Yulpi n'était pas prêt à ce que les choses se bousculent de cette façon. Il avait pourtant bien fanfaronné après son succès au Tournoi des Trois Cristaux, une victoire prestigieuse partagée avec une autre Padawan du nom de Lucina Harsel avec qui la relation avait été compliquée. Seulement, les Jedis avaient maintenant besoin de monter encore d'un cran, et de s'assurer que le Gungan fanfaron était prêt à toutes les concessions pour bénéficier de leur savoir et de leur protection. Il était donc l'heure pour lui d'effacer l'étiquette d' “ancien Sith” qui lui collait à la peau depuis de longs mois maintenant. Pratiquement un an que Yulpi avait prononcé les mots fatidiques scellant son sort, lui faisant rejoindre les Jedis avant de triompher du Tournoi des Trois Cristaux cinq semaines plus tard. Puis, pendant tous ces mois, il avait dû travailler sur lui-même : ne pas s'enfermer dans une nostalgie comme quand il pensait à sa Naboo natale. C'était d'autant plus difficile que plusieurs Padawans le poussaient dans ses retranchements. Le Gungan pas franchement charismatique n'impressionnait personne et certains petits garnements avaient vite fait de lui rappeler sans cesse qu'il n'était pas comme eux, qu'il n'avait pas grandi au Temple et qu'il avait été formé par l'ennemi. Il avait aussi dû éviter l'amertume. Plusieurs fois, surtout au début, avait-il été presque tenté d'annuler tout, de revenir sur Korriban et de pleurer auprès de Tisjess en implorant sa miséricorde. Il ne l'avait jamais fait, ne serait-ce que par fierté, mais aussi par crainte : il ne voyait pas comment un déserteur comme lui pourrait avoir un autre sort que la mort. D'autant plus que revenir sur Korriban serait perçu par son maître et par les autres Siths comme une bêtise.
Yulpi devait assumer.
Et si en un an il avait le sentiment d'avoir fait des progrès, d'avoir réussi à s'intégrer, il n'avait pas non plus tout le temps devant lui : il restait l'un des Padawans les plus âgés, peut-être même le plus âgé dans l'absolu si l'on ne comptait pas le Hutt – avec qui il avait eu l'occasion d'échanger une fois ou deux, lui laissant une opinion mitigée à son sujet. Il ne pouvait donc décemment pas rester Padawan bien longtemps. Il n'avait même pas de maître, il avait passé sept fois plus de temps à apprendre auprès des Siths qu'auprès des Jedis, gardait donc un certain “formatage” quant à sa manière d'utiliser la Force notamment... malgré tout ça son âge faisait obstacle : il n'allait pas rester Padawan pendant encore cinq ans de plus alors qu'il était presque âgé de trente ans déjà. Certes c'était encore jeune, mais pas pour une formation de Padawan. Presque tous les Padawans étaient des enfants ou des adolescents... pas de jeunes adultes.

Voilà pourquoi les choses se bousculaient. Cela faisait sens mais Yulpi ne l'avait quand même pas anticipé. Dans le vaisseau l'emmenant vers Ciutric IV, il ressentait une forme d'angoisse. Il allait devoir prouver qu'il était capable d'assumer sur le terrain que les Siths étaient désormais ses ennemis, ou a minima une nuisance à écarter. Yulpi s'était martelé ce genre de phrases en tête ces derniers mois, mais ça allait être autre chose de prouver que cela avait bien été imprimé dans son esprit. Il réussissait à trouver un peu de compassion chez la Chevalière Jedi qui l'accompagnait pour cette mission à défaut d'être son maître : une Humaine du nom de Jesyelle Kovanoa, aux cheveux de feu coiffés court en épis, suivant la Voie du Gardien, maniant le sabre-laser dans un style d'escrime, autant spécialisée dans les attaques d'estoc que Yulpi était spécialisé dans les coups de pied. Elle était compréhensive, au courant de la situation de Yulpi, et faisait de son mieux pour l'encourager.

Le vaisseau se posa enfin. Yulpi se donna une claque sur les cuisses comme pour se donner de l'entrain, et se leva. Il stressait à cause de plusieurs points. D'une part, faire face aux Siths et devoir les traiter comme une nuisance. D'autre part, devoir infiltrer des cultes : la furtivité, ce n'était pas son point fort, sans être catastrophique non plus. Et puis enfin, s'il devait infiltrer ces cultes, il n'avait aucune confiance en ses capacités à jouer un rôle : il était sûr qu'il allait se faire griller rapidement. Il n'était pas du tout taillé pour cette mission. Il était même étonnant que l'on envoyât des Gardiens pour une mission d'enquête et d'infiltration, c'était plus le domaine des Sentinelles. Peut-être que le Conseil Jedi anticipait que cette mission tourne au vinaigre, peut-être qu'ils voulaient justement pousser Yulpi à se battre contre des Siths ou certains de leurs partisans.

