Grendo S'orn
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Coruscant - Sénat Galactique - Bureau du Chancelier

L'aube montrait peu à peu le bout de son nez sur la capitale de la République. Politicards, financiers et lobbyistes se réveillaient un jour à peine après l'apparition du nouvel Empereur autoproclamé, Darth Ramken. S'orn, lui n'avait pas fermé l'oeil de la nuit tant cette situation bousculait tout ce qu'il avait prévu.

- Poursuivez ... sa jambe droite au-dessus de l'autre, les mains jointes par le bout des doigts et le regard fixé vers son interlocuteur, Grendo S'orn était confortablement assis derrière l'imposant bureau de la Chancellerie. Face à lui, le Général et Chef d'Etat Major Tharak, un Harch de quasiment deux mètres de haut venu le briefer sommairement sur les ordres donnés en réaction à l'ascension de Darth Ramken.

- Shkkk, j'ai également ordonné à plusieurs vaisseaux de reconnaissance de faire route vers l'espace neutre. Shkkk, cette vaste zone tampon entre les frontières impériales et les nôtres doit à tout prix être maintenue. Shkkk, la neutralité de ce secteur nous garantit un laps temps suffisant pour réagir au cas où Darth Ramken ou le Cardinal Bekhaar déciderait d'attaquer la République.

- Et du côté d'Arda ? le neimoidien fixa son regard glacial vers le militaire à la prononciation si caractéristique qu'il était incapable d'éviter de reproduire à chaque début de phrase un son quelque peu agaçant avec ses mandibules.

- Shkkk conformément à vos ordres monsieur le Chancelier, nous avons interrompu notre retrait. Notre flotte est en état stationnaire.

- Bien, je vois également que sur Columex les troupes impériales ont quittés l'orbite de la planète c'est exact ?

- Shkkk tout à fait monsieur. Shkkk il semble que le Conseil Noir n'ai pas eu d'autres choix que de rapatrier ses effectifs au sein du territoire impérial. Shkkk vu l'insurrection qui se déroule en ce moment, c'était la meilleure décision que le Cardinal Bekhaar pouvait prendre.

- Intéressant ...

La République était dans une position de force comme elle ne l'avait jamais été auparavant. S'orn se serait bien vu profiter de la situation de faiblesse de l'Empire pour y lancer une offensive d'une violence inouïe. Peut-être les forces républicaines ne parviendraient-elles pas jusqu'aux portes de Dromund Kaas mais l'Empire en serait sérieusement touché, de nombreux territoires reconquis et passés sous influence républicaine. L'occasion rêvée d'entrer dans les livres d'histoire comme le Chancelier qui avait réussi là où tous les autres avant lui avaient échoués.

- Shkkk, le Sénat compte-t-il déclarer la guerre à l'Empire monsieur le Chancelier ?

Le neimoidien afficha un léger sourire narquois.

- Contentez-vous de consolider nos frontières Général, je m'occupe du Sénat. Réunissez également les membres de l'Etat Major, il nous faut agir vite.

***********************

Plus tard dans la journée.

Le Chancelier était là, debout, regardant à travers la large baie vitrée la nouvelle annexe d'une taille gargantuesque sur le point d'être construite à côté du Sénat. Au fil des années l'édifice accueillait de plus en plus de monde en son sein, forçant de nombreuses délégations à se partager des bureaux exigus et pas toujours adapté à toutes les espèces. Cette nouvelle aile servirait principalement à désengorger le bâtiment principal, offrant par la même occasion un lieu idéal pour installer le Bureau d'investigation sénatorial (BIS) fondé peu après l'élection de Grendo S'orn. Soucieux de marquer les générations futures, le neimoidien désirait radicalement transformer la Capitale en y faisant ériger ci et là des monuments à la gloire de la République. Certaines rumeurs faisaient état d'une statue de taille gigantesque à son effigie, mais rien ne pouvait être prouvé pour l'instant.

On l'avait informée de l'arrivée de la navette diplomatique du Consortium à l'un des nombreux quais d'amarrage du Sénat. Grendo profita de la dizaine de minutes de répit qui lui restait encore avant que son invité ne pénètre le pas de cette pièce, en observant les travaux en contre bas.

- Monsieur le Chancelier ? Votre rendez-vous est arrivé, il a été fouillé comme vous l'aviez demandé et ne porte rien de suspect, puis-je le faire entrer ?

- Faites le entrer. répondit-il en s'asseyant à son énorme bureau noir de près de trois mètres de long pour deux de large.

La porte de son bureau s'ouvrit dévoilant un jeune homme à la crinière blonde et à la beauté insolante. Une tête que le neimoidien ne connaissait que trop bien.

- Absalom Thorn, entrez.

Peu après son élection, S'orn avait déjà été contacté par l'ex Sith lors de son passage sur Hapès. Une rencontre qu'il s'était empressé d'abréger tant le hapien ne lui inspirait guère confiance. Mais si le neimoidien s'avérait être méfiant en toutes circonstances, il n'en n'était pas moins pragmatique. Absalom possédait des informations capitales sur l'Empire, des informations que Grendo se verrait bien vu lui arracher pour les utiliser à son avantage maintenant que les Sith s'entretuaient sur leur propre territoire. Leur aversion pour les Jedi était partagée, un point commun qu'il ne manquerait pas de souligner afin de mettre en confiance son jeune interlocuteur.

- Je suis ravi que vous ayez accepté mon invitation. Votre délégation est-elle confortablement installée ? En tant qu'invités de marque j'ai donné l'ordre que vous puissiez bénéficier des plus belles suites du Sénat. dit-il, muni d'un sourire carnassier plongeant pour la première fois son regard glacial dans les yeux de son jeune interlocuteur Pour tout vous avouer ... j'espérais que vous fassiez partie de cette délégation bien qu'il ne faisait aucun doute qu'Hapès enverrait son meilleur émissaire pour négocier un rapprochement entre le Consortium et la République. ne l'appelait-on pas autrefois "le Doux visage de l'Empire" ? Celui que l'Impératrice Héritière avait envoyé négocier la paix était désormais considéré comme un paria par certains de ses pairs. Traqué tel un vulgaire fugitif par l'Inquisition Sith qui payerait très cher pour récupérer sa tête. Mais Grendo n'avait que faire des désidératas de quelques fanatiques religieux bien trop occupés de se faire la guerre au nord de la galaxie.
Absalom Thorn
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Comment ça, « de légères turbulences » ?
Regagnez votre siège, docteur.
Qu’est-ce que ça veut dire exactement, « de légères turbulences » ?
Docteur…

Une main se posa sur son épaule et Absalom se retourna vers le soldat de la garde royale affecté à sa protection personnelle.

Bien, bien, puisque vous insistez, maugréa-t-il en se laissant entraîner hors du cockpit pour réintégrer son siège, avec les autres membres de la délégation.

Abstraction faite du pilote et de son garde-du-corps, la délégation était entièrement composée de femmes, comme il arrivait souvent dans les affaires de haute diplomatie hapienne. Lui-même n’était qu’un consultant du ministère en la matière et ses pouvoirs décisionnaires étaient inexistants. Tout du moins en théorie. En pratique, il avait une conscience de première main de la politique républicaine et les diplomates qui l’accompagnaient en avaient parfaitement conscience.

Le vaisseau sortit enfin de l’hyperespace et le Sith enfonça ses ongles dans le revêtement de son siège, parce que les légères turbulences secouaient l’appareil dans tous les sens. Ils avaient perdu un stabilisateur en quittant le Consortium, incident au fond mineur, et que l’homme essayait de ne pas considérer comme de mauvais augure.

Du reste, cette mission était une chance. Jusqu’à lors, depuis son exil forcé de l’Empire, ses incursions en territoire républicain s’étaient limitées aux planètes les plus périphériques, protégé soit par le secret, soit par l’amitié de Cadézia. Revenir sur Coruscant était d’ores et déjà une petite victoire personnelle et il était déterminé à consolider autant que possible les relations entre la République et le Consortium, pour s’ouvrir à de nouveaux de vastes territoires qui renfermaient bien des secrets utiles à ses recherches.

Mesdames, nous avons un vecteur d’approche, atterrissage dans vingt minutes.

Les relations entre la République et le Consortium étaient réduites au strict minimum, mais comme tous les membres de sa famille, Absalom était convaincu que la situation géopolitique invitait son pays à reconsidérer sa fermeture et à s’associer à une nation qui émergeait victorieuse de la lutte galactique, si ce n’était par la force de ses propres victoires, du moins par les dissensions internes qui agitaient son principal adversaire.

