Alysanne Méridan
Alysanne Méridan
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Cambriele méritait sa réputation de ville du péché, aux législations souples en matière de jeu, de prostitution ou de divorce. Le centre névralgique de Cambriele était le Méridan, casino à la réputation transcendant les frontières mêmes de la Galaxie. A la tombée de la nuit, celui-ci s’illuminait de milliers de lumières multicolores, pour le plus grand plaisir des joueurs. Réglés comme des horloges, des milliers de tubes au néon courbés clignotaient sans cesse, jusqu'au complet aveuglement du spectateur imprudent. Ils prêtaient vie à la nuit en vomissant des arcs-en-ciel d’électricité. Au Méridan, les lumières incandescentes, les bruits indistincts, les chiffres mirifiques, tout fusait. 

Alysanne, verre à la main, déambulait dans ce maelström énergétique de watts et de hertz. Lorsqu'elle effleurait un objet métallique en progressant dans le casino, elle recevait aussitôt en guise de bienvenue une petite décharge électrique qui la saisissait de manière agréable. Remontée comme une pile, Alysanne se précipita en transe d'un pas lent vers une table de jeu, afin de vider ce trop plein de puissance électrique qui menaçait de la faire imploser à son tour. 

Le croupier voyant la Primadonna approcher, s’inclina poliment avant de lui tendre des dés. 

- Bonsoir madame, un craps, peut-être ? 

Sans décocher un mot, la Ralltiiriennne les saisit. 

- Cinq mille crédits, fit-elle avant de placer une mise sur la table de jeu. Si Alysanne était une joueuse invétérée, elle souffrait malgré son amour du jeu d’une malchance légendaire qui lui avait valu le surnom de Légendaire Perdante.

Alysanne fit rouler les dés pendant un long moment. Ils lui rendirent une paire de un. 

Un de ses partenaires esquissa un sourire des plus prononcés. 

- Snake eyes, dit-il joyeusement avant de ramasser l'argent. 

Alysanne observa les dés, plein de ressentiment. Lorsque son tour vint de nouveau, elle souffla sur les dés et leur susurra. 

- Donnez-moi un cinq et un six, montez-moi ça jusqu'à onze. 

Les dés donnèrent six et six. Alysanne était plus froide que l'hydrogène liquide. Ses partenaires jubilèrent et ramassèrent son argent. Alysanne avait beau brasser les dés longuement, leur parler, les rouler, elle ne fit que perdre. Son excitation dégénérée se changea doucement en un léger mal de tête. 

- Et moi qui pensais que vous aviez un bon coup de dés, vous n’êtes en fait qu’un bon coup. fit l'un des occupants de la table de jeu, un sourire pervers et moqueur aux lèvres, prêt à tout pour désarmer la Diva encore traumatisée. 

- Très amusant, fit-elle d’une voix sèche, métallique, sans inflexion. Vous savez que je connais la vie de la plupart de mes plus gros joueurs, n'est ce pas ? La vôtre par exemple ne vous a pas apporté tous les succès auxquels vous croyiez avoir droit. Votre femme vous trompe, vos entreprises périclitent, vos enfants tournent mal, votre santé laisse à désirer. Aussi vous pensez que les cartes ou les dés vous permettront de vous venger, alors vous pouvez vous évertuer à affirmer votre supériorité sur les tapis de jeu, mais si prendre l’argent des plus riches ne vous suffit pas, alors je crains que vous soyez un cas désespéré, et je n’ai pas de temps à perdre avec les connards dans votre genre.

Alysanne se leva de sa chaise, ne daignant saluer le reste de la tablée, et attrapa un verre de martini qu’un serveur lui tendait. 

Depuis sa défaite aux élections présidentielles, depuis l’éclatement du scandale, Alysanne restait enfermée dans sa prison dorée. Boissonnant à longueur de journée, enchaînant les jets de dés, s’administrant de la drogue pour oublier son humiliation galactique. Alysanne se noyait volontiers dans la débauche pour échapper au regard des médias, elle qui jadis ne manquait au contraire jamais un tapis rouge ou une interview. Plus étrange encore, son appétit sexuel semblait s’être aboli, terrorisée par les critiques qui l’empoisonnaient depuis des semaines, elle sombrait dans sa plus longue période d’abstinence. 

