Absalom Thorn
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Docteur ? Docteur ?

Absalom avait réveillé son compagnon de voyage avec autant de délicatesse que possible.

Nous arrivons, dit-il.

Le voyage avait été long. Depuis le Consortium, ils avaient fait escale sur Bimmisaari, et de là jusqu’à Junkfort Station, avant de rejoindre leur destination finale. La silhouette du monde aride et rustique de Caluula se dessinait désormais derrière les hublots de leur vaisseau, enclave dans une enclave, coupé de tout.

Les secteurs tout autour appartenaient à l’Empire légitimiste, mais ils ne formaient qu’une poche coupée du reste du territoire impérial par la fin de la Route Perlemienne, toujours sous le contrôle de la République. Monde conquis sur les Hutts, puis passé sous le contrôle des Renégats, Caluula était peut-être si facile à annexer parce qu’il ne présentait guère d’intérêt.

Croyait-on.

Car le travail patient des informaticiens de la Bibliothèque de l’Obscur permettait de penser le contraire. À partir des données rapportées par leur maître de Balamak, ils étaient parvenus à reconstruire une carte partielle et rudimentaire, mais où l’on identifiait sans doute possible cette planète du cluster de Tion.

Les rapports antiques avaient livré une histoire rudimentaire. Durant le règne de Marka Ragnos, des sorciers et des scientifiques siths s’étaient associés au sein du Groupe des Six, manifestement pour explorer des questions d’ordre biologique et chimique, avec un intérêt particulier pour l’interaction entre la technologie et la Force.

À cette fin, les Six avaient installé des laboratoires dans différents secteurs qui composaient désormais une partie de l’Espace Hutt. Parfois réduites à une simple station spatiale, et d’autres fois d’une toute autre envergure, ces opérations avaient cherché à mettre leurs théories et leurs créations à l’épreuve d’environnements divers. Les données fragmentaires ne disaient pas grand-chose des motivations qui avaient présidé au choix de Caluula.

Entrée dans l’atmosphère imminente. Tous les passagers à leurs siège. Entrée dans l’atmosphère imminente. Tous les passagers à leur siège.

En entendant la voix de sa pilote résonner dans l’intercom central du cargo, Absalom ne se fit pas prier pour prendre sa place. Ailleurs dans l’appareil, une demi-douzaine de ses acolytes qui voyageaient avec eux en firent de même. Quelques secondes plus tard, le vaisseau était secoué par une légère turbulence et le Hapien ferma les yeux.

Ils se posèrent néanmoins sans encombre dans l’unique astroport de la planète, construction de pierre sommaire, mais qui suffirait à leurs besoins. Absalom laissa échapper un soupir de soulagement avant de se relever et, avec Torhyn, il gagna la soute où s’étaient déjà rassemblés les Acolytes.

Le petit groupe offrait une certaine idée de la diversité de celles et ceux qui trouvaient leur chemin jusqu’à la Bibliothèque de l’Obscur et son maître. Pour certains, ils avaient suivi Absalom dans son exil de l’Empire, mais d’autres étaient arrivés à lui par des chemins différents, après une vie chaotique. Il y avait ceux qui, fidèles en tout point à l’image qu’on se faisait des Siths, portaient de longues robes noires et dégageaient quelque chose d’inquiétant, et d’autres qui ressemblaient plutôt à la population de Junkfort Station, quittée quelques heures plus tôt.

Tous étaient unis cependant dans une même dévotion pour Noctis, dont l’influence s’était étendue sur eux imperceptiblement, mais avec une grande efficacité. Certains avaient une attitude distante et respectueuse, presque craintives, mais d’autres posaient sur lui des regards brûlants d’un désir viscéral qu’ils étaient incapables de contenir et que lui-même ne cherchait pas à décourager.

Laissez-moi quelques minutes, je vous prie.
Maître…

C’était une jeune femme à la peau sombre qui avait parlé. Elle portait une tenue simple, mais qui ne ressemblait pas aux bures des Jedis ou des Siths.

Êtes-vous certain qu’il soit prudent d’y aller seul ?
Prudent, non, répondit ce dernier avec un sourire. Mais nécessaire, oui.

Le Jedi Noir pressa un bouton et la rampe de débarquement s’étira sur le tarmac. À l’intérieur du vaisseau, tous les Acolytes de l’Obscur portèrent la main à leur sabre laser, par anticipation. Dans la clarté du jour de Caluula, sur l’immense dalle de pierre qui accueillait désormais leur navire, se découpait une silhouette dissimulée par une cape et une capuche.

Une longue conversation s’engagea avec Absalom et plus elle durait, plus les Acolytes semblaient nerveux. La présence de Darth Venenous les aurait peut-être rassurés, mais leur maître avait choisi de laisser son Inquisitrice surveiller les affaires sur Hapès, pour le cas où leur expédition s’éterniserait.

Plus d’une demi-heure passa ainsi, et puis la silhouette inclina légèrement la tête et se détourna du visiteur. Absalom rejoignit la soute du cargo.

Notre présence est acceptée. Tout du moins tolérée. Wakayi ?

Celle qui s’était exprimée un peu plus tôt fit à nouveau un pas en avant.

Maître ?
Organisez le débarquement du matériel archéologique et déployez les sondes géologiques. Pour l’heure, nous sommes priés d’établir notre campement à l’endroit où nous nous trouvons.

C’était un rude accueil, mais il ne fut pas sans soulager les Acolytes. Après tout, il n’y aurait pas beaucoup de trajet à faire, de leurs tentes à l’appareil, si d’aventure il fallait prendre la fuite.

Docteur, si vous voulez bien m’accompagner, nous allons rendre visite à notre hôtesse et lui exposer plus en détails les motifs de notre séjour.

La faveur que le maître témoignait à cet homme qui n’avait même pas le sens de la Force irritait la jalousie des Acolytes. Ils le suivirent du regard avec une certaine animosité, tandis qu’il quittait le vaisseau aux côtés d’Absalom.

Ne vous inquiétez pas, dit ce dernier quand ils se furent un peu éloignés, traversant le socle de pierre qui servait de piste d’atterrissage pour rejoindre un chemin mal entretenue qui descendait jusqu’aux rues de la capitale, faites de terre et de poussière. Ils vous seront moins hostiles quand ils comprendront que votre présence ne menace pas l’affection que je leur porte. Pour l’heure, leur réaction est épidermique.

Voilà qui n’était pas beaucoup plus rassurant.

Je n’étais pas certain de qui nous trouverions une fois sur place, poursuivit le sorcier. Je savais simplement que Caluula était tombée aux mains des Renégats, si le terme n’est pas un peu fort pour un monde pareil, et j’espérais bien qu’on nous y réserverait un accueil passable. Il se trouve que pour une raison que je ne m’explique pas encore tout à fait, Dame Shen y a élu domicile.

Ça non plus, ce n’était peut-être pas rassurant, à en juger par la réaction des Acolytes quand ils avaient découvert l’aura du comité d’accueil.

Shen est une sorte… D’ermite ? D’ascète ? Quelque chose dans ce genre-là. Elle fut jadis une très grande politicienne sith, et puis, du jour au lendemain, elle s’est retirée de toutes ses responsabilités et a commencé une série de voyages sur les planètes les plus improbables, laissant de côté le luxe du palais pour des habitations sommaires. Depuis vingt ans, elle vit comme cela. Je ne suis même pas sûr qu’elle ait conscience des allégeances changeantes de ce monde. En tout cas, on assure que c’était une alchimiste de tout premier plan.

Que restait-il de ses compétences ? Avait-elle même une quelconque influence sur Caluula ? Absalom l’avait supposé, par prudence, mais rien n’était certain.

Désormais, ils traversaient la ville, peuplée pour l’essentiel d’humains, qui menaient là une existence sommaire. L’économie de la planète reposait en partie sur l’exploitation de ses carrières qui donnaient une pierre d’une qualité supérieure, mais elle dépendait surtout de son intégration à l’Espace Hutt. La conquête puis la guerre civile des Siths avaient tout bouleversé, et ceux qui n’avaient pas réussi à se replier sur une agriculture de subsistance connaissaient désormais des jours difficiles.

Cela dit, l’endroit ne manque certes pas d’intérêt.

Dans la bouche de quelqu’un d’autre, c’eût été ironique, mais le Dr. Thorn voyait Caluula par les yeux d’un économiste du développement : il y avait là quasi un cas d’école qui ne demandait qu’à ce que l’on s’en saisisse.
Torhyn Lokred
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Flashback
**
Coruscant - Chambre d'étudiants

- Ryden, ça fait une heure qu’on révise, si on veut faire un peu de sport faut qu’on s’arrête là.

- Mais on a les examens dans deux jours.

- Ryden…sans déconner…tu connais déjà tout par cœur.

- Clairement pas ! J’ai plein de lacunes…tu sais ce qu’il va se passer si je ne ramène pas des notes satisfaisantes à mon père ?

- Il abuse…t’es major de promo…

- Ce n’est pas suffisant. Tu sais ce qu’il est capable de faire si jamais je ne suis pas à la hauteur de ses exigences ?

- Je sais…il va t’obliger à retourner chez toi, à l’autre bout de la Galaxie, pour faire de la médecine pure. Mais…il faut se changer les idées aussi…et le sport aide…

- Tu sais quoi ? J’ai une idée. On va combiner sport et révision. A chaque mauvaise réponse, cinq pompes, ou squat ou temps de gainage. Et pour illustrer son propos, Ryden ota son tee-shirt pour être plus à l’aise. Son compagnon le dévora du regard.

- Ok…t’as gagné ! En avant. On en était où ? Ha oui…l’ARN Ribosomique.



**
Actuellement




Un esprit sain dans un corps sain. Cela avait toujours été ma devise. Mais depuis l’attaque de Lorrd, et la dégradation de mon corps, je n’avais plus été vraiment en mesure de refaire véritablement du sport. J’avais réussi sous la tutelle du Major Mee Keto, à reprendre doucement. Il m’avait appris les rudiments du tir à l’arme de poing pour que j’apprenne à me défendre avant notre départ pour Taris. Mais la maladie m’avait rattrapé.

Depuis, j’avais été opéré des poumons. Et le remplacement de mes organes par des prothèse, en attendant d’en trouver des « naturels », avait permis de ralentir la dégradation de mon corps meurtri. Et puisque je voulais accompagner Absalom dans tous les déplacements où il souhaitait ma présence, il était normal que je retrouve une certaine forme. Mon délicieux mécène avait également formulé la possibilité de me former en matière de combat. Pour cela, je devais retrouver ma forme d’antan. Un régime protéiné – sans trop en faire – et des exercices de sport ciblés m’aidaient dans la prise de masse. J’étais loin de mon ancien physique. Mais je progressais, doucement mais surement. Et mes efforts payaient, ce qui était plus que gratifiant, et motivant de surcroît. Et, comme le disais le dicton, de pouvoir reprendre une activité physique, et redessiner mon corps me donnais la sensation de revivre.

Bien sûr je n’oubliais pas mon travail. Mes recherches sur les données collectées sur Balamak étaient partielles. Et je reconnaissais mes lacunes. Heureusement, nous pouvions compter sur les gens qui travaillaient pour Absalom. Et quand une carte partielle avait pu être extirpée des données. Des laboratoires anciens avaient été dispatchés, et Caluula était donc notre nouvelle destination.

Nous ne voyagions pas seuls. Des Acolytes de Darth Noctis nous accompagnaient. Si, initialement, je me réjouissais de rencontrer d’autres personnes travaillant sous l’égide de l’Hapien, ce fut de courte durée. Comme chaque fois avec les utilisateurs de la Force du Coté Obscur qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez, la compétition était féroce. Et outre le fait que je n’étais pas sensible à la Force, j’étais, apparemment, un rival. En effet tous semblaient motivés par un seul et unique but : briller aux yeux d’Absalom, en quête de son affection tout entière. Rien de tel pour vous coller une ambiance de plomb !

Absalom me réveilla alors que nous approchions de notre destination. Je m’étais assoupi sans même m’en rendre compte. Les voyages spatiaux, j’avais pris l’habitude, et je n’éprouvais nulle gêne de dormir pour faire passer le temps. Habituellement j’aurai travaillé, mais visiblement, mon corps en avait décidé autrement. Nous nous posâmes sans encombre sur Caluula. La pilote aux commandes était une professionnelle. Je pris mes affaires, et nous descendîmes dans les soutes où se trouvaient déjà les Acolytes. La rampe descendit et Absalom demanda à débarquer seul pour le moment. Il me laissa donc seul avec ses…heu…adeptes fanatiques. Je n’étais pas à l’aise…du tout. Je sentais leurs regards sur moi, ils ne m’aimaient pas…cela dit, s’était réciproque.

J’imaginais que s’ils n’avaient rien tenté après moi, c’était en raison d’Absalom. Sa présence seule me protégeait, ainsi que l’influence qu’il avait sur ces protozoaires ambulants. Mais je me disais que je ferai mieux de rester prudent. Et je saluais le fait d’avoir poursuivi mon entrainement mental initié avec ma chère He’Thu. Ho je ne ferai pas le poids face à Absalom, il m’avait clairement dit que c’était un pouvoir de prédilection pour lui, ce serait peine perdue pour moi et ce n’était pas mon désir. Mais au moins pouvais-je tenter de me protéger contre d’autres…

- Tant qu’ils ne tentent rien à mon encontre, marmonnais-je. Je tapotais ma sacoche : je ne suis pas sans défense (que se trouvait-il dedans ?) mais je serai attristé de devoir inoculer un virus à un de vos collaborateur, dans le cadre de la légitime défense bien sûr. Vous commencez à me connaitre, je ne ferai rien contre vos amis sans raison. D’ailleurs…il faudra songer à vous vacciner Docteur Thorn…vraiment…

L’Hapien m’invita à le suivre, ce que je fis, nous devions rencontrer notre hôtesse. Une femme, qu’il qualifia d’ermite. Et vu la réaction de tous, elle insufflait une forme de crainte.

- Très bien, je vous suis, allons rencontrer cette dame, fis-je avec un sourire enthousiaste.

Je devinais la joie d’Absalom de commencer cette nouvelle aventure. Et je devais avouer que malgré mes craintes, je n’en demeurai pas moins tout émoustillé de découvrir un nouveau monde. La guerre civile de l’Empire avait fait que cette planète était assujettie aux Renégats…Cela me parlait peu. Je ne voyais cela que de ma fenêtre. L’Empire avait baissé dans mon estime depuis quelques temps…alors si les Siths s’entretuaient, cela aura le mérite de faire diminuer le nombre de connards prétentieux en son sein.

Absalom me décrivit Dame Shen comme une alchimiste de haut niveau. Cela était intéressant. Mais j’étais un tantinet inquiet.

- A quoi dois-je m’attendre, moi qui ne suis pas sensible ? A-t-elle une forme d’aversion pour ceux de ma… « race » comme se plaisent à dire certains Siths qui nous considèrent comme inférieurs ?

En gros, des gens à l’opposé de l’intelligence de mon charmant compagnon de voyage. Lui au moins savait reconnaitre le talent et s’entourer de personnes compétentes.




Absalom Thorn
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Me vacciner ? Pourquoi pas, oui. Si vous le dites.

Pendant un instant, peut-être plutôt par réflexe que par une réelle méfiance, Absalom avait sondé les intentions du médecin. Rien ne semblait aller à l’encontre de ses intérêts, alors il avait choisi de considérer cette suggestion pour ce qu’elle était : un avis professionnel dénué d’arrière-pensée.

Cela dit, vous devriez m’appeler Absalom.

Et après des propositions comme cela, on s’étonne que la moitié de la Bibliothèque de l’Obscur rêve de Rubik’s Cube avec les articulations de Torhyn !

Les deux hommes avaient descendu l’élévation de terrain qui servait d’astroport rudimentaire, pour emprunter aussitôt un chemin périphérique. À peine arrivés en ville, ils s’en éloignaient, laissant sur leur gauche des bâtiments à l’allure de plus en plus miséreuses.

Pour être honnête, j’aurais du mal à me prononcer sur l’état d’esprit de Dame Shen. Sur le tarmac, je discutais avec son apprentie, qui ne m’a pas paru elle-même être en pleine possession de ses facultés mentales, alors il n’est pas impossible que notre hôtesse soit quelque peu… vous savez… Disons… Absorbée par ses travaux des dernières années.

Le Côté Obscur n’était pas sans danger, et la voie qui y empruntait les Siths lui avaient toujours paru l’une des plus dangereuses. Elle était faite de progrès rapides et soudains, de sacrifices considérables, pour des récompenses qui n’en valaient pas toujours le prix. Ces gens-là jouaient avec les limites de la Nature. Absalom, pour sa part, considérait que ses méthodes étaient bien différentes. Certes, il s’intéressait à ce que la Force réservait de plus mortel, mais il prêtait attention à ses rythmes intimes. Patient et méthodique.

C’est là, dit-il après un bon quart d’heure de marche sur un sol inégal et caillouteux.

Devant eux se dressait, et c’était encore beaucoup dire, une sorte de hutte en terre en forme d’ogive, isolée du reste de la ville et exposée en plein soleil. Devant elle, on avait planté un piquet de bois et sur le piquet, un crâne de Mon Calamari était empalé.

Pittoresque, murmura le Jedi Noir.

La Force qui émanait de cette misérable cahute inspirait plus de respect que son aspect extérieur, et c’est pourquoi, au lieu de se présenter tout de suite à la porte, l’ancien Sith s’arrêta à quelques mètres, rajusta la Bure de la Vallée des Sables qu’il avait revêtue pour l’occasion, comme un signe de puissance et de tradition, et attendit.

Ils attendirent. Le soleil était brûlant. Absalom ne bougea pas d’un pouce, fidèle à une discipline toute monastique. Au bout d’une demi-heure, la porte de la hutte s’ouvrit en grinçant. Rien n’en sortit : c’était donc une invitation à entrer.

Suivez-moi, murmura-t-il.

Ils durent se baisser pour passer la porte. L’intérieur était éclairée par les seuls rayons du soleil qui passait par une petite ouverture carré et sans vitre. Il n’y avait là qu’une pièce, avec un lit fait de tiges végétales plus ou moins bien tressée, et des tables de fortune, couvertes d’ingrédients parfois ordinaires, parfois singuliers.

