Lumière et ombre. Elles se cotôyaient au sein de tout coeur et de tout élément, vivant comme inerte. Des rayures grises et jaunes se succédaient sous les pieds de Luke, dont le visage doux était tantôt plongé dans les doux restes d'une nuit tranquille, tantôt baigné de la lueur énergie d'une belle journée. Le Hapien était levé depuis longtemps déjà. Il avait sillonné le Temple pour faire ses tâches à son rythme, vérifier que tout était prêt à l'aide des Padawans prédisposés du jour (préparer les salles de classe, allumer les programmes d'entraînements ou encore arroser les plantes). Il participait à nouveau de temps à autre au lever des plus petits, à la grande joie de ceux qui s'étaient attachés à lui, mais aujourd'hui, par chance, Elisha l'avait remplacée. La jeune humaine était douce avec eux et prévenante envers n'importe quel être vivant, y compris Luke. Elle avait remarqué que le lever avec des enfants dynamiques, dotés de pouvoirs le dépassaient un peu, lui et sa vue défaillante. C'était donc sans faire part de quoique ce soit, subtilement qu'elle avait décidé d'offrir des "vacances" au Chevalier.

L'intéressé décida, après quelques remerciements gênés, de bien employer le temps qui lui avait été donné. Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas médité. Et surtout pas ici, sur Ondéron. Avec une certaine émotion, Luke pénétra dans la salle de méditation. Un sourire naquit au coin de ses lèvres. Il se rappela avoir, comme tout enfant, soupiré en entrant ici pour une séance, mais pas longtemps. Très tôt le Padawan avait appris à aimer l'endroit et quand ses camarades ronchonnaient à l'idée d'un cours calme, lui frissonnait de joie à l'idée de communier avec Elle.

La méditation était le seul domaine où Luke évoluait au même rythme que les autres, peut-être même plus. Il glissait entre les courants, observait les moindres nuances avec une subtilité que ses pairs ne saisissaient pas toujours. Dans ce monde, c'était lui qui voyaient au-delà de la nuit. Soulagé de voir que malgré un certain abandon, la Force ne lui tenait pas "rancune", le Chevalier entra rapidement en transe. Il avait tellement pratiqué à l'adolescence quand Saï avait disparu pour essayer de trouver Calme et Sages Conseils, puis à l'orée de son Adoubement que les gestes lui étaient revenus très naturellement. Sa respiration prit le rythme lent et profond adéquat après quelques inspirations et ses paupières closes cessèrent de s'agiter.

Au début, il était digne, puissant point de lumière un brin intimidant. Puis, la nature de sa méditation changea. Luke essaya bien de se retenir mais ce fut impossble. Ça lui avait trop manqué. Il se mit à explorer les recoins de la Force, puis... À jouer avec. Son esprit cavalait de courant en courant, sautillant et cavalant avec insouciance. Il émanait désormais de lui, une aura amusée, chaleureuse et surtout très douce, pure. Jamais on n'aurait pu penser que cette boule de Force réunie autour du jeune homme puisse être source de danger tant elle était accueillante. Une impression de sérénité joyeuse, presque cotonneuse envahit la pièce. Le Consulaire poussa la Force au-delà des portes de la salle, allant d'esprits en esprits sans jamais les pénétrer. Il les frôlait avec respect, les exploraient et les invitaient. Bien sûr, les insectes concernés n'en avaient pas conscience, alors l'aura du Jedi les délaissaient sans ombrage puis repartait se promener, accrochant au passage une âme beaucoup plus complexe que celle des coccinelles ou des araignées perchées sur les fenêtres. Une onde se glissa contre la silhouette de l'inconnu(e), petite brise agréable et chaude qui l'enveloppa pour filer ensuite vers son auteur. Luke ne s'accrocha pas vraiment à la présence ni ne chercha à insister. Il était dans son monde, sa bulle, laissant s'exprimer la puissance de son lien avec celle qu'il avait toujours considérée comme une amie, une mère de subtitution même, plus jeune.

Malgré une vision assez "scientifique" de la relation des Sensibles avec la Force -Luke considérait qu'à l'instar de certains animaux qui s'associaient, l'un et l'autre s'entraidaient, les premiers pour avoir des dons, l'autre pour survivre dans le corps d'un hôte qu'elle protégeait.- le blond chérissait la Force. Il avait toujours eu de l'affection pour elle, considérant que c'était le Sensible qui corrompait la puissance initiale du courant et non le contraire. Neutre ou lumineuse, la Force vivait en parfaite harmonie avec son hôte, alors qu'obscurcie, la cohabitation devenait injuste, la Force désormais esclave était exploitée. Elle déchirait alors le corps de celui qu'elle habitait, trop avide. Mais dans tous les cas, jamais ce courant de vie ne pouvait être la source de noirceur. Les âmes humaines étaient ceux qui trahissaient l'harmonie millénaire qui caractérisait les Sensibles et la Force, comme si le poisson avait décidé de cesser d'entretenir l'anémone qui le protégeait, ou si l'abeille réclamait les pétales de la fleur en plus de son pollen.

Le souffle mystique, très doux -et un peu chahuteur- qui avait enrobé l'inconnu était revenu mourir près de Luke. Un nouveau naquit, enveloppant la silhouette fine du Hapien, tout aussi enthousiaste et lumineux.