Si le Méridan possédait la capacité singulière de nous laisser croire à notre propre irréalité, pour nous plonger dans un monde de fantaisie pure, Alysanne avait vite constaté qu'il ne suffisait pas à la délivrer. Si la lumière artificielle et l'air conditionné fournissaient de parfaits instruments d'une complète auto-déréalisation, le lieu du trop, de l'excès, se muait alors en défaut pour la Primadonna qui peinait à s’extirper de son mental breakdown.

Darth Calix
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Ralltiir n’était pas une planète que Darth Calix avait souvent eu l’occasion de visiter. Il fallait dire, déjà, que ses voyages dans le noyau étaient rares et toujours pour des raisons très importantes, au vu du nombre de contrôles qu’il lui fallait réussir à passer pour arriver jusque là sans encombres. Malgré la relative importance de la planète et sa tendance à attirer les fortunes étrangères, il n’y avait jamais eu de cible qu’elle avait traquer jusque dans les grandes tours d’affaire de la capitale planétaire. Tout au plus, une fois, était-elle passé sur ce monde pour récupérer quelques informations négociées par son maître auprès d’un courtier local.

Cette visite était donc une première et, à en croire les brochures publicitaires et les immenses panneaux qui en faisaient la promotion, elle allait voir le summum de ce que la planète avait à offrir en visitant le casino Méridan, à la réputation inégalée à travers la galaxie. Ce n’était toutefois pas la réputation du bâtiment en lui-même qui l’intéressait, désintéressée qu’elle était de ces choses – en tout cas tant que l’on se contentait d’y parier de l’argent - , mais bien celle, plus grande encore, de sa propriétaire.
Alysanne Méridan. Voilà un nom que l’on entendait un peu partout depuis quelques mois, depuis le scandale qui avait ruiné ses chances d’accéder au poste de présidente de l’A.G.P.U. Le peu d’informations publiques qui circulait désormais sur la primadonna la disait recluse dans le paradis artificiel qu’elle avait bâtis, sans doute dévoré par la rancœur et l’envie de revanche. En tout cas Calix avait parié le temps qu’elle accordait à cette visite sur l’état d’esprit de la diva. Le peu de ressources qu’elle possédait dans cette partie de la galaxie avait déjà largement été sollicité pour lui offrir une couverture viable et tous les papiers nécessaires à ses déplacements, elle n’avait pas eu la possibilité d’obtenir plus d’informations sur sa proie de la soirée.
Elle se présentait sous le nom de Bastet, représentante commerciale d’une entreprise implantée sur Nar Shadda – en réalité une filiale cachée de la corporation Mesa. Cette seule identité garantissait qu’on ne lui poserait aucune question sur ce qui l’avait amené à visiter le paradis fiscal qu’était Ralltiir. Cela dit les avantages fiscaux n’avaient rien à voir avec la véritable raison de sa venue. Voilà un certain temps déjà qu’elle avait une idée en tête, un plan dans lequel l’égérie du Méridan allait tenir le rôle de star central si tout se passait bien. Darth Calix était donc venue en personne pour tâter le terrain et procéder au casting.

