Fúm Ellar
Fúm Ellar
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21.576, 1er semestre • Espace, middle of nowhere mais quand même pas trop loin d’Ondéron.


« Dame Ellar ? Dame Ellar ? Auriez-vous quelques instants pour que nous puissions échanger ? Suite à votre demande, j’ai procédé aux recherches que vous m’avez demandées. Il apparait que toute forme d’effraction dans un bâtiment public d’Ondéron tomberait immédiatement sous la juridiction de la cour pénale de justice Ondéronienne, laquelle agit selon le Code Pénal que vous transgresseriez en tous les cas, mais de façon plus ou moins grave. Procéder à cette infraction en étant armé aggraverait nettement les peines encourues, tandis que vous livrez à des dégradations lourdes lors de ladite intrusion serait un autre élément aggravant. Bien que la République Galactique soit un système fédéral, je pense qu’il ne verrait pas d’un bon œil des poursuites à votre encontre, et que ces dernières pourraient nuire à vos collaborations futures. En outre, si votre identité venait à être connue et qu’un mandat était publié à votre encontre par décret de la Reine, vous pourriez, du fait des divers ententes d’extradition, vous retrouvez pourchasser dans différents systèmes de la République Galactique. En outre, ceci ne vaut que pour l’intrusion, laquelle serait requalifiée en vol avec effraction si vous subtilisiez à la garde du musée cette œuvre. Nous parlons là, très certainement, d’une peine de réclusion criminelle de cinq à quinze ans, d’amende allant de 7 500 à 30 000 crédits. »

Je le regarde en mordillant mon bâton, belle lurette qu’il n’y a plus de bonbon au bout de ma sucette. J’avoue, ça m’angoisse un peu. « Putain, si j’avais su, je t’aurais commandé moitié moins reloud, toi… » C’est la première fois que je m’apprête à faire dans l’illégal. Bon… Après, c’est jamais illégal que contre les « neuneus » de la Répu’. Je les aime bien ceux-là, sont gentils parce que si tu fais des bêtises, ils te coupent pas la tête pour après faire de ta peau, des gants. Pis, risquent pas d’aller emmerder la famille, z’ont pas le droit de ça. Par contre, y a un truc qui me chagrine, si je me fais gauler, y a pas mal de chance à parier que j'aurai plus de mal à bosser pour eux par la suite. Et puis, qu’est-ce qu’il dirait les darons s’ils l’apprenaient ? Après… Faut dire ça fait une belle somme. Et le Cassius, il fait franchement la gueule. AAAHHH PUTAIN D’ENFER DE PAUVRE ! Enfin… De pauvre si cette poubelle vient à claquer maintenant. Qu’est-ce que je vais faire ? Après ça ? Moi ? J’ai pas assez pour un nouveau raffiot… Et putain ce que je m’emmerde aussi… Faut arrêter. Et niah niah que je surveille le gros-qui-pue pendant qu’il va au casino, et voilà que je charge en soute douze gigatonnes de légumes dégueux pour aller les déposer à Pézouille-Les-Bains… C’est plus possible. C’pas qu’une question d’argent. C’t’une question de pas crever d’ennui ! Et j’vais être gentille, moi ! J’vais zigouiller personne. Enfin. Moi. Parce qu’y a un autre problème dans tous ça, et il vient de sortir de l’hyperespace le problème.

« Coucou, c’est moi ! – Et moi, il a un numéro d’identification ou un nom que je puisse checker ? Nah mais c’est vrai quoi… « moi », ça pourrait aussi bien être nimporteki – Vespide demande autorisation d'amarrage sur l'emplacement qu'on voudra bien me filer. – Bienvenue Capitaine Moi, pilote du Vespide ! Vous êtes autorisé à accéder au hangar A1, c’est le seul assez gros pour un truc de votre taille. Faites pas gaffe à la rayure sur le côté, s’juste la peinture, la structure est impec’ ! »

C’est parti. J’ai reconnu la voix d’une femme. Faut dire, on s’est holo’ l’autre jour pour ce p’tit rendez-vous. Donc j’suis pas surprise. Je sais pas trop à quoi qu’elle va ressembler. Dans mon grand manteau noir, le rose pimpant, des bijoux de-ci de là et mes grosses bottes, je m’en vais la rejoindre dans le fameux hangar. Je pourrais m’y perdre dans cet immense monstre de métal. C’est étonnant qu’il soit encore tout d’un bloc. Lazu me suit, en flottillant. Il est certainement le truc le plus présentable de l’endroit. La porte s’ouvre sur le Vespide. Putain, ce qu’il fait ton sur ton avec le Cassius… Aucun doute, on va se comprendre !

C’est là que je la vois. Elle sort. Un canon ! Comme moi. Enfin… à notre façon. Une façon destroy, aussi sympathique qu’un wookie enragé mais surtout, surtout… Cette crète ! Je cours vers elle en criant, admirative : « AAAAAAHHHH ! Mais c’est quoi ça ! J’veux la même ! Si tu me dis que c’est naturel, juré j’te tue dans ton sommeil pour te la voler ! HHaaannn ! Dis, dis, dis, j’peux toucher ?! » Ouais… Bon… Le casse du siècle est à venir, pour sûr.
Jezaïl
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« Ça doit être ce vaisseau. Enfin à moins qu’il y ai un autre vaisseau cargo qui ait décidé de se perdre précisément dans ce secteur de l’espace au milieu de nul part et de foutre ses moteurs à l’arrêt.
- Ça serait quand même pas de bol.
- Ouais hein ? Bon je vais les appeler. » Jezaïl enclencha la communication avec l’autre vaisseau et, dès l’ouverture de la ligne, lança un excessivement joyeux : « Coucou, c’est moi !
- Très professionnel comme présentation.
- Bah quoi ? Au moins on saura si on nous attend.
- Et moi, il a un numéro d’identification ou un nom que je puisse checker ?
- En tout cas si c’est le cas ils sont pas plus convaincu que moi par tes manières.
- Oh ta gueule ! » puis portant le micro à ses lèvres : « Vespide demande autorisation d'amarrage sur l'emplacement qu'on voudra bien me filer.
- Tu vois, c’était pas si dur ?
- Chut. »

La contrebandière amorça l’approche dès qu’on lui indiqua où se poser. Les capteurs passifs en révélèrent petit à petit bien plus sur leur vaisseau d’accueil en même temps qu’ils pouvaient le voir de plus près à travers la verrière.

« Mais quelle poubelle !
- Jez’ soit gentille. En plus t’as jeté un œil au Vespide dernièrement ?
- C’est juste qu’on a pas eu le temps de se poser assez longtemps pour remettre un coup de peinture.
- C’est sans doute pareil pour celui-là.
- Mouais… t’en connais beaucoup des peintures qui te donnent un écran déflecteur ?
- … Non.
- Alors je suppose qu’il lui manque plus qu’un coup de peinture. »

Volann soupira devant le mauvais esprit de sa coéquipière qui inspectait la soute en même temps qu’elle guidait le Vespide pour venir se poser avec un bruit de ferraille qui résonna à travers tout le hangar.
Elle attrapa son gilet de faux-cuir et glissa le long de l’échelle qui menait au pont d’embarquement et appuya sur le bouton commandant le déploiement de la passerelle. Elle vérifia la présence du blaster à sa hanche, juste au cas où, pendant que Volann donnait un coup de peigne dans sa coiffure déjà parfaite. Elle sortit la première et son regard se posa presque immédiatement sur la jeune femme et le droïde qui s’approchaient pour l’accueillir. Plus précisément, sur les quatre oreilles dressées à la couleur rose, qu’elle ne s’attendait pas à voir sur quiconque se tenant debout et portant des vêtements.
Avant même qu’elle n’ai eu le temps de s’extasier qu’elle se retrouvait avec une lapine excitée en train de dévorer ses cheveux du regard.

« Euh… ouais, bien sûr. » bégaya-t-elle un peu surprise. « Je peux te caresser l’oreille ? » Elle ignora l’éclat de rire de Volann derrière elle en tendant sa main gauche pour venir caresser le bout d’une oreille après avoir obtenu l’autorisation.
« Oh c’est trop douuux… Hum. Bon. » Elle se redressa un peu, ne résistant pas à la tentation d’incliner la tête de droite à gauche pour agiter sa crête à la manière d’un jouet pour chat, avant de lui tendre la main et de se présenter encore toute sourire : « Moi c’est Jez’, et le type qui rigole à s’en fêler une côte derrière c’est Volann, mon partenaire. »

Le désigné, les mains sur les genoux pour tenter de reprendre son souffle, étouffa encore quelques sursauts de rire avant de se redresser, d’ajuster sa cravate et de passer une main dans ses cheveux pour les ramener en arrière avant d’adresser son plus éclatant sourire à la lepi :

« Partenaire de boulot, je précise. Enchanté mademoiselle. »

Il lui tendit la main et une fois les présentations finies, tout ce petit monde descendit de la passerelle pour se diriger vers l’intérieur du vaisseau. En chemin, Jezaïl répondit aux questions qu’on lui avait posées :

« Au fait je te rassure – ou je me rassure plutôt – c’est aussi naturel que mon bras droit. Je me coiffe comme ça depuis mes… treize ans je crois. Un truc du genre. A la base c’était pour faire chier mes vieux, maintenant c’est parce que moi j’aime ça.
- Et qu’on imagine pas l’état de la repousse.
- Parle pas d’horreurs comme ça Volann. Au fait ça te gêne pas qu’il reste avec nous le temps qu’on décide ce qu’on fait ; il va s’occuper d’une petite course qu’on a dans la région pendant qu’on fait le boulot et j’aimerais qu’il ai un max d’informations pour nous retrouver plus tard si on doit un peu improviser la fin du job. »

Volann eut un petit ricanement éloquent.

« Au fait il est trop bien ton droïde, tu l’as eu où ? »
Fúm Ellar
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Hhhaannn… J’y crois pas. Elle me laisse toucher. J’ai à peine remarqué l’autre gusse qu’arrive derrière pendant que je passe mes cheveux dans la crètes de cette sublime madame. Alors que je la laisse me tâter l’oreille, ça me fait toujours des petits frissons, après, faut résister à l’envie de réclamer des papouilles, mais c’est de bonne guerre, on s’tend la main et on s’la tope. Même pas cinq minutes et nous voilà déjà sis’ comme depuis la nuit des temps.

« J’suis Pink Poppy au boulot, mais t’peux m’appeler Fúm, après tout, on s’est déjà touché l’oreille. » J’jette un œil au bonhomme qui s’bidonne. Il a l’œil qui brille et à l’air du genre grande gamelle. « Partenaire de boulot, je précise. Enchanté mademoiselle. Je le regarde sans trop comprendre et me tourne vers elle pour répondre - Pourquoi qui précise comme si j’en avais que’que chose à foutre ? T’en as un drôle de collègue… M’enfin ! » J’lui serre quand même la main, puisqu’il insiste. Il est pas près de me toucher le bout d’l’oreille lui. Je l’écoute me faire l’éloge de sa crinière, alors qu’on gambade vers le poste de pilotage /salle de réunion / un peu le seul endroit de présentable du vaisseau. Le nez qui frétille, mes yeux ne cessent de revenir à ce plumet flamboyant. « Du moment qu’il dit plus de truc bizarre, moi ça me va. Genre on sait c’qui s’passe quand vous vous emmerdez quoi… ‘fin ! Le p’tit lapin c’est L4-P1-L4-ZU-L1, de chez Industrial Automaton, un modèle unique. Mi-garagiste / mi-avocat. Il est mon expert réparation juridique. Son p’tit nom, c’est Lazu. Tu peux lui d’mander un peu c’que tu veux, il est gentil, il fait sans trop râler, contrairement à moi. » D’ordinaire, je suis à deux cent à l’heure. Avec l’excitation du moment, je ne tiens plus en place. On débarque dans l’antre. Des boutons partout, des bidules partout, pas mal de choses qu’ont pu l’air de fonctionner. Lazu a réussi à remettre en route la vieille table-carte de réunion et je projette dessus c’que j’ai travaillé depuis quelques heures.

« Bon… les plans envoyés par l’patron sont pas des masses précis. J’ai pu, sur les trois niveaux distinguer les entrées, les sorties, les communications avec les bâtiments administratifs, et les sorties de secours. T’as trois niveaux, deux bâtiments distincts, le Musée d’Histoire et d’Archéologie Royal proprement dit, l’autre, la barre dégueulasse, là, ce sont les bureaux. Les flèches roses, ce sont les deux seules entrées, les jaunes, les sorties de secours, les vertes, les tunnels souterrains. Bon... J’te cache pas que clairement, vu l’peu d’matos qu’on a, on est bonne pour passer une bonne semaine à repérer les habitudes de l’endroit. Tu as prévu des sous-vêtements de rechanges ? J’ai repéré trois hôtels susceptibles de nous offrir des chambres ayant une vue sur les bâtiments. Les horaires sont ceux d’une visite normale. Tu me dis si je parle trop ou que je vais trop vite je suis hyper excitée. Pas question de faire péter quoi que ce soit, faut qu’on fasse dans la dentelle, un casse à la maestra. Pour ça. Faut tout noter. Tout observer. Tout savoir. Et réussir à pas trop se faire voir. Sur les docks, sont situés pas si loin qu’ça, de toute façon, j’aurais des cargaisons de bordel à charger. On pourra dissimuler notre cadeau dans l’foutoir. Une boite, une autre… Si on se démerde bien on aurait le temps de s’barrer avant qu’ils remarquent qu’z’ont pu leur joujou. C’qu’on vient chercher est loin d’être la plus chère des pièces, ce sera pas non plus genre surveiller de ouf. Mais c’est gros. Genre. Putain de gros. Et ça va pas être facile de s’barrer discrètement avec un truc de la taille d’un chasseur sur une charrette. Des idées, collègue ? »

Je la regarde, l’œil pétulant, le nez frénétique, le souffle un peu court. Si j’étais pas Lepi, j’aurais les lèvres bleues. Mais là, ça va, j’ai juste l’air d’avoir sniffé toute la coke de ce secteur de la galaxie. Normal.
Jezaïl
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Tellement de choses à réparer qu’elle en avait mal pour le vaisseau. Enfin au moins Fúm n’avait pas l’air du genre à tabasser son matériel pour qu’il marche mieux. Une attitude tout à fait contre-productive… sauf dans quelques cas étranges. Par exemple, donner un petit coup de pied bien placé dans le coin inférieur droit d’une des plaques du poste de pilotage du Vespide avait tendance à déboucher le conduit de ventilation et abaisser soudainement la température de l’air.
Elle n’eut pas vraiment le temps de faire une réflexion sur la mécanique, l’entretien de la pièce ou quoi que ce soit d’autre, proprement assommée par le débit de parole de la lepi. C’était un peu comme se prendre une grosse accélération en pleine face, on en sortait un peu perdu. Pour cette raison ses premières paroles en retour furent un long ‘Heuu’ avant qu’elle ne parvienne à connecter tous les points et trouver sur quoi embrayer, tandis que Volann écoutait la conversation, adossé à une paroi.

« Ok. Et ben, je vais pas m’ennuyer je te le dis. Tu vas vraiment être capable de rester des semaines à observer un gros tas de pierre ? »

Elle, en tout cas, n’était pas sûre de l’être, il n’y avait rien de plus chiant que l’observation pour la rouquine ; c’était comme démonter un moteur sans le bidouiller : inconcevable !

« Bon de toutes façons on a pas des dizaines de choix : soit on le fait sortir de là en une seule pièce et ça veut dire le faire passer par là où il est entré – à moins bien sûr qu’on ne se fasse notre propre porte de sortie – soit on le démonte pour le sortir en petit morceau plus discret. L’ennui c’est que comme on nous demandé un droïde et pas un tas de pièces de rechange, faut savoir le remonter derrière et ça je pourrais te le dire qu’après avoir bien eu le temps d’observer le modèle. Ce qui veut dire réussir à l’approcher de près régulièrement sans se faire griller et ça c’est pas simple surtout avec nos tronches ! »

Elle s’arrêta, se grattant distraitement le menton du bout des doigts tout en observant le plan. Cette étape d’une opération n’avait jamais été son fort, encore moins quelque chose qui l’intéressait, elle était plus douée pour trouver des solutions rapides au cœur de l’action. Ça irait peut-être mieux quand elles seraient posées dans une chambre d’hôtel avec un vrai bâtiment sous les yeux et pas des plans avec encore moins de reliefs que sa poitrine.

« Pour le déplacer… bah si on doit le déplacer entier, on peut voler aussi ce qu’ils utilisent pour le bouger. Vu que, si j’ai bien compris ce qu’on nous a envoyé, il est posé sur une place la plupart du temps et que je pense pas qu’ils le portent pas à bout de bras pour l’amener au musée. Quoique ça serait fendard.
A leur place, je pense même que je le descendrai pas du truc sur lequel ils l’ont foutu pour le transport, à moins que ça prenne une place de dingue : au moins tu peux le bouger comme tu veux, sans te faire chier à aller chercher la palette antigrav dans l’autre soute lorsque tu te rends compte que t’as bloqué un putain de panneau de commande avec une caisse de merde qui pèse une demi-tonne.
Hum… pardon. Donc ça c’est si on le démonte pas. De l’autre côté, si on prend le risque de le démonter faudra trouver une bonne raison de bouger des caisses par les entrées de service suffisamment de fois. Ou alors faire ça sur une nuit mais c’est plus tendue qu’une transmission optique vu la taille de l’engin. Et puis il faut quand même un véhicule pour entreposer toutes les pièces à la sortie. »


Elle avait une moue étrange en observant le plan, tandis qu’elle se demandait comment elle allait trouver le temps de faire un scan complet du droïde. Après tout il était hors de question qu’elle laisse passer sous son nez – même si elle était payée pour ça – l’une des plus excitantes machines de guerre dont elle avait pu entendre parler sans tenter d’en savoir au moins un peu plus. Peut-être même qu’elle pourrait réussir à faire un truc vaguement ressemblant… Bon valait mieux pas trop compter là-dessus mais c’était suffisamment grandiose pour être tenté !

« Enfin voilà c’est un foutu casse-tête ! On pourra en voir davantage sur place, mais faut peut-être savoir comment on débarque. Parce que des duo comme nous, doivent pas en voir passer tous les jours si tu veux mon avis. Donc ça vaut le coup de réfléchir à ce qu’on va dire quand on nous demandera ce qu’on fout là, et ça va arriver si tu veux qu’on crèche plusieurs semaines sur place. Perso quand je dois faire un mensonge de ce genre, je pars presque toujours du côté de la mécanique : déjà c’est un peu la seule chose que je sais faire qui justifie de rester sur place et en plus y a besoin d’un bon mécano où qu’on aille, parole d’expérience.
On peut peut-être même se faire embaucher au musée… t’y connais quelque chose là-dedans ? Au pire, si tu sais faire la différence entre un tournevis magnétique et un marteau à pression, je peux peut-être t’apprendre les bases pour que ça passe. »
Fúm Ellar
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Merde… Je l’ai largué. Bam. Dans l’espace. Elle dérive. Elle me regarde avec deux grands jolis yeux de gizka perdu dans la mare du trop plein d’informations… Faut que je redescende. Que je ralentisse. PUTAIN FREINE ! Inspire, expire, inspire, expire.

« T’sais, du moment qu’z’ont une console, j’peux geeker comme une petite porg pendant des heures… Et pis, faut pas qu’on fasse que regarder le dehors, faut qu’on aille zyeuter l’intérieur. Tu me trouves pas l’profil d’une étudiante en art ? Je prends ma position la plus contemplativo-mignonne-brillante. J’suis sûre qu’y a moyen j’finis par me faire faire offrir la visite perso’ par un guide un peu mignon… » Je lui souris, c’est assez explicite je pense. Pas peur de me mouiller, moi, dans ces histoires. Par contre, faut bien qu’te dise qu’j’y connais rien en méca’, perso’… Rien que tu m’demandes la clef hydraulique que je te donne la pince mécanique. Lazu, il sait faire. M’enfin, tu serais assez calée pour réussir à manier un truc qu’a des siècles ? J’ai lu des trucs, du coup… Bon… je sais pas mentir. – Nah, en vrai, c’est Lazu qu’m’a dit… Bon. En fait, le truc qu’on doit embarquer, il appartient aux Mandoriens. – Mandaloriens, madame – Roh… tu chipotes. – Pardon, madame. - Ouais, j’préfère. M’enfin. Bon. Les man-da-lo-riens. Z’ont disparu depuis… Pfiou ! Genre euh… Je claque des doigts pour que ce putain de robot réagisse enfin. – Les guerres mandaloriennes, de 21.088, soit quatre-cent-quatre-vingt-huit ans. La culture a disparu lors, à la sortie de ces guerres, il y avait trop peu de représentants de l’ethnie pour qu’elle puisse pérenniser. Les clans, vaincus, se sont dispersés et puisqu’aucun leader n’est parvenu à les rassembler, petit à petit, ils ont fini par se fondre dans les populations locales ou par disparaître. – C’est bon, c’est bon, tu vas l’endormir si tu continues. Bon… Du coup c’est vieux. C’est vieux, et en plus c’est zarb’, parce qu’apparemment, les gusses là, z’avez l’habitude de faire les choses comme eux le voulaient et pas autrement. J’ai même pas réussi à trouver de plan sur l’holonet… Faut croire que j’suis trop conne ne serait-ce que pour trouver les bons mots clefs !

Du coup… du coup… Ben on peut pas vraiment dire qu’on est là pour l’mécanique, tu vas tout de suite passer pour suspecte sitôt qu’le bordel aura disparu. Et faudrait réussir peut-être aussi à pas s’barrer tout à fait en même temps ? Genre, en vrai, deux canons comme nous qu’arrive et qui parte en même temps avec un truc qui se volatilise comme ça ? J’sais pas… Faut que ce soit furtif. J’en sais rien. RAAAHHH ! »
Je tape du pied d’exaspération et je claque la langue avant de me ramener le bout de l’oreille devant le nez pour le gratouiller. Ça me détend. « Y a bien Lazu qui connait un peu, les musées tout ça. J’ai fait en sorte qu’il sache me parler des gens et tout… Des fois que j’insulte sans le savoir une espèce que j’connais pas : j’préfère être consciente d’insulter les autres quand je le fais. Bref… Nah… Une oreille tu crois ? Genre, j’tente tant bien qu’mal de me faire passer pour guide et lui me dit quoi dire ? J’suis pas une bonne menteuse. J’le crois pas. Alors qu’en vrai, si j’visite juste, j’fais des croquis de ce que je vois, j’joue les élèves sérieuses. Ce serait plus facile pour moi, j’risquerais pas de tomber sur le grand patron, juste les surveillants et les guides j’pense. Vont pas s’imaginer qu’j’suis une voleuse, eux. J’suis trop choupi. J’suis motherfucking choupi. Si ils me soupçonnent, c’est des putains de spécistes.

On reste là deux bonnes semaines, on observe les habitudes, toi tu réfléchis au plan, moi je draine les informations, j’te mets ta branlée à Huttball 21.074, ou à Call of Bravery, comme tu veux, on embarque le gros bordel et on finit toute nue dans le jaccuzzi sans ton copain le pervers à siroter notre récompense avec deux-trois derrières à claquer. En vrai… Izi. »
C’est pas facile du tout. En vrai, j’aurais dû réfléchir avant de sauter là-dessus… Putain de lapin hystérique. S’faire un nom, okay, mais là… J’risque de finir en tôle quand même. Et j’me vois pas en cage, comme lapine.

« De toute façon, on en a encore pour treize heures de voyage, on va avoir le temps d’y penser… Tu veux te faire la main sur le Cassius ? Il toussote un peu sur les accélérations et il traîne du cul dans les virages, faudrait peut-être que tu prennes l’habitude tout de suite. »
Jezaïl
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« Bah ça coûte rien de jeter un œil… » A sa tête, il était évident qu’elle avait très envie de mettre ses doigts dans les mécaniques du droïde : « Et puis quand on sait ce qu’on enlève c’est facile de le remettre comme c’était avant, suffit de bien faire des jolis plans. Des petits bouts de scotch de couleur pour se rappeler où va quoi aussi, juste au cas où. De toutes façons ce truc est déjà plus fonctionnel, c’est pas comme si on risquait de le casser. »

Logique douteuse s’il en était, après tout on pouvait très bien rendre quelque chose irréparable, elle avait été bien assez souvent payée pour le faire. C’était fou ce qu’une ligne de thermite pouvait engendrer comme dégâts sur un ordinateur central.

« Les Mandaloriens hein ? Pourquoi est-ce que ça me dit quelque chose déjà… Bah ça me reviendra peut-être plus tard. Ou pas. Tant pis. »

Elle l’observa se gratter le nez avec de grands yeux : c’était trop mignon ! Elle n’avait aucun doute qu’elle ne se ferait pas soupçonner de préparer un sale coup, mais pour passer inaperçue elle était un peu plus dubitative. Enfin peu importait, Jezaïl ne croyait pas vraiment à leur chance de ne pas être accusées du vol : il faudrait se barrer suffisamment vite pour qu’ils n’aient pas le temps de mettre de vraies mesures de sécurité en place si elles voulaient passer la douane sans problèmes – et avec un tel tacot les problèmes étaient exclus – et Ondéron n’était pas un carrefour commercial, autant dire qu’il n’y allait pas avoir une foule de vaisseaux suffisamment grand pour transporter un droïde de guerre à quitter le spatioport dans l’intervalle entre le vol et le moment où ils verrouilleraient le trafic. Et quand ils se rendront compte que le droïde n’est plus à la surface, tout ce qu’il leur faudra faire sera de regarder les manifestes.
Enfin après tout peut-être qu’elles auraient une idée géniale une fois sur place. Elle opina du chef au résumé de sa complice, c’était le genre de plan qu’elle appréciait.

« Pervers ? C’est qui au juste qui prévoit des séances d’exhibition là ? » fit remarquer Volann avec un sourire narquois. « En tout cas si j’ai bien compris j’en ai pour deux ou trois semaines avant qu’on se retrouve, tu m’enverras le lieu sur la boîte noire Jez’ ?
- Ouais, ça sera le meilleur moyen, je sens qu’on va pas mal improviser.
- Du coup je vais aller dégager la soute, pour vous laisser le champ libre. Des affaires à descendre ?
- Tout est dans une caisse à outils près du sas.
- La rouge qui pèse autant qu’un âne mort ?
- Yep.
-Bon… je te descends ça et je décolle. Bonne chance, et essayez de rester en un seul morceau les filles. »

Il fit la bise à Jezaïl et serra la main de Fúm avant de quitter la pièce et de redescendre vers le hangar. La rouquine répondit alors à la proposition de la lepi avec une joie non dissimulée :

« Allez, montre-moi où est-ce que l’on pilote ce tas de ferraille ambulant. J’adore quand on me laisse conduire ! »

Et puis s’il était aussi capricieux que la jeune femme le disait, elle ne rechignait pas à un peu d’occasion de pratiquer l’engin avant d’avoir éventuellement – d’aucun dirait probablement – à s’en servir en situation de stress et de danger.

« Pour les virages je vais pas pouvoir improviser quelque chose en si peu de temps mais je suis sûr qu’en jetant un coup d’œil aux moteurs on peut en partie régler ce problème d’accélération. Généralement c’est eux qui s’essoufflent en premier mais un bon décrassage et une meilleure aération les font repartir pour dix ans ! Bon, vu l’âge que les tiens doivent avoir, peut-être plutôt un ou deux mais c’est déjà pas mal.
D’ailleurs j’aime bien faire un tour du vaisseau quand j’arrive pour la première fois sur un que je connais pas, tu me fais la visite guidée ? »


Demanda-t-elle en attrapant la mercenaire par le bras et en l’entraînant bras-dessus-bras-dessous avec elle vers la sortie de la pièce.
Fúm Ellar
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Fúm Ellar - #E9CBE8
Jezaïl - #66ffcc


Je sais pas trop quoi penser de ces idées de montage-démontage… Faut dire je sais pas trop quoi penser de l’ensemble de ce bordel dans lequel je me suis engagée. Les idées fusent. Déjà, j’ai clairement pas la tenue pour faire la gentille p’tite étudiante, va falloir que sur place, j’fasse quand même quelques boutiques. Ensuite, faut qu’on repère les lieux… Elle a pas l’air de s’y connaître en Mandaloriens plus que Lazu. Bon… V’là que l’autre niouk se casse, j’lui fais la grimace quand il se moque de moi et j’le regarde à peine partir. Oui, j’suis une chipou. Mais voilà. J’aime pas quand on fait dans l’faux-semblant et lui, j’le trouve trop mielleux-sucre. J’tapote mes poches de ma veste, je trouve ce que je cherche, d’un coup de dents le papier a volé, Lazu l’attrape au vol et l’emmène dans le coin adéquat tandis que je commence à jouer avec la rotondité de saccarose. Cerise. Ma préférée. Ou presque. D’un coup, j’ai une rouquine qui s’amarre à mon bras, alors que j’étais jusque-là plongée dans la rumination des plans holoprojetés.

– J’te préviens, c’t’une brave bête mais elle est nettement moins bonasse que moi, l’Cassius. C’est un ancien vaisseau de fret, j’en fais plus qu’à l’occasion avec, quand j’suis vraiment trop fauchée ou qu’ça me demande pas d’détour. C’mon papa qui me l’a offert pour que je décolle du pied à terre familial. Il voyait bien que je me fanais là-bas… Enfin. J’m’en vâs t’faire visiter mon royaume, ma jolie princesse. » Et nous voilà parti. Bon… Forcément, vu que c’est à côté, j’lui montre le poste de commande. Rien d’bien ouf, devant les baies vitrées, d’ici, on voit bien la carlingue et surtout les tâches de rouilles. Clairement, le poste de pilotage, normalement, est fait pour compter au moins trois personnes. – Si j’t’assiste au pilotage, on d’vrait s’en sortir quand même pas mal mieux que quand j’m’occupe de m’ner la barque toute seule. Tu feras pas gaffe à ces boutons-là… Chaque fois, ils s’allument au démarrage genre super nova, mais même Lazu l’a aucune idée de ce que c’est. – En réalité, Madame, il s’agit des indicateurs de température de… » Je claque des doigts et le fusil du regard. Du moment qu’on a pas les thunes pour réparer, on ferme bien sa gueule, et on dit qu’on sait pas c’que c’est et que c’est pas grave. Bordel. Il va me faire passer pour quoi, lui ?

Bien vite, on quitte le pont, très haut, et on s’engage dans la tour d’escalier qui mène aux moteurs. Pourquoi pas en turbolift ? Parce que merde… On vous en pose des questions désagréables ? Le constat est quand même nettement moins pire ici qu’ailleurs. Quand même, j’ai claqué des thunes de malade dans la confection de Lazu, s’pas pour qu’il me tricote des pulls. Enfin, pas que. Ici, il fait un super boulot. Déjà, c’est ultra-propre. Mais en plus, le tout ronronne aussi bien qu’il peut le faire avec le peu de moyen qu’on a. – Comme vous pouvez le constater, Princesse de Moncoeur, les lieux sont aussi bien qu’ils peuvent l’être. Le truc, c’est que si j’devais payer pour remettre le tout au neuf… bah j’en aurais pour deux fois le prix d’un cargo neuf. Alors j’attends d’avoir les thunes pour l’cargo neuf. J’vous en prie, vous pouvez constater l’excellence de Lazu et de sa clef à molette si vous voulez… après, j’vous conduirais à nos quartiers, que vous puissiez vous installer. En chambre d’invité, sauf si vous préférez la mienne, bien sûr, j’peux dormir ailleurs et j’voudrais pas qu’on dise que je suis mauvaise hôte. »

Le temps de galoper dans les escaliers, j’lui ai déjà tout dit sur l’Cassius. Les trois-quarts du bâtiments, de toute façon, c’est rien qu’du creux. L’espace dans l’quel elle avait atterri était l’seul un peu différent. Tout l’reste, c’est d’la soute. Un vrai fret quoi. Quand j’veux, c’est rigolo, j’peux ouvrir en fait le vaisseau d’tous les côtés, c’est plus pratique pour charger. Mais après, bon… Bah ça fait qu’à part des gigas teufs on peut pas faire grand-chose de tout cet espace et je dois bien avouer que j’évite de m’y promener seul. Ça me fout le cafard de voir tout ce vide et d’entendre rien d’autres que le rebond de mes pas sur les parois.
Jezaïl
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Jez’ jeta un œil aux indicateurs à la fonction inconnue – enfin visiblement pas de tout le monde – et eut un petit sourire en coin :

« Ouais je vois, t’es du genre à faire tes décollages en soutif non ? »

Parce que si tous ces voyants s’allumaient à chaque fois, c’était probablement le meilleur moyen de rester à l’aise. Quoique le vaisseau étant, de ce qu’elle en avait vu, essentiellement constitué de grands hangars, il devait avoir de quoi dissiper un excédent de chaleur. Tant que la cargaison la supportait en tout cas.
Une fois au moteur, la rouquine fut quelque peu bluffée. Faut dire que les salles des machines propres, elle n’en voyait pas souvent. Elle ne voyait pas souvent de salle des machines en fait, seulement celle de son vaisseau, et le cambouis qui y avait élu domicile commençait à développer sa propre civilisation. Il fallait qu’elle prévoit une petite séance de génocide d’ailleurs.

« T’as raison, faut jamais faire appel à un garagiste quand on y connaît rien où il va te faire payer six fois le prix du moindre boulon. En plus ils sont chiants, avec toutes leur normes de sécurité, soit-disant qu’on peut pas brancher une propulsion secondaire sur le même système d’alimentation à cause des risques de surcharge… J’ai l’air d’une bleue qui sait pas gérer son circuit de combustion plasma ? Non, bon alors… Bref, désolé, on parlait de quoi ? »

Après son emportement aussi soudain qu’inexplicable, elle se calma tout aussi vite et écouta Fúm lui parler de chambre.

« Je vois pas pourquoi je voudrais dormir dans ta chambre si tu n’y es pas. »

Elle avait lâché sa phrase sans s’en rendre compte, à demi-voix comme si elle s’était davantage parlé à elle-même. Quand elle constata sa bourde ses lèvres se tordirent une mimique comique et un rouge difficile à cacher avec sa peau qui avait tendance à ne voir le soleil que lorsqu’elle ne pouvait pas faire autrement lui monta aux joues.

« Oui enfin la chambre d’ami ça le fera très bien je veux dire, je dors n’importe où de toutes façons. »

Ajouta-t-elle précipitamment. Il était vrai que sa couchette à bord du Vespide était souvent dans un état que d’aucun jugerait d’inutilisable mais elle parvenait à se couler entre les bidouillages mécaniques et les paquets de linge presque propres et ceux pas encore trop sales pour réussir à roupiller quand l’envie lui en prenait à des horaires aussi incongrus que ces siestes étaient courtes.

« Bon retournons au poste de pilotage que je me fasse la main. »

Après un crochet par la soute pour récupérer le colis déposé par Volann elles remontèrent l’escalier. Heureusement qu’elle avait pris la peine d’équiper la caisse de petits propulseurs antigrav parce que la deuxième montée acheva de casser les jambes de la pilote qui s’effondra dans le premier siège qu’on lui désigna, avec le visage désormais rouge tomate et des gouttes du sueur qui faisaient du toboggan sur sa tresse et son implant crânien.
Comme promis, elle pus tester les commandes et constata rapidement les problèmes énoncés par la mercenaire aux grandes oreilles : les moteurs n’étaient pas assez puissants pour fournir une bonne accélération, avant tout pensé pour du long courrier tranquille, et leur emplacement strictement à l’arrière d’un vaisseau aussi long lui donnait un comportement bien particulier dans les manœuvres, avec l’arrière qui se contentait de « pousser » l’avant. Le genre de vaisseau qui pouvait se casser en deux avec un virage vraiment trop serré. En tout cas pas le genre avec lequel on pouvait passer un barrage, il allait donc effectivement falloir la jouer discrète.

Un demi jour galactique plus tard, elles arrivaient en orbite de Ondéron. Jez’ était vautré dans l’un des fauteuils du poste de pilotage d’où elle avait accès à la gestion des flux énergétiques pour soulager un peu Fúm tandis que le vaisseau commençait à inverser sa poussée pour compenser l’attraction de la planète. En les redirigeant astucieusement elle avait presque réussie à garder l’atmosphère fraîche et elle n’avait eu qu’à se défaire de sa veste de cuir.
Satisfaite de ses bricolages, les pieds posés sur une partie du tableau de bord qui n’était plus vraiment fonctionnelle de toutes façons, elle fit pivoter son fauteuil vers la lepi :

« Si tu veux qu’on évite les emmerdes, faut que ça soit toi qui gère les formalités administratives pour l’atterrissage et l’hôtel, la République aime pas trop ce que je fais. Puis en plus, j’aime pas m’occuper des formalités.
Mais si t’aimes pas non plus, j’ai pris le temps de retrouver quelques contacts dans mon carnet – enfin plutôt celui de Volann – donc je peux essayer de nous dégoter un emplacement plus discret où on posera pas de questions gênantes. Par contre ça risque de pas être aussi prêt du centre-ville, donc on en aura pour une petite trotte jusqu’au musée et à notre cargaison. »
Fúm Ellar
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Elle est rigolote, ma nouvelle copine. Elle a l’air aussi incapable que moi de garder la même idée plus de cinq minutes en tête. La voilà qui s’énerve sur les escrocs de mécanos pendant que je ne comprends rien à ce qu’elle baragouine, je regarde juste sa crète qui s’agite de gauche et de droite, avec sa mignonne petite tresse. Un drôle de farfadet… Et la voilà en plus qui s’avère du genre à aimer s’amuser et à rougir comme une Jedi qui sortirait pour la première dans le strip club du coin : a-do-ra-ble ! Alors qu’elle me déclare ses talents de Belle aux Boids Dormant Tout Terrain, je lui taquine le bout du nez avec mon doigt et rigole : « T’inquiètes pas, va, si t’es gentille, on pourra faire des soirées pyjamas à deux, j’suis pas du genre territorial. » J’appuie mon argumentaire d’un sourire malicieux avant qu’elle ne nous invite à reprendre la route des étages.

J’avale les escaliers comme les chips avant de m’apercevoir d’un sifflement dans mon dos. V’là que mon petit lutin à la crète de feu est en trans’ ! En même temps, c’est vrai qu’elle a pas l’air bien costaude et qu’ses petites jambes toutes mignonnes de poupée doivent pas se manger autant de marches tous les jours. J’ai envie de lui pincer les joues en lui faisant boudiouboudiou… mais paraît que ça se fait pas sur les gens vivants. Alors je me retiens. Je souris juste, amusée de la voir en pleine galère alors qu’elle était toute pimpante y a pas si longtemps. Toute en surchauffe, la voilà qui se jette dans le poste de pilotage et…

Monter les escaliers, descendre les escaliers, monter, descendre, monter, descendre, flip, flap, flop, flip, monter, descendre, monter, on étire ça… On touche ses petits orteils, on attrape des tubes du plafond qu’on sait pas ce que c’est mais on s’en fout et un, deux, trois, quatre, cinq, six… Merde ! V’là qu’ma copine me parle, comment qu’j’vais pouvoir tenir mon compte moi ? Je lâche, je retombe sur le sol, j’avoue que je suis un peu essoufflée là. J’attire à moi une serviette, une bouteille d’eau, je me chiffonne la truffe et les oreilles avec, j’passe sur ma nuque. J’ai sorti ma plus belle tenue de sport pour l’impressionner. J’vais pas cacher que j’aime bien quand ça pétille dans les yeux. Enfin… soit. « T’inquiètes… Si j’ai vendu un rein, c’est bien pour que Lazu sache gérer les formalités les plus relouds et pour les accès aux docks, j’t’ai dit, j’fais du fret à l’occasion et j’suis pas mal vue dans la Répu’ – j’ai déjà eu l’occasion d’bosser pour eux – donc… ça devrait passer tranquille. On est déjà à portée des douanes ? Elle acquiesce, je poursuis. – Tu peux ouvrir les communications. » Son doigt trouve aussitôt le bon bouton. – Ici la Capitaine Ellar du Cassius à l’adresse des autorités portuaires d’Iziz, demandons autorisation d’entrée en orbite et de s’amarrer dans l’astroport de fret. Transpondeur prêt à communiquer nos identifiants sitôt que vous êtes prêts. Plom, plom, plom… Je danse des talons vers la pointe, puis de la pointe vers les talons. – Ici le spatioport d’Iziz, sitôt vos identifiants reçus, vous pourrez vous amarrez au quai A-380, vous recevrez les coordonnées quand on aura validé ceux-ci. – Transpondeur en route, les identifiants devraient vous parvenir. – C’est le cas, Cassius. Votre identité est confirmé, les coordonnées ont été communiquées à votre ordinateur de bord, bon séjour sur Onderon. Un agent des douanes vous accueillera sur les quais pour vérifier l’intégralité de votre cargaison s’il y a lieu. » L’indicateur des communications s’éteint. Je lui souris, fière d’avoir réussi la première partie de notre mission même si jusque-là, y a vraiment pas grand-chose de sensationnel de réaliser jusque-là. – Bon, j’file à la douche et j’reviens toute fraîche comme les lys au printemps. »

Le vaisseau entame sa dernière descente alors que j’arrive de nouveau dans la salle des commandes, prête à vivre toutes les aventures du monde dans ma jolie tenue d’aventurière. Elle semble pas avoir de mal à gérer l’engin, ma collègue. J’me permets d’lui faire la conversation, du coup. « Alors… Le mec des douanes s’ra pas chiant, ce sont des formalités. Histoire de nous couvrir, j’ai casé dans un coin des conteneurs de pièces recyclées et deux-trois trucs dont je sais que ça s’écoule ici facilement. On aura l’air de ce qu’on est, pour le port, un vaisseau de fret. Bon. Après ça, faudra faire deux choses, trouver quelqu’un pour écouler nos stocks et en refaire, histoire de pouvoir planquer le jouet au milieu ni vu ni connu et… les boutiques pour me rendre présentable dans le musée ! » Là, mes oreilles se dressent de toute leur hauteur et mon nez s’agite en tout sens. J’adore m’acheter de nouvelles fringues… Presque autant que la bagarre.
Jezaïl
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« Bon bah je prends le pilotage alors. On va quand même pas le laisser à Lazu. »

C’était une question de principe : il fallait au moins que la rouquine soit morte ou en passe de l’être pour laisser un droïde prendre en charge une manœuvre, aussi basique soit-elle. Des humains, elle pouvait accepter de leur décharger cette responsabilité – en tout cas sur leur vaisseau – mais une machine ? Il n’y avait rien de plus ennuyant que de regarder un droïde piloter.
Les différences fondamentales entre la manière de piloter des droïdes et celle de Jezaïl furent particulièrement bien illustrées par la dispute sur laquelle Fúm tomba en sortant de sa douche.

« … excédez de 7,2 % l’angle maximal de descente et de 16,4 % la vitesse d’approche autorisée pour un vaisseau de notre classe.
- Mais tout le monde fait ça ! C’est si on se comporte trop bien qu’ils vont nous trouver suspect, surtout avec un vaisseau dans cet état. Sans vouloir être méchante hein Fúm, mais ton destrier fait pas exactement premier de la classe. Vous verrez, j’aurais raison. »

[…]

« … et une autre signature ici. Voilà. Bonne journée. »

L’agent des douanes les salua rapidement avant de leur tourner le dos et de se diriger vers le mini-speeder qui lui servait à aller d’un vaisseau à l’autre. Tandis qu’il s’éloignait, Jezaïl se tourna vers le robot aux oreilles de lapin avec un air triomphant.

« Tu vois, pas un mot ! Ils sont habitués, tant que que tu joues pas au con ils s’en foutent. »

Elle haussa les épaules tout en dégageant une mèche de cheveux de son visage. Elle avait enroulé sa tresse et son implant autour de son cou et les cachait sous sa veste la plus épaisse et informe, un truc au moins deux tailles trop grand, et avait vissé une casquette sur son crâne qui lui aplatissait la crête sur le côté gauche de la tête, lui donnant l’air parfaitement ridicule. Mais au moins les caméras ne risquaient pas de trop la reconnaître, surtout qu’elle restait autant que possible en dehors de leur champ de vision.
Ce n’est qu’une fois sortis de l’astroport qu’elle se débarrassa du couvre-chef, qu’elle posa sur l’une des oreilles de Lazu, et défit la veste pour défaire tout ce qui lui pendait au cou avant de réussir à s’étrangler toute seule. Puis elle sortit un tube de gel pour cheveux et un peigne d’une de ses poches et commença à redonner forme à sa coiffure sans s’arrêter de marcher ni même sembler y faire vraiment attention.

« Bon par contre c’est pas que l’idée de te regarder faire les boutiques m’ennuie mais putain si, carrément. Du coup on va gagner du temps et moi je vais aller faire le tour des garages et autres ferrailleurs pour notre couverture. T’auras qu’à m’envoyer les coordonnées de l’hôtel où tu veux qu’on crèche. »

Aussitôt dit aussitôt fait, Jezaïl entama son passage préféré lors de toute visite au port : la tournée des casses pour voir ce qu’elle pouvait dégoter ! N’étant jamais venu à Iziz il lui fallut un peu de temps pour trouver le quartier approprié, surtout parce que contrairement à bien des villes plus ouvertes où ils étaient facile à trouver, souvent en bordure, ils étaient cette fois tassés contre les remparts. Cette limitation de place donnait des spectacles très drôle, certaines des boutiques qu’elle avait visité exposant leurs pièces sur des étagères de plusieurs mètres de haut, ce qui était assez rares dans les garages qu’elle avait jusque là eu l’occasion de voir à travers la galaxie, en dehors d’endroits comme Nar Shadda et Coruscant.
Elle ne s’arrêta dans cette passionnante occupation que lorsqu’elle reçut un message de Fúm pour lui dire de se ramener à l’hôtel qu’elle leur avait trouvé, et encore n’accepta-t-elle de s’arrêter avant la tombée de la nuit que parce qu’il y avait apparemment besoin d’elle pour signer un truc ou quelque chose du genre.

Quand elle se pointa dans le hall du bâtiment où l’attendait Fúm, un hôtel situé sur la même place que le musée, comme prévu, et qui n’accueillait quasiment que des touristes d’une certaine classe sociale, elle fit un peu tâche avec son look des bas-fonds et les traces de cambouis qui maculaient une bonne partie de ses mains et bras ainsi que son visage. Elle traînait derrière elle un petit chariot répulseur débordant de pièces à l’aspect aussi divers que l’âge.
Elle vint s’adosser au comptoir à côté de Fúm avec un soupir de satisfaction de pouvoir se reposer un peu ne serait-ce que quelques minutes.

« J’ai trouvé ce qu’on voulait : acheteur, vendeur, le tout en un. J’en ai profité pour faire mes emplettes personnelles, j’ai vu des affaires sur lesquelles je ne pouvais pas ne pas sauter. » Un gloussement idiot lui échappa : « Et cette planète est géniale ! » continua-t-elle un ton plus bas malgré son enthousiasme : « Y a des types tellement remontés contre le gouvernement républicain que je suis sûr que je peux leur vendre des marchandises plus chères si c’est illégalement sorti du Noyau. Je pense même qu’on peut monter au double si ça vient de Neimodia. Le paradis ! Faudra que j’en parle à Volann dès que possible, on doit absolument en profiter.
Et toi t’as trouvé ton bonheur ? »
Fúm Ellar
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Les voilà qui s’engueulent déjà comme un vieux couple, Lazu et elle. C’est bon, elle s’est intégrée au vaisseau comme un clawdite se faufile dans une nouvelle trogne. Comment pourrais-je lui en vouloir d’engueuler mon droïde quand moi-même j’suis la première à lui balancer de la vaisselle à la figure quand il commence à trop m’saoûler. M’enfin, soit. Voilà qu’on descend, à la façon de Jezaïl, tout s’passe bien et une fois sur les quais, un gentil monsieur des douanes nous fait signer de la paperasse, un classique, et voilà. Première partie du plan : nickel. J’adore qu’un plan se déroule sans accroc ! … En fait pas du tout. C’est l’emmerde totale quand rien n’vient vous surprendre dans la vie. Mais là, pour le coup, pour une fois, rien qu’une fois, j’aimerais bien r’partir en m’disant que j’me suis emmerdée du début à la fin. Plom, plom, plom…

J’viens d’me faire éconduire. Visiblement, ma nouvelle copine elle aime que la mécanique et n’est pas foutue d’me dire si j’suis belle ou pas dans mon p’tit haut… J’suis triste, mes oreilles parlent d’elles-mêmes mais bon, j’vais pas l’obliger si elle veut pas. Sûrement que j’lui plais pas en fait. J’sais pas comment j’me sens. A l’idée qu’un gros moteur graisseux puisse plus attirer son attention que moi… Bouarf ! Elle ne sait pas ce qu’elle rate, j’ai une sacrée mécanique aussi, là-dessous ! Elle s’éloigne, je m’éloigne, on s’éloigne. Alors… J’commence à m’éloigner en ligne droite de l’astroport, j’suis certaine que c’est pas d’ce côté-là que j’vais trouver de quoi coller avec le rôle que je me compose déjà dans ma tête. J’embête gentiment deux-trois passants, en un rien de temps, me voilà dans le quartier commerçant. J’prends le temps d’pandiculer comme il faut, j’fais tout craquer, et après un p’tit échauffement des chevilles et avoir vérifié quand même que j’avais bien mes dataris, j’me mets en branle. Y a deux trucs pour lesquels j’suis une tueuse : la bagarre et le shopping – les deux étant pas si loin l’un de l’autre. Alors que j’aperçois la première petite boutique qui m’plaît, j’mets en route, dans mes oreilles gigantesques, ma p’tite playlist du moment.

Le premier essai n’est pas le bon, il est à la fois moche et d’un triste qui me fend le cœur, j’ai à peine mirer l’affreuseté dans l’miroir que je suis déjà partie me changer. La deuxième tentative me gratte beaucoup trop pour que j’ose même aller jusqu’à la glace pour me mirer. La troisième me persuade de changer. Bon. C’est normal, c’est l’début, on va pouvoir passer à plus sérieux. Je m’en vais en laissant plein de trucs à ranger à la madame, rien à foutre, c’est pas moi qui suis payée pour. Je passe de l’autre côté de la rue, je suis dans d’autres, rayons, j’attrape des choses dans tous les sens. Il faut oser. Laisser l’imagination et la créativité s’exprimer… mais pas comme ça, c’est juste pas possible. Et pourquoi j’ai l’air potiche comme ça là-dedans ? Sérieux ? P’tain… En même temps, j’savais bien que j’avais besoin d’un avis extérieur. Là, l’autre, elle me laisse toute seule à devoir décider… Forcément j’m’en sors pas, j’me trouve moche dans tout. Si ça nous va, c’est au pétillant de l’œil de l’autre qu’on le voit, pas à s’mater, toute seule… Et ça continue, encore et encore.

Ma quête, entamée alors que le soleil du coin était même pas au zénith à notre arrivé, s’achève vers le soir. Faut dire, à force de rien trouvé, j’ai fini par discuter avec des copines vendeuses du coin et forcément… Conne comme je suis, j’avais pas percuté qu’en fait les écoles, z’ont peut-être des traditions. En l’occurrence, ici, apparemment, chaque chapelle avait son propre uniforme ! Son p’tit boubou rien qu’à lui. Alors me voilà, au creux du bras, de quoi me donner l’air de savoir ce que je fais là où je le fais. Alors que je m’apprête à appeler la collègue, dont j’ignore même si elle est encore en vie, j’réalise que j’ai oublié l’autre moitié de ma mission : ce putain d’hôtel… Genre j’suis une agence de tourisme moi ?! Bah nan… Raaahh. Bon… Demi-tour, j’retourne voir ma bande. Les v’là qu’elles m’indiquent l’office du tourisme le proche, justement, parce qu’elles y connaissent pas plus que moi. J’file, cette saloperie, elle est à rien de fermer. Et la guichetière, ou j’sais pas qui c’est, bordel, une conne… Et niah, niah, niah, pourquoi que vous êtes là, peut-être serez-vous intéressé pour ceci et cela… Mah ta gueule ! J’te demande un hôtel, pas le putain de dépliant sur tout c’qu’on peut faire dans ta ville à la con ! J’m’en fous de ça… Un miracle, j’arrive à sourire et à pas l’égorger. Elle finit par accéder à ma demande. Forcément, les hôtels aux abords du Musée Archéologique, c’est pas les plus abordables. M’enfin, comme partout, y a des chambrettes pour trouduc… enfin j’espère. On m’donne une adresse, j’envoie l’message à ma p’tite chérie, histoire de lui filer notre rencard. Bim, badibim, badiboum.

Voilà que je débarque dans le hall marbré du bordel. Mazette, heureusement qu’va y avoir un putain de retour sur investissement parce qu’en regardant rien qu’les lustres, j’vois mal comment j’vais pouvoir m’sortir d’un moment ici sans avoir à m’taper tout l’hôtel pour éponger mes dettes… Et à la fois, ça reste le moins cher du secteur. Au royaume des torche-culs en or, les j’me-mouche-dans-la-soie sont des connards de prolos ! Truc du genre. Bon. Courage. Je me rappelle des leçons de Maxicoeur et j’m’en vais traiter avec le m’sieur du comptoir. Il a l’air sympa’ comme une grenade dégoupillée qu’on aurait laissé trainer au fond d’son propre fondement. Vingt minutes plus tard, alors que j’attends tranquillement posée au bout du comptoir de l’entrée, v’là qu’ma rousse préférée du moment débarque. Elle jure tellement avec le tableau qu’on a l’impression qu’un vandale à rajouter un bonhomme bâton au feutre sur un huile de grand maître. Fichtre… Au moins, elle est joviale.

« J’l’ai déjà trouvé à quelques parsecs d’ici, mon p’tit bonheur. #LaDraguePourLesNulles. Je souris. Bon, en vrai, j’crois qu’j’ai c’qui faut, j’vais t’faire un défilé dans la chambre. Par contre, j’te préviens, c’était bien trop cher pour qu’on envisage une chambre double, on est ici en couple ma puce, et faudra qu’on arrive à s’supporter dans l’espace le plus exigu de l’hôtel mais qui a l’avantage de donner sur la place, et donc sur le musée. Ah… Et aussi, faudrait p’t’être trouver le moyen de moins jurer avec le tierquar : on a clairement pas la gueule à fréquenter les lieux pour l’instant, et ça va nous afficher comme suspect direct. »

J’lui fais signe et aussitôt on décolle. En quelques minutes, on a grimpé tout là-haut, pratiquement dans les combles, et nous voilà dans une chambrette aux allures de studios, on a même un p’tit balcon – faut dire j’ai vendu un rein pour le louer, c’foutu balcon. Bon… J’perds pas le temps à faire le tour, j’jette mon barda sur le lit et tout de suite je file dans la salle d’eau. Faut que je me fasse belle ! Après quelques dizaines de minutes, toute peignée, toute fraiche, tirée à quatre épingles, voilà que je m’annonce et que je sors. « J’te préviens, interdit de te moquer ! Si j’veux passer pour une étudiante du coin, voilà c’que je dois porter… » mais quelle idée à la con d’imposer l’uniforme
Jezaïl
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« Euh… ok. »

Jezaïl avait de plus en plus le sentiment que même si leur mission n’était pas une réussite, cette collaboration serait pour le moins agréable.

« Ok je vais faire un effort sur ma toilette, c’est promis. »

Joignant le geste à la parole elle attrapa un chiffon à sa ceinture et tenta de s’essuyer le visage avec, ce qui étala la graisse plus que cela ne l’enleva. Elle ne sembla pas se soucier de l’absence de tout résultat et se contenta d’un grand sourire avant qu’elle ne montent dans la chambre. Ce n’était pas très grand mais pour quelqu’un qui avait l’habitude de partager un cargo de transport c’était largement suffisant. Elle poussa du pied le chariot répulseur dans un coin, qui heurta une petite table et en fit tomber la lampe. Elle haussa les épaules.

« C’est pas ma faute. »

Dit-elle d’un ton traînant, qui ne tromperait même pas un vieillard à moitié sourd, à l’intention de sa camarade partie se changer dans la salle de bain. Puis elle commença à fouiller dans sa propre valise, que le service de chambre venait de lui amener – la joie des grands hôtels – pour constater, comme elle s’y était attendue, que Volann y avait apporté sa petite touche habituelle : sur le dessus, deux ensembles chics à sa taille et un petit mot : « Juste au cas où tu accepterais l’idée que tes débardeurs déchirés ne sont pas toujours du meilleur effet. PS : cette fois j’ai pris ça entièrement sur ta part puisque c’est toi qui a foutu les précédents dans un incinérateur. »

« Bon, pour cette fois, il a eu raison... »

Grommela-t-elle à voix basse, avant de continuer à fouiller son bagage pour refaire l’inventaire de ce qu’elle avait à disposition. Quand Fúm sortit de la salle d’eau elle se retourna vers elle et écarquilla les yeux une seconde avant qu’un rire n’éclate dans sa gorge, particulièrement sonore et joyeux.

« Je me moque pas hein ! Je me fous juste de ta gueule ! »

Parvint-elle à articuler entre deux éclats de rire. Elle essaya, sans succès, d’éviter l’oreiller que lui lança la lepi en réponse puis commença à reprendre le contrôle de sa respiration, les épaules encore secouées de hoquets et les yeux embués de larmes de rire.

« Non mais désolé hein mais… c’est juste l’uniforme mélangé au rose je crois, ça fait vraiment fantasme de boutonneux. » dit-elle en se tenant les côtes : « Mais c’est pas grave hein, si c’est à ça que les étudiantes ressemblent je suis sûr que personne te remarqueras. Enfin si mais bon… tant pis hein. »

Elle expira lentement pour achever de se calmer puis attrapa quelques affaires dans son sac et se leva d’un bond.

« Bon, je vais me laver, à moins que tu n’ai un fantasme sur le parfum ‘lubrifiant pour moteur n°5 et touches de rouilles’. Et si c’est le cas… je comprends parfaitement. »

Elle passa dans la salle de bain et ferma la porte derrière elle, sans toutefois se soucier de la verrouiller. Une demi-heure plus tard elle en ressortait, laissant échapper un panache de vapeur accompagnée d’une bouffée de chaleur et d’un parfum de savon bien chimique. Elle n’avait visiblement pas pris la peine de s’habiller complètement, ne portant qu’un t-shirt informe et trop grand, arborant le logo d’un groupe de musique underground, ainsi qu’une culotte. Ses cheveux étaient encore humides, sa crête tombant sur le côté droit de sa tête et lui masquant une partie du visage mais avec un volume qui donnait l’impression qu’elle sortait d’une publicité, tandis que sa tresse était en grande partie défaite, seuls quelques élastiques empêchant les cheveux de se disperser aux quatre vents.

« Whouah la douche est trop bien ! Y a des jets d’eau partout, ça fait des massages divins ! »

Elle ferma un instant les yeux en y repensant puis se laissa s’écraser sur le lit. On aurait pu croire qu’elle venait de s’endormir dans l’instant mais elle roula d’un coup sur elle-même et se redressa en position de tailleur. Elle attrapa son implant crânien et commença à essayer de le brosser avant de se rendre compte de sa connerie, de l’envoyer balader puis de recommencer l’opération mais avec sa tresse cette fois.

« Bon, je sais pas encore exactement ce que je vais faire dans les prochains jours mais faut mieux que j’évite de foutre les pieds dans le musée par la grande porte. Z’ont forcément des caméras et même si je suis pas vraiment très recherchée, je crois, m’étonnerait pas que ma tronche se trouve dans leurs dossiers quand même. Donc je pourrais pas t’accompagner.
Par contre ! »
s’exclama-t-elle en levant soudain la main, manquant de peu envoyer la brosse qu’elle tenait directement dans la tête de Fúm : « J’ai deux trois idées de bricoles pour t’aider à reconnaître le terrain. La plupart des caméras de qualité se contentent pas d’une bête identification visuelle mais passent les gens un peu au scanner, sauf que quand on sait comment faire – comme moi – , on peut le détecter. Faut que je vérifie mais je pense que j’ai de quoi te faire un truc qui pourra enregistrer quand tu passes sous les caméras et vaguement de quel côté elles sont, comme ça on aura en gros leur emplacement sur la carte.
Sinon, je peux faire un genre de sonar électrique : un machin tu le branches sur un gros câble du musée et ça envoie des espèces de vagues dans le réseau. Quand la vague rencontre un truc suffisamment important ça renvoie des signaux en sens inverses que le boîtier va capter. Ça permet de détecter les endroits où sont les plus gros systèmes électriques, dans un bâtiment comme ça c’est souvent les nœuds qui gèrent les alarmes ou les salles de surveillance. Tu répètes ça trois ou quatre fois, vu la taille du bordel, et t’auras cartographié tout le musée.
Je réfléchis aussi à comment trouver le droïde mais pour l’instant je suis pas bien sûre. De toutes façons je risque d’avoir mes journées pour y réfléchir… »


Elle s’arrêta enfin un peu de parler pour jeter un œil par la porte-fenêtre. Dehors le soleil commençait à sérieusement décroître et l’ambiance de la soirée s’installait dans les rues du quartier historique tandis que les restaurants et les bars commençaient à accueillir les clients.

« Sinon, t’as envie de faire quelque chose de la soirée ? »
Fúm Ellar
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Quel drôle de petit oiseau j’ai trouvé là, mine de rien. Elle se barbouille toute la crasse de son visage histoire d’être bien sûr d’en avoir du front jusqu’au bout de la truffe et la voilà toute fière, souriante… On en aurait envie de lui faire des bisous d’esquimaux. Soit… Au pire je m’occuperai moi-même de lui frotter le dos et derrière les oreilles plus tard, ce serait vraiment trop con de se faire prendre pour des soucis d’hygiène quand même.

Nous sommes rapidement dans la chambre. Je constate que malgré les qualificatifs utilisés par la dame du comptoir tantôt, elle est loin des standards auxquels je suis moi-même habituée. On pourrait être à douze Lepi là-dedans qu’on n’se sentirait pas encore à l’étroit. Clairement, elle vaut le pesant de cacahuètes que je viens de claquer pour la louer. Je m’empresse de gagner la salle d’eau, laissant à mon plumet préféré le soin d’investir la pièce, j’suis pas rentrée depuis deux secondes que j’entends un boum amorti sur le sol : heureusement qu’il y a des tapis un peu partout, ça nous évitera d’avoir à remplacer le mobilier en partant.

Je sors de mes sacs d’emplette mon nouveau nécessaire de travail… Putain… Enfin, si c’est ce qu’il faut. Voilà que je m’habille et me mire, me mire. Je sais pas de quoi j’ai l’air. J’suis partagée entre l’impression d’rentrer bientôt sur le plateau d’un film plutôt dégueux ou, au contraire, un truc si niaizouille que j’en vomirais. Quand j’ose enfin sortir c’est pour, qu’inévitablement, elle se foute de ma gueule avec force et conviction. Connasse… Je lui propulse le premier truc qui me passe sous la main dans la gueule histoire de l’obliger à se recentrer.

« J’te jure… J’ai déjà l’impression d’mettre préparée pour un holo-porno de mauvais goût, si t’y rajoute tes moquades, j’démissionne, hein… C’est quoi cette idée de vouloir habiller toutes leurs filles comme ça ? Sérieusement ? En 21.576, c’est honteux de surveiller encore la tenue des gens… » J’ai les oreilles qui retombent, un peu tristoune, et même sa blagounette sur le lubrifiant a du mal à me faire sourire, moi qui suis d’ordinaire bon public.

Une demi-heure plus tard, je suis sur notre petit balcon, à regarder en contrebas les passants, la place, le musée. La vue est magnifique. C’est bizarre, Iziz… On a l’impression d’être dans une ville, genre, du passé lointain, on s’attend presque à voir une charrette et un feu de camp, et en même temps, bam ! vous avez un cargo énorme qui déboule et mange une partie du ciel. On sent l’Histoire, ici. On pourrait presque la palper. On peut, en fait. Chaque fois que votre main touche une brique, vous avez dix-milles ans d’architecture qui vous frôle la peau. Alors qu’elle me parle, je me retourne. Elle est craquante dans son naturelle de mécano bourrine.

« Vu le prix, fallait s’attendre à ce qu’on ait un minimum de retour sur investissement… Et encore, j’imagine qu’on a pas encore découvert tout ce qu’elle a à offrir, cette douche. » La tristitude s’en est allée comme le vent sur les prés. Mise en boite, traitée, balancée par-dessus la rambarde de sécurité. Le lutin rouleboule sur le lit, la voilà assise, elle balance ses idées en se brossant les cheveux. Histoire de pas avoir à beugler comme deux ânes à travers la pièce, je la rejoins sur le plumard, me faufile derrière elle, lui prend doucement la brosse des cheveux et poursuit le travail qu’elle a entamé en l’écoutant.

J’aime bien ça, les cheveux. J’hésite souvent à laisser pousser, pousser les miens. A l’infini. Pis j’me souviens que pour la bagarre ça devient vite encombrant et que les gens ont pas la décence de ne pas tirer dessus, alors je coupe. C’est pas du jeu, ça. C’devrait être interdit. J’sais pas. Par un genre de loi intergalactique. On appellerait ça la Convention d’On-Tire-Pas-Sur-Les-Cheveux-Pendant-La-Bagarre. « Faudra que tu m’expliques clairement comment j’dois faire alors. J’connais pas la tech’ comme tu as l’air de la gérer. Perso’, va falloir que j’aille quand même faire un tour dans les écoles. Si j’dois raconter mon quotidien à un guide, truc du genre, faut pas qu’il puisse se dire que je raconte de la merde parce que genre sa petite sœur elle a été dans la même école et niah, niah, niah… On est là pour un moment. J’peux toujours essayer, aussi, de faire genre que je suis une étudiante étrangère, là pour un an, une connerie de bourge du genre. Au moins, ça mettra la plupart de mes bêtises sur le coup du « qu’est-ce qu’ils sont cons ces étrangers ». M’enfin… Moins je parlerais, mieux ça vaudra. Je rougirai sans arrêt, c’est pas dur, j’suis du genre expressive, je jouerais les minaudes toute prudes, et j’imagine que la jupette fera le reste pourvu que je me taise. »

La soirée ? Qu’est-ce qu’on peut en faire… « Bon, déjà, faut quand même taffer sérieusement le terrain. Faut qu’on repère les environs, les coins fréquenter par les étudiants, les lieux branchés, les angles morts… Va falloir passer un moment à surfer sur l’holonet pis après faudra aller vérifier par nous-mêmes un peu. M’enfin… T’avais pensé à autre chose ? » Petit sourire et nez qui gigote. Je continue de tresser son interminable cascade de feu.
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« Bon on va envisager la première solution alors : je te file un boîtier, tu le fous dans ton sac et tu te balades dans tout le musée. Simple, efficace, besoin de s’y connaître en mécanique : zéro. »

Elle commença à énumérer mentalement les pièces dont elle aurait besoin et à comparer avec ce qu’elle avait à disposition. Elle risquait d’avoir besoin de faire quelques courses sans doute mais elle avait tous les composants clés à sa disposition. Elle n’écouta qu’à moitié sa comparse sur la stratégie à adopter en se présentant dans le musée. De toutes façons, ce n’était pas elle qui pouvait lui donner des conseils : généralement, rien qu’à son look, les employés de guichet trouvaient des prétextes fumeux pour l’empêcher de rentrer dans ce genre d’endroits. Avec parfois un supplément ‘extrait de casier judiciaire’ et ‘veuillez attendre les forces de sécurité dans le calme’ quand elle n’avait vraiment pas de bol.

« Oh moi… j’ai pas trop d’idées en fait, si tu veux qu’on aille arpenter les bars pour que tu fasses copain-copine avec tes futurs soit-disant collègues, je te suis. Sinon... »

Elle voulut se lever sans prévenir mais sa tresse toujours dans les mains de Fúm la retint et elle s’écrasa en arrière avec un petit cri de surprise. Elle resta allongée un peu sur le dos à fixer le plafond avec de grands yeux avant de lever une main et de pointer l’écran plat sur le mur face au lit.

« J’allais dire que sinon y a une télé, on peut regarder s’ils ont une console ou si on peut brancher la tienne, je me rappelle que t’en parlais sur le Cassius. »

Elle resta à contempler le plafond pendant que Fúm finissait de nouer sa tresse et répondait à sa question, préférant consacrer la soirée à une ‘reconnaissance de terrain’ dans les bars. Sitôt libre, elle bondit sur ses pieds :

« Bon, faut que je m’habille du coup si on doit sortir. Et toi, à mon avis, faut que tu te changes. J’espère qu’ils vont pas se mettre la tête à l’envers en costume, les pauvres. »

Joignant le geste à la parole elle entreprit de se changer, troquant le t-shirt contre un débardeur et une veste de simili cuir qui faisait cliché de pilotes de holo-série avant d’enfiler un pantalon moulant, maintenu à la taille par une épaisse ceinture et qui avait le plus grand mal à ne pas flotter sur les jambes en allumettes de la contrebandière, puis ses bottes. Elle jeta un coup d’œil avec envie à la ceinture utilitaire bardée d’outils en tout genre puis se résigna dans un soupir à ne pas la prendre.


« Finalement, faut croire que toutes les boîtes se ressemblent. »

Hurla Jezaïl à sa compagne tandis qu’elles descendaient le trio de marche de l’entrée, en parcourant la salle du regard. Elles avaient déambulé pendant un moment dans les rues du centre-ville en jaugeant les façades trop propres pour ses habitudes avant de décider de voir ce qu’il pouvait y avoir à l’intérieur de l’une des plus abordables, pour se retrouver dans le même genre de pièces enfumée, sombre, avec de la musique trop forte et éclairé par des néons dégueulasses que partout ailleurs dans la galaxie. Alors certes les costumes des clients avaient l’air plus riches et les alcools étaient pleins de petites bulles et décorés avec des fruits exotiques, mais elle n’était pas transcendé par la différence et s’était attendu à bien plus au vu du caractère hautain du videur qui avait fini par les laisser entrer – car depuis quand deux filles seules avaient la moindre chance d’être refusées dans ce genre d’établissement, surtout quand l’une d’elle ressemblait à la gravure de mode qu’était Fúm ?
En observant un peu plus tandis qu’elles se frayaient un chemin vers le bar, elle put un peu mieux remarquer que les clients se répartissaient en trois catégories : les authentiques fils et filles de bourges qui claquaient sans compter, ceux qui faisaient genre et ceux, plus malins, qui profitaient des deux premières catégories pour passer des soirées gratuites. Sans compter qu’il y avait aussi nettement plus de gens pour faire le service qu’ailleurs et qu’il lui semblait que toutes ces portes sur les côtés menaient vers plein d’endroits où tout le monde n’était pas autorisé.

« Je peux t’offrir un verre ?
- Avec pl...ééévidemment. »

Commença-t-elle à répondre en se tournant vers la source de la voix, masculine, avant de se rendre compte que le mec qui venait de les aborder n’avait d’yeux que pour la lepi et de changer de phrase en plein milieu : sortir en boîte avec Fúm risquait d’être assez différent de quand elle y accompagnait Volann.
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Ouais, c’est clair, les solutions simples, c’est toujours le mieux. Au de-là d’appuyer sur un bouton, faut pas m’demander trop d’trucs. J’ai pas été formée en mode petit génie des datapads et des fils électriques. Moi j’tabasse. Fort. Et c’est à peu près tout… Putain, ça craint. J’suis juste une fucking neuneu… Bon… Une fucking neuneu qui peut attirer la télécommande rien que d’y penser et qui peut aussi percer les voiles mystérieux du temps et de l’espace… Soit, soit ! J’vais pas m’flageller. Mais quand même, j’aimerais bien être aussi brillante que j’suis bonne, j’suis sûre que ça m’permettrait quand même d’ouvrir quelques portes. Des sacrées portes, ouais…



“ Okay, okay, alors allons voir à quoi tourne la jeunesse dorée de c’patelin. J’suis curieuse de voir quel genre de son et d’picole ils ont à nous proposer ! ”



Ni une, ni deux, nous voilà je suis son conseil et j’farfouille pour trouver une tenue qui fasse sortie en boîte d’une jeunesse pas destroy. Bon... C’est simple, ça faisait le tàf, et surtout ça respecte assez bien le droit de mes jambes au mouvement. J’me r’garde dans l’miroir, j’me souris : ouais, j’suis fraîche de ouf.



Alors, alors... Elle l’a sûrement pas remarqué, ma petite lutine, mais j’ai bien fait gaffe à m’enfiler dans les oreilles de quoi amortir les souffles du caisson d’basses. Le son, dans c’genre d’endroit, l’est toujours pensé que pour les humains. Et toi, derrière, après, t’as tes tympans qui font “plop”, “plop” en moins d’un quart d’heure ; et quelle putain d’idée de génie ! Pfiou ! Le bordel, toi... Je sens mes poils vibrer avec le son, tellement ça balance. C’est pas déplaisant, ça m’ambiance, mais ça pue. Oh putain, oui. La clope, la vinasse, la sueur, le sexe... J’le sens dans ma truffe aussi certainement que dans mes senseurs paranormaux d’sensitive. Ah, ah, ah, alerte, alerte, gros queutard en approche.



“ J’peux t’offrir un verre ?

- J’sais pas, t’crois qu’ça va te donner le droit d’me baiser à c’tarif-là ? ”

J’ai le plus beau des sourires, la mine la plus adorable qui soit, mais j’crois bien qu’ça lui a scié les pattes un renvoi pareil. Connard... On s’laisse jamais choper par l’premier qui s’présente : c’est forcément l’impatient qui tente l’interception avant les autres parce que ça fait des heures qu’il arrive pas à s’imposer. Désolée, pas désolée minaud, mais moi, j’suis une putain d’vedette ; et qui plus est, j’suis une vedette en tournée.



J’attrape ma comparse par la main, et j’l’entraine loin du blaireau en riant. Faut s’la jouer un peu inaccessible. J’la soulève moi-même pour la planter sur un tabouret, on tape sur l’comptoir et l’serveur s’amène. Putain... Un droïde. Merci la source d’information. Bon... J’commande un ti’punch, j’laisse mon amoureuse choisir c’qu’elle veut, et là, j’la joue genre on est super proche, super tactile. On fait grimper la valeur en flèche quand on a l’air copine.



“ Faut qu’on s’la joue fantasme d’holosérie nulle si on veut attirer l’minaud. Après, en fonction du costume, on s’laissera tenter ou pas. On tape dans le standing étudiant en art, j’imagine qu’faut miser sur du un peu friqués, si tu vois ce que je veux dire. En attendant, hésite pas à m’dire si tu veux aller danser, j’suis toute à toi. ”



C’aurait pu être charmant si pour me faire entendre j’avais pas eu besoin de lui hurler dessus pour couvrir le bruit. Bon, le son, c’est grisant, mais pour monter des plans, ouais, c’est vite chiant. M’enfin, on trinque, on se sourit, on rit, on se touche les mains, on s’parle à l'oreille. Joli p’tit tableau : c’est clair.
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Jezaïl se laissa entraîner par sa nouvelle copine dans un éclat de rire. Elle se contenta d’acquiescer tout en sirotant le cocktail qu’elle venait de commander au droïde barman tandis que Fúm lui exposait la façon dont il fallait s’y prendre. Elle hocha la tête avec enthousiasme, renonçant à parler à cause du vacarme, tout en la dévorant des yeux. Puis elle finit son verre d’une traite, sauta sur ses pieds, attrapa les mains de la lepi et l’entraîna vers la piste de danse.


Le rai de lumière qui lui baignait le visage tira un grognement à Jezaïl qui ouvrit difficilement les yeux, s’abritant de la lumière de l’aube derrière sa main cybernétique. Elle se redressa difficilement et s’assit sur le bord du matelas avant de jeter un coup d’oeil à l’horloge qui indiquait midi et demi. Elle la regarda un moment, le temps que ses connexions synaptiques retrouvent leurs partenaires habituels et nettoient les restes d’alcool. Elle secoua un peu la tête et le regretta presque aussitôt, émettant un grognement de douleur. Elle jeta un œil à la chambre d’hôtel : il y avait les affaires de Fúm et elle posées dans les coins de la pièce, elles ne s’étaient donc pas trompées en rentrant de leur virée nocturne. Le lit était désert mais l’odeur et l’empreinte dans le matelas lui indiquaient qu’elle n’avait pas dormi seule. Il y avait un bruit d’eau venant de la salle de bain et, au vue des affaires éparpillées par terre, c’était bien Fúm et uniquement elle qui devait se trouver dedans.
Après avoir pris son courage à deux mains, elle se leva et chancela jusque l’intercom pour appeler la réception et commander un copieux petit-déjeuner pour deux. Et beaucoup de café. Une fois raccroché son regard repassa rapidement sur la pièce et s’arrêta sur sa malle de bricolage. Un sourire naquit sur son visage et elle alla s’asseoir à côté.

Quand Fúm sortit de la douche, il y avait un plateau croulant sous les tartines, les viennoiseries et tout un tas de substances plus ou moins appétissantes à étaler dessus posé sur le lit, ainsi qu’un autre avec deux verres, une tasse, une sélection de jus de fruits aux odeurs acidulées et une grande cafetière déjà à moitié vide. Par terre, au milieu d’un cercle composé de gadgets à moitié démontés, de pièces bazardées par terre apparemment sans logique et d’outils divers, se trouvaient Jezaïl assise en tailleur, encore en sous-vêtements, penchée sur quelques chose qui émettait de petits grésillements et arcs électriques. Elle s’arrêta et reposa à son côté le petit fer à souder avant d’examiner sous toutes les coutures un appareil pour l’instant presque invisible aux yeux de la lepi. En entendant la porte elle se tourna à moitié vers Fúm : elle portait d’épaisses lunettes de travail à verres grossissants et tenait une tartine entre ses dents. Elle releva les lunettes d’une pichenette tout en commençant à émettre une suite de sons, probablement des mots, totalement incompréhensibles, avant de se rappeler d’un détail et de croquer une large bouché dans la tartine, qu’elle s’empressa d’avaler pour reprendre :

« Hey ! Prête pour ta première journée en tant que cosplayeuse ? Je finis de bricoler ton petit compagnon, il me manquait quelques bricoles mais j’ai improvisé un remplacement et en plus maintenant il peut aussi repérer les scanners autre que ceux des caméras – genre portique de sécurité – par contre il est possible qu’il interfère légèrement avec les ondes radios donc… évites de rester trop près des gens qui passent des appels si tu peux. Enfin normalement c’est intraçable donc ils sauront pas que c’est toi. »

Reprenant sa posture précédente, repliée sur elle-même, la leppi put voir qu’elle tenait en main un une espèce de sphère métallique de la taille d’un poing d’où sortaient quelques petites antennes et qui bourdonnait étrangement, lui donnant l’air d’un jouet d’un certain genre, particulièrement exotique et artisanal, tandis que de l’autre elle en approchait un scanner de mécano des plus banal, le genre qu’on utilisait pour repérer les problèmes de fuites énergétiques sur les vaisseaux de tous types. Son regard était concentré sur un petit écran posé devant elle, en appui contre la malle à moitié vide qui avait auparavant contenu tout le fourbi désormais étalé autour de la rouquine bricoleuse. Elle sembla satisfaite des relevés qu’elle y lisait puisque qu’un grand sourire éclaira son visage et elle tourna sur elle-même pour faire face à sa complice avant de lui lancer le petit appareil dans les mains.

« Cadeau ! Bon c’est pas super discret par contre donc fous-le au fond de ton sac à main ou un truc du genre et fais attention à ce que les gardes le voient pas, ils risqueraient de vite se poser des questions.
Je nous ai commandé de quoi manger, je savais pas si tu l’avais déjà fait mais dans le doute j’ai pris tout ce qu’ils proposaient. Et t’inquiètes j’ai réglé la note moi-même. Je t’ai même laissé du café ! »
Elle lui adressa un grand sourire avec l’air de quelqu’un qui avait consommé la dite substance en abondance, comme en témoignait la tasse vide présentement occupé par un tournevis sonique. « Je me disais que j’allais aussi poser quelques caméras à notre fenêtre, avec la vue qu’on a ça sera peut-être intéressant, surtout pour les prochaines nuits. Apparemment j’ai voulu en poser une hier mais euh… j’ai mal cadrée la caméra et la bande n’est pas vraiment exploitable. » Elle rougissait un peu en évoquant cela : « Et pendant que tu joueras les étudiantes en quête d’un gentil guide je pense que je vais passer la journée à traîner dans le quartier, essayer de repérer les lieux, les caméras, tout ça… ce droïde fait une sacrée taille, j’imagine qu’on peut voir la porte par laquelle ils l’ont amené depuis l’extérieur, je commencerais à réfléchir à notre futur ‘déménagement’. Mais d’abord, faut que je me prenne une douche moi aussi. »

Elle se leva brusquement et se dirigea vers la salle de bain mais eut un cri de douleur en se mettant à sautiller sur un pied après avoir marché sur une vis puis se laissa retomber sur le bord du lit en se tenant le pied pour en retirer le bout de métal responsable de sa douleur.

« T’as des questions sur ton nouveau copain ? Des trucs dont tu voulais qu’on cause avant de se mettre au boulot ? »
Fúm Ellar
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La nuit a été longue. Très longue. Et à la fois, très courte. Comme à chaque fois. La marmotte, elle a bien attendu genre mille ans pour se réveiller. C’est un truc chez les Lepis, on sait pas t’nir en place, et c’est à croire que même le putain de sommeil nous fuit. Les connards de médecins parlent de sommeil polyphasé. Moi, j’préfère dire que c’est leur sœur que je polyphase. M’enfin, pour les débilos du coin, on va faire une petite explication : c’est que je dors pas plus de quatre d’un coup, après quoi, j’suis r’montée comme une putain d’pendule à quinze ressorts et si j’sors pas du lit ou qu’m’y dépense pas, j’crame tout. Alors autant vous dire qu’avec une Jez’ raide morte à côté qui pionce presque dix heures… P’tain. J’ai eu le temps de m’relever, constater que j’avais pas fini de cuver, faire deux-trois parties, manger une première fois, ma sieste et mon jogging qu’elle est encore en train de putain de ronfler… Bon, un point pour elle, dans son presque rien, étalée dans le lit comme au milieu d’une bobine de cuivre, elle a pour elle de pas être désagréable à regarder cinq minutes. Mais genre, cinq petites minutes, après, faut que j’aille faire autre chose, vu qu’paraît qu’on peut pas réveiller les gens ! La douche. Il est onze heure et demi, p’t’être qui si je me noie ça passera plus vite.

Quand je sors, c’est un putain d’nuage de vapeurs qui accompagne mon avancée. J’ai l’air d’une grande méchante Sith qui sortirait de sa sphère de méditation flippante… Z’ont l’art de la mise en scène quand même. Et du too much aussi. Je découvre, non sans joie, qu’elle a pensé à préparer le deuxième petit-déjeuner et ça… C’est trop bien. Y en a partout, comme je les aime, et j’prends pas la peine de m’habiller plus qu’un short de pyjama que déjà j’me lance à la conquête des miches et des confitures et des fruits. Le bonheur… En vrai, j’crois j’pourrais passer ma vie juste à ça, manger et manger et manger et des jolies filles et des jolis garçons. Et manger sur ces jolis garçons et ces jolies filles. Et les manger aussi. Tout manger. Je fronce quand même le nez, c’quoi cette putain d’odeur de brûler ? Bon… Okay, la bouffe est intact, j’vois derrière la table, par terre, la mignonne qui après avoir passé la nuit à rien foutre d’autres que pioncer s’activer à rattraper le temps perdu. Je l’écoute me faire son discours. Elle s’arrête plus. Genre, le kawa, elle a tout l’air de l’avoir sniffé plutôt que bu. Pendant qu’elle baratine, j’attire à moi le nécessaire pour me goinfrer à mon tour. Faut dire qu’un cul comme le mien, faut l’entretenir à la crème noisette, et fuck si ça nique les forêts d’babouins. Y a bien assez d’planètes avec bien assez d’babouins ailleurs. Par contre, le café… Sauf à vouloir me taper un bon petit arrêt cardiaque… On va pas l’tenter. Déjà que mon cœur bat genre trois fois plus vite que le sien, sûrement, imaginez le résultat ? J’peux vous dire qu’le premier connard de lapin débile qu’a essayé ça il a aussi le dernier connard de lapin débile à le faire… C’est pas beau à voir. Et le thé, c’est la même merde. Non, d’la pomme, en jus, du raisin, tout. Mais pas d’caféine, bordel.

« La caméra, sur la rue hein ? T’as vraiment pas l’souvenir d’l’avoir plutôt directement braquée sur mon cul depuis la table ? » Les humaines et l’alcool… lol. Enfin. D’aucun dirait que ça fait leur charme. Non ? « T’es rigolote quand t’es bourrée mais tu t’endors vite… Dommage. » Je remue mon nez avant de croquer à pleines dents dans le steak de brioche que je me suis taillé. Laisser planer le mystère… aussi discret qu’un croiseur d’la République en approche pour bombarder ta mère. Tout moi. « M’enfin, pour ce qui est de la bouboule, pas d’question. J’fous ça dans mon sac à dos, entre le matos pour gribouiller et le reste, j’pense pas que ça attirera l’attention. Y a genre jamais eu de souci, en fait, dans c’coin, d’puis des générations alors bon… J’pense pas qu’ils auront un niveau d’vigilance de fifou. M’enfin… J’vais commencer à zoner et à faire entrer dans l’rôle dès quinze heures. Histoire que les gens commencent à s’habituer tôt à ma tête, et à l’oublier, du coup, dans l’décor. Tu pourras bosser tranquillement sur… tes caméras, hein ? Tu not’ras qu’la première me gênait pas plus que ça. » Nouveau regard espiègle et rebelotte sur les tartines. J’avais faim, finalement… Pourquoi finalement ? J’ai toujours faim, putain.
Jezaïl
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Ce n’était déjà pas simple pour Jezaïl de regarder la lepi dans les yeux une fois qu’elle eut remarqué la ‘tenue’ dans laquelle celle-ci se trouvait, mais l’attitude de Fúm ne l’aidait pas à se concentrer sur ce qu’elle devait faire au lieu de l’arrogante poitrine de celle-ci. Il fallait vraiment qu’elle se calme sur l’alcool en boîte, cela commençait à faire trop de bons moments qu’elle avait raté ou oublié à cause de ça. Quand sa partenaire conclut en disant que la caméra nocturne ne l’avait pas gênée, les joues de la pilote se colorèrent encore un peu plus et, plutôt que de bafouiller une réponse qu’elle ne sentait pas convaincante, elle préféra enfourner la deuxième moitié de sa tartine avant de rejoindre la douche en claudiquant un peu à cause de son pied.

Quand elle ressortit de la salle de bain, Fúm n’était pas encore partie. D’abord, elle se remit au travail surs ses gadgets, connectant rapidement quelques caméras de surveillance bon marché ensemble pour ensuite les positionner autour de leurs fenêtres, braquées vers la rue et camouflées du mieux possible pour tout observateur extérieur. Cela consistait principalement à les mettre au maximum derrière les rideaux et dans les coins où elles seraient difficiles à distinguer.
Une fois ceci fait, elle s’habilla avec l’une des tenues que lui avait acheté Volann et qui était plus dans la norme du quartier que ses propres tenues habituelles. Il n’avait heureusement pas poussé le vice jusqu’à lui filer une robe ou une jupe, même si le pantalon la grattait et lui semblait très désagréablement raide. Elle ne comprenait pas comment on pouvait préférer porter ce genre de tissu au lieu des bonnes fibres synthétiques extensibles qui constituaient la base de sa toilette habituelle.
Une fois prête, elle ressemblait déjà un peu plus aux autres occupants de l’hôtel qu’elle avait eu l’occasion de croiser la veille. Le problème de la coiffure persistait mais elle ne voyait pas comment arranger ça sans l’endommager – ce qui était hors de question. Il allait donc falloir qu’une tenue propre et correcte suffise à ne pas attirer trop d’attention.

Elle quitta ensuite la chambre et descendit dans les rues animées du centre-ville. L’air de rien, elle se balada dans tout le quartier autour du musée, récupéra notamment un plan du quartier et y nota les petits chemins de travers qu’elle repérait dans l’éventualité qu’il faille quitter les lieux rapidement. Elle fouilla les environs du musée à la recherche des sorties dont elle avait parlé à Fúm. L’ennui c’était les tunnels souterrain dont lui avait parlé la lepi : avec ça le musée était connecté à au moins un autre complexe de bâtiments et peut-être davantage. Tant que Fúm ne lui fournirait pas plus d’informations sur comment ils s’organisaient à l’intérieur, si elle arrivait à en avoir, elle ne pourrait pas savoir à coup sûr jusqu’où était susceptible d’être déplacé le droïde. Au cours de son repérage elle annota donc sur les plans une demi-douzaines de portes assez grandes pour être reliées à des hangars de quelque sorte que ce soit et qui, peut-être, correspondaient à l’endroit par où le musée faisait entrer et sortir ses pièces les plus massives. Deux d’entre elles lui apparaissaient les plus probables, situées dans des parking souterrain – les onderoniens exploitaient la verticalité de leur ville dans les deux sens – qui étaient proches des sous-sols du musée indiqués sur les plans de Fúm. Il y avait également un autre parking, qui nécessitait des autorisations d’accès, qu’elle soupçonnait d’abriter potentiellement une entrée de service du musée.
L’air de rien, ce repérage lui avait demandé tout le reste de son après-midi déjà bien entamé, ainsi que son début de soirée, et elle commençait à fatiguer. Elle consulta son communicateur pour voir si Fúm lui avait laissé un message et, puisque ce n’était pas le cas, prit l’initiative de s’installer à la terrasse du premier restaurant sur lequel elle tomba, envoya l’adresse à sa partenaire en l’invitant à la rejoindre quand elle le pourrait pour faire le point.

En l’attendant, elle sortit un petit ordinateur – même si elle n’était pas branchée informatique, c’était toujours pratique d’avoir de quoi se connecter quand on faisait de la mécanique – et commença à chercher des plans de la ville pour réfléchir à un itinéraire de transport une fois qu’elle sauraient récupéré le droïde. Le quartier où se trouvait le musée et l’astroport étaient facilement relié par une grande artère mais, dès qu’un vol important aurait étés signalé il était certain que celle-ci serait bouchée, Jezaïl chercha donc une autre route et en trouva une, plus utilitaire, qui quittait rapidement le centre-ville pour longer la bordure sud de la ville, puis passait par les quartiers industriels avant de rejoindre l’astroport via une route surélevée qui passait par l’extérieur de la ville.
C’était intéressant car les quartiers industriels étaient un endroit où l’on pouvait déplacer de lourdes cargaison sans attirer l’œil et, si l’on savait auprès de qui se renseigner, où l’on pouvait louer de quoi cacher de telles cargaison quelques jours, suffisamment pour les préparer, pourquoi pas les camoufler dans une autre cargaison, qui n’attirerait pas l’œil et qu’elles pourraient embarquer à bord du Cassius sans attirer l’attention.

Quand Fúm la rejoignit, la rouquine rangea son ordinateur et accueillit sa camarade avec un grand sourire :

« Alors, comment s’est passée ta première journée d’intégration? T’as retrouvé des gens d’hier soir ou tu t’es fais de nouveaux copains ? »

Elle lui laissa le temps de répondre avant de lui faire un bref résumé de ce qu’elle avait elle-même pu voir au cours de la journée :

« J’ai noté quelques endroits d’où on pourrait déménager mais il faudra que tu me confirmes lesquels sont réellement possibles si tu as l’occasion de visiter ou d’avoir un plan des lieux. Si c’est celui-là » elle pointa sur le plan le parking sécurisé « il faudra que tu vois si y a un moyen de nous obtenir les accès parce que le parking est réservé. Une fois qu’on aura chargé, j’ai un peu regardé les routes et je pense qu’il faudra éviter l’artère principale, trop de risques de bouchons. Je nous ai trouvé un petit chemin détourné où ça roulera mieux, on pourra peut-être même s’arrêter faire une pause et récupérer d’autres babioles dont on pourrait avoir besoin. Je pense que je passerais quelques coups de fils et j’irais me renseigner sur place dans les prochains jours pour nous arranger ça. Il va aussi falloir qu’on loue de quoi déplacer le mobilier et je me dis que je trouverais peut-être notre bonheur là-bas. »
Fúm Ellar
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La couleur de mon Feu Follet Favori, lequel sera dès lors baptisé « FFF », s’uniformise avec la gêne occasionnée. J’m’en excuse pas un seul instant, au contraire, je savoure et j’oblige ses jolis yeux à la fuite. Je sais pas si elles peuvent sentir mon regard, mais n’empêche que j’ai suivi ses fesses bondissantes jusqu’à ce qu’elles disparaissent dans la douche. Bon ! bon… bon… Crunch, crunch. J’vais enfourner ça aussi, on sait jamais… Crunch. Et prévoir un pique-nique, c’est important, si j’ai une fringale avant le repas du midi. J’essaie de me préparer mentalement à rentrer dans le rôle. Tu es une étudiante en art. Tu es une jeune étudiante en art. Tu es une jeune… Qu’est-ce que ça fout une étudiante en art ? En vrai, j’en sais pratiquement whallou ! J’ai jamais été une grande fan des holoconneries pour adolescent. Faut dire, ça correspondait assez clairement à ma période Temple Culs-des-serrés et forcément, c’est pas là-bas qu’on encourageait la jeunesse à se gaver d’idéaux objectivistes à la con. Et niah niah que t’es ma namoureuse mais niah niah moi je suis le bad boy du sport, et niah niah j’assume pas… Quelle floppée de merde !

N’empêche que du coup, j’sais pas trop quoi faire là. Bon… On dit qu’il faut entrer dans la peau du personnage, j’peux commencer par enfiler son costume, non ? Et puis, est-ce que c’est pro’, franchement, d’jouer les chaudières comme ça, avec sa collègue ? Tss… La pauvre, en plus, elle doit tout s’imaginer alors qu’elle s’est juste vautré ivre morte en me laissant sur ma faim. M’enfin… Ces Humaines…

Alors qu’elle sort, elle assiste au spectacle fantastique d’une Lepi qui essaie de se faire toute belle comme pour une rentrée scolaire. Ça n’a aucun putain de sens chez moi… Mais bon, faut bien que j’ai l’air de ce que je veux avoir l’air. Mon costume est impeccable, mes cheveux soigneusement brossés, petite barrette avec une fleur, ma jupe plissée nickel. En vrai, j’ai l’air ridiculement belle, dans l’genre. J’suis contente. En même temps, sur l’holoprojecteur de la chambre, y a un film qui tourne. J’ai pris l’premier truc niaizouille local pour essayer d’voir à quoi ressemble la jeunesse du coin. P’tain, qu’est-ce qu’ils peuvent chanter dans ces conneries. J’espère qu’c’est vraiment qu’du cinéma… N’empêche que mine de rien, avec nos rencontres d’hier soir, j’vois quand même un peu mieux l’tableau s’dessiner, et j’ai bien réalisé que ce qu’il me manquait, justement, tout de suite, c’était de quoi dessiner. J’veux m’la jouer école d’art, et comme une pignouf, j’suis même pas foutu d’avoir une feuille blanche à mettre dans mon sac d’étudiante modèle en joli cuir végétal. Ce sera ma première mission. Et pis, discuter avec le vendeur, ça m’aidera sûrement aussi. Sont quand même censés savoir faire leur boulot et m’aider, ceux-là, non ?

Alors que je termine de fabriquer mon masque de l’adorable, v’là qu’elle grimpe partout pour fixer des trucs et d’autres et qu’elle soude encore. P’tain c’que ça peut m’faire froncer l’nez le fer fondu. Elle se change… Bon, cette nouvelle toilette a au moins l’avantage de serrer un peu plus au corps, j’suis pas contre l’idée. Avant qu’elle se sauve, je l’attrape quand même pour qu’elle juge mon résultat, j’fais la belle, après une bonne heure de coiffure lissée, de joli noir sur les yeux et ce genre de trucs que je fais jamais pour essayer de gommer un peu le côté punk et rester dans un genre « artiste un peu foufou ». « Alors ? Tu accepterais de poser nue pour l’un de mes tableaux si je battais des cils ? » Grand sourire tout mignon, genre j’suis pas une harceleuse. FFF se met de nouveau à bafouiller et à tourner pivoine. J’adore… Ce sentiment de puissance, tout ça, lapin qui lance des éclairs avec un rire démoniaque pour dominer le monde, on voit l’tableau. J’déconne. Je ris aux éclats, j’attrape mon sac et me sauve juste avant elle, non sans avoir piquer sa joue d’un baiser délicat et claquant.

Premier objectif ? Faut que je remplisse mon sac… Qu’est-ce que tu veux faire croire que je fais de l’art, j’ai une holoboy dans mon sac et pratiquement rien d’autres. Genre, imagine, en plus, j’apprends des trucs en passant. Ce serait fou ! Genre, j’sors de cette mission moitié moins débile… Fou ! Bon. Une fois dans la rue, j’ai pas d’mal à retrouver mon chemin, j’ai quand même bien tàfer les baux : le quartier des arts est assez bien identifiés, je sais où j’trouverai ce dont j’ai besoin. Je galope jusque-là bas, m’arrêtant à chaque papillon… Comme d’habitude en même temps y a trop de distraction dans les villes. J’aurais pu arriver là-bas en dix minutes, j’me retrouve à avoir perdu, quelque part, dans un tunnel de temps, trente autre minutes… La vie ! Que voulez-vous. Pour ça qu’j’sais pas travailler trop solo, d’ailleurs. J’papillonne trop. Et en même temps, sitôt que quelqu’un m’en empêche, j’peux pas m’empêcher de l’envoyer se faire foutre… Sauf Maxou. Maxouchou elle était cool. Mais elle devient quoi d’ailleurs ? Aucune idée… Et… Oh ! Bah c’est un magasin d’art ça !

Et là… J’fais pas cinquante mètres dans les rayons que je découvre la réalité du truc : PUUUUTTAAAIINNN CCEE QUUEE C’EESTT CHHHEERRR DE OUUUUFFFFF ! Mais genre, de la peinture, à l’eau, TROIS CENT CINQUANTE PUTAIN DE CREDITS ! Heureusement que les Dataris feront l’affaire, bordel ! Bon… J’vais p’t’être pas taper dans la gamme professionnelle tout de suite, alors, hein ? Y a pas de rayon enfant, non ? Bond dans le temps, paf ! Une heure plus tard…

Mille points pour le vendeur trop gentil qui m’a aidé ! Bim, c’est moi qui sert. En vrai, j’lui ai donné quinze balles pour qu’il aille se pinter en remerciement ! Si, si ! J’suis fauchée comme les blés, mais j’joue les grandes seigneurs, si, si ! Le gars, il m’a littéralement sauver la vie, faut dire, alors que j’étais par terre en train de pleurer entre les différents sets de pinceaux, perdue, seule, vaincue par les poils et les duretés des poils. Et pis il m’a vendu ces ouvrages aussi ! J’en ai rempli mon pad à en déborder. J’vais avoir pas mal de lecture mais faut bien que je sache un peu parler du sujet non ? Qui sait, ça me permettra peut-être de trouver un parti fortuné un jour… Enfin. Mon sac est convaincant maintenant, alors faut que je commence à zoner dans l’bon tierquar. Détails sympa, y a des parcs plein l’tour du musée ! Alors j’vais commencer à m’poser là, sortir tout c’bordel et m’intégrer au décor. Avec un peu de chance, y aura bien quelqu’un d’la soirée qui m’tombera d’ssus. On verra.

Bordel… Heureusement qu’il fait beau. C’est déjà ça. Qu’est-ce que c’est long ! Combien de temps que je suis là ? Genre vingt minutes ? Et y a rien de putain qui bouge ! Genre, j’ai eu le temps de refaire douze fois le film de ma vie dans ma tête, et il s’est toujours rien passé ? Genre rien… Et j’suis censée continuer de regarder les façades, les arbres ? Faire des dessins ? Fichtre… Qu’est-ce que je suis venue foutre dans cette mission, moi ? Mah j’peux pas décevoir Jez’. Et j’ai besoin de thunes pour remettre du liquide dans l’trou du Cassius. Enfin, euh… Surtout, j’ai besoin de thunes pour acheter autre chose que ce corbillard à réacteurs. Alors, on se concentre, on se concentre. En plus, si j’veux être crédible deux minutes, faut que je dépasse le stade du bonhomme bâton. En vrai, c’est pas comme si j’étais pas foutue de me concentrer. J’ai appris ça, au Temple. La concentration dans l’action. Ce serait dingue, mais peut-être le dessin, ça pourrait vraiment m’aider. Ne pas chercher à ne rien faire, chercher à faire quelque chose pour rien, et vider ma tête comme ça. Je tente…

...

Première fois de ma vie que je vois pas le temps passer. J’suis entrer dans un tunnel, et me voilà de l’autre côté sans avoir sauter sur la moindre occasion d’aller faire autre chose que ce que j’étais censée faire. Nom de la Force… Bordel à queues ! J’suis pas habituée à ça. Et j’suis plutôt fière ! Vraiment, genre… J’attrape mon com’link, il se fait tard et j’ai la dalle. Enfin, tard, on est sur le début de soirée, le moment sympa’ où les cieux tapent dans les roses sublimes et les demi-noir-bleu qui commencent à se piqueter d’étoiles. J’entends le message laissé par FFF, et je galope jusqu’à elle. Je lui laisse à peine le temps de m’accueillir que je balance déjà toutes mes productions sur la table. La première, faut le dire, fait carrément peur, mais… Faut bien commencer quelque part ? Non ? Et puis, ça va… Les suivants ont observé une nette progression. Pour de vrai, si j’me débrouille pour en gribouiller tous les jours, y a moyen c’est convaincant d’ici quelques semaines. Ce sera pas ouf, ouf, j’ouvre ma galerie et à moi les putes de luxe, mais au moins, ça fera que mon mensonge semblera crédible au gardien un peu naïf sur lequel je mettrai le grappin. « Alors, alors ?! T’en penses quoi ? A moi la vie d’artiste ?! Et j’ai même su faire tout ça pendant toute l’après-midi ?! Tu te rends compte ! Genre des heures sans faire autre chose !!!! » J’ai le nez aussi actif que mille fourmi sur une tartine de miel.

Je m’assois, encore électrisée, et j’commande viteuf le cocktail le plus plein de sucre qu’ils ont – histoire de calmer la fringale que le goûter n’avait pas su calmer. Je l’écoute, note ses directives dans un coin de ma tête et je donne des éclaircissements sur mes activités. « Pour l’instant, j’ai pas osé visiter, je voulais étudier les façades. J’y retournerai demain, et tous les jours, en fait. Petit à petit, j’devrais finir par devenir aussi discrète qu’une plante en pot dans un coin de leurs salles. J’espère qu’à force d’être là, un gars un peu en mal de compagnie m’abordera. Au pire, je provoquerai la collision. M’enfin… En attendant, qu’est-ce que t’as envie d’te mettre sous l’croc ? Ils ont quoi d’intéressant dans ce bouiboui… » Je me contorsionne pour regarder le menu projeté non loin… J’attends d’voir c’qu’elle veut prendre pour prendre pas pareil et pouvoir piquer dans son assiette aussi. Normal.
Jezaïl
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« Oh c’est… joli. »

Elle se sentit comme une maman félicitant son gamin de quatre ans en regardant le premier dessin de Fúm, mais la suite s’améliorait rapidement. Elle était infoutue de savoir s’ils permettraient à la lepi de se faire passer pour une étudiante en art mais bon, après tout personne n’avait dis que les étudiants devaient être bons dans leur domaine, si ?
En tout cas l’enthousiasme de sa comparse faisait plaisir voir, surtout cette façon qu’elle avait de remuer le nez en permanence. C’était une sensation nouvelle pour la rouquine de tenir le rôle de celle qui va lentement – en tout cas par comparaison, pour les autres leur duo devait être un genre d’enfer.

« J’sais pas, les noms sont trop compliqués, j’arrive pas à comprendre ce qu’on me propose. Je vais juste me rabattre sur le truc le moins cher et le plus gras que je trouve. Ça peut pas être mauvais. »

Le reste du repas passa, agrémenté de conversations banales mais bien trop sonores au goût de plusieurs voisins, en particuliers lorsqu’elles commencèrent à se lancer dans un concours de celle qui parviendrait à piquer le plus de bouffe à l’autre – que Fúm gagna largement.


Pendant les jours qui suivirent commença à s’installer une petite routine pour Jezaïl qui passait la majorité de ses journées à visiter les garagistes et autres ferrailleurs les plus mal famés de la ville, en profitant pour acheter toutes sortes de bricoles pour son plaisir personnel qu’elle retournait déposer au Cassius, sur lequel elle ne profitait pour s’adonner à quelques bricolages de son cru, devenant ainsi un visage relativement commun à l’astroport. Mais ces achats n’étaient pas le réel but de ses visites, elle en profitait pour sonder le milieu de la contrebande local, s’y introduisant petit à petit.
Après une petite semaine, elle avait trouvé le lieu idéal pour le transit du droïde et négocié la location du hangar pour un mois. Il avait également fallut graisser quelques pattes des gestionnaires des lieux, ce qu’elle avait payer en partie en services divers qui l’avaient maintenue occupée pour le reste de la semaine et le début de la suivante.

Désormais qu’elles avaient un endroit où cacher leur butin, il fallait de quoi le transporter. Le faire du hangar jusqu’au spatioport ne demanderait qu’un bête porte-container lambda, après qu’elle aurait camouflé le droïde dans un container spécialement adapté pour qu’on ne repère pas la machine aux scanners. En revanche, le transporter du musée jusqu’à la banlieue industrielle allait être une autre paire de manches.
Pour cela elle éplucha les bandes des caméras de surveillance qu’elle avait placé jusque là aux fenêtres de leur chambre. Comme elles avaient pu le constater en personne plusieurs fois, le quartier ne s’endormaient que très tard dans la nuit, guère avant le petit jour. Mais dans les quelques heures qui suivaient, avant que les bâtiments officiels ne soient obligés d’ouvrir, les rues étaient quasi désertes. Les seuls qui les arpentaient à ce moment là étaient les éboueurs, dont les véhicules étaient largement assez gros pour y cacher le droïde basilisk, d’après les plans qu’elles possédaient et si on l’aménageait correctement.
Après en avoir discuter, Fúm et Jezaïl convinrent que c’était le meilleur moment possible et qu’un véhicule d’éboueur constituerait une couverture efficace, à défaut d’être attrayante.

A partir de là l’objectif de la rouquine devenait de mettre la main sur un de ces véhicules – un vol des plus triviaux – et de le retaper complètement pour qu’il ai l’espace interne et une ouverture suffisamment grande pour accueillir le droïde – long et complexe mais terriblement amusant. Bien sûr, elle en profita pour bidouiller les moteurs pour avoir plus de punch… juste au cas où, évidemment.
Une fois le véhicule préparé, il ne restait plus qu’à faire quelques reconnaissances sur le terrain, écumant à pied les rues aux petites heures du matin pour voir à quoi ressemblait l’ensemble du trajet, la fréquentation des rues, les raccourcis possible et se faire une bonne idée de l’ensemble pour pouvoir improviser s’il le fallait. Il n’y avait pas pire dans une fuite du genre que de faire aveuglément confiance à son GPS, ces trucs étaient bien trop rigides et ne connaissaient que rarement les raccourcis vraiment intéressants. C’était même souvent précisément leur absence des cartes qui leur donnait ce statut.
Puis lorsque la ville s’éveillait complètement et que l’activité des rues n’avait plus rien à voir avec ce qu’elles allaient rencontrer, Jez’ rentrait pioncer, se réveillait vers le milieu d’après-midi pour se consacrer à divers bricolages : petites charges explosives de tailles variées pour se débarrasser des portes et verrous trop contrariants, grenades à concussion qui assommaient sans tuer – normalement – et autre joyeusetés du même acabit. Elle s’y consacrait généralement jusqu’au début de soirée.

En effet les activités de la rouquine et de Fúm avaient un point commun : elles leur laissait l’essentiel de leur soirées libres et n’obligeaient que rarement à se lever tôt – à l’exception des derniers jours Jezaïl qui décida juste de dormir la journée. Ce qui tombait bien parce qu’il y avait pire endroit que le vieux centre de la capitale d’un monde comme Ondéron pour trouver à s’occuper. Elles passaient donc une bonne partie de leur nuit à écumer les restaurant, bars, boîtes de nuit et autre établissements fréquentés par les noctambules. Dans cette ambiance, les maigres barrières qui restaient entre elles n’avaient pas tardé à être brisées et de collègues elles étaient devenues amantes.


Jezaïl était allongée en compagnie de Fúm sur leur lit défait, nues, sa tête reposant sur le ventre de la leppi qui jouait distraitement avec sa crête. Il flottait dans l’air l’odeur des pétards de Fúm, le parfum de l’encens qu’avait acheté Jezaïl pour couvrir celle de soudure qui gênait sa compagne, une fragrance fleurie qui s’échappait de la salle de bain accompagnée des dernières volutes de vapeur et, pas tout à fait camouflé par tout cela, l’arôme suave et un peu animal laissé par l’union de deux corps.
Sur la télé de la chambre, un pilote virtuel continuait son tour de course victorieux depuis qu’elles avaient abandonné les manettes pour jouer à tout autre chose.

La rouquine tourna la tête en direction de celle de la leppi et ne résista pas à l’envie de frotter sa joue contre le ventre de celle-ci, un petit air béat sur les lèvres.

« J’adoooore ton ventre, c’est tout doux et ferme à la fois. »

Elle se redressa sur un coude pour pouvoir regarder plus facilement sa compagne, déposant un baiser sur sa poitrine.

« Bon, on fait le coup demain. Enfin demain… dans quelques heures quoi. Le camion est prêt, j’ai plus qu’à aller le chercher, faire un petit tour du quartier pour pas avoir l’air trop suspecte sur les cams puis je viens me garer au musée, on charge le bordel à l’arrière et on repart.
Tu verras j’t’ai même fais une carte du trajet si tu dois piloter. »


Elle se tut un instant, achevant de se redresser en position assise à côté de Fúm, légèrement penchée en arrière, appuyée sur ses mains. Ses cheveux étaient encore plus chaotiques qu’à l’accoutumée et lui retombaient sur tout un côté du visage, le masquant presque derrière un voile flamboyant, tandis que sa tresse passait par-dessus son épaule et serpentait sur sa peau nue, presque comme si elle jouait avec les tatouages dorées qui lui recouvraient tout le flanc gauche.

« Tout va bien pour toi ? »
Fúm Ellar
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Hen Rim’Atisse, l’agent de sécurité de l’entrée – lightgreen
Osk’Ar Cload-Mhonë, l’étudiant commissaire-priseur-vigile/apprenti – #ECF6CE


Le repas est une bonne partie de poilade, on mange vraiment correctement – plus correctement que ce que j’ai l’habitude en ce moment avec le manque de liquidité un peu latent, on s’raconte un peu nos vies, on s’dit combien qu’on est belle, on parle un peu vroom vroom, j’lui montre le bébé que je veux avoir un jour, elle a, comme moi, des étoiles pleins la rétine. Ouais… J’ai hâte putain. Et j’lui promets d’faire un tour avec elle sitôt que je l’ai, ou presque, et qu’elle pourra utiliser un peu les missiles. Parce que voilà. C’est déjà ma FFF. Mais un peu, hein, chaque tête explosive coûte un putain de bras ! Les assiettes arrivent, j’gagne le combat haut la main, comme d’habitude, faut dire que la Force te donne pas mal de mains en plus pour gagner ce genre de rencontrer et que j’hésite pas à m’en servir… Paraît qu’y’en a qui sont assez con pour éplucher des poires avec ça. P’tain…

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Deux jours plus tard, pas loin de dix heures et demi • Entrée du Musée d’Histoire et d’Archéologie Royal


J’entre doucement, d’un pas hésitant, m’arrêtant pour tout regarder. Chaque colonne, chaque petite fresque, jusqu’à la porte monumentale, vitrée, pleine de couleurs et de ferronnerie. Un truc à l’ancienne, quoi. Pas ma came. Pas ma came du tout, hein, plutôt crever que d’avoir ça au milieu du salon – ce qui serait incongrue pour une porte d’entrée on l’admettra – mais faut admettre, une fois que l’on est devant, que ça claque un peu sa race. L’imposant ne le dispute-t-il pas à la majesté ? Moi, j’dirais… En tout cas.

En fait, c’est bizarre. C’est bizarre tout ça, d’être ici. J’ai passé tellement de temps, en fait, sur cette putain d’planète à rêver d’m’en barrer. Le Temple. J’sens sa présence, là, au fond de mon bide. Et j’ai jamais foutu les pattes ici. Ou p’t’être une fois ? Ce s’rait étonnant, quand même, genre, que dans l’cursus Padawanesque j’rate ça la sortie scolaire au musée… J’étais peut-être malade ? Ou bien j’ai refoulé tout ça ? Plus j’y pense, et plus j’ai l’impression que mon cerveau cherche à se débarrasser de toutes ces années.

Je viens de passer le pas de la porte. J’ai repassé dans ma tête les vingt derrière années de ma vie, le temps d’faire quatre pas sur le sol de marbre. Un cerveau Lepi, c’est rudement fucked, mais faut avouer aussi qu’y a un côté « emballé c’est pesé » qui fait plutôt dans l’efficace. J’ai décidé, c’est trop bizarre tout ça, mah faut se concentrer sur la mission, t’es une étudiante en art, t’es canon, les Jedis c’est zou ! PRO-FES-SION-NEL-LE ! Aussitôt, un droïde de protocole m’accueille avec la fausse sympathie qu’ils ont tout le temps et m’aiguille vers le portique d’entrée : p’tain, tous les trucs sont fouillés. Bah c’est tout, Jez’ m’a dit que ça passerait crème, ça passera crème. D’façon, dans mon sac, y a un bordel sans nom et clairement y a assez de matos artistique pour ne pas éveiller les soupçons, faudrait que le gars soit rudement paranoïaque pour commencer à m’péter les reins. C’est un zhumain. Il a l’air gentil, grand, dans la quarantaine, un peu tassée. Ouais. Poivre et sel. Une barbe bien taillée. Un joli costume de monsieur qui vérifie les sacs à l’entrée. « Bonjour. – Bonjour, veuillez déposer votre sac sur le tapis, mademoiselle, et passer le portique, s’il vous plaît. – D’accord. » Je coopère, gentiment. Gentille, lapine. Je souris. Gentille, jolie lapine. Il me regarde plus qu’il regarde l’écran. Faut dire, je cherche à trouver son regard, sans faire la chaudasse, juste, genre, bah on me parle, je te regarde. D’façon, j’le sais, pour séduire, faut que je ferme ma gueule, et je souris. Maxounamour me l’a certifié. Je la crois.



C’est passé. Achat de la carte du musée pour v’nir souvent sans passer par la caisse, c’est fait aussi. Je m’aventure, je me perds, je regarde, je lis, je fais wwwouuuaahhh parfois. Et même que parfois, quand je fais woouuaahh, ce sont de vrais wwwoouuaaahhh, genre j’suis vraiment impressionnée, quoi. Y a des holocréations, y a des sculptures, y a de la fonte, y a des trucs tellement vieux que c’est de la peinture aussi. Y a de tout. Des milliers d’années de créations. Le truc et PUTAIN de gigantesque. Et y a cette toile, avec des gens dessus, sur la mer, sur trois villes planches pourries du cul. P’tain. LA TAILLE DE CE BORDEL ! Et il a peint tout ça, tout seul ? Mais les gars sont fous ! Et c’est totalement ouf ! J’suis sur le cul. Genre, vraiment, hein, j’me suis assise, et j’regarde, en indienne, le buste rejeté en arrière, les bras pour me retenir de finir allongée. C’est colossal. Comme… comme… un genre de bouleversement. J’sais pas. J’ai jamais eu ça. J’continue dans le bonheur des deux derniers jours à découvrir des trucs de fou. En fait. Parce que ouais, j’ai continué les bonhommes bâtons et tout. Vraiment. J’vous jure. C’est un truc de guedin parce qu’au début, moi, conne comme je suis, j’pensais qu’j’allais devoir faire genre et pas du tout. Genre, pas du tout, du tout. J’me prends une vraie claque. Et j’ai envie de scribouiller partout. PPPpppaarrttooouutt !

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Quinze jours plus tard que les deux jours plus tard d’avant, plutôt vers les dix-neuf heures • Chambre d’hôtel


Je regarde les tons roses, fuchsia, cramoisi, grenadine, héliotrope, incarnat, framboise, capucine du ciel où le soleil meurt. J’esquisse, je trace, j’étale, j’essaie de rendre les nuances, les mélanges, les entremêlements. Chaque seconde et le ciel change, chaque seconde et l’éventail a évolué, perpétuant autrement son camaïeu. Je saisis mon pinceau, vole de la couleur, tente d’en marquer le tissu et… rate. Rate ? Je mets une fessée à mon bureau qui n’arrête pas de remuer. « Arrête de gesticuler ! Y en a plus pour longtemps ! Promis. ». Assise en tailleur sur le lit, je me sers effectivement de Feufollet, comme d’un bureau mobile. En particulier de son dos, nu – elle est de ce point de vue assez uniforme. Vu de loin, on est en plein délire fantasque d’artiste pétée. Vue de près ? On est en plein délire fantasque d’artiste pétée. J’ai réussi à négocier ça. Et ça me plaît. Mais visiblement, peut-être qu’une heure c’était beaucoup demandé. Mais c’est ma faute, à moi, si les couchers de soleil c’est si long à venir ? J’crois pas hein… Enfin, on m’accordera certainement le pardon après l’agonie du jour.

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Un p’tit mois depuis la première scène au restaurant • Dans un autre restaurant


« Du coup, j’crois que j’ai eu un autre ticket aujourd’hui. Je sirote, le nez très énervé, les oreilles toutes dressées, un jus de plein de trucs différents, alors que le soir tombe et que les rues sont pleines de gens en quête de sociabilisation. – Un ticket gagnant ? On s’comprend, tmtc, tout ça. – J'sais pas trop. Il travaille dans l'musée, il est... Attends qu'j'te dise pas de connerie. Commissaire-priseur. Enfin, apprenti là-dedans. Il m'a raconté un peu sa vie, et en fait il a un accord avec le musée, il bosse pour eux comme surveillant-slash-agent-slash-vamefaireuncafétrouduc et il le forme à ça. De ce que j'ai compris, c'est genre lui qui te dit combien que ça vaut, un tableau, et qui gère les salles des ventes derrière. 'fin, on s'en branle. L'important, c'est qu'en dehors de ça, il a accès à tout, tout le temps, et qu'il a leur confiance, j’vais pouvoir voir même les pièces de la réserve ! – Oooooh... et il est mignon ? Je ris, spontanément, et je manque de m’étrangler avec mon jus-aux-trucs. – Euh... Pas vraiment. J'préfère nettement ton cul au sien, t'inquiète. Mais... Il a une façon de parler. Genre... 'Fin... Pose ce principe de base : tu me prends, tu m'inverses. Moi, j'suis belle jusqu'à ce que j'ouvre ma gueule, lui, c'est l'opposé. » Ouais bah… Quand on s’habitue au luxe des minettes qui m’entourent d’habitude, forcément, ça me donne des goûts de luxe aussi, hein. Alors bon, le style tout palot, blond tellement blond qu’on dirait du blanc, et cet accent un peu aristo-mes-couilles ; ouais, non, c’est pas le genre de pur-sang sur lequel j’ai l’habitude de parcourir les collines infinies des steppes.

Elle rit en retour de mes conneries. J’aime bien quand elle rit. « Bon c'est déjà ça j'imagines. Ca me donne l'impression qu'il est du genre à aimer s'écouter parler, il serait du genre à vouloir se la péter à te montrer tous les précieux bibelots auxquels il a accès tu penses ? – Bah faut dire que quand c’est moi l’interlocutrice, forcément, il a intérêt à être bon dialoguiste pour rendre le tout intéressant. Mais ouais, y a moye’ il me fasse entrer dans les coulisses, j’suis contente. J’vais pouvoir voir plein d’trucs ! Et toi, qu’est-ce… » La serveuse arrive, avec leurs commandes et ce bzzt bzzt des droïdes qui roulent sur une seule roue, interrompant la conversation.

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Deux semaines de plus au compteur • Dans la galerie du Musée, face à un artiste post-alphanumérique Skakoan


« Tu vois ? Cette façon d’utiliser l’architecture différemment de son code et de prolonger ses templates au moyen des clefs hexadécimales, ces nuances dans la façon disposer les giga-octets, ce subtil épanchement de bits, et l’iridescence tout en teintes sulfureuses… Là. Là, il y a quelque chose de génial, proprement. C’est… » Il se tait. Laissant l’œuvre s’exprimer pour elle-même, par elle-même. Il a cette façon de dire sa passion. Extraordinaire. On va pas se mentir, quand tu l’regardes, l’mec, c’est pas un fleuron de l’aérospatiale ondéronienne. Genre, tu mises pas cinq crédits sur lui. Et pis, il ouvre sa gueule et là, tu l’appelles majesté et tu plies le genou en t’excusant de pas l’avoir reconnu tout de suite. J’ai jamais trop eu l’occasion d’en rencontrer des comme lui. Faut dire, j’avais tendance à pas m’attarder, à m’barrer vite ou simplement, à tomber que sur des pécores aussi cons que moi. Depuis deux semaines, on s’voit souvent. J’suis, pour ainsi dire, une nouvelle pièce du musée. Du coup, forcément, j’laissais pas l’temps au charme d’opérer, quand bien même y en avait qui traînait.

C’est bizarre. Du coup. J’m’en veux un peu. En fait. Il est vraiment cool. Osk’Ar, qu’il s’appelle. Et j’vais devoir l’entuber. J’suis pas super à l’aise avec ça, surtout que j’le sens bien avec mes antennes, qu’il m’aime bien. Et j’crois que mon cœur en artichaud il commence à bien l’aimer aussi. C’est pas cool, cool. Et en même temps, qu’est-ce que tu veux ? C’est tout… Faut juste qu’on fasse ce qu’on a à faire mais on l’épargne. Et voilà. Et voilà… Putain… Quel dilemme de connasse.

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Deux semaines de plus de plus au compteur, super tard, dans le musée • Dans les réserves du musée


« Mais tu avais dit qu’il y aurait personne ! Je pouffe, m’étranglant à moitié, hilare et à la fois avec l’impératif terrible de discrétion qui m’est imposé. Je suis pratiquement nue, mes affaires en ballot dans les mains, et on joue au chat et à la souris avec un trouduc qui s’promène sur le tard dans les réserves : soit un vigile de nuit qui s’emmerde, soit un vigile de nuit qui fait sa ronde et c’con d’Osk’Ar s’est planté. Il est rouge pivoine. Ses cheveux n’en sont que plus blanc. – Cchhuut… Fum ! Il va nous repérer. Il est mi-terrorisé, mi-mort-de-rire et re-mi-à-poils derrière aussi. – C’est Fúm, pas Fum… Tsss ! ça veut me faire des coquineries et c’est pas même capable de retenir mon prénom. » Pour un premier rendez-vous coquin, c’est singulièrement fendard, même pour moi. Alors que le garde est vraiment, vraiment près, mes mains s’égarent sur le corps de ma victime, forcée au silence, laissée en proie à ma vilénie. Il n’est clairement pas du tout habitué à ce genre de situation, le pauvre. M’enfin… L’autre gusse, qui de toute façon s’attend pas à chopper deux jeunes qui forniquent de nuit dans les réserves d’un musée vide, continue sa ronde, un casque sur les oreilles pour écouter le Huttball, et moi j’continue d’marquer des points. J’suis quand même une fieffée connasse…

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P’t’être trois jours après • Dans la chambre d’hôtel


Je rentre, la porte s’ouvre à la volée, mes talons martèlent si fort le sol qu’on pourrait croire que je tente de péter le carrelage et, en-dessous, la dalle… Jez’ est là, en train de souder. Elle lève même pas le nez, elle a été prévenue. Un code. J’envoie toujours un gif, histoire qu’elle prépare le terrain. Un accord. Rien sur mon chemin que je ne puisse détruire. J’ouvre la baie vitrée, sans la toucher, je me contiens tout juste pour ne pas la faire voler en éclat, je referme, j’arrive à la balustrade, je la saisis, mes jointures craquent et blanchissent. Manque quelque chose. Je serre les dents, je rouvre, je rerentre, elle n’a rien dit mais elle a remarqué. Je l’aime bien, cette petite. J’attrape l’oreiller qu’elle m’envoie, je ressors, je referme, j’enfonce ma gueule le plus profondément possible dans ce petit bâtard d’oreiller et j’hurle. J’hurle à m’en péter les cordes vocales. J’hurle avec pour idée de faire s’effondrer toutes les tours de cette putain de ville de merde dans laquelle on est coincé depuis bien trop longtemps. Après avoir trop crié, j’finis par lui défoncer sa sale gueule, à ce coussin, et le vent balaye bientôt un nuage de plumes : restes sanguinolents derniers témoins de la fin prématurée qu’aura connu ce fidèle serviteur duveteux.

Je rouvre doucement la vitre, fatiguée mais souriante, et adresse un candide : « ça a été ta journée, mon p’tit feu follet koeur koeur ? ».

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Dix jours plus tard, au beau milieu de la nuit • Sur le balcon de la chambre d’hôtel


Je fume. Je regarde la ville endormie. Y a que la fumée pour encore bouger, autour de moi. Et des bestioles. Enculés de moustiques. J’me sens pas forcément bien. Jez’ dort déjà. La lune joue sur le nacre de sa peau, le drap a glissé d’au-dessus d’elle. J’sais pas quoi penser. J’attrape mon pad. On sait pas… Des fois qu’elle soit disponible. J’ouvre la conversation avec Max.

« Tu crois que baiser avec un gentil garçon pour obtenir malgré lui des tonnes d'informations ça fait de moi une putain ? Un miracle ? Ou alors j’l’ai senti ? Ouais… On s’en fout. N’empêche qu’y a une réponse qui arrive alors que j’ai même pas fini mon herbe. Cette fois, j’suis assise dans le transat, à regarder les nuages passer. – Il te propose de coucher avec lui contre des informations, ou tu comptes coucher avec lui pour lui soutirer des informations ? – J'ai déjà couché avec lui beaucoup pour obtenir des informations sans qu'il le sache. – Alors nan, ça fait pas de toi une pute, envoie une photo de lui. Je joins un selfie de nous deux, dans un parc, à Iziz. Ma tenue proprette pourra clairement choquer, mais j’pense qu’elle comprendra vite. Putain, c’est la première vraie conversation qu’on a depuis combien de temps, namour et moi ? – Le juge pas qu'à la photo, il a beaucoup de charme... Mais c'est clair qu'une bebom comme moi, il en a jamais touchée une qu'en holophoto avant qu'j'arrive. – Avec un peu de chance tu pourras même lui piquer son portefeuille. – T'imagines pas à quel point il est blindé, meuf. M'enfin... J'dois t'laisser. T'me manques, namour. Bisous. Merci. – À plus belle gosse. »

Elle a cette façon de me dire qu’j’suis pas la connasse que je pense. J’ai cette façon de la croire. Et la nuit qui file, se foutant de mes humeurs comme de tout autre chose sinon des étoiles.

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Le surlendemain, l’après-midi • A la terrasse d’un café de la place du Musée


« Et c’est de toi ? Y a de l’idée. T’as une façon de le brosser… C’est curieux, c’est quoi ta formation initiale ? – J’ose même pas te le dire tellement ça me paraît ridicule… Mes parents sont agriculteurs. – Bah… Faut pas en avoir honte. Tu serais pas la première artiste à ne pas avoir suivi le cursus des Beaux-Arts. – Parce que tu penses que je veux devenir artiste ? – Si tu veux pas le faire, en tout cas, tu fais super semblant de te donner à fond pour ta passion. J’te vois pratiquement tous les jours assises dans un coin. – Je veux qu’on retienne que c’est moi le premier à l’avoir accueilli chez nous. » On rit. Osk’ar me regarde. Je sens très bien ce qu’il ressent. Je sais très bien ce dont tout ça a l’air. Nous sommes en terrasse, après le service, y a pas mal des gens du Musée qui sont là, il m’a invitée à boire un verre avec eux à la sortie du boulot. Ça clopine, ça picole, ça rit, ça vit. J’devrais d’venir actionnaire d’une coutellerie quand j’vois l’nombre de lame qu’m’apprête à planter dans l’dos. Alors nan, ça fait pas de toi une pute. N’empêche que c’est super dur de s’en convaincre. Je pense à eux. Fort. Eux. La famille. Toujours. Avant tout. N’empêche que quand j’vois mon reflet dans les couverts, j’ai tout l’air d’une sacrée pute.

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Le soir même après la scène du café • Dans l’appartement d’Osk’ar


Je sais pas où regarder tellement tout est huge ici. J’ai l’impression qu’on pourrait y loger ma famille. Il m’a prévenu, pourtant, qu’il avait « de la chance » mais là… Putain, faut juste arrêter deux secondes de faire comme si y avait une micro putain de chance qu’un jour, à la sueur de mon front fatigué, j’arrive à avoir un dixième de ce qu’il a eu à la naissance cet enfoiré. Et j’arrive même pas à lui en vouloir, parce qu’il reste gentil et tout, c’pas un connard. Mais quand même ! Comment on peut vivre en se torchant le cul à la feuille d’or et rester là, en mode… normal. Ça me dépasse. Vraiment. Galaxie de mmmeeerrddeeeuuuhhhh. J’suis p’t’être une pute volontairement, bah n’empêche que c’est pas moi qui l’aura mise le plus profond aux gens. Il revient dans le salon où il m’a abandonné le temps de faire je ne sais plus quoi. Je sais toujours pas plus mentir qu’avant, il voit certainement à ma gueule que c’est pas ouf pour moi là.

« Quelque chose te chagrine, puce ? – Tu me donnes la permission d’être honnête au risque de blessé ? – C’est comme cela que je te préfère, tu sais ? – C’est pas juste Osk’ar. C’est juste infiniment injuste. Regarde, deux secondes, ce qui t’entoure. C’est dingue. Ma famille entière pourrait loger ici sans se marcher dessus. – Tu exagères peut-être un peu, là ? – J’ai ma tête des fois où j’exagère, Osk’ar ? – Non, effectivement pas. Il soutient un instant mon regard, le silence dure mille ans pour moi, un battement de cils pour lui. Il soupire, prend l’air peiné. Sincèrement. Enfoiré… Fais pas ça. – J’suis désolé, si j’avais su que tu serais aussi mal à l’aise… J’oublie parfois que… Enfin. T’inquiètes pas, nous allons… Je claque de la langue, tique habituel de mon agacement, il a compris que le silence valait mieux, et j’admets, moitié moins sincère mais quand même. – C’est pas grave, laisse-moi juste le temps de digérer. Tu commences à me connaître, quand j’ai mes quarts d’heures de bad, faut pas forcément chercher à comprendre. On gère pas les sentiments pareils, les Lepis. J’vais prendre l’air, un peu, ça va me faire du bien. » Et il se tait. Il se tait, me passe sa main dans les cheveux et m’ouvre sa PUTAIN DE TERRASSE GEANTE… sincèrement peiné. J’ai envie de lui hurler dessus, mais j’peux pas. J’peux pas. Déjà parce qu’il est trop gentil garçon, ce connard, mais aussi parce que j’ai besoin qu’il continue de conjuguer le plus souvent avec « nous ».

Sur ma langue, un coup métallique. Ma lèvre saigne. Parfois, la fureur, faut oser la mordre très fort pour la contenir.



Il n’ose revenir que longtemps après, alors que j’ai fait fuir ma nausée politico-sociale en m’emparant de ma tablette graphique. Je dessine Izi, vu d’ici. Elle est belle. Il se tient silencieux, attendant que je rompe le silence mais je n’en ai pas envie. Osk’ar finit par ne plus y tenir et lâche un timide : « Les collègues t’ont adoré. Ils veulent t’emmener au bowling, la prochaine fois, ou un restau’, quelque chose dans le genre. – C’est cool, ils sont gentils, mais ils m’aimeront peut-être moins si je leur mets une raclée. – Ah ? Tu as déjà joué ? – Non, mais sait-on jamais, je me découvrirais peut-être un talent caché. » Il rit, je souris, je le sens juste derrière moi, près du banc, je finis pas me laisser aller un peu arrière, contre lui. J’ai tout réfléchi, tout vite, comme d’habitude. Le dossier est déjà classé. Il est adorable, bien sûr, mais mon cœur s’est refermé, le portrait est à jamais entaillé et toutes les retouches n’y feront plus rien. Même en d’autres circonstances, je n’aurais pu choisir de vivre avec quelqu’un niant avec tant de talent la réalité. Ce qui arrivera, il ne l’aura peut-être pas mérité ; mais je me rassure en me disant que c’est, pour lui, comme tout le reste de ce qui l’entoure.

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Un peu moins de trois mois depuis la première nuit sur Ondéron • Dans la chambre d’hôtel


Les parfums mêlés de nos amours sont aussi riches que le décor qui les accueille est dépouillé. Je joue avec les flammes de sa chevelure. Elle fait aller ses mains ici et là. J’aime sa façon de se laisser aller contre moi, de me transformer en oreiller, de me faire sentir belle et confortable. Elle frotte son visage sur mes abdos marqués. Mignon FFF. Soudain, tout est plus sérieux. Les plans du musée, grâce à mes escapades, on les a tous eu sans trop de souci. J’ai même réussi à lui piquer une carte d’accès. Il ne s’en est pas encore rendu compte. C’était l’idée, il va la déclarer voler lendemain, il est haut dessus de tout reproche. On le questionnera un peu, la police confirmera son alibi, basta. Basta, la culpabilité ? Tss… C’est pour la famille, c’est tout. J’peux pas passer mon temps à faire genre que l’honnêteté est un filon viable. Alors merde. Merde et merde et merde. Merde. Elle est assise à présent, rejeté en arrière, elle me regarde, une soierie de feu pour seul robe.

« Parce que ça n’a pas l’air d’aller ?Ouais… j’suis une piètre menteuse et à moins d’être aveugle, c’est clair qu’elle peut pas ne pas l’avoir vu. Et j’me paye le culot d’être sèche avec elle, comme si c’était sa faute en plus. Enfin, ça va, j'l'ai pas mordu non plus, j'suis pas dans l'agression ouverte, j’suis qu’un animal qui souffre ouvertement. – Ben… ouais. Un peu. ALORS POURQUOI TU… je me mords aussitôt le poing, enfonçant mes incisives dans mon poing. J’peux pas me permettre de m’engueuler avec toutes mes partenaires de travail. J’ai déjà gueulé avec Dodor, j’ai gueulé avec Maxou, y a un moment, j’veux être crédible ou juste une crétine de lapine pétée du casque ? Je sens la rage crispé mes mâchoires et la douleur me ramène à la réalité. Je saigne, mais j’fais genre de rien et j’attrape juste un mouchoir qui trainait là pour serrer la plaie. Ça cicatrisera vite. Enfin, je crois. Expliquer, tranquillement, ne pas hurler. – J'ai du mal avec l'idée de la faire à l'envers à tous ces gens qui ont été si gentils avec moi. C'est reloud. Vraiment. J'aime pas ça. J'ai le sentiment d'être rien qu'une grosse pute et en même temps... Bah ouais, la société c'est d'la merde et j'dois faire tout ça pour réussir à la baiser aussi. Et j'suis un peu perdu, du coup. Et j'ai peur de te faire peur en te disant ça et que tu crois que je suis plus à fond dans la mission alors que j'irais jusqu'au bout malgré ça. J’ai mitraillé tout ça à la figure de FFF, sur le ton de la réflexion, mais elle a appris à me connaître et à me suivre, depuis le temps que dure la planque, et elle hésite pas à renvoyer la balle d’une retournée acrobatique magistrale. – Ouais, je vois... J'oublies que t'es nouvelle dans le milieu. Après est-ce que c'est vraiment avec toi qu'ils ont été gentils ? Ou juste avec la petite étudiante en art que tu leur as fait croire que t'étais ? Et puis franchement, on leur vole juste un gros tas de ferraille dont ils se servent même pas, ça va pas beaucoup leur manquer. Ouais… on a tendance à l’oublier mais c’est la première fois que je me lance dans ce genre d’entreprise de gros malade… J’suis jeune ET jolie. Et elle, elle est putain d’maligne sous ses airs de baroudeuse qui a sniffé trop d’poudre noir. Ouais. S’ils m’avaient connus, genre vraiment, comme à chaque fois, ils m’auraient toisée et méprisée. Et merde. Franchement. Ils sont personne pour moi et je suis, littéralement, personne pour eux. On va faire en sorte que personne finisse en prison d’notre faute et ce sera déjà bien. Au-delà de ça, j’suis la daronne de personne.

Ma frimousse s’éclaire, mes oreilles se redressent, je m’avance en quête d’un baiser tendre et elle m’aide à terminer le chemin sans se faire prier. Une bonne équipe. Bon ! Au boulot. J’fais apparaître la carte de tout l’bordel. « J’ai son passe. On entrera sans souci, par les entrées de service. Y a une caméra ici et là, mais un angle mort. Si on longe le mur doucement, ils n’y verront que du feu. Enfin, ils verront rien que du vide en fait. Une fois à l’intérieur, c’est pas non plus une sécurité de bâtard, ils sont pas des centaines, ils ont jamais vécu de casse, rien du tout. Il faudra directement monté par-là, ça nous fera accéder à la salle de surveillance. Il se pourrait que j’ai profité de la pause de quatre heures d’Hen pour aller du côté des vestiaires et mettre des somnifères dans sa gamelle de ce soir. Il va pioncer de ouf toute la nuit. De là, on utilise un de tes bidules pour mettre KO les caméras. De là, on devrait avoir quatre bonnes heures avant la relève. Y a bien un ou deux gens très matinaux dans les différents services, notamment l’entretien, mais ils commencent du côté des zones publiques et on devrait avoir largement le temps de faire avant qu’il commence à aller de notre côté. Faut qu’on remonte ce couloir, c’est celui de service qui sert à amener les énormes pièces du musée, les chariots répulseurs devraient se trouver ici ou là, pour trimballer le tour. Il est sur un socle antigravitique, il suffit de l’alimenter avec un chariot et basta, il nous suivra aussi fidèlement que lorsque je te prends la main pour aller bang. Sourire espiègle.

Ensuite, si t’as pas merdé sur l’emplacement du camion, faudra qu’t’ailles le chercher fissa, pendant que je traine le bordel et que je l’amène sur la rampe de service arrière du musée. Là, on charge, je monte avec toi, tu me déposes à l’angle de la quatrième et de la cinquième. Là, j’vais m’glisser dans les draps de Paabl Opikasso. C’est un des étudiants qu’on avait rencontré. J’ai commencé la soirée avec lui, tantôt, et monsieur s’est aussi mystérieusement endormi dans son canapé après que j’ai commencé à lui apprendre deux-trois notions de plaisir. Il est fiancé, ce con, même s’il sait pas tenir son troisième lekku, et quand on se réveillera ensemble dans les mêmes draps, il osera rien dire. Il me donnera alors un alibi, quoi qu’il arrive, si jamais quelqu’un m’interrogeait. De là, on fera tous genre de rien, même si Osk’ar avait des doutes, je pourrais jouer cette carte de l’infidélité pour mettre fin à notre relation, ça fera diversion si jamais il avait eu des doutes sur le vol. De là, treize jours plus tard, on s’barre, et basta, on va ensemble sur Zeltros pour pécho tout ce qu’on peut jusqu’à plus soif.

Simple comme bonjour, non ? »
Enfin… ça c’était sur le papier, et balancé à la vitesse Lepi… Qu’est-ce qui pourrait mal se passer, sinon un milliard de trucs, hein ? Bordel… J’me lance dans quoi là ? Allez… Fuck ! Arrêter de stresser, meuf, t’as passé des plombes à tout préparer. Ton manque de talent de grosse naze, tu l’as compensé par de la putain de patience, et rien que pour ça, tu t’offriras une médaille en plus des sucres de Zeltros.
Jezaïl
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« Comme tu dis. Un jeu d’enfant au final. »

Elle se retint de préciser qu’elle avait veillé à ce que le Cassius soit paré à un décollage imminent et chargé dans la console un pré-calcul pour un saut hyperspatial à basse altitude, juste au cas où. Fúm était déjà bien assez sur les nerfs sans qu’elle n’en rajoute. La lepi semblait alterner les hauts et les bas plus rapidement qu’une montagne russe ce qui ne gênait pas outre mesure la rouquine : simplement elle avait déjà décidé depuis un moment de ne pas mentionner absolument tous les petits trucs qu’elle préparait pour si la merde percutait le ventilo. Après tout, normalement, ces trucs n’allaient pas servir donc pourquoi encombrer l’esprit de Fúm avec des détails ?

« Je nous commande un truc à manger avant d’y aller, ça te va ? »

Elle était déjà en train de valider la commande en même temps qu’elle finissait de poser la question. C’est qu’elle commençait à la connaître, sa compagne aux grandes oreilles.


Jezaïl se laissait guider par Fúm le long du mur. Même en plein cœur d’Iziz certaines rues n’étaient qu’à peine éclairées et celle-ci en faisait partie. Enfin, rue était un bien grand mot pour qualifier cet espace entre deux imposants bâtiments : à leur droite, le musée, à leur gauche un quelconque centre d’administration royal dont elle se foutait éperdument. Et entre les deux cette petite ruelle qui servaient aux grattes-papiers anonymes à rejoindre leur lieu de travail. Autant dire qu’à ce moment de la nuit, alors que les musiques qui s’échappaient des boîtes de nuit au loin commençaient à s’évanouir les unes après les autres, il n’y avait pas un chat. Enfin si, très exactement il y avait un chat, ou plutôt l’animal local qui en tenait lieu. Perché sur une poubelle, il regardait les deux jeunes femmes passer devant lui, totalement indifférent, avant de recommencer à se lécher une patte.

Elles atteignirent la porte de service sans encombre et le badge récupéré par Fúm fit son office. Derrière se trouvaient des couloirs mornes éclairés par des néons. Par les portes entrouvertes devant lesquelles elles passaient la contrebandière apercevait des vestiaires, des débarras, des salles de repos et des bureaux avec beaucoup trop d’étagères remplies de disques de données.

« Putain, je voyais ça plus sexy de travailler dans un musée comme ça. »

Un bruit soudain alors qu’elles allaient tourner à un angle les projeta contre le mur du couloir, comme pour essayer de se cacher, ne manquant pas de faire un raffut de tout les diables à cause de la quantité de matériel qui pendait des différentes ceintures et autres lanières de la tenue de Jezaïl. Il n’y avait aucune chance que quelqu’un à proximité n’ait pas été alerté et pourtant il n’y eut ni injonction ni bruit de pas. Seulement un nouveau bruit comme le premier, semblable à un grognement. Après quelques secondes d’immobilité, les deux cambrioleuses s’échangèrent un regard et la lepi, qui était en tête de leur petite escapade risqua un œil dans le couloir suivant avant de se mettre à ricaner. D’un signe de tête elle invita Jezaïl à regarder et celle-ci put admirer le gardien du musée mentionné par Fúm plus tôt, affalé sur un banc et la tête appuyé contre un distributeur d’eau. Seule sa poitrine se soulevait à intervalles réguliers et il laissait régulièrement échapper un espèce de ronflement particulièrement gras et sonore.

Elles passèrent devant en essayant de ne pas rire trop fort. Le fait d’être passé devant le gardien complètement assoupi et que, visiblement, personne n’était venu déranger, acheva de les convaincre de la réussite de leur plan et elles ne firent plus d’effort de discrétion jusqu’à la salle de sécurité, se contentant d’éviter les quelques couloirs administratifs qui disposaient d’une caméra de sécurité. Celle-ci était verrouillée mais il ne s’agissait que d’un verrou assez simple, davantage prévu pour tenir à l’écart un visiteur égaré qu’un réel cambrioleur. Il céda donc rapidement sous les doigts de fée de la rouquine, surtout une fois que la fée eut identifié qu’il n’y avait pas d’alarme automatique et décidé de sortir son chalumeau.
L’intérieur de la pièce avait cette petite odeur typique des espace clos où plusieurs personnes passaient définitivement trop de temps enfermées à s’emmerder. Un peu de fumée en arrière-plan démontrait aussi que les consignes n’étaient pas parfaitement appliqué. Sans compter l’arôme de café, évidemment. D’ailleurs un nombre anormalement élevé de gobelets vides se trouvaient dans la poubelle à l’entrée ce qui tendait à montrer que ce pauvre Hen avait essayé de lutter contre la fatigue avant d’être terrassé dans le couloir.

Elles n’avaient pas le temps d’étudier les traces de vie laissées par les gardiens cela dit et Jezaïl commença à fouiller les lieux avec l’aide de Fúm à la recherche d’une carte magnétique pour le parking arrière sur lequel elles allaient charger le droïde, celui que l’artificière avait repéré mais qui était surveillé. Certes la carte qu’avait déjà subtilisé Fúm aurait pu faire l’affaire mais c’était mieux si la lepi pouvait en garder une avec elle et il y avait des chances que des cartes à l’intention des visiteurs traînent dans le poste de sécurité. Ce fut sa compagne qui mit la main dessus en premier et en tendit une à Jezaïl qui la fourra dans une de ses sacoches.
Cette étape réglée, elle s’agenouilla devant l’une des consoles, en fit sauter le panneau de quelques gestes experts et commença à fouiller à l’intérieur, disparaissant à moitié par la trappe. Elle en ressortit, tenant sa petite lampe-torche entre les dents et essaya d’articuler un « Pas celle-là. » avant de répéter le même manège sous une autre console voisine. Cette fois-ci, après quelques minutes de fouilles, une petite exclamation de triomphe s’échappa, suivie de quelques secondes de silence avant l’arrivée impromptue d’un juron bien sentie en huttese porté à l’encontre du créateur du système de sécurité. Puis elle se mit à toucher à plein de trucs, trop pour être simplement en train de débrancher les caméras surtout au vu du nombre d’outils et de petites pièces de rechange qu’elle venait piocher dans ses différentes poches, le tout en grommelant quelques trucs inintelligibles.
Finalement Jezaïl sortit de sous la console et se releva d’un bond en rangeant furieusement ses outils à sa ceinture. Avant même de s’expliquer elle attrapa la main de Fúm pour la faire sortir de la pièce et lui indiquer de l’emmener au hangar où se trouvait le droïde de guerre. Sur le chemin, à pas très pressés, elle s’expliqua :

« Bon les caméras et autre système de senseurs sont débranchés, ça ça va MAIS le type qui les a mis en place avait trop d’idées et de temps libre du coup il a relié tout le système de sécurité à un émetteur d’alerte et quand je l’ai débranché ça a envoyé un signal à je sais pas quel centre de police. J’ai bricolé ce que j’ai pu en vitesse pour faire croire que le système de sécurité était toujours en ligne en rebranchant l’émetteur sur le contrôle de la ventilation. Si on a de la chance et qu’ils sont un peu feignants, les flics penseront que c’était juste un bug et vont même pas se pointer. Sinon, bah au moins ils devraient pas trop se presser. Du coup tu vas me montrer le chariot, on regarde si ça démarre bien et je fonce au camion pour qu’on perde pas de temps !
Ah ouais ça a plus de gueule quand on est vraiment à l’intérieur. »


Elle venait de finir ses explications tandis qu’elles coupaient à travers les salles d’exposition pour rejoindre la réserve plus rapidement. D’une certaine manière, elles étaient encore plus impressionnante que le musée lui-même : toutes ses grandes étagères supportant plus de pièces qu’elle ne pouvait en compter, les tableaux posés les uns contre les autres, juste protégés par une toile, des caisses entières remplies de fragments d’elle ne savait quoi… Il y avait même des trucs qui ressemblaient à de la mécanique et elle se fit violence pour ne pas fouiller dedans.
Finalement elles trouvèrent le droïde. La machine était posé sur son socle, comme prévu. Même ainsi inerte, avec sa carcasse de métal qui exhibait le poids des années et des batailles malgré les bons soins prodigués par le musée, elle était particulièrement impressionnante. Massive, dégageant une impression presque animale on aurait pu la croire prête à bondir.

« Woah… trop ouf. »

Elle s’arrêta quelques secondes avant de se rappeler ses propres indications sur la vitesse et de rattraper Fúm qui avait rejoint un chariot antigrav. La machine démarra sans trop se faire prier et elles l’amenèrent jusqu’au bord du socle du droïde, auquel elle s’arrima pour l’alimenter.

« Bon, maintenant je pense que tu arriveras à le guider jusqu’à la porte, je t’y retrouve avec le camion au plus vite.
Et si les flics se pointent, essaie de cacher tes oreilles. »


Elle ne se donna pas la peine d’expliquer pourquoi, cela lui semblait évident. Elle planta un baiser au coin des lèvres de Fúm avant de repartir en petite foulée par où elles étaient arrivées. Rapidement, elle quitta le musée et repartit à travers les rues mais elle s’arrêta bien vite de courir, rouge et épuisée. Peut-être qu’elle n’aurait pus du prendre autant de bordel avec elle.
Elle hésita à emprunter l’une des voitures garées dans la rue mais le temps qu’elle passe les sécurités ça allait lui prendre autant de temps que de se rendre au camion. Allez, encore quelques dizaines de mètres. Bordel, la prochaine fois elle penserait à regarder la topographie, elle ne s’était pas rendue compte que cette pente était si prononcée !
Enfin, elle arriva auprès de l’engin, ouvrit la porte et s’y engouffra, bazardant tout son bardas sur le siège passager tandis qu’elle prenait place derrière le volant, allumait le moteur et commençait à faire sa manœuvre pour se dégager de sa place et reprendre la route. Sur le trajet, elle enfila sommairement un manteau et une casquette semblables à ceux que portaient les éboueurs. Un noctambule solitaire, appuyé contre un mur après avoir lâché une galette sur le pavé, la regarda passer tandis qu’elle s’habillait, un sourcil haussé.

Elle arriva au niveau de la cabane qui surveillait la barrière, dans laquelle se trouvait une togruta qui avait l’air de s’ennuyer ferme. Elle accueillit presque avec joie son arrivée, bien qu’elle semblait clairement surprise de voir un camion comme le sien s’avancer. Jezaïl stoppa l’engin au niveau de la guérite et abaissa sa fenêtre. Elle lança de sous sa casquette, essayant d’avoir l’air aussi assurée que possible :

« Bonjour. Je viens récupérer des encombrants pour le musée.
- Ah d’accord, je me demandais ce que vous faisiez là si tôt. Vous avez votre carte ?
- Ouais, bien sûr, je vous trouve ça tout de suite. »

Elle attrapa son assortiment de sacoches sur le siège passager et en sortit ce qu’on lui demandait. Elle la tendit à la togruta qui l’attrapa et la passa dans le lecteur. Jezaïl n’accordait à la procédure qu’un regard distrait, jusqu’à ce qu’elle voit que l’écran affichait le visage d’un humain âgé.

« Mais c’est la carte du directeur-adjoint, pourquoi est-ce que vous... »

Merde, ce n'était pas une carte pour les visiteurs. Cet abruti de directeur-adjoint avait du la paumer un jour et on l'avait rangé au poste de sécurité en attendant qu'il la récupère. Putain !
L’esprit de Jezaïl paniqua et elle agit à l’instinct. Enfonçant les pédales elle fit vrombir le moteur, dégaina son pistolet blaster qu’elle braqua sur la togruta à travers la fenêtre. Celle-ci eut l’air surprise mais n’eut pas le temps de crier avant que les projectiles de plasma ne traverse la maigre épaisseur de verre et la percutent dans le corps. Elle s’effondra sans vie et Jezaïl arrêta les moteurs qui se calmèrent aussitôt. Elle passa avec précipitation son pistolet à la ceinture avant de descendre du camion et de se diriger vers la guérite en jetant des coups d’oeils tout autour d’elle. Personne ne hurlait à une fenêtre, il n’y avait eu que quelques lumières d’allumées et un ou deux visages fatigués qui lançaient un regard pour voir ce qui se passait.
Avant qu’on ne la remarque Jezaïl s’approcha de la togruta. Elle ignora les plaies béantes sur le torse et l’odeur de chair brûlée et s’employa à redresser le corps. Heureusement la guérite était trop petite pour qu’elle se soit complètement effondrée, ce qui lui facilita la tâche pour la reposer sur sa chaise, l’air vaguement vivante. Puis elle enfonça le bouton d’ouverture de la barrière et remonta dans son véhicule auquel elle fit franchir le portail, tout en jetant son arme de côté. Il n’y avait plus qu’à espérer que personne ne vienne avant qu’elles ne repartent.

Elle venait de se garer en marche arrière de la porte derrière laquelle, si tout allait bien, se trouvait Fúm et commençait à descendre de la cabine quand un type fit irruption dans la lumière de ses phares. Il était plus âgé que la togruta, portait la même tenue de surveillant du parking et s’approchait en se protégeant de la lumière avec son bras levé. Il l’interpela aussitôt :

« Hey, c’était vous le boucan de tout à l’heure ? Il a un problème votre camion ? »

Elle se figea, considéra un instant l’arme un peu trop loin. Ce comportement mit la puce à l’oreille du gardien qui se tendit aussitôt et remarqua la tenue hautement inhabituel de la rouquine sous son épaisse veste d’éboueur. La main qui ne le protégeait pas de la lumière des phares descendit doucement vers le blaster paralysant à son côté.

« Vous êtes qui d’abord ? Descendez de ce camion ! »

Elle ne réfléchit pas plus longtemps et décrocha d’un coup sec une boule métallique d’une de ses sangles qui traînait à portée de main avant de la balancer aux pieds du gardien et s’abriter derrière la porte ouverte du camion. L’homme eut le temps de sortir son arme et de viser avant que l’engin ne percute le sol. Il y eut comme un boom très étouffé et l’homme vola sur plusieurs mètres en arrière et s’écrasa au sol. L’onde de choc repoussa aussi violemment la portière du camion qui percuta Jezaïl et la sonna un peu mais rien de plus. Elle jeta un coup d’œil à l’homme au sol, qui ne bougeait plus et tendit la main pour attraper son arme et ses sangles et sacoches qu’elle s’empressa d’enfiler sous son manteau tout en s’approchant. Elle constata qu’il n’avait pas de blessures visibles et semblait à peine conscient. Elle régla le blaster en mode paralysant, lui tira dessus à deux reprises pour être sûre qu’il ne se relèverait pas au mauvais moment et repassa le blaster en mode létal.
Puis elle entreprit, à grand peine de tirer l’homme inconscient en dehors de la lumière des phares pour l’abandonner entre une poubelle et un genre de local en béton qui devait servir à stocker un quelconque matériel d’entretien.
Elle souffla un grand coup et, tout en s’approchant de la porte à marchandises, contacta Fúm sur son comlink :

« C’est bon, je suis en place. T’es prête de ton côté ? »
Fúm Ellar
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Putain, j’ai le cœur qui essaie de faire sauter chacune de mes côtes. J’ai jamais eu une pression pareil. On s’fait pincer, on bouge plus de ce putain de caillou avant les dix prochaines années. Un braquage de cette ampleur. Mais quelle idée j’ai eu ?! Mais quelle putain d’idée de débile ! Et en même temps, l’adrénaline. J’ai jamais eu l’sentiment d’être aussi vivante que maintenant. A prendre tous ces risques de cinglés, à avoir monter une cathédrale de magouille et à espérer, au moment de poser la dernière foutue pierre de l’ensemble, que l’ogive ne s’mette pas à s’écrouler sur ma gueule. Nous sommes comme des ombres, dans les ruelles, nous coulant de noir en noir. Mes oreilles sont totalement rabattues, planquées dans la capuche de mon long manteau que j’ai prévu pour l’occasion. Un truc qui se fond dans la nuit, pas vraiment mon style, mais dont la capuche n’a aucun mal à faire fuir ma frimousse et donc l’intérieur est truffé de poche et surtout, cache aisément les deux bébés que j’ai ramené avec moi, au cas où.

Alors qu’on s’apprête à entrer, j’ai mon ventre qui s’tord, d’un coup. Ouais, j’sens les bébés, là, le long de mes côtes. Et si les pilules ont pas marché ? Et si j’dois tirer sur Hen ? Ouais, tout va bien, ces saloperies peuvent dessouder mais aussi simplement paralyser. J’vais pas m’faire prier pour l’allonger, s’il le faut. Et puis merde. La famille avant tout. Et faut bien que je me fasse un nom. Et puis, et puis, et puis… Merde. Arrête de t’inventer philosophe conne comme tu es. Allez, bouge-toi l’cul. T’as fait un putain d’boulot d’assassin l’autre jour, et là tu fais ta mijaurée pour un vide-greniers ? Merde. Faut qu’tu choisisses une conduite. C’est tout. Les dés sont pipés. T’as essayé combien de fois de faire les choses bien, hein ? Bah non, t’es pas faite pour ça. T’es faites pour l’adrénaline, la bagarre et les jolies filles. Alors merde. Merde. Et vas-y, fonce.

Pendant qu’j’pense tout ça, j’me rends compte qu’on a parcouru… ppppffiioouu… Deux portes dans l’couloir moche d’accès. Et FFF qui constate : « Putain, je voyais ça plus sexy de travailler dans un musée comme ça. – C’est parce qu’on est du côté des locaux techniques, l’plus fun se trouve plus loin. Et ça m’a pas empêché de bousculer quelques armoires, par-ci, par-là si tu vois ce que je veux dire… » Ouuuuaaaiiiss… Y a des souvenirs dans le local d’entretien. Z’en ont vu des horreurs, les balais à franges, j’vous l’dis ! Ah… ah… ah ! C’que j’peux être beauffe comme lapine.

🥕

« Bon, maintenant je pense que tu arriveras à le guider jusqu’à la porte, je t’y retrouve avec le camion au plus vite.
Et si les flics se pointent, essaie de cacher tes oreilles. »
Je lui souris, toute mignonne, et je cache ma frimousse au fond de ma capuche pour lui montrer comme j’écoute bien. Elle pique le coin de mes lèvres d’un baiser et v’là qu’elle se sauve. L’adrénaline à plein, j’aurais envie de lui sauter dessus pour lui rendre au milliard près son cadeau. J’la r’garde s’éloigner, et quand elle disparaît, j’me retourne vers l’énorme bazar que je suis censé m’trimballer à travers tout l’bâtiment. Bordel ! Heureusement que c’est l’antigrav qui fait tout l’putain d’boulot. J’galère de ouf, en vrai. Dès que le machin, j’arrive à le mettre un peu en branle, après c’est tout un bordel pour éviter qu’il n’aille taper dans chaque mur, chaque chambranle de porte, chaque tableau. J’pensais qu’c’était pour faire genre, qu’ils donnaient des formations aux gars, mah là, j’viens d’me rendre compte que c’est un putain de vrai métier. J’arrive à l’ascenseur, PONG, c’est bon, j’viens d’atteindre le fond avec mon chargement. J’utilise le badge de service et l’tout m’descend au niveau des quais de chargement.

Le couloir est INNNNTTEEERRMMIINNAAABBLLLEEE et quel bordel de putain d’enfers ! Y a des merdes tous les cinq mètres, mais bon sang, ils peuvent pas ranger leurs putains d’outils ! J’ai jamais vu un tel foutoir ! Alors que j’ai à peine fait la moitié du chemin, je jette un œil en arrière, vers les deux seaux, le droïde inactif et la boite de trucs qui auront été mes obstacles. Bande d’enfoirés. J’leur tire la langue et je reprends ma route en trainant, toujours, le même fardeau. Toujours… « C’est bon, je suis en place. T’es prête de ton côté ? Je râle en allant chercher mon comlink, savamment planqué dans ma manche, et réponds : – Minute papillon… RRAAAAAHHHH ! Putain de merde, tu vas te traîner plus vite ! J’ai l’impression d’avoir un putain d’pachyderme collé au cul ! J’EEENN AAaaaiiIIiI mMMaaAaarrreeeeuuuhhhhh ! Ouvre la porte, bordel… J’suis là dans CCCIINNNNQQQ PPPUUTTAIINN DE MMINNUUTTEUUUUUHHH ! » Je crie pas de colère sur FFF, mais j’peux pas m’empêcher de parler le cachalot-Lepi agacé… J’suis pas faite pour les tâches de manutention consistant principalement à trimballer un putain de six tonnes sur des mmmmmiiilliierrsss de mètres !

🥕

La porte du garage est grande ouverte, notre super camion furtif présente son énorme cul pour que j’y fourre mon précieux chargement, et FFF me regarde galérer avec un grand sourire. Si notre camion poubelle avait encore un compacteur, j’l’aurais jeté dedans ! T'as pas envie d'venir m'aider à guider mon engin plutôt que de me mâter, Pupuce ? J’dois avoir la truffe assez agacée, elle obtempère direct. – J’ai vraiment le choix ? – Tout dépend si tu veux de nouveau, un jour, retoucher mon corps de rêve. Je vais me mettre derrière, pour pousser, pendant que ma complice guide, elle est clairement plus douée pour ça que moi. Tout s'est passé comme prévu ? Le silence est retentissant avant que ne vienne le timide, – A peu près. Mon sixième sens de la Force me dit qu’on m’dit pas tout et j’suis pas d’humeur. J’la sens pas, la suite. – C’est-à-dire ? – La carte était pas bonne. Du coup, j’ai improvisé. Et faudrait mieux qu’on traine pas. – On est dans la merde comment ? Une morte ? Qui… Non, j’veux pas savoir. T’as pris ta putain de décision et… RRRRAAHHHH… Mordre, mordre, mordre, mordre, mordre pour pas explossseeerrrrr gtgrremememphph. Inspirer… Expirer… Inspirer… Exppiiiiirrreeeerrrrrrr.

« Non, on va pas pouvoir rester, Pupuce. Avec un macchabé, on va avoir la putain de moitié des flics de la planète sur le coup. Même si j’exagère, clairement, faut pas rester là. Ils vont sortir du lourd, et toutes les précautions qu’on a prise suffiront pas. On s’taille ce soir, on récupère viteuf nos affaires, et on prend tout l’monde de vitesse. On s’ra certainement suspecte, peut-être même recherchée et clairement, faudra pas r’mettre les pieds ici avant des années, mais ça vaut mieux que de risquer d’se faire gauler pour meurtre, putain… » Le juron m’a échappé, j’avoue… Mais j’comprends pas qu’son premier réflexe ça n’a pas été d’mettre ces armes en pas létal. On savait qu’fallait faire dans un peu de dentelles, bordel… Elle a pas déversé des rivières de sang, mais Lazu a été super clair, un mort, c’était déjà trop pour être safe, faut qu’on décarre. Vite.

Le bébé est dans le panier, je me répète, le bébé est dans le panier. On décolle. Alors qu’on s’éloigne du musée, j’ai l’sentiment qu’il faut que je regarde derrière et j’jette un œil. Je pose une main sur la cuisse de notre pilote, je crispe. « Pupuce, active, j’suis à peu près sûre d’avoir aperçu la lumière des gyrophares. Sont devant, ils mettront du temps à entrer à trouver Hen, faut espérer. On a putain de plus le temps, alors go. » Heureusement, on a vu l’coup v’nir. Nos affaires sont dans énorme casier sécurisé loué sur l’quai d’une aérogare, sur la route. Tic, tac, tic, tac. J’ai déjà le sentiment d’être en r’tard, en r’tard, en r’tard.
Jezaïl
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Jezaïl n’était pas convaincue par les explications de Fúm : peut-être était-ce de la déformation professionnelle, mais elle avait l’habitude que l’on accorde beaucoup plus de valeur à une marchandise rare qu’à une vie humaine et elle ne voyait pas en quoi la mort d’une pauvre agent de sécurité changeait tellement la donne.
Mais elle n’était pas du genre à argumenter. Du genre à camper sur ses positions comme une abrutie, oui, mais quand elle demandait un avis c’était pour l’écouter. Elles feraient donc comme Fúm le voudrait, de toutes façons elles avaient prévu le coup. Et puis ne pas être coincée dans un hangar pendant trois semaines lui plaisir bien comme plan, même si ça voulait dire qu’elle aurait moins de temps pour faire des scanners de la machine. Fúm allait devoir supporter un jeun de caresses ou accepter de prendre beaucoup de temps pour rejoindre le client. Idéalement les deux mais elle était à peu près sûre qu’elle n’obtiendrait jamais gain de cause à ce point.

« Bon bah on va devoir tracer hein. »

Elles ne pouvaient pas prendre l’avenue principale jusqu’à l’astroport car ce serait le premier endroit à accueillir des speeders de police et qu’un camion poubelle dessus serait aussi discret qu’un wookie dans un rassemblement de jawa. Mais l’itinéraire prévu à l’origine ne marcherait pas non plus : trop long, il y avait de gros risques qu’elles arrivent à l’astroport après qu’il soit bouclé – une des premières mesures que prendraient les autorités si elles étaient un minimum compétentes. Bon l’avantage pour elle c’est qu’Ondéron n’était pas exactement un trou paumé de seconde zone et que l’on ne bloquait pas l’astroport si facilement, il y aurait du temps entre le moment où les premières nouvelles arriveraient à la sécurité de celui-ci et le moment où elles auraient effectivement mis en place les contrôles et les blocages.
Il allait falloir trouver un chemin de traverse. Heureusement que les habitudes de faire de la passe ne se perdaient jamais complètement, elle avait regardé les plans de la ville en cherchant des routes alternatives. L’une de celle qu’elle avait repéré passait par les quartiers résidentiels chics avant de rejoindre la voie rapide extérieur qui menait à l’aéroport – et sur laquelle une sortie permettait d’atteindre l’aérogare où elles avaient laissé leurs affaires.
Certes passer à toute blinde dans un camion benne en plein milieu des quartiers bourgeois allait en réveiller quelques uns qui ne manqueraient pas d’appeler les flics ou directement leur bon ami au conseil municipal pour se plaindre, mais le quartier était suffisamment loin du musée. Comme normalement les forces de l’ordre n’avaient aucune idée que c’était un camion comme le leur qui avait été utilisé pour voler le droïde – le seul témoin ne se réveillerait pas de sitôt vu ce qu’elle lui avait mis dans la tronche – ils ne feraient pas le rapprochement tout de suite. En tout cas, c’était sûrement leur meilleure chance.

Dans ce genre de circonstances, tout l’art reposait sur l’équilibre entre vitesse et discrétion pour échapper . C’est pour ça que Jezaïl adopta dans un premier temps une allure presque modéré et surtout veillait à ce que sa conduite ne provoque pas d’autre nuisances que sonores qui auraient pu attirer l’attention des forces de l’ordre si on venait à leur rapporter.
Puis, à mesure qu’elles s’éloignaient du musée et se rapprochaient de l’astroport, que s’amenuisaient donc leurs chance d’être rattrapées par la police mais que dans le même temps se fermait de plus en plus la fenêtre disponible avant que le spatioport soit bouclé, elle allait de plus en plus vite, conduisait d’une façon de plus en plus brutale et décomplexé mais bien sur toujours dans la parfaite maîtrise de son véhicule, si tant est que l’on considérait que déraper sur toute la largeur d’une avenue, massacrant au passage les plates-bandes du terre-plein central, pour négocier son virage témoignait d’une certaine maîtrise.
Il y eut donc un certain nombre de voitures rayées, de mobilier urbain renversé ou arraché et plusieurs conducteurs noctambule eurent la peur de leur vie en voyant un camion manquer les percuter avant qu’elles ne puissent enfin quitter les quartiers résidentiels et s’élancer à pleine vitesse sur la voie rapide.

Il leur fallut quelques minutes pour atteindre la bretelle qui menait à l’aérogare. Jezaïl ralentit l’allure pour éviter que leur signalement soit retransmis, espérant que le passage sur la voie rapide, loin des témoins, aurait brouillé un peu leur trace. Elle gara le camion assez loin du bâtiment central, dans l’ombre du bâtiment secondaire où étaient installé les casiers. Il n’y avait presque personne, à part quelques surveillants de gare aux yeux fatigués qui ne leur accordèrent qu’un vague regard. Elles descendirent du camion et s’empressèrent de charger leurs sacs dans la cabine de celui-ci.
Fúm venait de balancer son dernier sac sur la banquette quand Jezaïl remarqua quelque chose et lui tapota l’épaule pour avoir son attention. Quand la lepi se tourna vers elle, la rouquine pointa du doigt une motojet garée non loin, dont le propriétaire n’était pas visible.

« Tu sais piloter cet engin ?
- J'ai mon permis, comme tout le monde, mah j'suis pas une pilote. J'ai bien un p'tit talent à la Jedi…
- Ça fera l'affaire, tu devrais pas avoir te mal à aller plus vite que notre camion, même quand c'est moi qui le pilote. Fonces à l'astroport, si tu y arrives avant que ça soit bloqué par les flics rejoins le Cassius et fais-le chauffer, sinon tu te barres et tu me préviens. On se rabattra sur le plan de base, en espérant que ça puisse passer.
Je te la démarre ?

- Dans la mesure où j'ai pas la clef, y a que tes doigts de fée pour la démarrer. »

Jezaïl eut un grand sourire en dégainant un petit chalumeau. En même pas deux minutes la motojet démarrait avec un ronronnement et Fúm s’installa dessus.

« Allez, fonce ! »

Elle illustra son propos d’une claque sur les fesses et sauta en arrière en ricanant pour éviter la réplique. Elle sentit quand même un claquement au niveau de son fessier et laissa échapper un petit cri.

« Tricheuse ! »

Lança-t-elle en rigolant à Fúm tandis que celle-ci démarrait et s’éloignait déjà. Puis elle remonta dans le camion précipitamment, mit le contact et s’engagea bientôt sur la voie rapide, en direction du spatioport à une allure un peu plus modérée qu’avant, attendant d’avoir des nouvelles de sa partenaire sur la situation là-bas.
Fúm Ellar
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Le droïde casse-boulon de l’entrée – #DBFCE5
Les pas drôles de la tour de contrôle - #FCEFCB


Elle discute pas ma décision. J’sais pas trop pourquoi, d’ailleurs, de base, j’m’attends toujours à ce qu’on m’dise que j’raconte des conneries mais là, elles se contente d’être docile et d’gérer notre fuite. C’est son job. Et j’crois bien qu’elle le gère d’une main de maître. Elle prend des rues et d’autres, slalomant, écrasant parfois la pédale pour faire rugir le moteur, filant tel un fantôme au ralenti à d’autres moments. Elle a longtemps étudié le plan de la ville, et je lui fais une absolue confiance pour savoir jauger le risque. Bon… J’dis ça, et en même temps, c’est la nana qu’a oublié d’mettre les paralysants sur ces putains d’flingues qui conduit… M’enfin, c’tout, c’est comme ça, toute façon, j’saurais pas faire, alors… On s’est éloigné du musée. Je consulte l’heure. Okay… Treize minutes depuis que nous sommes parties et, à vrai dire, aucun signe d’un quelconque dispositif policier pour l’instant. Les flics auraient juste regardé par une fenêtre, constaté zéro trace de quoi que ce soit et seraient repartis ? J’en sais rien. Ça me semble trop beau pour être possible. Enfin, mes impressions, on s’en carre, l’important c’est d’continuer à s’magner l’train. On saute du camion, alors qu’elle l’a garé pas loin d’l’aérogare, et on s’grouille de récupérer nos affaires. On a prévu le coup, ces dernières semaines, et à vrai dire, nous restait plus qu’un sac chacune. On les balance sur la banquette de la benne, les quelques pignoufs qui sont là, quand ils sont pas en train de dormir sur un banc, sont dans un uniforme tout chiffonné à mater des courses sur holoécran plutôt qu’à r’garder c’qu’on fait. Pas d’alerte, encore ? Je tends l’oreille. Nope. Rien. Pas de sirène. Putain… C’t’angoisse ! C’est quand même plus facile la bagarre, là, j’ai l’impression que n’importe quel trou du cul en costume de flic pourrait surgir du fond de la nuit pour nous passer les menottes. Alors que j’m’apprête à grimper dans la cabine, j’sens la petite mimine d’FFF qui me tambourine l’épaule. Elle a eu une idée. J’ai trouvé son idée grave cool. Et cette façon qu’elle a eu de me motiver…

🥕

Le moteur gueule, j’ai les yeux qui pleurent sous le vent, ma capuche tient comme par un genre de miracle de l’aérodynamisme que je comprends pas, et m’voilà bien vite à prendre une large distance d’avec la benne. Avec le camion, on avait calculé, entre l’aérogare et l’astroport industriel dans lequel on a garé l’Cassius y a des s’maines de ça, faut compter vingt minutes, au moins, au rythme d’asthmatique du bordel trafiqué. Du coup, j’dois préparer le terrain. A l’heure à laquelle je débarque au niveau de l’entrée la plus proche de notre quai, y a plus grand monde qui taffe. Au milieu de la nuit, pour être totalement honnête, en fait, c’est surtout des droïdes qui vont et qui viennent. Les organiques, ils ont la présence d’esprit d’dormir, quand l’soleil est pas encore levé. Enfin, presque tous. Alors que je veux passer discrètement l’poste de sécurité, j’me retrouve coincé par un champ de force. Et à côté de champ de force, un droïde dans une cabine à la con. J’m’approche. Genre, normal, j’ai tout à fait le droit d’être là. Et alors que je me présente devant l’entrée énergétiquement fermée, l’truc s’met à baragouiner : « Bonsoir citoyen. Disposez-vous des autorisations d’accès aux quais ? Euh… Ouais… Logiquement… J’tapote dans les poches de ma veste. Putain… Où est-ce que j’ai pu foutre… Raaaahhhh ! Le manège dure deux/trois minutes et finalement, dans la doublure, j’finis par trouver la putain de sa mère de pass. – Voilà, voilà. J’ai mon bébé garé pas loin, j’aimerais aller vérifier… Des trucs. Un petit scanne sort du flanc de la cabine, ça bipe. Le droïde, aussi vif qu’un Hutt ivre empêtré dans du papier tue-mouche, finit par constater de l’évidence : – Tout est en ordre, vous pouvez entrer, bonne soirée. » Le champ se coupe aussitôt, j’peux entrer et j’atteins le Cassius en deux, deux. Là, Lazu m’attend, comme convenu, la soute est grande ouverte – au cas où. « Madame ? Dois-je déduire de votre présence que le départ est avancé ? – Oui, boy. Fais chauffer les moteurs, on arrive d’ici dix minutes. Tu cherches pas à faire dans la finesse, faut qu’on décolle le plus tôt possible. On d’mand’ra les permissions de décoller au dernier moment. – Bien, ma Dame. »

C’est bon… Il va faire le job. J’allume le com’link et j’préviens ma copine : « Pupuce, y a rien à signaler pour l’instant. Tu t’présentes à la porte A38, comme prévue, j’m’occupe de t’faire entrer. »

🥕

Je me suis glissée derrière la cabine de l’autre enfoiré à boulons. J’vois les lumières de la benne à travers le rose délicat du champ énergétique. J’entends la voix d’emmerdeur du droïde commencer à annoncer que notre magnifique véhicule de première classe peut pas pénétrer dans l’enceinte du spatioport sans que son chargement soit scanner pour lui imposer, le cas échéant, les taxes d’usage visant à l’exportation des biens commerciaux et manufacturés dans le cadre de la… Piou piou. C’est le bruit de mon flingue qui vient délicatement de faire sauter la fermeture magnétique de la porte de la cabine. Le droïde se retourne vers moi, avec la magnificence huttesque dont il avait déjà su faire preuve lors de mon précédent passage. Piou piou. C’est ça de réglé. Pas de scan. On aurait pas su faire autrement que d’se faire baiser. C’est pas bien discret, là, mais l’idée c’est d’faire vite. J’m’avance dans la cabine, le panneau de contrôle est pas bien compliqué, j’écrase le bouton vert et la voie s’ouvre. La benne s’avance, j’m’attarde pas, j’grimpe dedans en prenant à peine le temps d’appuyer sur l’bouton pour relever la barrière. J’embrasse ma FFF, tout sourire, et on file jusqu’au Cassius. Elle cherche plus à faire dans la discrétion – j’crois même qu’on a fauché un droïde manutentionné ou deux – et quand on arrive devant la rampe, elle a pas l’idée de freiner : quelques étincelles plus tard, on est dans la soute.

🥕

Les moteurs sont chauds, on commence lentement notre ascension, j’ouvre le canal de communication et demande gentiment, l’air de rien. « Ici le Cassius 775, au quai numéro A38-54, demandons l’autorisation de décoller. – Ici tour de contrôle, vos papiers sont en règle et vos frais ont été réglés, Cassius, autorisation de décoller. Je souffle. Putain… C’est passé. Jez’ se fait pas prier, elle fait gueuler les moteurs, et vite, on prend de l’altitude. On est en pleine pénétration de l’atmosphère lorsque soudain, la console de communication se réanime soudain. – Cassius 775, ici Tour de Contrôle de l’Astroport Industriel d’Iziz, suite à un incident en ville, nous vous donnons l’ordre de faire demi-tour afin de procéder à une vérification d’usage. Votre quai est toujours disponible. Je répète, Cassius 775, faites demi-tour. Et merde… – Tour de conQQcrrreesshshhchrehh, ici CassiqqccSSrrcchhh, pouvez qqrrcchhhhhttt épétez ? Je regarde la jolie rousse qui semble admirer ma maîtrise absolu de l’imitation de la radio qui merde mais la réponse ne tarde pas à arriver. – Cassius, à quoi jouer vous ? La communication est excellente. Faites demi-tour ou vous serez considéré comme suspect et une patrouille sera envoyée pour vous arraisonner. Je répète, faites demi-tour. – P’tain, les gars, vous êtes pas drôles… Quelqu’un a pissé dans votre kawa ? Ici, Cassius, on fait demi-tour, vous faites chier… Je coupe la communication et je regarde ma p’tite pilote avec un grand sourire. – Pupuce, il est temps de réveiller la carcasse du vieux balourd, vas-y, impressionne-moi. » Hilare, j’me lève de mon fauteuil pour passer derrière celui de Jez et j’enlace ma FFF avant avant de poser mon menton sur sa tête. C’était à elle de jouer, maintenant, et à moi de l’admirer faire en la papouillant de ouf pour la stimuler. J’suis comme ça, moi, j’sais gérer le moral de ma troupe.
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