Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Bien.



Très bien.



Hmm hmm.



Pourquoi pas.


La lecture d’Absalom est néanmoins interrompu par la vibration de son datapad.

:: Je vous prie de m’excuser ::, pense-t-il avec délicatesse dans l’esprit de son interlocutrice qui, en face de lui, lui a rendu un quart d’heure plus tôt déjà le carnet qu’il lui a lui-même confié, il y a de cela quelques semaines, pour qu’elle y apporte ses observations.

Il parcourt le message qu’on vient de lui transmettre et un sourire éclaire son visage aux traits suspicieusement juvéniles.

:: Excellent ::, reprend-t-il. :: Je crois qu’une occasion se présente de mettre votre savoir en pratique. Vous ne serez pas contre une petite excursion de terrain, n’est-ce pas ? ::

Sur quoi, il presse un bouton intégré dans son bureau pour activer le comlink.

Sans succès.

Le bouton est re-pressé.
Avec ardeur !
Et re-re-re-re-repressé.

Quelqu’un a dû se faire admonester télépathiquement, parce qu’un jeune homme aux traits angéliques surgit dans le bureau en s’exclamant :

Pardon, pardon, pardon !
Pourquoi ça ne marche plus, s’étonne le redoutable Jedi Noir ?
Vous avez rentré vos nouveaux codes ?
Quels nouveaux codes ?

Le jeune homme croise les bras et le considère d’un air réprobateur.

Vous n’avez pas lu le mémo ?
Mais… euh… si ! Bien sûr ! J’ai, hm… Je vous teste, là.
Hmoui. Vous avez de nouveaux codes, parce qu’on a eu un virus dans le système.
Ne sommes-nous pas censés avoir des paravents ?
Parefeux ? Si. Mais quelqu’un a utilisé les consoles de lecture pour télécharger 123 heures de porno sluissi et on a dû prendre des mesures. Attendez.

Le jeune homme contourne le bureau et pianote sur la console. Au lieu de prêter attention à ce qu’il fabrique pour savoir se débrouiller par lui-même la fois suivante, Absalom prête attention à ses biceps.

Voilà, déclare l’Acolyte en se redressant.
Parfait. Bon, cela dit, c’était pour vous appeler, alors forcément, maintenant…
Je suis là.
C’est ce que j’ai cru remarquer.
Que puis-je pour votre service, maître ?
Faites préparer la navette, s’il vous plaît, et trouver Venenous.
Pour un voyage… ?
Assez long.
Entendu.

Et l’Acolyte s’éclipse, laissant à nouveau le Seigneur Sith et son invitée seule à seul.

:: Si vous en êtes d’accord, je vous propose de vous joindre à moi pour une excursion dans l’Espace Hutt. C’est une bonne chose d’être une lectrice assidue, mais les savoirs ne s’acquièrent bien que lorsqu’ils sont mis en pratique et le meilleur entraînement est celui du réel. Or, comme vous le savez peut-être, Vogda Besadii, qui est un allié fidèle… Enfin, si l’on peut dire… de l’Empire cherche depuis longtemps à couper les ailes… Enfin… si l’on peut dire… à la concurrence en capturant la progéniture Jaliac Djiilo. ::

Le regard d’Absalom s’est fait si pénétrant qu’on jurerait qu’il cherche à percer à jour l’âme de la jeune femme qui lui fait face, mais, pourtant, son esprit reste fort poliment à la surface de celui de son interlocutrice.

:: Je n’ai aucune sympathie pour les Hutts, et pour les esclavagistes en général, mais cultiver des alliances dans cet Espace est très précieux, particulièrement en ces temps troublés et c’est surtout l’un des très rares endroits dans la Galaxie vaguement civilisée où l’on peut employer certains pouvoirs sans être aussitôt l’objet d’investigations désagréables par les forces de l’ordre républicaines, les Jedis ou l’Inquisition sith. Bref, idéal pour s’entraîner. ::

À ces mots, il se relève.

:: Nulle obligation, cela dit. Je comprendrais que vous soyez contrainte par… vos autres engagements si mystérieux. Si la chose vous intéresse néanmoins, rejoignez-moi sur la piste de décollage située après la mare aux canards, en bordure de la forêt. ::

Absalom a toujours beaucoup aimé les oiseaux.


***


Je vous présente Darth Venenous.


Franchement : on s’en passerait.

L’[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] du Seigneur Sith est le genre de personnes qu’on préfère ne pas rencontrer dans un couloir obscur sur Korriban ou même en plein jour sur Alderaan. La Kaminoane pose sur le monde qui l’entoure un regard d’une froideur hothienne, sauf qu’elle considère son maître, auquel elle voue une passion malsaine.

Mais surtout, elle est dangereuse, dangereuse comme un fauve, dont on perçoit la menace même quand il dort. Le seul point positif, c’est qu’elle ne paraît ni particulièrement joyeuse, ni particulièrement contrariée de se voir accompagnée ce jour-là par une nouvelle venue.

Tout est en ordre ?

Elle incline la tête en penchant son long cou élégant.

Nar-Kaaga, demande-t-elle avec laconisme ?
J’imagine que c’est le meilleur endroit où commencer, oui.
Fort bien.

Et elle disparaît dans le cockpit. Peu de temps après, le vaisseau s’ébroue, puis s’élève, puis s’élève dans l’atmosphère, et tout ce processus n’a pas l’air d’enchanter le Seigneur Sith, qui met un point d’honneur à se harnacher dans un siège passager.

:: Qu’en savez-vous, d’ailleurs ::, demande-t-il en serrant consciencieusement ses accoudoirs :: ? De Nar-Kaaga en particulier, et des Kajidics en général ? Êtes-vous familière de l’Espace Hutt et de sa population très… bigarrée ? ::
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss • yellowgreen
Absalom Thorn, goldenrod

Premier Semestre de l’Année 21.576 • Dans une navette à destination de Nar Kaaga.


Plusieurs semaines ont passées depuis que nous nous sommes vus. Trop peu pour dire que cela faisait déjà longtemps, suffisamment pour que ne vienne pas à l’esprit une idée d’empressement. Il m’a fallu ronger mon frein. Des heures durant, j’ai parcouru les idées qu’il m’avait soumises. Des idées d’un autre lui, plus… Innocent ? Le caractère juvénile de ses réflexions avaient transparu, mais aussi, parfois, une méconnaissance du sujet bien naturelle à qui l’aborde d’abord, j’imagine. J’avais longtemps parcouru les ressources enfouies au cœur du pouvoir Sith, du moins celle que ma Dame m’avait accordées. L’effervescence intellectuelle m’avait tiré de la lassitude et de l’ennui, j’avais repris de la hargne et Idès n’avait pas manqué de me le faire savoir lors de nos danses rituelles.

Voilà que je me présente de nouveau à lui. Comme la première fois, il m’accueille, affable. Le thé, cette fois, est bu. S’il m’avait souhaité du mal, je ne serais pas sortie la première fois. Nous sommes sur une terrasse, sous une imagerie artificielle, de fausses vagues nous mouilleraient presque les pieds. Je dois avouer que ce raffinement n’est pas pour me déplaire. Il lit mes notes, j’attends en silence. J’ai attendu si longtemps que la patience est à compter parmi mes vertus… Enfin, de là à ne pas être agacé lorsque notre discussion, à peine débutée, se voit déjà interrompre par une volonté extérieure ? Le destin est un étrange animal chafouin.

Que de drôles de scènes, décidément. Si je préfère la mort à l’idée de rejoindre son harem, je ne peux mentir et dire que l’holofilm de celui ne ferait pas une excellente comédie, je m’en amuse d’ailleurs. :: Notre première rencontre a rassuré mes… engagements sur vos intentions. Mon Maître, Dame Oracci, vous présente ses amitiés et ne considère pas d’un mauvais œil que j’apprenne auprès de vous. Quelque escapade que ce soit ne pourra être qu’un bienfait. :: Je souris, on sent affleurer au bord de mes lèvres les frémissements de l’excitation. Je ne préfère à l’étude que la possibilité de l’emploi de celles-ci. La théorie est une passion qui se fane si vite lorsqu’elle se cantonne aux bornes mornes de l’abstrait.

* * *

« Je vous présente Darth Venenous. »

Quelle étrange et superbe créature… Je me sens minuscule, lorsque je la regarde se présenter dans le salon de notre vaisseau. Sa peau diaphane, aux aspects empruntés aux marbres, ses pupilles cristallines, ce port de tête d’un altier olympien. Tout chez elle me ravit par l’évidence du double tranchant de son fil. Quelle tristesse de trouver sur son visage ces mêmes marques d’avilissement… Je ne conçois la merveille d’une telle créature que dans l’absolu grâce de sa liberté. Un si long cou ne devrait pas avoir à sentir les dents acérées du fer. A la façon du Nexu disparaissant dans le feuillage de la jungle, elle s’évanouit dans les coursives du vaisseau, partie dompter notre transport.

J’ignore si cela transparaît sur mon visage, mais je dois bien avouer être quelque peu surprise par l’irrationnelle inconfort qu’il arbore soudain. Il ne peut le feindre, ou du moins, je trouverais tout à fait curieux qu’il le fît. C’est pourtant une lacune quelque peu incongrue des dossiers que j’ai pu lire. Le Seigneur n’aime pas voler. Est-ce le vide ? La vitesse ? L’altitude ? On oublie parfois que nous ne sommes que du verre, qu’il suffit d’une oscillation, parfaitement en harmonieuse à notre être, pour nous faire éclater assurément. Rien n’indique dans mon attitude que je partage son angoisse. Au contraire, le voyage me grise.

Je croise les jambes, tranquille, et en réponse à sa question, mes doigts caressent mon avant-bras, activent mon TPH qui se matérialise autours de celui-ci. L’attente n’a pas été vaine, j’ai pallié mes propres ignorances. Je projette une image de la planète, de ses caractéristiques ainsi que les informations que les réseaux impériaux disposent sur l’endroit. :: C’est un monde glacé, triste, qui ne cesse d’être un marais fétide que pour offrir des astroports envahis par un autre genre de puanteur. Sa position, à la croisée de plusieurs grandes routes commerciales, et la seule raison qui justifie que nous entendions aujourd’hui parler d’elle. Je marque une pause, pour laisser le temps à mon hôte de consulter par lui-même les informations que je lui propose, et reprends. Par le passé, j’ai eu l’occasion d’évoluer parmi cette bigarrure civilisée. Je dois bien confesser, par contre, n’être jamais intervenue en territoire Hutt dans le cadre de mes nouvelles… fonctions. Il n’est pas l’espace privilégié de mes responsabilités, je n’ai rien contre le fait que vous me présentiez la situation de votre point de vue, si vous voulez bien me le concéder. :: Alors qu’il acquiesce, mes doigts s’activent à nouveau sur les touches immatérielles de mon dispositif, j’aime à accumuler les notes vocales ou manuscrites et à les agencer en ma propre encyclopédie.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Le vaisseau quitte l’atmosphère de Hapès. Absalom jette un coup d’oeil par le hublot, puis reporte son attention sur son interlocutrice, et hoche la tête. Il a craint qu’elle soit traumatisée par les souvenirs d’une époque d’esclavage passée peut-être au sein de l’Espace Hutt, mais l’air calme de la jeune femme le rassure.


:: Nar Kaaga est à la frontière du territoire des Djiilo, qui est acquis à la République, et ce n’est pas l’endroit idéal où mettre les pieds, pour une Impériale. Le monde en lui-même est une planète de transit, ce qui fait notre affaire : contrairement à certains endroits de l’Espace Hutt, à l’intérieur des domaines des kajidics, là où s’établissent les bases arrières et où les gens circulent peu, les planètes limitrophes entretiennent une population assez interlope pour que nous puissions nous y fondre sans trop de difficultés. ::


Les voilà qui s’arrachent de l’emprise gravitationnelle du monde-capitale. Leur navette frémit légèrement, avant de se glisser dans l’hyperespace avec une relative délicatesse. Une fois que les stries lumineuses s’étirent de l’autre côté du hublot, le Sith paraît plus détendu, ce qui n’est pas très rationnel, car le danger n’est pas moindre.


:: J’ai souvent eu des affaires au sein de l’Espace Hutt avant de m’installer définitivement sur Hapès et l’endroit ne m’est pas étranger. À bien des égards, les kajidics sont des nébuleuses plutôt que des organisations en bonne et due forme. Une fois qu’on dépasse le coeur de leurs opérations, ils entretiennent tout autour d’eux une vaste population de mercenaires et de contractants, où le renouvellement du personnel est assez important, particulièrement sur les mondes de transit. Il me semble que ce serait notre meilleur point d’entrée. ::


L’idée de recourir à la force brute était évidemment exclue : leur cible était probablement trop bien gardée pour espérer exécuter avec une succès une percée dans sa forteresse personnelle, et plus encore pour s’en sortir vivant.


:: La première étape me paraît de bien comprendre comme le palais Djiilo s’inscrit dans le contexte local, économiquement je veux dire, les journaliers auxquels il est susceptible de faire appel, puis de s’arranger pour être recrutés afin de pénétrer de la sorte, sous les traits de mercenaires, de réparateurs, de personnels d’entretien, de danseurs exotiques, que sais-je. Si l’on veut que notre présence ne paraisse pas suspecte, il faut nous imprégner des mœurs locales et nous infiltrer dans une filière de recrutement habituelle. Et naturellement, en parallèle, il faudra essayer de nous procurer des plans au moins approximatifs du palais. Venez, je vais vous montrer nos armes. ::


Il consent enfin à se libérer du harnais qui le retient au siège et entraîne sa coéquipière du moment dans la soute du vaisseau. L’appareil est dans un état irréprochable, récuré du nez au réacteur, et la soute ne fait pas exception. Absalom ouvre une caisse de transport probablement issue de l’ancienne base militaire qu’occupe désormais la Grande Bibliothèque de l’Obscur.


Celle-ci contient des tenues, enveloppées dans des sacs de protection transparents, et toutes soigneusement étiquetées. Les indications semblent répondre à un système méthodique d’évaluation de la classe sociale qui porterait ce type de vêtements sur une planète donnée. Là, c’est une tenue de mendiant, planète très urbanisée, coeur de territoire. Ici, c’est un costume de commerçant, planète périphérique, hub d’échanges inter-systèmes.


:: La plupart sont pour moi, explique-t-il. :: Darth Venenous sait se faire discrète, mais d’une autre façon : il lui est relativement difficile de passer inaperçue en se mêlant à la foule et ses talents de comédienne sont… comment dire… limités. ::


Absalom se souvient d’une partie de mimes catastrophiques, un soir, sur Korriban, avec la professeure d’éthique de l’Académie, Darth Sadicus, et son apprenti, Darth Blanquerus, depuis mort étouffé par un bantha.


:: Mais j’ai de quoi pourvoir aux besoins des invités. Visons marginal, Bordure Extérieure, légèrement usé. ::


Il doit connaître le contenu de son étrange malle aux merveilles du bout des doigts, parce qu’il y plonge la main sans hésiter et extirpe d’une pile la tenue appropriée.


