Floaz Rĭ’i
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Perdu dans le ciel bleu, le soleil alderaanien flamboyait comme un globe de feu et brûlait impitoyablement tout ce que frappaient ses rayons. Toutefois, j’étais par chance épargnée de ce brasier, sagement abritée dans la salle de conférence de l’Université d’Aldera, capitale de la planète et véritable mégalopole culturelle. A l’occasion de la semaine galactique de la démocratie, l’université avait entrepris d’organiser une kyrielle de colloques, séminaires et congrès pour célébrer cette invention si chère à la République Galactique. En tant que Présidente de la Commission de la législation générale du Sénat, le recteur de l’Université d’Aldera m’avait tout naturellement fait l’honneur de me convier à animer l’une de ces conférences. Le voici d’ailleurs qui s’avançait désormais sur l’estrade pour m’annoncer. Il s'agissait d'un vieil homme chauve avec une moustache gominée. 

- Monsieur le Vice-Roi, madame la Sénatrice d’Alderaan, monsieur le maire de la ville d’Aldera, mesdames et messieurs les représentants des organisations internationales, chers collègues, chères étudiantes et chers étudiants, chers invités, chers amis, je suis particulièrement heureux de pouvoir vous accueillir dans cet auditoire pour célébrer aujourd’hui la rentrée universitaire ainsi que la démocratie. Que cette conférence marque également la création d’une nouvelle Chaire à notre université dédiée à la gouvernance et au processus démocratique, deux éléments clés pour notre université fondamentalement républicaine. Pour célébrer cette rentrée universitaire exceptionnelle, il nous fallait évidemment une conférencière exceptionnelle, et je tiens ainsi à remercier très chaleureusement madame Floaz Rĭ’i qui nous fait l’honneur de sa présence. En votre qualité de Sénatrice et de Présidente de commission au Sénat républicain, madame Rĭ’i, vous êtes une experte et un témoin privilégié de la démocratie, c’est donc un plaisir que de vous écouter.

A ces mots, je me levai de ma chaise pour rejoindre le perchoir, embrassant à cette occasion le recteur avant d’être saluée par un tonnerre d’applaudissements auquel se mêlaient des sifflets qui rappelaient les bruits du vent dans une tempête. J’avais toujours joui d’une réputation appuyée sur Alderaan, terre de démocratie. 

- Merci. Merci infiniment pour cet accueil très chaleureux. Je vous remercie monsieur le recteur de me donner l’hospitalité dans cette université, véritable lieu de circulation des personnes, des énergies, des intelligences et des idées. J’ai été invitée et j’ai accepté très volontiers de venir m’adresser à vous sur un sujet casse-figure, celui de la démocratie, parce que nous avons tendance à y mettre des choses extrêmement disparates. Puisqu’il s'agit d’une conférence inaugurale, j’essaierai de respecter le formalisme que suppose un tel exercice, mais, à la fois par nature, par tempérament et par soucis de santé mental, je donnerai probablement quelques coups de canif au formalisme, car vous l’aurez compris, il ne s’agira pas d’une conférence magistrale mais bien d’une conférence sur mon état d’esprit. 

Je ricanai un instant avant de parcourir l’assemblée de mon regard scrutateur, reportant ensuite  mon attention sur les invités, assurément de marque, de cette conférence : le Vice-Roi alderaanien et la Sénatrice Ekway, assis côte à côte et qui échangeaient régulièrement des sourires de connivence et quelques mots. 

- Pour beaucoup, la démocratie c’est la loi de la majorité, c’est le plus grand nombre qui dit le dernier mot. Mais la démocratie n’est pas la loi de la majorité, c’est le règne du droit, et c’est la raison pour laquelle la première question posée par la démocratie c’est l’existence de la loi, qui soulève nécessairement une autre question, à savoir l’élaboration de cette loi. A cette interrogation, nous avons trouvé une réponse : la loi est conçue par des représentants, de véritables émissaires des peuples, et j’en suis. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut s’endormir sur les délégations données et oublier son implication de citoyen dans le processus démocratique. En démocratie, chaque avis compte. Malheureusement, notre régime politique tend ces dernières décennies à l’oublier. Au Sénat Galactique, l’opposition est exclue, elle qui pourtant détient un rôle clé. L’opposition incarne en effet la pluralité des opinions qui permet à toute démocratie d’échapper à une pensée unique et unilatérale et représente ainsi une réelle richesse, qui à travers le dialogue et les compromis, nourrit une certaine idée de la vérité générale partagée et permet d'aboutir à des politiques acceptées communément. En démocratie, la dispute ne doit certainement pas être évitée, au contraire, les contestations sont importantes, car la dispute, lorsqu’elle est courtoise et de bonne foi, est salutaire. 

Je souris courageusement à la Sénatrice Ekway, connaissant pertinemment sa situation dans la rotonde. 

- Quel organe est donc l’incarnation même de cette pluralité d’opinions, véritable reflet de la diversité de notre République ? Le Sénat. Qu’est-il aujourd’hui ? Une simple chambre d’enregistrement. Le Sénat se contente aujourd’hui de valider et d’enregistrer les lois décidées par l’exécutif. Je le dis donc haut et fort, l’erreur majeure de notre régime politique est l’élection du Chancelier de la République par le peuple. Je vois à vos visages surpris qu’il faut que je développe mon propos. Je pense en effet que la démocratie n’est pas l'élection d'un individu par le peuple qui serait ensuite laissé libre dans l’exercice de son pouvoir, la démocratie n'est pas un simple rendez-vous aux urnes une fois tous les quatre ans. De plus, le passage de ce pouvoir à un pouvoir personnel est un des dangers connus qui menacent la démocratie, l’attribution du pouvoir exécutif à un seul individu par le suffrage universel direct s’appelle le plébiscite. La légitimité qu’offre un tel mode d’élection au Chancelier lui permet de plus de mépriser les autres institutions, car si le Sénat représente tous les systèmes républicains, le Chancelier les incarne, mais qu’arrivera-t’il lorsque ce monarque républicain cessera de servir l’intérêt général ?

Evea Ekway
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La conférence tenue à l'Université pour ce premier jour de la semaine de la démocratie se tiendrai dans une heure environ, dans la grande salle du lieu de savoir d'Aldera. Bien évidemment le Vice-Roi d'Alderaan y était convié, par extension la Sénatrice représentant le dit système était invitée à se joindre à la chaire politique. Et lorsque le Vice-Roi d'Alderaan se rendait à l'Université pour quelque affaire qu'il soit - en partant du simple entretient avec le recteur, en passant par le recrutement d'étudiants, pour aller jusqu'à la recherche de conseils de la part des savants de l'Université - il avait pour habitude de se promener dans le jardin botanique de l'aile Sud-Est aux abords des cascades descendant du Mont Hragstad.

La haute verrière culminant à près de cent mètres au dessus du sol - permettant aux plus haut arbres de s'y élever - était assez vaste pour contenir toute les espèces végétales d'une bonne partie de la galaxie. Certaines plantes exotiques constituaient des dons de particuliers à l'Université, mais la majorité des espèces ont été recueillies et rapportées par les nombreux botanistes explorateurs qu'avait comptée la grande Université d'Aldera. Les lieux étaient imprégnés de centaines de milliers d'odeurs, surtout dans les allées traversant la partie des fleurs, l'aile que préférait la plupart des visiteurs tout comme le Vice-Roi l'appréciait.

Et bien que la Sénatrice adorait passer du temps entre les arbres multiséculaires de l'aile contenant des arbres immenses recouverts de lierres de toute sorte, le jardin botanique des fleurs ne lui déplaisait guère, au contraire même. Outre ces parfums qui excitaient les narines, Evea Ekway accordait toute son attention aux paroles du Vice-Roi Ulgo qui marchait à ses côtés. Le jardin avait été vidé de tout visiteurs par les nombreux gardes qui arpentaient les allées à l'affut de tout paparazzie embusqué au milieu des fougères.

- Sénatrice Ekway, vous êtes sans savoir que je me suis battu pour que vous soyez à cette position confortable dans laquelle vous vous trouvez au Sénat. Sachez que c'est moi qui ai convaincu le Conseil de vous laisser assurer le poste de sénatrice en attendant les prochaines élections. En principe quelqu'un d'autre aurait dû prendre la place de votre prédécesseur. Mais je me voyait mal organiser des élections sénatoriales en précipitation suite à la défection de Madame Cyriandar, pas aussi rapproché tout du moins des élections du Vice-Roi, de mon élection. Sa voix était inaltérée, presque impassible alors qu'il portait des regards éloquents à la pantoranne. Cela fait plusieurs décennies que la famille Ulgo, la famille de mon père, n'avait pas été au pouvoir, le peuple nous pense encore militariste tout comme mon ancêtre tristement célèbre Bouris Ulgo. Je ne suis pas de cette trempe là, et bien que nombreux ont été mes détracteurs lors de mon accession au pouvoir, pensant que je mènerai le pouvoir par une main de fer, en proie à un militarisme latent génétiquement parlant. Mais je ne suis pas de cette trempe, je ne veux pas placer des personnes qui m'arrangent au poste de sénateur, c'est pourquoi j'ai proposé au Conseil que la sénatrice suppléante prenne ces fonctions jusqu'aux prochaines élections prévues dans deux ans. Par conséquent, je ne chercherai pas à vous manipuler, et j'espère pour vous que vous accéderez à un mandat complet lors des suffrages à venir. Dans tout les cas c'est le peuple qui choisi son sénateur, ou sa sénatrice. Il s'arrêta et porta à son nez une petite orchidée bleue aux pistils roses. Evea voyait là où il voulait en venir, et cela la rassurait quelque peu. Quoiqu'il en soit je vous ai demandé, il y a deçà quelques temps, de sélectionner un parti politique qui collait au mieux à l'idéologie et à la tendance politique traditionnelle d'Alderaan. Cela dans le but d'y faire adhérer votre vénérée délégation. Vous me proposez en ce jour une union socialiste naissante, vigoureuse si je puis dire qui porte des idées gauchistes mais aussi pacifistes, et là est le point important sur lequel j'avais insisté. Prouver à mon peuple que je suis un fervent pacifiste. Nombreux pensaient que j'aurai signé volontiers un contrat balistique voir une alliance militaire avec Umbara. Je veux leur prouver le contraire, aucun militariste ne pourrait survivre au pouvoir sur cette planète ni même dans ce système. Ils approchaient du bâtiment des conférences jouxtant l'immense verrière. Enfin bref, il ne fait aucun doute que le parti sur lequel vous avez jetée votre dévolu saura apporter son poids politique à vos décisions sénatoriales. Alderaan ne saurait rester plus longtemps dans l'ombre. Et bien que ce n'est point le parti qui me plaisait le plus, je concède après tout ce discours que votre indépendance est importante et que le peuple appréciera cette ligne socialiste qui s'accorde si bien à la philosophie de notre beau système.

Sur ces mots ils passèrent la double porte qui donnait sur la loge du Vice-Roi. Evea n'ajouta rien suite au monologue du chef planétaire. Il allait dans son sens, il était donc inutile d'argumenter quoique ce soit qui ne ferait qu'allonger la discussion qui de toute façon était claire et devait prendre fin maintenant qu'ils se trouvaient dans l'immense amphithéâtre. La pantoranne vint s'installer à côté du Vice-Roi sur une chaise recouverte de velours. L'homme pouvait s'estimer heureux de se retrouver entre deux femmes, car outre la sénatrice à sa gauche, la femme du Vice-Roi Ulgo était installée à la droite de celui-ci. Qui plus est, bien qu'elle approcha de la cinquantaine, Karenna de son nom, était encore d'une beauté satisfaisante qui était facilitée par des maquillages au sommet de la perfection.

C'était la première fois qu'Evea voyait la femme d'Elvis Ulgo, mais elle ne pu l'observer plus longtemps car le recteur annonça - depuis la scène où trônait un pupitre - l'invitée du jour qui ouvrirait la semaine de la démocratie. Et s'ensuivit un tonnerre d'applaudissement précédant un discours éloquent tenu par une sénatrice dont avait entendue parler Evea mais qui n'avait pas encore eue l'occasion de rencontrer, la pantoranne ne manquera donc pas l'ouverture qui s'offrait à elle de discuter plus amplement avec sa collègue qui pourrai s'avérer être une personne incroyablement cultivée, du moins elle fit cette déduction de par le discours de la Kel Dor qui était très juste aux yeux d'Evea.

Et justement, lorsqu'elle évoqua les bienfaits d'un débat équitable et bien menée, Floaz Ri'i accorda un sourire à la pantoranne qu'elle avait manifestement repérée dans l'assemblée. Elle le lui rendit gracieusement en hottant le chapeau blanc qu'elle portait, en signe de respect. Cela lui rappela qu'on était Lundi, et que Samedi ce serai à elle de se retrouver sur scène pour tenir un discours similaire. En effet, la sénatrice avait également été invitée en fin de semaine à tenir une conférence sur les déboires, et la décadence, de la politique alderaanienne, de - 19 500 à - 19 600, en faisant connivence avec les administrations de Delaya. Un sujet particulièrement captivant.

Quoiqu'il en soit, pour l'instant c'était l'heure de gloire de sa collègue qui parlait très justement d'ailleurs !


Floaz Rĭ’i
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Ma gorge me semblait si sèche... Je rêvais d'un bon verre d'eau fraîche. Si la faim commençait doucement à me tordre les entrailles, c'était bien la soif qui me faisait le plus souffrir. Maintenant que j’étais parvenue à capter l'attention de mon auditoire, il était hors de question d’abréger la conférence, j’avais aujourd’hui la chance d'endoctriner les générations futures, une telle opportunité ne devait certainement pas être négligée ! Je pris donc mon mal en patience et me raclai ainsi la gorge en feu avant de reprendre.

- Si le Sénat possède, du moins en théorie, le pouvoir d'initiative des lois, il détient par ailleurs également une deuxième mission des plus conséquentes, à savoir le contrôle de la Chancellerie, car la démocratie c’est aussi un ensemble de pouvoirs et de contre pouvoirs. Mais le souci que rencontre notre régime, à mon plus grand dam, est l’indiscipline de notre assemblée législative, rendant encore plus hardie cette tâche de contrôle. J’aimerais ainsi personnellement incriminer Alderaan, monde noble et fondateur de la République Galactique, qui semble ma foi plutôt désimpliquée de la vie politique en figurant dans la liste des non-inscrits du Sénat. Sachez d’ailleurs que la neutralité pénalise en réalité votre propre planète, étant donné que les non-inscrits sont plus ou moins isolés et ne peuvent pas bénéficier des logiques collectives qui régissent la rotonde.

Théâtralement, j’avais pointé du doigt la Sénatrice et le Vice-Roi, les regards avaient ainsi soudain convergé sur le duo.

- Notre torchon de Constitution est ainsi fait, contraignant au silence les délégations non-inscrites par le faible temps de parole qui leur est attribué. Ces délégations, qui représentent un bon quart de la rotonde, n’ont pas beaucoup d’affinités communes et le profil de ces élus est pour le moins hétérogène, mais tous passent à côté d’immenses avantages stratégiques ! Le règlement du Sénat ne confère en effet pas réellement de droits aux sénateurs individuellement, mais plutôt à leurs groupes, à ces fameux partis. Ces avantages vont de l’enveloppe accordée à chaque parti pour recruter du personnel et financer des activités, jusqu’à la composition déterminante des commissions, ces instances où sont étudiées les textes de loi avant leur examen en séance plénière.