Yulpi avait déjà réfléchi à la façon d'aborder les cultistes : se faire passer pour un Sith lui avait semblé la meilleure couverture. Après tout, il avait été Sith pendant sept ans, et il avait conservé le cristal rouge de son sabre-laser malgré tous ces mois en tant que Jedi. Ca pouvait fonctionner. Puisqu'il s'agissait d'une mission d'infiltration, il ne portait évidemment pas la bure jedi. En revanche, il ne portait pas non plus de bure sith, mais des vêtements civils aux couleurs sombres – en fait à majorité de noir. Lui qui appréciait de porter des vêtements aux couleurs gaies, ça le mettait en condition : il n'était pas lui, il allait devoir jouer un rôle. Evidemment, il restait tout de même pieds nus, de même qu'il ne portait finalement pas les mitaines qu'il avait hésité à prendre pour se donner un style.

Il traversa la capitale urbaine de Ciutric IV jusqu'aux quartiers les plus pauvres. Il jeta un dernier regard à son datapad, vérifiant les indications qui lui avaient été fournis sur les positions de plusieurs lieux de cultes. Trois semblaient plus importants que les autres. Quel était le lien entre eux ? Et surtout, quel était leur lien avec l'Empire ? Voilà ce que Yulpi allait devoir découvrir. Et si l'Ordre Jedi avait envoyé deux Gardiens, c'est sûrement parce qu'il allait falloir les “neutraliser” – une façon gentille de dire que Yulpi allait devoir couper des têtes s'il découvrait une implication directe de l'Empire visant à convertir la population de la planète.

Daplona, capitale de cette planète à deux facettes – mélange de forêts et de zones très urbaines – n'abritait heureusement pas que des Humains. Ils étaient comme presque partout ailleurs la race majoritaire mais Gungan n'allait pas détoner juste parce qu'il était un Gungan, c'était toujours ça de pris. L'Ordre Jedi avait au moins dû réfléchir à ce point : demander à un Gungan d'infiltrer un réseau composé à quatre-vingt-quinze pour cent d'Humains aurait été absurde.
Et comme toute grande ville, elle avait ses quartiers chics et ses quartiers pauvres. Ses quartiers très chics, et ses quartiers miséreux. La ville avait deux facettes à l'image de la planète dont elle était la capitale. Les structures urbaines n'étaient toutefois pas aussi hautes que sur Nar Shaddaa et l'on parvenait à voir le ciel depuis la plupart des rues. Du moins, tant qu'on ne s'enfonçait pas encore dans les bas-quartiers.

A l'approche des lieux signalés comme abritant des cultes siths, l'atmosphère se faisait déjà plus sombre et plus lourde. Yulpi sentait son cœur se serrait dans sa poitrine, et pas seulement parce qu'il s'apprêtait à être confronté à des partisans de son ancien camp. Il y avait peu de chance que son nom et son visage soient connus ici, tandis que les chasseurs de prime de l'Empire savaient qu'il était un déserteur.

YULPI – J'ai un mauvais pressentiment...
JESYELLE – C'est que vous êtes à l'écoute de votre intuition. Servez-vous-en pour déclencher un réflexe salvateur au bon moment, mais ne la laissez pas vous envahir ou vous serez paralysé. Votre intuition doit être votre moteur et non un frein.

Les pieds nus du Gungan foulaient prudemment le sol métallique souillé de déchets en tous genres : canettes, papiers gras, bris de verre, déjections... On ne sentait plus le vent, seulement l'odeur fétide des rejets de véhicules, de l'urine des mendiants et des égouts bouchés. Vraiment, ces cultistes siths avaient choisi un drôle d'endroit pour se réunir.

YULPI – Maître Kovanoa, je vais m'avancer en éclaireur. Je vais essayer de repérer les lieux et voir l'attitude des gens qui approchent du lieu de culte.
JESYELLE – Que la Force soit avec vous, jeune Bepads.

“Jeune” plutôt que “Padawan” car Yulpi était en mission pour ne plus l'être. Depuis le début, depuis leur rencontre dans le hangar d'Iziz devant leur navette, Jesyelle Kovanoa n'avait jamais frôlé la condescendance, encourageant Yulpi en lui prodiguant quelques conseils quand elle le pouvait mais voyant en ce jeune Gungan qu'il n'avait rien d'un simple Padawan.

Yulpi hocha la tête et fit appel à la Force pour se camoufler, sa peau laissant filtrer la lumière pour se rendre invisible, si ce n'étaient les quelques flous optiques dessinant pour l'œil le plus alerte les contours de son corps. Il avança à pas feutrés, ne risquant aucun geste brusque pouvant lever son pouvoir de Voile.