:: Darth Venenous fera cavalière seule et étudiera les possibilités d’extraction. Mieux vaut garder un atout dans notre manche et éviter d’attirer son attention. Pour notre part, nous commencerons par trouver un motel, puis nous nous mêlerons à la population, dans les cantinas du coin. Il s’agit d’abord de repérer les recruteurs et ensuite, d’avoir une idée du calendrier événementiel du palais. Les Hutts aiment les fêtes et nous aurons plus de chance si nous pouvons profiter d’une journée agitée pour faire notre coup. ::


Mais sans doute les maîtres des lieux auront l’obligeance d’organiser une orgie, un sacrifice humain ou un tournoi de backgammon pour leur permettre de s’infiltrer ?


:: Ah, et… Je ne sais pas comment… ::


Il fait un vague geste circulaire de la main.


:: Ce qu’est votre processus habituel, mais je ne m’attends pas à ce que vous suiviez mes ordres aveuglément. Je veux dire que si vous estimez avoir de meilleures idées, vous devez vous sentir libre de les exprimer. Je suis un spécialiste du déguisement et de la comédie, mais pas outre mesure des tactiques d’infiltration, et votre avis est aussi éclairée que le mien. Ne vous sentez pas obligé de ménager mon égo : je préfère en ressortir vivant et victorieux, que de mourir en ayant été appelé Seigneur. ::
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen
Absalom Thorn, goldenrod

L’extérieur attire son regard. L’expérience n’a rien de plaisante. Il reporte de nouveau son attention sur moi et sa voix s’invite de nouveau dans mon esprit. J’ai un sentiment d’étrangeté qui me taquine les limites de l’esprit. Il n’y est pour rien. Ce que je viens de réaliser, c’est la distance qu’il y a de moi à Elle, et combien, finalement, j’y évolue comme à mon aise. L’outil que je suis devenue, afin de m’affûter, retrouve de l’utilité. Rien de plus satisfaisant que le constat d’une puissance que l’on ne gâche pas. Je n’aurais effectivement aucun mal à devenir une ombre au milieu des foules bigarrées de la frontière. Le bleu électrique nimbe désormais notre espace. A la façon dont ses épaules s’affaissent et donc il s’enfonce enfin dans son fauteuil, l’angoisse semble l’avoir quitté. Drôle de chose, qu’une crainte du voyage qui disparaît lorsque celui-ci dépasse les limites de la physique conventionnelles…

Il connaît le terrain sur lequel nous nous apprêtons à marcher. Il m’en dessine les montagnes, les ruisseaux, les forêts. Je note précieusement, en mon for intérieur, déjà me constitue un visage, me glisse dans un nouveau personnage. Il m’invite à le suivre, je me lève doucement. Quelque part, j’ai hâte de me mêler à ces gens. Comment m’imposer à eux ? Devenir eux ? Une danseuse ? Belles personnes que nous sommes, la chose serait délicieuse, et cocasse sûrement. Qui soupçonne l’oiseau colorée qui s’agite d’être aussi le serpent dissimulé dans les hautes herbes ?

Je dois reconnaître une chose, il a de la méthode. Une méticulosité dans le travail que je n’ai jusque-là rencontrée que chez le Docteur. Ce n’est pas que ma Dame en manque, c’est qu’elle n’a pas cette froide passion pour le decorum et le cisèlement des détails. Son esprit voit plus large, plus humains. Peut-être je m’égare simplement et me laisse amuser par cette énorme malle à jouer que manipule l’un des plus dangereux serviteurs du côté obscur de la galaxie. Oui. Cela m’amuse. Aussi sûrement que les assemblages de billes-molécules que nous construisons à l’occasion sur Kholma. J’ai parfois l’impression encore d’être une enfant qu’un rien distrait. Cela fera mon charme.

:: Alors, puisque nous allons à la victoire, comment dois-je vous appeler ? :: Je souris et m’empare d’un vêtement qu’il me tend. Je le sors méthodiquement de sa protection de polymère et en admire la… triste vraisemblance. Oui, perdu dans cette salopette de gueuse comme une bulle au milieu de l’océan, je ne risque pas de trancher avec le commun grouillant des Hutts. :: Je ne suis pas moi-même mauvaise actrice, et danser pour distraire puis tuer ne mettra pas mon ego en difficulté. Ne vous inquiétez pas, je saurai me faire entendre, guetter l’initiative, je ne suis pas une camarade passive. Puisque nous sommes sur le point de nous amuser ensemble et que cela pourrait nous être utile, sachez que je parle Huttese aussi bien que le Basic. Vous n’ignorez pas déjà mes talents pour me fondre dans les ombres, bien que j’imagine votre compagne bien plus douée que moi en cela, et je ne craindrai pas d’avoir à combattre. Voilà, en quelques sortes, mon curriculum vitae. »

Je ne peux retirer une grimace lorsque mes mains parcourent le tissu rêche que je m’apprête à vêtir. J’essaie de me consoler en pensant que cela, du moins, me ferait un gommage. J’ignore s’il a de la pudeur, je n’en ai guère, et j’abandonne déjà ma tenue de voyage au profit de cet horrible vêtement. Plus tôt que je le porte, plus tôt je m’en fais une nouvelle peau. Il ne faut pas espérer être convaincant quand le costume lui-même vous semble étranger.

:: Même là-dedans, je n’ai guère l’allure d’une mercenaire ou d’un gros bras. Je pourrais être votre étoile montante ? Et vous mon agent… »
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Ah, mais moi aussi, je parle le huttese, s’exclame-t-il à haute voix avec une sorte d’enthousiasme juvénile qui ne contribue guère à sa réputation de grand méchant ténébreux et machiavélique.

D’ailleurs, il se reprend, et ses pensées se forment à nouveau dans l’esprit de la jeune femme, plus sobrement.

:: Décidément, nous sommes faits l’un pour l’autre. ::

C’est un brin séducteur peut-être, mais n’est-ce pas le cas de la plupart de ses remarques ? En tout cas, quand la Kiffar se dévêt, il ne la couve pas du regard, trop occupé à examiner à nouveau le contenu de sa malle, pour s’adapter au petit scénario que celle-ci vient d’esquisser pour eux.

:: Un couple de danseurs, c’est probablement plus sage. Je crains qu’un agent ne soit déjà trop respectable pour les milieux que nous voudrions fréquenter. Couple ou frère et sœur, selon les circonstances, si d’aventure il s’avérait que l’un d’entre nous doive séduire quelqu’un et que la conjugalité devienne un obstacle. Encore que les deux ne soient pas mutuellement exclusifs, au fond. ::

Il tire un sachet du fond de sa malle, le déballe soigneusement et commence à son tour à se dévêtir, pour finir en sous-vêtement. Ainsi, presque nu, le caractère surnaturel et presque malsain de sa beauté n’en est que plus évident. Son corps est à l’avenant de son visage : les lignes y sont comme dessinées d’une main artiste, épargnées par les ans, épargnées surtout par toutes les violences qu’il a dû connaître, pourtant, au cours de son existence mouvementée, en plein coeur des guerres et des trahisons.

Combien d’hommes et de femmes ont perdu la vie pour qu’il s’en repaisse et entretienne cette splendeur, opposant les effets de la Force et de son Côté Obscur au travail ordinairement inexorable du temps ? Comme les Seigneurs Siths des temps jadis, qui tuaient des esclaves à la construction de leur Vallée, lui sacrifie les autres à la perfection du monument qu’est son corps.

Il enfile un sarouel et un gilet sans manche, qui découvre largement son torse nu, puis détache du couvercle de la malle un nécessaire à maquillage, dont le bouton une fois pressé déploie les étages multiples. Alors il ajoute aux nuances orientales de son costume des traits noirs sur ses paupières, relève ses longs cheveux blonds en un chignon compliqué dont il laisse échapper deux mèches pour encadrer son visage et ajuste deux lentilles bleues sur sa cornée.

Enfin, il tire les chaussures du sachet, des babouches lisérées d’or, au fil un peu usés et les retourne pour examiner les semelles.

:: Souvent les meilleurs costumes sont dévoilés, explique-t-il en même temps, parce que les semelles sont neuves. Il est facile de se procurer des vêtements d’occasion pour se fondre dans le paysage, mais il est toujours difficile d’avoir marché au bon endroit, et quand quelqu’un m’inspire des doutes, je commence par lui examiner les pieds. ::

Vraisemblablement satisfait par son examen, il se chausse et la malle est enfin refermée. Ensemble, les deux Siths reprennent le chemin de la pièce principale, alors que le vaisseau continue à vrombir tout autour d’eux.

:: Si cela vous convient, je serai Aryl et vous serez Lyra. Ensemble, nous allons de planète en planète au sein de l’Espace Hutt, dans l’espoir de décrocher un jour un rôle dans une compagnie de danse respectable, une comédie musicale, un spectacle itinérant, qui nous permettra de gagner la République. Parfois frère et sœur, parfois amants, l’ambiguïté manifeste de notre relation, qui joue avec l’un des tabous les plus répandus, devrait freiner instinctivement la curiosité de nombre d’espèces. ::

Pour l’heure, cela dit, il n’y a pas grand-chose de plus à faire et, tout courtois qu’il soit, le Jedi Noir finit par se murer dans un silence méditatif. Plus il se laisse aller dans la Force, plus celle-ci rayonne obscurément tout autour de lui, comme la pulsation lente et obsédante d’une menace éternelle qui pourrait se réveiller à tout instant.

Darth Venenous, elle, ne quitte pas son cockpit. Ce n’est que lorsque la sortie de l’hyperespace est imminente que la Kaminoane refait son apparition dans la pièce principale.

Maître, dit-elle de sa voix étrangement modulée.

Le corps de l’Hapien est parcouru d’un long frisson et sa respiration, qui était devenue presque indiscernable, soulève à nouveau plus amplement son torse et son ventre. Ses paupières frémissent, puis il les rouvre et lève ses yeux à la couleur changée vers son Inquisitrice.

Nous arrivons, dit-elle simplement.

De sorte qu’il ne manque pas de se sangler à son siège. Quelques minutes plus tard, le vaisseau revient à sa vitesse subluminique pour approcher de Nar Kaaga, que l’on aperçoit, avec toutes ses couleurs peu engageantes, de l’autre côté des hublots.

La malaise du Sith ne cesse d’aller croissant à mesure qu’ils s’approchent de la planète, et quand ils pénètrent dans l’atmosphère, avec un léger soubresaut, sa mâchoire se crispe. Comme toujours, il y a du trafic tout autour du monde hutt, et il faut parfois des embardées un peu brusques pour éviter une collision. Mais enfin, ils parviennent à se poser contre l’une des innombrables passerelles de l’astroport principal et Absalom peut enfin se détendre.

:: Bien, forme-t-il dans l’esprit de sa compagne de voyage, Anna s’acquittera des droits d’accostage et cherchera des informations de son côté. Trouvons du nôtre une taverne où faire valoir notre présence et en apprendre plus sur le calendrier local. ::
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen

Absalom Thorn, goldenrod

Darth Venenous, orchid




J’ai du mal à distinguer le naturel de la feinte chez mon interlocuteur. Son personnage est si savamment composé et depuis si longtemps, je n’ai guère l’expérience qui me permettrait d’en juger. Il flatte aussi spontanément que je peux le faire. Un doux jeu de dupe dont je suis une fidèle. Cela ne me déplaît pas, non que je sois sensible à ces avances, simplement, je n’ai aucun goût pour la barbarie affichée de certains de nos confrères de l’Eglise. La courtoisie… D’aucun y voit un raffinement désuet, j’y vois surtout l’occasion de ne pas avoir à s’agacer continuellement et à jouer, comme des macaques, à comparer la taille de différents organes.



:: Pourvu qu’il existe entre nous un contrat de servage, j’imagine que personne ne se serait offusqué de vous voir vous présenter comme agent. Mais puisque vous tenez à ce que nous formions un tandem, alors soit, j’irai en votre sens sans trop de mal. :: Je souris de nouveau, la courtoisie, vraiment. :: J’imagine que personne ne serait choqué que nous entretenions une relation libre… Les milieux artistiques ne sont pas connus pour s’embarrasser de ce genre de conception étroite de l’union. Nous sommes si différents, vous et moi, je crains que beaucoup ne fronce un sourcil en nous imaginant issus de la même fratrie. :: Si moi-même je ne peux m’en persuader, je ne préfère pas tenter le mensonge.



Alors que les prémisses de notre plan sont échaffaudés, il n’en ajoute pas davantage et laisse au silence sa place. Je n’insiste pas, j’ai moi-même besoin de me préparer mentalement. De composer mon personnage. Lyra. Un nom de scène. Quoi de plus poétique et de moins original qu’à instrument rudimentaire pour une danseuse... Je n’ai guère de bagage, rien qu’un sourire radieux et une timidité feinte, laquelle disparaît lorsque j’ondule, comme animée par le vent et l’eau. Difficile de garder conscience du temps lorsque la concentration se fait si profonde...



“ Maître... Nous arrivons. ” J’assiste à la même scène qu’au décollage. S’il ment sur la peur qu’il éprouve à ce moment, comme pour tendre un piège vulgaire à celui qui chercherait une faille qui n’en serait pas, il le fait admirablement. Il ne parvient à retrouver son calme olympien qu’une fois la navette posée.



La foule, dehors, nous accueille sans même un salut. Sur un monde aussi fréquenté, les nouvelles têtes choquées à peine plus que les anciennes. Pourtant, je sais que ce désintérêt n’est qu’une façade. Certains savent déjà. Des yeux sont plus entraînés que d’autres. Jamais, au bordel, les patrons n’avaient ignoré qui allaient et venaient : un sens aigu du professionnalisme. Nous intégrons les courants de la foule et nous voilà à déambuler dans les rues. Nous regardons ostensiblement de droite et de gauche, nous arrêtons souvent devant les annonces de spectacles, les devantures. Il nous faut viser la moyenne gamme, à la façon de jeunes artistes encore naïfs. Bientôt, Le Palais des Sens se propose à nous. Nous guettons l’entrée, les néons, les affiches... Nous entrons. L’endroit est tout ce qu’il y a de plus... correct. Tout semble aller avec cette épithète. Correct. L’heure est au repas de la mi-journée, quelques clients sont là et déjeunent tandis qu’une dame chante sur la scène. Un cabaret correct. Je guette ici et là, ne pouvant guère entamer les discussions, et j’attends de mon amant et néanmoins collègue qu’il prenne les devants.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Tous ces gens ! Toute cette vie ! Toute cette aventure qui s’ouvre devant eux ! Absalom inspire à pleins poumons l’air de la taverne, où le parfum des épices qui rehaussent les plats et des alcools fruités se mêlent à celui des gens. Il est heureux de quitter Hapès, ce monde où il doit constamment se surveiller, lui qui a passé le plus clair de sa vie sur des planètes comme celle-ci, dans ces marges de la Galaxie où l’on est plus libre, parce que plus en danger.

