Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
Second Semestre de l’Année 21.575 • Dans les jardins de l'institut de recherches de Kholma.


Ma tête repose contre l’écorce d’un arbre, au sommet d’une colline. Des souvenirs. Lointains. D’une colère oubliée. Jadis ? Non. Naguère. Le souvenir est encore vivace. Je le sais. Nous en avons parlé. La défiance, dans ses yeux, parfois. Il parle la langue des signes aussi bien que moi. Lui, comme moi, nous savons ces légères crispations qui peuvent en dire long. J’ai appris. Mûri ? Entre mes doigts, j’égraine les billes de mon komboloï. Lui aussi a changé. Je m’arrête un instant sur l’étrange douceur de l’émail. Taris. Une dent. Pour me rappeler. J’ai poli, longuement, percé, puis remplacé le bois impersonnel par ce souvenir de l’enfer. Fructueux, cet enfer. Les choses vont. J’ignore toutes celles qui vont, mais elles vont. Et moi ?

Le tour est fait, le temps, transformé en perle, reboucle, et le cramoisie. Elle veut me parler. Je pourrais partir. Je serais partie, autrefois. Désormais, je sais me retenir. Yuthura. Mon mentor par-delà les âges. Quand saurais-je vous rejoindre selon mon désir ? Cela, je ne le sais encore. De fait, j’avance moi-même ? Je poursuis mon chemin ? Mais que suis-je ? Que suis-je devenue ? Une dame de cour. L’Apprentie. Parfois, une compagne pour Idès. Je souris. Oui, parfois. La chaleur est difficile à trouver sur Korriban et il est des flammes auxquelles j’aime me brûler. Des choses arrivent.

Le soleil taquine le zénith. Il est en retard, le Docteur. Trente minutes, peut-être. Il est difficile de juger à l’aune des soleils étrangers. Je sais le moment important. M’a-t-il tout à fait oubliée ? Je ne l’ignore. Il n’a jamais manqué nos séances. Trois ont précédées celles-ci. Trois rencontres. Nous avons échangé, longuement. Comment expliquer la couleur à un aveugle ? Nous avons erré dans des méandres de métaphores, longuement. Du temps perdu. J’ai abandonné l’idée. Puisqu’il ne pouvait pas voir, alors il ne servait à rien de lui dépeindre les choses. J’ai changé de pas de danse, de forme de penser. Puisqu’il ne pouvait monter à moi, je descendrai à lui. Il m’a demandé de lui apprendre à se fermer, je le ferai, mais non selon mes codes, selon les siens. De la même façon que le fils de la Dame m’apprends à me fondre dans les mondes ordinaires, j’ai dû réfléchir à l’ordinaire pour le former. Avec lui, j’ai appris à être une femme ordinaire. Non plus en acte, en pensée.

Un oiseau passe, glisse sur le vent, une mèche de cheveux s’échappe et prend ses aises sur mon front. Le zéphire joue aussi dans ma robe. Je frissonne. Sur Korriban, tout est toujours si aride. J’en oublie que le reste de la galaxie n’est pas étouffante. Nous étions convenus d’un repas, avant notre séance. Je ne me voyais pas venir dans ma simplicité habituelle. Pourquoi cette fantaisie ? La question se pose. Qui suis-je ? La Dame a su me rendre belle. Du moins ai-je de nouveau appris, à ses côtés, la beauté dans la sobriété. L’élégance dans une simplicité que les bordels de mon enfance ne m’avaient pas laissée en héritage. J’ai presque le sentiment d’être une jeune femme attendant son promis pour un rendez-vous.

Quarante minutes peut-être ? Il surgit enfin. A force d’attendre, je suis frigorifiée. Il n’a pas de mal à me trouver, monte vers moi. Tout son corps dit son excitation contenue. J’ignore quelle est la cause de son retard, mais elle est encore tout entière aux prises avec son esprit. Mes mains glacées, engourdies, s’activent avec une étrange raideur. Il ne manquera pas de constater que mon attente s’est prolongée.

« Docteur ! Je ne vous espérais plus. Vous ne serez pardonné qu’à condition de me raconter ce qui vous aura si longtemps retenu. »

Une femme ordinaire…
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0
- Peine ! Ils viennent ces résultats ?
- Bientôt docteur…


Mes yeux étaient rivés sur l’hologramme représentant un brin d’ADN tournoyant sur lui-même. J’attendais que les prélèvements effectués par Panique sur les rats qui me servaient de cobayes, soient enfin analysés par Peine. Le tapotement de mes doigts sur le plan de travail trahissait mon agacement naissant.

Panique tenta une parole :

- Au fait Docteur, n’aviez…

-…Pas maintenant ! le coupais-je sans le moindre scrupule
- Mais…vous deviez…

- Silence ! Sinon je te jure que tu finiras en pièces détachées ! fis-je rageusement en pointant un doigt menaçant sur lui. Certes il y avait peu de chance que mes propos deviennent réalités, mais c’était un risque qu’il n’était pas prêt à courir.

Il fallut attendre encore de longues minutes avant que les résultats ne tombent…Mes yeux scrutaient l’hologramme représentant une molécule du Virus R. qui se retrouvait attaquée par les cellules du vaccin. Un spectacle des plus somptueux. Je saisis le datapad des mains de Peine et procédai aux vérifications moi-même…Mais je devais me rendre à l’évidence…

- Ça a fonctionné…murmurai-je les yeux grands comme des soucoupes.
- Oui, répondit Peine
- Il nous faut prévenir le Seigneur Ganys…
- Mais nous n’en sommes qu’aux essais cliniques…Il nous faut plus de temps.
- N’aviez-vous pas un rendez-vous ? Repris Panique.

Sans même lui accorder un regard, je demandais avec dédain :

- Mais de quoi est-ce que tu…soudain la mémoire me revint…et je me redressai, prononçant un seul nom : He’Thu…C’était aujourd’hui ? Fis-je à l’attention de Panique. Il hocha positivement du chef. Il dut à la seconde suivante éviter un haricot médical qui vola dans sa direction : j’ai rendez-vous et toi tu ne me préviens pas !! pestais-je avec force.
- Mais…j’ai essayé mais…Vous avez trente minutes de retard.

- Trente...Espèce de damné droide ! Eructais-je, je voulus jeter à nouveau un ustensile me tombant sous la main, mais un feu démoniaque embrasa mes poumons dans l’instant. Mon reflexe fut de poser une main sur ma cage thoracique et quelques secondes plus tard je fus pris d’une violente quinte de toux que je dus apaiser en prenant une dose conséquente de mon traitement.

Mes assistants avaient tenté une approche mais d’un geste vif je leur fis signe de me laisser. Le temps de reprendre mon souffle et j’ordonnai :

- Peine, je veux que les analyses soient retranscrites dans les moindres détails. Panique, continue les prélèvements et prépare les prochaines doses pour l’étape suivante. Je vous rejoindrai plus tard et nous achèverons les tests cliniques.

Je quittais le laboratoire, et gagnais mes appartements qui se trouvaient juste à côté. Une commodité dont m’avaient gratifié les Siths qui m’employaient. Je ne pouvais me présenter devant la demoiselle sans faire un minimum de toilette. Je changeai de tenue, passant un costume propre et abandonnant ma blouse imprégnée d’effluves caractéristiques de laborantin.

En retard. Je n’aimais guère cela. Mais c’était pour la bonne cause. Je sortais du complexe en quête de la jeune Kiffar qui m’attendait sans nul doute depuis un bon moment. Pour une fois le climet de Kohlma se trouvait plus clément et les orages incessants avaient fini par céder la place à un soleil radieux et une brise légère. Cherchant la jeune femme du regard, je terminais de nouer mes longs cheveux, laissant pendre quelques mèches poivre et sel rebelles qui vinrent encadrer mon visage fatigué en ondulant. Je n’eus pas de mal à la repérer. Là-haut sur cette colline. Je fonçais les sourcils, un souvenir déplaisant se rappela à mon esprit, me faisant grimacer. Depuis cet incident je me méfiais d’elle, à juste titre. A présent, je daignais lui accorder une confiance des plus limitées compte tenu des exercices que nous avions mis en place dans le but de préserver mes sombres secrets des êtres utilisant la Force. Certes des efforts avaient été faits, mais, je n’en demeurais pas moins méfiant. Toujours…

Je mis de côté le souvenir de ma honte, et affichais un sourire navré alors que j’arrivais à sa hauteur.

- Ma chère He’Thu, pardonnez mon incivilité, lui répondis-je tout en signant mes propos. Une habitude que j’avais prise, de parler et de vive voix et en langue des signes afin de garder un entrainement actif de cette communication de base silencieuse. Je saisis la main de la damoiselle pour y déposer un subtil baisemain. Je réalisais alors qu’elle devait avoir attendu longtemps, elle était froide malgré la douceur de l’air ambiant. Il fallait dire qu’elle portait une robe délicieusement élégante sans trop en faire, mais qui n’avait pas pour but de tenir chaud. D’un geste je retirai ma veste de costume et vins la poser sur les épaules délicates de la jolie créature qui me faisait face. La chaleur de mon corps imprégnant le tissu se chargerait d’apporter un peu de réconfort à la jeune Kiffar. Je lui fis signe de m’emboiter le pas pour gagner une destination plus appropriée, tout en expliquant plus en détail la raison de mon retard.

- Je suis vraiment désolé de vous avoir ainsi abandonnée. J’attendais les résultats de mes derniers essais cliniques sur le vaccin demandé par le Seigneur Oracci. Les analyses sont excellentes, et le vaccin s’est montré plus que prometteur. Grâce aux échantillons de grande qualité que nous avons prélevé directement à la source. Je pense que nous allons pouvoir passer à l’étape suivante. Une fois les données structurées et correctement retranscrites, je les transmettrai au Seigneur Ganys afin Darth Oracci soit informée de l’avancée fructueuse de mes travaux. Mais je m’égare…pardonnez-moi.

Mon sourire s’était élargis et mes yeux pétillaient d’excitation comme à chaque fois que je parlais de mes travaux.


Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
Il a l’air fatigué, alors qu’il gravit la colline, son zèle ne le quitte jamais. Son costume est impeccable. A nous voir, nous pourrions être sûr le point d’aller par les rues coruscanti pour quelque repas mondain. C’est étrange, cela me plaît. Cette possibilité d’un ordinaire. J’y prends d’autant plus de plaisir que les souvenirs de mon ancienne vie restent vivaces et, parfois, comme cette nuit, me reviennent sans avoir été invités. Je le laisse me traiter en princesse. Je sais que cela reste un jeu, mais il est tellement plus distingué qu’avant. Autrefois, je n’étais princesse que l’espace de quelques instants, puis les masques tombés rapidement sous les coups monnayés d’un rapport commercial. Ici, nos visages gardent leur contenance. Nous faisons perdurer l’illusion. Nous sommes deux bêtes, deux monstres, à la nature délicieusement policée puisque nous ne pouvons nous permettre de nous égorger sur l’herbe grasse : ce serait dommage.

