Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Bip.
Comme tu dis.
Bip bip…
Ouais.

Karm, les mains croisées derrière la nuque, et les pieds sur le tableau de bord de L’Épave, considérait l’espace interstellaire devant eux. La silhouette d’Utapau se dessinait à tribord, et le Jedi avait déjà obtenu l’autorisation d’atterrir, mais il préférait attendre l’arrivée des renforts.

Pendant ce temps, Blip, son fidèle astromech, s’activait à remplacer mettre à jour une partie du système de navigation.

Bip bip bip, bougonna le petit robot.
Reste poli.

Un bras mécanique s’étendit, au bout duquel une petite pince fit un geste obscène. Karm esquissa un sourire. Et puis l’arrivée d’un cargo sorti de l’hyperespace mit un terme à leur attente. Le Jedi se pencha dans un équilibre précaire pour pianoter sur le tableau de bord et vérifier les codes d’identification du vaisseau. C’était bien ceux qu’on lui avait transmis avant son décollage de Dantooine, ceux du vaisseau qui avait évacué une escouade de Gravlex Med.

C’est parti mon Bibi !
Bip…, fit le robot d’un ton consterné, alors que son maître se redressait pour réactiver leur vaisseau.
Ici L’Épave, dit-il en ouvrant un canal de communication. On a l’autorisation de se poser dans l’une des crevasses d’Utapau. Vous vous calez sur mon vecteur d’approche ?

Et L’Épave s’ébranla.
(En vibrant.)
(D’inquiétante façon.)

Peu perturbé par l’état de son vaisseau, le Gardien plongea vers la planète. Bientôt, ils eurent passé les trajectoires orbitales pour s’enfoncer dans l’atmosphère. La surface d’Utapau se présenta à eux dans toute son aridité, presque inhabitable, constamment balayée par les vents. Mais elle est surtout constellée d’immenses crevasses que les natifs avaient su aménager au fil des générations et c’était vers l’une d’entre elles que les deux appareils se dirigeaient.

C’était Pau, la capitale, qui s’étageait sur des centaines de mètres, et même plusieurs kilomètres, dans les profondeurs de la planète. On ne pouvait que deviner l’extension de cette cité dont les tunnels tentaculaires s’enfonçaient de tout côté dans la roche, mais, même de l’extérieur, elle avait quelque chose d’impressionnant et d’ingénieux qui forçait le respect.

L’Épave se stabilisa au-dessus d’un coin de l’espace qui leur était dévolu sur l’une des plateformes du spatioport, avant de s’y poser, laissant le gros de l’espace au cargo venu d’Ondéron, plus volumineux. Au bord de la piste, un Pau’an, accompagné d’une petite délégation de ses semblables, attendait déjà l’arrivée de ces visiteurs peu communs.

Sur le tarmac, Karm retrouva le Chevalier Attanor Obred. Il en avait un peu entendu parler, au fil des années, parce que les deux hommes avaient longtemps eu le même mode de vie : jetés de champ de bataille en champ de bataille par les guerres de la République et de l’Empire. C’était le lot des Gardiens. Il lui adressa un signe tête, ainsi qu’aux soldats de l’escouade, avant de dire :

J’suis Karm.

Précision doublement inutile, parce que les militaires l’avaient appris sur leur ordre mission, et parce qu’au sein de l’Ordre Jedi, on ne le présentait plus vraiment. À ce qu’on racontait, il était l’un des plus fins bretteurs de sa génération, mais surtout depuis quelque temps le Maître de l’Enclave refondée à Dantooine, où nombre de ses préceptes étaient mis en pratique. Des préceptes que certains jugeaient visionnaires, tandis que d’autres les trouvaient franchement hérétiques.

L’Administrateur Portuaire Elon Mundu, glissa l’explorateur, juste avant que le Pau’an ne les rejoignit.

L’apparence d’Elon Mundu était intimidante, comme c’était presque toujours le cas pour les gens de son espèce, mais ses manières étaient simples et chaleureuses.

Maîtres Jedi, dit-il, au nom du Comité d’Utapau, je vous remercie d’avoir répondu à notre appel. La situation, je le crains, devient de jour en jour plus préoccupante.

Une situation sur laquelle on avait laissé l’Escouade plus ou moins dans le brouillard : il était question d’un groupe terroriste retranché dans l’un des profonds cratères de la planète. Comme Utapau n’avait pas rejoint la République et que les ressources militaires de la planète étaient somme toute limitées, le Comité avait fini par se tourner vers les Jedis. Non sans raison.

L’Administrateur Mundu les conduisit le long d’une galerie et jusqu’à un ascenseur, qui les rapprocha un peu de la surface de la planète. C’était dans les niveaux supérieurs que se déployait le gouvernement d’Utapau. Au sein du Comité, Elon Mundu était en charge de la sécurité et de la défense. D’ordinaire, il était surtout question de se prémunir des pirates.

Ils échangèrent des banalités pendant tout le trajet, jusqu’à ce que les portes du bureau se referment sur l’Administrateur, l’un de ses adjoints et les deux Jedis. Par une baie vitrée, on pouvait admirer la ville de Pau qui plongeait vers le coeur de la planète, et dont les derniers niveaux, trop lointains, échappaient même au regard.

Maître Torr, fit alors l’Administrateur. Je crois que vous êtes familier du groupe dont il est question…

L’Ark-Ni hocha la tête.

Des radicaux républicains, réunis par une ancienne Maître de l’Ordre, Hol’gan Tavaï, pas satisfaite de la manière dont le Conseil Jedi et le Sénat abordaient la guerre contre les Siths.

Il s’abstint de préciser que Hol’gan Tavaï était celle qui l’avait formée, car il avait été son Padawan. Au sein de l’Ordre, c’était de notoriété publique, et pour ce qui était des Pau’ans, le Jedi préférait ne pas saper la confiance qu’ils pouvaient avoir en eux.

Tavaï a réuni d’anciens soldats à la dérive, des survivalistes, des gens des mondes indépendants sensibles à la Force mais qu’avaient pas été formés, faute de vivre en République. Ce genre de profils. Ils ont mené une série d’actions terroristes dans l’objectif de faire pression sur le gouvernement républicain et de provoquer une guerre d’annihilation totale avec l’Empire. Leur campagne radicale a pas été exactement couronnée de succès…

Le Maître Jedi parlait constamment à voix basse et son basic était coloré d’un accent, à la fois populaire et étranger. De toute évidence, ce n’était pas sa langue maternelle. Par ailleurs, il ne portait pas la bure que préféraient la plupart des gens de son Ordre et ressemblait plutôt à l’un de ces contrebandiers de la Bordure. Ce détail, ajouté à son air très juvénile et sa silhouette menue, ne manqua pas d’inspirer une certaine réserve à l’Administrateur, qui aurai préféré qu’on lui envoie l’un de ces Gardiens qu’on voyait dans les holofilms, avec des carrures de Wookies.

Hol’gan Tavaï a été appréhendée il y a quelques mois et est emprisonnée sur Coruscant, mais une partie de son organisation s’est dispersée un peu partout. Manifestement, un groupe s’est formé sur Utapau.
C’est cela. Ils ont pris possession d’une ville abandonnée, Apa Seconde, une ancienne station minière qui avait cessé depuis plusieurs années de porter ses fruits. Rien de comparable avec les proportions de Pau, bien entendu…

D’un geste de la main, il désigna non sans une certaine fierté la capitale que l’on voyait derrière la baie vitrée.

… plutôt un avant-poste industriel. Mais ils s’en servent comme d’une base pour mener des activités de piraterie dans les secteurs voisins, qui ternissent considérablement l’image de notre planète, nuisent à nos relations commerciales et, si rien n’est fait, pour même avoir des conséquences politiques plus graves.

Car leurs voisins n’attendraient pas éternellement que le Comité règle le problème tout seul.

Or, si nous sommes équipés pour assurer la protection de nos propres convois, nous n’avons évidemment pas les moyens de faire la police dans tout les secteurs, et encore moins de prendre d’assaut une crevasse, qui représente à certains égards une position stratégique inexpugnable.
La seule voie d’accès est par le haut ?
Hé bien…

Le Pau’an fit un signe à son adjoint, qui se pencha sur le bureau pour pianoter quelques commandes, et l’holoprojecteur incrusté dans le meuble se mit à afficher une représentation du puits rocheux dont il était question. Puis, sur l’image, des lignes tortueuses se mirent à clignoter aux niveaux les plus bas.

Ce sont les anciennes galeries minières, expliqua l’Administrateur. Comme vous le voyez, les différentes villes ne sont pas connectées les unes avec les autres. Néanmoins, si vous le jugez utile, nous pouvons vous procurer une foreuse. Vous pourriez creuser à partir d’une ville voisine pour vous frayer un passage jusqu’à Apa Seconde. L’un de nos géologues vous accompagnerait pour s’assurer de la viabilité de la trajectoire. Cela dit…

Il ne finit pas tout de suite sa phrase, mais Karm compléta :

… s’ils ont installé des capteurs sismiques, on risque un accueil explosif. Nul doute que l’entrée du cratère est également surveillée, cela dit.

L’Ark-Ni se retourna vers le Chevalier qui l’accompagnait.

Qu’est-ce que vous en pensez ?
Attanor' T. Obred
Attanor' T. Obred
Messages : 30
Eclats Kyber : 0
De bonne heure, je demandai à Herktor d’armer tous les Anx pour une mission périlleuse dont je ne connaissais que les détails. Herktor refusa et envoya 7 d’entre eux qui voulaient se dégourdir les jambes. Herktor était parfois trop prudent à mon goût, mais seuls survivants d’une planète tombée sous les feux de l’empire Sith, comment aurais-je pu lui en vouloir ? C’était le fameux maître Karm Torr qui demandait de l’aide. J’allais en quelques sortes servir sous les ordres d’un fameux guerrier, je ne pouvais qu’accepter la mission et m’empresser de monter dans le vaisseau Cargo de notre escouade. 10 à bords, le voyage, bien que rejoignant la bordure extérieure, ne fut pas long, nous nous préparâmes comme il se doit. Moi et mon armure servomoteur verte habituelle, les cheveux locksés attachés en un chignon rabougri, un manteau brun par-dessus le tout, mon sabre et c’était parti. Les Anx eux, étaient plus précautionneux, chacun avait son armure de prédilection et son fusil blaster préféré, ce qui rendait plus que barioléé notre équipe. Elta et Flibux resteraient en arrière pour chapoter les détails de notre zone d’action. Les Anx et moi, comme à notre habitude, comme sur Gravlex med partiraient en première ligne.

Utapau, une planète que je n’avais pas eu le bonheur de visiter, nous tendait les bras. A peine sortis de l’hyperespace que déjà on nous haranguait, ou plutôt, il, le fameux Karm, nous prévenait de son futur atterrissage. Flibux, comme toujours, aux commandes, lui signala qu’il ferait selon ses manœuvres et qu’il se poserait, comme prévu, quelques minutes après le vaisseau du maître Jedi. Au travers des vitres qui étaient posées le long du cargo, nous pûmes observer son climat depuis les hauteurs. Les manœuvres de notre pilote faisaient résonner le métal du véhicule volant, comme à son habitude. Des trous gigantesques maillaient le sol de la planète d’une activité souterraine sans précédent. Un drôle d’endroit, pensai-je, observant approcher au fur et à mesure, Pau, la capitale, qui, plus que les autres crevasses, semblait receler d’une vie et d’une vigueur que seule une planète aussi dense que Coruscant pouvait faire pâlir. Nous finîmes par nous poser, près du vaisseau de Torr, que j’étais pressé d’apercevoir, n’ayant pas pu communiquer avec lui lors de l’entrée en orbite. Les portes du cargo s’ouvrirent et nous pûmes apercevoir la silhouette menue du maître Torr qui ne me surprit pas, même si je l’imaginais plus grand, mais qui déclencha un grognement de la part d’un des Anx que je préfère ne pas nommer pour ne pas mettre en danger son anonymat.
Il nous donna son nom après un bref signe de tête en guise de salut. Je fis de même :
« Attanor’ »
Puis avec la même célérité, il nous annonça du regard et de la voix l’administrateur Mundu. Celui-ci se dirigea très rapidement vers Torr sans trop prêter attention à nous qui suivions quelques pas en arrière. A ses yeux, vu les descriptions qu’on avait dues lui faire des Jedi et de Torr, nous ne devions être que des sous-fifres. Nous étions pourtant bel et bien les renforts. Après des salutations chaleureuses le Pau’an nous guida à travers l’un des nombreux dédales qui composaient la capitale, rapidement, nous fûmes face à un ascenseur, qui nous mena quelque étages plus bas, nous traversâmes l’antichambre, endroit où je faisais signe aux Anx de m’attendre, avant de passer dans une pièce agrémentée d’une baie vitrée, vue plongeante sur les artères de la capitale circulaire s’enfonçant dans la terre à perte de vue. Là, l’administrateur nous fit le topo. Topo qui me fit légèrement tiquer.
Lorsque Karm m’adressa pour la première fois la parole dans cette nouvelle discussion c’était pour me demander mon avis, c’était bien aimable, mais j’allais, comme à mon habitude, un peu faire le bourrin…
« Une chose me frappe… Serait-ce un problème structurel que « l’endroit » disparaisse de la carte ? Je m’explique, vous dites que la zone a été abandonnée… Vous soulignez, néanmoins que c’est une position stratégique, « un avant post industriel », pourtant… qu’est-ce qui vous empêche de faire table rase de l’endroit, si ce n’est qu’il doit être rattaché à Pau par quelque endroit, rendant impossible une explosion trop puissante… Vous voudriez que nous creusions une nouvelle galerie, pour le bon plaisir ou le bon fonctionnement de votre capitale ; pour récupérer l’endroit ; pour lui redonner son activité, je ne sais pour quelle raison, je me trompe ? Qu’est-ce que vous voulez, en fait ? »
Ma voix grave avait avec vivacité exposer mon point de vue, et avait tonné légèrement dans la salle qui n’était pourtant pas exigüe. Lorsque je parlais, c’était normal.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Mais… Enfin…

La question du Chevalier Jedi parut déstabiliser l’Administrateur Mundu. Était-ce un test ? Il les interrogea du regard, l’un après l’autre, avant de se reprendre. Il ne s’agirait pas que son second croie qu’il ne maîtrisait pas la situation.

Naturellement, fit-il en insistant sur ce premier mot, notre intention n’est pas de massacrer ces personnes. Ce serait… Illégal. Et immoral, bien entendu. Nous ne sommes pas en guerre, nous avons affaire à des criminels qu’il s’agit de traduire en justice. Hélas, cela complique bien entendu la situation. Nous sommes une planète minière, comme vous l’imaginez, ce ne sont pas les explosifs qui nous manquent. Détruire cette base, ce serait l’affaire de quelques heures. Mais en extraire ceux qui l’occupent, c’est une toute autre histoire.
Sur quels chefs, demanda Karm, sans détacher le regard de l’hologramme qui continuait à tourner lentement au-dessus du projecteur, pour bien faire apercevoir les différents angles de la structure ? D’inculpation, je veux dire. Le procès.
Je ne suis pas procureur, mais… Piraterie. Vol à mains armées. Coups et violences. Occupation illégale. Port d’armes illégal. Racket. Ce genre de choses.
Meurtres ?

L’Administrateur effleura machinalement le bord de son bureau de ses très longs doigts.

Pas ici, non. Pas jusqu’à présent, en tout cas. J’ai cru comprendre que leurs attentats, sur le territoire républicain, avaient pu faire des victimes, et si nous sommes évidemment sensibles à cette question, et nos pensées vont aux familles éplorées…

Il ne s’agirait tout de même pas de passer pour un insensible.

… du point de vue des lois d’Utapau, c’est une question en dehors de notre juridiction. Ils semblent ainsi surtout déterminés à faire du butin pour financer leurs activités.

Karm hocha lentement la tête, puis il releva les yeux vers l’Administrateur. Mundu le considéra et, croyant lire une question silencieuse dans le regard de l’Ark-Ni, hasarda :

J’imagine que la République, et c’est bien naturel, souhaitera qu’ils soient extradés ?
Sans doute.
Je comprends, je comprends. Ceci étant dit, les planètes indépendantes des systèmes avoisinants auront besoin aussi d’une forme de réparation…
Peut-être quelque chose à discuter par nos diplomates ?
Fort bien, s’empressa de dire l’Administrateur.

Karm ne se sentait pas à l’aise pour négocier des questions aussi compliquées, dont les enjeux juridiques et diplomatiques lui échappaient presque entièrement. Son métier à lui, c’était la nature, les combats et la religion de la Force. À chacun sa spécialité.

On va s’en occuper, promit le Maître. Et préserver la réputation d’Utapau. Celle d’une planète dont les valeurs s’alignent avec celles de la République.

Elon Mundu inclina la tête en signe d’assentiment.

Mon adjoint va vous conduire au hangar où vous trouverez le matériel que nous pouvons mettre à votre disposition.

L’autre Pau’an s’empressa de les conduire à l’extérieur, pour jouer au guide dans les couloirs. Leur passage n’était pas sans susciter une certaine curiosité. Plus bas, dans les niveaux commerciaux, la ville de Pau accueillait des visiteurs de bien des espaces différentes, mais dans les niveaux supérieurs qu’occupaient le gouvernement et les hautes administrations, on ne voyait guère que des Pau’An.

Ils prirent un nouvel ascenseur, large comme un monte-charge, assez pour tous les accueillir, qui descendit pendant une longue minute les nombreux niveaux de la capitale. Par sa vitre en transparacier, ils purent apercevoir les commerces, les habitants, les fermes dont l’essentiel s’enfonçaient dans des galeries souterraines, et puis bientôt ce fut le ballet des barges anti-grav qui remontaient les minerais vers quelques niveaux plus haut, là où l’industrie utapienne les épurait pour pouvoir les revendre sur le marché galactique. C’était la principale source de richesse de la planète.

Le turbolift se stabilisa enfin et on finit par les conduire dans un vaste hangar industriel. Il y avait là une foreuse cylindrique assez impressionnante. Des Utais s’activaient pour huiler les mécanismes de la machine. Un peu plus loin s’alignaient des motospeeders de modèle républicain, vieilles de quelques années mais en très bon état.

Le Pau’an leur désigna une vingtaine de datapads alignés sur une table métallique.

Nous y avons chargé nos données cartographiques et géologiques les plus récentes, ainsi les codes d’accès aux capteurs sismiques installés régulièrement dans l’écorce planétaire. Vous devriez pouvoir vous en servir si vous choisissez la voie souterraine, pour anticiper des rencontres malheureuses. Je vous conseille d’éviter les cavernes aquatiques. La faune y est… Parfois vindicatives.

(Karm eut aussitôt envie d’explorer les cavernes aquatiques.)

Et si vous préférez une approche par le sommet, nous avons ces motos. Si vous avez besoin de plus d’équipement…
On sait où vous trouver, assura le Gardien.

Le Pau’an inclina la tête et choisit d’interpréter cette remarque comme une autorisation à s’éclipser. Karm le suivit du regard avant de se retourner vers ses coéquipiers du jour.

Bon, mission neutralisation, donc. Je les connais un peu, ces énergumènes qui suivent Tavaï, y a un peu de tout. Des idéalistes radicalisés, des jeunes un peu paumés qui essaient de redonner du sens à leur vie, d’anciens militaires républicains très remontés. Deux ou trois criminels qui ont l’impression de se racheter une conscience, sans doute. C’est… Très divers, comme profil, y compris pour les compétences martiales. Ça va du néophyte à l’ancien des forces spéciales. Et pas exclure qu’on ait à faire à deux ou trois Sensitifs.

Il en avait croisé au moins un par le passé, à l’entraînement rudimentaire, mais certains Jedis éprouvés par la guerre contre l’Empire avaient disparu des radars et il n’aurait pas été surpris d’en retrouver là.

Comme d’hab’, le but est de faire le moins de victimes que possible. À mon avis, y a là-bas pas mal de mecs qui attendent qu’on leur donne une bonne excuse pour se rendre sans trop perdre la face. Puis des fanatiques, évidemment, et ce sera les plus délicats à…

Il chercha un mot qui lui échappait en basic, et à la place n’acheva pas sa phrase, parce que la suite lui paraissait évidente.

Pour la méthode d’approche, quelqu’un a un avis ?

C’était curieusement démocratique comme manière de mener les troupes, mais peut-être pas très surprenant de sa part : Maître Karm était connu au sein de l’Ordre pour être un fervent défenseur des organisations horizontales.

Perso, j’avoue que m’enfermer dans un gros tube en métal avec la perspective de se faire exploser par des mines bien placées, je suis moyen chaud, mais si ça vous paraît mieux, on fait comme ça.
Attanor' T. Obred
Attanor' T. Obred
Messages : 30
Eclats Kyber : 0
Le Pau’an me déplaisait… Sa manière d’éluder la question était pour moi plus qu’un signe d’hésitation face à une question certes complexe, mais pèle mêle logique, c’était pour moi un aveu de faiblesse. Faire déplacer les Jedi pour de simples terroristes, pour une raison politique, mais insuffisante à mes yeux. A ses yeux, il semblait, que nous étions des militaires ou des mercenaires, du moins ce fut ce que je pensais lors que sa phrase se perdit dans la stupéfaction. Pourquoi ne pas tout régler par une guerre rangée de quelques heures, quelques jours, eux, les Pau’an pourtant si respectés, choyés par la République. La vérité, c’est qu’ils étaient lâches et qu’ils voulaient sensiblement cacher leur manque de Force.
Nous allions très probablement nous salir les mains pour eux, voilà la conclusion que je tirais lors de son petit laïus, durant lequel je ne pouvais détacher mes yeux de son visage ridé, mes oreilles des inflexions de sa voix qui, légèrement rocailleuses, était pourtant indubitablement aigue. Il jouait les chef cohérent, aux mesures adéquates en toutes situations, mais je pressentais quelque chose d’autre. Plus obscur et mystérieux qui justifierait que nous nous salissions les mains. Je captais le regard de son second se poser sur moi avec une lueur de perplexité et de curiosité. Contrairement à Karm dont j’appréciais déjà l’efficacité et la brièveté dans la parole, et qui, lui aussi devait cacher quelque chose pour s’intéresser aussi facilement à une affaire qui ne regardait au fond que les Pau’an. Etait-ce cette partie du code qui incitait à la compassion qui avait mené le Maître Jedi à répondre à leur appel à l’aide ? Je n’aurais jamais fait de même, et peut-être avais-je encore des choses à comprendre sur le code et son interprétation ?
Karm aussitôt demanda sur quels chefs d’accusation les Pau’an allaient demander l’arrestation des pirates, il avait raison, et encore une fois faisait preuve d’efficacité. J’aurais voulu lui demander quels liens ou quelles choses l’avaient amenées à l’arrestation de leur ancien chef, à lui, Torr, mais nous allions pouvoir discuter un moment ou un autre. Mais le temps semblait pressé, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs. Cette situation était plus retorse que je ne l’imaginais à cet instant précis. Le Pau’an avait seulement le temps d’une phrase que déjà Karm l’assaillait d’une question qui succédait à l’exposé des crimes de nos présents ennemis. « Meurtre ? » fit-il, touchant une nouvelle dimension qui éclaircissait à mes yeux, d’un point de vue de mon interprétation sur les intentions du maître. Ces ennemis étaient-ils véritablement des méchants?

Et là, l’administrateur finit de révéler son véritable fond… Politicien, rien de plus. Voilà ce qu’il ou ils étaient, voilà tout. Il partit dans une circonlocution barbante sur l’absence de meurtre dans la zone où se trouvaient les pirates. Il y avait donc, en un sens, anguille sous roche. « Familles éplorées » j’soufflai de l’air bruyamment, succinctement, comme dans un soupir de mécontentement, comme retenant un rire moqueur. Cet être me déplaisait de plus en plus. J’hasardai lorsqu’ils eurent fini de parler compensation :
« Merci »
Et le saluai de la tête sans attendre la suite, lui soulignant en quelques sortes que j’en avais terminé avec lui. Je me tournai alors vers le second qui tressaillit sûrement à cause de mon mètre 90. A ce moment-là, la dernière affirmation de Karm à l’adresse de l’administrateur me fit sourire. Puis mon regard s’assombrit légèrement en fixant l’autre énergumène, et était passé de la sympathie à un certain degrés de dédain piqué d’intérêt pour ce que celui-là allait bien pouvoir nous raconter. Il nous guida vers un nouvel ascenseur, repassant par le sas où attendaient mes compagnons d’infortune comme j’aimais à les appeler. Ils m’interrogèrent du regard et je ne répondis rien.
Bientôt, les souterrains et les divers étages qui se surplombaient de façon presque infinie s’offrirent à notre vue, ne connaissant la planète que de réputation, je fus légèrement surpris en apercevant un Utai, haut de sa petite taille (1m20), travaillait une longue barre de fer avec un chalumeau, lorsque l’ascenseur passa à son niveau, il nous observa derrière son masque protecteur. Qu’étaient ces petites créatures qui s’affairaient comme des esclaves tandis que les grandes créatures, les Pau’an, eux, parlaient si bien et ne semblaient s’intéresser qu’à leurs intérêts ? Une nouvelle question dans ce conglomérat d’intrigues qui semblait se nouer sous mes yeux. Nous arrivâmes bientôt dans une large salle où des Pau’an s’affairaient derrière leurs écrans, tandis que des Utai, eux, travaillaient à huiler la foreuse dont l’administrateur nous avait parlé. Un bien étrange spectacle. Synonyme d’une inégalité spéciste évidente. Pourtant, jamais, ô grand jamais, je n’avais entendu parler d’esclavage sur Utapau.

Ensuite, les datapads et la discussion avec le second qui ne suait rien qu’à parler devant le groupe que nous formions, et enfin, le moment de la franche discussion stratégique arriva. Karm prit la parole pour faire un petit briefing. La nonchalance qui saillait dans sa manière de parler, eh bien, je n’en avais pas plus entendu parler, n’ayant eu vent que de ses prouesses au combat. C’était donc étrange de comprendre que comme moi, il était presque d’extraction paysanne, les Korunnai étant parfois aussi des sortes de travailleurs nomades de la terre. Je regardais les Anx qui me regardèrent à leur tour, puis s’entreregardèrent.
« … Si, dans l’éventualité d’une percée, aussi bien qu’en passant par le haut, nous nous retrouvons dépassé par le nombre, ce qui est fort probable, l’élément de surprise sera selon moi la chose qui nous aidera le plus, en cas de feu nourri. »
Fit Faramos qui avait toujours quelques idées du scénario le plus probable en peu de temps et qui portait en quelques sortes l’opération aux yeux de ses camarades (vêtu d’une armure blanche sensiblement datant de Gravlex Med)
« Et, ils vous ont dit pourquoi ils ont fait appel à nous ? C’est pas que l’idée de buter me déplaise aujourd’hui, mais j’aimerai au moins savoir pourquoi… D’autant qu’ils ont pas l’air d’avoir beaucoup déstabiliser l’endroit. »
Fit Nado, toujours brute de décoffrage, habillé d’une armure blanche peinturlurée de taches jaunes, en regardant, comme je l’avais fait auparavant, les Utai au travail.
« Neutralisation, Nado…, répondis-je, l’éventualité de la mort est inhérente à la vie, et à notre mission actuelle. Les Pau’an ont avancé que nos adversaires sont des sortes de pirates notoires ayant commis des attentats dans le système républicain, il y a deçà quelques années. Je me tournai vers Karm en parlant, mais comme le dit Karm, ce sont des pirates politiques… Ils ont donc un sens de l’honneur, ce qui fait d’eux des adversaires de valeur. Je suis d’avis que nous frappions en deux points différents. Tandis que vous irez par le haut, j’irai par le bas. Il y a des choses qui ne sont révélées que dans les profondeurs. »

« Donc, tu veux risquer les mines ? et le Tube en plastok’ ? » Fit Flibux dans l’émetteur que j’avais à l’oreille. Lui était sagement resté dans le vaisseau et j’entendais déjà les remontrances d’Elta en arrière-fond. Mais c’était souvent le genre de décision qu’ils me connaissaient. Souvent, je préférais laisser aux autres la sécurité.

« Je ne veux pas risquer les mines. Je veux nager… un peu. La foreuse pourrait être utilisée comme un leurre, et nous pourrions observer en retrait, dans un vaisseau subaquatique, puisque nous avons carte blanche et provision. »
« Hm… ! Cela pourrait être une idée. D’un point de vue, ce sont des pirates politiques, et d’après ce qu’a dit Karm, ils sont de tous les horizons, et dispersés, avec quels genres de moyens, ils s’achèteraient des mines assez puissantes pour niquer une foreuse aussi imposante ? »
Les discussions fusaient, s’entremêlaient parfois, mais tous n’étaient d’accord pour me laisser faire ça seul. Pour eux, il était aussi important de préserver l’effet de surprise autant que d’avoir le moins de perte possible. Vu la bande de bras cassés, pleines de bonnes intentions que nous étions alors, rouillé par deux années sans combat, il faudrait que le Karm participe amène une pierre un peu plus coupante à l’édifice du débat.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Le Maître Jedi paraissait essentiellement préoccupé par l’activité de l’Utai qui s’affairait sur les mécanismes de la foreuse. On aurait pu jurer à bon droit qu’il ne prêtait pas la moindre attention à la discussion stratégique qu’il avait lui-même lancée, sauf qu’il hochait de temps en temps la tête. Il avait gardé de l’ethnie de sa tendre enfance des règles sociales qui ne cadraient pas toujours avec celles qui avaient cours dans le reste de la Galaxie. Et, par exemple, quand les gens réfléchissaient en groupe, on évitait de les sonder du regard, pour ne pas leur donner l’impression de les juger.

Se séparer, c’est bien, finit-il par dire quand un petit silence s’installa. Apa Seconde, c’est pas aussi grand qu’ici, mais ça reste un sacré gouffre et j’pense pas qu’ils aient les moyens de couvrir tous les côtés. On peut essayer à différents endroits à la fois, voir si ça repousse ou pas, et là où la voie est à peu près libre, on fait une percée, tandis que les autres groupes tiennent une partie des pirates occupés.

Contre un ennemi qui occuperait la position en nombre suffisante, c’était suicidaire, mais les pirates n’étaient pas beaucoup plus familiers de ces lieux qu’eux.

Pour les mines, je pensais plutôt à des trucs, genre… ‘fin, pas des explosifs militaires. Des trucs industriels. Sur une planète minière, ça doit être assez courant, et ces mecs-là sont des spécialistes d’attentats, ils auront su reconfigurer ça à leur avantage. Soyons prudents dans notre approche. Hep ! M’sieur !

Les deux derniers mots s’adressaient à l’un des Pau’ans restés en arrière pour superviser le déploiement.

Un genre de sous-marin, c’est possible, demanda l’explorateur ?
Mais… Naturellement. Il vous faudra descendre encore un peu plus bas, jusqu’au lac, tout au fond. Je dois vous avertir néanmoins que la faune aquatique, sur Utapau, est pleine de surprise.

Karm haussa les épaules et le Pau’an s’éloigna en activant un comlink, pour s’assurer qu’on fasse les préparatifs, dans les derniers niveaux de Pau.

’Scusez moi une seconde, fit ensuite le Jedi, en s’éloignait du groupe pour s’approcher de la foreuse.

Pendant plusieurs minutes, il se plongea dans une conversation avec l’Utai, qui parut surpris qu’on s’adressât à lui. Karm s’était accroupi pour lui parler à sa hauteur et il l’écoutait avec le plus grand sérieux. Enfin, il sera la main du travailleur et rejoignit le groupe.

OK, c’est parti ? Attanor’, je te… vous… te… euh… on va ensemble dans le sous-marin, quoi. Les animaux dangereux, c’t’une de mes spécialités. Ya-Kai, là-bas…

D’un geste de tête, il désigna l’Utai.

… m’assure que la foreuse a un auto-pilote, suffit qu’on dise quelle trajectoire on veut à peu près, et ça réglera la question. C’est parti. Ah, et, euh… Essayons de nous rappeler qu’on pourrait tous facilement devenir les terroristes de quelqu’un d’autre.

Les derniers préparatifs prirent encore un bon quart d’heure. Attanor’ et lui descendirent tout au fond de Pau, là où un immense lac aux eaux sombres et profondes était relié à d’autres formations lacustres de la contrée aux alentours par une série de rivières souterraines.

Le sous-marin était manifestement de construction local : son dessin s’inspirait des fameuses baleines ruhau dont on pouvait apercevoir les formes et les os en divers endroits de l’architecture locale. Machine imposante et lourdement renforcée, il avait été conçu pour l’exploration méthodique des possibles gisements subaquatiques.

Après un rapide tour des compétences des uns et des autres, il apparut que Karm, dans cette partie du groupe, était le plus indiqué pour piloter la chose, et il prit un moment pour se familiariser avec les commandes. Enfin, les écoutilles se refermaient et le bruit de la pressurisation se fit entendre. Les turbines de l’appareil s’activèrent et, quelques secondes plus tard, il s’immergeait totalement, éclairant les profondeurs du lac de ses puissants projecteurs.

Des bancs de poissons blanchâtres se séparaient à toute vitesse pour leur laisser le passage, mais d’autres animaux, massifs et indolents, les regardaient passer sans réagir, signe que leur vaisseau du moment n’était pas un spectacle si extraordinaire pour cette faune-là. Tandis qu’ils s’acheminaient vers le premier tunnel qui les rapprocherait d’Apa Seconde, Karm jeta un bref coup d’oeil au Chevalier qui lui servait de co-pilote et glissa :

Ça a l’air de te laisser perplexe.

Il avait donc opté pour le tutoiement. C’était plus simple, selon.

Qu’on soit ici. Mais ces gens-là, c’est notre responsable. Les terroristes, j’veux dire. À l’Ordre. Hol’gan Tavaï était une Maître Jedi, c’est elle qui les a formés, qui leur a donné leur but, qui les a mis sur leur chemin. On a une dette à payer, ici.

Karm avait parfois l’impression que leur Ordre n’en manquait pas, de dettes à payer.

J’ai été son Padawan, à Tavaï. Et… Disons que tout ça, le Conseil aurait dû le pressentir. Depuis longtemps. Elle était auréolée de son aura de grande Maître d’Armes, et la guerre poussait pas mal de gens à fermer les yeux sur pas mal de choses. Nécessité fait loi, ce genre de trucs. Mais au bout du compte, Tavaï, c’est le genre de personnes problématiques qui engendrent d’autres personnes problématiques. Notre erreur à réparer.

Dans cette histoire, pour sa part, il avait été plutôt une victime qu’un coupable, mais c’était égal : ils appartenaient à l’Ordre et ils étaient solidaires de ses échecs comme de ses succès.
Attanor' T. Obred
Attanor' T. Obred
Messages : 30
Eclats Kyber : 0
Karm, à ce qui semblait, avait lui aussi compris certaines choses sur la situation économique et hiérarchique de cette planète. Peut-être était-ce la compassion Jedi que nous avait inculqué l’ordre qui faisait que nous avions très vite compris l’indicible injustice qui se déroulait sous nos yeux ? Peut-être trouvions nous tout simplement ces créatures sympathiques ? En tout cas, le regard du Maître Jedi était tourné vers les Utai affairés et il finit même par aller parler à l’un d’entre eux. L’utai en question fut très surpris qu’on lui adresse la parole et j’observai la scène avec beaucoup d’intérêt. Le Maître Jedi m’interrogeait au plus haut point, j’avais entendu parler de ses prouesses sur les différents champs de bataille qu’il avait traversés, de sa réputation d’homme proche de la Nature, mais je ne lui connaissais pas un si grand cœur… Et bien que les Utai semblaient sympathiques à mes yeux, je ne sais pas si j’aurais pris le temps d’adresser la parole à l’un d’entre eux, parce que je n’aurais pas jugé cela nécessaire. Cependant, lorsque Karm revint avec le nom de l’Utai, et des informations sur les fonctionnalités pratiques de la Foreuse, je ne pus qu’hocher la tête d’approbation. En effet, c’était toujours mon manque de mot qui péchait dans ce genre de situation. Lorsque nous fûmes sur le départ, je saluai Ya-Kai de la main, celui-ci nous regardait avec stupéfaction et tressaillit à mon geste. Aussitôt, le Pau’an qui nous avait indiqué notre équipement lui lança un regard noir très significatif et pour le moins indiscret qui le ramena dans son dur labeur… Pauvre petite créature… Vraiment sympathique…

Bientôt nous voguâmes, Karm et moi sur le lac qui menait aux galeries subaquatiques de notre destination. D’après le Jedi, celles-ci n’étaient très grandes mais il faudrait faire attention néanmoins. Juste avant la submersion nous pouvions observer les parois rocheuses qui s’élevaient autour de nous, à des hauteurs invraisemblables, taillées de main d’Utai, vraisemblablement… Puis nous nous immergeâmes, et un tout autre monde s’offrit à nous. L’eau n’était pourtant pas houleuse, mais sa densité et le peu de lumière qui filtrait rendait son fond particulièrement obscur et seul l’éclairage du sous-marin permettait de voir véritablement à quelques mètres devant nous… Le vrombissement des moteurs, les poissons qui s’enfuyaient à notre approche… les plus gros poissons, semblables à des Baleines, restaient comme des spectateurs face à nous. Mais il faudrait aussi composer avec d’autres créatures que nous ne pouvions pas encore apercevoir. Des créatures sur lesquels les Pau’an nous avaient plusieurs fois avertit. Pour l’instant c’était un eco-système évoluant dans l’harmonie et l’indolence. Nous arrivâmes bientôt au fond du lac où l’une des galeries de notre destination s’ouvrait dans la roche, à peine assez grande pour nous laisser passer, la foreuse et nous. Des algues d’eaux douces en cachaient presque l’entrée, nous progressions, tandis que la foreuse à une dizaine de mètre devant nous, faisait office de guide.

L’habitacle du sous-marin était particulièrement spacieux, les sièges même étaient aussi duveteux que le dos d’un bantha qu’on n’aurait jamais tondu. Preuve, s’il en est, que ceux qui utilisaient ce type de véhicule était soit des culs tendres, soit des riches. Dans les deux cas, de ceux qui n’avaient pas connu franchement la guerre. Chose que je suspectais. Ces Pau’an étaient des lâches, des saloperies. Pas plus. Pas moins. Le tableau de bord ultra avancé reflétait des richesses bien injustes, des lumières holographiques indiquaient le scanner qui balayait la zone et montrait les animaux, les innombrables formes de vie qui habitaient ces grottes, ces entrelacements complexes de formations rocheuses érodées par le temps et par l’action des courants. Nous passions d’une grotte à l’autre par des interstices grâce à la forme du sous-marin qui imitait la morphologie d’une baleine ruhau.

Puis Karm m’expliqua son rapport aux terroristes, ou plutôt à leur ancien chef. Il avait donc une perspective assez particulière sur eux. Je me doutais que ce Maître Jedi avait dû avoir un passé tortueux,mais de là, à imaginer qu’il avait été entraîné par un maître devenu terroriste, de loin, de très très loin. Je le regardai un instant, avant de me tourner vers le cockpit. J’avais un mauvais pressentiment.
« Je comprends ton point de vue… Les Jedi, avant d’avoir une dette envers les hommes, ont une dette envers la Force qui nous a à tous, tout donner. C’était le point de vue de mon premier maître. Il a disparu ensuite sur ma planète Natale. Il disait souvent que le pouvoir que nous avons devait servir à la Justice, et de ce point de vue, les choses que tu nous demandes de faire aujourd’hui, sont justes. Mais, qu’est-ce qui s’est passé avec Tavai’, en quoi était-elle problématique ? »
Je lui laissais le temps de répondre. Ne le fixant pas du regard, le laissant prendre son temps, sans le juger ou son ancien maître. J’avais peut-être eu de la chance de ne pas avoir de maître longtemps, peut-être aurais-je perdu, en un sens, le fond de ce qui fait ce que je suis ? Quel degré de culpabilité habitait le jeune Maître Jedi, je n’en avais aucune idée. Mais je l’aiderai sans conteste. Puis, j’hasardais une plus sombre question.
« C’est notre dette, ou la tienne ? »
Je m’assombrissais en posant la question, les mains croisées sous le menton. Observant le tunnel par lequel nous étions entrain de passer, notre submersible qui était nettement moins imposant ne nous permettait pas de voir ce qui se passait devant la foreuse. L’endroit était encore plus sombre que le fond du lac et plus aucune plante aquatique ne semblait y pousser. Puis j’aperçus des yeux jaunes, étonnamment volumineux, passer à ma droite, je regardais Karm qui était entrain de répondre. Est-ce que c’était franchement une bonne idée, honnêtement, de faire un submersible à la forme de ce qui pourrait être une proie ? Les Pau’an avaient d’étranges idées de la hiérarchie et de l’exploration. Les yeux dans l’obscurité, disparurent aussi vite qu’ils étaient apparus, puis, réapparurent à nouveau devant nous. Leurs pupilles semblables à celles de deux tigres Vorn réunies, furent éblouies par les puissants projecteurs qui l’éclairaient. Une gueule monstrueuse s’ouvrit sous nos yeux découvrant des dents aussi aiguës que meurtrières, peut-être de la taille de Karm assis. Des bulles s’extirpèrent de la gueule obscure, dont la langue fourchue était comme un laco denté, mais, l’orifice morbide se referma aussitôt. Elle avait dû crier de douleur, et sous l’eau, les choses n’étaient pas audibles de la même façon. La masse sombre du monstre, presque invisible, n’était pas gigantesque, suffisamment petite pour se déplacer à toute vitesse dans ce dédale ténébreux. Et la forme de l’ensemble disparut très vite derrière nous. Il y eut un instant de suspens où nous pouvions savoir ce qu’il allait advenir de nous, en soi, nous étions plus gros que le monstre, mais, nous n’avions pas de quoi nous défendre de sa tête proéminente qui sensiblement plus grosse que son corps, pourrait déchirer la coque de notre habitacle, nous forcer à fuir en nageant, nous forcer à nous battre contre elle, et par sûr que nous puissions survivre à la pression de telles profondeurs.
Le silence qui n’avait pas véritablement était brisé, redevint plus dense les minutes qui suivirent. Le vrombissement des moteurs donnait une impression plus dangereuse encore à l’ensemble de la scène, j’étais dans l’expectative, je n’étais pas rassuré, je ne vis pas comment réagît Karm, le chemin était encore long.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Hé bien, elle était…

Le visage de l’Amarane qui l’avait élevé lui revint aussitôt à l’esprit : d’abord comme il l’avait connue, la première fois, puis pendant toute sa jeunesse, et ensuite comme il l’avait retrouvée, la dernière fois, vieillie, usée, brisée par sa rencontre avec un Jedi Noir qui avait achevé d’éteindre en elle ce qui pouvait rester d’énergie combative.

Désolé, marmonna-t-il. Pas l’habitude de faire mon autobiographie, mais l’un ne va pas sans l’autre. C’est Hol’gan Tavaï qui m’a trouvé et m’a emmené au Temple d’Ondéron, quand j’étais enfant. J’suis né hors de la République, dans une peuplade humaine… ou proche-humaine, ça fait un peu débat… ‘fin bref, peu importe, dans une peuplade nomade qui vit dans l’Espace Sauvage et la grande Bordure Extérieure. Les Ark-Ni. On vit sur des vaisseaux, la plupart des gens mettent jamais le pied sur une planète de toute leur vie. On est pas beaucoup, mais surtout, c’est une société très, très fermée. Endogame.

Voilà qui expliquait son apparence un peu particulière. Il avait l’air jeune, plus jeune en tout cas que les gens de son âge dans d’autres ethnies humaines, et puis la pâleur et la couleur de ses cheveux suggéraient une pigmentation sensiblement différente. Qui s’expliquait, peut-être, par l’évolution d’un peuple coupé des soleils et des planètes.

’Fin bref. Ce qui compte, disons, sociologiquement et psychologiquement, dans cette histoire, c’est que quand j’ai débarqué au Temple Jedi, j’étais hyper, hyper isolé. Je captais que dalle, parce que je parlais pas la langue. J’avais jamais vu une plante en vrai. J’avais jamais connu une gravité naturelle. Je te parle pas des maladies. Jamais vu quelqu’un non plus qui me ressemble pas. Le choc culturel, bactériologique, intellectuel, mystique, bref, le choc était total. Et du coup… Tavaï, c’était mon seul point de repère. Ma seule référence. Même pendant mes années d’Initié, elle était assez présente, et elle m’a pris comme Padawan dès que possible. Dans une certaine mesure, elle m’a… Monopolisé. Le schéma classique.

Il y a encore un ou deux ans, il aurait été incapable d’analyser méthodiquement les mécanismes qui avaient conduit à une situation délétère et les ressorts du comportement de Tavaï. Mais il avait fini par lire des livres et, en saisissant dans quelle mesure son histoire à lui renvoyait à des schémas partagés, il avait pu donner du sens à ce qui lui était arrivé.

Tavaï, elle avait une idée fixe, c’était l’entraînement martial. La Force par le sabre, en gros. Que tout l’enseignement jedi pouvait être mis en forme dans l’art du combat, que tout pouvait être reformulé, métaphoriquement ou non, dans ces exercices-là. Elle a tanné le Conseil pour avoir une sorte d’étude de cas, une preuve par l’exemple, et la preuve, c’était moi. Elle m’a coupé dans une large mesure de l’enseignement habituel du Temple et m’a créé un cursus bien à elle. Le plus souvent, ça se passait en dehors d’Ondéron. En tête-à-tête. Isolés.

Les ingrédients idéaux pour une relation abusive.

Et donc, elle avait des méthodes extrêmement… Ben. Violentes. Elle pensait que les blessures et les violences étaient un endurcissement, des leçons à part entière, une préparation à la bataille. J’avais personne à qui parler parce que j’étais tout le temps avec elle et de toute façon, quand j’étais devant le Conseil, je chantais ses louanges. Pour moi, Tavaï, c’était l’alpha et l’oméga de la vie de Jedi. Quand je me disais qu’il y avait quelque chose de sérieusement tordu dans ses méthodes, j’essayais de me convaincre du contraire. Et elle, elle poursuivait sa… Dérive ? Radicalisation ? Je sais pas comment les spécialistes appellent ça, mais tu vois, quoi. Je suis devenu Chevalier malgré tout, j’ai pris mon indépendance, ça m’a remis pas mal les idées en place, et elle, elle a complètement vrillé. J’aurais aimé parler plus tôt, mais mal, de tout ça, pour qu’il se passe quelque chose.

Ce jour-là cependant, il en parlait avec un détachement presque clinique.

J’pense que le Conseil a pas réussi à voir ce qui se passait, parce que c’était une époque où y avait un schéma qui prédominait. Le Jedi dangereux, c’était celui qui allait du Côté Obscur, les Maîtres étaient focalisés sur des signes typiques, la colère, la passion, la corruption, des trucs comme ça. C’était toute une psychologie du retournement, tu vois ? Le mec qui pète un plomb. La volte-face. Mais Tavaï, elle était sur une trajectoire différente. Maintenant, après quelques années de guerre, j’pense qu’on est un peu plus au point sur la question de la radicalisation et sur ce que ça fait aux gens de revenir du combat. Mais à l’époque…

Ces considérations furent interrompues par un titanesque visiteur et Karm retrouva aussitôt un silence complet, le regard fixé sur les formes qui se dessinaient dans l’ombre. Il observa prudemment le passage du monstre des profondeurs et, quelques secondes plus tard, la foreuse et le sous-marin débouchaient dans une nouvelle caverne aquatique.

Tu sais piloter, souffla le Jedi ? Plus ou moins ? T’sais quoi…

Il pianota sur le tableau de bord pour transférer les commandes au Chevalier.

… c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Parce que là, y a plus de petits poissons.

Sous les projecteurs de leur vaisseau, en effet, les eaux étaient devenues presque désertes, et c’était un mauvais signe. Un prédateur, sans doute, rôdait dans le coin. L’explorateur replia les jambes et, installé en tailleur sur son siège, les yeux fermés, il prit une profonde inspiration. Aussitôt, la Force devint plus sensible autour de lui, à l’intérieur de lui. Elle se répandait petit à petit, comme une pulsation lumineuse, et son esprit gagnait l’écosystème dans lequel ils avaient pénétré.

Sa cible ne fut pas difficile à trouver. Une présence dominait toutes les autres. Un esprit lent, ancien et simple, esprit gigantesque et pur comme une montagne, d’une créature dont les espoirs et les craintes sont primitives, et les besoins immédiats, répétés à l’identité depuis des générations et des générations.

Soudain un tentacule interminable s’élança pour s’enrouler autour du sous-marin et tout l’appareil fut parcouru par une violente secousse. La foreuse redoubla sa propulsion pour échapper à une attaque semblable. Autour du Maître de la Nature, la Force se focalisait. Elle avait trouvé son objet unique. Les pensées de Karm se débarrassaient d’une intelligence inutile, pour se porter à la hauteur de celles du céphalopode. C’était un exercice d’humilité. Vivre en animal, penser en animal, admettre la simplicité et la brutalité d’un monde entièrement étranger.

La torsion que le tentacule imposait à leur carlingue était monumentale. On attendait le bruit plaintif du métal. Sous les projecteurs, d’autres appendices pleines de ventouses fouillaient l’obscurité des eaux souterraines. Et puis soudain, leur recherche nerveuse, presque convulsive, s’interrompit, et ils restèrent là à flotter, avec indolence. Un sourire se dessina sur les lèvres du Maître Jedi.

Il rouvrit brusquement les yeux et, en même temps, le tentacule qui les retenait se desserra.

OK, donc, on a un nouveau pote. Disons, Paul le Poulpe. Paul va venir dire bonjour.

Quelques secondes après, une face menaçante se dessina sous la lumière électrique : elle était en tout point semblable à celle qu’ils avaient aperçues dans la galerie, mais beaucoup plus grosse, et d’ailleurs l’on devinait derrière d’autres silhouettes d’une taille plus modeste.

Paul était papa.
(Et on l’en félicite.)

Faut être indulgent, Paul a une famille à nourrir, mais je l’ai convaincu que les moines, c’était indigeste. En revanche, il connaît un chemin de traverse, dont l’entrée est cachée par un éboulement. Probablement pas surveillée, donc, et il se propose de nous dégager toutes les pierres. Pas vrai, Paul ?

Paul ouvrit largement la gueule en agitant ses treize tentacules.

Voilà. Il est d’accord. Ça veut dire qu’il est d’accord.

Et Karm leva le pouce à l’attention de Paul.
Attanor' T. Obred
Attanor' T. Obred
Messages : 30
Eclats Kyber : 0
Le silence régnait depuis maintenant quelques secondes qui semblaient interminables, je n’étais pas franchement stressé, mais l’éventualité de devoir me battre en zone subaquatique ne me rassurait guère et par ailleurs, je ne l’avais jamais tenté. La créature avait disparu derrière nous, elle attendait peut-être le moment propice pour fondre sur nous et percer la coque de ses dents monstrueuses. Peut-être, elle était simplement passé à autre chose, à une autre proie, ayant décidé qu’un poisson lumineux n’était pas ragoutant. Je ne sais pas. Je respirai un bon coup, prêt pour un choc qui devrait être fatale à notre sous-marin et délétère pour notre expédition. Je fermai les yeux m’apprettant à donner signal d’agir ou d’esquiver à Karm, bien que la prescience ne soit pas mon fort, en un sens, je savais qu’il ne restait que quelques autres secondes pour au moins nous mettre à l’abri. Je me mis à respirer plus fort et plus profondément, et je chargeai ma respiration de longues et franches poussées spirituelles, à la façon dont on gonfle un ballon. J’avais peu de temps. Je bloquai d’un coup mon souffle. Une des tentacules du monstre qui était donc une pieuvre s’empara au niveau de l’espace entre les moteurs et le renfoncement de metal qui imitait la queue de notre sous-marin. Généralement, je le pense, pour la créature ancienne, c’était un moyen d’immobiliser sa proie. C’était ce que j’attendais pour souffler toutes mon inspiration. Une légère couche de force se mit à entourer le vaisseau marin, protégeant sa surface, empêchant des dégâts trop importants qui auraient peut-être projeter la machine sur une parois ; la vitesse de notre véhicule était en effet, tout d’un coup, stoppée par un membre élastique et nous secoua au point de nous faire dangereusement approcher du sol.
Peu de temps avant, dans le calme le plus profond du monde, avec le plus grand naturel, le maître Jedi s’était miss en tailleur sur le siège après avoir rapidement pianoter sur le tableau bord, me passant les commandes ; il ferma les yeux. Je sentis sa présence se répandre dans l’espace du cockpit tout d’abord, puis, dans la caverne et les environs, à une vitesse qui révélait clairement qu’il était un expert en la matière. J’avais entendu parler de ce genre de capacités, de ce genre de talents pour « l’évasion spirituelle et la communication inter espèce » dans les holocrons et les livres que j’avais parcouru pendant ma formation. Mais tout ce qui était du domaine de l’esprit me paraissait étrange et quelque peu inutile.
Grossière erreur !
L’atmosphère qu’avait répandue l’esprit de Karm et qui nous environnait, se chargea d’incidences électriques, de pulsations succinctes, j’avais l’impression qu’on effectuait près de moi une danse psychique dont les visées me restaient obscures, dont les symboles gestuels m’étaient inconnus. Tandis que je protégeai notre habitacle d’un voile de force ténu mais qui permettrait à Karm d’aller jusqu’au bout de son projet ombrageux, je compris, tout d’un coup, qu’en plus de communiquer avec la créature, le petit Jedi aux cheveux gris bleutés tenter d’apaiser la bête. J’imaginai que l’opération durerait un certain temps, mais je me trompai grossièrement à nouveau. Il n’y eut que quelques secondes pour que la créature relâchât son emprise et les moteurs qui criaient de douleur du fait qu’ils ne pouvaient aller de l’avant reprirent leurs bruits de croisière. Nous repartions.
« Impressionnant Karm… » Fis-je en me tournant brièvement vers lui, le visage non pas souriant, comme l’eut pu avoir quelqu’un de franchement bluffé, je l’étais, mais pas suffisamment pour avoir oublié que juste quelques minutes avant, le Jedi s’était confié. Il avait, sans trop de détails, sans trop s’épancher d’ailleurs non plus, partager avec moi un bout de cette vie sinueuse et difficile qu’il avait vécu. Tavaï, son maître, n’avait pas été tendre avec lui et je ne pouvais que m’identifier à la rigueur de son entraînement. Ma vie, en un sens peut-être trop concret, trop cicatrisé, avait été similaire, du moins, dans le début de mon existence. Lorsqu’il avait parlé, n’osant l’interrompre, et n’ayant pas franchement envie de le faire, je n’avais pu m’empêcher de repenser à Harun’, à la forêt acide dans laquelle mon cher et défunt grand frère m’amenait tous les jours pour m’apprendre une autre forme d’affection rigoureuse. Combien de coups de bâton avait fait enfler mes bras et mes jambes lorsque épuisé, je le décevais, par exemple, lorsque je n’arrivais pas à terminer une série de pompes ou un saut au-dessus d’un précipice ? Combien, mon oncle et lui, m’avait appris ce que voulait dire « amour » en Korun’ ?
Je m’assombris et baissai la tête pendant une brève seconde, maintenant, Paul le Poulpe et le foré mécanique nous guidait dans une petite balade aisée, ce qui ne me demandait pas de faire particulièrement attention. Comme sur autopilote, je tenais les commandes, observai les mouvements gracieux de cette pieuvre gigantesque, observant, sans vraiment être là. Je soupirai.
« Tavai’ devait être un Korun’ dans une autre vie. D’aussi loin que remontent mes souvenirs, je n’ai connu que les blessures de l’entraînement. Je ne suis pas toi, je ne sais pas franchement survivre dans une forêt autre que celle de Harun’, mais donnes-moi un sabre et je t’apprendrai ce que veut dire « entraînement ».
Ma voix grave se répercutait sur la vitre devant nous et mes mots semblaient autant de notes d’une macabre symphonie.
« J’ai très tôt été destiné à devenir un guerrier. Dans ma tribu, jusqu’à l’âge de 9 ans, mes journées entières étaient organisées autour du rite des hommes. Les blessures, j’en ai eu, très tôt jeté dans des escarmouches entre enfant, et peu après, dans l’épreuve donc je ne peux pas juger ton ancien maître sur les projets qu’elle avait pour toi. »
Je tirai les commandes vers la gauche pour tourner dans le sens que nous indiquait la créature aquatique.
« Puis, il y eu la guerre, et le nomadisme. Enfant, j’avais déjà vécu un voyage pour une nouvelle installation, Harun’ Kal est une planète hostile à ses habitants, c’est pourquoi les korunnai bougent d’année en année, mais cette fois-là, je le fis seul. Mon frère et mon oncle ont été tué, l’un sous mes yeux, l’autre par simple déduction. »

Je m’interrompis, cela faisait quelques virages, quelques plongées plus profondes dans les ténèbres des cavernes qui s’enchâssaient au fil de ce qu’avait décidé la porosité du sol de cette planète. C’était un étrange spectacle : toutes ces stalactites qui pendaient ça et là, comme autant de dents d’une bouche encore plus monstrueuse et dantesque que celle de Paul ; ce sol gris sous la lueur de nos phrases comme des gencives malades ; ces profondes ténèbres comme une gorge infinie. Puis, il y eu une bifurcation, un choix que fit le poulpe qui guidait la foreuse d’aller vers la droite plutôt que la gauche, destination initiale de notre expédition. Puis, la rocaille, l’amas qui obstruait les parois qui devait être le mur mitoyen entre nous et les dits pirates.
« La guerre est une chose étrange comme tu le sais. Elle en satisfait quelques-uns, tandis qu’elle déchire les autres. Mais, de la guerre, j’ai toujours su me tirer. J’ai rencontré un Jedi du nom de Sant Germin, c’était avant la bataille d’Ondéron, il devint mon maître pendant près d’un an et demi. C’était un extravagant, un penseur et un poète, ce fut bref, mais il m’inculqua des principes qui allaient me permettre de dépasser ce fond Korun’ dont les perspectives n’envisageaient que le combat et la survie de l’espèce… Il m’apprit l’un des sens du pouvoir… L’une de ses interprétations… Un jour, j’écrirai sur sa philosophie. Pour lui rendre hommage. Et puis, je devins sédentaire pendant un temps… »
Les pieuvres se mirent, dans un ballet bien fatigant à déblayer la rocaille. Je prévenais mes Anx que nous étions passés par un autre endroit et qu’il n’y avait que peu de chance que la foreuse pète sous l’effet d’une mine. Cela nous laissait le temps de discuter. Je n’étais d’habitude pas très loquace mais les similitudes de nos vies respectives étaient propices au partage. Je continuai donc :
« Il y eu Ondéron… A peine le temps de comprendre et de goûter au mot paix, à l’enseignement Jedi et ses idées que la guerre contre les Sith devait m’arracher à un rythme paisible d’entraînement qui s’il n’offre une expérience bien concrète du combat, néanmoins, permet d’améliorer nos futures réactions en situation martiale. Sant Germin disait souvent, adage qui m’est resté ‘ Je suis ce que je veux et non ce que je suis’ et bien que le goût de la paix m’ait quelques peu ramolli, j’ai vite compris ce que je voulais… »
Je m’arrêtai comme si j’allais dire une erreur, comme si ma langue allait fourcher, se confondre, s’emmêler et se perdre dans les méandres d’une phrase trop complexe, dans un sens trop obscur, dans une possibilité indépendante de moi-même… J’étais sur le point de dire quelque chose d’important à mes yeux, peut-être un peu trop mien pour le partager avec un membre du conseil. Je n’étais pas un fanatique, non, loin de là, je n’étais pas semblable à une Tavai’ trop amoureuse de la guerre, mais je lui ressemblais beaucoup.
« Tu estimes que Tavai’ t’a fait du mal ? »
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Oui.

Karm avait écouté le récit de son coéqupier avec la plus grande attention, avant de répondre à sa question. Le Jedi croyait que l’esprit de la nuance n’était pas contradictoire avec les réponses courtes et simples. Il faut parfois se méfier des raffinements de l’esprit.

Que son enseignement a… ouais, attends, je vais me perdre dans le conditionnel, là.

Il réfléchit un instant.

Même si sa manière d’enseigner peut rassembler ce qu’on trouve dans d’autres cultures, la tienne par exemple, et puis plein d’autres encore, ça l’exonère pas. Ce genre de choses… Y a une part d’absolu et une part de relatif. J’pense que frapper des gamins, c’est absolument condamnable. Qu’il faut tenir ça comme un principe universel. Et je pense que son enseignement était condamnable aussi d’un point de vue relative, parce qu’il était contraire aux préceptes et aux valeurs de notre Ordre. La douleur physique, c’est une chose, mais l’isolement, c’est pire. Il m’a brutalisé, mais c’est pas l’important. L’important, c’est qu’elle a brutalisé la voie des Jedis.

Pendant toutes les explications d’Attanor’, il ne lui avait pas accordé un seul regard, ce qui constituait, chez les siens, la politesse la plus élémentaire. Quand quelqu’un confiait quelque chose de très personnel, les Ark-Ni par pudeur, évitaient de le fixer, avant que celui qui parlait pût se laisser aller à des émotions qu’il ne voulait peut-être pas que l’on remarquât. Dans une société qui vivait en permanence enfermée dans ses vaisseaux, toujours en communauté, ménager la vie privée des uns et des autres était un art subtil mais nécessaire.

Je pense que l’Ordre Jedi s’est heurté depuis vingt ans à quelque chose dont il peine à prendre conscience. Le fait qu’il avait pas de culture de la guerre. Toi, tu dis que tu t’en es accommodé, mais c’est aussi que tu viens d’une société qui a donné du sens à la violence. J’ai l’impression. Je dis pas que c’est une société souhaitable ou condamnable, à fuir ou à imiter… Mais juste, de ce que je comprends, y avait, genre, une histoire, des traditions, des codes qui donnaient du sens à la violence. Et à la violence comme un truc organisé. Systémique. Récurrent.

Les tentacules du poulpe s’étoilèrent soudain devant eux, alors que la créature ressortait de la galerie souterraine pour aboutir dans une nouvelle caverne. Les deux Jedis virent aussitôt sous leurs projecteurs des bancs de poissons s’éparpillent pour fuir le prédateur.

L’Ordre Jedi avait pas ça. Il avait de la guerre dans l’histoire, mais plus depuis un moment. Il pense toujours en termes de paix. Même des gens comme Tavaï, qui étaient des Maîtres d’Armes, abordaient ces choses-là comme un duel. Un art martial. Mais la guerre, c’est pas de l’art : la guerre, c’est de la chair qui brûle. Ces gens-là ont été confrontés à leur propre impuissance. D’un coup. La veille, les meilleurs bretteurs de leur Ordre, le lendemain, tout un monde de boue et d’explosions où la mort est toujours médiocre et absurde. Je me dis que les Chevaliers comme toi et moi, on était préparés à ça. Pas qu’on était plus intelligents ou plus doués, juste qu’on commençait endoloris, alors ça nous a pas surpris d’en ressortir aussi dans la douleur.

Pendant ce temps, la carte tridimensionnelle qu’un petit holoprojecteur affichait sur le tableau de bord commençait à indiquer la bordure d’Apa Seconde. Un tunnel souterrain, formation naturelle à en juger par son irrégularité, conduisait au lac inférieur qui occupait le fond du cratère de l’avant-poste minier. Le sous-marin et la foreuse commencèrent à adopter des trajectoires divergentes.

Ça aurait été plus facile si ça avait été juste une guerre contre les Siths et si de l’autre côté du sabre laser, y avait pas plus souvent des pauvres types qui ont des gosses à la maison et une vie bien eux, et qui se retrouvent là parce que c’est comme ça, ils sont nés sur la mauvaise planète au mauvais moment. Y a pas grand-chose dans le raffinement des tatamis qui préparent à ce genre de trucs.

Dans la version idéalisée que l’on enseignait aux Padawans, le combat contre le Côté Obscur prenait la forme d’une rencontre en tête-à-tête avec un Sith, lame bleue contre lame rouge, dans la pureté des archétypes. La réalité était faite de soldats plus ou moins bien entraînés, qui auraient pu être potiers ou informaticiens, plutôt que de venir se faire trancher la tête.

OK, j’pense que ce sera tout pour Paul.

La créature passa une dernière fois devant eux, toujours suivie de près par son petit, qu’elle enveloppait presque continuellement dans ses propres tentacules, puis elle disparut dans l’obscurité, pour aller y mener le reste de son existence souterraine et mystérieuse. Le sous-marin plongea un petit peu plus profond pour s’engager dans l’ultime galerie et Karm, de son côté, coupa les projecteurs. La discrétion était de mise : il faudrait se fier au système de navigation et à leurs propres sens de Jedis.

Au bout de quelques minutes, il murmura :

La foreuse est en place.

Si personne n’avait repéré l’un de leurs trois groupes, alors il y avait peu de chance que les terroristes fussent préparés à un assaut. L’effet de surprise pouvait être précieux et éviter des combats inutiles.

Les yeux fermés, Karm suivit par la pensée les coudes et les évolutions de la galerie, en glissant des indications brèves et aussi précises que possibles au Chevalier.

C’est bon, finit-il par souffler. On est dans le puits central.
Attanor' T. Obred
Attanor' T. Obred
Messages : 30
Eclats Kyber : 0
Un dernier banc de poissons s’échappa de devant la créature dantesque. L’obscurité des tréfonds, du tunnel fut remplacée par la noirceur d’une paroi, puis enfin d’une cavité gigantesque qui était le puit central. Nous étions proche, très proche, et la foreuse de mit à fonctionner. Dans l’écho aquatique qui nous entourait, le bruit malgré tout étouffé, n’en était pas moins puissant, mais il fallait être de notre côté pour véritablement l’entendre.
Au-delà du mur, il y avait l’inconnu d’une escouade de guerrier aguerris, rompus aux escarmouches et prêts à fuir. En effet, ils savaient que la république allait leur tomber dessus, mais n’avait aucune idée que deux Jedis s’en occuperaient. J’écoutais Karm avec une certaine déférence, bien que je ne fus pas complètement d’accord avec, par attachement à ma planète natale et ses coutumes, ensuite par expérience différente de la guerre.
« La guerre est certes meurtrière, et je reconnais qu’il est injuste que nous croisions parfois le fer avec des hommes qui n’ont pas subi un entrainement aussi rigoureux, seulement, pour moi, les voies de la Force explique ce déséquilibre. La mort répand à larges empans sa destruction sur le monde et nous sommes, malheureusement pour nous, les plus à même de répandre la mort lorsque de simples hommes se retrouvent face à nous. Mais sans nous, ces hommes, qu’ils soient innocents ou non au départ, finiraient par violer les lois cosmiques que nous défendons… »
Un énorme rocher vint s’écraser prêt de notre vaisseau et la foreuse était déjà à mi-chemin de sa destination finale, c’est-à-dire l’autre côté de la paroi. Il faudrait plus de cinq minute, une fois le travail de foraison terminé, pour que nous puissions accéder à la salle des machines dans laquelle les pirates se trouvaient, tous affairaient à rassembler provisions et butins, en vu de s’enfuir vers une autre planète. En somme, nous arrivions in-extremis avant qu’ils sévissent dans un autre endroit, ou du moins qu’ils étendent leur base à un nouveau lieu.
Ces hypothétiques cinq minutes d’expectative, de tension, seraient le moment fatidique où les Anx qui nous accompagnaient, à la surface, se mettraient à faire diversion.
A dos de speeder, les 7 Anx, parcoururent la distance qui les séparait de la base des pirates. Ils purent, au-dessus des eaux, profitaient du paysage de rocailles poreuses qui recouvrait la planète. Ils étaient heureux, comme je l’entendais dans mon ComLink duquel saillaient parfois des cris d’exaltations gutturaux, très propres à leur espèce, et qui ponctuaient le chemin parcouru. Ils finirent par arrivés au cratère qui leur permettrait d’entrer dans la base. Il leur faudrait être très efficace et discret au début. Car deux gardes surveillaient au sommet du précipice que constituait l’entrée de la base. Daedoua, notre expert en infiltration, profita du relief pour grimper au sommet d’une énorme rocher qui jouxtait l’endroit, sans être aperçu et delà, avec son sniper en mauvais état, il élimina l’un des deux gardes qui n’eut pas le temps de crier, mais le bruit alerta l’autre qui allait donner l’alerte en portant son avant-bras devant sa bouche, mais sa gorge ne put émettre aucun son, aussitôt obstruée par le bras puissant de Nado qui lui fit une clef bien sentie.
Puis, ils descendirent en rappel, le plus discrètement possible, sur une l’une des plateformes qui constituait le niveau le plus haut des différentes plateformes superposées qui surplombaient les fonderies, gigantesques tubes métalliques plaçaient ça et là le long du cratère de forme ronde. Delà, ils pouvaient observer le terrain, comptaient les adversaires, ils indiquèrent à Karm et moi, que dans la salle principale dans laquelle nous allions débarquer en fanfare, qu’il y avait trente hommes entrain de charger un vaisseau. Le plus rapidement possible, il faudrait à mes Anx, provoquaient un feu nourri, et si possible, couper toutes voies de retraite au groupuscule terroriste. Si ils parvenaient à faire diversion assez longtemps et signalaient leur présence peu nombreuse assez rapidement, nos adversaires penseraient que nous n’étions pas nombreux. Et nous pourrions alors les encercler. Bien évidemment, je savais que Karm aurait voulu parler tout d’abord, je savais que les méthodes de mes confrères ne permettaient pas de véritablement nous défendre dans ce type de situation.
Autre problème, juchés que mes hommes étaient sur une plateforme, et pour l’instant invisibles, ils ne pouvaient savoir si le reste de la salle conduisait à d’autres galeries, si les 30 hommes en bas ne seraient pas rejoints par une horde vengeresse. En endroit, sur certaines plateformes, des hommes seuls supervisaient l’embarquement, hurlant des ordres et gesticulant avec beaucoup d’emphase. C’était comme un écho des Pau’an et des Utai.
Je regardais un instant Karm. Je savais que sûrement, la décision que nous avions prise, par habitude, de tirer avant de faire fonctionner nos cordes vocales, simplement pour nous permettre un vrai rapport de Force, ne lui plairait peut-être pas. Je le regardais, et fit une moue contrite.
« Nous allons, dans cette conjecture, devoir tirer les premiers. Mes Anx sont en place, à mon signal, lorsque la foreuse s’apprêtera à montrer le bout pointu de son foret de l’autre côté. Mes Anx lanceront des fumigènes et commenceront un feu nourri qui nous permettra de jouer sur l’effet de surprise. Comme tu l’as entendu, un vaisseau trônant au milieu de la salle, est en train d’être chargé. Il nous faut donc agir vite. Je suis navré de n’avoir pas véritablement parlé de nos méthodes, enfin, des manières d’agir que nous avions sur Gravlex med. C’était la guerre contre l’empire. Contre nos ennemis naturels. Il n’y avait pas vraiment de gentils ou de méchants, et les hommes que nous avons éliminés, n’étaient en rien innocent, ou du moins, n’avaient pas le choix de l’innocence. Ce n’est pas qu’aujourd’hui, c’est pareil, mais tu disais toi-même qu’il faudrait leur faire suffisamment peur pour que les hommes en face de nous se rendent… Nous allons devoir…
-Attend, Obred… j’ai une idée... » Dit-Faramos. Il descendit subrepticement d’un étage, et congestionna un homme qui ne faisait que fumer une cigarette en regardant dans le vague. Il eut la chance de ne tomber sur un sous fifre peu rigoureux. L’homme, une fois maîtrisé, Faramos reprit :
« Torr, je vais lancer un Holo récepteur au milieu des hommes, le plus discrètement possible, à mon Signal, vous apparaîtrez tous deux face à eux, et la foreuse apparaîtra sur le mur, vous aurez peut-être 1 minutes de battement pour parler. »
Bientôt, tout était en place. La foreuse était à quelques mètres de son apparition théâtrale et au signal de Faramos, l’Holo récepteur glissait entre les hommes puis s’allumait pour nous faire voir les hommes, surpris de notre apparition éléctrique et bleutée. Je laissais à Karm la parole. Une fois qu’il aurait fini, je donnerai le signal à mes hommes de tirer et faire diversion. Stratégie basique de prise en tenaille s’il en est.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
C’est quand les justes cessent d’emprunter le chemin étroit de la compassion qu’il cesse d’y avoir des gentils et des méchants, répondit Karm.

Leur Ordre était une religion et la religion avait ses impératifs. Quelque chose dans le discours de son camarade du jour semblait suggérer que le Chevalier s’était laissé happer par la violence complexe d’un conflit qui mettait les idéaux à rude épreuve et tentait de les ramener aux compromis innombrables du pragmatisme. Il aurait été difficile de le lui reprocher.

Heureusement que les blasters modernes peuvent être réglés en mode non létal, conclut-il donc.

Pour les sabres lasers, évidemment, c’était une autre histoire : la violence irrépressible de leur arme traditionnelle les incitait à des sobres réflexions.

D’un hochement de tête, Karm approuva le plan proposé par Faramos, auquel il rajouta :

Pendant l’assaut…

(En voilà un qui malgré tout n’était pas très optimiste sur les chances de pourparlers.)

… je gagnerai leur vaisseau pour le mettre hors d’état de voler. Ils auront peut-être des voies souterraines pour se replier à l’intérieur de la roche, mais au moins, on pourra les prendre en chasse.

Tout le monde tombait évidemment d’accord sur la nécessité d’empêcher leurs proies de prendre leur envol.

Quelques secondes plus tard, l’holoprojecteur affichait l’image de Karm.

Vous savez qui je suis, débuta le jeune Maître de but en blanc. Vous savez que celle qui vous a entraînés m’a formé avant vous. Vous savez que je l’ai arrêté. La violence n’est pas une fatalité. Votre situation n’est pas une prison. Acceptez la main que…

Un tir de blaster du chef de la bande grilla l’holoprojecteur pour mettre un terme brutal à ce laïus. Karm esquissa une moue déçue.

Ouais, bon, ben voilà pour la négociation, hein…

L’homme qui avait tiré se retourna vers ses complices et donna l’ordre d’interrompre les opérations de chargement pour évacuer le plus rapidement possible. Aussitôt, un déluge de tirs de blaster s’abattit dans le hangar suivi, après quelques instants, par le fracas de la foreuse dont la tête rotative pulvérisa l’une des parois en provoquant une avalanche de rochers.

La paroi de la foreuse s’ouvrit et les deux Jedis en bondirent. Malgré leur situation presque désespérée, les brigands paraissaient épargnés par la confusion. Pas un n’avait songé à se rendre, pas un ne tentait de prendre la fuite au mépris des besoins du groupe. C’était comme une phalange militaire bien entraînée et bien ordonnée, qui se repliait stratégiquement non vers le vaisseau, mais vers une galerie métallique qui s’enfonçait dans les profondeurs du complexe minier.

Karm se dit qu’ils devaient craindre un barrage aérien et, dans de telles circonstances, tenter de s’enfuir par les airs eût été en effet suicidaire.

Explosifs, lança l’une des voix du commanda ! Explosifs !

L’un des shotos de Karm fendit les airs à toute vitesse, guidé par la télékinésie, propulsé vers l’homme que les autres pirates étaient en train de couvrir méthodiquement, parce qu’il tenait un petit boîtier à la main. L’artificier eut à peine le temps de presser l’un des trois interrupteurs avant que sa main sectionnée ne tombe au sol.

Le cri de douleur fut noyé dans l’explosion. Au plafond rocheux, des charges stratégiquement placées venaient de détonner et de larges pans de pierre tombèrent dans une pluie minérale. Karm fit un bond pour se plaquer contre le mur, en tentant de s’entourer d’un champ de Force, avec un succès fort relatif. Fort heureusement, ce fut surtout la partie centrale qui fut affectée : l’éboulement s’était abattu sur le vaisseau, les caisses de transport et le reste du matériel.

Désormais, une montagne de débris rocheux barrait les tirs des Anx et les deux Jedis eux-mêmes durent l’escalader pour parvenir de l’autre côté. Le groupe de terroristes avait commencé à s’engouffrer dans la galerie. Quelques-uns gisaient malgré tout en chemin, balayés par l’assaut.

Le boîtier, cria le chef ! Qui a le boîtier ?

Le regard de Karm se posa aussitôt sur le détonateur au sol. Celui d’une jeune femme à cheveux courts, en tenue militaire aussi. Elle s’élança. Le Gardien, comptant sur son confrère pour le couvrir, se concentra et tendit la main. Elle courut aussi vite qu’elle put mais l’objet se mit à vibrer avant de s’envoler pour se loger dans la paume du Jedi. Pour couvrir la retraite de leur camarade en sens inverse, les pirates se mirent à tirer au petit bonheur la chance.

