Zéphyrin Fortunatus
Zéphyrin Fortunatus
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Une matinée solaire irradiait les courbes épurées du Temple Jedi d’Ondéron alors que Zéphyrin fraîchement réveillé sortait de sa torpeur matinale. Les yeux encore embrumés de sommeil, il avait rapidement pris une douche en vérifiant son état général sur le moniteur de la machine implantée dans son estomac. Le padawan n’était pas en forme ce matin. Ses muscles étaient sévèrement douloureux comme chaque matin et une désagréable nausée agitait ses tripes : rien de nouveau sous le soleil. Alors qu’il quittait la douche et enfilait sa bure le bip strident de PP9, son droïde médical, attira son attention. Le droïde roulant ouvrit une trappe interne dans laquelle se trouvait plusieurs cachets tout en faisant couler de l’eau dans un gobelet recyclable via un autre orifice.

Merci PX8, je vois le Chevalier Kayan ce matin non ? Questionna l’adolescent.

Un bif affirmatif émana du droïde.

Avec la force de l’habitude, Zéphyrin ingéra les médicaments en se regardant dans la glace de la salle de bain. Son reflet lui renvoya l’image désormais familière d’un visage déjà fatiguée par une nuit agitée, entrecoupée de deux réveils pour aller vomir en catastrophe.

Une vive douleur, le transperça de part en part d’un coup sec ; il manqua de tomber par terre et se rattrapa de justesse au lavabo faisant un signe à PX8 pour l’assurer que tout allait bien. Foutue douleur.

Zéphyrin quitta ensuite à pas de loup la sécurité rassurante du quartier des padawans et traversa rapidement les couloirs encore silencieux du Temple à cette heure matinale pour aller jusqu’au centre médical. Il n’avait pas de toute façon pas faim et sauta la case cantine.

Le padawan salua avec respect les quelques Jedis qu’il croisa sur le chemin avant de franchir le seuil du quartier médical, un lieu qu’il connaissait comme sa poche pour y passer un temps considérable. A la différence de nombre de ses condisciples aspirants, Zéphyrin avait presque un double emploi du temps, en plus des activités classiques, son planning était jalonné de soins, d’examens et de période de repos plus longues pour lui permettre de ne pas trop solliciter son corps malade. Cette largesse ne lui faisait aucunement plaisir mais était une obligation médicale bien trop importante. Une différence majeure qui, toutefois contribuait un peu plus à l’isoler du reste des autres jeunes de son âge.

Le garçon salua poliment l’infirmière en charge de l’accueil et se dirigea vers une salle d’examen adjacente. Un passage réglementaire supplémentaire qui permettait à l’aide d’une machine sophistiquée de vérifier son état général. Il retira sa bure et pris place au centre de l’imposante machine sphérique qui se mit en braille. Pendant que les lasers scannaient chaque recoin de son pauvre corps, il pria à la Force que tout aille bien ne voulant pas rater son cours particulier avec le Chevalier Kayan. Zéphyrin voyait régulièrement le Hapan qui incarnait selon lui parfaitement une vieille expression qui disait qu’on ne voyait bien qu’avec le cœur et que l’essentiel était invisible pour les yeux. Était-ce d’ailleurs pacque que Luke ne le voyait pas qu’il se sentait en confiance avec lui ?
La douceur du Chevalier Jedi faisait de leurs entrevues un moment plutôt plaisants et lui permettait de travailler les techniques Jedis de restauration dans la Force, un domaine qui le fascinait autant qu’il était nécessaire à sa survie.

L’examen terminé et les résultats envoyés directement sur le datapad du Chevalier, Zéphyrin se rhabilla et fit demi-tour vers une grande salle tamisée dans laquelle l’attendait le Hapan. Vu la vivacité des douleurs ce matin, les résultats ne devaient pas être très encourageants ; songea tristement le Padawan en entrant dans la salle.

Bonjour Chevalier Kayan, dit-il poliment en s’avançant vers le blond dans la salle. Comment allez-vous ce matin ? Avez-vous des nouvelles de la guerre civile de l’Empire Sith ?

Habitué à la routine qu’impliquait ce cours particulier, Zéphyrin retira à nouveau sa bure et son chandail pour se retrouver torse-nu, sa maigreur aurait fait pâlir d’envie un top model. Il s’allongea ensuite sur dos dans le futon disposé au centre de la pièce et ferma les yeux attendant que le Chevalier utilise ses puissants pouvoirs.

Je n’ai pas très bien dormi cette nuit. J’ai beaucoup vomi. J’ai mal au ventre, dans le dos et à mes quatre membres, je me sens fatigué et je suis presque sûr que la dose de RUI-877 était trop dosée hier soir. Mais vous le savez sans-doute déjà. Déclina-t-il avec la tranquillité mécanique de l’habitude tout en fermant les yeux.

Il détestait cette impuissance et cette dépendance aux autres. En dépit de toutes ses années, et même s’il disait le contraire, il ne parvenait toujours pas à s’habituer aux propres trahisons de son corps et le maudissait pour cela. Il chassa les pensées tristes et fugitives qui lui parsemaient l’esprit et tâcha de se détendre le plus possible en focalisant son attention sur l’aura lumineuse de Force qui émanait du Chevalier Jedi.
Luke Kayan
Luke Kayan
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Luke éteignit le réveil qui s'agitait sur sa table de nuit, vêtue d'une lampe flexible et légère. Le jeune homme était déjà habillé de toutes manières. Il retourna dans la salle de bain pour d'ultimes retouches avant son rendez-vous : essorer sa crinière blonde après un bain en profondeur et vérifier le contenu de sa ceinture utilitaire. Aujourd'hui, un rendez-vous un peu spécial exigeait une organisation encore plus claire que d'habitude. Sans infantiliser Zéphyrin, Luke prenait garde à suivre scrupuleusement le protocole. Se désinfecter, ne pas oublier plusieurs fioles de puissants anti-bactéries, porter une queue de cheval plus stricte (un enfer pour attraper toutes ses mèches sans miroir pour s'aider) et une relecture structurée des vitales du garçon. De semaine en semaine, les résultats de la maladie évolutive changeaient, il fallait adapter les médicaments, le dosage de ces derniers, vérifier et laver l'état des sondes.

Bien qu'il s'informe de tout, le Jedi s'occupait d'une partie plus mystique des soins de l'étrange Padawan. Sa connaissance de la médecine via la Force l'avait "promu" à ce rang de guérisseur spécifique de l'adolescent, puis de fil en aiguille, à celui de professeur. Le Hapien ayant renoncé à enseigner s'était défendu mais après moult insistances, il avait cédé. Le Conseil jugeait sans doute que la propre faiblesse de Luke -dérisoire en comparaison avec celle de Zéphyrin- pouvait aider l'élève à garder espoir, sans oublier une manière indiscutablement différente quoiqu'inconsciente d'éduquer. C'était sans pitié abusive, sans compassion diminutive que le blond guidait l'humain, parce que lui-même n'appréciait pas qu'on le materne.

- Bonjour Zéphyrin -Après quelques séances impliquant une forme d'intimité spéciale que seuls le soigneur et le patient pouvaient comprendre, le Chevalier avait fini par appeler le garçon autrement que "Padawan + nom de famille" bien qu'il le vouvoie toujours.- Je vais bien, merci. Quant aux nouvelles, il semblerait qu'un traité soit sur le point d'être signé.

Le jeune homme n'était pas au courant des détails, surtout qu'il était revenu hier soir de Dantooine, mais il avait entendu ces rumeurs, lesquelles l'avaient fait frissonner. Évidemment il se garderait bien de partager son idée quant à ce prétendu traité avec un disciple. Ce genre de conversation presque dissidente (surtout venant de lui), le Hapien ne la partageait qu'avec Karm ou encore Saï, son ancien maître.

- D8, donne-moi les données de la pièce, et note dans ta mémoire de dire au centre médical de réduire la dose de RUI-88.

Indiqua sobrement le Jedi, qui, au son du froissement de tissu et celui plus subtil de la peau qui se frotte au futon avait compris que Zéphyrin s'était installé. Pendant ce temps, il avait retiré sa propre toge, remonté les manches de sa tunique beige et s'enduisait méthodiquement les doigts d'un gel hydroalcoolique pur. Il demanda au robot de baisser un peu la température et d'augmenter la force du filtre à air.. Les bactéries aimant l'air humide et chaud, il fallait veiller à donner toutes les chances possible au malade en réduisant la température, sans oublier de renouveler davantage l'oxygène de la pièce.

- Les signes de la maladie ne se réduisent pas, en effet... Ceci dit, les effets de la restauration à travers la Force semblent avoir perduré plus que la dernière fois. Les résultats montraient des plaies en phase de s'infecter qui ont stagné ou guéries.

