Torhyn Lokred
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Coruscant…

Qui aurait cru qu’un jour je reviendrai ici ? Le Destin avait une drole de manière de se rappeler à moi. D’autant plus que malgré mes nouveaux papiers certifiant ma nouvelle identité, je ne me sentais pas…à l’aise. La dernière fois que j’étais venu ici, c’était en tant que Ryden Thorlok, rescapé Lorrdien en fuite. J’avais dû m’enfuir du Centre médical où on m’avait transféré, j’ai dû survivre dans les Bas-Fonds, vendant mes services en tant que médecin avant de pouvoir enfin embarquer sur un tas de ferraille qui m’avait emmené vers d’autres cieux.

A présent je n’étais plus cet homme. Ryden Thorlok n’était plus. Du moins administrativement parlant. Sly Keto avait bien fait les choses. Elle m’avait promis une nouvelle identité, elle avait tenu parole. Même si les choses ne s’étaient pas aussi bien passé que prévu. Après l’explosion de la station Kilo sur Kohlma, j’avais finalement été retrouvé…par elle. Quand je disais que nous avions une relation compliquée He’Thu et moi, je ne plaisantais pas. Nous n’avions que peu de d'amis…Surtout moi ! J’étais un sinistre inconnu. Un petit médecin…dont le nom n’évoquait rien. Pour personne. Tel était le prix à payer quand on changeait d’identité.

Je passais négligemment la main sur le tissu de mon costume, comme pour chasser une poussière qui s’y serait déposé. M’appuyant sur ma canne – j’en avais désormais besoin tant je m’essoufflais vite – je profitais de ma liberté enfin acquise. Une brise légère faisait virvolter les quelques mèches rebelles de mes cheveux mi-longs qui s''étaient échappés de leur lien, les maintenant en une queue basse à l'arrière de ma tête. Je jouais avec ma mâchoire…Depuis la chirurgie qui avait légèrement changé mes traits – jusque ce qu’il faut – la peau de mon visage me tiraillait. Il fallait dire que je m’étais initialement demandé si j’avais bien affaire à des chirurgiens compétents ou des charlatans vu l’endroit où j’avais été conduit dans les Bas-Fonds. Mais c’était là qu’ils œuvraient. Et ils n’étaient pas regardant sur qui vous étiez, ni ce que vous aviez fait du moment que les crédits suivaient. La Dame d’Umbara avait promis…Elle avait tenu parole. Peu courant chez une Sith…

Mes pensées vagabondaient…Je songeais à Mee…avait-il survécu ? Je n’avais aucune nouvelle…Ni de lui, ni de Ganys…He’Thu – avec qui je conservais un contact nourri – n’était pas non plus dans cette confidance. C’était frustrant. A présent que je n’étais plus sujet aux caprice des Siths, leur ombre à la fois terrifiante et protectrice me manquais. Et je me sentais…nu…et seul…Mee me manquait affreusement. Moi qui avait rêvé de quitter Kohlma, j’étais perdu dans cette Coruscant qui n’avait plus rien à voir avec celle que j’avais connu durant mes études de paléopathologie tout d’abord, puis au cours de ma fuite après l’attaque de Lorrd-City.

Mes pas me conduisaient vers l’Unversité de Médecine. Là où j’avais fait une partie de mes études…Mes plus belles années de ma jeunesse. Mais alors que j’étais mélancolique, mon corps se crispa tout à coup. Je sentis la douleur me saisir, et une vague de peur m’envahir. Pas ici…pas maintenant… Si on m’avait soigné pour l’accident sur Kohlma, tout le reste – plus interne – était à faire encore. Et je ne me remettais pas bien du tout de ma convalescence.

L’air me manqua…et j’eu le réflexe malheureux de me pencher en avant. Mes jambes fléchirent et je me retrouvais à genoux…toussant, crachant du sang à la recherche d’une bouffée d’air salvatrice. Des passants curieux s’étaient approchés. Et bientôt un petit troupeau s’était formé autour de moi. J’espérais que l’un d’entre eux ait eu l’idée d’appeler les secours. Alors que je m’effondrai au sol, je sentis une présence à mes côté…Une femme…blonde. Elle s’enquerrait de mon état. Ses gestes semblaient sûrs et précis…Un médecin ? Entre deux quintes de toux je trouvais la force de souffler dans un râle :

- Emp…physème…pulmo…naire…stade…critique…

On était médecin ou on ne l’était pas…Même là…en pareille situation je trouvais le moyen de la ramener. Je ne savais pourquoi…j’avais l’impression que cette crise d’emphysème pulmonaire serait la dernière…J’avais trop tiré sur la corde…j’avais déjà tant fait subir à mon corps. J’allais devoir en payer le prix pour gagner encore un peu de temps…


Evadné Publius
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Sa vie complète était en train d’être bouleversée.





- N’essayez pas de parler s’il vous plaît, souffla-t-elle doucement, les sourcils froncés tant elle était concentrée sur ses premiers gestes de secours. A ses côtés, un FX67 capricieux bipait à tue-tête, entre deux insultes binaires, des diagnostics inquiétants après avoir déployé ses senseurs médicaux. Evadné serra les dents, inquiète également et relever sa figure vers la petite foule de spectateurs. Par mieux, des jeunes gens avaient sorti leur datapad dernière génération pour s’empresser de produire des holovidéos qui alimenteraient l’holonet d’un buzz sordide et voyeur.

- Appelez du secours, s’il vous plaît ! demanda-t-elle. Monsieur, on va vous transporter vers le centre universitaire de soins médicaux, c’est tout près, tenez bon.

Du bout des doigts, elle écarta veste et chemise, pour lui permettre de mieux respirer bien qu’elle savait que ce serait inefficace, mais elle espérait mettre le maximum de chances de son côté. Sa peau nacrée se tâcha rapidement du sang qu’il avait craché. Au loin, une sirène retentissait déjà. Quelqu’un avait enfin appelé une ambulance dont le speeder se dirigeait vers eux à bride abattue.

C’était une matinée totalement banale. Evadné avait quitté le dortoir des internes du centre universitaire où elle logeait depuis bientôt des semaines, incapables de retourner à son appartement, n’osant y croiser son partenaire, complètement perdue. Elle fuyait la confrontation elle le savait. Elle avait ignoré les messages, les tentatives de communication. Peut-être était-il déjà parti ? Elle n’avait pas trouvé le courage d’aller vérifier, d’aller lui parler. Sa serre dépérissait sûrement, à l’image de son passé, de ses espoirs qu’elle avait fondé en tombant amoureuse d’un mécanicien hors du commun. Mais le niveau 1313 et sa tragédie hantait encore son sommeil, et elle n’arrivait pas à oublier. Elle s’était sentie lâche, désorientée. Elle avait beaucoup pleuré, quand l’heure du repos venait, au creux de sa couchette impersonnelle. Et son droïde avait tenté de la consoler, en vain, impuissant. Puis les poèmes étaient arrivés, puis les communications comlink menaçantes et sa vie complète était en train d’être bouleversée.