Il fait un signe de la tête à sa compagne, avant de se faufiler dans la foule pour gagner le bar. Bien des regards de femmes, et certains d’hommes, suivent sa trajectoire. Peut-être y en a-t-il pour deviner le Hapien en lui, mais, somme toute, son espèce n’est pas si répandu au-delà du Consortium, et encore moins dans des endroits aussi sauvages.

Étrangement, la barmaid se transporte en face de lui bien plus vite et bien plus volontiers que vers le client tout en tentacules suintants, qui patiente pourtant cinq bonnes minutes, à l’autre bout du comptoir.

Flplfplpflpfp, s’exclame-t-il d’un air contrarié, mais dans l’indifférence générale !
Qu’est-ce que je vous sers ?

Le regard de la jeune femme s’égare sur le gilet entrevoir et le torse presque nu de son interlocuteur. Qui ne s’en offusque pas. Bien au contraire. Négligemment, Absalom croise les bras sur le bord du comptoir, pour mieux faire ressortir ses pectoraux.

Deux Fleurs du Désert.
Deux ?

La serveuse esquisse une moue déçue.

Trois, si vous vous joignez à nous, ajoute-t-il aussitôt, tout en désignant d’un geste de la tête la Kiffar qui attend à quelques mètres de là.
Je…
Sans doute quelqu’un peut vous remplacer, dit-il encore, pour prévenir une excuse.
Malheureusement pas.

Elle soupire.
Il sourit.
Son esprit effleure celui de la Kaagienne, pour y donner un peu plus de force au désir vague, opportuniste, que sa présence a réveillé en elle, et quand elle se détourne, elle est déjà envahie par une chaleur troublante.

Deux Fleurs du Désert, dit-elle quelques secondes plus tard, en déposant les cocktails un peu simplistes devant le bel inconnu.
Vous ne seriez pas, par hasard, s’il y a des agents, dans le coin ?
De police ?

Son temps est incrédule.
Il rit.
Le coeur de la jeune fille s’accélère.

Artistiques, précise Absalom alors qu’il commence à puiser dans les souvenirs érotiques de sa proie, les plus récents, les plus accessibles, pour réverbérer à nouveau dans son esprit l’écho des plaisirs.
Je… Hm… Vous êtes musicien ?
Danseurs.
Ici…

Elle s’arrête de parler. Absalom, qui sent qu’il pousse trop loin, libère son esprit, où le mal, peut-être le bien, est de toute façon déjà fait.

Oui ?
Ici, on a déjà une troupe plus ou moins permanente, malheureusement, reprend-t-elle, mais essayez de parler à Exxia.

Elle désigne une Lepi qui, à une table près de la scène, paraît plongée dans la lecture de son datapad.

Elle est traiteur. Enfin, c’est peut-être… Vous savez… un bien grand mot, dans un endroit pareil… Mais elle fournit, pour les fêtes, ce genre de choses. La cuisine. Mais elle aura sans doute des contacts dans le milieu du divertissement.

Absalom hoche la tête. Effleure la main de la barmaid, en prenant ses consommations, puis rejoint He’Thu.

La Lepi, là-bas. Traiteur pour les fêtes locales, probablement des entrées partout.

Il a parlé à voix haute, jugeant que si on les observe, on s’étonnerait de ne pas les voir communiquer. Ensemble, ils se dirigent vers la grande rongeuse, qui ne prête pas beaucoup d’attention au spectacle ;

Exxia, c’est ça ?

La Lepi lève les yeux et les considère tour à tour.

Vous cherchez des mets raffinés pour vous inviter, demande-t-elle d’un ton jovial, et plein d’espoir ?
Pas tout à fait, reconnaît Absalom.
Ah ! Vous cherchez à cuisiner ?
Non plus.
Vous cherchez à…
… danser, coupe le Sith, en sentant que sinon, leur tour de parler ne viendra jamais vraiment. On cherche à danser.
Ah, je vois, je vois, je vois.

Une nouvelle fois, elle les détaille du regard.

Ce n’est pas précisément mon fonds de commerce, fait-elle remarquer.
Mais sans doute vous connaissez des gens.
Peut-être, peut-être… Mais qu’est-ce que j’y gagne ?

Absalom est à peu près sûr que leurs charmes ne sauront pas d’un grand effet sur leur interlocutrice. C’est parfois une malédiction que de manquer de poils.

Un pourcentage sur notre premier cachet, suggère-t-il plus pragmatiquement ?

La proposition contribue encore à l’humeur joviale de la femme d’affaires.

Dix pour cent !
N’exagérons rien, votre contact va probablement nous demander pareil, il faut bien qu’on mange, nous, au bout du compte, proteste le faux danseur, qui ne veut pas avoir l’air d’être trop enthousiaste.
Cinq ?
Deux sur les trois premiers.
Hmm…

Elle les jauge une troisième fois, puis finit par hocher la tête.

Vous avez un datapad ?

Quand le Hapien lui tend l’objet, il griffonne sur l’écran de son propre stylet.

C’est l’adresse de Madame Seraphia. Elle fournit les danseurs et les danseuses pour les fêtes de tous les secteurs. Et, hm… Les masseurs et les masseuses… Et hm… Le reste. Si vous voyez ce que je veux dire.
Je crois qu’on a une petite idée, oui…
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen

Absalom Thorn, goldenrod




Ses façons de faire, par bien des égards, me rappelle celles des Sœurs du Courant Blanc. Il ne s’agit pas de brutaliser les courants de la Force, l’esprit de sa victime. Non. Il s’agit de guider doucement le courant, favoriser une idée déjà née plutôt que d’imposer sa propre pensée. Comme tout son personnage, Absalom m’apparaît, dans sa façon de manier ici la Force, d’une extrême délicatesse et d’une grande subtilité. Un magnifique papillon... Doté d’un dard des plus venimeux, pourtant. Quelque part, en moi, une hâte certaine s’anime. Celle de le voir à l’oeuvre, véritablement. Déployer sa puissance. Se libérer de ce masque qu’il s’impose ici, pour ne pas bouleverser les mortels et s’en montrer contreproductif. Constater de l’allonge de sa frappe, de la foudroyance de sa fureur.



Tandis qu’il se prête à des jeux de séduction, je ne reste pas longtemps seule, ce qui aurait été étonnant, pour dire vrai, dans un lieu où la chasse est somme toute le passe-temps principal, après les affaires autrement plus pressantes que sont l’ivresse et la gloutonnerie. Un Twi’lek à la peau aux délicates nuances de cattleya, m'aborde, remarquant que je suis pour l’instant seule, accoudée à ma table haute tandis que mon collègue œuvre plus loin. Il ne me laisse guère l’occasion de l’éloigner, puisqu’il s’accoude déjà et s’impose à mon regard. Ses dents font pâles figures à côté de sa carnation.



“ M’en voudras-tu de me joindre à toi, ma jolie ? Je vois que tu es seule, et je ne veux pas être celui qui aura laissé filer une telle chance. Première fois que je te vois ici, d’où tu viens ? ” Ta nuque se briserait d’un claquement de doigt... Si seulement je n’étais pas, à cet instant, une tout autre que moi. Je souris en rougissant, je minaude. Ils aiment que cela se passe ainsi, ces nigauds. Ils pensent alors que leur audace leur sourit. Triste malandrin. Je dois pourtant répondre, et je ne peux ni m’appuyer sur mon brassard, ni espérer qu’un inconnu de sa trempe dispose de la moindre notion en Langue des Signes Galactique. Son esprit, meuble comme la cire chaude, me tend les bras. Pourquoi n’en profiterais-je pas pour m’essayer, moi aussi, à de nouvelles subtilités ?



Très légèrement, j’endors ses sens, et voilà que je remue les lèvres aussi sûrement que si je parlais véritablement, sans qu’il ne puisse s’apercevoir qu’aucun son ne s’envole, il n’y a que ma pensée dans son marasme mental. :: Je ne suis pas ici, mon partenaire et moi, on va de ville en ville, d’astroport en astroport pour nous produire. :: - Ton partenaire ? Vous produire ? T’es une chanteuse ? :: - Non, une étoile. Enfin, je veux dire, une danseuse qui rêve de devenir étoile. :: Je ris sautement, faussement naïve. Après tout, une chance insolente aura peut-être amené à moi un triste sire pourvu des justes relations... :: Vous sauriez nous aider ? :: - Vous aidez ? :: - A trouver une place, quelque part... Nous sommes en train de chercher, là. :: - Ah euh... Bah... c’est-à-dire que je ne fais pas dans ce secteur d’activité... si je puis dire. Non... décidément, la chance ne semble pas être de mon côté. :: - Ah ? … Dommage... Et quel est ton secteur d’activité ? :: - En ce moment ? Euh... Oui. C’est-à-dire que je suis aussi en recherche d’emploi, mais active hein ! J’fais deux-trois trucs au black pour des copains, mais là... Enfin... euh... Bon... Laisse tomber. J’dois y aller. ” Aurais-je alimenté son sentiment de honte naissant pour l’obliger à la fuite afin d’écourter cette assez désagréable rencontre ? Tout à fait. Et heureusement, personne n’a le loisir de reproduire l’expérience, déjà Absalom s’avance, un verre à la main, et m’invite à le suivre.



“ La Lepi, là-bas. Traiteur pour les fêtes locales, probablement des entrées partout. ” Lepi ? Le nom m’est étranger et je découvre un être au ridicule tonitruant. Vraiment ? L’univers a trouvé intéressant de laisser passer le filtre de l’évolution à des... lapins ? Quel humour... Mais après tout, la République Galactique n’est-elle pas gouvernée par un crapaud doué de paroles... La conversation se fait majoritairement sans moi. Je me contente de sourire. Lyra est une fille docile, niaise, pleines de rêves et d’espoir, qui, lorsqu’elle entend parler du reste, se contente de papillonner de ses grands cils comme si elle n’envisageait rien d’autres que des domestiques, au pire.



Des mains se serrent après avoir signés des contrats factices, des dents monstrueusement proéminentes me sourient, je leur réponds le regard pétillant, et nous sortons sans plus d’échanges. J’entre les informations, je fais les recherches attendues, j’en délivre les résultats : :: La restauratrice ne nous a pas menti, la dame a effectivement une entreprise répertoriée et avec un aspect tout à fait légal, selon les normes locales du moins qui n’ont pas l’air très soucieuses de la nature des activités de chacun. Peut-être la recommandation nous permettra-t-elle de passer les premières barrières ? Les deux semblent des collaboratrices suffisamment fréquentent pour être prises en holo’ ensemble, en plusieurs occasions. Des fêtes organisées, vous vous en doutez. La liste des clients est interminable, mais je ne vois pas le nom qui nous intéresse. Peut-être œuvre-t-elle parfois plus discrètement que d’autres ? Ce ne serait pas étonnant que parfois, la sécurité réclame un peu plus de discrétion. Comment vous pensez-vous l’aborder ? Elle sera certainement moins impressionnable qu’une barmaid... :: Je souris. Oui, je suis d’un naturel un peu effrontée, mais certains docteurs disent que cela fait mon charme.



D’une main, j’attire l’attention d’un taxi. Le conducteur est tout ce qu’il y a de plus robotique. J’entre l’adresse sur l’écran qu’il me tend, règle en liquide, l’agent sans vie s’exécute. Bientôt, nous prenons de la hauteur sur ce monde navrant. Certes, il fourmille et une frénésie le tient et me saisis aussi, subrepticement, mais... Quel manque de goût, vraiment. Même lorsque certains bâtiments, on le comprend, ont été pensés pour manifester un certain sens de l’esthétique chez leur propriétaire, le rendu final est des plus douteux, l’absence total de politique municipale de ce point de vue n’y étant certainement pas pour rien. Il ne nous faudra pas longtemps pour atteindre notre adresse.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Dans le pire des cas, elle connaîtra quelqu’un qui connaîtra quelqu’un, suppose le sorcier. En tout cas, ça nous donnera une idée plus fidèle de ce milieu. Les habitudes. Les personnalités marquantes. Ce genre d’informations est toujours bon à prendre.


Difficile, en tout cas, d’évaluer de l’extérieur la concurrence qui sévit sur Nar Kaaga quand il s’agit de fournir des divertissements. Madame Seraphia jouit-elle d’un petit monopole à une centaine de kilomètres à la ronde, ou bien n’est-elle qu’une entremetteuse parmi tant d’autres ?


Absalom s’installe à l’arrière du taxi et le regard qu’il pose sur le conducteur mécanique n’a rien d’enthousiaste. Son aversion pour les droïdes est notoire. Pendant quelques secondes, il le surveille, comme s’il le jugeait foncièrement incapable de remplir son rôle, avant de reprendre le fil de la conversation.


:: Quant à la manière de l’aborder, il faudra voir au tempérament de la personne, répond-t-il, en employant cette fois la télépathie, pour éviter d’être surpris par le droïde. L’essentiel est de ne pas se faire reléguer à de l’animation de supermarchés pendant les six mois à venir, en attendant d’avoir fait nos preuves : je crois que nous avons tous les deux de meilleures manières d’occuper notre temps perdu. ::


Petit à petit, ils gagnent ce qui doit passer pour des quartiers plus huppés. Ici, les constructions sont opulentes, presque tapageuses, et les styles les plus contraires se heurtent dans une même rue. Mais ce qui interpelle surtout Noctis, ce sont les gardes que l’on voit alors patrouiller de plus en plus sur les toits. Les riches de Nar Kaaga sont bien protégés.


:: Et le délicat, dans cette affaire, c’est que ni vous ni moi, tout du moins je suppose vous concernant, ne sommes en mesure d’éblouir par nos prouesses de danseurs. Fort heureusement, nous avons d’autres atouts. ::


Malgré tous les a priori d’Absalom, le speeder s’arrête en douceur face à une maison à colonnade, qui évoque une sorte de temples, et la tête du droïde pivote à 360 degrés avec un bruit de vieil engrenage rouillé, pour réclamer son paiement. À contrecoeur, le Hapien introduit ses crédits dans la fente prévue à cet effet, avant de quitter le véhicule.


Les quelques marches d’un perron monumental gravies, et la colonnade passée, le couple de visiteurs se heurte à deux Pantorans chez qui des habits élégants ne suffisent pas à tempérer une mine patibulaire. L’un d’entre eux caresse rêveusement sa carabine blaster, tandis que l’autre s’essaie à une courtoisie démentie par un ton presque brutal.


Bienvenue au Temple de la Délicatesse.
Merci.


Absalom a consenti à un effort héroïque pour réprimer une remarque sarcastique.


On va devoir vous fouiller.
Vous nous avez déjà fouillés, assure le Sith en faisant un geste de la main devant les deux gardes.
Euh…


Le Pantoran cligne plusieurs fois des yeux, puis répète d’un ton un peu absent :


On vous a déjà fouillés.


Il y a quelques secondes de flottement, puis il se décale.


Vous pouvez passer.
Merci, c’est fort aimable.


Les portes s’ouvrent sur un long couloir au tapis rouge, rythmé de chaque côté par des statues de pierre à l’effigie de beautés humanoïdes, mâles et femelles. Au bout du tapis, derrière la réception, une jeune femme à la beauté indéniable est prête à guider les clients.


Bienvenue au Temple de la Délicatesse, dit-elle d’un ton qui fait cette fois-ci honneur au nom de l’établissement. Je suis Émeraude, que puis-je faire pour vous ?
Nous sommes à la recherche d’un emploi.


Le sourire réservé aux clients s’efface aussitôt, pour laisser place à un air calculateur, alors qu’elle les détaille à tour de rôle, méthodiquement, professionnellement, pour savoir si elle doit les renvoyer comme ils sont venus ou s’ils sont à la hauteur du Temple.


Bien sûr, bien sûr, finit-elle par dire, avant de désigner une porte du mur droit, derrière la statue d’un Twi’Lek très légèrement vêtu. Adressez-vous à Costario, il est l’un de nos maîtres de cérémonie. C’est lui qui vous dira si l’on peut vous trouver quelque chose. Et surtout, ne touchez rien !
C’est promis.


Quand ils arrivent à la porte, elle presse un bouton depuis la réception pour la déverrouiller et, de l’autre côté, les deux visiteurs découvrent un monde qui n’a rien à voir avec le calme imposant qui règne dans le hall du Temple de la Délicatesse.


Costario, un cyborg bothan dont les quatre tentacules artificiels ne cessent de s’agiter pour attraper un datapad, ajuster des vêtements et corriger une coiffure, est en train de passer en revue une dizaine de jeunes femmes alignées devant lui comme la garde républicaine.


Ah mon dieu, ma chérie, s’exclame-t-il d’un air consterné, quand on a des yeux comme les tiens, ma pauvre, on essaie de les faire oublier, il faudra m’enlever ce mascara. Et… Qu’est-ce que c’est que ce piercing ? On n’a dit pas de piercing ! Ah la la ! Mes aïeuls ! Quel manque de professionnalisme !


Le regard sans concession de Costario quitte soudain ses troupes pour s’arrêter sur les deux inconnus, qu’il détaille aussitôt comme un antiquaires les pièces de collection.


Mes chéris, j’espère que votre appartement a brûlé et que vous n’aviez pas le choix, parce que si vous vous habillez toujours comme ça, c’est moi qui vais devoir vous reconduire à la frontière…
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen

Absalom Thorn, goldenrod

Tonton Koor’Du, teal


Les lieux dans lesquelles nous pénétrons ne dénotent pas d’avec le reste du paysage un luxe tapageur, des dorures pétulantes, du criard dans les tentures... Ah ? Et des fontaines aux embouchures d’argent et de bronze. Qui était donc l’architecte fou qui avait laissé ici se déchainer ses plus démons les plus clinquants ? Deux mastodontes viennent ajouter du rutilant au bigarré, leur peau bleu nuit à peine moins orageuse que leur regard. Le hiatus entre leur attitude et leurs paroles polis continue de parfaire la façon qu’ont ses lieux de jurer toujours plus haut. La chose finit par m’amuser, véritablement, et un léger sourire angélique ne veut plus quitter mon visage.

Nous sommes accueillis d’abord avec déférence par une humaine dont la beauté rivalise sans pâlir avec la nôtre. Le ton change sensiblement sitôt que mon collègue lui dévoile nos intentions. Nous sommes jugés, l’œil vif va et vient et je le soutiens avec assurance le scalpel de son jugement. Il faut croire que nous rencontrons un certain succès puisqu’elle ne charge pas les gardes de nous escorter jusqu’à la sortie, elle nous indique plutôt le chemin des coulisses que nous empruntons sans nous faire prier.

Derrière, le calme des couloirs est remplacé par l’effervescence des grandes préparations. Des tissus, partout, des hologrammes des grandes qui ont fait ce théâtre, des portraits de stylistes, des sculptures même, des plumes, des paillettes, du magenta, de l’or, du cuir, de la soie... La mosaïque me renvoie immédiatement en des lieux que je pensais avoir pourtant tout à fait quitter. La maison de passes. Madame Pumpfresh, notre “dame de maison”. Sa façon de vérifier la propreté des chambres, de revoir chacune de nos tenues, de veiller à ce que tous les produits se trouvent en chaque lieu à profusion. Mon cœur rate quelques battements tandis qu’une bouffée de colère mêlée d’angoisse m’étreint. Il me faut toute ma volonté pour ne pas saper les fondements de l’édifice et réduire chaque pierre en poussière. Lyra. Je suis Lyra. Ces ombres du passé ne me concernent plus.

Il faut toute l’incongruité d’un singe à six bras pour me ramener au présent. Et cet accent... Le monde du spectacle. Finalement, peut-être les couloirs de l’Académie de Korriban y gagneraient à se laisser inspirer par pareille fantaisie. Je ne peux établir de communication, il attend de moi une réponse, puisqu’il me fixe. “ Hé bah alors, ma chérie ? Tu as perdu ta langue ? Tonton Koor’Du t’as déjà vexée, là ? Vas falloir gagner en caractère...” Précisément... Je n’ai guère d’autre choix que de lui faire saisir ma situation et en réponse à son agacement je tente de souffler des mots, sans son, je mime mon mutisme et... “ Aaaaaahhhh ! Mais fallait le dire tout de suite ! ” Et alors que ses tentatcules se tendent vers moi pour délirer mes cheveux, me faire pivoter, cintrer ma tenue, ajuster mon col, ses mains, elles, s’agitent. “ Tu m’excuseras, ma puce, je suis peut-être un peu rouillé... Ma p’tite nièce est dans ton genre. Une créature délicieuse, à la démarche de veau, mais délicieuse dans la frimousse. Je saurai peut-être en faire quelque chose si elle évite d’attraper le cul de sa mère et se contente de lui avoir pris ses yeux. Enfin, enfin, bon, vous êtes là pour quoi, vous eux ? ” Une joie étrange m’étreint et je m’empresse de répondre. “ - Quelle joie, je me croyais condamné au silence... Nous sommes des danseurs. Enfin, surtout moi. Vous le verrez bien vite, il a deux pieds gauches mais il est beau à en faire se pâmer les déesses, alors... j’en ai fait mon agent... - Ton agent, hein ? Enfin... Pas le temps pour toute vos histoires de coucheries, à vous autres artistes. On a du boulot. Vous en voulez, on vous en donne. On prépare une soirée fantastique et j’ai quatre de mes poulains qui sont actuellement en train de vomir tout ce qu’ils peuvent – une histoire de virus... Vous remplacerez au moins une partie, les retouches sont possibles, vous n’êtes pas loin de leur gabarit. On mettra ton bellâtre au service pendant que tu t’agiteras. Tu as intérêt à être à la hauteur des tenues que je vais te faire porter, ma puce, parce qu’il est hors de question que la presse nous raille ce soir. ” Déjà, elle a porté toute son attention vers l’Hapien et l’examine à mon exemple.

“ Bon, t’as vu, mon beau, ce que j’ai expliqué à ta compagne ? Ce soir, toi, le service. Tu as intérêt à faire chavirer les cœurs du tout Nar Kaaga ou je m’arrange pour que même pour la plonge personne ne vous donne plus votre chance ici. C’est compris, ma chérie ? ” J’ignore si nous avons véritablement le choix, déjà les appendices artificiels font signe de droite et de gauche pour que des mains se précipitent vers les tenues promises. Nous sommes venus cherchés du travail, il semble que nous en ayons trouvé.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Le service ?


Lui ? Le Boucher de Kano-IV ! Le Maître de la Corruption ! Le Seigneur des Mystères ! Le Sorcier aux Mille…


Oui. Le service. Un plateau, un sourire et prière de se laisser palper les fesses.


D’ailleurs, le Bothan incline la tête, pour les jauger, ces fesses, et un tentacule métallique vient y faire pression, pour ne rien laisser au hasard.


Ah ! Mon dieu ! Quelles. Mer. Veilles. Comment tu t’y prends, mon mignon ? Des squats ? Du vélo anti-grav ?


De sombres rituels mystiques pour s’approprier la jeunesse de victimes fanatisées et sans défense ?


Absalom esquisse un sourire mystérieux.


Chacun ses petits secrets.
Bon, bon, bon.


Le Bothan claque des doigts.


Vous toutes, là ! Aux retouches. Vous deux, là. À l’essayage.


C’est l’heure du défilé de mode et, manifestement, chez Madame Seraphia, on n’a pas le droit à un peu d’intimité. Les deux nouveaux venus se déshabillent donc devant tout le monde, ce qui vaut à la Kiffar quelques regards jaloux et à l’Hapien quelques regards rêveurs, en fonction des penchants des unes et des autres.


Au bout de deux heures de mesures et de contre-mesures, d’ourlets et de points, Costario se laisse tomber sur un canapé avec un soupir épuisé, les bras en croix.


Ah, ce métier va finir par me tuer, dit-il d’un ton dramatique, mais avec un regard satisfait ! Bien, mais vous êtes toutes ma-gni-fiques.


Son regard s’arrête sur Absalom.


Et toi aussi, mon bichon.


Lequel bichon n’est pas près d’avoir fait chaud, puisque l’essentiel des retouches, le concernant, a consisté à lui enlever de minute en minute plus de tissu, de sorte que le fier Seigneur Sith se retrouve en tout et pour tout avec un pantalon d’une toile légère et suggestive, et un nœud papillon. Le torse nu, mais soigneusement huilé.


Tout cela, par conséquent, est du meilleur goût.


Allez ! Hop hop hop ! Au speeder.


Costario agite un tentacule nonchalant et les deux nouveaux venus suivent le mouvement des jeunes femmes qui s’engouffrent dans un couloir. Quelques dizaines de mètres plus loin, tout le monde s’installe dans un bus dont le flanc porte le logo du Temple de la Délicatesse.


Le véhicule ne tarde pas à s’élever un peu au-dessus du sol, pour s’engager dans les rues de Nar Kaaga. À l’intérieur, les conversations vont bon train et, s’étant acquis la sympathie de sa voisine en quelques compliments et une ou deux contractions de pectoraux, Absalom se sent autorisé à demander :


Vous savez où l’on va ?
Mais chez la Comtesse, bien entendu.


Le Hapien ne juge pas utile de cacher son ignorance et son interlocutrice, elle, ne juge pas inutile de poser une main sur sa cuisse. Plutôt vers le haut de la cuisse, d’ailleurs.


Ah mais oui, vous et votre… euh…


Elle jette un coup d’oeil dédaigneux à He’Thu.


… camarade, poursuit-elle avec des guillemets dans la voix, vous n’êtes pas d’ici. La Comtesse est une amie personnelle des Djiilo. Pas le kajidic, non non ! La famille elle-même. C’est elle qui s’occupe… Enfin, vous savez…


La jeune femme se pare d’un air mystérieux.


De la drogue, suggère Noctis ? Des finances ? Des armes ?
Des incinérateurs à ordures, intervient une autre danseuse.


Le Sith hausse un sourcil.


Ce n’est pas très glamour, reconnaît sa nouvelle collègue, mais c’est extrêmement lucratif. Il paraît que les Djiilo ont de grosses parts de marché sur la plupart des mondes-cités républicains. On parle de trillions de crédits. La Comtesse joue les intermédiaires.


Comme on pouvait s’y attendre, ces danseuses qui vont de fête à fête sont des puits d’information sur les affaires de la planète. Les plus ingénieuses d’entre elles savent monnayer ce qu’elles glanent en s’attardant dans les couloirs des puissants de l’Espace Hutt. Les autres, en revanche, semblent être mises mal à l’aise par cette conversation qui tourne trop autour du kajidic, et Absalom juge plus prudent de changer de sujet.


Un quart d’heure plus tard, leur véhicule disparaît dans un immeuble de plusieurs dizaines d’étages, par l’une des entrées de service. Noctis passe à son épaule la lanière du sac où il a été obligé de dissimuler son sabre laser avec le reste de ses vêtements, faute de pouvoir le porter discrètement avec sa nouvelle tenue.


Vous avez vu l’heure qu’il est, les accueille-t-on de but en blanc ?


Un Lannik à l’air surexcité, flanqué d’une assistante qui le dépasse de plusieurs têtes, agite devant eux son datapad.


Vous croyez que je n’ai que ça à faire de vous attendre ? J’ai encore soixante-treize…


L’assistance se penche pour murmurer quelque chose à l’une de ses très longues oreilles.


Non non non non non, panique-t-il. Soixante-quatorze, soixante-quatorze choses à régler ! Cette fête est un enfer. Vous comprenez, ça, vous ? Un enfer. Allez ! Allez ! Vous, les danseuses. Suivez Boing…


Il désigne un droïde de protocole près de lui.


… dans les coulisses. Et vous, le serveur…


D’un geste de la tête, il indique le sac d’Absalom.


C’est votre matériel ?
Mon matériel ?
Pour le service. Des convives. Les… requêtes particulières.


Devant l’incompréhension manifeste de l’Hapien, le Lannik pousse un soupir déchirant et se tourne vers son assistante.


Rophelia. Trouvez-lui quelque chose. Qu’on aille pas dire qu’on ne peut pas se faire correctement fouetter dans les fêtes que j’organise, ma parole !
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen

Absalom Thorn, goldenrod

Tonton Koor’Du, teal




Je n’ai pas besoin de tendre mon esprit vers mon partenaire, la sidération se lit sur son visage et j’imagine que le reste de l’assemblée me trouve le visage le plus jubileur qui soit. Les docteurs, les seigneurs, je n’en trouve guère dont je ne puisse m’amuser quand une telle occasion m’est offerte. Ne m’a-t-il pas affirmé lui-même ne peut être de ceux dont l’orgueil ferme les portes ? En voilà une grande ouverte, il suffit... de se déshabiller et d’accepter que d’aucun y aille à tâtons pour découvrir notre postérieur. Ils échangent quelques amabilités et soudain, voilà qu’en un claquement de doigt, je me retrouve à me délester de cette horrible combinaison. Je plie le tout soigneusement et attends patiemment la suite mais Costario me fixe avec insistance : “ Et alors, ma puce, tu ne crois pas que tu vas gâcher ce que je t’ai imaginé en marquant le tissu avec les vilains reliefs de tes sous-vêtements. Allez, fini le travail, on n’a pas toute la journée. … Décidément, cette mission prend toutes les allures, pour moi, de l’analepse. Je ne me laisse pas déroutée et obéi, quoi que je fasse monter un peu de rouge aux joues, tout de même. Lyra n’est pas de celle que la pudeur ne heurte jamais, mais le professionnel avant tout. Bien, bien... On va commencer par les mensurations et... bien des choses encore.



Deux heures d’activité fébrile, de pose, de retouche, d’aiguilles et d’échanges avec les doigts et sans. J’aime assez. Cette douceur toute tyrannique. Je suis un objet d’art, entre ces mains, et je n’ai pas le droit d’insatisfaire son génie créateur. L’idée m’amuse. Je me sens comme une statue que l’on termine de ciseler. C’est à peine si je prête attention aux messes basses et aux regards parfois curieux, parfois ouvertement hostiles. Je finis par comprendre les intentions derrières les voiles qui s’ajoutent. Les autres me mettent également la puce à l’oreille. Chacun devra, dans cette soirée, y trouver son goût, si bien que chaque femme a été pensée à la manière locale de cultures célèbres et célébrées. Clairement, le rôle des employées ne s’arrête ni à la danse, ni au service.



Bientôt, nous voilà sur la plate-forme où nous attend notre bus. Les mains de l’artiste s’agitent une nouvelle fois. “ Allez, va, et surtout, ne me déçois pas. Ma petite nièce sera contente d’avoir quelqu’un d’autre à qui parler quand elle vient. ” Je me contente d’un sourire. Combien de temps durera la mission ? Ai-je seulement envie de rencontrer cette petite nièce... Ce serait curieux de partager avec elle des souvenirs de mon enfance. Le vaisseau décolle, la conversation est terminée.



Pendant un long moment, je me contente de regarder par la fenêtre jusqu’à ce que je sente une main insistante me tapoter la cuisse. C’est une femme à la peau framboise, les cheveux d’un indigo profond. Ses lèvres charnues, un parfum à faire tourner la tête. Une Zeltronne, sans aucun doute, ou une parfaite imitation d’une. Je sens son agacement et elle finit par me dire pourquoi elle m’importune. “ Bon, la muette. Je suis ton tandem et si tu fais foiré quelque chose, c’est moi qu’on tient pour responsable, alors tu vas pas me lâcher d’une semelle, tu vas continuer de te taire comme tu le fais très bien et surtout, tu souris. Tout le temps. Sur place, tu fais tout comme moi, quand je claque des doigts, tu danses, si on te claque les fesses : tu sou-ris. Toute la soirée doit se faire dans le salon, tu ne te rends dans les loges privées que sur ordre de notre Intendante. Elle me désigne une Rodienne aux teintes d’olive sur le tard assise à côté du chauffeur Et si quelqu’un essaie de te parler alors que t’es clairement pas faite pour répondre, tu utilises ça, ça fera le tàf pour la soirée. ” Elle me tend un vocalisateur rudimentaire. De ceux que l’on m’avait doté au tout début de mes côtés auprès de ma Dame. Que je les ai en détestation... La conversation se termine aussi brutalement qu’elle a commencée. Visiblement, mon compagnon est plus à l’aise que moi pour se trouver des alliées. Le beau sexe, peut-être, mais pas le moins mesquin, pour sûr.



Nous voilà bientôt débarquée. Tandis que mon homologue en apprend un peu plus long sur les débouchées offertes pas le métier de serveur, non sans que cela ne m’arrache de nouveau un sourire, je suis, fidèle ombre, mon tandem, laquelle m'a saisi le bout des doigts comme si j’étais aveugle et non muette... Soit, j’imagine qu’une jolie zeltronne en kimono avec une perle comme moi dans sa traîne ne nuira pas au décor ambiant. Nous passons en travers d’elle, dissimulé par des vitres sans teint, dans un couloir qui nous mène droit aux coulisses. La salle est immense, les tables sont décorées en accord avec les filles, chaque coin laisse l’imagination se perdre dans une nouvelle destination paradisiaque. Les tables, rondes, sont disposées en un motif complexe, lequel rappelle sensiblement les branches multiples de notre galaxie. Déjà, de nombreux convives vont et viennent. Nous sommes effectivement en retard, comme nous l’a répété sept fois le fameux Boing.



Rapidement, il nous indique le déroulé de la soirée. Chaque fille défilera le long d’une grande piste aux étoiles, plongeant son regard dans celui du plus grand nombre d’invités, puis gagnera la table correspondant à sa planète. Ensuite, démarreront les enchères, lesquelles auront pour prix le plaisir de dîner ce soir à l’une ou l’autre de ces tables, diverti par l’une ou l’autre de ces hôtesses. Indéniablement plus chic que dans le bordel de ma fol jeunesse, pour sûr. Ces messieurs en auraient pour leur argent. Le défilé commence, la musique monte ne point d’orgue. Les filles vont et viennent, certaines se souhaitent bonne chance, d’autres se maudissent. Pendant ce temps-là, profitant d’une coiffeuse rudimentaire, j’ajuste mon maquillage un peu abimé par la précipitation et le transport. J’ai tout juste fini lorsque ma bonne camarade me martèle l’épaule. Mon tour est venu. La danse des Douze Voiles de la Tribu du Vent Azur – une invention des autochtones de Socorro. Qui aurait pu penser que les spécialités apprises dix ans plus tôt me serviraient à nouveau aujourd’hui. Je semble voler sur la piste, mes ailes se déploient, mes plumes virevoltent, je tourne, plonge, ondule, m’élève, sans bruit, glissant sur mes pieds nues, chaque regard est de braise, chaque œillade une promesse de légendes oubliées et de milles et une histoire ardente. Lorsque je descends les dernières marches, en bout de scène, on s’attend à voir le sable se frayer un chemin jusqu’à moi, répondant à mon appel. Je gagne ma table... Quel prix donnera-t-on à mon effort ? J’espère bien voir ma côte en hausse, depuis tout ce temps...
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Par ici monsieur si vous voulez bien merci s’il vous plaît.

Absalom se demande s’il doit attribuer la politesse presque paniquée de Rophalia, l’assistante de Boing, à l’effet qu’une première rencontre avec un Hapien a parfois sur les jeunes humains impressionnables ou sur le stress de la soirée. En tout cas, la jeune femme n’attend pas sa réponse et s’éloigne déjà à grands pas dans les couloirs de service.

Le Sith jette un dernier regard à sa compagne d’aventures, non sans lui adresser un sourire encourageant et chaleureux, comme tout génie du mal qui se respecte, avant de suivre sa guide.

Rophalia, c’est ça ?

La demoiselle sursaute, surprise que quelqu’un s’adresse à elle sur un autre ton que celui de l’ordre aboyé.

Oui.
Je m’appelle Aryl.
Si vous voulez.
C’est gentil d’être compréhensive.
Pardon ?
Non, rien rien.

Rophalia ne cesse de jeter des coups d’oeil anxieux sur son datapad, où les notifications s’accumulent à une vitesse affolante.

Oh la la, murmure-t-elle, oh la la…
Vous travaillez ici depuis longtemps ?

Ils s’engouffrent dans un turbolift dont l’humaine presse le bouton si frénétiquement qu’on s’étonnerait presque de ne pas la voir provoquer un court-circuit.

Qu… qui, demande-t-elle en ouvrant de grands yeux  ? M-moi ?
Mais oui, vous, réplique le Hapien avec son sourire le plus enjôleur.
Je, euh…

La jeune fille rajuste machinalement sa coiffure.

Depuis six mois. Mais je travaille avec M. Boing. Pas ici. Nous sommes des pestataires. Protestaires.
Prestataires, suggère Absalom ?
Oui, voilà, c’est ça !

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent et c’est un nouveau couloir dépouillé, sans bien différent de ceux qui sont réservés aux occupés de la maison, et que le Sith suppose richement décoré.

Rien de tel pour acquérir de l’expérience, enchaîne Rophalia, soudain heureuse que quelqu’un, enfin, n’importe qui, se penche sur sa situation. M. Boing organise presque toutes les fêtes qui comptent dans les environs ! Mais c’est vrai que c’est…
Difficile, dit-il, alors que son intérêt pour la jeune fille vient de redoubler ?
Un peu stressant.

Elle finit par ouvrir les portes d’une vaste salle où des ustensiles tous plus divers les uns que les autres, mais jamais permis au moins de dix-huit ans, sont soigneusement alignés et étiquetés sur des étagères, avec le soin méthodique d’un collectionneur de papillons. En pénétrant dans la pièce, la jeune fille a viré au cramoisi.

De sorte qu’Absalom entreprend naturellement d’effleurer la collection du bout des doigts.

J’imagine qu’ici, la vie est toujours un peu un tourbillon. Moi, je viens d’arriver. Difficile de se faire des relations pour se lancer vraiment. Vous avez de la chance, malgré tout.
Et vous êtes, euh, hm, comment dire…
Oui ?
Vraiment un, euh, vous savez, disons, hm, enfin, voilà…

L’assistante cherche désespérément l’euphémisme ou la périphrase idéale, tandis qu’Absalom range dans une petite mallette sa sélection personnelle, qui comporte, c’est un peu suspicieux, beaucoup d’objets destinés à attacher les gens. C’est un homme pragmatique et on n’est jamais trop prudent.

… un compagnon de volupté ?

Il se retourne vers elle.

Je veux dire ! Un hôte de plaisirs ! Euh ! Un masseur exotique ? Un artiste charnel ? Un kinésithérapeute des profondeurs ?

Un sourire se dessine sur les lèvres du Hapien et il murmure :

Je suis vraiment tout ça. On y va ?

Rophalia hoche vigoureusement la tête et ils prennent le chemin du retour. Très jeune, Absalom a compris que sympathiser avec les subordonnés, les sous-fifres, les petits mains des sommets diplomatiques et les stagiaires de ministères, ouvraient des passages minuscules où l’on se faufilait parfois beaucoup mieux que par la grande porte.

Alors il dit d’un ton dégagé :

Mais cette fête, c’est déjà inespéré, pour nous, Lyra et moi, et je ne sais pas trop quand on retrouvera une autre mission. Vous savez si c’est fréquent, ce genre de choses ?
Oh ! Très fréquent !
C’est vrai que vous devez être au coeur de tout ça. Avec une efficacité redoutable, j’imagine.
Oh, je, hm, fais de mon mieux, en tout cas.

À nouveau, les portes du turbolift se referment sur eux.

J’ai un master en logistique, vous savez !
Impressionnant.

Du proxénétisme, certes, mais du proxénétisme avec une démarche qualité.

Moi-même, je n’ai… enfin…

Aryl baisse les yeux, avec une pointe de honte. Rien de tel, quand on est un homme demi-nu qui impressionne, de révéler un peu de sa fragilité. Il laisse une mèche de cheveux blonds barrer son joue et dissimuler un peu de son regard, avant d’avouer :

Je ne suis pas allé très loin à l’école.
Oh ce… ce n’est pas grave…
Maman est morte piétinée par un bantha, poursuit-il.
C’est terrible !
Enfin, soupire-t-il. On fait comme on peut pour survivre, n’est-ce pas ?

Et ils arrivent au rez-de-chaussée, où Rophalia se fait instantanément harponner par un Boing absolument


Bor
Dé.

Absalom, lui, se glisse avec les autres « serveurs », des hommes et des femmes, qui s’alignent soigneusement contre le mur du fond pendant les enchères, attendant d’être sollicités par la clientèle pour donner la pleine démonstration de leurs talents.

Les prix montent. Des milliers de crédits. Le sorcier scrute les visages, mais il est bien incapable de savoir si la fameuse Comtesse est dans le lot. Vient en tout cas le tour de Lyra.

Deux milles.
Cinq.
Dix.

Douze mille crédits !

Absalom ne retient pas un haussement de sourcils devant cette somme astronomique, tandis que la Kiffar est rejointe à sa table par un Arcona à la peau brune, comme rongée par les sables et la galaxie, mais tout endimanché, type même de l’aventurier nouveau riche, venu s’acheter une respectabilité.

(Et une fille.)
(Car dans l’Espace Hutt, les deux vont de paire.)
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen
Absalom Thorn, goldenrod

Mon pas vient tout juste d’effleurer la table qui désormais me servira de piste. Mon royaume, ici, est exotique. Je reconnais les couleurs, les plantes, les toiles tendues. L’imaginaire croquignolesque de créatures trop aisées pour réellement prendre le temps d’un contact avec les réalités trop complexes que sont les cultures étrangères. Un univers d’idéal, de fantaisies, d’imaginaire, de fantasmes, construits de toutes pièces dans un élan parfaitement égocentrique. Les autres mondes ne sont jamais que ce qu’ils souhaitent y voir. Ici, mille voiles, une femme, la chaleur d’un regard, l’ardeur d’une lèvre glissant sur un égo chauffé à blanc, à l’ombre d’un palmier dont je note qu’on aura eu le bon goût d’en amener un vrai. Les chiffres s’emballent, et alors que la courbe de ma côte s’élève, mon sourire s’incurve aussi fort. La suite de la soirée m’apprendra que nous n’aurons été que trois à dépasser le cap fatidique des dix milles crédits, et mon esprit chagrin se vexera quelque peu de n’être que dauphine dans ce concours malsain, la tête couronnée l’ayant été de quinze pierres. Soit… Je mettrai ça alors sur le compte des habitudes perdues.

En attendant, mon héros s’avance pour réclamer son prix, de même que ses amis – on ne vient jamais seul dans ces soirées. J’espère que les autres auront au moins la délicatesse de lui payer ses consommations, vu ce qu’il venait de leur offrir. Je reconnais dans ces grands yeux dorés un Arcona. Et de ceux qui ne sont pas du genre à bouder leur dose de poudreuse. Autour de lui, ses comparses sont tout aussi carnavalesques. On penserait à un début d’histoire de mauvais goût, impliquant un Rodien, un Twi’lek, un Duro et un Humain. Si le choix m’avait été donné, je dois bien dire pourtant que j’aurais préféré ne pas compter parmi les protagonistes de cette mauvaise farce. L’argent semble encore pour eux le meilleur moyen de se procurer des femmes bien au-dessus des moyens de leur charme. Leurs paroles sont grivoises, leurs regards entendus, leurs manières… indélicates. Honneur du payeur, je sens sur ma fesse qu’il marque son cheptel d’une claque pleine de sens. Comment pouvais-je imaginer que pareille aventure me plongerait à ce point dans les enfers passés. Un sourire, une caresse, et je m’envole de nouveau et virevolte, tandis que ces messieurs me regardent, rient, boivent, causent.

La soirée suit son cours. J’examine comme je le peux les visages, tente de saisir les informations à la volée mais la musique, la cacophonie ambiante, les mouvements… Depuis le plateau de ma table, je dois bien dire que la tâche ne m’est guère rendue aisée. Soit. Une chance me sera sûrement donnée, plus tard. Deux heures que je danse, passe de cuisse en cuisse, subit les trivialités de ce groupe hétéroclite. Ils n’ont toujours pas compris que je suis réellement muette. Ces idiots pensent que je tiens un rôle. Il faut dire que l’alcool coule autant que leur vulgarité, et que s’y mêle tous les autres nectars qu’ils sont capables d’ingérer. Mon binôme surgit. En quelques gestes, elle me fait comprendre que l’on m’accorde une pause. Deux hôtesses, dans le même goût que moi, viennent me relayer. Je m’éloigne d’eux et m’approche d’elle. Elle m’attrape par la main, mêle ses doigts aux miens et d’un pas léger, nous regagnons les coulisses. Sitôt qu’aucun œil ne peut plus nous surprendre, elle défait son emprise, non sans un certain agacement.