Luke eut un faible sourire, lequel se voulait encourageant. Il vérifia quand même la dose de RUI-88, même s'il ne doutait pas que l'apprenti ait raison. La souffrance quotidienne avait appris à cet adolescent à s'écouter. Mieux que certains médecins, probablement. Luke connaissait ces signes avant-coureurs, inquiétants, même si à l'époque il en était moins conscient. Deux ans à passer de la maison de son père et de sa belle-mère à l'hôpital. À être ausculté, soignée, alimenté à coups de vitamines suite aux mauvais traitements subis toute son enfance, sans oublier une rééducation pour lui apprendre à vivre avec sa cécité. Une rééducation à laquelle il avait été peu réceptif, alors traumatisé, plongé dans ses ténèbres.

- Il faudrait essayer de manger plus

-Expliqua Luke avec un léger soupir occultant sa gêne. C'était une remarque qu'il détestait quand on la lui faisait, alors forcément, la servir à Zéphyrin le dérangeait. Malheureusement, le constat était obligatoire, l'enfant était trop maigre, plus encore que lui qui s'était d'ailleurs très légèrement étoffé. Là encore ils se rapprochaient l'un de l'autre sans que leurs cas ne soient complètement similaires. Luke avait des soucis psychologiques (ignorés et camouflés par sa condition de Jedi entraîné), tandis que Zéphyrin souffrait de problèmes physiques. C'était donc d'autant plus dur, culpabilisant de lui sortir cette phrase clichée. Hélas, le corps maltraité du gamin avait besoin de nourriture pour retrouver un semblant d'énergie.-

- Aujourd'hui je vais vous apprendre à participer aux soins, en passant à travers vos veines. C'est un parcours déjà préparé par la nature, on peut circuler partout, atteindre chaque organe, os. Tout d'abord, il faut le connaître, apprivoiser le rythme sanguin, apprendre à le connaître pour s'y glisser. Une idée de comment faire ?

Interrogea doucement le Chevalier sans guère plus d'introduction. Il était du genre calme mais direct, et puis il n'avait pas envie d'envelopper Zéphyrin dans plus de bacta. Le pauvre garçon devrait vite se rendre compte que pour sa propre survie, il avait intérêt à intégrer des auto-soins. La maladie étant évolutive, il lui faudrait peut-être même maintenir la Force active à un certain degré, jusqu'à ce que le mal finisse normalement pas gagner, heureusement sur du long terme espérait le Medcorps qui voyait par chance, et malgré les mauvais jours du Padawan, la courbe chuter moins vite.

De ses mains fines et légèrement rafraîchies par le produit hydroalcoolique, Luke palpa le corps meurtri du gamin. D8 l'assistait mais pas tant que ça. Le Hapien était passé maître dans la reconnaissance aveugle -littéralement- de l'anatomie humaine et proche-humaine parce qu'il s'aidait effectivement des vaisseaux sanguins pour voyager en chaque être, ainsi que ses doigts pour l'extérieur. Il passa ses mains sur les épaules de Zéphyrin puis descendit en bas de la colonne où il appuya doucement sur plusieurs points. Au passage, il offrit un massage au garçon, pratiquant plusieurs techniques de Kinésithérapeute bien qu'elles restaient superficielles.

Son esprit plongea dans les méandres du coeur de Zéphyrin et il sentit sa boule de Force Lumineuse pulser au rythme de l'organe. Il choisit une des veines dans laquelle s'était engouffré son onde pour la suivre et visiter le corps malade.

- Suivez mon aura

Proposa Luke en guise d'indice alors qu'il profitait de son passage pour libérer une partie de son pouvoir curatif. Douce et tiède, l'onde se posait, tel un pansement réconfortant quoiqu'éphémère sur les plaies internes. Le Hapien sentit furtivement la tristesse du gamin mais fit comme s'il ne sentait rien par pure pudeur. Au fond, il admirait cet enfant si courageux qui offrait sa vie à l'Ordre quant il aurait pu, dû même être une simple victime dépendante. Mais non, Zéphyrin s'ouvrait au monde, voulait l'aider et le soigner à défaut de pouvoir le faire pour lui-même.

Volontairement, le soigneur avait amplifié son aura pour que l'apprenti puisse la trouver après quelques tâtonnements et suivre le chemin de ses propres veines.
Zéphyrin Fortunatus
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C’est une bonne nouvelle je crois ; enfin, je n’ai pas vraiment l’expérience pour avoir un avis pertinent mais c’est préférable qu’il se fasse la guerre entre eux je présume.

Les guerres avec l’Empire étaient pour lui à la fois très lointaines et très proche. Lointaine car il ne quittait presque jamais Ondéron et l’idée même de se rendre dans l’espace impérial le faisait frémir de peur. Proche pourtant, car il voyait régulièrement des blessés au centre médical qui avait battu le sabre avec ces terrifiants démons corrompus par le côté obscur de la Force. La guerre faisait des ravages, mais lui ne voyait presque que les défaites.

Zéphyrin était trop habitué au décorum et aux protocoles médiaux pour y prêter la moindre intention, tout cela était pour lui une seconde nature. Il avait par ailleurs toute confiance en Luke pour respecter la longue liste de choses à vérifier et à revérifier pour s’occuper du padawan.

Je crois que nos séances portent leurs fruits Chevalier Kayan. Vous êtes un guérisseur efficace et votre affinité à la Force et très puissante, je le perçois à chaque fois que nos flux de force se lient.

Dit-il doucement avec une authentique sympathie à la réflexion de Luke sur une potentielle amélioration : une goutte d’eau dans le désert, mais rien n’était à jeter. Zéphyrin faisait peser sans le savoir de gros responsabilités sur les épaules du beau Hapien. Ce secret espoir minuscule d’une rémission totale trottait toujours dans la tête du Corellien. C’était totalement tabou et aucun soignant n’avait jamais pris le risque d’en parler mais Luke y arriverait là où tous les autres avaient échoués.

Franchement, vous n’êtes pas écœuré de la nourriture de la cantine après toutes ces années passées au Temple Chevalier Kayan ?

Le garçon tenta un trait d’humour à la question de la nourriture pourtant cruciale. Le poids et l’alimentation étaient des paramètres très surveillés et la dernière fois qu’il était passé sous le seuil critique, on l’avait hospitalisé avec une sonde gastrique pendant une semaine.

Je blague, je ferai un effort, c’est promis.

Il ne s’était pas formalisé de la remarque, il y était habitué. C’était d’ailleurs presque touchant quand la remarque sur sa maigreur émanait de novices âgés de sept ans à peine. Chez Luke, elle résonnait différemment comme un vécu ou une vraie inquiétude. Zéphyrin ne savait rien du passé du Chevalier, trop poli pour s’aventurer sur ce terrain-là, il s’était pourtant maintes fois interrogés sur le blond. Sa cécité, toutes les aventures épiques auxquelles il avait participé. Il était d’ailleurs de notoriété publique que Luke Kayan était l’ancien Padawan du Grand Maître du Conseil Jedi. Il fut rappelé à la réalité par la question.

Je dirai qu’il faut faire comme si on était une caméra minuscule pour se balader dans le corps ? J’ai lu un traité de médecine Jedi à ce sujet mais je ne suis pas sûr d’être capable de le faire.

La connexion avec lui le fit taire et la douce vague de chaleur qui s’immisça dans son corps le fit trembler. Sentir tourbillonner en lui une aura de Force qui n’était pas le sien était toujours une expérience étrange. Comme si chacun des battements de son cœur expulsait en plus du sang un peu de Force dans l’ensemble de son organisme. Il se sentait en sécurité, apaisé, calme. Les mains douces du Chevalier qui parcouraient son corps lui firent penser à la brise estivale de l’été corellien, à l’époque où il était encore en bonne santé et riait à gorge déployée des taquineries de ses sœurs, allongé dans l’herbe encore fraîche du domaine. La douleur semblait un peu plus lointaine comme effrayée par le bonheur de ce souvenir.

J’essaye, murmura-t-il.

Zéphyrin puisa dans la Force en serrant les poings, déployant sa propre lumière de Force en cherchant à tâtons celle de Luke. L’exercice était difficile, La Force se perdit dans son corps et son souvenir heureux s’effaça laissant place de nouveau au marasme et à la tristesse.

J’essaye, vous allez un peu trop vite.

Il ferma un peu plus les poings et bloqua sa respiration pour identifier un peu plus précisément où allait Luke, c’était dans le bas ventre. La cave abdominale ou à côté. L’éclat lumineux se fit un peu plus fort et il parvint enfin à s’accrocher à l’aura de Force de Luke qui l’éblouit par sa pureté et son intensité.