Alors ce matin-là, alors qu’elle traversait l’esplanade universitaire de Fobosi pour se rendre au Sénat, ses yeux avaient consulté son datapad. Et une offre d’emploi circulait sur le réseau holonet du Sénat. Une place d’assistante était à pourvoir dans la délégation d’Ondéron. Ondéron, avait-elle songé en repensant au monde méprisé et haï, aux paroles d’Absalom Thorn qui l’avaient mené sur cette piste folle. Et elle songeait au meilleur moyen de postuler quand elle avait capté cette foule qui se massait autour d’un homme à terre.


Maintenant qu’elle faisait les cent pas devant un bloc opératoire, tenue médicale fermement nouée autour de sa taille gracile, charlotte stérile et masque chirurgical sur le minois, elle n’avait plus en tête que la vie de ce pauvre homme. En arrivant au poste d’urgence, elle avait dû fouiller ses poches pour trouver son identité et était tombée sur un inhalateur pour l’asthme. Ses problèmes respiratoires n’avaient visiblement faits que s’aggraver au cours du temps. Un urgentiste avait pris la main sur le cas et Evadné avait suivi, soucieuse. Elle avait apporté son assistance bien que sa spécialité soit tout autre. Le pneumologue de garde était arrivé en catastrophe ensuite et tout s’était enchaîné très vite : la greffe, l’opération, avec des poumons synthétiques dans un premier temps. Le risque de rejet était trop grand avait-on expliqué, et il n’avait plus beaucoup de temps dans son état critique.

Des heures avaient passé et elle avait hésité à franchir les portes du bloc, mais elle savait que sa présence aurait été inutile et qu’elle n’aurait pas été la bienvenue. A ses côtés, FX67 poussa un bip de dépit.

- Ca va, il s’en sortira. Il est entre de bonnes mains ici, lui répondit-elle derrière son masque au-dessus duquel trônaient ses deux grands yeux bleus.




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Torhyn Lokred
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Ne pas parler ? Mon regard céruléen s’était posé sur le visage marmoréen qui s’était penché au-dessus de moi. Elle avait l’air fort jeune…Une étudiante ? Je sentais ses doigts courir sur moi pour ouvrir mes vêtements et m’aider à respirer. Mais c’était en vain.

Tenir bon ? Qu’avais-je fait depuis tout ce temps ? Depuis ce jour funeste qui avait scellé ma vie à tout jamais ? Depuis que l’Empire Sith avait déversé un poison mortel sur la capitale de mon monde. Je me battais pour survivre depuis lors. J’avais tout tenté pour ralentir la dégénérescence de mes poumons…avant de réaliser que finalement, c’était la totalité de mon corps qui était atteint.

Une sirène me tira de mes pensées. Enfin les secours arrivaient. Je ne rappelais pas de la suite. Je dus perdre connaissance quelque temps. Je me réveillais alors qu’une équipe de toubibs étaient penchés au-dessus de moi. J’avais froid…très froid…Bloc opératoire ? Quelque chose sur mon visage…un masque à oxygène sans nul doute. Ma respiration demeurait difficile. Un sifflement horrible s’extirpait de chacun de mes râles pour tenter d’oxygéner mon corps. J’entendais plusieurs voix. Sans doute le pneumologue appelé en urgence et une infirmière :

- Qui est-ce ?
- Un patient souffrant d’une détresse respiratoire critique. Le pronostic vital est engagé.
- Bon sang…ses poumons sont totalement rongés…
- La jeune interne qui l’a trouvé a parlé d’un emphysème…
- Oui…On doit intervenir vite…transplantation bipulmonaire.
- Organe artificiel ?
- On n’a pas le choix.
- Cela ne tiendra pas longtemps. Quelques années…
- C’est suffisant pour trouver un donneur. Préparez-le…avant que…

Un bip caractéristique alors que je sombrais dans le néant…

- Bordel ! Il est en bradycardie ! Vite ! Réanimation cardiaque ! Préparez une injection d’adrénaline !


**




La réanimation fut rapide, et efficace. Le tracé de l’EG était revenu à la normal.

- Préparez-le pour une intervention d’urgence. On va pratiquer une greffe sous circulation extracorporelle.

La circulation extracorporelle (C.E.C) est un dispositif qui, en dérivant la circulation sanguine en dehors du corps (« extracorporelle »), va shunter le cœur et les poumons. Ceci va permettre d’arrêter ces organes et de vider le sang du cœur. Ainsi L’oxygénateur assure la fonction pulmonaire en oxygénant le sang. Ces échanges gazeux se font à travers une membrane qui sépare le sang de l’oxygène. A la sortie de l’oxygénateur, le sang a perdu son gaz carbonique et s’est enrichi en oxygène comme après avoir traversé les poumons. Puis ce sang, grâce à une pompe (fonction cardiaque), va être réinjecté sous pression au niveau d’une artère de l’opéré. Le plus souvent, la canule de retour du sang oxygéné est placée immédiatement en aval du cœur, dans l’aorte ascendante.

Ce type d’assistance permet ainsi de transplanter un ou deux de ces organes arrêtés. Grâce à cela les poumons déficients peuvent être ôté et remplacé par deux organes synthétiques. Moins résistants que des vrais poumons, mais au moins il n’y aura pas de risque de rejets.

L’opération était longue et éprouvante. Une sternotomie fut pratiquée pour ouvrir la cage thoracique et accéder aux organes. Il fallait avoir les yeux partout et éviter tout problème, notamment avec la circulation extracorporelle. Le chirurgien avait besoin d’une équipe compétente et surtout nombreuse. Voilà sans doute pourquoi le chef de l’intervention demanda à une infirmière :

- Où est l’interne qui a trouvé le patient ?

- Elle attend devant.

- Qu’elle se prépare…Et qu’elle nous rejoigne. On a besoin de toute l’aide qu’on pourra trouver. Il faut…

Il fut interrompu par une nouvelle alerte.

- Hé merde ! Rupture de l’artère pulmonaire ! L’interne ! VITE !