Ma gorge était une peinture sèche qui grattait.

- Si un quart de notre Sénat n’est donc même pas convenablement armé pour faire face à l’hyperchancellerisation de notre régime, alors l’espoir n’est pas permis. C’est pourquoi je profite de cette conférence pour lancer un appel, qui je l’espère n’explosera pas en de simples échos, pour inviter les systèmes à se positionner, car cette neutralité vous dessert en réalité plus qu’autre chose, et ce, au plus grand plaisir de l’exécutif qui sirote cette ridicule indécision. La neutralité n’a réussi qu’à une seule personne à ma connaissance, dont la personnalité et l’exubérance ne pouvaient être contenues par un parti, mais celle-ci n’occupe, comme par hasard, plus la rotonde. Sachez en tout cas que mes conseils sont totalement indépendants de mon projet politique, car l’appartenance à un parti vous conférera dans tous les cas une vraie voix, que vous pourrez faire entendre, et que celle-ci s’élève ou non contre moi, nous réglerons alors ces divergences d’opinions dans la rotonde.

Fis-je en plissant les yeux et en dévisageant la Sénatrice Ekway, la provoquant ainsi presque en duel. En réalité, j’étais particulièrement avertie quant à l’orientation politique de mon homologue. Evea Ekway était une jeune femme pleine de convictions, militante pacifiste qui croyait presqu’infantilement en une paix galactique et à l’harmonie absolue. Si je me moquais bien volontiers de sa crédulité face à la violence des conflits intergalactiques, je devais lui reconnaître une certaine hargne à l’égard des inégalités sociales qui criblaient notre République. Mon cabinet m’avait d’ailleurs tout juste averti la semaine dernière du dépôt d’une proposition de loi visant à lutter contre la fraude fiscale de la part de la délégation alderaanienne, une initiative tout à fait admirable compte tenu de l’âge et l’inexpérience de l’autrice de ce texte de loi.

Je continuai par la suite de partager avec une générosité certaine ma vision de la démocratie, ne manquant pas de critiquer avec un sarcasme appuyé les défauts de notre régime républicain, évoquant notamment la rationalisation de notre Sénat, rendu impuissant par la Constitution, ou l’illégitimité de la Cour Suprême à juger la constitutionnalité des lois républicaines.

Je m’étais tellement emballée que j’en avais presque oublié ma soif infernale. Oui, presque, car les quintes de toux répétées, elles, me rappelèrent avec agressivité le risque de déshydratation que j’encourais, et elles me contraignèrent ainsi à conclure en vitesse. Je profitai naturellement des applaudissements qui m’éclaboussèrent copieusement et que j’accueillis avec fierté, avant de descendre donc de mon estrade, me dirigeant d’un pas digne, mais rapide, vers l’objet de toutes mes obsessions, le Saint Graal, j’ai nommé : la carafe d’eau.

Evea Ekway
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- Avez-vous déjà échangé avec cette sénatrice ? Demanda le Vice-Roi à Evea Ekway tout en applaudissant Floaz Ri'i qui venait de conclure avec brio.

- Je n'en ai pas encore eue l'occasion, j'ai déjà parlée avec de nombreux sénateurs, mais si je ne me trompe pas je ne l'ai jamais croisée dans les couloirs du sénat qui s'apparentent presque à un réseau formicidae. Les allées de l'Université me paraissent biens plus propices à une rencontre, je n'y manquerai donc pas aujourd'hui.

Elvis Ulgo acquiesça ainsi d'un signe de tête entendu. Il se pencha pour saisir le chapeau de la sénatrice alors posé sur les genoux de cette dernière et l'ajusta sur le sommet du crâne de la pantoranne.

- Le discours auquel nous venons d'assister m'a donné à réfléchir, je vous parlerai plus tard. Allez donc rencontrer votre homologue, ne lui faites pas mes compliments, je le ferai personnellement.

Sur ces mots Evea se leva, s'inclina devant le Vice-Roi puis devant la femme du Vice-Roi avant de quitter la loge. Les gardes postés à la porte s'écartèrent pour la laisser passer, depuis les attentats perpétrés l'année passée au palais d'Aldera, le souverain était affublé d'une escorte de soldats de l'Alderanian Consular Security. Et Evea devait également s'en acquitter de temps en temps afin de rassurer son gouvernement. Mais pas aujourd'hui.

Elle ne tarda pas à descendre les quelques marches marbrées donnant sur le hall du bâtiment qui permettait de rejoindre l'amphithéâtre qu'elle traversa malgré la foule qui discutait en cellules isolées mais véhéments dans des sujets politiques variés. Par chance la personne qu'elle recherchait n'était pas encore prise d'assaut, ou bien personne n'osait encore l'encercler tant que la Fleur Bleue ne s'était pas entretenue avec elle. La pantoranne n'était pas du genre à laisser trainer ses affaires en cours, et il semblait évident qu'il aurait été déconvenant de laisser patienter son homologue.

Sénatrice Ri'i, sachez que c'est un immense plaisir de vous rencontrer enfin, qui plus est sur Alderaan. C'est un honneur pour nous de vous recevoir pour un évènement aussi important que celui de la Semaine de la démocratie qui me tient particulièrement à coeur Elle lui serra la main de manière fort respectueuse. Je voulais vous dire que votre allocution fut tout à fait pertinente et savamment illustrée.

Sur ces mots elle retira de nouveau son chapeau pour marquer son respect. La personne qu'elle avait en face d'elle semblait être un très grand personnage avec qui il fallait faire attention à ce que l'on disait, mais les idées qu'elle avait exposée dans son harangue s'accordait bien aux pensées de la pantoranne qui voulait voir un hasard dans le timing rejoignant cette journée de discours avec son choix de rejoindre un parti.

Comme quoi certaines choses sont bien faites.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Reine de la beauté par la sobriété, voilà la tenue portée par Evea.

Floaz Rĭ’i
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L'eau tombait en une longue cascade au fond de ma gorge stérile lorsque j'aperçus à travers le cristal de mon verre la Sénatrice Ekway m'approcher. Elle fit preuve d’un formalisme exemplaire, quoiqu’un peu excessif, dans ses vœux. Je lui saisis le bras pour briser la glace, comme pour la remercier.

- Mon enfant, sachez que je suis moi aussi tout aussi ravie de vous rencontrer dans votre propre maison, quel accueil ! J’ai beaucoup apprécié faire mon petit numéro sur la scène, n’hésitez donc pas à me réinviter. D’autre part, j’espère ne pas vous avoir froissée, je ne voulais certainement pas vous jeter la pierre et vous reprocher personnellement la neutralité d’Alderaan, bien que vous en soyez aujourd’hui l’unique responsable, madame Cyriandar n’étant plus là, c’est désormais à vous de faire tourner la boutique ma chère. Aurais-je peut-être donc réussi à bousculer vos plans ?

Evea Ekway esquissa un timide sourire et rétorqua.

- Ravie que vous y ayez pris plaisir, j'ai trouvé vos propos très justes et éclairés. Il ne fait aucun doute que vous avez eu un effet sur l'assemblée. En parlant justement de cela, il semblerait que vos paroles soient tombées à pic. Il se trouve que ma délégation s'apprête justement à négocier très prochainement notre adhésion à un parti politique. Tout ce que vous avez dit n'a fait que me conforter dans ma décision de réintégrer Alderaan au cœur de la politique sénatoriale. Et bien que le projet ne soit pas encore acté, il semble en bonne voie d'entérination.

J’écarquillai les yeux, m’abreuvant un instant avant de déclarer, surprise.

- Vraiment ? Quelle bonne nouvelle dans ce cas ! Me permettriez-vous d’être curieuse ? Quel parti a bien pu séduire votre âme ?

Question rhétorique naturellement, car perspicace comme je l’étais, je devinais en réalité déjà la réponse qu’allait m’apporter mon interlocutrice. Je pariais donc en toute confiance sur l’Union Galactique des Systèmes Solidaires, le coeur d’une gaucho comme mademoiselle Ekway ne pouvait battre que pour l’UGSS.

- Vous ne devez pas être sans connaître la situation sociopolitique d'Alderaan. Il faut que les peuples soient représentés, au niveau local par des dirigeants, mais aussi au niveau sénatorial et donc républicain. C'est donc afférent à ma fonction que de choisir l'Union Galactique des Systèmes Solidaires. Les contacts sont déjà engagés et semblent concluants, d'autant plus que le positionnement traditionnel de notre système est tout désigné pour être représenté par une union socialiste.

Dans le mille ! Je n’en attendais pas moins de cette Sénatrice, mais Alderaan la laisserait-elle vraiment faire ? La surprise et le doute se mélangeaient dans l’expression de mon faciès.

- L’UGSS ? Intéressant. Mais votre prédécesseur ne s'était-elle justement pas faite congédier car jugée trop socialiste par votre gouvernement ? Une terrible histoire quand j’y repense, un abus de pouvoir suintant d’illégalité. Pourquoi donc un tel revirement de jurisprudence ? Si je puis me permettre l’analogie.

Si le Vice-Roi était aujourd’hui prêt à laisser la délégation alderaanienne exprimer son affinité socialiste, c’est que le bougre devait assurément mijoter quelque chose.

- Je comprends votre étonnement et votre surprise, laissez-moi éclaircir les choses. Il semblerait que l'Alliance contre l'Oppression soit originellement le parti le plus à même de représenter au mieux Alderaan, et c'est d'ailleurs ce qu'une partie de l'élite alderanienne pense. Mais au vu des derniers alignements militaristes du dit parti, il m'est dans l'incapacité d'envisager cette voie. Par conséquent, le désir d'intégrer un parti politique étant plus fort que celui d'éviter le socialisme, ce qui pour certains décrédibiliserait le système aux yeux de la Chancellerie, j'ai opté tout naturellement d'intégrer l'UGSS qui est un terrain déjà rodé par ma délégation. J'espère que vous comprendrez le faux choix sur lequel je suis tombée, d'autant plus que le parlement semble s'en accommoder voire à le promouvoir.

Si les raisons avancées semblaient convaincantes, je continuais toutefois à m’interroger sur le changement d’attitude du pouvoir alderaanien.

- Je vois, un choix en effet plus sage. L’Alliance contre l’Oppression est un parti appartenant au passé, je ne lui présage rien de bon pour l’avenir. C’est ce qui arrive lorsqu’un parti est construit et structuré autour d’un individu, dès qu’il n’est plus, tout s’effondre. Faites toutefois attention ma chère, si je ne m’abuse, vous n’avez pas été élue par votre peuple, et ne jouissez donc que d’une légitimité fragmentée. Votre situation est particulièrement délicate. Voilà donc mon conseil : forcez Alderaan à organiser des élections sénatoriales anticipées, si vous parvenez à être élue de manière régulière, ce que je vous souhaite, alors vous serez intouchable et pourrez vous moquer de votre gouvernement. Pour l’heure vous êtes sur un siège éjectable, en fonction seulement parce que votre Vice-Roi le veut, voulez vous retrouver votre autonomie ?

La Pantoranne sembla jeter un furtif regard derrière son épaule, comme s’assurant que le Vice-Roi n’était pas présent.

- Je suis consciente de tout cela, ce n'est pas faute de me le rappeler régulièrement. Mais je m'efforce justement d'être à la hauteur, qu'on ne m'affuble pas du blason de réformatrice sans non plus fondre dans le passif et la fatuité. Et bien que nombreuses soient mes connaissances qui m'assurent des élections favorables, je ne me fais aucune désillusion au fait que mon mandat peut être écourté. On m'a conseillé tant qu'à être ici, autant entreprendre des actions tant qu'il en est possible. Il est d'ailleurs étrange que vous parliez d'élections anticipées, le Vice-Roi Ulgo l'a évoqué justement peu de temps avant votre discours, peut-être n'est-ce pas une si mauvaise idée en définitive bien que son Excellence envisagerait plutôt un sondage national en attendant les réelles élections.

Je tirai une moue.

- Je comprends votre crainte, mais est-ce vraiment honnête ? Je sais que vous avez peur que votre potentiel successeur ne soit pas aussi à l’écoute que vous l’êtes, mais c’est la démocratie, et pour l’heure, vous ne savez rien du soutien que vous porte votre peuple. Votre idéologie est pour l’instant seulement la vôtre, peut-être aussi celle de votre mentore madame Cyriandar, et dans une moindre mesure celle de votre Vice-Roi qui espère vous influencer en vous maintenant en fonction. Demandez l’avis d’Alderaan, et si la chance vous sourit, alors vous serez inarrêtable. Quant à cette idée de sondage nationale, quelle horreur. Les sondages manipulent l’opinion publique et biaisent les élections, il ne faut pas le laisser faire. Je reposai mon verre. Je vais aller me dégourdir les jambes dans le parc de l’université si ça ne vous dérange pas, me tiendriez vous compagnie ?

Evea Ekway
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- C'est avec grand plaisir que je vous accompagne. Vous ne manquez pas d'argumentaire, qui plus est je suis en accord avec vous au sujet des sondages, ces derniers s'ils doivent avoir lieu, doivent être bien amenés et surtout détaillés et explicités. Mais tout comme vous je ne suis pas favorables à ce genre d'exercice statistiques. De réelles élections seraient bien plus à propos, souvent me l'on rapporte que le peuple m'apprécie pour l'image que je renvoie, c'est pourquoi je m'efforce de lancer des actions en adéquation. Elle sourit à son homologue. Vous avez assurément entendue parler de ma proposition de loi contre la fraude fiscale récemment déposée au bureau de la chancellerie ?

- Ils vous apprécient pour votre image ? Curieux, compte tenu de votre ethnie, je veux dire, vous êtes originaire de Pantora.. L'ouverture d'esprit et la tolérance alderaaniennes sont décidemment remarquables, des qualités assez exceptionnelles de la part d'un peuple humain. Alors qu'elles discutaient, plongée dans un débat naissant, elles avaient quittées le bâtiment ovale, et après avoir passé les colonnes marbrées menant aux jardins, les deux humanoïdes avançaient dans une allée de gravier bordées de fontaines. Vous voulez plutôt parler de votre proposition de loi, non ? Elle m'est en effet parvenue, mais je dois vous avouer n'avoir eu pas beaucoup de temps pour l'éplucher, vous savez, ma commission me prend déjà un temps énorme, c'est déjà un miracle que je daigne m'intéresser à un texte de loi étranger au domaine de la législation générale.

Evea marqua une pause devant un ruisseau surélevé coulant dans un aqueduc miniature en pierre blanche. ses doigts écartés trempèrent un instant en suivant le courant tout en continuant de marcher. La fraîcheur de l'eau transcendait la douce chaleur qui émanait du ciel dégagé, les rayons de soleil se reflétaient dans les fontaines pour créer des motifs lumineux particulièrement magnifiques sur les colonnes de marbres couvertes de lierres. Les pelouses parfaitement taillées s'étendaient sur le plateau montagneux bordé de cols enneigés là-haut. Et malgré la hauteur où le campus trônait, il faisait vraiment très doux même en ce début de printemps. C'était fort agréable, et le chant des grives et des verdiers rendaient l'ambiance presque bucolique.

- Les fonctions que nous occupons sont particulièrement accaparante. Enfin, il serai trop complexe de résumer à l'oral la teneur de ce texte qui me tient à cœur. J'ai d'ailleurs une seconde proposition de loi toute prête à être présentée au bureau de la chancellerie, je le ferai sous peu... Enfin voilà vous voyez que je ne chôme point. Etre à la hauteur, voilà ce qu'il m'incombe d'être à présent, non pas parce que je me méfie du Vice-Roi mais parce que j'y prend plaisir, j'aime la politique. Elle fit un grand sourire plein d'émotion à son ainée.

- Evidemment qu'elles le sont ! Si l'opinion publique continue de penser que les sénateurs ne passent leur temps qu'à festoyer et à ponctionner le budget, c'est parce que les médias ne s'intéressent qu'aux délurés qui font honte à notre vocation. Ceux qui passent leur temps à travailler, dans l'ombre le plus souvent, sont évidemment bien loin des projecteurs, et même s'ils ne reçoivent pas la reconnaissance qu'ils méritent en réalité, ils continuent malgré tout d'œuvrer pour la République. Soyons honnêtes ma chère, avant de devenir Sénatrice, me connaissiez-vous réellement ? Probablement pas. Evea lui fit non de la tête, l'air pensif. Alors oui mes vêtements ne sont sûrement pas dignes d'attention, mais voilà plusieurs années déjà que je préside la deuxième commission du Sénat dans l'ordre protocolaire, faisant de moi la deuxième Sénatrice dans la hiérarchie... Et pourtant, à part à l'occasion de ces conférences qui ne concernent qu'un public très ciblé et éveillé, je demeure pour la République Galactique une véritable inconnue, cette République que je sers pourtant depuis des années. Mais je continue, je continue car comme vous, j'aime la politique. Je suis donc vraiment contente de vous entendre préférer la politique, cette noble tâche, à la popularité et les feux de la rampe.

- Et le peuple nous aime sans le savoir. Savez-vous pourquoi le Vice-Roi Ulgo s'est-il ainsi adouci en accordant plus d'indulgence au sujet de l'orientation politique de ses conseillers ? Elle plongea son regard dans une fontaine. Déjà le Vice-Roi projetait d'établir un accord balistique avec Umbara, cela avait fort déplût au peuple profondément pacifiste. Suite à quelques manifestations le projet a été abandonné. Mais lorsqu'il radia Isalia Cyriandar de sa position de sénatrice, son Excellence (elle l'appelait ainsi peut être par ironie, ou par dépit) a observé une chute drastique de son taux de popularité, il n'ose plus s'opposer au bon vouloir de son peuple et compose à présent uniquement avec le parlement. Ce qui est une très bonne chose pour la démocratie mais surtout cela me délie les mains au sujet du parti que je juge le plus à même de correspondre aux attentes des alderaaniens.

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Floaz Rĭ’i
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La végétation des mondes humains était d’un ennui affligeant, heureusement que ma discussion avec cette charmante jeune-femme m’occupait un peu l’esprit. Les tulipes qui émaillaient les parterres du jardin botanique étaient d’une banalité chagrinante, mais je dus bien faire preuve d’un brin de gratitude envers un brave peuplier qui nous conféra son ombre.

J’écoutais sagement mon interlocutrice qui, particulièrement confiante quant à l’adhésion d’Alderaan à l’UGSS, possédait cette si particulière étincelle tant recherchée par le monde partisan. Je ne voulais évidemment pas la stopper dans son élan, mais il me semblait pertinent de lui rappeler la situation particulièrement délicate que connaissait aujourd’hui le parti socialiste. J’entrepris donc de l’avertir.

- Je vois.. en tout cas en tant que simple spectatrice de la politique alderaanienne, je serais presque tentée de dire que les heures de votre souverain sont comptées. Je marquai une pause avant de regarder Evea Ekway. Vous ne l'aimez pas, votre Vice-Roi, n'est-ce pas ? Après ce qu'il a fait à Isalia Cyriandar... Un instant de silence, je crus déceler une approbation dans le regard de la Sénatrice, mais visiblement gênée, je ne tardai pas à reprendre. Enfin, pour en revenir à l'UGSS, êtes-vous d'ailleurs pleinement au courant de l'instabilité qui ébranle le parti ? Rien de bien grave en somme, seulement l'absence manifeste de président qui se ressent dans les luttes internes au parti, on s'y chamaille pour savoir qui prendra la relève, me rapporte-t'on. Des primaires devraient rapidement résoudre ça, et puis je maintiens que nul autre parti ne saura vous convenir mieux que celui-ci. J'aurais évidemment fortement apprécié vous compter dans les rangs de l'Alliance Démocratique des Systèmes non-humains, mais force étant de constater qu'Alderaan ne répond pas à nos critères, mais mon parti entretient de très bonnes relations avec l'UGSS, peut-être pourrons même collaborer dans un futur prochain ?

- Je l'espère très fortement, mais au sujet de la tourmente interne au parti, comme le résume si bien ce vers : "Au sein de l'infernale discorde, seul le renouveau peut surgir." Il ne fait aucun doute que l'adhésion d'Alderaan donnera un second souffle au parti, ainsi nous serions amenées à collaborer, j'en ai espoir. De nombreuses propositions de loi n’attendent que d'être rédigées !

- C'est tout ce que je nous souhaite ! L'arrivée d'un monde fondateur de la République comme Alderaan au sein d'un parti éveillera aussi très probablement la jalousie des voisins, et moi qui trouvais que les luttes partisanes commençaient à se faire ennuyeuses. L'adhésion motivera aussi le parti lui même, et l'UGSS se permettra-t'il peut-être même de rêver à la Chancellerie, mais l'échéance se rapprochant dangereusement, cela suffira-t'il réellement à éviter la réélection de notre ô si vénérable Chancelier ?

- Seule la Force saurait nous le dire. L'avenir me paraît assez incertain en ces temps troublés. Nous vivons dans une drôle de galaxie. Mais ce ne sera un chancelier parfaitement stratège qu'il nous faudra, car sinon nous ne ferions que défaire les réformes du gouvernement du prédécesseur pour qu'au final peut-être son successeur les réhabilite. Tout cela n'est qu'un jeu de la chaise, ou du trône, il faut des réformes drastiques capables de relever au mieux la République après le gouffre qu'elle traverse.

- Si vous connaissez l'idéologie de mon parti, vous ne serez pas surprise par mes propos, mais pour moi, aucun chancelier ne pourra jamais rétablir la grandeur de notre Etat, et nous extirper de ce gouffre, comme vous le dîtes. Comment les gens peuvent-ils croire que le cerveau d'un seul individu saurait tous nous guider et nous sauver ? Le Sénat d'un autre côté, de par la somme de tous ses esprits, possède une intelligence collective qu'il faut exploiter. Vous savez, j'ai dédié ma carrière sénatoriale à lutter contre l'hyperchancellerisation du régime, mais ma vision doit à tout prix dépasser les frontières de mon parti, qu'en pensez-vous ? Pourrais-je compter sur votre soutien ?

La Pantoranne projeta son regard sur un papillon flottant de pistil en pistil, pensive, avant de me répondre.

- Il est vrai que l'organe sénatorial est au centre de l'initiative gouvernementale en définitive, d'où les centaines de propositions de loi mensuelles qui y sont rédigées. En tant que sénatrice je ne peux qu'être en accord avec vous là dessus. Par extension vous pouvez compter sur moi, on ne manque jamais d'alliés au sein de la rotonde. Je ne manquerai pas d'y faire allusion lors de mon allocution devant le parlement alderaanien.

Voilà qui faisait plaisir à entendre.

- C'est très gentil de votre part, si tous les sénateurs pouvaient raisonner comme vous, quels progrès nous pourrions infléchir.. Malgré nos divergences, il y a bien une chose qui nous rassemble tous, c'est notre fonction de législateur, et quel dommage que la majorité des sénateurs ne désire pas la sauver. Je soupirai. Votre allocution devant le Parlement vous dîtes ? Mais quand est-ce au juste ?

- Demain en fin d'après-midi je me rendrai à Aldera afin de tenir un discours devant le parlement dans le but d’affermir leur vœu de soutien, ou non, à l'adhésion à un parti. Le débat est presque acquis en définitive car une vaste majorité du parlement souhaite déjà mettre fin à la neutralité d'Alderaan, il ne sera donc question que de convaincre que l'UGSS est le parti qu'il faut pour mener Alderaan sur le devant de la scène politique. Si j'acquiers le soutien des parlementaires, et donc du peuple, pour cette adhésion, l'affaire sera presque pliée si je puis dire cela ainsi. Mais je vous en prie, venez ce sera un grand honneur pour le parlement que de vous compter en son sein lors de cette occasion.

- Ah oui, vous ne perdez vraiment pas de temps, quelle mauvaise langue j'ai été à vous reprocher votre indécision tout à l'heure, croyez moi quand je vous dis que je culpabilise maintenant. Pour me faire pardonner, j'assisterai avec plaisir à votre allocation. Vous avez vraiment la niaque ma chère, cela fait vraiment plaisir, et moi qui pensais que votre enlèvement il y a quelque temps de cela vous avait dissuadé de la carrière politique, je me trompais.


Evea Ekway
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Si l'on se fie à la fiche planétaire d'Alderaan - à la page deux-mille trois-cent quarante-cinq du chapitre cent-trente-six figurant dans l'holo-encyclopédie universel suivant les textes consacrés aux mondes républicains comptabilisés à l'année 21.576 du calendrier unifié, date de la dernière mise à jour de l'ouvrage presque infini - Enfin, si l'ont glisse jusqu'au verset traitant de l'organigramme gouvernemental du système, dans l'édition résumée afin de ne point s'attarder sur des fioritures bureaucratiques, nous pouvons trouver cela au sujet du Parlement alderaanien (l.27 à 32) :

Après le Conseil, l'autre organe démocratique d'Aldérande est bien évidemment le Parlement, Aldérande est un régime monocaméral à l'époque de la dynastie Organa, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'une seule chambre (Le Parlement), en territoire Alde dans les montagnes de Juran. Les députés y sont élus par un processus représentatif. Son chef est le vice-roi (chef du Haut Conseil Alderaanien). Le titre du chef de l'assemblée est Premier Président.

Fin de la citation. Voilà ce que savent les habitués traitant avec le gouvernement ou des membres rattachés à celui-ci. La plupart des sénateurs s'étant intéressés un jour ou l'autre au système ancestral d'Alderaan connaissent le rôle du Parlement dans le gouvernement, Floaz Ri'i en fait partie. Mais si l'on si penche un peu plus, si on étudie la politique alderanienne ou que l'on exerçe nous même la politique au sein du système - Evea Ekway en fait partie - on sait que le parlement n'est là que pour enjoliver le Haut Conseil.

En effet, si l'on se penche sur l'organigramme graphique relié depuis l'annexe à ce paragraphe du holo-encyclopédie universel, nous pouvons constater que le parlement est élu par le peuple contrairement au Haut-Conseil qui ne varie que très peu au cours d'une quelconque décennie. Le Vice-Roi propose certe des lois au Parlement, mais celui-ci ne peux que les refuser, les amender ou les valider. Par la suite le gouvernement - nommé par le Vice-Roi ceci dit - met en œuvre les mesures pour appliquer ces textes. Un parlementaire peut certe proposer des lois, mais pas auprès du parlement lui-même, le parlementaire en question doit passer par un membre du gouvernement afin d'en faire un projet de loi...

... Ce qui fait qu'Alderaan ne compte aucune proposition de loi mais uniquement des projets de loi. La famille Organa a tentée à maintes reprises de réformer le pouvoir du parlement, mais sans y parvenir. Et après tout, cela fait d'Alderaan une démocratie en validant les critères de catégorisation de celle-ci. Alors personne ne se soucie du pouvoir limité du parlement. Mais il faudra tout de même le convaincre car ce dernier a bien un pouvoir : Le peuple qu'il représente, Evea ne pourra rien tenter sans l'accord du peuple.

- Et bien cela m'a permis d'ouvrir les yeux plutôt, me rendre compte que le monde est dangereux, mais cela ne m'a pas rebutée, au contraire même.

Evea répond enfin à son homologue au sujet des attentats dont elle avait été la cible directe ou même indirecte. Elle se demande alors si son nom est répertorié dans ce fameux holo-encyclopédie universel, si elle a une biographie, savoir ce qui est dit sur son sujet par les multitudes de savants tenant à jour l'ouvrage regorgeant de savoirs diverses. L'Université d'Aldera où elles se trouvent contient d'ailleurs un exemplaire complet au sein de sa bibliothèque, peut être la pantoranne ira t'elle y jeter un œil.

Une voix grave vint soudain briser les chants des Fauvettes et Bergeronnettes.

- Les médias jouent trop sur l'hyperbole tant qu'à ces événements. Même si ces viles actions soient inacceptables. Le Vice-Roi est accompagné de quelques conseillers restant silencieux. Sénatrice Ri'i, je tenais à vous faire personnellement mes compliments, vos paroles m'ont données à réflexion. En espérant que notre accueil sur Aldérande vous convient.

Elvis Ulgo n'est plus suivit par sa femme, Evea avait entendue dire que cette dernière appréciait fortement les mondanités, elle en déduit donc que la "Vice-Reine" est restée auprès des invités de l'université afin de se lancer dans des débats éparses.

Le Vice-Roi mesure presque deux mètres, et bien qu'il n'est pas bien large, sa carrure plaçait la petite pantoranne dans l'ombre. Il aurait paru effrayant et même menaçant s'il n'affichait pas un sourire cordial.

Floaz Rĭ’i
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Evea Ekway était d’un tel positivisme que je ne pouvais m’empêcher de questionner l’authenticité de cette femme. Pensait-elle réellement ce qu’elle me racontait ? C’était comme si son kidnapping ne l’avait jamais ébranlée, et qu’au contraire, elle remerciait le ciel pour ces instants d’angoisse, une douleur qui avait vraisemblablement permis à la Pantoranne de devenir une meilleure sénatrice. A vrai dire, pour atteindre une personne, enlever ses proches était souvent bien plus affligeant qu’enlever l’individu lui-même. J’en savais bien quelque chose tant j’en avais personnellement fait les frais. Après la mort de mon fils, j’avais cru mourir, et je ne voulais plus entendre parler ni de politique, ni de rien. La disparition d’Ar’o avait chamboulé du jour au lendemain mes habitudes, or tout le monde sait que les habitudes sont les repères de la vie. J’avais donc soudainement cessé de vivre et de me reconnaître. Heureusement, loin d’être totalement aliénée, je pus recouvrir mon identité, et ce, grâce au soin.

Tout à coup, au beau milieu de mon chagrin, un papillon aux ailes dorées et visiblement fatigué de ses voltiges jusqu’à notre banc, vint se poser sur ma main. Traitez-moi d’idiote si vous le souhaitez, mais c’était comme si mon fils tendait sa main à travers la mort pour me consoler.

Absorbée dans mes pensées, je n’entendis pas tout de suite le Vice-Roi nous approcher et nous saluer. J’en fus naturellement extraite lorsque ce dernier mentionna mon nom, je levai alors mes yeux camouflés par mon masque antiox et lui tendit une main qu’il s’empressa d’embrasser.

- Votre Majesté, votre compagnie et celle de la Sénatrice sont ma foi preuves expresses de l’accueil de marque qu’il m’est réservé, et sachez que j’en suis très honorée. Mais épargnez-moi je vous prie votre hypocrisie, nous savons tous deux que le régime alderaanien n’est guère plus parlementaire que le régime républicain lui-même. Là où la République a un Chancelier, Alderaan a un Vice-Roi, et qu'importe la dénomination, les problèmes de fond n’en restent pas moins présents. Vous voulez rendre honneur à mes travaux et à mes idées ? Opérez dans ce cas les changements constitutionnels adéquats.