Mais le Trône était prudent. La cour se méfiait de la République, par principe. Trop cosmopolite. Trop égalitaire. Trop progressiste. Et surtout, elle se méfiait de l’influence des Jedi, cet Ordre honni par une large partie de la population hapienne. C’était là, en réalité, qu’Absalom entrait en scène. Si son rôle était officiellement de donner son avis sur les dispositions d’un accord éventuel, pour ce qui était des dossiers économiques, la véritable mission qu’on lui avait confiée consistait à s’assurer que les négociations ne se déroulent pas sous l’influence d’une secte qu’il connaissait si bien.

La navette finit par atterrir, pour son plus grand soulagement, et on les conduisit à des appartements fastueux que les diplomates hapiennes ne manquèrent pas de considérer avec la froideur caractéristique des gens de leur espèce qui, habituées aux raffinements de leur monde natal, considéraient le reste de la culture galactique comme un étalage d’une triste médiocrité. Absalom, lui, n’avait pas les mêmes exigences et il trouva les lieux fort à son goût.

Il s’était à peine installé dans ses appartements qu’un jeune homme d’une vingtaine d’années se présenta à lui.

Votre Excellence, fit celui-ci, je suis porteur d’une invitation de la Chancellerie Suprême.

Il lui tendit respectueusement un datadisk. Absalom réprima un sourire. On lui avait envoyé un bel éphèbe, sans doute pour flatter ses inclinations célèbres, et surtout on lui avait épargné un droïde protocole, et le sachant notoirement hostile aux robots. C’était une double preuve de délicatesse, et elle le mettait dans d’excellentes dispositions.

Comment vous appelez-vous ?
Takyon Vel, Votre Excellence, répondit le jeune homme.
Il est dit ici que vous pourriez me servir de guide durant mon séjour.

Et par « guide », Absalom comprenait « chaperon chargé de le surveiller ». Celui qu’il avait pris pour un stagiaire au cabinet de la Chancellerie devait travailler pour les services de renseignements. Il ne s’en formalisa guère. Pour une fois, il n’avait rien à cacher.

Le jeune homme releva les yeux.

Je suis au service de Votre Excellence. Pour…

Il marqua une pause significative.

… tous ses besoins.
Excellent, s’enthousiasma le diplomate ! Hé ben, ne faisons pas attendre vos employeurs, je vous suis.

Le garde du corps leur emboîta le pas. Lui aussi était chargé de surveiller Absalom. La Reine d’Hapès n’était pas plus disposée que le Chancelier de la Répubique à faire confiance aux autres.

Ce ne fut pas sans nostalgie que le Jedi Noir vit défiler le paysage si familier de Coruscant et qui pourtant, depuis toutes ces années où il n’y avait mis les pieds, avait changé si profondément. C’était la même ville perpétuelle, la même agitation sans fin, et en même temps des immeubles étaient nés et d’autres avaient disparu. Le monde-capitale et tout ce qu’il renfermait de savoir, de civilisation et de possibilités lui manquait au fond terriblement.

Nous arrivons, l’informa son guide alors que la silhouette du Sénat, où il avait passé tant de temps comme Padawan et jeune Consulaire, se découpait devant eux.

Leur speeder s’engagea dans un conduit réservé, avant de se stabiliser face à une plateforme. Là, des gardes les attendaient.

Je crains que nous ne soyons obligés de vous fouiller, messieurs.

Une prudence dérisoire, quand on songeait aux pouvoirs des sorciers siths, mais Absalom déclara calmement :

Je porte mon sabre laser à gauche, à l’intérieur de mon manteau.

À ces mots, il perçut une légère crispation chez les gardes, mais leur professionnalisme avait le dessus et l’un d’entre eux extirpa soigneusement l’arme tant redoutée, avant de s’assurer que le visiteur, à part lui-même, n’en transportait pas d’autres.

Votre garde du corps devra vous attendre dans nos bureaux.

La mâchoire de l’autre Hapien se contracta sous la contrariété.

Mais naturellement.

Et, ravi d’être débarrassé de ce chaperon encombrant, Absalom se laissa conduire jusqu’au bureau de Grendo S’orn.

Monsieur le Chancelier, c’est un plaisir de vous revoir et croyez bien que votre invitation me fait honneur, répondit l’Hapien de ce ton chaleureux et affable qui le distinguait si étrangement des autres Siths. J’ai cru remarquer que vous faisiez agrandir le Sénat, je serais curieux de savoir ce que donneront les travaux. Je garde d’excellents souvenirs de ce bâtiment.

Il attendit quelques instants avant de s’installer dans l’un des fauteuils en face du bureau du Chancelier, avec la grâce tranquille des gens qui s’estiment dans leur élément où qu’ils se trouvent.

Les suites sont parfaites, déclara-t-il simplement, et le guide que vous m’avez envoyé d’une remarquable courtoisie. Je ne doute pas qu’il soit par ailleurs doué d’un excellent sens de l’observation.

Il n’y avait pas une once d’irritation dans sa façon de souligner les missions moins avouables du jeune homme et il n’eut qu’un sourire entendu.

Et en effet, le Trône a bien voulu que je puisse prodiguer quelques conseils à ses représentantes extraordinaires qui seules, néanmoins, et je ne saurais trop insister sur le point, sont habilitées à prendre des décisions qui engagent le Consortium. Je ne suis ici qu’un humble consultant.

Mais les Hapiennes ne s’embarrassaient pas d’un homme, si elles n’avaient pas l’intention de l’écouter attentivement.

Ceci étant dit, comme vous le savez peut-être, ma famille a toujours été fort bien disposée à l’endroit de la République. Ma mère a présidé au rapprochement scientifique entre Hapès et Cadézia, et je suis convaincu qu’une ouverture du Consortium à sa voisine relève du sens commun. Mais dites-moi, voilà des mois que nous ne nous sommes vus, et je n’ai de vous que des nouvelles lointaines, je dois bien le reconnaître, dans ma retraite.

À l’entendre, c’était presque comme s’ils nourrissaient depuis des années une franche amitié.

Comment vous portez-vous ? J’imagine que les… agitations… impériales ne sont pas sans vous donner du grain à moudre. Vous savez, c’est à peine si des gens tentent de m’assassiner, ces derniers temps, c’est vous dire si les Impériaux sont obnubilés par leurs problèmes internes.

Absalom préférait aller droit au but. S’orn ne l’avait pas préempter des négociations pour discuter économie ou harmonisation des pratiques judiciaires et le diplomate hapien considérait que les négociations les plus efficaces étaient celles qui se faisaient aussi franches et directes que possible.
Grendo S'orn
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Absalom Thorn venait d'entrer dans la tanière du neimoidien. Baigné d'une lumière tamisée, le nouveau bureau de la Chancellerie impressionnait quiconque était autorisé à y entrer. Tout dans le faste et la démesure avait ordonné Grendo S'orn le lendemain de son investiture. A l'entrée par exemple, une demi douzaine de statues représentant des créatures issues de mythologies galactiques étaient enfoncées dans de profondes alcôves. Le reste de son fief n'était pas sans reste; diverses oeuvres d'artistes coruscantii, quelques plantes exotiques exportées expressément à la demande du neimoidien et même une statue de trois mètres de haut en bronzium à son effigie, le tout sur une moquette cramoisi. Pour couronner le tout, la large baie vitrée couvrant la quasi totalité du mur extérieur offrait une vue spectaculaire sur la cité-monde.

- Ma foi pas trop mal étant donné la situation dramatique qui se déroule au nord de la galaxie. Mais je vous en prie asseyez-vous. répondit-il à l'ex sith en s'asseyant derrière son énorme bureau noir de près de trois mètres de long pour deux de large.

- Des problèmes internes à l'Empire qui risquent fort de mettre à mal nos efforts de paix de ces derniers mois je le crains ... Je ne vous apprendrai rien en vous disant que l'Alliance Galactique des Puissances Unies est en pleine ébullition, forcée d'élire à la hâte un président chargé en priorité d'apaiser la situation. Comme si ça n'avait pas été suffisamment compliqué de négocier un traité censé stabiliser la galaxie ... le politicien grinça des dents, l’air visiblement contrarié par la situation. Je me demande si l'accord que nous étions sur le point de conclure vous et moi avant que vous ne soyez écarté si honteusement par l'Inquisiteur Khorog aurait eu d'autres conséquences aujourd'hui ... une question légitime à laquelle il était par contre très difficile de répondre tant les événements qui s'étaient succédés rendait cette version de l'histoire inconcevable. Pourtant S'orn était prêt à parier que la présence des ces traîtres de renégats ne datait pas d'hier. Non, déstabiliser un territoire aussi vaste que l'Empire nécessitait des moyens importants, du matériel, du soutien humain et un plan minutieusement préparé dans l'ombre dans la durée. Darth Ramken préparait sans doute son coups d'état envers le trône impérial depuis bien longtemps, il en était convaincu.

