Elle n'avait rien pigé à ce qu'il se passait et Karm avait beau lui lancer son regard de chien battu face à cet étrange monde des finances qu'il découvrait soudainement, Maxence n'en savait pas plus que lui, les dettes, ce n'était pas vraiment son truc, sachant pertinemment que, si elle voulait évoluer seule, alors toutes les dettes devaient être payées dès le début, elle n'en avait jamais eu. Tout ça, ce n'était qu'une histoire d'espionnage industriel qui la touchait vaguement, parce qu'au final, elle venait de sauver les miches d'un couple d'inconnus et de réchapper à une explosion pour les beaux yeux de l'Ark-Ni qui calculait à peine les perches monumentales qu'elle lui tendait... et ne venez pas me parler de ce concept stupidement abstrait qu'est la fidélité, c'est un conte de fée de ce truc là, ne lui faites pas confiance.

Au moins, elle était heureuse d'avoir fait découvrir la face cachée des bas-fonds, l'exploration des lieux abandonnés et le refus d'obtempérer face aux autorités compétentes républicaines. Encore, ce n'était qu'un bout de ce monde merveilleux qui lui ouvrait désormais ses portes grâce à sa nouvelle -mais séduisante- amie. C'était quand même dommage, encore un rendez-vous avec lui, encore un fiasco sexuel soldé par une enquête surprise et des retournements de situation dans tous les sens et même si elle a tendance à bien s'amuser avec lui, premièrement c'était mauvais pour les affaires, deuxièmement, elle ne l'avait pas rencontré à son plein potentiel dans un lit… et il en avait… du potentiel.

-Va falloir qu'on s'y fasse j'suppose… impossible d'avoir un rendez-vous potable. Et bien essayé pour la proposition d'espionnage industriel, mais très peu pour moi… t'aurais presque pu m'faire avaler le fait de travailler gratuitement pour ta belle gueule coincée entre homme et femme, mais la discrétion, tout-ça-tout-ça.

On y était, le moment gênant où pour la première fois de sa vie, elle disait « au-revoir » physiquement à un ami… ouh… frissons. C'était assez flippant pour elle de se dire ça et sur le moment elle se contentait de regarder l'air ahuri les locaux de Babble. Elle échangea un regard avec lui avant de se dire qu'il était peut-être temps d'arrêter de rendre ce moment encore plus bizarre venant d'elle. Elle lui attrapa une main avant de se donner un air triste et boudeur, comme une enfant contrariée.

-Quand est-ce qu'on pourra avoir un vrai rencard ?... Après une légère pause à frotter la pointe de son pied sur le sol, elle pouffa de rire. Si tu voyais ta gueule.

Il était vraiment très étonné, comme d'habitude, le visage si expressif du Jedi venait de trahir tout son ressenti sur la remarque de la blondinette. Évidemment, de quoi ne pas se faciliter la tâche quand à un geste aussi simple que se tirer comme à son habitude, mais les titres que l'on portait sur les têtes n'aidaient jamais à faire d'une relation quelque chose de convenable et normal si on ne s'y était pas adapté.

-Nan, sans déconner, c'était sympa. J'voulais juste te dire que… t'sais… c'est un peu une première tout ça, j'veux dire… Elle enroula sa main sur elle-même en levant les yeux au ciel avant de se pointer, elle, puis lui. Toi et moi, j'vais p't'être avoir un… Elle recommença l'action comme une autiste. Petit temps d’accommodation. 'fin bref, si ta proposition d'me faire découvrir ton hobbys de la nature tient toujours, j'me disais qu'on pouvait p't'être pimenter un peu les choses, avec des herbes biens faisantes… on ramène chacun la meilleure qu'on connaît et on fait un concours ? Le bon trip quoi, entre potes. C'est toi qui vois, j'voudrais pas non-plus entacher ta réputation de Jedi irréprochable.

Et puis c'est à dire qu'elle en avait pas mal envie de ce voyage gentiment proposé. De quoi prendre l'air loin des villes et de sa zone de confort, prête à se faire porter par Karm dans un univers tout neuf pour elle. Prise dans son élan, elle lui posa un petit bisou sur la joue. Dans le genre qui sous entendait quelque chose, évidemment, mais tout de même incroyablement gentil. Elle commença à s'éloigner avant de se souvenir d'un dernier détail. Elle se retourna, un clin d’œil en le pointant du doigt.

-Oh, et évidemment, si t'as un truc professionnel à demander à ta consultante préférée, hésite pas, j'suis là pour toi.

Elle finit par disparaître de sa vue, enfin. Quittant les lieux sous les regards toujours aussi intéressés de la part des employés de la boite et Rita qui lui faisait un petit signe de main intéressé. Dans le turbolift, pour redescendre, elle ne savait plus où se placer en attendant le moment fatidique où il ouvrirait sa gueule.

-Vous lui avez fait un bisou.

-La ferme.