Dame Shen n’avait plus rien d’une dame. Elle ne portait que des haillons, qui couvraient mal son corps sec et anguleux, vidé par la chaleur du soleil et de son désert de roches. Elle avait été une Vurk jadis, mais ce qu’elle était désormais, voilà ce qu’on ne pouvait dire. Ses écailles avaient perdu leur éclat vert pour devenir sombre et maladive. Elle n’avait plus qu’un œil. L’autre était crevé et elle ne cherchait pas à en couvrir la blessure.

Shen pointa l’un de ses doigts noueux sur Absalom. La griffe y avait pris une longueur démesurée et, désormais, elle s’enroulait sur elle-même.

Toi, dit-elle d’une voix rauque. Toi. Je ne te connais pas, toi.

Le Hapien hocha la tête. Prudemment.

Je la sens en toi. La Substance. Dense. Si dense…

Elle agitait les trois doigts de chaque main, comme pour tenter de palper quelque chose d’invisible.

Oui, oui, oui. Errrr… Dense.

Soudain, son œil unique s’écarquilla violemment et elle le darda sur son visiteur.

Me tuer, demanda-t-elle alors, avec un curieux mélange de crainte et d’enthousiasme ?
Absolument pas, assura l’intéressé.
Ah. Ah bon. Bon. Bien. Bien. Lui…

La reptile se tourna brusquement vers Torhyn.

Plus de… oui… plus… errr…

Elle se frappa le torse de trois doigts.

Rien là dedans. Errrr… Des machines.

La sorcière écarta les bras pour embrasser tout son logis.

Pas de machines ici. La Substance. La Substance est vivante, errr… Organique. P… Poisseuse. Poisseuse, très poisseuse. Mélasse, infectée. Réelle.
Mais c’est précisément pour cela que nous venons, Dame Shien, intervint Absalom, comme si tout cela avait un sens. Pour plonger les mains dans la matière même du monde, la matière organique, sur la trace de ceux qui, comme vous, mais il y a très, très longtemps, ont cherché à manier la substance.

Le Hapien avait passé assez de temps à développer les fonds de la Bibliothèque de l’Obscur pour savoir que la Force et son vocabulaire n’étaient qu’une manière parmi bien d’autres d’évoquer des réalités partagées. Il était évident que Dame Shen avait fini par prendre un autre chemin.

Longtemps ? Errr… Je ne sais pas. Longtemps. Hier. Demain. Je ne sais pas.
Bien avant que vous et moi…

Absalom s’interrompit, pour choisir ses mots avec soin.

… n’ayons pris conscience. Nous cherchons une ancienne station de recherche. Probablement dans un endroit reculé.
Pas de laboratoire, s’exclama-t-elle, d’un ton irrité. Pas d’Empire.
Nous ne sommes pas avec l’Empire.
Hmm…

Cette information parut soudain l’apaiser.

Et nous ne demandons pas votre aide. Notre intention n’est pas de vous troubler. Simplement d’avoir l’assurance que nous pourrons mener nos recherches ici, sans déranger personne, mais sans être dérangés en retour.
Pas d’autorité sur…

Elle agita une main vers la ville qui s’étendait au-delà de ses murs.

Les autres. D’autorité sur personne. Rien. Seulement… Seulement ici. Mes plantes. Mes choses.
Je vois.

Absalom s’inclina profondément.

Dans ce cas, nous ne vous importunerons pas plus longtemps.

Et sur ces mots, il se retira de la hutte, avec Torhyn. Ce ne fut que lorsqu’ils eurent gagné le peu d’ombre qu’offrait le toit de l’une des maisons du bord de la ville qu’il déclara d’un ton tranquille :

Pure comédie. Elle ment aussi bien que moi, mais elle ment quand même. En tout cas sur son état mental. Son esprit était extrêmement ordonné et clairvoyant. Et sa présence dans la Force, tout à fait remarquable. Mais elle a peut-être dit la vérité sur son désintérêt pour nos activités, tant que nous n’empiétons pas sur les siennes. Pour l’heure, feignons de la tenir pour ce qu’elle donne à voir, tout en restant sur nos gardes, et allons négocier notre installation auprès des autorités plus… Ordinaires.
Torhyn Lokred
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L’appeler Absalom. Il avait dit de l’appeler Absalom. Rien d’extraordinaire en soit…Et bien que je devais reconnaitre que je n’étais pas insensible aux charmes du Hapien – en même temps qui pouvait résister ? – je n’étais pas transi et bavant devant lui comme les mycétozoaires qui étaient restés au vaisseau. De plus, je n’avais pas été habitué de tant de considération de la part d’un « être sensible » d’un si haut niveau. Darth Oracci, et Darth Ganys, tout aimables qu’ils étaient ne m’avais accepté comme Absalom le faisait. Et j’avais toujours été traité avec un certain dédain. La preuve, je ne connaissais pas la véritable identité de Darth Ganys, et j’avais appris celle de Darth Oracci en regardant les élections républicaines ! Ils ne m’avaient jamais vraiment fait confiance. La seule, sur Kohlma, qui m’avait traité en égal – quoiqu’au départ ce n’était pas gagné – était l’apprentie de Darth Oracci : He’Thu Lhoss. Une preuve de plus que Noctis n’avait rien d’un Sith.

La « demeure » de notre hôtesse était…basique. J’observais le crâne, un peu dubitatif.

- Charmant…

- Pittoresque, fit remarquer Absalom…

J’eus une moue d’approbation avant de me poster à ses côtés…patientant que la vieille alchimiste nous autorise à entrer dans son domaine. Cela me parut une éternité. Je ne pouvais sentir ce que mon comparse sentait. La Force…si le lieu en était imprégné, impossible pour moi de le savoir. Toutefois, allez savoir pourquoi, cet endroit me faisais frissonner. Il y flottait une ambiance dérangeante…comme quelque chose…d’inquiétant. Il fallait dire que le crâne à l’entrée sonnait quelque peu comme une mise en garde. Je tâchais de ne rien montrer. Après tout, Absalom était là. Que pouvait-il donc bien arriver de mal ?

Enfin nous fûmes autorisés à entrer, la porte s’était ouverte comme par magie. J’emboitais le pas de Noctis, pas question pour moi de trainer ! L’intérieure de cette…hum…bâtisse de payait pas plus de de mine que l’extérieur. Et la « Dame » n’en parlons pas. C’était une Vurk que l’aspect décharné et en haillons n’avaient rien d’engageant. Et que dire de sa manière de s’exprimer. On aurait dit…une aliénée. Une aliénée avec toute fois de sacrées facultés. Je tâchais de donner un sens à ses propos. « Substance » « dense », nul doute qu’elle parlait de la puissance d’Absalom dans la Force. Elle était assez « saine » d’esprit pour penser que nous étions possiblement là pour la tuer. Heureusement elle fut vite rassurée.

Mes yeux allaient d’un endroit à un autre de cette mansarde. Je n’étais pas très compétent en pharmacopée, mais quelques éléments présents dans les bocaux, et autres fioles ne m’étaient pas inconnus. Pour le reste…j’imaginais forcement le pire.

J’eus un sursaut quand elle s’approcha en me désignant. Quelle ne fut pas ma surprise quand elle signifia avoir détecté que mes poumons morts avaient été remplacé par des machines. J’hochais la tête pour lui confirmer qu’elle avait raison tout en gardant le silence. Avec ce genre de personnes il valait mieux ne pas dire quelque chose qui pourrait les froisser. Toutefois, sa réaction à mon propos me perturbait. D’une comment avait-elle su ? Et de deux…en quoi était-ce mal que mes poumons soient artificiels ?

Absalom déploya tout son art de l’expression et de la diplomatie pour faire comprendre le but de notre visite à la vieille alchimiste. Elle prétendait ne pas savoir ce que nous venions chercher. Et elle nous affirma qu’elle n’avait aucune autorité en ces lieux.

Je ne fus pas fâché de sortir de là. Et je pris une profonde inspiration de mes poumons synthétiques dès que nous nous fûmes éloignés de l’atmosphère pesante de sa hutte et ses alentours. Mon compagnon de route me donna ses premières impressions. Il ne croyait pas à la folie de la vielle Vurk.

- Elle est peut-être désintéressée sur notre mission, néanmoins c’est son apprentie qui nous a accueillis. Vous pensez qu’elle va nous surveiller ? Même si je ne suis pas sensible à la Force, et donc incapable de sentir ce que vous-même sentez en elle, j’ai trouvé que ses propos avaient bien plus de sens qu’elle ne voulait le laisser croire. Elle a bien pus de clairvoyance qu’elle ne veut bien le montrer. J’eus un temps de réflexion avant de demander : elle n’aime pas la technologie on dirait ? Je faisais bien entendu référence à sa remarque sur mes poumons, et l’absence total d’outillage moderne chez elle. Alors que nous retournions vers la ville, j’eus un petit sourire et plaisantais gentiment : en tout cas elle un intendant, et décorateur, que je lui recommande fort de renvoyer.

Une petite remarque amusée qui avait le mérite de me remettre un peu de mes émotions.






Absalom Thorn
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Ah, fit Absalom d’un ton faussement ingénu, vous n’êtes pas sensible aux charmes délicats de la gamme Pourriture & Nécromant, chez Rustica Mobilier ?

Lui non plus. Torhyn avait eu un aperçu des goûts décoratifs du Hapien : design épuré et grands espaces dégagés, tel était son style. Comme beaucoup de gens qui avaient passé un certain temps entassés sur Coruscant, Absalom avait développé un penchant pour les intérieurs un peu vides, où l’on se sentait respirer. Pour lui, le luxe, c’était les perspectives dégagées.

En tout cas, oui, je la crois parfaitement raisonnable. D’ailleurs, ne lui tenons pas rigueur de jouer la comédie. Comme elle l’a elle-même souligné, elle a toutes les raisons de supposer que nous venons lui faire du mal, et pour la convaincre que ce n’est pas le cas, il nous suffira de la laisser nous observer. Si j’en juge par son vocabulaire et ce qu’on sait d’elle depuis une vingtaine d’années, elle n’est pas plus liée à l’Ordre Sith que moi. Manifestement, elle a épousé un autre univers conceptuel.

Qui ne manquait pas de l’intriguer, mais ce serait une question à explorer plus tard. Pour l’heure, ils avaient gagné le centre-ville et on commençait à leur jeter des regards inquisiteurs. La population essentiellement humaine de ce caillou à la dérive dans un secteur qui n’attirait plus grand-monde n’avait guère l’habitude de recevoir de la visite.

Curieusement, les visiteurs n’étaient pas accueillis comme des clients potentiels et c’était plutôt une prudente réserve qui dominait.

La guerre civile a laissé des traces, murmura Absalom. Si ce n’est dans le paysage, du moins dans les esprits.

Les gens du coin savaient-ils seulement dans quelle escarcelle ils étaient tombés ? Rien n’indiquait ici de présence impériale en bonne et due forme, qu’elle soit loyaliste ou séditieuse. Caluula était peut-être l’un de ces mondes qui changeaient de drapeaux sans jamais y voir de différence.

Le diplomate se dirigea vers un bâtiment qui, quoique dépourvu de toute indication, lui paraissait être le plus indiqué, à cause de sa position centrale. C’était une architecture brutale et cubique, posée là sans méthode particulière, tout juste fonctionnelle. Alors qu’ils approchaient, quatre hommes en armes sortirent par la porte principale.

L’un d’entre eux leur lança une phrase incompréhensible.

Navré, déclara Absalom, mais nous ne parlons que le basic. Ou le huttese.
Basic, alors, reprit l’homme. On demande si on peut vous aider.

Malgré les armes, c’était une ouverture moins rude que prévue et le sorcier considéra que c’était bon signe.

Nous sommes une expédition de recherche scientifique. Archéologique, pour être précis. Nous cherchons à nous installer quelques jours, peut-être quelques semaines, tout dépend, pour retrouver des ruines sur cette planète. Nous aurons besoin d’engager des gens. Des guides. Des bras.

Une manière comme une autre de dire qu’ils avaient bien l’intention d’injecter de l’argent dans l’économie locale.

Vous êtes d’en haut, demanda l’homme, dont le ton oscillait toujours entre une méfiance instinctive et la politesse maladroite de celui qui se dit qu’il est tout de même censé accueillir les touristes ?
D’en haut ?
Des Seigneurs.

Il avait prononcé ce mot avec beaucoup de nervosité.

Nous n’avons pas d’intérêt dans la politique impériale, le rassura Absalom. Et s’il est vrai que certains d’entre nous possèdent des pouvoirs, nous formons une société savante indépendante qui recherche le savoir pour le savoir même.
Une petite seconde.

Et l’homme disparut dans le bâtiment. Cinq minutes plus tard, il en ressortait à nouveau et, d’un geste, les invitait à y pénétrer. L’endroit était propre, mais dépouillé. On les conduisit jusqu’à un bureau derrière lequel siégeait un jeune homme qui ne devait pas avoir beaucoup plus de vingt ans, et qui paraissait plongé dans une agitation extrême.

Ah ! Bien ! Très bien ! Bonjour, messieurs, oui, bonjour, asseyez-vous, je vous en prie.

Il contourna précipitamment son bureau pour retirer toute une collection de pièces mécaniques qui encombraient les sièges où les visiteurs étaient censés prendre place et puis, avant de réintégrer le sien, il dit :

Merci, caporal.
Capitaine.
Merci, capitaine.

Le capitaine en question réprima un soupir et sortit sans rajouter un mot.

Je suis Tinbulon Totépik, expliqua le jeune homme. Je suis le maire de Caluulaville. Et euh… Plus ou moins de Caluula, je suppose, ces temps-ci.
Maire à un si jeune âge, dit Absalom, c’est impressionnant.
Ah !

Le jeune homme rougit violemment et il sortit un mouchoir pour essuyer la sueur qui perlait sur son large front.

Oui, hé bien, à vrai dire, c’est une sorte de concours de circonstances.
Ah bon ?
J’étais l’assistant de l’adjoint de la maire précédente, mais la maire et son adjoint sont allés visiter une nouvelle mine et, euh… Hé bien disons que le tunnel… Vous voyez… Parfois on croit que c’est solide, et puis en fait non. Donc voilà, en attendant que, euh… Ben ça se décide là-haut…

Il fit un signe vers le plafond, comme si les autorités impériales habitaient au grenier.

Je supplée.
C’est tout à votre honneur. Voici le Dr. Torhyn Lokred et je suis Absalom Thorn.
C’est dingue, s’exclama fort peu protocolairement le jeune édile ! Vous portez le même nom que le Boucher de Kano-IV. Quelle coïncidence, hein ?

Qu… qu… quelle coïncidence… hein… ?


Spoiler:


Nous sommes ici avec des intentions purement pacifiques et nous cherchons l’autorisation de mener une expé…
Oui ! Oui oui oui ! Vous faites tout ce que vous voulez ! Je ! Je vous laisse mon bureau, hein !
Euh…
Je vais réunir la garde ! Pour que vous fassiez l’état de vos troupes et, euh… ! Bien sûr, le… Le trésor public ! Le trésor public est pour vous ! Et ! Et ! Bon y a pas grand-chose !
Non mais…
Ma copine ! J’ai une copine ! Vous voulez ma copine ? Prenez ma copine !
Ce ne sera pas nécessaire, s’empressa de dire Noctis.
Vraiment ?
Vraiment.
Entre nous soit dit, vous avez raison.
Je disais donc : je ne viens pas ici pour vous réduire en esclavage. Tout cela est purement scientifique.
Ah.
Voilà.
Bon.
Ça va mieux ?
Mais vous êtes sûr ?
Positif.
Pas de massacre ni rien ?
Non plus.
Faire cuire les bébés, torturer les chèvres ?
Ça ira.
Je dis ça, moi, c’est pour être serviable.
Je comprends bien.
Bon. Hé bien tant mieux, je suppose.
Donc voilà, on s’installe, conclut Absalom, qui avait compris qu’il était inutile de demander l’autorisation. Et nous nous demandons s’il y a des gens qui s’y connaissent particulièrement sur l’histoire des environs ? Les ruines, les sites archéologiques, ce genre de choses. Des suggestions ?
Torhyn Lokred
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Je ne pus me retenir de rire face à Absalom qui poursuivis ma remarque amusante et l’étoffa à sa manière. Il me fallut quelques instants avant de retrouver mon calme et mon sérieux. Dire qu’il y avait quelques minutes encore j’étais presque terrifié par la vieille alchimiste. J’écoutais les conclusions de mon ami sur la guerre civile qui scindait l’Empire désormais. Ce monde n’avait pas été négligé, même s’il ne semblait pas porter les stigmates de la guerre. Les esprits étaient craintifs. Et méfiants.

La réaction des hommes en armes fut d’autant plus surprenante. Et nous n’étions pas au bout de nos peines. D’abord nous fûmes pris pour des « seigneurs ». Ce qui n’était pas tout à fait faux en ce qui concernait Absalom. Mais ensuite, lorsque nous fûmes introduits devant le jeune fonctionnaire qui faisait office de maire, ce fut épique. Tinbulon Totépik n’était pas à l’aise, mais dès qu’il entendit l’identité d’Absalom, il passa par toutes les couleurs. Et sa remarque sur le fait que mon compagnon de route portait le même nom que le Boucher de Kano IV me fit sourire. Il chercha mon regard, comme pour y lire que ce n’était qu’une simple coïncidence, et que non…il n’était pas en présence du redoutable Seigneur Sith responsable de ce massacre. Mais, mon sourire confirma son doute.

Toutefois je n’aurai pas cru que ce hasard aurait une telle conséquence. Encore un peu il nous refourguait sa copine ! Il fallut tout l’art d’Absalom, pour lui faire comprendre que nous étions là pour une expédition archéologique totalement pacifiste. Le jeune homme parut enfin se calmer, et comprendre enfin la situation.

- Donc voilà, on s’installe. Et nous nous demandons s’il y a des gens qui s’y connaissent particulièrement sur l’histoire des environs ? Les ruines, les sites archéologiques, ce genre de choses. Des suggestions ?

- Heu…je ne suis pas sûr…Enfin…

- Des récits un peu étranges ? Des superstitions ? demandais-je. Il se tourna vers moi, cherchant à m’identifier.