- Si je ne m'abuse, Darth Ramken fait également partie de ces fanatiques religieux du Clergé Sith n'est ce pas ? C'est du moins ce que nos services de renseignements m'ont indiqués dans un récent rapport mais vous serez probablement mieux renseigné sur ce sujet que moi. Que pensez-vous de son insurrection ? Etait-elle vraiment inévitable comme les rumeurs semblent le dire ? la curiosité maladive du neimoidien l'avait poussé à questionner tout à fait naturellement Absalom au cours de leur conversation. En quête de réponses, il ne cherchait qu'à faire confiance au hapien, si tenté qu'il accepte de divulguer quelques informations en retour.

- Vu ce qui vous est arrivé avec l'Inquisition au cours du précédent Sommet Galactique vous serez sans doute d'accord avec moi si j'affirme qu'il ne fait pas bon de mélanger religion et affaires politique. Prenez la République par exemple, je prône depuis mon arrivée dans l'hémicycle pour une laïcité à toute épreuve. Au fil des années, les membres de l'Ordre Jedi n'ont fait qu'affermir leur emprise sur nos plus hautes fonctions de l'Etat jusqu'à faire élire à deux reprises un Chancelier-Jedi. Fort heureusement, le Sénat semble avoir compris la nécessité de se libérer de l'interventionnisme jedi. L’État doit-être autonome, souverain, maître de ses choix politique et écartant toute dépendance à une quelconque religion militarisée. la pression exercée par le Haut-Conseil de l'Ordre ces dix dernières années ne serait bientôt plus qu'un lointain souvenir. Le Mouvement Loyaliste Pro-Arnor venait d'être dissous et ce n'était surement qu'un début. Le rigorisme de l'Ordre Jedi et du Clergé Sith ne doit pas être si différent dans le fond. Vous qui avez eu l'occasion d'embrasser les deux côtés de la force quel est votre avis là dessus ?
Absalom Thorn
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J’avais été dépêché par l’Impératrice en personne pour négocier la paix lors du sommet galactique, répondit l’Hapien, ravi de constater que la conversation ne se perdrait pas dans des politesses inutiles et que Grendo S’orn l’avait reconnu comme un homme pragmatique, qui se débarrasserait volontiers du protocole. Si un traité avait été signé avec moi, dans le fil de nos discussions qui se déroulaient au fond à peu près sans heurt, abstraction faite de la présence de Maître Marja, le pouvoir de l’Impératrice en aurait été renforcé. À l’international comme pour les affaires domestiques.


Il eut un regard pour la vue dégagée derrière la baie vitrée du bureau de la Chancellerie. C’était un spectacle rare qui ne s’offrait que dans quelques lieux choisis de Coruscant, ces bâtiments que les speeders ne pouvaient approcher sans autorisation et qui, par conséquent, n’étaient pas constamment perdus dans le flot ininterrompu de véhicules volants.


À la place, l’ambassadeur officiel a été écarté pour qu’un traité soit signé avec un Grand Inquisiteur qui venait d’essuyer une défaite humiliante et qui, en adoptant les décisions de la trêve, a fait volte-face sur la quasi totalité des principes qu’il déclarait publiquement. La solidité de la hiérarchie impériale en a été durement ébranlée et la crédibilité des hautes sphères du Clergé Sith aussi. Autant de portes ouvertes, donc, aux rébellions en tout genre.


Selon lui, la signature du traité avait donné à beaucoup l’image d’un pouvoir polycéphale, où chacun tentait de se faire sa petite place en négociant avec la République, seule capable d’opérer comme un État normal, avec des responsables aux rôles clairement définis.


Et si vous rajoutez à cela un avis de recherche contre un Seigneur Sith relativement populaire, fondé sur des raisons fantaisistes et sans conséquence remarquable, l’incapacité à étouffer la première rébellion, celle des Arcanautes, alors que l’on ne peut pas dire que la menace soit particulièrement considérable, et la stagnation de la campagne contre l’Espace Hutt, qui a été accueillie avec une relative indifférence, vous obtenez un pouvoir traversé par des luttes intestines, grevé par des ambitions personnelles et de petits ressentiments incapables de se muer en vision politique et une impression générale de faiblesse du point de vue des séditieux.


Il parlait de tout cela désormais avec une certaine distance, s’étant fait à l’idée qu’il avait quitté pour de bon un Empire qu’il n’avait jamais tout à fait considéré comme sa nation. Sans l’étroitesse d’esprit de l’Ordre Jedi, qui bridait ses recherches, il aurait sans doute vécu toute sa vie dans un bonheur relatif au sein d’une République bien assez stable et bien assez vaste pour satisfaire à la curiosité d’un homme tel que lui.


Pourquoi hésiterait-on à se rebeller, si d’un côté on constate que l’on peut être de toute façon désigné comme traître mais quand on sert fidèlement l’Empire et que de l’autre ceux qui le trahissent activement ne sont jamais appréhendés ? D’une part, rien à gagner, de l’autre, rien à perdre. Je pense donc en effet qu’une rébellion, celle de Ramken ou d’un autre, était inévitable. Ramken est… Comment dire ? Il est la manifestation conjoncturelle d’un phénomène structurel.


En politique, Absalom ne croyait pas au fond aux individualités exceptionnelles qui changeaient le destin des nations. Les grands mouvements créaient des rôles que des gens venaient occuper, plus ou moins bien, parce que les circonstances se prêtaient à eux, mais les lois de l’histoire, pour lui, ne s’embarrassaient pas du particulier.


Et donc, je ne suis pas un intime de Ramken, dieu merci, mais je crois que vous avez raison. Ses discours et ses actions… On ne peut pas dire qu’il soit particulièrement imaginatif et il donne, en tout cas vu de loin, l’impression d’être un Sith d’holofilm de deuxième partie de soirée, comme on en fait tant et comme le Clergé, faut-il croire, en produit douze la semaine. Je doute qu’il faille en attendre un bouleversement profond des principes idéologiques de l’Empire ou de l’Ordre, mais en revanche, il est certain que s’il l’emporte, il chercha à consolider les structures de l’État, tandis que l’Impératrice actuelle est plutôt partisane d’un certain laissez-faire. En tout cas…


Il haussa les épaules.


Tout cela n’est pas exceptionnel ni particulièrement surprenant : l’Empire suit la route de la plupart des jeunes États autoritaires qui ont connu une expansion trop rapide, une fois que la première passation de pouvoir les prive du leader charismatique qui était à leur origine. L’histoire nous en fournit des exemples sur presque toutes les planètes et tout cela est bien décrit dans les livres de théorie politique.


Y compris par lui, mais il s’abstint miraculeusement de fanfaronner.


D’un geste de la tête, il approuva les dernières analyses du Neimodien.


Entièrement d’accord. L’Ordre Jedi est moins ouvertement oppressif, évidemment. L’équivalence n’est pas parfaite, mais d’un point de vue théologique et moral, c’est assez semblable. On pourrait en discuter longuement, mais sur le plan strictement politique, je pense en effet que la religion est nocive. Vous savez, on me prend souvent pour un mystique parce que je fais de l’étude de la Force ma principale préoccupation, mais il y a d’une part une différence entre avoir ses croyances et vouloir les ériger en organisation sociale, et d’autre part mon approche tient plus de l’érudition et de l’entraînement que du culte sectaire.


Les fanatiques qu’il avait réunis autour de lui sur Hapès auraient peut-être un avis sensiblement différent sur la question.


Je ne dis pas cela pour parler de mon petit cas personnel, qui est sans importance. Simplement, l’Ordre Jedi prétend que sans celui, tous les sensitifs à la Force, livrés à eux-mêmes, deviendraient des agents chaotiques précipitant la République dans l’abîme. Mais le sectarisme religieux n’est pas la seule manière d’apprendre à maîtriser ces dons, tout comme… je ne sais pas, disons tout comme les petits génies en mathématiques ne finissent pas par créer des armes de destruction massive ou des méga-virus informatiques sous prétexte qu’on ne les endoctrine pas dès le plus jeune âge.


Il conservait pour sa part la conviction que l’Ordre l’avait privé d’une jeunesse épanouie et c’était un crime impardonnable.


L’Ordre Jedi a infesté la pensée politique républicaine. Il forme ses membres à cette fin express. Et par conséquent, là où devrait se débattre rationnellement les affaires de l’État s’insinuent des considérations morales absolues qui permettent d’un côté de justifier l’utilisation d’enfants-soldats dans une guerre atroce et de l’autre de prôner des guerres totales, quitte à annihiler les populations frontalières, parce qu’on n’aime pas que le voisin déplace les objets par la pensée en se fondant sur tel sentiment plutôt que tel autre. Je grossis le trait, mais enfin, vous voyez ce que je veux dire.


En tout cas, S’orn paraissait conforme à ce qu’on disait de lui dans les cercles politiques : plus pragmatique qu’idéaliste et par conséquent, plus au goût d’Absalom que les illuminés en mal de croisade.


En tout cas, la position du Consortium sur ces points est claire. Nous aimons la stabilité, parce qu’elle assure la tranquillité à nos frontières. Personne ne souhaite la reprise de la guerre, et par conséquent les faiblesses de l’Empire sont préoccupantes. Les pouvoirs consolidés sont préférables. Et par ailleurs, les Hapiens tiennent les Siths pour des Jedis, ce qu’ils sont historiquement, et l’Ordre Jedi, comme toutes organisations religieuses étrangères, n’est pas le bienvenu sur les terres de Sa Majesté. La Reine préfère une approche plus… séculaire de la morale et de la vie publique.
Grendo S'orn
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La stabilité ... cette arme que les grands de cette galaxie servaient à toutes les sauces dans leurs beaux discours idéalistes censés rassurer les foules. Aux yeux du neimoidien, elle n’était qu’une illusion, qu’un vaste mirage qu'il fallait manipuler avec prudence. Tel l’opium du peuple, la stabilité engourdissait le bon sens et la logique autorisant les gouvernements à justifier les pires atrocités pour l'atteindre.

- La stabilité est certes une situation rassurante, après tout quel Gouvernement la refuserait ? Du moindre petit village isolé d'une planète située dans la bordure extérieure à la plus grande mégalopole à l'instar de Coruscant, tous se laissent bien séduire, endormir par cette promesse de stabilité faite par la plupart de nos politiciens d'aujourd'hui. Hélas il est bien plus difficile de tenir cette promesse lorsqu'on doit gérer un territoire aussi vaste que celui de la République. Entre les luttes intestines et nos relations avec l'extérieur, la complexité de la tâche qui est la mienne dépasse probablement celle de n'importe quel autre chef d'état de cette galaxie ... répondit-il, parfaitement conscient du rôle qui était le sien, celui de dirigeant de la première puissance galactique.

- Dois-je pour autant me plaindre de mon sort ? Bien sur que non, n'importe quel autre politicien de la rotonde voudrait être à ma place, ne s'imaginant pas les lourdes responsabilités qui pèsent sur les épaules d'un Chancelier. Ceux qui m'ont précédés dans ce bureau se sont contentés de briller n'assumant que très peu leur devoir et fermant par la même occasion les yeux face à la corruption qui gangrénait chaque jour davantage nos instances étatiques. Mon Gouvernement et moi-même nous obstinons à remettre l'Etat sur le bon chemin peu importe que nos réformes soient populaires ou non. Et bien qu'aujourd'hui l'ère soit au libéralisme éclairé, je ne doute guère que mes détracteurs soient légions. Selon mes informations, l'opposition s'organise me faisant craindre un retournement de situation au sein de l'hémicycle dans les années à venir ... S'orn avait décidé de jouer cartes sur table, que de la sincérité à l'état brute. Au diable les mensonges, l'heure était à l'honnêteté.

- Je vais être franc avec vous Absalom. J'ai beaucoup réfléchis à notre conversation sur Hapès. Vous disiez vouloir circuler avec une relative liberté au sein du territoire républicain pour vos recherches. Je comprends également la nécessité pour un homme tel que vous de réhabiliter son image, surtout après ce léger accrochage avec ces fanatiques religieux du Clergé. C'est effectivement quelque chose que je puis vous apporter sans trop de difficulté. Mes conditions n'ont guère changées depuis l'époque, si vous acceptez de me divulguer tout ce que vous savez sur l'Empire, sur le Conseil Noir, sur Ramken et ses sbires ... je consentirai à vous remettre une immunité diplomatique.

Tous les conseillers du neimoidien ne partageaient pas le même avis sur l'intérêt stratégique d'Absalom dans cette affaire. S'orn lui était convaincu de l'utilité de cet ancien sith, sa Vice-Chancelière au contraire, avait tout fait pour l'empêcher d'inviter le jeune hapien ici même sur Coruscant. Se rapprocher de Darth Noctis pouvait très clairement s'avérer dangereux pour sa carrière, à moins d'en disposer d'un avantage probant si un potentiel nouveau conflit contre l'Empire devait éclater. Dans ce cas il serait perçu comme le Chancelier qui aurait repoussé l'envahisseur, voir même celui qui se serait aventuré plus loin sur le territoire impérial, récupérant par la même des anciennes planètes républicaines conquise par l'ennemi.

- Mieux, si je suis satisfait des informations que vous m'aurez divulgués, et après vérification de celles-ci par notre service de renseignement ... je pourrais même consentir à vous proposer ... un poste de conseiller à la Chancellerie. Si cette proposition vous intéresse bien entendu, à moins que vous ne préfériez rester aux services de sa Majesté Espara ? l'idée de provoquer la chute de l'Empire avec les informations remises par Absalom avait le don d'amuser le Neimoidien qui se réjouissait d'avance de pouvoir assister à cette descente aux enfers. Il était évident que les deux hommes partageaient nombre de points en communs dont celui de détester les Jedi, un élément qui ne manquerait pas de les rapprocher encore à l'avenir.
Absalom Thorn
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Certains diraient même, renchérit le Hapien quand S’orn évoqua les difficultés intrinsèques à la gestion d’un territoire comme celui qui lui incombait, que la République est trop vaste pour être correctement administré et que tout empire a son extension maximale, au-delà de laquelle il s’effondre, plutôt de l’intérieur que de l’extérieur.

C’était cette théorie qu’il avait d’ailleurs essayé d’exposer à ses confrères au sein de l’Empire, à l’époque où il avait encore droit de cité sur Dromund Kaas. À ses yeux, Ysanne avait étendu trop vite et trop loin un État mal consolidé, sans prendre le temps de s’astreindre aux tâches moins glorieuses que les conquêtes, mais tout aussi nécessaires, d’installer des relais hyperspatiaux, de réformer l’agriculture ou de veiller au développement des écoles primaires.

Je crois cela dit que pour ce qui est de la République, tant que l’on accepte de laisser certaines choses hors de son contrôle, pour se concentrer sur l’essentiel, le défi n’est pas insurmontable, pour peu que l’on soit bien entouré. Bien des erreurs des Chanceliers récents, à mon sens, viennent de la volonté de gagner chaque bataille, de s’intéresser à chaque morceau de planète, personnellement, intimement même, au point de perdre de vue l’ensemble.

Souvent, la guerre entre la République et l’Empire lui avaient semblé incompréhensible pour cette raison précise. Au lieu d’une confrontation froide, économique et politique, elle avait été faite d’escarmouches presque minuscules, au regard de l’ampleur du conflit, sur une ou deux planètes, par soubresauts successifs, sans qu’aucun des dans camps ne paraissent jamais avoir une stratégie bien définie, à la hauteur de son territoire.

Je doute en tout cas que les rivalités au sein du Sénat soient une nouveauté pour vous. La vertu d’une démocratie, d’ailleurs, réside précisément en ce qu’elle offre une opposition qui redonne régulièrement l’occasion de prouver sa supériorité, tandis que dans un État autoritaire, le Trône se diminue inexorablement aux yeux de tous, parce qu’il n’a jamais que la possibilité d’opprimer de plus faibles que soi, à moins de faire l’une de ces guerres de conquête qui ne sont au fond que des coups de dé, et dans lesquelles on finit toujours par perdre.

Et puis l’on contrôlait mieux son adversaire, quand on l’avait près de soi.

Mais peu à peu, la conversation quittait les rives de la politique républicaine pour se concentrer sur la situation impériale. La proposition du Chancelier prit l’ancien Seigneur Sith par surprise, tout calculateur qu’on le prétendît et il ne fit pas l’effort d’en rien cacher. Des mois puis des années s’étaient écoulés après leur conversation sur Hapès, et il avait fini par abandonner ce rêve désormais irréaliste de circuler à sa guise sur le territoire républicaine.

Petit à petit, il avait donc entrepris de se grignoter des passe-droits, en s’immisçant dans les affaires de Cadézia, à la périphérie la plus lointaine de la République, sous le couvert du travail diplomatique du Consortium. C’était une maigre victoire, et qu’il fallait encore faire fructifier, mais voilà qu’on lui offrait tout soudain une voie plus directe.

Je vois…, fit-il avec une prudente lenteur.

Son regard sondait celui du Neimodien, et un autre que le Chancelier de la République aurait peut-être été mal à l’aise sous ces yeux inquisiteurs, dont la rumeur voulait parfois qu’ils perçaient, bien au-delà des apparences, jusqu’aux pensées mêmes de ceux qu’ils regardaient.

Absalom dut décider que son interlocuteur parlait franchement, parce qu’il avoua à son tour avec une certaine simplicité :

Vous savez que je ne suis pas un espion. Je ne pourrais vous apporter que des informations limitées et pour l’essentiel qui datent un peu. Ceci étant dit, comme nous l’évoquions, les événements de ces dernières semaines sont pour l’essentiel les conséquences d’une situation installée depuis plusieurs années. J’ai principalement quatre sources à vous proposer.

Il parlait avec le calme méthodique d’un homme habitué à ce genre de négociations.

La première, ce sont les informations que m’a confiées le Conseil Noir par le passé. Une partie provient de ce qui était nécessaire à mon commandement lors de la bataille de Gree et couvre l’état de l’armée impériale à l’époque, l’équipement, l’organisation, les personnalités prometteuses, ce genre de choses. Il n’y a pas eu de révolutions technologiques majeures, tout devrait être utilisable et les informations personnelles permettraient sans doute de retracer la carrière de certains officiers loyalistes ou renégats.

La raison pour laquelle on avait bien pu juger pertinent, à l’époque, de lui confier la direction d’une opération militaire de cette nature continuait à lui échapper, mais à cheval offert, on ne regarde pas les dents.

La deuxième concerne le Clergé Sith en lui-même, son usage de la Force, ses capacités exactes, d’un point de vue mystique. J’ai conscience que tout cela est quelque peu… ésotérique, vu de l’extérieur, mais je suis sûr que vous conviendrez de l’utilité d’avoir une documentation extérieure à l’Ordre Jedi sur ce que vos interlocuteurs de l’autre côté des tables de négociation sont réellement en mesure de faire, sur l’étendue de leurs pouvoirs, ce qui relève du mythe ou de la réalité, les objectifs poursuivis, ce genre de choses. Sans me vanter, je crois que je possède l’une, si ce n’est la plus vaste collection privée sur ces sujets.

Solidement gardée sur Hapès par une bande de fanatiques, elle constituait la BU la plus mortelle qui soit.

La troisième source est formée par mes contacts au sein de l’Espace Hutt et des marginaux de l’Empire, les Arcanautes par exemple, et les autres rebelles du même genre, que j’ai accompagnés à plusieurs reprises, et qui cherchent de longue date à déstabiliser le Clergé Sith. Je ne doute pas qu’une partie d’entre eux se soit agrégée à Ramken, en y voyant une opportunité de faire jouer le chaos au sein de l’État.

De ce que Noctis avait cru en comprendre, les Arcanautes n’avaient jamais été qu’une bande d’individus solidement entraînés, mais au fond assez isolés. Cela dit, par la force des choses, ils étaient liés à beaucoup des mécontents de l’Empire — ceux qui ne hantaient pas les palais des Seigneurs Siths, mais qui s’agitaient dans l’ombre, en attendant leur heure de gloire.

Et enfin, la quatrième, et naturellement la plus considérable, c’est la somme d’informations mises à ma disposition lorsque j’ai été nommé par le Conseil Noir pour représenter l’Empire lors du Sommet pour la Paix. Pour mener les négociations, j’ai eu évidemment accès à toutes les ressources nécessaires sur la situation économique de l’Empire, ses priorités stratégiques, ses enjeux diplomatiques, etc. Il y a quelques évolutions ces derniers mois, bien entendu, mais à moins qu’un autre Seigneur Sith ambassadeur plénipotentiaire n’ait été poussé par l’Inquisition à faire défection, j’imagine que c’est le jeu de données le plus exhaustif sur l’Empire à exister hors de ses frontières et le socle le plus solide sur lequel bâtir une stratégie de guerre froide.

L’Inquisition avait joué un jeu dangereux en s’aliénant son diplomate sur place avant même qu’il n’ait quitté Ossus, mais jusque là, elle s’en était tirée à bon compte, car Noctis par lui-même aurait été bien incapable d’exploiter les informations qu’il avait en sa possession.

Ma situation sur Hapès est à vrai dire assez confortable. Assez près du pouvoir pour en tirer des avantages, mais par nature trop éloigné pour être l’objet des jalousies qui font tous les périls de la vie politique du Consortium. Mais c’est un territoire restreint, quoique dense, et j’aspire en effet à une certaine liberté. Votre proposition m’intéresse donc. La version minimale comme… La plus ambitieuse.

Sa vie avait déjà connu trop de hauts et de bas, de retournements brusques de faveurs, de chutes brutales et d’ascensions météoriques, pour qu’il ne considère pas sérieusement la possibilité que le Chancelier lui faisait entrevoir.

Je n’éprouve pas d’intérêt de principe pour l’exercice du pouvoir politique. Il est pour moi un outil pour poursuivre librement mes recherches. En cela et quoiqu’on en dise, ma fidélité est facile à acquérir et facile à conserver. Ce que je veux est toujours clair et je ne m’en cache jamais. Ce que j’attends d’un dirigeant, je le dis volontiers, et ce que je suis prêt à apporter aussi. Je suis et je resterai toujours un marginal du jeu politique, et je doute que vous ayez autour de vous beaucoup de conseillers qui ne caressent pas secrètement le projet de vous remplacer un jour…
Grendo S'orn
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- Je vois. répondit le neimoidien dont le faciès disgracieux se para d'un sourire sournois. 

- Je ne doute pas que l'Etat Major se fera un plaisir d'analyser en détail tout ce que vous serez à même de nous révéler Absalom. Personnellement je ne veux savoir qu'une seule chose; quel est le meilleur moyen de prendre l'avantage sur l'Empire en cette sombre époque ? Nous disposons déjà de la supériorité numérique mais nous ignorons tout des réels moyens matériels de notre ennemi. Nos tentatives d'espionnages se sont pour la plupart soldées par des échecs tant l'Inquisition traque sans relâche le moindre traître à la cause impériale. Dites moi clairement où se situe le point faible de l'Empire ? Où devrions-nous concentrer nos forces selon-vous pour que Sith et impériaux réfléchissent à deux fois avant de tenter une nouvelle incursion sur notre propre territoire ? S'orn préférait jouer cartes sur table pour le moment. Il n'avait aucun intérêt à cacher son jeu tant il espérait de cette nouvelle collaboration une transparence à toute épreuve de la part du jeune Hapan.

- J'ignore évidemment de quoi est fait l'avenir et j'ose espérer que nous n'aurons jamais besoin d'user de ces informations ... mais je n'aurais jamais gravis les échelons de la République sans me garantir un plan B quelque soit les circonstances. Je suis convaincu que vous me comprenez Absalom, n'est-ce pas ? en réalité, une seule question taraudait son esprit torturé : attaquer l'Empire lui permettrait-il de bénéficier d'un élan de sympathie à son égard lors des prochaines élections ? Elles n'étaient certes pas pour tout de suite mais la fin de son mandat risquait de pointer le bout de son nez un jour ... Au cours de sa législature, le neimoidien s'était très vite rendu compte qu'il lui faudrait frapper un grand coup pour obtenir la quasi certitude de rester au pouvoir quatre années supplémentaire. Ramken lui offrait une opportunité en or qu'il comptait bien aborder lors de sa prochaine réunion avec l'Etat Major prévue d'ici quelques heures.

- Je partage votre vision de la Démocratie Absalom, malheureusement la nôtre rend la tâche d'un homme tel que moi difficile tant les rouages de notre Etat son complexes, la lourdeur administrative nous oblige parfois à patienter des mois avant d'agir ... et je ne parle même pas des comptes qu'il nous faut rendre à certains de nos confrères ... Mon parti lutte depuis sa fondation pour une simplification de la Constitution, ce torchon que la plupart des Sénateurs ne prennent même plus la peine de lire ... nous vivons une bien triste période. loin d'être mélancolique, S'orn s'activait en coulisse pour court-cicuiter le Sénat et rendre impuissantes les Commissions Sénatoriales qui risquaient de faire obstacle à ces futurs plans. Si le jeune Noctis avait déjà été son fidèle conseiller politique, il ne se serait sans doute pas privé pour lui demander son avis sur la question. Mais le neimoidien préférait tester son interlocuteur sur un tout autre sujet.

- Pensez-vous sincèrement que l'Empire respectera le traité de paix négocié sur Ossus ? Vous qui les avez côtoyé durant toutes ses années ... sont-ils dignes de confiance ou devons-nous nous préparer à la guerre comme certains le préconisent dans les Médias ?
Absalom Thorn
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Pour être honnête, je ne suis pas un général et vos stratèges seront bien mieux placés que pour moi pour identifier les faiblesses de l’Empire, si votre question est de nature militaire. Intuitivement, je ne dirais pas que ces faiblesses soient nécessairement de nature astrographique. À mon sens, il s’agit plutôt de difficultés structurelles, inhérentes à la manière dont l’Empire a été organisé et dont il s’est développé.

Posez une question à un économiste, et il vous répondra en économiste.

L’Empire souffre des faiblesses propres aux théocraties totalitaires, en cela qu’il a besoin constant d’hommes et de femmes fortes pour maintenir l’ordre sur son territoire et soutenir ses politiques expansionnistes et ses entreprises de fidélisation de la population, mais, dans le même temps, ils n’offrent que des perspectives limitées aux ambitions de ces personnes. Prenez les Moffs, par exemple.

On leur confie des responsabilités considérables. La stabilité planétaire et sectorielle repose en grande partie sur leurs épaules. Mais ils atteignent très vite le plafond de leur évolution, parce qu’ils ne sont pas des Siths. Ils ne siégeront pas au Conseil Noir. Ils ne deviendront pas Empereur. Ils s’inclineront devant les inquisiteurs. Bien sûr, en pratique, sur le terrain, les réalités peuvent être un peu différentes, les acteurs se bricolent des marges de manœuvre, mais les bricolages finissent souvent par être insatisfaisants.

Vous avez entendu parler peut-être des Arcanautes ? Une rébellion tout à fait périphérique dans son ampleur, mais symbolique de cet état de fait : des militaires, qui forment la force vive au coeur du projet politique impériale, fondé sur l’expansion territoriale, à qui la structure de la société et de l’État n’offrent guère de perspectives d’avenir. Ceux-là se sont lancés dans des expéditions un peu farfelues, mais un Moff ou un général impérial qui ne serait pas membre du clergé, particulièrement dans un territoire frontalier où il ne sera pas exposé à être encerclé de toute part, peut bien se demander s’il ne lui manquerait pas juste un ou deux leviers pour se transformer en seigneur de guerre.


Les considérations astrographiques n’étaient donc pas si indifférentes que cela, puisque la position d’un Moff dont le territoire serait encerclé de toute part par des systèmes impériaux ne serait guère enviable.

Notez que la rébellion de Ramken n’apporte pas de solution pour l’heure à ce problème structurel. Un Sith qui se rebelle contre des Siths. La belle affaire, pour les grands administrateurs civils, les hauts officiers, ceux qui dirigent concrètement les collectivités planétaires. À mon sens, c’est le premier élément à prendre en compte.

Il s’interrompit un instant, pour évaluer ce qu’il devait dire encore, et ce qu’il valait mieux retenir, mais il finit par juger que tant qu’il s’en tenait à des considérations générales, sans donner ni de noms, ni de chiffres, il conservait des cartes dans sa manche.

Le deuxième élément, qui est tangent, c’est que l’Empire est une théocratie sans religion. Elle est une théocratie en cela que ce sont des religieux qui gouvernent, mais leurs croyances, leurs pratiques, leur liturgie ne sont pas celles du peuple. Il peut y avoir des populations fanatisées, mais je dirais que c’est un phénomène périphérique. Autrement dit, l’Empire, comme système politique, du point de vue populaire, est dépourvu de légitimité intrinsèque. Il n’est pas fondé sur des valeurs partagées. Ou sur une identité commune. Et certainement pas sur une histoire, puisqu’il est un État fabriqué de bric et de broc, à la hâte, et en bonne partie par des étrangers aux mondes qu’ils administrent.

L’État se maintient par l’exercice de la domination et par des justifications extérieures, par exemple la conquête. En ce sens, mais je suis peut-être biaisé par ma propre idéologie, je crois que faire la guerre à l’Empire serait lui apporter ce dont il a précisément besoin : une justification à son existence et à sa structure hiérarchique, qui lui échappe sinon complètement. Car, aux yeux de la population, qu’est-ce qu’un Seigneur Sith qui ne ferait pas de conquête ? De quelle gloire s’auréolerait-il ? Aussi excellent puisse-t-il être dans les arts obscurs, ces arts échapperont toujours à la compréhension même de l’élite de sa population et n’auront guère de valeur, s’ils n’ont pas d’utilité.


Bien sûr, il était toujours possible d’oppresser horriblement une population, et il était bien placé pour le savoir, lui, le Boucher de Kano-IV, mais à l’échelle de l’organisme qu’était un État, cela revenait toujours à se tirer une balle dans le pied pour prouver qu’on a un revolver.

Le troisième élément, c’est la situation économique. L’Empire est une communauté économique par la force des choses, repliée sur elle-même à cause de la guerre, qui s’est constituée à marche forcée et qui n’a rien de ce qui fait la solidité de la République, à savoir des milliers d’années de relations commerciales, de spécialisation productive, de compétences accumulées, de réseaux de distribution, etc.

L’économie de guerre permet sans doute jusqu’à là à l’Empire de se maintenir, parce qu’elle est la façon la plus simple de pratiquer le dirigisme : les objectifs sont étroits, les tâches claires, la collectivisation accrue. Mais en temps de paix ? Qui a fait le travail au sein de l’Empire, ingrat mais nécessaire, de discuter du cours du poireau et du prix du purin ? Quelle planète a des dizaines de siècles de relations efficaces avec la planète à l’autre bout du territoire, qui lui permettent de s’investir dans une relation d’import-export et de spécialisation mutuelle ?

Les territoires récemment conquis sur les Hutts. Comment ont-ils été intégrés à tout cela ? Comment la transition entre la kleptocratie et le système économique impérial qui ressemble à un patchwork se fera-t-elle ? Où est la classe dirigeante capable de gérer des affaires aussi complexes, dans la mesure où les responsabilités sont confiées à des gens qui ont besoin de passer une partie considérable de leur temps d’une part pour pratiquer les mystères de la Force, d’autre part pour se préserver les uns des autres ?


Et il devait bien reconnaître que c’était au moins l’un des mérites de l’Ordre Jedi que de se préoccuper de choses aussi banales que l’agriculture et que d’y former ses Padawans dès le plus jeune âge.

Et enfin, le quatrième élément, ce sont les promotions internes à l’Ordre Sith. Jusqu’à présent, c’était la guerre. Mettons que vous ayez été un Guerrier Sith. Vous aviez la possibilité de faire vos preuves, de briller, en donnant la pleine démonstration de vos talents, souvent destructeurs, dans les campagnes d’expansion. Avec toute son insistance sur le clergé, l’Ordre Sith, en tant que moteur de l’Empire, fonctionnait alors peu ou prou comme une junte militaire.

Mais maintenant, pas de guerre. Vous avez sur les bras toute une génération de gens formés au combat, formés à la Force, à qui l’on n’a présenté à peu près aucune alternative, mais dont on a cultivé l’ambition. Au-delà de la personnalité même de Ramken, la guerre civile s’explique aussi structurellement par la nécessité pour ces personnes de poursuivre une trajectoire sociale ascendante en capitalisant sur les compétences qu’on leur a fait acquérir et qui sont des compétences martiales. La guerre civile n’est pas un accident de parcours pour l’Empire, c’est une nécessité organique.


Absalom se cala à nouveau dans son fauteuil.

Considérations de stratégie militaire mise à part, il me semble que la République a tout à gagner dans une guerre froide avec l’Empire et que l’Empire profiterait de manière disproportionné d’une guerre chaude. Pour cette nécessité, je pense que tous les paix signées par l’Empire sont précaires, mais qu’il y a un intérêt idéologie et, disons, de propagande à le laisser violer les traités en premier, plutôt que de s’engager dans des actions préventives.

Si j’étais vous, je miserais plutôt sur les opérations spéciales. Développement de médias pirates pour diffuser sur le territoire impérial, retournement des cadres à l’extérieur du clergé, soutien à la contrebande sur les frontières impériales. La guerre est terrible et elle impressionne, mais elle est comme les tempêtes : quand des choses sont si loin au-dessus d’un peuple, si terribles et donc si insaisissables, il n’a d’autres choix que de l’accepter comme une fatalité. Mais on refusera toujours la fatalité d’avoir un voisin dont le champ ne cesse de produire des pommes de terre, quand le nôtre est aride.
Grendo S'orn
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- La frustration devant l'impuissance à peser sur le cours des choses finit toujours par nous conduire à prendre les choses en main n'est-ce pas ? répondit l'humanoïde à la peau vert olive en pensant à son propre parcours professionnel. Des années durant, Neimoidia était restée dans l'ombre ne faisant pression sur les politiques que lorsque l'intérêt des riches industriels était en jeu. Depuis sa nomination à la fonction de Sénateur de sa planète, S'orn avait opté pour une toute autre stratégie, la même qui l'avait menée aujourd'hui à gouverner les trois quart de la galaxie connue.

- Pour autant je ne suis pas prêt à baser toute notre politique internationale sur le simple fait que la frustration de nos ennemis nous donne un léger avantage. Certes l'Empire semble fonctionner de par l'existence de la guerre et sans combat certains d'entre eux ont jugés bon de devoir se lancer dans une guerre civile. Un combat qui les affaiblit tant d'un côté que de l'autre c'est certain. Mais soyons réaliste, bien qu'ils aient les yeux braqués ailleurs pour le moment, qu'est ce qui nous dit qu'une fois l'un ou l'autre camp vaincu, l'Empire survivant ne se retournera pas contre nous ? Ce ne sont que des suppositions évidemment, mais si comme vous le dites, pour pouvoir exister l'Empire a besoin d'ennemis, nous en sommes le premier représentant ... et ce depuis des années. aux yeux du neimoidien il fallait agir et vite. D'ici peu l'Etat Major républicain lui conseillerait sans nul doute de profiter de l'état de faiblesse de l'Empire pour frapper l'ennemi comme jamais auparavant. Absalom n'avait pas l'air enthousiaste à l'idée d'une guerre chaude, pour des raisons partagées pour la plupart par S'orn lui-même. Mais paraître aux yeux du peuple républicain comme un nouveau conquérant, là où ses multiples prédécesseurs avaient échoués pouvait bien lui rapporter des voix lors des élections à venir.

- Vous n'avez pas tort Absalom, malheureusement le temps nous est compté. Vous n'êtes pas sans savoir que le mandat de Chancelier n'est pas illimité et bien que je partage votre point de vue sur les risques potentiels d'une guerre chaude entre l'Empire et la République, conquêtes rapides et victoires sur le champs de bataille viendraient inévitablement nourrir le soutien du peuple républicain en vers mon administration. Si nous perdons les prochaines élections ... tout notre travail de ces dernières années, à relancer l'économie, à réduire au strict minimum l'assistanat responsable d'un déficit budgétaire flagrant, à traquer la corruption sans relâche pour débusquer les dernières poches de trahison dans nos rangs ... tous nos efforts auraient été vains. Je ne peux l'accepter ! une intervention clôturée par un coup de poing violent sur son bureau. S'orn ne pouvait le cacher, la peur de perdre le trône de la Chancellerie si durement acquis le hantait depuis les premiers jours de son élection, et l'échéance approchant il n'en dormait presque plus aujourd'hui.

- Ce qui fait la force de la République et de notre Démocratie est aussi responsable de sa plus grande faiblesse. Le Sénat pour ne citer que lui, s'affaire depuis plusieurs mois à bloquer toute nouvelle mesure visant à perfectionner nos institutions. A ce rythme là, nous ne parviendrons pas à terminer notre programme avant la fin de mon mandat ce qui m'oblige à réfléchir dès maintenant aux futures élections ... Absalom ayant fréquenté les plus grands de cette Galaxie, de l'Empire à Hapès en passant par l'Ordre Jedi et même la République pouvait certainement lui donner quelques menus conseils pour incarner quatre années supplémentaires au moins le Leader des mondes libres.
Absalom Thorn
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Hmm…, fit éloquemment l’ancien Sith.

La vivacité de son interlocuteur l’avait étonné, mais il n’en avait rien laissé paraître. De Grendo S’orn, au fond, il connaissait à la fois beaucoup, et pas grand-chose : c’était le propre des personnalités de tout premier plan que de paraître tout en même temps familières et étrangères. Il ne l’avait pas imaginé si passionné, mais ce n’était pas nécessairement un mal.

Je ne suis pas assez familier de l’état des armées républicaines pour me prononcer sur l’opportunité d’une guerre de conquête. Du reste, cela ne change pas grand-chose à ce que je vous dis : la dissension interne, le retournement de hauts fonctionnaires impériaux, les opérations de propagande et le sabotage économique n’excluent pas des moyens plus expéditifs de gérer le conflit.

Plus les années passaient, plus il était convaincu de l’instabilité constitutive des régimes autoritaires, et surtout ceux qui, comme l’Empire, prétendaient gouverner par la religion, sans donner la foi aux peuples, et s’étendre indéfiniment, sans constituer une nation. Son séjour prolongé sur Hapès, agité constamment par des troubles continuels, malgré la solide emprise de sa souveraine et une impeccable homogénéité ethnique, l’avait conforté dans cette opinion.

Mais je comprends bien la nécessité de marquer les esprits républicains pour assurer une réélection. Pour ma part, j’ai toujours eu tendance à penser que les gens votaient plutôt pour le prix du pain que pour les guerres qui se déroulent à quinze mille secteurs de chez eux et il me semble, mais je parle peut-être trop avec le regard de l’étranger, que la nation de vos administrés, c’est d’abord leur planète, plutôt que la République, de sorte que la gloire de cette dernière est plus vivement sentie par ses politiciens galactiques que par sa population.

Car qui, au fond, en dehors d’une poignée d’élites des mondes du Noyau, pensait réellement à la République comme à une patrie, à s’en enorgueillir de la victoire d’armées lointaines dans quelque incompréhensible conflit ?

Si c’est une geste nationale que vous recherchez, je réfléchirais pour ma part à une conquête assurée et sans défaite : celle sur l’Espace Sauvage, avec ses récits d’aventuriers, de nouvelles planètes découvertes, d’une République qui s’étend toujours plus, vers des contrées où tout est toujours nouveau, et où l’on trouve des ressources naturelles, des terrains pour se développer, des colonies où des perspectives enfin solides s’offrent à celles et ceux que la modernisation a laissés sur le côté en les entassant dans les niveaux inférieurs des mégalopoles mondiales.

Le regard du Sith s’était embrasé — figurativement, inutile d’appeler la garde républicaine — d’une passion nouvelle.

La guerre ne fait rêver personne. Pas cette guerre-là en tout cas. Les victoires y seront toujours horribles. Les soldats reviendront toujours, même victorieux, avec des histoires d’horreur. Les villes seront toujours en ruine. Je ne dis pas qu’elle n’est pas stratégiquement opportune ou nécessaire, simplement qu’en termes de communication politique, il me semble qu’il y a tout à perdre et rien à gagner. Au mieux, elle ennuie. Toujours la même histoire, chaque année. Un sommet diplomatique, des conflits, une bataille spatiale, des opérations de terrain. L’année suivante, on brasse tout et on reprend les mêmes. Personne sur Datar ou Ord Mantell ne rêve à ces choses-là. Personne n’aspire à ces victoires pyrrhiques. La guerre contre l’Empire est à la géopolitique ce que le ramassage d’ordures est à l’urbanisme : répétitive, sans doute nécessaire, mais sans lustre.

De toute évidence, l’Hapien était peu sensible aux oriflammes et aux cuivres des fanfares militaires.

Mais le rêve de l’expansion républicaine. Pas comme une réaction, pas comme une revanche, mais comme la poursuite d’une destinée manifeste. Le rêve de l’exploration, de ces mondes au-delà de la voie Hydienne de la Corellienne, de la Rimma. Le rêve pour l’homme du peuple de reprendre sa vie à zéro dans un nouvel univers de possibilité, pour l’entrepreneur de découvrir de nouveaux marchés, le rêve pour le savant, pour la jeunesse. Pas celui d’aller se faire tuer par un sorcier incompréhensible dans un ciel embrasé par le feu des destroyers, mais celui de participer à une aventure collective, aussi ancienne que la République, l’aventure de milliers et de milliers de peuples, qui en rencontreront encore peut-être des milliers d’autres.

Difficile de savoir s’il parlait avec le cynisme calculateur du politicien qui cherche à manoeuvrer les aspirations des électeurs ou s’il croyait sincèrement à cette grande histoire qui remontait aux origines de la République. Peut-être d’ailleurs les deux ne s’excluaient pas.

Voilà des années que l’on enferme l’imagination de nos contemporains dans une seule frontière, qui pour l’immense majorité ne résonne en aucune manière avec son quotidien. Des années de rhétorique doloriste et obsidionale, alimentée par le fanatisme d’un ordre monastique qui tient à faire de ses fautes originelles l’alpha et l’omega de la morale galactique. Les gens méritent des héros qui leur ressemblent et des horizons plus vastes.
Grendo S'orn
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- La Colonisation renchérit le politicien suite à l'intervention d'Absalom Les miens ont usés de cette pratique depuis des temps immémoriaux ... On ne compte plus le nombre de récits sur des neimoidiens voyageant de planète en planète et asservissant des peuples primitifs en vue de s'accaparer la moindre petite parcelle de terrain à exploiter. Des récits qui nous dépeignent encore aujourd'hui comme des êtres vils, cupides et querelleurs, une réputation que nous avons bien du mal à effacer de l'esprit collectif ... de part son appartenance à cette espèce, S'orn dû redoubler d'effort pour se créer un réseau d'alliés au tout début de sa carrière. Méfiants à l'égard des neimoidiens, la plupart des autres races réfléchissaient à deux fois avant de s'associer avec de tels individus, capable de tourner à leur avantage les petits caractères en bas de page d'un contrat commercial.

- Je ne vais pas vous cacher que ... l'Espace Sauvage représente pour tout individu de mon espèce un vaste terrain de jeu qui regorge d'un nombre incalculable de richesses et de matières premières qui ne demandent qu'à être exploitées. Et si l'occasion d'étendre la République bien plus loin que n'importe quel dirigeant m'ayant précédé me plait énormément, il sera très difficile de faire accepter une telle mission civilisatrice à la plupart des vieux conservateurs et autres humano-anarchistes du Sénat qui me voient comme un dangereux opportuniste en passe de transformer notre vaste Nation en régime Totalitaire et Ultra-Libéral qui ne profite qu'aux membres du patronat. pour autant l'idée d'Absalom plaisait de plus en plus à Grendo qui ne manquait pas de réfléchir à un moyen de la mettre sur pied avant la fin de son premier mandat pour pouvoir en récolter tous les bénéfices avant les futures élections. La Colonisation au sens propre du terme était à proscrire pour le moment au risque de paraître tel un voisin expansionniste tout comme l'Empire. Non S'orn n'avait pas besoin de cette mauvaise presse, mais il pouvait néanmoins atteindre son objectif d'une manière totalement détourné.

- Le nom de Forge Stellaire vous dit-il quelque chose Absalom ? S'orn affichait un sourire malsain plaqué sur ses traits parcheminés. Selon les rumeurs, on dit qu'il existait autrefois une station spatiale colossale créée par une civilisation très ancienne s'en servant à priori comme d'une arme pour faire régner la terreur sur cette galaxie. Cette civilisation semble bien plus vieille que la République elle-même, je vous laisse imaginer le peu d'informations que nous disposons à ce sujet, sans compter que la plupart sont classées secret défense. Néanmoins des rapports militaires incomplets datant d'il y a cinq cent ans, date présumée de la destruction de cette station sont en possession de nos services de renseignements. Je suis prêt à vous montrer ces rapports, si vous acceptez d'être à la tête d'une expédition visant à retrouver et à fouiller les ruines de cette forge Absalom. la colonisation douce suscitée par l'intérêt archéologique. Pour convaincre la République de partir dans une nouvelle ère coloniale S'orn était désormais convaincu qu'il lui faudrait agir sans mettre trop en évidence l'intérêt commercial de la manoeuvre. Eveiller la curiosité des citoyens sur l'Espace Sauvage, une zone trop longtemps laissée dans l'oubli, par crainte de ne jamais en revenir vivant sans doute s'avérait être une solution bien moins offensive. Et quoi de mieux pour convaincre le peuple du bien fondé de cette vaste entreprise qu'en offrant une première expédition censée marquer les esprits, une mise en scène conçue de toute pièce servant de propagande.

- Imaginez un instant tout ce que nous pourrions découvrir si nous parvenons à percer les mystères de cette forge ? L'occasion rêvée de rallumer la flamme d'aventure qui sommeille dans le coeur de chaque républicain et d'obliger les élus à consentir à toutes nos expéditions futures. Gagnons le coeur du peuple par la propagande d'une expédition bien huilée, le Sénat suivra sans rechigner.
Absalom Thorn
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Certes, certes, fit le Hapien d’un ton pensif. Je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle. Ces préjugés sont regrettables mais bien réels. Vous imaginez sans peine, je suppose, que moi-même je n’ai pas été épargné par ce genre de réactions.


Car qui ferait confiance à un Hapien ? Son espèce ne brillait-elle pas par ces machinations tordues et compliquées qui rythmaient le quotidien du Consortium, où la violence était raffinée, mais omniprésente, et où chaque main tendue cachait dans sa manche une vibrolame ? Absalom, qui pour sa part n’avait guère de penchant naturel pour les complots, était persuadé qu’on lui avait toujours soupçonné plus de duplicité qu’il n’en avait réellement, sur la seule foi de son apparence.


Je crois néanmoins que les guerres de la République vous offrent un prétexte tout trouvé. Elles ont fait des victimes, elles ont déplacé des populations, et ces réfugiés, il faut bien les loger. Vous connaissez le proverbe ? On fait rentrer l’éopie pour mieux la ressortir.


Plaît-il ?


Un homme vient voir le sage de son village. Il lui dit : ma situation est horrible, je vis entassé avec ma femme et mes enfants dans une toute petite maison, pas moyen d’y respirer. C’est intenable. Alors le sage lui dit : tu as une éopie ? Et l’homme répond que oui. Le sage lui conseille de faire rentrer l’éopie dans la maison. Deux semaines plus tard, le sage croise l’homme au marché et il lui demande comment va la vie. L’homme répond : c’est horrible, je vis avec ma femme, mes enfants et mon éopie, pas un centimètre pour bouger, on étouffe dans la maison. Alors le sage dit : hé bien, c’est simple, il suffit de faire sortir l’éopie. L’homme le remercie et s’en va. Quelques jours plus tard, le sage rencontre l’homme alors qu’il se promène à travers champs. Comment vas-tu, lui demande-t-il ? Formidable, mon ami, s’exclame l’homme ! Maintenant que l’éopie est sortie, on respire beaucoup mieux.


Une métaphore peut-être peu perméable aux habitués de Coruscant.


Imaginez que les planètes des plus conservateurs soient soumises à la pression migratoire des populations déplacées. Ne serait-il pas normal, après tout, que chacun en accueille sa part ? On fait entrer l’éopie. Imaginez que la situation devienne difficile politiquement. Mais enfin, pour contenter tout le monde, la République débloque des moyens pour permettre l’installation des familles sur de nouvelles terres, dans des planètes jusque là inhabitées. Cela se fait déjà, je crois, mais à très petite échelle et sans qu’un grand récit politique de générosité et d’humanisme, si vous me passez ce mot, ne viennent le soutenir. On fait sortir la chèvre.


S’orn avait néanmoins une autre perspective, et Absalom l’écouta avec des hochements de tête.


Je dois reconnaître que je suis peu familier de l’histoire militaire en général, avoue l’ancien Jedi. Et ce que vous me dites là est nouveau pour moi. Mais oui. C’est une excellente idée. Les deux ne sont d’ailleurs pas mutuellement exclusives. Une expédition archéologique, avec du personnel soigneusement choisi, des gens propres à faire la couverture des magazines et à susciter la passion des foules… La République est assez vaste pour fournir des experts qui aient aussi le profil de héros d’holofilms. Que tout cela mérite son petit scénario.


En diplomate chevronné et un comédien de terrain, Absalom savait bien que les apparences n’étaient pas à négliger. D’ailleurs, il ne les méprisait pas : l’imaginaire populaire avait sa noblesse, il était animé par des grands enthousiasmes, des mouvements simples mais puissants, qui façonnaient à leur manière le destin de la galaxie.


Grendo S’orn, poursuivit-il, comme s’il écrivait la quatrième de couverture d’un roman, chancelier visionnaire qui se soucie à la fois du passé et de l’avenir de la République, réunit une équipe de personnalités atypiques pour mener une expédition dangereuse et héroïque destinée à dévoiler les mystères d’une ancienne civilisation depuis longtemps tombée dans l’oubli. Bientôt sur tous vos holoécrans.


Et dans le rôle du chef de cette fine équipe, un Hapien presque pas du tout génocidaire.


Vous pourriez adjoindre à cela un ou deux projets de loi un peu techniques, mais utiles, pour faire taire les détracteurs qui prétendraient que tout cela est une initiative futile. Renforcer les mesures de protection du patrimoine archéologique, mettre en place des dispositifs de coopération interplanétaire entre les musées, ce genre de choses. De quoi occuper les technocrates en même temps que le grand public.


Et les technocrates, c’est comme les grandes sections de maternelle : il faut toujours leur donner quelque chose à faire.


Et concrètement ? J’imagine que cela impliquerait la restauration de mes droits civiques républicains. Je ne crois pas en avoir jamais été formellement privé, mais l’assurance que ma citoyenneté est intacte ne ferait pas de mal. Au-delà de ça se pose la question des moyens. Et du casting. Qui lui-même mériterait d’être médiatisé. Sans tomber dans l’holo-réalité, il serait dommage de gâcher des sujets en or. Et il faudra songer à une attitude face à l’Ordre Jedi, qui ne manquera pas, j’imagine, de nous soupçonner, quoiqu’à tort, à vous comme à moi, de sinistres desseins.
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