[HJ :désolée, je trouve ça un peu bof]

La vague émise par Luke avait attiré quelqu'un. En soi, dans un Temple Jedi, ça n'avait rien d'étonnant. À l'apogée de sa communion avec la Force, il aurait été, au contraire, un peu effrayant de constater qu'aucun Sensible ne réagisse. Que ce dernier décide d'aller jusqu'à entrer dans la salle de méditation était moins attendu cela dit. Surpris, le Chevalier rouvrit les paupières, dardant ses yeux inutiles sur la porte. Son onde retomba légèrement sans disparaître totalement. D'habitude, il était plutôt timide, au point de céder assez vite les salles, y compris à des Padawans. Avoir peur de gêner était un des grands fardeaux du blond qui fuyait tout lieu que n'importe qui convoitait. Aujourd'hui pourtant, la Force l'enveloppait et il se sentait moins seul face à la "menace". Un jeune aussi timide que lui, sans doute Padawan au vu de son aura pas complètement mature mais pas inexpérimenté non plus. Le timbre de voix acheva de convaincre Luke, ce devait être un adolescent.

- Bonjour. Ne vous inquiétez pas, restez donc. Je crois que j'occupe la salle depuis longtemps déjà, je n'ai pas vu le temps filer.

Totalement éveillé, sorti de sa transe, les oreilles affûtées du Jedi entendirent de vagues bruits sourds se multiplier dans les couloirs. Le temple avait lui aussi délaissé sa torpeur, signe que la méditation du Hapien s'était effectivement étendue. Il aurait bien continué mais son sens de la justice commençait par sa notion de partage. Il avait effectivement profité longuement de la salle tranquille.

- Qu'avez-vous cru donc sentir ?

Un appel, sans doute, mais Luke n'en avait pas réellement conscience. C'était naturellement que son esprit s'était connecté aux êtres vivants des parages. Il avait cherché à se fondre en eux, les inviter en lui pour une communion à la fois basique et complexe.

- Oh, et je ne suis que Chevalier. Si je peux vous aider n'hésitez pas à me le demander, je ne suis pas spécialement doué pour retrouver des objets, mais des "choses" que l'on a cru sentir... J'ai de l'entraînement.

Luke se releva souplement pour s'approcher lui aussi de la porte. Il voulait ainsi ne pas s'imposer, offrir son aide sans avoir l'air offusqué d'un refus. La timidité de l'autre garçon vainquait un peu la sienne, il se montrait plus ouvert, doux et disponible. Les gens perdus, ça le connaissait. C'était ceux qui allaient bien et voulaient juste "discuter", "socialiser" avec qui c'était un peu plus difficile, parce que le blond ne pouvait rien leur apporter de concret. Aucune aide, juste sa compagnie, laquelle ne valait pas grand chose. On ne le surnommait pas le somnifère pour rien. "Heureusement" donc, ce jeune garçon (ou homme ?) avait visiblement besoin de son aide pour retrouver quelque chose qu'il avait "senti", or Luke avait été modeste, il était très doué pour filtrer les courants de la Force et suivre une piste. Un vrai radar, non seulement car il y avait été entraîné depuis ses 7 ans, sa cécité faisant de sa vie un entraînement continu mais aussi grâce à son lien si proche avec la Puissance Mystique qui habitait les Jedis.

- Quoiqu'il en soit, ne vous sentez pas obligé de partir, moi. Je peux le faire ou nous pouvons partager la pièce. Peu d'élèves choisissent d'y venir librement. Hum... Ce que vous êtes bien n'est-ce pas ? Désolé, j'ai la vue un peu basse.

Luke offrit un sourire d'excuse teinté d'un brin de malice à l'inconnu. Dire qu'il n'y voyait pas grand chose était un très doux euphémisme, de plus, le garçon ne l'aidait guère avec sa voix et son aura entre deux âges. Expérimenté, mais pas assez, sans parler de cette façon de l'appeler maître, de se plier sans que personne ne le lui demande. Comme lui aujourd'hui encore, ceci dit. Sa timidité ne prouvait donc en rien son rang. Un vrai mystère ce jeune homme. Le Hapien espérait en tout cas ne pas avoir "insulté" un collègue et avoir deviné juste en parlant d'élève.

Le Chevalier avança de quelques pas, son onde joyeuse s'était évanouie désormais, cependant elle restait, flottant encore un peu dans les airs d'une salle habituellement considérée comme ennuyeuse, voire un brin sinistre par les amoureux du drama. Tous deux se faisaient face. Le Jablimien avec son pansement sur l'oeil, nettement plus grand que Luke, dont quelques mèches blondes s'échappaient de sa demi queue pour encadrer un regard doux quoique légèrement terni. Malgré sa posture modeste, le Hapien semblait moins discret, timide, en retrait que d'habitude. Il avait illuminé la salle de sa présence pendant assez longtemps pour se sentir comme chez lui, dans un nid douillet. L'atmosphère apaisante, douce et chaleureuse rechignait à s'en aller, enveloppant les lieux d'une aura inhabituellement subjective, comme si un peu de la personnalité joyeuse, presque joueuse -insoupçonnée de ses pairs- du Hapien imprégnaient encore les murs.

Intrigué par le garçon, Luke retint une autre question, se rappelant que dans d'autres circonstances, lui-même se serait senti mal à l'aise face à un flot d'interrogations.

Idiot. Stupide. Idiot,

Trois fois de suite. Luke n'avait pas l'habitude d'intimider les gens de la sorte. La gêne commença à affluer de nouveau, laisser ce pauvre jeune homme se dépatouiller dans ses erreurs ne lui semblait pas très charitable, ceci dit l'abandonner dans cet état non plus. Le Hapien décida d'être patient et attendit, sans sourciller ni juger que l'inconnu termine sa phrase.

- Pas tant que ça. Je confonds souvent les uns et les autres.

En soi, ça n'étais pas vrai. Luke avait si peu de contacts proches qu'il les détectait à merveille de très loin, ceci dit, on ne pourrait jamais le qualifier de physionomiste et il voulait aider ce garçon à se sentir mieux.

- Rien ne se perd, rien ne se crée - Commença le Jedi en récitant un adage appliqué à la Physique. La fin changeait toutefois, s'adaptant à une leçon que des Maîtres leur avaient donné plus jeune. - Et rien ne s'invente vraiment. - Nous naissons uniques, certes, mais à partir d'une base commune tout de même. Il y a des redondances y compris au sein de la Force. Nos empreintes sont différentes mais certaines se retrouvent dans leur écho. Sans oublier les circonstances qui prêtent encore plus à confusion.- Un moment vulnérable, une pensée particulière envers sa maître et le Jablimien avait naturellement superposé son désir à une réalité qui s'y prêtait.- Maintenant que je me souviens, j'avais tendance à confondre deux amis dont l'aura au sein de la Force avait beaucoup de similitudes. Et ... Ceux qui ont rejoint la Force ne nous ont pas complètement quitté. Ils nous guident à travers elles, leur aura transparaît au détour d'un couloir ou à travers les yeux de quelqu'un. Tous ces mystères ne sont pas idiots, vous encore moins.

Acheva doucement Luke en se rappelant de ce détail lui revenant soudainement en mémoire concernant ses deux amis si similaires. Ce souvenir au moins était vrai bien qu'on pouvait alors parler plus de bonnes connaissances que d'amis. Ils auraient pu le devenir mais le Hapien était alors trop timide et il n'avait pas assez donné le change avec ces deux gentils garçons qui avaient vaguement commencé à l'intégrer à leur groupe. Luke croyait qu'il existait divers moyens d'aborder la Grande Puissance qui les habitaient mais que ces derniers n'étaient pas infinis. Certaines personnalités, histoires ou même liens innés se ressemblaient et se rassemblaient. Bien sûr, c'était rare mais vu la tragédie dont ce garçon n'avait pas l'air remis du tout, la confusion était encore plus crédible.

- En effet, je suis aveugle, et mes yeux sont légèrement plus... Ternis ? Je crois que c'est ce que l'on m'a dit. Cela fait si longtemps désormais. Ça se remarque un peu plus qu'avant, même si ça ne devrait plus évoluer désormais. C'est en tout cas ce que disent les médecins.

Fit-il avec un sourire, sans le moindre signe de crispation. Par chance pour le Padawan, sa cécité n'était pas un sujet qui gênait le Hapien. Il avait pris l'habitude de s'en servir pour détendre et plus rarement, gêner ses interlocuteurs. Quant à ses "connaissances" concernant son état, elles étaient dû au fait qu'il avait prié le corps médical de ne rien lui épargner. À la question "est-ce que ça se remarque ? " on lui avait glissé que le manque de travail de ses rétines avait légèrement grisé la prunelle, mais que ça allait. Le voilà désormais au courant pour ses missions d'infiltration. Et puis, il n'avait pas à se plaindre, si ses nerfs optiques étaient irréparables, ses yeux demeuraient intacts. Vivants, ils n'étaient pas destinés à se dégrader davantage, perdre toute leur couleur ou bien pire, s'infecter. En tout cas, c'était ce qu'avaient dit les infirmiers à l'époque. Qu'importaient les déformations avait alors songé le Jedi, mais il avait en effet loué la Force de ne souffrir d'aucune complication ou comme Balian, du symptôme de membre manquant.

- Pas de souci Padawan Marsk, avec moi en tout cas, même s'il est vrai que d'autres pourraient être plus... Sensibles. - Eût à cœur de préciser Luke pour qui la politesse restait importante. Il ne voulait pas inciter un élève à se lâcher sur les questions délicates et faire du mal à quelqu'un bien que ce Derothar ne semble pas être de ce genre. Au contraire, ce délicat garçon aux excuses faciles lui rappelait vaguement quelqu'un. - Si vous le souhaitez, nous pouvons méditer ensemble, sauf si le souvenir que j'éveille en vous est trop douloureux, ce que je comprendrais... Mais certes, la méditation vous ferait le plus grand bien.

Suggéra le Hapien, pas vraiment enthousiaste à l'idée de laisser cette âme blessée se plonger au sein de la Force sans supervision. Il aurait voulu pouvoir agir sur l'aura du Jablimien, l'apaiser mais les codes d'éthique de leur communauté impliquaient qu'un Jedi ne pouvait chercher, y compris pour de bonnes intentions, à en influencer un autre. L'expérience de Luke aurait permis à ce dernier d'insuffler une sécurité temporaire et un peu artificielle au garçon, ou du moins l'aider à se calmer assez pour atteindre un stade de méditation salutaire. Pour autant, impossible d'agir sans l'autorisation de Derothar. Chez un enfant en pleine crise de douleur, à demi inconscient ou en panique, c'était acceptable, pas chez un adolescent capable de raisonner malgré un chagrin évident.

- Oh et pardonnez mon manque de courtoisie, je suis le Chevalier Kayan. Luke Kayan.

Le concerné inclina légèrement la tête. Son nom, plus que son visage pourtant remarquable était davantage connu. Bien que la timidité de Luke ait largement contribué à étouffer sa "célébrité", il n'en restait pas moins le dernier apprenti de Saï Don, honorable chef du Conseil, réputé pour être le plus proche aussi du vieil homme. À d'éventuels signes de surprise tantôt émerveillés, tantôt déçus (c'était donc "ça" l'ex apprenti du grand Chef du Conseil ? Une silhouette fine, un regard fixe et l'air éthéré ?) Luke répondait toujours que les exploits de Saï Don restaient les exploits de Saï Don, tout comme son nom. Lui n'avait rien accompli de spécial, du moins c'était ce dont il était intimement et parfois trop modestement sûr.

Luke faillit demander à Derothar plus d'informations sur sa Maître disparue, sa personnalité par exemple ou des anecdotes les concernant tous deux, mais il n'osa pas. C'était trop tôt et le contexte ne s'y prêtait pas. Pas encore peut-être, en tout cas.

Toujours près de la porte, le Jedi attendit l'invitation éventuelle du jeune homme. Celle de méditer ou de partir, simplement.

- Désolé pour votre œil. Vraiment

Annonça Luke d'un air doux. S'il avait été moins timide, sans doute aurait-il alimenté le dialogue en demandant au garçon pourquoi il cachait réellement cette cicatrice au sein d'un Temple Jedi. Les plus âgés étaient habitués à se confronter à des blessures de guerre et les plus jeunes devraient s'y faire bien assez tôt. Le Hapien était loin de penser que Derothar souffrait d'abus de la part de ses camarades car ce n'était pas commun ici. L'Ordre avait beau exiger beaucoup de ses apprentis, les exposant à des dangers mortels avant leur majorité, il les protégeait aussi de la cruauté quotidienne à laquelle les civils était exposé. Les gamins des écoles s'influençaient au point de harceler continuellement la personne différente qui finissait, au mieux blessée mentalement, au pire définitivement brisée et dans de rares cas, mortes. Si le Padawan s'ouvrait à la hiérarchie, cette dernière agirait sévèrement envers les moqueurs. Censés devenir des défenseurs de la justice irréprochables, les jeunes Jedis étaient réprimandés de manière parfois radicales s'ils récidivaient. Certains des pires harceleurs avaient été banni d'ailleurs. Ainsi, le Hapien avait grandi dans une bulle paradoxalement très dangereuse pour quelqu'un avec son handicap (même sans ça l'était) mais aussi cotonneuse, confortable. Il ne s'était que très peu confronté à la discrimination envers sa cécité. Sa timidité et plus tard, des soupçons sur sa sexualité (quelques remarques et un manque d'interlocuteur mature pour l'aider à comprendre ce phénomène l'avaient poussé à une sorte d'auto-discrimination. Aujourd'hui encore, il assumait à moitié seulement) avaient été les seuls motifs de sa marginalisation relative.

Incapable donc d'imaginer que Derothar était tourmenté, et, incapable aussi de poser des questions plus indiscrètes, le jeune homme supposa que c'était de la pudeur.

- En effet, je ne vais pas mentir quant à certaines limitations, mais la Force m'aide admirablement et... Quelques astuces aussi ! - Un sourire léger quoiqu'encourageant illumina les traits du blond. Si un aveugle pouvait s'adapter, un borgne davantage encore.- Quant à vos difficultés pour manier la Force, elles sont à la fois peu communes de part leurs origines mais et pas vraiment inquiétantes. Rares sont les Jedis homogènes dans leurs capacités. J'étais absolument terrifié par le sabre-laser plus jeune. Impossible de m'en faire tenir un entre les doigts. Aujourd'hui, je suis en-dessous de la moyenne. J'ai juste... Rattrapé un peu mon retard mais rien de foudroyant malgré de très longues heures de travail. D'autres n'ont pas été gratifié d'un haut taux de Midichloriens à la naissance, parfois, il était même tout juste pour être acceptés dans l'Ordre. Leurs difficultés sont donc définitives. Mais vous. Si c'est un blocage et que nous parvenons à passer outre, vous pourrez vous améliorer. Il faudra travailler dur et constamment, mais sans angoisse ni pression car votre traumatisme semble profond.


Luke ne savait pas comment expliquer à un adolescent complexé que trop s'attarder sur ses difficultés ne ferait qu'empirer son blocage mais qu'il devait travailler quand même. Il chercha ses mots quelques instants, conscient qu'il s'adressait aussi bien à Derothar que lui, plus jeune, quand il essayait de s'améliorer à tout prix de travailler au sabre-laser.

- Travailler aussi dur que possible sans attendre de réels résultats, le faire parce qu'on a envie, pour nous-même d'essayer sans vouloir impressionner quelqu'un ou correspondre à la moyenne "normale" est frustrant. Surtout au début, mais c'est la voie la plus raisonnable, l'unique de fait qui vous permettrait de vous améliorer dans ce domaine, enfin, après être passé outre vos appréhensions. Songez que vous avez des qualités, au sabre, par exemple que d'autres n'ont pas. Ne partez donc pas avec l'idée que vous soyez irrécupérable. Un bon Jedi est avant tout quelqu'un de confiance, loyal envers ses idéaux, ceux de l'Ordre et surtout, disposé à offrir tout ce qu'il peut, dans la mesure de ses capacités à autrui.

Certains Jedis étaient plutôt faibles au sein de la Force et au sabre-laser. Pourtant, ils faisaient pleinement partis de l'Ordre. On ne parlait pas souvent d'eux, cachés qu'ils étaient par les exploits de leurs frères plus gâtés. Pour autant, il ne fallait pas les négliger, leur travail de fourmi construisait et maintenait leurs fondations. Luke pensa furtivement à Elisha, une Balosar encore Padawane. Elle ne brillait pas dans les domaines habituels, ni dans la Force ni au sabre, mais sa maturité, sa lecture d'autrui (à travers le dialogue et la lecture des émotions) étaient remarquables. Pareillement pour sa logique pour des enquêtes. D'autre part, de véritables étoiles en devenir avaient été banni de l'Ordre car jugés trop arrogants ou instables. C'était ce que Luke essayait de faire comprendre à son élève éphémère.

Donc, le Hapien se retrouvait soudainement à enseigner, une chose qu'il s'était promis d'arrêter, ne se sentant pas à la hauteur et lui-même un peu traumatisé après le départ inopiné d'Eckthor qui lui avait préféré un autre maître. Impossible toutefois de s'arrêter en si bon chemin, et étrangement, il ne se sentait pas si mal avec le Jabiimien.

- Ne vous retenez pas de parler, c'est plutôt bon signe. Vous vous détendez.

Et puis Luke avait une bonne oreille. Il était d'une patience proverbiale, à moins que l'adolescent ait le même débit que Catherine ou Evengellyne, il ne risquait pas d'émousser ses limites. D'autant plus qu'exercé au possible, le Hapien savait saisir les informations qui filtraient au vol. Quand on n'avait pas l'expression corporelle à étudier, on se concentrait sur le timbre de voix, les mots, les respirations. Il espérait commencer à comprendre le traumatisme du garçon ainsi. Difficile d'ailleurs, pour lui que la Force avait toujours rassuré.

- Pour commencer, videz votre esprit autant que possible, comme lors d'une méditation normale. Je vais vous guider avec la Force et si besoin, installer une ambiance chaleureuse, vous détendre. Ensuite, vous n'aurez qu'à vous concentrer sur mon aura, pas sur la vôtre, ni ce que vous percevez, mais ce que moi, je perçois.

Il allait ainsi filtrer l'air pour Derothar, chasser la moindre tension, obscurité. Placé dans sa bulle lumineuse, le garçon pourrait visiter le monde à travers la Force en toute sécurité. Luke le soutiendrait comme une combinaison protectrice le ferait, il serait un peu dirigiste mais impossible de laisser le jeune se débrouiller seul au début.

[HJ : Je te laisse inventer mais normalement si Derothar voit ou ressent quelque chose de négatif, ce sera stoppé par Luke, un peu comme dans une bulle de mousse qui amorti le choc]

S'il en avait eu le temps, Luke se serait reproché d'avoir encore essaye d'enseigner quoique ce soit à un apprenti. Il le savait pourtant, ses propos ne passaient pas. Soit il s'expliquait mal, soit on ne l'écoutait pas. Plongé dans une vision à laquelle il ne comprenait rien, le Hapien cessa de chercher une explication. Sa vue, il l'avait très rarement recouvrée en la "volant" à des gens très proches lors de communions particulièrement intenses. Derothar et lui étant de purs inconnus, le Jedi n'avait eu accès à aucune image pour illustrer l'aura sombre qui les avaient soudain enveloppé. Des voix, des bribes incompréhensibles mais surtout des émotions de toutes sortes avaient envahi le Chevalier qui avait dû en partie dissocier son aura de celle de l'élève pour se protéger. D'abord s'occuper de retrouver sa lumière, son oxygène pour en redonner ensuite à l'autre en danger, cette règle commune lors d'accidents spaciaux était valable pour la Force.

Quand il parvint à se reconnecter au Jabiimien, Luke avait déjà fourni de gros efforts pour s'extraire puis retrouver un lien ténu, assurément trop fragile. Il n'avait donc pas ménagé les derniers pour sortir le garçon de son aura. Un degré plus haut encore de lumière que celui habituel avait chercher à éclairer sans agresser Derothar. Ce fut encore interloqué, essoufflé que le Jedi rouvrit les yeux. Le filet de voix de l'adolescent arriva aux oreilles du concerné qui pris un temps pour leur offrir un sens. Parce que ce petit ingrat lui en voulait en plus ?

- Je vous avais dit de vous fixer sur mon aura, pas de suivre votre chemin et de vous laisser emporter. - S'il s'était laissé guider, Derothar aurait senti la vie qui fourmillait derrière les portes, puis celle plus infime, délicate d'entre les murs. Il lui aurait fait ensuite découvrir le néant absolu dans lequel de nombreux courants de Force vibraient à des allures différentes.- La Force peut en effet être dangereuse, mais je voulais surtout vous démontrer qu'elle est neutre. Que celui qui choisit sa voie peut décider de son inflexion positive ou négative.

Il y avait tellement plus à craindre de ses impulsions, de ce que l'on décidait que de ce magnifique torrent de vie.

- Ce que vous avez fait est dangereux en plus d'être probablement traumatisant. Quant à moi, je n'ai rien regardé comme vous le suggériez, j'essayais de vous récupérer puis à vous maintenir autant que possible dans la raison. L'immersion a été si violente, soudaine que notre lien s'est coupé, je ne pouvais que restaurer une ambiance aussi calme que possible.

- Insista Luke d'une voix ferme quoique calme, ce qui paradoxalement amplifiait sans doute la gravité du reproche.- Je ne vous ai rien montré, c'est vous qui avez été voir et là est le problème. J'ai eu beaucoup de problèmes à vous récupérer.- Nul doute par ailleurs que son handicap avait ralenti le processus. À cause de ça, Luke n'avait pu ni anticiper ni l'ambiance qui s'installait, ni la source du danger. En revanche et par chance, son lien puissant au sein de la Force lui avait permis de reprendre Derothar et d'imposer sa lumière à l'ombre. Pour autant, la violence avait été telle que même lui avait peiné. Le traumatisme de Derothar était extrêmement profond et le Hapien se promis de parler à Saï du cas. Il demanderait une audience au Conseil pour expliquer ce qui s'était passé, insistant pour que le Jabiimien soit pris en charge, au moins pour des séances de méditation auprès de Jedis plus expérimentés que lui. Même si ce passif l'empêchait d'utiliser la Force correctement, il fallait le stabiliser mentalement.

- Bon, nous avons évité le pire malgré ce que vous avez, malheureusement dû subir. J'en suis désolé pour vous... Si vous avez besoin de parler je suis là.

D'après ce que l'apparition pérorait (une qui l'insultait sur sa faiblesse et dont Luke ne pouvait deviner l'apparence symbolique d'autant plus traumatisante), Derothar s'en voulait pour le décès de son maître et il avait peur de se laisser aller à la colère. Karm aurait été bien meilleur dans cette situation. Lui au moins savait parler aux jeunes, leur expliquer que la peine ou la rage étaient normales sans pour autant les inciter à les utiliser. Comment parvenait-il à cet entre deux que peu de Jedis aux émotions bridées dans la jeunesse étaient capables d'accepter. Luke lui-même était du genre à conseiller la sérénité, le calme absolu d'une méditation pour simplement enfouir des sentiments interdits aux membres de leur communauté... Mais quand la méditation causait cet effet, il se trouvait démuni, ne disposant plus d'armes pour se défaire de ces ondes plus que négatives.

- Pour le reste, je pense vraiment qu'on peut vous aider, ceci dit, mes compétences ne seront pas suffisantes, loin de là. - Avoua le Consulaire, embêté par son manquement involontaire à son voeu d'aider son prochain mais conscient qu'il devait modestement reconnaître ses limites. - Certains guérisseurs ont une formation spécifique pour intervenir à travers la Force et soutenir des pairs psychologiquement... Souffrants.- Prudent avec les mots, Luke essayait d'être aussi délicat que possible. Il savait que certains de ses pairs, spécialisés dans les soins intervenaient sur des civils traumatisés mais aussi auprès d'autres Jedis dont les problèmes se répercutaient sur l'utilisation de la Force (souvent un maniement plus agressif de leurs dons ou l'obsession de gagner en puissance pour défendre un autre être cher). Avec les dernières guerres, des kidnapping aussi, malheureusement le souci s'était développé de façon exponentiel et avec lui, le besoin d'intervenants pour aider ces victimes indirectes. Ces spécialistes maîtrisaient aussi mieux l'art des émotions, des mots. Les Jedis de cette branche étaient en partie formés à l'extérieur pour apprendre à prendre en compte ces fameux sentiments dont les civils recelaient. Luke toutefois préféra ne pas ajouter ce détail un peu délicat qui sous-entendait un besoin d'aide. Derothar serait aussi automatiquement pris en charge psychologiquement s'il acceptait d'être aidé pour ses pouvoirs.

Enfin, encore fallait-il qu'il accepte qu'on l'aide et vu son attitude, le Hapien n'était pas certain que ses mots, d'abord fermes pour reconnecter le garçon à la réalité puis plus doux pour le rassurer. Connaissant son peu de talent avec les jeunes, le Chevalier avait préféré se lever pour se tenir prêt. Son manque de confiance transperçait à peine sa capacité de professeur serein et sûr de ses paroles. Face à un pauvre gosse perdu, paumé, en souffrance, Luke n'avait pas d'autre choix que d'incarner, au moins pour cette échange, le rôle de la figure d'autorité qui pose des limites mais surtout, se montre capable de guider.

- Je crois surtout que vous auriez besoin de repos maintenant.

Suggéra le Chevalier avec une pointe de culpabilité dans la voix. Il hésita puis se décida. Après tout, son rang ne le protégeait pas d'excuses qu'il jugeait nécessaires. La fermeté allait un temps, mais elle ne ferait pas tout le travail, au contraire, le blond ne voulait pas laisser l'impression qu'il se pensait supérieur.

- J'avais mal évalué la profondeur du problème et je ne suis pas parvenu à vous apaiser, bien au contraire, j'en suis désolé.

- Calmez-vous.

Ordonna soudain Luke dont la voix s'était affermie. Il ne pouvait pas laisser le garçon continuer dans sa spirale d'excuses et d'auto-flagellation indéfiniment. Il fallait une cassure nette pour stopper l'élan dangereux. Pensif, le Hapien s'autorisa quelques secondes de réflexion, qui, l'espérait-il, servirait à Derothar pour retrouver ses esprits. Le Jabiimien avait-il toujours eu ces tendances ou était-ce la perte de sa maître qui l'avait dégradé de la sorte ? Son comportement n'était clairement pas celui attendu d'un Padawan de son âge, de fait, même à 13 ans, les pré-adolescents étaient priés de retenir leurs émotions. Le cas était donc sérieux. Luke se retint toutefois de dire quoique ce soit à ce sujet. Il aurait pu émettre une simple conclusion que le jeune homme croirait à une attaque. Sa confiance en lui était si détruite qu'il en devenait dangereux, pour sa propre personne mais aussi les gens qu'il pourrait être amené à défendre. Le Hapien adopta un ton plus doux afin de continuer. Il savait ce que c'était que de rester en arrière, se poser des questions sur son utilité ou sa force de caractère. La différence, la sensation d'incompréhension quand les autres étaient à son égard, plus tendre qu'il ne l'avait jamais été. Karm l'avait vu violemment se réprimander pour avoir cédé à un amour contre-nature, alors qu'illogiquement, le blond soutiendrait toute autre personne dans cette situation. Derothar le faisait penser à lui en quelque sorte. S'excuser d'être faible mais aussi d'avoir affaibli l'autre en question en le mettant dans une position délicate. Lui ne pouvait s'octroyer aucune pause, alors que Luke était sensément affecté.

- Je vais bien, j'en ai vu d'autres. Je suis là pour ça et formé exprès à cet effet.

Assura le Chevalier avec un ton tranquille qui ne lui ressemblait pas. Il jugeait toutefois que l'apprenti devait absolument se rendre compte que son aîné allait bien. En soi, c'était le cas. Le choc et la peur du moment étaient passés. Luke était un Jedi entraîné. Les professeurs lui avaient enseigné le contrôle des émotions. La vie, elle, s'était chargée de lui montrer qu'il avait intérêt à se relever rapidement après une épreuve. N'en déplaise au garçon, sa vision (ou dans le cas de Luke, les voix d'outretombe alimentées par une ambiance malsaine) n'était ni unique, ni apte à dérouter complètement un Consulaire de 28 ans. Quant à la bonté, si Luke en avait à revendre, elle était aujourd'hui uniquement là pour souligner, enrichir son rôle. Il essayait de s'occuper de Derothar parce que c'était son rôle, pas par pitié. Sa gentillesse et sa patience n'étaient qu'une option. Autant dire donc qu'il ne se sacrifiait pas.

Ce qui était en revanche plus compliqué pour ce dit Consulaire, c'était de trouver le ton juste. Comment expliquer à Derothar que son cas n'était pas unique sans le vexer ou lui donner l'impression que sa souffrance était sous-estimée ? Les adolescents, ça n'était vraiment pas le domaine de Luke qui cherchait le plus habilement possible les mots qui rassureraient l'apprenti sans le materner.

- Psychologiquement souffrant, oui. Ne croyez pas que c'est une insulte ou une fatalité. À votre avis, pourquoi l'Ordre a-t-il créé puis développé ce département spécifiques à ce type de soins ? Nous sommes Jedis, certes, mais mortels également et reconnaître avoir besoin n'est pas seulement faire preuve d'humilité, c'est aussi avoir du bon sens. Vous qui avez si peur de causer du tort à autrui, songez qu'en refusant de vous soigner, vous finirez peut-être par le faire. Pas volontairement, ni en plongeant du côté Obscur, pas besoin d'en arriver à ces extrémités, mais simplement à travers les mots, les comportements d'une personne qui n'a pas su retrouver un équilibre... Sans parler de la peine que vous vous infligez bien sûr.

Le Chevalier s'autorisa un léger soupir. Le problème de Derothar était quelque part récurrent. Karm était le roi des sourds concernant les maux de son propre corps ou de son âme, et lui-même n'était guère épargné. Cette difficulté des psychologues de l'Ordre à trouver "clientèle" était un effet secondaire de l'Ordre qui mettait un point d'honneur à enseigner la rétention d'émotions. Lui-même, trop attaché aux traditions éducatives ne s'en rendait pas spécifiquement compte, mais il avait assez évolué pour reconnaître que refuser l'aide n'était pas faire preuve de courage ou d'abnégation sinon d'orgueil mal placé.

- Si le Conseil a décidé de vous replacer au Temple, de vous redonner accès aux cours communs, avec l'occaison de terminer votre formation, c'est qu'il vous en sait capable. Il faut juste accepter que cela prendra du temps et que vous n'y arriverez probablement pas seul. Se laisser accompagner est parfois plus vaillant que prétendre y parvenir seul. Ici, vous n'êtes un fardeau pour personne, sinon le membre d'une communauté qui protégeant de son mieux des étrangers, ne refusera jamais de toutes évidences de soutenir l'un des siens.

Les Jedis avaient tendance à s'effacer pour porter secours en premier aux nécessiteux absolus. Le Hapien avait été le premier à refuser, à l'époque, des analyses approfondies pour déterminer si sa vue pouvait être rétablie après un processus aussi long que coûteux et, certes, très peu de chances de réussite. Il n'avait même pas réfléchi, pensant à l'immédiateté : le temps volé à des gens dans le besoin et la somme colossale du prototype qui aurait éventuellement pu remplacer ses nerfs optiques morts. Pourtant, l'expérience lui avait enseigné à être moins radical. S'aider avant d'aider les autres, exactement comme dans un accident spatial. Comment mettre le masque respiratoire au passager d'à côté sans avoir installé le sien ? Luke avait encore du mal avec la pratique, notamment lorsqu'il s'agissait d'oublier de manger ou de se poser pour travailler, enchaîner les missions. Pour un traumatisme de ce genre, il serait, en revanche, apte à accepter une aide externe. Parce qu'il avait assisté à Karm prêt à mourir en la refusant puis survivre en changeant d'avis, parce qu'aujourd'hui encore, ses traumatismes passés empoisonnaient ses veines là, où, adolescents, ils auraient pu se dissoudre avec le support adéquat.

C'était tellement plus facile de s'occuper des autres ; de remarquer les problèmes que causaient indirectement les principes Jedis et leur enseignement, et que dire de la vie que menaient des enfants-soldats (que les plus agressifs les accusaient d'élever sans avoir spécialement tort) )? Quoiqu'il en soit, Luke était décidé à ne pas laisser le Jabiimien dériver plus longtemps. L'Ordre avait ses raisons de le garder et le Hapien ne remettrait jamais ces dernières en cause, néanmoins, il jugeait que Derothar avait besoin d'être bien plus entouré qu'il ne l'était.

- Je sais que vous n'allez pas me croire maintenant, mais je vous demande de me laisser au moins le bénéfice du doute. Les spécialistes savent gérer ces réminescences du passé, les apaiser et... Le temps aide. Je vous l'assure. J'ai été enlevé par les Siths quand j'avais treize ans, j'ai vécu, déambuler dans leur "académie" pendant environ un mois et demi, j'ai assisté à de terrifiantes scènes.

Luke n'avait pas l'habitude de raconter ce pan de sa vie (ni aucun autre en vérité) mais il voulait que Derothar ait l'exemple d'une personne qui s'en était sorti après avoir cotôyé le pouvoir des Siths... Et qui aujourd'hui encore se sentait coupable mais vivait avec.

- En appelant mon mentor, Maître Saï Don, déjà Chef du Conseil, au secours à travers la Force, je savais condamner le Temple à un piège qu'évoquait le Seigneur noir de l'époque, mais c'était trop dur. Il est venu, condamnant un Temple moins protégé qui fut, effectivement assailli. Il m'a fallu beaucoup de temps, d'aide aussi, pourtant, je m'en suis remis. Assez pour cesser d'avoir peur d'être trop faible ou que mes pouvoirs ne causent de la souffrance à autrui. La Force ne s'oppose jamais à celui qui la manie. S'il veut la presser, la contrôler, la soumettre, il le peut et en payera les conséquences... Mais s'il veut chercher la lumière, il y parviendra. Tant que vous ne souhaitez pas l'obscurité, elle ne s'imposera pas à vous, et les aînés sont là pour vous guider. Mais avant ça encore, il faut juste suivre les étapes, ne pas sauter les marches de l'escalier pour le gravir plus vite sous peine de tomber.

Le Chevalier termina en libérant le Padawan.

- Vous pouvez partir vous reposer maintenant, vous en auriez bien besoin... Mais j'espère vous retrouver quand vous serez prêt à discuter avec moi pour établir ensemble un protocole pour vous aider. Pour soutenir l'Ordre comme vous souhaitez si louablement le faire, il va falloir vous aider d'abord jeune homme...

Ironiquement, le fait d'être borgne qui inquiétait le Jabiimien quant à sa carrière était bien le dernier des soucis. Luke, cependant, croyait en sa rémission bien que ce serait sûrement long et que lui n'était pas habilité pour tout le processus. Il ne savait pas que le problème de Derothar était encore plus profond, ancien. Ceci dit, il pressentait en tout cas que le traumatisme était beaucoup trop sérieux pour prétendre jouer les psychologues seul ou qu'un joli discours suffirait.