« Je ne vous donne pas mon pardon immédiatement, ce serait trop facile. Je veux que vous vous sentiez coupable et redoubliez d’efforts, toute la journée, et j’espère ainsi que vous me traitiez comme vous traiteriez la fille héritière d’une monarque qui aurait ravi votre cœur. » Je souris. Nous savons tout deux la nature ambiguë de notre relation. Mais nous mentons tout deux si biens. Finirions-nous par être les premières victimes de notre tromperie ? Il me donne les raisons de son retard, non sans m’avoir couvert d’abord de sa veste, encore chaude. Je sens son odeur, je sens, sur mes épaules nues, le reste de son ardeur. Au-delà, je sens aussi son excitation. Il a l’esprit en ébullition, et cette effervescence le rend honnête. Il est sur le point de réaliser ce que des milliers d’autres ont échoué à faire. Nos aventures sur Taris n’auront pas été vaines. J’ignore quelle sera toute la portée de cette affaire. De mon misérable point de vue d’Apprentie, on ne me laisse qu’entrapercevoir le jeu de la Dame, mais je sens, dans mon être, dans la Force, que nous avons frapper un grand coup dans l’océan du monde et que les vagues commencent seulement à s’y propager.

« Non, non, ne vous arrêtez pas. C’est votre grand-œuvre, tous les génies ont devoir d’en parler, de le partager. Racontez-moi tout ! Vous me savez naïve – ignare même – enseignez-moi. J’ignore même ce qu’est un vaccin. Du moins, ai-je entendu que cela préviendrait le miracle rakhgoul, mais… Comment ? Est-ce une sorte de traitement ? Pouvons-nous espérer, aussi, guérir ceux qui auraient succombés à la maladie ? Imaginez-vous qu’il nous soit possible que l’une de ces créatures ne reviennent à une forme suffisamment humaine pour nous dire sa transformation ? Pour nous dire son sentiment ? »

En réalité, j’ai consulté, comme je l’ai pu, l’holonet à travers et les faibles connaissances en la matière de 2V-66, mais je n’ai guère su comprendre. Moi qui n’ai acquis la lecture que récemment, à l’échelle de ma vie, moi qui n’ai reçu d’instruction que celle que Dame Oracci et Ifant m’ont procuré, je n’ai guère saisi les complexités de la biologie. Et puis, je le sais, l’une des portes d’entrée les plus monumentales au Docteur Torhyn Lokred : ses travaux. Parlez-moi, beau docteur… Dans ce jeu de dupes, rendons-nous plus forts, à la façon dont deux enfants, luttant pour le ludique, finissent par s’endurcir – quitte à blesser sans trop le vouloir.
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0
D’aucuns auraient pu nous prendre pour un couple tout ce qu’il y avait de plus classique. Et pourtant il n’en était rien. Cette femme me perturbait fortement. Je la craignais autant qu’elle pouvait me fasciner parfois. Et je la détestais autant qu’il m’arrivait de la trouver délicieuse. C’était pour cela que je préférai jouer la carte de la méfiance avec elle. Et adapter mon comportement en fonction de ses réactions. C’était assez courant chez bon nombre d’espèces : pour survivre il fallait s’adapter face à la menace. Et He’Thu en était potentiellement une. Cependant, je devais bien reconnaître qu’elle avait fait des efforts. Et dernièrement…je la trouvais délicieuse.

C’était donc sans difficulté que je me trouvais attentionné avec elle. Tant qu’à faire, autant joindre l’utile à l’agréable…A sa remarque sur le fait qu’il me faudrait gagner son pardon je ne pus réprimer un sourire. C’était une boutade qu’elle me faisait…et pourtant la suite de sa requête me fis hausser un sourcil. « Comme vous traiteriez la fille héritière d’une monarque qui aurait ravi votre cœur ». Un parallèle s’était fait dans mon esprit…mais ce n’était pas l’image d’une héritière qui me vint en tête en cet instant…Mais bien celle d’un héritier…He’Thu avait-elle conscience de ce qu’elle venait de dire ? Je l’ignorai.

Hé bien soit, j’allais agir de la sorte. La traiter comme si elle était une jeune femme que je courtisais. Même si rien de tout ceci n’était…réel… coté sentiment dirons-nous. Il n’y avait pas vraiment de place pour tout ceci entre He’Thu et moi. Et notre relation était définitivement très spécifique…qui perdra le contrôle le premier ? Elle ? moi ? les deux ? Qui pouvait le dire…

Pour l’heure je me retrouvais à lui expliquer les raisons de mon retard tout en la guidant vers le complexe. Je m’étais excusé de mon empressement à parler de mes travaux. Mais elle m’enjoignit à poursuivre, flattant mon égo de scientifique, et ajoutant même quelques questions. A nouveau mon sourire se dessina sur mes lèvres. Nous étions bien dans l’idée, l’un et l’autre, d’extirper le plus de connaissances à l’un comme à l’autre…Ainsi étions-nous faits. La curiosité et la volonté d’apprendre étaient sans nul doute deux traits qui avaient l’art de nous unir avec une certaine ardeur…intellectuelle bien sûr.

Avec douceur, et honnêteté, j’entrepris d’assouvir sa soif de connaissances :

- Un vaccin, Très Chère, c’est tout simplement une substance destinée à être injectée dans le corps et permettant de l'immuniser contre une maladie. Or la base du vaccin est justement les micro-organismes microbiens à l’origine de la maladie…Ils sont simplement rendus inoffensifs. Ainsi, on apprend à votre corps à se battre contre la maladie. Comme cela, si d’aventure vous vous retrouviez en contact, d’une façon ou d’une autre, avec le Virus Rakghoul, vous seriez préservée. Je marquais une pause dans mes explications, m’assurant qu’elle suivait le raisonnement. Je repris : si nous pouvons inverser le processus sur ceux déjà contaminés ? Je l’ignore. Mais je crains que non. Ce n’est pas le but ici en tout cas. Ce sérum ne sera pas un traitement, il n’est là que pour empêcher vos cellules de muter si vous vous retrouvez contaminée.

Les questions d’He’Thu stimulaient mon cerveau déjà fortement en ébullition. J’eus un léger haussement d’épaule quand il fut question de savoir ce que les gens pensaient lors de leurs transformation…Cela je le savais…Ou du moins je pouvais me targuer d’avoir été au première loges de certaines transformations.

- Je travaille sur cette maladie depuis bien longtemps Chère He’Thu…Croyez-moi…je sais ce qu’ils ressentent quand ils se transforment…un éclair de satisfaction avait illuminé un cours instant mes pupilles bleutées alors que les images de mes victimes sur Lorrd ressurgissaient de ma mémoire. Je m’étais stoppé alors que je décrivais à la jeune kiffar : Ils ont peur…car ils ignorent ce qui les attendent. Ils craignent la douleur…A juste titre. Imaginez vos os qui se brisent les uns après les autres…pour se ressouder dans des postures difformes. Sous cet effet vos chairs se déchirent, vos muscles changent également. Tout comme vos organes…Vos ongles tombent, des griffes poussent, des crocs viennent prendre la place de vos dents. Chez certaines, comme vous avez vu, leur épine dorsale a grandi dans des excroissances acérées, transperçant la peau au passage. Croyez-moi…la douleur est sans nul doute ce qui les marquent le plus au court de leur mutation.

Je me souvenais du regard de Chani lorsque je lui avais fait front à travers la vitre de la chambre de confinement. A ce souvenir mon sourire s'était fendu en un rictus pervers. Jamais je n’oublierai ses yeux qui même après transformation scintillaient d’une forme d’intelligence...mais aussi d'une souffrance sans borne.

- Je pense que certaines d’entre elles…prédisposées…peut être plus cultivée avant la contamination, conservent des traces de discernement. C’est peut-être cela qui est à l’origine des alphas que nous avons croisés. Sans compter les sensibles à la Forces qui ont su garder quelques capacités, et une conscience. Je continue néanmoins de voir cette mutation comme un aboutissement…vers quelque chose de plus grand. Une…forme d’évolution.

Les faire revenir humaine ? Mais c’était d’un ennui…A quoi bon. J’avais d’autres projets.

- Imaginez ce que ce virus peut nous apprendre ? Imaginez ce qu’il peut nous apporter ? Si on parvient à isoler les gênes mutants…ne conserver que la bonne part de la transformation ? Ou encore à contrôler cette mutation ? Un hybride… plus rapide, plus agile…Ou encore doté d’une meilleure constitution physique…

Ces derniers mots je les avaient dits dans un souffle…bien sûr que je nourrissais des espoirs pour ma propre situation. Et comme une fatalité qui se rappelait à mon bon souvenir, mon corps fut secoué d’une légère toux…Comme si mes espoirs réveillaient aussi mes déficiences.


Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss – yellowgreen

L’œil pétillant, la voix volubile, la main tendre. Il parle, parle, me raconte et m’enseigne. Il est si cultivé qu’il ne se rend pas compte de la complexité de certains mots qu’il emploie, et je suis trop fière pour lui dire encore que je ne le comprends pas. Je n’existe pas dans son monde de science et de biologie. Je n’ai jamais envisagé le monde à travers un microscope. Mes préhensions sur la réalité sont d’une autre nature et, à la fois, je ne cesse d’être fascinée. Si je parvenais à le comprendre, que pourrais-je réaliser ? La chose me fascine. Je ne cesse de me documenter. J’ignorais jusqu’à son existence, avant de rencontre le docteur, de découvrir les créatures que sont les rakhgouls. Jamais Yuthura ne m’en a parlé, jamais elle ne l’a même évoqué. Ma Dame non plus. Pourquoi ? Craint-elle que je ne m’y penche que de trop près ? Je l’ignore… La sorcellerie, l’alchimie. Ce dernier pouvoir, jusqu’à la chair, jusqu’à l’esprit. Faire danser le vivant comme je le ferai d’une marionnette tintinnabulante, lui imposer ma cadence. Je frissonne. Il pensera que j’ai froid, mais c’est bien le plaisir qui m’a soulevé l’échine et fait battre le cœur.

« Et pourquoi pas, trouver un remède à l’asthme ? » Ma voix a résonné jusque dans son esprit, est-elle un brin amusée ? Ma main, prise par son bras, je n’ai d’autre choix pour communiquer que celui-ci. Je me souviens de ses difficultés sur Taris ; la porte s’ouvre sur nous, un vent chaud me balaye le visage et emporte avec lui ma question. Je frisonne une nouvelle fois, la température a bien joué un rôle à ce moment. « Je suis transie… merci pour votre manteau. J’espère que le repas sera chaud, j’ignore si mon corps saura ingérer davantage de froid sans lui-même se vider de ses dernières chaleurs. » Les choses n’ont guère changées ici. Cette même propreté clinique… Je remarque quelques efforts de décoration tout de même. Un tapis est venu s’inviter, quelques plantes véritables, des fauteuils plus confortables. Le Docteur semble s’être fait ici un lieu de réception, sinon de vie.

Je ne lui rends pas immédiatement sa veste, même si je sens qu’ici, je n’en aurai bientôt plus besoin. Mes talons chantent sur le sol, et leur chant va et vient dans les airs encore trop vides des lieux. « Je comprendrais, Tohryn, que vous préfèreriez repousser notre rendez-vous à plus tard. Les épreuves qui vous attendent demandent… Non, exigent votre pleine attention, votre concentration la plus absolue. Si vous ne vous sentez pas apte à me les offrir, je ne veux pas prendre le risque de vous bouleverser et d’heurter votre esprit. Sachez bien que c’est parce que je suis venue comme votre amie que je tiens à vous avertir. » Les mots sont sincères. Je tiens à honorer notre accord, je ne suis pas là pour le violenter. Je veux me forger en lui un allié, comment le pourrai-je si de nouveau, par orgueil, je l’écrasais ? Il doit comprendre. Nous ne jouons pas aux choses de l’esprit, si l’esprit n’est pas tout entier prêt à jouer.
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0
Je l’avais sentie frissonner…Mon emprise sur son bras s’était resserrée alors que je m’étais rapproché un peu plus d’elle. Sans doute pour lui assurer un semblant de chaleur par la simple affirmation de ma présence à ses côtés…Purement psychologique.