Je ne me laissais pas impressionnée par ce jeune-homme pensant si facilement pouvoir me mettre dans sa poche. Si le Vice-Roi consentait à l’adhésion d’Alderaan à un parti politique, c’était uniquement pour que sa planète soit entendue au Sénat. J’aurais très volontiers apprécié m’essayer à cet exercice d’hypocrisie, mais le Vice-Roi était un visage connu du monde sénatorial, le sort d’Isalia Cyriandar restant en effet encore ancré dans nos mémoires, et je ne pouvais me gargariser de ses compliments creux.

Le Vice-Roi laissa échapper un léger ricanement, comme pour désamorcer le malaise qui venait soudainement d’investir les jardins.

- En toute objectivité, je vous assure que vos arguments étaient pertinents, bien que très peu originaux de la part d’une sénatrice, et naturellement ma position ne me motive pas non plus à partager votre vision des choses, ce serait vraiment cracher dans la soupe. Pensez-vous réellement qu’un jour un politicien qui accèderait enfin à la fonction suprême de chancelier, et ce après de longs et durs efforts, serait bêtement prêt à se départager des immenses pouvoirs qui sont désormais siens ?

Je levai les yeux au ciel. Quel sombre idiot. De manière probablement très impolie face à un monarque, je lâchai un long et bruyant soupir tout en remuant la tête en signe de désaccord.

- Vous savez, il existe malgré tout des gens qui sont de vrais politiciens avec des convictions chevillées au corps, et j’en remercie d’ailleurs la Force. Tout le monde ne se laisse pas corrompre par les honneurs et le désir du brillant. Et si aucun ne désire occuper la fonction de chancelier pour réformer la République, dans ce cas j’imagnie que j’aurai qu’à briguer moi-même la chancellerie. Fis-je en plissant les yeux, plongeant un regard provocateur dans les iris de ce petit con.

Evea Ekway
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A l'intérieur du bâtiment des conférence, si les Sénatrices ne l'avaient pas quittées, elles auraient pue assister au discours du 3ème Recteur de l'Académie qu'il déclamait non sans un certain égo devant ses invités :

A l'Université d'Aldera, nous promouvons une culture d'apprentissage par la pratique. Dans trente départements à travers quinze écoles et trois collèges, nos étudiants combinent rigueur analytique avec curiosité, imagination ludique et appétit pour résoudre les problèmes les plus difficiles au service de la société. Nos étudiants de premier cycle travaillent côte à côte avec les professeurs, s'attaquent aux défis galactiques, poursuivent des questions fondamentales et traduisent les idées en action. Élément vital de l’entreprise d’enseignement et de recherche de l’Institut, nos étudiants diplômés et nos post-doctorants représentent l’une des cohortes les plus talentueuses et les plus diversifiées de la galaxie. De la science physique et de l'ingénierie aux arts, à l'architecture, aux sports, aux sciences sociales et aux finances et à la physique quantique, nous offrons l'excellence à tous les niveaux. Nous sommes également pionniers de l'éducation numérique qui offre un accès flexible à un contenu rigoureux pour les apprenants de tous âges. Le recteur se passa une main sur son crâne dégarni.
Les scientifiques de l'Université explorent des questions fondamentales à toutes les échelles, depuis l'origine de la galaxie jusqu'à la nature de l'espace, du temps, de la matière et de l'énergie. En collaboration avec des chercheurs de toute la République, nous explorons les processus de base qui déterminent la nature et l'évolution de l'univers physique. Le vieil homme vida d'un trait son verre d'eau, se râcla la gorge et repris.
Nombreux sont les anciens étudiants de l'université d'Aldera à s'être illustrés dans leur domaine ; on les désigne parfois comme alumni de l'université. Au moins quarante dirigeants galactiques de ce dernier siècle ont étudiés à Aldera. Ce nombre comprend l'ex Vice-Reine Emma Organa ou encore Elvis Ulgo, notre Vice-Roi actuel. Harald Arlan de Metellos, Henri Fornost de Commenor, quatre chefs devaroniens : Raven Gorton, Mararst Fraser, Orich Alk et Tit An, deux gouverneurs fondoriens : Lester Persan et Arold Turner. Pour n'en citer que quelques uns. En la comptant, 275 primés ont étudiés ou enseignés à Aldera ce dernier siècle. Quelque cinquante médaillés sportifs ont des liens académiques avec l'université, dont Andress Avirande, quadruple médaillé au Smashball, Gorgus arres six fois vainqueur de Huttball Coruscanti ou encore Moross Colum champion galactique de Pugil. Sans s'attarder de trop sur le sport, Le magnat kuatien Rupert Olms étudia lui aussi à Aldera...

Bien évidemment l'éminant troisième Recteur académique ne s'arrêta pas là et persista quelque peu dans son discours pendant presque dix minutes encore. Mais nous nous arrêterons là pour cette légère incartade qui nous permet de mettre en lumière et de rappeler dans quel lieux ce récit prend place.

Dehors, l'ambiance était certes plus ensoleillée et moins étouffante mais bien plus incisive, opposant dans des invectives polies l'homme le plus puissant du système à une alien hardie aux nombreux talents rhétoriques. Le tout observé par une petite Sénatrice alderanienne ne sachant que dire pour désamorcer la bombe au tic-tac métaphorique.

- De grandes ambitions Sénatrice ! Intervint Evea avec une admiration non-feinte. Elle repris très vite, sachant les regards pivoter sur elle. Mais la course à la chancellerie ne débute pas avant un moment. Cependant une affaire plus imminente nous préoccupe n'est-ce pas ? Signifia-t'elle au Vice-Roi qui dévirait enfin du cramoisi. Vous avez dit que le discours de notre invité vous avez amené à réfléchir. Ajouta-t'elle avec une toute petite voix absolument faiblarde.

- Oh oui c'est exact ! Fit-il d'un mouvement de main qui fit bruisser son manteau long. Si apparemment l'objectif de tout Sénateur est d'atteindre la chancellerie, ce que je souhaite pour Alderaan, ou du moins une représentation au gouvernement en moindre mesure, alors il serai opportun de ré-aviser votre dévolu qui s'était avant tout porté sur l'Union Galactique des Systèmes Solidaires. Mais nous discuterons de cette réévaluation en privé si vous le voulez bien Mademoiselle Ekway. Il posa un regard tranchant sur Floaz Ri'i.

Evea voulait à tout prix éviter des disputes. Elle connaissait pertinemment le Vice-Roi pour savoir qu'il appréciait ce genre d'altercations. Sa prédécesseur, Emma Organa, avait d'ailleurs elle même connue une grave défaite rhétorique face à son opposant lors des débats d'élections. C'est pourquoi la pantoranne assura ses arrières :

- Il me semblait justement opportun d'avoir un médiateur afin de mieux argumenter un tel revirement. Elle fit glisser son regard confiant sur son homologue.

Elvis Ulgo afficha un sourire qui découvrit toutes ses dents étincelantes en acquiesçant.

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Le Vice-Roi Ulgo.

Floaz Rĭ’i
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Alors que je commençais tout juste à me mettre en jambe, il fallut évidemment que la Sénatrice Ekway intervienne pour retenir son Vice-Roi. Je ne demandais pourtant que la rage du monarque, j’étais prête à réfuter chacun de ses arguments, après tout la vérité surgissait toujours dans les contradictions et les accusations. Pour couronner le tout, voilà que Ulgo me faisait maintenant comprendre, et ce sans détour, que j’étais de trop. Ce fut naturellement sans compter sur l’aide de la Pantoranne qui légitima ma présence et me permit de faire profiter un peu plus longtemps le dirigeant alderaanien de mon étincelante présence.

Votre Sénatrice a raison, vous ne trouverez pas meilleure médiatrice que moi, mon expérience fera probablement beaucoup de bien à votre échange. Lâchai-je un sourire jusqu’aux oreilles.

Le Vice-roi groula comme un pigeon, avant de se résigner à répondre.

Très bien, soit. Dans ce cas, ne tournons pas autour du pot, j’ai discuté avec mes conseillers, et tous ont unanimement pensé que l’Alliance contre l'Oppression serait un bien meilleur parti politique pour Alderaan. Le parti a déjà démontré par le passé qu’il était dans la capacité de s’emparer de la chancellerie, et s’impose d’ailleurs sous cette législature comme la première force d’opposition au Sénat. N’oublions pas non plus que l’Alliance contre l’Oppression est …

… la niche d’Emalia Kira, figure politique souillée au plus haut point, vous souhaitez vraiment vous rouler dans la boue ? Depuis sa condamnation par la Cour Suprême, l’Ao n’a plus de président, et sans tête, le parti fonce dans le mur, et vos conseillers pensent …

… que c’est une occasion en or pour Alderaan de s’emparer du leadership de l’Alliance ! Elvis ne souriait plus et son ton s'était durci. Je réprimai un soupir.

Je tentai de renchérir mais son regard me foudroya. Je remarquai soudain que je ne laissais pas mon homologue s’exprimer, première concernée après tout par cette affaire, et actrice principale de toutes ces machinations. Je posai donc mon regard sur elle. Elle me remercia d’un mouvement de tête et déclara.

- Excellence, permettez moi de trouver étrange ce revirement, peut-être que l’objectif de la chancellerie que ma consœur a évoqué est la raison de votre présent dévolu pour l'AO, mais sachez que n'importe quel parti peut accéder au gouvernement républicain, la démocratie reste encore, plus ou moins, en place dans le système actuel. Elle posa un regard éloquent sur son monarque. Tant qu'à la ligne politique du dit-parti, vous m'avez assuré vouloir briser le lien qui vous unit au militarisme traditionnel de votre vénérée famille de comtes, vous avez même cité le nom de votre tristement célèbre ancêtre lorsque nous nous sommes parlés tantôt... Et pourtant à présent vous faites allusion à un parti politique réputé pour ses actions militaristes.

Vous ne croyez pas si bien dire Sénatrice. Mais je vous prie de bien vouloir ré-évaluer votre jugement ma chère. Je dirige un système entier ici, et pas un des moindres : Alderaan. Mais je sais trouver du temps pour étudier la politique sénatoriale républicaine, sachez-le. Et je m'y connais assez pour savoir qu'aucune ligne militariste ne tient à présent au sein de l'AO, un militarisme qui a chuté suite aux échecs de Kira, il ne fait aucun doute que les représentants du parti ont ouvert les yeux à ce sujet, ne participant même plus aux débats militaires lors des assemblées. Préférant au contraire ré-affirmer leurs visions socialistes qui correspondent aux vôtres si je ne me trompe pas.

- Leurs visions socialistes comme vous le dites, laissent à désirer dans un climat propice au libéralisme. Elle leva les yeux vers la cime des arbres environnants. Je me contenterai de réutiliser vos termes, lorsque Kira a chuté et lorsque leur ligne militariste s'est avérée inadéquate, le parti a sombré dans le caduque du même temps. La petite bleue ne se laissait pas démonter.

J'avais tout du long des interventions de mon homologue opiné du chef. Et lorsque que le Vice-Roi entendit renchérir, j'intervins pour en remettre une couche.

Et puis je ne doute certainement pas de votre ambition, qui doit à vrai dire plutôt frôler la mégalomanie, et ce n'est certainement pas en vous affiliant à un parti dont la seule figure historique restera à jamais Emalia Kira que vous parviendrez à l'assouvir. Vous n'êtes pas du genre à vous tapir dans l'ombre de quelqu'un d'autre, ou me tromperais-je ?

Evea Ekway
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Alors que son homologue Kel Dor prenait en dernier la parole, concluant d'une question rhétorique des plus vindicative, la pantoranne observa un instant la suite du Vice-Roi. Trois autres personnes en effet observaient et écoutaient la scène sans mot dire, debout sur le sentier de gravier à l'ombre d'un cyprès. Deux hommes et une femme, le premier homme, portant un veston couvert d'apparats, répondait au nom de Erza Ulgo, le cousin du monarque, qui officiait en tant que ministre de l'économie. Le second homme, de grande taille comparé au précédent, se nommait Daisuke Crow qui n'était rien de moins qu'un des plus influents industriels du système, il portait une toge traditionnelle de Taanab, son monde originel. Enfin, la femme était chargée de la fonction de Première Conseillère - la seconde personne la plus puissante d'Alderaan - et était connue sous le nom d'Emma Organa : L'ex Vice-Reine du système qu'elle dirigeait à présent au sein du Haut-Conseil, suppléant donc Elvis Ulgo qui lui avait ravie son second mandat.

La famille Organa était cependant réputée pour être la Maison la plus influente d'Alderaan mais surtout la plus proche du peuple, ses membres respectés appréciaient aller au contact des populations du Système qu'ils représentaient depuis de longues décennies. En effet, la famille Organa avait été celle qui était restée le plus longtemps au pouvoir, comptant le plus grand nombre de Vice-Roi et Vice-Reine d'Alderaan. Et pour cause : Le peuple les appréciaient. Mais tout bonne masse a besoin de respirer occasionnellement, de changer de gouvernants, d'où le fait que la Maison Ulgo avait été choisie lors des dernières élections pour diriger Alderaan. Cependant Elvis avait rondement menée la composition du gouvernement, plaçant ainsi sa prédécesseur au poste de Première Conseillère, assurant donc une stabilité à sa propre position.

Evea connaissait assez bien Emma Organa pour avoir déjà échangée avec elle par le biais de son Oncle (Ewan Ekway qui avait officié en tant que Premier Conseiller sous son mandat). Les deux femmes s'entendaient relativement bien, tout du moins beaucoup mieux qu'avec Elvis Ulgo... Quelque peu plus brutal. Evea et Emma échangèrent un regard, un regard qui reflétait de la confiance du côté de l'humaine et de la détresse du côté de la pantoranne. Une détresse qui se changea alors en assurance.

- Sauf votre respect, cet entretient n'est, en toute évidence, qu'officieux. Par conséquent aucune mesure ne saurait être prise à la suite de cette discussion de jardin qui est dans l'incapacité de mener à des décisions officielles. Son ton s'affermit un peu plus. Ma délégation est à présent bien trop avancée dans les négociations pour faire machine arrière je le crain. Cependant une dernière étape tiens place de couperet : Le Parlement, dont la décision sera celle du peuple d'Alderaan, ce même peuple qui vous soutiens. Et bien que ce soit le Haut Conseil à qui vous devez votre position, c'est bien le peuple qui régit, de par le Parlement, l'alignement politique d'Alderaan sur la scène galactique. Elle sourit à l'homme. Entichons nous donc de cette démocratie et acceptons de laisser le mot final aux représentants de cette chambre. Si les parlementaires approuvent l'adhésion à l'Union Galactique des Systèmes Solidaires alors qu'il en soit ainsi ! Si dans le cas inverse nous nous retrouvions face à un refus, dans ce cas là nous étudierons officiellement l'adhésion d'Alderaan au sein de l'Alliance contre l'Oppression. Qu'en pensez vous ?

En voilà un exercice de répartie !

Le "deal" proposé était tout simplement convaincant, pour ne pas ridiculiser le gouvernement devant un revirement de choix, il suffisait de faire aboutir la procédure de l'UGSS et d'attendre une réponse favorable. Si elle ne l'était pas, alors le nouveau souhait personnel du Vice-Roi pourrait être mené à bien ! Un parfait exemple de démocratie que présentait là la Sénatrice.