La félacatiane descendit du speeder de luxe qu’elle avait loué pour la soirée, chauffeur compris, devant l’entrée du casino. Déjà le grandiose surpassait les coins les plus huppés de Bonadan et elle ne se souvenait pas d’avoir visité d’établissements aussi démesurés ailleurs que dans les cimes de Nar Shadda où l’argent des cartels coulait à flot ininterrompus. Un large escalier menait à de grandes portes de verres sur lesquels des traits d’or fins dessinaient des cartes à jouer, des dés et d’autres symboles du jeu d’argent dans une complexité qui perdait rapidement l’œil tout comme le joueur ne tarderait pas à l’être. L’endroit était l’un des plus courus de la jet-set locale et se pressaient donc au pieds des marches quantités de badauds venus dans l’espoir d’approcher leur idole et de paparazzi à la recherche du scoop. Ceux-ci devaient être encore plus présents que d’habitudes avec le récent scandale, mais fort heureusement un vigoureux service d’ordre empêchaient tout débordement et des valets prenaient les clients en charge alors qu’ils n’avaient même pas passé les portes du casino.
Au milieu de tout ça la seigneur sith passa, comme à son habitude, inaperçue, utilisant ses pouvoirs pour ne guère laisser plus d’impression qu’une silhouette floue aux quelques spectateurs. Elle n’avait certainement pas envie d’attirer le regard d’un paparazzi curieux qui l’immortaliserait sur les marches. Son arrivée dans le hall du casino surpris un peu le personnel, qui se ressaisit bien vite pour s’occuper de cette cliente plutôt originale. Quelques formalités d’usage pour tous les établissements de jeux de la galaxie – il fallait s’assurer de pouvoir récupérer les dettes – plus tard, elle pouvait se diriger vers le cœur du bâtiment qu’était la principale salle de jeux.

Sur le chemin vers celle-ci, elle eut l’occasion de s’apercevoir dans un grand miroir. Elle avait longuement hésité sur sa tenue penchant d’abord pour de longue robe plus ou moins surchargée mais avait finalement opté pour une autre approche. Connaissant le goût de la primadonna pour la mode – une information des plus triviales à trouver – elle avait choisie une tenue plus originale et avait veillé à être le moins sexualisée possible, préférant ne pas donner l’impression de quelqu’un voulant exploiter la faiblesse désormais connue de tous de l’ancienne sénatrice pour les plaisirs de la chair.
Elle avait donc décidé d’adopter un pantalon noir à coupe droite, qui ne laissait qu’à peine deviner la courbe de son fessier, et une chemise de soie rouge qui, contrairement à ses habitudes, ne laissait apparaître aucun décolleté. Toutefois elle était coupée de telle sorte à laisser un triangle de fourrure nue au bas de son dos, juste au-dessus de ses fesses, non pas dans quelques buts de séduction mais pour laisser passer la queue de Darth Calix qui se balançait doucement au rythme de ses pas. Pour compléter sa tenue elle portait une veste blanche aux épaules et manchettes d’un jaune éclatant. Pour amener un peu de fantaisie à cet apparat toutefois, elle portait cette veste à la manière d’une cape, reposant sur ses épaules et maintenue en place par une cordelette d’or piqueté de minuscules onyx. Le genre de traîne qu’elle formait donc, en particulier les manches qui suivaient chacun de ses mouvements, lui apportait la touche de prestance qui permettait directement de l’identifier comme cliente malgré sa tenue finalement très sobre et fonctionnelle.
Du reste elle ne portait que peu de bijoux, trois bagues et un bracelet large sans grandes fioritures, n’avait utilisé qu’un peu de maquillage pour souligner son regard et avait coiffé ses cheveux en un chignon élaboré dans lequel était fiché quelques piques à cheveux argentés ou dorés et souvent ornés d’un petit éclat de couleur.
Elle n’était, bien sûr, venue sans aucune arme.

Une fois dans la salle principale elle commença à déambuler entre les tables de jeux, prit un verre en main auquel elle ne toucha pas, pour se fondre dans le décor, s’arrêtait parfois brièvement pour quelques lancers de dés dont elle se fichait du résultat et échangeait quelques banalités avec les autres clients bavards qui l’abordaient parfois. En réalité ses yeux parcouraient son environnement et ses oreilles s’agitaient en tout sens à la recherche de son seul intérêt en ces lieux : Alysanne Méridan.
Elle finit par l’apercevoir, quittant une table de jeu sous le regard assassin d’au moins l’un de ses occupants tandis que les autres semblaient partagés entre rire et perplexité. Elle lui emboîta le pas et l’aborda une fois suffisamment proche d’elle pour ne pas avoir à élever la voix pour se faire.

« Madame Méridan ? Veuillez m’excuser mais j’aimerais solliciter l’autorisation de vous importuner quelques instants. »

Elle attendit un signe de l’humaine l’invitant à continuer avant de reprendre :

« D’abord je vous rassure, je n’ai rien à voir avec une quelconque journaliste à scandale. Ensuite je suis désolé de vous aborder de façon aussi cavalière, j’aurai bien proposer de vous offrir un verre mais puisque nous sommes chez vous cela me semble futile. Rassurez-vous toutefois, j’ai déjà perdu assez d’argent à vos tables de jeu pour que le résultat soit le même. » Un sourire pour souligner l’humour de la remarque qui ne transparaissait pas au milieu du ton très poli et protocolaire de Bastet : « Je me rends compte que je ne me suis pas présentée : vous pouvez m’appeler madame Deshan, ou simplement Bastet selon votre convenance. Je suis une représentante de la société Trans’Biotic basée sur Nar Shadda et j’aurais aimé m’entretenir avec vous d’affaires qui, j’en suis absolument certaine, vous intéresseront particulièrement.
Serait-il donc possible de vous soustraire un moment à votre clientèle pour discuter dans un lieu plus privé ? »
Alysanne Méridan
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Alysanne regagna d’un pas discret ses quartiers, le visage fermé et soucieux, marmonnant tout un tas de mots sans queue ni tête. Elle redressa soudain la tête lorsque Bastet l'interpella. Pivotant sur elle-même, la Primadonna darda ses yeux luminescents vers son interlocutrice, lui jetant un regard torve. Alysanne n’avait jamais croisé une telle espèce, la Felacatiane lui apparut alors comme un personnage rêvé, une créature imaginaire. La Ralltiirienne esquissa un sourire avec un peu d’embarras, à la fois par politesse et pour ne pas contrarier, car être conciliant était une élégance. C’est ce que ses parents lui avaient inculqué petite, lorsqu’elle rechignait à embrasser son oncle dont le menton piquait et les mains se baladaient sous sa jupe.

Vêtue d’une robe en satin lavande, Alysanne était belle, divine, à la pointe de la mode : un collier et des pendants d’oreilles en perles, le ventre rentré, les escarpins conquérants, la chevelure d’or. La Primadonna s’interdisait -du moins en public- tout avachissement même si son dos la lancinait ou que la migraine la taraudait, Alysanne refusait l’approximation, surtout depuis le scandale puisque chaque regard se braquait désormais encore plus sur sa personne.

- Je vous arrête tout de suite madame Deshan, je n’ai cure de vos offres. Si vous avez comme vous le dites une quelconque proposition à soumettre à mon attention, adressez-vous à mes avocats et à mes conseillers. Mais assurez-vous alors de leur proposer un contrat des plus alléchants et de les traiter grassement, ici sur Ralltiir c’est comme cela que les choses fonctionnent. Vous savez, je manque cruellement de temps pour m’occuper de toutes ces fadaises administratives, moi je suis une femme d’action si vous voyez ce que je veux dire, enfin je l’étais, je ne sais pl.. oh putain !

Venant de terminer le passage en revue de son établissement, Alysanne n’avait plus qu’une hâte : s’enfuir et retrouver sa solution. Il y avait pourtant un hic. Elle venait de remarquer la présence au loin d’un visage qui lui était un peu trop familier ces derniers temps. En effet, notre Primadonna était actuellement la cible de très nombreux contrôles fiscaux, ordonnés par le gouvernement fédéral. Selon elle, c’était bien Grendo S’orn qui était derrière tout cela. Peut-être pensait-il qu’il serait opportun de trouver un moyen de disqualifier l’ancienne Sénatrice avant la tenue des élections l’an prochain ? Après tout, une certaine Alysanne Méridan avait bénéficié d’une très grande popularité lors de la campagne pour l’AGPU, empêchant le Neimoidien de propulser son propre candidat. Il sembla donc tout à coup très opportun d’accéder à la demande de cette représentante de commerce. Se trouver au beau milieu d’un rendez-vous professionnel “de la plus haute importance”, quoi de mieux comme prétexte lorsque l’on est une Ralltiirienne désireuse d’échapper à un vilain fonctionnaire qui ne l'attendrait pas au-delà de cinq heures du soir.

- Voyons que dis-je, je suis inconsciente ! Je ne peux pas refuser une entrevue à une invitée de marque telle que vous madame Deshan. Sachez que je suis hautement intéressée par vos produits, présentez-moi toute votre gamme. Par ici s’il vous plaît. Fit-elle tout en jetant un dernier regard inquiet à l’inspecteur.

Guidant Bastet, Alysanne déboula ensuite dans un vaste bureau sombre, sans surprise la pièce respirait le luxe. Une tenture de velours vert occultait une large baie vitrée et un corps de bibliothèque incrusté d'ivoire tenait tout un panneau, et sur les murs, on ne voyait toujours que le portrait d'Alysanne Méridan qui souriait dans son cadre d'or. La Sénatrice déchue s’avança vers l’étoffe émeraude et la tira avant d’ouvrir la fenêtre, laissant pénétrer une vague étouffante de chaleur. Les rayons du soleil ralltiirien investirent aussitôt la salle, se reflétant dans la chevelure d'Alysanne tandis qu'elle rejoignait la Felacatiane. D'un geste, elle l'invita à s'asseoir face à elle. Alysanne se cala au fond du siège, les deux bras posés sur les accoudoirs.

- Je vous écoute.

Darth Calix
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Bastet ne dit rien et ne montra pas l’ombre d’une contrariété face à la réponse rude de la propriétaire des lieux. Calix étouffa une bouffée de rage et réprima l’envie soudaine de faire manger ses escarpins à cette diva trop sûre d’elle. Elle se tança mentalement de s’être ainsi laissé aller. Peut-être sa colère était-elle due au fait de se trouver en territoire républicain, dont elle n’était pas aussi familière des us et coutumes, ou simplement qu’elle n’était sortie d’hyperespace qu’une demi douzaine d’heures plus tôt. Elle avait encore des douleurs dans la mâchoire.
Et puis, s’empressa d’ajouter Bastet, voir son hôte si prompt à les envoyer paître était un excellent signe qu’elle se trouvait juste dans la bonne condition mentale pour être séduite par sa proposition. Elle commença donc des excuses, d’un ton dépourvu de la moindre trace de la colère qui l’habitait quelques instants plus tôt :

« Veuillez m’excuser je n’ai pas l’habitude de votre planète toutefois si vous... »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle fut interrompue par un juron qui lui arracha un haussement de sourcil. Peut-être avait-elle trop lissé son comportement après tout ? En tout cas Alysanne changea brutalement d’avis et l’entraîna à travers le casino en se montrant soudainement très intéressé par les ‘produits’ qu’elle avait à vendre. Elle cherchait à éviter quelqu’un, ou quelque chose, c’était évident mais malgré les coups d’œils qu’elle jeta à la ronde Calix ne put comprendre l’origine de ce revirement, elle ne parvenait pas à distinguer les clients du casino les uns des autres, hormis une poignée de très grands noms dont elle avait forcément entendu parler dans les rapports qu’elle recevait sur l’activité républicaine, aussi succincts étaient-ils.

Finalement elles arrivèrent dans un bureau et la seigneur sith se retrouva face à beaucoup plus d’Alysanne qu’elle ne l’avait initialement prévue. Comment pouvait-elle vivre au milieu de tous ces sémillants portraits d’elle-même en permanence ?
Sans doute que contrairement à toi, elle ne passe pas des heures à leur parler.
Face à elle son reflet dans le verre protecteur de l’un des portrait, guère plus qu’une ombre floue, secoua tristement la tête. Il disparut lorsque la Primadonna laissa entrer la lumière de l’extérieur. La félacatian s’abrita les yeux de sa main l’espace d’un instant, ses pupilles dilatées s’accommodant bien vite de l’excès de soleil de ce monde.

« Vous disiez ? »

Elle comprit à cette question que la réflexion précédente avait été prononcée à voix haute.

« Rien, désolé, j’ai pensé tout haut. Je me faisais quelques réflexions sur la décoration de cette pièce. Magnifique, pleine de grâce et de sophistication. »

Tandis qu’elle parlait son regard se balada entre les différents meubles de bois luxueux ornés d’ivoires et d’autres matières nobles, de la bibliothèque au fauteuil. Si elle ne s’attardait pas sur les tableaux, ils étaient si omniprésents que l’on ne pouvait les éviter. Dès lors il était évident que son compliment ne concernait pas que le mobilier.
Sur invitation à s’asseoir de l’ancienne sénatrice, Calix se débarrassa de sa veste qu’elle fit glisser de son dos et laissa choir sur l’un des fauteuils de la pièce avant de prendre place dans celui qui lui avait été indiqué. Elle savoura un instant l’épaisseur du rembourrage, les yeux mi-clos. Quand elle les rouvrit complètement, elle put sans peine lire l’impatience sur le visage de son interlocutrice :

« Oh allons, ne soyez pas si impatiente, je doute très fortement que la personne que vous cherchiez à éviter se soit déjà lassée. »

Le ton était plus mutin, moins respectueux qu’auparavant et un sourire releva la commissure des lèvres de Calix. Il s’agissait simplement de montrer à Alysanne qu’elle n’avait pas à faire à une simple démarcheuse à domicile pour produits de luxe.

« Pardonnez cette petite impertinence je vous prie. Et pardonnez également mon petit mensonge de tout à l’heure : je ne suis pas une représentante de la société Trans’Biotic. Ou pour être plus précise ce n’est pas pour cela que j’ai fait le déplacement depuis Nar Shadda afin de m’entretenir avec vous.
Voyez-vous mes prestations sont plus de l’ordre de celle d’un genre d’enquêteur indépendant. Un privé, comme on le dit dans les holo-noirs. Mais mon terme préféré est celui de courtière en informations, je le trouve plus séduisant. N’êtes-vous pas d’accord ?


« Enfin il se trouve que j’ai récemment eu l’occasion de mettre la main sur des informations intrigantes. En menant mes recherches plus avant j’ai acquis de sérieuses suspicions sur la provenance d’une vidéo qui a dernièrement fait couler beaucoup d’encre. »

Elle passa une de ses jambes sur l’autre et croisa les mains sur son genoux, se redressant dans son fauteuil pour braquer son regard doré sur les yeux d’Alysanne, tout en affichant un petit sourire en coin.

« Vous comprenez où je veux en venir ? »
Alysanne Méridan
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Alysanne s’était lovée au fond de son fauteuil en rotin blanc, et de sa main droite jouait avec une mèche de ses cheveux dorés. Distraite par elle-même, la Primadonna n’écoutait pas vraiment son interlocutrice, agacée par le son monocorde et lointain de son bavardage ; et profitait plutôt de sa propre inattention pour la détailler, la disséquer, l’observer. La jeune Félacatianne était belle avec ses pommettes hautes et sa longue chevelure d’un brun lumineux retenue par un chignon.

Puis elle observa un temps d’arrêt, la Ralltiirienne n’eut pour seule réponse que de lever les sourcils, mais dut ensuite se résoudre à finalement abandonner son siège pour prendre la direction d’une large commode dans le coin de la pièce. Feignant encore et toujours un intérêt factice pour la discussion, elle en ouvrit le tiroir inférieur et en sortit une bouteille de vin rouge classée depuis longtemps entamée. Les rares fois où elle se trouvait au casino, Alysanne ne se sentait en réalité plus franchement disposée à boire comme elle eût l’habitude de le faire. Étant ces derniers temps beaucoup trop lasse et alourdie par ses malheurs, la Sénatrice déchue ne trouvait plus aucun plaisir divertissant ou festif dans l’alcool.

Ce dernier n’était plus que son moyen de finir au sol et d’oublier. Et ce même si il aurait été préférable qu’elle opte pour un repos sain, un long sommeil réparateur. Et voilà que les circonstances l’obligeaient une fois de plus à empoisonner son pauvre organisme chancelant. Après avoir saisi deux verres, la Primadonna regagna son fauteuil et entreprit de servir son invitée. L’odeur pointue et forte du breuvage qui s’échappait tandis qu’elle ôtait le bouchon de la bouteille lui donna un irrépressible avant-goût de nausée.

Mais peut-être que ce qui lui conférait cette sensation n’était ni rouge, ni alcoolisé. Alysanne réalisa soudain quel sujet la prétendue “courtière en informations” ramenait sur la table. Elle s’arrêta net, comme si elle venait d’être foudroyée. Une fois sortie de sa paralysie momentanée, elle posa violemment la bouteille de vin qu’elle reboucha aussitôt. Les mots de l’étrangère tirèrent ses yeux de leurs orbites.

- Non, non voyons c’est impossible… Sa voix était basse mais ne contenait ni objection, ni incrédulité, seulement de la consternation. Co- comment osez-vous débarquer ici, vous pointer dans mon casino, me duper allégrement pour que je vous accorde un peu de mon précieux temps et finalement évoquer ce sujet ! Son visage se tordit, le ton se durcit, la colère monta. Allez dites-le, pour qui travaillez-vous ? Vous êtes journaliste c’est cela et en quête de nouvelles croustillantes de la “nymphomane dégénérée de Ralltiir” ? La flamme hostile de ses yeux irrités fixait le regard de son interlocutrice. Pour lequel de ces torchons de la presse people qui m’ont pourri la vie au juste ? Le corps tendu, sa voix se fit sèche et mauvaise. Depuis sa publication j’ai tout fait pour échapper à cette vidéo, TOUT, cela a même impliqué fuir Coruscant, le boulot et les amies que j’aimais. Je ne veux plus en entendre parler, ja-mais ! Tout ce qui m’importerait désormais serait de punir ces odieux personnages qui m’ont fait subir pareille humiliation et qui m’ont pris ma carrière et ma dignité.

Darth Calix
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Elle n’aurait pu rêver mieux ! Calix laissa enfler la colère chez Alysanne, conservant sa façade poli et imperturbable face à la tempête qui grondait juste devant elle. Mais en son for intérieur, elle jubilait littéralement, faisant de gros efforts pour le cacher. Elle ne cilla pas un instant face au regard qui était si intense qu’il en évoquait de l’or fondu. Pas un muscle de son visage ne frémit, ses lèvres restèrent pincées dans ce très léger sourire qui ne s’agrandit ni ne se rétrécit en réponse, seuls furent tolérés quelques clignement de paupières. L’on aurait pu la croire frappée d’une attaque si l’un de ses index ne tambourinait pas discrètement sur son genou.
Quand la Primadonna eut finit sa diatribe, Calix pencha légèrement la tête sur le côté, l’observant comme si elle la découvrait à nouveau.

« Et si… je vous disais que c’est possible ? »

Ah ! Là le doute et la stupeur, ce léger affaissement des muscles encore contractés à l’excès une seconde plus tôt. La prise avait mordu, il fallait désormais ramener la ligne…

« Vous n’êtes pas sans savoir, j’imagine, que Nar Shadda abrite l’un des plus importants nœuds de réseaux de l’holonet. On trouve beaucoup de choses dedans, si l’on sait où chercher. Comme, par exemple, la trace de ceux qui ont distribué cette vidéo – cette emphase est fatiguante, ne peut-on lui trouver un surnom ? – sur le reste de l’holonet. »

Elle s’arrêta un peu, pour laisser le temps à Alysanne de bien digérer la nouvelle. Elle se leva du fauteuil et dépassa Alysanne pour s’approcher de la bouteille de vin abandonnée. Elle la déboucha tout en reprenant la parole.

« J’espionnais les échanges entre deux hackers et un intermédiaire reconnus dans le milieu quand j’ai compris de quoi ils parlaient et, à demi-mot, pour qui ils l’avaient fait. Pas de preuve formelle pour l’instant par contre, je ne me frotte pas à ces gens-là sans bonne raison. »

Ces gens-là. Une pointe de mystère, une effluve de complot pour appâter plus encore l’ancienne sénatrice : une personnalité si exubérante, si imbue d’elle-même ne pourrait pas manquer la perche.
Elle versa un peu de vin dans un verre et en huma le bouquet. Un plaisant sourire s’épanouit sur son visage :

« Vous avez une très bonne cave. Donc je me suis dis qu’une telle information allait forcément intéresser des gens. Sauf que je n’aime pas la presse, contrairement à ce que vous avez supposé, ils sont trop grossiers, je ne leurs vends que les informations les plus triviales, le reste c’est donner de la confiture aux cochons.
J’ai alors pris l’initiative de venir vous voir. Un voyage au pied-levé, long, particulièrement déplaisant, sans réelles garanties de gain : autant vous dire que je n’allais pas me laisser refouler parce que vous me preniez pour une quelconque démarcheuse à domicile.
Au final je suppose que la seule question vraiment importante est... »


Tout en parlant elle servit deux verres et reposa la bouteille. Elle attrapa un verre dans chaque main et se retourna vers Alysanne, laissant la question en suspens, avant de lui tendre l’un des verres.

« A quel point souhaitez-vous votre vengeance ? »

Le sourire qui suivit était plus acéré qu’un scalpel et les yeux pétillaient.
Alysanne Méridan
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Les sourcils minutieusement épilés de la Primadonna étaient toujours froncés de colère, et sa bouche aux lèvres peintes formait une moue réprobatrice. La seule évocation des journalistes avait déclenché chez Alysanne un sentiment de dégoût d’une rare intensité. En réaction, celle-ci jeta d’une voix forte nombre d’imprécations à leur encontre, et, mécontente et furieuse, elle avait fait montre de pas mal d’imagination dans la profération de ses invectives. Puis, lentement, la colère s'était dissipée et le bronze intense de ses prunelles recouvra son calme habituel. La tornade était passée. Darth Calix profita donc de l’accalmie pour se rapprocher de la Primadonna, et s’empara du bref silence pour poursuivre l’exposition de son projet. “Vengeance”, le mot fut lâché et activa aussitôt les lèvres d’Alysanne qui se tordirent en un étrange rictus.

L’esprit de la Ralltiirienne était obsédé par l'idée de vengeance. Son corps réclamait à grands cris et depuis des mois déjà que la riposte évoquée à l’instant par Calix soit comblée. Cependant, en même temps, Alysanne éprouvait une sensation toute différente, une sorte d’incitation à la prudence. Quelle que soit la force de cette mise en garde, elle riva son regard sur Calix et déclara :

- Vous savez, il n'existe pas d'être plus dangereux ni plus vindicatif qu'une femme humiliée.

C’était vrai, après tout la vanité humiliée souffre souvent bien plus que ne jouit la vanité satisfaite. A ces mots, Alysanne se saisit donc du verre que lui tendait son interlocutrice, et en engloutit le contenu d’une seule traite. Elle ravala un hoquet puis mit en garde la Felacatiane.

- Par contre, Alysanne Méridan n’est pas une victime, elle ne l’a jamais été, et ne le sera jamais. Je suis une cible, voilà ce que je suis, alors ne pensez surtout pas pouvoir abuser de ma situation. Son ton était aussi impératif que son regard. J’admets que je puisse avoir des admirateurs jusque dans l’Espace Hutt, mais n’essayez pas de me tromper. Alors dîtes-moi, pourquoi faîtes-vous cela ? Je doute que faire régner la justice ne constitue votre mobile, alors je vous écoute, qu’est-ce que vous cherchez ? demanda-t’elle d’une voix cinglante. Bien que déplorable, mon état ne vous permettra certainement pas de me dépouiller de toute ma fortune, je vous préviens d’avance.

Alysanne soutint un instant son regard, puis reposa finalement son verre. Elle retourna s’installer sur le fauteuil, croisant les bras par instinct, comme s’il s’agissait d’un bouclier. La Primadonna était plus que jamais sur le qui-vive.

- Vous attisez quelque chose chez moi, c’est viscéral, mais je ne suis pas encore certaine de pouvoir vous faire confiance. Les individus de votre genre n'aiment pas les gens, non ils ne pensent qu'à eux-mêmes et ne vivent que pour eux. Même les politiciens cachent mieux leur égoïsme, c’est donc dire. Je suis prête à faire bien des choses pour obtenir ma vengeance, tout ce que je veux, c’est un minimum de transparence, et l’honnêteté demande de jouer franc jeu, d'exprimer sa vérité de manière claire. Faîtes attention, lorsque l'on n’est pas honnête, je le vois très vite.

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