« Et pourquoi pas, trouver un remède à l’asthme ? »

- Un remède pour l’asthme ? Il me fallut quelques secondes pour réaliser…Je ne lui avais jamais dit que j’étais Lorrdien…J’avais masqué la véritable nature du mal qui me rongeait en lui disant que je souffrais d’asthme. Alors forcement l’entendre mentionner l’asthme pour parler de mon état avait de quoi me faire sourire. Mais c’était de mon fait…Elle n’y était pour rien. Mais n’était-elle pas charmante à vouloir trouver un remède à ce feu qui me dévorait littéralement de l’intérieur. Je portais ma main sur ma poitrine…et avec douceur je répondis :

- Je crains ma Chère que ce ne soit…plus compliqué que cela. J’hésitais…Elle était l’apprentie de Darth Oracci. Mais je m’étais promis de ne pas accorder trop de confiance à cette demoiselle. Et moins de personne sauront pour ma condition et mes origines Lorrdiennes…mieux ce sera. Et si d’aventure cette enfant de Kiffu venait à apprendre la vérité d’une manière ou d’une autre, il sera encore temps de lui apporter quelques précisions à ce moment-là. Je repris dans un souffle : mais c’est l’idée en effet. Trouver un moyen de…guérir…Pour…survivre.

Car la sombre vérité était malheureusement là…Je n’allais pas bien du tout. Mes dernières analyses était plus qu’alarmante sur mon état. Et je n’en avais encore soufflé mot à personne. La porte s’ouvrit et nous entrâmes dans le complexe. A nouveau elle frissonna, m’avouant avoir froid.

Je me sentais coupable…La diablesse était douée. Elle l’avait dit…elle voulait que je culpabilise de l’avoir fait attendre. Elle allait finir par y parvenir.

- Vous pouvez garder cette veste aussi longtemps que vous en aurez besoin. Le repas est chaud. Je m’en voudrai que vous vous retrouviez gelée, et que je sois obligé d’user de mes compétences pour vous réchauffer.

Médicales les compétences…bien sûr…Quoique…

Avec délicatesse, je retire le bras que je lui avais « prêté » pour l’enrouler autour de ses épaules. Un moyen de lui diffuser un peu plus de chaleur corporelle, tout en la guidant vers une salle à manger assez sobre mais je n’étais pas là pour faire de la décoration. Je l’écoute me mettre en garde sur le but de notre rendez-vous.

- Non…fis-je avec une pointe d’ardeur. Je ne souhaite pas reporter cette entrevue. Elle m’est nécessaire.

* Tu n'auras pas la force nécessaire...Que cherches-tu à faire ?*

Bonne question...


- je vous remercie de votre sollicitude, soyez assurée que mon attention et ma concentration vous sont totalement acquise dès maintenant.

Je ne pouvais me payer le luxe de reporter cette séance. Le temps filait trop vite et j’allais en manquer…Un jour ou l’autre ; Et j’avais encore tant à accomplir. Alors oui, je préférais entrer dans son jeu en respectant ses règles. Et je lui donnais entièrement mon esprit. Si pour avancer j’avais besoin de céder quelques souvenirs ou pensées…qu’il en soi ainsi. He’Thu souhaitait m’aider…je n’allais pas refuser. Je m’étais promis d’exploiter ses capacités…C’était bien ce que j’allais faire. Sans le moindre scrupule. Car je ne doutais pas qu’elle y trouverait bien son compte.




Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss – yellowgreen
Ryden Thorlok alias Torhyn Lokred – #ff3300

J’ai été ce que je fus. Mes premières enseignantes étaient des filles de joie. Elles m’ont laissé quelques étranges adages en héritage. L’amour commence toujours par l’écoute. Tendre l’oreille aux mots anodins, capter du coin de l’œil une posture, une attitude et, comme la cire chaude, se laisser modeler par ces éclats de personnalité pour mieux y répondre. J’ai un sens aigu de la conversation. Il me guide jusqu’au lieu de notre repas. La table a été dressée. Puisqu’il est en retard, je n’ai pas de mal à déduire qu’il n’est pour rien dans l’agencement millimétré de la vaisselle ni dans la sobriété de l’appareil qui décore la table : une traverse d’un bleu royal, une fleur unique à la blancheur digne des murs qui l’entourent. Un instant, je me dis que le froid qui règne, dehors, n’est finalement qu’un écho de celui qui règne ici. Il tire ma chaise et me la présente, je m’y coule comme l’eau le long de son lit, il trouve sa place face à moi et, d’abord, nous nous regardons longuement. En silence.

Ma pensée, au creux de la sienne : « Survivre ? Docteur… Jamais vous ne m’avez dit que cette maladie vous affligez à ce point. Il n’y a donc rien que je puisse faire ? Que nous puissions faire ? » Il me regarde avec douceur et me confesse : – Je crains ma chère que depuis notre conversation, mon état ne se soit... aggravé. Il semblerait que j'ai sous-estimé la progression du mal. Les mots sont terribles, mais il sourit. Sous des devers de dandy et de souffreteux, il cache un esprit aussi déterminé que le mien, sûrement. Je ne compte pas rester les bras croisés. Et je vais tout faire pour trouver une solution. J'ai tenté un traitement par nébulisation qui n'a fait que ralentir l'inévitable, je dois trouver autre chose...Si nous arrivons à le dompter, le virus pourrait nous être utile. Nébulisation ? Je pense n’avoir simplement jamais entendu le terme. Une nébuleuse, étrange nuage de l’espace. Qu’est-ce à voir avec le souffle, les poumons ? Je laisse mon visage trahir mon ignorance, il ne sert à rien de feindre avec lui savoir ce que je ne sais. Il me connaît. – Mais… Ce virus. Il n’est pas le pur produit de la science, nous le savons, à présent. Nous en avons même la certitude. Pensez-vous être capable, avec ce seul outil, de le dompter ? De maîtriser au point de parvenir à en limiter les effets ? Ne craignez-vous pas d’y perdre votre bel esprit ? Il saisit mes paroles de son index impérieux. – Et vous avez parfaitement bien souligné le problème face auquel on se trouve. Le moindre faux pas, la moindre erreur et je deviendrai une rakghoule...Ce n'est...pas le but, nous sommes d'accord. Il en rit. La situation est-elle à ce point critique qu’elle en deviendrait absurde ? Ma science n'est pas suffisante sur cette affaire. Aussi...difficile que cela puisse être à admettre, je reconnais que je suis limité en terme d'action, et de connaissances sur tout ce qui touche à cette autre "part" qui a permis de modeler ces créatures. »

Sa main court dans l’ondulé de ses cheveux : « J'ai synthétisé un traitement lourd, et au lieu de l'injecter, je l'ai transformé en un nuage de fines particule grâce au procédé de nébulisation. Mais comme je vous le disais ce n'est pas suffisant. Pas plus que de me greffer de nouveaux poumons. Cela ne réglera pas fond du problème. Mais cela peut me faire gagner du temps. Car le mal est bien plus étendu. C'est pour cela qu'il faut aller plus loin. Et obliger les cellules atteintes à muter...Et parce que mon corps est désormais fortement affaiblis, il faut que la mutation permette de gagner suffisamment de force en même temps...sans quoi le traitement risquerait de me tuer, et non de me sauver. Nébulisation, il a fait de quelque chose un nuage… Je n’imaginais pas que la biologie puisse être si poétique. Pourtant, malgré son sens du beau parler, le constat s’impose à moi alors qu’il s’est déjà imposé, visiblement, depuis longtemps à lui : – Torhyn, ne me mentez pas, s’il vous plaît. Êtes-vous à ce point désespéré pour tenter cette… folie ? J’admire votre génie, je reconnais votre science, j’admets à présent que la Force seule ne peut peut-être ciseler seule le monde aussi bien qu’elle le ferait alliée à votre savoir mais… Je vous écoute, et j’ai peur. J’ai peur pour vous. De quelle chance parlons-nous ? »

La douceur se sublime et ne laisse plus qu’un froid polaire dans son regard. Je vous avais prévenu, cher Docteur… – Désespéré...oui je le suis. … à la fin de l’envoi, je touche. Si vous voulez la vérité...ce n'est pas de l'asthme. J'ignorai si je pouvais vous faire confiance. Qui plus est, j'ai cru bêtement à ce que m'avait dit le médecin qui m'avait diagnostiqué la maladie qui me ronge. A savoir qu'elle n'avait atteint que mes poumons. Mais la vérité est bien pire He'Thu. Mon prénom. Quelque chose a changé. Il y a quelques années j'ai été exposé à un gaz mortel. J'ai été sauvé in extrémis. Mais...c'est bien connu, un gaz n'a pas de limite, il ne s'arrête pas plus à une frontière qu'à un organe. Lorsque Darth Oracci m'a donné accès à tout le matériel de pointe qui se trouve ici, j'ai pu faire mes propres analyses. Et elles ne sont pas bonnes. Vous me demandez si je suis suffisamment désespéré pour tenter cette folie. La réponse est oui...Car je n'ai plus rien à perdre. Plus rien... L’émotion l’ébranle aussi bien que la toux. Les chances sont infimes, mais cela pourrait bien me guérir. Je me dois d'essayer. Ce pourrait être ma dernière chance. Je me penche, ma main parcourt le chemin jusqu’à la sienne et se pose dessus, comme un papillon sur une fleur. – Alors permets-moi, Tohryn, que nous essayions ensemble. » Mon regard s’est enflammé et mon teint s’est nacré. Nous grandirons, ensemble, à travers l’épreuve.
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0
Je l’avais sentie frissonner…Mon emprise sur son bras s’était resserrée alors que je m’étais rapproché un peu plus d’elle. Sans doute pour lui assurer un semblant de chaleur par la simple affirmation de ma présence à ses côtés…Purement psychologique.

Pourquoi lui avais-je dis cette part de vérité ? Était-ce ce côté particulièrement adorable qu’elle pouvait avoir bien que je le savais travaillé ? Ou le fait qu’elle m’ait, à cet instant, appelé par mon prénom ? A moins que j’aie tout simplement sentis que c’était le moment de la faire entrer dans la danse pour la simple et bonne raison qu’elle pouvait me servir… ? Le tout à la fois ? Je tâchais de m’en convaincre. Et comme je lui avais dit, je n’avais plus grand-chose à perdre. Car même ma vie était en jeu. Et le temps m’était compté.

Voila sans doute les raisons qui m’avaient poussé à lui révéler que je lui avais menti. Sans pour autant entrer dans les détails - car elle ignorait encore tout de moi – je venais d’exposer mon état de santé alarmant. Et le résultat fut sans appel. Je ne m’y étais pas attendu le moins de du monde. Ce rapprochement soudain, tant dans le geste que la parole.

Mon regard planté dans le sien, j’essayais de décrypter ce qui se cachais dans cette jolie tête. Où était le piège ? J’avais passé trop de temps avec les Siths il semblerait. Finalement, j’esquissais un petit sourire et lui demandais dans un souffle :

- Et comment comptes-tu t’y prendre ?

Un rapprochement certain n’était-il pas ?

Elle ne sourcilla pas, le temps semble comme suspendu et j’entendis à nouveau sa voix dans mon esprit :

- Je te fais confiance pour la science, fais-moi confiance pour la Force, tu veux ? Je trouverai, j'apprendrai, nous te soignerons.

