- Et désormais nous retrouvons Cate Kyrstan pour son interview politique avec en invité exceptionnel le sénateur Nyss Detchi d’Umbara, membre du Rassemblement Patriote.

Tous les mardis soirs, la chaîne proposait à ses téléspectateurs une interview en invitant une personnalité politique d’ampleur sectorielle au minimum. Présentée par Cate Kyrstan, une jeune humaine dans la fin de trentaine aux cheveux noirs coupés courts, la journaliste pouvait se vanter de rassembler de nombreux spectateurs sur plusieurs systèmes de la République, son interview occasionnait un pic d’audience, souvent confirmé ensuite par la diffusion de matchs du championnat de magnetiball cette saison. La jeune femme esquissa un sourire charmeur, sérieuse et prit la parole.

- Merci Tohnn. En effet ce soir dans le cadre de notre interview politique hebdomadaire, j’ai le plaisir de recevoir le sénateur Nyss Detchi. Je vous remercie d’être venu sur le plateau sénateur.
- C’est plutôt à moi de vous remercier pour votre invitation madame.

Nyss Detchi était aujourd’hui l’invité de cette célèbre interview médiatique. Cet exercice était assez court et condensé avec des questions en lien avec l’actualité, la vie privée et le passif des personnages politiques invités ici. Le sénateur était vêtu d’un costume grisâtre marquant ses épaules et sa taille assez fine, ses yeux étaient recouverts de lunettes de soleil afin de préserver ses yeux des lumières éclatantes du plateau sur lequel il se trouvait. Assis dans son fauteuil à côté du pupitre sur lequel se trouvait Cate Kyrsten, le sénateur esquissa un sourire plutôt radieux en réponse à l’humaine. La journaliste respira un grand coup et prit la parole d’une voix des plus professionnelles pour initier l’interview une fois qu’un technicien lui fit signe que tout était ok pour la diffusion.

- Alors sénateur Detchi. Vous êtes un personnage dont la réputation a grimpé en flèche depuis votre soutien à la candidature du Chancelier S’orn il y a deux ans, en effet vous avez été nommé depuis de nombreuses années mais je pense que nombre de nos téléspectateurs ne vous connaissaient pas avant cet appui inattendu. Pourquoi cette discrétion toutes ces années ?

Le sénateur se pencha quelques peu en avant et appuya son coude sur l’appui fourni sur le fauteuil pour se rapprocher un peu plus de la journaliste. La voix de Detchi était plutôt détendue, sûre d’elle.

- Je ne vais pas vous mentir et je pense que c’est de notoriété publique mais, Umbara s’est tenue à l’écart des enjeux politiques de la Rotonde depuis plusieurs siècles conformément à la doctrine Persyn qui avait été instaurée. Cependant nous restions attentifs aux décisions prises par la République ainsi qu’à la situation géopolitique globale. Pour ne rien vous cacher, nous avions eu beaucoup de débats internes depuis la réémergence de l’Empire Sith il y a quelques années. Nous avons observé les réactions de la République pour juguler la menace représentée, mais nos dirigeants restaient des plus hésitants sur la façon de réagir à celle-ci.
- Donc si je vous suis bien, c’est cette guerre qui vous a fait sortir de votre politique isolationniste est-ce exact ?

Nyss marqua une pause en s’enfonçant un peu plus dans son fauteuil.

- Oui tout à fait. Notre gouvernement n’avait pas de quoi envier les autres par moments sur ce genre de décisions critiques à prendre. La situation s’est arrangée lorsque la Reine Sly Keto a pu faire bouger les lignes en étant élue par le Rootai.
- C’est l’actuelle vice-chancelière Sly Keto qui a permis à Umbara de redevenir active sur la scène politique Républicaine donc.

La journalise jeta un œil vers le sénateur qui réfléchissait quelques secondes à sa réponse.

- En effet Cate, elle a su fédérer autour d’elle afin qu’Umbara ne suive pas la voie pouvant la mener à un isolationnisme plus strict et total que celui que nous avions connu jusque là. Elle a su donner un cap à Umbara afin de nous permettre de jouer un rôle politique plus important au sein de la République afin de proposer des solutions pour contrer l’Empire Sith.
- Je vois, en conséquence cela lui a porté chance. Vous a-t-elle dit pourquoi le chancelier S’orn l’a sélectionnée en tant que vice-chancelière ?
- Pas vraiment. Ce genre de conversations et d’accords relève plutôt de la sphère privée. Je reconnais qu’il y avait de sérieux candidats pour ce poste convoité, mais je sais que la vice-chancelière Keto a été la première surprise de ce choix. Même si je ne peux pas l’affirmer devant vous avec certitude, je pense que le chancelier à voulu s’entourer d’individus compétents et donner une chance à de nouvelles personnalités afin de donner à son mandat ce qu’il avait promis pendant sa campagne : un grand changement.

Une réponse satisfaisante pour la journaliste qui avait l’habitude de poser des questions un peu neutres tandis qu’elle détaillait le sénateur assis à sa droite. Elle enchaina sur la prochaine interrogation qui serait plus politique et moins axée sur son passé, en général, ses invités étaient plus à l’aise sur ce terrain et en profitaient parfois pour donner un scoop ou deux à la chaine.

- En parlant des réformes et du programme du chancelier S’orn, savez-vous quelles seront ses futures apparitions au Sénat ?

Nyss mis sa cheville droite sur son genou gauche tout en ricanant quelques peu, amusé par la question que lui avait posée l’humaine. Il était clairement dans son élément. Il se reprit et répondit.

- Hahaha ! Vous me posez une colle Cate. Et bien je n’ai pas la charge de son planning, mais je sais qu’au sein du Rassemblement Patriote, nous allons bientôt proposer une réforme de l’éducation au sein de la République. C’était une nouveauté qui a pu être critiquée lors de la présentation du budget devant le Sénat, mais il s’agissait bien d’un engagement de campagne du chancelier S’orn : la création d’un Ministère de l’Éducation destiné à assurer à la jeunesse une meilleur homogénéité dans les programmes et formalités d’éducation.
- Une tâche colossale à mettre en place j’imagine.
- Vous n’avez pas idée. Je ne peux pas trop en dire plus pour le moment, mais à l’instar du Front Libéral Républicain, nous souhaitons le meilleur pour la jeunesse des milliers de systèmes composant la République. Nous voulons dans la mesure du possible, œuvrer pour une meilleure égalité des chances en donnant à chaque enfant, les opportunités de réussir son avenir professionnel et d’accomplir ses ambitions. Qu’ils soient nés dans les mondes du Noyau, ou la Bordure Extérieure, nous devons faire le maximum pour leur garantir un meilleur horizon pour leur avenir. Nous avons à vocation à prendre le plus grand soin des citoyens de la République, cela passera également par l’éducation qui, nous l’espérons, permettra également de lutter contre les inégalités sociales, et la délinquance.

Un discours convenu, mais la journaliste était satisfaite d’avoir cette information avant les autres chaines, c’était bon pour l’audimat. Cate sourit à son invité et l’encouragea.

- Je vois, je ne peux que vous souhaiter un bon courage dans votre tâche.
- C’est très gentil à vous Cate. Oui en effet, tout dépendra de l’élaboration du traité de paix.
- Ce traité d’ailleurs, nombreux sont ceux qui en parlent mais pour le moment il n’a pas encore été présenté au Sénat, savez-vous s’il aboutira sous peu ?
- Cet accord va nous permettre d’enfin passer du statut de « trêve » à celui de « paix ». Je serai profondément malhonnête d’affirmer ici que cela résoudra les problèmes inhérents aux conflits de cette ampleur. Nous ne voyons pas l’Empire comme un allié, ni un partenaire économique, entendons-nous bien. Il est évident que les tensions seront toujours présentes entre nos deux régimes, mais je suis de ceux qui pensent qu’une guerre froide est toujours préférable à une guerre chaude.

Quelques peu gênée par les questions à suivre car ne sachant pas sur quel pied danser avec l’umbaran, Cate Kyrsten répondit au sénateur Detchi avec une certaine prudence.

- Certes, mais certains détracteurs dénoncent un traité « imposé par les impériaux », un « accord de complaisance désavantageux » est-ce vrai ?

Nyss Detchi resta confiant et détendu, mais fit tapota légèrement à deux reprises sur son appui coude comme pour donner plus de poids à son discours.

- C’est faux. Complètement faux. Ce ne sont que des manœuvres de la part d’opposants politiques jouant sur les peurs d’un nouvel accord d’Artorias. Ils ne savent même pas les termes de cet accord et en ignorent toute la teneur. L’important est d’avoir ouvert un dialogue avec eux tout en restant fermes dans nos échanges, nous ne céderons pas de terrain ou de systèmes pour eux. Si les impériaux rompent le traité, la République sera prête à réagir avec fermeté à toute violation de leur part. Ce traité de paix est bien différent de l’immonde insulte à la République qui avait été proposée par l’ex-chancelier Arnor, ce traité était criminel ! Le notre ne résoudra pas tout et n’en n’a pas la prétention, mais est clairement équitable et défini dans un meilleur rapport de force plus profitable à la République. C’est une première base vers un désamorçage des tensions, une meilleure communication pour éviter que les conflits ne reprennent. Reste à voir quels seront les accords successifs à discuter avec la délégation impériale représentée par le seigneur Khorog.

Cate Kyrsten fut plutôt agréablement surprise par la réponse du sénateur qui s’était préparé à cette éventualité de toute évidence. Elle reprit l’interview avec une question un peu plus anodine dont elle espérait bien arracher une réponse au sénateur pour peu qu’il soit bien informé.

- Certaines de nos sources font état de travaux à proximité du Sénat pour ériger quelque chose. Ils auraient été autorisés par la vice-chancelière Keto mais nous n’avons pas pu en savoir plus à ce sujet. Êtes-vous dans la confidence ? Savez-vous de quoi il s’agit ?
- A dire vrai, je ne suis pas vraiment dans les travaux publics, et vous conviendrez Cate que je ne suis pas la vice-chancelière. Posez lui votre question, peut-être apportera t’elle une réponse à celle-ci ?

Un sourire professionnel plus tard, la journaliste enchaina avec, sans doute, la question qu’elle redoutait le plus de poser. Aussi c’est non sans prudence et une certaine hésitation due au fait qu’elle ignorait comment l’interview allait désormais se dérouler qu’elle pesa ses mots.

- La rédaction s’en chargera et nous reviendrons vers les téléspectateurs pour les tenir informés en premier de ce scoop dès que nous aurons l’information. Sénateur Detchi, avez-vous entendu parler de l’annonce d’Emalia Kira sur les réseaux sociaux ?

Nyss Detchi pouffa.

- Ah cette rébellion de façade ? Soyons honnêtes quelques instants : elle a fait partie du système qu’elle dénonce. Si vous voulez mon avis sur la question, sa manœuvre n’est que de la contrefaçon de subversion, un moyen de faire oublier ses échecs…

Ok, visiblement ce sujet était le plus délicat à aborder. Cate poursuivit cependant dans sa liste de questions afin de parvenir à obtenir ses réponses. Le temps était compté.

- Que pensez-vous de ce type de déclarations ? Ne la trouvez-vous pas provocatrice ?

Nyss se redressa sur son fauteuil et prit la parole d’un air grave et sérieux.

- C’est un petit jeu d’hypocrites, sa conduite de la guerre a été désastreuse en soit et a révélé une politique très centrée sur Ondéron sous couvert de « défendre les intérêts de la République » dans ses motivations. Son peuple vaudra toujours plus que celui des autres mondes de la République, comme a pu le faire l’ancien chancelier Arnor en signant le premier traité de paix d’Artorias. Emalia Kira se moque des mondes neutres : peu importe le nombre de victimes. De surcroit, je rappellerai à tous qu’il est aisé d’appeler à la guerre quand son monde natal ne dispose pas de frontières directes avec l’Empire Sith. Je pense que le sénateur Qademanda serait de mon avis, son monde était directement à portée de frappe par l’Empire. Contrairement à ce que pense Emalia Kira, nous avons à cœur la sécurité et la paix pour les mondes situés dans des secteurs ou les impériaux sont à proximité. Notre politique est tout sauf centrée sur les mondes du noyau : la République ne se limite pas à ce secteur.
- Certains analystes s’étonnent du silence de la part de la chancellerie après cette déclaration de l’ex-chancelière Kira sulfureuse, avez-vous une explication, une analyse à fournir à nos téléspectateurs ?

Nyss Detchi parut quelques peu surpris par cette interrogation, il précisa immédiatement.

- Je ne peux donner que mon opinion sur le sujet, ne faisant pas partie du gouvernement en place, je n’ai eu aucun retour de leur part et je m’attendais à ce que le porte-parole du gouvernement s’exprime sur le sujet… mais je crois bien qu’ils ne le feront probablement pas.
- Pourquoi cela ?

Insista la journaliste. Le sénateur se détendit un peu reprenant une posture plus confortable.

- A mon avis, la chancellerie ne commente pas les réseaux sociaux. Ce n’est pas sérieux. Ce genre de déclarations sur ce type de plateforme c’est pour ceux qui recherchent le clic, le buzz, pour relancer des carrières qui boitent. La République n’a pas besoin de ce spectacle de bas étage. Il est capital de relever le niveau du débat et d’être pragmatique pour faire de la politique avec un grand P. La politique politicienne n’intéresse pas le gouvernement et ne rend pas service à la République. Les citoyens veulent du concret, et des propositions réalistes et non pas assister à ces manœuvres sournoises de célébrité en fin de carrière qui entachent la réputation du Sénat depuis bien trop longtemps. Elle ferait mieux de réfléchir à comment payer son amende permettant de reconstruire Dubrillion plutôt que de se risquer à se lancer dans une carrière de comédienne. Soyons sérieux un instant : elle n’a ni la carrure, ni les ressources, ni les effectifs pour oser faire ça. Ce ne sont que des paroles en l’air je vous dis, du bluff provenant d’extrémistes qui veulent gouverner de façon totalitaire en outrepassant le Sénat et nos institutions derrière des prétextes fallacieux. La démocratie n’est pas une option, et ses institutions représentatives, sont capitales pour les libertés individuelles de tous les citoyens de la République et éviter l’émergence d’un tyran concentrant tous les pouvoirs, comme on peut le voir sur Dromund Kaas. Je ne m’exprimerai pas davantage sur le sujet car ce spectacle navrant est indigne des citoyens composant la République qui attendent de la hauteur de vue, et plus encore de nos soldats dont je salue et respecte la bravoure, le professionnalisme et le sens du devoir. Question suivante s’il vous plait.

Cate Kyrsten avait eu les réponses qu’elle attendait, en demander plus risquait d’agacer le sénateur. Restait le dernier tiers de questions à aborder, le volet plus privé du sénateur qui serait sans doute plus agréable. La voix de la journaliste se faisait plus douce tandis qu’elle chargeait ses fiches.

- Je pense vous connaitre assez désormais pour penser que celle-ci vous plaira. Parlons maintenant plus de vous sénateur Detchi. Êtes-vous marié ?
- Oui.
- C’est vrai ? Vous n’êtes donc plus un cœur à prendre ?

Petite surprise de la part du sénateur qui parut pour le coup un peu déconcerté par cette question. Est-ce que cette humaine lui faisait du charme ou essayait-elle d’arracher un scoop ?

- Je suis marié à mon travail pour tout vous dire, ma fonction de sénateur me prend beaucoup de temps libre, je vous avoue que je suis quelqu’un d’assez consciencieux dans mon travail dont je ne compte pas les heures.
- Certaines rumeurs font état d’un rendez-vous avec la sénatrice Camina Ashford de Cadézia au cours d’un dîner. Est-ce vrai ?

Voilà donc ou elle voulait en venir… derrière ses lunettes, Nyss plissa les yeux et répondit amusé.

- Beaucoup de gens ont une vision biaisée de la politique. Celle-ci ne se limite pas qu’à l’influence de la Rotonde vous savez, nous avons aussi nos amitiés et inimitiés, nous ne sommes pas différents des citoyens que nous représentons. Nous portons chacun des combats politiques qui parfois rassemblent, parfois divisent, comme au sein de chaque foyer.
- Vous l’avez donc rencontrée.
- Oui.

Pause, Cate Kyrsten demanda poliment avec le sourire.

- Quels sujets avez-vous abordé avec elle ?
- Nous avons surtout partagé et échangé nos points de vue sur l’AGPU et de pistes éventuelles pour « transformer l’essai » initié par le roi Virgile-Auguste d’Ossus avec cette institution. Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, mais vous et vos téléspectateurs comprendrez bien que nous travaillons durement à consolider les efforts qui ont été accomplis jusque là.

Le temps accordé par l’interview venait à son terme. Cate Kyrsten hocha lentement la tête et remercia le sénateur Detchi.

- Merci pour vos réponses sénateur pour votre premier passage plutôt réussi.
- Merci à vous Cate Kyrsten, si vous me réinvitez, je reviendrais avec plaisir.

La caméra s’orienta sur un plan un peu plus rapproché de la journaliste qui reprit la parole pour annoncer la transition avec le programme suivant.

- C’était l’interview politique présentée par Cate Kyrsten avec en invité spécial le sénateur Nyss Detchi d’Umbara. Retrouvez désormais vos bulletins météorologiques planétaires locaux puis à 21h le match de magnetiball opposant …