Le vaisseau se posa tranquillement dans le spatioport de la Capital de Ciutric IV: Daplona. Il s’agissait d’une simple navette tout ce qu’il y avait de plus banal en apparence, comme on en voyait régulièrement aller et venir, son occupant en revanche sortait de l’habitude: un individu noir en sortait, marchant d’un pas décidé en direction de la sortie.

Nul ne dérangerait le vaisseau, et tout avait déjà été gérée au niveau administratif, après tout… Les Services Secrets de l’Empire était sur le coup, et avait recruté l’Apprentie Sith Malaco Signavar pour mener l’enquête sur ces cultes ayant fait irruption dans la population de Ciutriv IV. La mission était relativement simple: trouver les chefs de cultes, voir leurs intentions quant à l’Empire, et transformer les cultes en de fervents loyaliste à l’Empire. Chose qui en elle-même ne semblait pas être si difficile car après tout, ses cultes vénéraient les anciens Siths dont l’Empire était l’héritage direct. Mais elle avait cependant eu rapport de trois cultes plus important que les autres qui étaient ses cibles prioritaire:

-Un culte dédié à Marka Ragnos, le plus grand et puissant des cultes de la planète et le plus influent. Sa taille et son influence le rendait pratiquement apte à résister aux deux autres cultes qui pouvait être considéré rivaux à lui. Il semblait également le plus hostile, les paroles prononcé par ses portes-paroles n’étant pas franchement des invitations pour l’Empire. De plus, des rumeurs circulaient sur son leader, des rumeurs qui lui donnait plus un air de Hutt que de leader de culte.

-Le second culte était dédié à Freedon Nadd. Un culte relativement modéré qui quand à lui semblait bien plus enclin à rejoindre l’Empire, ses nombres le rendait inapte à renverser le culte de Marka Ragnos, mais pouvait lui faire suffisamment de dégâts d’après les renseignements.

-Enfin en dernier venait le culte dédié à Ajunta Pall, qui semblait être le plus secret. Invitant la population à se briser de ses chaînes, mais à ne pas trop se faire remarquer. C’était le gros point d’interrogation de ce culte.


Elle avait rapidement décider du Culte qu’elle visitera en premier. Les servants de Freedon Nadd pourront sans doute la renseigner sur les évènements les plus récents de la planète, et comment réussir à faire pencher la balance vers une prise de contrôle d’un culte Pro-Empire.
C’est après plusieurs minutes de marche qu’elle avait quitté le centre-ville, arrivant finalement là où se terrait les cultes. Les bas-quartiers où résidait la population pauvre de la planète.

Elle portait sur elle une ample cape noir et une bure qui ne laissait aucun doute quand à son appartenance aux Siths. La mission était une d’enquête et d’action, pas d’infiltration, et son regard froid marqué des pupilles Siths suffirait à éloigner les quelques personnes suffisamment stupide pour tenter quelque chose contre-elle.
Certains mêmes s’agenouillèrent, comme le ferait un croyant face à son Dieu.

Elle s’arrêta soudain, tournant la tête derrière elle. L’espace d’un instant, elle avait cru déceler quelque chose dans la Force.
“Hum…”

Elle avait été mise en garde que des Jedis Sentinelles avaient été repéré sur la planète et devait potentiellement s’attendre à une confrontation.
C’était là également une mise à l’épreuve de la part de l’Empire, un moyen de prouver ses compétences et loyauté envers ceux qui l’avait prise sous leur ailes. Là où les Jedis l’avait abandonné… Elle avait hâte de les revoir et témoigner son… “affection”. D’autant plus qu’en arrivant sur cette planète, un pressentiment était né en elle… Elle allait revoir quelqu’un qu’elle avait connu, elle en était certain.

Alors que Jesyelle Kovanoa allait devoir patienter en retrait le temps que l'éclaireur finisse de repérer les lieux, Yulpi se drapa dudit rôle d'éclaireur qui n'avait pas grand-chose à voir avec l'exploration des jungles sauvages de Naboo ou d'Onderon. Ici, point d'arbres mais des masures et autres bâtiments sinistres ; point de végétation mais des déchets divers sur lesquels il essayait d'éviter de piler avec ses pieds nus ; point de faune mais des mendiants ou des marcheurs au visage patibulaire, le regard incliné et fuyant, comme s'ils espéraient ne pas être vus par leurs connaissances en ces lieux. Yulpi assuma qu'il était tout à fait probable que parmi ces gens, il y eût à compter des cultistes, mais aucun uniforme ne les apparentait et permettait d'en être certain.