Me soigner…Cela semblait important pour elle ? Sans dire un mot, ma main pivote pour attraper la sienne. Alors que mes yeux se posent sur cet échange peau à peau, j’admire la finesse de ses doigts reposant au creux de ma paume.

- Soit…fis-je avec douceur. Je veux bien te faire confiance pour ce qui la Force…Je repose mon attention sur ses prunelles incandescentes, vivre auprès des Siths m’a appris que chaque chose se paye. Qu’attends-tu de moi en échange ?

Elle laisse un temps avant de répondre, laissant l'intensité du moment se prolonger.

- Guère plus que ce que l'on s'est demandé jusque-là. Cet étrange respect mutuel, cette confiance au fil du rasoir et l'enrichissement de l'un par l'autre, et de l'une par l'un. Rien de plus. Ce que tu voudras me donner d'autre, je ne te l'aurais pas demandé, tu me l'auras offert.

« Au fil du rasoir » …c’était bien cela. Ce lien si particulier, cette relation Elle était futée…Mon sourire s’élargit alors que j’exerçais une légère pression sur sa main avant de la libérer. Comme un commun accord.

- Très bien…Un échange de bons procédés…Faisons ainsi. Je désignais la table dressée : si nous mangions ? Cela te réchauffera et nous revigorera avant notre séance.

Les droides qui avaient fait le service lors mon premier repas sur Kohlma entrèrent en scène. L’un en charge des plats, l’autre des boissons. Je ne prenais pas d’alcool, pour moi c’était de l’eau. Une entrée chaude nous fut apportée, elle était la bienvenue.




Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss – yellowgreen
Ryden Thorlok alias Torhyn Lokred – #ff3300

Ma main, dans la sienne, encore un moment. Nous nous regardons, j’ai le souffle profond, je sens la puissance brûler mon regard. Une idée m’amuse, nous faisons un beau couple. De fabuleux comédiens pour le théâtre du monde. Il rompt de nouveau le silence. Dans ces échanges, il est le seul à habiller le vide. Lui, et le ronronnement lointain d’une circulation d’air. « Très bien… Un échange de bons procédés… Faisons ainsi. Si nous mangions ? Cela te réchauffera et nous revigorera avant notre séance. » Je lui souris. Je suspends mon souffle en haut d’une inspiration, je ferme les yeux, la noirceur reflux, le feu s’éteint, lorsque j’ouvre à nouveau les yeux, leur bleu renaissant s’offre à son regard.

« Vous avez raison, Docteur. Qui plus est, tant d’émotions m’auront mise en appétit. » L’instant est passé. Pour en préserver l’intensité, il nous faut en protéger la rareté. Les jeux aristocratiques doivent reprendre. Parmi les seigneurs, il en est ainsi : le cœur ne peut parler au cœur qu’avec mesure. Point trop n’en faut, et ces éclats n’en sont que plus précieux. Il invite les serveurs d’un geste de main. Les plats sont annoncés, en demoiselle du monde, l’eau sera mon nectar ; d’ailleurs, je n’aime pas avoir l’esprit troublé par les vapeurs d’alcool lorsque je sais ce qui nous attend. L’entrée arrive, elle est délicieuse. Je me suis presque habituée à ce luxe. Je m’y suis d’autant plus vite habituée que j’y ai toujours aspirée et, destinée à lui, je m’y suis glissé comme dans mon vêtement le plus naturel. Le plat n’est pas moins mauvais que l’entrée. Je découpe avec tranquillité, mange avec lenteur, le cliquetis des couverts est longtemps le seul son que nous nous permettons. C’est une chose que j’ai remarquée sur le tard : lorsque je mange et que j’occupe mes mains, il ne me vient pas à l’idée de communiquer, alors même que mon esprit peut-être le relai de ma parole, plus certainement que mes doigts désormais. Couteau et fourchette sont allongés sur le bord de l’assiette, côte à côte. Le message tacite que j’ai terminé mon plat. L’assiette est vide, elle a été pensé avec une grande minutie, je n’ai ni eu besoin de dépasser la modération pour finir, ni faim encore. Le Docteur a fini également. Un temps sera marqué entre ce plat et le dessert.

« Profitons du temps qui nous est accordé pour revenir sur nos leçons, voulez-vous ? Il acquiesce, je poursuis. Revenons aux principes fondamentaux, bien que je n’ignore pas que vous n’en avez certainement rien oublié, il est préférable d’y revenir toujours. Tout d’abord, nous ne considérons comme une pensée qu’un ensemble intelligible. Même s’il se résume à un bruit, une odeur, une image, n’est pensée que quelque chose sur lequel nous pouvons poser des mots. Un télépathe ne juge pas des signaux de notre cerveau, mais bien de ce substrat étrange et au-delà du corps qu’est notre esprit. Ensuite, sachez que vous ne pourrez jamais empêcher un intru d’entrée. Ne disposant pas de la Force, vous ne pouvez pas vous saisir du bouclier nécessaire à arrêter cette lame. Vous ne faites qu’opposer une résistance, gagner du temps, si bien que votre agresseur n’aura pas d’autre choix que d’abandonner ou de vous violenter à ce point qu’il y perdrait beaucoup de ce qu’il venait chercher en déchirant le tissu de votre conscience. C’est un jeu de funambule, et le vide au-dessus duquel vous évoluez est celui de la folie ou du néant. Il est difficile, dans ce cas, de trouver les mots pour dire le spectacle pathétique des coquilles vides abandonnées par leurs bourreaux. Je n’ignore pas que sur Korriban, certains prennent un plaisir immodéré à briser, déchirer puis jeter aux quatre vents les âmes de leurs malheureuses victimes. Ne pouvant vous opposer à cette intrusion, il vous faut donc la rendre le moins aisée possible en imposant à votre visiteur les idées que vous désirez. L’exercice est d’autant plus périlleux que l’intrus peut suggérer à votre esprit des éléments aussi bien que sa voix. Il vous faut alors une volonté à toute épreuve pour rester focaliser sur les souvenirs ou les pensées que vous savez inoffensifs. Plusieurs stratégies sont alors possibles : se plonger dans un passé qui aura su laisser en vous une émotion suffisamment vive pour vous y accrocher, vous prêtez à un fil de pensée purement logique suffisamment rapide et solide pour qu’il ne puisse y prendre prise, répéter des choses anodines que vous auriez apprises par cœur. Vous deviez, lorsque nous nous sommes séparés la dernière fois, travailler à trouver ce type de chaîne logique, dénuée d’intérêt, que vous auriez pu imposer en ritournelle : vos recherches ont-elles portées leurs fruits ? »
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0
Nous pûmes savourer un repas tranquille et dans un silence presque sacré. Je n'étais pas un grand bavard de coutume. Ni un gros mangeur. Mais tout avait été savamment calculé côté quantité.

J’écoutais le rappel de ses explications avec attention. La dernière fois que nous avions devisé sur le sujet, j’avais pris les informations telles qu’elles étaient. Depuis j’avais eu le temps de les faire miennes, de les assimiler. Et quelques questions avaient fait leur petit bonhomme de chemin. Mais…Il m’étais difficile d’en formuler certaines sans…révéler un autre fait qui s’était imposé à moi depuis notre passage sur Taris. La folie était une de mes amies après tout…

La jeune femme m’avait donné mes devoir lorsque nous nous étions séparés la dernière fois. Avec un sourire taquin je répondis :

- Oui en effet Très Chère. J’ai trouvé une petite « rengaine » donc certaines sonorités pourraient vous divertir.

Je faisais notamment allusion à l’intérêt que portais la jeune femme pour certains mots médicaux qui avaient le don de lui déclencher une crise de rire. Elle ne serait pas déçue avec des noms de molécules de barbituriques.

- Un point me questionne. Repris-je en me callant un peu mieux dans mon siège, voyez-vous, je possède une certaine organisation au sein de mon esprit. Ce qu’on appelle un « palais de mémoire ». Il s’agit d’un lieu qu’un esprit est capable de construire pour y ranger toute sorte d’informations selon une logique qui vous est propre. Cette « dimension » est souvent complexe, le « rangement » s’effectuant par une association d’idées pour générer une image qui représente ce qu’on souhaite retenir. Il faut que chaque image soit aussi particulière et intéressante que possible. Plus elles seront bizarres ou plus elles feront parler les émotions, plus elles seront faciles à se rappeler. Or, inconsciemment un esprit, en voyant l’image, va générer les mots qui s’y réfèrent. Ce peut-il qu’un télépathe oblige le cerveau à sortir un souvenir spécifique pour le matérialiser selon vos précédentes explications ?

Je ne savais pas si elle voyait où je voulais en venir. Mon esprit était matérialisé en un Cabinet de Curiosités initialement basé sur le bureau de mon père dans la maison où j’ai grandi. Un cocon de connaissances et de souvenirs dans lequel j’aimais me réfugier. L'idée semblait amuser He'Thu puisqu'elle rit à la muette.

- Le beau Prince s'est construit un palais qui le suivra où qu'il aille. C'est adorable. Elle prit un temps pour songer à la question avant de répondre. Je pense, sans pouvoir en être sûre, que c'est peut-être effectivement un piège pour vous, et en même temps un rempart. Si jamais l'intrus venait à saisir le sens et le code, il pourrait suggérer les bons mots, les bonnes associations pour faire jaillir les choses comme "par réflexes" dans votre esprit. Mais... Si vous craignez sa présence dans ce palais, mieux vaut encore lui opposer une volonté plus farouche. Si vous fermez votre esprit par une ritournelle suffisamment forte, il ne pourra pas trouver l'espace, la brèche qui permettrait la suggestion. Ce serait... Comme une porte qui déroberait à la clef sa serrure, vous comprenez ?


J’avais écarquillé les yeux à sa remarque sur le « prince en son palais », avant de finalement rire de bon cœur. Voila une comparaison qui ne me serait jamais venue à l’esprit. J’explique :

- En effet, un palais que je peux emmener partout avec moi. Où je peux me refugier…m’évader…Un endroit qui n’a de limite que mon imagination. Quand on a été conditionné toute sa vie, croyez-moi c’est salvateur. Enfin…en quelque sorte. D’aucuns prétendent que cela n’aide pas pour tisser des liens avec l’extérieur. Elle pouvait sans nul doute déceler l’once d’amertume qui s’était glissée dans le ton de ma voix. Je validais son propos suivant : Je vois…je comprends en effet. A la fois un atout et une faiblesse à préserver. C’est fascinant. J’imagine qu’il va falloir un certain temps d’entrainement pour ne pas céder et ne pas perdre le fil de la ritournelle…Comment puis-je savoir qu’en face de moi j’ai affaire à un télépathe ? Son intrusion se « ressent » je suppose ?

Si elle avait noté quelque chose, elle ne l'avait pas laissé entrevoir. Elle répond le plus simplement du monde.

- Un esprit faible, fragile, ne le décèle pas. En revanche, lorsque vous avez l'habitude d'être maître en votre domaine, vous sentez ce genre d'intrusion. Pas physiquement, bien sûr, mais l'étrangeté - profonde - des idées qui vous viennent, des pensées qui surgissent est une évidence. Les plus habiles parviennent à suggérer à peine en murmure, la plupart des autres sont d'ignobles brutes dont on remarque la présence aussi certainement qu'on remarquerait un Rancor au milieu d'un parc pour enfants.