« Madame est heureuse ? Huit mois que je me fatigue ici, tu te pointes, et voilà déjà qu’on craque les PEL pour ton joli cul ? Tss… J’ai horreur des trainées dans ton genre. J’te donne pas trois semaines avant de tomber sur quelqu’un qui saura te faire regretter ton succès, ma puce. » La jalousie manifeste me flatte, mais Lyra ne peut qu’afficher un air affliger et rougir… D’un doigt maladroit j’utilise l’outil qu’elle m’a fourni pour bredouiller, avec une voix fêlée et mécanique qui m’horripile : « Je suis désolée… Je ne voulais pas te blesser. » Elle me foudroie littéralement du regard, à la façon des princesses. « Joue pas les Sainte-nitouche, y a rien de plus exaspérant qu’une pétasse qui n’assume pas son succès. On est toutes des garces, tu l’sais aussi bien que moi. Maintenant, t’as une demi-heure de pause avant qu’on commence le service, tu feras la greluche pendant que ces gens se gaveront en se servant de tes reins comme support s’ils le veulent. Maintenant, va emmerder quelqu’un d’autres et laisse-moi tranquille, sois là à l’heure. » Je feins la plus extrême des candeurs et avec une moue d’enfant blessée, je m’éloigne et obéis, bien heureuse, au fond, de trouver ici un peu de liberté. Aussitôt, je m’égare dans les coulisses et commence à repérer les lieux. Il ne serait pas évident, dans un bâtiment inconnu, entourée de centaines d’invités et du double de personnels au moins, de parvenir en toute discrétion à glaner les informations que nous sommes venus chercher.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Enfin on lui fait un signe et le Hapien se détache de la succession des hommes et des femmes dont la beauté docile, alignée près de l’un des murs, attend de susciter la fantaisie des clients. Il s’approche d’une table où une Twi’Lek entre deux âges lui adresse un sourire carnassier avant de le détailler de la tête aux pieds en le déshabillant du regard, quoiqu’il n’y ait pas grand-chose dont on puisse encore le dévêtir.


Viens, dit-elle ensuite avec le laconisme des gens d’affaires de l’Espace Hutt, qui ne s’embarrassent pas des courtoisies et n’ont pas de temps à perdre.

Elle se lève et deux Wookies l’imitent aussitôt, pour l’encadrer de leur présence menaçante. Ensemble, ils conduisent Aryl le long d’un couloir, puis la Twi’Lek passe une carte de paiement devant une porte, qui s’ouvre avec un son magnétique. Tout est lucratif, ici, de la moindre bouteille à la moindre salle.


La femme dit quelque chose dans sa langue maternelle aux deux Wookies, qui lui répondent dans un grognement indistinct, en tout cas pour Absalom, puis elle entraîne le Hapien dans la pièce et referme la porte derrière eux. Là trône un lit immense, surplombé d’un miroir.


La Twi’Lek se détache de lui pour aller se servir un verre de liqueur ambrée. Elle en hume le parfum, avant de se retourner vers sa proie et d’observer :


Je ne t’ai jamais vu ici auparavant.
Je viens de débuter, explique Absalom avec cette pointe de naïveté dont il imagine qu’elle plaira à une femme de pouvoir.
Oui, répond-t-elle d’un ton tranquille, j’imagine que la transition de carrière entre Seigneur Sith et prostitué n’est pas des plus faciles.


Il la regarde fixement, en dissimulant tant bien que mal sa surprise, et elle se contente de lui répondre d’un sourire, avant de s’installer sur l’un des deux petits fauteuils de la chambre, pour lui désigner l’autre d’un geste de la main.


Si seulement tous les Siths adoptaient ce genre de tenues, plutôt que les robes de bure noire à capuche, vous auriez meilleure réputation dans la Galaxie.


L’homme s’assied finalement, avant de répliquer :


N’hésitez pas à envoyer vos suggestions vestimentaires à l’Inquisition, ils sont toujours ravis d’avoir les retours du public.


Elle a un rire peu rassurant.


Alors, dites-moi. Qu’est-ce qu’un homme tel que vous fait dans un endroit tel qu’ici ?
Ma foi, vous savez, après ma disgrâce impériale, les temps sont rudes…
Quand on a une famille comme la vôtre avec une forte comme la sienne, on ne tombe jamais aussi bas.
Vous avez l’air d’en savoir long à mon sujet.
En savoir long, c’est un peu mon métier.
Qui est, précisément ?
Facilitatrice du développement économique de la galaxie grâce à des contributions radicalement engagées en faveur de la libre circulation des biens et des personnes ?
Contrebandière ?
Quand vous le dites comme ça, ça manque tout de suite un peu de noblesse.


Elle boit une gorgée de son alcool.


Vous avez opéré trop longtemps aux frontières de la République comme Jedi, puis de l’Empire, pour que j’ignore qui vous êtes. D’ailleurs, y aurait-il une bonne raison selon vous pour que je n’en informe pas les autres convives, qui ne seraient probablement pas heureux d’apprendre qu’un ancien Seigneur Sith s’est glissé parmi eux ?
Si vous m’avez reconnu, d’autres l’auront sans doute fait.
Ne vous flattez pas, vous n’êtes pas si célèbre.


Elle pose son verre sur un petit guéridon à côté d’elle.


Vous savez pourquoi je viens dans ce genre de soirées ? Parce qu’entre l’alcool et les femmes troublent les esprits, et que les esprits troublés ont des langues déliées. Cet endroit est une mine d’informations, pour qui a la patience de supporter les conversations avinées, et j’imagine que si vous êtes ici, c’est précisément pour la même raison.
Donc, pour résumer, vous êtes une contrebandière, vous voyez un ancien Seigneur Sith que vous connaissez assez pour estimer le danger qu’il représente, et votre premier réflexe est de l’inviter pour un tête-à-tête dans une chambre. Vous avez des gardes du corps, j’imagine que vous êtes prudente, et que par conséquent vous n’êtes pas du genre à perdre des risques inconsidérés. Vous voulez donc quelque chose de ma part.


Il plisse légèrement les yeux.


Quelque chose de suffisamment rare pour que vous décidiez de saisir l’opportunité au vol, malgré les risques qu’elle vous fait courir. Serait-il possible que vous éprouviez des difficultés à passer les frontières du Consortium ?
Vous m’avez tout l’air d’être très fier de votre intelligence.
Un sentiment dont je ne doute pas que vous soyez familière.


Elle se contente de répondre d’un nouveau sourire plein de dents.


Vous êtes un homme excentrique, à ce que l’on raconte, mais je suis sûr que vous faire passer pour un prostitué n’est pas votre premier réflexe. Quoi que vous cherchiez à faire ici, on dirait que vous en êtes réduit à des solutions de dernier secours. Peut-être un peu d’assistance ne vous ferait-elle pas de mal.
Qu’est-ce que vous cherchez exactement à faire transiter ?
Vous avez les moyens ? D’aider à ce genre d’affaires ?
J’ai passé un temps considérable ces dernières années à cultiver les relations internationales de l’Académie des Sciences. Tout dépend de ce que vous cherchez. S’il est question de milliers de tonnes de matière première, probablement pas. Si vous avez de petites cargaisons ou quelques individus, il serait facile de les mêler au flot d’équipements et de savantes.
Et vos intérêts, sur Nar Kaaga ?
Je cherche simplement à nouer des relations dans la bonne société. Si je puis dire. Diversifier mon réseau.


C’est une réponse prudente et elle le jauge elle-même d’un regard calculateur ;


Les Djiilo ?


Il hausse les épaules d’un air dégagé.


Par exemple.


Pendant un moment, elle reste silencieuse, et même parfaitement immobile, plongée dans ses pensées. Puis subitement, elle décrète :


Nous poursuivrons cette discussion plus tard. J’ai besoin de prendre davantage d’informations. Sur votre situation réelle. Sur vos activités ici. Si je suis satisfaite, nous pourrons convenir à un échange de bons procédés. Je possède un nightclub au niveau 23, section B. Aux Portes Ouvertes. Présentez-vous y la nuit prochaine à une heure du matin.


Absalom n’a guère l’habitude qu’on lui parle sur ce ton, avec une telle assurance, jusqu’à lui donner des ordres, mais la contrebandière ne semble pas intimidée un seul instant par sa présence. Elle se contente de lui adresser un signe de tête avant de se relever et de quitter la chambre, pour s’éloigner avec ses deux gigantesques gardes du corps.


Y a plus de respect, soupire le sorcier assis tout seul sur son fauteuil au milieu de la chambre.


Il finit par la quitter à son tour, pour partir à la recherche de sa compagne d’aventures, afin de raconter à la Kiffar ces derniers événements.
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen
Absalom Thorn, goldenrod

Nous sommes tellement nombreux dans les coulisses. Il y a les autres filles, c’est sûr, mais tellement plus aussi. Il apparaît clairement qu’un seul fournisseur n’aura pas su répondre à tous les besoins qu’aura nécessité un événement d’une telle extravagance. Peut-être cette foule étrangère me permettra-t-elle d’avancer plus discrètement encore. Une demi-heure. Autrement dit, un battement de cil. Je n’ai pas choisi le rôle le plus propice à l’écoute et je doute que mon Arcona, qui dispose de tous les indices du nouveau riche, soit pour moi de la moindre utilité. Trop clinquant, trop tape-à-l’œil, il est ostensiblement de ceux qui doivent le respect qu’on leur prête aux cadeaux qu’il est capable de faire. Peut-être un jour tremperait-il dans des affaires autrement plus louches, en attendant, je doute sérieusement que ce filon me soit d’une quelconque utilité. Je n’ai donc plus que vingt-cinq minutes, déjà, pour trouver le moyen de me rendre utile.

Les couloirs sont bondés, le service bat son plein. Les plateaux de nourritures ne cèdent le pas qu’aux plateaux pillés par les invités. La machine est terriblement huilée, il me faut un temps d’observation pour oser prendre le risque de me glisser dans cet étrange trafic. Je parviens à remonter l’artère principale et à me faufiler dans un couloir secondaire moins fréquenté. Je me suis suffisamment éloignée des coulisses pour atteindre un autre lieu du bâtiment. Vingt-trois minutes. Bon sang, que suis-je censée faire ? Je n’aime pas le peu de préparation avec lequel je me suis lancée dans cette infiltration. Cela n’a aucun sens, et je le comprends à présent. J’ignore comment me rendre utile. Suivant les lumières, je gagne les sorties d’urgences. La formalité administrative, même dans des lieux sordides comme celui-ci, veut que des plans d’évacuation d’urgence soient affichés çà et là. Les mêmes plans qui pourraient peut-être me donner une idée des vagues des lieux dont il pourrait être intéressant que je m’approche.

Vingt-minutes. J’ai consulté le plan, peut-être est-ce judicieux que je prenne un peu de hauteur ? Alors que ma main se tend vers la poignée de la porte, l’idée me traverse soudain l’esprit. Sûrement l’ouverture d’une telle porte ne passera pas inaperçue. Elles sont des failles dans la sécurité du bâtiment, il serait étonnant, très étonnant, que la sécurité soit négligée ici, surtout que beaucoup de gens importants sont présents ce soir. Je lâche un juron, intérieurement, et m’éloigne. Dix-huit minutes. Je n’ai d’autre choix que de revenir sur mes pas. Alors que j’arrive de nouveau dans la lumière, un majordome m’harponne soudainement. « On peut savoir ce que vous faites ici, jeune fille ? Vous devriez être en train de vous préparer, votre pause se termine bientôt et vous êtes… visiblement loin d’être prête. » Je mime mon mutisme, et alors qu’il s’approche pour me réclamer des comptes, je fais filer mes doigts sur le synthétiseur vocale pour qu’il bredouille une excuse à base de faim et de tentative d’accéder à quelque chose en cuisine. Mon air contrit frappe au cœur et il m’accompagne jusque-là, répond à ma demande fantasque mais me conduit de nouveau jusqu’au lieu que j’ai tenté de fuir. Mon charme a ses limites et, visiblement, les lieux sont étroitement surveillés.

Sept minutes. Je n’ai eu d’autres choix que de m’apprêter. J’ai le sentiment qu’un mot à tout de même été glissée, des yeux guettent souvent ma présence. Ce que l’on attend de nous pour la suite est assez clair. Les tenues suivantes, bien que cela semble assez étonnant quand on sait les premières, sont encore plus légères. Je note tout de même le savoir-faire de notre tailleur, même avec le peu de tissu de chacune de ces nouvelles tenues, il est parvenu à les colorer de leur exotisme thématique particulière. Je sens de nouveau sa présence, toute proche. Je n’ai pas besoin de le regarder pour établir le contact.

:: Les filles sont surveillées de près. J’imagine qu’il doit être dans les habitudes des uns et des autres de s’en servir à des fins d’espionnages… Je n’ai guère pu m’éloigner et lorsque je l’ai fait, j’ai été presque immédiatement interceptée. Je ne pense pas qu’on me suspecte pour l’instant, de quelque intention mauvaise, mais je crains de tenter de nouveau quelque chose sans initier de soupçon véritable. Dites-moi que vous vous êtes montré plus talentueux que moi. ::
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
:: Plus talentueux, je n’irais pas jusque là. ::

Absalom s’est rangé avec les autres messieurs qui attendent qu’on sollicite leurs services. D’ailleurs, des regards concupiscents se tournent vers lui, mais il n’a désormais plus qu’une seule préoccupation : quitter ce lieu infâme où ils ne peuvent plus que se compromettre.

:: En revanche, j’ai joui d’une chance insolente. ::

C’est faire preuve de beaucoup d’optimisme, tant sa rencontre avec la mystérieuse contrebandière pourrait s’avérer à double tranchant, mais c’est encore la piste qui paraît la plus prometteuse.

:: Tâchons de nous éclipser en profitant de la diversion. ::

La nature précise de cette diversion reste d’abord bien mystérieuse, à ceci près que la jeune femme peut sans doute percevoir que dans la Force a commencé à se déployer un pouvoir à la fois titanesque et horrifiant. Cet homme au visage d’ange qui attend nonchalamment qu’on veuille bien de lui irradie comme un soleil noir, sa présence, plus envahissante que jamais, étouffante, obsédante, s’étend sur tous les convives et s’arrête juste à la frontière de l’endroit où se tiennent les courtisanes du soir.

Les invités, eux, s’affaiblissent à vue d’oeil. L’un d’entre eux s’évanouit. La mort menace, partout.

La nourriture, s’exclame soudain Aryl, avec une pointe de naïveté et une dose de panique ! La nourriture est empoisonnée !

