Karm Torr
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Vous avez compris ?
Eeeeeeuh…

Regard paniqué.

Ouais. Genre. Totalement.
Maître Karm…
Non non mais si, hein. C’est le concept de l’équilibre des… de la real… hmm…

La jeune Consulaire se massa l’arrête du nez. Karm était à deux doigts de feindre l’évanouissement, pour se tirer de ce cours particulier de sciences politiques, qu’il suivait diligemment depuis la nomination à son nouveau rang, puisque tels étaient les souhaits du Conseil, et auquel il ne comprenait toujours strictement rien.

Bien. Reprenons. Les institutions multilatérales sont appropriées de manière diversifiée par les États en fonction de…
Oh la la, je dois partir, s’exclama-t-il soudain avec beaucoup plus d’enthousiasme qu’il n’eût été courtois !

La jeune femme haussa l’un de ses cinq sourcils de façon bien dubitative.

Ah mais si, se justifia le Maître, en brandissant son datapad. Koros Major ! Enquête ! Spoliation culturelle ! Tout ça, c’est de la plus haute importance.

D’ailleurs, il était déjà sur le seuil de la porte.

Dans ce cas, nous reprendrons à votre retour, Maître, lança la Chevalière.
Ouais ouais, c’est sûr, lui répondit une voix dans le couloir.

Quelques minutes plus tard, l’Ark-Ni soufflait à son droïde.

Blip, prépare un vaisseau, on change d’identité et on prend la fuite.
Bip bip bip ?
Nan, je t’appellerai pas Lord Astromechator.
Bip…

Quatre heures, un saut dans l’hyperespace et de longues négociations plus tard, Karm et Lord Astromechator se posaient sur un emplacement réservé de l’un des spatioports centraux de Cinnagar, sur Impératrice Teta. La capitale couvrait presque toute la planète et, moins la silhouette familière du Temple Jedi ou du Sénat galactique, on aurait pu se croire sur Coruscant.

Après avoir confié son vaisseau à Lord Astromechator, le Jedi s’installa dans un taxi.

À l’Académie des Sciences.
Vous êtes sûr que vous ne préférez pas un nightlub ?
Il est dix heures du matin.
Pas la peine d’être contrariant.

Et le speeder s’éleva dans les airs, pour s’insérer dans le flux ininterrompu des véhicules qui passaient entre les gratte-ciels. De Cinnagar, Karm au fond ne connaissait pas grand-chose : il n’avait jamais fréquenté vraiment que l’Académie des Sciences, qui jouait un rôle particulier dans l’écosystème de l’archéologie et du naturalisme républicains, et dont il s’était encore rapproché, après la mission de sauvetage du professeur Philéon. Le trajet entre l’astroport central et le bâtiment qui, comme une écharde crevant le sol, abritait la prestigieuse institution scientifique était à peu près le seul qu’il connût.

À peine eut-il posé le pied sur la plateforme d’arrivée que ses (délicates) narines frémirent à l’odeur d’un tabac bien particulier.

Maxence, tenta-t-il ?

Maxence, en effet.

Le Jedi se dirigea vers son amie pour lui faire un fist bump, comme les gens qui ont de la classe, avant de dire :

J’imagine que t’es pas là pour assister à un congrès sur les habitudes natatoires des grands amphibiens de Naboo.

Supposition osée, mais fondée, puisque ce fut bien ensemble qu’ils prirent le chemin du bureau du recteur de l’Académie, où les introduisit une secrétaire qui appartenait sans doute elle-même au département d’archéologie, section momie.

Monsieur le recteur, vos…

Elle détailla les deux acolytes de la tête aux pieds avec l’expression de la plus parfaite réprobation.

… visiteurs…, poursuivit-elle, sont arrivés.
Ah ? Oui ! Oui ! Excellent, excellent, très bien, fit une voix émanant d’un petit cabinet de lecture, avant que le petit cabinet de lecture ne produise un Pantoran d’un certain âge, et petit lui aussi.

L’homme traversa le bureau à ce qui lui tenait lieu de grandes enjambées, pour serrer la main des deux amis avec une vigueur que sa carrure n’aurait certes pas laissé supposer.

Thé ? Café ? Quelque chose de…

Il baissa la voix d’un air malicieux et conspirateur :

… plus fort ?

Avant de suggérer :

Comme de la grenadine ?
Ça ira, merci.

Une fois la secrétaire congédiée, le recteur les invita à s’installer dans d’énormes fauteuils de cuir, qui semblaient être fait pour qu’on y lise le journal en fumant la pipe et se lissant la moustache.

Je vous remercie d’être venus si promptement, fit le recteur Okend. C’est que, voyez-vous, votre aide a été si précieuse pour récupérer nos académiciens sur Tantooine qu’il m’a semblé tout indiqué de faire appel à vous pour… Explorer les suites de cette affaire. Je ne voulais pas trop vous en dire dans mon message car… Ah, mais vous allez m’accuser d’être paranoïaque. Oui ! Paranoïaque ! Qui aurait cru que la physique des particules me conduirait un jour à ce genre de conversations ? Vraiment ! Vraiment !
Votre Excellence ?
Oui, je m’égare. Pardon pardon ! Je disais donc. Comme vous l’imaginez, depuis les événements sur Tatooine et la mort de l’un des nôtres, des questions ont émergé sur les pratiques du professeur Philéon et sur l’opportunité de lui confier ou non de nouvelles missions. Le parquet de Cinnagar a décidé d’ouvrir une enquête pour homicide par négligence à son encontre et, par ailleurs, le conseil d’administration de l’Académie a jugé opportun d’en apprendre sur… Les circonstances générales de ses activités. Nous avons songé à faire appel à des investigateurs locaux, mais il nous a paru plus prudent de nous en remettre à des regards extérieurs et déjà un peu familiers du dossier.
Plus prudent ?
Hé bien…

Okend rajusta ses petites lunettes en demi-lune sur l’arrête de son nez.

Le professeur Philéon, voyez-vous, avant d’être un géologue et un académicien, est avant tout l’époux d’une comtesse de la haute aristocratie pantorienne, et lié à une famille dont les ressources et l’influence sont considérables. Ses avantages ne lui auront pas permis de se prémunir cette fois-ci de la curiosité des autorités publiques, c’est vrai, et néanmoins nous souhaitons… Vous comprenez…
Faire preuve de prudence, oui, conclut Karm. Mais qu’est-ce que vous recherchez, au juste ?
Hé bien, hm…

Le recteur eut l’air embarrassé.

Disons que nous avons besoin d’apprécier l’exposition juridique de l’Académie. En particulier de savoir par quelles méthodes ont été acquises certaines des pièces de nos collections que le professeur Philéon a ramené de ses expéditions, et si dans la gestion de ses équipes, il a fait preuve d’un comportement négligent ou… ou pire encore.
Darkan et moi ne sommes pas des juristes objecta le Jedi.
Oh ! Ça, ce ne sont pas les juristes qui nous manquent. Je passe désormais ma vie avec des juristes. Non, ce qui nous manque, ce sont des éléments plus concrets, y compris… Enfin… Vous savez… Extrait de milieux, si j’ose dire, interlopes.

Et l’interlope, ça, c’était leur spécialité !
Maxence Darkan
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Alderaan. Pourquoi Alderaan ? Parce que Léo. Une histoire étrange lié à son métier de détective privé, un casino qui voit disparaître une partie de ses réserves de coffre fort pour des raisons totalement inconnues, avec soupçon sur les employés, des caméras défectueuses et la demande de se montrer le plus discret possible. Heureusement, Maxence n'était pas là pour l'épauler, mais pour d'autres raisons. Dans les faits, les derniers mois avaient été pour le peu stressant, la confrontation avec l'assassin Sith, la récupération des esclaves sensitifs, la rencontre du couple Sith qui termina par la perte de son bras, une perte pour le peu traumatisante, plus la reprise des affaires Djiilo, les faux sourires commençaient à s'estomper, alors quoi de mieux de retourner voir quelques bonnes connaissances, comptant Léo, afin de prendre du bon temps ? Dans le motel du spatioport, elle était en train de se faire des abdominaux en acier trempé sur le sol alors qu'il retrait tout juste d'un petit réapprovisionnement.

-Tu pars courir pendant deux heures, puis tu fais du renforcement musculaire... on dirait presque que tu fais attention à ta santé.

-Cent quatre-vingt-neuf... haha, très drôle. Cent quatre-vingt-dix. T'as trouvé ? Cent quatre-vingt-onze.

-Ouaip, clopes, lubrifiant pour prothèse, enduit de protection, tout y est.

-Cent quatre-vingt-dix-sept. Cool. Cent quatre-vingt-dix-huit. J'te rembourse après. Cent quatre-vingt-dix-neuf. Deux cents ! Elle se redressa, attrapant le petit sachet plastique pour en admirer le contenu avant de se coller à l'homme. Alors... je sens mauvais à quel point ?

-Oh, ça, je ne sais pas, j'ai rencontré tellement trucs qui sentait mauvais que je suis incapable de faire une échelle. Disons que, pour être clair, un mélange très raffiné d'hormones et de sueur. La blondinette regardait son bracelet. Un problème ?

-Nan, juste... message, mission. Elle s'écarta. Un truc par rapport au professeur sur Tatooine dont j't'ai parlé.

-Maître Karm sera là ? Haussement d'épaules. Ses beaux yeux commencent à me manquer... s'il est là, tu lui demanderas s'il a reçu la photo que je lui ai envoyé.

-Ouais, après, tu sais, il supprime toutes les photos d'nous à poil.

-C'est pas une photo de moi à poil, en plus c'est pas du tout mon genre. C'était un petit Tooka que j'ai rencontré dans la rue, terriblement mignon. Enfin bref, tu pars maintenant ?

-Juste le temps d'prendre une douche et ouais, désolée beau gosse, je raccourcis notre petit séjour à deux.

Ce n'était que quelques heures plus tard, après un au revoir plein de bons sentiments avec le frère du Padawan de Karm, elle arriva visiblement en avance sur Impératrice Teta, ou Koros Major pour les intimes. Maxence avait passé un voyage pour le peu calme et doux, sans trop besoin de se défouler sur qui que ce soit, à croire qu'elle se comportait normalement. Étrange, cela cachait quelque chose : elle était de bonne humeur. Terminant tranquillement sa cigarette, une voix familière frappa ses -délicats- tympans. Dirigeant son regard vers le sol, il s'agissait bien de son ami à la taille tout à fait honorable.

-Oh, tu sais... fit-elle en tapant son poing contre le sien, j'me suis dit qu'j'allais p't'être reprendre les études pour me lancer dans la vie active républicaine. J'pensais justement emménager sur Naboo, fonder une famille avec une femme ou un mari aimant. Si j'ai un garçon, j'l'appellerai, genre, Gontrant, si c'est un fille, Davidette. J'aimerai même lancer mon propre business de poteries. J'aurais un animal de compagnie qui...

Elle n'arrêta pas la blague avant la rencontre de la secrétaire. C'était donc plus ou moins attentive qu'elle écoutait monsieur le recteur avait à dire, dans un sens, elle savait parfaite ce qui les amenait là. Philéon ayant sacrément merdé sur Tatooine, révéla un potentiel gros manque de professionnalisme lié à de possibles conflits d'intérêt. Jouait-il pour lui ? Pour l'Académie de Koros Major, mais maladroitement ? Ou pour quelqu'un d'autre ? En tant que mercenaire, il n'y avait rien d'étonnant à ce que la blondinette se pose la question, étant donné que tout le monde lui demandait constamment et que lui venait aussi les mêmes questions quand il s'agissait de travailler avec des inconnus : c'était flagrant.

-Interlope ?

-Dont l'activité n'est pas légale. D'apparence suspect.

-Hm... oui, je vois. C'est un peu mon truc l'interlopie. Et quand vous dites « interlope », sur une échelle de un à dix vous nous autorisez quoi ? Un étant corrompre discrètement les bonnes personnes, dix étant tirer sur un orphelin de neuf ans, pleurant le retour de sa mère défunte ?

-Hum... et bien... je dirais... six, peut-être ?

-Ah oui, donc tabasser des grands mères dans la rue, aucun problème, j'vois l'genre.

-Non ! Non ! Sûrement pas, écoutez, faites donc ce que vous avez à faire et... évitez de maltraiter qui que ce soit ou d'ébruiter l'affaire.

-Ça va, j'déconne, on est l'Ordre Jedi, on est pas là pour faire du mal... 'fin, lui c'est l'Ordre Jedi, moi j'suis consultante, mais avant tout auto-entrepreneuse.

Oui, parce que la mercenaire ne voulait pas se considérer comme faisant réellement partie de l'Ordre Jedi, oh ça non, c'était briser ses principes, elle ne se le permettrait aucunement.

-Oui, fort bien, fort bien. Donc. Il s'éclaircit la voix, la mercenaire n'avait pas dû le rassurer. Malgré ce qu'il semblerait être un travail exemplaire de la part du professeur Philéon, et Maxence donna un coup de coude furtif à Karm pour l'empêcher de parler, nous avons officieusement ouvert un dossier ressassant toutes les expéditions faites jusqu'à maintenant ainsi que... disons, son parcours professionnel connu. Il sortit un datapad d'un tiroir pour leur tendre. Tout est dedans.

-Et... euh... fit-elle en transférant les données. Avec tout ça, vous avez rien trouvé ?

-Non, évidemment, sinon, nous n'aurions pas fait appelle à vous. Le problème, encore, étant qu'il s'agit d'informations très officielles et de, si j'ose dire, « rapports » d'expédition ordonnés par le professeur Philéon en personne. J'espérais que vous pourriez creuser discrètement de votre côté pour découvrir le fin mot de l'histoire.

Les informations du datapad étaient exactement comme il l'avait décrit. Toutes les expéditions, toutes les pièces de collections ramenées par Philéon ainsi que les membres d'expédition qui l'eurent suivi durant ses aventures.
Karm Torr
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Hm.



Hm hm.



Hm.



Hmm hmm.

Mais bien sûr, intervint le recteur tandis que le Jedi avait commencé à lire les rapports, ma secrétaire vous a préparé un bureau pour que vous puissiez mener votre investigation tout à votre aise.

Autrement dit, il les mettait dehors. Karm releva les yeux, hocha la tête, et après cette débauche de civilités, il se laissa entraîner hors du bureau du recteur. Trois couleurs, un demi-escalier et deux turbolifts plus tard, la secrétaire allumait la lumière de ce qui tenait plutôt du placard à balai réaménagé que du bureau en bonne et due forme.

C’est tout ce qui restait, argua-t-elle.

L’explorateur haussa les épaules.

Quand elle fut partie, il agita le datapad.

C’est les éléments que j’avais récupéré par moi-même. ‘Fin, que des Sentinelles de l’ExploCorps ont récupérés pour moi, plutôt. Rien de très nouveau, ce qui est quand même… ‘Fin bref, ça en dit long sur le sérieux tout relatif que l’Académie met pour enquêter sur un gars qui a eu sa dose de rumeurs, dans le milieu, depuis quelques années.

Mais peut-être les respectables académiciens avaient-ils attribué ces bruits de couloir à de la pure jalousie professionnelle ?

J’suppose qu’on peut commencer par interroger les gens qui l’ont accompagné dans ses recherches ? Chacune une moitié de la liste ?

Et c’est ainsi que commença la longue succession des entrevues.

Avec des géologues…

Un génie !
Rien que ça ?
On l’appelle le roi des feldspaths.
La classe.
Toute cette affaire, c’est un coup des archéologues, qui ne supportent pas qu’on marche sur leurs plates-bandes.
Ben peut-être qu’ils jugent que c’est bizarre que le roi des feldspaths s’intéresse tant aux artefacts anciens ?
Que voulez-vous, le professeur Philéon est un homo universalis !

Des biologistes…

Un imposteur.
Ah ouais ?
Et un tyran.
Les géologues ont l’air de bien l’aimer.
Forcément. La stratégie de Philéon, c’est le favoritisme et le mandarinat. Il protège les uns, dirige les financements de leur côté, et après, il a les coudes franches pour ses petites manœuvres.
Donc il est pas vraiment géologue ?
Oh, ça, si, et brillant avec ça. Mais à force d’études de terrain aux quatre coins de la galaxie, il s’est rendu compte qu’il y avait plus lucratif que les vieux cailloux.
Et la direction de l’académie fait rien ?
Peuh ! Il est protégé par sa femme. Et puis il enrichit tellement les collections…

Des anthropologues…

Vous êtes humain ?
Ben bonjour, déjà.
Vous avez un phénotype très particulier.
Euh… merci… ?
Vous avez quel âge ?
Trente et… mais c’est pas la question !
Fascinant ! Tout à fait fascinant. Parlez moi de votre tribu.
Ma tribu ?
Est-ce que je peux vous mesurer la mâchoire ?

Des historiens…

Un rebelle.
C’est une critique ou un compliment ?
Un peu des deux, je suppose.
Mais encore ?
Ses méthodes sont peu conventionnelles, et sans doute pas strictement scientifique. En tout cas pour ce qui est de l’archéologie. Pour la géologie, je ne suis pas en position de… Enfin vous comprenez.
Mais… ?
Mais si on s’en tenait toujours aux règles et à l’éthique, on n’aurait jamais rien à étudier. De nos jours, les fouilles sont sclérosées par toute sorte de règlements inutiles. Si vous croyez que nos musées auraient pu se remplir et la connaissance progresser avec toutes ces nouvelles lois, vous vous trompez lourdement.
Il paraît qu’il s’enrichit un peu sur le dos du progrès, hein…
Avec la fortune qu’a sa femme ? Permettez-moi d’en douter, il n’a vraiment pas besoin de ça.

… et des épidémiologistes.

Avec une spé comme la vôtre, j’ai du mal à comprendre comment vous vous êtes retrouvé dans une expédition de Philéon.
Je…

Le jeune docteur changea de position sur son siège, déjà pour la troisième fois.

C’était une requête express de sa part. Il partait explorer un glacier dans lequel il soupçonnait que se trouvaient le reste d’une civilisation ravagée par une épidémie. Avec des agents pathogènes peut-être encore prisonniers des glaces.
Et c’était le cas ?
Oui. Mais nous n’avons couru aucun danger.
Ça a pas l’air de vous avoir laissé un hyper bon souvenir, cela dit…
Le professeur est un scientifique d’exception.
Il paraît.

Silence.

Mais il a des sympathies, parfois… Enfin, vous comprenez…
Pas vraiment, non.

Le scientifique baissa la voix, se pencha au-dessus de sa paillasse et souffla comme un sortilège :

Impériales.

Karm haussa un sourcil.

V’z’êtes sûr de ça ?
Hélas, oui. Le soir où nous sommes descendus du glacier et sommes retournés à notre hôtel dans la vallée, je n’arrivais pas à dormir et en me promenant dans les jardins, j’ai surpris une conversation entre lui et un homme… J’étais un peu loin, et il faisait sombre, mais sur l’hologramme, c’était sans doute possible un uniforme impérial.
Y a trois ans, c’est ça ?

Le docteur hocha la tête.

Et vous en avez parlé à… ?
Hé bien… Euh…
Oui… ?
Personne précisément… Il faisait nuit… j’étais loin…
… et en contrat précaire, conclut Karm. Ouais. Je vois.
Maxence Darkan
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Si l'Académie n'avait pas fait plus de recherches, l'argent devait jouer un rôle important, l'argent joue toujours un rôle important. Le recteur avait l'air de bien mettre en avant l'affinité du professeur Philéon avec l'aristocratie Pantoranne, sans compter le travail qu'il avait fourni pour rendre l'Académie plus grande et importante que jamais sur Koros Major... il fallait aussi peut-être se dire qu'il était assez complexe de se lancer dans une enquête interne, même discrète, si le professeur s'en rendait compte, avec son tempérament, pour le peu, exécrable, cela pouvait conduire à de regrettables conséquences : autant envoyer des gens extérieurs faire le sale boulot.

Alors qu'elles se séparaient à la recherche de témoins à interroger, Maxence, de son côté, concocté une petite surprise. Depuis toutes les péripéties qui lui étaient arrivées, la Djiilo avait eu une plutôt bonne place au sein du Kajidic, rien de bien impressionnant, elle n'était pas au niveau de lieutenant, mais jouait le rôle de relais d'information dans l'espace Hutt. La blondinette se trouvait à un point stratégique de cette immense toile de contacts, tissée dans toute la galaxie, principalement en République et dans l'espace Hutt, grattant du mieux qu'ils pouvaient chez les Impériaux, là, c'était les anciens contacts de sa vie d'électron libre qui prenaient le relais. Dans tous les cas, autant dire qu'en tant que relais, elle en profitait un maximum, pour son bien et son enrichissement personnel. L'idée était simple, balancer Hieronymus Philéon III dans la toile en son nom et voir ce qu'il en retournait avant de démêler le vrai du faux.

Puis, vingt grosses minutes plus tard, elle commença ses micro interrogatoires, passant principalement son temps sur un paquet de géologues qui bavaient toutes leurs connaissances sur un sujet qui n'intéressait absolument pas Maxence. Les anthropologues étaient de vrais pervers qui voulaient connaître les raisons d'une pilosité blonde aussi pur venant d'une Coruscantie... toute la pilosité. Les historiens rabâchaient des trucs pas vraiment compréhensibles sur les recherches menées avec le professeur. Et le reste qui restait mitigé entre tortionnaire narcissique, ou véritable génie incompris, lançant un paquet d'anecdotes qui, pour la plupart, ne semblaient pas fondées. Après deux heures d'intense fatigue dû à un système relationnel Darkannien compliqué, elle retrouva son petit Jedi d'amour dans leur somptueux placard. La consultante s'affala dans une des chaises, croisant ses jambes sur le bord du bureau.

-Je sais c'que t'as trouvé. Attends, attends, laisse-moi lire dans tes pensées... elle leva sa main en direction de son ami, fermant les yeux, prête à ne faire qu'une avec la Force. Hmmm... oh ? Oui... oui... je vois... Luke est si bien membré qu'ça ? Concentre-toi, tu veux ? Ah, voilà, on est bien d'accord. Elle se redressa sur sa chaise en mimant un vaisseau avec son autre main avant de l'écraser théâtralement sur la table. Boum. L'Empire. Alors ? Impressionné ?

Impressionnant. Malheureusement, je vais devoir vous décevoir sur ce coup là, elle est juste foutrement maligne.

-J'ai discuté avec un p'tit groupe de géolologistes... géo... les mecs qu'ont sûrement des relations sexuelles avec des cailloux, soit disant qu'pour une expédition archéologique sur Tolkien... non, Toiken, il aurait eu près d'trois heures de retard en s'ramenant avec du matériel supplémentaire, non conforme aux normes de la République. C'était, genre, deux-trois babioles de c'qu'y' m'en ont dit, mais il aurait aussi fait des scans qui ne seraient pas apparus dans les rapports d'expédition.

Elle s'attela à faire émerger une carte connue de la galaxie, zoomant sur l'hologramme pour pointer Toiken et les systèmes proches. Entourant les frontières d'un doigt volatile, elle haussa les sourcils.

-Ça t'dit quelque chose ? C'est à peine s'y' s'cache et à peine si l'Académie en a quelque chose à foutre.

À vrai dire, si personne n'a jamais rien dit, la hiérarchie bloquait les langues et ça, Maxence ne pouvait pas le concevoir en tant qu'anarchiste convaincue.

-En passant, j'ai demandé à mes contacts de trouver quoi qu'ce soit d'utile sur Pulon. Pour l'instant, pas grand chose. Il vient d'une famille plutôt pétée d'tunes, il a fait des études en géologie, avec un « portail », aucune foutre idée de c'qu'est un « portail », en histoires anciennes. Pas l'air d'avoir eu d'problème avec les autorités... évidemment, va leur falloir du temps pour creuser les côtés secrets du bougre. P't'être bien une journée, comme quinze, tout dépend de l'accessibilité des infos.

Elle soupira un seconde en tapant ses doigts prothétiques sur le bureau. Aussi utiles pouvaient se montrer les informations qu'elle offrait à l'Ordre Jedi, ce n'était jamais sans coup vis à vis du temps, la demande devait d'abord être relayée efficacement, puis le réseau devait trouver les bonnes personnes, ensuite les bonnes personnes devaient chercher tout ce qu'elles pouvaient sur la demande, faire un premier balayage concernant la véracité et envoyer le reste à l'intéressé.

-Mais bon, je parle, je parle, aucune idée d'si la cargaison venait vraiment d'l'Empire. T'as un truc plus concret ?
Karm Torr
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Toiken ? Ouais. C’est vraiment aux confins de la République, mais ça excite beaucoup les archéologues en tout genre.

Karm prit le contrôle de la carte pour zoomer encore un peu plus sur la planète.

En gros, aujourd’hui, y a que l’équateur qu’est vraiment habitable. ‘Fin, sans dépenser des tonnes en équipement de survie, installations spéciales et compagnie, tu vois ce que je veux dire ? Mais y a une théorie selon laquelle y a très longtemps, l’axe de la planète a été incliné par un phénomène quelconque, et qu’avant ça, le climat était relativement tempéré dans d’autres zones. Donc du coup, ça suscite pas mal de spéculations sur les civilisations qui y auraient vécu.

Pour sa part, il n’en savait pas beaucoup plus : ses explorations à lui concernaient la nature, plutôt que les ruines, et d’autres membres de l’ExploCorps, plus spécialisés, seraient probablement mieux informés. Tout en poursuivant la conversation, il se mit à pianoter sur son datapad, car les jeunes de nos jours sont dépendants des réseaux sociaux : c’est bien connu.

Selon l’un de mes témoins, y a trois ans, Philéon aurait été en pleine conversation avec un militaire de l’armée impériale. Du coup, il ferait beaucoup plus que s’approvisionner chez eux en matériel de pointe. C’est pas… Hyper, hyper surprenant, j’imagine. Pour avoir tiré De Fontaines de Dromund Kaas, il devait nécessairement avoir des contacts déjà bien en place.

Le Jedi avait du mal à décider si la chose était en soi condamnable. Bien sûr, l’Empire était le grand ennemi de la République, mais en-deçà de la guerre, les gens continuaient à vivre leur petite vie, et dans une galaxie où les contrôles aux frontières étaient parfois aussi faciles à mettre en place qu’une équipe de course à pied chez les Hutts, des échanges avaient bien dû perdurer tout au long du conflit. Est-ce que ce n’était pas au fond préférable au pur antagonisme ?

Pour être honnête, j’suis bien tenté d’aller voir sur place. Parce que bon, on va pas se mentir, toi et moi, on risque d’avoir du mal à se fondre dans l’aristocratie tetane…

Sans blague.

… et pour l’heure, c’est notre seul autre réservoir de témoins ici. En attendant que ton réseau nous en apprenne plus, j’propose d’aller faire un tour sur Toiken pour voir de quoi il est question.

C’était un long voyage, mais ils n’étaient a priori pas pressés par le temps. Karm espérait surtout qu’aux frontières de l’Empire, ils rencontreraient plus facilement des gens qui vivaient entre les deux mondes, comme Philéon, et qui seraient capables de les renseigner sur la question. Qui avouerait en plein Noyau en savoir un rayon sur les relations d’un notable de la capitale avec les armées impériales ? Autant essayer de faire parler une tombe.

Allons juste faire un tour au musée de l’Académie, pour voir ce qu’il a ramené précisément de la planète.

Le musée était un bâtiment somme toute assez modeste, qui entourait la base de l’écharde architecturale où l’Académie des Sciences avait établi ses quartiers. Il abritait néanmoins des collections prestigieuses, que les conservateurs tenaient apparemment à exposer de la manière la plus soporifique possible. Pas d’hologramme, pas de salles de réalité virtuelle, pas de musique.

C’est… euh… Vachement sobre.
Shhhht, fit un garde en dardant sur eux des regards sévères, comme s’il considérait que des visiteurs, dans un musée, n’étaient jamais que des intrus.

Après avoir longé une collection de cailloux décidément pleine de cailloux, ils purent admirer toutes sortes d’animaux empaillés, façon cabane de chasse d’un psychopathe au fond des bois. Plus loin, c’était une exposition temporaire au titre prometteur : « Le vide interstellaire : tout ce que nous ignorons ».

Deux heures plus tard, les deux amis en étaient revenus à la réception, bien désappointés.

Euh...Oui, bonjour, c’est encore nous, fit Karm à l’attention de l’employée qui était occupée à rentrer dans son terminal des données d’une importance capitale, un doigt à la fois.
La boutique souvenir se trouve sur votre gauche à côté des vestiaires, débita-t-elle d’un ton quasi automatique sans même lever les yeux vers lui. Prière de ne pas uriner sur les peluches.
Pardon ?

La femme consentit enfin à les regarder.

Ça arrive plus souvent que vous ne le croiriez, assura-t-elle.
Ben si c’est arrivé une fois, c’est déjà beaucoup plus souvent que je l’aurais parié, c’est sûr. ‘Fin bref, on n’est pas là pour brutaliser les peluches, on se demandait juste si on avait manqué les pièces sur Toiken en parcourant les collections.
Toiken ?
C’t’une planète républicaine coincée entre l’Empire et l’Espace Hutt.
Voyons voir cela…

En réalité fort serviable sous ses dehors un peu revêche, la réceptionniste entreprit de pianoter, c’est-à-dire, dans son cas, de rentrer très, très lentement, le nom de la planète dans son ordinateur. Cinq minutes plus tard, elle secouait la tête.

Désolé, dit-il. Nous n’avons rien sur ce monde. Mais nous avons des fossiles de Quermia et de Toola, dans le même secteur.
Ah oui ! Ça on a vu, c’était… Très instructif. Bon, hé bien, merci beaucoup.
La boutique de souvenirs est à gauche à côté des vestiaires.
Ouais, j’me souviens.

Après s’être éloignés de plusieurs mètres, le Jedi souffla à son amie :

Ils ont des trucs sur toutes les planètes du coin, sauf Toiken ? Tu parles d’un cas suspect…
Maxence Darkan
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-Très suspect, en effet. … Viens, on va faire un tour à la boutique.

Son légendaire professionnalisme la conduisit à faire le tour des souvenirs proposés, elle s'était dit qu'un t-shirt aurait largement fait l'affaire, mais, finalement, elle se pencha plutôt vers les peluches, elle aimait jouer avec le feu. Posant ses narines sur les fourrures synthétiques, elle s'arrêta sur un petit Voorpak très mignon. L'intérêt par rapport à l'affaire, me direz-vous ? Absolument aucun, il était juste très doux. Elle passa à la caisse -dix crédits, une véritable honte financière- avant de le donner à Karm.

-Tien, cadeau. Ok, suis-moi. Donc, on a affaire à... han, t'es trop chou avec une peluche à la main... 'fin bref, on a affaire à un professeur qui cache sûrement ses recherches à sa propre Académie, le tout basé sur des témoignages sans preuves.

Il ne leur restait pas énormément de pistes à creuser dans ce genre de cas, peut-être retourner auprès du recteur pour savoir s'il savait quelque chose par rapport à cette expédition sur la planète. Sinon il y avait la manière Maxence, trouver Philéon, le torturer et le faire avouer, ce qui ne devait pas être au goût des Jedis. Le cambriolage n'était pas à exclure, si tant est que se retrouver dans une demeure à fort niveau de surveillance pouvant mener à une arrestation et des poursuites en justice n'était pas une raison d'exclusion. À la place, la consultante resta plutôt équilibrée, attendant patiemment ses contacts de faire le boulot pour elle et lui offrir de nouvelles opportunités de gratter ce qu'il fallait.

De son côté, elle ne croisait pas non plus totalement les bras, au fur et à mesure, elle réduisait le talon de recherche, donnant les dernières informations en vogues : De Fontaine, liaison avec l'Empire, recherches géologiques cachées et Toiken, évidemment. Mais où cela pouvait donc mener ? Et bien la question allait être répondue dans leur bureau, une nouvelle fois à l'intérieur, non pas qu'elle aimait le confort de ce dernier, plutôt qu'il leur fallait de l'intimité. Elle fouilla parmi plusieurs nom d'une longue liste : des coordonnateurs d'information, dont elle faisait partie, les points centraux du réseau de renseignement Djiilo. Elle appela sans hésiter un des hommes dont la tête apparut sur l'instant.

-Salut connasse.

-Salut trou d'balle. L'amabilité professionnelle. Hé, tu m'as trouvé des trucs sur le professeur ? Le mec de Koros Major.

-Ah, ouais, lui, euh... laisse-moi une seconde... ouaip, un d'nos types de Dromund Kaas a récupéré quelques trucs, il est encore dessus. Alors, notre petit père Philéon a déjà fait quelques allés-retours sur la planète, y' a de ça une poignée d'années. Mais c'est pas tout, il a l'air d'avoir fait quelques pas sur Khar Delba avant... tu sais, avant toute la guerre civile. Pourquoi ? Aucune putain d'idée, on a pas eu le temps de creuser la question.

-Donc il a bien un attachement avec l'Empire.

-J'dirais : « liaison ». Ta... « De Fontaine » a l'air d'avoir foutu la merde. Et, à vrai dire, à part une vague histoire de fuite de la capitale, on a rien choppé sur elle. Ton enquête sur le professeur pue la merde si tu veux mon avis, ce mec là à l'air de mener une triple vie et j'ai peur que ça nous conduise dans une jolie fosse septique.

Ce qui, en soit, revenait à ce que les enquêteurs de l'Ordre Jedi cherchaient.

-On a un autre problème. Avec toute cette merde dans l'Empire, pas moyen de trouver des informations vraiment fiables. J'veux dire, d'un côté certains d'nos contacts et nos hommes infiltrés se chient dessus et veulent pas s'faire remarquer, donc ils en branlent pas une, de l'autre, y' a de l'espionnage et du contre-espionnage de masse au sein même des frontières, les infos sont souvent erronées, qu'elles soient en relation ou non avec la guerre. C'est la merde connasse... avoua-t-il en soupirant, c'est la merde.

-Ok, tu sais quoi, essaye de m'trouver quelque chose sur sa femme et la famille aristocrate pantoranne à laquelle il s'est lié. J'suis curieuse de savoir s'il avait un intérêt au-delà d'l'argent et l'influence. Bon, j'te laisse, appelle-moi dès qu't'as un truc trou d'balle. Elle coupa la communication. J'adore les noms d'code.

Après tout, cette famille aristocrate pouvait parfaitement être un moyen de s'écarter d'éventuels problèmes avec l'Empire. Encore mieux, elle pouvait avoir un lien avec, quelque chose qui conforterait Philéon à jouer pour les deux camps... ou pour un seul... ou pour le sien en profitant des deux. Maxence fit une moue dubitative en admirant le Jedi à la peluche -vraiment très chou-, elle tapota son poing polymérisé -et inoxydable- sur la table.

-Tu vois, j'ai un doute sur l'affaire, j'sais pas si l'but c'est d'l'envoyer en prison, ou un truc du genre... mais avec c'qu'on a, je comprends pas bien c'qu'on pourrait lui reprocher. En soit c'est qu'un archéologiste... archéologue, j'suis pas sûre qu'y' ait des lois pour l'interdire de faire c'qu'il fait. Puis elle posa innocemment la question, étant donné que ce n'était pas une professionnelle de la législation. Parce que son Académie est républicaine, il a pas l'droit d'aller assouvir sa soif de savoir dans l'Empire ? J'vois pas pourquoi il aurait l'droit d'le faire chez les Hutt et pas chez les rouges.

En somme, pouvait-on réellement lui en vouloir de fouiller sur les planètes hors de la République ? Non, visiblement non vu qu'il se trouvait sur Tatooine. L'espace Hutt ne devait pas être considéré comme une foire à la saucisse gratuite, la blondinette se refusait l'idée que tout le monde puisse s'y trouver comme il le souhaitait. S'il y avait bien une chose qu'elle ne supportait pas, c'était de savoir que des militaires ou des représentants de l'autorité républicaine comme impériale viennent gentiment faire leurs courses -et oui, l'Ordre Jedi n'était pas compté dedans, parce qu'il faut séparer ordre religieux et composante d'un État-. Cependant rien ne lui paraissait interdit de s'y trouver pour des études de terrain, si tant est que les dites recherches se faisaient purement par intérêt de la science ou personnel.

-Au pire, c'est qu'un sale con abusif qui respecte pas les règles de l'Académie, donc il se fera juste virer pour aller voir ailleurs. Et s'il risque des complications avec la justice, perso, j'le défendrai.
Karm Torr
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C’est pour moi ? Pour de vrai ?


Il y eut de l’émerveillement dans les yeux du Jedi, avant que celui-ci ne rattrape son flegme ordinaire, quand il accueillit la peluche dans ses bras. D’un ton plus dégagé, Karm avoua néanmoins :


J’ai toujours rêvé d’avoir une peluche…

C’était un peu triste, au fond. Au Temple, l’enfance se passait dans l’austérité, mais combien de fois, le soir, surtout les premiers mois après son arrivée, le petit Ark-Ni tout le monde malade, et incapable de comprendre un traître mot de basic, avait souhaité pouvoir serrer dans ses bras un ami silencieux, mais qu’il aurait fait parler dans sa tête, et tout doux surtout, pour se réconforter.


Karm considéra le voorpak avec la plus grande attention, avant de murmurer tout bas merci et d’entreprendre de trimballer son nouvel ami avec des trésors de délicatesse, comme s’il craignait de l’abimer. Vroovroo — comme il fut aussitôt baptisé, avec beaucoup d’originalité — passa donc le trajet du speeder assis sur les genoux de son Jedi, à regarder le tableau de bord d’un air déterminé.


Une ou deux heures plus tard, leurs soupçons étaient confirmés. Un peu. Peut-être ?


C’t’une question de patrimoine. Les objets qu’ils trouvent, ils appartiennent à quelqu’un. Pas à une personne, mais tu sais, à un peuple, à une civilisation. Des descendants. C’est un héritage. On peut pas embarquer comme ça des objets qui viennent de quelque part. Y a des conventions républicaines et galactiques. Les gens ont besoin de pouvoir s’approprier leur histoire et leur identité, tu vois ce que je veux dire ?


Et de ce qu’il avait pu apercevoir, quelques mois plus tôt, dans le salon des Philéon lorsqu’il y avait été reçu par la comtesse éplorée, le brave professeur ne s’embarrassait guère de ces considérations.


À vrai dire, le trafic d’antiquités, c’est pris assez au sérieux. Y a des civilisations hyper chatouilleuses sur la question et ça crée continuellement des incidents diplomatiques à n’en plus finir. C’est la hantise de pas mal de directeurs de musées du Noyau qu’on vienne leur réclamer de restituer une partie de leurs collections. Parce que bon, sur ce point, on va pas se mentir, mais y a pas tellement d’innocents.


Karm, pour sa part, ne comprenait toujours pas pourquoi les archéologues ne se contentaient, depuis des siècles, de numériser leurs trouvailles, avant de les laisser à une institution culturelle sur place. Sans doute la technologie permet-elle de copier un objet dans ses moindres détails pour l’étudier à loisir, sans pour autant en priver ceux pour qui il avait une signification propre ?


Enfin bref. Direction Toiken, on verra bien ce que ça donne. Allez viens, Vroovroo.

Et ce fut ainsi que Vroovroo fit son premier voyage interstellaire, bien installé sur le siège de copilote d’un vaisseau de l’ExpoCorps, comme un authentique jedi, sous l’oeil aussi sceptique qu’électronique de Blip, qui avait la ferme intention de ne pas se faire remplacer par une peluche dans le coeur de son humain de compagnie.


Bip bip bip, interrogea l’astromech quand ils quittèrent l’hyperespace pour s’approcher de l’orbite de Toiken ?
Non, t’inquiète, pour une fois, on vise les parties tempérées, répondit le Jedi, en pianotant sur sa console pour envoyer la demande d’atterrissage, et d’ailleurs, hésite pas à taper la causette aux droïdes du coin, histoire de voir s’il y a des ragots sur l’Empire ou des trucs dans le genre.
Bip bip ?
Euh… Ouais ! Exactement. C’est totalement une mission d’espionnage. Classe, pas vrai ?
Biiiip !
On pourrait appeler Maxence pour qu’elle te file un nom de code, c’est sa grande passion, mais j’suis pas sûr que ça te plaise. Tu te contenteras d’agent spécial Blip ?
Bip, confirma le petit robot.


L’autorisation transmise par le spatioport de la banque équatoriale, Karm entama les manœuvres de descente, afin de se poser sur l’une des pistes encore libres, près du chasseur de Maxence.


Bon, dit-il , il a dû demander une autorisation de fouille au Bureau d’Archéologie de Toiken et Affiliés, le BASTA, qui couvre si je comprends bien la planète, les lunes et les astéroïdes du coin. Je suggère de commencer par-là, pour en savoir un peu plus sur l’impression qu’il leur a faite.


Comme toutes les villes xextiennes, Veterned, la capitale, était construite dans les arbres qui couvraient la région montagneuse séparant la partie glaciale et la partie désertique de la planète. La cité s’étendait dans toutes les directions, intimement mêlée à la végétation, et parfois, les rues étaient presque impraticables pour des bipèdes ordinaires, parce qu’elles étaient faites d’un entremêlement de branches sur lesquelles les Xextos évoluaient agilement grâce à leurs six membres.


Dans cette région frontalière malgré tout, et surtout depuis la guerre, les voyageurs n’étaient pas rares, en tout cas pour la capitale, et personne ne prêta une attention particulière aux deux humains. Karm, après avoir consulté la carte téléchargée depuis l’holosite de l’office de tourisme de Veterned, prit d’un pas assuré la direction du centre ville.


Ça me rappelle un peu Kashyyyk, remarqua-t-il avec un enthousiasme évident. Je devrais venir ici plus souvent. En plus, il paraît qu’il y a de sacrés prédateurs !


Bref, la destination idéale pour passer des vacances agréables.


Quinze minutes plus tard, cependant, ils se retrouvaient devant un immeuble calciné. L’explorateur jeta un nouveau coup d’oeil sur sa carte, avant de secouer la tête.


Non non, ça devrait bien être ça. Hep ! Mons… Mad… euh… Salutations. Vous parlez basic ?


Le Xexto qu’il venait de harponner hocha la tête.


C’est pas le bureau d’archéologie, interrogea le Jedi en désignant le bâtiment ?
Affirmativement, répondit le passant. Mais il a brûlé.
Je vois ça. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Un feu… fournaise…


Le regard du Xexto, qui cherchait les bons mots en basic, se fit interrogateur.


Incendie, suggéra Karm ?
Voilà ! Incendie criminel, selon la police.
Y a longtemps ?
Euh…


Trop peu familier de la langue étrangère pour se lancer dans les chiffres, le Xexto montra avec ses doigts.


En mois ?


Hochement de tête.


Onze mois, et c’est toujours pas rebâti ?
Pas prioritaire, je pense. Si je formule des excuses, mais rapidement…
Ah, bien sûr, on veut pas vous retenir. Merci de votre aide.


Et après un signe de tête, Karm se retourna vers Maxence.


Coïncidence ?
Maxence Darkan
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Définitivement trop chou. Donc, Maxence avait faux sur un point, il ne traquait pas Philéon pour ses recherche hors de la République, mais bien pour le vol de -possiblement- plusieurs objets antiques appartenant à différentes civilisations. Prenez-la pour une idiote, les faits restant qu'elle n'en avait aucune foutre idée de base. Après une preuve de soudain -et étrange- attachement envers une peluche hors de prix -quand on aime, on ne compte pas-, les voilà partie sur Toiken.

Comme le disait si bien Karm, l'endroit ressemblait à s'y méprendre à Kashyyyk, que Maxence avait déjà visité, avant même la rencontre du Jedi, des souvenirs qui ne l'enchantaient guère, étant donné qu'ils réveillaient les images de la chute qui causa sa cicatrice à l'épaule. Alors grand bien lui fasse de se taper le bout de gras avec les prédateurs du coin, mais très peu pour elle. Le BASTA étant en sale état, la seule chose que Maxence put rétorquer à cette histoire fut un théâtrale :

-Je n'pense pas. Puise elle jeta un œil aux alentours. T'aurais dû demander où s'trouver le... poste de police ou peu importe comment ils l'appellent ici.

Parce que si elle pouvait se permettre de déchiffrer et comprendre à mi-mot le Huttese, le Xexto était tout sauf une de ses langues de prédilection et les panneaux en bois donnant les directions n'arrangeaient rien. En regardant la date de son expédition sur la planète, les doutes se confirmaient un peu plus : à peu près un an, l'incendie aurait très bien pu être mis en place alors que le bureau d'archéologie Xexto allait dévoiler les magouilles du professeur. Maxence s'attela donc à interroger les passants qui parlaient plus ou moins bien basic avant d'obtenir une direction, si par direction, les doigts pointant une direction en bafouillant des choses peu compréhensibles comptaient.

Après avoir traversé ce qu'il semblait être le centre historique de la ville, les forçant à emprunter des chemins dangereux, absolument pas conçus pour leur morphologie, marchant sur des rondins plantés à une bonne dizaine de mètres au-dessus du sol, elles se trouvèrent devant un des locaux de l'Agence Nationale Unitaire de Sécurité, le... oui, la police quoi. La salle d'attente était plutôt vide, semblerait-il que les autorités du coin n'étaient pas non plus débordées par les événements, mais les travaux de reconstructions avaient plus affaire avec les institutions décisionnaires -si on peut les appeler comme ça- locales.

-Bien l'bonjour ma chère dame... ou... monsi... bref, bien l'bonjour, j'me présente Maxence Darkan, consultante pour l'Ordre Jedi et voici mon stagiaire, Karm Torr, on cherche à s'renseigner sur l'incendie du BASTA.

Il y eut un long silence et un regard, disons, surpris, mais pas de réponse. Le -ou la- Xexto, derrière son guichet, se mit à fouiller dans les tiroirs alors que la blondinette jeta un œil à son ami.

-Bi-en, le bon-jour, je me présente, Max-ence Dar-kan, c'est « an » au bout, mais ça se prononce comme dans « quand », on...

La personne en face leva un de ses quatre bras tandis que les autres enfilaient un appareil étrange autour de son cou, avec oreillette et petit micro au niveau de la gorge.

-Firpul, da qo... rche pas cette merde, c'est quoi le... oh... vous comprenez ce que je dis ? La consultante lui présenta son plus beau ok de la main. Donc, veuillez m'excuser, vous pourriez répéter ?

-Ouais, euh, donc, j'me présente, Maxence Darkan, consultante pour l'Ordre Jedi. Elle lui tendit sa carte qu'il passa au scanner pour comprendre les écrits. Voici mon associé, Karm Torr, Maître Torr, montre-lui ta jolie ca-carte mon p'tit Karmy. On cherche à s'renseigner sur l'incendie qu'a frappé le BASTA y' a onze mois.

-Oui, je vois. C'est une affaire qui... pour tout dire, je ne vois pas en quoi cela pourrait intéresser les Jedis.

-Disons que, si l'incendie est bien considéré comme criminel, il pourrait cacher quelque chose d'un peu plus gros. Quelque chose hors des frontières de la planète.

-D'accord, d'accord, laissez-moi une seconde. Il retira son appareil pour tapoter sur son datapd, puis passer un coup de fil par comlink avant de le remettre. Prenez la porte sur la gauche, puis la troisième à droite, l'inspecteur Corgu'umtagora vous recevra.

Super, alors elles prirent la porte à gauche, puis la troisième à droite pour tomber dans le bureau de l'inspecteur susnommé, un endroit pas bien grand et très impersonnel avec une flopée de casiers, il y avait un petit homme, comme le reste de son espèce qui lui, ne semblait pas avoir besoin d'un traducteur. Derrière une table, gros cigare en bouche, il leur fit un signe étrange de ses mains pour les accueillir.

-Madame Darkan, Maître Torr, je vous en prie, asseyez-vous. J'ai cru comprendre que vous êtes là par rapport à l'incendie qui a frappé le bureau d'archéologie.

-Exact. À vrai dire, on aimerait savoir si vous en connaissiez qui en est la cause.

-Et bien non, malheureusement, je me plie en quatre pour que l'affaire ne soit pas classifiée sans suite, mais après autant de temps, les pistes s'amenuisent et il est dur de raccrocher les bouts. J'aurais espéré que vous veniez avec, peut-être, si le cœur vous en dit, quelque chose pour m'éclairer.

-Ouais... et nan. Elle ne savait pas trop si son ami était prêt à lancer toutes les informations qu'ils avaient sur l'affaire. Disons qu'on soupçonne des recherches archéologiques illégales qui auraient mené à foutre le feu au BASTA pour couvrir les traces.

-Hm, oui, c'était une des pistes que nous cherchions à étudier pendant un moment. Un café ? Un thé ? De la grenadine peut-être ?

Diable, les instances Républicaines se dévergondaient salement.

-Non, merci, ça ira. Pourquoi le bureau n'a pas était reconstruit depuis ?

-Ça, ce n'est pas de notre ressort. Un des casiers s'ouvrit, laissant s'envoler un datapad jusqu'aux mains de l'inspecteur. J'avouerai que mon entêtement à laisser cette affaire ouverte n'est pas au goût de tous, de ce fait, je suis un peu seul et mes recherches avances lentement.

-Vous... avez des... elle secoua la main de sa prothèse de façon mystique, pouvoirs ?

-Tous les sensitifs ne deviennent pas Jedi ou Sith, madame. Et madame pouvait le concevoir. Je me suis personnellement penché sur les possibles magouilles archéologiques qui pouvaient conduire à un tel acte, mais toute la base de données du BASTA est partie en fumé avec le reste... cependant... les interrogatoires que j'ai mené m'ont conduit à rencontrer les deux hommes chargés de l'administration qui soupçonnaient des fouilles illégales à un petit demi millier de kilomètres d'ici.

-Et alors ?

-Et alors sans preuve, pas de poursuites. Il tendit le datapad au Jedi. Tenez, toutes les maigres recherches sont dedans.
Karm Torr
Karm Torr
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Vous dites que votre insistance n’est pas du goût de tout le monde, reprit Karm après avoir suivi du regard le vol majestueux du datapad, mais en quoi ça dérange les gens ? Vous soupçonnez de la corruption ?


Le détective tira une bouffée de son cigare.


Pas vraiment, répondit-il. C’est plutôt une question, disons, d’image et de politique ? Les dirigeants du coin sont obsédés par l’Empire. À les entendre, on ne devrait se préoccuper que de traquer les espions impériaux infiltrés sur la planète, surveiller les frontières, débusquer les traîtres. Enfin bref, vous voyez le tableau.
Et c’est pas votre avis ?


L’homme haussa ses (nombreuses) épaules ;


Moi, je veux bien traquer tous les espions qu’on veut, hein, mais la vérité, c’est qu’il n’y en a pas vraiment dans le coin. Toiken n’est pas précisément la planète la plus prospère du coin, et pour cause, on ne peut en occuper qu’une petite partie. Qui plus est, j’ai l’impression que ces gens-là sont tout de même assez occupés par leur campagne hutt et leur guerre civile.


Tout en écoutant le policier, Karm parcourait du regard son rapport rédigé avec un sens de la précision et de la méthode qui auraient fait pâlir d’envie bien des enquêteurs fédéraux sur Coruscant. Cet homme-là aurait pu faire une belle carrière dans les institutions centrales de la République.


Ce n’est pas vraiment mon rôle de commenter la politique ni rien, poursuivit l’inspecteur dont on sentait bien qu’il allait néamoins se faire un plaisir de s’y essayer. Mais le parti au pouvoir à la municipalité s’est fait élire sur un discours sécuritaire en agitant une menace impériale fantomatique et il préférerait qu’on entretienne un peu cette légende-là.
Si je suis bien votre rapport, les fouilles illégales seraient situées dans la partie glaciaire de la planète, c’est ça ?


L’homme hocha la tête.


Il y a toujours eu des rumeurs… Enfin, je devrais dire, des spéculations sur ce qui pourrait se trouver là-bas, sous les couches de glace. Les historiens que j’ai interrogés sont assez sceptiques, cela dit. Pas sur la possibilité d’y découvrir des restes archéologiques, mais sur le fait qu’ils vaillent les dépenses d’une expédition dans un endroit aussi hostile.
Le professeur Philéon, ça vous parle ?
D’Impératrice Teta, demanda le détective entre deux bouffées de fumée ? Un grand ami de notre maire actuelle. Elle et lui se sont rencontrés aux universités d’été de je ne sais quel parti politique, sur Corellia. Il est venu plusieurs fois ici.
Et… ?


Corgu’umtagora les dévisagea tour à tour de son regard le plus inquisiteur.


Qu’est-ce qui vous amène ici, précisément, demanda-t-il d’un ton soupçonneux ?


C’était le moment de la partie où l’un d’entre eux allait devoir montrer ses cartes en premier. Karm hésita quelques secondes et puis, jugeant qu’ils n’étaient pas précisément en position de force, courut le risque d’avouer :


On est mandatés pour l’Académie des Sciences d’Impératrice Téta pour enquêter sur les pratiques scientifiques du professeur Philéon et vérifier s’il y a eu des violations éthiques. Voire légales.


L’inspecteur eut aussitôt l’air de se détendre.


Bien, bien. Votre Philéon a fait l’objet d’une enquête du BASTA lors de son dernier jour ici, qui a été classée sans suite, peut-être à cause de l’intervention de la maire. Une histoire de contrats de travail irréguliers pour certains des techniciens employés sur place lors de l’une de ses expéditions. Les dossiers sont lacunaires, après l’incendie, comme vous pouvez l’imaginer.
Mais y a bien des gens qui y travaillaient, à ce bureau, et qui doivent se souvenir de quelque chose ?
Possible. Je n’ai jamais fouillé de ce côté-là moi-même, ces histoires de contrats de travail, ça arrive tous les jours. Un peu comme dans les restaurants, vous voyez, les patrons ne sont parfois pas très scrupuleux.


Un second datapad quitta les casiers pour se poser entre les mains quatre mains de son propriétaire et, après quelques minutes de recherche, il reprit :


C’est l’inspectrice du patrimoine Charga’amgovari qui a suivi l’affaire. Depuis l’incendie du BASTA, elle enseigne à l’université de Veterned, à la faculté de sciences historiques. C’est votre meilleure piste. Mais vous pensez vraiment que votre Philéon est lié à l’incendie ?
Difficile à dire, à ce stade. Ironiquement, on le soupçonne d’avoir des liens avec les Impériaux…
Ah, non, grogna l’inspecteur. Ne me dites pas que les excités de l’ennemi intérieur avaient raison !
On verra bien.


Karm agita le datapad.


On peut copier ?


Le Xexto opina du chef et, après qu’ils eurent promis de le tenir au courant de leur propre investigation, les deux amis quittèrent les lieux, pour prendre le chemin de l’université, qui avait au moins cet avantage qu’elle occupait tout un campus et n’était guère difficile à trouver. Il leur fallut tout de même une bonne demi-heure de marche pour gagner la faculté d’histoire, dont le bâtiment serpentait autour du tronc minimal d’un arbre peut-être millénaire.


Ils trouvèrent Charga’amgovari dans un amphithéâtre, où elle terminait un cours dédié à l’analyse stratigraphique. Quand les étudiants eurent vidé les lieux, Karm s’approcha du bureau où l’ancienne inspectrice du patrimoine rassemblait ses affaires.


Madame Charga’amgovari ?


Celle-ci leva les yeux et dit aussitôt :


Karm Torr ?
Eeuh… Ouais. On se connaît ?
Non, mais j’ai lu les articles du professeur Gaban à votre sujet.
Ah.


Il y a quelques années de cela, le Jedi s’était prêté à une étude d’anthropologie menée par un Mon Calamari de l’université de Coruscant et destiné à déterminer une bonne fois pour toute si les Ark-Ni étaient des humains ou des proches-humains.


Vous savez que votre cas fait toujours débat.
Et comment vous étiez sûre que c’était moi ?
Le professeur Gaban explique bien que vous étiez plus grand et plus massif…


Grand et massif, c’était la première fois qu’on utilisait ces adjectifs pour le décrire !


… que les autres membres de votre groupe. Un excellent spécimen pour faire la part de l’inné et de l’acquis.
C’est trop flatteur. Je vous signe un autographe si vous répondez à quelques questions.
Vous me laisseriez mesurer votre crâne, demanda-t-elle pleine d’espoir ?
Euh… Ouais. Je suppose que oui…
Maxence Darkan
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-Et pourquoi pas joindre l'utile à l'agréable, hm ? J'vous pose des questions et vous mesurez son crâne en même temps. Qu'est-ce que t'en penses Karm ? Il est d'accord. Vous devriez mesurer sa bite aussi, c'très instructif, je pense.

-Oui, en effet, nous pouvons faire ça. Du moins, mesurer le crâne pas le... pénis de Maître Torr. À moins que... non, laissez tomber.

Pourtant la physiologie de la reproduction des espèces étaient tout simplement fascinante et permettait souvent d'en apprendre beaucoup sur les sujets d'études... alors oui, peut-être que connaître la taille du phallus d'une personne n'était pas forcément le meilleur endroit par lequel commencer, d'accord, mais il fallait faire des moyennes... comment croyez-vous qu'il est possible de connaître les tailles moyennes sur l'holonet sinon ? Charga’amgovari, partie chercher quelques affaires pour étude, les laissa seuls une poignée de secondes.

-J'savais pas qu't'étais... une espèce de... cobaye d'étude.

Lui souffla-t-elle quelque peu étonnée par cette découverte. Mais finalement, la professeure était de retour avec de quoi mesurer... beaucoup de trucs pour mesurer.

-Je vous écoute.

-Ouais, on est là par rapport à l'incendie du BASTA. Elle hocha la tête en invitant Karm à s'asseoir sur une chaise. On a parlé à l'inspecteur Corgu'u... Cor... l'inspecteur chargé d'l'affaire. Il nous a dit qu'vous en sauriez p't'être quelque chose... elle jeta un œil à son ami, le professeur Paloen, ça vous dit un truc ?

-Philéon. Reprit soigneusement Éos.

-Ah, Philéon, cette vieille teigne. Elle enroula un long bandeau gradué autour du front de l'Ark-Ni. Je suppose que vous pensez qu'il a un lien quelconque avec l'incendie et je suis tout à fait d'accord avec vous. Il ne joue ses recherches ici que par l'influence qu'il a sur la maire.

-Quelle genre d'influence il a sur la maire ?

-À votre avis ? Maxence fit les yeux ronds. L'argent, évidemment. Évidemment. Je suis de loin les articles concernant le professeur, mais de près ce qui concerne ces expéditions. Sans aucun doute, certaines d'entre elles sont à la limite de l'illégalité, des fois, complètement dedans, mais il graisse les pattes, s'accorde avec les bonnes personnes, après tout, qui a besoin d'être discret, quand on a de l'argent ?

-Il aurait fait une expédition dans l'coin, y' a un p'tit bout d'temps, vous étiez au courant ?

-Bien sûr. Quand elle retira le bandeau, elle plaça une sorte de grosse mâchoire métallique pour prendre la mesure de long et de large. Ça risque de faire un peu mal. Donc, oui, je pensais pouvoir dévoiler qui était réellement ce charognard moustachu aux yeux de son Académie, mais...

-L'incendie, ouaip. Il a fait une expédition dans un coin arctique, il aurait pu y découvrir quoi ?

-Oh... certains soupçonnent des ruines des premières civilisations de la planète, d'autres parlent d'un temple, des fois lié à la Force, des fois non... personne n'a jamais trouvé que le jeu en valait la chandelle au final et beaucoup cherchent encore des financements pour se lancer. Philéon, lui, avait de quoi faire. Écoutez, je sais qu'il y est allé et je sais aussi qu'il a sûrement trouvé ce qu'il voulait, mais je n'ai plus aucune preuve tangible de son... arrêtez des gigoter, j'ai déjà suffisamment de mal à mesurer votre os pariétal avec cette masse de cheveux... donc, oui, aucune preuve de son passage.

-Mais vous en aviez ?

-Vous pensez réellement qu'atterrir dans l'astroport de la ville avec du matériel de fouille pouvait passer inaperçu aux yeux du BASTA ? Bien sûr que non, nous en avons été informés. Le problème, c'est que rien ne prouvait qu'il était destiné à des fouilles sur la planète, mais j'ai fait mes recherches en fouinant un peu partout. Quand je pensais enfin l'avoir, tout est parti dans les flammes.

-Le vaisseau appartenait au professeur ?

-Non, il n'est pas aussi idiot que ça, c'était un simple cargo de transport civil.

-L'astroport doit encore avoir les preuves du passage, pourquoi ne pas continuer les recherches et demander l'aide de... Elle figea son regard dans celui de la professeure. Ah... oui, la maire, j'avais oublié. Donc toutes vos recherches sont figées à cause d'elle ?

-C'est ça. Et vous vous doutez bien que, si le BASTA n'est toujours pas reconstruit à cette heure, c'en est aussi la cause. Puis elle tendit un datapad à Karm. Vous pouvez signer ici ? C'est pour mon fils.

-Mais, techniquement, le passage du cargo est toujours inscrit dans la base de données de l'astroport ?

-Sûrement, oui. C'est fou. Elle tâta l'arrière du crâne de son ami. Les dimensions de votre os occipital sont étonnamment communes à celles des humains, si j'ose dire, lambdas.

Alors que la taille... Bref, pour Maxence, tout cela restait flou -l'enquête, pas le crâne-, il manquait encore beaucoup de pièces au puzzle. Dans l'idée, si l'amarrage de ce fameux cargo civil est encore inscrit dans la base de données de l'astroport, elles pourraient simplement savoir quel matériel se trouvait à l'intérieur, retracer l'immatriculation du vaisseau et savoir de où il venait. Peut-être qu'une transaction cachée s'est faite, ce qui permettrait facilement de lier Philéon à tout ça. Dans tous les cas, savoir de où venait le cargo leur donnerait déjà une première piste à suivre.
Karm Torr
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J’suis pas contre conserver tout l’usage de ma mâ…
Chut, chut, tout va bien se passer.


Avec la stoïque résignation des moines guerriers, Karm se lança sagement mesurer, incapable de parler pendant tout l’interrogatoire, au risque de biaiser les relevés de la scientifique, sans doute essentiels au progrès des connaissances.


Quand vous aurez fini, conclut celle-ci en reportant ses observations dans le datapad qu’il venait de signer, N’hésitez pas à repasser par ici. J’aimerais beaucoup vous passer aux rayons X.
Ouais, on m’dit souvent ça, lâcha l’Ark-Ni.


Mais pour l’heure, c’était direction l’astroport.


C’t’un vieux débat, expliqua-t-il en faisant allusion à son passé de cobaye, quand ils eurent regagné les rues compliquées de la capitale, sur le fait que les Ark-Ni soient ou non des humains. J’dirais pas que ça passionne les foules, hein, démographiquement, on est plutôt un épiphénomène anthropologique, mais ces gens-là sont fans des populations isolées.


Et en la matière, le peuple de Karm mettait indiscutablement un point d’honneur à ne pas trop se mêler au reste de la galaxie.


J’pense que pour la majorité des scientifiques, on est des humains. L’argument principal, je dirais, c’est qu’on a pas de différence fonctionnelle avec les autres humains, même si on a notre phénotype bien à nous. Y en a quelques-uns qui disent qu’on doit être classés Proche-Humains, à cause de la relative absence de dimorphisme sexuel. Honnêtement…


Le jeune Maître haussa les épaules.


… ça change pas grand-chose à ma vie. ‘Fin, j’imagine que médicalement, c’est toujours utile à déterminer. Mais je me suis jamais considéré comme un humain, trop de… Différences culturelles avec le reste de la communauté galactique.


Et il les jugeait si profondes que même après avoir été éduqué quasi toute sa vie au sein de l’Ordre, il continuait à s’identifier à son peuple. Il faisait partie de ces Jedis qui réfléchissaient de plus en plus à leurs racines à mesure qu’ils vieillissaient, à l’opposé de ceux qui définissaient toute leur identité à travers leur institution.


Ces considérations anthropologiques mises à part, les deux enquêteurs ne tardèrent pas à arriver à l’astroport, qui s’étageait sur toute la hauteur d’un groupe d’arbres gigantesques. À l’intérieur, on suivait les branches comme autant de panneaux indicateurs et, fort heureusement, dans cet endroit de la ville au moins, les gestionnaires avaient pris la peine de traduire les signes en basic.


Quelques minutes plus tard, leurs cartes étaient donc diligemment scannées par un droïde protocolaire qui assurait une bonne partie de l’administration.


Bienvenue, Maître Jedi, fit celui-ci de sa voix mécanique à l’enjouement synthétique, et madame Darkan.
Ça se prononce « an », comme dans « c’est dément ».
Madame Darkan, corrigea le droïde. Que puis-je faire pour vous ?
On cherche le manifeste de ce cargo, expliqua le Gardien, en pianotant sur la console du bureau, inventaire, rapport d’inspection, plan de vol, liste de l’équipage, ce genre de choses.


Des chiffres se mirent à défiler à toute vitesse dans les yeux du droïde et puis les données s’affichèrent devant eux, sur l’écran incrusté au mobilier.


Le cargo appartient à la société Anai Transports & Logistiques, sur Lianna. Il transportait du matériel d’exploitation minière, à destination de Munto Codru. Escale prévue pour soixante-douze heures, mais resté à quai pendant deux semaines, à cause d’un dysfonctionnement de la valve de compression du générateur auxiliaire d’anti-grav.
Ça prend deux semaines pour changer une pièce, commenta l’explorateur d’un ton dubitatif ?
Le temps moyen de réparation des systèmes anti-grav est de…


Une nouvelle fois, pluie de chiffres dans le doux regard du droïde.


… quarante-huit heures, conclut-il.
Et le cargo est reparti ?
En direction de Munto Codru, confirma le robot.
Vous faites des pesées ?
Bien sûr.


Dans un astroport aussi proche de la frontière impériale et de l’Espace Hutt, le contraire eût été étonnant. Il ne fallut guère que quelques secondes au droïde pour afficher ces données.


Regarde, fit Karm à Maxence. Il repart deux tonnes cinq plus léger qu’à l’arrivée. Tu parles qu’il faisait escale, il est venu décharger son matériel de fouille illégale et il est reparti comme il est venu. J’vais écrire aux astroports de Munto Codru et de Lianna pour qu’ils sortent leurs dossiers sur cette immatriculation. V4-18 ?
Maître Torr ?
Vous confirmez que l’équipage a pas déclaré de déchargement pendant son séjour forcé ?
Aucun, maître.
Et s’il s’avérait qu’ils avaient livré de la marchandise ?
Tout dépendrait de la nature des biens, maître. Certains sont couverts par les accords de libre-échange intra-républicains et le défaut de déclaration est une infraction mineure qui entraîne une amende. D’autres font l’objet d’un transit contrôlé.
Je vois. Si quelqu’un cherchait à décharger illégalement une cargaison, j’imagine qu’ils passeraient pas par les mechadockers…
Toutes les données des droïdes des quais sont sauvegardées dans nos serveurs centraux.
Ouais, donc ils auraient eu besoin d’ouvriers qui interviennent en douce…


Karm se tourna vers sa comparse.


Madame la consultante absolument respectable, si tu devais embaucher au noir une équipe pour décharger de la marchandise de contrebande, tu irais où ?
Maxence Darkan
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La blondinette était un peu ailleurs. Premièrement, elle n'était pas d'accord avec Karm sur sa propre considération, avoir une différence de culture ne change pas forcement l'appartenance à une espèce, mais surtout, et avant tout, Philéon semblait se donnait énormément de mal. En partant du principe qu'il aimait beaucoup magouiller ses recherches, qu'il avait l'argent nécessaire pour faire tout ça et le temps, pourquoi avoir mis autant de moyens évidents. En son sens, la piste se refermait sur le fiasco d'un arrangement mal arrangé. Elle lança un regard distrait à Karm face à sa question, pour ça, elle n'avait pas besoin de demander à ses contacts.

-Tout dépend t'si tu cherches à l'échelle locale ou galactique... mais si tu cherches à l'échelle galactique... Elle inspira un grand coup. Coruscant c'est toujours une valeur sûre, Taris aussi en soit parce que c'est un peut la même chose, mais Corellia c'est typiquement le genre d'endroit parfait pour trouver de la main d’œuvre illégale facile sans compter la plupart des planètes de la frontières qui jouent sur les passeurs. Elle reprit sa respiration. Sauf qu'en comptant l'fait qu'la marchandise vient d'Lianna et en prenant en compte Toïken et Munto Codru et la proximité des affaires, va falloir viser plus proche, Dennogra et Raxus sont d'excellents choix en somme, mais ils appartiennent à l'Empire et la régulation des frontières me paraît trop stricte pour faire passer des gens en douce, du coup j'me tournerai plus vers l'espace Hutt et là-bas on à le choix, Nal Hutta, Nar Shaddaa, Nar Kaaga, cependant, je dis bien cependant, il faut rester cohérent entre, temps, argent et voyage alors je dirai sans aucun doute possible Junkfort Station.

Puis elle inspira une grande bouffée d'air en se tenant à l'épaule de son ami. Que voulez-vous ? C'était ça de travailler avec des gens tous plus louches les uns que les autres, des fois plus que Karm, c'est vous dire. Cependant, à l'échelle locale, Maxence n'en avait aucune idée, elle ne connaissait rien de cette planète et, supposément, il était tout de même plus simple de brouiller les pistes grâce à de la main d’œuvre extérieur.

-J'pense que l'cargo vient vraiment d'Lianna et qu'Philosophe à suffisamment d'influence pour se permettre de les faire jouer d'son côté, par contre ça m'étonnerait qu'les mecs qu'ont déchargé le tout viennent de là. Monsieur l'droïde ?

-Madame l'humaine ?

-Vous auriez une liste des vaisseaux qui se seraient posés, ou auraient fait des aller-retours au spatioport pendant les deux semaines d'arrêt du cargo d'transport ? Nouvelle trâlée de chiffres pour retomber sur l'écran. Énormément de résultat. Ok, raccourcis la recherche aux vaisseau qui sont partis un peu avant, ou un peu après le cargo.

Trois résultats, les deux premiers étaient des vaisseaux qui avaient stationné un peu plus longtemps, soit pour affaire, soit pour la famille, supposément, parce qu'ils n'étaient partis qu'une semaine après le cargo alors que le dernier résultat, lui, s'était fait la malle un jour avant le suspect principal. Maxence nota l'immatriculation du véhicule, dans le cadre d'une enquête, elle pouvait quand même se le permettre.

-Le cargo léger civil, matricule 178-H239, tu sais d'où y' sort ? Planète d'arrivée ?

-Les vaisseaux civils personnels ne sont pas soumis aux mêmes modalités que les vaisseaux de transport. Il n'est pas obligatoire de décrire son trajet dans l'initiative d'un voyage, hormis si le besoin de se savoir tracée se fait ressentir.

-Putain, j'déteste la « libre navigation ». Et ne lui parlait pas de la liberté d'expression. Heureusement, j'me suis découvert une petite passion pour la traque des vaisseaux. Elle se tourna vers le Jedi. Laisse-moi cinq minutes, toi, tu t'occupes d'envoyer tes p'tits messages d'amour à Lianna et Munto Codru.

Elle ne s'était pas fait chier à tracer le vaisseau de Lloyd Hope pendant tout ce temps uniquement pour se taper des débutant en la matière, elle savait exactement qui activer pour cela. Il lui fallut tout de même un peu plus de dix minutes pour trouver ce qu'elle cherchait, avec le numéro d'identification, le type de cargo et la date, très simple de savoir par où il était allé. Assise sur un banc de l'astroport, elle siffla son ami.

-Devine quoi, j'ai l'vaisseau et son proprio... 'fin, « proprio », disons il a sûrement dû l'acheter sans payer. Daryl N'igamate. Un contrebandier recherché dans l'Empire pour vol de vaisseau, meurtres avec un « s », transport de marchandises illégales et pour avoir fait passer des esclaves de l'autre côté des frontières. Pour sûr, c'est pas un jojo-joyeux. Et devine où s'trouve son vaisseau en c'moment même... Elle lui présenta les informations reçues. Lianna.

Les fils le liaient entre eux comme des écouteurs au fond d'un sac. Si Daryl ne semblait pas avoir trop de problème avec la république, il n'avait pas l'intention d'être apprécié par ces derniers.

-Et si t'as encore des doutes avec notre homme, quelques mois avant d'arriver ici, son vaisseau s'est posé sur Koros Major pour y rester deux jours. Ne m'remercie pas, j'ai p't'être des trous du cul sur le dos d'Phitosaure, mais des vrais pros quand y' s'agit traquer les gens.

Pas comme si l'idée ne lui était jamais venue de le faire avec Karm, mais elle se l'interdisait, tout de même, il restait l'une des seules personnes envers qui sa confiance ne se mesurait pas.

-Le lien avec la Junkfort station ? Halala... un jour tu commencera à douter sur mes talents de Jedi, parce que ce mec est un habitué en affaire du clan Rejlli-truc et il stationne souvent là-bas.
Karm Torr
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T’as un avenir tout tracé dans la logistique, conclut le Jedi, après la petite démonstration de sa partenaire. Mercenaire, tout ça, c’est dépassé : je te vois une existence profitable à comparer des tableurs de cargos et à faire des courbes, genre, avec des statistiques et tout ça. En plus, les courbes, t’aimes ça, pas vrai ?


Maxence en employée de bureau modèle : tous ceux qui la rencontraient ne pensaient évidemment qu’à cela.


En parlant, ils avaient regagné l’une des plateformes extérieures qui s’étageaient tout le long du tronc occupé par l’astroport. Là, en hauteur, ils pouvaient contempler la ville par-dessus la frondaison de la plupart de ses arbres. On aurait pu croire que Troiken était une planète luxuriante et abondante, depuis ce poste d’observation, mais Karm savait bien qu’à quelques dizaines de kilomètres de chaque côté, on trouvait soit un désert de glace, soit un désert brûlant.


Bon, à mon avis, tenter de repérer où il a fait des fouilles illégales dans un tel endroit sans piste très concrète, c’est peine perdue. Ou en tout cas ça nous prendrait des semaines, mais si le bureau spécialisé est arrivé à rien, je mise pas cher sur nos propres chances. Autant aller à Lianna et voir si ce bon Daryl serait assez aimable pour pas essayer de nous zigouiller.


Karm en venait même à se demander si toutes ces histoires d’archéologie n’étaient pas au fond une bonne excuse. Tout cela fleurait bon l’opération de contrebande des plus traditionnelles et la vie d’aventurier pouvait être une bonne couverture pour ce genre d’activités. Philéon avait certes une réputation sulfureuse, mais la plupart des polices de la frontière ne déploieraient pas des moyens colossaux pour attraper un trafiquant de vieilles pierres. C’était une stratégie idéale pour vivre avec les soupçons sans être trop inquiétés.


Bon…, conclut le Jedi en sortant de ses pensées, C’est parti. J’vais finir par devenir Sentinelle, moi, si j’continue à trop te fréquenter. Tu notes qu’on se retrouve toujours à faire des trucs de mafieux mais que j’attends encore que tu viens explorer avec moi une planète polaire par moins soixante-quinze degrés.

C’était une proposition alléchante que la mercenaire eut amplement le temps de méditer, pendant qu’ils décollaient de l’astroport pour bondir une nouvelle fois dans l’hyperespace et filer en direction de Lianna.


Quelques heures plus tard, la planète leur offrait un spectacle bien différent de celle qu’ils venaient de quitter : entièrement urbanisées, sauf sur ses immenses océans, et accueillant dans son orbite plusieurs stations spatiales, elle s’enrichissait au croisement de deux hyperroutes majeures et c’était là que transitaient quotidiennement des millions de tonnes de marchandises.


Le duo se posa sur l’un des astroports principaux de Lianna City, celui-là même où le vaisseau de N’igamate était censément amarré. Les halls du bâtiment abritaient une cohue perpétuelle, et d’une foule si bigarrée, qu’on aurait pu se croire sur Coruscant.


Te perds pas, fit Karm d’un ton pince-sans-rire, tout en se frayant un chemin vers les bureaux de l’administration portuaire, dont l’accès leur fut autorisé sous présentation de leurs papiers d’identité, preuve supplémentaire que pour un Jedi, c’était tout de même plus reposant de travailler dans le territoire républicain.


Quelques secondes après, une voix fit timidement :


Euh… Bonjour ?
V’z’avez pas l’air sûr de votre coup.
Si si, s’empressa de dire le jeune homme roux qui s’était présenté à eux, et qui ne devait pas avoir beaucoup plus de vingt ans. Bonjour ! C’est ça que je voulais dire. Bonjour.
Cool. Maître Torr…
Oh la la, c’est vrai, s’exclama-t-il aussitôt !
Euh…
Un maître jedi !
Ouais. Donc…
Quand ils nous ont dit ça, le standard, oh la la, si vous saviez… J’en suis tout… Pffff !
Merci j’suis très flatté, hasarda machinalement l’explorateur, mais il se trouve qu’on cherche un cargo civil léger.
Venez ! Venez dans mon bureau ! Vous allez tout me raconter !


Et le jeune homme les entraîna dans une pièce de cinq mètres carrés, essentiellement occupée par des étagères encombrées de vieux datapads hors d’usage.


Je suis stagiaire, se justifia-t-il en déployant des trésors de souplesse pour parvenir à s’insérer derrière son bureau presque collé au mur. Vous avez le numéro de… ? Ah, parfait !

Et tandis qu’il pianotait sur son terminal, le roux risqua une question qu’il agrémenta d’un petit coup d’oeil inquisiteur :


C’est vrai que vous pouvez briser la nuque de quelqu’un par la seule force de la pensée ?
Moi ? Nan.
Oh.
En revanche, j’fais pousser les radis par l’esprit.
Euh…
Mais pour de vrai, hein.
Je n’en doute pas.
Même qu’ils sont vachement bons.
J’ai trouvé votre cargo, dit l’employé pour couper court à cette conversation nettement moins épique qu’il ne l’avait escompté.


Il ne fit pas de manière pour tourner l’écran vers eux.


Comme vous voyez, il n’a pas bougé depuis un moment. On a l’adresse du propriétaire, si vous voulez.
Rien de suspect ?
Ma foi, non. Pourquoi ? Il transporte une cargaison dangereuse ?


Son ton était plein d’espoir.


Ouais, fit Karm très sérieusement. Des radis de contrebande.
Maxence Darkan
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-Putains d'radis ! Grogna-t-elle en frappant une étagère, offrant son plus beau jeu d'actrice. Ces saloperies auront ma peau. Enfin bref, vous pouvez nous filer l'adresse ?

-Eh bien, oui, hm... tenez. On parle de quel genre de radis ?

-Des radis hallucinogènes. Fit-elle en prenant le datapad qu'il lui tendait pour enregistrer l'adresse. Il vous suffit d'en manger un pour que votre cerveau se mette à fondre. Ensuite, c'est l'anémie, les convulsions, la perte de vision... et si ça vous tue pas, le cancer le fera. Elle soupira en lui rendant l'appareil. La routine quoi. Bonne journée.

Elle attrapa son ami par le bras pour le diriger vers la sortie, une fois loin, elle se mit à ricaner. Des fois, terroriser les gens lui offrait toujours ce petit sentiment de satisfaction... vous savez, un peu comme tourner le dos au panier et mettre la balle dedans. Elle lui offrit un petit coup sur l'épaule -routine de cool kid- en gardant son regard sur son bracelet.

-J'te propose d'aller faire un tour au vaisseau d'notre cher Daryl. On a p't'être pas l'droit de fouiller le vaisseau sans... attestation ou appelle ça comme tu veux, mais j't'autorise à détourner le regard pour te donner bonne conscience.

Alors elles retournèrent sur les quais d'amarrage où se trouvait le magnifique cargo civil immatriculé 178-H239, un beau bijou un peu vieillot, taillé -quand vous avez l’œil- pour transporter vos plus belles épices et caisses louches. Maxence jeta un œil autour d'elle, Karm faisait le gai dans tous les cas. Elle dégaina et alluma sa vibrodague pour enfoncer la pointe dans une plaque, grognant durant l'effort, la carlingue grinça un instant avant de céder et laisser le métal retomber lourdement sur le sol. La blondinette s'éclaircit une seconde la voix avant de trifouiller dans la branlée de fils qui traînaient à l'intérieur et, quand elle eut arraché un processeur avec une certaine poigne, la soute s'ouvrit.

-J'ai bypassé le compresseur. … Nan j'déconne, j'lui ai juste foutu en l'air sa soute. Je parie sur un cadavre et des datapad porno. Ou juste du porno nécrophile. J'te jure, ce genre de truc, ça s'vend comme des p'tits pains.

Elle entra pour admirer une soute complètement vide, rien du tout. En naviguant à l'intérieur, elle termina dans la chambre personnelle du pilote où elle se mit à fouiller. Pas grand chose non plus, Daryl avait dû prendre ses affaires importantes avant de quitter le vaisseau. Puis, en ouvrant un tiroir, la mercenaire sortit un datapad, un vieux, qu'elle gigota, le regard plein de malice.

-Alors alors... oh... pas d'mot d'passe. À ton avis les cadavres sont en train d'pourrir depuis combien d'temps dans les vidéos ? Ah, nan, des mecs. Deux mecs. Elle enregistra discrètement les vidéos dans son bracelet. Ouais, donc, bon, pas grand chose, on ferait mieux d'aller jeter un œil à son domicile.

S'il n'y avait rien d'étonnant à trouver un cargo de contrebandier sans preuve, cela restait étrange, Daryl devait être un vrai professionnel pour ne pas laisser de chance à qui que ce soit de le coincer. Elles se rendirent donc au domicile de Daryl, qui plus est un appartement à cinq minutes de marche du spatioport, troisième étage, porte 324 bis. Dans les escaliers, Maxence lança un regard en coin à son ami.

-J'tenais à t'signaler qu'c'est toi qui m'invites à tes p'tites fêtes de Jedis dans les affaires louches. Le jour ou j'aurais besoin d'toi pour écouter la sève couler dans les arbres, j't'appellerai. Oh la vilaine. Par contre, j'attends toujours mon rendez-vous galant sur Dantooine. Bon, d'accord, c'est p't'être pas galant, mais j'attends mon passage éducatif chez les mioches. Puis nouvelle hésitation. Après ça peut être galant s'tu veux.

Surtout qu'elle avait peut-être plus de choses à lui confier qu'il ne pouvait l'imaginer. L'éléphant dans la pièce : le bout mécanique qui replaçait son bras droit transpirait les saloperies qu'elle avait fait subir au couple ce jour là, dans le théâtre de Pine Point 86.

Arrivée à la porte, la blondinette frappa trois fois son poing contre la porte. Pas de réponse. Elle appuya gentiment sur la sonnette, parce qu'elle n'aimait pas faire les choses dans l'ordre. Encore une fois, pas de réponse. Après avoir insisté avec quelques coups supplémentaires, elle se décida à fracasser le boîtier d'ouverture de la porte pour forcer l'ouverture, comme seul son doigté délicat savait le faire. Une fois ouverte, une atroce odeur s'échappa de l'endroit, forçant la mercenaire à enfoncer son nez dans son coude. L'appartement sentait comme si le propriétaire avait laissé ces œufs brouillés à la merde cuir trop longtemps.

-Putain, ça pue la mort. Elle fit quelque pas pour atteindre le salon, se stoppant net. Ah, j'ai trouvé la raison. Un pendu. Bordel, ce type doit être accroché là depuis un bout d'temps. De dos à elle, Maxence posa sa main sur son épaule pour le tourner et voir son visage. J'crois qu'on a un problème. Son bracelet afficha la tête de Daryl, celle de l'affiche de recherche impériale. Daryl est un Humain, pas un Zabrak. J'avais p't'être pas tort sur les penchants nécrophiles.
Karm Torr
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J’te prie d’être assez aimable pour respecter la loi, enjoignit Karm quand ils furent arrivés au pied d’un vaisseau qui, à n’en pas douter, contenait tous les secrets nécessaires pour finir leur enquête avant l’heure du goûter.

Et sur ces bonnes paroles, le Jedi enfonça les mains dans ses poches et tourna le dos à son amie, pour la laisser vaquer à ses occupations, dont il serait bien incapable, chacun s’en doute, de soupçonner qu’elles soient illégales.


Les petits écarts de ce genre ne bouleversaient guère le Jedi, dont le rapport avec la République et ses législations étaient toujours un peu lointains. Sa vie, il la passait pour l’essentiel aux marges du territoire républicain et même au-delà, là où les lois ne s’appliquaient pas, et au fond, il avait toujours considéré que, pour un Jedi, la Justice devait primer sur la Loi.


Prends ton temps, surtout, dit-il dans son comlink alors que Maxence le tenait au courant de ses avancées.


Et puis, quand la jeune femme l’informa de sa découverte d’une vidéo avec deux messieurs que les élans d’une affection mutuelle poussaient à une passion de la gymnastique comme on en voit peu, le Jedi rougit dans son coin et hasarda :


Faudra peut-être qu’on, euh… La regarde. Au cas où ça, euh… Contienne des preuves. Genre. Encryptées dans l’image.


C’est un professionnalisme qui fait chaud au coeur.


Mais pour l’heure, d’autres découvertes les attendaient.
Pendues, les découvertes.
Et odoriférantes.


Si tu veux mon opinion médicale, fit le Jedi en tournant autour du Zabrak, je dirais qu’il est mort.


Après des performances comme celles-ci, qui a besoin d’un médecin légiste ?


De fait, c’est plein d’asticots, poursuivit-il en soulevant précautionneusement les vêtements du macchabée. J’suis pas un spécialiste, mais je dirais que ça fait bien quelques jours déjà. Bon, on appelle les flics.


La demi-heure qui précéda l’arrivée des policiers fut néanmoins consacrée à la fouille de l’appartement de Daryl, avec un succès fort limité. C’était aussi soigneusement nettoyé que le vaisseau, et plus encore même, parce qu’ils ne découvrirent aucun datapad avec des barbus soudés par une franche camaraderie.


Inspecteur Yekelin Ottolo, claironna une voix joviale dans le salon. Y a quelqu’un ?


Maxence et Karm refirent leur apparition dans la pièce principale, après avoir retourné sans succès tous les placards de la cuisine.


Ah, excellent ! C’est vous, les Jedis ?


L’inspecteur Ottolo avait sans doute un peu moins de la trentaine, la peau d’un bleu charmant, fin et élancé, comme la plupart des Etti. La vue d’un cadavre putréfié qui tombait du plafond le remplissait manifestement de joie et, quand il eut étudié les papiers de Maxence et de Karm, il se frotta les mains avec enthousiasme.


Mon premier cadavre, expliqua-t-il tout excité, En tant qu’inspecteur, tout du moins. Donc, vous avez trouvé des signes d’effraction dans le couloir…
Euh… Ouais. Totalement. Le boîtier cassé et tout ça.
… et, alertés par l’odeur, vous êtes rentrés. Mais vous vous attendiez à trouver quelqu’un d’autre ?
Un contrebandier du nom de Daryl, qui trafique entre Lianna et Troiken.
Je vois, je vois, je vois. Vous voyez, ça ?
Ouais, je vois.


(Tout le monde voit.)


C’est quoi ?


L’Etti avait soulevé de la pointe d’un stylet la manche du malheureux Zabrak, pour, révéler un tatouage que l’on devinait encore, malgré la peau déformée par la putréfaction.


La marque du Nexus de l’Enfer.
Un club de tricot ?
Un gang de motards qui a établi ses quartiers généraux dans un bar du quartier Onarki. Trafic de drogues, recel de motojets, vol et contrebande de matériels de l’armée.
Des armes ?
Non, du médical, des rations, le genre de trucs que les fournisseurs livrent aux bases militaires. Ils interceptent les convois, graissent la patte aux dockers, ce genre de choses. On est clairement pas du niveau d’un kajidic, mais pour nous, à l’échelle locale, ça reste un sacré problème.
J’imagine. Une idée de qui c’est ?


Ottolo se tourna vers l’officière de la police scientifique qui l’accompagnait, et qui venait justement de scanner le Zabrak sous toutes les coutures, pour interroger les bases de données de Lianna.


Rak le Crack.
Classieux.
Vingt-quatre ans, arrêté deux fois pour violence aggravée, un gros bras des Nexus.
On dirait que votre contrebandier a eu des démêlés avec vos motards, qui lui ont envoyé monsieur et qu’il l’a liquidé.


Et justement, Rak le Crack était en train de se liquéfier petit à petit. Comme quoi, le monde est bien fait.


Drôle de façon de s’y prendre, observa Karm.


La policière scientifique haussa les épaules.


Oh, vous savez, les gens aiment l’originalité. Une fois, j’ai vu une femme pliée façon origami.


Un silence pensif suivit cette intéressante évocation.


Venez, dit Ottolo. On va interroger la brigade qui s’occupe de surveiller les Nexus et voir s’ils n’ont pas plus d’informations sur votre Daryl. Et avec un peu de chance, si on l’attrape, il acceptera de se retourner contre eux.
Ouais ben niveau se retourner contre eux, j’voudrais pas parler à la place de Rak le Crack, mais j’ai l’impression que c’est pas mal déjà fait, hein…
Maxence Darkan
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Juste avant de partir rejoindre la brigade, Maxence sollicita l'attention de l'officière scientifique d'un petit coup de coude furtif en pointant le pendu.

-Il est mort de pendaison, ou Daryl l'a placé après ?

-Hm... difficile à dire. Vous voyez son nez ? Bon sang, oui, elle voyait. Il a été brisé par un coup de poing, sûrement, pas de trace d'arme contondante. Ce qui est étrange, c'est qu'il n'y a pas d'autres coups apparents sur le visage et briser un nez n'assomme pas une victime. Il faudrait une autopsie plus approfondi pour savoir.

-Il l'a étranglé, avec son coude. Elle mima le geste de son bras avant de ressentir le besoin de se justifier. Ouais, euh, je suppose, j'ai vu ça dans des films. Bref, j'dois aller voir la... brigade qui... à plus.

Ça paraissait plutôt évident, mais la blondinette voulait s'assurer d'une chose, Rak le Crack était un message envoyé aux motards. Le contrebandier devait être un sacré phénomène, sûrement avec la trempe de Maxence, dans le genre increvable et à faire passer les messages les plus crades si nécessaire, autant dire qu'elle était excitée à l'idée de le rencontrer celui-là. Au final, elle suivit son ami et l'inspecteur en direction de cette fameuse brigade qui leur apportera, l'espérait-elle, des précisions suffisante pour les faire avancer. Ottolo les invita dans sa voiture de fonction, au volant, il s'assura d'avoir engagé le véhicule pour reprendre la conversation.

-Votre Daryl, vous le rechercher pour une raison particulière ? Ou simplement de la contrebande ? … Bon, maintenant c'est le suspect numéro un d'un meurtre, donc...

-On l'cherche principalement pour des affaires de contrebande. Il a jamais eu affaire à vous avant ? Et il risque vraiment quelque chose pour avoir tué s'type ? J'veux dire, visiblement, il l'a cherché.