Derrière le Vice-Roi, Emma Organa approuva d'un signe de tête, Daisuke Crow resta absolument impassible, tandis qu'Erza Ulgo vrilla au rouge.

- Accordé. Nous verrons cela demain après-midi. Conclua simplement Elvis Ulgo, visiblement pressé d'en terminer.

Et c'est sur ces paroles stériles qu'il se détourna des deux femmes pour s'éloigner, suivit de sa suite, vers le bâtiment central de l'Université, pénétrant dans le couloir sombre de l'entrée faisant face aux lumineux jardins où restaient les Sénatrices.

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Floaz Rĭ’i
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Je perçus dans l’inflexion de la voix de la Pantoranne que cet échange tout sauf productif commençait doucement à la frustrer, c’est pourquoi elle mit d’ailleurs rapidement fin à la discussion d’une manière des plus pragmatiques. “Alea jacta est”, c’était globalement ce que venait de dire Evea Ekway, excédée peut-être de convaincre un dirigeant dont l’inconstance était agaçante, elle remettait désormais le sort de l’alignement politique d’Alderaan entre les mains souveraines du Parlement. Sage décision, il ne restait plus qu’à espérer que le Parlement n’était pas gangréné par le fait majoritaire. Ce terrible fléau qui maudit les chambres de certains régimes, où la majorité parlementaire ne se contente que d’obéir au doigt et à l'œil à leur leader politique, renoncant à leur vocation pour se glisser dans la peau de pantins de bois. Je n’étais pas très documentée quant à l’histoire constitutionnelle et politique d’Alderaan, mais j’espérais pour ma consoeur que ce n’était pas le cas, sinon, il était inutile d’espérer, et madame Ekway pouvait d’ores et déjà préparer la paperasse pour rejoindre les rangs de l’Alliance contre l'Oppression.

Je fus extraite de mes pensées par le départ du Vice-Roi et de ses au-revoirs expéditifs.

Ce fut également un plaisir pour moi de vous rencontrer monsieur Ulgo. Fis-je ironiquement alors que le monarque disparaissait à l’horizon, accompagné de sa cour.

Je jetai ensuite un furtif coup d'œil à ma montre avant de pivoter vers ma collègue.

Je suis navrée madame mais je dois malheureusement vous abandonner au plus vite, j’ai une conférence de presse dans une vingtaine de minutes, et ce n’est pas la porte à côté, permettez-moi donc de vous abandonner dans ces jardins. Je vous souhaite par ailleurs bon courage pour la séance de demain au Parlement, je ne doute pas un seul instant de vos capacités oratoires qui sauront convaincre l’audience. Je m’abstins naturellement de lui partager mes craintes, il était hors de question de la démotiver la veille de son oral. Au plaisir de se revoir donc, et de peut-être un jour travailler ensemble !

Bien que mon masque antiox le dissimulait totalement, j’avais esquissé un sourire cordial avant de tourner les talons et me diriger vers la sortie du parc botanique. La Sénatrice Ekway me rattrapa toutefois quelques instants plus tard, après avoir trottiné sur quelques mètres pour parvenir à ma hauteur

- Attendez un instant Sénatrice Rĭ’i ! Que penseriez-vous d’assister à la séance de demain ? J’ai beaucoup apprécié discuter avec vous, j’ai recueilli avec attention vos nombreux conseils, me feriez-vous donc l’honneur d'écouter mon intervention au Parlement ? Je ne souhaiterais évidemment pas déranger votre agenda, mais c’est que ça me fe…

C’est entendu. Figurez-vous que ma prochaine conférence n’étant qu’après-demain, je cherchais justement de quoi m’occuper pour la journée qui arrive, me voilà donc ravie de pouvoir découvrir l’intérieur de votre Parlement.

- Fabuleux, je vous en remercie ! La Sénatrice alderaanienne souriait.

- Tout le plaisir est pour moi, passez une belle journée madame Ekway.  

Cette fois-ci c’était la bonne, je pris la direction de la sortie et quittai ces jardins de malheur pour rejoindre l’arrêt de bus de l’université. Le trajet se déroula sans accroc et rapidement je me retrouvai à mon point de rendez-vous.


Evea Ekway
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Nous n'allons pas reciter ici la fiche planétaire d'Alderaan - à la page deux-mille trois-cent quarante-cinq du chapitre cent-trente-six figurant dans l'holo-encyclopédie universel - suivant les textes consacrés aux mondes républicains comptabilisés à l'année 21.576 du calendrier unifié, date de la dernière mise à jour de l'ouvrage presque infini. Vous pourrez retrouver cette citation six chapitres plus haut si vous souhaitez en savoir plus sur le fonctionnement du Parlement d'Alderaan. Dans ce nouveau chapitre nous nous contenterons de lyrisme et repousserons toute tangibilité superflue.

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Le Parlement alderaanien est une très ancienne institution fondée il y a plus de vingt-milles ans. A l'échelle galactique ou même à l'échelle de l'histoire du Système, cela ne représente qu'un infime fragment de l'histoire d'Alderaan. Toutefois, vous vous accorderez là-dessus, vingt-milles ans sont amplement suffisants afin de ne point douter de la sédentarisation de cette institution au sein de la politique du Système.

Initialement seuls les nobles familles d'Aldérande étaient à même de siéger au sein du Parlement, mais très rapidement il s'est révélé que cela n'était qu'un énième doublon du Haut Conseil encore plus millénaire. C'est ainsi que le peuple - Dans la mesure où les représentants restaient fortunés - a pu aspirer au poste de parlementaire. Leur rôle : Discuter, amender et valider, voire refuser dans des cas plus rares.

Mettons à présent fin à cette parenthèse pour nous concentrer sur le lieu en question et non sur sa fonction. Le Parlement prend son siège sur le plateau montagneux d'Aldera, mais pas au sein même de la capitale séculaire, à l'écart de celle-ci, près d'un lac dont le nom importe peu, bordé de paisibles plaines. En raison de sa hauteur de mille-deux-cents mètres, il neigeait aujourd'hui sur les hautes tours du Parlement atteignant les mille-trois-cents mètres.

La neige est un phénomène récurrent à une telle altitude - à noter que l'Université se trouve au creux d'une vallée à six-cent mètres au dessus du niveau de la mer - qui est rarement observé lorsque nous nous rapprochons des océans. Les flocons tombaient doucement sur les nombreux véhicules anti-grav stationnés sur les immenses plateformes non couvertes, et pour cause : Les plateformes intérieures étaient remplies d'autres véhicules luxueux.

Notons que les véhicules civils à l'extérieur sont majoritairement en possession de personnes détachées de l'organe législatif et même de la politique pour certains. Sur Alderaan la politique se faisait en transparence absolument complète depuis sa constitution. N'importe qui pouvait assister à n'importe quel débat, qu'il soit ami au nom d'un parlementaire, ou bien qu'il y travaille ou non.

Le sujet qui serait abordé aujourd'hui sera porté par la Sénatrice d'Alderaan, Evea Ekway, dont la plupart avaient au moins entendus le nom de famille, le même nom que l'ex-premier conseiller du dernier mandat. Il est d'ailleurs fort étrange de parler de mandat au sein d'un système qualifié de royaume, vous ne trouvez pas ? Certains sur l'Holonet rapportent qu'Alderaan est un système dirigé par un haut conseil et d'un parlement, organisant des élections tout les cinq ans pour élire un chef de file parmi les nobles familles. D'autres sur l'Holonet affirment qu'Alderaan est une monarchie constitutionnelle. Mais peut-on parler de monarchie lorsque le monarque en question change tout les cinq ans ?

Ici, nous pensons que cela est dû à la fréquente réélection de la famille Organa. Une confusion qui a menée à l'appellation de Monarchie, en effet la Famille Organa a été depuis des millénaires la noble famille qui a été la plus longtemps au pouvoir, souvent des centaines d'années de suite sans qu'aucune autre n'ai pu aspirer à un petit pourcentage de voix. Quelques variations, notamment avec la famille Panteer et plus récemment avec les Ulgo, des Vice-Roi ne portant pas le nom d'Organa sont arrivés au pouvoir. Mais presque invariablement le prochain mandat reviendra à un Organa. La raison de ce choix monotone ne nous intéresse pas ici. Mais cela nous a permis d'expliquer le flou bureaucratique entre monarchie et élections de vice-Roi : Alderaan n'a d'une monarchie que le nom.

Passons à présent également sur le pouvoir accordé au Parlement pour nous consacrer plutôt à l'architecture du bâtiment dont nous nous sommes quelque peu écartés. Alors que la petite pantoranne, sujet de notre attention, évoluait au sein des couloirs marbrés, elle ne pue s'empêcher de lever les yeux vers les plafonds légendaire du Parlement. Quiconque veut connaitre Alderaan, voudra visiter ces galeries et ces salles réputées pour avoir les plafonds les plus hauts sur secteur galactique. La galerie que traversait la Sénatrice, suivie de ses "aides de camps", était surement l'une des plus basses et pourtant le plafond incurvé "plafonnait" à près de cinquante mètres au dessus de la petit tête. D'immenses lustres suspendus à de très longues chaines dorées venaient se rapprocher des visiteurs afin d'apporter une lumière chaleureuse brisant avec le froid de l'extérieur.

Elle était venue en transport en commun jusqu'ici non pas pour admirer ces impressionnantes salles, mais pour y faire réverbérer sa voix. Justement, elle arrivait dans la gigantesque salles du parlement, un hémicycle standard dans une cavités au proportions mégalomanes. Près de cent mètres séparaient la mèche rebelle de la pantoranne - un brin rose s'élevant de quelques centimètres au dessus de sa chevelure - du sommet de la salle du parlement.

Devant elle se bousculaient près d'une centaine de parlementaires sur les sièges en bois d'hêtre tandis qu'elle prenait cérémonieusement place à la droite du Premier Président du Parlement, étant accessoirement le Vice-Roi Ulgo. De très nombreuses alcôves et balcons permettaient aux visiteurs d'assister à la séance, il y avait tellement de monde en ce jour qu'elle n'eue pas le temps de repérer son homologue sénatrice dans la vaste salle. Mais on l'avait prévenue qu'un balcon lui avait été spécialement réservé, à sa demande.

Lorsque le silence fut instauré, le Premier Président se leva de derrière son bureau de marbre et s'exclama :

- Très chers parlementaires, très honorables citoyens d'Alderaan, très estimés visiteurs, j'annonce que la séance du jour est ouverte.

Je ne vais pas m'attarder en paroles inutiles qui ne manqueraient pas de susciter le sommeil des plus vénérables d'entre vous.
Un rire général fit bruisser la foule. Vous connaissez tous le sujet d'aujourd'hui : La sortie de la léthargie sénatoriale d'Alderaan. Sous l'expresse demande du Haut-Conseil, la délégation Sénatoriale, actuellement représentée par la très appréciée Evea Ekway assise à ma droite, a montée un dossier d'adhésion à un parti politique à même de représenter notre séculaire Système devant les instances républicaines. Je cesserai à présent de palabrer dans une introduction qui me semble tout bonnement suffisante au discours qui suivra.

Je donne à présent la parole à la Sénatrice d'Alderaan, Evea Ekway.
Il la désigna d'un vif geste du bras droit.

Immédiatement la pantoranne se leva, un immense sourire au lèvre, recevant avec plaisir les centaines d'applaudissements résonnant de toute part. Evea avait toujours très fortement appréciée l'ambiance qui régnait en ces lieux, l'immensité de la salle - en hauteur et non en superficie - rendait les lieux impressionnants mais aussi très intimident. Cependant la vaste majorité des parlementaires étaient très joviaux, souriants et extrêmement cultivés. Il ne résidait en ces lieux aucune animosité que la Sénatrice retrouvait presque invariablement au sein de la Rotonde dirigée en ce moment par un vil neimoidien.

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- Bonjour à tous, avant toute chose je voulais vous remercier de m'accorder la parole. En marque de respect je tenterai de rester concise dans mon propos. Comme l'a annoncé le Premier Président, je suis ici devant vous pour vous soumettre le dossier d'adhésion de la délégation d'Alderaan au parti sénatorial de l'Union Galactique des Systèmes Solidaires. Une rumeur indistinguable parcourue l'assemblée. Le manifeste qui vous a été envoyé à chacun résume en détail les nombreuses motivations qui ont poussées mon dévolu sur ce parti dynamique. Bien évidemment je n'ai pas été seule afin de faire ce choix, j'ai été assistée par de nombreux collaborateurs et je me suis renseignée auprès de spécialistes, notamment le ministère de la diplomatie figurant sur cette liste. Tout cela pour vous dire que ce choix ne manque pas de motivations et d'appuis solides. Des approbations silencieuses traversèrent le parlement. Mais avant de valider et d'affermir ce projet, il me semblait primordial de le porter devant vous, c'est donc l'assemblée parlementaire réunie en ce jour qui donnera son verdict. Je suis ici à votre disposition afin de répondre à toutes les questions qui pourraient vous traverser l'esprit. Je vous remercie de m'avoir écoutée, et à présent c'est à moi de vous accorder toute mon attention.

Elle conclue avec un grand sourire et s'inclina devant les parlementaires qui la remercièrent d'un applaudissement unanime. Un premier homme, un vieillard si nous pouvons le dire ainsi, se leva fort prestement pour son âge et demanda la parole d'un signe. Elle lui fut accordée.

- Sénatrice Ekway, je suis Andre Organa, je tenais à vous remercier de la confiance naturelle que vous accordez depuis le début à l'appareil législatif que nous représentons. Je vous poserai ainsi la question suivante : Est-ce bien pour l'alignement socialo-pacifiste que vous avez choisis ce parti ou bien est-ce pour la simple bonne entente avec ses membres dont vous avez fait preuve ces derniers temps ?

On perçu la voix d'un homme plus jeune, assis quelques sièges plus haut, qui fit remarquer :

- Vulpter est représenté par une pantoranne que vous connaissez, d'après ce que nous en avons entendus.

- C'est exact, au travers de négociations motivées par le Forum des non-alignés, j'ai rencontrée, aux côtés d'Alysanne Méridan, les représentants de l'UGSS. Elle se refusait de taire le nom de son amie à présent déchue du Sénat. Et bien qu'une affinité soit apparue avec Alexsandra Vladektra, Sénatrice de Vulpter et membre de l'UGSS, ces rapports sont restés strictement professionnels. Je tiens donc à vous préciser que le programme porté par le parti a été l'unique décidant de mon projet d'adhésion. J'ai en effet jugée cette ligne que vous qualifiez à juste titre de socialo-pacifiste tout à fait apte de correspondre à l'idéologie traditionnelle d'Alderaan. Une idéologie qui se reflète dans les décisions politiques de notre Système, n'importe qui s'accordera sur ce fait.

Elle évitait habilement de trop s'écarter du sujet en débat, afin de ne pas abuser de la parole mais surtout de garder le débat centré sur le sujet de l'adhésion. Elle fit comprendre d'un sourire que sa réponse était terminée et le vieillard fit comprendre qu'elle le satisfaisait en se rasseyant. Le Premier Président répondit au signe d'une trentenaire à la coiffure élaborée qui souhaitait s'exprimer.

- Je suis Helena Regeda Serrus, et ma question sera simple et brève, Sénatrice. Pourquoi rejoindre un parti politique dénué de figure de leader ? Elle se rassit alors qu'elle avait posée sur la table un brelan d'As fictif en la matière de sa question.