Le Champ de Mort se rétracte aussitôt, avant de faire d’irrévocables victimes, mais le spectacle qu’il laisse derrière lui n’a tout de même rien de rassurant : des corps aux couleurs maladives, des gens effondrés, et, bien sûr, la panique. Les hommes de main essaient de se soulever pour remplir leur rôle, sans succès, les employés poussent des cris paniqués, c’est toute une cohue, on ne sait pas si on doit d’abord chercher les coupables ou les secours, alors on se bouscule partout en se jetant des ordres contraires.

Absalom en profite pour récupérer sa compagne d’aventures et, ensemble, ils se dirigent vers Costario.

Peut-être qu’il serait bon de nous éclipser, suggère doucement le Hapien, avant que des gens ne commencent à nous accuser.

Le styliste a l’air affolé et, comme il n’a lui-même qu’une envie, celle de partir, cette bonne excuse est saisie au vol et il agite les tentacules pour indiquer aux autres de rejoindre le bus. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à fausser compagnie plutôt qu’à prêter secours, car au fond, la plupart de ceux qui sont encore en état de marcher craignent moins le poison fantasmé que l’accusation hypothétique qui les en tiendrait responsables.

Ils s’entassent tous ensemble dans le bus speeder, qui s’élève bientôt pour regagner les rues de la ville et, pendant tout le trajet, des histoires déjà fabuleuses commencent à se former : la moitié des filles jure qu’elles n’ont réchappé que de peu à la mort, car en effet elles ont mangé quelque chose, ou bu un verre, que ça aurait très bien être empoisonné, tandis que l’autre moitié fait part de ses soupçons, de ses observations perspicaces, car bien entendu elles ont remarqué des gens suspects, par exemple des personnes qui rôdaient du côté des cuisines.

Absalom suit ces conversations avec la plus grande attention, un peu comme un chef d’orchestre qui écoute ses musiciens et, de temps à autre, il glisse un mot ou deux, juste ce qu’il faut pour relancer les spéculations ou embellir une histoire, jusqu’à ce que son mensonge de quelques mots devienne tout un roman écrit par d’autres, sans qu’il n’ait eu à faire beaucoup d’efforts.

Le reste n’est qu’une affaire de patience. Rentrer au Temple de la Délicatesse et ne paraître vouloir trop tôt s’en aller. Attendre, sagement, qu’on les libère de leurs obligations, une fois que Costario s’est expliqué avec son employeuse. On promet de les rappeler. Quelque part, on se sent un peu responsable d’eux, ou bien c’est simplement que l’on craint ce jour-là que des employés insatisfaits puissent répandre la rumeur que ce respectable établissement a quelque chose à voir avec l’affaire.

Il se passe plusieurs heures avant que le frère et la sœur soient relâchés dans la rue, après avoir retrouvé leurs habits.

:: Intéressant milieu, glisse Absalom, à moitié ironique, à moitié sérieux. Pour ma part, j’ai donc rencontré une contrebandière, l’une des clientes, qui m’avait reconnu. C’eût été fâcheux si elle ne souhaitait se voir ouvrir des accès au sein du Consortium, comme vous le savez peut-être un service rare dans cette galaxie. Elle est partie se renseigner sur mon statut, ou plutôt celui de ma famille, au sein du Consortium, et une fois satisfaite nous propose un échange de bons procédés. Nous avons rendez-vous à une heure du matin dans un club qu’elle possède, quelque part en ville. ::

Simple chance, effet de la Force ou pure logique qui voulait qu’un homme tel que lui ait nécessairement des intérêts convergents pour le genre de personnes qui fréquentaient ces réunions ? Absalom n’était pas porté aux spéculations mystiques, alors il se satisfait d’une explication chaotique ou rationnelle.

:: Du reste, je crois que notre petite expérience a été fort utile au-delà de cela. Nous avons pu observer en quelque sorte la scène locale, le genre de protagonistes qu’on y croise, leur manière de se comporter, et ce sont des informations précieuses pour la suite de notre aventure. Un bon acteur doit toujours étudier son rôle, et le faire si possible d’après le modèle dans son milieu naturel. ::

Lui, en tout cas, qui n’était tout de même pas un sociologue de l’Espace Hutt, avait jugé fort utile de s’imprégner du milieu, avant de se lancer dans le grand bain.
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen
Absalom Thorn, goldenrod

Les nouvelles apportées par mon allié me réjouissent et m’intriguent tout de go. Une chance insolente ? Un homme de sa stature ? Quelque part cela m’amuse. Nous qui étions si sûrs de nos capacités dans son vaisseau, nous voilà à compter sur quelque chose d’aussi trivial que le hasard, la contingence. Alors soit, soyons insolents puisque la statistique semble se jouer de nous.

Mon amusement s’éteint aussitôt qu’Absalom se livre à sa diversion. Aucun sensitif, même vierge de toute formation, n’aurait pu passer à côté de ce malaise et de cette noirceur soudain libérée. Sous ses airs d’archange placide, il dissimule un monstre plus sombre que les enfers de toutes les religions réunis. Comment l’Empire a pu être suffisamment stupide pour ce passer d’une telle force de frappe ? Cela n’avait aucun sens d’avoir écarté du pouvoir un adepte disposant d’une telle connaissance de ce qu’avait à offrir les arcanes du côté sombre de la Force. Jusqu’alors insensible, je dois bien avouer qu’à cet instant, il me plut.

Ma Dame elle-même ne s’est jamais livrée, devant moi, à une telle démonstration de puissance. Et il ne semble même pas puiser dans la moindre réserve. Cet acte lui est aussi naturel que les sourires charmeurs qu’il adressait tantôt aux filles, dans l’airspeeder. Je l’admire. Je l’admire mais ne le crains pas. Pourquoi m’encombreré-je de peur ? S’il souhaite me tuer, je ne puis rien faire pour l’en empêcher. J’ignore les moyens de se défendre face à une telle haine du vivant. Même ma colère et ma rage me semblent finalement bien timorées. L’orage s’apaise, aussi vite qu’il s’est levée, ne laissant de marques que sur ma seule rétine. Il suggère la fuite, bien vite, notre patron l’entend et nous voilà toutes serrées dans le bus qui nous avait mené jusque-là.

Sur le chemin du retour, les langues se sont vite déliées. Chacune a tout vu. Chacune est sûre de tout. Les têtards frétillent, incapables de contrôler leur queue, avançant en tout sens sans but. De retour dans le lieu qui nous a privé de nos vêtements, les choses s’éternisent un peu. Toutes les filles sont auscultées pour s’assurer que personne n’a de symptôme. Je ne fais pas exception et me plie à l’examen : bien moins amusant que lorsque mon docteur y procède. Les résultats sont négatifs, on feint le soulagement, bien que certaines se plaignent tout de même, belles actrices, de vertiges et de fatigues.

Nous sommes dehors. La rue est pratiquement vide, hormis quelques filles qui s’éloignent, elles aussi libérées pour la soirée. Absalom me livre ses découvertes que j’écoute avec attention. Il est vrai que l’heureux hasard qui l’a placé sur notre route est d’une probabilité… déconcertante. Une contrebandière ? Laquelle disposerait de l’influence nécessaire à nous aider ? La chose me surprend mais je ne suis pas fine ethnologue pas plus que je ne suis sociologue. Soit, si le Jedi Noir juge que nous pouvons lui faire confiance, je lui délègue cet engagement.

:: J’ignorais tout de cette lune et pourtant… J’ai cru me retrouvé dans ma folle jeunesse. J’ai à la fois appris beaucoup et vécu, à tout instant, un déroutant sentiment de déjà-vu. Enfin… J’imagine qu’il nous faut maintenant faire preuve de patience, et surtout trouver un… ::

« Hey, vous deux ? Qu’est-ce que vous faites, plantés là ? J’ai cru comprendre que vous étiez nouveaux dans l’coin, p’t’être qu’on peut vous aider à trouver d’quoi pieuter pour ce soir ? »

Une miralian à la peau de bronze nous regarde, souriante. Une des filles, évidemment. Une des filles qui n’a pas su arrêter un instant de dévorer mon compagnon du regard. Une possibilité de trouver un toit sans attirer l’attention ? Ou simplement l’occasion de passer une soirée agréablement oiseuse avec des femmes à l’esthétique prononcée. Parfois, on trouve des vérités dans les coins les plus inattendus… Et puis, de façon plus évidente encore, puisque nous n’avons rien à faire, pourquoi ne pas nous joindre à cette bande de copines ? J’interroge mon partenaire du regard, l’arc de mon sourcil, impérieux interrogateur, suffit à lui faire comprendre mon incertitude et les rênes que je lui confie.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
:: J’espère néanmoins que, malgré ce déjà-vu, ce voyage ne vous est pas trop pénible. ::

D’ailleurs, il pose sur son associée du moment un regard plein d’une sincère considération. Pour sa part, il est enchanté. S’établir définitivement au sein de l’Espace Hutt ne lui effleure pas l’esprit, car enfin la vie doit y être épuisante à sans cesse regarder par-dessus son épaule, mais ses séjours lui ont toujours paru pleins de charmes, c’est-à-dire de danger.

Ce sont d’autres charmes cependant qui se présentent à eux, du genre de ceux auxquels Absalom est largement insensible, mais il ne leur en adresse pas un sourire moins chaleureux.

Ce serait très volontiers, répond-t-il sans hésiter. On avait repéré une sorte de motel, mais…

La Mirialan balaie cette idée d’un revers de la main.

Un motel ? Et puis quoi encore ? On est pas des brutes. Venez à la maison.

Pour la forme, elle interroge son amie du regard, une jeune femme qui paraîtrait humaine sans ses yeux dignes d’un félin. Implants ? Métissage ? Difficile à dire. En tout cas, elle détaille leurs deux invités en silence, avec la prudence des gens qui vivent depuis un moment déjà sur ce monde, puis elle hoche la tête.

Parfait, alors, s’enthousiasme la Mirialan qui, sans autre forme de procès, glisse son bras sous celui d’Aryl pour le guider dans les rues de la ville.

Alors c’est un flot de paroles : Merala — car elle s’appelle Melara — connaît tous les gens et toutes les rues, toutes les échoppes et toutes les histoires. Elle n’a pas la méthode des guides touristiques, alors elle présente Nar Kaaga par fragments, des morceaux d’anecdotes, parfois significatives, parfois indifférentes, qui représentent à ses yeux le savoir essentiel sur sa ville.

Derrière elle, sa compagne marche à côté de Lyra, en silence, plongée dans ses pensées. Il n’empêche qu’alors qu’elle ne regarde que ses pieds, elle ne se fait jamais bousculer par personne, n’hésite jamais sur le chemin à prendre et contourne toujours les obstacles.

Au bout d’une demi-heure à se frayer un passage dans la foule de la Lune, au milieu des marchands ambulants, des gamins des rues et des mercenaires avinés, ils grimpent tous les quatre les escaliers d’un immeuble coincé entre un garage pour speeder et le siège de l’une des innombrables guildes de chasseurs de prime.

C’est l’endroit idéal, explique Melara. Personne ne vient chercher des noises aux gens d’à côté…

(Elle parle bien entendu des chasseurs de prime.)

… alors le quartier est toujours sûr.
Plus ou moins, dit l’autre.
Voilà. Toujours sûr.

Et elle s’arrête devant une porte, au quatrième étage. Le quartier est peut-être sûr, mais elle compose tout de même un code interminable pour débloquer la serrure. De l’autre côté, c’est un appartement somme toute assez vaste et décoré avec goût. Il y a des voiles et des tentures, des coussins brodés, des vases de terre cuite aux couleurs du désert et un tooka qui se prélasse dans un rayon de soleil.

A peine sont-ils entrés, cependant, que l’animal relève la tête. Il fixe He’Thu, puis Absalom. Aussitôt, un frisson le parcourt et il s’enfuit à toutes pattes, pour se cacher sous une commode.

Ah ben ça, s’exclame Melara ! D’habitude, il n’est pas bien farouche.
C’est très joli, ici, commente le sorcier.
N’est-ce pas ? C’est Al’ qui fait tout ça !

L’humaine esquisse un sourire plein de modestie, qui doit beaucoup plaire aux clients.

Elle a la fibre artistique. Et puis elle est très douée de ses doigts.
Je n’en doute pas.

Melara s’éclipse un instant dans la cuisine, tandis que son amie se penche pour tenter de convaincre le tooka de sortir de sa cachette. Puis la Mirialan refait son apparition, avec un plateau cuivrée où reposent de petites tasses transparentes, avec un liquide d’un vert clair.

Une infusion des fleurs du plateau d’Erelil, dit-elle. Ça vient de ma planète natale.

Elle s’assoit avec grâce sur un sofa, puis adresse un regard insistant à Absalom, qui s’installe à côté d’elle, et même tout près d’elle. Sa main effleure comme par mégarde celle de la jeune femme, et elle s’approche encore un peu plus de lui. Al’ leur jette un coup d’oeil et réprime un sourire amusé.

Mirial ?

Melara hoche la tête.

Tu l’as quittée il y a longtemps ?
Cinq ou six ans. J’ai eu… Une adolescence un peu mouvementée. On a voulu me mettre dans une maison de correction, je me suis embarquée dans un cargo, et de fil en aiguille, je suis arrivée ici. C’est pas trop mal, ici.

Elle se penche pour prendre l’une des tasses et, quand elle s’appuie à nouveau au dossier du sofa, c’est pratiquement dans les bras de son invité.

Vous travaillez seulement au Palais des Sens, demande Aryl d’un ton dégagé ? Je veux dire, il y a un genre d’exclusivité ?
L’exclusivité ?

Al’ abandonne ses efforts avec l’animal et se laisse tomber dans un pouf.

L’exclusivité, c’est pas trop l’ambiance, ici. Pas vrai, Al’ ?

Al’ opine du chef.

On saisit toutes les opportunités. De toute façon, c’est comme ça qu’on se fait connaître. Et au bout d’un moment…
Oui… ?
On a assez pour ouvrir sa propre affaire.
Et ce serait une affaire de quoi ?
Al’ voudrait être décoratrice. Pas vrai, Al’ ?

Al’ fait oui de la tête. Le Hapien étend son bras sur le dossier, derrière la Mirialan.

Et toi ?
Je ne sais pas. Organiser des fêtes, peut-être. C’est pas le travail qui manque. Entre les petits seigneurs de la contrebande qui claquent tout leur argent dans les filles et la boisson, le Kajidic qui reçoit les mercenaires et les guildes pour leur offrir du bon temps et leur rappeler de qui ils dépendent, et puis les Républicains ou les Impériaux qui viennent s’encanailler loin du regard de leurs autorités…
Ah ? Le Kajidic organise des fêtes, fait Aryl d’un ton à la naïveté bien calculée ? Je n’aurais pas cru…
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss, yellowgreen
Absalom Thorn, goldenrod

Quel étrange seigneur du mal qui s’inquiète de moi. Son regard ne porte les marques d’aucune feinte. Est-il honnête, donc ? Des serpents. Des serpents aux écailles sublimes et au sourire radieux. J’ai comme une lassitude, en moi. Que c’est épuisant d’évoluer dans des eaux si troubles à longueur de temps. :: Je ne m’en réjouis certes pas mais… Disons que cette immersion dans un ersatz de mon passé m’aura au moins permis d’apprécier toute la distance que j’ai mise entre lui et moi. Mais à quoi bon le nier ? J’ai connu ce monde, il m’est familier, il a fait de moi en partie ce que je suis… Alors, soit. Voyons ce que nous réserve la suite. :: Nous n’avons guère l’occasion d’aller plus avant dans cette conversation que j’ai, de toute façon, quelque peu clôturée. Bien vite, une autre conversation se met en place, et je ne compte clairement pas parmi les interlocuteurs de celle-ci, pas plus que l’étrange femme aux yeux de chat. Magnifiques, cela dit, ces pupilles fendues sur un écrin de d’or et de cuivre.

Puisqu’il captive tout à fait la belle hôte, je fais attention, pour ma part, à la seconde. C’est étonnant, elle semble presque fantomatique et pourtant terriblement consciente du monde qui l’entoure. Par trois fois, on manque de la bousculer, par trois fois, un pas de côté, pas même précipité, un léger oblique du buste, presque un mouvement du vent, et l’accident est évité. Ses jolis yeux nous cachent-ils d’autres surprises ? La foule autour de nous change, doucement. Elle se fait moins dense, plus ordonnée, ou peut-être plus craintive ? Je sens des ondes de craintes qui circulent, ici et là, jaillissant d’un simple échange de regard, de trois mots prononcés. Oui, l’endroit est sûr. Surveillé, pour sûr.

Chose ô combien pittoresque, nous voilà à gravir des escaliers, le turbolift de l’entrée nous indiquant, par un bout de papier mal ajusté et des LED rouges en peine qu’il n’est plus capable de remplir son office – j’ai le sentiment que cela remonte à loin. Nous sommes au quatrième étage, on entend parfois un éclat de voix, parfois les vibrations d’une musique, bruyante. Oui, vraiment, pittoresque. Nous entrons dans la caverne des merveilles et je suis surprise d’y trouver un monde très différent de ce que nous avons vu jusque-là. Un soin particulier a été porté à la mise en scène, ici, et, quelque part, j’ai l’étrange sentiment d’un décor. Du coin de l’œil, je comprends l’idée, un angle précis, le canapé, du matériel d’holo-enregistrement… Se pourrait-il que nos hôtes soient aussi des adeptes du travail à la maison ? Voilà que nous faisons fuir l’animal de compagnie. Je ne supporte pas, de toute façon, que ces choses laissent des trainées blanches de poils perdus sur mes vêtements.

On nous sert le thé, et à mon duo, les œillades aussi. Je me retrouve seule, sur une banquette bien trop grande pour moi, abandonnée même de Yeux-de-Chat qui a préféré gagner un pouf plutôt que de m’approcher. La soirée va être longue… Puisqu’on me laisse la place pour me mettre à l’aise, je me libère de mes bottes et commence à boire mon thé à l’impériale, allongée sur le côté, me reposant sur l’accoudoir. La conversation est d’un ennui que la qualité du thé tempère tout juste. La fadeur de son caractère contraste nettement avec l’excellence de son choix en termes d’herbe à plonger dans l’eau bouillante.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Nous avons toutes les deux fui le salon, Yeux-de-Chat m’a précédée de peu, un geste sûrement de sa compagne l’aura convaincue de prendre l’air. Leur balcon est relativement grand. Des tables, des chaises. Une plante. Cocasse, dans ce décor. Une baie vitrée couvre le salon, les fenêtres y sont opaques, une autre couvre ce que je devine être une chambre, les vitres en sont encore transparentes. Je m’accoude à la rambarde, je regarde la rue, en contrebas. Elle se tient aussi, au-dessus du vide. Dans sa main, une cigarette va et vient jusqu’à ses lèvres. « Vous parlez encore moins que moi. Mes doigts glissent sur mon avant-bras, activant mon TPH qui parlera pour moi. – Ce n’est pas évident, lorsque l’on est muette, de se glisser dans une conversation. Elle sourit, en coin, amusée. – Ce n’est pas évident, quand bien même on parle, de se glisser entre Melara et sa proie. » Je souris à mon tour. Il n’y a pourtant pas d’animosité dans sa voix, dans sa façon de constater. Rien d’autre qu’une longue habitude. Sœur dans la misère. Des sœurs ça s’aiment, des sœurs s’insupportent. Je retrouve, encore une fois, comme un effluve du passé.

« Mais vos yeux sont partout, hein ? Je joue un léger masque de surprise, puis je rougis, je jouerais la souris s’il le faut, pour dompter ce gentil chat. N’y voyez pas une critique, j’ai appris à regarder le jour où j’ai appris à me taire aussi. Quelle mystérieuse petite chose. Elle semble avoir abandonnée sa timidité dans le salon. Me considère-t-elle autrement qu’Absalom ? – Puis-je me permettre une question ? - Ma mère était cathar. Une Juhani, pour être tout à fait honnête. Une branche particulière, suffisamment proche des Humains finalement, pour que mon père arrive à la mettre enceinte – contre toute attente. Enfin… Proche, certes, mais voyez-vous, la lignée s’arrêtera là puisque je ne peux moi-même porter d’enfant. Est-ce là tout ce que vous vouliez savoir ? Elle souffle la fumée vers le ciel. Son esprit attise ma curiosité. Elle est décidément trop vive pour les atours dont elle se retrouve ici affublé. – Je ne voulais pas me montrer indiscrète. – Personne ne le veut jamais, mais vous l’êtes toujours, en définitive. Le temps prend ses aises et invite le silence. Je finis par glisser de nouveau mes doigts sur la surface holographique de mon appareil. – Tu n’as pas gardé que les yeux de ta mère, tu en as aussi l’esprit féroce et affuté.. Elle est surprise, amusée. Elle tire de nouveau sur son brandon avant de lâcher, une courbe au coin des lèvres, un simple. – Merci. »

Le mégot agonise dans une coupelle. Nous n’avons pas quitté notre perchoir. Elle finit par me regarder, dans les yeux. « Tu te doutes que nous n’avons pas de chambre d’amis, et que notre douce Mirialan a déjà décidé d’où dormirait ton collaborateur. Je ris dans un souffle, et j’opine du chef. Bon… Les canapés ne sont pas franchement confortables et je ne vais pas laissé sa libido te gâcher la nuit… Mon lit est grand et je ne dors pas nue, si tu veux t’éviter la lombalgie… Je souris, et je vais chercher dans ses yeux ce qu’elle attend. Je n’y trouve pas de désir. Une dame honnête. C’est adorable. – Merci. Je ferai l’effort de garder un vêtement pour cette nuit, alors. » C’est à son tour de rire doucement.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Nous sommes toutes les deux couchées. Sa respiration, est douce, lente, mais je sens qu’elle ne dort pas. Les lumières électriques filtrent à travers la vitre, pas tout à fait opaque. Je vois la couverture, sur elle, qui vague. Les minutes s’égrènent. Je ne trouve pas le sommeil. Elle ne le trouve pas non plus. Elle se retourne vers moi, se rapproche. Son front vient à la rencontre du mien. Je crois distinguer l’éclat de ses yeux, fragments opalescents enchâssés dans la nuit. Elle ne dit toujours rien. Elle descend d’une main, dans le lit, je sens son souffle sur ma gorge. Elle se tourne à nouveau et se love contre moi, prenant délicatement mon bras pour que je l’enlace. Je me laisse faire. Je ne dis mot. Elle s’endort. Je ne parviens pas à retirer mon bras qui l’enserre, juste sous la poitrine. Ce n’est pas qu’elle le retient, simplement, je suis incapable de trouver la volonté de le faire. Que de tendresse arrive-t-on encore à trouver chez une sorcière…
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Melara glisse un index entre ses lèvres, le suçote en fixant son interlocuteur, puis elle se penche vers lui et presse son doigt humide contre le haut du Hapien.

Oh non, s’exclame-t-elle en battant des cils ! Te voilà trempé. Et si on allait dans ma chambre changer ces vêtements tout mouillés ?

Hélas ! Il faut parfois savoir se sacrifier pour la cause commune. La mission, c’est la mission. Absalom répond d’un sourire gracieux et se laisse entraîner. Un jour, sa quête du savoir le mènera jusqu’à un artefact mystérieux gardé de près par des messieurs solidement bâtis, torses nus et huilés, et alors il devra payer de sa personne pour faire diversion.

Pour l’heure, Melara le déballe un peu comme un paquet cadeau.

On dirait presque que tu n’es pas humain, souffle-t-elle, mais il la fait taire aussitôt d’un baiser, parce que l’entendre continuer à faire la conversation, ce serait vraiment la double peine.

Bientôt, les habits ont disparu. Au fond, Absalom n’a pas besoin de se forcer tant que cela. Son goût pour les femmes est anecdotique. Il ne lui viendrait jamais à l’esprit d’en poursuivre aucune de ses ardeurs, et elles ne lui inspirent jamais aucun sentiment amoureux. Mais on peut se laisser emporter tout de même par ses sens : rien n’est jamais où tout à fait obscur, ou tout à fait lumineux.

Ce soir-là, Melara n’est pas discrète. Elle comprend difficilement l’emprise qui est en train de se refermer sur elle, ni par quels moyens son amant semble anticiper tous ses désirs, comme s’il lisait en elle à la façon d’un livre ouvert. Elle ne sait pas que les caresses de l’homme se terminent parfois avec la délicatesse d’un souffle télékinésique, ni que le plaisir qu’il fait naître en elle est aussitôt cueilli dans son esprit, nourri, magnifié par des pensées étrangères.

Quand enfin elle s’abandonne aux draps, épuisée et les pensées confuses, le corps fébrile, elle sombre dans un sommeil agité que hante désormais un désir sombre et insatiable. Absalom reprend son souffle. Pendant de longues minutes, il remet de l’ordre dans ses propres pensées, ramène le calme en lui-même.

Puis il entend la main et la pose sur le front de sa proie. Son esprit la pénètre facilement. Il a travaillé à la rendre malléable. Le sorcier visite sans peine ses souvenirs. Les fêtes. Celles de Dogba Djiilo. Il visite en même temps qu’elle les couloirs du palais. Parle aux esclaves qui travaillent là-bas. Il faut écarter les détails inutiles pour se concentrer sur l’essentiel. La disposition des lieux, les protagonistes les plus importants.

La contrebandière doit leur donner la clé, Melara offre le plan.

Quand il s’estime satisfait, il ôte sa main du front de la jeune femme endormie et note ces informations à toute vitesse sur un datapad, pour être sûr de ne rien oublier.

Un quart d’heure plus tard, ses pensées se faufilent dans l’esprit de He’Thu.

:: Notre rendez-vous de la nuit est proche. ::


***


Il leur faut encore une bonne heure pour arriver Aux Portes Ouvertes. Pendant le trajet, Absalom ne fait pas le moindre commentaire sur les événements du petit appartement. Ni sa relation avec Melara, que le tempérament démonstratif de la jeune femme aura rendue difficile à ignorer, ni ce qu’il peut avoir perçu de la tendresse entre He’Thu et l’autre colocataire.

A-t-il pris du plaisir ? Trouve-t-il son compte dans ce genre de rencontres ? Ses pensées semblent à nouveau entièrement tournées vers la mission. Il est nerveux. Les autres ne s’en rendent pas compte, mais celle qui l’accompagne, elle, le devine peut-être. À travers la Force. Comme tous les Hapiens, Noctis, ironie d’un nom, n’apprécie guère la nuit. Ils font parfois un détour juste pour pouvoir longer les façades les mieux éclairées.

Enfin, le nightclub est là, devant eux, avec ses néons, sa ribambelle de jeunes gens pleins d’espoir qui serpentent en une file d’attente, les fumeurs dehors, la musique frénétique qui surgit dans la rue quand les portes s’entrouvrent pour laisser passer de nouveaux clients. Absalom plisse les yeux pour distinguer les gens de la file d’attente, paraît réfléchir un moment, puis décide de l’ignorer totalement et se présente au videur.

L’homme le détaille de la tête aux pieds, mais finit par s’intéresser surtout à la femme qui l’accompagne. Il se livre à ce savant calcul des professionnels de la fête, dont les variables sont les différents traits de la beauté féminine et le prix des boissons qu’elle est susceptible de se faire offrir. Satisfait de son équation, il finit par hocher la tête et les deux Siths pénètrent dans l’établissement.

Ils n’ont même pas atteint la piste de danse qu’un Aqualish se glisse près d’eux. Absalom manque de faire une crise cardiaque quand il se retourne et qu’il aperçoit ce visage horrible sorti de nulle part.

L’appart’ tonne de l’équerre de vos anges, dit l’inconnu d’un ton mystérieux.
Euh… Je vous demande pardon ?
Je dis, reprend l’Aqualish en forçant la voix : La patronne requiert votre présence.
Ah ! Oui. Très bien. Écoutez, on vous suit.

N’importe quoi en fait tant que M. Mandibules lui tourne le dos. L’Aqualish les fait longer une galerie métallique, ils passent un lourd rideau de velours noir, puis une porte, puis un couloir, puis un escalier, bref c’est tout un labyrinthe où s’amuït petit à petit le son de la musique électronique, jusqu’à ce qu’ils aboutissent dans un salon privé aux murs capitonnés et au calme irréprochable.

La contrebandière est là, à faire sa correspondance commerciale, d’un air studieux et irréprochable, tandis que partout ailleurs dans son club, les gens sont en train de se droguer et de défier les lois de l’évolution en procréant dans les toilettes.

Merci, Firmin-Xavier, dit-elle à l’Aqualish, qui s’incline respectueusement avant de s’éclipser.
Firmin-Xavier, fait Absalom ?
Hé bien oui. Vous pensiez quoi ? Qu’il s’appelait Chistok le Hideux ?

Le Jedi Noir hausse les épaules, elle les invite à s’asseoir d’un geste de la main, bref, tout le monde fait quelque chose de ses bras.

Je constate que vous n’êtes pas venu seul.
Mon associée.
Fort bien, fort bien.
Vous avez eu le temps de vous informer sur mon compte ?
Il semblerait que vous soyez très lié au ministère des affaires étrangères hapien, et par conséquent en mesure de faire ce que vous avez promis.
Comme je vous le disais.
Et, précisément, de votre côté, vous souhaitez… ?
Être invité à la prochaine fête de Dogba Djiilo. Nouer des relations dans les kajidics.

Techniquement, c’est la stricte vérité.

Sous votre identité réelle ?
Qu’est-ce que notre identité réelle, au fond ?
Cher ami, je fais dans les tracteurs de contrebande et les produits chimiques en gros, moi. Pas dans la métaphysique.
Des identités d’emprunt. Rien de très tapageur. Assez pour nous mettre le pied à l’étrier. C’est possible ?
Sans doute, sans doute…

Elle le regarde.
Il la regarde.
Ils se regardent.

En somme, il ne reste plus qu’à parler chiffres.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn