Jezaïl
Jezaïl
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« Un scanner de la marchandise est obligatoire pour pénétrer à l’intérieur du spatioport.
- Mais bordel c’est pas de la marchandise, c’est juste un tas de déchets et j’viens juste parce qu’on m’a dit de venir récupérer vos bennes et qu’ça urgeait !
- Tout véhicule susceptible de transporter de la marchandise doit être scanné avant d’accéder aux espaces de chargement. Il n’est mentionnée aucune circonstance pouvant exempter un véhicule de passer le contrôle scanner. »

Jezaïl se frappa le front contre le volant de son engin devant l’insistance du droïde. Alors certes il n’y avait pas les flics, mais ce contrôleur procédurier allait peut-être tout faire capoter tout seul. Un vrai héros de la Loi. La rouquine releva les yeux sur la porte d’acier face à elle et essaya d’en deviner l’épaisseur. Elle avait probablement assez d’explosif avec elle pour tracer un cadre suffisamment large pour le camion. Ou alors elle pouvait faire sauter les maintiens et laisser le tout s’écrouler.
Finalement deux bruits de décharges d’énergie lui firent tourner la tête pour apercevoir sa lepi préférée – pour être honnête il y avait peu de concurrence – qui venait de dézinguer le droïde et d’enclencher l’ouverture de la barrière. Un baiser et elles s’engageaient à l’intérieur du bâtiment avec à peine plus de discrétion d’un bantha dans un palace hutt. Atteindre leur quai et garer le camion dans l’un des grands hangars du Cassius fut une formalité et elles décollèrent aussi vite que possible, déjà prêtes à lancer les moteurs à plein régime au moment exact où les autorisations de décollage s’affichaient sur l’écran.

Tout aurait pu être aussi simple, il n’aurait fallut que quelques minutes de plus, trois à tout casser et elles étaient suffisamment loin pour se contenter de foncer. Mais tandis que l’opérateur de l’autre côté de la radio répétait à Fúm qu’on allait les arraisonner, Jezaïl regardait les distances, estimait les vitesses des uns et des autres et en arrivait à la conclusion que jamais elles n’atteindraient le point de saut avant d’être rattrapées. Aussi quand la mercenaire indiqua qu’elles faisaient demi-tour, elle décida de tenter de jouer une de ses spécialités.
Tandis que des doigts venaient tenter de délasser ses épaules contractées sous la tension et que des lèvres déposaient de petites baisers dans son cou, elle coupait l’essentiel de la propulsion et lançait le Cassius dans un large mouvement de rotation sur son axe, pour le ramener vers le spatioport. Elle perçut l’effarement de sa compagne dans l’arrêt soudain de ses attentions :

« T’inquiètes ma belle, j’sais ce que j’fais. »

Quand il fallait gagner quelques précieuses secondes pour échapper aux forces de l’ordre, il était toujours de bon ton de leur faire croire qu’on allait leur obéir : les flics se détendaient un coup, lâchaient leurs armes et relevaient le pied. Si vous étiez capable de repartir dans l’autre sens à toute berzingue c’était parfait : c’était l’une des raisons pour lesquelles elle avait installé sur son vaisseau tout un tas de tuyères d’appoint lui permettant de virer de bord plus vite qu’une guêpe qu’aurait sniffé de la coke. L’autre raison étant bien évidemment que ça la faisait kiffer.
Pour le Cassius, en revanche, c’était une autre paire de manche. Avec qu’envierait un char des sables il se traînait et il était impossible de faire le moindre changement de trajectoire rapide. Toutefois, si l’on savait jouer avec l’inertie, on pouvait aussi essayer de se servir de la trajectoire comme d’une fronde. Pas évident, un peu dangereux pour l’intégrité structurelle mais elle manquait d’options là.
Pendant que le vaisseau dérivait autour de son axe, en prenant petit à petit de la vitesse, elle bouscula les paramètres du tableau de bord : plus de puissance, plus de vitesse, faire sauter toutes les sécurités… elle allait devoir se coller à cette foutue limite plus encore qu’aux courbes de Fúm pour espérer que ça marche. Elle sourit à pleine dent.

« Cassius, qu’est-ce que vous... »

Commença la voix dans la radio alors que leur vaisseau continuait sa rotation bien au-delà de ce qu’il aurait du s’il rentrait sagement au port. Le reste fut noyé dans les rugissements et les grincements du métal qui se propagèrent à tous le vaisseaux quand Jezaïl poussa les moteurs à leur maximum instantanément, faisant prendre à leur trajectoire une ampleur immédiate qui allait les apporter à la frontière de l’atmosphère aussi vite qu’elle pouvait se le permettre.
Moins d’une minute plus tard deux signatures décollaient sur leur radar : des chasseurs de la sécurité douanière, de vieux coucous à peine digne d’arraisonner des cargos mais qui surclassaient quand même le Cassius sur tous les points hormis la taille. Ça allait être tendu, elles avaient à peine le temps d’atteindre le point de saut avant qu’ils ne les rattrapent suffisamment pour commencer à leur tirer dessus. Ils pouvaient bien sûr le faire d’ici mais elle comptait sur le fait que personne ne l’envisagerait assez folle pour tenter ce qu’elle allait faire.
Elles ne devaient pas perdre de vitesse sans pour autant exploser leurs moteurs alors que tous les voyants d’alarme étaient allumés et qu’une bonne demi-douzaine de sonneries retentissaient à travers le cockpit sans sembler importuner le moins du monde la pilote. Elle fit même un geste pour empêcher Fúm de couper le son, elle se reposait au moins autant sur la fréquence des stridulations que sur ce que ses yeux tiraient du tableau de bord en sautant d’un indicateur à l’autre. Du bout des doigts, elle jouait avec les commandes comme avec l’entrejambe d’une amante qu’elle aurait voulu faire patienter avant l’apothéose. Sauf que là, elle y arrivait vraiment.
Elle sentait la sueur lui couler le long du front et sur la nuque, son souffle qui devenait fébrile, les petits frissons qui lui parcouraient tout le corps à chaque montée d’adrénaline quand un compteur s’emballait un peu trop ou qu’une secousse faisait vibrer toute la carlingue. Elle exhala un petit râle de plaisir en constatant à leur émissions de chaleur que les chasseurs donnaient tout ce qu’ils avaient pour la rattraper le plus rapidement possible. Ils devaient commencer à comprendre à quel genre de cinglée ils avaient à faire. Trop tard toutefois.

De son autre main elle passa en affichage les coordonnées du saut en hyperespace et ajusta les équations tout en surveillant son allure : heureusement qu’elle avait préparé le trajet, il n’y avait que des modifications mineures à faire à cause de leur fuite qui les mettait sur un point légèrement différent. Le plus gênant était de devoir sans cesse fermer les fenêtres d’avertissement du logiciel, dont les algorithmes de sécurité étaient mis à aussi rude épreuve que les senseurs internes du Cassius par le plan d’action de la rouquine. Elle modifia la dernière valeur, força le calcul sans laisser à l’ordinateur la possibilité de rehausser le point de saut de quelques kilomètres. Les coordonnées s’affichèrent ainsi que le décompte avant d’atteindre le point de saut : moins d’une trentaine de secondes.
Jezaïl alluma l’hyperdrive, fit monter la charge et, au moment exact où elle passait la limite définie par ses calculs, enfonçait de son poing métallique le bouton de saut. Suivie cette curieuse sensation d’arrêt soudain suivi d’une chute en avant qui pouvait vous retourner l’estomac les premières fois. A l’habituel, il fallait ajouter le bruissement sec, comme si un million d’insectes venaient de prendre leur envol, qui parcourut toute la coque du Cassius tandis que les résidus d’atmosphère qui se trouvaient encore à si basse altitude s’enflammait lors du passage en vitesse lumière. Les étoiles devant elles ainsi que le soleil d’Ondéron qui apparaissait dans un coin de la baie de pilotage s’étendirent comme des élastiques brûlants avant de se fondre dans le bleu étrange, teinté de violet, et reconnaissable entre mille de l’hyperespace. Les alarmes se turent instantanément tandis que les moteurs classiques s’arrêtaient pour laisser l’hyperdrive faire tout le travail.

« Yeeeeeeeehaaaaaaaaaaaaaaa ! »

La rouquine venait d’exploser en jaillissant du siège de pilotage et en hurlant sa joie de toute la force de ses poumons. Elle fit volte-face et se jeta dans les bras de la lepi pour un baiser si passionné qu’elles ne tardèrent pas à finir au sol. Elle se força à décoller ses lèvres de celle de son amante juste assez longtemps pour lui souffler :

« On a une heure de trajets devant nous. »

Puis elle recommença à embrasser toutes les parties de l’anatomie de Fúm qu’elle pouvait atteindre tandis que ses mains commençaient à fouiller sous les vêtements et dans la fourrure de la lepi. Celle-ci demanda à Lazu de surveiller les radars au cas-où elles n’étaient pas revenues avant la fin du saut puis entreprit de se relever et d’entraîner la rouquine avec elle jusqu’à la table de réunion non loin pour la suite de leur ‘débriefing’.
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