J’haussais un sourcil amusé face à la comparaison très explicite que venait de faire la jeune Kiffar. J’eus soudainement un doute affreux…Était-elle déjà passé à l’action en cet instant ? Finalement je souris et soufflais doucement:

- Je comprends. J'espère ne pas vous révêler un esprit faible. Et je compte bien m'exercer avec assiduité.

Et puisque nous devions pratiquer, autant commencer le plus tôt possible. D'un geste je fais appel à nos amis droïdes qui revinrent avec un plat de petits gâteaux raffinés, disposés avec soin sur un plat à étage. Il nous demanda ce que nous souhaitions boire avec, en ce qui me concernais, la question était rhétorique. Ils savaient que je buvais du café noir…sans sucre. D’un geste j’indiquais à l’un de faire comme de coutume tandis que le second prenait la commande d’He’Thu.





Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss – yellowgreen
Ryden Thorlok alias Torhyn Lokred – #ff3300

Je boude les sucreries, demande plutôt que les fruits soient servis dans leur simplicité. Il ne faut pas longtemps pour que les fraises arrivent avec pour seul manteau les cristaux délicats d’un drap de sucre. Cela avec un thé. Rien d’autre. Et tout ce temps, nous poursuivons notre échange. « Vous ne l’êtes pas, vous le savez déjà. Lorsque nous parlons d’esprit faible… Ahh… C’est difficile de juger des mots exacts. Je dirais que c’est un étrange mélange d’éveil, d’ouverture et de connaissance profonde de soi. Un soldat qui aurait depuis trop longtemps laissé de côté son propre sens du jugement, ayant fait de son supérieur le dépositaire de sa seule conscience, sera d’une facilité déconcertante à manipuler. Un chef d’entreprise, obnubilé par le gain, aux idées excessivement arrêtés, peu tourné vers l’empathie et l’humain sera tout aussi simple à berner, ses logiques seront aisées à saisir et à actionner. C’est assez complexe. La culture, l’instruction d’un individu ne sont pas non plus des remparts sûrs. Un scientifique de haute volée, s’il dispose d’un pauvre sens moral et se contente d’obéir à des directives sans jamais s’approprier ces idées, les passer à l’analyse de sa propre pensée, sera tout aussi manipulable qu’un légume qui n’aurait dédié sa vie qu’à la consommation d’épices… »

Je lui souris. Nous savons tout deux qu’il n’est pas de ceux-là. Il fait écho à mon sourire, puis réponds : – C'est fascinant, la chute peut en guetter plus d'un...Et pourtant ce que vous me dites là est parfaitement logique et réconfortant pour moi. Je crains d'être un plutôt du genre à avoir un esprit à tout problématiser...incapable de se trouver au repos. Cherchant, tournant et retournant la moindre situation dans ma tête. Le tout saupoudré d'un caractère... particulier. Son sourire évolue. J’ai du mal à le saisir. – J'imagine que cela peut...faire souffrir? Dans tous les sens du terme ?

Quelque part en moi, un démon répond à cet appel et je n’ai aucun doute sur l’intensité de mon regard à ce moment. Libido dominandi. – C'est difficile d'être claire sur la question. Cette douleur... Il faut l'avoir vécue pour la penser, pour la comprendre. Avant la douleur, je crois que la lassitude vous frappera le plus durement. Atteindre et maintenir ce degré de concentration n'est pas naturel, d'autant que vous ne vous concentrez ni sur votre travail, ni ne courrez après une grande découverte : votre corps ne déploie pas les ressources dont il use alors. En outre, vous ne faites que subir les assauts, sans pouvoir y répondre. Le harcèlement n'a pas nécessairement besoin d'être violent, s'il sait que le temps est de son côté, l'intrus se contentera d'attendre que la fatigue vous terrasse pour lui.

La douleur ne viendrait que dans le cas d'un assaut violent, visant à déchirer votre esprit sans faire grand cas de ce qu'il en restera une fois la visite terminée. De ce que j'ai cru en comprendre, mais je ne suis pas experte en ce domaine, il est impossible de maltraiter ainsi le fil des pensées sans finir par infliger des lésions physiques au cerveau et aux nerfs centre nerveux de la cible. J'ignore les mécanismes qui sont en jeu, il faut dire que nous ignorons tous les liens qui unissent corps et esprit, mais j'imagine que s'être fait taillader ainsi le siège de la pensée doit être à l'origine des hurlements.


– Ce que vous me dites là est très intéressant. Je confirme que les dégâts sur un cerveau peuvent engendrer de graves lésions irréversibles...Mais du coup...les souvenirs de douleurs, d'émotions, quelles qu'elles soient...ressurgissent si vous stimulez un souvenir qu'elles ont imprégné...L'hôte se "souvient" et donc possiblement ressent...mais et vous ? En tant ..."qu'invitée"...?

– Non. Nous restons dans le domaine de l’intelligible, nous ne partageons que des pensées, non des sensations. La possession du corps est possible, je le sais, et j’imagine qu’à ce niveau d’échange, les choses doivent être différentes mais là… Nous parlons d’une subtilité dont même-moi, et en réalité bien peu parmi nous j’en suis certaine, dispose. Dame Oracci elle-même ne dispose pas de ces talents… Un membre du Conseil Noir, peut-être ? » Ma pensée se termine sur cette idée rêveuse… un tel pouvoir. Un frisson d’envie me parcourt la nuque, dans mon ventre, le battement d’aile d’un papillon.
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0
Je sirotais silencieusement mon café tout en écoutant les réponses de la jeune femme à mes questions. Elle avait préféré les fruits, et je ne l'en blâmais pas. De mon côté j'avais mangé un seul gâteau. Le sucré n'était pas ce que je préférais dans un repas.

Je réfléchissais en même temps, analysant chaque information, chaque élément qu'elle m'apportait.

- Je vois...Vous serez donc simplement spectatrice des parcelles du film de ma vie que vous entreverrez donc. Ce n'est pas plus mal pour vous.

Ce sous-entendu laissait croire que ma vie fut faite de souffrances. C'était à nuancer bien entendu. Je n'avais pas été à proprement malheureux, bien au contraire. Mais mes frustrations et rancœurs perpétuelles avaient fait naître mes tourments. Etre un éternel insatisfait avait fait de moi l'homme que j'étais devenu...Et ce n'étais pas très brillant pour l'heure. Mon regard s'était perdu quelques instant alors que je terminais mon café. Je reposais la tasse devant moi avec délicatesse, et posant mes prunelles azurées sur He'Thu je lui demandais doucement:

- Comment souhaitez-vous procéder Très Chère?
- Le temps est bon, le ciel est bleu... Et si nous allions nous perdre dans les champs à la façon des amoureux ? Elle me souriait admirablement, l'oeil à la fois taquin et joyeux. Là-bas, nous trouverions la quiétude nécessaire à notre étude, vous ne croyez pas ?

Profiter d'un temps clément pour trouver un coin tranquille au dehors. Sa comparaison avec des amoureux sublimée par son air malicieux me fit sourire. Quand je vous disais que c'était...particulier coté relation entre nous.

- C'est entendu, allons trouver un coin qui nous sera bénéfique pour mener à bien nos exercices.

Je me levais et m'approchant d'elle, je lui tendis la main tout en m'inclinant légèrement pour poursuivre sur sa requête d'être traitée en princesse. Nous quittâmes à nouveau le complexe, en quête d'un coin tranquille. Je la guidais, savourant la douceur de l'air alors que nous guettions l'endroit propice. A l'abri des regards...tels des tourtereaux cherchant à s'isoler pour profiter d'un moment de paix. Coupé du monde et de tout souci.Nos pas nous menèrent à une certaine distance du complexe. Pas trop loin ...mais suffisamment éloigné...Tout en restant dans le périmètre de sécurité. Je lui désignais un emplacement où trônait un arbre centenaire.

- A défaut d'un champ, que diriez-vous de nous placer sous la protection de ce vieil arbre?

Je la sentais ostensiblement ravie d'être traitée comme la princesse qu'elle était. Elle suivait mon invitation faisait démonstration de tout la bienséance qui convenait. Elle avancait aussi légère que la brise se retrouve à effleurer le gazon.

- Un tête à tête, à l'ombre d'un ancien... Et quel est-il, ce grand arbre ? Un chêne ? un hêtre ? un églantier ? Connaissez-vous les arbres, Docteur ?

J'haussais un sourcil...perplexe...Observant l'arbre en question comme si elle venait de me poser une colle. C'était le cas. Là d'où je venais les arbres n'étaient pas foison. Lorrd était une planète de neige et de glace. Dans un souffle je reconnus mon ignorance sur le sujet:

- Je crains ma chère que mes connaissances en botanique ne soient limitées. Elles sont plus de l'ordre des propriétés médicales des molécules qu'on extrait des végétaux que de la capacité à les reconnaitre. Une inculture navrante je l'avoue.
Comment moi-même pourrais-je vous en vouloir ? J'ai parfois évolué sous eux, jamais personne ne m'en a appris les noms... Enfin. Installons-nous confortablement, proche l'un de l'autre. S'il nous faut nous toucher, nous devons le pouvoir. Dos à dos, ou face à face, c'est à votre convenance.

Je la guidais vers ce vénérable vieillard qui allait être le témoin discret de nos expériences psychiques. J'aidais la demoiselle à s'assoir et je pris place... Face à elle ... je préférais cela plutôt que dos à dos. Au moins je pourrai observer ses réactions.

- J'imagine que c'est le moment d'entonner la ritournelle...?

J'avais hâte...

- Non, ne soyez pas si hâtif. Vous allez d'abord apprendre à distinguer ma présence. Ouvrez-vous, laissez-moi faire...

Je lui obéis, me laissant aller dans la mesure du possible. J'étais quelque peu tendu, il fallait le dire. J'entrais dans un univers qui n'était pas le mien. Je me demandais bien comment allais-je pouvoir la "sentir" en moi. Je compris dans les secondes qui suivirent...à travers des pensées qu'elle générait. Les idées qu'elle envoyait dans ma tête étaient simples. Je la voyais sourire face à moi alors que les ébauches qu'elle projetait dans mon esprit se faisaient de plus en plus claires: nous étions tout les deux sur une plage de sable blanc, rien d'autres que nous, le son des vagues, la chaleur du soleil sur notre peau, moi dans un joli maillot, elle, dans quelque chose d'au moins aussi superbe.

Je ne pus m'empêcher de sourire, ravi d'une telle perspective...Même si inconsciemment j'aurai presque préféré la présence d'une autre personne avec moi dans un tel lieu paradisiaque...Un autre type de corps...plus masculin. Mais il fallait parfois ce contenter de ce qu'on avait n'est-ce pas? Je savourai donc ces images qu'elle m'envoyait...Je n'avais jamais eu l'opportunité d'aller dans un tel endroit...Elle y remédiait de la plus belle des manières. Mes yeux pétillaient à mesure que mon sourire s'était élargit. Je la laissais guider ce "rêve éveillé".

Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss – yellowgreen
Ryden Thorlok alias Torhyn Lokred – #ff3300

Nos échanges sont un délice de tous les instants. J’ai le sentiment, lorsque je danse à ses côtés, d’être en présence d’un grand fixaran blanc, et, lui comme moi, connaissons notre goût pour la prédation, et, moi comme lui, nous nous délectons du goût probable du sang de l’autre. Dans ce plaisir malsain que nous prenons à la présence de l’autre, à entretenir nos flammes respectives, nous trouverons une force que nous n’aurions trouvé avec personne d’autre. Me voilà assise en tailleur face à lui, mes genoux frôlent les siens, juste assez prêt pour que je sente sa chaleur, juste assez loin pour que nous ne touchions pas encore. Toujours ce juste assez loin. Il accepte sans mal mon offre de plage, il sourit, son œil pétille et je saisis au vol une idée : a-t-il seulement eu conscience de l’avoir ? Et je suis une si vilaine demoiselle… Je lui souris, l’œil aussi brillant que le sien, et soudain, nous ne sommes plus seuls sur la plage. A sa gauche, un homme, bâti à l’exemple des dieux, il n’a pas de visage, pas encore, laissera-t-il survenir une piste ?

« Que… ? »

Il fronce les sourcils, surpris, et ses pensées cheminent malgré lui. Je suis assez étonnée par le visage qu’il place sur ce corps. C’est une chose que je n’avais pas perçu lors de notre rencontre. Peut-être était-elle plus récente ? Je suis assez déçue de ne pas l’avoir devinée. Soit, c’est le jeu, et il est un terrible menteur. En tous les cas, je peux savourer cette victoire. Un instant, je laisse voir une scène à la chaleur d’autant plus accablante que nous sommes alors trois, sur la soie, et que l’on se dévore. C’est si fugace qu’il pourrait même douter que cette pensée ait existé… Et pourtant, ce goût, cette douceur, cette étreinte… Je ris silencieusement après être sorti délicatement de ses pensées. J’imagine qu’il a besoin de retrouver, au sens propre, ses esprits. Je le laisse rassembler ses idées et l’invite, d’un regard, à me donner ses impressions.

Il semble un peu perdu, rien de plus normal. C’est la première fois qu’il se prête à une telle expérience, s’il s’était trouvé là comme un poisson dans l’eau, j’en aurais été surprise, inquiète même. Mais il sourit, sa curiosité l’emporte sur toute forme de rancune.

« Ce fut...déroutant. Il sourit davantage Et vous, jeune demoiselle, avez l'art et la manière de la mise en scène. Vous m'avez... désorienté. C’est peut-être que vous m’avez cru innocente aussi bien qu’ignorante, mais vous oubliez d’où je viens… Enfin, le tableau ne plut pas qu’à vous. Je ris de nouveau et je laisse le rouge me monter aux joues. Qu’on s’amuse ! « Maintenant, fermez les yeux, oubliez le monde réel, pour parvenir à saisir clairement les changements, il vous faut limiter les interférences de vos sens, à la façon dont vous maîtrisez l’environnement de votre laboratoire, il vous faut maîtriser ici, aussi. » Il n’émet aucune objection et, en élève studieux, il ferme les yeux.

« Bien, à présent, faites émerger un souvenir suffisamment puissant dans votre esprit. Il doit être net, recomposé le plus finement dans ses détails. Si vous laissez des failles béantes, en composant un mensonge par exemple, je le saurai. »

Je lui laisse quelques instants pour retrouver ses souvenirs, renouer avec le passé et, de nouveau, je m’invite dans son esprit. Je ne fais qu’observer, à travers ses yeux, les événements qu’il me propose. Je reconnais les lieux, je n’ai jamais vu ces scènes que dans des holoséries de jeunes premiers de la classe aux vies illusoirement tragiques. Une remis d’un diplôme. La salle applaudit, les projecteurs sont braqués sur le formidable du jour. Il pavane. La fierté domine. L’orgueil, sûrement. De la foule, surgit une femme au visage gravé dans le marbre de ses souvenirs. Mais cette foule … Des fantômes. Il triche. Même parmi les gens autour de lui. Parfois un visage, parfois un autre. De sa mère il se souvient distinctement, une autre importante est ciselée dans la pierre et connaît l’exactitude du souvenir véritable. Les autres… Des fantômes. J’installe un décor bien étrange. Il ne s’en aperçoit pas.

« Regardez autour de vous… Lorsqu’il ferait attention au détail, il constaterait que son esprit, soucieux de ses lacunes, aura de lui-même accepter mes propositions et combler ce vide, même au prix d’accepter d’autres contradictions comme la présente, au quintuple, de mon visage parmi les gens présents. La mémoire ne supporte pas le vide, elle accepte ce qu’il faut pour être comblée, le construit au besoin, et dès lors, la chose devient vraie. Vous êtes un habile menteur dans la vie, Docteur, mais votre esprit, lui, ne peut me mentir avec la même maestra. Vous me peinez, profondément, vous qui deviez me traiter en princesse, est-ce ainsi qu’on les traite ? Avec de tristes mensonges ? » Mon ton est en vibrato larmoyant et puis… j’éclate de rire et me dissipe. Je sais que la falsification de son souvenir lui laissera une sensation extrêmement désagréable, mais au fond, c’est lui qui a voulu jouer, c’est lui qui a pris le risque de perdre. Dans la réalité, parce que je ne veux pas qu’il m’en garde rancune, je l’aide à revenir et pose ma main sur son genou. Libre à lui de venir davantage trouver mon contact.
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0
Je n’aurai jamais pensé que ces jeux d’esprits deviendraient si intéressants. Malgré le fait qu’il était troublant de savoir He’Thu dans ma tête. Inconsciemment je venais de lui révéler une faiblesse notable et qui me perturbais quelque peu. Je devais le reconnaitre. C’était un vestige de la sentimentalité de Ryden…de son côté « gentleman romantique ». C’était gênant dans la mesure où cela créait une faille exploitable par un ennemi. Que se passerait-il si d’aventure quelqu’un venait à s’en prendre à Mee ? Comment réagirai-je ? Cet attrait que j’éprouvais pour le jeune homme ferait-il que je me mette en danger ? Ryden m’obligerait certainement à tout faire pour protéger le jeune major. C’était fâcheux…très fâcheux.

A dire vrai j’aurai pu me dire que je ne lui faisais pas confiance et que je me refusais de lui divulguer ne serait-ce que ma véritable identité. Et même si j’étais diablement rancunier, je me devais d’admettre que nous étions pareils elle et moi. Deux individus pour qui le but justifiait les moyens. Qu’importait la morale ou l’éthique. De même que l’un comme l’autre, nous étions imprévisibles.

Ces constatations m’avaient fait réaliser que, finalement, He’Thu était une personne capable d’entrer dans mon esprit et…de comprendre. Sans porter de jugement sur ce que j’avais fait. Du moins l’espérais-je. Mais en cet instant j’essayais surtout de « sortir » du pétrin dans lequel je venais de me fourrer par simple curiosité. J’avais choisi un souvenir lambda à mes yeux. Bien que pour la majorité des gens, une remise de diplôme puisse être un évènement marquant, la consécration de toutes ces années d’études. Le précieux sésame qui donnait le droit d’exercer pleinement mon art.

Cependant il y avait des « trous » dans ce souvenir. Il était incomplet. Bien que la présence de ma mère et du présent qu’elle me fit ce jour-là, lui donnait un certain intérêt. Mais je payais le pris de mon audace. La ntaure avait horreur du vide, cela se vérifiait aussi pour le cerveau, et donc la mémoire. Et avec la petite « touche He’Thu », le souvenir pris une forme légèrement différente. Je regardais les détails…je savais que ce n’était pas la réalité. Mais c’était trop tard. Ces modifications avaient imprégné ma mémoire et ce souvenir allait désormais avoir une saveur bien différente…Au gout de la jeune femme. Quelle étrange sensation.

Heureusement malgré ses reproches sur ma tentative de la berner, je sens sa chaleur sur mon genou. Ma main vint cueillir ses doigts fins, comme si j’avais besoin d’un contact supplémentaire pour « revenir » à l’actuel et ouvrir les yeux. Ma surprise passée sur ce qu’il venait de se produire, je ne pus m’empêcher de rire. Et je pris le parti de m’excuser avec douceur et regret sincère :

- Ma chère, ne le prenez pas personnellement. Pardonnez cette curiosité scientifique qui m’a poussé à vous désobéir. Me voilà puni, je l’admets. Et pourtant je trouve cela des plus intéressants. A présent, ma remise de diplôme aura votre touche personnelle… (heureusement que ce n’était pas un souvenir que j’aimais me remémorer plus que cela). Mes doigts se referment un peu plus sur ceux de la demoiselle, à présent je comprends la nature des risques et des dangers pour l’esprit dont vous faisiez précédemment allusion. C’est fascinant.

" Et la manipulation est d'autant plus facile que l'esprit, de refusant le vide, acceptera toute proposition qui lui permettrait de combler ces lacunes. Je n'ai eu qu'à le suggérer à votre inconscient et les mécanismes se sont mis en branlent, bien heureux de réaliser son office. " Elle jouait avec mes doigts, les laçaient aux miens, les délaissaient, les enlacaient. "C'est pourquoi il vous faut le souvenir le plus précis qui soit, pour ne pas laisser de failles à disposition de votre intrus. "

Un souvenir précis…J’en avais bien un en tête. Il était long...un petit extrait alors. Un petit sourire se profila sur mes lèvres alors que je fermais de nouveau les yeux pour reconstruire ce qui fut sans doute l’un de mes plus précieux.

Cette fois le décor est précis, nous sommes dans mon laboratoire, dans les sous-sols du Centre médical de Lorrd-City. Un endroit facilement confinable au cas où nous perdions le contrôle sur une souche virale ou une bactérie agressive. J’étais face à la vitre d’une chambre de confinement…Le corps d’un homme – ou du moins ce qu’il en restait - était avachis dans un coin, il avait perdu connaissance. Une femme était prostrée au sol…visiblement en souffrance. Elle respirait fortement, et continuait, inlassablement, de pleurer. Ce qui avait le don d’agacer mon « moi » plus jeune.

- Cessez donc de pleurer ! Et décrivez-moi ce que vous ressentez ! Soyez utile pour une fois !

Elle leva la tête vers moi. Même dans son état, He’Thu serait en mesure de reconnaitre Chani…La femme qu’elle avait vu à travers son pouvoir de Kiffar. Ses yeux étaient injectés de sang, sa peau horriblement livide était sillonnée par son réseau sanguin, où s’écoulait désormais un liquide sombre en guise de sang. Un épanchement infect sortait de sa bouche dans un gargouillement qui lui était plus que désagréable. Elle essaya de parler. Mais cela lui était difficile. Finalement…au milieu de ces borborygmes ineptes je pus comprendre ses propos :

- Maudit soyez-vous ! Vous paierez pour ce que vous avez fait Ryden ! Je vous le promets !

Et elle s’effondra dans un râle de douleur…Affligeant spectacle. Je soupirais, je ne me sentais nullement menacé par ses propos. Finalement je sifflais entre mes dents :

- Décidément…vous ne comprenez rien…Petite idiote.

Oui je n’éprouvais aucune pitié pour cette femme avec qui j’avais tant travaillé. Elle m’avait aimé et j’avais possiblement éprouvé de l’affection pour elle. Dans le simple but de l’utiliser. Elle s’était finalement révélée décevante. Je lui donnais l’opportunité de briller d’une autre manière et de se sublimer dans la mutation. Qui survint quelques heures plus tard pour mon plus grand ravissement.

Mes doigts avaient enserré un peu plus ceux d'He'Thu durant cette réminiscence...En un sens...j'avais largement payé pour ce crime...
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss – yellowgreen
Ryden Thorlok alias Torhyn Lokred – #ff3300

Alors que je m’immisce à nouveau dans son esprit, la surprise n’est pas le sentiment qui me domine, plutôt la déception. « Pourquoi me montrer ce que je sais déjà ? Docteur… Mon beau Docteur… Je vous pense plus d’audace. Ne me ménagez pas. Partageons, partageons ! Enfin... Puisque nous sommes-là, je peux vous montrer l’excellence du tableau. Une fois la ritournelle brisée, il vous faut impérativement promener votre hôte ainsi, de salle en salle, de scène exacte, en scène exacte, ne lui livrant que ce que vous acceptez de livrer. Encore une fois, il ne s’agit pas de refouler l’intrus, vous ne le pourrez pas, il vous faut gagner du temps. Ce sera votre ressource la plus précieuse, avant que votre dévouée enseignante ne surgisse de l’ombre pour vous sauver.

Vous vous souvenez de son regard, de ses mots. Il n’y a que vous, les éléments du décor sont pauvres mais exacts, nous sommes dans l’épure d’un laboratoire, c’est très bien. Un environnement que vous maîtrisiez à l’époque, que vous maîtrisez encore aujourd’hui. Mais c’est éprouvant, de garder ce souvenir présent, de ne pas lâcher votre concentration. C’est d’autant plus pénible que vous devrez le faire malgré le monde extérieur qui continuera d’exister. Veuillez m’accorder votre pardon, puisque vous m’avez demandé de ne pas vous ménager, je m’exécute. »


Puisqu’il m’a révélé ses goûts plus tôt, voilà que je me fais caressante à travers la Force. S’il ne peut douter que mes mains sont toujours entrelacées aux siennes, il doit sentir soudain des parties de son corps qui s’enflammer et ajouter quelques ardeurs à ses pensées. Quelle étrange idée, au fond, d’avoir été logée là le seuil du plaisir masculin… « Qu’est-ce que… Le désarçonner. C’est tout à fait ce que je vise, c’est tout à fait ce que je trouve. Ses doigts se crispent sur les miens, je sens que ses pensées, de nouveau se tourne vers Mee. Je le tance vertement : « Du nerf, Ryden, c'est votre vie que vous défendez, vos souvenirs, votre esprit, n'offrez pas ce trésor pour quelques douceurs éphémères. Concentrez-vous ! »[/i]
Ma voix, dans son esprit, est d'autant plus impérieuse que je le sens déjà dériver. Le souvenir disparaît, un homme revient, toujours. Ce damoiseau, un talon d'Achille ? Quelle tristesse... Si la voix est dure, mes subtiles délicatesses télékinétiques n'en sont que plus chaleureuses et insistantes. Le plaisir viendra nécessairement crescendo.

Il se débat davantage. Il reconstruit une salle, parvient à suivre le fil des idées et à le retourner contre moi en convoquant le vieux souvenir d'une étrange scène de séduction. Laquelle se double d'un début de ritournelle. Enfin, le Docteur que je connais se réveille. « Bien. Accrochez-vous, nous n'en sommes qu'au début de cette promenade. Je vous ménage, encore, un Sith n'aurait pas cette délicatesse. Accordez-moi votre pardon, mon beau Docteur, mais à la façon dont certaines peines guérissent le corps, celles-ci fortifieront votre esprit. Maintenez votre ritournelle. » Soudain, il n'était plus question de plaisir et de douceur. Cette fois, mes doigts avaient quitté ses mains pour venir trouver les points de pression douloureux présent sur son corps. Pas besoin d'instruments singuliers pour commencer à faire naître germer la douleur, c'était bien souvent une question d’où appuyer ; sur ce point, ma Dame m'a bien formée. Plus de tendresse, avec une froideur à la fois clinique et toute professorale, je m'exécute et immédiatement ses nerfs hurlent.

Nouvelle scène. Un immense bureau. Les pensées me présentent l’endroit. La mère, le père, les coups. La scène est terrible de l’enfant battu. Terrible pour toute une galaxie, peut-être. Je n’ai jamais connu la tendresse d’une famille, elle ne n’invite que peu mon cœur à s’épancher. « Ryden? Donne-moi des neuropathies périphériques. – Les mononévrites, les multinévrites, les polynévrites, les polyradiculonévrites chroniques et les CMT... Il engage une nouvelle ritournelle, j’admire la manœuvre. Alors que je m’apprête à le libérer, pourtant, une idée s’impose à lui. Dommage… Si j’ai alors le masque de la professeure, et une partie de son honnêteté pédagogique, j’ai le cœur plus dur et lorsque la faille se présente, j’y insère un coin et frappe. « Docteur, penser la défaite, dans ce combat, c’est la faire advenir. » Il m’a donné le code d’accès, je n’ai qu’à appuyer sur les touches pour lever les sécurités.
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0

Pourquoi avait-il fallu qu'il soit aussi faible ? Pourquoi n'était-il pas capable de cacher ses failles ? Ryden était un boulet pour moi. Un vestige du passé et surtout un être bien trop sensible. Heureusement, les souvenirs que nous partagions s'avéraient utiles. Et ainsi composer des ritournelles pour mieux "perdre" He'Thu dans les méandres de mes remembrances.

Des révisions sur les Virus ARN avec l'ex-compagnon de Ryden sur Coruscant, en passant par les coups de son père pour le punir de ses mauvaises réponses, j'avais su me défendre contre la kiffar, repoussant ses assauts qu'ils soient charnels comme douloureux. Mais, il était une chose à laquelle je ne m'étais pas attendu...Mes propres déficiences...A moi...qui était pourtant le plus fort de nous deux, non ?

J'avais mal...terriblement mal...et malgré moi je venais de créer une brèche dans le rempart que j'essayais d'ériger. Le bureau de Veland Thorlok disparut dans un tourbillon assourdissant. Il fut remplacé par un endroit que je ne connaissais que trop bien. Il faisait sombre...effroyablement sombre...J'étais au sol cherchant désespérément de l'air. Autour de moi c'était la débandade, les gens hurlaient, suppliaient, des corps jonchaient déjà le sol...agonisant...

Les tunnels de Lorrd-City...

- Le gaz...fis-je à haute voix en tremblant...NON ! Pas ça !

Je tentais de me trainer au sol, ma tête bourdonnait, mes yeux étaient rouges de sang et me brulaient atrocement. Une toux sans fin enflammait mes poumons et mes bronches. J’éructais des projections sanguinolentes qui laissaient une trainée sinistre derrière moi à mesure que j'essayais de m'enfoncer plus loin dans le tunnel pour échapper à une mort certaine.

La souffrance et la douleur avaient fait ressurgir le traumatisme de Lorrd...Comme une réponse morbide, mon corps fut secoué d'une quinte de toux violente alors que je cherchais à sortir de là. Mes mains cherchaient celles d'He'Thu...

Enfin...la douleur avait cessé. Je sentais les doigts de la jeune femme venir étreindre et calmer la fébrilité des miens qui trahissaient la panique face à laquelle je me trouvais. Je sentais ses caresses sur mes mains pour m’apaiser. Je l’entendais m’appeler pour me ramener :

- Ryden, reviens, je suis là, tout va bien. Je suis là.

J’étais pris dans le tourbillon du traumatisme subi lors de cette journée funeste, qui scella le sort de bien des Lorrdiens. Je sentais la jeune femme m’attirer à elle pour m’étreindre tant dans la réalité qu’en pensée. Je m’étais laissé faire, j’étais impuissant, transi de peur et de rage d’avoir été si avorton. Le souvenir s’effaçait enfin.

Un chant d’oiseau et le soleil sur mon visage. La plage paradisiaque. Nous étions revenus au point de départ, bien loin de Lorrd. Elle était parvenue à me sortir de ma tourmente. Elle m’avait appelé par mon véritable prénom, et elle m’étreignait avec une telle douceur…l’espace d’un instant je crus m’être retrouvé dans les bras maternels. Je savourais l’instant…Je me sentais apaisé.

Torhyn Lokred avait cédé la place à Ryden Thorlok en cet instant.

- Je suis désolé…murmurai-je. J’ai…cédé.

Ce que j’avais vécu sur Lorrd avait laissé des cicatrices plus profondes que je ne voulais bien l’admettre. Tant dans mes chairs que dans mon âme…

Elle m'enlaçait d'un bras tandis que son autre main venait entremêler quelques mèches de mes cheveux, dans un geste affectueux. Ses lèvres vinrent déposer sur mon front un doux baiser.

- Non, Ryden, nous savons tous les deux que tu n'as pas cédé. Je ne pensais te trouver si fort jusque-là. Ce qui s'est passé ensuite... Nous savons tous les deux qu'il n'est pas question de force. J'ai vu. Nous pouvons partager ce fardeau ou... Rester là, prendre soin de l'un de l'autre, et remettre à plus tard l'obscurité et les flammes.

Comme elle était gentille. Si douce et si chaleureuse. Après avoir abattu nos défenses, la voilà qui voulait partager mes peines. Je ne la repoussais pas pour autant.

- Tu as eu un aperçu de ce jour qui m'a...à la fois libéré, et en même temps détruit. L'attaque de l'Empire sur Lorrd m'a sauvé des chaines qu'on voulait me mettre pour mes expériences peu orthodoxes. Mais lorsqu'on m'a sorti de cette apocalypse je n'étais plus le même. Le gaz que les Siths ont libéré sur Lorrd-City avait fait des ravages.

Je ne doutais pas qu'après tout ce qu'elle avait vu dans ma tête, elle aurait possiblement des questions. Je la laissais libre de les poser ou non.

- De l'asthme, mmh ? " Elle rit doucement... C’était de bonne guerre. " J'imagine que la transformation de la petite Chani n'était donc pas un accident de laboratoire..."

Sa phrase laissée en suspens m’invitait à lui répondre. Ce que je fis en souriant :

- Effectivement. Je lui ai injecté la dernière fiole de virus qu’il me restait en même temps qu’une de mes tentatives d’inhibiteur…Un genre de catalyseur de la violence sur lequel je travaillais. Je marquais une pause, repensant à la scène. De même pour le technicien de la maintenance qui a fait irruption dans mon laboratoire peu après. Il était au mauvais endroit au mauvais moment. Mon inhibiteur fut un échec…Mais Chani…elle qui avait été si fade et insignifiante jusque-là…Sa mutation fut une révélation. Elle était si belle et majestueuse désormais dans sa robe vermillon. Et dans ses yeux…On aurait dit qu’il restait une part de conscience. Tu te souviens des Alphas sur Taris ? Voilà ce que j’avais sous les yeux à cet instant-là. Mon sourire s’effaça alors que je poursuivais : Mais…tu te doute bien qu’avec leur esprit étriqué…emprisonné dans leurs carcans éthiques et bien-pensants…les autres ne l’ont pas entendu de cette manière. Là où je ne voyais que beauté et évolution, ils voyaient horreur et régression. Ils m’ont jugé fou…inapte à exercer ! Les miens d’abord…puis la République…tous de petits esprits…sans vision d’aucune sorte.

Elle vint trouver mon regard et se plongea dans ma colère en même temps que dans mes yeux avant de répondre, avec un sourire cajoleur.

- J'imagine qu'une âme facétieuse te dirait qu'il t'a fallu ce contretemps nécessaire pour qu'advienne notre rencontre. Nos visages étaient proches et elle laissa le magnétisme durer avant de reprendre. Nous aurions presque pu nous faire un baiser d'esquimaux. Il ne te méritait pas comme je te mérite, voilà, qu'ils se perdent dans les limbes des temps anciens... Mais... Une chose m'inquiète, en toi. Nous savons tous les deux que le gaz n'a pas fait que maltraiter ton corps. Que caches-tu, mon gentil docteur, son ce front marmoréen ? A moins que tu ne veuilles m'en parler ?

Ma main libre se leva doucement, et avec délicatesse je laissais glisser mes doigts sur les traits délicats de son visage jusqu'à son menton que je pris entre mon pouce et mon index. Je la fixais, plongeant dans son regard comme pour lire au fond de ses iris ce qu'elle attendant comme réponse.

*Elle a compris...Elle est futée!*

- En effet murmurai-je à son attention à lui...Je relâchais le menton de la demoiselle. Et me résolus à éclairer sa lanterne. J'ai mis du temps à comprendre ce qui m'arrivais. Tu l'as compris. Mon véritable nom est Ryden Thorlok. Selon lui, il est présent depuis toujours, c'est juste que je n'étais pas disposé à l'écouter...et à déceler sa présence. *Faut dire que tu n'es pas un cadeau* C'est ce qu'on appelle un dédoublement de personnalité. Il...*Que je sache "il" a un prénom! C'est toi qui me l'a donné!* Il...je veux dire Torhyn *merci* semble être une personnification de ce qu'il appelle élégamment "nos démons". J'ai commencé à l'entendre un peu avant Taris. Et depuis...il ne cesse de prendre de l'ampleur *je rattrape le temps perdu!*. Depuis selon les moments c'est lui ou moi qui prend l'ascendant sur l'autre. Nous ne sommes pas très différents. *moi je sais m'amuser...toi non* Même s'il prétend que je suis plus "sensible" *faible* que lui *quand je disais que tu n'étais pas un cadeau*. Imagine...la première fois que je l'ai entendu...puis ensuite "vu"...J'ai cru que j'étais fou!*Un rien te mets en émoi il faut dire*.


Comment voulez-vous rester sain d'esprit ainsi?
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
Messages : 184
Eclats Kyber : 0
He’Thu Lhoss – yellowgreen
Ryden Thorlok alias Torhyn Lokred – #ff3300

Une fois n’est pas coutume, la chose m’échappe tout à fait et je ne peux que le croire sur parole. Je sais qu’un esprit peut envahir une enveloppe, en chasser le premier hôte et ainsi reprendre chair. C’est un des fantasmes de bien des Siths, une façon d’y trouver une sorte de vie éternelle. Mais ces savoirs secrets sont perdus de longue date, pour avoir été trop jalousement gardé. Deux êtres dans une même enveloppe ? Issus du même corps ?

« J’ai du mal à saisir ce conflit qui t’anime et… j’ose cette question, car c’est l’inquiétude qui m’anime : à quoi bon guérir le corps si ton esprit se trouve ainsi sur le fil ? Ne crains-tu pas… j’ignore si le terme est exact : qu’il se délite ? ou pire, que tu disparaisses au profit de cet étrange parasite ? » Il me sourit mais j’ai du mal à déchiffrer son expression. Peut-être parce que lui-même est confus ? – Je comprends tes craintes. Je ne suis pas psychiatre. Mais il semblerait que ce "parasite" soit un mécanisme de défense de ma part. Il est ce que j'ai de plus sombre en moi. Il prend l'ascendant lorsque je suis en proie à la colère, la frustration, quand je déchaine ma colère. Ainsi je me protège moi...Je pense même qu'il peut être utile. Mais je suis d'accord que pour l'heure nous sommes encore au tâtonnements de notre...cohabitation. Cependant, quelque chose me dit que guérir mon corps m'aidera à mieux...l'appréhender. »

Je continue de jouer avec ses cheveux, le bout de mes doigts s'égarent aussi sur son visage, dans sa barbe, courent sur l'arrête de son nez, saute jusque ces lèvres, se promènent, en somme. « De la même façon que je me tourne vers toi pour que tu prennes soin de mon corps et de mes petites blessures, ne serait-il pas sage que tu te tournes vers un confrère pour qu'il vous guide et vous conseille ? Comment savoir que cet autre... toi, ne s'amuserait pas à saboter ton travail, au dernier moment, par un pur plaisir malsain ? Je ne lui ai pas senti ta mesure. Il est... Insatiable, vitupérant et... destructeur à ton égard. Mon doigt parcourt le sourcil qu’il vient de hausser… Il serait presque vexer d’avoir à admettre qu’il n’a pas la science infuse. Il m’amuse. – Tu as sans doute raison. J'ai poser un diagnostic parce que je me connais...Et que j'avais deja des doutes depuis quelques temps. Je me suis lourdement documenté. Mais...ce n'est pas mon champ de compétence médical...Il n'y avait qu'un tout petit problème: je suis le seul médecin ici. Je n'ai pas la possibilité de communiquer avec l'extérieur. Darth Oracci m'a autorisé simplement à publier des articles scientifiques sous ma fausse identité. Et je suis coincé sur Kohlma. Ni le Seigneur Ganys, ni son altesse ne sont au courant de mon état tant sur le plan physique, que psychologique. Tu...es la seule à savoir pour l'heure. »

Ma main va plus lentement, alors qu'un sourire rayonnant né spontanément sur mon visage, et que j'ai le rire au bord des yeux. « Mon beau docteur, es-tu en train de me dire que nous sommes alors deux vilains garnements qui avons tous deux de malins petits secrets ? Alors que je souligne l'évidence, mon index s'arrête sur la pointe de son nez que je tapote doucement, me retenant de rire. Je l’accompagne lorsqu’il cède lui-même. – Il semblerait que ce soit le cas, en effet. De nouveau, il saisit ma main et y dépose ses lèvres. Peut-être espère-t-il par-là déposer un sceau sur les miennes ? Je crains cependant ne pas être en mesure de cacher mon état de santé encore bien longtemps. Darth Ganys me surveille...Il a des soupçons et les deux droïdes qui travaillent avec moi sont de vrais moulins à paroles. Un nuage passe sur son visage. L’inquiétude le ronge. – Alors il semble que notre plus grand ennemi soit le temps. J’oeuvrerai avec ardeur pour tenir la promesse que je t’ai faite. » Est-ce à cela que le jeu doit aboutir ? A-t-il seulement abouti ? Les flammes lèchent nos doigts tandis qu’ensemble nous jetons les dés.
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
Messages : 349
Eclats Kyber : 0

La jeune demoiselle s’était faite si chaleureuse, caressante, et un brin taquin. Mais ce n’était pas désagréable. Je réalisais que je m’étais pleinement laissé aller dans cette étreinte que nous échangions désormais. Une chose que je n’aurai pas cru possible il y a encore quelques heures en la compagnie de cette enfant de Kiffu. Non pas qu’elle n’était pas charmante, elle l’était, à n’en point douter. Simplement, je n’avais pas confiance en elle. Or, je venais de mettre une partie – pour ne pas dire la totalité – de ma vie entre ses jolies mains.

J’imaginais que le fait qu’elle soit entrée dans ma tête et qu’elle ait eu accès à des bribes de mon passé avaient permis ce bond en avant coté proximité ? Nous avions toujours eu une relation ambigüe, soufflant le chaud et le froid. Le rancunier que j’étais lui en avait voulu de m’avoir humilié. Mais, à cet instant, je m’en remettais à elle. Il fallait dire que à cette heure-ci…qu’avais-je à perdre ? Mon corps était à l’agonie, en souffrance perpétuelle. Mon esprit était brisé…scindé en deux. Il ne me restait plus que mon intelligence, mes capacités médicales et ma réflexion.

- Le temps…oui. Il va nous faire défaut à un moment où à un autre. Je la regardais avec intensité alors qu’elle me promit de travailler dur pour me venir en aide dans ma quête d’un remède pour contrecarrer les effets du gaz de Lorrd sur mon organisme. Un sourire doux se dessina sur mes lèvres fines, illuminant mon visage fatigué. Inclinant doucement la tête, je vins écarte doucement une mèche de cheveux rebelle du font d’He’Thu pour la glisser derrière son oreille. Mes prunelles céruléennes scintillèrent soudainement. Ma main descendit délicatement le long de sa mandibule. Une caresse affectueuse, quelque que peu aguichante.

J’aurai voulu lui dire « merci ». Mais…je n’y parvenais pas. Le mot semblait figé dans ma gorge. Je voulais lui montrer ma reconnaissance, mais quelque chose m’en empêchait. Sans doute…lui ? A moins que ce ne soit moi qui pour une fois ne savais quoi dire ? Alors, sans réfléchir plus que nécessaire, et parce que des fois les mots étaient inutiles, ma main vint englober l’autre coté de son visage pour harponner sa nuque. Je l’attirai à moi pour déposer mes lèvres sur les siennes dans un baiser tendre.

Ce n’était pas le genre de baiser volé ou fugace que nous avions déjà pu échanger. Ni l’embrassade brulante d’un désir charnel. C’était beaucoup plus subtile que cela. Un témoignage de ce qui nous liait. D’aucuns auraient pu me trouver audacieux, peu gentleman. Mais peu me chaux.

Cela ne dura pas longtemps. Elle accepta l'offrande, avec la même tempérance, la même douceur. Mais, alors que je m'écartais, elle me rattrapa pour déposer un dernier baiser sur mes lèvres.

" Tu ne rêves que de ce jeune homme, et voici que tu m'embrasses. Que veux-tu me dire, Ryden ? "

Elle n’était pas dupe. Et oui…j’avais le beguin pour Mee. Et alors ? D’autant plus que je savais que le jeune major n’avait pas les mêmes inclinations que moi. Et la demoiselle ne m’avait pas ménagé depuis tout à l’heure.

- Sans doute que tu as une place toute spéciale pour moi. Ce qui était vrai. Je souris, et lui proposais mon bras pour la ramener. Je dois regagner mon laboratoire, avant que mes zinzins d’assistants ne fichent en l’air mon travail…Et…Je dois prendre…mon traitement.

" Il faudra un jour me dire laquelle, joli Docteur, allons chercher vos médicaments, la journée aura été riche en émotion. " Elle sourit et accepta mon bras. J'accueillis ses propos avec un clin d'œil taquin. Nous regagnâmes le complexe, de la même manière qu'un couple regagnerait ses pénates.


**

Une fois seul dans mon laboratoire je pus faire le point sur la journée. Branché à mon appareil de nébulisation, je voyagais dans mes pensées dans mon "Palais de mémoire". Un roi en son palais. J'étais plus motivé que jamais pour trouver une solution pour guérir. J’avais un espoir désormais. Un sourire se profilait sur mes lèvres. J’allais devoir trouver une solution pour ralentir le processus…

*Que vous étiez mignons...T’es trop sentimental…*
- Je sais.
*Elle est futée...Elle peut nous être utile donc…*
- Bien entendu. Tu en doutais ?
* Elle en sait beaucoup cependant…*
- Je sais…
*Il faudra la surveiller*
- Toujours !
*Et comment comptes-tu t-y prendre pour ralentir le processus? Et si les autres s'en rendaient compte?*
- Je vais faire au mieux pour adapter les traitements...En attendant. Lui faire gagner du temps...Et si tu cessais de me tourmenter sans cesse cela m'aiderait.
*Tu lui fais confiance ? A cette fille je veux dire?*
- C’est une Sith…il faudrait être fou pour cela.

Nous rîmes silencieusement…Fous…nous l’étions…mais pas à ce point-là.

* Elle m’a traité de parasite…*

Je ris de plus belle…Dire que j’allais devoir consulter…Voila une chose qui ne m'étais même pas venu en tête...Cette jeune demoiselle était vraiment surprenante...


--

FIN RP


Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn