-Mademoiselle Darkan ?

-Appelle-moi Max... attend une seconde. Fit-elle les yeux rivés sur Karm, torse nu. Il est carrément chaud. Mais surtout. Il est gaucher… il a vraiment tout pour lui hein ?... Puis elle se retourna -difficilement- sur ses armes. Ouais donc, désosser, j'sais faire.

Avec une rapidité presque surhumaine, elle démonta chaque partie de l'arme pour n'en laisser qu'un squelette. Le scientifique à ses côtés venait de se rendre compte des deux gugusses qu'ils avaient en leur présence. C'était presque comme si elle faisait la course à un concours de militaire un peu bourré, retirant tous les composants machinalement avant de taper un petit coup sur l'établi pour faire comprendre qu'elle avait fini en 13,26 secondes, loin de son record… 10,78 reste invaincu. Tout était placé sur la table, il n'y avait plus qu'à prendre les mesures ainsi que les composants compatibles au type d'arme. Prenant des notes sur son datapad, il marmonnait, calculait, s'assurait de la fiabilité de ses propos avant de se tourner vers la blondinette.

-Vous aviez bon, la série 3 est excellente… cependant… je pense que la série 4 vous permettra une durabilité bien plus adéquat à votre métier. Les embouts de jonction sont obsolètes aux vues du prototype, vous risquez d'enrailler l'arme au bout d'une vingtaine de tirs, certains modèles républicains dont la manufacture se montrera plus fiable doivent être envisagés, certes, le prix augmentera, mais il faut ce qu'il faut pour créer votre petite merveille. La question reste : quel type de compensateur de tir désirez vous ? Celui que vous avez mis est un compensateur léger, peut-être qu'un lourd serait préférable. Vous pouvez remonter l'arme d'ailleurs, j'ai tout ce qu'il me faut. Pour en revenir au compensateur… là, vous risquez de ne pas pouvoir tenir les deux armes en même temps avec un tel recule.

-C'est vrai qu'un lourd ferait mieux l'affaire, elle se parlait à elle même, même si j'perds en puissance de tir, le recule sera presque inchangé… Ouais, j'pense que t'as raison, un compensateur lourd ferait mieux l'affaire.

Plus le compensateur est lourd, moins les tirs seront puissants, mais le recule sera faible, pour un compensateur léger, c'est l'inverse. Rien à voir avec le poids de l'arme.

-Bien, très bien. J'ai pris note de toutes les pièces, j'aurais peut-être besoin d'une copie des plans, pour être sûr. Elle fronça les sourcils avant de lui lancer un regard suspicieux. Ne vous en faites pas, les plans ne sortirons jamais de ce laboratoire sans votre accord… du moins… peut-être qu'une compensation financière de la part d'EMA pourrait vous faire changer d'avis à l'avenir. Elle haussa les épaules, ce « peut-être » n'avait jamais prit autant de sens que maintenant, mais elle lui transféra une copie. Fantastique, Mademoiselle Yard, l'assistante de Monsieur Raphur, vous enverra un message avec toutes les précisions liées aux pièces, ainsi que la manière dont vous pourrez vous les fournir légalement dès que possible.

Une bonne poigne de main plus tard et un Jedi qui n'était pas nécessairement obligé de se rhabiller plus tard, elles se retrouvaient à leur place dans le speeder, Maxence place conducteur, évidemment. Un rictus malicieux se dessina dans le coin de son visage à la question de son ami.

-Oh… Karm…

Elle se tourna sur son siège pour lui faire face, tendant lentement ses bras, elle lui saisit délicatement chaque côté de sa mâchoire pour diriger son visage dans sa direction, forçant son regard dans le sien. Ses yeux bleus crépitaient d'une flamme libertine -limite nymphomane, ne nous mentons pas- qui ne laisserait pas le cœur d'un homme indifférent… sauf pour lui, visiblement. Elle avait presque envie de lui rouler une pelle pour lui faire comprendre directement ses intentions depuis le début, mais ce n'était pas réellement dans ses intérêts.