Il était à l’intérieur de ses veines et parvenait maladroitement et avec beaucoup de flou à visualiser ses tissus, ressentait jusqu’au flux sanguin malade qui s’écoulait comme un torrent. Il voyait les tissus malades, les médias, les intimas, l’adventice et sentit que quelque chose n’allait pas. Voir une partie de ses maladies lui fit un choc et le déstabilisa. Son aura de Force s’éteignit et il poussa un gémissement plaintif en sursautant.

Il s’excusa d’une voix faible. Je, je suis désolé Chevalier Kayan. Excusez-moi. Ce n’est pas facile. C’est une sensation très étrange de se sentir de l’intérieur. C’est vraiment pas beau à voir hein ?
Luke Kayan
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Luke laissa à Zéphyrin le choix des prognostiques quant à l'Empire. De nature idéaliste, le jeune homme avait pour sa part, et paradoxalement, trop vu pour croire que ce traité soit foncièrement honnête. Son éducation enrichie de quelques preuves (An'ya ou encore Yulpi) le poussait à croire en la rédemption, mais son expérience tendait à lui chuchoter, non crier le contraire. Inutile cependant de tourmenter ou gâcher la vision d'un enfant déjà malade. Ce dernier apprendrait au fil des années, il y avait des choses que chacun devait voir de lui-même pour retenir la leçon et, qui sait, peut-être que les choses auraient changé à ce moment.

- Je pense surtout que le travail combiné des experts mais aussi votre maîtrise de la Force allant contribuent à une stabilisation de votre état.

Luke sourit pour donner de la saveur à son compliment glissé dans la phrase, il redevint toutefois vite sérieux. Si donner de l'espoir à l'adolescent lui semblait important, il fallait aussi le mettre en garde. C'était la partie la plus difficile, celle à laquelle peu ou personne ne voulait se frotter, d'où le fait qu'on évitait en règle générale les faux espoirs. Au final, on ne communiquait donc rien à Zéphyrin pour ne pas instiller trop de joie, de crainte ou de peine en lui. Le Hapien avait pesé le pour et le contre d'agir de la sorte. Après avoir trouvé plus d'arguments en faveur, il s'était toutefois contredis. Une histoire de véritable compassion ou de justice, peut-être. Karm avait en tout cas initié ce changement de ligne directive en apprenant au Chevalier que la froide logique n'avait pas toujours raison.

En revanche, les principes, eux restaient solidement ancrés dans l'esprit un peu rigide du concerné. Il s'en fallut de peu pour une réprimande sévère quoique calme. Les repas de la cantine était équilibrés, naturels et nutritifs, tout dont un être vivant pouvait rêver. Les Jedis étaient de grands privilégiés à avoir ainsi accès à ces denrées dont certains manquaient cruellement. Heureusement pour lui, Zéphyrin s'était vite rattrapé et même si la blague reste douteuse pour le timide -pour ne pas dire coincé- Hapien, ce dernier eut un léger sourire, reconnaissance extrême venant de sa part : oui, il le concédait, ça avait été drôle.

****

- Ne vous en faites pas, vous avez tout votre temps.

L'exercice durait depuis 5 bonnes minutes désormais. Luke sentait venir et s'en aller l'aura de Zéphyrin qui le cherchait. Imperceptiblement, il irradia un point particulier avec un peu plus de force encore. Si le blond était assez sévère comme professeur, il n'admettait pas que l'on abandonne facilement, il était d'une patience infinie. D'aucuns lui auraient même prêté une subtilité ignorée car il s'arrangeait pour baisser légèrement la dureté de son exercice discrètement. C'est ce qu'il faisait actuellement après s'être assuré que l'adolescent offrait toute sa volonté. Parti à la recherche de son aura, Luke la soutenait avec délicatesse, l'effleurant plusieurs fois et creusant son sillage pour être plus facilement retrouvé.

S'il contribuait effectivement aux soins de Zéphyrin presque exclusivement concernant cette partie mystique, Luke croyait que l'Ordre entier était responsable de sa survie. Il n'y avait en lui aucune fausse modestie. Son taux de Midichloriens très élevé ne faisait que le démériter. Il devait travailler beaucoup plus pour qu'on lui reconnaisse une réussite, parce qu'il avait eu de la chance. Concernant le jeune patient/élève, le Hapien ne trouvait pas qu'il y en ait vraiment une de sa part... Si c'était le cas, il aurait pu apaiser durablement ses souffrances, voir prendre son mal. Ne le pouvait-il pas ou le craignait-il inconsciemment ?

- Je ne suis pas très doué dans le domaine. Je veux dire, celui de déterminer ce qui est beau ou non à voir. -Répliqua le Chevalier d'un ton amusé. Curieusement, il était très à l'aise pour parler de son handicap, bien plus que s'il fallait se présenter, parler loisirs ou admettre ses goûts. Sans doute parce que c'était un sujet bien connu pour lui et décomplexifié, surtout grâce à Saï, son maître.- Mais je peux imaginer... Je sens les boursouflures, les creux abrupts, inexpliqués dans votre chair.

Une des faiblesses de Luke qui l'empêchait de devenir pleinement médecin était évidemment sa vue. Sans la Force, il aurait pu, au mieux, aspiré à devenir une bonne encyclopédie vue sa mémoire et sa capacité à lier des symptômes entre eux, mais guère plus. La Force lui offrait l'occasion de sentir les organes, de palper les contours, d'entendre les dissonances et d'espionner des écoulements divergents comme le sang qui sortait de sa rivière. Malheureusement il restait handicapé et ne saurait déterminer, sauf s'il y avait une vraie différence, ce qui était une contusion d'une infection. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, la Force ne lui faisait pas retrouver la vue (c'était arrivé 3 fois dans des cas très particuliers), elle l'aidait comme un radar s'entrechoquant contre les obstacles.

- Les couleurs comptent beaucoup en médecine, je rate donc pas mal de données, mais rassurez-vous, ceux qui doivent s'en occuper disposent d'une excellente vue.

Le rosé frais d'un organe en bonne santé, le bleu inquiétant, le blanc infecté ou encore le noir nécrosé étaient autant de détails que Luke percevait à moitié ou pas du tout. Il se rattrapait grâce à une écoute excellente du corps, de ses bruits et de sa communication générale.

- Les veines palpitent mais le sang va un peu moins vite dans la zone intestinale, je penche pour une légère hémorragie, ce qui vous a fait perdre en pression. C'est léger, donc facile à guérir mais plus difficile à trouver. Suivez le cours du sang pour trouver la chute anormale.

Les petits vaisseaux sanguins de la paroi abdominale étaient fragiles, encore plus pour quelqu'un sujet à de si graves problèmes digestifs. Néanmoins, la fuite n'était pas grave et simple à colmater. La vue pouvait déranger Zéphyrin, tout comme les termes médicaux ou l'instrumentalisation de son corps mais l'adolescent devrait s'y faire.

- Je sais que c'est étrange, déroutant, mais c'est votre corps. Il vous communique ce qui ne va pas afin de l'aider... Exactement comme une personne en danger.

Ces gens que la vie pourvoyait d'une maladie à plein temps, d'origines misérables, d'une histoire traumatisante... Tous ceux-là que Zéphyrin en tant que Padawan voulait aider et aimait sûrement. Luke n'imaginait que trop bien la colère et la peine qui se disputaient en lui, mais le garçon devait apprendre à aimer son corps comme ces faibles innocents que les Jedis essayaient de soutenir.

Discrètement, le Chevalier offrit une onde chaleureuse qui s'étendit dans l'esprit du garçon pour chercher à gommer un peu de sa peine. Toujours sans rien lui demander, sans exiger de parler de ses sentiments, juste en silence. Un début de fatigue s'installa, le Hapien aidait l'adolescent lors de ces cours, particulièrement aujourd'hui où il espérait lui faire franchir une étape pour repérer ses petites plaies et les soigner seul avant qu'elles ne s'aggrave. De ce fait, il puisait beaucoup dans ses réserves, mais qu'importe. Dans ce domaine, avec cet élève surtout, étrangement, enseigner lui faisait moins peur.
Zéphyrin Fortunatus
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Zéphyrin fut surpris d’entendre Luke évoquer sa cécité avec tant de volubilité. De toute évidence, il le disait d’ailleurs lui-même ce handicap majeur était une faiblesse capitale. Le Chevalier Jedi semblait toutefois en prendre son parti et son étonnante décontraction mit le jeune homme en confiance. Dans un autre moment, s’il n’y avait eu cette distance hiérarchique, le corellien l’aurait serré dans ses bras, lui disant que transformer une faiblesse en force était quelque chose d’incroyable, il l’aurait félicité de toutes ses forces en lui disant que lui n’avait pas un ombre de bravoure pour en faire de même. Mais Luke était un Chevalier Jedi, un aîné, un supérieur. Zéphyrin respectait cela et plus encore, on ne s’attachait pas quand on était un Jedi.