L’infirmière se rua pour aller chercher Evadné. Lorsqu’elle entra la jeune femme fut immédiatement mise dans le bain :

- Publius c’est ça ? Venez face à moi, j’ai besoin de petits doigts. Vous allez clamper où je vous dirai, et je veux que vous veilliez sur son cœur pendant que je m’occupe de ses poumons. Vous, il désigna une infirmière, réglez le débit sanguin de la C.E.C. Il faut arrêter cette hémorragie. Publius, tenez-vous prête à clamper…Aspiration… ! Ici ! Publius clampez-moi ça ! Bien ! On reprend la greffe. Les poumons morts furent détachés, et précautionneusement dégagés de la cage thoracique. A la place furent installé des organes synthétiques. Il fallait les connecter soigneusement pour leur permettre de fonctionner dans qu’il y ait un risque sur le plan vasculaire, et afin d’apporter une oxygénation du sang de manière optimale. Le chirurgien leva les yeux vers Evadné qui veillait notamment sur le cœur et lui demanda : vous avez déjà posté une prothèse vasculaire Publius ? Il faut réparer l’artère pulmonaire. Vous allez m’aider. Nous allons poser une prothèse hybride.

Ces prothèses sont idéales car bien qu’artificielles (composées d’un biomatériau) elles sont colonisées par des cellules endothéliales humaines, celles qui forment les parois de nos vaisseaux. Un biomatériau ainsi endothélialisé produit une surface hémocompatible, c’est-à-dire limitant le risque d’occlusion et inflammation. La porosité du matériau facilite la colonisation cellulaire.

- Placez la prothèse ici…bien…On va suturer là…Excellent. Quand je vous le direz, ôtez la pince…Allez-y. Paaaarfait. A présent on va pouvoir tester l’efficacité de ces nouveaux poumons en remettant en fonction le circuit cardio-respiratoire. Il fit signe aux infirmières…Il fallait inverser le processus lancé par la C.E.C.

Lorsque le sang afflua dans les nouveaux poumons chacun retenait son souffle. C’était une opération délicate…Heureusement le travail avait été bien fait. Et un soupire de soulagement général vint détendre l’atmosphère…

- Bien. On va l’intuber en attendant qu’il soit en mesure de respirer seul. Il faut que le corps s’habitue…Il faudra une surveillance permanente pour qu’il ne s’étouffe pas avec l’intubation quand il se réveillera et qu’il fera fonctionner ses poumons…Bon…On remet tout en place et on le referme !


**


Combien de temps avais-je dormis ? Je m’éveillais avec une drôle d’impression…Quelque chose se trouvait dans ma gorge et m’irritait…pire que cela…j’avais l’impression d’étouffer…Mon reflexe fut…de tousser. Pour changer…Pourquoi je n'arrivais pas à respirer!








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Elle compatissait.





Evadné eut à peine le temps d’entrer dans la chambre du convalescent que son ouïe fut captée par les sons qu’émettaient Torhyn. Elle se précipita au-dessus de lui et lui retira l’attirail d’intubation avec des gestes précis, libérant sa gorge, ses narines, la mine soucieuse et fermée, le regard concentré. Elle avait conservé sa combinaison médicale, propre au personnel hospitalier, et contre toutes les mesures d’hygiènes, l’habit était encore taché du sang de Lokred : de fines gouttelettes projetées quand il avait fallu clamper pendant que le chirurgien opérait sous la surveillance attentive de droïdes et de moniteurs holographiques.

La jeune interne replia le matériel pour le jeter dans une benne prévue à cet effet et se dirigea vers l’évier de la chambre pour un rigoureux lavage hygiénique de ses mains, manches retroussées jusqu’au-dessus du coup. Son oeil azuré suivait en même temps les courbes indiquées par les écrans au-dessus du patient. Elle avait à peine avalé un sandwich sur le pouce.

- Vous avez dormi près de six heures, sourit-elle comme si elle répondait à une question encore silencieuse. Le dosage des antalgiques est bon, mais si la douleur au niveau du sternum devient insupportable faîtes-le moi savoir.

Ses cheveux blonds étaient pudiquement tressés en couronne autour de son visage gracile qui présentait de légères marques de fatigue. Au-delà des cernes timides et d’une pâleur étrange, on reconnaissait aisément ses traits à semi-hapiens. Elle fit signe à FX67, l’ayant suivi discrètement, de procéder à des gestes mécaniques infirmiers, pour s’assurer que tout allait vraiment bien.

- Je suis Evadné Publius, se présenta-t-elle, n’étant pas certaine que la gêne à la gorge du patient puisse l’empêcher de parler. Enchantée, Monsieur…Lokred (Elle avait vérifié brièvement que le nom était correct, sur la carte holographique d’identité déposée au bord de la table de chevet.)

Le rescapé n’en demeurait pas moins relié à ces machines médicales, par des tubes qui surgissaient de son corps et remontaient à des moniteurs suspendus. Il y avait des bips réguliers, d’autres moins réguliers. S’adapter à de nouveaux poumons, superficiels de surcroît, devait être au pire douloureux, au meilleur gênant. Elle compatissait.

- Comment vous sentez-vous ? s’enquit-elle avec sa gentillesse habituelle.

La chambre était grande, mais vide. Aucune fleur déposée ne venait accréditer des vœux de rétablissement, aucune sollicitation de visite. Il n’y avait que des murs noirs et des fenêtres donnant sur le paysage coruscanti dans lequel se mêlaient structures d’acier et trafic aérien. C’était à peine si on distinguait le soleil et le ciel dans toute cette masse grouillante et oppressante et pourtant, ils étaient situés dans les plus hauts niveaux. Elle s’efforça de détourner son esprit de cette pensée qui la ramenait encore toujours aux bas-fonds et à cette expérience traumatisante. Elle songeait alors à cette opération délicate où elle avait assisté le chirurgien sur le pouce. Clamper une artère, elle détestait ça, pas à cause du sang, mais bien de la difficulté d’un tel geste.

FX67 fit retentir un bruit familier pour Eva. Il en avait terminé avec son inspection. Ses pièces mécaniques roulèrent sur ses servomoteurs, à l'image d'un homme fatigué qui soulageait ses cervicales. La comparaison parut incongrue à Evadné qui secoua la tête. Et alors que sa figure se mouvait sur son cou gracile, le coin d’un carré de soie s’agita discrètement, bleu comme ses yeux. Le tissu soyeux nouait sa tresse et agrémentait la blondeur de sa chevelure.





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Torhyn Lokred
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M’étouffer avec le tube qui devait me permettre de respirer ? Sérieusement ? Stupide comme situation. Et pourtant…

Heureusement pour moi, je fus sauvé. Des mains expertes avaient extrait l’objet de mes souffrances. Je ne levais même pas les yeux sur elle. J’étais trop concentré sur ma situation. Je m’attendais à une crise…oui…car j’avais mal. Ma poitrine était en feu. Il me fallait mon inhalateur. Mais alors que je cherchais à me tourner sur le côté, je fus retenu dans mon mouvement par une douleur fulgurante. Je ne pus retenir un cri. Ma souffrance n’était pas comme d‘habitude. Il y avait quelque chose de différent. Tout à mes pensées et spéculations je ne réalisais pas un détail…pourtant crucial. Je respirais…seul. Sans difficulté. Du moins pas autant que cela aurait du l’être. Ma respiration n’était plus sifflante. Et je pouvais inspirer à plein poumons sans que cela ne soit une épreuve.

- Vous avez dormi près de six heures.

Hein ?

Je me décidais à observer mon environnement. Une chambre aseptisée…rien de transcendant. Aucune décoration. En même temps nous étions dans un centre médical. Et j’avais l’habitude de la simplicité depuis mon séjour sur Kohlma. Du moment que c’était propre. Une forme humaine. L’origine de la voix sans doute.

- Le dosage des antalgiques est bon, mais si la douleur au niveau du sternum devient insupportable faîtes-le moi savoir.

Je baissais les yeux vers mon torse. Un large pansement s’y trouvait. Une chirurgie ? Cela expliquerait le mal que je ressentais. Je n’arrivais pas à remettre le fil des derniers évènements dans ma tête. Un bruit de cliquetis s’était rapproché. En relevant la tête j’eux un geste de recul. Une foutue boite de conserve s’était penchée au-dessus de moi pour – sans doute – me prodiguer les soins de base.

- Non…soufflais-je…

Mais je fus incapable d’esquisser le moindre mouvement supplémentaire…j’avais trop mal. Et je dus, contre mon gré, supporter la présence, et surtout les actions de ce droide sur moi.

- Je suis Evadné Publius. Enchantée, Monsieur…Lokred…

Publius…publius…Ce nom m’était familier. Je l’avais déjà entendu. Mais où ? Et quand ? Je réalisais alors qu’elle venait de me nommer. Enfin…mon nouveau nom. Cette fois je daignais la regarder. Un joli visage, aux traits qui soulignaient à la fois candeur et sérieux. Elle était ravissante malgré sa tenue maculée de sang. Le mien ? Pas très protocolaire. Pressée ? Inquiète ? Elle avait l’air bien jeune. Son regard était aussi bleu et aussi doux que le mien. J’admirai la finesse de son minois qui trahissait ses origines Hapiennes.

- Comment vous sentez-vous ?

Il allait peut-être falloir que je daigne lui répondre, sans quoi allait-elle penser que je n’avais aucune manière. Ma gorge me brulait horriblement…j’ignorai si j’allais être en mesure de parler après l’intubation.

- Je…vais…au mieux. Ma voix était bien plus rauque que de coutume. Mais au moins était-je en mesure de parler. Je suis ravi…Mademoiselle…Publius.

Avec une grimace, j’entrepris de me redresser, non sans refuser l’aide de ce damné droide qui voulait m’assister. Qu’il aille se faire mettre en pièces ! Je n’avais que du mépris pour ces êtres mécaniques. Je le reconnaissais une certaine utilité, j’avais bien travaillé avec Peine Panique sur Kohlma. Mais cela s’arrêtait là. Jamais je ne saurai les considérer comme mes semblables et encore moi comme mon égale…

- Je…suis le docteur…Torhyn Lokred. Je… Que…m’avez-vous fait ? Je tâchais de me concentrer sur elle, analysant tout, de son maintien, ses yeux soucieux, ses cheveux sagement noués – avec goute je devais bien le reconnaître, cette soie bleue s’accordait parfaitement avec le bleu de ses yeux et ressortait à merveille sur le doré de sa tignasse. Je n’osais imaginer l’état de mes propres cheveux. Mes ondulations devaient être totalement emmêlées. C’est vous qui m’avez trouvé n’est-ce pas ? Puis-je vous demander de l’eau je vous prie ? Si j’ai dormi six heures, je ne cours pas de risque de faiblesse de déglutition…pour de l’eau en tout cas. Et au pire, vous serez là pour me réanimer si je venais à faire une fausse route.

Un sourire amusé et quelque peu charmeur s’était dessiné sur mes lèvres pincées, illuminant faiblement mon visage encore plus pâle que de coutume. Je tâchais de me redresser totalement.

- Vous…êtes chirurgienne ?

Demanda avec une once de curiosité…Il fallait dire qu’elle avait l’air si jeune.

Soudain...je songeais à un détail:

- Ronchon...bon sang...Il est resté seul...

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C’était le bureau du docteur Erinwright






Elle l’avait écouté avec une patience bienveillante, hochant la tête de temps à autre. Elle n’était pas spécialement confortable à l’idée de lui donner de l’eau, cependant. L’une des perfusions à laquelle il était rattachée permettait de l’hydrater. Evadné comprenait à quel point la sensation de soif pouvait être désagréable. Il lui avait assuré être docteur, mais elle ne souhaitait pas prendre de risques. Il lui fallait peser le pour et le contre.

- Non je ne suis qu’interne en pédiatrie et parfois, comme vous le voyez j’aide où je peux, répondit-elle dans un sourire bref et un peu éteint. Je vais voir pour vous trouver de l’eau. Essayez de vous détendre pendant ce temps-là, FX67 (et le droïde bipa fièrement) est là pour vous assister au moindre mal. Je compte sur toi, FX.

Elle quitta le chevet du convalescent pour prendre la direction de la cantina de l’établissement. Dans les couloirs, on jetait de drôle de regards à sa tenue tâchée de sang et elle lançait des petits sourires désolés à chaque fois qu’elle croisait des prunelles intransigeantes. Les rumeurs familières du centre universitaire de soins médicaux l’avalèrent et dans ces immenses entrailles hospitalières, elle se laissait digérer. Il y avait les infirmiers et leurs droïdes qui couraient en toute hâte, le ballet incessant des visites, le pas las de certains médecins. Les visages étaient souvent graves, mais arrivée à la cantina, elle put témoigner de figures plus apaisées, moins promptes à l’angoisse. Au comptoir, elle demanda à un droïde de lui servir bouteille d’eau recyclée. Il n’existait pas de sources d’eau minérales sur Coruscant, on faisait importer de l’eau pure de certains mondes éloignés, mais le prix exorbitant ne pouvait décemment être affiché dans un hôpital, alors on se contentait de l’eau épurée des systèmes coruscanti, un peu oxygénée et mise en bouteille.







En revenant vers la chambre du docteur Lokred, Evadné ralentit le pas pour se confronter à la vision d’une porte close. Le voyant du panneau d’ouverture clignotait rouge, signifiant qu’elle était verrouillée. C’était le bureau du docteur Erinwright. Un frisson désagréable parcourut l’échine de la toute blonde qui refoula ses larmes. Elle secoua la tête pour remettre ses idées en place et se dépêcha de retrouver son patient. Elle glissa doucement dans la chambre de ce dernier, le précieux sésame hydratant entre ses mains fébriles.

- Navrée pour l’attente, s’excusa-t-elle avant de retourner un gobelet stérile posé sur la table de chevet.

Au-dessus de sa tête tressée, les bips incessants et réguliers des moniteurs ronronnaient à ses oreilles. L’eau se déversa dans le contenant, brillant à la lueur des néons de la pièce, se reflétant dans les prunelles azurées du jeune médecin. Elle se pencha ensuite vers Torhyn pour lui présenter la boisson, l’aidant à s’emparer du verre, l’accompagnant dans ses mouvements pour prendre garde à ce qu’il déglutisse bien. Elle leva ses pupilles pour décrire les courbes et les données affichées par les écrans de surveillance puis revint à lui :

- Ronchon ? Est-ce un droïde ? Un compagnon ? demanda-t-elle poliment avant de se rasseoir à son chevet, constatant qu’il arrivait à boire sans difficulté. Elle s’imaginait sans peine le bien qu’il devait ressentir à pouvoir hydrater une gorge sèche, irritée par l’intubation, et qui irradiait de la sensation de soif. Et elle demeurait vigilante, au cas où.








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Torhyn Lokred
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- Une interne en pédiatrie…murmurai-je comme pour comprendre le sens de ces mots. Elle accepta de m’apporter de l’eau. En même temps je ne demandais pas non plus quelque chose de surnaturel…Juste de l’eau. Elle ne pouvait imaginer la désagréable sensation que je pouvais ressentir au niveau de la gorge.

Je la vis donc s’éclipser pour répondre à ma requête. Je me retrouvais seul avec ce...cette boite de conserve que je ne quittais pas des yeux. Je pointais un doigt accusateur vers lui et lui scanda sans la moindre douceur :

- Ne-t’approche-pas-de-moi.

Il me faisait penser à Peine et Panique. Les deux droides qui avaient été sous mes ordres sur Kohlma. Deux enquiquineurs qui surent toutefois se montrer utiles. J’imaginais qu’ils n’étaient plus que des pièces détachées à présent…Réduits en miettes lors de l’explosion. Je soupirai…J’étais las…si las…mais j’étais toujours en vie. C’était ça l’important.

J’observais les machines qui m’entouraient, surveillant les moniteurs, écoutant les bips, et suivant les tracés de l’ECG. Tout avait l’air de fonctionner à merveille…Je sentais ma respiration de plus en plus aisée. Où était-elle partie chercher cette flotte bon sang ? Sur Alderaan ou quoi ?

Publius…je cherchais toujours…J’étais certain d’avoir entendu ce nom…Ce n’était pas récent, de cela j’en étais sûr. Il me fallait me souvenir, plonger dans mon palais de mémoire à la recherche de ce nom. Trouver à quoi ce nom était lié, à quoi l’avais-je associé pour le « ranger » dans mon esprit. La fatigue n’aidait en rien. Et il me fallut plus de temps que de coutume pour, enfin, mettre le doigt sur ce questionnement. Je me souvenais à présent. C’était lorsque j’étais encore à l’Université de médecine de Coruscant. Ce nom était souvent dans les médias. Publius…Veragan Publius…L’ancien sénateur de…d’où déjà ? Cadézia il me semblait. Oui…ce devait être cela. Un personnage « haut en couleur » ce Veragan. Cette fille, cette interne, avait-elle un lien avec lui ? Sa fille possiblement. Quel âge avait-elle ? La vingtaine sans nul doute. Cela correspondrait.

Je fus coupé dans mes réflexions par le retour de la demoiselle. Tout de même…mon eau ! Mais je me retins de faire une quelconque remarque cinglante. Après tout, elle était fort aimable et sa beauté était un régal pour les yeux. Les miens pour la peine. Sa douceur pour m’aider afin qu’il ne m’arrive aucun désagrément, alors que je prenais une première gorgée d’eau, était touchante. Je le devinais très compatissante pour ses patients. Peut-être même trop. Lorsqu’elle fut rassurée sur ma capacité à boire seul, elle s’écarta un peu.

Sa question sur « Ronchon » me fit sourire. Je reposais le gobelet sur la table

- Merci pour cette eau. Cela soulage ma gorge irritée. Je prie une inspiration, savourant cette nouvelle faculté qui me revenait. Pas un droide non. Je ne les apprécie pas. Je jetais un œil méfiant à l’égard de FX-truc. Il s’agit d’un animal de compagnie. Il m’est très cher. Il est certes très débrouillard, mais je ne peux m’empêcher de songer à lui en cet instant. D’autant plus que je doute qu’on me laisse sortir avant un bon moment. Je ne connais plus personne ici, sur Coruscant. J’ai débarqué il y a peu.

Bien que je ne formulais aucune question véritable, je savais que je lançais tous les signaux d’une requête implicite…Peut être pourrait-elle envoyé son satané droïde…

- C’est un rat de laboratoire. Il était parmi mes cobayes pour mes tests sur une maladie infectieuse. Mais j’ai eu pitié de lui. Il y avait quelque chose dans son regard. Finalement, j’ai pu l’extraire du circuit dans lequel il se trouvait et je l’ai pris avec moi. Dressé, et élevé. Il est un compagnon fort divertissant, et très affectueux.

Je repoussais machinalement une mèche longue qui tombait sur mon visage. Mes cheveux devaient être dans un état affreux. Une situation que je détestais. Je passais mes mains dans ma tignasse, essayant de les repousser vers l’arrière. Mais sans succès. Ils s’étalaient lamentablement autour de moi sur mon oreiller…Désespérant…Quand je voyais la belle chevelure savamment nouée d’Evadné, j’étais presque jaloux…

- Oserai-je faire appel à votre bon cœur pour être présentable avant que le chirurgien ne fasse sa tournée Docteur Publius ?

Même si elle n’était qu’une interne, elle m’avait sauvé la vie. Et bien que d’ordinaire je ne lui aurai accordé qu’un léger regard en raison de sa beauté, en cet instant, elle avait pour moi plus de valeur qu’une simple étudiante en fin de cycle de médecine. Sans doute était-ce la raison pour laquelle je l’avais nommée « docteur ».




Evadné Publius
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. Beaucoup de choses étaient en train de se chambouler dans son existence







- Bien et je pense qu'il y a donc deux choses que je vais pouvoir faire pour vous. Retrouver Ronchon et…vous rendre présentable, sourit-elle avant de lever les prunelles vers son droïde.

Lokred avait clairement confessé son aversion pour les droïdes. Elle ne lui ferait donc pas l’affront de le laisser en seule compagnie du robot. Ce ne serait pas correct. Evadné n’appréciait pas particulièrement contrarier ses patients, surtout lorsqu’ils se montraient aussi polis.

- FX, tu veux bien aller chercher ma trousse de toilette au dortoir ?

Cela changeait de l’habituel trousseau de secours. Il n’y aurait ni bandage, ni antiseptique ; simplement du maquillage, du parfum, des accessoires pour les cheveux et autres produits de cosmétique. Evadné était pudique, mais demeurait une jeune fille coquette qui aimait prendre soin a minima de son apparence, sans ostentation. Elle était toujours fraîche et parfumée, la tête bien coiffée. Son éducation ne lui aurait pas permis de se présenter en public autrement. Elle attendit que son droïde quitte la pièce pour exécuter son ordre et ramena son attention vers le patient.

- Je vous rassure, ce n’est pas si catastrophique, un petit coup de peigne et cela ira mieux. Vous ne devriez vous soucier de rien d’autre que de vous rétablir pleinement. Pour Ronchon et bien. Je travaille également au Sénat je peux toujours m’entretenir avec le service animalier du secteur pour voir s’ils n’ont pas mis la main sur un rat adorable. S’ils n’ont pas de nouvelles, FX67 se chargera d’arpenter les niveaux à sa recherche...il est très serviable comme droïde.

Elle détourna sa figure vers les fenêtres pour admirer le paysage urbain s’animer. Un air mélancolique ne se détachait pas de son visage de poupée, malgré ses sourires et sa douceur, comme si en arrière-plan de sa beauté, les affres du chagrin préoccupaient son esprit. Beaucoup de choses étaient en train de se chambouler dans son existence et elle n’arrivait pas à toutes les prendre à bras le corps. Un moment silencieux se prolongea, durant lequel, elle s’assurait qu’il buvait correctement si l’envoie de boire se manifestait encore.










Et FX67 revint, deux bras chirurgicaux déployés pour porter une trousse de toilette élégante, aux motifs fleuris. Il la lui présenta et elle la déposa avec précaution sur le bord du lit avant de l’ouvrir pour en tirer un peigne, un flacon de shampoing sec, des attaches discrètes pour nouer les chevelures qu’elle pinça entre ses lèvres pour avoir le champ libre.

- Je vais vous aider à vous redresser un peu.

Tandis que du pied elle actionnait la commande pour redresser la tête de lit, elle accompagna le buste du convalescent avec précaution afin de ne pas le brusquer. Il fut enfin en position d’être soigné.

Il ne tarda pas à sentir les doigts tièdes de l’interne frôler son visage alors qu’elle rabattait quelques mèches brunes en arrière pour mieux déposer du shampoing sec aux racines. Elle était proche de lui, le recouvrant de son ombre parfumée. D’aussi près, il pouvait mieux voir les tâches de sang sur sa combinaison, et ses formes féminines timidement gardées par son habit médical. Elle se concentrait sur sa tâche, habituée à dompter de longs cheveux, comme elle le faisait quotidiennement avec les siens.

- Est-ce que vous aimez la poésie, Docteur Lokred ? demanda-t-elle sur le ton de la conversation alors qu’elle frottait les mèches à l’aide d’un petit essui pour enlever l’excédent de produit.

La question était idiote et reflétait l’une des obsessions qui se cachaient derrière ce joli visage. Elle ne pouvait s’empêcher de suspecter tout le monde et personne à la fois. Il était peu probable que le hasard des choses ait conduit son admirateur secret sur ce lit d’hôpital, mais elle se sentait mieux à chaque fois qu’elle avait une réponse à cette interrogation, même négative. Elle se disait que si cela avait été lui, il aurait reconnu le carré de soie qu’elle portait dans chevelure et il aurait fait un geste, eu une parole à ce sujet. Sauf si, comme elle le craignait, ce n’était qu’un psychopathe qui se complaisait à la voir exécuter ses indications malsaines. Elle tâcha d’éloigner l’appréhension de ses pensées et passa doucement le peigne dans les cheveux de Torhyn qui avaient retrouvé un peu de velouté grâce au produit sec qui sentait bon le blumfruit. Les dents du peigne défaisaient les nœuds et elle se servit des attaches pour former une queue de cheval présentable, tirant proprement ses mèches derrière les oreilles pour dégager un visage digne.

- Le chirurgien ne va pas tarder et vous êtes très présentable, affirma-t-elle en s’éloignant pour ranger ses affaires.







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Torhyn Lokred
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- C’est fort aimable à vous pour…mon rat. Je ris doucement, je suis navré de vous embêter avec cela. Mon attachement à lui peut vous sembler ridicule.

Oui…il m’était désormais très précieux. Car celui qui m’avait incité à me pencher sur le cas du Cobaye n° 3, c’était Mee…Où était mon jeune ami à présent ? Nulle idée. Et j’en étais affecté. Je craignais qu’il ne soit mort sur Kohlma. J’espérais vraiment qu’il ait survécu et qu’il ait pu s’extraire.

Evadné me pria de ne pas m’inquiéter pour ce genre de chose et de me concentrer sur mon rétablissement. Facile à dire. Le médecin ici, après tout, c’était moi. Mais je me retins de l’envoyer sur les roses avec ses recommandations. Nul besoin d’être désagréable avec elle, surtout si je désirais qu’elle m’aide. En entendant ses indications sur son autre « travail » je ne pus m’empêcher d’hausser un sourcil.

- Au Sénat ? Diantre. Vous êtes pleine de surprises mademoiselle… Combien de fonctions occupez-vous donc ?

Je la trouvais néanmoins quelque peu soucieuse. Elle était certes très agréable, serviable et souriante, mais cela cachait une morosité. Ses yeux d’azur se perdaient dans la contemplation du tableau de la cité qui s’offrait à nous par la baie vitrée. Je repris un peu d’eau, la regardant en coin. Le droide reparu avec la commission qu’elle lui avait confiée : aller quérir sa trousse de toilette terriblement girly. Je n’avais aucune crainte ou aversion sur ce point. Quand on avait une longue chevelure comme nous, il était nécessaire de l’entretenir. Et il n’y avait pas trente-six solutions.

Alors qu’elle m’aidait à me redresser, je ne pus retenir la déformation de mon visage en une grimace de douleur. Mais ce fut de courte durée. Et quelques instants plus tard, je trônais sur mon lit, sentant les doigts graciles et délicat de la jeune femme, s’afférer pour me rendre une apparence correcte à défaut de parfaite. Les effluves de son parfum emplissaient mes narines alors qu’elle se trouvait si proche de moi. Je n’en fus pas dérangé, et j’étais éduqué pour ne rien imaginer de spécial quant à cette proximité nécessaire. Je ne pouvais m’empêcher de savourer l’instant. Sensible dur cuir chevelu, j’avais toujours aimé le contact d’une main dans ma tignasse. Ce qui s’était largement vérifié depuis que j’avais fait le choix de les porter longs.

- Est-ce que vous aimez la poésie, Docteur Lokred ?

Je fus un peu…surpris par cette question. Pourquoi en cet instant précis ?

- Oui, répondis-je avec douceur, quoique je dois reconnaitre ne pas avoir eu l’occasion, depuis longtemps, de lire autre chose que des articules médicaux. Et, à ma grande honte, si je sais apprécier les vers, je suis un bien mauvais producteur de poésie. Je marquais une pause, réfléchissant à ce qui avait bien pu pousser la demoiselle à me questionner sur un sujet aussi futile ? Est-ce que la poésie était subitement devenue en vogue dans les classes universitaires bourgeoises de Coruscant ? Ou bien cherchait-elle à me charmer ? A moins que cela n’ait un rapport avec cette mélancolie soupirante qui ne la quittait pas. Pardonnez-moi si je vous parais déplacé mais…est-ce que tout va bien Docteur Publius ? Vous semblez…élégiaque. Entre l’affliction que je lis dans vos iris et cette mention à la poésie. L’on pourrait croire que vous souffrez un chagrin d’amour.

Je ne la pensais pas mariée. A moins que Publius soit son nom marital ?

- Avez-vous un lien de parenté avec Véragan Publius ?

La question avait finalement dépassé la barrière de mes lèvres alors qu’elle terminait de discipliner les dernières mèches rebelles de mes ondulations poivre et sel. Quand elle me confirma que j’étais présentable, je lui décrochais un de mes plus beaux sourires.

- Je vous crois sur parole ma chère, et je vous remercie d’avoir accordé tant d’attention à un caprice aussi futile. Je sentais…un parfum fruité. Voila qui était amusant. Ce n’était pas ce que j’avais coutume d’utiliser, mais cela fera parfaitement l’affaire. D’une main je vins tâtonner avec légèreté pour « voir » ce qu’elle m’avait fait. Une queue basse…comme je les appréciais. Je ris : ma chère vous êtes un ange. Et vous avez fait cela bien mieux que moi. Peut-être devrais-je vous solliciter pour m’enseigner cela.

J’étais sincère. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas porter une grande attention à l’entretien de mon corps. Surtout mes cheveux. Bien que très attaché à la propreté et l’élégance, je n’avais pas eu à utiliser tant de savoir-faire depuis Kohlma. Mon retour à la civilisation allait s’avérer plus…compliqué que je ne l’aurais imaginé si je désirais graviter à nouveau parmi des cercles de personnes plus…raffinées.





Evadné Publius
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Elle avait une patiente incroyable







- Tout va bien, oui. Merci de vous en inquiéter, répondit-elle poliment dans un nouveau sourire avant d’admirer son « œuvre » avec plus de recul.

Ainsi, il était amateur de poésie, mais ne composait pas. Elle conserva son sourire pour occulter toutes les autres émotions qu’auraient pu trahir son visage de porcelaine et hocha la tête, un peu embarrassée. Elle avait remarqué que le langage de ce Monsieur-Docteur Lokred état soutenu, voire fleuri. Evadné supposa qu’il appartenait à une classe aisée, sur Coruscant ou ailleurs. Peut-être, corellienne ? C’était le plus courant, mais elle trouvait cela inapproprié de lui poser la question. Ce serait faire preuve d’une curiosité déplacée. Toutefois, elle se demandait comment un tel gentleman avait pu atterrir dans cet état délabré sur le parvis du quartier de Fobosi.

- Je vous en prie, c’était avec plaisir. Ce…n’est pas grand-chose., reprit-elle avant que son silence ne devienne trop long. Je ne suis qu’une simple assistante au Sénat. Je n’ai hélas pas d’autres fonctions, puisque la nature m’a doté de deux bras j’essaie de conserver le même nombre de tâches. La polyvalence est pour moi une vertu. Une opinion que ne partage pas Véragan Publius. C’est effectivement mon père. Vous le connaissez ?

Quelle question idiote, regretta-t-elle. L’eau avait coulé sous les ponts et les vestiges des scandales du Sénateur Publius étaient emportés avec elle, mais il demeurait des traces indélébiles même si elles étaient parfois insignifiantes de son passage tumultueux au Sénat. Maintenant qu’il dirigeait Cadezia, loin dans la Bordure Extérieure, il était moins prompt à être sous la lumière des projecteurs coruscantis.

Ils furent interrompus par l’arrivée impromptu du chirurgien pneumologue. Ce dernier portait un masque chirurgical blanc qui couvrait une partie de son faciès arkanien. Il semblait rigide dans son uniforme médical et tenait à la main un datapad où les dossiers de suivis de ses patients défilaient. Il détestait la paperasse. Après tout, il y avait des droïdes et des infirmières pour ces besognes de seconde zone. Le docteur Arsh était fidèle à lui-même. Evadné le connaissait peu puisqu’elle ne travaillait pas dans son service, mais il avait sa petite réputation.

- Lokred, grogna-t-il.
- Docteur Lokred, corrigea-t-elle doucement en se levant pour le saluer. C’est un confrère.
- Et bien, j’espère que vous n’êtes pas pneumologue. Cela vous aurait fait une belle jambe.

Il ignora la petite interne pour se rapprocher du chevet de Torhyn. Publius se décala avec politesse afin de lui laisser le champ-libre. Elle ne se vexait pas si facilement, habituée à être rabaissée en raison de sa jeunesse et de son manque d’expérience. Elle avait une patiente incroyable et s’intéressait aux gestes d’Arsh.

- Vous ne pourrez pas quitter le centre avant quelques jours. Vous devez connaître le principe de surveillance post-opératoire. Bon. Des douleurs inhabituelles ?

Tandis que le docteur interrogeait son patient, Evadné remit sa trousse de toilette à FX67 en lui demandant discrètement de la ranger dans le dortoir des internes avant que le docteur Arsh ne comprenne qu’elle avait toiletté son patient. Il aurait sans doute rebondi là-dessus avec un humour dérangeant. Le droïde bipa avec autant de discrétion et s’éclipsa.

- Interne Publius. Allez vous changer s’il vous plaît, ce n’est vraiment pas professionnel, remarqua l’arkanien entre deux questions pour Torhyn.
- Ah oui, pardonnez-moi. Je vais de ce pas.

Elle eut un petit sourire vers le patient. Qu’il prenne son courage à deux mains, elle reviendrait vite.







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Torhyn Lokred
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- Tout va bien, oui. Merci de vous en inquiéter

*Elle ment…*
*Sans blague...Quelle déduction…*

Torhyn et son esprit perçant, tout en finesse…Heureusement que j’avais l’ascendant. Elle expliqua être assistante au Sénat. Je ris doucement quand elle me certifia ne pas cumuler d’autre fonction.

- Tout de même…entre ça et votre internat. Vous ne devez pas avoir beaucoup de temps pour vous amuser, profiter de votre jeunesse.

Même moi, le féru d’étude, avait su combiner mon cursus peu commun et les sorties avec la jeunesse étudiante Coruscanti. Sa remarque sur le fait d’avoir deux bras et d’être polyvalente me fis doucement tiquer. Encore une idéaliste…

- J’entends vos arguments. Et après votre sollicitude à mon égard il serait malvenu de ma part de porter un quelconque jugement sur vos activité demoiselle. Prenez garde de ne point vous perdre. Dans tous les sens du terme…

Mon regard bleuté s’était fait perçant alors que je l’observais. Elle était comme une fleur fraiche et délicate. Naïve…et des belles idées plein sa jolie tête blonde. Nourrissant de folles utopies sans nul doute. Il ne manquerait plus qu’elle fasse du bénévolat et ce serait le pompon. Pas le temps de m’étaler sur mes aprioris. Elle me confirma bien son lien de parenté avec Veragan Publius. Sa fille…rien que cela.

- Je n’ai pas eu l’honneur de le rencontrer personnellement. Disons que j’ai déjà vu passer son nom dans les médias, notamment lorsque j’étais jeune étudiant sur Coruscant…Ce qui ne date plus d’hier…Un ange passa alors que je me laissais surprendre par une touche de nostalgie. L’insouciance de ma jeunesse me manquait presque. Je repris avec douceur : vous êtes donc cadézienne. De part votre évidente beauté, j’aurai juré que vous étiez hapienne.

Notre échange devenait passionnant. Moi qui cherchais un moyen de « percer » et de me trouver un endroit tranquille avec un bienfaiteur aisé…suffisamment ouvert d’esprit pour mes recherches. Mais nous fûmes interrompus dans notre conversation – à mon plus grand dame – pas le chirurgien qui m’avait opéré. Un arkanien. Ce qui ne m’aurais nullement gêné si celui-ci avait appris l’art de savoir se taire quand il le fallait.

J’eus un sourire et un regard de gratitude à la douce demoiselle qui avait élégamment corrigé ce rustre sur mon titre. Je n’avais nulle notoriété sur Coruscant mais tout de même…Était-ce une raison pour oublier que j’étais également médecin ?

- Et bien, j’espère que vous n’êtes pas pneumologue. Cela vous aurait fait une belle jambe.

Quel sens de l’humour…

- Je suis paléopathologiste…spécialiste en maladies infectieuses anciennes et récentes.

Il me regarda, et malgré son masque je devinais son sourire sarcastique. Décidément…les choses n’évoluaient pas sur Coruscant ? Déjà lorsque j’étais étudiant l’on s’était alégrement moqué de ma spécialité si…archéologique. Mon propre père riait de moi.

- Vous ne pourrez pas quitter le centre avant quelques jours. Vous devez connaître le principe de surveillance post-opératoire. Bon. Des douleurs inhabituelles ?

- Je connais oui…Et vu que, normalement, vous avez correctement effectué votre travail de chirurgien je ne devrai pas ressentir quoique ce soit d’inhabituel…ne croyez-vous pas ?
Je n'avais pas pu m'empêcher d'etre...cinglant.

- Vous êtes un comique vous. Bien entendu que j’ai correctement fait mon travail. On vous a tout de même collé deux poumons artificiels ce n’est pas rien. Enfin…ce qui est surprenant c’est de savoir comment un médecin tel que vous a pu se laisser aller de la sorte.

- Plait-il ? fis-je en sentant poindre une forme d’agacement. Croyez-vous que j’ai choisi d’être atteint d’emphysème ?

- Vu l’état de vos poumons vous auriez pu faire l’objet d’une demande de greffe depuis bien longtemps…Votre nom n’apparait nulle part.

- Pourquoi croyez-vous que je sois venu sur Coruscant ? terminais-je en le fusillant du regard. Il commençait à me courir avec ses questions. Il se prenait pour quoi ? Un espion ?

Il envoya la jeune demoiselle se changer, prétextant sa tenue peu professionnelle…Décidément. Il aimait user de son autorité. J’aurai fait de même…mais j’avais suffisamment de mauvaise foi à revendre pour bien vouloir l’admettre. Elle quitta ma chambre, répondant à mon air désolé par un sourire qui annonçait son retour rapide. Je reporais mon attention sur mon chirurgien peu avenant.

- Ne lui en voulez pas, c’est moi qui l’ai retenue. C’est ma faute si…
- Elle connait les règles. Elle aurait du se changer avant de venir ici.
- Elle s’est précipité pour retirer l’intubation que j’imagine vous avez demandé.
- C’est la procédure…intuber un patient après une chirurgie de ce type…

Il observait mes constantes…je ne pouvais lui ôter son professionnalisme. Je déplorais son manque de courtoisie en revanche. Nous échangeâmes encore quelques banalités, notamment sur le traitement et il prit congé non sans me lâcher un :

- Bon je repasserai demain en fin de journée. Vous n’avez pas intérêt à bouger. Reposer-vous.
- En même temps où voulez-vous que j’aille ? Je suis branché et perfusé de partout !

Il ferma la porte alors que je l’entendais rire. Je ne me connaissais pas un tel talent pour le comique. Je soupirai…étant resté seul. Seul avec mes souvenir. J’avisais mon datapad à mes côtés. Je tendis le bras pour le saisir et faire quelques petites recherches…Evadné Publius qu’elle s’appelait…Une intéressante personne. Cadézia…Bordure extérieure…Je ne connaissais pas ce monde…Me renseigner me sera utile. Je partais à la recherche d'articles...de faiblesses exploitables si possible...sur cette demoiselle Publius et sur sa famille.





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