-On ne fait pas justice nous-même ici, mademoiselle. Ah, oui, elle avait oublié ce genre de détails juridiques. Sinon, ce Daryl ne me dit rien du tout, la brigade a peut-être entendu parler de lui. Les Nexus de l'enfer ne sont pas ma spécialité, vous voyez ?

Mais elle voyait foutrement putain de bien figurez-vous, trop, de son point de vue et bientôt, elle se crèverait les yeux. Elle préférait encore imaginer mille femmes origamis plutôt qu'on lui demande une nouvelle fois si elle voyait.

Le speeder de l'inspecteur s'arrêta quelques minutes plus tard devant le post. Le trio entra, Ottolo menait la marche et s'occupait de leur faire passer tout le blabla habituel, n'ayant qu'à présenter leur carte de membres de l'Ordre Jedi, ils purent avancer dans les locaux. Ils enfilèrent un couloir, puis deux, direction l'anti-criminalité avant de terminer dans un large bureau où quatre personnes jouaient aux cartes. En les voyant entrer, ils se précipitèrent à leur chaise.

-Charlie, tu peux m'envoyer le dossier sur la série de cambriolage des lotissements à l'Est de la ville ?

-C'est bon les gars, détendez-vous, on est pas là pour une inspection surprise. Je vous présente Maître Torr et sa consultante Maxence Darkan.

-Nan, laissez-moi reformuler, j'suis la consultante Maxence Darkan, et voici mon Jedi, Maître Torr. J'vais vous la faire courte, on cherche des méchants pas gentils pour trouver un autre méchant pas gentil.

-Hé ! S'exclama l'un d'eux, enthousiaste. C'est notre boulot de trouvé des méchants pas gentils, ça tombe bien.

-Ouais... Donc. Les Nexus de l'enfer ça vous dit quelque chose ?

-On est dessus. Vous cherchez des infos sur eux ? Ou vous avez quelque chose de nouveau ?

-Un peu des deux en fait.

-Rak le Crack c'est fait tuer. De ce que m'en ont dit nos deux invités, un contrebandier nommé Daryl aurait fait le coup.

-Daryl N'igamate. Elle leur montra l'affiche. Il est principalement recherché dans l'Empire, je sais pas c'qui l'en est ici.

Elle savait, il n'était pas recherché, elle avait suffisamment de personnes qui la maintenaient dans leur collimateur pour lui rappeler de ne pas montrer ses combines à n'importe qui, surtout pas les autorités.

-Hm, nop, délits mineurs, état d'ébriété sur la voix publique, implication dans des bagarres de bar, outrage à agent et glandouillage intensif. Il a payé toutes les amendes, rien d'incroyable en soit. Le corps de Rak a été retrouvé où ?

-Dans l'appartement de Daryl.

-Ah, oui, fallait peut-être commencer par là. Mais bon. Haussement de mains. Votre Daryl nous est inconnu. On a suivi les Nexus de l'enfer pendant très longtemps, on connaît la plupart de leurs affiliations, mais pas de contrebandier. Rak, quant à lui, était connu pour envoyer des messages, et par « messages », je veux dire visages défigurés. Je sais pas trop comment Daryl a pu nous échapper, les cartes sur la table lui disaient le contraire, mais vous pouvez être sûrs que le gang le recherche maintenant.

-Donc, si j'ai bien compris, il suffit de trouver le gang pour trouver Daryl. Hochement de tête quasi général. Et vous savez où le gang se trouve ? Encore. Donc pourquoi vous êtes pas déjà partis les cueillir ?

-C'est plus compliqué que ça en a l'air. Les opérations de démantèlement de gang sont lourdes et très techniques. Ça demande énormément de préparation, avec collecte d'informations, repérage, infiltrations, et cetera.

-En plus, les Nexus de l'enfer ne sont pas que basés dans un quartier. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a certes leurs quartiers généraux à Onarki, mais il y en a d'autres.

-Karm, dis-moi qu'tu penses la même chose que ta magnifique consultante ?
Karm Torr
Karm Torr
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J’pense que je me ferais bien une petite salade de fruits.


Un regard circulaire suffit à lui confirmer que ce n’était pas trop de ça dont il était question.


Ouais, ou, sinon, qu’on peut les infiltrer, nous, ces motards, s’il faut. Je suis sûr que vous manquez de…


Professionnalisme ?


… personnel ?
Hmm…
Il faut avouer que vous avez le look.
À défaut d’avoir le physique.
Dites donc !
Mais est-ce que vous vous débrouillez avec un speeder ?
Ouais.
Je parle de conduite un peu sportive, hein.
Ouais ouais.


« Un peu sportive » était un euphémisme pour désigner le style de Karm, un peu comme « vaguement irritable » pour parler des rancors.


Les inspecteurs échangèrent des regards encore fort circonspects, mais il leur paraissait difficile de refuser quelque chose à un Maître Jedi, encore plus quand celui-ci se proposait en substance de faire une partie de leur travail à leur place, en prenant tous les risques.


Bon, on doit avoir deux ou trois identités toute faites relativement utilisables.
Relativement ?
Vous inquiétez pas, s’exclama Ottolo avec enthousiasme ! Ces gars-là sont des pros !


Karm croisa le regard de Maxence, puis considéra les cartes, avant d’opter pour un silence d’une prudente politesse. Quelques secondes plus tard, on leur fourrait des datacartes d’identité dans les mains.


Vous, dit-il en commençant par Maxence, vous serez Galia Blade, une mercenaire de Coruscant venu se faire une clientèle dans la Bordure. Une femme qui bouscule les codes et ne se laisse pas marcher sur les pieds, habituée à fréquenter les bars douteux. Est-ce que ce ne sera pas trop difficile à interpréter ?
J’pense que Max’ va trouver le moyen d’incarner ce rôle de composition.
Parfait, alors. Et vous, poursuivit-il en se tournant vers le Jedi, vous serez Céleste de Saint-Orage…
Euh…
L’ancien esclave sexuel d’une Hutt, qui a été racheté par un riche homme d’affaires. Vous l’avez assassiné en plein ébat et désormais, vous menez une vie de cambrioleur en utilisant vos charmes pour vos introduire chez vos victimes.
Vous les trouvez où, vos identités d’emprunt ? Dans des persos de fanfics ?
C’est un travail très sérieux, je vous ferais dire…
Ces gars-là sont des pros !
… fondé sur des données statistiques de sociologie criminelle, des observations psychologiques, des…
Ouais, bon, OK, c’est bon, marmonna Céleste de Saint-Orage en empochant sa nouvelle identité.
Parfait, se réjouit l’inspecteur. je vous conseille de commencer par Le Graisse-Droïde. Ce n’est pas leur bar principal, mais vous trouverez des gens qui y traînent et puis c’est près de l’astroport. Moins suspect pour des gens qui débarquent.
Soit. Merci pour votre aide, euh… Précieuse.
Ces gars-là sont…
… des pros, ouais, on est au courant.


L’heure qui suivit fut consacrée à un exposé condensé de ce que la brigade avait rassemblé jusque là sur le gang de motards. En réalité, l’architecture de l’organisation était bien délimitée, mais il manquait souvent des visages sur des noms, le numéro des comptes en banque où finissaient les profits, et les preuves associées à tout ce trafic.


Concrètement, il ne nous faudrait pas grand-chose, conclut l’inspecteur, pour aller de l’avant. Mais faute de savoir qui placer sur écoute précisément, quelle banque surveiller, ce genre de choses…


Karm hocha la tête. Son intention n’était pas de s’immerger entièrement dans cette enquête, mais s’ils pouvaient donner un coup de pouce en passant, ce ne serait pas plus mal. Le Jedi récupéra de la lecture, avant de se laisser guider avec son amie hors du bâtiment.


Je vais voir ce que je trouve de mon côté en dehors de ces histoires de gang. On ne sait jamais, il y avait peut-être d’autres motivations. Ces histoires de gang pourraient être une coïncidence, mieux vous couvrir toutes les possibilités. Si vous avez besoin de quoi que ce soit…
Merci, inspecteur.


Les deux hommes se serrèrent la main, puis Ottolo salua Maxence à son tour, avant d’embarquer dans son propre speeder.


OK, donc, je suis encore une fois victime de mon sex appeal. C’est plutôt ton milieu, je propose que tu donnes le ton, et je vais me contenter d’être mystérieusement séduisant à tes côtés.


Le Jedi fit sa plus belle duckface, avant de laisser le volant à Maxence. Une escale par leurs propres appareils fut cependant nécessaire, le temps pour le Maître de remiser ses sabres laser, qui ne manqueraient pas de susciter bien de la perplexité si l’on venait à le fouiller.


Le Graisse-Droïde était un bar d’astroport comme on en faisait tant d’autres à travers la Galaxie : côté dockeurs pas côté voyageurs, il abritait une population hétéroclite où se mélangeaient les hommes de peine des cargos marchands, qui menaient une vie marginale mais au fond parfaitement légales, et tout un peuple de gens un peu plus suspects, qui touchaient aux petites magouilles moitié par nécessité, moitié par opportunisme.


Personne ne fit vraiment attention à leur arrivée. Les voyageurs de passage, ce n’était pas ce qui manquait. Un hologramme poussif diffusait une course de pods qui échauffait apparemment les esprits d’un petit groupe agglutiné à un bout du zinc.


Plutôt un bon endroit pour commencer à pécho du motard, souffla Karm à sa complice.
Maxence Darkan
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-J'peux t'mettre une main au cul ? Pour rentrer dans mon personnage ? Profiteuse. J'peux l'faire avec ma prothèse, vu qu'je sens rien, ça compte pas.

Un jour, elle irait en prison pour avoir prononcé ce genre de phrase. Une bonne ambiance de bar comme elle les aimait : les gens parlaient fort sans pour autant se tirer la tronche, des rires d'un côté, des rires de l'autre, pas pour autant tendue, l'atmosphère était l'insouciance criminel. Bon, il n'y avait pas que des motards, mais Maxence se souvenait du tatouage que portait le Zabrak, elle les reconnaîtrait rapidement. Une lumière rouge embrassait tout le bar, de l'entrée, en passant par l'hologramme des courses, jusqu'aux toilettes, le ton était donc donné.

Les -magnifiques- prunelles de Maxence parcouraient ainsi chacun des visages avec un intérêt tout particulier porté, premièrement aux vêtements, deuxièmement aux bras et aux cous, parce que les tatouages étaient très souvent plantés là. En enroula son bras dans le creux des reins de Karm pour ne pas le perdre, elles firent quelques pas et la blondinette stoppa la marche en admirant un groupe de quatre -magnifiques- motards. La description collait à l'imaginaire, blouson en jean sans manche, barbes -pour ceux qui pouvaient en posséder- et bandana pour les plus originaux. Il n'y avait pas plus motards que ces motards là, le genre de types qui devaient casser des gueules suffisamment fort pour laisser des maux tard, sans compter qu'ils devaient posséder de superbes motos, vous avez la suite, je prononce peut-être les mots tôt alors passons au duo.

J'en étais où ? Oui, donc, Maxence, ou devrait-on dire Galia, tira monsieur de Saint-Orage dans les toilettes pour femmes. La tronche de Karm passait à la perfection dans ce lieu intime et si vous n'êtes pas convaincu, mettez donc un « e » à la fin de son prénom. Lesdites toilettes étaient vides, sûrement parce que les femmes n'appréciaient pas traîner dans le coin et la mercenaire s'attela à se mettre à genou devant son ami.

-C'est bon, garde ta braguette fermée. Bon, d'accord, tu peux l'ouvrir, mais on est pas là pour ça. Elle retira le holster de sa cuisse droite pour la mettre autour de celle de Celeste. T'inquiète, t'auras pas besoin d't'en servir, y' suffit d'le prendre en main et crier des trucs en faisant des gestes menaçants.

Si les sabres laser n'étaient peut-être pas les bienvenue en ces lieux, les blasters étaient tout à fait acceptés, pour plusieurs raisons, mais surtout de place. Puis, en se redressant, elle lui présenta tout de même l'arme.

-En cas d'problème, ça, c'est la sécurité, ça sert à rien, mais c'est bon à savoir. Ça, c'est la gâchette, ça sert à faire piou piou, ok ? Pas swouch-cabam. Piou piou. Vise pas, tire dans vers le bas. Et... évite les couilles, on est des tueurs, pas des montres.

Un minimum. Elle prenait les rennes, se genre de situations, celles avec des gens potentiellement violents possédant des informations faisant grincer des dents, c'était son train-train quotidien. Autant dire qu'elle aimait beaucoup Galia Blade, étrangement, cette identité lui rappelait quelqu'un : la chanteuse d'un groupe de Reggae Twi'lek.

Les membres des Nexus de l'enfer s'alignaient le long du comptoir en enchaînant les bières et les rires gras. Galia se glissa entre les deux de l'extrémité avec tact, laissant Celeste maintenir ses arrières en ordre. Les hommes se tournèrent vers elle, quelque peu perplexes. Ils échangèrent chacun des regards.

-S'cusez nous mademoiselle ? Tenta l'un d'eux. On peut vous aider ?

-Eh bien, fit-elle en se tournant machinalement avec une tête faussement étonnée, figurez-vous qu'c'est l'cas, oui. La perplexité laissa place à de l'intriguilité... intriguité... de l'intrigue. Je cherche un monsieur un peu particulier. Dans l'genre, un mètre quatre-vingt-sept, cheveux noirs, yeux marrons, un contrebandier, qui plus est : Daryl, ça vous dit un truc ?

-Tire-toi d'là. En conclut-il sobrement. Ou j'te pète ton bras restant.

Admit-il légèrement trop vite.

-Hm... très mauvais choix d'mots. J'adore.

Elle lui envoya son pied dans le genou pour le faire chuter, attrapant rapidement l'arrière du crâne de l'homme derrière elle pour lui écraser contre le comptoir. En se retournant, la blondinette, dont l'adrénaline montait plus vite au cerveau que de la cocaïne dans les narines d'un Hallyday, esquiva in extremis un coup de poing. Elle saisit le poignet de l'assaillant avant de frapper de toutes ses forces dans son articulation -dans le mauvais sens, évidemment-, causant sûrement un peu plus qu'une simple douleur bénigne. Elle écrasa, pour terminer, son talon dans la face de celui qui l'avait menacé en premier lieu, ce qui, de ce fait, ne définit pas les actes de Maxence comme de la légitime défense, mais bien une agression pure et simple.

Le dernier, ce petit coquin, était déjà en train de détaler vers une porte d'employer.

-Celeste, mon amour, surveille nos nouveaux copains, j'arrive tout d'suite !

Elle bondit sur ses appuis pour se lancer dans une course poursuite effrénée avec le motard. Traversant les cuisines puis les vestiaires, ils se retrouvèrent à l'extérieur ou notre chère victime se décida à dégainer son arme pour tirer sans sommation sur la mercenaire qui se plaqua contre un mur.

-Aller mon grand, j'veux juste parler.

-On a rien à s'dire, espèce de tarée !

Monsieur, je ne vous permets pas. D'ailleurs il venait de tomber à sec et jeta négligemment son arme avant de courir, corps et âme, dans un cul de sac. Lorsqu'il fit face au chemin par lequel il venait, c'était la silhouette de Galia Blade qui lui cachait sa dernière lueur d'espoir.


***

-Celeste ! Mon amour ! Je suis rentrée ! La blondinette rentra dans le bar en traînant un motard gémissant, à deux doigts de s'évanouir. On mange quoi pour dîner ?

Alors certes, le but était premièrement de récolter des informations, mais il faut penser à faire du sport pour maintenir sa ligne et, maintenant qu'ils ne pouvaient plus gesticuler, c'était mille fois plus simple de les interroger... et potentiellement de se retrouver avec le reste du gang qui rapplique pour tirer dans tous les coins. Simple détail.
Karm Torr
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Je sais comment marche un blaster, hein, marmonna le ravissant Céleste de Saint-Orage, tandis qu’on tenait à l’équiper. De toute façon, je me bats pas, moi, j’suis un esclave sexuel reconverti.


En toute logique, il devait se préparer à utiliser ses dons en danse du ventre pour hypnotiser leurs adversaires éventuels.


À chaque fois qu’on m’envoie sous couverture, j’dois interpréter un prostitué, j’me demande si les gens essaient de m’envoyer un message, n’empêche. Perpétuellement victime de ma sensualité débordante, si c’est pas malheureux, ça…


Et quelques minutes plus tard, ce fut une avec une sensualité débordante qu’il s’occupa de surveiller les motards amochés et diversement ensanglantés que Maxence avait semés derrière elle. Les gens du bar adoptaient pour les uns une indifférence pleine de nonchalance, signe que les bagarres ne devaient pas être si rares, et pour les autres une distance de sécurité, parce qu’on ne sait jamais.


On a un différend sur les paris sportifs, expliqua-t-il à tout hasard à ceux qui le regardaient avec un peu trop d’insistance, pendant que devant lui, ça geignait dans tous les coins.


Toute cette violence lui paraissait superflue, et il aurait certes préféré que son amie adopte des méthodes pleines de tact, mais c’était trop tard désormais et mieux valait tenir son rôle.


Vous êtes des putains de cinglés, lui reprocha douloureusement l’une des victimes.
Il paraît.
Encore des junkies.
Non non. Elle est comme ça au naturel.
Ça doit être sportif au lit, lança une voix goguenarde d’un peu plus loin, parce que le malheur des autres rend toujours joyeux.


Karm jeta un coup d’oeil par dessus son épaule.


Euh… Ouais. On pratique l’érotisme façon techniques de Stava.


Pas le temps de fournir plus de précision sur cette romance musclée : Maxence revenait avec sa prise et tout le monde eut l’air soudain très absorbé par les courses, par ses discussions ou par son verre, n’importe quoi qui permettait d’éviter soigneusement le regard de la mercenaire.


C’est à cette heure-ci que tu rentres, fit le Jedi ?


Avant d’aider son amie à tracter les motards dans un coin.


Donc. Daryl.
Mais qu’est-ce que vous lui voulez, à Daryl ?
On te demande si c’est pour que les oiseaux se voient dans le miroir que tu te rases le crâne ? Non ? Bon. Alors, Daryl ?


Les hommes échangèrent un regard circonspect, avant de considérer Maxence, de penser à leurs articulations survivantes et d’opter pour la stratégie la plus prudente.


Daryl, il est recherché par notre gang, commença l’un d’entre eux. Vous avez pas envie de marcher sur nos plates-bandes. Machine nous a…


Karm se racla la gorge.
Ostensiblement.


Madame, corrigea le barbu, nous a pris par surprise, mais avec les autres, ce sera pas pareil.
C’est gentil de vous inquiéter pour notre sécurité, mais on va dire qu’on est prêts à tenter le coup.
Si vous voulez le protéger, va falloir être plus que deux.
On veut pas le protéger.


Aussitôt, les visages se détendirent, dans la mesure du possible, compte tenu des blessures distribuées.


Ben fallait le dire plus tôt, espèce de malades !
J’en déduis que vous le portez pas dans votre coeur.
Il a buté cinq des nôtres.


Karm échangea un bref regard avec Maxence.


Il a beaucoup de temps libre ?
Il se venge.
De… ?


Cette fois-ci, il y eut un nouveau silence pensif. Les motards se mirent à chuchoter entre eux.


C’est quand vous voulez…
Vous êtes des flics, reprit l’un d’entre eux d’un air soupçonneux ?
Vous la traitez de flic ? La vache, vous avez vraiment envie de vous faire tabasser, c’est pas possible…
Non non non non ! C’est pour vérifier !


Nouveaux chuchotis.
C’était un véritable conclave.


Daryl nous attribue la responsabilité de la mort de son mec.
Et il a raison ?


Ce fut tout une chorégraphie de haussements d’épaules évasifs.


C’était qui, son mec ?
Un civil.
Un genre d’acteur.
Mais pas très doué.
Moi, je l’avais trouvé plutôt émouvant.
Dans la pub pour la lessive ?
Ouais, voilà.
Et donc, il est mort comment, cet acteur ?
Mauvais endroit mauvais moment. Pris dans une fusillade.
À ce qu’il paraît.
Ouais, voilà, c’est ce qu’on a entendu dire, quoi.
Nous en vrai, on en sait rien.
Les rumeurs, tout ça.
Non et puis franchement, pour Daryl, qui aurait pu croire qu’un pédé serait aussi dangereux ?
Vous seriez surpris, commenta flegmatiquement le maître d’armes.


Il avait trop fréquenté les casernes militaires pour ne pas être résigné par de semblables remarques.


Et vous avez une piste ?
Mais qu’est-ce que vous lui voulez, vous, à Daryl ?
Il nous doit du fric, hasarda Karm, à qui il semblait que c’était l’excuse la plus générique et donc la plus plausible.
Ah, parce qu’en plus c’est un arnaqueur ?
Dingue qu’on puisse plus faire confiance à personne dans le milieu du crime, hein, ironisa l’Ark-Ni. Et donc ? Une piste sur sa localisation ?
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Son maître en techniques Stava, le grand Tanlo Jakobi lui avait dit un jour : « Alors je vais t'apprendre à péter des bras, à un rythme industriel » un homme de culture, donc, qui offrit, par le biais d'entraînements plus ou moins graves sur l'échelle de la torture, sa connaissance martiale. La question de Celeste resta une seconde en suspens et Galia, juste derrière, les bras croisés et sa tête de méchante commençait tout juste à perdre patience. Alors elle s'approcha, ses mains longèrent son corps et ses poings se serrèrent en même temps que sa mâchoire.

-Le Desidera, il est p't'êt' au Desidera. C'est un motel abandonné à trois blocs d'ici. Y' a un gros panneau avec une main qui claque des doigts, la peinture est effritée, vous pouvez pas l'rater.

-Pourquoi là-bas ?

-Il a prévu d'faire la peau à l'une des nôtres, mais elle s'est préparée, à mon avis, s'il s'y est rendu, il est déjà mort.

-Tu vois, fit-elle a son ami, la violence n'est pas une réponse, la violence est une question... et la réponse est oui. On ne résout pas les problèmes avec la violence, on les évite. J'pense que j'ferais une super maman, on appellera nos gosses Edmounte et Luigi.

-T'es une vraie tarée ma parole, t'aurais pu simplement nous l'dire que vous l'cherchiez pour lui faire la peau, pas la peine de péter des bras et des gueules pour ça.

-Oh, ouais, toi d'ailleurs. Elle se pencha en dégainant son arme pour lui coller sur les testicules. Tu sais, j'pense que les insultes c'est important pour se faire comprendre, mais j'vais t'parler en tant qu'goudou, si jamais j'apprends qu'tu balances encore une insulte comme ça, j'te fais sauter les couilles et j'te brise la nuque... deux fois... ensuite j'traîne ton corps dans la boue... puis j'te démembre... et j'cache tes membres dans p'tits sacs plastiques, tu sais ? Les trucs hermétiques, là, les ziplocs, pour garder la nourriture fraî...

-On a pigé. On arrête les insultes sur les pédés... les homosexuels.

-Cool, super. Elle se redressa, une vraie femme avec de vraies valeurs. On en était où ? Ah oui, merde, Daryl. Pourquoi on l'cherche ? Oh, bordel, professeur Pustule, j'l'avais oublié. En route l'argenté, on a du contrebandier sexy à arrêter.

Tous dans la Jedi mobile ! Franchement, elle n'en avait rien à foutre des motards, de son côté, elle se contenta de les laisser batifoler avec leur bras péter et leurs nez cassés. Maxence s'était occupée de taper le nom de l'établissement et de trouver sans aucun problème le motel en question. Pas le temps d'aller chercher les sabres de Karm, le temps était peut-être compté et, qui sait, ses radis urbains leur sauveront sûrement la vie. La blondinette s'arrêta un petit peu avant le parking en pointant un speeder garé plus loin, à la va vite, visiblement.

-On tient notre homme. Tu remercieras mes talents de négociatrice plus tard.

La mercenaire prit la tête, blaster en main, elle entra dans le vieux bâtiment, la plupart des vitres étaient encore en état, la façade commençait à prendre le coup du temps. Évidemment, elle s'attendait à un comité d'accueil en passant la porte du hall, mais il n'y avait que des cadavres. Tous tués par laser(s) et entaille(s), une vibrolame.

-Wow. Admit-elle en se penchant sur l'un d'eux. Y' déconne pas.

Alors les enfants, comment qu'on fait pour trouver un tueur en quête de vengeance ? On suit les cadavres, bonne réponse. Maxence marcha à pas de louve sur la vieille moquette tacheté, enjambant les morts dans les couloirs. Son regard se figea sur une double porte au fond, vous savez, celle avec du sang dessus et des marques de brûlure ? Ce genre de porte. Son pied s'alourdit, puis, un tic significatif de « ça pue la merde ». Tout un mécanisme s'activa, avec des fils de pêche, des systèmes de balancier et de contrepoids. Maxence resta figée. Quand il arriva à la fin, rien ne se passa.

-Tien, il a pas eut l'temps d'le terminer. La porte s'ouvrit, une belle silhouette en émergea, sa tête se pencha sur le côté. Daryl ?

Tir de fusil. Un fusil lourd. La blondinette fut projeter plusieurs mètres plus loin. En se redressant, elle caressa l'arrière de son crâne, elle était tombée dessus et le coupable venait de s'enfuir en courant.

-Merde... j'commence à tomber amoureuse. T'inquiètes, indiqua-elle à Karm, les boucliers ça vaut toute la Force du monde.

Sacrée Side-Kick. Le tir était tout de même suffisamment puissant pour surcharger le bouclier sur le coup, il n'encaisserait pas un second. La dite Side-Kick bondit sur ses jambes pour courir après Daryl qui montait désormais les escaliers avec une belle avance. Les tirs s'enchaînèrent pour ralentir la blonde et l'argenté qui lui collaient au cul et, une fois rentrée dans une chambre, il brisa la vitre pour sauter du premier étage avant d'atterrir avec une magnifique roulade. Il allait s'enfuir dans son speeder.

-Karm ? Conduite musclée ?
Karm Torr
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La vache, commenta le Jedi après le vol plané de son associée. Les gens sont hyper nerveux, sur cette planète.

D’ailleurs, non content de saloper toute la moquette, Daryl se permettait en plus de pulvériser des fenêtres.

Ça se voit que c’est pas lui qui va faire le ménage, compléta Karm avant de s’élancer en compagnie de Maxence en direction de leur speeder, puis de bondir à la place de pilote.

Le moteur eut une protestation plaintive quand on le poussa aussitôt à plein régime et le speeder, lui, fit un saut en avant, plaquant ses deux passagers contre leur siège. La course-poursuite était lancée. Le contrebandier ne cessait de jeter des regards par-dessus son épaule.

Faudrait voir à ce que ça dure pas trop longtemps, parce qu’il doit être meilleur pilote que moi, et puis il connaît bien le terrain.

En attendant, l’Ark-Ni avait un avantage tout de même précieux : la Force. Daryl, confiant en ses aptitudes, cherchait à les conduire vers les bas-fonds surpeuplés de Lianna City, en espérant perdre ses poursuivants dans le trafic, mais les réflexes surhumains du Jedi s’accommodaient à merveille de ce nouvel environnement.

En vérité, Karm ne s’était livré à de pareilles tentatives que dans des simulateurs, en se fondant sur une prescience encore fragile dont il ne maîtrisait pas toujours l’expression. Mais l’adrénaline ce jour-là venait à son secours, alors que de fraction de seconde en fraction de seconde, il anticipait les mouvements du contrebandier et des autres chauffards.

Plus d’une fois leur speeder passa si près d’une façade qu’on entendit un frottement métallique et plus d’une fois aussi, Daryl les força à une descente en piquée où les moteurs le disputèrent à la gravité. Mais, en voyant que les deux autres rattrapaient du terrain, l’homme décida de modifier sa stratégie. Une brusque embardée plus tard, il disparaissait dans un parking souterrain.

Le Maître Jedi imposa à son speeder un dérapage aérien à vous faire regretter d’avoir déjeuner, en fonçant dans l’immeuble à sa suite.

Oh oh.

Daryl avait abandonné sa propre machine en plein milieu et Karm ne sut que freiner des quatre fers dans un moment de panique. L’arrêt fut si violent que les airbags à champ répulseur se déclenchèrent pour que les deux passagers s’enfoncent nez le premier dans un coussin invisible.

Hmmfmf, s’exclama Karm avant de désactiver le dispositif de sécurité pour répéter. L’ascenseur !

Et en effet, Daryl courait à toutes jambes vers un turbolift.

Le Gardien bondit hors du speeder et se mit à la courser avec une vitesse phénoménale. L’ascenseur avait l’air indisponible. Daryl bifurqua vers la porte des escaliers. Karm franchit les quatre derniers mètres dans un bond extraordinaire pour s’interposer entre l’homme et son but.

On a des ques…

Le Jedi eut à peine le temps de se pencher sur le côté pour esquiver le coup de poing qui finit dans la porte métallique et le contrebandier laissa échapper un grognement de douleur.

Mais bordel, vous êtes un putain de cyborg, ou quoi ?
Je disais : on a des questions.

D’un geste de la tête, Karm désigna la mercenaire.

Je vous préviens, elle a un style d’investigation psychologique bien elle, c’est plus raisonnable de coopérer.

L’homme plissa les paupières.

Jedi, finit-il par dire. Vous êtes un Jedi.

Sur le territoire républicain, c’était l’explication la plus logique pour donner du sens aux performances suspectes d’un homme qui n’avait manifestement ni prothèse, ni implant. Karm pouvait voir dans les yeux de Daryl jouer les rouages d’un esprit calculateur, alors que le criminel envisageait la situation sous ce jour nouveau.

Vous êtes là pour Philéon.

C’était plutôt un hameçon qu’une déduction. Que les Jedis sachent ou non à propos du fameux professeur, c’était le plus gros poisson que Daryl avait à leur offrir en échange d’une relative immunité. La fuite lui paraissait exclue désormais : tenter de semer la mafia du coin, et la police, et l’Ordre Jedi, ça commençait à faire beaucoup.

Il fallait jouer avec les cartes qu’on vous distribuait.

Moi c’est Torr, fit Karm. Et elle, Darkan. Vous semez pas mal de cadavres sur votre chemin.
C’est eux qui ont commencé, répliqua le contrebandier en haussant ses épaules musculeuses.
À ce qu’il paraît, en effet. La police vous cherche partout.
Pour me remettre une médaille ?
J’irais pas jusque là.
Je fais le ménage.

L’homme les regarda tour à tour, avant de déclarer :

J’ai rien contre discuter, mais on va peut-être pas rester à découvert comme ça éternellement. C’est mal fréquenté, cette planète, vous savez.
On va au poste, vous serez en sécurité, là-bas.
Pour finir en taule avec la moitié de leur gang ? Non, merci bien.

L’argument était intéressé, mais il était loin d’être irrationnel.

Je veux l’immunité. L’immunité contre Philéon.
Et vous en avez dézingué combien, des gens, comme ça ?
Pas assez.
Hé ben dites donc…
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-J'suis pas d'accord. Oui. Non. Pardon ? J'emmerde les flics. Et j't'emmerde Karm. On leur doit que dalle à ces fils de pute. Ces sales cons sont seulement utiles quand y' s'agit d'faire ralentir les manières efficaces d'arranger les problèmes. Putain, vois les choses en face : des putains d'incapables. Si on emmène Daryl là-bas, ils le foutront en taule après lui avoir soutiré les informations qu'ils cherchent sans pour autant en branler quoi qu'ce soit. Elle le fixa, pupilles dans pupilles, sérieuse comme pas deux, pour la première fois, elle s'interposait réellement avec les plans de son ami. J'l'emmènerai pas au poste et si tu comptes le faire, alors va falloir goutter mes phalanges.

Comme chocolat pistache, mais version chair et métal. Ne nous le cachons pas plus longtemps, ce n'était pas le grand cœur de Maxence qui venait à la rescousse de cette homme qui avait perdu son amant. En fait, il y avait un peu d'elle... beaucoup d'elle. Bon, voilà, Maxence commençait à en avoir ras le cul de devoir faire équipe avec les flics, elle ne les aimait pas. Non. Elle les haïssait. Consultante en sécurité et renseignement ne voulait pas dire lèche cul des plus gros enfoirés existants et Daryl avait clairement raison, il faisait le ménage.

-J'suis désolée, ces enfoirés d'l'enfer l'ont bien mérité et j'ai aucune pitié pour ces mecs là, pas plus que pour les poulets. Alors si on monte dans ce speeder à trois pour aller au poste, ce sera uniquement pour me rendre à la police une fois qu'j't'aurais péter tes quatres membres... cinq membres... tes couilles, tu comptes ça pour deux, ou pour un ?

-Sinon... on peut retourner à mon vaisseau, c'est... plutôt sûr. Il balança son regard entre les deux. Non ?

-Si, si. Bonne idée, Daryl. Bonne idée.

Ça n'en avait pas l'air comme ça, mais, avez-vous remarqué que les autorités avaient tendance à la mettre en colère ? Ils étaient donc retournés au vaisseau du contrebandier, la blondinette s'imposant au volant du speeder, sans dire un mot. Quelques minutes plus tard, à trois autour d'une petite table à l'intérieur du cargo, Daryl avait les mains jointent proche de sa bouche.

-Et donc vous avez cassé la porte de ma soute.

-J'l'ai cassé. Mais y' m'a regardé faire. C'était le meilleur moyen de savoir où tu t'trouvais et on... a... disons, récolté des informations qui nous ont... beaucoup éclairé.

-Vous avez trouvé mon datapad pornographique ?

-Quoi ? Enfin, c'est absurde !... Il la fixa longuement. Ouais, on l'a trouvé.

-Bon, écoutez, j'ai besoin que vous m'assuriez d'une immunité complète contre Philéon.

-Nan. 'fin, si, peut-être. J'ai aucune sainte putain d'idée de c'que ça veut dire en fait. Le truc, c'est qu'on est d'ton côté... du moins, je suis d'ton côté. Si tu nous expliques c'que toi et l'professeur Prostate avez fait, on s'assurera de... de c'qu'y' aura à s'assurer.

Franchement, elle n'attendait qu'une chose, que Daryl parle pour pouvoir coincer Philéon et comprendre ce que signifiait une immunité contre quelqu'un. Le contrebandier soupira, il était visiblement à cran et son pied tapotait frénétiquement le sol. Il se leva.

-Vous voulez un truc à manger ? Pendant qu'je raconte ?

-Ouais, ouais, carrément, je crève la dalle. Ça doit être l'image de Rak pendu au plafond qui fait ça.

Il se tourna vers un mini frigidaire pour en sortir des sandwich sous vide et leur jeter, ainsi qu'une bière chacun. Karm ne boit pas ? Tant mieux, Maxence prit sa part avant de se tourner vers son mets de choix.

-Bon, alors, Philéon et moi on se connaît depuis un bout d'temps. Disons que... mon père et lui ont déjà fait affaire et quand il est mort, il s'est tourné vers moi. C'était rien d'incroyable, il me demandait des tuyaux pour trouver des routes hyper spatiales rapides. Pis un jour... il a eu un malentendu avec l'Empire, je sais pas quoi exactement, mais suffisamment sérieux pour qu'il me demande de lui transférer de la marchandise impériale moi-même. Il se pencha sur la table pour parler un peu moins fort. Moi et l'Empire, c'est un peu compliqué... je déteste l'Empire et si j'avais un vœux, ce serait de le faire disparaître... eux et les Jedis, sans offense.

-Ah, mais aucun problème, j'les déteste sûrement autant qu'toi. Y' que lui que j'peux blairer. Pas vrai qu't'es mon Jedi préféré ?

-Ouais... donc. C'était un boulot vraiment dur, on s'est engueulé sur la paye, il m'a dit que je lui avais pas fourni tout le matériel qu'il désirait. Ensuite, il a voulu que je foute le feu à un endroit pour obtenir toute ma paye.

-Donc c'est toi qu'a foutu l'feu au BASTA ?

-Nan. J'lui ai foutu en l'air une partie de son matériel avant de me retourner sur Lianna. Puis... bref. Si vous voulez mon avis, il a demandé à un des types qui m'accompagnaient. J'les connais pas personnellement, on était juste ensemble pour décharger les cargaisons discrètement et les transférer. Des mecs que j'ai trouvé sur la Junkfort, ils ont fait leur boulot, mais c'est sans aucun doute Flakstaff qu'a fait l'coup.

Maxence écarquilla les yeux en s'étouffant avec son son sandwich -très bon, soit dit en passant-.

-Flakstaff ? Y' ressemblait à quoi ?

-Pas loin de la trentaine, un mètre quatre-vingt-cinq, belle gueule, cheveux blanc-gris, mais j'crois qu'il se les ait fait déteindre et yeux bleus.

Ça ne correspondait pas au Flakstaff qu'elle connaissait, premièrement parce qu'il n'avait pas les yeux bleus, deuxièmement parce qu'il ne jouait pas dans les affaires de contrebande, surtout si c'était pour se faire remarquer dans un plan aussi stupide que brûler le BASTA, troisièmement parce qu'il changeait constamment de nom.

-Si ce que vous vouliez sur Philéon, c'était de savoir qu'il s'agissait d'un sale con manipulateur qui fréquente l'Empire et les raclures de la galaxie pour son propre enrichissement en ignorant complètement l'académie à laquelle il appartient, alors vous avez vu juste. Je suis prêt à témoigner contre lui, à plusieurs conditions : premièrement, loin de Lianna, deuxièmement, aucune poursuite pour les fils de pute que j'ai buté, troisièmement, je veux une immunité complète contre lui et quatrièmement... je veux que ma soute soit réparée.

-Tu vois Karm, ça m'paraît tout à fait faisable et juste. T'en penses quoi ? On peut s'engueuler si tu veux. Ou s'foutre sur la gueule.
Karm Torr
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Depuis le départ du garage souterrain où ils avaient appréhendé Daryl et où Maxence s’était lancée dans un grand discours très personnel et plein d’amitié sur la vie en général, les policiers en particulier et les Jedis en passant, Karm s’était muré dans le mutisme le plus complet et avait apporté la preuve que son talent inexpressif pouvait atteindre des sommets jusque là insoupçonnés.


Tout ce qu’il avait fait, c’était de composer un rapide message sur son datapad et, quand ils arrivèrent au vaisseau du contrebandier, un petit astromech attendait là, pour éjecter trois sabres lasers que le jeune Maître accrocha à sa ceinture, sous le regard fort circonspect de Daryl. Le contrebandier, lui, trouvait qu’un sabre, c’était déjà trop, alors là…


Bip bip bip, demanda Blip ?


Pour toute réponse, son partenaire lui tapota le dôme. Le droïde en fut réduit à suivre de son œil électronique et perplexe les trois bipèdes qui disparaissaient dans le vaisseau. Ce fut là que Daryl se décida à passer à table, au sens propre comme figuré.


Les mains dans les poches, debout au milieu de la petite pièce exiguë, le Gardien écouta attentivement le récit de leur prisonnier.


Vous voulez pas votre sandwich, finit par demander ce dernier ?


Sans réponse de l’Ark-Ni, il s’appropria cette part du butin.


Vous êtes pas très causant, dites donc. Mignon dans le genre twink, mais pas très causant.
Le matériel. Quel genre ?


Daryl haussa les épaules.


Des trucs d’archéologue. Je sais pas trop. Des sondes soniques, de la découpe laser, du matos de tomographie, ce genre de choses.


Pour quelqu’un qui prétendait ne pas trop en savoir, le contrebandier avait tout de même était sacrément observateur.


De ce que je comprends, poursuivit-il, c’est des trucs assez spécialisés, qu’il pourrait acheter en République, mais pas sans laisser de traces. Parce que… ben… Y a pas de marché noir pour le matériel archéologique, vous comprenez ? On peut pas se pointer dans les bas-fonds de Coruscant pour demander ce genre de choses, y a zéro clientèle, personne vendrait ça. Donc faut s’adresser à des entreprises spécialisées, qui sont pas légions, et qui sont toutes légitimes. Du coup, ça laisse des traces. Et quand on veut garder pour soi ce qu’on découvre en creusant, les traces, on aime pas bien ça.


L’ironie de la légalité qui poussait dans l’illégalité.


Il achète ça réglo en Empire, il exporte en secret en République, et ensuite, il fait des fouilles ni vu ni connu. ‘Fin, j’imagine que les gens savent qu’il fouille à tel endroit, mais ils savent pour pendant combien de temps, ou jusqu’à quel point, ni quelle profondeur. Il ramène deux trois babioles pour son musée histoire de donner le change, et le reste…
Et il revend à qui ?
Aucune idée. Je fais dans le transport, pas dans le recel. Là, par contre, j’ai du mal à croire qu’il y ait pas des tonnes de collectionneurs peu regardants.
D’un côté et de l’autre de la frontière, oui.


Karm commençait à supposer que l’officier impérial avec qui l’on avait vu Philéon s’entretenir était peut-être tout simplement l’un d’entre eux. Quant à l’incident qui avait poussé le professeur à se tourner vers d’autres associés que les Impériaux, il s’agissait probablement de la fuite de la courtisane que Maxence et lui avaient rencontrée sur Tatooine.


Petit à petit, les pièces s’agençaient dans le puzzle.


Alors, mon immunité ?
Pas moi qui décide.
J’irai pas chez les flics…
Pas eux qui décident non plus, en fait.


Daryl plissa les yeux.


Pouvoir judiciaire, tout ça.
Faut parler à un procureur.
Voilà. Sur Impératrice Téta. Ils auront plus de chances d’être sensibles à tout ça.
Donc si je parle, je l’obtiens ?
Aucune chance.


Le contrebandier commençait sérieusement à calculer ses chances d’échapper au Jedi, avec ou sans l’aide de la mercenaire. Après ce qu’il avait vu lors de la course-poursuite, ce n’était pas l’optimisme qui l’étouffait.


Vous avez buté, genre, plein de gens, hein. C’est pas avec un cas de trafic d’antiquités que vous allez y échapper.
Vous vouez pas que je balance toute ma clientèle, pendant que j’y suis ?
Ben c’est vous qui voyez, selon que vous voulez rester en vie ou pas.
C’est une menace ?


À son tour, Karm haussa les épaules.


On vous a repéré avec des infos que nous ont filées les motards. Autant vous dire qu’ici, vous allez pas leur échapper longtemps. Maintenant vous avez les flics sur le dos. Et l’Ordre Jedi. J’imagine pas que votre clientèle soit enchantée par tout ça et très prête à renouveler les contrats. Du coup, concrètement…
Ils ont tué mon homme, s’exclama brusquement Daryl avec un élan vif et sincère ! Ils ont tué mon homme, je l’aimais, qu’est-ce que vous auriez voulu que je fasse ? Mais je sais même pas pourquoi je vous dis. Vous les Jedis, vous êtes comme des pierres, vous savez pas ce que ça fait.


Silence.


J’suis pas en train de commenter la moralité de la chose, fit Karm après un moment. J’dis juste : votre clientèle, ça sert à rien de vous en inquiéter, elle est déjà partie. Vous avez le choix entre venir avec nous sur Teta et passer à table en espérant que ça suffise au proc’. Ou rester ici, et finir en taule dans le meilleur des cas, ou buter dans une fusillade. Par les flics ou par les motards.
Si je balance tout le monde, ça va pas être bien différent, mon destin…
C’t’une grande galaxie.


Après un nouveau silence, Daryl désigna la ceinture du Jedi d’un geste de la tête.


Trois sabres, c’est beaucoup.


Pas de réponse.


Vous devez être un guerrier. Vous avez jamais tué personne, vous, à la guerre ?


Touché.


Ben c’était ma guerre à moi, et elle était infiniment plus justifiée et plus personnelle.
Et donc ? Vous voulez mourir en héros sur le champ de bataille ? J’ai vu ça plein de fois. C’est moins cool qu’on se l’imagine.
Maxence Darkan
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Son bras lui faisait mal. Le droit. Celui qui n'était plus accroché à son corps. Ce que disait, ce que faisait Daryl lui remémorait le théâtre, ce qu'elle avait dit, fait. Comment pouvait-il ne pas comprendre, Karm, pourquoi s'obstinait-il ? Il fréquentait littéralement une femme qui avait commis de véritables saloperies, sauf qu'il ne le savait pas, parce qu'il ne lui avait jamais demandé. Elle serra ses doigts contre sa prothèse avant de frapper la table de son poing.

-Karm. Putain, Karm. Tu t'rends compte de c'que tu dis ? C'est pas un ultimatum, c'est du sadisme.

Daryl s'enfonça dans son siège, observateur, il considéra la mercenaire qui planta son regard aux sourcils froncés dans celui de l'Ark-Ni.

-Tu lui demandes de choisir entre mourir ou ruiner sa vie, p't'être à jamais. La galaxie est plus p'tite que tu l'penses et ne vient pas m'parler d'réinsertion ou d'protection judiciaire, parce qu'il va simplement s'retrouver sous surveillance complète de la police avec un boulot d'caissier dans une chaîne de grande distribution à la con pour le restant d'ses jours. Et chaque soir, devant les carottes qu'il coupera pour se faire le même plat du soir depuis cinq ans, il jettera un œil à son couteau en s'disant qu'en seulement quelques minutes, tout peut disparaître.

Elle se leva, les mains le long du corps. Maxence en avait assez de ce petit jeu d'enquête, de voir les flics pour enrayer les affaires qu'elles pouvaient régler en un claquement de doigt. Marre de jouer les toutous d'une République qu'elle méprisait au plus haut point. Marre de poser des questions au premier connard qui leur passait sous le nez pour retourner s'asseoir dans un bureau où on léchait le cul des Jedis à la première occasion.

-Notre but dans c'genre de cas là...

Ce qui voulait dire vengeance, parce qu'elle l'avait vécu et elle en avait perdu son bras. Un bras manquant que Karm avait à peine remarqué et dont il aurait pu connaître la cause, si seulement il l'avait demandé à son amie.

-... c'est pas d'mourir en héro, c'est d'éviter d'vivre comme une sous-merde. Mais tu peux pas comprendre parce que... petit sourire nerveux, parce que t'es un putain de Jedi, et qu'j'ai visiblement un peu trop ignoré c'détail. Haussement d'épaules. Les Jedis en ont rien à branler des gens, vous êtes des flics avec des bâtons lumineux, rien d'plus.

-Bienvenue, on appelle ça la société. Tu peux t'asseoir à la table de la dépression ou accrocher ta laisse, c'est toi qui vois.

-Ta gueule Daryl. Bien dit, mais ta gueule quand même. Tu penses sincèrement c'que tu dis ? Reprit-elle à l'attention du Jedi. Tu veux filer l'destin d'ce mec à une personne qui pense sûrement qu'à une chose, retourner chez elle auprès d'sa femme ou d'son mari en s'disant qu'elle aura bien fait son travail en l'foutant en taule contre toutes ses infos ? Parce que si c'est l'cas, tu penses comme un sale con et tu devrais aussi m'arrêter en soutirant tous les contacts que j'connais.

Aucune confiance envers le système juridique, aucune. Maxence était réellement en colère, elle ne l'avait jamais été contre Karm, elle le savait car la sensation était tout, sauf agréable. Le contrebandier s'éclaircit la voix.

-Je pense qu'on devrait...

-Non.

Fit-elle en le foudroyant du regard. La mercenaire n'en avait rien à foutre de Daryl, c'était une question d'idéaux, elle ne voulait pas se comporter comme ce qu'elle détestait depuis longtemps. Alors oui, le contrebandier avait peut-être une carrière florissante qui l'attendait parmi les Djiilo s'il l'acceptait, sans pour autant lui faire perdre tout ce qu'il avait construit jusqu'à maintenant, cependant, ce n'était pas la question. Il existait des limites qui lui étaient mentalement et physiquement impossibles de franchir, du moins, Maxence ne voulait plus les franchir parce qu'un petit bout de plastique dans la poche de son blouson avec le sigle Jedi lui disait de les franchir.

-J'suis mercenaire, Karm, pas Jedi, alors j't'empêcherai pas d'lui foutre sa vie en l'air parce qu'on t'demande de l'faire, mais ce sera sans moi. Va falloir me considérer en tant que mercenaire, maintenant, pas en tant que Jedi.

Elle dégaina une cigarette avant de sortir du vaisseau sans écouter une quelconque réponse. La définition de mercenaire pouvait se restreindre à faire ce qu'on lui demandait de faire, cependant : non. C'était une femme de terrain, pas une enquêtrice, pas une flic, pas une Jedi. Blip s'approcha pour se cogner soigneusement dans son tibia afin d'attirer son attention.

Bip ?

-Je pète la forme, Blip, ça s'voit pas ?
Karm Torr
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Une fois Maxence partie, Karm pressa son comlink.


Blip ? Prépare notre vaisseau, on va partir.


Puis le Jedi se retourna vers Daryl.


Et donc, dans le monde des vrais gens qui vivent la vraie vie, vous voulez crever ou vous m’accompagnez ?
Parce que j’ai le choix ?
Vous avez buté les mecs d’un gang. Vous avez les loubards du coin à dos. Vous avez les flics à dos. Tout le monde vous recherche activement. Comme contrebandier, vous êtes désirable comme une mycose plantaire dans un pédiluve.
Un quoi ?
Le p’tit truc pour les pieds, à la piscine, là.
Ah. Ouais.


Silence.


Je vois.


Silence.


Notez que je pourrais essayer de m’enfuir, à un moment ou un autre.
Venez sur Dantooine avec moi.
Je croyais qu’on allait sur Impératrice Teta.
Après, je veux dire. Si vous obtenez l’immunité. Au lieu d’aller vous faire buter par le premier de vos nombreux ennemis. J’dirige une enclave jedi, là-bas. Vous vous reposez. Vous faites le point sur votre existence.


Daryl examinait le Jedi d’un air soupçonneux.


J’ai aucune envie de méditer en rond avec des types en bure, moi.
Ben vous ferez le potager. C’est quand même plus fun que de respirer par un trou dans le crâne.
Je suppose…


Le criminel n’avait pas accepté la proposition, mais pour l’heure, sa situation sur Lianna était si compromise que sa priorité était de quitter la planète. Comme il tenait à conserver l’usage de tous ses appendices, fausser compagnie à un Jedi qui se promenait avec tant de sabres laser n’avait rien d’une perspective engageante.


Alors il finit par hocher la tête.


Allons-y. Sur Teta.
Passez devant. J’vous en prie.
Trop aimable…


Quand ils descendirent du vaisseau, Karm se tourna un instant vers Maxence, qui fumait sa cigarette. Les yeux bleus de l’Ark-Ni restèrent fixés sur elle, calmes et distants, comme toujours et puis, dans la plus pure tradition de son peuple, il se détourna sans rien dire et entraîna Daryl avec lui, pour traverser le tarmac et disparaître dans son propre vaisseau, dont Blip avait déjà fait vrombir les moteurs.


Quelques minutes plus tard, l’appareil s’élevait dans le ciel de Lianna, pour disparaître bientôt au milieu des nuages de pollution.


Ouais, c’est moi, fit Karm à son interlocutrice la Sentinelle, à l’autre bout du fil, tandis que Blip calculait leur trajectoire hyperspatiale, j’vais te filer le numéro d’une carte d’identification de l’Ordre Jedi, pour une personne extérieure, et j’ai besoin que t’en révoques les accréditations. Pour le nom, c’est Maxence Darkan. K-A-N, à la fin.
Ça a vraiment pas l’air de vous…


Karm fit signe qu’il était en communication, et Daryl haussa les épaules en se laissant tomber sur le siège du copilote. Quelques secondes plus tard, le Jedi coupait son comlink et se tournait vers son prisonnier, tandis que le vaisseau passait dans l’hyperespace.


Oui ?
Ça n’a vraiment pas l’air de vous bouleverser, votre dispute avec votre pote, là. Je savais que les Jedis étaient détachés de tout, mais c’est flippant de le voir en vrai.
C’est pas parce que je me lacère pas le visage avec les ongles que je suis pas affecté.
Ouais enfin y a un monde entre le flegme et l’indifférence.
Quand la goutte fait déborder le vase, l’eau s’écoule lentement sur les côtés, elle explose pas dans un geyser.
Euh… Ouais. Je suppose.


Le contrebandier soupira.


Je vais m’allonger un peu. Vous venez ?


Pas de réponse.


C’est bon, c’est bon, je plaisante…


L’homme s’éclipsa et Karm activa les caméras de sécurité du vaisseau pour le surveiller.


Bip… ?
Ouais, moi non plus, je suis pas ravi, murmura l’explorateur.
Bip bip !
Facile à dire, bonhomme. C’est pas toi qui te fais insulter à longueur de journée à chaque fois qu’on la rencontre.
Bip bip bip.
T’as téléchargé une mise à jour psychanalyse ou bien ?
Bip…


L’astromech pivota pour s’éloigner et la mâchoire de son maître se crispa légèrement. Le seul point positif, dans tout ça, c’était que Daryl n’était pas en train de bidouiller l’hyperdrive pour s’emparer du vaisseau. Et même, ils arrivèrent sans encombre sur Impératrice Teta, où des policiers les attendaient de pied ferme sur le tarmac, flanqués d’une procureure de la République.


On va s’en charger, Maître Jedi, déclara-t-elle de but en blanc, avec un sens tout relatif des banalités de politesse.
Cool.


Daryl tourna un regard inquiet vers le Gardien.


Et moi aussi, du coup, puisque je vous accompagne.
Oh, ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas nécessaire.
Mais si, j’insiste.


La magistrate retint une expression d’irritation, pour hocher la tête à la place.


Dans ce cas… Ce serait un honneur. Naturellement…
Naturellement, lâcha le contrebandier d’un ton ironique.


Une dizaine de kilomètres plus loin, le bureau de la procureure était exigu et encombré de datadisks.


Bien, alors…
Une seconde, il est où, son avocat ?
Vous avez un avocat, demanda-t-elle d’un ton glacial, en se retenant de fusiller le Jedi du regard ?
Euh…
Bien sûr qu’il a un avocat.
Vous auriez quelques instants, maître ? Dans le couloir.


Et dans le couloir, elle lui murmura d’un ton furibond :


On peut savoir ce que vous fabriquez ?
Je veille à la… comment vous diriez ? Régularité de la procédure. Bougez pas, j’appelle les Consulaires de l’Ordre, ils connaissent sûrement quelqu’un dans le coin et on va travailler comme ça.
Et votre mercenaire, elle est où ? En train de veiller à la régularité de la procédure, elle aussi ?
Probablement en chemin pour l’Académie, histoire de récupérer son fric. J’sais pas.
Ce que je voulais dire, c’est que si l’on se met à chercher les petites bêtes dans cette affaire, on pourrait en trouver de votre côté…
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