- Je…heu…excusez-moi…j’ai oublié le nom que monsie…je ne sais comment dire…Son Excellence ? a dit tout à l’heure vous concernant.

Vue l’émotion qu’il venait d’avoir je ne lui en tenais pas vraiment rigueur. Je redonnais donc mon nom :

- Docteur Torhyn Lokred, je suis…le responsable scientifique de cette expédition. Il me dévisageait des pieds à la tête, comme si ma tenue plus décontractée que de coutume et mes cheveux relevés en une queue basse allaient confirmer mon identité. Mes yeux bleus étaient doux, et mon sourire des plus amical.

- Ho…je vois. Oui…c’est logique, si vous êtes là pour une quête purement scientifique. Il faut…un référent en la matière. J’hochais la tête et l’invitais à reprendre concernant la demande d’Absalom. Oui…hrem. Alors, il y a possiblement moyen d’aller aux archives. Je peux vous y conduire. S’il y a d’anciennes fouilles déjà faites, elles sont peut-être référencées. Et il y a d’anciennes cartes de Caluula.

- C’est un bon début en effet, fis-je.

- Coté récits étranges et superstitions, il y a bien le vieux Maheu… C’est le doyen de Caluulaville. Mais…il n’est pas très…comment dire…loquace.

- Ne vous inquiétez pas pour cela.

- Ha…heu d’accord. Les archive donc ?

- Les archives oui.

Le jeune homme s’empara d’une clé magnétique et nous invita à le suivre. Il nous guida jusqu’à une porte où on pouvait lire en vieilles lettres le mot « Archi es » le « v » ayant été effacé par le temps, et restaurer cela ne devait pas être une priorité. Il activa la porte qui nous céda le passage dans un grincement terrible.

- Oui…les archives. Comment dire. On n’y va pas très souvent s’excusa-t-il. Et c’était peu dire. Il y avait une couche de poussière d’une épaisseur stupéfiante ; Des toiles d’arachnides pendaient un peu partout. Le terminal qui servait de registre était éteint et visiblement très ancien. Sur les étagères il y avait un mélange entre des vieux papiers, et des datadisk. Tout semblait avoir été désordonné, ou jamais classé au choix. Des objets qui auraient pu avoir servi pour des kermesses ou des fêtes annuelles avaient également entreposés là. C’était un capharnaüm ! Je jetais à Absalom un air navré. La bibliothécaire en charge de la Grande Bibliothèque de l'Obscur aurait fait une attaque devant ce spectacle.

Tinbulon entrepris d’allumer le terminal des archives.

- Hrem…je pense qu’il fonctionne encore. Un peu plus loin il y a un autre terminal pour la lecture des datadisks. Il souffla sur l’épaisse poussière qui recouvrait l’écran et souleva un nuage agressif qui vint chatouiller nos narines. Je ne pus retenir un éternuement. "ATCHOUUUUM!" Notre jeune maire s’excusa : pardon ! Je suis désolé docteur. Et un pan de sa chemise se transforma en un chiffon pour essuyer le restant de l’écran. Ha…voila cela s’allume. Il fonctionne !claironna-t-il, soulagé.





Absalom Thorn
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Je vois, je vois, je vois…

En réalité, il n’y voyait pas grand-chose.

Il n’y a pas de lumière ?
Si si ! Bien sûr ! C’est allumé, là.

Absalom prit une profonde inspiration, que le maire interpréta aussitôt comme un soupir en se tassant entre ses épaules à la façon d’une tortue craintive. En réalité, l’ancien Sith se plongeait dans la Force pour tenter d’augmenter la sensibilité de ses yeux à la lumière, mais ce fut en pure perte. Pour un Hapien comme lui, il aurait fallu une authentique vision à travers la Force afin de reconstituer ce qui l’entourait.

On se débrouillera, dit-il d’un ton dégagé qui ne laissait rien paraître de son infirmité, merci. Ça ne vous dérange pas si on occupe un ou deux bureaux vacants ?
Nous déranger ? Nous ? Oh la la ! Mais non ! Ce serait un plaisir. Un honneur. Une joie indescriptible qui…
Parfait, coupa le sorcier. On ne voudrait pas vous retenir…

Comme Totépik à vrai dire qu’à partir, il fit une espèce de révérence maladroite avant de pivoter à la façon d’un automate arthritique. Bientôt, il avait disparu à l’autre bout du couloir.

Je crains de ne pas être très utile dans ces conditions, fit alors observer le Hapien. Je crois qu’il faudrait vraiment, vous savez… Que j’investisse dans des sortes de lunettes d’appoint. Quelque chose de plus discret que ce qu’utilisent les militaires. On n’a pas idée de combien la Galaxie est mal éclairée. Enfin bref…

Tout en parlant, il composait des messages sur son datapad.

Les renforts arrivent, précisa-t-il finalement.

Et, en effet, une dizaine de minutes plus tard, les Acolytes de l’Obscur passaient le seuil de la mairie et achevaient de donner des sueurs froides au bourgmestre, qui les regarda passer tous, sinistres dans leurs robes noires, comme autant d’annonces d’une mort prochaine.

Enfin, les apprentis de Noctis se réunirent dans le couloir.

Bien, mes amis, dit celui-ci chaleureusement, vous savez ce que l’on recherche. Si vous étiez assez aimables…

(Oui, Absalom ne donnait pas vraiment dans le management brutal et tyrannique.)

… pour faire un peu de tri et me ramener dans un bureau voisin je l’espère équipé de lampes dignes de ce nom ce qui vous semblera pertinent, ce serait vraiment parfait.

Sans un mot, les Acolytes s’engouffrèrent dans les archives. L’avantage, quand on régnait sur une bibliothèque, c’était qu’on avait toujours sous la main du personnel pour ce genre de travaux.

Docteur, je vous laisse apporter votre éclairage scientifique aux découvertes ? Vraiment navré de ne pas être immédiatement plus utile.

Une araignée qui s’était approchée trop près de sa blonde chevelure tomba raide morte à ses pieds et le Hapien adressa un sourire à son collaborateur, avant de partir en quête d’un bureau. Il eut tôt fait d’aviser une porte qui indiquait : « Direction des Relations Internationales ». De l’autre côté, un bureau, et derrière le bureau, une Pantorane de soixante-dix ans, les cheveux teints en blond platine, fort occupée à graisser une carabine blaster.

Oui, fit-elle en mâchant on ne savait trop quoi, ? C’est pour quoi ?
Je cherche un coin de bureau où m’installer.
Et j’ai l’air d’une agence immobilière, répliqua-t-elle sans détacher les yeux de son arme ?
Je me disais que vous feriez peut-être preuve d’hospitalité.

Après un soupir ostensible, elle releva les yeux vers l’intrus et le considéra longuement.

Et on peut savoir qui vous êtes ?
Absalom Thorn.
Jamais entendu parler.
Darth Noctis.
Ça en jette en soirée.
Le boucher de Kano-IV ?
Je suis végétarienne.
Bon, laissez tomber.

Vaincu par cette adversaire trop redoutable, le sorcier battit en retraite et finit par trouver un bureau inoccupé un peu plus loin, au service des espaces verts, dont l’existence même, sur une planète telle que celle-ci, paraissait peu compréhensible.

Le reste fut un travail fastidieux qui dura de longues heures. Les Acolytes avaient beau mettre de l’ordre dans les documents avec une efficacité redoutable, confiant les plus obscurs à leur maître et les plus scientifiques, bon gré mal gré, au docteur qui l’accompagnait, l’essentiel des archives n’avait rien de palpitant et la progression, qui se devait d’être méthodique, restait lente.

Petit à petit néanmoins, une pile de données s’accumulait sur le datapad. Elles étaient faites essentiellement d’histoires de cadastres. C’était toujours là que se cachaient les informations les plus intéressantes. Il était question de terres proscrites par les Seigneurs Siths, d’endroits contaminés pour des raisons plus ou moins bien expliquées ou, au contraire, d’autorisations délivrées à telle ou telle société.

La plupart du temps, on pouvait soupçonner qu’il ne s’agissait pas de ce qu’ils étaient venus chercher. Dans les informations lacunaires, on devinait que telle Dame Sith avait installé là un avant-poste militaire ou que telle équipe scientifique était venue tester sur ce site désertique des engins météorologiques. Pour autant, il restait une poignée de sites qui, au fil des deux derniers siècles, car les archives ne remontaient pas plus loin, semblaient avoir attiré constamment l’attention de visiteurs qu’aucun autre intérêt ne poussait à visiter Caluula.

La nuit était déjà bien avancée quand une Acolyte vint confirmer qu’ils avaient fini par épuiser le contenu de la petite salle d’archives.

Bien, fit son maître. Merci beaucoup pour vos efforts, à vous tous…

Elle était seule face à lui et Torhyn, mais les paroles du sorcier n’en résonnaient pas moins dans l’esprit de chacun des autres Acolytes, comme s’il s’agissait d’une communication intime et personnelle, et comme si Noctis entretenait avec chacun eux un rapport privilégié.

… et de votre patience, car je sais qu’il est tard. Je crains que notre logement soit un peu fruste, mais j’ai parlé au maire tout à l’heure et je crois qu’il nous a fait préparer l’immeuble, disons plutôt la maison, qui sert d’ordinaire à recevoir les dignitaires impériaux. À ce que j’ai cru comprendre, il n’a pas été utilisé… depuis un certain temps.

Sans surprise, ce caillou perdu aux confins de l’Empire ne suscitait pas la passion des notables galactiques.

Prenons-y nos quartiers. Sans nous départir d’une certaine vigilance.

Il n’oubliait pas qu’ils n’étaient pas les seuls adeptes de la Force dans les parages et qu’au-delà même de la présence de la vieille alchimiste, la guerre civile faisait toujours rage au sein de l’Empire.
Torhyn Lokred
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J’avais eu un sourire navré pour Absalom alors qu’il souffrait du manque de lumière. Nous fûmes rejoints par ses acolytes. Ils allaient faire le « sale » boulot en quelque sorte. A savoir collecter les données et nous les transmettre afin que nous les analysions. Bien sûr, la seule raison qui faisait que les acolytes me toléraient et me confiaient leur trouvaille était actuellement en quête d’un bureau avec suffisamment de luminosité. J’allais devoir me faire à cette pseudo jalousie de bas-étage de la part des sbires d’Absalom.

La plupart du temps, lorsqu’ils trouvaient quelque chose me concernant, ils me l’envoyaient avec un dédain et une froideur sans limite. Imaginez leur réaction lorsque j’osai demander :

- Dites, excusez-moi…Je crois qu’on peut se passer des données climatologiques…Vraiment…Ce…n’est pas vraiment mon rayon en plus. J’eus droit à une rangée de regards noirs et un silence de mort. Je me raclais la gorge : hrem…Enfin…c’est vous qui voyez. Vraiment…

L’un des acolytes s’approcha justement de moi et posa devant moi, sans le moindre ménagement, un nouveau dossier à étudier. Je lus les premiers mots…C’était les notes au sujet de tests sur des engins météorologique…Je levais les yeux vers l’acolyte qui n’avait pas bougé et j’eus un sourire forcé à son encontre :

- Merci…

- Le maitre a dit de vous donner tout ce qui relève du domaine de la science. Vous êtes un scientifique non ?

- Je suis médecin bon sang de bois ! Pas planétologiste !

- Etes-vous en train de dire que vous n’êtes pas capable de faire le travail que notre Maitre vous a confié ? Devons-nous en conclure que vous n’êtes pas à la hauteur de sa confiance ?

- Je…quelle bande de casse-pieds, murmurai-je. Ils me soutenaient tous du regard…Je ne voulais pas créer un conflit, mais ces acolytes étaient en train de me courir sur le haricot. Je me renfrognais, et me replongeant dans ma lecture, non sans maugréer dans ma langue maternelle : « j’espère que t’auras jamais besoin de moi comme toubib toi, parce que je me ferai un plaisir de te faire regretter la simple idée de me prendre pour un incompétent… ».

Cela annonçait la couleur… Et cela dura des heures...et des heures…Je m’étirais en grommelant alors que j’émergeais d’un énième rapport de géologie entre deux expertises médicales, sans oublier les tests de contaminations de ci ou de cela. J’avais l’impression que tout mon corps était endormi à force de rester assis dans la même position. Je décidais de rejoindre le docteur Thorn pour lui faire pas du peu de renseignements que j’avais pu trouver. Je toquais et entrais, affichant un franc sourire malgré la présence de l’acolyte qui venait de lui annoncer la fin de leur tâche fastidieuse.

Nous n’avions rien trouvé d’extraordinaire en réalité. Mais nous avions bien mérité un peu de repos. Absalom mentionna un endroit préparé à notre égard et qui servait pour les dignitaires impériaux. J’attendis que l’acolyte s’éloigne, pour m’approcher de Noctis :

- Il faut vous reposer Absalom. C’était une évidence, mais bien entendu le coté médecin prenait le dessus. Et j’avais l’impression que si Absalom venait à s’épuisé ses damnés acolytes allaient me faire des misères de ne pas avoir joué mon rôle de toubib. Quoi que jamais Absalom ne m’avait demandé d’être son médecin traitant. Mais tant pis, j’allais tout de même endosser la fonction.

- Cette recherche n’a pas donné de grande révélation, mais peut-être aurons-nous plus de chance demain avec le vieillard dont a parlé Tinbulon Totépik. Peut-être ses récits, couplés aux données collectées nous permettrons de dégager des éléments plus précis nous permettant de cibler un site en particuliers.

Nous cheminions en direction de la maison pour les dignitaires impériaux mise à notre disposition par le jeune maire. Alors que nous arrivâmes devant, je portais sur la bâtisse un coup d’œil critique :

- Ha ! Ouai…ça fait longtemps qu’elle n’a pas été…utilisée. C’est le moins qu’on puisse dire.

Je ne m’attendais pas au grand luxe, mais rien qu’à voir l’extérieur et notamment l’espace « vert » qui l’entourait, il y avait de quoi s’inquiéter pour l’intérieur. Je m’attendais presque à ce qu’on me dise qu’elle était hantée par des fantômes. Ce serait le pompon. Mais j'avais dormi dans bien pire endroit. Si je décidais de dormir. J'avais largement de quoi travailler encore, j'avais notamment décidé de me pencher sur des langues anciennes outre mes projets deja en cours d'apprendre le huttese ou le bocce)...le sithese par exemple. Quand on faisait des recherches archéologiques comme les nôtres, il fallait songer à se doter de certaines compétences linguistiques. Et vu que j'avais un don en matière de langue...(pas d'esprit mal placé!)




Absalom Thorn
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Me reposer ?

Un instant, le Hapien fixa son collaborateur comme si les mots que ce dernier venaient d’employer n’avaient aucun sens.

Ah. Oui. Certes. Vous savez, ces derniers temps…

Son regard se perdit dans le vague.

Bref. Peu importe. Allons-y.

Dehors, la nuit était tombée sur la petite ville qui servait de capitale. Le ciel était pur et les étoiles nombreuses éclairaient les rues en même temps que les lumières qui venaient des maisons, mais il n’y avait pas d’éclairage publique. Personne n’avait rien à faire en ville à une heure pareille, sauf quand il y avait des festivités, et l’époque ne se prêtait pas aux festivités.

Instinctivement, les Acolytes s’étaient regroupés autour de leur maître à la façon de gardes du corps, et il y avait fort à parier qu’il en allait toujours ainsi que la luminosité baissait. Absalom ne parut pas s’en rendre compte, tout entier plongé dans ses pensées, dont il ne se tira que lorsqu’ils parvinrent à un grand bâtiment à l’architecture aussi purement fonctionnelle que le reste de la ville, et qui ne se distinguait des autres maisons que par sa taille et la partie de son fronton aménagée pour y installer un drapeau.

Pas de drapeau, cette nuit-là, cependant : les gens de Caluula n’auraient pas su dire lequel ils étaient censés faire flotter. L’intérieur ressemblait à un hôtel milieu de gamme dans les stations spatiales qui servaient de relais le long des grandes routes galactiques. Le confort était minimal, mais c’était du confort, et pour une ville comme celle-ci, cela tenait déjà du luxe.

La première initiative des Acolytes fut d’allumer méthodiquement toutes les lumières des parties communes, puis chacun se dispersa.

Allons cuisiner, décréta Absalom.

Avec Torhyn, ils passèrent devant un mur où un tableau enlevé avait laissé un grand rectangle décoloré.

Je crois qu’on a décroché à la hâte le tableau de notre impératrice bien-aimée, remarqua le Hapien avec une pointe de sarcasme.

Dans la cuisine, le maire avait fait déposer, ou peut-être déposé lui-même, quelques caisses de vivres, auxquels s’ajoutaient les provisions ramenées par l’expédition elle-même. Absalom se retroussa les manches et, très vite, il apparut qu’il comptait cuisiner lui-même. Aucun Acolyte n’avait l’air de s’en mêler.

Il me semble à moi que nous avons été plutôt chanceux, déclara-t-il de but en blanc. Car assurément, je trouve étrange qu’une planète telle que celle-ci ait tant attiré l’attention des scientifiques. Pour la météo, l’agronomie, la médecine… Pardonnez à un économiste d’avoir l’esprit quantitatif, mais je crois que si l’on faisait le ratio du nombre d’expéditions scientifiques par habitant et qu’on le comparait à celui de planètes plus centrales, la balance serait en faveur de Caluula.

Les gestes de ce cuisinier de luxe étaient précis et il semblait savoir précisément ce qu’il faisait. Déjà, les machines de la cuisine étaient allumées, soigneusement réglées, ici pour griller, là pour synthétiser. L’eau commençait à bouillir d’un côté, le four se réchauffait de l’autre, et Absalom veillait à tout dans une chorégraphie bien réglée.

Bien sûr, l’explication peut être purement sociale. Des gens sont venus faire des recherches, de sorte que de nouvelles recherches étaient plus faciles ici qu’ailleurs, parce qu’on pouvait s’appuyer sur des études précédentes, et ainsi de suite. Mais il y a peut-être quelque chose d’autre. En tout cas, je trouve que le début est prometteur. Quant à cette passion soudaine que l’on vous suggère pour la météorologie…

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du sorcier.

Si j’étais un Seigneur Sith qui cherchait à conduire des recherches secrètes sur la physiologie et la Force, je prétendrais aussi que je viens tester des sondes atmosphériques et faire des calculs sur l’évolution des nuages. Parfois, quand on veut trouver quelque chose, il faut en chercher une autre.

Le dîner fut bientôt prêt. Comme toujours quand c’était Absalom qui cuisinait, il ne contenait aucun produit animal, et les Acolytes pour qui la viande était nécessaire se débrouillait par eux-mêmes. Ils mangèrent tous ensemble. Les capuches étaient tombées pour révéler des visages qui devenaient plus personnels et plus vivants.

Les Acolytes étaient tous des humains ou des proche-humains, certains jeunes, d’autres plus âgés. On devinait à leurs accents et à leurs expressions qu’ils venaient des quatre coins de la Galaxie. Chez certains d’entre eux, le Côté Obscur avait laissé des traces : une femme d’une quarantaine d’années, par exemple, avait le visage nervure par des veines d’un noir profond et son regard se distinguait par une lueur fiévreuse.

Pourtant, les langues se déliaient et la discussion se nouait enfin. Passées les premières minutes de réserve, la conversation devenait de plus en plus légère et joyeuse, et l’on aurait dit une étrange colonie de vacances, qui prenait ses quartiers pour la première soirée. Tout était en basic, entrecoupé de certains mots en hapien, qui trahissaient le lieu de vie adoptif pour tous ces convives. On parlait de tout et de rien : de Hapès, de tel détail insolite trouvé dans les archives, d’une nouvelle acquisition de la Bibliothèque ou d’une holosérie à la mode, de sorte que la discussion passait parfois brutalement des sujets les plus étranges et ésotériques aux modes les plus répandues dans la Galaxie.

Le repas ne s’éternisa pas cependant, car tous étaient fatigués. Une fois la table débarrassée, on se répartit les chambres, chacune la sienne. Absalom accompagna le docteur à sa porte et glissa :

Vous voyez, même ceux qui m’entourent ont leurs moments de normalité.

Le lendemain, tout le monde était levé aux aurores. Un étrange silence régnait dans la bâtisse : c’était l’heure des exercices. Dans le grand hall, qui faisait office de dojo, des sabres laser vrombissaient et s’entrechoquaient. Absalom faisait léviter des chaises dans la salle à manger, sous le regard attentif d’un vieillard à la peau bleue, qui lui servait manifestement d’instructeur. D’autres invoquaient des figures sombres et inquiétantes. Tout cela dura bien deux heures, avant qu’il fût permis de petit-déjeuner.

Bien, chacun sait ce qu’il a à faire, conclut Absalom à l’heure du départ. Demeurez prudents. La guerre existe toujours, nous ne sommes pas seuls sur cette planète et on ne sait trop ce sur quoi nous pourrions tomber.

Les quatre groupes se séparèrent. L’un d’entre eux était affecté à la surveillance du vaisseau et de leur nouveau quartier général, une tâche qui pouvait paraître ingrate de prime abord, mais qui impliquait aussi d’en apprendre plus sur la population locale. Deux autres devaient entamer, dans les environs de la ville, puis en s’éloignant par cercles concentriques, une tournée des lieux repérés grâce aux archives.

Le quatrième groupe était composé d’Absalom, Torhyn et Erebia, une ancienne Sith qui avait conservé son nom de l’époque. Cette Thyrsienne à la peau sombre ne devait pas avoir beaucoup plus d’une trentaine d’années et elle avait été de ceux qui, ce matin-là, s’étaient entraînés au sabre laser. D’ailleurs, elles en portaient deux exemplaires.

Bien. Allons voir ce doyen.

Maheu vivait dans un appartement au troisième et dernier étage d’un immeuble tout près de la mairie. Il avait longtemps été en charge de l’astroport rudimentaire de Caluula, avant que ses articulations douloureuses n’aient raison de sa vigueur et qu’il ne passe ses vieux jours à servir en quelque sorte d’écrivain public, mettant sa connaissance des arcanes de l’administration impériale aux services de ses compatriotes moins versés dans les subtilités des formulaires.

Tout le monde le connaissait et il connaissait tout le monde : à la façon des psychologues et des confesseurs, il était de ceux qui, par la nature même de leurs fonctions, renferment dans leur secret les secrets de tous les autres. Ainsi, il savait déjà depuis la veille que d’importants visiteurs se présenteraient à sa porte et, quand les trois voyageurs vinrent y sonner, le thé des roches était prêt à être servi.
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La demeure faisait moins peur à l’intérieur qu’à l’extérieur. Une bonne chose finalement. Sa remarque sur le tableau décroché à la hâte me fit sourire doucement…Son sarcasme était toujours en subtilité…mais ben présent. Je n’avais moi-même aucune estime pour cette impératrice, surtout lorsque j’avais pris son manque total d’expérience. Une simple marionnette entre les mains de monstres assoiffés de sang et incapable d’un peu de retenue dans leurs actions.

Alors que la lumière gagnait chaque partie des pièces communes, repoussant les ombres de la nuit, Absalom proposa de…cuisiner ? Ma surprise me laissa coi quelques secondes et finalement je suivis Noctis jusqu’à la cuisine. J’observais les gestes du Hapien, et alors que j’allais lui proposer mon aide, je notais qu’aucun acolyte ne s’était manifester pour l’assister. Sans oublier que je n’y entendais pas grand-chose en matière de « cuisine ». J’aimais savourer de bons plats, mais je n’avais pas été élevé dans les jupes de ma mère ou de notre gouvernante alors qu’elles mitonnaient de bons petits plats durant mon enfance. La silhouette qui me hantait encore était celle, pleine de sévérité, de mon père qui me préparait déjà à l’excellence et me destinait à des études médicales.

Je m’étais donc contenté d’observer Absalom, possiblement lui passer un fruit ou un légume. Il en avait profité pour reprendre notre conversation. Là où moi je n’avais rien vu d’évident et d’extraordinaire dans nos découvertes, lui en revanche semblait se réjouir. Fronçant les sourcils, je réalisais qu’il disait vrai, ce caillou perdu dans les confins de l’Empire avait attiré bien des scientifiques. Pourquoi ? Soit parce qu’il y avait bel et bien quelque chose de spécial, soit justement parce que c’était un lieu anodin mais les précédentes recherches apportaient une base.

- Maintenant que vous le dites…c’est effet surprenant. J’eus une moue faussement boudeuse, et plus amusée qu’autre chose quand il mentionna ma nouvelle passion pour les données climatologiques de cette planète. Les acolytes étaient bourrés d’humour. Mais je comprenais à présent l’importance qu’il y avait eu de tout détailler, même ce genre de recherches. Certaines recherches pouvant en cacher d’autres. Une éventualité qui m’avait échappé par manque d’expérience en la matière. Mais parfois on disait que les plus gros mensonges pouvaient être les plus efficaces. Je repris avec douceur : Je comprends…il ne faut donc rien laisser au hasard.

Le repas prêt, je m’étais presque attendu à manger dans un silence religieux, mais il n’en fut rien. Et je fus surpris de voir les Acolytes d’Absalom sous un tout autre jour. Moi qui détestais ne pas voir le détail des visages de mes interlocuteurs – il me fallait voir pour analyser – je fus amplement servit. Et je ne vis, ce soir-là, que des collègues travaillant ensemble prendre un repas tranquille et discutant de tout et de rien. C’était fascinant. Je m’en voulais presque d’être sur surpris et d’avoir pensé tout autre chose. Je n’étais plus sur Kohlma…Absalom n’était pas un seigneur Sith, il n’était pas opprimant ! Avais-je été si bien conditionné ? La méfiance à l’encontre des utilisateurs de la Force inspirée par mes anciens geôliers ne m’avait-elle pas quittée ? Pourtant, Absalom ne m’inspirait pas de peur, non parce que je doutais de ses capacités, bien au contraire. Simplement je le savais doué de raison et de contrôle. Ses acolytes en revanche…je ne les connaissais pas encore très bien. J’allais devoir apprendre.

Une fois le repas terminé et le tout rangé, nous gagnâmes nos chambres respectives. Absalom me conduisit à la ma mienne non sans me glisser une petite remarque qui sonnait presque comme une évidence. Les gens autour de lui étaient capable de normalité. J’avais levé sur lui mon regard bleuté et je souris doucement.

- En effet, c’est fort plaisant. Merci pour ce repas, vous êtes plein de surprises et de talents cachés.

Le réveil fut à l’aurore. Entrainement pour les acolytes et leur maître. Et comme j’étais plein de bonnes volontés et surtout, désireux de retrouver un peu de forces dans ce corps meurtri qu’était le mien, j’avais souhaité m’y mettre aussi. Après tout, si je ne voulais pas être un boulet lors des excursions avec Noctis, il valait mieux que je sois en forme. Mais retrouver mes capacités de mes années universitaires n’allait pas être chose aisé. D’autant plus que je n’avais jamais été un combattant. Mais j’avais appris quelques bases avec le Major Mee Keto sur Kohlma…Sans oublier la boxe à l’université, comme tout bon petit bourgeois. J’avais tant à rattraper…tant que je le pouvais encore.

Je n’avais pas tenu les deux heures d’entrainement, il était inutile de forcer et de risquer de me blesser. Mais j’avais donné le meilleur de moi-même. La douche fut largement appréciable. Et le petit-déjeuner qui suivit également. Absalom, une ancienne Sith nommée Erebia et moi-même devions rencontrer le doyen de cette ville.

Lorsque nous nous présentâmes chez lui, le vieux Maheu nous attendait. Le vieil homme avait l’air fatigué, son visage était marqué par le temps et le labeur. Des rides profondes sillonnaient sa peau et quelques tâches d’hyperpigmentation ponctuaient son teint. Ses cheveux blancs étaient filasses et ternes. Mais coiffé avec propreté. Il nous accueillit avec politesse :

- Bonjour, prenez place, asseyez-vous. Il observait tout particulièrement Absalom : depuis votre arrivée hier, j’ai déjà beaucoup entendu parler de vous Excellence.

Son corps semblait ployer sous le poids des années, mais je songeais qu’il y avait plus que cela. Et je ne manquais pas d’analyser tout ce que je voyais.

- Une tasse de thé ? Il est excellent, fit-il d’une voix que je trouvais rauque. En voyant sa main tremblante venir pour saisir la théière, je le pris de vitesse, l’invitant d’un sourire à me laisser faire. La jeunesse se devait de respecter ses ainés…non ? Ha merci monsieur. Vous devez être le docteur ?

- Torhyn Lokred oui, je suis médecin.

- Ho ! Un médecin, bien. C'est bien... Il se racla bruyamment la gorge et reporta son attention sur Absalom : et en quoi puis-je vous être utile Excellence ? J’ai entendu dire que vous étiez ici pour une mission scientifique, archéologique. Vous n’êtes pas le premier à venir ici. Caluula a visiblement un attrait tout particulier. J’avais fait le service du thé dans tout le respect des traditions bourgeoises. Maheu avait senti nécessaire de préciser : j’espère pouvoir vous aider Excellence, mais à mon âge, l’esprit peut nous jouer des tours. Entre cela et les douleurs des vieux os. Croyez-moi, ce n’est pas drôle de vieillir. Et le médecin d’ici…ce n’est pas un mauvais bougre. Mais j’imagine que Caluula manque de stimulation quand on est désireux d’aventures. Il réhydrata sa gorge avec une gorgée de thé et demanda : mais pardonnez mes pleurnicheries au sujet de ma vieillerie…Que désirez-vous savoir Excellence ?




Absalom Thorn
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Tandis qu’Absalom s’occupait d’adresser des sourires aimables à leur hôte, Erebia, elle, avait mis un point d’honneur à boire du thé en première, avant d’esquisser un imperceptible hochement de tête, pour indiquer à son mentor que le breuvage n’était pas empoisonnée. Pour le reste, elle ne participait pas à la conversation, et il était évident que son rôle tenait plutôt à celui d’une garde du corps.

Mais je vous en prie, il n’y a rien à pardonner : vous êtes en droit d’espérer des soins médicaux de qualité. C’est un sujet qui m’est cher, pour tout vous dire : il y a quelques années, je pilotais un programme impérial de résorption des déserts médicaux dans les secteurs périphériques, mais tout à fait de l’autre côté de la galaxie, malheureusement.

La carrière d’un diplomate spécialiste du développement n’offrait pas en général les missions les plus rocambolesques et celle d’Absalom avait souvent été marquée par ces sujets arides et techniques qui ne déchaînaient pas la passion des autres Seigneurs Siths.

Je crains que de ce côté-ci, les efforts des fonctionnaires impériaux n’aient pas toujours été à la hauteur des espérances des habitants, poursuivit-il d’un ton dégagé. Mais je suis sûr que le Dr. Lokred serait susceptible de vous offrir un second regard sur le traitement prescrit par son confrère. Vous savez, deux avis valent mieux qu’un…
Votre Excellence, je ne voudrais certes pas m’imposer et vous avez sans doute des choses plus importantes à faire…
Allons, allons. Qu’y a-t-il de plus important que de s’occuper de Caluula, quand on y vient ?

Pour un vieux roublard de l’Empire comme Maheu, toutes les déclarations du Hapien étaient empreintes d’une certaine ambiguïté. C’était comme si celui-ci lui suggérait qu’il venait en tant que représentants de renégats impériaux, sans toutefois le dire très clairement. Ses propos étaient autant d’invitations à dénoncer les faiblesses de l’Empire loyaliste. Des invitations qui pouvaient être des pièges.

Quoi qu’il en soit, de notre côté, nous recherchons enfin d’anciens sites scientifiques, vieux de plusieurs siècles, où se seraient menées essentiellement des opérations biologiques.
Biologiques ?
Médicales, principalement, à ce que nous croyons comprendre. De la prosthétique, ce genre de choses.
Je vois, je vois, fit le vieillard avant d’être pris d’une nouvelle quinte de toux, qui n’était peut-être qu’une excuse pour se donner le temps de la réflexion. Des expéditions scientifiques, ce n’est pas ce qui a manqué sur Caluula.
C’est ce qu’il nous a semblé.
On ne peut pas dire qu’elles aient profité à grand-monde ici.
Les gens viennent, étudient et repartent sans rien laisser derrière ?

Maheu hocha la tête. Absalom comprit qu’il venait de s’engager dans un marchandage et que les préoccupations de son interlocuteur n’étaient pas purement personnelles.

Que diriez-vous qui soit le plus nécessaire à l’heure actuelle ?
À la planète ? Oh, vous savez, moi, je ne suis pas un grand penseur…
Mais vous avez sans doute votre idée, comme tout le monde.
Je me dis que nous pourrions faire du commerce avec plus de gens. Des gens plus diversifiés, vous voyez ce que je veux dire ? Moi, j’ai travaillé longtemps à l’astroport, et on y a souvent vu des vaisseaux impériaux, mais quand la situation en Empire est… comment dire…
Compliquée… ?
Si vous le dites, fit prudemment le vieillard, si vous le dites…
Certainement Caluula profiterait d’échanges plus réguliers avec l’Espace Hutt, suggéra le sorcier, en comprenant que Maheu ne se risquerait pas de lui-même à faire une proposition plus concrète. Et je crois que c’est de ce côté aussi que nous mènerons nos propres recherches, de sorte que je pourrais y interroger quelques-uns de mes contacts. En attendant, peut-être le docteur pourrait-il examiner la situation du dispositif de santé ici, en ville, faire quelques recommandations et puis, comme vous le savez, ma famille est liée sur Hapès à des laboratoires pharmaceutiques, de sorte que nous pourrions fournir des médicaments. Contribution modeste, j’en conviens, mais…
Nous sommes une planète modeste, intervint Maheu avec un enthousiasme qu’il ne parvenait pas à masquer. Et puis, ça nous changera des canons.
Que voulez-vous, certaines personnes hauts placées s’imaginent que le plus grand honneur que l’on puisse faire à une planète est d’y poster un destroyer, alors que les aspirations sont parfois très littéralement plus terre-à-terre.

Maheu parut satisfait, et Absalom ne l’était pas moins. Comme souvent, il avait mené la négociation avec un sens consommé de l’opportunisme. À un Kajidic, il ne manquerait pas de présenter Caluula comme un avant-poste commercial au sein de l’Empire et, pour ce qui était des médicaments, il comptait bien y faire l’épreuve des capacités de production de ses laboratoires, qui à en étendre un peu les opérations.

Et avec un peu de chance, ce que nous découvrirons lors de nos fouilles pourra profiter à tout le monde.
Plusieurs siècles, vous avez dit ?

Absalom opina du chef. Pendant un instant, le vieillard resta pensif, dans son fauteuil, avant de se relever avec des gestes lents et pénibles, pour aller fouiller dans une petite commode de facture grossière qui couvrait l’un des murs de son salon. Il en tira un vieux datadisk qu’il revint insérer dans une encoche de la table basse, et il lui fallut s’y reprendre à plusieurs fois pour convaincre l’holoprojecteur intégré de se décider à afficher le contenu.

C’était un globe qui représentait la planète, comme on en trouvait de la plupart des encyclopédies.

Les plus anciennes installations que je connaisse se trouvent là, dit-il en indiquant un point situé à deux cents kilomètres environ de la capitale. Une vieille mine, à ce qu’on dit, mais qui n’est plus exploitée depuis près de trois siècles. Elle était bien connectée à l’ancien réseau électrique, mais maintenant, plus rien ne doit fonctionner là-bas. Sinon, il y a ce site et ce site…

Il désigna d’autres points, qui correspondaient eux aux zones d’intérêt dégagées après l’examen des archives municipales.

… qui ont toujours beaucoup intéressé les scientifiques, mais vous savez, vu les fouilles qu’on y a faites ces dernières décennies, je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup à y trouver.
Des fouilles ? Je croyais que les expériences étaient plutôt de nature climatologique…
À ce qu’il paraît, à ce qu’il paraît, fit Maheu. C’est ce que je voyais sur les manifestes des vaisseaux quand je travaillais à l’astroport, mais je peux vous dire que pour des gens qui s’intéressaient aux nuages, ils creusaient beaucoup…[/color]
Torhyn Lokred
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La conversation entre Maheu et Absalom était des plus productives. Quand il fut fait mention de ma possibilité d’ausculter le vieux bonhomme pour un second avis le concernant, j’avais acquiescé :

- En tant que médecin, il est normal d’aider les autres et de soulager leurs maux. Je puis tout à fait prendre du temps pour vous.

- Vraiment ? C’est fort aimable. Merci.

Le vieillard, malgré son grand âge, avait encore une sacrée répartie, tout en prudence cela dit. Il sut pourtant mettre en avant auprès d’Absalom les intérêts de Caluula, exprimant les besoin potentiels de la planète. Ainsi trouvions-nous tous un échange de bons procédés : Absalom leur assurerait des échanges avec les Hutts et même avec Hapès en matière de produits pharmaceutiques. J’esquissais un petit sourire. Absalom, comme de coutume, jouait finement.

Le vieil homme s’était levé pour nous projeter une carte de Caluula. Il désigna un point correspondant à une ancienne mine désaffectée. Absalom lui présenta deux autres points en lien avec nos découvertes de la veille aux archives. La remarque de l’ancien de Caluula sur le fait que les scientifiques avaient plus creusés que regardé les nuages nous fit tiquer. Je levais les yeux du globe pour chercher ceux d’Absalom.

- Voila qui n’est pas commun. Je ne suis pas très au courant des méthodes pour étudier le climat, mais je suis presque sûr que cela ne se résume pas qu’à creuser. A moins de faire de la paléoclimatologie, mais nul besoin de creuser outre mesure pour trouver des sédiments intéressants à géoréférencer. Sauf si, bien sûr, ils se trouvent sur une zone particulièrement intéressante, volcanologique par exemple.

- Pour un médecin vous avez un sacré vocabulaire lié à des recherches toutes autres.

- Ho j’ai fait des lectures passionnantes hier aux archives en la matière. Et j’ai un certain goût pour les études qui nous révèlent notre passé, y compris en médecine.

La paléopathologie nécessitait souvent de faire des fouilles pour retrouver d’anciens pathogènes qu’ils soient naturellement emprisonnés, dans des zones glaciaires par exemple, que conçus dans d’anciens laboratoires, endormis, attendant le jour de leur résurrection.

J’observais le vieil homme. Il ne répondait pas, comme figé. Il s’était mis à cligner des yeux, avant de les garder grands ouverts. Sa main serrait avec force l’accoudoir du canapé où il était assis. Il lui fallut quelques secondes pour se reprendre :

- Pour un médecin vous avez un sacré vocabulaire lié à des recherches toutes autres.

Je fronçais les sourcils, et me levais pour m’assoir prêt de lui non sans avoir fait un signe à Absalom et notre garde du corps que tout allait au mieux.

- Monsieur Maheu, tout va bien ?

- Hé bien oui. Pourquoi…Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Suivez mon doigt s’il vous plait. Parfait. J’extirpais de mon sac une petite lampe torche et vérifiais ses réactions oculaires. Okay, vous venez de faire une absence épileptique. Ca vous arrive souvent ?

- Ha…c’est ainsi que vous l’appelez. Mon médecin dit que c’est juste de la vieillerie.

- Votre médecin est un idiot. Ce n’est pas parce qu’on prend de l’âge qu’on doit tout ramener à cela.

- Et le cancer qu’il m’a diagnostiqué aussi est une erreur ?

Je l’observais avec la plus grande attention.

- Un cancer ? De quoi ?

- Je…heu…ben…

Je levais la main pour le rassurer. Il n’était pas obligé de me répondre, surtout pas en présence d’Absalom et Erebia. Je me tournais vers eux.

- Vous aviez d’autres questions pour lui ? Si cela vous convient, je vais rester un peu avec lui et je vous rejoindrai. Je dois m’assurer qu’il s’hydrate et ne refait pas une crise. Et ne vous inquiétez pas. Il n’est pas dément, cela ne remet pas en cause la véracité de ses propos précédents. Ce genre d’absence est bénin, mais cela peut être un symptôme d’autre chose.

Absalom se doutait-il qu’en cet instant ma curiosité était piquée au vif ? Entre le fait de pouvoir à nouveau poser un diagnostic et montrer à un jeune petit crétin de médecin qu’il avait fait une erreur, j’en étais tout émoustillé. Sans oublier le fait qu’avoir le vénérable vieillard dans la poche et ses souvenirs pourrait être un atout. Enfin, Absalom n’avait-il pas proposé que je donne un avis médical ? C’était l’occasion de débuter l’étude du dossier du vieil homme.

- Je n’en ai pas pour longtemps ici c’est juste pour m’assurer qu’il ne va pas faire une rechute, une demi-heure tout au plus, précisais-je au Hapien. Il va me falloir votre dossier médical, fis-je à Maheu, je l’étudierai durant notre séjour ici.

- C’est mon médecin qui l’a.

- Vous n’avez pas un accès holo à votre dossier ?

- Je…suis vieux. Je ne suis pas très connecté.

- Je vois.

Je me tournais vers Absalom, comment comptait-il organiser la suite des évènements ? Je ne comptais pas retarder nos études scientifiques. J'étais parfaitement capable intellectuellement de mener deux front différents. Il me suffira de m'organiser. C'était un avantage de savoir compartimenter son esprit...


Absalom Thorn
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Bien entendu, répondit aussitôt Absalom quand Torhyn se proposa de rester seul avec le patient. Retrouvons-nous au QG, si je puis dire, et nous aviserons à partir de là.

L’ancien Sith n’était que trop heureux de pouvoir battre en retraite. Assister au spectacle de la vieillesse réveillait en lui des angoisses difficiles à contrôler et il était désormais pressé de s’éloigner de Maheu, comme la conversation avait pris un tour médical. Les dernières amabilités faites au vieillard, avec toute la courtoisie du monde, les deux sensitifs levèrent le camp.

Qu’est-ce que vous en pensez, demanda le sorcier à son acolyte, une fois de retour dans les rues en terre battue de la petite ville ?
Vous savez, maître, moi, l’épilepsie, je n’y connais pas grand-chose.

Absalom tourna les yeux vers elle avec un haussement de sourcils.

Ah ! Vous voulez dire les recherches.

Encouragée par un hochement de tête, elle répondit :

Je crois que cette affaire de climatologie, c’est bizarre.
Manifestement au faux-semblant.
Oui mais pourquoi ? J’imagine…

Elle prit spontanément une attitude humble.

J’imagine que j’ignore bien des choses, mais est-ce que ça n’aurait pas été plus simple pour eux de dire directement qu’ils venaient faire des recherches géologiques ?
Oui et non, répondit Absalom, alors qu’ils traversaient la place. Vous voyez…

Mais il fut obligé de s’interrompre, car le maire venait à leur rencontre, avec un mélange très particulier d’empressement et de réticence, si bien qu’il avait l’air de regretter chaque pas fait dans leur direction. Bon an mal an, il parvint tout de même jusqu’à eux et se mit à multiplier les questions empressées, dont chacune le rapprochait inexorablement de la crise de panique, pour s’enquérir de l’état d’esprit de ses encombrants visiteurs.

Avoir lui avoir témoigné leur satisfaction sur tous les tons, Absalom en fut réduit à poser une main sur son épaule et son esprit dans le sien, pour lui offrir un apaisement invasif mais salutaire. Un peu hébété, l’homme s’éloigna en murmurant en boucle :

Ah, très bien… Très très bien, oui… Très bien… Dans ce cas, oui, ça va… Très bien…

Absalom croisa le regard de Darth Erebia.

Vous ne vous êtes jamais dit que je pourrais avoir une belle carrière de sophrologue ?

Et les deux se remirent en marche.

Que disait-on ? Ah oui, voilà ! La difficulté avec les recherches géologiques, c’est qu’on vous soupçonnait toujours d’être en quête de richesses. Même si vos intentions sont purement scientifiques, vous attirerez systématiquement l’attention des financiers, des entreprises minières, bref, pour des gens qui cherchent la discrétion, ce n’est pas l’idéal. Le climat, en revanche, tout le monde s’en fiche.

En tout cas le climat de mondes presque dépeuplés.

Mais vous avez raison, cela dit. Gardons-nous de supposer que ces histoires de climatologie ne sont que de la poudre aux yeux et qu’elles n’ont pas un intérêt propre dans toute cette affaire. Difficile à cerner, pour l’heure, mais la vérité est une forme dans le brouillard que l’on ne discerne que peu à peu.

Quand Torhyn revint au quartier général, une petite expédition était déjà prête à partir. Les speeders embarqués dans le cargo avaient été acheminés vers la résidence et équipés selon les circonstances. Alors que les derniers préparatifs s’achevaient, Absalom expliqua au médecin :

Nous allons jeter un coup d’oeil à cette ancienne mine. C’est pour l’heure notre piste la plus solide, surtout car c’est la plus ancienne. Les autres expéditions dont témoignent les archives nous conduiraient à supposer que les recherches qui nous intéressent auraient été poursuivies plus d’un siècle après la rédaction des documents que nous ont amenés ici. Pas impossible, mais pas le plus probable.

Un Acolyte près des speeders fit un signe de tête à Absalom.

C’est parti. Vous me raconterez en chemin si tout s’est bien fini avec monsieur Maheu.

Il s’assit à l’arrière d’un speeder quatre places. Torhyn ne l’avait jamais conduire qu’une ou deux fois, seulement des landspeeders, et seulement dans le centre-ville bien régulé de la capitale hapienne. Sur le terrain accidenté de Caluula, Absalom s’en remettait à plus compétent que lui.

Les véhicules s’élevèrent de quelques centimètres au-dessus du sol avant de s’élancer à travers la ville. Quelques regards de curieux plus tard, ils avaient quitté ce qui leur tenait lieu de capitale. Absalom sentit une présence étrange et un coup d’oiel vers l’ouest lui confirma la présence de Dame Shen, qui les surveillait depuis une colline rocheuse. Le sorcier avait encore du mal à déterminer si l’ancienne Sith jouerait un rôle dans toute leur affaire, ou si elle n’était que l’une de ces présences fantomatiques que l’histoire laisse parfois à ses marges.

Le paysage de Caluula était aride, difficile et poussiéreux. Elle était l’une des planètes de cette galaxie qui abritaient la vie non par opportunité, mais par hasard, et où les êtres s’étaient adaptés malgré les difficultés. Pour Absalom, le spectacle avait quelque chose de familier : c’était dans ce genre d’endroits peu favorisés que l’avaient souvent conduit ses missions d’économiste et de diplomate.

Ils mirent deux bonnes heures à parvenir à la fameuse mine, et encore s’arrêtèrent-ils dans un premier à une distance respectable. Là débuta une observation qui faisait feu de tout bois. Certains, comme Absalom, observaient les cratères artificielles à l’oeil nu, mais leur regard avait porté surnaturelle, aiguisés par la Force, et ils étudiaient soigneusement le paysage. D’autres semblaient s’être plongés dans une profonde méditation, pour scruter les mystères présents, et peut-être passés et futurs, de ce lieu étranger. D’autres encore, de façon plus ordinaire, venaient de déployer des drones.

Au bout d’une heure, les conclusions des uns et des autres rassemblées, il fut décidé de pousser plus avant.

Il y a une présence obscure dans cet endroit, expliqua Absalom alors que les speeders redémarraient, cette fois-ci à un rythme modéré, mais très fugitive. Plutôt, comment dire ? Une trace qu’une source. C’est prometteur. Pour le reste, l’endroit paraît désert, mais les galeries sont vastes et sans doute profondes : elles pourraient nous réserver encore bien des surprises.

Les véhicules s’arrêtèrent au sommet de la mine. Une partie des Acolytes était affectée à la sécurité extérieure, tandis que les autres prendraient part à la descente, pour laquelle la plus grande prudence serait requise.
Torhyn Lokred
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Une fois Absalom partis avec Darth Erebia, je pus endosser mon rôle de médecin et ausculter le vieil homme. Ce ne fut pas sans mal. Les articulations du bonhomme ne répondaient pas aussi bien, ni aussi vite que je l’aurais souhaité.

- Alors docteur, allez-vous me dire que je ne souffre pas de vieillesse.

- Je ne dis pas le contraire monsieur Maheu. Mais il n’y a pas que cela. On ne fait pas ce genre de crise juste parce qu’on prend de l’âge. C’est un symptôme. Une sonnette d’alarme.

- C’est moi où vous semblez vous amuser grandement de cette situation.

- Pardon ?

- Il n’y a qu’à voir votre état tout émoustillé et le sourire sur votre visage. Quant à vos yeux, ils pétillent comme ceux d’un enfant qu’on lancé sur la piste d’une chasse au trésor.

- On ne peut rien vous cacher.

- Que voulez-vous. Ce n’est pas au vieux singe-lézard kowakien qu’on apprend à faire la grimace.

Je souris de bon cœur. Ce vénérable était observateur et avait appris à se servir de son esprit.

- C'est comme la façon dont vous regardez le Seigneur que vous accompagnez. J'avais levé un air surpris. Il rit, allons mon garçon, je ne suis aveugle.

- Je ne dis pas cela mais vous vous méprenez. Absalom...

- Ho..."Absalom"...

- ...est mon employeur et un ami.

Le vieil homme eut un soupire amusé.

- Bien entendu. Et vous ne cherchez à briller à ses yeux que pour votre réussite personnelle. Il marqua un temps de silence, mais qui en disait plus que de longs discours. C'était ridicule. Bien sûr que je voulais faire au mieux pour satisfaire Noctis, il me payait pour cela! Et je ne voyais pas ce que Maheu voulais dire au sujet de ma manière de le regarder. J'avais toujours eu un regard doux...je n'y pouvais rien. Qu'il ne me confonde pas avec les acolytes qui étaient en pamoison devant leur maitre. J'optais pour le changement de sujet.

- Vous m’avez dit que vous n’aviez jamais eu ce genre d’attaque. D’autres choses à signaler ? Vous avez parlé d’un cancer.

Aussitôt, Maheu parut quelque peu gêné. Il avait recroquevillé son corps légèrement, comme pour se préserver de quelque chose.

- Oui…mais heu…c’est assez délicat.

- Vous savez cela fait vingt ans que je fais ce métier. Plus rien ne m’étonne.

- Comment vous dire…C’est la position du cancer qui est…particulière. Et subitement il me désigna une zone bien spécifique…J’ouvris de grands yeux…comprenant ce qu’il voulait me dire.

- Ha…je vois… Hé bien on va regarder cela.

- Vous êtes sûr ?

J'avais sorti une paire de gants stériles et je les fis claquer de manière sadique. J'allais lui apprendre de s'imaginer des choses sur mon compte. Non mais!

- Oui monsieur.

Il ne faisait plus le malin le papi...



**


- Un cancer du testicule. Non mais vous vous rendez compte ? Juste parce qu’il est un peu plus gros que l’autre. Et quelques autres symptômes. Okay ça colle. Mais ce n’est pas cela ! Je devrais poursuivre ce pseudo toubib de bas étage pour son manque cruel d’observation et pour avoir posé un diagnostic totalement erroné.

Absalom m’avait demandé de lui raconter en la suite d’avec Maheu. Chose que j’avais fait consciencieusement. Et j'étais plutôt remonté contre le médecin qui avait suivi Maheu. Comme si moi-même j’avais une conscience morale ? Il fallait plutôt voir l’opportunité que j’avais de résoudre une petite énigme, et réduire à néant un collègue. Maheu a donné son aval pour un transfert de dossier. Je le recevrai dans la journée.

- Un cancer…non mais je vous jure. Pourquoi pas une IST pendant qu’on y est.

Nous étions en route pour une mine désaffectée. Le voyage fut long, poussiéreux et chaud. Nous fîmes une halte avant d’arriver sur place. Les utilisateurs de la Force avaient fait ce qu’ils savaient faire de mieux : utiliser la Force. D’autres avaient déployé des drones. Quant à moi j’étais parvenu à me dégoter une paire de jumelle et j’imitais les autres en observant les alentours. Absalom m’avait expliqué qu’il y avait quelque chose d’obscur dans les parages. Comme il le disait si bien c’était bon signe. Car c’était précisément ce que nous recherchions. Des traces résultant d’une imprégnation du Coté Obscur.

Nous étions repartis pour nous approcher au plus prêt de la mine. Je devais bien admettre que l’endroit était lugubre. Et sombre. Dans tous les sens du terme. J’observais les acolytes déployer la sécurité des lieux. Les autres se préparaient à descendre. Il fallait utiliser une vieille machinerie qui n’avait pas été mise en route depuis un long moment. Descendre…dans les entrailles de la terre. Ce n’était pas ce que je préférai. En effet l’idée de me retrouver suspendu dans un élévateur sommaire et tricentenaire ne m’enchantais guère. Sans oublier que la dernière fois que je m’étais retrouvé sous terre, je m’étais retrouvé prisonnier, avec un gaz mortel qui envahissait mes poumons. Je n’étais pas claustrophobe, mais cette expérience me hantait toujours.

Je déglutis fortement alors que je suivais Absalom pour amorcer notre descente. Les acolytes avaient déjà fait le nécessaire pour tester la solidité de l’ensemble. Cela semblait fiable. « Semblait ». C’était le mot qui me dérangeait le plus dans cette phrase. Je me rassurais en me disant que si le Hapien pouvait le faire, alors moi aussi. Après tout je n’avais pas grand-chose à perdre. Et les recherches que nous effectuions, allaient notamment servir mes propres desseins. Il fallait parfois prendre sur soi et prendre les choses à bras-le-corps pour les surmonter.

- Quand faut y aller…murmurai-je à moi-même. Un grincement strident retentis, la plainte de la vieille machinerie qui reprenait vie, faisant fi du temps et de la rouille. L’acier gémissait, hurlait, alors que petit à petit, nous nous enfonçâmes dans les ténèbres.





Absalom Thorn
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Maître… ?

Absalom poussa un long, long soupir résigné, avant de prendre les lunettes de vision nocturne que lui tendait l’une de ses Acolytes, chargé de les distribuer au groupe. Son plus grand drame, c’était que selon lui elles lui donnaient un air ridicule. Il les ajusta néanmoins sur ses yeux et cligna plusieurs fois des paupières, avant d’entreprendre de les régler soigneusement.

Franchement, docteur, est-ce qu’il n’y aurait pas…

Le sorcier s’interrompit quand son regard se posa sur le médecin et qu’il vit l’appréhension sur son visage. Plus tard, donc : ses propres plaintes attendraient. Pour sa part, abstraction faite de l’obscurité, il aimait assez s’enfoncer dans les entrailles de la terre. On y ressentait la Force de manière particulière. Primordiale. Et puis les cavernes renfermaient toujours la promesse d’un trésor, ce qui flattait son imagination romanesque.

Le grincement de la poulie et le crépitement d’un générateur électrique hors d’âge ne suffirent pas à entamer son enthousiasme. Il promenait tout autour de lui ses gros yeux artificiels avec leurs lentilles verdâtres. Le puits de la mine offrait toujours de tous les côtés une paroi parfaitement lisse, comme à l’époque de son utilisation, ce qui était rassurant : l’absence des signes d’éboulement au fil des décennies suggéraient la stabilité de l’ensemble.

On arrive vers le fond, déclara d’une voix juvénile l’un de ses disciples miralukas, qui n’avait évidemment besoin de nulle assistance pour se repérer dans l’obscurité.

En effet, quelques secondes plus tard, la plateforme métallique s’immobilisa, à une poignée de centimètres au-dessus du sol.

Hmm…

Absalom, qui était aussitôt descendu, effleura la paroi du bout des doigts.

Regardez cela.

Il y avait de petites lignes dans tous les sens sur la roche, des gravures très légères mais assez nombreuses.

On dirait des traces de…

Le sorcier s’accroupit pour examiner le sol, dégageant parfois la poussière minérale d’un revers de main, jusqu’à en tirer un ongle qu’il leva devant lui.

… griffures.

Il tendit sa trouvaille à un Acolyte qui lui présentait un petit sachet hermétique, avant de se relever et d’ouvrir la marche. Visiblement, Noctis n’était pas du genre à laisser ses sous-fifres s’exposer en premier au danger. Du reste, au début ne s’offrit à eux qu’une succession de galeries monotones, où les seules distractions étaient de temps à autre un peu de matériel minier soigneusement démonté et posé dans un coin, qui attendaient probablement depuis des siècles des repreneurs qui n’étaient jamais venus.

Yei-Wei, fit-il au bout d’un moment ?

Un humain d’une trentaine d’années, maigre et d’une pâleur maladive, mais qui pourtant semblait plein d’énergie, s’approcha de son maître.

Qu’est-ce que vous en pensez, demanda ce dernier ?
Excellent travail d’ingénierie, ô ombre des ombres, répondit le dénommé Yei-Wei, dont les méthodes sont datées, certes, mais efficaces. Nous sommes de toute évidence dans une installation minière qui appliquait scrupuleusement les bonnes pratiques de la profession.
Rien d’étrange ?

Absalom espérait que son Acolyte soupçonne la présence de chambres secrètes, de galeries cachées et de cavernes mystérieuses. Celui-ci dut le sentir, car il commença à s’incliner profondément, avant de répondre :

Rien, pour l’instant, ô astre de la nuit.

Au bout d’un moment, ils parvinrent néanmoins à une caverne circulaire dont partaient d’autres galeries, et au centre de laquelle trônait un îlot de consoles depuis longtemps hors d’usage. Jadis, il avait dû servir de station de contrôle pour les contre-maîtres, afin de superviser le travail dans le reste de la mine. Quelques acolytes s’affairèrent pour la bonne cause autour du matériel informatique, avant de juger la cause perdue.

Où devons-nous aller à présent, maître, demanda le jeune Miraluka ?
Hmm…

Le regard d’Absalom se perdit dans le vague. Son esprit cherchait à percer les présences anciennes dans cette grotte, à scruter au-delà du voile du temps les secrets de jadis, mais il dut bien se rendre à l’évidence : c’était un art qu’il ne maîtrisait encore guère que dans le confort et la quiétude de sa Bibliothèque.

Par ici c’est plus récent, ô lotus de sagesse, lança Yei-Wei, qui avait entamé une inspection méthodique de la bouche de chacune des nouvelles galeries.
Vous êtes certain ?
Absolument, ô souffle de l’Obscur. L’alliage de la structure métallique est une invention qui date d’après tout ce que nous avons vu jusque là. Cette galerie a été renforcée postérieurement aux autres, bien après la fermeture de la mine, si j’en juge par le reste du matériel.
Voilà qui est prometteur.

Ce fut donc dans cette direction que la petite troupe s’engagea et, moins d’un petit kilomètre plus loin, alors que le couloir rocheux les entraînait le long d’une légère pente descendante, ils découvrirent, comme la vie est belle et qu’elle tient toujours ses promesses, trois squelettes humanoïdes.
Torhyn Lokred
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Dire que je n’étais pas rassuré était un euphémisme. Je pouvais faire abstraction du fait de descendre sous terre. Mais je n’étais pas rassuré par ce qu’on pouvait y trouver. Cela se rapprochait trop de ce que j’avais vécu. La mort…dans un endroit exigu, sous terre. J’avais l’impression d’avoir un poids sur ma cage thoracique. Comme si j’allais finir par manquer d’air. Je tâchais de me concentrer sur autre chose.

Les lunettes de vision nocturne, tiens. Ce qu’on pouvait avoir l’air ridicules avec ces engins-là. Sauf Absalom. Je gageais qu’il aurait pu se coller un sac poubelle sur en guise de vêtement qu’il garderait sa prestance naturelle. Le côté hapien sans nul doute.

Lorsque nous arrivâmes en bas, Absalom avait montré des traces de griffures sur une des parois. Ce qui n’était guère rassurant. J’avais survécu aux rakghoules sur Taris. Quoi qu’il y ait ici…il n’y avait pas de raison que cela se passe mal. Absalom avait fait appel à un de ses acolytes, un humain. Sa capacité d’analyse poussait à l’admiration, il avait été capable de donner son avis sur la structure et l’ouvrage architectural de l’ensemble. Et selon lui c’était du très bon travail. Une bonne nouvelle donc. Bientôt nous pûmes nous engouffrer dans une des galeries qui avait subi des travaux plus récents.

Mais après un certain temps de marche, notre progression fut stoppée nette. Trois magnifiques squelettes. Je m’étais approché pour les examiner. Ils étaient dans des positions étranges.

- On dirait que la mort les a saisis et les a conservés dans leur dernier geste. C’est fascinant ! Ce sont des humains ou des proches humains. Je ne saurai le déterminer sans une étude plus poussée. Ce sont trois adultes.

De manière générale, face à un vestige humain ou proche-humain, deux questions fondamentales se posent : quel était le sexe de l’individu et à quel âge est-il décédé ? Cette identification est primordiale, car la plupart des paramètres étudiés ensuite sont dépendants de ces deux critères. Si la détermination du sexe dispose, en général, d’une méthodologie très fiable, à présent, il en est tout autrement de l’estimation de l’âge au décès, particulièrement après l’âge de 20 ans. Je dégainais une paire de gants jetable et m’approchais encore un peu plus pour mieux observer le premier squelette. Entre la taille des os, leur apparence, mais aussi la présence de maladie dégénératives. Sans oublier l’aspect dentaire.

- Sans savoir leur espèce, je ne m'avancerais à dire avec certitude s'ils s'agit de spécimens males ou femelles. Estimation de l’âge…celui-ci est plus jeune, tout juste sorti de l’adolescence, un jeune adulte. Moins de trente ans. Ces deux-là sont plus âgés…Moins de soixante ans toutefois. Je ne peux pas être plus précis sans plus d’investigation.

Contrairement à certaines holo-séries qui laissaient sous-entendre qu'avec un simple fragment d'os on pouvait déterminer âge, sexe, et j'en passe d'un simple regard. Pure science-fiction...Je cherchais des stigmates qui pourraient m’indiquer ce qui a causé leur mort. En observant mieux les os, je notais que certains portaient de traces de sillons. Je fronçais les sourcils en analysant de plus prêt un fémur. Je le levais plus haut pour en cerner un peu plus les reliefs.

- Regardez…ici…indépendamment du trou nourricier, qui se trouve sur la ligne médiane, on voit, au-dessous et de chaque côté de cet orifice naturel, deux enfoncements : un à droite complet avec perte de substance, l'autre à gauche. Cela peut provenir d’une morsure d’animal. Et…si j’observe sur cet autre squelette…ici. Vous voyez ? Ces traces sur cet humérus ?

Des sillons parfaitement similaires à ceux qu’Absalom avait relevé comme étant possiblement des « griffures ». Si on retrouvait cela sur les os…c’était que la force du coup avait été impressionnant…Ou que l’individu avait été dévoré par un animal particulièrement féroce.

- Celui-ci en revanche…je désignais le plus jeune, il semble avoir pris un coup violent. Regardez ici, il présente des traces d'une fracture à type d'embarrure faisant suspecter un traumatisme crânien important. La question est de savoir s’il l’a eu ante ou post mortem. Je saisis des fragments du crâne. Vous voyez ces tâches sombres ici ? C’est du sang séché…Il y a de forte chance pour qu’il ait souffert d’une hémorragie importante…Cela peut l’avoir tué…J'observais l'environnement...Il n'est pas impossible qu'il ait été frappé, ou projeté avec beaucoup de force contre une paroi. Je me redressais : je pourrais extirper plus de renseignement avec du matériel adapté et dans un laboratoire adéquat…Notamment avec des prélèvements. Il y a peut-être des traces anatomo-pathologiques, ou la présence de substances résiduelles insoupçonnées.







Absalom Thorn
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Toutes ces observations sinistres sur la mort des trois squelettes mirent Absalom d’excellente humeur. Car pas de doute : ils étaient sur la bonne voie.

Merci, docteur. N’hésitez pas à faire les prélèvements qui vous paraissent nécessaires, même si je soupçonne que nous pourrions trouver un moyen de nous approprier cette mine, dans le cas où nous y ferions beaucoup de découvertes intéressantes. Les acheteurs potentiels ne se bousculent manifestement pas à la mairie.

Et de ce qu’il avait cru voir de Dame Shen quand l’ancienne Sith les avait accueillis dans son humble masure, il était peu probable qu’elle s’intéresse beaucoup à un pareil endroit. Trop minéral. Trop compliqué.

Bien, mes amis, poursuivit le Hapien d’un ton enjoué, inutile de vous dire de demeurer prudents. Il y a tout lieu de supposer que si des expériences ont bien eu lieu ici et ont produit des cobayes violents, ceux-ci sont morts depuis très longtemps, mais on ne peut jurer de rien. En tout cas, la piste est prometteuse.

Une fois que Torhyn eut fait sa lugubre récolte, la troupe se remit en route. Ils ne tardèrent toutefois pas à s’interrompre à nouveau, car, quelques centaines de mètres plus loin, la galerie rectiligne était brutalement interrompu par un éboulement. Yei-Wei n’hésita pas une seule seconde avant de diagnostiquer :

Un effondrement contrôlé.
À l’explosif ?
Probablement, confirma l’humain en hochant la tête.

Absalom s’approcha des rochers, dégagea ses longs cheveux blonds d’un côté et colla l’oreille contre la pierre. Les yeux fermés, le sorcier se plongea dans une concentration profonde, toute entière tournée vers son ouïe. La Force la développait petit à petit. Il entendait les vibrations dans la roche, le vide et le plein. À force d’une patience écoute, il finit par dire :

J’ai l’impression que la galerie continue plus loin. Essayons de déblayer un peu.

Le sorcier se recula de plusieurs pas et tendit les mains vers les rochers de l’éboulement, imités en cela par deux acolytes. Ce fut un travail pénible et fastidieux, lent et prudent, mais, petit à petit, les blocs minéraux se détachaient comme par eux-mêmes, pour venir se poser sur les côtés de la galerie. Il ne fallut pas trop des efforts conjugués des trois télékinésistes pour libérer le passage sans que l’opération ne prît une éternité.

De l’autre côté, le souterrain avait été rendu plus inégal par l’explosion, mais il se poursuivait malgré tout, au prix de quelques contorsions. Et là, les preuves ne manquaient pas. Près d’une dizaine de squelettes se trouvaient sur le chemin. Même sans formation médicale, Absalom comprit qu’ils étaient difformes. Certains paraissaient avoir eu des membres disproportionnés, d’autres avaient des os à l’épaisseur incroyable. Quelques-uns, plus ordinaire, avaient ceci d’étrange qu’ils ne portaient aucune marque de violence.

Manifestement les gens que l’on voulait maintenir enfermés, observa le sorcier. J’imagine que certains se sont entredévorés et que les autres ont fini par mourir d’inanition. On ne doit plus être très loin du laboratoire. Je propose de continuer et de revenir les examiner plus tard, docteur, quand des données nous auront peut-être offert plus de contexte sur la situation.
J’ai l’impression qu’il y a une paroi métallique un peu plus loin, maître, intervint une Miraluka d’un âge déjà avancé.

Absalom hocha la tête et ils se remirent en route. Cinq minutes plus tard, la troupe dut en effet faire halte devant une porte comme ils n’en avaient pas vu jusque là. Un Acolyte s’approcha aussitôt de la serrure, mais, après s’être escrimé avec son datapad, il fallut bien se rendre à l’évidence : le système était beaucoup trop vieux et il ne fonctionnait plus depuis longtemps.

D’un geste de la main, Noctis invita ses disciplines à intervenir et plusieurs sabres laser diffusèrent leur lumière rouge dans l’obscurité du tunnel, avant de s’enfoncer dans le métal. Le travail de découpe prit un long moment. Il fallait procéder couche par couche, parce que la porte était épaisse. Les Acolytes se relayèrent. Enfin, il y eut une première trouée qu’on put ensuite agrandir, jusqu’à ce que chacun puisse se glisser par l’ouverture.

De l’autre côté, les faisceaux des lampes torches confirmèrent qu’ils devaient avoir atteint leur but. Ils se trouvaient dans une salle de contrôle, avec ses consoles antiques, pour certaines éventrées par des tirs de blaster, des coups de sabre ou, tout simplement, la violence brute. D’autres squelettes se trouvaient là. Il y en avait qui tenaient encore leur sabre laser dans leurs doigts osseux, à défaut d’avoir toujours la tête sur les épaules.

On dirait que le protocole expérimental de nos prédécesseurs n’était pas sans faille…

À vrai dire, toute cette salle de contrôle semblait avoir été le théâtre d’une bataille féroce entre des cobayes à la force décuplée, des Siths et, supposait-on aux blasters antiques qui s’apercevaient parmi les décombres, le personnel civil. Et depuis des siècles, elle était scellée comme un tombeau.
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Faire les prélèvements sur les squelettes fut assez rapide. J’avais pris soin de me munir de petits sachets et contenant dans mon sac, et bientôt tout fut sagement étiqueté et disposé de telle sorte à ce que je sache précisément à quoi correspondaient les éléments que j’avais collecté.

Nous fûmes bientôt bloqués par un monticule de pierres et de rochers qui obstruaient un passage. Mais grâce aux pouvoirs de mes compagnons de routes, en particulier Absalom la voie fut dégagée. J’étais, en quelque sorte, admiratif devant ces capacités que pouvait octroyer la Force. Moi qui pendant longtemps avait craint, pour ne pas dire haïs les utilisateurs de la Force qui passaient le plus clair de leur temps à monter leur supériorité, c’était différent à présent. Sans doute au contact d’Absalom…Ce dernier n’était pas de ce genre-là. Et je pouvais pleinement apprécier le visuel du spectacle de télékinésie qui se déroulait sous mes yeux.

Nous trouvâmes d’autres squelettes. Mais ceux-ci étaient, pour la plupart, monstrueux, difformes, disproportionnés. J’étais éberlué alors que j’allais de l’un à l’autre.

- C’est incroyable. Vous avez-vu la taille de ce bras ? Comment…ont-ils pu faire une chose pareille ! C’est stupéfiant ! Je veux dire, c'est surement une composition génétique entrainant une mutation, mais comment ont-il su la rentre viable? m’exclamai-je. Et ici ! Ces os n’ont rien de standard ! Ils sont renforcés par une couche supplémentaire…comme un « blindage » ! C’est fantastique ! Vous avez vu cette cage thoracique ? Regardez les organes, ils sont encore visibles ! Ils sont recouverts d’une sorte de calcification qui les protégé ! Surprenant !

J’étais totalement survolté…on aurait dit un enfant qui venait de trouver son nouveau terrain de jeux. Je validais l’analyse d’Absalom, j’aurai bien voulu faire mes prélèvements maintenant, mais nous devions avancer. Et maintenant que nous avions vu ces créatures, nous avions une meilleure approche de ce que nous recherchions. Un nouvel obstacle se dressa à nouveau devant nous. Une porte…impressionnante. Impossible de l’ouvrir, aussi la méthode pour se frayer un chemin fut sans appel… L’utilisation des sabres lasers. Et après un fastidieux travail de découpe, nous pûmes passer.

Ce qui nous attendait était…impressionnant. Dans tous les sens du terme. La salle de contrôle dans laquelle nous venions de pénétrer révéla devant nos yeux une scène terrible. Les Siths et les civils avaient sans doute été massacrés avec violence par les créatures que nous avions trouvées auparavant. Certains avaient vu leurs membres arrachés, d’autres avaient été broyés, littéralement. Je m’arrêtais soudain devant celui que j’imaginais avoir été un opérateur civil. Il était différent. Son corps n’avait pas été meurtri…Mais il avait un trou béant au niveau du crâne…Les contours de la lésion étaient noircis…

- Il a retourné son arme sur lui-même…Il a surement préféré se donner la mort plutôt que d’être massacré par une de ces choses…

Je m’approchais d’un autre squelette. Sa cague thoracique était pulvérisée…Je fronçais les sourcils…

- C’est un acte de colère... Ces êtres se sont retournés contre leur créateurs…Dans un pur accès de violence. Ils ont perdu le contrôle…

Je me redressais pour poursuivre mes investigations. J’imaginais que des acolytes allaient possiblement tenter de relancer une console qui pourrait être encore être en état. J’avais, de mon côté, repéré une porte qui avait été totalement défoncée. Elle menait à un couloir sombre et lugubre.

- Ils ont dû lancer une procédure de confinement, et se sont réfugiés dans la salle de contrôle.

Si les êtres modifiés venaient de là, alors il devait y avoir un laboratoire. Et çà…c’était mon domaine. J’avais donc poussé plus loin dans le couloir, armé d’une lampe torche. Je stoppais net devant une porte qui avait été ouverte de force. Quelque chose s’en était échappé. Je balayais l’intérieur de ma lampe torche…c’était un laboratoire. J’entrais donc. J’avais la gorge nouée…Non pas que j’avais peur…les monstres ne m’effrayaient pas. Mais je sentais que nous touchions au but…et que j’allais trouver quelque chose de spécial…

C’était un ancien laboratoire, les ordinateurs et les consoles avaient également subi le courroux de quelque chose pour la plupart…Il y avait des cuves vides…Je soupirais…n’allions-nous trouver que des bribes encore ? Des morceaux d’un puzzle qu’il nous faudra des années à comprendre ? Je n’avais aucune idée du temps qu’il me restait. Je n’avais peut-être pas des années…

Soudain je me figeais…Mes yeux s’étaient écarquillés, mon cœur s’était mis à battre plus fort…

- Absalom…venez voir ça.

Ma torche pointa directement sur une cuve encore pleine. Et dedans, il y avait un être humanoïde, complètement difforme. Je ne saurai dire ce qu’il était à la base. Il était mort depuis longtemps, mais sa décomposition avait été empêchée, pour ne pas dire, ralentie très fortement par le produits de conservation dans lequel il flottait.

- Une…mutation complète et stable. C’est incroyable. Comment ont-ils pu réussir une telle chose ? C’est de la bio-ingénierie à un stade très avancé. Même moi je n’ai pas encore compris comment la mutation complète des rakghoules fonctionnait ! Et pourtant…ceci a été créé ! Je…c’est…c’est magnifique… (d’un certain point de vue)

J’en perdais presque mes mots.








Absalom Thorn
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Ramassez les sabres laser et les artefacts que vous pourrez trouver, ordonna Absalom à ses acolytes.

Il n’avait pas une passion démesurée pour les armes, et la technologie des sabres à son époque était bien meilleure que celle du passé, mais ce genre de reliques réservait des surprises et, puis dans tous les cas, on pouvait toujours les vendre à un bon prix. Ce n’était pas parce qu’il était riche qu’il ne fallait pas songer à ces petits profits.

En voyant Torhyn s’aventurer seul dans un couloir, le Hapien s’empressa de le rejoindre. Décidément, ses instincts protecteurs étaient solidement ancrés. Il déboucha dans le laboratoire au moment où le médecin l’appelait, prêt à en découdre avec d’hypothétiques monstres à la longévité improbable.

Ah, s’exclama-t-il en découvrant le corps qui flottait dans un liquide à l’odeur chimique presque étouffante ! Excellent. Pas le plus simple à transporter, je suppose, mais nous ne sommes pas pressés par le temps.

À tout hasard, il s’approcha de la cuve et son regard se perdit dans le vide. Ses efforts furent vains, comme il s’y attendait : pas d’esprit dans ce corps mort depuis longtemps auquel le sien pût arracher des réponses. Le reste du laboratoire avait été saccagé. Malgré tout, il n’était pas sans livrer quelques réponses. Par exemple, les deux hommes ne mirent pas longtemps à découvrir un frigo à échantillons éventré, plein de fioles brisées, dont certaines étaient encore soigneusement étiquetées. Le basic remontait à quelques siècles, mais le nom des produits chimiques n’avait pas changé.

Nous avons une partie des ingrédients à défaut d’avoir la formule, observa-t-il.
Maître ?

La Miraluka qui l’avait interrogée un peu plus tôt se tenait dans le cadre de la porte. Elle n’avait pas besoin de lumière pour percevoir ce qui l’entourait et Absalom le vit incliner légèrement la tête vers la cuve encore pleine, qu’elle devait être en train d’examiner.

Aucune des consoles de la salle de contrôle n’est en état de marche, mais nous sommes en train de les désosser pour récupérer les circuits intacts. Peut-être pourrions-nous réparer certaines de celles qui se trouvent ici ?
Ma foi, je vous crois sur parole.

L’ignorance d’Absalom en matière d’informatique était abyssale et, pour une part, elle relevait même d’une sorte de fanatisme religieux, comme le prouvait son aversion de principe à l’endroit des droïdes. En tout cas, la jeune femme interpréta sa remarque comme une approbation et les Acolytes se mirent au travail.

Docteur, dit Absalom, en posant une main amicale sur l’épaule du médecin, je vous laisse examiner la cuve et déterminer la meilleure manière de transporter le spécimen. Je vais explorer le reste de l’installation.

Sur quoi il s’éclipsa. Sa propre tâche ne fut pas très longue : outre le laboratoire, il découvrit une série de bureaux, un self et une série d’étroits espaces rectangulaires enfoncés dans le mur, qu’il interpréta comme d’anciens cellules, dont la porte énergétique s’était éteinte depuis bien longtemps. À l’évidence, les scientifiques ne devaient pas passer la nuit au sein de la base de recherche, ce qui eût été sans doute trop pesant pour le moral des équipes.

À partir de là, la présence d’Absalom devint à peu près inutile, tout n’étant plus qu’une affaire de technologie. Le sorcier s’installa dans la salle de contrôle et se plongea dans une profonde méditation. Une fois de plus, il essaya d’employer la Force pour remonter jusqu’aux racines de ces événements. Parfois, il avait l’impression d’effleurer la surface d’un passé prêt à livrer ses secrets, mais chaque tentative de voir au-delà se soldait par un échec. Ces déconvenues n’entamaient toutefois pas sa patience : le chemin vers l’excellence était difficile et souvent ennuyeux.

Deux heures s’écoulèrent avant que la voix de la Miraluka ne le tire d’une concentration qui n’avait jamais faibli.

Je crois qu’on arrive à quelque chose, maître.

Noctis rouvrit les yeux avant de se relever souplement et de rejoindre l’essentiel de l’expédition, désormais installée dans le laboratoire qu’on avait éclairé avec des blocs lumineux. Une console fonctionnait. Tant bien que mal. L’écran n’arrêtait pas de clignoter et un Acolyte était agenouillé près d’un méli-mélo de fils mis à nu, dont il paraissait contrôler les fluctuations électriques, tant bien que mal, grâce à ses pouvoirs. Bien conscients que leur bricolage ne saurait été que précaire, il avait entrepris de télécharger les données sur des dataclés.

Tout est sur un cloud, expliqua la jeune femme d’une voix excitée, tant par le pur plaisir de la découverte que par la perspective de satisfaire les ambitions de son maître. On devrait pouvoir récupérer l’essentiel des fichiers. Si ça tient.

Comme les mains de l’homme accroupi tremblaient de plus en plus, Absalom s’agenouilla à ses côtés et posa une main sur son épaule. Son esprit s’insinua dans celui de son disciple et, très vite, la douleur, l’inquiétude de mal à faire, la difficulté à se concentrer, tout disparut au profit d’une concentration apaisée. Quarante pour cent, cinquante pour cent, soixante pour cent. La console tenait toujours bon. À soixante-deux pour cent du téléchargement, les circuits se mirent à fumer. À soixante-cinq pour cent, elle commença à prendre feu.

On déconnecta prestement les dataclés et le début d’incendie fut étouffé à l’ancienne, avec des capes.

Désolée, maître, murmura la Miraluka.
Allons donc ! Vous avez fait un travail remarquable et bien au-delà de ce qu’il était permis d’espérer. Tous. Il nous reste encore néanmoins à transporter le spécimen, puis à s’assurer que nous avons tiré tout ce qu’il était possible de cet endroit. Avant de le détruire.

Hors de question que qui que ce fût marche sur leurs pas.
Torhyn Lokred
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Le contact chaleureux de sa main sur mon épaule me fit un drôle d’effet. Dire quoi je n’en savais rien. C’était comme un sentiment de satisfaction mêlé à un léger frisson. Bizarre non ? J’avais hoché de la tête quand il me demanda d’étudier la cuve de plus prêt et réfléchir à un moyen de la transporter. La suite de la fouille du labo nous révéla la présence d’ingrédients qui avait sans nul doute été nécessaire pour la création de ces bêtes.

J’avais noté les noms de ces produits. Et déjà, dans ma tête, j’étais parti en quête de souvenirs les concernant. Savamment rangé dans mon palais mental. J’allais ouvrir des tiroirs de pensées, actionner des leviers de cartes mentales…Je cherchais tout ce qui pouvait avoir un rapport avec ces composants. Je devais avoir l’air étrange, debout, fixe, le regard perdu dans le vague alors que je fouillais dans les tréfonds de ma mémoire.

Finalement, fronçant les sourcils, je revins vers la créature.

- De la bio-ingénierie…Jusque là tout est logique…Mais par quelle sorcellerie ont-ils réussi une telle chose ? Ils ont forcément utilisé un processus similaire au génie génétique utilisé sur les Rakghoules.

Je fis le tour de la cuve, observant la créature qui s’y reposait…véritable merveille issue de la combinaison entre la Science et les Arts de la Sorcellerie Sith. Je prenais des notes, effectuant un premier examen externe et j’en profitais pour prélever et étiqueter tous les échantillons possiblement utilisables de l’armoire éventrée.

Je n’avais pas vu le temps passé, tout à mon observation et mes notes. Je fus tiré de mes pensées par le retour d’Absalom tandis que les Acolytes tentaient de relancer une console pour en extraire des données. Mais les installations avaient souffert, et le temps avait achevé sa dégradation. Et avait qu’on ne puisse tout extraire, l’installation pris feu.

Malgré la déception, nous avions formidablement bien progressé ! Entre ces données téléchargées, les échantillons, et le spécimen, nous avions de quoi avancer dans nos recherches ! L’idée de détruire ce lieu ne m’enchantais pas, je craignais d’avoir oublié quelque chose. Mais, il ne fallait pas que nous courrions le risque de voir quelqu’un d’autre mettre la main sur ce que nous avions trouvé. Je m’étais approché d’Absalom et des acolytes pour les renseigner sur la cuve et sa précieuse cargaison.

- A propos du spécimen…il nous est impossible de le transporter autrement qu’en l’état. Car si nous modifions son environnement en l’extrayant de la cuve, il y a de fortes chances pour que le processus de décomposition soit instantané. Je ne suis pas sûr de pouvoir l’autopsier manuellement. Il me faudra utiliser un scanner pour une autopsie visuelle. Je sais que la technologie est vétuste…mais peut être que si on arrive à reconnecter la cuve…nous pourrions en apprendre plus sur de quoi cette créature est faite. Sinon…il y a la possibilité d’utiliser de la cryoconservation. Mais…je n’ai jamais pratiqué cela sur une créature entière. Et…c’est un procédé de dernier recours, car cela pourrait faire plus de mal que de bien. Une congélation mal gérée peut altérer les cellules, entre la formation de glace, l’écrasement et la déshydratation des cellules, l’altération des membranes cellulaires, bref…vous comprenez que les risques sont grands. Et cette découverte est trop importante pour qu’on prenne le moindre risque.

Le souci était que compte tenu des difficultés que nous avions eu pour venir jusqu’ici, ramener cette cuve à la surface allait être des plus compliquée. J’étais revenue vers ce trésor qui représentait à mes yeux bien plus que tout le reste.

- Je pense qu’on est sur un procédé de génie génétique est l'ensemble des outils permettant de modifier la constitution génétique d'un organisme en supprimant, en introduisant ou en remplaçant de l'ADN. C’est cette même méthode que j’ai utilisé pour le vaccin rakghoule.

J’étais dans un état intérieur de totale excitation. Je venais de trouver mon nouveau jouet…et j’avais bien l’intention de passer le plus de temps possible à m’amuser avec. J’étais si euphorique, que je ne pris pas attention à ce mal de tête qui me saisissait parfois depuis quelques temps.

Je ne doutais pas que l’acolyte Yei-Wei trouverait un moyen d’extraire cette cuve d’ici en l’état. Cela allait demander un travail d’extraction minution. Car elle ne devait en aucun cas être endommagée.







Absalom Thorn
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Je vois.

Les explications du docteur, qui annonçaient de grandes difficultés pour la suite de leurs opérations, ne parurent pas pour autant contrarier le sorcier. Après tout, lui aussi était un scientifique. Il savait que la recherche exigeait de la patience et qu’elle impliquait des tâches fastidieuses. Jadis, il avait docilement analysé des milliers et des milliers de statistiques économiques pour sa thèse. Il en allait ainsi : les raccourcis n’étaient pas du genre possible.

Alors il se tourna vers Yei-Wei et l’interrogea du regard. Pendant que Torhyn avait décrit la situation, l’Acolyte avait entrepris de faire lentement le tour de la cuve, pour bien juger des contraintes qui se présentaient.

Plusieurs jours, diagnostiqua-t-il, après la question silencieuse de son maître. Il faudra dégager la totalité de l’éboulement, agrandir un petit peu certaines sections des galeries et bricoler un chariot anti-grav. Rien d’insurmontable, mais sans avoir une idée précise de la solidité de la chose, il faut se montrer précautionneux.
Naturellement, répondit le Hapien. Du reste, nous ne sommes pas pressés par le temps. Nous mettrons ce temps à profit, les uns pour continuer à explorer le reste des galeries, par acquis de conscience, et les autres pour commencer à se pencher sur les données que nous sommes parvenus à extraire. Pour ma part, je vais oeuvrer à notre bonne relation avec les locaux, que notre présence ne leur cause pas des inquiétudes inutiles qui pourraient les pousser à passer quelque appel malavisé.

La petite troupe ne parut pas avoir besoin d’ordres plus précis que cela. Absalom se reposait en général sur l’expertise de ceux qui l’entouraient et il estimait que chacun savait mieux que lui comment agir dans son domaine de prédilection. Les journées s’organisèrent en quelque sorte d’elles-mêmes et, pour ce qui le concernait, il ne revint pas souvent, préférant concentrer l’essentiel de ses efforts à Caluula.

Torhyn eut en tout cas l’occasion d’observer de près de la régularité monacale des habitudes de son employeur. Si, à la bonne société hapienne, Absalom pouvait renvoyer l’image d’un dilettante nonchalant, l’un de ces héritiers dont la vie se passait en plaisirs et en divertissement, la réalité de son quotidien était toute autre. Chaque matin, on se levait aux premières heures, et chaque matin, on s’entraînait. Le soir était invariablement un temps d’études et de réflexions, et de fréquentes séquences de méditation venaient ponctuer la journée.

Absalom passait celle-ci à converser avec les notables de la ville voisine. Comme souvent dans ce genre de cas, il s’employait à prodiguer des conseils, qu’il puisait dans sa longue expérience de diplomate et d’économiste. Les relations qu’il était possible d’entretenir avec des systèmes voisins, les manières de diversifier l’économie locale, l’attitude à adopter dans la guerre civile impériale. Par ironie du sort, c’était précisément ce à quoi l’Ordre Jedi l’avait formé, et il trouvait toujours qu’il s’agissait d’une mission satisfaisante.

Souvent, le soir, il venait parler à Torhyn. Il s’asseyait en face du médecin, dans l’un de ces fauteuils un peu inconfortables de la maison qu’on leur prêtait, et il engageait la conversation sur un sujet à chaque fois différent. La beauté des planètes désertiques, les politiques de santé publique pour un monde tel que celui-ci, une salle de concert qui venait d’ouvrir sur Hapès ou une question de morale.

Leur présence prolongée devait inquiéter Dame Shen car, plus d’une fois, il vit l’apprentie de l’ancienne Sith l’observer au coin d’une rue, sur un toit ou en haut du colline rocheuse. Elle ne faisait pas l’effort de se dissimuler, ce que Noctis interprétait comme un signe de courtoisie.

Enfin vint le moment d’emporter la cuve et Absalom redescendit à la mine pour observer l’opération, quoiqu’il n’y pût être d’aucun secours. Pendant plusieurs jours, des Acolytes avaient travaillé à faciliter le passage dans le tunnel et à fixer des générateurs anti-grav, prélevés sur les speeders, tout autour de la cuve. Elle se déplaçait avec une lenteur infinie et, par mesure de protection supplémentaire, tous ceux qui le pouvaient l’entouraient d’une fine couche d’énergie télékinésique, pour la maintenir bien en place.

Le trajet de l’ancien laboratoire en ruines jusqu’à la surface ne prit pas moins de six heures. À peine à l’air libre, on l’enveloppa dans des bâches pour la dissimuler aux regards indiscrets, avant de l’emporter vers le cargo, une étape dont le docteur Lokred devait naturellement assurer la supervision. Absalom, lui, resta en arrière, pour veiller à ce que ses Acolytes déversent un torrent de Feu Obscur dans les lieux qu’ils quittaient. Puis il contribua aux décharges télékinésiques qui, méthodiquement, provoquèrent l’effondrement de la totalité du tunnel d’accès, mètre par mètre.

Quand ils sortirent enfin des mines désaffectées, la nuit était tombée et l’épuisement les gagnait. Mais ils purent s’endormir ce soir-là avec la satisfaction du devoir accompli, avant le départ, prévu pour le lendemain matin.
Torhyn Lokred
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Il y avait tant à faire. Heureusement, grâce à Absalom et ses capacités diplomatiques, nous n’étions pas inquiétés sur nos activités. De mon côté, je vérifiais chaque donnée collectée, son référencement, son étiquetage. Il fallait que je sois en mesure de savoir où cela avait-il été trouvé, dans quelle circonstance, sur quel type de terrain etc. L’archéologie était une science, et non de « l’à peu près » comme beaucoup le croyait. Ce qui avait souvent le don de m’agacer. Mais par chance, les Acolytes d’Absalom n’étaient pas de ces gens-là. Non…ils étaient méticuleux, et d’une rigueur dans chacune de leurs actions. Finalement travailler avec eux avait des avantages. Et je devais bien le reconnaitre.

Sortir la cuve de là allait prendre du temps, je me concentrais donc sur d’autres données. Les squelettes par exemple. J’étais parvenu à extraire le patrimoine génétique de chacun des spécimens trouvés. Rien d’extraordinaire et à la portée de n’importe quel paléopathologiste qui se respectait. On avait un peu de tout : Twi-Lek, Zabraks, Humains, Devaroniens, Nautolans, etc. La Science était ainsi capable de bien des prouesses, et il m’était également possible, grâce à quelques méthodes de modélisation de recréer leur visage grâce au scanne de leurs ossements. On connaissait les caractéristiques propres aux espèces sur le plan physique. Il suffisait d’en tenir lors de la modélisation en entrant leurs données anthropométriques. Avec l’aide d’un des Acolytes, nous fûmes en mesure de mettre un visage sur ceux qui avaient travaillés là.

Pour les « monstres » retrouvés, ce fut compliqué. Le patrimoine génétique était altéré, et présentait des aberrations génétiques. Ils avaient tout essayé en matière de mutation au niveau des réarrangements de génomes. C’était stupéfiant. Des cassures chromosomiques, des inversions, des délétions, translocations, transpositions, fusions, ou encore des fissions. Tout était bon pour provoquer la mutagénèse des spécimens. Il me tardait d’étudier la créature qui reposait dans son tombeau translucide et que les acolytes parviennent à extraire de là la cuve.

Les discussions avec Absalom me permettaient de ne pas plonger avec acharnement dans le travail comme j’aurai pu le faire en temps normal. Il était étonnant comme il était aisé de discuter avec ce Hapien, sans réel tabou, ni faux-semblant. Il était possible d’être naturel à ses côtés sans chercher à se dissimuler ou jouer un rôle. Je ne me permettais cela qu’avec peu de personne. Deux pour être totalement franc. Et cela faisait du bien.

Alors que les Acolytes progressaient dans les travaux pour l’extraction délicate de la cuve, j’avais reçu un message avec le dossier médical du vieux Maheu. Je l’avais totalement oublié avec les formidables découvertes que nous avions faites. J’avais une promesse à tenir, c’est donc sans hésitation que je m’étais plongé dans la lecture du dossier médical transmis. Le vieil homme, avait été envoyé au Centre Hospitalier le plus proche parce qu’il crachait du sang subitement. J’avais demandé des examens supplémentaires. Il ne fallut pas longtemps pour qu’un homme d’environs trente ans se présente à moi à l’hôpital où j’attendais les résultats.

- Vous êtes les Docteur Lokred ?

- Et vous je suppose que vous êtes le tout jeune et fringant Docteur Tam ? Je n’avais même pas daigné lui accorder un seul regard, et encore moins serrer la main qu’il me tendait. Je ne l’aimais pas. Même sans l’avoir rencontré.

- Vous remettez en doute mon diagnostic ?

- Oui…

- Le patient est vieux.

- Et donc ? Être vieux signifie pour vous qu’il n’a plus le droit à des examens médicaux décents ? Oui je savais...moi faire de l'éthique en cet instant? C'était l'hôpital qui se foutait de la charité. Mais j'vais promis de m'occuper du vieux...

- Bien sûr que non. Mais il est normal que certaines parties du corps lâchent.

- Oui…bien sûr. Tout mettre sous le joug de la « vieillerie » est aisé. Et au moins personne ne vous reprochera quoique ce soit en vous cachant derrière la facilité. C’est comme cette histoire de cancer.

- Il est presque sûr que…

- Vous voyez…vous avez dit presque.

Soudain une infirmière et un médecin Twi-lek se présentèrent devant nous :

- Docteur Lokred, Docteur Tam. Voici les résultats d’analyse. Je passais devant le docteur Tam pour prendre le datapad des mains de l’infirmière et voir les résultats.

- Alors ? Il y a un cancer ?

- Non, pas la moindre trace. Il a fait un œdème aigu au niveau des poumons, on lui a retiré un litre de liquide. Mais ce n’est pas cela le soucis…

- C’est son cœur…Il a des végétations qui obstruent la valve mitrale…c’est une endocardite infectieuse.

- Mais elle est due à quoi ?

Je levais la tête vers l’infirmière et le Twi-Lek, attendant une théorie. Mais visiblement ils n’en avaient aucune foutue idée. Je soupirais…

- Bon…diagnostic différentiel. Ce n’est pas un cancer. Autre idée ?

- Une MST ?

- Elle n’aurait pas causé d’œdème pulmonaire.

- Un lymphome ?

- Il ne serait pas arrivé si rapidement. On cherche quelque chose qui attaque le cerveau, le cœur et les testicules.

- Une psittacose ?

- Les cultures de Chlamydia auraient été positives.

Je rejetais chacune des propositions sans quitter des yeux le datapad et relisant le dossier médical du patient. Un détail me sauta soudainement aux yeux.

- Le chemin qui mène au cœur passe par l’estomac…Je montrais au jeune médecin traitant un symptôme signalé il y avait quelques temps.

- Cela fait des années qu’il souffre d’acidité gastrique…Je lui avais normalement prescris un antiacide…

- Imbécile…marmonnais-je en m’éloignant.

- Mais… que…Docteur Lokred ! ils me suivirent jusqu’à la chambre du patient. Il était éveillé, un tube de respirateur enfoncé dans la gorge. Je m’approchais, passais des gants et entrepris de lui retirer ledit-tube d’assistance. Il toussa fortement, mais au moins il respirait.

- Ce ne sont pas vos poumons qui vous gênent…mais votre cœur.

- Docteur Lokred, vous savez…kof kof…ce que j’ai.

- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle…laquelle préférez-vous ? Il m’observait interdit. Je ne lui laissais pas le temps de répondre. Vous avez la brucellose.

- C’est quoi la bonne nouvelle ?

- C’est çà la bonne nouvelle. Cela se soigne : rifampicine et doxycycline. Voyez-vous quatre-vingt pourcent des gens ont tellement d’acide dans l’estomac qu’il se transforme en chaudron de la mort pour les salles petites bestioles de la brucellose. Mais pour quelqu’un comme vous qui prenez des antiacide…votre estomac est devenue une promenade de santé.

- Mais et la mauvaise nouvelle ?

- L’infection s’est propagée dans votre corps…Elle a causé le testicule plus gros, vos absences, mais elle a surtout attaqué votre cœur. Elle a provoqué une endocardite infectieuse. Si vous aviez vingt ans je vous aurai dit « ce n’est pas si grave » mais vous êtes âgé. Votre cœur est foutu…Il va falloir le changer. Vu votre âge avancé, une pompe artificielle fera parfaitement l’affaire.

Dire que j’étais particulièrement fier de mon diagnostic était un euphémisme. Je venais de mettre la honte devant un jeune médecin bourré de préjugé qui s’était largement planté. Certes, les maladies infectieuses étaient ma spécialité, et j’avais déjà été confronté à des cas d’endocardites infectieuses. Mais tout de même…un cancer du testicule…quelle connerie…

Le jour J était arrivé. Et la cuve allait quitter cette ancienne mine poussiéreuse et lugubre. J’étais surexcité, et anxieux à l’idée qu’il puisse arriver quelque chose de néfaste. Mais fort heureusement – et grâce à la formidable réparation de l’opération, tout se déroula pour le mieux. Et après de longueurs heures stressantes et de dur labeur, mon magnifique monstre avait été révélé à la lumière naturelle. Ce fut fugace, car elle fut aussitôt recouverte de bâches pour éviter de révéler le contenu si particulier de cette cuve. Il restait à la ramener au cargo. J’étais du voyage, ne quittant pu cette merveilleuse créature qui me fascinait. Absalom et d’autres acolytes étaient restés pour sceller à jamais la mine.

Quand enfin la cuve fut chargée…je restais avec elle. La bâche avait été en partie soulevée, montrant le spécimen. Je posais une main sur la cuve…incapable d’arracher mon regard à cette contemplation.

- Tu as dû te sentir si seule…murmurai-je comme si elle pouvait encore m’entendre. Tu ne seras plus seule dans le noir…Tu es une telle merveille…Je vais prendre grands soins de toi…tu es si précieuse...

Pourquoi ce que tous qualifiaient généralement de « monstre » avait le don de me fasciner. Voilà sans doute pourquoi certains avaient tendance à me traiter de fou...

Trouver le sommeil ? Impossible pour moi. Je ne pouvais la laisser…








Absalom Thorn
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La cuve était embarquée, le cargo s’apprêtait à décoller et la pilote en était à effectuer les dernières vérifications d’usage quand Absalom, déjà installé sur son fauteuil et en train de se préparer psychologiquement à affronter ce nouveau défi adressé à la gravité, changea brusquement d’expression.

Le Hapien déboucla son harnais et s’engagea dans la coursive qui menait en direction de la soute. Les Acolytes qui voyageaient aussi dans la soute du cargo se pressèrent vers les hublots de sécurité, car eux aussi avaient perçu la présence de Dame Shen. On pouvait apercevoir au bout du tarmac rudimentaire la figure émaciée, dont la bure usée et rapiécée flottait dans le vent des réacteurs.

Elle était accompagnée de son apprentie. Une conversation s’engagea entre Shen et Noctis. Difficile d’en deviner la teneur depuis le cargo, d’autant plus que le sorcier tournait le dos au hublot. Au bout de quelques secondes, sa voix se propagea dans l’esprit de chacun des passagers.

Ne bougez pas, quoi qu’il arrive.

Les Acolytes échangèrent des regards inquiets. Et puis, brusquement, il y eut un éclair lumineux, rouge vif, et le corps de Dame Shen s’effondra aux pieds du Hapien, décapitée. La tête de l’ermite roula sur plusieurs mètres, alors que son apprentie rabaissait lentement son sabre laser. Puis la jeune femme éteignit son arme, mit un genou à terre devant l’ancien Seigneur Sith et inclina la tête, dans un signe de soumission qui avait quelque chose d’ironique, après l’assassinat qu’elle venait de perpétrer.

Quelques instants plus tard, l’apprentie se releva. Absalom eut un geste négligent de la main et le corps de Dame Shen, tête comprise, fut projeté par-dessus le petit rempart de l’astroport, où il roula contre la façade montagneuse, se brisant encore et encore sur la roche escarpée, jusqu’à venir s’échouer mollement, et tout déformé, dans un ravin sans lumière.

Dans la soute du cargo, un murmure parcourut l’assemblée des Acolytes, alors que leur maître revenait vers l’appareil, suivi par la silhouette encapuchonnée. Une fois dans la cale, l’apprentie de feu Dame Shen rejeta sa capuche en arrière. Elle était humaine, probablement, la peau sombre, les cheveux coiffés en fines tresses réunies en chignon. Elle avait un peu plus de vingt-ans, à première vue. Amaigrie. L’air maladif.

Darth Oblivia va nous raccompagner sur Hapès, déclara Absalom à l’assemblée des Acolytes d’un ton dégagé. Docteur, si vous étiez assez aimable pour ausculter notre nouvelle amie le temps du trajet, je vous promets que mes associés surveilleront votre cuve comme la prunelle de leurs yeux.

(Pour ceux qui en avaient.)

Je crains que le régime et le mode de vie de la regrettée Dame Shen ne conviennent pas à une jeune femme dans la force de l’âge.

D’ailleurs, le regard d’Oblivia avait quelque chose de fiévreux, mais il était possible que le meurtre qu’elle venait de commettre, sa libération d’une vie d’isolement et de médiocrité sous la tutelle d’une sorcière à moitié dérangée sur une planète à peine civilisée et la présence de son nouveau maître expliquent pour une large part sa fébrilité.

Contrairement à son habitude, Absalom passa le voyage interstellaire hors de son fauteuil, ce qui ne fut pas pour l’enchanter. Mais il suivit Oblivia à la trace et, en particulier, il lui était hors de question de laisser la jeune femme seule avec Torhyn. Au fil des semaines, il ne doutait pas de parvenir à exercer sur elle la même influence que sur les autres, mais pour l’heure, elle demeurait encore trop imprévisible.

La nouvelle vue souffrait de plusieurs carences et d’une infection non traitée. De retour sur Hapès, on lui imposa la convalescence, passée dans un confort incomparable avec ce qu’elle avait connu jusque là. Son histoire se reconstituait morceau par morceau. Shen l’avait trouvée il y a plus de vingt ans de cela, dans des circonstances que la vieille sorcière ne lui avaient jamais rendues très claires, et elle l’avait élevée pendant quelques années dans le faste de sa position, avant que sa trajectoire ne change brutalement. Depuis son adolescence, Oblivia n’avait connu que Caluula, et les enseignements ô combien cryptiques de sa maîtresse de plus en plus délirante.

La santé de la jeune femme ne fut pas la seule dont ils se préoccupèrent et le vieux Maheu reçut promptement un coeur artificiel grâce à l’entregent de l’Institut des Biotechnologies Évolutives, dirigé par Cala Thorn. Fabrication hapienne. Dernier cri. La générosité de ses anciens visiteurs ne fut accompagnée d’aucune exigence précise, de sorte que l’ancien employé du spatioport redoubla de conviction dans sa petite entreprise personnelle de propagande, auprès de ses compatriotes.

La mère d’Absalom fut encore sollicitée pour son expertise personnelle et la généticienne se pencha sur les aspects de leurs découvertes qui relevaient proprement de la génomique. Petit à petit se brossait le tableau d’une recherche ancienne mais ambitieuse, destinée à décupler les facultés physiques de ses bénéficiaires. La mine abandonnée de Caluula avait été un laboratoire précoce, le lieu de premières expérimentations humaines et proche-humains, passé le stade de la théorie.

D’autres avaient dû lui succéder et, désormais, ils disposaient du nom des Siths et des scientifiques de l’époque impliqués dans le projet.
Torhyn Lokred
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Ainsi donc nous avions une nouvelle recrue. Absalom avait su la convaincre de rejoindre ses rangs et elle venait – tout simplement – de tuer son ancienne maitresse. Et à présent, mon cher ami me demandait d’ausculter et prendre de soin de cette femme. Je devais délaisser la cuve et la merveilleuse monstruosité qui y sommeillait. C’était bien parce que c’était lui qui me le demandait ! Heureusement il ne me laissa pas seul. Après tout, nous ne connaissions pas cette fille, et qui sait ce qu’elle aurait pu me faire si j’avais été en tête à tête ? Elle avait passé tant de temps avec sa maitresse à moitié folle. Elle pouvait avoir des pulsions incontrôlées.

Darth Oblivia n’était pas en bon état. Et je n’avais pas beaucoup de matériel sur le vaisseau. Mais cela suffira pour poser un premier diagnostic.

- Je suis le docteur Torhyn Lokred, comme l’a demandé le Docteur Thorn, je vais vous examiner pour voir votre état de santé. Je ne vais pas vous faire de mal. C’est pour vous soigner que je suis là.

Je l’avais auscultée avec grand soin et douceur. Inutile de la braquer ou de lui faire craindre mes actions. Aussi lui avais-je expliqué chacun de mes actes. Je lui présentais les instruments et attendais qu’elle valide d’un hochement de tête. Tout y passa, poids, taille, tension, vérification des ganglions, prise de température, etc. Le verdict tomba alors que je notais sur mon datapad, faisant ainsi profiter des informations que je collectais à Absalom.

- Ce n’est pas brillant. Vous êtes en déficit pondéral…Il va falloir vous remplumer. Bien entendu cela ne peut se faire d’un coup. Il faudra manger en augmentant les quantités progressivement pour ne pas surcharger votre système digestif qui n’a surement plus l’habitude de consommer des aliments en quantité raisonnable. Je vais vous faire une prise de sang. Soyez sans crainte, c’est totalement sans danger, et je ne fais pas mal quand je pique.

Ce qui était vrai…sans me vanter ! Heureusement que j’avais ce qu’il fallait pour une petite analyse de sang.

- Autre chose, vos ganglions sont inflammés. C’est signe d’une magnifique infection. La prise de sang et nous en dira plus ce qui permettra d’orienter le traitement.

C’était presque un miracle, ou la Force, si cette demoiselle était encore en vie. La prise de sang révéla des carences et confirma la présence de l’infection, bactérienne de surcroit. Je m’étais empressé de faire plus de prélèvement et les mettre en culture pour voir grande ces magnifiques petits micro-organismes qui étaient responsables de l’état de santé de Dart Oblivia. Rien de bien surprenant pour l’infectiologue que j’étais.

- Bien…un traitement par antibiotique sera nécessaire. Ainsi qu’une bonne dose de vitamines à la fois pour combler vos carences et renforcer votre système immunitaire. Je vais demander à ce que vous soyez suivie par un médecin spécialiste en nutrition. Il va vous falloir du repos…beaucoup de repos. Mais je suis sûr que tout ira au mieux, côté physique du moi, une fois qu’on vous aura remise sur pieds.

Mon regard s’était porté sur Absalom et j’avais hoché de la tête pour confirmer mes paroles. Elle ira au mieux si elle suit les traitements et les consignes médicales.

Les Acolytes de Noctis avaient veillé sur la cuve, comme leur maître l’avait promis. Enfin seul avec elle, je m’étais approché et ôté le voir qui recouvrait son contenu. J’avais religieusement posé ma main sur le verre renforcé…Comme si j’espérais pouvoir créer un lien avec la magnifique créature qui flottait là.

- Ne t’inquiète pas…murmurai-je…tu ne crains rien avec moi. Tu es si belle…si…parfaite. J’ai besoin de toi tu sais. J’ai besoin que tu me révèle les secrets de ta conception. Il le faut…pour que je puisse survivre. Tu es mon salut. Je suis sûr que toi et moi allons devenir très amis. On a beaucoup de choses à se dire… Un sourire malsain s'était dessiné sur mes lèvres, et une lueur inquiétante illumina mon regard céruléen.

Si quelqu’un surprenait cette scène, il pourrait surement penser que j’étais fou…Mais n’était-ce pas ainsi que beaucoup me percevaient ? Comme un savant fou ? Ma fascination pour les mutations, dues à la sorcellerie Sith entre autres, grandissait de plus en plus en moi. Et cette créature était la clé de nombreuses interrogations que je me posais depuis longtemps…La dernière pièce d’un puzzle complexe. Restait à en extirper les données qu’il fallait, et ce sans altérer cette merveille.

Heureusement, s’il était un lieu idéal pour ce genre de recherches, c’était bien Hapès. Et la délicieuse Cala Thorn allait être d’une aide précieuse.




FIN






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