! Machin ! L'humain d'sa race ! Fais chier, j'sais même pas comme il s'appelle ce c...!

Raah ! Stop ! BERTILLE, AU PIED !

Une tronche possible pour Bertille pas gentille:

Et c'est ainsi que l'on voit reparaître en sens inverse, au beau milieu de la Plaque en furie, un singe kowakien talonné par un humain échevelé, suivi d'un énorme animal à six jambes, le tout poursuivi et par tous les mécontents, et Fâr, et pêle-mêle, tous les commerçants et clients venus gueuler un coup sur les 'sombres idiots' du devant.

MON DURGOLOSK !

MA BOUFFE !

MON SINGE !

MON TOUBIB !

Pas de doute, c'est l'excursion de l'année, le tour operator le mieux organisé de la galaxie ! Avec un peu de chance, notre médecin peut même parvenir à se faire tuer. Une expérience touristique garantie ! En musique.

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* trad. du pyke : "Qu'est-ce que tu fous/fabriques, l'humain ? Reviens ici !"


Torhyn Lokred
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Musique d'ambiance



C’était un sketch ? Une caméra cachée. Cela en avait tout l’air en tout cas ! Le singe-kowakien que je poursuivais, moi-même suivi du propriétaire, lui-même talonné par Far Sorem…tous ensemble nous nous slalomions au milieu de ce joyeux merdier qu’était la Planque. Chacun s’insultant copieusement…sauf le singe…ou alors je ne comprenais pas sa langue. Soudain l’animal sauta dans un boyau ! Je le suivis sans chercher à comprendre. Mal m’en pris ; Car je trouvais la petite bête figée…pour…filer en sens inverse ! Quand j’en compris la raison je l’imitais. Et nous étions donc repartis !

Un sketch je vous disais.

Avec tout cela, je galopais et pas moyen de rattraper ce foutu singe. Et je fatiguais. Je n’étais pas une foudre de la course non plus. Il me fallait trouver une solution. Je ne connaissais pas les lieux, pas question de dévier de ma trajectoire. En revanche…j’avisais un type juste devant moi. Un humain…fort jeune si j’en croyais son visage angélique…Mais ce qui m’intéressais c’était le magnifique blaster qui pendait à sa ceinture.

La surprise de me voir débouler devant lui me donna l’avantage.

- Excusez-moi, je vous emprunte cela.

- Hé ! Mais !! Hoo !

Et sans en dire plus je saisis son blaster, non sans pousser violemment son propriétaire qui alla choire sur l’étale de divers produits appartenant à un Dog. Ce dernier, peu satisfait de voir sa petite échoppe saccagée s’en pris à mon jeune inconnu. J’avais tout le loisir de régler l’arme sur paralysant. Je n’avais que quelques secondes devant moi pour appliquer les leçons de tir que j’avais reçue de Mee…Faire le vide…aligner mes organes de visés…Le singe était une cible mouvante, je devais anticiper. Il fatiguait aussi…Je le vis bondir sur la toiture d’une boutique en riant…Il se tourna vers moi, sans doute surpris de ne plus me voir à sa suite. Il me repéra…mais c’était trop tard...J’avais fait feu. Il s’effondra sans un cri au sol…Mon datapad avec lui. J’allais me ruer dans leur direction quand une main m’agrippa :

- Espèce de sale voleur !!! Mon blaster !! (en Huttese)

Cet andouille n’avais donc pas compris ce que je lui avais dit…je tâchais de lui expliquer :

- Je vous l’empruntais seulement ! Je vous le rends ! Et j’illustrais mon propos en le lui tendant. Mais je reçu en échange une droite formidable qui m’envoya rouler au sol. Il cognait fort le gamin…Mon datapad était à un mètre de moi, avec le singe. Je me relevais pour les rejoindre. Quand un Togruta immense se saisit des deux.

- Hé !! Un singe-Kowakien grillé ça doit pas être dégeu !

- Rendez-moi mon datapad !!

- Mon singe !!

- Mon toubib !

Nous avions été rattrapés par tout notre belle petite troupe. Je m’étais jeté sur le Togruta pour lui arracher mon datapad. Mais il était bougrement plus fort que moi. Et bien mieux entrainé. Il fit un pas de côté et je manquais de tomber. Il me montra l’objet de mes désirs :

- C’est ça que tu cherches, Humain ?

- Rendez-le moi.

- Viens le chercher….

J’observais l’individu des pieds à la tête…Il était si grand…Il me rappelais presque Darth Ganys…Quelle idée ! Je fis mine de retrousser mes manches et me mis en garde :

- Je vous préviens ! J’ai fait de la boxe à l’université….

Tu parles…quelques séances…mais cela m’avait vite gonflé…Il m’envoya un coup en direction du visage. J’eus tout juste le temps de me baisser. Fier de mon esquive j’allais répliquer, mais ce fut sa jambe que je pris dans les côtes. Je mordis à nouveau la poussière. Un petit attroupement s’était fait autour de nous…Sans doute un stratagème des amis de mon duelliste…Je ne doutais même pas que des paris étaient en train des pris…Ce que je voyais surtout, c’était que cette ronde de curieux empêchait Far de me rejoindre et de possiblement m’aider…J’allais dérouiller….

Le Togruta attaqua, je tâchais de ne pas me faire avoir une seconde fois. Et mon esquive fut suivie d’un violent coup de poing dans son diaphragme. Il recula, le souffle coupé…Je n’étais pas un combattant…mais j’étais un médecin. Et je savais comment faire mal… Il y eut quelques sifflements et des « hoooooouuuuu » d’amusement à la limite de la surprise. Le Togruta pesta dans une langue que je ne compris pas, il avait reculé et lâché le datapad…Je me précipitais pour le ramasser. Mais alors que je le tenais enfin…une main agrippa mes cheveux et je fus envoyé un peu plus loin. Je n’avais pas lâché mon précieux datapad…et j’avais encore une fois mordu la poussière…

- Sale petit enfoiré ! Je vais te faire voir ce qu’il arrive quand on ose se mesurer à Bulok le Sanguinaire !!

Cela sentait le surnom redoutable auto-attribué, tellement il faisait clicher. Je me relevais péniblement, mais cette fois, j’étais à bout de souffle.





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