Mais le Jedi bondit dans l’arène. Son sabre virevoltait à toute vitesse, pour cueillir les tirs de blaster qui convergeaient dans sa direction. L’un d’entre eux, habilement redirigé, vint faucher les jambes de la fuyarde. Comme la retraite d’une partie des assiégés paraissait inévitable, Karm voulait se conserver une informatrice. Au cas où les hommes déjà abattus ne survivent pas à leurs blessures.

Quelques secondes plus tard, quand les hommes d’Attanor’ émergèrent du flanc de l’éboulement, les pirates rescapés avaient disparu dans les profondeurs peut-être elles aussi piégées de la mine abandonnée.
Attanor' T. Obred
Attanor' T. Obred
Messages : 30
Eclats Kyber : 0
A peine Karm eut-il commencé à parler que déjà la communication se coupait brusquement. J’avais cru pendant un instant que les propos de Karm dans la station où les Pau’ans s’affairaient, suffirait à changer la donne. Mais c’était sans compter le travail de Tavai dans leurs esprits belliqueux. Ces hommes n’étaient pas de simples pirates, ou d’anciens soldats à la dérive d’un vétuste positionnement militaire, non, ils étaient des armes politiques. Des hommes dont les croyances les avaient menés dans les tréfonds de la bataille pendant des années. Certains d’entre eux étaient des souffifres, d’autres étaient des vétérans bien entra$înés et toujours prêt pour le combat. Ils n’avaient certes pas miné l’ensemble des galeries que nous avions traversées, probablement parce qu’ils savaient que cela serait dangereux pour eux, ou parce que comme je pourrais le penser plus tard, ils n’étaient pas de simples renégats, mais des guerriers honorables. Par malchance, ils étaient tombés sur Karm Torr dont la hargne et la ferveur me firent pâlir lorsque je le vis se jeter dans la bataille sans réfléchir un instant.
Ce qui me surprit le plus dans la mélée qui aussitôt se créa autour de nous, fut que les hommes que Karm nous avait décrits n’étaient aucunement surpris, aucunement perclus par la peur, mais au contraire, agissaient méthodiquement, très clairement préparés à l’éventualité d’une telle attaque. Je ne pus que protéger les arrières de mon nouvel ami, c’était en soi l’une de mes spécialités. Cependant mon expertise en matière de bataille se découvrirait plus tard. Tandis que Karm faisait tout pour empêcher les renégats d’activer une bombe qui effacerait leurs traces, je frappai avec précision les tirs qui convergeaient sur nous. La forme Soresu dans laquelle j’avais une certaine expérience, me permit de protéger mon confrère le temps qu’il empêche l’explosion finale qui nous aurait surement fauché.
Mes Anx, eux, étaient encore descendus d’un étage à mesure que les feux de blasters se faisaient plus nombreux et dangereux pour nous, et eux, par la même, ils tentaient de les prendre en tenaille. Ils contournèrent à toute vitesse l’éboulement subi. Une fois que la plupart des fuyards s’approchait du tunnel de leur escapade, les feux n’étaient plus croisés, ils n’étaient plus pris au piège et avaient leste pour courir à toute vitesse, blaster tendus vers l’arrière, tirant à l’aveuglette. Un tir passa prêt de ma tête et vint se loger dans l’épaule de Daedoua, dont l’armure ne put empêcher complètement les dégâts de le blesser durement. Cet évènement que je sentis arriver dans mon dos, puis les anx se logeaient progressivement dans mon dos, me fit réagir durement. Daedoua vacillait, et j’hurlai dans leur langue gutturale et étrange, les seuls mots que nous avions décidé pour communiquer nos stratégies en matière de bataille.
« Etu Kruuot ! »
Aussitôt les Anx, mis à part daedoua qui s’appuya sur l’un de ses camarades pour continuer à tirer d’une main. Je baissai légèrement mon sabre pour me concentrer, les derniers fuyards allaient s’engouffrer dans le tunnel, tandis que Karm immobilisait sa cible. C’est alors qu’on entendit un cri différent des autres. L’un des fuyards se retourna, suivis de deux autres. Ils l’avaient décidé. Ils allaient nous empêcher de suivre le gros du groupe en sacrifiant leurs derniers tirs qui s’élancèrent droit sur Karm à quelques pas devant nous. Un rempart de force vint arrêter les tirs à la volée. Les hommes surpris par un pouvoir qu’ils ne durent voir que de rares fois, voulurent se retourner à nouveau, s’enfuir pour leur vie. A peine s’étaient-ils retournés que je m’élançais à leur poursuite, sabre quasiment bas, passant devant Karm.

« Etu Sard ! »
Hurlai je en poursuivant les sacrifiés, derrière moi, mes Anx se mirent à tirer, bas, très bas, pour faucher les pieds et les rotules. L’un des hommes s’écroula touché dans l’arrière train, et les deux autres, eux, passèrent dans les mailles du filet. Du moins, c’est ce que fut leur espoir. Après avoir activé le rempart de Force, comme si j’avais accumulé l’énergie des tirs précédents, je relachai la pression et effectuai un choc étourdissant qui allait les faire tomber dans leur route. Nous avions, sur la trentaine d’homme put en capturer quatre et la traque ne faisait que commencer.
Daedoua s’écroula sur le côté, tandis que les derniers bruits de pas dans les ténèbres se faisaient moins audibles. Je me tournai vers Karm et mes hommes, le sabre pointé sur les prisonniers qui somnolaient encore. Mon regard, les yeux écarquillés, n’exprimait pas le calme limpide d’un jedi, mais, presque injectés de sang, ils irradiaient d’une sorte de fureur calme, celle d’un Korun’ sur le champ de bataille. Je laissai à Karm le choix et les mots pour les prisonniers.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Comme Attanor’ avait semblé tout à fait de taille à capturer quelques prisonniers, Karm avait fait quelques pas de côté pour dégainer la carte fournie par les autorités d’Utapau. Une étude rapide de la disposition des anciens tunnels miniers lui confirma qu’ils n’auraient pas le luxe d’attendre pour interroger leurs captifs : plusieurs sorties s’offraient aux fuyards et il était hors de question de leur laisser prendre trop d’avance.

OK. C’est un bon début, compte tenu de la situation. Peu probable qu’ils aient d’autres vaisseaux de transport pour quitter la planète. Attanor’…

Le Maître Jedi eut un infime temps d’arrêt en observant l’expression de son confrère. C’était une colère qu’il avait parfois sur les champs de bataille, un témoignage préoccupant de la fragilité de l’enseignement des Temples, dans une galaxie déchirée par la guerre.

… je te laisse choisir qui de tes coéquipiers est le plus indiqué, poursuivit-il néanmoins avec son flegme habituel, pour protéger le blessé et garder les prisonniers. ‘Seront sans doute à l’avenir une précieuse source d’infos, mais pour l’heure, pas le temps de prendre le thé : c’est atelier spéléologie.

Quelques minutes plus tard, ils s’enfonçaient dans les galeries de l’ancienne mine. L’explorateur ne craignait pas nécessairement de nouveaux pièges. Dans la Bordure Extérieure, pour un groupe de rebelles, les explosifs étaient un équipement précieux. Karm aurait été surpris de découvrir que ces pirates avaient dilapidé leur stock en minant préventivement tout un réseau tentaculaire de tunnels théoriquement désaffectés.

Les galeries semi-circulaires traversaient la roche avec une régularité géométrique qui en disait long sur l’expertise de la civilisation utapienne en la matière. La mine était épuisée depuis de nombreuses années déjà, et pourtant, toute l’installation demeurait en excellent état, preuve de l’excellence des ingénieurs locaux. Des lumières incrustées au plafond à intervalles réguliers diffusaient une lumière blafarde dans des couloirs rocheux rectilignes qui se rencontraient à un angle droit, à la façon des rues de l’une de ces villes nouvelles qui sortaient de terre avec un respect fidèle des plans orthogonaux de l’urbaniste.

L’explorateur effleura du bout des doigts de petits disques métalliques enfoncés à mi-hauteur dans la pierre.

Des suspenseurs magnétiques, commenta-t-il.

On se dispensait ainsi de rails pour faire circuler les wagons de minerai qui voyageaient en lévitation dans les couloirs de la mine. La plupart des suspenseurs avaient été récupérés quand les opérations avaient été abandonnées, mais certains, probablement hors d’usage, témoignaient encore de l’ancienne industrie qui avait jadis animé ces profondeurs.

Pas un seul instant Karm ne parut hésiter sur la direction à emprunter. À chaque croisement, il bifurquait d’un pas décidé, guidé par une intuition surnaturelle, qui confirmait les rumeurs sur ses dons de voyance et de scrutation. Il percevait sans peine la présence désordonnée et tumultueuse de la troupe qui fuyait à travers les mines.

’Tendez, chuchota-t-il brusquement.

Ses paupières se fermèrent un instant, le temps pour lui de se concentrer, et il commenta en même temps dans un murmure :

I’ sont en train de se séparer. Deux groupes. Un petit qui s’enfonce vers l’intérieur des mines…

Il rouvrit les yeux pour jeter un œil à la carte sur son datapad.

Peut-être vers l’une des cavernes artificielles du centre. Le gros de la troupe continue à remonter vers la sortie proche de la surface.

Il y avait quelque chose de désespéré dans cette fuite, car que feraient-ils une fois sur la surface inhospitalière de la planète ? Tenter la traversée à pied jusqu’à la ville la plus proche, où ils auraient le mince espoir de se rendre maître d’un vaisseau ? Mais il y avait du danger dans la détermination des gens acculés.

Probablement une dissension sur la marche à suivre en leur sein, conclut-il. La situation est pas des masses enviables, certains doivent se montrer plus raisonnables que d’autres et espérer se cacher le temps que ça se tasse. Probablement qu’ils seront relativement disposés à se rendre à partir de là. Attanor’, si certains de tes hommes peuvent les cueillir, p’têt… ? J’pense que toi et moi, on aura déjà fort à faire avec les plus obstinés.

Le fait que quelques-uns des rebelles se soient déjà sacrifiés pour la cause en disait long sur les extrémités auxquelles les autres seraient prêts. Karm craignait surtout les fusillades suicidaires dans les galeries encombrées, même si pour eux, c’était tactiquement l’issue la plus favorable : entre l’adresse au Soresu de son camarade et sa propre maîtrise du Djem So, ils pouvaient facilement prendre l’avantage dans ces endroits fermés.

Karm tira de son sac un drôle de bloc noir. Quelques secondes plus tard, les milliers de petits cubes modulaires de la chose étaient composés se réangencèrent pour prendre la forme d’une araignée mécanique.

Fugueur, dit-il aux Anx sélectionnés par le Chevalier. Ma sonde d’exploration. J’vous la confie, vous pouvez l’envoyer en reconnaissance devant vous et recevoir ses relevés sur vos interfaces. Ça vous permettra de savoir où vous mettez les pieds.

Pour leur part, ils se reposeraient sur la Force.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn