Thann Sîdh
Thann Sîdh
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21.576, 2nd semestre • Enclave de Dantooïne, spatioport.

#Seïid Qiik

« Alors, qu’est-ce que tu en penses ? La Padawane se présenta face à sa compagne, les bras en T, puis tourna sur elle-même pour présenter sa nouvelle tenue sous toutes ses coutures.. La Miraluka ne pouvait s’arrêter de sourire. Elle se percevait, à chaque instant, et ce qu’elle percevait lui plaisait. L’enquête menée auprès du Chevalier Kayan avait connu une fin amère mais pût-il en être autrement ? Elle ne doutait pas que si le Chevalier O’Syl avait dû retrouver Kolin, les deux eussent déjà été de retour depuis des mois. Pourtant la piste avait pu être remontée, un peu, et des certitudes établies. Savoir ce qu’il n’était pas arrivé était parfois aussi important que savoir ce qui était arrivé… Du moins est-ce ainsi qu’on lui avait présenté et ainsi qu’elle avait essayé de se consoler. Leur rapport remis, les deux enquêteurs avaient été convoqués par le Conseil et à la sortie de la rencontre, des félicitations avaient été remises de même que quelques marques de la reconnaissance des sages de l’Ordre. Ce qu’elle portait à cet instant faisait partie de ces distinctions. – Tu as l’air d’un baby-Karm. Mais j’imagine que du coup, c’est un compliment non ? » Thann se contenta de rire, trop heureuse pour répondre à cette taquinerie d’une audace sans nom. Et ce n’était pas tout. Depuis des mois, B0-UT avait montré des signes inquiétants de défaillances mécaniques. Le Conseil lui avait offert de répondre à un de ses vœux. Celui-ci avait été exaucé et, avec une joie intense, elle avait terminé la veille au soir d’œuvrer. – Ma chère Seiïd, plutôt que de faire preuve de mauvaise esprit, es-tu es prête à accueillir mon nouvel acolyte ? – Faites donc, ma tendre, faites donc ! – Bouteboute ! C’est à toi de venir montrer ta nouvelle tenue ! »

La Padawane, trop heureuse de préparer la surprise, avait demandé à son compagnon de toujours de se cacher dans un coin du placard de sa salle d’eau. Elle exulta lorsqu’elle vit les yeux de Seïid s’écarquiller en découvrant le nouveau B0-UT. « T’es pas sérieuse, Thann, la vache ! C’est toi qui a fait ça ? – Toute la mécanique, oui. Mais j’ai été aidée par le Maître Ste Veh-Jobs pour les problèmes mémoires et logiciels. Et attends, attends ! Elle laissa planer un suspens tout sourire jusqu’à ce que la Togruta la pressât de poursuivre d’un geste impatient de la main. – Bouteboute, dis bonjour à Seïid. » – Bonjour, Chevalier Qiick. Je suis heureux de pouvoir enfin communiquer avec vous. – Hhhaannnn ! Bouteboute ! Tu parles ! Tu parles ! – Pour être tout à fait exact, j’ai toujours su m’exprimer. Simplement, aujourd’hui, vous êtes à même de me comprendre. – Et il a le même humour de nul que toi ! Incroyable ! » La jeune mécanicienne applaudit en laissant exploser sa joie. Depuis qu’on le lui avait permis, elle avait passé de longue heure à travailler à ce nouveau corps qui serait celui de son droïde. Elle jubilait d’autant plus qu’elle savait réserver encore à Seïid une surprise. – Bouteboute, montre-lui ta station d’opération ! – Avec plaisir, Thann. » Aussitôt, le fond du droïde s’ouvrit et laissa apparaître un petit écran, tout le nécessaire pour transmettre une communication en terme de capture d’image et de son ainsi que de petits bras, toujours utile à tout droïde qui se respecte. – Où que je sois, quoi que je fasse, je serais toujours en contact avec toi. » Aux sourires et aux rires se mêlèrent de tendres baisers. Leur relation continuait de se faire plus profonde et les deux amantes s’étaient aperçues bien vite que si acceptaient de devoir se séparer avait été une évidence indiscutable, l’absence de l’autre n’en restait pas moins pesante.

🌿

« Le vaisseau du Chevalier Obred vient de communiquer son immatriculation à l’astroport, Thann. Il est à l’heure et si vous partez maintenant, vous aurez un peu d’avance. – Merci, Boute. Je suis prête depuis un moment, de toute façon. » La Miraluka abandonna le datapad sur lequel elle travaillait depuis un moment sur son bureau. Dessus, les informations que l’Ordre laissait disponible sur les actions du Chevalier qu’elle allait accueillir. Son maître lui avait appris à cultiver les relations atypiques, dignes d’intérêts. Lorsqu’on l’avait chargé d’organiser un cours pour les adolescents de l’Enclave concernant les tactiques de combat et la self-défense en l’absence de Maître Karm, elle avait immédiatement appliqué ses conseils et cherché un chevalier peu orthodoxe par sa renommée au sein de l’ordre. Son confrère, Attanor' T. Obred, lui avait semblé correspondre à ses critères d’originalité. Le contact s’était fait par holomessage, une occasion comme une autre d’essayer les nouvelles fonctionnalités de B0-UT, et si la tâche n’avait pas semblé ravir le Chevalier, du moins n’avait-il pas opposé de fin de non-recevoir à sa demande. Sa seule exigence avait été d’être accompagné de deux compagnons, des Anx, que Thann s’était aussitôt fait une joie de convier également avant de se renseigner rapidement sur leur espèce.

La Padawane prenait ses nouvelles responsabilités avec sérieux et gagnait une forme d’aisance dans la gestion de ce genre de devoir. Depuis vingt minutes déjà, les cheveux noués dans un chignon simple dont rien ne dépassait, sa visière sur le visage, sa tenue impeccable, elle attendait que l’heure vienne à elle. Elle avait elle-même travaillée le cuir et les patrons de ce qu’elle considérait à présent comme l’une de ses principales tenues de travail. Mise à part quelques renforts ici et là, de nombreuses poches et une solide paire de gants, elle n’avait rien de particulier. Pour les couleurs, elle avait fait confiance à sa compagne qui lui avait assuré avoir fait dans une certaine sobriété. Elle progressait, certainement. Elle espérait continuer de le faire au cours de ces trois longues semaines durant lesquelles elle se retrouverait à enseigner aux côtés du Chevalier.

Ses pas, sûrs du chemin à suivre, l’amenèrent rapidement à la plate-forme que lui avait indiquée son assistant, lequel flottait tranquillement derrière elle. Quelques minutes passèrent avant que le vaisseau ne fut à portée de sa perception et elle attendit tranquillement qu’il se posât et dévoilât ses passagers auxquels elle adressa immédiatement un franc sourire. Comme convenu, ils étaient trois à se présenter à elle. Tandis qu’il s’arrêtait devant elle, elle s’inclina sobrement et procéda aux présentations attendues. « Chevalier Obred, Monsieur Elta, Monsieur Flibux, je vous souhaite la bienvenue au sein de la toute jeune enclave Jedi de Dantooïne. Je suis la Padawane Thann Sîdh, nous avons déjà eu le plaisir d’échanger ensemble, et voici mon assistant, B0-UT. Votre voyage a-t-il été agréable ? » Sitôt que les mondanités seraient expédiées, il faudrait songer à faire visiter l’enclave à ses hôtes, à leur présenter leurs chambres, les laisser s’installer, puis leur proposer le repas, en terrasse, pour discuter de l’organisation des semaines à venir.
Attanor' T. Obred
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Il y a quelques jours déjà, j’avais reçu plusieurs messages urgents d’une Padawane nommée Thann Sidh, me conviant sur Dantooïne, la nouvelle enclave de l’Ordre, pour y donner des cours, semble-t-il. Je dois vous avouer que s’il ne fut Elta et Flibux qui ne purent s’empêcher de me demander d’accepter et dont les origines respectives faisaient d’eux des anciens membres de l’Educorp et du Medcorp, j’aurais refusé l’invitation. Ayant pendant longtemps accompagné ma personne sur le champ de bataille, ils avaient été heureux de retrouver Ondéron, et l'occasion de visiter l'enclave de Dantooïne les galvanisait. Elta et Flibux étaient les seuls humains qui m’accompagnaient en réalité, tous les autres, étaient des Anx.
« Allez ! Attanor’, laisse-nous au moins voir la nouvelle enclave ! » fit Elta dont les cheveux blonds, grisonnants par endroits s’agitaient d’excitation. Elta, une humaine de quelques années mon ainée agissait aujourd’hui comme une enfant faisant un caprice… Je ne répondis, oui, qu’après que Flibux s’y soit mis également. Tout ceci m’exaspérait au plus haut point… au bout d’une heure ils me faisaient céder… Nous organisâmes donc un trajet jusqu’à Dantooïne, le surlendemain…
Vêtus légers pour être cohérents avec le climat de la planète, accompagnés par deux Anx qui s’étaient portés volontaires et qui avaient envie de changer de planète depuis déjà un moment, Elta, Flibux et moi partîmes avec quelques affaires dans nos valises, montant dans notre cargo mal en point et faisant un bruit de carlingue abominable à chaque atterrissage. En effet, durant tout le voyage, je fis la moue, la gueule, comme qui dirait, sachant que c’était à moi de porter la responsabilité des cours, tandis que mes acolytes feraient du tourisme. Ou du moins, c’était ce que je pensais…
En fait, j’imaginais que ces cours seraient inintéréssants au possible, qu’ils ne prendraient qu’une semaine, mais je ne savais pas que j’allais peut-être apprécier ce séjour sur Dantooïne. Nous arrivâmes bientôt en orbite de la planète et le spatioport nous attribua une plateforme proche du temple. Habillé de mon armure servomoteur et d' un trench-coat brun semblable à une bure de padawan, je ne m’attendais pas à tomber sur un tel climat idyllique. La Padawane Sidh qui devait nous accueillir et nous présenter les lieux, nous attendait directement à la sortie du cargo. A peine les portes s’étaient-elles baissées que déjà, elle nous accueillait d’un sourire de trois quarts de long, qui s’effaça aussitôt dans une légère révérence très formelle et continua par les présentations.

« Monsieur ? » S’enquit Elta, vexée, d’avoir été prise pour un homme. Je ne pus m’empêcher de sourire devant ce quiproquo très à propos, petite vengeance en somme, d’un départ et d’un voyage que je ne souhaitais pas au début. Si nous étions bien trois à sortir, les deux Anx, Partokle et Faramos, restèrent en arrière, timidement assis dans le cargo qui avait été aménagé pour déplacer la totalité du bataillon que nous formions alors. J’observais, un instant, la Padawane après avoir regardé Elta un petit rictus aux lèvres. Elle était bien habillée, un petit droïde gravitait derrière d’elle, B0-UT était son matricule. Je fis un signe de tête à la Miraluka, dont je n’avais pas imaginé l’espèce, d’ailleurs.
Elta et flibux étaient très excités par ce voyage, en effet, cela faisait presque deux ans que nous n’avions pas quitté Ondéron, et qu’une routine de fer s’était installée. Je décidai de répondre le plus brièvement possible aux politesses de la Padawane. L’inflexion de ma voix contenait légèrement, cette dose d’irritabilité que justifiait la situation. Ma voix résonna dans l’air comme à son habitude, frappante par ses notes graves et sa tonalité presque dénuée de toute joie ou tentative de sympathie. Les deux mains jointes dans le dos, je ne savais trop s’il fallait lui sourire en retour, chose dont je n’avais pas l’habitude, et qui risquait de m’irriter quelque peu. Mais visiblement, je devrais composer avec cette Miraluka.
« Merci. »
Elta me regarda un instant de côté, puis regarda la Miraluka, puis me regarda à nouveau. Elle me donna un coup de coude discret dans le côté gauche, sachant qu’elle se tenait de ce côté-là. Elle voulait m’inciter à être plus expansif dans le choix de mes mots, et sûrement à ce que je demande à visiter les lieux, chose dont rêvaient mes deux compères et dont ils m’avaient abondamment parlé durant le voyage.
« Hm… Visiter… Pouvez-vous nous faire visiter ? »
L'inflexion de ma voix, mes yeux qui partirent vers le haut tandis que je parlais, auraient pu être pris pour une sorte de timidité, mais c'était surtout de l'exaspération. Je finissais par regarder la Miraluka et son habillement, elle était particulièrement bien apprêtée, son armure aux couleurs d'un gris proche du blanc était fort à propos et soulignait une volonté de se battre ou d'exceller dans le combat. Sur son visage, une visière luminescente cachait ses yeux et ses cheveux attachés en un chignon impeccable soulignaient son désir de ne pas déroger aux formes, autant que son salut très académique. Je me doutais que si le conseil lui avait donné la responsabilité d'un cours, c'est qu'elle devait détenir un certain pouvoir, donc, elle piquât ma curiosité

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Thann Sîdh
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Un vent glacial souffla l’accueil chaleureux de la Padawane Sîdh qui crut, un instant, avoir manqué à son devoir. Cependant, le caractère martial de son interlocuteur avait largement transparu dans l’ensemble des documents qu’elle avait pu consulter ainsi que dans le discours des quelques Chevaliers qu’elle avait consultés afin de préparer au mieux sa venue. Elle ne s’en formalisa pas, espérant que les semaines à venir et son sérieux sauraient prêcher pour elle dans les semaines à venir. Quant au roulement d’œil du Gardien, elle ne le remarqua que grâce à sa visière. Elle ne s’en affecta pas davantage, elle avait connu des premières rencontres autrement plus désagréables.

« Si vous voulez bien me suivre, je vous montrerai avec plaisir ce à quoi nous avons œuvré ici. » L’astroport, puisqu’il avait été conçu pour s’inscrire également dans le tissu urbain déjà présent, se tenait un peu à l’écart de la structure proprement dites de l’Enclave. Thann se dirigea d’un pas décidé, mais non pressé. Elle dépassa un bouquet d’arbre, et soudain, l’imposante structure perça la ligne d’horizon ainsi dégagé.

La nouvelle Enclave Jedi de Dantooïne:

Alors qu’elle progressait, Thann commença à présenter le projet et les enjeux de la réimplantation des Jedi sur Dantooïne. « L’ensemble de la structure a été pensée pour s’intégrer harmonieusement dans le terrain mais aussi dans la tissu urbain et industriel préexistant. Les autorités locales et le Conseil Jedi ont longuement réfléchi au meilleur site et il est apparu que celui-ci multiplier assez efficacement les avantages, notamment les questions logistiques de transports avec la possibilité de choisir entre le terrestre, l’aérien et le naval. Entre autres, le caractère encore relativement sauvage de cette région, finalement assez peu peuplée, nécessité une présence sur place d’éléments sécurisants. Nous avons donc travaillé, avec les colons à rendre les alentours nettement moins hostiles qui n’ont été, cherchant à ménager la possibilité d’une symbiose de l’ensemble plutôt que la destruction irréfléchie des espèces locales qu’il fallait déplacées. Elle laissa un instant de pause, puis leva le bras pour désigner l’une des plus hautes tours de l’ensemble. – Le bâtiment principal accueil le cercle d’organisation. Nous insistons pour que l’Enclave ne soit pas prise à tort pour un Temple, à l’exemple de celui d’Ondéron, il est autant une structure civile que Jedi. Toutes les décisions sont prises avec la participation active des citoyens de Rainë, la cité jumelée avec l’Enclave, que vous avez certainement aperçu en survolant lors de votre atterrissage, et à dire vrai, tout est mis en œuvre afin qu’aucune frontière n’existe entre les deux structures.

L’Enclave de Dantooïne a été pensée comme un lieu d’échanges et de partages des savoirs, un lieu de rencontres, d’apprentissage, de réflexion collective et de découverte. Toutes nos équipes sont toujours mixtes et mêlent les savoirs-faires Jedis et civils. Nous collaborerons, d’ailleurs, avec la chef de la Sécurité, Jane Shepard, qui tient à s’excuser de ne pouvoir vos accueillir à mes côtés – elle est actuellement retenue par ses obligations et nous rejoindra pour le repas de midi.

De fait, comme je vous l’avais mentionné dans nos précédents échanges, nous enseignerons à une classe d’adolescents, aux alentours de la quinzaine, lesquels compteront dans leur rang des Padawans, bien sûr, mais aussi des enfants de Rainë. L’enseignement religieux et spirituel est facultatif, dans notre structure, et tend davantage à l’histoire de la pensée Jedi et à la philosophie ; nous sommes soucieux que chacun puisse à développer sa propre spiritualité, sa propre conception des codes de notre Ordre sans se sentir condamné, surveillé ou désapprouvé d’une façon ou d’une autre. »


Le groupe continuait d’avancer vers l’Enclave proprement dite. Déjà, de là où ils étaient, ils pouvaient constater aisément que l’ensemble des bâtiments étaient un maillage complexe de jardin, de cours, de fontaines, de canaux. C’était aussi un lieu de vie dans lequel évoluait une foule bigarrée où, de façon surprenante, on n’apercevait que peu de bures et de signes distinctifs. « Nous allons, si vous le voulez bien, progressez jusqu’à la grande esplanade. De là, je pourrai plus aisément vous faire découvrir les lieux. Peut-être avez-vous déjà des questions ? » Un léger sourire sur son visage. Il était assez clair que la Padawane était heureuse des résultats obtenus dans cette expérience profondément singulière. Elle n’avait pas cité le rôle qu’elle avait joué dans l’érection de cet ensemble monumental, ni le rôle encore plus important de son maître. Elle n’en tirait pas de fierté, simplement de la joie. De la joie d’avoir pu, sûrement, poser une pierre nouvelle dans l’histoire de l’Ordre et de son rapport au monde.
Attanor' T. Obred
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Le sourire de la Padawane disparut dans une posture sérieuse qui, si elle n’eut une visière, aurait transparue également sur son front. Je préférais cela plutôt qu’un franc sourire. Un sourire peut être la marque d’une joie intérieure, ou la marque d’une hypocrite défense de son intériorité, ou de bien d’autres choses encore, mais pour une première rencontre, un trop large sourire peut également cacher des intentions bien moins louables. Ce n’était pas que je me méfiais d’elle, franchement, je ne la connaissais pas et j’apprendrai par la suite à apprécier sa personnalité. Mais pour moi un sourire est aussi une preuve d'insouciance.
Elle nous prévint du début de notre visite de l’enclave et partit d’un pas leste, sans pour autant nous distancer. Nous la suivîmes du mieux que nous pûmes, occupés que nous étions à observer les différences qui existaient entre les arbres d’Ondéron et la flore abondante et chatoyante de Dantooïne. Flibux et Elta s’extasiaient franchement devant le soleil nettement moins blafard que sur notre campement de fortune organisé près du temple ondéronien. Il n’y eut que quelques enjambées pour que perçât la structure de l’enclave, légèrement au-dessus des arbres, comme pour en effectuer le prolongement, avec cette attitude architectonique qui pourrait aussi se résumer en une légère volonté de cacher la richesse de l’endroit. Les bâtiments étaient faits d’une matière que je ne reconnus pas et leurs agencements, très stylisés, n’avaient rien de guerrier et s’éloignaient largement du militaire, ce que confirma la description de Sidh. Elle expliquait les choses avec un regard ou plutôt une perspective si détaillée et pleine de proximité, qu’on eut dit qu’elle avait œuvré avec tous les autres architectes et conseillers à la construction de ce lieu idyllique, ou bien, elle répétait un cours d'histoire du lieu naissant. En effet, les longues tiges qui finissaient les bâtiments et que j’ai décrit comme prolongement des arbres, semblaient autant de tentative d’exprimer une philosophie de paix dans laquelle je me retrouvais aussitôt plongé. Et, je dois même ajouter, que pendant de brèves secondes, moi aussi, je m’émerveillais de ces formes élancées. L’on ne pouvait encore apercevoir clairement la base des bâtiments et les affairements du spatioport bridaient légèrement les musiques environnantes de la faune et de la flore locale. Nous pûmes cependant apercevoir le lac qui bordait la dense forêt, cachette symbolique de l’enclave. Cette étendue d’eau dont l’ondulation perpétuelle harmonisait les couleurs profondes de son fond me parut propice à des exercices de respirations, mais ce ne fut qu’une brève idée, qui allait peut-être devenir quelque chose par la suite. « Symbiose », aussitôt, ce mot me fit un effet désagréable, mais je ne sus vraiment dire pourquoi. Peut-être était-ce le fait que d’une certaine manière, dans ma vision du monde, la Force, certes symbiotique, n’offre pas toujours une paix indubitable, et que pour moi la symbiose existe autant dans des manifestations pacifiques que dans la guerre pure et dure.
Nous nous engouffrâmes dans la dense forêt pour atteindre l’enclave, l’obscurité se fit autour de nous, clairsemée par la lumière d’un soleil haut dans le ciel qui surinait les feuillages de ses rayons. Les sons de la faune nous englobèrent tout entier. Et dans le discours de Thann Sidh, l’on comprenait pourquoi autant de bruits tout d’un coup se faisaient entendre. L’enclave était, dans un sens, à mes yeux, exclusivement tournée vers des idées progressistes et pacificatrices, autant d’idées loin de l’adage qui sied le mieux à ce qui me définissait : « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Donc, me dis-je, j’étais peut-être mal tombé…

Pourquoi ? Parce que. Parce que c’était me sortir de mon entraînement quotidien, parce que c’était m’obliger à entrer dans une routine différente de la mienne et de mes objectifs de vie. Allais-je pouvoir faire comprendre à cet endroit plein de beauté, dont les murs que nous approchions suintés de grâce, de douceur et de méditation, qui j’étais ? Vous le savez peut-être, mais la méditation est une catégorie très difficile pour moi, j’ai le sang bouillant à chaque instant. Bien que je m’émerveillasse, pas à la même mesure que mes amis, je pressentais dans le discours de la chère Padawane, que d’une certaine manière, ce serait peut-être à moi de me sentir emprisonner dans les conceptions qui avaient dressé l’ensemble impressionnant que constituait l’enclave. Des jardins magnifiques apparurent avec leurs plantes locales aux couleurs diaprées, des agencements de fontaines dont le bruissement aquatique avait quelque chose d’apaisant, des badauds circulants dans les ruelles, artères pulsantes entre les bâtiments, des enfants pris à jouer avec un ballon lévitant au-dessus du sol. Où étaient les traces de la guerre dans ce tableau d’osmose ?

Nous arrivâmes près d’une large esplanade dallée de marbres blancs où s’érigeaient des sculptures abstraites de formes étranges qu’entouraient des parterres de fleurs. Toutes traces de conflits semblaient effacées. Mais qu’est-ce que je foutais là ? J’hasardais un grognement, et posais une question, ce qui surprit grandement Elta et Flibux, non du fait de son fond, mais du fait que je parlais d’un coup, tout naturellement, comme habité par autre chose que mon renfrognement habituel.
« Cet endroit saura-t-il préserver son existence secrète ? La chef de la sécurité… Shepard… fis-je parlant dans ma barbe, pensif, puis reprenant tout haut, vous avez étudié les plans de l’enclave dans leur ensemble ? Vous semblez très au fait des conceptions qui ont permis d’ériger de tels bâtisses. »
Thann Sîdh
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Thann sentit une onde de chaleur traverser ses joues. Ce n’était pas digne des fards qu’elle avait pu produire quelques années plus tôt lors de ses discussions les plus... honnêtes avec son maître, mais tout de même, un observateur attentif eût noté le changement de teinte. Avait-elle parlé avec fierté ? Son Maître lui avait souvent répété : le sentiment de satisfaction n’était certainement pas une chose à rejeter. Verser dans la vanité et l’orgueil, ce n’était pas prendre du recul sur son ouvrage et soupirer de contentement en remarquant l’ardeur et le sérieux qu’on aura mis à le réaliser. Elle avait travaillé d’arrache-pieds, durant des mois, et elle l’avait fait avec toute sa passion, toute son honnêteté habituelle, permettant à chacun de s’illustrer, ne captant jamais l’attention alors même que le cœur du projet était de proposer une œuvre collective inédite. Nouvelle. Il n’empêche, elle restait aisément gênée lorsque le spot se braquait soudainement sur elle : curieusement, l’attention était une lumière qu’elle percevait et avait le plus grand mal à gérer. Elle s’attacha à répondre après avoir éclairci sa voix :

« J’ai effectivement, aux côtés de Maître Karm, mon mentor, participé de très près à la réalisation de cette endroit. Nous avons proposé une vision au Conseil Jedi, il y a de cela des mois, lequel a accepté qu’elle se réalise. Mais je suis loin d’être la seule à avoir consacré de mon temps à cet endroit, et je ne suis certainement pas celle qui y aura consacré le plus de temps. Beaucoup ont œuvré, et m’ont aidé à concrétiser parfois certaines idées trop audacieuses, trop naïves. » Elle ne jugea pas nécessaire de désigner du doigt les empruntes qu’elle avait laissées dans le sable de l’Enclave. La forme globale du bâtiment, en réalité, était tirée de dessin qu’elle avait réalisé. Les jardins, aussi. Tout avait été revu par des professionnels de l’architecture, beaucoup d’éléments, totalement fantasques et irréalisables, avaient été abandonnés mais, tout de même, lorsqu’elle avait sorti, un jour, ses premières propositions, alors qu’elle survolait l’ensemble, elle n’avait pas eu de mal à reconnaître un fragment de son œuvre, sublimait par l’intelligence collective.

« L’endroit n’a cependant pas vocation à rester secret. Nous ne désirons pas répéter les erreurs qui ont amenées à la destruction de la première enclave. Tôt ou tard, une telle concentration de Jedis attirera l’attention – nous n’ignorons pas la guerre, nous avons simplement fait le choix de ne pas la laisser marquer les lieux. En réalité, nous travaillons étroitement avec de grands instituts de recherches à l’élaboration de générateurs de boucliers capables de protéger l’ensemble des structures, la ville comme l’enclave. Nous prendrons également un peu de hauteur, bientôt, pour que vous puissiez observer le maillage avec plus d’aisance, vous verrez qu’il n’est pas qu’esthétique, il a été pensé pour être aisé à défendre.

Par ailleurs, et c’est pour cela que votre expertise m’a incité à vous contacter, tous les jeunes gens en âge d’apprendre les rudiments de la défense y sont formés, des plans d’urgences ont été mis au point afin de garantir une réaction la plus efficace possible face aux différents scenarii que nous avons été capables d’envisager – vous pouvez d’ailleurs apporter votre pierre à l’édifice de ce point de vue aussi si jamais vous le désiriez. Enfin, celles et ceux qui le souhaitent peuvent aussi suivre des formations à la défense plus avancées, à la stratégie, aux différentes techniques de combat. Notre volonté est d’atteindre une forme d’autosuffisance, qu’importe le domaine : alimentaire, technologique, éducative. La défense n’est pas exclue de cette logique. »


L’hôte de la Miraluka se contenta d’un hochement de tête tranquille, ayant balayé l’ensemble d’un regard relativement impassible, et n’eut aucune question. Elle se retint de porter un quelconque jugement sur son attitude distante, le voyage probablement avait été long, et aussitôt invita le trio à poursuivre leur marche.

La visite se poursuivit jusqu’à ce qu’ils atteignissent enfin les appartements réservés aux hôtes de passage : lesquels étaient à l’exemple du reste de l’enclave dans une certaine épure, un confort perceptible et marqué par un certain goût pour l’art. Après quoi, l’heure avançant, celle du repas se présenta bientôt et avec elle la rencontre avec Jane. Comme convenue, elle était déjà présente au réfectoire quand les quatre promeneurs s’y présentèrent et elle y avait réservé une table sur l’une des terrasses qui donnaient sur l’océan. Lorsqu’on regardait à l’horizon, on remarquait immédiatement que l’on ne se trouvait pas au raz de l’eau, bien au contraire, et pourtant, pas un brin de vent. L’œil saisissait alors la légère teinte cyan qui entourait l’ensemble : un champ d’énergie protégeait ici les convives des rafales venues du large. L’air restait ici néanmoins très iodé et il avait cette fraicheur appréciable des promenades au fil de l’eau.

« Je suis Jane Shepard, chargée de la sécurité de l’Enclave. J’espère que notre Padawane Sîdh aura su être bonne hôte. Je n’ai pas osé commander pour vous votre repas, dans la mesure où nous ignorions vos régimes respectifs, si bien que nous devrions commencer par-là. N’hésitez pas à vous emparer du menu et à sélectionner ce qu’il vous plaira, on nous apportera tout ce qu’il faut à table. Je vous en prie… » D’un signe de main, elle avait invité tous ses convives à prendre place autour de la table ronde qu’elle avait préparée. Une fois que tout le monde fut installé, que d’aucun avait commandé ce qu’il souhaitait – Thann respectait toujours un régime végétarien strict – celle-ci osa reprendre la parole. « Bien. Je pense que l’on peut se permettre de commencer à parler de l’organisation de nos heures d’enseignement, si vous n’y voyez pas d’objection ? Je comprendrais que vous désiriez prendre votre repas tranquillement. »
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Comment réagir autrement que par un mouvement de tête aux professions de foi de la padawan ? En effet, elle paraissait sûre d’elle, elle paraissait avoir véritablement mis son cœur à l’ouvrage, mais pour moi, pour mon humble avis, je n’étais que face à des grands sentiments, de grandes idées qui avaient su, dans un monde de chaos galactique, former et transformer les potentialités d’une planète relativement idyllique, en quelque chose de plus beau encore. Mais j’étais sceptique. Je n’étais pas persuadé qu’il y aurait la possibilité de conjuguer beauté, paix et grandeur d’idée avec les aléas de la guerre. Au contraire, très vite, pour moi, cette enclave était un danger, une erreur de calcul de l’Ordre et de maitre Karm. Je ne le connaissais que de nom et je ne savais pas que j’allais travailler avec lui sur Utapau quelques semaines plus tard, mais la rétrospective, le fait qu’un jour nous puissions être sur le champ de bataille, me ferait comprendre bien des choses au sujet de la Force.

Nous allâmes ensuite dans le réfectoire dont la construction sur plusieurs étages nous permit de nous installer sur une terrasse qui donnait vu sur la mer. Je dois avouer que j’étais légèrement mal à l’aise, je n’osais pas le dire, mais mes pensées, comme à leurs habitudes, se lisaient très clairement sur mon visage, donc, lorsque nous rencontrâmes Jane Shepard, et qu’elle se présentât, il y avait sur ma face, tant de questions et de troubles intellectuels, qu’elle ne put que le sentir. Elle fut très rapidement attirée par mon regard qui s’assombrissait à mesure qu’elle se présentait. J’avais peut-être tort sur toute la ligne, je ne savais pas l’avenir, je ne m’étais pas spécialisé dans la préscience, pourtant, j’étais persuadé qu’un jour l’enclave serait attaquée, qu’elle serait mise à mal par nos ennemis de toujours. Je me mis donc à la regarder à mon tour. Son acoutrement était très clairement militaire, car elle prenait son taf au sérieux. Mais elle dénotait par rapport au reste de la populace du réféctoir. Les autres, les badauds étaient habillés normalement, en civil, etc. Nous étions, Elta, flibux et moi, habillés comme des militaires, comme à notre habitude. Je ne pus, à la fin de son laïus que me mettre à lui parler, plutôt froidement, tandis que Tahn Sidd commandait un plat végétarien, je ne prenais pas le temps de commander, prêt à tout pour dire ce que j’avais à dire.

« Shepard, enchanté. Je suis Attanor’ mais vous le savez déjà… L’enclave est belle. L’enclave semble idéale pour la pensée Jedi. Certes. Mais, bien que je comprenne que vous avez essayé d’’allier beauté, ergonomie et capacité militaire, je me demande tout de même si cela est possible. Je me demande, par exemple, si vous avez utilisé la mer sur laquelle nous avons vue, pour renforcer les défenses de l’enclave. Je m’explique. Je me tournai alors vers Thann Sidd, mon premier cours, du moins celui que je pense être le plus intéressant à première vue, car il me m’offrira aussi bien du challenge que matière à réflexion, se passera dans l’eau. J’aimerai, si vous me le permettez, en apprendre plus sur les éléments que vous avez mis à place en dernier recours, c’est-à-dire, si l’enclave est attaquée, où se trouvent les bunkers et les infrastructures de sécurité civil. Pourquoi dans l’eau ? Parce que d’une certaine manière, l’eau est l’élémentaire le plus présent dans l’obédience Jedi. C’est l’élément le plus malléable et l’esprit du Jedi doit souvent se faire eau pour entrer dans le moule de sa formation. Dès lors, je propose un renforcement physique au contact de la mer, qui débouchera sur une expérimentation en situation de combat aquatique. Et, à moins que je ne me trompe, qui pourrait peut-être permettre ensuite… Je préfèrerai en parler avec la chef de la sécurité… La construction de bunker subaquatique en cas de bombardement… »

J’avais parlé et ma voix rauque avait résonné dans le réfectoire malgré l’éloignement de la terrasse. Des regards curieux s’étaient portés sur notre tablée. Je finissais par commander un steak de Bantha saignant, que je mangeais de manière lancinante en observant le sang couler lentement. C’était des choses que je faisais sans m’en rendre compte mais j’étais toujours ce korunnai sanguinaire qui n’appréciait que la viande. Elta et Flibux commandèrent des patates frites bien croustillante, mais est-il vraiment nécessaire d’aller s’étaler sur ce genre de détail. Shepard mangeait un plat que je ne connaissais pas et semblait assez amusé par mon long discours. Discours sombre s’il en est, mais qui touchait à des points somme toute intéressant pour l’ensemble de la communauté.

« Qu’’en pensez-vous Thann Sidd ? Je ne suis pas expert du combat aquatique, cependant je pense que cela pourrait nous plaire à tous. D’autres part, ai-je raison, avez-vous construit des choses sous la mer en cas d’attaque ? »



Mea culpa:

Thann Sîdh
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La Padawane faisait de son mieux pour présenter l’Enclave sous son meilleur jour, tentant de montrer tous les efforts qui avaient été déployés pour ancrer celle-ci dans le réel et ce, à bien des niveaux. Le réel de la société, le réel de la politique, le réel de la confrontation avec d’autres entités, le réel de l’écosystème et le réel de ce qu’était la Force. Pourtant, de la même façon qu’elle avait l’impression de s’être trouvé face à un mur lors de sa conversation avec le Padawan Oti, des semaines plus tôt, elle avait le sentiment de nouveau de se trouver face à un mur. Comme si, quoi qu’elle dît, d’aucun ne pouvait accepter que ce projet n’était pas simplement un condenser irréfléchi de bon sentiment, un délire collectif – puisque certains avaient même utilisés ces termes parmi leurs opposants les plus farouches – mais bel et bien une tentative concrète d’essayer, par un nouveau mode d’organisation, de proposer un véritable changement au sein de l’Ordre et du quotidien des Jedis. La nouvelle guerre froide qui couvait avec l’autre moitié de la galaxie, laquelle moitié n’était pas si loin de Dantooïne, qui plus est, n’était-elle pas une preuve suffisante que les anciens sentiers battus et rebattus de l’isolement, de l’exclusion, du retrait jusqu’à l’assaut n’étaient ni viables, ni durables ? L’Ordre avait pratiquement été anéanti par la Guerre Civile déclenchée par Revan, et pourtant, qu’en avait-il été retenu ? Un renouveau, n’était-ce pourtant pas cela qu’avait désiré l’Exilée et ses disciples ?

Pourtant, qu’elle ne comprît pas le Chevalier Obred ne l’amena pas à se renfermer et à le repousser. Elle avait été incapable, épuisée, de répondre aux doutes de son homologue padawan, alors, mais ce jour-là, elle s’était préparée. S’il était présent, à sa table, c’est parce que justement, elle souhaitait trouver dans son altérité toujours plus de cette dynamique de changement et d’intelligence collective qui faisait le cœur de la pensée de l’Enclave. Elle n’était pas un Idéal, une étoile éblouissante qu’il s’agissait d’atteindre au-delà du firmament. Non, elle était concrète, elle était tangible, elle surgissait de l’humus et de la pensée de tous, de la confrontation des pensées lesquelles, à force de s’obliger à l’excellence, finissaient par s’influencer et porter ailleurs leurs hérauts. Ici, contrairement à Ondéron, rien n’était figé dans le marbre et le vivant trouvait sa place.

« S’il y en a un ici qui pourra vous parler du détail technique des défenses de l’Enclave, c’est bien Maître Karm qui a surveillé de près l’élaboration des plans, de ce point de vue, et a lui-même effectivement dirigé les premiers travaux visant à installer, sur le plancher de l’océan, des installations de défense et ainsi que d’étude. Le but en nous installant ici était de permettre la plus grande interaction possible avec des écosystèmes absolument différents. D’ailleurs, [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] aura été une excellente preuve de la justesse de notre choix. – Elle a effectivement largement permis de mettre à l’épreuve nos mesures d’urgence, nos systèmes de protection, et de tester dans un réel cataclysmique nos différentes organisations. Sans vouloir en ajouter, j’attaque bientôt ma quarantaine d’année, j’ai toujours vécu à Rainë, je n’avais jamais vu un ouragan pareil. Elle laissa la Padawane reprendre la main de la conversation, et poursuivit son repas, un plat traditionnel d’ici, préparé à partir de farine de blé et d’œufs, de parmesan et d’une viande locale ; mieux ne valait pas trop s’attarder sur l’historique de ce plat dans la mesure où la récupération Coruscanti de ce dernier, qui comprenait alors de la crème, faisait naître chez les locaux des débats enflammés.

« Enfin, je suis totalement conquise par votre idée de mettre nos élèves en contact avec l’océan. D’autant que cela permettra à certains d’entre eux de présenter sur le terrain les spécificités de leur espèce aux autres. Patto Jeur est Mon Calamari et nous avons récemment intégré à ce groupe une jeune Nautalane, Pedi Luve, une enfant adorable, vous verrez. Voudriez-vous les amener aussi sur l’eau ? Nous avons des bateaux, certains tout à fait moderne, d’autres plus rustiques ; Tha Lassa, un collège civil chargé de l’entretien de la faute, a trouvé l’idée fabuleuse d’apprendre aux jeunes la navigation à la voile afin de développer le travail d’équipe. Cette classe n’y a pas encore été initiée, l’idée étant récente il a d’abord fallu réaliser l’ensemble des embarcations. Cela pourrait être une bonne occasion. » De nouveau, elle sourit. Peut-être apparaîtrait-elle candide, naïve ou même stupide aux yeux de son interlocuteur mais, que voulez-vous ?, même les horreurs de Columnex n’étaient pas parvenues à l’enfermer dans les ténèbres et la morosité.
Attanor' T. Obred
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J’avais parlé énormément, et ce n’était pas dans mes habitudes. Sensiblement, quelque chose se passait en moi dans ce lieu qui me poussait dans mes retranchements les plus reculés. Sagement Elta et notre pilote nous observaient discuter, mais je les sentais bouillonner, particulièrement Elta, qui voyait très bien l’effet que ce lieu avait sur moi.
Alors, elle prit la parole, comme pour m’excuser, comme pour me permettre de recharger mes batteries sociales et de ne plus mettre les pieds dans le plat, par manque de politesse, de tact ou tout simplement de finesse intellectuelle. Il était vrai, je l’avouerai plus tard, que j’avais particulièrement malmené l’endroit avec mon pseudo esprit militaire, malmené, par un manque de recul qui n’était pas non plus dans mes habitudes. Lorsque ma chère amie se mit à parler, je m’enfonçais sur mon siège, reculant mes épaules et profitant un instant pour reposer mon cerveau plein d’idée en pleine ébullition :

« Ce que semble vouloir dire notre cher Attanor’, c’est qu’il aime beaucoup l’endroit et qu’il vous remercie de votre invitation ! Ce réfectoire est magnifique, son design et la vue sur la mer, wow ! Vraiment bravo ! Pendant que vous préparerez les cours, nous irons nous baigner moi et Flibux ! Encore merci pour ce repas ! »

Je la regardais avec des yeux bizarres, interloqués. Elle et flibux souriaient à pleines dents, et je constatai subrepticement que du sac de la belle sortait une serviette de plage qu’elle avait sûrement dû amener dès qu’elle avait entendu notre point de destination. Malgré les années, j’avais toujours dû mal à ce qu’elle parle pour moi, qu’elle arrondisse les angles dans mes logorrhées brutales qui n’étaient que réflexe chez moi. Je lui fis un signe de tête synonyme d’acquiescement. Puis je me tournai à nouveau vers Jane shepard qui finissait délicatement son repas. Etrange manière de manger pour une personne occupée, mais que voulez-vous, chacun ses priorités. Je ne pus m’empêcher de la regarder trop longuement, le visage sérieux et le regard comme plongé dans de sombres considérations. A ce moment, je ne pouvais savoir que les événements qui suivraient me donneraient, en quelques sortes, raison. La république nous lâcherait bientôt, et pour notre plus grand dam. Enfin bref :
« Shepard, quelle est votre opinion sur notre capacité à nous défendre par la mer ? »

Dis-je, laconique, puis, je me tournai vers Thann Sidh , qui souriait, me rendant la monnaie sur mon idée de travailler dans l’élément aquatique. Sur les nuages sombres de mon front sérieux, passa un éclair d’une rareté autrement spéciale, je lui rendis brièvement son sourire. La perspective de rencontrer des élèves ne m’enchantaient guère, mais n’étais-je pas là, pour ça ?

« Très bien… J’ai quelques idées qui pourraient nous occuper cet après-midi, amuser les élèves et me permettre de prendre la température quant à leurs capacités d’adaptation. Prenons les embarcations les plus ‘rustiques’ afin de les pousser dans leurs retranchements. »

J’avalais la dernière bouchée de mon steak, m’essuyais la bouche, et poussai un soupire de contentement. Enfin le repas terminé, nous nous attelâmes à la tâche, circulant dans les divers couloirs qui nous menèrent là où les étudiants résidaient. J’emboîtais le pas leste de Sidh qui semblaient connaître les lieux comme si elle y était née et qu’elle avait posé les fondations de chacun de ces murs. Je ne pouvais me sortir de la tête que cette enclave présentait des dangers qui pourraient devenir insurmontables, mais progressivement, alors que ce n’était que la première journée, les vapeurs esthétiques et la bonhomie qui régnaient en ces lieux, commençaient à désagréger mon renfrognement naturel. Dirai-je même que durant mon séjour, je ris ?
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Thann est heureuse de l’enthousiasme manifester par les camarades de son homologue. Peut-être n’avait-elle pas eu totalement faux sur toute la ligne, peut-être le Chevalier Obred était-il simplement singulièrement introverti et ne manifestait que rarement ses émotions. Finalement, n’était-ce pas le credo plus ancien de l’Ordre ? L’ascétisme, la réserve et l’équanimité. Certes, la Padawane s’était défaite de ces vêtements qui ne lui allaient guère, mais devait-elle pour autant les considérer comme inadéquats pour quiconque ? Puisque la question suivante de son confrère était directement adressée à Jane, elle laissa celle-ci répondre sans intervenir.

« Bien en-deçà de nos capacités anti-aérienne et terrestres, je dois bien être honnête sur ce point, et c’est pourquoi nous essayons d’y remédier. Seulement, nous ne disposons pas non plus de ressources illimitées et malgré des temps dangereux, tout le budget ne peut être consacré à la seule érection de défenses impénétrables et onéreuses. Nous essayons de trouver un équilibre dans les différents développements ; ce n’est pas un exercice évident, d’autant qu’il faut savoir gérer ses inquiétudes et se montrer raisonnable dans la mesure du risque réel par rapport à l’inquiétude. Son air en disait long sur le côté périlleux de l’entreprise et la Padawane ne put s’empêcher d’intervenir, cette fois, pour la rassurer modestement. Et il n’y a pas de doute à avoir sur le fait que vous vous en sortiez très bien, Jane. – Je ne suis pas seule, ceci dit. Toutes nos équipes se démènent. » Un échange de sourire. C’était une façon singulière de travailler ensemble, certainement, pour un regard extérieur.

Suite à cela, les paroles du Chevalier s’adressèrent directement à Thann qui opina du chef et confirma. « Oui, et l’expérience de la mer est si grisante qu’ils ne le subiront pas comme une peine. J’ai hâte de les voir se débrouiller. » Sur ce, le repas se termina en silence puisque tous les convives étaient bien déterminés à se consacrer aux activités évoquées : le bain et la marine.

🌿

Le devoir de visite de Thann se poursuivait. Immédiatement après le repas, elle avait envoyé des messages aux différents éléments nécessaires afin de mettre en branle le plan établi plus tôt. Pourtant, tout huilée qu’elle était, la mécanique de l’Enclave avait besoin d’un peu de temps pour opérer et ils ne pouvaient s’attendre à ce que la flottille, les élèves et les différents adultes qui viendraient les suppléer dans leur tâche d’encadrement, pussent être mobilisés en si peu de temps. Ils passèrent ainsi du côté des différents chambres de discussion, du côté du centre de sécurité, des dortoirs, des lieux de vie et, à présent, ils longeaient les dojos et les ateliers. « C’est ici que nous allons accueillir notre groupe d’étude, d’ailleurs, l’heure tourne et ils ne devraient pas tarder à se présenter. Si vous voulez bien me suivre. » fit-elle en s’engageant dans l’un des dojos.

L’intérieur était semblable à de nombreux lieux d’entraînement aux arts du combat. Sur certains murs, des présentoirs proposant différentes armes de bois, sur d’autres, des armes plus réalistes quoi qu’émoussées : on ne laissait pas à libre disposition des moyens de se blesser accidentellement à la toute jeune génération. Chose qui pouvait paraître étonnante, un mur entier était recouvert d’une vitre sans tain qu’on pouvait aisément confondre avec un miroir. Thann, du bout du doigt, la présenta : « Nos Maîtres d’armes ont eu l’idée d’installer cette galerie afin que les bretteurs puissent s’observer et se corriger plus aisément. Elle a aussi vocation à accueillir des spectateurs pour qu’ils puissent détailler les postures du combattant, sans que ce dernier puissent être embarrassé par la foule d’yeux braqués sur lui. Cela permet notamment aux plus jeunes de gagner en assurance sans qu’aucune honte naturelle ne vienne brider leur mouvement. Elle sourit et poursuivit jusqu’au fond de la pièce, caressant une surface tactile de la main, le mur soudain devint transparent, dévoilant les sites d’entraînement disponibles à l’extérieur. – Tous les dojos peuvent s’ouvrir, selon les besoins, et des surfaces sont prévues dehors pour accueillir les efforts. Je… Ah. Elle s’interrompit, elle venait de percevoir, à la lisière de son esprit, les petites flammes dont elle avait à présent l’habitude. Nos disciples sont en avance, je crois qu’ils sont impatients de vous rencontrer. Les armateurs m’ont assurée que nos embarcations seraient prête d’ici quatorze heure trente, peut-être pourrions-nous, afin de faire patienter les jeunes, leur offrir le spectacle de quelques katas ? J’avoue avoir également hâte de recevoir votre enseignement, Chevalier. » Elle appuya sa déclaration d’un signe respectueux de la tête mais son homologue n’eut pas le temps de répondre, déjà, les plus impatients se présenter à l’entrée du dojo et entrer en saluant chacun des adultes présents.

Quelques minutes plus tard, la douzaine d’élèves étaient au complet. Rodiens, Humains, Mon Calamari, Nautalan et Aleena se côtoyaient dans ce groupe bigarré et enthousiaste. Comme ils en avaient l’habitude, ils s’assirent en arc de cercle autour de Thann et du Chevalier Obred, établissant le silence d’autant plus rapidement qu’ils semblaient terriblement soucieux de découvrir ce que l’après-midi aller leur réserver. « Bonjour à tous, j’espère que votre journée a été jusque-là excellente. Vous le savez, aujourd’hui nous accueillons un confrère, habituellement basé sur Ondéron, le Chevalier Attanor’ T. Obred. je ne vais pas beaucoup parler aujourd’hui, dans la mesure où je vais laisser notre invité prendre ses marques avec vous, et vous avec lui. Je n’ai pas besoin de vous rappeler combien il est important de vous montrer patients et raisonnables, n’oubliez pas que nos intervenants n’ont pas tous l’habitude de notre façon de faire cours : alors au moins pour la première heure, on évite de l’assaillir de question à la façon d’un bombardement orbital, d’accord ? » Tous acquiescèrent mais Thann savait au fond d’elle que le bombardement ne pouvait être retarder si longtemps. Elle fit signe à son homologue qu’elle en avait terminé et lui laisser la main. Il était libre d’accepter sa proposition, à propos de la démonstration, ou de faire autre chose dans la mesure où il était aussi conscient qu’elle de l’heure de leur rendez-vous. Elle n’avait volontairement pas évoqué le sujet de la voile, laissant à celui-ci le plaisir de faire exulter les plus jeunes avec cette surprise.
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La salle dans laquelle nous arrivâmes présentait le même type d’architecture épuré que le reste de l’enclave. Là, ce n’était pas pour me déplaire car cela faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds dans un dojo. Depuis les quelques années où nous étions basés sur Ondéron, nous n’avions la possibilité de nous entraîner qu’en plein air, ce qui n’était pas pour me déplaire, mais l’esprit de la nature qui gravite dans les bois n’est pas celui d’une salle d’entraînement spécialement dévolue à l’entrainement. Au contraire même, les arts martiaux, bien que comme j’allais l’expliquer aux élèves, doivent bénéficier de l’environnement de leur expression. Ils se doivent d’imiter, de s’adapter, au lieu dans lequel ils prennent forme et c’est pourquoi je ne pus qu’apprécier l’exposition des armes d’entrainement et l’explication de la Padawane. Un esprit régnait en ces lieux, et l’architecture de l’enclave commençait à prendre un sens différent à mes yeux. Tandis que Thann parlait, j’examinais en sillonant la salle, les divers sabres d’entrainement. Et ils complètèrent l’idée que je me faisais de l’entrainement d’aujourd’hui. La surprise, je la garderai jusqu’au dernier moment, attendant patiemment que Sidh et sa clique soient le plus pris au dépourvu. Ce n’était pas que j’étais particulièrement réservé sur mes idées, mais plus j’expliquerai les choses, moins les élèves auraient la possibilité de se dépasser.
Malheureusement pour mon homologue, qui, quelques secondes avant que le groupe des élèves n’arrive, me proposa une présentation martiale, je n’avais qu’une envie depuis que je l’avais rencontré : croiser le fer avec elle. De la même façon que je n’ai eu qu’une envie lorsque la première fois je rencontrai maître Karm : me mesurer à lui. J’estimais déjà depuis longtemps, que seul un bon combat pouvait véritablement permettre la rencontre de deux esprits. De deux guerriers ou de deux jedi. Je ne répondis pas par l’affirmative d’un hochement de tête ou d’une verbalisation car j’étais pris de cours et toute une smala d’adolescents débarquait dans la salle, provoquant chez moi, un frisson dans le dos. Très rapidement, la jeune miraluka me présenta et délimita les règles de vies qui devraient nous accompagner durant mon intervention. La seule chose que je parvins à faire, tandis qu’elle parlait aux élèves, sans faire preuve d’impolitesse ou du moins pas consciemment, peut-être aussi pour me rassurer, ce fut d’aller décrocher deux sabres de bois. Je revins au centre du groupe, faisant tout pour qu’on ne puisse pas voir mon désarroi et mon anxiété sociale naturels. J’étais comme à l’époque de l’attaque d’ondéron, lorsque les padawans et les aspirants s’étaient rués sur moi pour épancher leurs angoisses. Sauf que cette fois, ce n’était pas de l’angoisse que je vis briller dans les yeux des enfants, mais une sorte de déférence teinté de crainte et de respect, voire aussi de malice et d’envie. Je n’en prenais conscience qu’à cet instant, mais j’avais véritablement tout du vétéran en bonne et due forme. J’étais l’ainé, comme l’autre fois, mais la situation paisible et l’esprit des lieux rendaient la communication de nos expressions, gestuelles et de nos vibrations psychiques plus agréables et compréhensibles à mes yeux. Lorsqu’elle eut terminé de parler, je me râclais la gorge. Une fois. J’ouvris la bouche, mais rien n’en sortit, pour ne pas perdre contenance, je soupirai, et j’avais envie de soupirer devant cette situation. Je baissais la tête, cherchant sur le sol comment commencer ma présentation.
Les deux sabres étaient dans chacune de mes mains, je finis par les regarder, puis mes yeux balayèrent la salle, et se fixèrent sur la vitre sans tain. Je n’avais aucune envie de commencer, à la manière des maîtres bretteurs que j’avais connus, par une question plus ou moins rhétorique et banale. Non, en vérité, durant le laps de temps qui sépara la présentation de Sidh et mon intervention, bien qu’il ne dut y avoir que quelques secondes, je pris le temps de méditer sur ce que je devais transmettre à ses doux esprits pleins de rêves et d’ambition. Je balbutiai d’une voix grave, qui avait peut-être du comique, vu le contraste entre la tonalité de mes mots, et les hésitations qui ponctuèrent mon discours :

« Je… Vous… Remercie »


Fis-je en regardant Thann Sidh, cherchant en quelques sortes de l’aide, sans véritablement l’exprimer. Je lui tendis le sabre, laissant la place sur le pommeau pour qu’elle l’attraper facilement. Puis, je lui tournai le dos. Et regardai les élèves, un à un, non pas avec l’assurance que les ténèbres de mon regard laissaient paraître, mais avec l’expectative de trouver dans leurs yeux, la même lueur guerrière qui m’animait à leur âge. Ce fut dans les yeux ronds d’un rodien que je perçus cette brillance. Je souris. Et là, une sorte d’écho résonna en moi. Je me revis sur Harun Kal, face à mon frère, dans la forêt, prêt à tout pour le défaire et gagner le titre d’homme.

« Padawane Sidh… Veuillez m’attaquer, comme vous l’auriez fait face à quelqu’un qui veut votre mort. »

Je lui présentais mon dos, toujours, et mon sabre, prolongement de mon bras fermement appuyé le long de mon corps, je répandais mon esprit dans la salle, attendant patiemment l’attaque. J’allais le montrer, dès l’ambage, l’une de mes techniques les plus simples à apprendre, mais la plus longue à maîtriser véritablement. Elle n’était qu’une extension de la forme Makashii, et tous devaient sensiblement la connaître. Une simple parade qui, avec force, avec aplomb et entraînement, pouvait devenir redoutable, car allié à la force, allié à l’expérience, elle me permettrait de créer une ouverture dans la garde de mon adversaire. Peu importe, en soi, comment elle allait frapper, le seul moyen de me déstabiliser vraiment à cet endroit était d’effectuer une estoc frontale. Si elle frappait comme je l’imaginais, excusez-moi, si elle frappait comme elle parlait, elle aurait peut-être du mal à mettre l’intention nécessaire et n’envisagerait pas l’estoc, qui ne me laisserait que la possibilité de l’esquive. Si elle frappait d’un revers ou d’un coup droit, alors son sabre se heurterait à ma défense, et les enfants en prendraient plein les yeux.
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Tandis que son homologue se présentait, Thann se déporta doucement sur le côté, souriant gentiment aux rares élèves dont l’œil fut attiré par ce mouvement plutôt que par le Chevalier. En réalité, elle prenait quelques secondes d’avance en se plaçant tranquillement et subtilement à la bonne distance pour engager leur jeu d’entraînement. Il n’y eut guère de temps accordé au discours, Attanor’T. Obred était homme d’action, et déjà il prenait position de manière fort surprenante pour la Miraluka. Elle n’avait clairement pas la même façon d’aborder le combat que l’Humain, et, au fond d’elle-même, quelque chose s’éveilla. Cela la dérangeait terriblement non seulement d’attaquer un adversaire qui lui tournait ostensiblement le dos mais, en outre, l’idée de répondre à une volonté belliciste par une démonstration d’agressivité encore plus forte. Ce n’était pas la philosophie qu’elle défendait, elle n’apprenait pas aux jeunes gens à combattre le feu par le feu. La philosophie du Jedi qu’elle tentait d’incarner n’était pas celle de l’élimination rapide et brutale. Il y a des années, sur Erebrö, elle n’avait pas attaqué Kolin la première ; elle ne doutait pas un instant que si tel avait été le cas, cela n’aurait fait qu’alimenter la détresse de son ancien condisciple et donner plus de force aux arguments de son sombre seigneur. « Cher collègue, il vous faudra faire les premiers pas. Je n’attaque personne dans le dos, quand bien même on voudrait ma mort, et je n’ai pas pour habitude de me mettre inutilement en difficulté : si je tombe sur quelqu’un suffisamment à l’aise pour me tourner le dos lors d’un affrontement, c’est que celui-ci est terriblement plus meurtrier qu’il n’y paraît, m’avancer et prendre moi-même l’initiative de me mettre en délicatesse… Autant placer mon propre sabre sous ma gorge ou me constituer immédiatement prisonnière, non ? » Elle rit un peu, tenant sa garde, elle userait de façon évidente du Soresu, la forme du Rempart et de la Patience.

La réaction du Chevalier Obred ne fut pas réellement surprenante mais se teinta tout de même d’une dose de mystère que les élèves, très attentifs, dévorèrent avec plaisir. Il se retourna, sourit à la façon dont les gens qui en virent beaucoup pouvaient le faire, et se mit à attaquer avec zèle. Les plus perspicaces parmi les spectateurs purent identifier la forme que privilégia le Jedi lors de son assaut. Le Makashi, une forme élégante et minimaliste tout entière tournée et pensée pour répondre à un adversaire usant lui-même d’un sabre-laser. Pourtant, il y avait dans la façon de faire de l’Humain une certaine brutalité, quelque chose de plus incisif que la plupart des pratiquants de celle-ci. Thann n’eût pu l’expliquer clairement mais elle avait bel et bien ce sentiment d’étrangeté. Comme beaucoup de bretteur, simplement, le Chevalier s’était approprié la Forme Deux afin de l’aligner plus volontiers avec sa façon de concevoir l’affrontement.

Le combat dura davantage que ce qu’il eût du. En réalité, chaque fois qu’elle se trouva foncièrement en difficulté, son homologue lui laissa la possibilité de se remettre afin de poursuivre la leçon. Il était clair qu’il avait ici la main haute, le Soresu, et a forciori la maîtrise que l’aspirante Sentinelle en avait, n’avait pas seul le panache nécessaire pour répondre à l’escrime du Makashi. Lorsqu’enfin son homologue s’arrêta et salua pour annoncer qu’il était temps de discourir sur ce qui venait d’avoir lieu, Thann répondit avec un sourire et un remerciement manifeste et audible de tous. Elle venait de beaucoup apprendre, elle n’était pas surprise de se savoir non-experte dans le maniement du sabre et à vrai dire, elle venait de trouver exactement ce qu’elle cherchait en proposant au Chevalier de venir sur Dantooïne. Elle invita, simplement, d’un geste de la main, son homologue à répondre aux yeux pétillants des élèves et à leurs questions. Il venait de faire une démonstration, ils attendaient tous impatiemment, à présent, que celui-ci leur fit la leçon.
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Seïid Qiik – #8385AB

« Alors, comment s’est passée ta journée ? Combien de fois t’a-t-il mis au tapis ? La Togruta rit de bon cœur, elle se savait parfaitement mesquine. – Hé bien sachez, Madame Qiik la Vile, que je n’ai pas été si honteuse, voyez-vous ? Certes, jamais je n’aurais su remporter ces combats mais… Du moins me suis défendue avec honneur. – Ce qui veut dire que tu sais enfin manier cette arme sublime avec toute la noblesse qu’elle attend de toi ? Elle rit encore, elle n’ignorait pas qu’elle continuait à gagner en mesquinerie au fil de la conversation. – Vous m’excuserez d’avoir plus de talent d’artisan que dans l’exercice de la violence, Madame Qiik la Bourrine dont le sabre est, peu ou prou, aussi sophistiqué qu’un gourdin gamorréen. » Soudain, les belligérantes se rendirent compte, non sans stupeur, que la mesquinerie était une arme qu’elles partageaient toute deux et non sans talent de part et d’autres. Heureusement pour les annales guerrières de la galaxie, le pardon leur était aussi facile que la taquinerie, si bien que tout se régla rapidement en quelques démonstrations d’affection mutuelle.

Quelque temps plus tard, alors qu’elles étaient en train de souper devant un reportage animalier aussi captivant qu’incongru dans le choix de son sujet. « Mais, du coup, tu ne m’as pas vraiment répondu, qu’est-ce que ça a donné ? J’ai eu des échos de votre sortie en mer, je suis curieuse de savoir comment un cours d’art martial a pu se conclure sur un radeau. Thann termina tranquillement d’étudier avec minutie la façon dont le céphalopode s’était saisi d’une coquille énorme de fruit, abandonnée là par une usine peu regardante sur les déchets rejetés sur la côte par sa chaîne de production, et la façon dont cet invertébré avait de s’en servir, avec une dextre saisissante, comme d’une armure impénétrable. – Le vivant me sidèrera toujours… C’est fou ! Tu as vu ce qu’il a fait ? Le silence s’installa un moment, Seïid finit par le rompre par un soupire mêlé d’un sourire lequel se conclut sur un baiser rapide. Elle ne partageait certes pas l’enthousiasme de sa partenaire pour le spectacle de la nature, mais elle ne pouvait pas ne pas se laisser contaminer par lui, ni par l’innocence de sa réaction. Quoi ? Tu te moques encore, c’est ça ? – Non, pas du tout. Au contraire, c’est là que je t’aime le plus. – Si tu le dis… Enfin, oui, de fait, on a fini sur des radeaux mais au début, nous étions bien dans le dojo. Nous avons réalisé quelques passes avec le Chevalier O’bred, il a fait la leçon aux élèves, nous avons illustrés de nouveau plusieurs fois cette leçon. Il avait une conception très offensive et expéditive du combat. Clairement, jamais je n’aurais pu apporter cet éclairage à mon cours tellement il était à des milliers d’année de ma façon de concevoir l’affrontement. Certains ont été assez enthousiastes et ils ont beaucoup appréciés de voir le Makashi dans cette variante. La Miraluka marqua un temps d’arrêt, son attention de nouveau capturé par ce poulpe décidément génial. – Mais jusque-là, pas de radeau. La Padawane laissa échappé un soupire et un petit claquement de langue pour feindre l’agacement. – Tes maîtres ne t’ont donc jamais appris la patience, Chevalière ? Je suis en train de ménager la tension dramatique de histoire, et toi, tu gâches tout. – Non, tu t’es laissée distraire par le documentaire et tu allais me laisser encore là, sur ma faim. – Ce qui a exactement le même effet, tu pinailles encore. Donc… Oui, après le cours proprement dit, nous avons décidé d’emmener tout le monde à la mer. L’idée était double, renforcer la cohésion des groupes dans un environnement globalement inconnue d’eux – nos petits aquatiques ont trouvé là l’occasion de briller, c’était adorable – et en même temps le roulis et l’évolution sur un terrain loin d’être stable a largement travaillé leur équilibre. Nous songeons sérieusement à renouveler l’expérience régulièrement, tout le monde est revenu ravi. – Et toi ? – Aussi. Je dois bien admettre que le Chevalier me déroute un peu. Il est singulier. Mais à la fois, c’est pour cela que je lui ai demandé à lui de venir, et pas quelqu’un d’autre. Et puis, évoluer sur mer, cela m’a rappelé Kholma. Le froid glacial en moins. – On partira en bateau ensemble, un jour ? – Bien sûr. Je pourrais t’impressionner avec mon extraordinaire pied marin. » Elles se sourirent de nouveau et la soirée se poursuivit tout en douceur, bien que pour Thann, elle fut marquée par le constat indéniable que le lendemain, les courbatures ne l'oublieraient pas.
Thann Sîdh
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« Non, c’est pas vraiment ça. – Et là ? – Ah ? … Attends… Recommence pour voir ? – Là ? – Oui, oui ! Là, tu tiens quelque chose ! Essaie plus fort ?! – Euh… Okay, mais je ne réponds plus de rien… – Vas-y je te dis ! – Si t’insistes… – Oui ! C’est ça ! C’est… » Le bruit sourd d’un corps qui s’écrase contre le sol résonna si fortement dans tout le dojo que l’ensemble des élèves s’arrêta net et que tous leurs regards médusés se tournèrent vers l’origine du bruit. Seïid se précipita aussitôt vers sa partenaire, qu’elle venait très littéralement de balayer et d’envoyer voler sur plusieurs mètres contre un mur, d’autant plus inquiète que celle-ci ne semblait plus donner aucun signe de conscience. – Thann ?! Elle s’agenouilla, laissa de côté son arme, posa ses mains dans le dos de sa victime pour la faire rouler doucement sur le dos. Elle remarqua alors les lèvres pincées, le souffle court, et les gestes frénétiques des mains pour essayer de transmettre un message. Aussitôt, la puissante Gardienne saisit sa bien-aimée, comme si elle n’était qu’une feuille, et s’arc-bouta pour lui ouvrir largement la cage thoracique, afin qu’elle pût retrouver son souffle, péniblement. Une bonne minute passa dans cette position pour le moins étrange, les disciples étaient tous venus, gagnés par l’inquiétude, pour constater de l’état de leur professeure. Seïid, elle-même à présent rassurée, tenta de ramener le petit groupe à la paix. Ce n’est rien, les enfants, la Padawan Sîdh a simplement eu le souffle coupé par le choc. Observer bien la façon dont je tiens sa tête, ses bras, que je cambre son dos. Même si j’ai l’air de faire pire que mieux, en réalité, je déploie ses poumons et je dégage sa trachée pour qu’elle puisse plus aisément se rétablir. Elle tenta un sourire confiant, mais en réalité, elle n’avait pas vraiment apprécié l’expérience menée par son amante. La Miraluka, a contrario, parvenait petit à petit à retrouver à la fois ses esprits et sa respiration, indiquant d’un o clairement formé avec ses doigts aux spectateurs que tout était bien sous contrôle : non, la Togruta ne cherchait pas à achever sa victime. – Allez, tout le monde, laissa retrouver son souffle, ranger les instruments, ensuite tout le monde assis du côté des miroirs, on va faire le débrief ensemble. »

Tous s’éloignèrent, d’abord un peu hésitant puis plus confiant. Ce n’était pas la première fois qu’ils assistaient à ce genre de spectacle, seulement, c’était la première fois que l’un des deux protagonistes finissaient au tapis, puis, tendu le bois d’un arc à la façon dont on exhiberait un trophée dans quelque culture singulièrement barbare – à leurs yeux, du moins. Seïid en profita alors que toutes les oreilles indiscrètes fussent suffisamment éloignées pour sermonner vertement sa compagne : « Je t’avais dit que c’était n’importe quoi. Quand est-ce que tu vas te décider à m’écouter ? Il est hors de question que tu m’obliges encore à faire une chose pareille ! Tu attendais quoi ? Je te démette une épaule ? Que je te fende une côte ? La voix de Thann, dans un sifflement, interrompit la diatribe par une évidence héritée de son mentor : – Que tu me sauves la vie. Si, un jour, un Sith, plutôt que toi… Aujourd’hui, je sais comment faire. Je t’aime, Seïid. Ça va. La colère, jaillit de l’inquiétude, fut soufflée, elle aussi. La Gardienne finit par laisser filer un long soupire et, rendant les armes. – Je t’aime aussi, toute têtue que tu puisses être. Maintenant, si tu veux bien te taire et te concentrer sur ta respiration… »

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« Boute, veux-tu bien projeter pour tout le monde la séquence que tu as enregistrée s’il te plaît ? La sphère obtempéra sans rechigner et bientôt, sous les yeux ébahis de l’assemblée, la scène se joua de nouveau, depuis les étranges insistances de leur professeure jusqu’à son vol au travers du dojo que le cameradroid, avec une conscience professionnel remarquable, avait suivi avec une grande attention. – Bien, tout le monde a vu ? Vous avez saisi l’idée ? Est-ce que quelqu’un a repéré d’où était venu le souci ? Chacun se regarda et chercha à identifier si quelqu’un possédait effectivement la réponse. Une main timide se leva, Thann l’invita à parler… – Ah euh… Non, en fait… je sais pas, pardon. L’enseignante sourit avec douceur, – Ne t’inquiète pas, ce n’est rien, et de toute façon, il ne me semble pas que tu sois le seul dans ce cas. Bon ! Boute, reboucle la séquence, et je te donne le signal pour ralentir la lecture d’image de 50%. Servile assistant et néanmoins toujours enthousiaste, B0-UT obtempéra. Quelques secondes passèrent, l’ordre fut donner de ralentir et cette fois, Seïid intervint : – Observez bien mes gestes, regardez mon appui. En face… Là, Thann est déséquilibrée, on le voit au niveau du genou et de son talon, elle n’est plus en équilibre et… Une explosion de rire jaillit alentour tandis que la voix distordue de la Miraluka accusait virtuellement le choc, rendue bien plus grave et, du même hasard, bien plus comique qu’attendue. Gagnées par l’hilarité générale, les deux ainées l’accompagnèrent de bon cœur.

« Bon… Sur cette démonstration extraordinaire, je pense qu’on peut s’arrêter pour aujourd’hui, vous avez tous suffisamment travaillé et je ne voudrais pas que mon collègue herboriste m’accuse de vous avoir trop retenus et obligés à délaisser ses plantes. Tous s’apaisèrent mais aucun ne bougea réellement. Thann, surprise porta son regard vers Seïid qui haussa les épaules, elle ne comprenait pas davantage ce qui se passait jusqu’à ce qu’une nouvelle main timide jaillit encore. – On peut revoir juste une fois la vidéo au ralenti, s’il vous plaît ? »
Thann Sîdh
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B0-UT aka Bouteboute – #EDF888

« Nous sommes environs à une heure et demi au nord du port de l’Enclave, Thann. Nous avons largement dépassé le lieu de halte de la dernière expédition aux côtés du Chevalier Attanor. Si vous désirez revenir avant la nuit, je vous conseille d’ordonner aux embarcations de débarquer maintenant pour le goûter et de reprendre la mer d’ici une petite heure. Il y a une petite crique dont je crois que vous serez tous d’accord pour la juger charmante, et aux fonds suffisamment profonds pour ne pas risquer d’abimer les coques et au sable accueillant. – Merci, Boute, c’est noté. » Aussitôt renseignée, Thann s’activa à suivre les conseils de son navigateur et cartographe personnel. Elle fit signe à Dorrÿs de venir tenir la barre à sa place, ce que la petite Nautalane vint faire avec plaisir, puis elle alla farfouiller dans la cantine de bord, jusque-là sagement verrouillée, pour en sortir ce dont elle avait besoin. Elle alla au bord du catamaran, s’accrocha à la une corde, se pencha dans la bonne direction et pressa la détente. Une fusée lumineuse s’élança en arc vers la plage, avec un crépitement et un bruit singulier. Tous les marins en herbe comprendraient aussitôt le message et, elle s’en doutait un peu, nombreux étaient ceux qui, affamés, avaient guettés cette fée furieuse et salvatrice.

Dorrÿs, concentrée, savait ce qu’elle avait à faire et aussitôt tira sur la barre pour amener le bateau à virer vers la plage. Les deux flotteurs fendaient les vagues avec panache tandis que la voile refusait tout à fait l’idée de se dégonfler. A main gauche, comme à droite, apparaissaient petit à petit la majesté triangulaire des voiles amies. Debout à la proue de l’un des flotteurs, Thann projetait son esprit jusque-là, veillant sur chacun de ses élèves à la façon d’une sœur aimante. Toute portée à l’étude du lointain, elle ne sentit pas Seïid s’approcher et fut surprise par la main qu’elle glissa dans son dos ; un sursaut de surprise la trahit auprès de sa tendre moitié. « Encore à les couver comme s’ils étaient en verre, hein ? – Laisse-moi prendre soin de mes pioupious. Tu sais bien que je ne suis jamais tout à fait rassurée quand nous partons, surtout si loin de l’Enclave. – Nous sommes à moins de dix minutes de speeder de l’astroport, et tous nos pioupious font de la voile depuis plusieurs mois maintenant, qu’est-ce que tu veux qu’il leur arrive ? Le soleil brille, il y a juste assez de nuage pour ne pas te transformer en coup de soleil ambulant, la mer est docile comme un gizka rassasié… Respire. » Un instant, la Miraluka se laissa aller en arrière, accueillie par les bras sa compagne. Elles n’ignoraient pas qu’elles n’étaient pas seules, et que peut-être des regards curieux se porteraient sur elles, mais elles n’avaient plus ni sentiments de honte, ni pudeur excessive. Parfois, elle se laissait simplement porter à la tendresse tranquille d’une étreinte, lorsqu’un peu de calme le lui permettait.

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« Attention, Mah’Rin, les pierres sont plus glissantes qu’il… La Gardienne n’eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà l’adolescent voyait son pied échapper à la mousse, laquelle, traîtresse, entraînait ainsi irrémédiablement sa chute dans l’eau salée. Les témoins de l’incident ne purent s’empêcher d’éclater de rire, tandis que Thann se contentait d’un sourire un peu marqué par le désespoir : n’apprendraient-ils donc jamais ? Bravo, tu as gagné le droit de rester allonger au soleil sur la pierre là-bas, et d’espérer avoir séché d’ici-là à ce que l’on reprenne la mer, sans quoi, tu vas finir congelé avant même d’atteindre la mi-parcours, gros malin. – Ne sois pas si prompte en jugement, tu aurais été la première à tenter l’escalade, à son âge. – Je ne tombais pas, moi. – Je me souviens pourtant de quelques scènes assez similaires. – La parole d’une Padawane ne tiendra jamais face à mes déclarations de Chevalière, Thann Sîdh. » Et sur ces déclarations et un sourire ravageur, elle se drapa dans son honneur attaqué et s’éloigna à grand pas pour aller faire la démonstration de son équilibre bien moins précaire. Thann la regarda, amoureuse, faire la pitre et amuser la galerie, avant soudain de réaliser l’occasion qui se présentait là.

Déterminée, elle quitta le sable, farfouilla dans les affaires de Seïid afin d’y trouver l’outil nécessaire à la mise en place de sa petite idée, puis s’approcha d’un pas décidé, de cette démarche qui annonçait à sa compagne que ce qui allait suivre ne serait pas discutable. « Chevalière Qiik ? L’intéressée se retourna juste à temps pour saisir au vol la garde de son sabre. Vainement, elle affirma par principe son opposition. – C’est une très mauvaise idée, Thann, les rochers sont vraiment glissants et tout ce que tu vas y gagner, c’est une place aux côtés de Mah’Rin. – Eh quoi ? Cela fera rire tout le monde et c’est l’occasion inespérée de démonstration en cadre réel ! Allez ! Plutôt que de chercher un moyen de te défiler, fais-moi plutôt un peu de place. Plus vite tu m’auras prouver que tu avais raison, plus j’aurais de temps pour aller me sécher » D’un bond élégant et plein de Force, Thann rejoignit les hauteurs dans lesquelles son émule s’était perchée. Là, chacune activa son sabre, salua son reflet avec cette promesse tacite de ne tout se donner et s’élança.

Plusieurs fois, les élèves, réunit en arc de cercle autour des rochers retinrent leur souffle, persuader de voir l’une des deux combattantes basculer. Des hourras s’élever, parfois des exclamations effrayées, d’autres fois des souffles de surprises. Son amante ne lui avait pas menti, les pierres tenaient davantage du savon mousseux que du roc stable. Bien qu’elle se livrât corps et âme à l’exercice, qu’elle puisât dans la Force et les semaines d’entraînement une habileté qu’on ne lui avait pas connu jusque-là, ce qui devait advenir advint. L’air était chaud, la froidure de l’eau, lorsqu’elle rompit la crète d’une vague, la saisit.

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« Non, cette fois, c’est toi qui te tait. Tu as les lèvres toutes bleues, Thann ! Donc, tu t’enroules dans cette couverture, tu te roules en boule dans ce coin, et tu nous laisses rentrer. On sait gérer l’embarcation, t’entendre claquer des dents dans notre dos sans arrêt n’aidera en rien. De toute façon, c’est ça, ou je te jette de nouveau à la mer. – Je ne suis plus une enfant, Seïid. – Justement, c’est le moment d’assumer tes responsabilités. Je t’avais prévenue que ça finirait ainsi, tu as dit que tu t’en moquais, maintenant, tu obéis. » Une langue fut tirée effrontément, mais la vaincue céda aux désirs de sa vainqueure et se ramassa dans le filet tendu à la poupe des deux flotteurs du navire.
Thann Sîdh
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Seïid Qiik – #8385AB
Eddy Son – #CCCCFF
Lon-Tan-Ano-Nyme aka la Maître de Seïid – #E0FCCE

« Alors ? Tout est paré ? – Oui, suivant vos instructions, Madame Sîdh. Cependant, qu’on soit bien clair vous et moi, chère consœur, si la houle commence à se lever, je t’interdis de rester en mer. La plate-forme n’est pas faite pour encaisser des creux de trois mètres, et elle aurait bien du mal à regagner les quais, de toute façon, avec un ressac trop important. Alors pas de bêtises. – Tu te la joues aussi Seïid, toi, maintenant ? – Même si elle a tendance à martyriser mes bébés, je dois bien admettre que je suis d’accord avec elle : parfois, votre Maître transparaît bien trop à travers vous. – Et je prends cette impertinence comme un compliment, mon cher Eddy Son. Merci beaucoup, à tout à l’heure, et je serai prudente, promis. » La conversation s’arrêta là, sur une mine toujours inquiète et un sourire qui se voulait rassurant mais qui n’en eut absolument pas l’effet. Depuis quand Thann était entrée dans le clan des têtes brûlées ? Elle n’en savait trop rien. Pour dire vrai, elle n’avait d’ailleurs jamais l’impression de prendre ces risques inconsidérés qu’on lui prêtait. Elle écoutait son corps, comme on le lui avait appris, et si elle osait s’approcher de ses limites, elle ne cherchait jamais à les dépasser de façon totalement déraisonnable. L’aspirante Sentinelle, après s’être si longtemps forgé l’âme, terminer de se forger le corps, voilà tout.

🌿

Sur le quai, qui l’attendait à présent depuis une petite dizaine de minutes, une présence familière, quoiqu’elle ne l’avait fréquentée que peu, finalement. Lon-Tan-Ano-Nyme. Une Céréenne, élancée, terriblement athlétique, au regard d’une douceur sidérante de contraste avec la puissance qui se dégageait de son corps. Un âge difficile à définir, sur lequel elle aimait faire un mystère ludique. Elle comptait aux rangs des lames les plus exceptionnelles de cette génération. Une Gardienne maintes fois éprouvée par la guerre et le conflit. Une femme d’honneur et de cœur. Celle qui avait tout appris à Seïid. « Maître Lon-Tan, je vous remercie encore de bien avoir voulu accepter de m’accompagner. – Thann, c’est un plaisir de te voir et de t’aider. Comment aurais-je pu te le refuser ? Et puis, je dois dire que l’idée de t’apprendre quelques petits trucs pour surprendre ma très chère ancienne apprentie me plaît assez. Elle a toujours besoin de nouveau défi, sans quoi, elle finit par péché par confiance. Donc… J’imagine que l’engin, là, est celui dont tu m’as parlé. Thann sourit, un peu gênée par le ton que la maître d’armes avait utilisé pour désigner sa dernière invention. – Oui, c’est bien lui. Une idée que nous avons eue, le Chevalier O’Bred et moi-même, pour apprendre aux jeunes à se mouvoir et à se battre même dans des milieux à la stabilité précaire. Ce n’est rien d’autres qu’un assemblage de grandes dalles mobiles, toutes reliés par des vérins, permettant à chaque dalle une certaine indépendance. Elles monteront et descendront au gré des vagues mais aussi du poids que nous exercerons dessus. Je voulais la tester en avant-première avant de la proposer demain aux élèves et au Chevalier. Si vous voulez bien me suivre… »

🌿

« Je n’avais jamais eu l’occasion de la voir de si près. C’est une très belle arme que tu t’es forgée, félicitations. Je comprends mieux pourquoi les étincelles dans ses yeux, lorsque Seïid évoquait ton travail. Si leur relation était pleinement assumée, que rien n’était plus dissimulé ni à son Maître, ni à l’ancien mentor de la Togruta, cette soudaine évocation de leur relation et surtout de la possibilité que Seïid eût parlé sa mentor de Thann lui fit monter le feu aux joues. – Merci… Mais je ne sais malheureusement toujours pas m’en servir efficacement. J’ai dû mal à jouer convenablement de la longueur du manche et, Maître Karm l’a souligné aussi, ma courbe de croissance exponentielle des derniers moi n’a pas aidé. Certes, je commence à retrouver un équilibre correct, mais je reste depuis trop longtemps gauche. – Gauche, comme tu y vas. » La Céréenne, après avoir longuement étudié la garde et détaillé le mécanisme de déploiement du manche, activa le tout et mania l’arme. Son style était une danse, remarquable. Elle usait de l’élan que lui donnait les vagues pour s’élevait avec majesté et retombait souplement, ne frappant pas le sol plus lourdement qu’une plume de cormoran qui s’égarerait là au hasard d’un survol. – Sa couleur est magnifique… Très singulière. Tu dis que tu as trouvé ton cristal sur Ilum ? J’ignorais que les grottes de glace en produisait de pareil. – A dire vrai, c’est qu’il ne s’agit pas réellement d’un cristal d’Ilum. Certes, je l’ai bien trouvé dans les cavernes mais… Il apparaît que, sans le savoir, j’ai peut-être fait la rencontre d’un antique Maître de notre Ordre qui m’a fait ce cadeau. Le cristal est en ambre. – Que la Force peut nous offrir de mystère… Toujours est-il que l’équilibre de ton arme est particulier, en effet, mais tout à fait attendu vu le design choisit. Nous ne pourrons pas terminer de tout corriger en une seule après-midi à danser sur les vagues, mais j’ai bon espoir de te voir au moins prête à brandir ton enfant demain, face à notre confrère. – Bien, alors ne perdons pas de temps, je veux mettre toutes les chances de mon côté. » L’air marin avait grisé la jeune femme, aussi bien que le ballet auquel elle venait d’assister. Elle était décidée à régler cette question une fois pour toute. Bientôt, elle manierait Endelda et l’interposerait entre la violence et l’innocent. Le Maître lui rendit son arme, dégaina son propre sabre, à la garde élégamment courbe, elles prirent place et la mer marqua de nouveau la cadence.

🌿

« Je veux savoir ce qu’elle t’a dit ! – Jamais de la vie ! Je préfère mourir que de te l’avouer ! articula-t-elle tant bien que mal, mis en difficulté par les chatouilles acharnées de sa propre victime. – Tu cèderas, Padawan ! Dussé-je m’en briser les doigts sur tes côtes ! – Jamais ! JAAAMMAAIISS ! AHAHAHA ! » Face à une telle scène de violence, B0-UT se retira discrètement, sans un mot, et la nuit de Dantooïne seule entendit les plaintes suffocantes de la Miraluka soumise à la question.

Fin
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