-T'es vraiment mon p'tit Jedi naïf préféré… j'veux dire, mon Jedi naïf préféré. Tu pensais vraiment qu'une femme pouvait t'faire des avances, sans avoir un vrai désire derrière ?... Oui ? T'es trop mignon. T'sais, « l'exclusivité », ça fait parti des mots que j'pige pas complètement. J'voyais plus ça comme du sexe amical.

Elle fit glisser ses mains le long de son cou, dérapant sur ses vêtements avant de s'arrêter sur le bas ventre. Puis, elle posa ses paumes soudainement sur le volant. La fidélité offrait toujours une certaine déception amer aux yeux de Maxence. Beaucoup voyaient ça comme un gage de bonne foi et d'humilité, ou on ne sait quels préceptes un peu idiots. Son sourire n'avait pas disparu pour autant, personne ne résistait très longtemps à la plus belle de toutes les mercenaires.

-J'peux pas t'forcer. J'ai beau pas piger l'exclusivité autant qu'la fidélité… elle haussa les épaules, si tu veux pas, tu veux pas. Parce que sinon les enfants, ça s'appelle de l'abus sexuel et/ou du viol et c'est mal. Par contre ça m'empêchera pas d'te mater, ni d'te faire des sous-entendus. Bien évidemment, le harcèlement, là, aucun problème. Ah, et… si un jour tu changes d'avis sur… « ton mec exclusif », elle se désigna de la tête aux pieds, j'suis toute à toi.

Maxence avait beau pouvoir se venter d'un nombre de conquêtes qu'on comptaient sur les doigts d'un graphique exponentiel, elle n'en restait pas moins sous le joug du consentement. Elle démarra le moteur.

-J'voulais pas t'mettre dans l'embarras. Pas pour le coup d'l'astiquage de manche, ça, c'tait marrant. Mais pour la salle de réunion… en fait mon but c'était plutôt de t'exciter. Fit-elle tentant de lancer un regard complice. J'ai jamais pigé comment les gens pouvaient, genre, « tomber amoureux ». J'suppose que c'est une espèce de protection instinctive chez moi. Vu qu'tout l'monde essaye de m'buter, le mieux c'est d'pas avoir de points d'pressions. Elle l'avait simplement affirmer sans en être triste, elle aimait ça. 'fin bref, promis, j'arrête d'essayer d'te baiser… sans qu'tu sois d'accord.

Alors en route pour le ministère de l’intérieur pour rencontrer le directeur général machin, serrer la main de la préfète de truc et ce genre de choses.

Parlant de question de culture, elle avait du mal à concevoir la façon de concevoir les relations amoureuses comme le proposer Karm. Cette idée de polygamie ne lui était pas vraiment inconnu, après tout, quand il s'agissait de s'envoyer en l'air avec plusieurs personnes, Maxence connaissait le nominatif correspondant, mais la question de sa culture et de son éducation prenait une place conséquente dans sa conception du monde. Dans les bas-fonds, il y avait des maris/femmes qui trompaient leur conjoint•e dans tous les sens, recroquevillé dans un district où les tensions restaient, de ce fait, omniprésentes entre les familles… ça, sans compter que les sexualités considérées comme dissidentes n'y étaient pas les bienvenue. À cause de cette prétendue éducation, elle prenait toujours la polygamie un peu comme une blague, ou un truc de la haute société et des riches mégalomanes en manque de réelles attentions. Ça la faisait rire quoi… peut-être qu'elle devait s'intéresser un peu plus à la culture Ark-Ni, elle s'ouvrirait de belles portes dans un futur lointain, très lointain.

Certes, elle aurait pu en vouloir à son mec de préférer le garder pour lui, sans faire partager à la blondinette -dit comme ça c'est bizarre, je le conçois-, après tout, si Karm voulait voir ailleurs c'était son choix, peut-être, elle n'y pigeait rien à l'amour. Au final, elle était simplement contente qu'il ait quelqu'un qui tienne à lui en plus de privilégier son affection, si son ami était heureux avec la relation qu'ils avaient construit, alors elle l'était pour lui… ça restait de la fidélité avec un petit goût amer au fond de la bouche, mais c'était de la fidélité.

-Grave ? Chais pas, comme tu l'dis, certaines personnes flippent un max de s'imaginer mourir sans avoir trouve l'grand amour, mais moi j'm'en tape complètement… pour l'instant, j'suppose. Du moment qu'j'me fais allonger, franchement, j'ai pas vraiment envie. J'veux dire, ouais, t'as raison, si un jour ça m'arrive, bah tant mieux, si ça m'arrive pas, bah j'en ai rien à foutre. J'dirais pas qu't'as toujours les mots justes, mais j'dirais qu't'as toujours les mots.

Il restait la première personne -vivante, ignorons donc cette IA stupide qu'elle se trimballait- à qui elle pouvait simplement s'ouvrir sans détours glissants, passant par on ne sait quelles métaphores et comparaisons qu'elle ne maîtrisait pas pour obtenir une réponse qui lui tenait à cœur. La blondinette se rendait compte qu'elle avait bien trop passé son temps à chercher ses réponses pseudo-existentielles sur l'holonet, dire quelque chose d'aussi simple que le fait qu'elle n'arrivait juste pas à s'attacher suffisamment sur le plan sentimental pour créer une relation amoureuse de longue durée comme Karm arrivait à faire lui faisait du bien. Non pas que les réponses obtenues étaient des plus objectives sur beaucoup de points avec quelques hasardeuses phrases dont la conception laissait à réflexion malgré le cœur qu'il y était porté, dans tous les cas, elle était contente.

Elle eut un indistinct mouvement de recule, pas face au baisé, ça, elle l'a accueillit sans rechigner, mais avant, cette réflexion, un petit rien qui faisait pas grand chose, la touchant droit au cœur. Maxence se l'admettait, c'était ringard et franchement de mauvais goût et pourtant, ça faisait très longtemps qu'on ne lui offrit pas un compliment comme celui-là, au-delà de ceux portés sur ses qualités à donner de l'attention sur le plan intimement charnel.

-Je... euh ? Ouais. J'suis la meilleure. J'sais. 'videmment. Puis elle enchaîna d'un air sarcastiquement détaché. J'ai pas besoin d'te retourner l'compliment, Karm. Si t'es mon pote, c'est qu'y'a une raison.

Grand sourire aux lèvres après ce petit baisé amical -sur la joue, sans sous-entendus directs, complètement platonique et tout le tralala- ses yeux avaient suivi le fessier de l'Ark-Ni rentrer dans le ministère pour se retrouver hors de vue. La blondinette ne mentait pas, être son ami n'était pas du ressors de tout le monde, la preuve, techniquement, un vrai ami, elle n'avait que lui, ce qui la rendait très fière. Un petit soupir précocement nostalgique lui échappa, pensive, ce Jedi avait définitivement un truc que personne ne pouvait avoir… enfin deux en comptant son atout biologique qu'il portait plutôt visiblement.

-Mon Jedi préféré…

Maintenant elle avait une bande d'attardés incontrôlables à prévenir, un second soupir lui échappa, un peu comme une cheffe exténuée d'avoir de tels idiots à ses côtés. Finalement, elle se redressa sur son fauteuil avant d'observer tous les recoins du véhicule gentiment laissé par son ami. Petit coup d'œil à gauche, un autre à droite, un derrière : personne pour la surveiller, elle resserra ses mains sur le volant.

-Je crois qu'j'vais faire des bêtises. Éos, envoie un message à Mademoiselle Yard.