- Je vous répondrai le plus fidèlement possible, croyez-le bien. Il est vrai que le Sénateur et Fondateur de l'UGSS, Jeresen Fylesan, s'est quelque peu effacé de la politique républicaine ces dernières années. Mais le parti ne manque absolument pas à ses revendications qui continuent d'être le plus fortement portées par la Secrétaire Générale du parti ainsi que le Comité Central que j'ai eue l'occasion de rencontrer.

Immédiatement après, un cinquantenaire portant l'uniforme militaire pris la parole à peine lui fut-il accordée :

- Eno Ulgo, Sénatrice Ekway. Pensez-vous que votre délégation pourra aspirer à la présidence du parti ? Serait-ce votre objectif ?

Prise au dépourvue sur ce questionnement de ses ambitions et de sa soif personnelle de commandement, Evea se ressaisit et choisie de jouer la carte de la franchise, avouant qu'elle ne recherchait en aucun cas le pouvoir.

- Cela est une piste qui pourrai être envisagée mais certainement pas dans les quelques années à venir. Pour l'instant mon unique projet est de fournir un poids supplémentaire à la voix d'Alderaan au sein de la Rotonde, il n'a jamais été question de saisir une quelconque course au pouvoir. Pas dans l'immédiat en tout cas. Elle s'efforça de répondre avec le sourire.

Un vieil homme à la barbe bien taillée s'adressa ensuite à elle avec le sourire. Sourire qui disparu au fil de sa tirade :

- Je suis Honoré Panteer, ravi de pouvoir vous parler Sénatrice. Cependant je ne le fait pas par volonté de sympathiser, vous m'en voyez navré, mais il me faut poser une question qui aurait fini tôt ou tard par surgir de la bouche d'un de mes collègues. Est-ce que votre jeune âge, couplé d'un manque d'expérience, prématuré par votre accession au poste de Sénatrice, ne sera-t'il pas une source de soucis pour nous une fois votre délégation intégrée à un parti ?

Là ce n'était pas un brelan d'As facilement contestable avec les nombreuses cartes entre les mains de la Sénatrice, Honoré Panteer venait de poser sur la table une quinte. Evea employa une figure des plus sérieuse pour répondre à cette question qui l'attaquait sur ses compétences personnelles. On aurait dit le Vice-Roi qui s'adressait à elle au travers de ce questionnement qu'elle redoutait.

- Je comprend absolument vos craintes, et je les justifierai facilement, mais laissez-moi au contraire démonter ces craintes. J'ai sept ans d'expérience au sein du monde politique, et si vous faites allusion à l'unique année consacrée à la délégation sénatoriale, je voulais préciser que les études que j'ai menée me permettent amplement de répondre à ma fonction avec toutes les connaissances adéquates. Tant qu'à l'expérience, aussi primordiale soit-elle, quiconque siégeant ici même sait qu'elle se forge. L'expérience qu'il me manque sera acquise au fil des années qui m'attendent dans la représentation d'Alderaan au Sénat. Et comment me forger une expérience si ce n'est en initiant des changements dans le paysage m'environnant ? C'est justement en cela que je puis vous assurer que l'adhésion à un parti politique me mettra, ma délégation et moi-même, en relation avec de nombreux autres pairs qui m'apporteront une expérience à laquelle vous souhaitez tant que j'accède !

Elle avait parfaitement répondue. Suffisamment pour que les quelques mines craintives face à elle s'adoucissent quelque peu. Comment pouvait elle acquérir de l'expérience et vieillir dans le milieu sénatorial si ce n'est en tentant des manœuvres comme elle le fait en ce moment ? La pantoranne avait une bonne main pour l'instant et la partie allait suivre avec nombre de questions qu'elle aura peu de mal à répondre afin d'éclaircir un peu la situation.

Après viendra l'heure du vote suite aux délibérations.

Floaz Rĭ’i
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La machine à café du Parlement alderaanien vrombit. J’en pris un bien sucré ainsi qu’une barre chocolatée avant de repartir m’installer dans un des nombreux fauteuils en velours de l’atrium. Mon interlocutrice, une parlementaire alderaanienne particulièrement âgée qui m’avait tout de suite reconnue, prit place à mes côtés, un thé entre les mains. La vapeur qui s’en échappait faisait rougir le bout de son nez de grand-mère. Je reculai sur ma chaise avant de reprendre notre discussion.

- Vous savez, cela va faire maintenant deux lustres que le Sénateur Car’hrt dirige le parti d’une main de fer, mais cette longévité n’est malheureusement guère synonyme de prospérité, du moins, à mes yeux. Monsieur Car’hrt reste toujours aussi obstiné à vouloir faire la course en solitaire, or, il est clair que sans soutien, le parti ne parviendra jamais à briguer la Chancellerie. Vous en êtes témoin, à chaque fois notre score est toujours aussi pitoyable, mais que voulez-vous, l’orgueil d’un berger, et la couardise d’un troupeau. Sans mentionner que sous son leadership, notre groupe a connu un glissement que je qualifierais très volontiers d’extrémiste. Pour beaucoup, l’Alliance Démocratique des Systèmes non-humains est devenue ce parti xénophobe qui ne rêve que de l’exclusion totale des humains.

- C’est vrai que les médias républicains vous pointent de bon gré du doigt comme le bon vieux parti sectaire de la rotonde, même jusqu’ici sur Alderaan cette étiquette vous a été collée, mais cette stigmatisation est-elle seulement justifiée ? La vieille dame me scrutait de ses deux yeux verts. Je grimaçai un instant avant de lui donner raison.

- Ma foi, oui ! Et ça me fait beaucoup de peine de l’admettre. L’Alliance démocratique des Systèmes non-humains a été fondée 21.351, en autant d’années, les choses évoluent, et pas toujours de la meilleure manière. Toutes ces décennies ont permis à de nombreux courants internes de naître, et il est vrai que ces dernières années le spécisme s’intensifie et infeste toujours plus notre illustre parti.

- Et vous n’avez jamais songé à l’abandonner pour en rejoindre un autre ? L’UGSS par exemple, comme le voudrait notre Sénatrice.

- Non, je trouve ça particulièrement flemmard comme réponse, abandonner le navire n’a jamais été une solution recevable. D’autant plus qu’en réalité, cela ne changerait en rien la donne, le parti continuerait dans sa lancée discriminatoire, et ferait toujours aussi mal à notre Sénat et à notre République. En plus, les idées originelles de ce parti sont particulièrement nobles : lutter contre la centralisation, inclure davantage les espèces non-humaines localisées à l’extérieur du Noyau, je pense que c’est un combat que je dois mener car force est de constater que depuis sa création, ces objectifs n’ont jamais été atteints, ce qui est tout bonnement regrettable !

L’alderaanienne esquissa un sourire gêné, reconnaissant amplement le constat peu reluisant de tant d’années de militantisme. Elle trempa ses lèvres gercées dans son thé et s’apprêtait à répondre lorsqu’un autre parlementaire vint troubler notre échange.

- Navré de vous déranger mesdames, mais la séance va s’ouvrir, je tenais simplement à vous l’indiquer. Il sourit avant de disparaître aussi rapidement qu’il était venu.

Après un dernier coup de cuillère pour récupérer le reste de crème au fond de mon macchiato, je me levai de mon fauteuil, saluai rapidement ma nouvelle amie avant de la laisser rejoindre l’hémicycle par l’entrée principale tandis que j’étais pour ma part attendue dans une des nombreuses loges décorant la partie supérieure de l’édifice.

En y pénétrant, je fus aussitôt frappée par le calme qui régnait dans le Parlement. Dorin m’avait habituée à la chaleur, aux coups de sang, aux injures qui fusent dans tous les sens, la passion en somme. La séance n’avait même pas encore véritablement commencé, que le silence régnait déjà, les parlementaires étaient semblables à des écoliers sagement assis à leur bureau, attendant avec une patience religieuse que le président de chambre prenne la parole. Ce qu’il ne tarda évidemment pas à faire.

Le discours d’Evea Ekway fut pour le moins.. laconique. Une prise de parole concise qui ne sembla guère déplaire aux législateurs puisqu’ils s’empressèrent de poser tout un tas de questions. Les parlementaires alderaaniens étaient de vrais gentlemen, il y avait évidemment ceux qui voulaient inlassablement appuyer là où ça fait mal, mais il était important de noter que les paroles ne s’entrecoupaient jamais, l’écoute était mutuelle, du moins en apparence forcément, un respect qui paraissait toutefois presque hypocrite quand on le comparait avec l’ambiance du Sénat galactique ou même de la Convention de Dorin. La séance se déroulait donc sans accrocs, les interventions se succédant assez passivement.

Un vieil humain obèse se leva à son tour, il tremblait. Peut-être était-il malade ? Ou bien il était fébrile à l’idée de perdre un peu de ses précieux crédits.

- Rejoindre ce parti pourrait-il nous desservir tant l’image d’Alderaan en pâtirait ? Auprès des marchés financiers notamment. Et puis, pourquoi ne pas non plus plutôt se ranger du côté du victorieux Front Libéral Républicain, en effet si c’est à la grandeur d’Alderaan que vous aspirez, pourquoi préférer l’opposition fantomatique du Sénat, j’avoue ne pas bien comprendre …

Aussitôt une femme à la chevelure rousse flamboyante lui succéda et décocha sa question aussi vite qu’un carreau.

- D’autant plus que concrètement, en dehors d’une plus grande influence au sein du Sénat républicain, notre adhésion à l’UGSS nous permettrait-elle vraiment d’accéder à d’autres avantages ?


Evea Ekway
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Le parlement était remplis, pour la vaste majorité, de grandes familles alderaniennes parmi les quarante-sept maisons les plus influentes du Système. Jusqu'à présent nous avons entendus des représentants de la plus puissante d'entre-elles, à savoir les Organa, mais aussi des représentants de familles parmi les plus révérées, à savoir : Serrus, Panteer et Ulgo. Ces derniers ont d'ailleurs brigués le titre de Vice-Roi aux dernières élections en misant sur un candidat relativement "jeune et dynamique". Ce qui a fonctionné.

Au sein du parlement, il était coutume d'annoncer son prénom et son nom avant de prendre la parole. Et même si tout le monde connaissait tout le monde, à plus ou moins grande mesure, cela permettait de garder une trace des maisons ayant pris la parole sur tel ou tel sujet. Et cela permettait surtout, et principalement, d'informer les visiteurs et observateurs extérieurs de qui parle et au nom de quelle famille. Les maisons jouent un rôle de parti politique. En effet, sur Alderaan aucun parti politique ne se bat contre un autre : Il n'y en a pas. Les grandes maisons nobles en font office.

Par exemple : La maison Organa est réputée pour son positionnement social au sein du climat politique alderanien. Les Panteer sont quant à eux les grands pacifistes du système, ayant été la maison qui a démilitarisé Alderaan il y a des décennies. Quant aux Ulgo, ils représentent en quelque sorte le pan militariste séculaire demeurant encore au sein du système, bien que cela se soit quelque peu apaisé ces dernières années. Nous pourrions continuer ainsi pendant un moment, énumérer toutes les idéologies politique par maison noble, mais cela n'est pas notre sujet ici.

- Je parviens à saisir la nature de vos inquiétudes, je vous prie de ne pas en douter une seule seconde. Mais si vous pensez qu'il est judicieux de vous ranger derrière le FLR en pensant pouvoir en tirer un profit financier, détrompez-vous. Le Front Libéral Républicain a fait son temps. Le programme politique soutenu par son président et chancelier suprême commence sérieusement à entrer dans une profonde phase d'essoufflement. Et pour cause : Le temps de mutisme de l'opposition est bel et bien révolu. Le FLR connait de profondes déconvenues en son sein même, des tensions font leurs apparition et le programme ne parviendra pas à être appliqué dans sa totalité. Ce qu'elle avançait là était pas forcément vrai mais très loin d'être faux. Le FLR peut donc être écarté de notre champs d'action, inutile de se joindre à un parti dont le comité central tend à s'effriter. Elle reporta son regard sur la rousse appartenant à la Maison Cortess. Tant l'adhésion à un parti d'opposition permettra à Alderaan de revenir sur le devant de la scène, cette adhésion nous permettrait du même temps d'obtenir des appuis solides au sein d'autres partis, à citer : Tout les autres partis de l'opposition qui tendent vers une alliance politique ! Une rumeur traversa de nouveau les parlementaires. De nombreux liens fédérateurs font leurs apparitions au sein de la rotonde, en faisant parti de l'Union Galactique des Systèmes Solidaires, Alderaan pourrait se positionner parmi les leaders de ce mouvement à grande échelle et ainsi avoir sa voix aux prochaines élections pour la chancellerie dont le FLR tentera à coups-sûr de s'en emparer de nouveau. Mais face à une masse de partis solidement liés, le projet de S'orn ne manquera pas de tomber à l'eau. Elle mima des mains le mouvement de chute. Croyez-moi, l'adhésion à l'UGSS d'Alderaan ne lui apportera pas seulement un poids supplémentaire aux votes sénatoriaux mais aussi, et surtout, de solides alliances qui sont vouées à se ruer vers le sommet du piédestal. Elle conclue d'un immense sourire confiant.

Tout ce qu'elle racontait là était bien beau, vraiment très beau et presque ambitieux. Mais la pantoranne savait pertinemment que c'était cela que voulaient entendre la plupart des parlementaires. Elle tourna la tête vers le Premier Président de l'Assemblée : Ce dernier l'observait les yeux écarquillés. Mais le chef d'assemblée dû bien se recentrer sur sa fonction première et accorda la parole à un homme portant un costume d'une infinie richesse, des dorures aux milles broderies couvraient le revers de son long manteau. Evea Ekway connaissait l'homme en question pour avoir été son beau-père pendant quelques années.

- Gyld Serrus, c'est un plaisir de vous revoir en bonne santé Evea. La pantoranne lui répondit d'un signe de tête aimable. J'aurai bien une question à vous poser, ce que vous venez de dire m'a inspiré pour vous demander, de manière fort brève, si vous n'avez pas été... laissez moi trouver le bon terme, hum, "embrigadée" dans une spirale fort penchée dans l'illusion d'un avenir par trop idéal aux yeux d'une jeune socialiste invétérée que vous êtes ? Par là je me demande si votre manque d'expérience que vous clamez haut et fort, n'est pas synonyme d'influençabilité ? Vos relations quelques peu épanouies du Forum des non-alignés vous ont peut être montées à la tête que vous êtes promises à un grand avenir, chose qui est très séduisante mais fondée sur une spéculation illusoire. L'ex-Sénatrice Méridan serait peut-être la source de cette ambition socialiste démesurée qui vous pousse, je dit bien probablement, vers une ligne politique stérile et, je le répète, probablement dés-illusoire.

Elle était heureuse d'avoir quittée les discussions centrées autour des intérêts financiers et diplomatiques qu'Alderaan pouvait tirer de cette adhésion, des discussions quelques peu stériles et intéressées. Mais le nouveau sujet abordé allait être tout aussi sensible à aborder.

Cependant la Sénatrice n'eue pas le temps d'établir une réponse car quelqu'un d'autre demanda à s'exprimer à ce sujet. Une femme de grande taille, vêtue d'une tenue traditionnelle d'Alderaan, venait de pénétrer par la petite porte donnant sur l'estrade marbrée derrière le Vice-Roi. La quarantenaire à la chevelure brun-foncé et aux pupilles noires alla s'installer à la gauche du premier président et voulu s'exprimer à ce sujet.

- Emma Organa, Première conseillère, souhaite faire une remarque sur les dernières déclarations prononcées. La parole lui est accordée. Annonça le Premier Président.

- Merci à vous, bien que je viens seulement d'arriver, j'ai suivit attentivement le déroulé de ce début de séance. Les dernières questions posée au sujet de l'influence du Forum des Non-Alignés a piquée ma curiosité, merci à vous vénérable Gyld Serrus d'avoir soulevé la question qui ne mérite en aucun cas d'être posée par vous. Elle s'adressait directement à l'homme très richement vêtu. Et pour cause : Vous êtes le mieux placé ici pour connaitre le tempérament de la Sénatrice Ekway. Vous savez pertinemment que cette dernière, et je m'adresse à tout le monde ici présent, est tout à fait à même de reconnaitre ce qui est bon pour sa délégation. Je n'aime pas le terme "influençabilité" que vous employez, ceci n'est point un terme scientifique comme votre Maison Serrus, accès sur la recherche scientifique, s'emploie à utiliser dans ses allocutions, comme si vous preniez la Sénatrice Ekway pour une enfant dont il fallait douter de son esprit critique. Elle jeta un coup-d'oeil vers l'intéressée. Je ne prend en aucun cas ici sa défense, sachant qu'elle est absolument capable de vous répondre à ce sujet d'elle-même. Mais sachez que je suis profondément déçue qu'un homme de votre stature doute ainsi des capacités réflectives de la pantoranne compétente qui va vous représenter au Sénat pour les années à venir et encore d'autres "probablement", pour vous citer.

A peine eu-t'elle terminée que Evea pris sa défense d'elle-même.

- Merci à vous Première Conseillère pour cet éclaircissement. Un signe de tête à son attention et elle reprit. Sachez que la Sénatrice Méridan, avec qui j'ai passée quelques moments lors de mon intégration au sein du Sénat, n'est en aucun cas, et ne pourra jamais, être qualifiée de socialiste. Bien qu'elle faisait partit de l'opposition, il est tout bonnement aberrant de penser que ce serait elle qui m'aurait suggérée d'intégrer l'UGSS, au quel cas son nom aurait figuré dans la liste des motivateurs de mon choix que vous pouvez retrouver dans le manifeste de la séance. Elle entreprit d'en terminer avec cet argument. Et sachez, je le réitère devant tout le monde, que mon choix n'est pas personnel mais pas non plus impersonnel.

Les parlementaires semblèrent accepter dans la plus grande humilité cette réponse claire et concise. Gyld Serrus exerça une élégante révérence à l'attention de la Sénatrice avant de se réinstaller en silence dans son fauteuil. A côté de la pantoranne, Elvis Ulgo, le premier président, passait une énième fois la main dans sa barbe, signe d'une profonde circonspection.

Floaz Rĭ’i
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Si lors de son discours d’ouverture la Sénatrice Ekway s’était montrée plutôt évasive sur les raisons qui motivaient l’adhésion de son monde au parti socialiste, elle réussissait à présent à délivrer de véritables arguments. Au fil de ses interventions, j’opinai dans ma loge plusieurs fois du chef, Evea Ekway disait vrai, certes la jeune-femme manquait parfois de rigueur dans ses explications mais jamais elle ne se laissait déstabiliser. Concernant d’abord cet idiot qui pensait judicieux un rapprochement avec le parti au pouvoir, il était clair qu’une telle manoeuvre était tout bonnement maladroite, non seulement car les élections approchaient à grand pas, et que la réélection de Grendo S’Orn n’était clairement pas acquise, mais également parce que, force étant de constater, que mademoiselle Ekway n’aurait dans cette configuration-ci aucune once de crédibilité. Quand bien même Alderaan décidait de rejoindre les rangs ultra-libéraux, l’historique des interventions de la Pantoranne (le rejet de la loi Ozmac, le récent dépôt d’une proposition de loi visant à lutter contre la fraude fiscale) ne lui permettraient en aucun cas d’être considérée par ses pairs. Alderaan pouvait d’ores et déjà oublier une place au chaud dans le prochain gouvernement si celui-ci devait être s’ornien. Et puis, quelle horrible question en fin de compte, nous sénateurs n’oeuvrons pas au service de nos mondes pour enjoliver l’image de ceux-ci, et nourrir un quelconque orgueil, mais bien pour porter à la tribune les doléances de leurs occupants, n’en déplaise au reste de la République.

Vint ensuite le tour d’un autre homme qui dénonça quant à lui l’hypothétique manque de charisme de la Pantoranne et sa forte propension à être influencée. Moi qui trouvais le Parlement jusqu’alors mignon et calme, cette intervention me fit naturellement sourire tant elle dressait le portrait d’une Sénatrice-pantin tiraillée entre les machinations de son propre gouvernement mais aussi celles de ses collègues. L’âge était toujours un facteur déterminant en politique : de la vieille bique jugée sénile et inapte à réfléchir, jusqu’au minet sans substance et marionnette de choix pour les plus sournois, on utilisait toujours l’âge pour mesurer la compétence d’un politicien. L’intervention du parlementaire devint encore plus burlesque lorsqu’il mentionna la Sénatrice déchue Méridan, présumée grande manitou et responsable de l’embrigadement d’Evea Ekway. L’homme venait en cet instant précis de se griller aux yeux de tous car la Sénatrice Alysanne Méridan n’avait en réalité d’une sénatrice que le titre, et même si dans la rotonde on lui attribuait souvent le titre de co-fondatrice du Forum des non-alignés, c’était en réalité la Togruta Tchiïki Ranya qui avait planté ses griffes de socialiste sur ce groupe politique auto-proclamé. Malgré tout, l’alderaanien avait peut-être raison, Evea Ekway pouvait sûrement porter un flambeau allumé par un.e autre, mais si il y avait une certitude, c’était qu’Alysanne Méridan, Ralltiirienne multi-milliardaire plus préoccupée par sa garde-robe que par l’économie sociale et solidaire, ne pouvait en aucun cas être l’allumette l’ayant embrasé.

Je trépignais forcément d’impatience à l’idée même de voir la Sénatrice Ekway retoquer cet idiot, mais je fus stoppée dans mon élan par l’intervention, suspecte à plus d’un titre, d’Emma Organa. Facepalm. Je détectais aisément la bienveillance émanant de la politicienne qui s’exprimait désormais sur l’estrade, mais son implication dans ce débat enfonçait en réalité, du moins à mes yeux, davantage sa partenaire. Il était crucial que celle qui venait tout juste d’être qualifiée de marionnette influençable devait prendre la parole, et défendre fermement son indépendance et sa force d’esprit. Que l’on vole ainsi à son secours pour prendre sa défense n’arrangeait vraiment pas son cas et cela la faisait en réalité davantage passer pour une jeune-fille fragile que pour une politicienne autonome. Fort heureusement, la Pantoranne finit par chasser son homologue pour poursuivre elle-même son argumentaire.

Etrangement, je commençais doucement à me prendre au jeu, espérant que l’entreprise de ma collègue bleue soit couronnée de succès, et je fus soulagée de remarquer que l’assemblée semblait satisfaite des réponses apportées par la Pantoranne. Une satisfaction partielle toutefois tant les mains continuaient à se lever. Il y eut cette femme, cette vieille-dame rencontrée à la machine café, elle se leva difficilement de sa chaise et s’exprima.

- Erika Syrush. Je tiens à rappeler à cette assemblée que la petite Pantoranne qui se tient devant nous n’a jamais été élue, elle ne dispose donc pas selon moi de la légitimité nécessaire pour une telle entreprise ! Aussi, des élections sénatoriales vont très bientôt avoir lieu et Evea Ekway pourrait instrumentaliser notre adhésion collective à l’UGSS à des fins personnelles !

Celle que je pensais être une mamie inoffensive, bonne à préparer des clafoutis, n’y allait en réalité guère avec le dos de la cuillère. Voilà qui promettait donc d’être intéressant.

Evea Ekway
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Dire qu'Evea était très jeune était un mensonge. Du moins au niveau de l'échelle galactique particulièrement riche dans laquelle notre récit prenait place. Certaines espèces intelligentes ne vivaient que quelques semaines, d'autres quelques années seulement et pour la plupart quelques décennies tandis que d'autres pouvaient attendre des centaines voire des milliers d'années avant de rendre l'âme. Sur une échelle humaine, Evea était relativement jeune pour une politicienne, haute de ses trente-un ans il est sûr que comparé à la vieille Erika Syrush elle ne faisait même pas la moitié de l'âge de cette dernière.

Toutefois, les Pantorans vivaient moins longtemps, en pratique, que l'espèce humaine, avoisinant les soixante voire quatre-vingts ans pour les doyens de l'espèce. En quelque sorte nous pouvons conclure qu'Evea était à la petite moitié de sa vie. Soit à peu près quarante-cinq/cinquante ans ramené à une échelle humaine variant entre quatre-vingt et cent-ans pour les doyens de l'espèce humaine. Voire plus pour les exceptions confirmant la règle, cela étant dû aux technologies médicales permettant ce repoussement de la mortalité.

Et...

... Paf ! La quinte flush de l'adversaire était sur la table, et croyez-le ou non, cela faisait mal. Erika Syrush continuait sur une lignée qui consistait à attaquer la légitimité de la Sénatrice Ekway, quelle originalité. Mais Evea avait anticipée une telle question, sachant pertinemment ce qu'elle était aux yeux des parlementaires : une remplaçante. La pantoranne piocha ses cartes et obtint une très belle main qui lui permettrait de l'emporter à la carte la plus haute. Ce petit jeu commençait à lui plaire, ça en devenait presque trop facile, il lui suffisait encore de démonter l'argument en répondant par la confiance, elle raflerai ainsi la mise.

- Merci à vous de cette remarque, qui soulève une inquiétude qui mérite d'être reconnue. Nous avons entamés, dès le début de cette séance, une solide relation de confiance qui ne saurait être brisée. J'ai amplement, et même pleinement, confiance dans l'appareil législatif d'Alderaan, en espérant que cela soit réciproque dans le but d'un aboutissement du projet d'adhésion. Elle souriait encore. S'en était presque déstabilisant ! La position que j'occupe actuellement n'est pas le fruit du hasard, mon accession au poste de sénatrice a été avalisé par le Haut-Conseil dont certains d'entre vous font partis. Le Haut-Conseil, regroupant les principales maisons nobles m'a confié la tâche de vous représenter au Sénat jusqu'aux prochaines élections sénatoriales, je m'en acquittait jusque là, je m'en acquitte et que m'en acquitterai jusqu'à la fin du mandat actuel. Elle embrassa du regard la totalité de l'assemblée. Alors que Madame Cyriandar était encore sénatrice, j'ai été à l'origine de deux traités commerciaux avec des mondes républicains, j'ai conseillée et supplée la Sénatrice lors des débats au Sénat. Et lorsque mon heure était venue, j'ai su garder une telle assiduité fonctionnelle en rédigeant une proposition de loi et en initiant une action humanitaire sur Coruscant. Tout en, bien évidemment, participant à chacun des débats et votes comme l'aurait fait Madame Cyriandar, certe plus âgée et expérimentée. Son regard s'était attardé sur Floaz Ri'i qu'elle était parvenue à identifier plus haut. Et le simple fait que je me présente face à vous en ce jour représente l'aboutissement de ces actions afférentes à ma fonction, l'apogée de ma tâche que je prend très à coeur. M'accuser de faire cela dans le but de l'instrumentaliser reviendrai à renier tout le travail abattu depuis mon entrée à la délégation. Ce n'est que le prolongement du naturel travail que le Haut-Conseil m'a chargé d'accomplir en me nommant sénatrice. Elle écarta les bras. Seules les élections pourront décider si je continue ainsi ou si je doit arrêter d'exercer mes fonctions. Et dans le cadre de celles-ci il me semble opportun d'intégrer l'UGSS afin d'améliorer la visibilité d'Alderaan sur la scène politique républicaine. Elle conclue d'un sourire accompagné d'un signe signifiant qu'elle avait terminée.

En face d'elle, la vieillie femme resta quelques secondes debout sans rien ajouter, fixant la pantoranne de ses yeux grisés par l'âge. Finalement elle se laissa retomber lentement sur son fauteuil, ne voulant rien répliquer qui pourrait engendrer des paroles inutiles qui pourraient retarder son retour à la machine à café.



Floaz Rĭ’i
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La petite Pantoranne ne se laissa certainement pas faire. On devinait d’ailleurs dans le choix même de ses mots, dans sa façon de parler, que cela ne devait faire que peu de temps qu’elle avait quitté les bancs de l’école. Sa prise de parole s’était incontestablement voulue réfléchie, et la jeune Sénatrice ne s’était à ce titre pas privée de définir chaque notion évoquée, ou de détailler chaque exemple avancé. Une façon de faire qui aurait pu frôler la condescendance compte tenu de l’identité de son interlocutrice : une vieille dame qui n’avait probablement pas besoin que l’on lui rappelle la composition du Haut-Conseil. Malgré tout, on ne pouvait nier la grande clarté des explications de la Pantoranne, tout comme saluer l’accessibilité de sa personne. Oui, c’était donc cela. Je voyais en Evea Ekway une jeune, proche des représentés, loin d’être une politicienne hors-sol et déconnectée de la réalité. Cette réalité, c’était celle d’une caste politique souvent jugée hautaine et inaccessible, et le point d’honneur que mettait l’Alderaanienne à l'intelligibilité était remarquable.

Sa modestie devait également être félicitée. En même temps, très peu de personnes de son âge, ou avec son expérience, ne pouvaient se targuer d’être sénatrice d’un monde, qui plus est fondateur de la République Galactique. Alors oui, Evea Ekway avait participé à la rédaction de plusieurs traités commerciaux, mais cela était-il suffisant ? Voire seulement pertinent ? Un Sénateur doit-il en effet forcément être un économiste chevronné, ou un négociateur implacable pour en être un bon ? Les aptitudes d’Evea en matière commerciale étaient certaines, mais cette justification était-elle seulement acceptable ? Voilà donc les interrogations que je me posais au fin fond de ma loge. J’étais tout à fait en droit de me poser cette question qui normalement n’était jamais soulevée étant donné que l’élection du sénateur au suffrage universel direct balayait toujours toute interrogation sur sa légitimité. Qu’importe en effet ses compétences : il est élu, choisi, et c’est donc le principal, du moment évidemment que l’égalité des chances est respectée lors de la période de campagne électorale. J’avais pour ma part toujours pensé que les compétences pouvaient être négligées, du moins certaines. Après tout, n’était-ce pas pour cela que chaque délégation se voyait affublée d’une multitude d’assistants spécialisés, tous parés à venir voler au secours de leur sénateur ? Le plus important était donc d’avoir des convictions, et une certaine détermination pour justement ne pas se laisser influencer, si ce n’est manipuler, par les opinions de ses assistants. Alors évidemment certaines compétences pouvaient se montrer plus pratiques dans l’exercice du métier de législateur que d’autres, du moins, c’est ce que je pensais notamment de mes études à moi. Après avoir longtemps exercé en tant que juge administrative sur mon monde, j’étais dorénavant tout à fait à l’aise à l’idée de confectionner la loi tant je la manipulais déjà depuis plusieurs lustres. Mais la diversité des horizons et la pluralité des compétences étaient évidemment aussi une grande force pour le Sénat, qui, en mobilisant tous ses représentants, pouvait légiférer sur tout.

En faisant donc appel à ses faits d’armes commerciaux, Evea Ekway soulignait en fait implicitement sa réelle force : son sérieux. Un adjectif certes banal et probablement trop facilement attribué à un individu, mais je savais que je ne le galvaudais pas en l’utilisant pour qualifier la Pantoranne. Combien de sénateurs se contentaient en effet de simplement voter les lois, et de compter leurs crédits à la fin du mois ? Le simple fait d’agir et d’entreprendre quelque chose était de bonne augure. Et c’était probablement là toute la crainte de ce Parlement, et même du Vice-Roi. Si Evea Ekway avait été une limace muette, ne faisant jamais rien de plus que de presser un bouton lors d’un scrutin, le choix du parti politique n’aurait jamais eu autant d’importance. C’est précisément parce que les gens ont cerné sa motivation, qu’ils ont compris que lui offrir le soutien d’une telle plateforme allait encore plus faire bouger les choses. Faire bouger les choses demandait évidemment du courage, du temps et de l’effort, et le Parlement alderaanien n’était-il pas trop réactionnaire pour cela ? Cette réponse ne tarderait de toute manière pas à tomber, puisque le premier président de la chambre se levait désormais pour annoncer une suspension de séance de cinq minutes, le temps de se rafraîchir et de se dégourdir les guiboles, avant de se retrouver pour la phase de vote.

Evea Ekway
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Evea considéra un instant la vieille femme qui représentait l'archétype des nobles appréciant guère d'être représentés par d'autres qu'eux-mêmes. Il était normal pour tout individu de désirer d'avoir sa voix au chapitre : "Occupe toi de la politique ou la politique s'occupera de toi". Mais cela ne voulais pas dire qu'il fallait se méfier de ses pairs comme de la Morbus Agita.

Evea considérait ses pairs comme des égaux, peu importe l'âge et l'expérience, et bien que cela avait son poids et qu'elle le reconnaissait, la pantoranne fondait son tempérament relationnel sur une pleine confiance. Sans non plus être aveugle, une confiance qu'elle compensait pas une très forte empathie qui lui permettait naturellement de desceller assez facilement les motivations de ses interlocuteurs. Cela en se mettant subjectivement à leur place, elle comprenait la parlementaire et lui avait répondue en tout confiance.

Evea Ekway ferait une excellente ministre, ceci-dit...

La séance fut ainsi suspendue, faute de demande de parole. C'était au mieux car la sénatrice estimait qu'elle ne pouvait apporter guère plus d'informations que ce que les parlementaires avaient déjà à leur disposition, afin de trancher la question.

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Evea savourait l'un des instants les plus ambigus de l'existence d'une personnalité politique, ambiguïté allant chercher sa source dans le fait que l'attente d'un résultat de vote soit tout aussi reposant que stressant. Un étrange mélange qui laissait la personne - ici une jeune pantoranne dont la fougue égalait sa douceur - dans une situation inconfortable où elle ne savait que faire.

Machinalement elle leva les yeux au plafonds, loin là-haut au dessus de sa tête. Elle n'entendit pas les murmures entre le Vice-Roi et la Première conseillère, tout deux discutaillant pas bien loin d'elle. Il semblerait que l'intervention de la Première conseillère Emma Organa ai été montée et organisée par le Vice-roi mais que cela n'avait pas été tellement respecté par la femme. Mais cela Evea n'en sut rien car elle ne tendit pas l'oreille.

Ses yeux cependant glissèrent sur les loges des spectateurs extérieurs. Elle reconnut quelques conseillers, notables, mais surtout la sénatrice Ri'i qui lui fit un petit signe de tête. La pantoranne glissa donc de son pupitre, s'aidant de la rambarde pour ne pas tomber de cet escalier abrupte donc la chute serait fatale. Elle traversa une coursive bondée de parlementaires qui tentaient de lui adresser la parole, ou bien se contentaient de l'ignorer copieusement. Comme dans toute session du parlement, la sortie de celle-ci se transformait machinalement en une foule dense de grands personnages ne faisant pas attention au petit être dépassant à peine le mètre et demi qui se frayait tant bien que mal un chemin entre les alderaaniens.

La Fleur Bleue parvint finalement à l'ascenseur permettant d'accéder aux coursives supérieures, mais comme à chaque fois que le choix se présentait à elle, la petite bleue opta pour emprunter les escaliers. D'autant plus que l'ascenseur - aussi vaste soit-il - devait être bondé.

Quelques foulées des mollets et la sénatrice parvint finalement à la loge de son homologue qui l'accueillit fort chaleureusement. La pantoranne était plus rouge que d'habitude, la faute aux nombreuses marches qu'elle avait gravie, cela donnait l'impression que le débat qu'elle venait de traverser en était la cause. Evea plaisanta spontanément :

- Comment m'avez-vous trouvé, sénatrice ? Tout naturellement accompagné d'un sourire.

- Vous êtes sur la bonne voie ! Si vos parlementaires rejettent l’adhésion, je commencerai sérieusement à douter de l’honnêteté alderaanienne, car le débat ne dévoile aucun signe d’hostilité à l’encontre de votre projet. Il ne me reste plus qu’à croiser les doigts pour vous Sénatrice. Elle mima le geste accompagné d'une moue confiante dissimulée sous son masque.

- Je vous en remercie, cependant encore une fois on m'a jeté telle une javeline mon manque d'expérience en politique. J'ai plus l'impression cependant que ce soit une question d'âge... Mais j'aimerais avoir votre point de vue, sincère, sur la question. Evea planta ses grands yeux jaunes dans ceux de son homologue.

- Nous nous moquons de leur avis, ne leur donnez surtout pas raison en doutant de vous-même. Vous vous êtes très bien défendue, et vous avez le droit d'être incisive. Leur expérience ou leur âge ne leur donnent en aucun cas le droit de vous marcher sur les pieds. Vous savez, j'ai été jeune comme vous, c'était il y a... très longtemps, à l'époque j'étais une indépendantiste qui avait la niaque. C'est votre niaque à vous aussi qui leur fait peur car ils ont la mainmise sur la politique et ils ne veulent pas la perdre. Vous êtes jeune, oui, et certainement moins expérimentée que d'autres, c'est certain, mais vous êtes cultivée et intelligente, et vous avez surtout cette force. En politique, nous ne sommes jamais seuls, si votre âge ou votre expérience devaient s'avérer être des défauts, vous trouverez toujours du soutien quelque part. Evea lui envoya un grand sourire emplie de reconnaissance.

- Vos paroles respirent la sagesse. Je tenais absolument à porter moi même le dossier d'adhésion devant le parlement, ne pas le faire aurait été d'autant plus une insulte qui aurait crée de nouveaux questionnements tant qu'à mes compétences. Bien évidemment je suis une fervente partisane de la démocratie, nous avons cette chance, j'espère donc que le peuple, les parlementaires, soutiendront mon projet, j'y tiens énormément. Surtout au vue des élections sénatoriales sur Alderaan à venir presque dans le même temps que les élections à la chancellerie. Elle essayait de ne pas y penser mais ces élections se rapprochaient tel un couperet.

Floaz Rĭ’i
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La Pantoranne était décidément d’une grande douceur. Elle connaissait la puissance de la flagornerie et savait même assez bien comment faire passer celle-ci d’une façon optimale. Je ne doutais pas que le compliment devait continuer à être un de ses atouts, une méthode plus charmante et douce de lolita politique finalement. C’était aussi cela avoir de l’honneur, même avec ses plus détestables adversaires il était toujours impératif de se montrer respectueux. Personne ne savait de quoi demain était fait et on était parfois reconnaissant envers son soi du passé d’avoir su brosser quelqu’un dans le sens du poil.

- La démocratie, une chance comme vous dites, pourtant délaissée par beaucoup de nos citoyens qui en oublient l'importance. Je suis certaine que vous allumerez une flamme chez les plus jeunes, ils verront que la chose publique n'est pas qu'un truc abstrait réservé aux vieillards. Sachez en tout cas que j'ai apprécié mon séjour sur Alderaan, je reviendrai volontiers !

Je faisais une bien grosse hypocritique : la parlote théâtralisée du parlement d’Alderaan était des plus soporifiques pour une politicienne de ma stature. Moi qui avais tant de fois croisé le fer avec les députés de la Convention et qui m'épuisais à présent quotidiennement en commission. J’aurais dû songer plus sérieusement à faire un gâteau. Je me souvins justement que j’avais encore probablement tout juste assez d'œufs dans mon appartement sur Coruscant pour réaliser une pavlova, le dessert favori de Ket’olt. Il raffolait depuis tout petit de la meringue, et ce dessert était bien ma seule manière de lui faire avaler des fruits. Je me surpris soudainement à saliver, et mon ventre se mit à faire des bruits incongrus. Sortant finalement de mes pensées, je repris la parole pour ajouter.

- Comme je vous l'ai déjà dit, nous pourrons aussi travailler ensemble à l'avenir, et si je peux vous être d'une quelconque utilité pour votre campagne, faites le moi savoir. Je serai plus sereine à l'idée de savoir Alderaan entre vos mains.

Tout cela parce que j’étais convaincue que cette jeune fleur bleue serait d’autant plus facile à manipuler comme bon me semblait. Toujours avec l’intention de la porter vers le haut bien sûr, mais si cela pouvait venir supporter mes propres intérêts, pourquoi me priverais-je ? Après tout, c’était aussi cela être une politicienne.

- Ce que vous me dites là m'emplit de joie de d'espoir pour l'avenir. Je vous remercie infiniment pour votre temps et souhaite qu'un jour nous aurons l'occasion de converser sur Dorin. Mais en attendant, la phase de vote ne va pas tarder à commencer, je vais devoir vous laisser. Nous nous reverrons sûrement au sénat. Evea esquissa un sourire amical que je lui retournai aussitôt, mais alors qu’elle s’apprêtait à quitter la loge, je l’interpellai une nouvelle fois.

- Sénatrice Ekway, dîtes-moi, vous êtes certaine que vous ne voulez pas vous désaltérer un instant avant de redescendre dans l’arène ? Vous êtes rouge comme une tomate, enfin comme une tomate OGM aux reflets bleus… Bref, la politique, c’est du sport, buvez donc ceci. Je lui tendis alors ma bouteille d’eau qu’elle accepta d’un hochement de tête. Bon courage pour la suite surtout, nous n’aurons en effet pas le temps de nous revoir, je filerai dès le scrutin clos, mon vol étant en fin d’après-midi. Notre prochaine rencontre sera donc dans la rotonde, j’examinerai votre proposition de loi comme prévu, et je vous attendrai au tournant ! Elle me salua ensuite avant de disparaître dans le corridor.

Evea Ekway
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Qu'est-ce que quelle était mignarde !

Qu'est-ce qu'elle était conciliante !

Qu'est-ce qu'elle était affable !

Tant de termes dont l'apparence sociable de Floaz Ri'i pouvait être affublée par la petite pantoranne, toute heureuse qu'elle était de pouvoir discutailler fort hardiment avec cette ainée, pleine de sagesse et de bons conseils.

Evea n'avait été encouragée jusqu'ici que par quelques personnes comme son oncle et ses parents, mais aussi Isalia Cyriandar qui avait été sa mentor, ou bien Alysanne et Tchiiki, et plus récemment la famille Atraïde. Elle pouvait à présent compter Floaz Ri'i dans cette liste de soutiens de confiance.

Créer de nouveaux liens comme ceux-ci étaient probablement la clé d'une base solide indispensable à tout politicien novice. D'ailleurs cela donna une idée de réforme ou bien de proposition de loi future. un détail ethnique qui n'est encore que très peu pris en compte dans de nombreux secteurs de la République Galactique : la durée de vie différente selon les espèces.

Les pantorans, comme déjà énoncé plus haut, ne vivent que soixante à soixante-dix ans pour les doyens. Par conséquent on pourrai dire qu'Evea approche de la moitié de sa vie (admettons qu'avec sa santé impeccable elle pourrai vivre jusqu'à soixante-dix ans), contrairement à l'échelle humaine où trente ans est particulièrement jeune.

A cause de cela, Evea Ekway est jugée jeune, alors qu'elle est à l'âge mûr de son espèce, bien qu'aucun ride n'apparaisse pour cette espèce. Tandis que Floaz par exemple pourra grimper jusqu'à quatre-vingt dix ans facilement voire la centaine d'année selon son train de vie. Pareil pour n'importe quel humain, tandis que d'autres espèces dépassent les centaines d'années sans problèmes.

Et pourtant, peu importe ces facteurs, l'échelle d'âge est donc basé sur l'échelle humaine (certe la plupart des espèces peuvent s'y retrouver, mais pas toutes). Evea a donc moins vécue que la vieille alderanienne de tout à l'heure, mais elle ne vivra pas autant. Quelque chose qui devrait surement être éclairci lors d'un débat ethno-social au sénat.

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Pantora en printemps.

Mais là n'était pas encore le travail qu'Evea devait abattre. Elle accepta fort respectueusement la bouteille d'eau que lui proposa son homologue et en bu quelques gorgées avant de le lui rendre avec un sourire reconnaissant. Beaucoup trop aimable de sa part, en la remerciant encore d'un dernier sourire, la pantoranne quitta la loge, ragaillardie, pour redescendre dans la "fausse".

Les parlementaires commencaient à se réinstaller dans un léger brouhaha particulièrement calme pour une telle assemblée. Le marbre crissait sous les chaussures les plus cirées tandis que les fauteuils les moins graissés grinçait doucement sous le poids de certains dignitaires portant une embonpoint. Les spectateurs extérieurs discutaillaient doucement dans les loges supérieures, attendant le résultat du vote à venir.

- Mesdames, messieurs, demoiselles et damoiseaux, chers députés, la séance va reprendre sous peu. Le Vice-roi tapa sur son bureau du plat de la main pour annoncer le début du vote. A présent que la Sénatrice Ekway a exposée devant la chambre les motivations de l'adhésion au parti sénatorial de l'Union Galactique des Systèmes Solidaires et que vous avez pu poser toutes les questions à but d'éclaircir cette mesure, les débats sont clos et peuvent faire place au vote tant qu'à l'adoption, ou le rejet, de cette mesure. Il se passa une main dans la barbe soigneusement taillée qui faisait sa fierté. J'annonce ainsi le début du vote.

Il n'avait pas suivit le discours procédural habituel. Il s'était adressé directement au parlementaires de manière fort brève voire résumée. Le greffier allait avoir du mal à uniformiser cette déclaration aux modèles préconstruits des autres séances du parlement. Mais cela n'avait pas d'importance après tout.

Ce qui avait de l'importance c'étaient les moues hétérogènes qu'apparaissaient - et disparaissaient - sur les visages des fonctionnaires de l'assemblée. La plupart s'étaient saisis des data-pad afin de voter, la plupart n'avaient pas hésités et avaient déjà reposés leurs appareil sur le bureau et échangeaient en silence avec leur voisin. D'autres en revanche hésitaient et adressaient des messes basses entre eux tout en consultant une dernière fois le dossier fourni par la sénatrice.

Dans quelques instant, lorsque les cinq-cents votes, et plus, seront compilés, triés et annoncés sur les diverses écrans de l'immense salle. La suite de la procédure dépendra d'Evea qui devra valider son adhésion à l'UGSS auprès des instances sénatoriales.

Si l'opposition continue de se renforcer comme cela, y'en a un qui va avoir peur pour les élections à la chancellerie :
Grendo.



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