Absalom Thorn
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Ah, ça, docteur, vous ne pourrez pas vous plaindre que je ne vous emmène pas dans des endroits bucoliques.

Et sur ces bonnes paroles, Absalom leva lentement les mains, comme on le lui demandait, car Torhyn et lui venaient d’être accostés dans une ruelle lugubre par deux messieurs qui n’en voulaient manifestement pas les inviter à boire un verre. Le Rodien, par sens du pittoresque, les braquait à l’arbalète-laser, tandis que l’autre, que l’on pouvait charitablement décrire comme « un humain », agitait sa vibrolame en les invectivant en huttese.

Manifestement, il a une piètre idée de ma mère, traduit le Hapien à l’attention de son compagnon d’aventures.
Silence, s’exclama le Rodien en basic, et dites-nous comme vous êtes venus ici !
Il faut qu’on soit silencieux ou qu’on parle ?
Ne jouez pas au malin !
Moi, je dis ça, c’est pour vous aider, vous savez.
Vous êtes venus en vaisseau, hein ? Donnez-nous les codes d’accès…
Histoire de faire avancer les choses.
… et on ne vous fera pas de…
Parce qu’on n’a pas que ça à faire, nous.
Mais vous allez m’écouter, à la fin ?

Qu’est-ce que c’était agaçant, ces étrangers qui venaient sur Nar Shaddaa et refusaient de se laisser détrousser sans faire d’histoire ! Aucun respect pour la profession.

J’ai une contre-proposition, dit calmement le Jedi Noir, mais en huttese cette fois-ci, et après avoir lancé un coup d’oeil à l’homme défiguré. Vous descendez votre petit camarade, je vous paie une forte somme et vous nous servez de garde du corps pour le reste de notre séjour.
Et pourquoi pas le cul de la chancelière, avec cela ?
Je ne suis pas sûr que M. S’orn y soit très disposé.

Et pendant qu’il faisait cette remarque très perspicace, son emprise télékinésique se refermait sur la main qui tenait l’arbalète. Il plissa légèrement les paupières et le bras du Rodien se crispa.

Mais…

Lentement, et malgré lui, comme emporté par son propre corps, il tournait son arme vers son complice.

Qu’est-ce que…
Ah, excellent, poursuivit le Hapien en huttese, je vois que vous vous montrez plus raisonnable. Visez la tête, ça sera plus rapide, et vu l’état dans lequel elle est déjà…

Mais l’humain, persuadé d’être victime d’un coup fourré comme il y en a tant sur la Lune des Contrebandiers, fut prompt à réagir : il bondit sur son ancien ami et lui trancha la gorge d’un revers de vibrolame. Le Rodien écarquilla les yeux plus encore que de coutume, alors que son sang gargouillait, puis il tomba à genoux, face contre terre dans la ruelle poussiéreuse.

Profitant de l’état de confusion du survivant, Absalom fit un léger geste de la main et murmura :

Sans doute est-il préférable de s’enfuir.

Le brigand cligna des yeux plusieurs fois, d’un air absent, avant de répéter la même phrase avec un accent rocailleux et, la seconde suivante, il tournait les talents et détalait pour disparaître dans la foule du grand boulevard. Noctis, de son côté, poussait un soupir théâtral avant de repasser en basic.

Qui aurait cru que la Lune des Contrebandiers serait si mal fréquentée…

Et puis, après avoir adressé un sourire entendu à son chercheur préféré, il enjamba le cadavre du Rodien pour regagner à son tour la rue principale.

Ils étaient arrivés ce matin-là sur Nar Shaddaa, mais leurs recherches, pour l’heure, s’étaient avérées infructueuses. Les contacts du sorcier au sein de l’Espace Hutt restaient encore ténus et les indices collectés en amont par Darth Venenous n’avaient qu’un peu contribué à restreindre le champ de leur recherche à l’un des cadrans de la lune-monde.

Néanmoins, Thorn s’amusait manifestement comme un petit fou. Le docteur pouvait commencer à s’en rendre compte, au fil des mois : cet homme tout en délicatesse n’était jamais plus heureux que lorsqu’il se perdait dans les quartiers suspects d’une ville lointaine, là où les lois de la galaxie demeuraient fort théoriques et où l’imprévu les attendait à chaque tournant. Le grand bourgeois d’Hapès se fondait là dans le décor comme s’il y avait toujours vécu, et ce n’était d’ailleurs pas tout à fait faux.

Donc. Galurg le Boiteux, à présent.

Depuis leur arrivée, ils passaient les intermédiaires en revue, méthodiquement. C’était une succession de pirates spécialisés dans les otages, qui capturaient des vaisseaux plutôt pour les passagers que les marchandises, et les revendaient en revenant sur Nar Shaddaa à des marchands d’esclaves qui se chargeaient ensuite de les distribuer un peu partout dans l’Espace Hutt.

C’était un milieu qu’Absalom connaissait bien : libérer des esclaves constituait l’un de ses passe-temps favoris. D’ordinaire, il suffisait qu’il apprenne qu’un joli garçon avait été réduit à ce sort cruel pour se mettre à remuer ciel et terre, et à semer des cadavres sur sa route, afin de le libérer. Ce jour-là, cependant, l’objet de leurs recherches était une femme, et elle n’était pas jolie.

Hors de prix, ça, en revanche, c’était bien possible.

La Dr. Shayarava Amararish avait été capturée près de six mois plutôt, alors qu’elle conduisait une expédition scientifique aux frontières de l’Espace Hutt, sur des exoplanètes de petite taille qui, malgré l’absence quasi totale de soleil, parvenait à développer une végétation. Cette experte de la botanique extrémophile, spécialiste de ses applications pharmacologiques, avait été vendue à un trafiquant de drogues, et quand celui-ci avait trouvé la mort dans une fusillade, ses esclaves étaient revenus sur le marché.

Mais pour l’heure, les deux hommes ne savaient pas si elle était encore à vendre, et par qui, ou bien s’il faudrait aller la tirer des griffes de son nouveau propriétaire, pour enfin mettre son expertise au service des nobles causes auxquelles ils travaillaient dans leur laboratoire.

En tout cas, le progrès de la science méritait bien qu’on égorge quelques Rodiens.
Torhyn Lokred
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- « Chume »

- « Chume » ?

- « Chume » ! Oui !

- « Reine-mère » donc ?

- Oui ! On dit aussi « Ereneda », cela veut dire « celle qui n’a pas d’égal ».

- « Ere-ne-da » ?

- Très bien ! Avec un léger accent ! C’est trop mignon. Il riait de ce qu’il venait de reconnaitre. Je souris en le voyant si joyeux. Il était, forcément, très beau, comme tous les Hapiens. Parce que cela m’agaçait de de pas comprendre la langue de ce système qui m’accueillait, j’avais décidé de passer à la vitesse supérieure dans mon apprentissage. Quoi de mieux, quand on apprenait une langue, de la pratiquer, dans sa globalité ? Cela faisait quelques semaines que j’avais fait appel aux services d’un linguiste qui arrondissait ses fins de mois en donnais des cours particuliers – très particuliers parfois – à des personnes désireuses d’apprendre la langue maternelle des Hapiens. Dans notre situation, nous faisions un échange de bons procédés, j’étais coutumier de ce genre de contrepartie avec la belle He’Thu. Ainsi, mon beau professeur m’apprenait les subtilités de la langue Hapienne, et moi je lui enseignais le langage des signes, qui semblait l’intriguer. Alors, reprenons, avec « Chume » tu peux faire des variantes. Regarde : « Chume’da », « Chume’la ».

- Des enfants de la Reine ?

- En quelque sorte. « Chume’da » cela désigne l’héritier de la Reine-Mère. « Chume’la » l’épouse de l’héritier.

- Mais les hommes ne peuvent accéder au trône vraiment non ?

- Oui, si la Reine n’a pas de fille, c’est l’épouse du fils aîné qui succède à la Reine. On désigne cette position dans notre langue ainsi : « Ta’a Chume ».

- « Taa’Chume »

- Presque, tu dois marquer entre les deux « a », l’apostrophe est entre les deux. Regarde si je te l’écris. Il saisit le datapad et un stylet pour écrire manuellement le mot que je tâchais de lire en respectant ses consignes.

- « Ta’a Chume » ?

- C’est beaucoup mieux ! Tu fais des progrès ! Allez à toi ! Montre-moi encore comment on signe !

Comment résister à une gueule d’ange pareille ? Je m’exécutais. Et il mimait face à moi. Nous passions de bons moments ainsi, et cela m’adoucissait la vie…Quoi que je n’aie pas à me plaindre d’Hapès. J’étais…un homme, mais un étranger. Une forme de curiosité en quelque sorte. Et ma relation principale étant Absalom Thorn…Je n’avais pas grande inquiétude à avoir.

Outre mes cours d’apprentissage de la langue maternelle de mon employeur, je ne chômais pas. Et j’avais repris mes travaux, tout en encadrant l’équipe que Darth Venenous avait pu rassembler pour poursuivre les recherches commandées par le Docteur Thorn. Je travaillais également à comprendre, voir détourner les informations collectées sur Balamak. Je n’avais pas le temps de m’ennuyer ! Sans oublier les expéditions que j’enchainais avec Absalom dès qu’il avait besoin de mon aide en matière médicale, dans un large spectre. Mais je devais reconnaitre que j’aimais beaucoup l’accompagner. Depuis notre expédition sur Balamak, et notre conversation sur nos aspirations, je réalisais ce qu’il voulait dire quand il m’avait avoué que côtoyer le danger avait quelque chose de grisant. C’était vrai…mais bizarrement…uniquement quand je le savais proche, comme lorsque j’avais eu avec moi Mee, et trois siths avec moi pour me rendre sur Taris prélever le virus Rakghoule à la source. Sans quoi je ne m’y risquerais pas vraiment. Je n’étais pas suicidaire non plus…et je reconnaissais mes limites.

Aussi, quand il m’avait demandé de l’accompagner pour retrouver la Dr. Shayarava Amararish, capturée lors d’une expédition scientifique, je n'avais pas hésité. Nous étions sur Nar Shaddaa à rencontrer des intermédiaires pour trouver des informations. Des pirates peu scrupuleux. Voila pourquoi, au cours de notre quête, nous nous étions retrouvé mains en l’air, menacés par un humain à la gueule cassée et un rodien. Absalom avait la délicate attention de me traduire le Huttese – ce serait sans nul doute la prochaine langue que j’étudierai plus en profondeur car je n’avais que des bribes apprises sur le tas, au contact du délicieux Sorcier. Absalom avait l’art et la manière de dédramatiser notre situation, et je réprimais un rire. Preuve que je ne me sentais véritablement pas en danger.

La suite fut du grand Docteur Thorn, du spectacle comme on les aimait, et j’étais aux premières loges pour voir la mort du Rodien et l’attitude désemparée de son comparse qui venait de lui trancher la gorge, avant de détaler. La remarque et le sourire d’Absalom à mon égard me fit rire :

- Ce qui est sûr, c’est qu’on ne s’ennuie jamais avec vous, et mon sourire vint faire écho au sien. Deux gosses…voila ce que nous étions. Nous nous remimes en route. Galurg le Boiteux…quel nom mes aïeux… Nul doute qu’il boite donc. De quelle espèce est-il ? Avec un nom pareil je penche pour un non-humain ? J’espère que notre pauvre collègue se porte au mieux…

Bien entendu, son état de santé m’importait peu…du moins ce n’était pas mon but premier. Ce que j’espérai c’était qu’elle soit suffisamment en état pour nous transmettre les données qu’elle avait collecté. Le reste, c’était secondaire.

Galurg le Boiteux. Ce nom sonnait fripouille de bas étage. Trouver une fripouille parmi les fripouilles ce n'était pas évident. Indice: une patte folle surement! Due à quoi ? Il nous le dira surement. Les malfrat de ce genre exhibaient fièrement les blessures et n'hésitaient pas à enjoliver le récit de leurs aventures...



Darth Hope
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Il court, il court, le sorcier...

Il avait encore le traumatisme de Nar Kagaa.






Seulement 20% d’humains, et des journées comptant 87 heures standards. L’air y était aussi pollué que dans les bas-niveaux de Coruscant dont on disait qu’elle était la terrible petite soeur. Quoique…petite n’était pas un adjectif qu’utiliserait Dana pour qualifier cette lune qui s’affaissait littéralement sous le poids des constructions que les Hutt y avaient mené. Les immenses dock d’amarrages de l’astroport de Hutta Town.


Bip, bip, biiiiiiiip.

Les systèmes automatiques de sécurité s’étaient affolés dès que l’Inquisitrice avait passé les portiques qui représentaient vaguement des douanes. A ses côtés, au coeur d’un autre portique, les bits résonnèrent tout aussi désagréable, y coinçant un hapien au regard intransigeant et cerné. Tandis que des agents de sécurité s’approchaient des deux anomalies, Dana envoya un sourire insolent au Capitaine Sith, à peine intimidée par tout ce fracas protocolaire. Et ses petites dents blanches, bien alignées, contrastaient avec le rouge sanglant de son fard à lèvres. Un des miliciens de l’astroport lui fit signe d’avancer et elle s’exécuta.

- L’droïde va procéder à un scan complet. C’est pas tous les jours qu’on a droit à du gratin impérial, lâcha-t-il en déchiffrant les données biométriques récupérées par le portique de sécurité dernière génération. Les Hutts ne lésinaient pas sur les moyens quand il s’agissait de contrôler et protéger leurs affaires. Shar ne pouvait que déplorer que leur réseau de renseignement s’étendait suffisamment au coeur du territoire impérial pour compiler des données biométriques sur certaines figures notoires. Le robot s’activa autour de la brune.

-Parce que l’Empire en a pas grand chose à foutre d’une lune qu’est aussi obèse qu’un Hutt.
-Oh, oh, oh, on va se calmer d’accord, rétorqua brutalement l’agent.
-Ca sonnait plutôt comme un compliment, railla-t-elle en dégageant sa chevelure derrière ses épaules. Depuis son séjour sur le Melantha, des semaines avaient passé et ses cheveux de jais s’étaient étirés, ondulant jusqu’à l’arrondi de ses épaules.

Tout près de sa position, Lloyd subissait le même check-up et les mêmes remarques acerbes. La Sith écarta les bras quand la voix désincarnée du droïde lui intima le geste et il dévia ses senseurs vers les aisselles de Dana, scannant à travers le tissu sombre de son débardeur commun. Elle portrait un treillis noir et des bottes au gris délavé. Une simple ceinture cintrait sa taille. Les capteurs du robot de sécurité se heurtèrent à l’évidence de sa vibra-dague, portée à sa cuisse droite.

-Pourquoi venir armée ?
-Qui vient désarmé sur Nar Shaddaa ? Dit-elle en haussant les épaules.
-Bah, les putes. Les filles qui…ont un décolleté plongeant et une tonne de maquillage sur la gueule, comme vous.

Un sursaut dans la Force et elle eut à peine le temps de s’interposer entre un Lloyd furieux et le garde impoli. Elle plaqua une main ferme sur le torse de son coéquipier tandis que l’aliéna en uniforme le défiait du regard. Elle soupira un murmure discret près du visage hapien.

-Plus tard. Au retour.
-Alors, il a quoi la gueule d’ange ? Il veut faire le malin ?

Contre les muscles de Hope, la main de l’inquisitrice se mit à trembler de colère et elle serra le poing pour endiguer sa rage. Plus tard. Au retour, se répéta-t-elle intérieurement. Il y eut quelques secondes de flottement au coeur d’une tension électrique avant que le milicien ne se décide à cracher :

-Allez-y, mais on vous a l’oeil ici. Vous êtes pas dans votre petit Empire chéri.
-On sait, sourit-elle.

Vous seriez déjà mort sinon, voulait dire son sourire.












Hutta Town grouillait de vermines. Des âmes aux relents d’illégalité foulaient ses rues bondées et le trafic de speeders en tout genre saturait les airs sombres que les néons rutilants des commerces transperçaient, créant des armées d’ombres. Après avoir quitté l’astroport, le duo de Sith s’était engagés dans l’une des artères principales de cette ville aux ramifications innombrables. Ils s’étaient fondus dans cette masse bourdonnante. Les doigts de Dana n’étaient pas bien loin de sa vibrodague et ses sens ne quittaient pas la Force, prête à réagir au moindre écho hostile. Le couple échoua dans l’un des nombreux bars de la cité lunaire. Ils se faisaient face, chacun posé sur une banquette capitonné, leurs visages éclairés par un néon pourpre dont la lumière noire se reflétait indécemment sur les tenues légères des serveurs et serveuses. Dana alluma son datapad dans une grimace d’inconfort. Les missions dans l’espace Hutt n’avaient jamais bien tournées. Premièrement parce qu’elles étaient théoriquement, hors de la juridiction de l’Inquisition et qu’en s’y aventurant, Dana risquait le courroux des services secrets impériaux. Deuxièmement parce que c’était le repaire de leur meilleure ennemie dont les contacts ne tarderaient pas à les repérer. Cependant, Runà l’avait jeté à corps perdu dans ce contrat absurde. Il s’en était suivi une discussion envenimée avec un certain capitaine de frégate au sujet de la dangerosité d’une telle mission, du refus qu’elle y aille seule.

-Bon, l’objectif est clair, répéta-t-elle pour la énième fois. Parce qu’elle avait déjà briefé le blond durant tout leur trajet. Pas à bord du Sans-Visage car Mumkin avait posé des congés, mais en navette de transport commune. Et même pas en première classe. Faut que je mette la main sur une femme, avec un nom à coucher dehors encore. Une scientifique. J’en sais pas plus mais ahm…

Elle s’humecta les lèvres pour couvrir son malaise.

-Imagine que ça un rapport avec le virus, le Stonx, Zal Ykis et tout. Pourquoi les autorités Sith voudraient mettre la main sur une scientifique, aussi loin en plus. A moins qu’il y ai autre chose. Un autre chose dont on m’a pas mis au courant et qui risque nous faire tuer, comme d’habitude. Puis je reviendrai à moitié fracassée et Runà dira : « Ah booooon ? Non mais vraiment je savais pas. » Pfff. Lloyd ? Tu m’écoutes ?

Non, bien sûr, il ne l’écoutait pas. Ses yeux émeraudes et paranoïaques se baladaient partout, scrutaient la foule de l’établissement, scandaient les visages, tentaient de percer la moindre menace. Il n’était pas tranquille. Il ne le serait probablement jamais dans de tels environnements. Il avait encore le traumatisme de Nar Kagaa. A cette pensée, le coeur de Dana se serra d’amertume et une boule d’angoisse se forma dans son ventre. Elle tenta d’ignorer la sensation d’étouffement soudain, pour mieux se concentrer sur le présent, la réalité qui prenait corps dans deux immenses verres de soda pétillant au bleu luminescent, servis par une togruta sulfureuse dont les lekkus se balancèrent « innocemment » devant la figure hapienne.

-Dégage, déclara l’Inquisitrice.
-Autre chose avec ça ? Minauda la serveuse, en ignorant l’humaine, dans un basic très approximatif.
-Non, il est pauvre et intérieurement laid comme un Hutt, alors dégage, répéta la Sith en fronçant les sourcils.
-Parce que je peux relever ta boisson si tu veux…
-Dis, tu percutes pas le basic ou quoi ? Mes poings, eux ils risquent de te percuter vite par contre si tu dégages pas.
-Ca va, ca va, se renfrogna enfin l’employée après avoir fusillé Dana du regard.

Aucun des deux ne toucha à son verre. Les bulles sucrées éclataient à la surface du breuvage qui scintillant. L’odeur de sucre, la couleur aguichante, l’idée de désaltérer alors qu’il faisait si étouffant au « Bantha Boiteux ». Mais aucun d’eux n’avait confiance. On les avait repéré dès leur arrivée à l’astroport. Des gens, ici, savaient qui ils étaient. Leurs boissons pouvaient être empoisonnées. Le séjour allait être long.

-Et je sais même pas à quoi elle ressemble cette scientifique, j’ai juste son nom. C’est chiant que Mumkin fasse son handicapé social en ce moment, j’suis sûre qu’il connaît un peu de monde ici…je vais aller aux toilettes laisser traîner mes oreilles, sait-on jamais, un miracle, le hasard…

Ou simplement le besoin de pisser. Parce que Hope lui jeta un regard acéré prêt à répliquer, elle le devança.


-Je peux aller aux toilettes, seule, ce serait suspect genre…que tu m’y accompagnes.


Une seconde après, elle avait été avalée par la foule dense du bar. Et le long compte à rebours des minutes avait commencé pour Lloyd. Après un quart-heure, une silhouette féminine revint enfin à lui et s’installa sur la banquette. Mais ce n’était pas Dana. L’inconnue avait des cheveux émeraudes, de grands yeux en amandes aux pupilles noires. Des traits dévaroniens ciselaient son minois sillonné par quelques rides. Des dizaines de bracelets colorés couvraient l’intégralité de ses avants-bras. Ils se heurtaient quand elle faisait un mouvement, tintaient dans l’air ambiant, malgré la musique, les éclats de voix, on pouvait les entendre se percuter.

-Je vends mes services à ceux qui en ont besoin, lui dit-elle. Ce n’est pas pour ce que vous croyez. Je lis l’avenir, mais c’est pas gratuit. Je suis sûre que vous voudriez savoir si votre fiancée va revenir. Alors ?

Et elle déposa un paquet de cartes sur la table, entre les deux boissons.




CSS par Gaelle



Lloyd Hope
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- Ils disent tous ça, au début.






- T’es mal renseignée, c’est pas ma fiancée.

Le hapien braquait sur la dévaronienne un regard méfiant, ouvertement hostile. Il portait une combinaison grise de pilote en dessous d’un sweatshirt zippé à capuche noir, très passe-partout mais légèrement trop large pour lui. Mais même dans cet accoutrement, il avait l’impression que ses galons impériaux étaient affichés partout sur sa figure, dans son dos. A chaque coin de rue, pour venir jusqu’à ce bar, il avait été sur le qui-vive, persuadé qu’ils allaient se retrouver face à un gang affilié aux djiilo. Il n’avait cessé de se répéter que c’était une erreur d’être ici – mais pas une si grave erreur que de laisser Dana s’y promener seule.
Visiblement loin de ces préoccupations, la dévaronienne lui offrait un sourire entendu, énigmatique.

- 10 crédits, je vous prédis ce qu’il va vous arriver la prochaine heure, 100 crédits, le reste de la semaine, 1000 crédits, le reste de l’année. Vous avez compris le principe.
- Je reformule : j’ai aucune thune à dépenser dans tes merdes, maintenant dégage.
- Vous ne voulez pas savoir si elle va revenir, la fille qu’est pas votre fiancée mais que vous zieutez comme un krayt sur ses œufs ?

Lloyd se pencha en avant en plissant les yeux.

- Evidemment qu’elle va revenir sinon j’incendie le bar avec mon souffle de dragon, ironisa-t-il avec un sourire factice. A part l’avenir, t’as pas d’autres genres d’infos à vendre ?
- Ça dépend, vous cherchez quoi ?
- Le type accoudé là-bas. C’est qui.

La dévaronienne se retourna un bref instant, le temps de jeter un coup d’œil vers un dévaronien en costume sombre dont une corne était brisée à mi-hauteur. Le bar était plongé dans une pénombre que troublaient parfois les lueurs vives d’écrans où étaient retransmis les danses langoureuses d’une chanteuse twi’lek du genre dont Mumkin aimait afficher les posters dans sa petite cabine du Sans Visage. Mais à part la togruta qui se dandinait parfois au comptoir en récupérant sur un plateau les boissons des clients, personne ne semblait s’intéresser à ces écrans : les clients étaient plongés dans des conversations animées, échangeaient des crédits ou jouaient au pazaak sur des blocs de données posés devant eux, le tout dans un brouhaha désagréable. Certains fumaient des cigarras bon marché, emplissant la pièce d’une fumée âpre qui voilait le fond de l’établissement, où Dana avait disparu quelques instants plus tôt.
La dévaronienne eut brièvement l’air mal à l’aise lorsqu’elle fit face à Lloyd de nouveau.

- Hum, pourquoi ?
- C’est moi qui pose les questions, toi, tu réponds aux questions des clients, non ?
- S’ils payent.

La main de Lloyd apparut sur la table et quelques billets étaient enroulés entre ses doigts. Il posa les crédits mais sans les lâcher, et quand la dévaronienne referma ses doigts sur les crédits il s’assura qu’elle ne pût récupérer l’argent.

- Je lâche si les infos sont véridiques et intéressantes.
- Ok, souffla la dévaronienne. Kript. Il bosse pour les commerces de la rue. Il s’assure de la.. sécurité et protection de certaines personnes.
- Ah. Pour les commerçants.
- C’est ça.

La dévaronienne tira un peu sur l’argent mais Lloyd ne lâcha pas. Il continuait à soutenir le regard de la voyante, qui avait perdu ses airs aguicheurs.

- Et qu’est-ce qu’il foutait tout à l’heure à l’astroport, alors ?
- Aucune idée. Tu t’es trompé. Kript est là la plupart du temps. A ce bar ou à un autre, je veux dire. Pas à l’astroport. T’as pas l’habitude des aliens, t’as confondu.
- Si, justement. J’ai un truc avec les dévas, je sais pas, je les reconnais, et ce type-là était à l’astroport.
- Je sais pas, tu t’es trompé, ou pas, il avait peut-être une course à faire, qu’est-ce que j’en sais ? Je t’ai dit qui c’était, lâche les crédits et arrête de le regarder.

Le hapien consentit à laisser l’argent filer entre ses doigts. La dévaronienne fit disparaître les billets à l’intérieur de sa poche avant d’afficher de nouveau une mine avenante.

- Tu veux savoir si elle va te tromper ?
- Elle va pas me tromper.

Elle haussa les épaules.

- Ils disent tous ça, au début.

La voyante se leva sans autre forme de procès, décidant que la séance était terminée. Elle s’enfonça dans le bar, trouva une autre table à laquelle s’asseoir pour recommencer son petit numéro. Lloyd croisa un bref instant le regard du dévaronien accoudé au comptoir et il le soutint un instant, avant qu’une silhouette familière passât entre eux, rompant leur contact visuel. Dana revenait enfin, et le hapien sentit un poids quitter momentanément sa poitrine. Il la regarda s’asseoir avec un regard sévère.

- T’en as mis un temps, grogna-t-il. J’aime pas cette lune. Elle est au courant, ta maîtresse, que t’as été torturée dans l’espace Hutt ? C’est irresponsable de t’envoyer ici seule sans protection. J’aurais dû lui dire – fais-moi penser à lui dire, la prochaine fois qu’on la verra, que…
- Vous les buvez vos verres ou pas ?

Le hapien leva le nez vers la serveuse togruta avec un regard noir.

- Qu’est-ce que ça peut vous faire, on a déjà payé.
- Ça me fait qu’il faut libérer les tables au bout d’un moment quand même, enfin sauf si vous reconsommez. Enfin bon si c’est juste de regarder les bulles éclater qui vous branche, je peux vous servir un autre cocktail à bulles avec…
- On n’a pas fini, la coupa-t-il. Vous avez qu’à nous mettre des cacahuètes, si c’est notre consommation qui vous gêne.

La serveuse plissa son front rouge au-dessus de ses grands yeux maquillés.

- Des quoi ?
- Des… Un truc à grignoter.
- Des fizzbizz, par exemple ?
- Ouais, voilà.

La togruta lui offrit un sourire avant de tourner les talons, et le hapien se remit à toiser Dana. Il se noya un bref instant dans les iris dorés qu’il percevait sous les cils noir et qui avaient l’air de n’avoir rien pris en compte de ses avertissements. Il soupira. L’Inquisitrice était déjà de nouveau sur son datapad et Lloyd croisa les bras sur la table pour se pencher vers elle.

- Je sais plus où j’en étais, reprit Lloyd d’une voix bougonne. Bref. Je suis sûr qu’on a été suivis depuis l’astroport. Le type au comptoir là, Kript, il y était. Avant de trouver ton docteur, faut qu’on se trouve un endroit où se planquer. Et ensuite, je sais pas, faut qu’on trouve un alibi. On pourrait pas être venu chercher un truc en lien avec ton docteur là ? Je sais pas moi, on dit qu’on cherche un… un produit interdit dans la République ou l’Empire, genre, je sais pas, un médicament un peu dangereux. Qu’au moins on nous oriente sur un marché spécialisé local où on aura plus de chances d’entendre parler d’une scientifique du coin, tu vois ?

Il recula sur son siège, le temps de laisser la togruta poser sur la table un gros bol de petits aliments bleus et verts en forme de tire-bouchons. Lloyd crut un instant qu’il s’agissait de bonbons mais ses yeux se verrouillèrent un bref instant sur le contenu du bol : les petites choses bleues et vertes remuaient pauvrement, s’entortillaient sur elle-même. Le hapien repoussa le bol sur le côté avec dégoût, avant d’écarter les mains, paumes ouvertes, en signe de paix.

- Enfin bon, c’est ta mission hein, c’est toi qui décide, dit-il subitement d'une voix détachée, où perçait peut-être vaguement un air d'excuse.

Au cours de la dispute qui avait suivi l’annonce du dernier ordre de Darth Runà, il avait un peu promis de ne pas trop se mêler du mode opératoire en échange d’avoir le droit de venir avec Dana, alors il fallait qu’il arrivât à tenir ses engagements. Au moins la première journée, mettons.
D’un geste nerveux, il arrangea pour la énième fois ses cheveux dans sa nuque, que la sueur rendait humide. Il se pencha de nouveau au-dessus de la table avec un air inquiet.

- Hé, pourquoi tu dis que je suis laid intérieurement d’abord ?




CSS par Gaelle


Absalom Thorn
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En effet, Galurg n’était pas humain.
(Il n’était pas boiteux non plus, d’ailleurs.)
(À vrai dire, il ne s’appelait même pas vraiment Galurg.)
(Bref, tout cela fleure bon la publicité mensongère.)

Galurg le Boiteux, c’est bien ici ?

Les deux gardes eurent l’air positivement outré.

Quoi ?
Pardon ?
Mais comment osez-vous ?
Je ne vous permets pas !
Mufle.

Par acquis de conscience, Absalom leva une nouvelle fois les yeux vers l’holonéo qui crépitait au-dessus de la porte d’entrée.


AU SULTANAT DES MIRAGES


Pas de doute, c’était bien l’endroit qu’on leur avait indiqué. La prochaine étape sur la liste.

Désolé, fit-il d’un air faussement indifférent. On venait faire des affaires, mais si ce n’est pas ici…

Les deux gardes échangèrent un regard circonspect, partagés entre la nécessité de faire tourner le commerce et celle de préserver l’honneur de leur respectable quoiqu’un tantinet esclavagiste employeur.

Soit.
Admettons.
Mais qu’on ne vous y reprenne plus, avertit le garde en pointant sur lui un tentacule accusateur.
C’est pas la foire à l’endive, ici, OK ? On met les formes.
Les mots me manquent pour vous dire combien je suis navré.

De quoi, ça, c’était encore un mystère pour lui.

Bon… Sachez que Son Excellence le Sultan Galam Urg est un homme d’une exquise délicatesse…
Un raffinement à toute épreuve…
Je n’en doute pas, intervint Absalom, dans l’espoir d’éviter un long dithyrambe.

Sans succès. Les deux gardes consacrèrent cinq bonnes minutes à chanter les mérites de leur exquis employeur. Comme quoi, ce n’était pas si difficile de recruter du personnel dévoué.

Le pire, dans tout ça ? C’était que techniquement, ils n’avaient pas beaucoup exagéré la réalité. Une fois passée la façade miteuse de l’établissement, l’intérieur trahissait un goût sûr à l’exécution irréprochable. Les amateurs de minimalisme ne s’y retrouveraient pas, mais on avait tendu là des tapisseries de prix, des voiles tissées par les meilleurs ateliers des mondes indépendants, des tapis moelleux aux motifs compliqués.

Les meubles se mariaient les uns aux autres dans des couleurs chaleureuses et une musique où les cordes accompagnaient de discrètes percussions guidait les visiteurs. Une Bivall à la tenue d’une élégance sévère les avait accueillis, et elle les conduisait désormais dans le dédale des couloirs. Parfois, ils entendaient dans le lointain des soupirs alanguis, des cris de plaisir que la musique venait aussitôt recouvrir, ou de petits râles guère équivoques.

On les fit pénétrer dans une pièce où trônait un bureau en marqueterie. La Bivall s’y installa.

Vous cherchez donc, dit-elle, à vous associer les services de l’un ou l’une de nos professionnels ?

C’était si joliment dit.

Vous serez satisfaits sans aucun doute de découvrir la vaste diversité de nos profils.

Son regard chercha à sonder Absalom, et elle ne devait pas manquer de perspicacité, parce qu’une fois son bureau effleuré, celui-ci se mit à projeter tout un défilé de messieurs de diverses espèces, dont les charmes étaient indéniables. Certains étaient le type même de l’homme viril. Une cinquantaine d’année, la barbe bien coupée, solidement bâti.

D’autres étaient jeunes. Même très jeunes. Pendant un instant, le regard de l’ancien Sith trahit tout à la fois l’ampleur de son mépris et la profondeur de sa haine froide, et la Bivall parut éprouver un léger malaise, afin que le visiteur ne se reprît.

À vrai dire, ce sont plutôt les facultés intellectuelles qui nous intéressent. Nous avons cru comprendre qu’une scientifique était en vente, une botaniste dont les talents seraient utiles pour qui chercherait à… Disons sublimer encore un peu plus le goût de certaines épices.
Oh.

Leur interlocutrice coupa la projection. Peut-être ce geste la préserva-t-il ce jour-là d’une mort violente et prématurée.

Le Sultanat se spécialise plutôt dans les personnes de compagnie, mais il arrive en effet que nous servions d’intermédiaires pour d’autres sortes de talents. Notre fierté est de pouvoir aider chaque compétence à trouver le foyer qui lui correspond le mieux.

Quasi une œuvre caritative, en somme.

Mais je crains hélas que la personne dont vous nous parlez ait trouvé sa place.
Vous l’avez vendue, reformula Noctis, qui se faisait désormais une sorte de devoir de forcer son interlocutrice à décrire la réalité crue et cruelle de ses affaires avec les mots appropriés ?

La Bivall se contenta d’incliner la tête pour le confirmer.

À qui ?
Vous comprendrez sans doute qu’il s’agisse d’une information que nous ne saurions divulguer.
Peut-être une audience avec le sultan le convaincrait-elle de faire une exception dans ce cas précis.
Je vois mal comment…
Vous n’ignorez pas que le commerce d’épices est particulièrement lucratif, et c’est une bonne manière de diversifier ses investissements.

La femme le considéra longuement. Puis son regard intelligent et perspicace passa de l’Hapien à l’humain qui l’accompagnait.

Et monsieur est… ?
Mon directeur de la recherche, répondit Absalom qui, comme toujours, mentait au plus proche de la vérité. Il s’assure de l’efficacité de nos produits et évaluera les connaissances de la scientifique en question.
Et vos opérations se déroulent dans quel secteur ?
Vous comprendrez sans doute, ironisa le sorcier, qu’il s’agisse d’une information que nous ne saurions divulguer.

Mais pour lever toute réticence, il précisa néanmoins :

En dehors de l’Espace Hutt, c’est tout ce que je suis disposé à dire, à ce stade.

Cette information parut la soulager aussitôt et elle déclara :

Bien. Suivez-moi.

Quelques minutes plus tard, ils étaient introduits en présence du sultan. Le sultan n’avait pas de bureau. Le sultan trônait sur un sofa, dans une profusion de coussins, et un droïde rutilant le rafraîchissait avec un large éventail de plumes. Galam Urg était un Cathar dans la force de l’âge, splendide spécimen de son espèce pour ce qui était du physique, beaucoup moins pour la morale. Il s’était fait une spécialité du commerce d’esclaves sexuels, en commençant par les femmes de sa propre espèce, avant de diversifier ses produits.

Il ne se leva pas pour accueillir ses visiteurs, mais il fit un geste aux musiciens biths tassés dans un coin de la pièce et le silence retomba.

Soyez les bienvenus, messieurs, dans le sultanat des mirages, dit-il d’une voix gracieuse qui contrastait avec la violence inhérente à ses occupations. J’ai cru comprendre que vous aviez une requête bien particulière.
En effet, Votre Excellence, dit Absalom. Nous recherchons la Dr. Shayarava Amararish, pour qui vous fûtes, semblerait-il, un intermédiaire.
Peut-être, peut-être, fit indolemment le marchand d’esclave, en réajustant la plume qui ornait son turban.
Une information qui n’est pas sans prix, nous le comprenons bien, mais…
Nous l’avons vendue à Horald le Manchot, dit abruptement le sultan.
Horald le Manchot ?
C’est cela même.
Sérieusement ?
C’est on ne peut plus sérieux : c’est même préoccupant.
De quel point de vue ?
Comme vous le savez sans doute, Horald le Manchot se spécialise dans la contrebande de matériel de haute technologie.
Comme son nom l’indique.
Pardon ?
Non non, rien, poursuivez-vous, je vous en prie, Votre Excellence.
Récemment, il a détourné des cargaisons entières de matériel médical de pointe que l’Empire acheminait vers les secteurs récemment conquis sur les Kajidics. Des synthétiseurs pharmacologiques. Ce genre de choses se revend à bon prix aux hôpitaux des mondes indépendants qui n’ont pas les moyens de se payer les licences des entreprises impériales ou républicaines.

Décidément, le crime s’infiltrait partout.

Mais une ONG républicaine…

Tout cela devinait un tout petit peu compliqué.

… a récemment déployé un vaste programme de soutien à l’équipement médical de certains de ces secteurs. Les espoirs de revente de Harold…
Le Manchot.
[color=teal]C’est cela même, se sont brutalement effondrés. Et depuis, il est devenu mauvais payeur. Très mauvais payeur./color]
Sans doute Votre Excellence a… disons… un service de l’ordre à même de récolter son dû.
Oui, oui…, fit évasivement le Cathar. Mais mes gens sont… euh… occupés ailleurs.

C’était suspect.

Donc, si quelqu’un souhaitait financer la récupération musclée de la scientifique, je n’y verrais pas d’inconvénients…
Un message à faire passer, en somme.
Monsieur, vous lisez dans mes pensées.
Votre Excellence, je n’ai pas ce pouvoir, mentit le sorcier, mais je vous remercie de ces précieuses informations, où il semble que nous devions tous deux trouver notre intérêt…
Torhyn Lokred
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Absalom était un homme surprenant. A mesure que je le côtoyais, j’apprenais à le connaitre. Et tout ceux qui e voyaient comme un être sanguinaire, sans cœur ni principes, avaient tort, complètement tort. Absalom ne prenait la vie de quelqu’un que lorsqu’il y était obligé, ou pour préserver la vie d’une tierce personne. Il n’était pas cruel, et sa haine pour l’esclavage était véridique. Il n’avait rien à voir avec les Siths…non…vraiment rien. Et malgré tout les Jedis ne l’estimaient pas non plus. Il était comme moi, entre deux eaux, à la frontière entre ce que les gens appelaient « le bien » et le « mal ». Mais nous étions un peu plus compliqués que cela. Et pour parvenir à nos desseins, nous étions prêts à tout. Mais nous n’étions pas des êtres sans cœur. Ni l’un, ni l’autre. J’étais navré pour lui d’être aussi peu considéré finalement.

J’avais clairement senti le malaise lorsque la Bivall avait mis en avant ses « produits ». Mauvaise idée…Heureusement, la tension retomba quand notre interlocutrice compris ce qui nous amenait. Finalement nous allions rencontrer le fameux propriétaire des lieux.

Un cathar…qui me disais vaguement quelque chose en vérité. Ce ne fut que lorsqu’il fit mention d’Horald le Manchot que je fis les liens dans mon esprit. J’avais, depuis longtemps, tâché de ne plus songer à cette période de ma vie que fut ma fuite, quand la République me cherchait encore. Ainsi donc nous allions devoir retrouver Horald le Manchot pour le compte de ce cathar. Un échange de bon procédé, nous aidions ce Sultan à récupérer ses gains, et nous retrouvions notre scientifique. La diplomatie d’Absalom avait encore frappé.

Le cathar détourna son attention de mon comparse pour la reporter sur moi. Il me fixa quelques instants, fronça les sourcils. Je soutenais son regard, mes yeux plongeant dans les siens. Il semblait réfléchir…quand finalement il demanda :

- Je ne vous ai pas déjà rencontré ?

- Je ne pense pas. Sans quoi je m’en souviendrai. Vous n’êtes pas le genre de personne qu’on oublie si facilement, Excellence, un peu de flatterie pour détourner son attention.

- Bien entendu…toutefois, votre regard…il me semble familier…Peu importe. Il se tourna vers Absalom Je suis ravi que nous soyons sur la même longueur d’onde. J’attends donc de vos nouvelles concernant ces petits retards de transactions avec Horald, et j’espère que vous trouverez cette Docteur Shayarava Amararish…en pleine forme…

Cette précision n’augurait rien de bon.

Je ne fus pas fâché de sortir de cet endroit. J’attendais que nous nous soyons quelques pe éloignés, avant d’enfin expliquer à Absalom :

- Je connais Horald. C’est…un filou de bas étages. A l’époque j’étais en fuite, l’Empire venait de prendre Lorrd et la République me recherchais. Autre détail, j’avais besoin d’un traitement spécial pour mes poumons. Le genre de traitement qu’on obtient que sur ordonnance voyez-vous. On a toujours besoin d’un médecin. Surtout en temps que guerre. J’ai vendu mes services, et des fois cela impliquait de devenir médecin de bord lors d’une excursion. C’est ainsi que j’ai connu Horald…J’étais justement avec ses gars lorsque les Siths m’ont trouvé…et enlevé.

Un mal pour un bien. Quoique j’avais troqué une certaine liberté, contre une cage dorée à l’époque. Mais fort heureusement ma situation s’était plus qu’arrangée.

- Le trouver ne sera pas vraiment dur. S’il est en difficulté il prendra des risques. Je suis surpris qu’il n’ait pas prévu le coup au sujet de cette ONG Républicaine. Lui qui se targuait d’être toujours à la pointe des derniers renseignements. Un sourire amusé illumina mon visage. J’ignore s’il est en bon ou mauvais terme me concernant. De manière générale, je ne suis même pas sûr qu’il me reconnaitrait. J'étais loin d'être aussi...présentable qu'actuellement. Un détail me revint avec la conversation du cathar : ne trouvez-vous pas étrange qu’un homme comme ce « Sultan » n’ait pas d’hommes pour justement s’occuper de cela ? Je veux dire…c’est monnaie courante dans ce milieu, en matière d’argent ils ne plaisantent pas. Un gars traine pour payer, on envoie des molosses pour mordre. Ils ont tous des gars prévus pour faire ce genre de boulot.

En un sens cela pouvait cacher quelque chose de bien plus important qu’un simple différent financier.




Darth Hope
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Dana Shar a écrit:


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Il court, il court, le sorcier...

- Si ça tourne mal, tu retournes sur Melantha. Tu retournes dans l’Empire.






- Tu as raison, c’est ma mission, c’est moi qui décide. Tu t’es immiscé dans cette dernière juste pour me surveiller, s’agaça-t-elle en plongeant la main dans le petit bol où l’apéritif grouillait littéralement. Elle écrasa quelques vers entre ses phalanges, laissa leur texture dégueuler entre ses doigts manucurés sans quitter son prince charmant du regard. Leurs regards s’affrontaient et il avait laissé tomber l’air ahuri qu’il avait eu en posant sa dernière question avant de froncer les sourcils.

- Dana, prévint-il.
- Mais heureusement que t’as des bonnes idées, on va faire courir le bruit qu’on cherche quelque chose, genre de l’équipement médical de haute-pointe. Ca peut avoir un lien avec la cible. Mais pour ça va falloir se séparer afin que ça se répande plus vite et aussi, qu’on soit moins vite repérer. Paraît que y’a un cliché sur les Siths qui circulent toujours par deux.

Il ouvrit la bouche, consterné, mais elle s’était déjà levée et avait posé une puce à crédits sur la table.

- Elle peut garder le pourboire cette pétasse de serveuse. Si ça merde, on se retrouve à l’astroport, ok ? C’est le point de rendez-vous, souffla-t-elle en se pencha vers lui, très sérieuse. C’est toujours chouette les rencards avec toi.

Elle avait souri tout près des lèvres hapiennes, mettant en parallèle le souvenir où ils avaient partagé un soda sur une station lointaine. Les moments durant lesquels ils se retrouvaient en tête à tête, comme un couple normal étaient général motivés par des objectifs plutôt glauque et ce soir n’échappait pas à la règle. La musique résonnait trop fort à leurs oreilles, les rumeurs du bar s’immisçaient entre eux comme une eau fuyante et empoisonnée; remplissant le peu d’espace qui séparaient désormais leurs corps.

- Si ça tourne mal, tu retournes sur Melantha. Tu retournes dans l’Empire.







En quittant l’établissement, elle n’avait toujours rien bu, rien mangé. Elle s’était frictionnée les bras, davantage dans un geste de réconfort que par frilosité. Sa silhouette se découpait parmi les ombres et les lumières de la cité brûlante d’activité. Elle finit par allumer une cigarra. On la bouscula et elle propulsa la Force en réponse. L’anonyme cogna le sol avec brutalité, choqué et elle se dépêcha de s’éloigner. Elle était trop nerveuse, ne maîtrisait pas bien ses émotions dans un tel état de stress. User de la Force pourrait la faire repérer. C’était stupide. Elle devait se calmer, retrouver son sang-froid. Elle s’arrêta au bord d’un trottoir humide et inspira une grande bouffée de toxine, le visage fermé. Dans cette mêlée urbaine, la tête pressée par l’angoisse, elle ne vit pas venir la seringue hypodermique qui se logea dans son cou en silence.




La bouche pâteuse, la gorge sèche, les muscles ankylosés, la vision trouble. Elle avait suffisamment connu ces symptômes pour comprendre qu’elle émergeait à la suite d’une agression. Elle sentait encore la drogue parcourir son système veineux, ébranler sa concentration et par extension sa connexion à la Force. Ce n’était pas du simple chloroforme. Quelqu’un avait sciemment utilisé une drogue assez puissante pour l’empêcher de nuire. Quand ses yeux perturbés firent enfin la mise en point, elle découvrit un hangar peu chaleur dans lequel des carcasses de speeders dormaient dans la rouille et l’indifférence. Elle était agenouillée et on avait menotté ses mains derrière son dos. Son estomac se retourna et elle vomit un peu de bile. Sans doute un effet secondaire de ce qu’on lui avait administré. Progressivement des silhouettes commencèrent à se matérialiser dans son champ de vision. Dana secoua la tête dans l’espoir de remettre ses idées en ordre.

- Ah, elle se réveille.
- T’as de la chance, à une minute près, Jash était prêt à te rouler la pelle de ta vie comme dans les contes.
- Voire un peu plus au cas où la pelle aurait pas suffi, clarifia le dénommé Jash dont la figure était à moitié dissimulée derrière un foulard sombre.
- Vous êtes qui bande d’enfoirés ? Incapables d’inviter correctement une demoiselle à dîner, marmonna-t-elle.
- On travaille pour un type important, t’as pas besoin d’en savoir plus ! Et attention à ton langage ! - -- T’as pas eu de mère ou quoi ? Pour t’apprendre les bonnes manières.

Le sang tambourinait désagréablement à ses tempes. Ce qu’ils lui avaient injectés était sale. Un bruit résonna sur sa droite et soudain il eut davantage de monde.

- Allons, on se calme. C’est la précieuse acheteuse, l’abimez pas. Harold en a besoin.
- Il a surtout besoin de mains ! S’éleva une voix bourrue quelque part.

Un silence quasi horrifié suivit sa remarque.

- Bref ! C’est l’affaire du siècle. Cette impériale ici présente est venue dans le but de récupérer la marchandise qu’on a volé à l’Empire. Mais bon, nous on veut bien lui rendre…
- Mais de quoi vous parlez…putain, s’agaça Dana.
- Mais faudra juste payer. Genre quelques centaines de milliers de crédits. L’Empire a bien ça hein ? En plus Harold il a fait genre une réduction, pour le désagrément causé par le vol.

Elle sentit une poigne l’agripper fermement à la nuque et elle vit trouble une nouvelle fois.

- Ton petit camarade arrêtait pas de brailler que vous cherchiez à vous procurer du matériel de pointe. Ben c’est chose bientôt faite.
- Mon camarade…

Lloyd.

Putain Lloyd tu manques cruellement de subtilité.


- Une belle gueule d’ange comme ça. Un genre hapien bien gaulé mais vachement con.

Ah ça pour être con.

- Alors, affaire conclue ?
- Que..quoi non ! Vous croyez que j’ai une telle somme ?!
- Ah ben va falloir

La poigne autour de sa nuque se resserra douloureusement et elle grimaça. Mais la souffrance alluma un interrupteur quelque part dans son cerveau drogué.

- On peut passer un genre de marché. Ok pour la marchandise. Je pourrais demander la somme à mes supérieurs, ok ? On peut s’entendre, bande de connards. Mais je dois trouver quelqu’un avant.





CSS par Gaelle



Absalom Thorn
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Absalom posa un regard grave dans celui de Torhyn et, avec aplomb, il déclara de sa plus parfaite voix d’illuminé mystique :

Décidément, il n’y a pas de coïncidence, il n’y a que les opérations mystérieuses de la Force qui façonne nos destinées.

Puis un sourire se dessina sur ses lèvres et il reprit d’un ton plus ordinaire.

Vos affinités avec ce cher Harold pourraient bien nous être fort utiles. Je crois de toute façon que nous risquons de tomber régulièrement sur d’anciens contacts avec vous : nous opérons dans un domaine assez précis et les gens de qualité, si je puis dire, n’y sont pas légions.

Tout en parlant, Absalom observait les passants qui les entouraient. Il guettait des signes, des signes pas mystiques, mais bien concrets : des pupilles dilatées, des bras grêlés de traces de piqûres, un air un peu hagard.

Quant au sultan, oui, je suis d’accord. Je ne suis pas un mafieux aguerri mais son manque de moyens dans cette affaire…

Le sorcier bifurqua brusquement pour prendre en filature un groupe de jeunes manifestement drogués.

… est fort suspect. J’imagine que le plus probable est que Harold jouit de soutiens bien placés au sein du kajidic et que le Sultan préfère ne pas s’opposer à lui trop frontalement. En tout cas, je préconise que notre approche du Manchot se fasse avec tact et délicatesse. À tout prendre, je préfère quitter Nar Shaddaa en vie. Et en un seul morceau.

En face d’eux, les jeunes s’étaient arrêtés pour une conversation nerveuse et fébrile avec une Rodienne. Elle leur négociait leur dose à la dure, mais Absalom s’était déjà désintéressé de leur sort. Tout ce qu’il cherchait, c’était un quartier de drogués, et donc de dealeurs. Un quartier de chimistes et de scientifiques. Les deux hommes remontèrent la rue encore un bon moment. Elle faisait des angles bizarres en épousant la façade des bâtiments, construits les uns à côté des autres sans harmonie, dans cette anarchie d’urbanisme qui caractérisait la Lune des contrebandiers.

Essayons ici, dit-il finalement en s’arrêtant devant l’enseigne lumineuse de l’Alambic, un bar dont le nom se déclinait sur la façon en durese, en basic et en huttese.

Ils s’approchèrent et un Noghri s’interposa devant la porte.

Club pri…, commença-t-il, avant qu’Absalom ne fait un geste des deux doigts et n’assure : Nous sommes des clients réguliers.

Le videur cligna des yeux d’un air absent, avant de murmurer de sa voix gutturale.

Vous êtes des clients réguliers.
Trop aimables.

À l’intérieur, l’établissement n’avait rien de l’élégance profuse du Sultanat. Dans la grande salle, sur des podiums, des femelles humanoïdes se déhanchaient, dévêtues, pour un public plongé dans l’obscurité. Nombre de clients fumaient de grandes pipes en verre, dont les vapeurs entêtantes se mêlaient dans l’atmosphère chargée de l’endroit.

Des serveuses presque nues passaient entre les tables pour prendre les commandes, et d’autres femmes, assises le long du bar, tentaient d’entraîner certains clients pour un service plus personnalisé. C’est elle qu’Absalom examina attentivement, mais d’un regard froid et analytique dans lequel ne transparaissait aucun désir. Il finit néanmoins par se diriger d’un pas décidé vers la plus belle d’entre elles.

, protesta le Bothan ventripotent avec qui elle faisait jusque-là la conversation ! Tu permets, abruti ?

Absalom se retourna vers lui.

Vous êtes, mon ami, invraisemblablement ivre.
Et en quoi c’est tes affaires, le prépubère ?
Mais c’est que vous me semblez mal en point.

Et de fait, le Bothan se sentait mal. De plus en plus mal. Étrangement affaibli. Lui qui d’habitude tenait bien l’alcool. Les paupières du sorcier se plissèrent légèrement et son interlocuteur marmonna quelque chose d’inintelligible, avant de s’affaisser sur le zinc. Ce soudain malaise ne parut pas beaucoup émouvoir le reste de l’assemblée et deux Noghris se présentèrent pour le soulever par les aisselles et, supposa Noctis, le jeter dans la ruelle la plus proche après lui avoir fait les poches.

Absalom fit à nouveau face à la Twi’Lek voluptueuse.

Madame, croyez-vous que nous serions assez chanceux pour jouir de votre compagnie ce soir ?

Elle les considéra tour à tour, pour bien mesurer qu’elle venait de gagner au change.

Vous jouirez de tout ce que vous voudrez, pour peu que…

La phrase fut laissée pudiquement inachevée, mais Absalom la comprit sans peine et, avec un sourire, assura :

L’argent n’est pas un problème.

Et il lui parlait avec toute la distinction de la bonne société hapienne pour qu’elle en fut pleinement convaincue. Quelques minutes plus tard, les deux hommes étaient installés dans un canapé en similicuir un peu trop collant pour être honnête, dans un petit salon privatif où leur compagne enlaçait déjà une barre de striptease.

À vrai dire, ma chère, nous sommes plutôt curieux de vos informations que de vos acrobaties.
Mes informations, fit-elle avec une pointe de méfiance ?
Nous recherchons quelqu’un et je crois deviner que vous êtes le genre de personnes dont les charmes poussent à la confidence. Sans doute votre beauté vous fait connaître tout ceux que ce quartier peut avoir de… Prospères.
Vous êtes sûr que vous ne préférez pas que je vous…
Ma foi, je ne voudrais pas parler pour mon associé, mais pour ma part, je le crains fort. Je comprends vos réticences, cela dit, et je vous promets que nous serons de la plus grande discrétion quant à la source de nos informations. Nous recherchons un certain… Mais c’est vous, docteur, qui le connaissez le mieux.
Torhyn Lokred
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J’avais laissé Absalom faire démonstration de son don de persuasion pour que nous puissions avoir un peu d’intimité avec la jeune femme. Elle s’imaginait surement que nous cherchions le plaisir de la regarder faire étalage de ses charmes, mais, Absalom la stoppa net dans son élan. Nous n’étions pas là pour cela. Du moins parlait-il en son nom. J’avais secoué la tête pour appuyer ses dires. Sans façon…elle était belle, s’était indéniable, mais à quoi bon profiter de ce type de personne qui se donnait si facilement et qui était déjà usée et largement utilisée par bien des gens. Je me gardais bien d’en faire part afin de ne pas la vexer. Nous n’étions pas intéressés par cela…il n’y avait rien de plus à dire.

- Nous recherchons Horald le Manchot…

Simple, clair, net précis. Je n’avais pas quitté des yeux la jeune femme alors que je venais de formuler notre requête. Elle crut s’être pleinement contenue quand elle entendit le nom que je venais de formuler. Mais j’avais vu ce léger tressaillement…Quasi imperceptible. Elle haussa les épaules avant de dire :

- Connais pas.

J’eus un sourire :

- Vous mentez.

Elle écarquilla les yeux et pris l’air offusquée :

- Hé ! Qu’est-ce que vous en savez d’abord ?

- Ma chère, je suis Lorrdien…Inutile de cacher mes origines, Harold me connaissait, et s’il venait à savoir qu’un Lorrdien le cherchait, il pourrait aisément faire le lien avec son passé. Les moindres mouvements de votre visage, les moindres de vos gestes, rien ne m’échappe. Et si moi je sens que vous mentez, mon ami ici présent également. Alors épargnez-nous vos pantomimes et allons à l’essentiel voulez-vous ?

C’était de l’intimidation douce…mais de l’intimidation tout de même. Son jeu n’était pas assez bon pour nous biaiser. La fille soupira.

- Okay…mais vous ne dites pas que c’est moi qui vous l’ai dit hein ! J’hochais la tête, Absalom n’avait-il pas dit quelques instants plus tôt que nous serions discrets sur la nature de notre source. C’est que j’ai pas envie de finir découpée en morceaux et éparpillée aux quatre coins de la Galaxie. Le Manchot ne plaisante pas. Surtout en ce moment, les affaires ne sont pas florissantes.

- Vraiment ? Je jetais un coup d’œil entendu à Absalom. Et comment savez-vous cela ?

- Un de ses gars est un de mes réguliers. Et c’est bien connu, quand les hommes ont beaucoup bu et qu’ils sont satisfaits, ils deviennent très bavards, surtout sur un oreiller. Moi j’écoute.

- C’est fort pratique. Et quand est-ce que cet éloquent personnage doit-il réapparaitre sur votre oreiller ?

- Vous avez de la chance, il doit revenir ce soir. J’vous l’ai dit, c’est un régulier. Il vient tous les deux ou trois jours.

- Qui est-il, et quelle est sa position pour Harold ?

- On l’appelle le Binoclard. C’est un humain, du genre une tête, enfin un peu. Il sert de conseiller scientifique au Manchot…Enfin c’est ce qu’il vaut faire croire, mais je sais qu’il n’est pas si intelligeant qu’il le dit. Il a un sacré manque de confiance en lui, alors il vient se la raconter et se donner de l’importance ici. On est que des pauvres filles…et même si j’ai pas été à l’école, je suis point sotte, et je sais reconnaitre un type qui a besoin d’attention et qui souffre de complexe d’infériorité.

J’haussais un sourcil et fis à l’attention d’Absalom :

- La psychologie de bas étage…c’est fou comme les cuisses du bon partenaire peuvent faire autant de bien qu’un traitement clinique. Puis à la jeune femme : admettons que tout cela soit vrai…il ressemble à quoi ?

- Vous pouvez pas le rater, c’est un type un peu plus petit que vous, des cheveux roux coupé en brosse, il a des lunettes, une peau pâle, c’est une vraie pipelette. Et surtout il dégage la suffisance du mec qui a fait des études et qui prend les autres pour de la merde…un peu comme vous.

- Je…quoi ?

- C’est bon ? Vous avez vos réponses. Faut me payer maintenant.






Absalom Thorn
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Ma chère, votre compagnie fut un véritable plaisir, déclara Absalom en se relevant, sans la moindre trace, semblait-il, d’une quelconque ironie.

La jeune femme le considéra avec une pointe de méfiance, mais il fallait bien reconnaître qu’au petit jeu du bon flic, mauvais flic, le Hapien incarnait l’ange de douceur à la perfection. Il tira de sa poche une barre de crédits pour la lui tendre.

C’est…, fit-elle avec une surprise mal dissimulée.
Plus, je présume, que ce que vous avez l’habitude de gagner, mais je tenais à vous montrer que nous estimons vos talents, et par là je veux dire vos véritables talents, à leur juste valeur.

Absalom ne laissait jamais filer une bonne opportunité et s’il s’avérait que cette jeune fille soit une source d’informations fiables, alors il pouvait être utile de la cultiver.

La jeune femme glissa les crédits dans son corsage et Absalom lui saisit délicatement la main pour un baisemain. C’était théâtral, grandiloquent même, mais pour une fille des bas quartiers, perdue en plein Espace Hutt, la galanterie d’holofilm faisait son petit effet. Il lui sourit. Elle arrangea ses cheveux d’un geste coquet.

Vous êtes sûre que vous ne voulez pas une prestation supplémentaire ?

La strip-teaseuse eut un bref regard pour Torhyn et s’empressa de préciser :

En tête-à-tête.
Une autre fois, peut-être, répondit le sorcier par courtoisie.

Alors elle poussa un soupir de déception avant de quitter l’alcôve discrète où ils s’étaient tous les trois installés. Absalom se retourna vers son associé.

Je crois que les maisons closes les plus prospères que j’aie jamais connues étaient celles qui savaient que le coeur de leur modèle commercial n’était pas les plaisirs qu’elles offraient mais les informations qu’elles moissonnaient. Hélas, de nos jours, les subtilités de ce noble métier échappent souvent à celles et ceux qui prétendent en tirer un profit et il devient de plus en plus rare de trouver des courtisanes ou des courtisans dignes de ce nom.

Le regard du Hapien se fit légèrement inquisiteur.

Mais j’ai cru sentir que sur ce point nos avis divergeaient peut-être et qu’il y avait une once de réprobation chez vous pour le métier que notre informatrice exerce. Je vous concède cela dit qu’elle ne travaille pas dans l’établissement le plus prestigieux, ni le plus raffiné, mais enfin il faut des restaurants pour toutes les bourses. Si j’ose dire.

Un léger sourire passa sur les lèvres du diplomate et il conclut d’un ton léger :

Vous et moi, nous devrions parler plus souvent de sexualité : c’est un sujet qui me passionne. Mais pour l’heure, nous avons un homme à lunettes à débusquer.

Et après avoir fait à son collaborateur cette proposition que le service RH réprouverait indubitablement, Absalom disparaît à son tour en direction de la salle principale. Son regard passa machinalement sur les danseuses presque nues qui ondulaient toujours le long de leurs barres métalliques, sous les yeux des clients diversement avinés, avant qu’il ne reporte son attention sur ces derniers.

Ils n’eurent pas à attendre longtemps pour qu’un petit homme conforme à la description qu’on leur en avait faite ne se présente à son tour. Il portait une combinaison qui lui donnait presque l’air de la pilote et ses yeux étaient dissimulés derrière deux verres encadrés par une monture électronique.

Absalom l’observa se diriger vers le bar, du pas pressé d’un homme qui a besoin d’un peu de courage liquide avant d’aborder des femmes pourtant peu susceptibles de se refuser à lui. Le Hapien attendit le premier verre avant de venir s’installer à ses côtés.

Vous travaillez pour Horald, déclara-t-il de but en blanc.

Le Binoclard sursauta, avant de tourner le regard vers son interlocuteur. En même temps, il effleura le rebord de ses lunettes.

N’est-ce pas ?

Il y eut encore quelques secondes de silence, puis le Binoclard pâlit brusquement.

Vous… vous êtes…
Intéressé par les affaires, suggéra Absalom non sans une certaine douceur, car il commençait à se demander si leur informatrice, en le qualifiant de « pas si intelligent qu’il le dit », n’avait pas voulu suggérer avec un tact inhabituel que le Binoclard était en réalité parfaitement demeuré ?
… le seigneur Noctis…, lâcha l’autre dans un souffle.
Ah.

Le Seigneur en question poussa un soupir résigné.

Je suppose que ça dépend des points de vue.

En dissimulant plus ou moins bien le tremblement de ses mains, le Binoclard tourna la tête vers Torhyn, mais aussitôt, Absalom esquissa un léger geste de la main et les lunettes sautèrent du visage de son interlocuteur jusqu’à sa paume.

Est-ce que par hasard vous auriez un système de reconnaissance faciale là-dedans, demanda-t-il en les levant avec une pointe de méfiance devant ses yeux ?
En… entre autres…
Je vois.

Le sorcier les glissa dans la poche intérieure de son manteau.

Je vais les conserver le temps de notre conversation, si vous n’y voyez pas d’objection.
Ben c’est que je préfèr…
Trop aimable : j’étais sûr que vous comprendriez.

Le Binoclard débinoclé commençait à suer à grosses gouttes.

Je disais donc : vous travaillez pour Horald, n’est-ce pas ?
Hmmm hmm…, fit l’homme à la façon de celui qui ne veut pas trop s’engager, mais qui se verrait mal ne pas répondre au franc psychopathe qui s’est décidé à lui faire la conversation.
Excellent. J’ai cru comprendre qu’il avait une cargaison de matériel médical fraîchement acquis qu’il est disposé à écouler à bon prix. Moi-même, je cherche à approvisionner certaines planètes. Je suis sûr que vos petites lunettes…

Il tapota son manteau.

… vous ont appris tout cela.

Sans doute pas, mais puisque le Binoclard se sentait plus à son aise en se faisant passer pour intelligent et cultivé, Noctis avait décidé de lui tendre une perche, pour éviter d’avoir à négocier avec un interlocuteur tétanisé.

É… évidemment…, répondit le Binoclard. Pour le compte des… vous… des…
Des Impériaux Renégats, en effet. La rumeur ne mentait pas, mon cher : vous êtes d’une perspicacité qui confine au don de voyance. Barman ! Un autre verre pour notre ami.
Je ne suis pas sûr que…
Si si, j’insiste. C’est pour moi.
M… merci…

Les gens légèrement éméchés étaient toujours plus maniables.

Donc ! Vous allez nous servir d’intermédiaire avec M. Horald, si je comprends bien ?
J’ai pas dit ç…
C’est que vous comprenez : j’ai fait tout ce trajet et je serais désappointé de ne pas repartir avec un petit quelque chose.
Désappointé…, demanda le Binoclard comme si on venait de lui proposer d’affûter une tronçonneuse avec son front ?
Très, confirma gravement Absalom.

Les yeux plissés par la myopie, l’homme considéra le Hapien et le Lorrdien tour à tour, avant de bredouiller :

Je… je suppose qu’une petite présentation ne peut pas… euh… faire de mal.
Excellent ! J’étais sûr que vous vous montreriez compréhensif.
Je peux récupérer mes lunettes maintenant ?
Oh, non : reposez-vous les yeux, ce sera mieux pour vos migraines.
J’ai pas de mi…
Inutile de me remercier.
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