Ces sentiments étaient interdits : il n’y avait que la Force.
 
La Force est puissante en vous Chevalier Kayan, je le sens. Mais pardonnez-moi cette question si cette question est déplacée, vous n’avez jamais souffert de ne pas voir les couleurs et le reste d’ailleurs ?
 
Dit-il finalement avec la sobriété et la sagesse d’un adolescent de quatorze ans. Il sortait un peu du rang mais après tout Luke lui avait ouvert la porte. La Force était un allié puissant, les deux Jedis en étaient de parfaits exemples mais tous deux savaient qu’elle ne pouvait guère tout remplacer et que même avec une parfaite maîtrise le corps restait une limite naturelle.
 
L’adolescent en réalité était légèrement frustré d’avoir échoué et d’avoir conditionné sa réussite à des souvenirs. Il en fut agacé, c’était un élève toujours appliqué et supportant difficilement l’échec. On lui disait parfois que ses talents médiocres au sabre pouvaient être compensées par son affinité avec la Force. Or, c’était raté pour cette fois.
 
Le corps humain est incroyablement complexe, c’est un exercice difficile mais je pense être capable d’y arriver avec votre aide Chevalier Kayan.
 
Une petite hémorragie interne, naturellement. Ce n’était pas la première ni la dernière, l’inconvénient d’avoir les parois intestinales épaisses comme du papier de soie sans doute. Aucune émotion ne vint accueillir la nouvelle, c’était une nouvelle goutte d’eau dans un océan. La dernière phrase de son professeur lui offrit cependant une nouvelle perspective, il n’avait jamais envisagé son propre corps comme une personne à aider mais plutôt comme une prison de laquelle il était prisonnier et ne pourrait jamais s’échapper.
 
Le garçon referma les yeux et fit le vide dans son esprit, appelant à la Force, canalisant la lumière et caressant du bout des doigt son halo lumineux. La Force se gorgea dans son cœur, il la sentit affluer dans son organisme retrouvant cette tiède chaleur curative de Luke qui le soignait à nouveau, il frissonna, encore et encore ressentant une dose d’endorphine alors que sa douleur semblait s’endormir bercée par la Force. L’aura de Luke brillait comme un diamant dans la pénombre. Il pouvait le voir et presque le sentir. Zéphyrin bloqua sa respiration pour ressentir plus en détails son cœur malade travailler, ralentir le sang, trouver l’aura. Il s’en approchait ; sa propre lumière fusait à travers les corps caverneux, l’aura de Luke n’était plus très loin.

Il n’y pas d’émotion, il y a la paix.
 
Récitât-il à voix basse concentré à l’extrême tout en ressentant de plein fouet les deux auras de Force qui se rapprochaient l’un de l’autre comme deux aimants aux mêmes pôles.
 
Soigner le corps, soigner le cœur, j’en suis capable.
 
L’aura était tout proche, encore un tout petit effort.
 
Ne pas penser, ne plus penser, ne pas comprendre, juste ressentir se laisser noyer dans la Force. Ressentir cette euphorie donnée par Luke même s’il ne sut pas qu’elle venait de lui elle l’encouragea et lui donna ce petit quelque chose qui manquait. Son aura s’accrocha à celui de Luke pour rentrer en communion avec lui.
 
J’y suis, je suis avec vous, dit-il avec une frêle fierté.
 
Les deux auras mêlées lui offrirent un drôle de sensation, une telle puissance lumineuse émanait de celle du Chevalier bien plus puissant que lui. Le marasme habituel et la peine qu’éprouvait Zéphyrin s’en trouvait amenuisé.

L’aura de Force lui donnait un panorama vers sa paroi intestinale. Il sentait son corps tout entier se mouvoir, le sang qui s’écoulaient à torrent dans des veines de différents diamètres, les pulsations de ses organes, sa respiration qui raisonnait au loin. Il y était et s’accrocha solidement à l’aura du Hapien pour essayer de discerner la blessure dont il lui avait parlé. Dans cette petite zone très localisée, le début sanguin n’était pas le même, plus faible comme si une partie du fleuve quittait son cours et se dirigeait vers un affluent, l’hémorragie.
 
Je la vois.
Luke Kayan
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- Les couleurs ? Si bien sûr, parfois.

D'autant plus que sa vue s'était éteinte alors qu'il avait entrevue l'un des plus sombres côtés de la vie : sa magnifique mère, le visage rempli de dédain, de rage ou de dégoût à son égard. Hormis ces boucles légèrement grisonnantes encadrant des yeux aussi terrifiants que sublimes, Luke n'avait apprécié que les courbes d'une maison cossue pour ne pas dire luxueuse haï ou ses propres hématomes difficilement cachés par ses vêtements trop grands. Il avait depuis, aperçu le visage de Karm et ce qu'apercevait un pilote (notamment le tableau de bord) via la Force, mais ça avait été trop léger pour qu'il ne saisisse tout le sens de ces images retrouvées. Alors parfois, oui, la vue lui manquait mais le jeune homme ne s'en souciait peu. Il n'avait ni le temps, ni l'éducation pour ça car Saï avait soigneusement veillé à ne pas en faire une victime par excellence, repliée sur ses propres souffrances, plein d'autocomplaisance. Effleurer le monde de la médecine puis y entrer avait achevé de convaincre le Hapien de sa chance face à des populations décimées par de terribles épidémies comme sur [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], ou encore des individus lourdement handicapés tel Zéphyrin.

- Mais, depuis, le souvenir que j'en ai s'est estompé et j'ai appris à faire avec. J'ai l'incroyable chance de pouvoir compenser grâce au braille ou d'autres petites astuces. Sans mon handicap, je ne sais pas si j'aurais été meilleur ou pire, mais il a en partie contribué à ma formation, et à celle que l'on m'a donné.

Sans doute que son lien prometteur serait resté dormant, ses Midichloriens moins sollicités sommeilleraient dans son sang. Peut-être se serait-il passionné par le sabre-laser ? Ou pas, c'était si contradictoire avec son tempérament actuel, difficile de croire qu'un handicap puisse autant modifier un destin. En revanche, Saï Don aurait peut-être choisi un autre Padawan que celui-ci, terrifié par le bruit de la lame qui s'était précipité dans ses jupons. Indubitablement, la cécité de Luke avait servi à le construire, à lui faire rencontrer des gens formidables -et horribles, certes- dont il n'aurait rien su autrement, ou différemment. Cela aurait aussi altéré son caractère, au moins en partie car il n'aurait pas choisi les mêmes chemins, astuces pour s'en sortir, ni n'aurait dû philosopher de la sorte pour en arriver à cette conclusion qui rythmait sa vie : Hormis son désarroi de ne pas être aussi efficace qu'il pourrait l'être pour son cher Ordre, Luke estimait avoir beaucoup trop de chance pour pleurer les couleurs.

C'était sans difficulté que le jeune homme s'exprimait face au Padawan, sans pour autant penser l'aider. Sa douleur était bien moindre, pour ne pas dire inexistante si on excluait de légers pics de frustration. Ne pas pouvoir faire tout ce qu'il voulait- notamment pour l'Ordre- mettre autrui en danger, faire traîner ou mission ou, certes, il fallait le reconnaître, s'être fait berné ou avoir failli mourir à cause de ça. Sachant que la Force palliait relativement peu au problème initial (contrairement à ce que l'on croyait), Luke était quand même assez lourdement handicapé, surtout quand on se référait à sa vie plutôt mouvementé de Chevalier Jedi. Hormis un certain avantage dans la reconnaissance immédiate d'auras, un lien puissant avec la Force, décuplé encore par son statut de compensation partielle, il restait diminué. Les zones avec beaucoup de monde, les obstacles inanimés au sol. Si son entraînement, son côté astucieux naturels lui permettaient de se déplacer ou de se battre, il avait perdu bien des combats à cause de ses yeux, ou s'était perdu bêtement par exemple. Des petites humiliations de ce genre, le Consulaire en avait à la pelle, sur le coup il en avait vraiment eu honte, craignant d'entacher l'honneur de son Ordre, mais encore une fois, il pensait avoir tellement de chance.

La médecine par exemple était un domaine dans lequel il était arrivé par hasard. Au début circonspect, le Chevalier avait fini par apprécier. Quoique diminué, encore une fois, au niveau des soins, il savait que sans la Force, les trois quarts de son travail serait impossible. C'était sûrement à ce niveau-là que son handicap se remarquait le moins et qu'on le pensait capable de pallier à tous les soucis quotidiens grâce à ses pouvoirs, comme un Miraluka. Mais ce n'était pas le cas, loin de là. Toutes ses réussites lui avaient coûté davantage d'efforts, d'autant plus qu'enfant, il cumulait un impressionnant retard suite aux traumatismes de son enfance difficile. Il apprenait encore le braille en même temps que ses leçons, déjà chargées, à 10 ans. Ayant accepté tardivement la rééducation physique, il essayait de dompter la canne blanche après ses cours de sabre-laser. Bref, un quotidien double alourdi de fréquentes visites à l'infirmerie. Ceci dit, à 14 ans, il menait une vie plutôt normale (après le passage d'Inquisiteurs l'ayant particulièrement à l'oeil après la fuite de Saï Don accusé de meurtre). Difficile alors d'imaginer le calvaire de Zéphyrin qui continuait de décliner malgré quelques données apaisantes au niveau de la Force comme compensatrice. Contrairement au Hapien qu'elle n'aidait pas autant qu'on le croyait (bien qu'il considère qu'elle fasse beaucoup pour lui), le garçon était dépendant d'elle. Malgré les avancées technologiques, les machines, les sondes et les soins de professionnels du Temple, sans doute serait-il mort sans son lien, lui aussi intense avec cette grande Puissance Mystique.

- Très bien -Souffla le jeune homme, fatigué de porter l'aura de Zéphyrin mais vaillant. Il admirait toujours autant sa détermination et finalement, oui, ses progrès fulgurants parce que très peu de Padawans seraient ainsi aptes à "voyager" dans leur corps de cette façon à son âge, même des adultes. Comme quoi, le handicap forgeait vraiment la personne qu'il accompagnait. En mal bien sûr vu les douleurs engendrées mais aussi et surtout en bien au niveau du caractère, du mental. C'était une sélection bien cruelle mais seuls tenaient debout, les plus forts, ceux qui croyaient malgré tout en leur avancée. - Concentrez votre énergie dessus, suivez le fil de la déchirure, comprenez-là, entendez sa souffrance et délicatement, apaisez-là.


Après avoir vérifié que Zéphyrin ait réussi, le Jedi ouvrit les yeux.

- Bravo... Vous venez de faire un grand pas dont vous ignorez peut-être l'importance mais... Pouvoir commencer à vous soigner seul rendra les séances moins pénibles, car il n'y aura pas à réparer les tissus en profondeur à chaque fois. Dans l'avenir, vous pourriez même avoir moins besoin de sessions ici.

De quoi espérer une vie à peu près normale, et même plutôt extraordinaire puisque comparée à la moyenne des civils, une carrière de Jedi mènerait forcément le garçon à pousser ses limites plus loin que n'importe quel civil en bonne santé.

- Nous allons devoir encore beaucoup travailler, mais... Votre réussite ouvre des portes.

Alors certes, l'adolescent ne guérirait jamais, il serait toujours dépendant (et sans doute de plus en plus) à la Force voir aux médicaments, devant user constamment d'une partie de son énergie pour maintenir son état en plus ou moins bonne forme, mais il pouvait peut-être espérer l'indépendance.

- Dites-moi, je suis sûr que si je vous demandais ce que vous avez perdu à cause de votre maladie, vous auriez une multitudes d'exemples compréhensibles et légitimes mais... Si je vous demandais ce que vous lui devez... Vous n'êtes pas forcé de me répondre maintenant, mais réfléchissez-y. C'est cette question qui a commencé à adoucir mon amertume.

Car il en avait eu, adolescent, le choc avait été violent quand il s'était réveillé de son état presque catatonique, qu'il avait découvert ce que ses camarades faisaient autour et du retard accumulé. Quand il avait eu des objectifs merveilleux mais si difficiles placés sous le nez, mais Saï lui avait montré comment remercier son handicap pour ce qu'il était aujourd'hui (même s'il n'était pas forcément du genre à s'aimer et qu'il restait un gros travail d'estime de soi à faire, mais la majorité des Jedis, élevés pour être modestes presque à l'extrême en souffraient à un certain degré).

[HJ : Pour faire avancer le rp et que tu ne te retrouves pas à ne rien pouvoir répondre, j'ai considéré le "après" réussite sans décrire les difficultés de Zéphyrin, comme ça tu peux décider. Mais si je me suis trop avancé ou que quelque chose ne va pas, n'hésite pas à me le dire !]
Zéphyrin Fortunatus
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Zéphyrin commençait également à sentir la fatigue s’emparer de son corps. Un tel exercice pour un non initié était une véritable épreuve de Force même pour un padawan aussi assidu que le petit Corellien qui préférait méditer seul que de partager son temps libre avec les autres padawans bruyants du Temple. Il s’accrocha de toute sa puissance à son aura de Force lié à celui de Luke les yeux toujours fermés. Calme, paisible, pacifique. Il était si calme qu’il sentait son cœur battre à l’intérieur de sa cage thoracique, pouvant presque tremper la main dans les torrents de sang qui s’écoulaient dans ses artères et venait alimenter ses organes. Le fil de la déchirure, il le voyait et ressentait cette douleur fugace. Il parvenait même à en discerner ses contours et les tissus malades, aidé par la lumière si irisante qui émanait du Chevalier Jedi.

Le garçon se concentra sur cette douleur, visualisant la plaie sur son artère. Des images indistinctes apparaissaient et disparaissaient dans son esprit comme autant de comètes qui venaient s’écraser sur sa vision de Force. Il y avait ses sœurs, la main de sa mère sur son front brûlant quand il était enfant et avait passé deux ans en chambre stérile. La solitude aussi, terrible enfermement à travers les murs de l’hôpital, puis le regard de son père : quelque part entre dégoût et pitié, des souvenirs malheureux qui se matérialisait à lui tant ses sens et son cortex étaient en éveil, décuplés par la toute puissante Force. Sa vision se brouilla, il se sentit se décrocher de Luke. Non, non, pas question d’abandonner.

Il n'y a pas de chaos, il y a l'harmonie.

Une grande respiration plus tard, il parvint à chasser les souvenirs malheureux et laissa place à la tranquillité de la Force. Il était dans le jardin du Temple, marchait seul, profitant d’un rayon de soleil qui lui irradiait le visage. Dans le silence absolu, il parvenait à entendre les fleurs danser et les arbres murmurer sous le vent. L’harmonie parfaite, chaque chose était à sa place, la place de chaque chose était respectée.

Son aura de Force reprit le dessus, il caressa sa plaie interne, rassuré par Luke et tranquillisé par la Force. Il suivit les mouvements de Luke qui l’aidait à refermer la chair meurtrie, la Force avait donc ce pouvoir. Dans la Force, il voyait cette petite plaie se refermer peu à peu, sentait le flux sanguin reprendre son cours normal, il y arrivait, c’était incroyable.

Il rouvrit les yeux, en sueur et poussa un soupir en se tournant vers le visage radieux de son professeur. Un léger flottement silencieux plus tard, le garçon posa la main sur son abdomen comme pour vérifier qu’il n’avait pas rêvé.

Je vous remercie Chevalier Kayan, je n’y serai jamais arrivé sans vous. C’est formidable ! Dit le garçon, plutôt enjoué en esquissant un imperceptible sourire. Travailler encore, avec plaisir, Zéphyrin n’était pas du genre à baisser les bras ou à se reposer sur ses lauriers. Le travail acharné était dans sa nature, car ces efforts étaient synonymes de survie. Loin d’avoir le choix il s’accommodait du travail acharné, tant par son éducation avant le Temple que par son état de santé.

Comment-dire.

Bredouilla l’adolescent à la question intrusive de Luke. Interrogation qui le mit très mal à l’aise. Zéphyrin ne s’était jamais vraiment posé la question sous cette forme, naturellement il avait imaginé ce que serait sa vie sans maladie mais jamais ce que cet état de fait pourrait lui apporter.

Ces maladies ne m’ont jamais rien fait gagner Chevalier Kayan. Je ne leur dois rien, c’est une malédiction. Ce sont des mots forts mais je ne peux pas prendre plus de recul.

Répondit-il finalement avec une sourde tristesse. Il se confiait rarement sur ces sujets et généralement les gens préféraient éviter le sujet. La maladie était un tabou, en parler lui ramenait en pleine face la dure condition de sa vie et son état. Il se sentait malheureusement en confiance avec Luke et déversa d’un seul coup tout ce qu’il avait sur le cœur en se levant brutalement.

Je suis faible Chevalier, si faible, si fragile, incapable de manger à ma faim, incapable d’uriner sans souffrir le martyr, incapable de courir, incapable de me faire des amis car je ne veux pas lire la pitié dans leurs yeux. Je suis incapable de me protéger. J’ai mal, tout le temps et partout, cachets, injections, examens, j’avais plus d’appareils médicaux que des jouets dans ma chambre d’enfant. Je ne survis pratiquement que grâce à la Force, sans elle, je pourrai à peine marcher. Qu’est-ce que je ne donnerai pas pour avoir une vie normale, rien qu’une petite journée. J’ai essayé de voir le bon côté des choses, je m’étais même dit à un moment que ma mission comme Jedi serait d’apaiser les souffrances des autres, mais comment faire quand je ne parviens même pas à contrôler les miennes ? Je suis pitoyable Chevalier, si pitoyable !

Il n’y avait plus d’harmonie alors qu’un sanglot naquit dans sa voix qu’il essaye de cacher au mieux. Plus la tirade avait avancé puis sa voix s’était faite tremblante.

Je suis un padawan au rabais Chevalier, au rabais et votre temps serait mieux investi ailleurs qu’avec moi, je n’aurai jamais le quart de votre courage.

Quelques larmes avaient perlé sur les joues rose de Zéphyrin tandis que sa voix trahissait pour la première fois sa vraie souffrance.

Non, Chevalier Kayan, je ne dois rien à cette maladie, rien, ni maintenant, ni jamais.

Frénétiquement, il s’essuya les yeux avec ses mains retrouvant un semblant de contenance se forçant à enfouir ses sentiments au plus profond de lui. Il avait complétement dérapé et c’était précisément ce qu’il s’efforçait d’éviter de faire. Inspirer la pitié était quelque chose qu’il avait en horreur. Il faisait honte à son serment de Jedi. Honte à Luke qui avait aveugle avait mille fois plus de courage.

Je vous prie de m’excuser, mon attitude n’est pas digne d’un padawan… finit-il par dire en se tournant vers le mur pour échapper à la vue de son professeur, les mains contre son visage pour masquer ses larmes.

Il n'y a pas de passion, il y a la sérénité.
Luke Kayan
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Et soudain l'espoir s'éteint, l'harmonie se brisa pour devenir chaos. À cause d'une question... Posée par Luke. Donc, à cause de Luke.

- Hey... Doucement.

À peine la question formulée, Luke s'en était immédiatement voulu. Il avait été trop brutal, du haut de ses 28 ans et du cheminement accompli après des années de sages paroles, d'exemples concrets. Et puis, soyons honnête, les épreuves qu'avaient dû passer le Hapien n'étaient que menu fretin en comparaison avec Zéphyrin. Les analyses appuyaient tous les propos du garçon mais s'entendre dire, en face par le concerné qu'il n'avait même pas la liberté d'uriner ou de se nourrir à sa faim avec pourtant des toilettes et de la nourriture à disposition était très difficile. Le Jedi ferma les yeux pour contrôler un spasme violent de douleur par empathie. L'adolescent n'avait pas besoin de sa pitié... Mais comment lui offrir un soutien après avoir gâché ses jolies améliorations, sa réussite ? C'était lui le fauteur de troubles qui avait mis ce pauvre garçon devant le fait accompli. Quel imbécile indélicat. Au moins s'il avait encore des doutes, le Jedi savait désormais que l'enseignement n'était vraiment pas fait pour lui, ou du moins la pédagogie puisque question intellect, il maîtrisait parfaitement ses sujets. Côté humain en revanche, on repasserait.

Luke s'en voulait d'avoir eu l'arrogance d'essayer de l'aider avec sa philosophie à la noix sur la résilience, l'acceptation de la maladie. Il n'avait rien en comparaison de ce pauvre gosse incapable d'aller aux toilettes ou de se déplacer à volonté. C'est avec difficulté qu'il continua, craignant de s'enfoncer davantage, de blesser encore plus.


- S'il vous plaît Zéphyrin... Je vous ai dis d'y réfléchir pour cette raison, justement... Parce que je sais que répondre maintenant est impossible. Vraiment. N'importe qui dans votre situation en aurait été incapable, y compris un adulte. Je ne veux rien vous reprocher... Malheureusement, la maladie est là, et mon but n'est pas de vous convaincre que vous lui devez quoique ce soit, juste de vous aider autant que possible à... La supporter. Vous supporter. Parce que si la maladie ne le mérite pas, vous si.

Il s'approcha, guidé par le bruit des sanglots aussi bien que le trou béant au sein de la Force. Dans ce genre de cas, les gens normaux posaient une main sur l'épaule secouée de pleurs. Luke leva la sienne mais se rétracta. Il n'était pas certain tout à coup que ce soit une bonne idée. Lui, le contact physique avait tendance à le rebuter, rapport inconscient à son passé... Mais un enfant en plein désarroi, malade ? À cause du doute et parce que le toucher invasif lui paraissait outrageusement négatif, le Hapien laissa retomber sa main le long de son corps. Il était démuni, incapable de former une bulle de Force chaleureuse, réconfortante parce que ça aurait été faux. Un pansement, encore, sur un tissu malade qui s'empoisonnerait bientôt seul. À nouveau.

- Croyez-le ou non mais les Aînés savent vos tourments intérieurs, ils les sentent, alors si vous étiez un Padawan incapable, comme vous le suggérez si durement, vous auriez déjà été convoqué. En fait, je suis à peu près certains que bon nombre de personnes vous...
- C'était délicat, ce genre de choses ne s'avouait pas entre Jedis, surtout pas à des plus jeunes dont la tête gonflait soudainement au moindre compliment.- admirent. Dont moi. Alors ne soyez pas trop dur envers vous-même. Nous avons nos faiblesses, nos moments d'humanité purs. Si la Force est infinie, inépuisable, nous n'en sommes que le réceptacle mortel. Pour repartir sur des bases saines, il nous faut l'accepter et traiter nos chagrins. Il n'y a pas de mal à se laisser submerger, à se confier, cela demande même plus de courage que de simplement étouffer ses sentiments. La maîtrise de ces derniers passe parfois par les écouter, les laisser jaillir dans un cercle fermé de proches ou d'aînés expérimentés pour se délivrer voir se faire aider.

En théorie, un Jedi devait étouffer ses émotions mais Luke avait parfois vu les choses différer dans la pratique. Un maître consolant son apprenti, un ami pleurant la disparition d'un autre, des partenaires qui flirtaient avec l'amour sans se l'avouer. Sa relation presque fusionnelle avec Saï Don était connue de tous, pourtant personne n'y trouvait rien à redire, parce qu'au fond, c'était naturel. Naturel pour un mentor et un apprenti aux goûts, aux principes semblables sur bien des sujets se rapprochent, encore plus si l'un d'eux vieillissant cherchait l'affection et que le second en avait toujours manqué.

Mais lui, Zéphyrin, qui était vraiment là pour lui ? Isolé par sa maladie bien plus terrible, humiliante, handicapante. Inapte à se faire des amis, apeuré à l'idée de déclencher une pitié pourtant légitime. Non pas de la pitié, Luke aussi la détestait mais de la compassion entremêlée d'admiration, oui.

- Je trouve que votre maladie vous apporte un courage et une résilience incroyables, dont nous allons nous en servir pour la contrôler. Je ne peux rien vous promettre, mais ce pas que vous avez accompli aujourd'hui, il pourrait vous mener vers une relative indépendance. Zéphyrin, vous pouvez gagner ce combat.

Bien entendu, ce serait à sa manière. Le Padawan ne pourrait jamais prétendre se réveiller sans maux, ou en aussi bonne forme que ses comparses... Mais si un Chevalier potentiellement capable de se prendre des murs, des poteaux en pleine figure ou de se perdre en ville pouvait agir, un autre fragilisé physiquement parviendrait à faire sa part. Luke était sûr que Zéphyrin le pourrait, encore faudrait-il qu'il tombe sur le maître adéquat. Pas trop dur mais pas trop conciliant, exactement comme Saï l'attendant patiemment au coin d'une rue encombrée, le relevant lorsqu'il tombait sans aller jusqu'à le tenir par le bras.

Embarrassé par la situation, le Hapien tendit un mouchoir en tissu qu'il avait dans sa ceinture utilitaire. L'écho de la voix déformée de Zéphyrin laissa penser au Jedi qu'il se trouvait dans un coin. Sans faire quoique ce soit pour le déloger, il posa juste le mouchoir sur une petite tablette accrochée au mur qui servait à poser des médicaments, libre à lui de le prendre ou pas. Il recula d'un ou deux pas. Luke s'en voulait d'avoir posé cette fameuse question trop tôt, pour autant il savait qu'un jour, le Padawan devrait se demander ce que lui avait "offert" sa terrible maladie, pour enrayer le venin qui s'accumulait dans ses veines, sa jalousie (complètement normale d'ailleurs) ou son chagrin. Tous réagissaient différemment. Plus jeune, à cette époque particulièrement difficile, Luke n'avait ressenti aucune envie envers ses camarades, juste un vide, un énorme vide assaisonné d'une honte salée qui le brûlait au-dedans chaque jour.

- Si vous saviez vous contrôler et apaiser toutes vos souffrances, vous ne seriez pas Padawan, ni même Chevalier. Il vous reste, il me reste, il nous reste beaucoup à apprendre Zéphyrin. Rien n'est figé tant que vous avez la volonté. Qu'elle même vacille un temps ne fait que prouver votre humanité, le plus important est qu'elle revienne avec l'espoir. Et vu le pas franchi aujourd'hui, je ne doute pas que vous en ayez encore beaucoup. Nous reprendrons quand vous irez mieux... Hum... Enfin si vous préférez faire appel à un autre professeur, je comprendrais. Pédagogiquement parlant je veux dire, je manque d'expérience.

Confesser ses propres faiblesses n'était pas simple, y compris avec un égo aussi peu développé que celui de Luke. Vraiment mal à l'aise désormais, le Chevalier recula de quelques pas, décidé à sortir doucement parce qu'avec ce qu'il avait déclenché, il ne doutait pas de ne plus être le bienvenue dans la salle. Poli, Zéphyrin s'excusait face à un aîné, mais il n'avait certainement plus envie de le voir. Et puis, l'aîné en question devait lui-même fournir des efforts pour rester à peu près calme et ne pas ajouter de l'huile sur le feu.

Un bruit assourdissant rempli la salle. Luke avait trébuché contre le lit médical. Pour une personne ne sachant pas regarder droit devant lui, reculer tenait du suicide. Il se baissa pour ramasser les affaires, s'entaillant légèrement à cause d'un scalpel. Récupérer par terre ce qu'on ne pouvait voir n'était guère plus malin.

- Désolé. Vraiment.

Le voilà donc enfermé avec un adolescent en pleurs (à cause de lui) à tâtonner le sol pour retrouver des objets tombés par sa faute, qu'il faudrait sûrement restériliser. Ah quel magnifique Chevalier Jedi. Quel merveilleux duo ils formaient. Quant à son désolé, il impliquait bien plus que cette chute surprenante qui avait de quoi faire sursauter Zéphyrin. Il était juste désolé d'avoir provoqué tout ça.
Zéphyrin Fortunatus
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Les yeux toujours humides, Zéphyrin fixait le parc à travers la fenêtre de la salle en tentant du mieux qu’il le pouvait de se calmer. Il avait honte de lui, honte d’offrir cette pitoyable démonstration à son ainé qui tâchait de l’aider et qui lui apprenait par-dessus le marché à soigner sa maladie. Qu’il était ingrat de le remercier de la sorte. La gêne était tellement palpable des deux côtés que l’intervention de Luke fut plus que bienvenue.

Bien entendu que c’était la réalité et pleurer n’y changeait rien. Parfois, Zéphyrin craquait, comme maintenant. Quand tout cela était trop lourd à supporter dans l’intimité et le silence, il craquait de tout son cœur, comme si c’était un moyen de décharger, un catalyseur capable de lui redonner de la puissance pour affronter chaque nouvelle journée à souffrir.

Au moins Luke ne pouvait pas le voir pleurer.

Frénétiquement, il s’essuya les yeux et se retourna vers le Chevalier en reniflant, des larmes étaient mortes dans le creux de ses lèvres. Il n’avait pas le droit de me plaindre. Ne tenait le coup qu’en s’accrochant l’idée qu’un jour il serait plus fort que ce destin que la vie lui avait offert comme un don empoisonné.

Je vous admire tant de savoir composer avec votre propre handicap, mais je suis plus sûr d’être capable de le faire.

C’était si dur.

Les compliments de Luke le frappèrent en plein cœur. Dans sa famille avant son arrivée au Temple on ne l’avait jamais complimenté, ce n’était pas dans la nature de son père et il n’avait jamais rien fait qui mérite qu’on le couvre d’honneurs. Avec le temps, il avait appris à prendre du recul sur les compliments, synonyme trop souvent d’une pommade qu’on étalait sur sa petite personne pour ne pas l’accabler encore un peu plus. Mais dans la bouche de Luke, il se prit à y croire. Sentant à travers la Force sa sincérité, sa bienveillance. La Force ne pouvait le tromper

Vous le croyez vraiment ? Je veux dire, je suis beaucoup moins bon que les autres padawans, dans beaucoup de domaines. Le maniement du sabre pour commencer.

Luke savait manier les mots et chacun d’entre eux était autant de réconfort qui venait le réchauffer. Et si c’était lui qui avait raison ? Personne ne pouvait endurer tous les malheurs du monde. Tout le monde craquait sans doute, qui était-il pour se croire invulnérable ?

Je vous remercie Chevalier Kayan pour vos paroles, vraiment, je suis très touché.

Répondit-il tout à fait simplement en relevant la tête et en se passant une main dans les cheveux se forçant à se calmer un peu plus encore.

[color=lightblue]Vous avez été le padawan de Maître Don, c’est ce qu’on dit, est-ce qu’il vous a choisi ?

C’était un fait public. A la lumière de ce qu’avait expliqué Luke, ses propres faiblesses avaient été transcendées par l’enseignement de celui qui était peut-être le plus grand des Jedis de l’Ordre. Même avec sa cécité, Luke était devenu un Chevalier accompli, sa sagesse et sa patience le prouvait.

Apaiser les souffrances, un sacerdoce de tous les instants.

Mais alors, pour..

Zéphyrin vit au ralenti Luke s’écraser sur le lit médicalisé dans le fracas des instruments médicaux qui rebondirent sur le sol. Sans une once d’hésitation, Zephyrin alla vers lui et l’aida à ramasser les objets qui étaient tombés au sol, profondément navré pour lui.

Ne soyez pas désolé, je vous en prie, laissez-moi vous aider s’il vous plaît.

Luke s’était ouvert la main avec un scalpel. Avec précaution, Zéphyrin se permit d’attraper la main du Chevalier et concentra son aura de Force sur la blessure de la même façon que quand il était parvenu à refermer sa micro hémorragie interne. Son aura de Force se mêla à celle du Hapien et peu à peu aidé sans doute par son aîné il parvint à refermer la légère coupure.

Ce sera vite oublié Chevalier Kayan, promis je n’en dirai pas un mot à quiconque.

Dit-il pour le rassurer tout en lâchant sa main quelques secondes après comme s’il voulait prolonger un peu l’étreinte. En fait, il aurait voulu le serrer dans ses bras, comme un fils avec son père. Lui qui avait tant besoin d’affection, qui était si souvent seul. Comme il l’aurait voulu.

L’humanité est-elle notre faiblesse ou notre force Chevalier ? Dois-je me montrer intraitable comme l’enseigne le Code et la réduire à néant ou cette part de moi dit-elle au contraire ressortir. Les grands Jedis ne montrent jamais d’humanité, en particulier ceux qui vont à la guerre.
[désolé j'ai un peu traîné, je me suis permis d'avancer un peu, j'espère que ça te conviendra[/justify]
Luke Kayan
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- Je suis une véritable légende en la matière, ne vous inquiétez pas, la place du pire manieur au sabre-laser de l'Histoire est déjà prise !

Luke avait repris consistance, grâce à sa formation -il aurait été incongru qu'il reste choqué par cet événement gênant en soi mais menu.- mais aussi à Zéphyrin lui-même. Le garçon s'était apaisé et ses plaintes modérées faisaient état de quelque chose que le Hapien connaissait très bien. Il pouvait largement revendiquer sa place de contre-héros en tant que manieur de sabre-laser bien qu'aujourd'hui sa maîtrise se soit considérablement améliorée. En tout cas si l'on prenait en compte le niveau avec lequel il avait commencé (équivalent à -10) puisqu'uniquement armé de son sabre, il luttait aussi bien qu'un jeune chevalier fraîchement nommé. Inespéré pour l'adolescent terrorisé qu'il avait été concernant l'épée de lumière. D'ailleurs, le blond avait déjà entendu dire qu'en cours, on se référait à son histoire pour encourager les étudiants les plus faibles. Si le sabre-laser de Luke Kayan ne prenait pas la poussière dans un tiroir de sa chambre, tout le monde pouvait s'en sortir avec.

- Je suis certain que d'autres de vos camarades se disent la même chose pour la Force ou le domaine de la guérison, celui de la diplomatie. D'autres encore plus simplement désespèrent dans leur chambre face aux cours théoriques. Nous avons tous nos faiblesses et la division des membres de l'Ordre en de nombreuses branches l'illustre parfaitement. Les Gardiens réunissent de talentueux sabreurs, les Consulaires ceux qui savent parler et ont un grand lien avec la Force, sans oublier les membres des Corps aussi importants que les célèbres manieurs d'épée de Lumière. Les Sentinelles n'ont aucune spécialisation particulière et voguent entre tous les domaines sans montrer de don particulier sinon celui de l'homogénéité. Et encore, ces simples nominations ne sont qu'arbitraires, théoriques. Il existe tant de profils différents, divergents... Qui apportent tous leur pierre à l'Ordre. Bien que certaines voies semblent plus... Prestigieuses que d'autres aux yeux des jeunes, toutes ont leur utilité. Peut-être n'êtes-vous pas doué au sabre-laser et sans doute faudra-t-il persévérer pour obtenir un niveau considéré comme médiocre selon la moyenne. Mais excellent selon vos critères et vos capacités, c'est ce qui compte, donner le meilleur de soi partout sans aspirer à être le meilleur. Observez davantage, vous qui pouvez voir, certains aussi regardent avec inquiétude, effroi même vos dons dans un autre domaine en étant persuadé de ne jamais y arriver. Tendez-leur la main, apprenez-leur ce qui vous a toujours paru évident, simple, ils feront de même. Comme je vous le disais, tout le monde n'est pas capable de franchir le pas que vous avez fourni aujourd'hui. Nous avons eu d'autres Padawans malades ou handicapés qui n'y sont jamais parvenus. Si les soins vous intéresse, vous pourriez, je pense, songez à faire carrière dedans par exemple. Pareillement pour la voie des Consulaires car votre lien avec la Force compense votre faiblesse au sabre, mais vous avez le temps, votre place ici, en tout cas, semble bien assurée pour l'instant.


Aucun aîné n'avait signalé que Zéphyrin devrait songer à redevenir civil, personne ne se plaignait de lui ou doutait de ses capacités. Bien sûr, ce dernier devrait passer des épreuves pour devenir Chevalier, mais rien d'alarmant sur son dossier, personne n'avait l'intention de le jeter dehors. Luke voulait que l'apprenti en soi certain pour continuer sereinement son apprentissage au sein d'une communauté dont il appréciait la richesse.

S'il déplorait une certaine compétition malvenue entre les "catégories", menée par quelques individus arrogants, il louait bien plus la solidarité qui régnait en général. Plus jeune, il avait appris de bretteurs patients, capables de comprendre ses difficultés puis s'était attelé à tenter de mettre des mots sur les exercices avec la Force que lui réalisait avec une facilité déconcertante. Expliquer quelque chose qui venait naturellement, le découper en diverses étapes compréhensibles par les plus faibles était tout un apprentissage. Luke avait d'ailleurs toujours eu du mal malgré une grande volonté, il peinait à transmettre certaines choses, trop mécanique ou abstrait selon les domaines. En revanche, il parlait bien et offrait toujours une sensation réconfortante à autrui. Avec ses côtés, si l'on ne sentait pas au moins égal, on se sentait supérieur.

- Maître Don m'a choisi, oui, mais pas à cause d'une quelconque capacité extraordinaire. Je cherchais à fuir une classe de maniement au sabre-laser. -Quand je vous disais que le rôle de cancre était déjà pris- et je suis littéralement tombé sur lui. Il m'a accepté comme Padawan en partie parce que j'étais fragile, que je peinais à m'adapter mais j'essayais. Je suppose qu'il avait peur que je prenne davantage de retard en me laissant en cours communs... Et que bon, mes tentatives auront achevé de le convaincre. Peut-être mon caractère aussi, mais je suis persuadé que c'est en partie ma vulnérabilité qui l'a poussé à me prendre. Pas par pitié... Non, je n'ai jamais ressenti ça, mais parce que peu importe mon manque de talent initial, il pensait que je ferais tout pour donner le meilleur de moi-même, que je pouvais réussir à dépasser ma moyenne.

Luke avait toujours pensé que Saï avait voulu lui offrir les outils nécessaires à sa réinsertion dans le monde, avant de débuter sa véritable intégration au sein de l'Ordre. Pour les âmes véritablement Jedi, si médiocrité personnelle était intolérable, celle communautaire était inexistante. Or Zéphyrin n'était clairement pas un paresseux qui se reposait sur ses lauriers, preuve en était son application lors des cours avec Luke, d'autant plus que le Hapien était intraitable en la matière. Sévère juge qui privilégiait le mérite individuel aux talents innés.

- Oh pas la peine d'en faire un secret d'état. Tout le monde est au courant et se précipite pour ranger ses affaires quand j'arrive.

Le blond offrit un de ses rares éclats de rires à l'adolescent. Il ne mentait pas vraiment bien qu'il exagérait un peu pour mettre Zéphyrin à l'aise. En temps normal, le Jedi n'était pas si maladroit, mais il était, c'est certain, arrivé qu'il mette la pagaille dans des bureaux ou à l'infirmerie. Son handicap demeurait ce qu'il était : un handicap, mais Luke, grâce à son maître encore une fois, acceptait pleinement ses bévues. S'il était gêné, c'était surtout à cause de la stérilisation du matériel à refaire, pas de s'être offert en spectacle.

La petite brûlure au bout de son doigt disparue, le Hapien passa sa main dessus. Il avait à peine aidé Zéphyrin, juste pour la fin de la guérison, ignorant d'ailleurs que le Padawan s'y était attelé au début. Le poignet légèrement crispé, raidi d'incompréhension car on maintenait le contact, Luke avait saisi l'acte du garçon un peu en retard et surtout... Sa réussite.

- Félicitations, vous venez d'effectuer votre première guérison sur un corps étranger. Une séance productive donc.

La gêne du Consulaire refluait petit à petit, c'était surprenant, salvateur pour lui qui pensait terminer rapidement et ne plus jamais revoir l'adolescent. Ça lui était déjà arrivé, mais cette fois, on aurait dit que le jeune humain souhaitait casser le schéma.

- Réfléchissez autrement ou plutôt posez-vous une question et répondez-y. Vous aurez alors une partie de la solution : Saï Don est-il réputé pour sa froideur et son détachement ?

Le vieil homme était en réalité aussi célèbre pour ses dons avec la Force, sa sagesse que sa bonté d'âme. Lui qui parcourait les petites classes avec un éclat de gamin dans les yeux, facétieux vieillard qui se servait de son âge pour tout se permettre, notamment des blagues de gosse. Précisément, non, Saï n'était pas connu pour être sans coeur. Il était inconsciemment et officieusement considéré comme le grand-père de tous les Padawans, chevaliers voir maîtres de son époque. Avec lui, l'Ordre connaissait une période beaucoup plus humaniste et moins sévère d'ailleurs, jusque dans les normes. Certains comme Maître Marja le reprochaient ouvertement mais d'autres saluaient cette nouvelle douceur.

- L'humanité la raison même qui nous unit autour de nos principes. Nous voulons la paix et la justice pour ceux qui ne connaissent ni l'un, ni l'autre. Ils nous interpellent, ces innocents blessés par la vie, délaissés, malades, et c'est notre moteur commun : cette humanité qui nous guide dans notre devoir, nous rend la foi. Certains le cachent, comme la sévère Maître Marja, ou Maître El'Dor mais hormis ça, qu'est-ce qui les pousseraient à sacrifier bénévolement leur temps, leur vie à autrui ? Nous ne devons pas effacer notre humanité, Zéphyrin, elle a bâti notre Ordre, nous devons simplement gérer la manière dont elle s'exprime à travers nos sentiments, dans certains cas où elle serait délétère. Un ami m'a appris à considérer le code moins littéralement. Sans parler de l'outrepasser, il faut parfois l'interpréter, mais surtout ne pas gommer notre humanité, ni ta personnalité. Les Grands Jedis font toujours preuve d'humanité, ils ne la brident pas, ce sont leurs émotions qu'ils contrôlent, ce n'est pas pareil.

Venant de Luke, si soumis à l'Ordre et ses lois, si docile, timide et effacé par sa communauté, le discours était étrange. L'ambiance actuelle du Temple, plus tolérante l'aidait à saisir que l'Ark-Ni avait en partie raison. Il fallait faire la part des choses. Habituellement, il ne l'aurait jamais dit à un adolescent de peur que ce dernier interprète mal ses propos, mais Zéphyrin était assez mature pour comprendre, surtout s'il voulait un jour se tourner vers les soins, la branche la plus humaine de toutes peut-être.

- Merci

Souffla le blond en se relevant après qu'ils aient ramassé les conséquences de sa maladresse. Incapable de sonner la fin des examens ou du cours, le jeune Jedi resta là, immobile et attentif à l'humain, sa façon maladroite de signifier qu'il appréciait sa présence. Il ne se rendait pas compte que Zéphyrin aurait aimé être serré dans ses bras, mais rester près de cette personne y compris après avoir dispensé son cours était la manière que Luke avait de s'en montrer proche. Littéralement, il signifiait en silence être là maintenant mais aussi plus tard en cas de besoin.
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