L'attention de Yulpi fut momentanément détournée par l'agitation de quatre ou cinq mouches au-dessus d'un petit tas d'immondices. La salive lui monta au palais et il ne parvint pas à décrocher son regard de ce qu'il venait déjà de considérer comme son casse-croûte. Il s'approcha toujours à pas feutrés, laissant de côté son rôle d'éclaireur. Une fois à un mètre et demi des immondices, il se figea, et un instant plus tard, sa langue harponna tel un éclair l'une des mouches qui finit dans sa gorge. Yulpi sentit son Voile de Force vaciller à cause de ce geste des plus brusques. Il savait qu'il valait mieux éviter de recommencer, mais ce fut plus fort que lui : slap, slap, slap, slap ! Quatre autres mouches furent capturées et avalées par sa langue jusqu'à ce qu'il n'en restât plus.

Yulpi revint à lui à cet instant et un frisson d'angoisse lui parcourut l'échine alors qu'il réalisa que quelqu'un aurait pu apercevoir sa silhouette malgré le Voile de Force. Il parcourut du regard les mendiants et passants présents, et c'est alors que l'un d'entre eux retint son attention. Et pas parce que c'était une mouche.
La cape noire par-dessus un uniforme tout aussi sombre que Yulpi ne put que trop bien reconnaître : la Togruta qui marchait dans la ruelle, dos à lui – elle ne l'avait donc pas vu – était une Sith !

Le Voile de Force camouflait toujours le Gungan mais mieux valait ne pas tirer sur la corde maintenant. Yulpi s'en voulut de s'être laissé distraire par son péché mignon : il se redressa et avança à petits pas réguliers dans le sillage de la Sith. La tenue de cette dernière ne laissait apparaître aucune marque de grade élevé : elle ne devait pas être plus qu'une Apprentie. Mais que faisait-elle là ? Pas besoin d'être très malin pour deviner que cela avait un rapport avec le culte présent sur les lieux.

A la faveur de son Voile de la Force, l'ancien Sith, déserteur tel qu'il devait être accusé sur Korriban, et devenu Padawan Jedi sans maître, prit l'intrigant personnage en filature. Ce dernier avançait d'un pas décidé comme s'il savait où il allait. Evidemment qu'il savait ! De dos, difficile de reconnaître cette Togruta, si tant est que Yulpi la connaisse. Et justement, il se figea comme une statue quand la Togruta stoppa sa marche et se retourna en plissant les yeux comme si elle se sentait épiée. Une intuition de la Force sans doute, mais guère plus : elle ne sembla pas détecter Yulpi. Ce dernier souffla discrètement et essaya de calmer les battements de son cœur, puis reprit sa filature, jusqu'à arriver à un hangar.

Le bâtiment, sinistre parmi les sinistres, trônait à l'arrière de quelques immeubles, et encore derrière lui, il n'y avait rien d'autre qu'un terrain vague sans éclairage qui servait partiellement de déchetterie clandestine, limité par une pente sur trois mètres couverte de béton percée de trois ou quatre trous, fermés par des grilles, d'environ un mètre cinquante de diamètre, qui ressemblaient à des rejets de canalisations, peut-être des égouts. Le terrain vague s'étendait sur une vingtaine de mètres de large entre le hangar et la pente raide.

Ce qui intéressait Yulpi, c'est le hangar, puisqu'il s'agissait de toute évidence de la destination de la Sith. A tous les coups, les cultistes se réunissaient à l'intérieur. Yulpi avait également noté en chemin que plusieurs passants s'étaient agenouillés au passage de la Sith comme s'ils la révéraient. Il restait à découvrir s'ils la connaissaient personnellement – parce que c'était une tête du culte, par exemple – ou s'ils révéraient plus généralement l'Empire Sith.

Yulpi pressa le pas, sans toutefois courir, afin d'être au plus proche de la porte du hangar au moment où la Sith y entrerait, ceci afin de pouvoir écouter toutes les conversations.

La Sith marchait d’un pas décidé vers sa destination, entouré de plus en plus de personnes se dirigeant vers le même bâtiment qu’elle, pas de doute c’était bien ici. Elle reconnue alors sur l’un des murs du bâtiment un ancien symbole Sith, un représentant Freedon Nadd et désormais c’était une véritable foule qui faisait une queue improvisé pour entrer à l’intérieur du bâtiment, tandis que des haut-parleurs étaient présents aux abords du hangar. Visiblement l’affluence avait été tel que tout le monde ne pouvait plus forcément entrer dans le bâtiment, les haut parleurs permettaient très certainement donc de suivre ces espèces de messes depuis l’extérieur.

Plusieurs gardes se tenaient autour de l’enceinte, leurs équipements étaient relativement impressionnant compte tenue de l’environnement. Mais ils ne semblaient qu’avoir un entraînement relativement limité comme c’était bien souvent le cas avec ce genre d’individu. Les murmures dans la foule n’avait fait que s’accentuer depuis son apparition, elle n’avait pas véritablement chercher à se faire discrète de toute manière: sa mission était le premier pas de l’Empire dans les affaire de Ciutric IV.

“Identifiez-vous!” L’un des gardes pointa son arme vers la Sith, protégeant la porte principal de la grille -les fidèles entrant par deux entrés plus petite de chaque côté-, hurlant dans une injonction autoritaire, tandis que ses camarades firent de même plus apeuré qu’autre chose. Tendant la main vers l’arme, celle-ci fut arraché des mains du milicien pour venir dans celles de la Togruta.
L’action entraina un mouvement de recul parmis les gardes qui semblaient comprendre la nature de l’invité. D’un geste du poignet, la Togruta relança le blaster au garde tandis que son autre main effectua un léger mouvement, la grille s’ouvrant sans que personne n’y touche… Pour rester ouverte après le passage de la Togruta, ce ne fut que quelques secondes plus tard que celle-ci fut refermé par un garde.

Continuant à marcher, elle entendit un comlink passer un message. Le maître des lieux allait très certainement être avertie de son arrivé, continuant de se rapprocher de la porte du Hangar qui était pour l’instant toujours close. Cette porte ne commença qu’à s’ouvrir pour laisser place à un groupe de garde venant repousser les fidèles sur les côtés, formant un cocon protecteur autour de la Sith qui fut escorté sans un main à l’intérieur. La porte restant ouverte un long instant après qu’elle fut dans l’intérieur du Hangar.

Le hangar était visuellement banal. Grand, large, le toit perforé à quelques endroits par des trous dans le plafond. Mais la pièce avait été décoré pour que de multiples bannières en l’honneur de Freedon Nadd avec au centre un Altair.

“Bienvenue!” La voix venait de derrière ledit altair, tandis qu’une figure en robe noir vint se présenter devant Malaco.
“Bienvenue à l’Empire Sith! Nous attendions la venue d’un des vôtres depuis longtemps!”
L’individu était un humain, chauve avec une tache sur la joue, correspondant à la description du leader du culte de Freedon Nadd.
“Klyar Belize je suppose.” Demandant la Togruta, croisant les bras tout en continuant à sonder dans la Force les alentours.
“En chair et en os Seigneur… Et vous…”
Elle s’apprêta à répondre directement, mais se stoppa net quand elle remarqua le nombre de garde plutôt conséquent dans la pièce. Mieux valait une discussion plus… Privé.
“Peut-être devrions-nous discuter en tête à tête.”
Le silence se fit, et d’un geste de la main le prêtre noir l’invita à le suivre. L’amenant dans une grande pièce qui dominait le hangar… Et dont elle pouvait voir un ascenseur descendre plus bas que le niveau du sol. Un genre de passage secret dissimulé en quelque chose.

Une fois certains qu’ils n’étaient plus que tous les deux dans cette pièce constitué de deux chaises, d’un large bureau et et quelques armoires. La Sith se présenta enfin.
“Je suis l’apprentie Malaco Signavar. Servante de Darth Oracci, l’Empire m’envoie afin de juger si Ciutric IV et ses cultes accepteront une possible annexion pacifique si cela se faisait. Ainsi que d’aider les fidèles de l’Empire contre leurs ennemies. Je pense notamment au culte de Marka Ragnos.”
“Oui… Ils sont une véritables plaies pour cette planète. La parole des Siths nous guide dans la survie de tous les jours dans les bas-quartiers de cette planète, ce culte existe depuis bien longtemps tout comme les autres, mais les guerres et la corruption du gouvernement et le manque d’aide envers mes fidèles n’a fait que renforcer le nombre de personne rejoignant les cultes. Les grandes pontes de Ciutric IV n’ont pas la moindre idée du nombre de fidèle que nous possédons désormais. Mais les plus dangereux sont les suivants de Marka Ragnos. Son chef est un fou qui ne cherche rien de moins que le contrôle totale de la planète et de bâtir son propre Empire… Kidnapping, assassinat, prise de contrôle de quartiers. Son culte ressemble plus à un gang qu’à des gens cherchant simplement à survivre…”
“Et dans votre cas?”
“Notre culte cherche à donner un soutien à chacun, rendre nos lieux de vies plus sûr, et de privilégier un gain de force de chacun. Nous ne sommes pas l’Empire et n’avons pas totalement une approche basé sur la survie du plus fort au détriment du plus faible… Mais nous ne nions pas qu’il s’agit là de l’ordre naturel des choses. Cependant… Nous grandirons et améliorerons notre situation, et nous serviront l’Empire!”

La Togruta eu un petit sourire en entendant cela, croisant les bras tandis qu’elle s’installa. Exactement comme les renseignements l’avait expliqué: ils étaient désireux d’un changement de régime, tant que les Siths étaient impliqués. De plus…
“Si l’Empire prend le contrôle de cette planète, vos fidèles pourront rejoindre l’armée et améliorer leurs situations.”
“C’est en effet un désir chez de nombreux jeunes, de plus un grand nombre souhaite que la République tombe pour de bon. Cette République censé les protéger qui n’a fait que les oublier et laisser pourrir dans l’ombre… Je viens moi-même de Coruscant, des bas-fond là-bas.”
“Ho?”

Sa curiosité avait été piqué au vif, lui? Originaire des bas-fond de Coruscant?
“Oui… Ma famille était pauvre et vivait dans l’un des étages des niveaux où la population est livré à elle-même… Elle fut tué lors d’une intervention de Jedis cherchant un fugitif…”
La voix du prêtre commença à se changer, devenant plus nerveuse et colérique. Elle pouvait dès lors sentir une rage chez l’humain, une rage qui aurait put être d’une grande utilité à Klyar s’il avait été un sensitif.
“Dommage collatéraux… J’ai été laissé sur le côté… Comme bien des gens ce jour-là… Ces Jedis… Prétendent défendre la République, mais vive dans une tour d’ivoir… De nombreux fidèles ont également se ressentie Seigneur Signavar.”
“Apprentie Signavar s’il vous plaît.”
“Mes excuses… Je…”
“Je vois votre situation et si l’Empire ne peut vous supporter ouvertement: je vais régler la question de ce culte de Marka Ragnos”
“... Pour être honnête, le problème du culte est son leader: Baa’llio.”
“Baa’llio? Curieux prénom.”
“Il n’a pas de nom de famille et s’est nommé ainsi. C’est un fou dangereux avide de pouvoir, sacrifices humains et un règne de fer sur les quartiers qu’il contrôle... Les rumeurs prétendent même qu’il est également entouré d’un harem pour sa… Consommation personnelle.”

La Sith avait en effet entendu cette rumeur… Et en était toujours autant dégouté.
“Tuer le… Et ses fidèles seront perdu. J’ai un fidèle de mon culte qui a réussi à se hisser dans son cercle proche, tuer Baa’llio et ne laisser en vie que mon espion. Il vous fera un signe pour que vous puissiez le reconnaître.”

Klyar plaça alors ses mains en positions de prière, main devant la bouche, avant de dévoiler deux doigts de sa main, puis de faire un cercle avec. Curieux signe, mais pourquoi pas.
“Je vois, et qu’en est-il du culte d’Ajunta Pall? Ou de signe éventuel de Jedis?”

“Rash Blerine est le leader du culte d’Ajunta Pall. Nous entretenons des relations plutôt amical. Ses fidèles sont plutôt neutre quand votre Empire, mais déteste tout autant que nous le culte de Marka Ragnos. Ils sont en revanche de nature plutôt pacifiste, pensant que le courroux des Siths s'abattra sur leurs ennemies… Et en vous voyant, je pense qu’ils avaient plutôt raison.” Explica que prêtre avec un sourire presque impatient. Il continua alors sur les Jedis.

“L’Ordre Jedi ne se fait pas remarquer pour nous, mais nous ne disposons pas des moyens de votre Empire hélas. Si je devais jouer les devins cependant… Je dirais qu’ils doivent observer la situation… Et se tenir prêt à réagir uniquement si cela devient un danger pour eux… Après tout, s’ils avaient voulu nous aider à sortir de la misère, cela aurait été depuis longtemps que la corruption ici aurait disparu…”
“Très certainement… Les Jedis vivent et ne pense qu’à eux-même, inconscient du malheur qu’ils répandent malgré eux. De véritables hypocrites… Pour vos fidèles je souhaite que vous leurs passer un message.”
“Tout ce que les Siths désireraient.”
“Qu’ils continuent de prier, qu’ils montres leurs mécontentement avec le gouvernement de cette planète, qu’ils réclame haut et fort l’arrivé de l’Empire. Seulement alors l’Empire pourra commencer à réfléchir à venir s’installer ici pour calmer la colère du peuple. Si tout se passe bien d’ici dix ans. Ciutric IV fera partie de l’Empire Sith.”

Le chiffre qu’elle avait donné était une simple estimation. La République s’était déjà par le passé installé sur des planètes réclamant sa présence de manière semi-officiel. De simple garnisons par exemple étaient envisageable sur Ciutric IV, garnisons qui pourraient déjà servir de pôle de recrutement parmis la population. Avec la pression du peuple et l’insistance de l’Empire qui mettrait en évidence le risque d’un soulèvement des populations de bas quartiers. Le gouvernement plierait bien assez vite.

S'approchant, Yulpi découvrit qu'en fait, toute une file avait été formée devant la grille clôturant le hangar, par les gens faisant la queue pour entrer. Ce n'était donc pas un petit culte d'une vingtaine de personnes, mais un vrai lieu religieux attirant une partie considérable des habitants des bas-quartiers, à tel point qu'un dispositif de sécurité avait été instauré : la grille, certes, mais aussi des gardes, des caméras et des hauts-parleurs pour aider à diriger la foule. Les Sentinelles Jedis qui avaient précédemment visité les bas-quartiers de Daplona n'avaient pas pu passer à côté d'un tel lieu. Pas étonnant que le Conseil Jedi voulût en savoir plus. Les cultistes ne se cachaient pas. Même de l'extérieur, l'on devinait ce que les gens venaient faire ici : sur les murs du hangar était peint un symbole que Yulpi, issu de sept années d'étude à l'Académie Sith de Korriban, ne pouvait que connaître : Freedon Nadd avait régné d'une main de fer sur Onderon où, ironiquement, le Temple Jedi siégeait désormais.

Les choses se précisaient mais les questions demeuraient : l'Empire soutenait-il ce culte ? Freedon Nadd était-il juste une figure nostalgique ou bien y avait-il un vrai projet de lui trouver un successeur moderne apte à régner sur Ciutric IV avec la même fermeté que celle de Nadd sur Onderon ?
Un garde pointa son arme sur la Sith et lui demanda de s'identifier. Comme Yulpi put s'y attendre, la Sith refusa d'obtempérer et dévoila sa nature par le biais d'une petite démonstration de télékinésie. Comprenant à qui ils avaient affaires, les gardes s'écrasèrent. La porte de la grille fut ouverte par la Sith elle-même, et les gardes restèrent interdits pendant un moment. Yulpi hésita mais saisit finalement l'opportunité de se glisser dans l'enceinte, bien qu'il lui serait désormais difficile de retourner faire un rapport à Jesyelle rapidement. Il espérait que la Jedi Gardien se montrerait patiente et compréhensive, mais aussi qu'elle ne s'inquièterait pas de ne pas voir Yulpi revenir dans la minute.

L'information de l'irruption d'un Sith fut vite relayée par les membres de la sécurité, car les portes du hangar s'ouvrirent sur un petit groupe de gardes venant fendre la foule pour laisser entrer la Sith. Toujours camouflé par son Voile de Force, Yulpi suivi la Togruta, décidé à savoir ce qu'elle faisait là : l'occasion était trop belle d'avoir déjà des indices voire plus sur les liens entre ce culte de Freedon Nadd et l'Empire.
A l'intérieur de ce hangar spatieux, une foule se recueillait autour d'un grand autel central dans un petit brouhaha entretenu par l'acoustique favorable aux échos. L'autel était évidemment à l'effigie de Freedon Nadd, prenant une posture avantageuse. Des étendards ornaient les murs intérieurs avec le même symbole.

La Sith fut accueillie par le maître des lieux en personne et Yulpi put entendre son nom : Klyar Belize, un Humain chauve ayant pour signe distinctif une tache sur la joue. Elle fut conduite jusqu'au bureau du chef de culte et encore une fois Yulpi pensa à Jesyelle mais surtout à ses propres chances de fuite si besoin. Il ne prit pas la peine de chercher un moyen d'entrer dans la pièce : y rester enfermé avec son Voile de Force représentait un risque. Yulpi colla une oreille à la fenêtre et puisa dans la Force pour améliorer son ouïe, de sorte à ne pas louper un mot de la conversation entre cette Togruta Sith, qui se présenta sous le nom de Malaco Signavar, Apprentie de Darth Oracci – Yulpi connaissait le nom d'Oracci, mais Signavar ne lui disait rien – et Klyar Belize, cet Humain chef du culte de Freedon Nadd. Ainsi, il put recueillir de précieuses informations.

Tout d'abord, le plus important : les trois principaux cultes étaient indépendants de l'Empire. Malaco avait été envoyée justement pour s'assurer des projets de ces cultes et de leur inclinaison à une annexion de la planète par l'Empire. Si le culte de Freedon Nadd était ainsi un potentiel allié de l'Empire et pouvait volontiers diffuser une propagande, les choses semblaient bien différentes à propos du plus important des trois cultes, celui de Marka Ragnos : le chef de ce culte, un dénommé Baa'llio, s'inspirait de l'Empire mais semblait plus indépendant, voulant lui-même le contrôle de la planète. Belize avait réussi à infiltrer un de ses espions dans le cercle proche de Baa'llio : il souhaitait que Malaco Signavar tue Baa'llio avec l'aide de son espion.
Autant dire que les cultes n'avaient pas le même profil...
Le troisième culte principal tournait autour de la figure d'Ajunta Pall , son chef s'appelait Rash Blerine ; ce culte était neutre vis-à-vis de l'Empire, amical envers le culte de Freedon Nadd et hostile envers le culte de Marka Ragnos. Belize décrivait ses membres comme plutôt pacifistes.

Yulpi prit des notes sur un datapad, car il n'allait certainement pas retenir tous ces noms et ces descriptions d'un coup, de tête, comme ça. Il devait être capable de restituer un rapport précis, mais aussi d'utiliser ces données pour la suite de sa mission.

Puis son regard se perdit dans le vide alors que son esprit cogitait, quelque peu troublé par les autres paroles de Klyar Belize : une critique acerbe envers les Jedis. Belize était un natif de Coruscant, des bas-quartiers plus précisément, et il perdit sa famille dans un incident impliquant des Jedis poursuivant un fugitif. Il tenait les Jedis pour responsables, ces derniers ayant eux-mêmes reconnu un « dommage collatéral ». Il accusait les Jedis de vivre dans leur tour d'ivoire en se drapant de beaux principes qu'ils n'appliquaient pas. Et Yulpi ne pouvait pas lui donner tort : aucun Jedi ne s'était déplacé pour favoriser la paix sur Naboo à Flux-Vagan, seul un Sith s'était déplacé, malheureusement un peu trop tard.

Yulpi était un peu perdu, car ce qu'il entendait sur les Jedis et ce que lui-même avait pu penser d'eux, était à mitiger avec le contraste qu'il avait pu observer entre l'Académie Sith, où la compétition était meurtrière, où la mesquinerie était reine, où le plus fort s'accaparait les droits sur les plus faibles, et le Temple Jedi, où malgré quelques préjugés sûrement inévitables, l'atmosphère était plus sereine, où la paix et l'entraide étaient de mise. Yulpi était certes en manque de compétition mais au moins il n'avait pas au Temple Jedi la sensation de devoir écraser son voisin avant de se faire écraser.
Il ne savait vraiment plus quoi penser de tout ça... Et c'était justement là le but de cette mission : le tester dans ses convictions, dans ses principes moraux, et au final, dans sa loyauté. Quelle part de Sith restait en lui après un peu moins d'un an d'intégration au Temple Jedi ? Yulpi ne pouvait pas non plus oublier pourquoi il avait dû trouver refuge auprès de ses anciens ennemis.

Yulpi s'en alla alors que la conversation entre Malaco Signavar et Klyar Belize touchait à sa fin. Il était l'heure de retrouver Jesyelle Kovanoa. Il trouva un moyen de sortir du hangar à un moment où les portes furent ouvertes, et de même pour la grille d'enceinte, bien qu'à chaque fois, il dût attendre un peu. Il retourna sur ses pas à l'endroit où il avait laissé Jesyelle... mais ne l'y trouva pas. Un frisson d'angoisse parcourut son échine. N'avait-elle pas voulu attendre ? Avait-elle eu peur qu'il lui soit arrivé quelque chose ? Yulpi ne sut quoi faire. Et c'est alors que son regard se posa sur un élément angoissant : une tache de sang au sol. Beaucoup de sang – sans quoi il ne l'aurait sûrement pas remarqué. Etait-ce le sang de Jesyelle ? Impossible de le savoir, mais une chose était sûre : quelqu'un était venu l'agresser pendant qu'elle patientait. Il n'y avait aucun corps sur place et Yulpi ne sut reconstituer la scène.

Il ne resta qu'une seule chose à faire : pister les traces de sang. Et cela fut plus court qu'espéré : rapidement la trace disparut, soit la blessure avait été pansée, soit la personne blessée était montée dans un véhicule. Et à l'endroit où la trace disparut, Yulpi vit un symbole au sol, tracé à l'aide d'une bombe de peinture fraîche. Ce n'était pas le symbole de Freedon Nadd mais il était peint en gros, mis en évidence : c'était un avertissement. Le culte de Marka Ragnos ? Ils détenaient Jesyelle Kovanoa ? Comment avaient-ils pu surprendre une Jedi expérimentée ?

Sans même s'en rendre compte, Yulpi avait perdu l'effet de son Voile de Force, trop angoissé qu'il était pour l'avoir maintenu. Il leva les mains à hauteur de son crâne et s'attrapa les oreilles, un air de panique sur le visage, comme un Humain qui s'arracherait les cheveux. S'il voulait retrouver Jesyelle Kovanoa et la sauver, il devait localiser le culte de Marka Ragnos. Le ravisseur avait laissé le symbole en évidence au cas où un membre du culte de Freedon Nadd le verrait. Yulpi avait déjà les coordonnées des deux autres cultes – Marka Ragnos et Ajunta Pall – mais sans savoir à quel culte correspondait quelles coordonnées.

Il fit les cents pas en essayant de se décider sur une manière de procéder.
A la vue de tous...

“...Apprentie Signavar, ce fut un plaisir.”
“L’Empire vous observe Klyar. Vous n’êtes plus seuls désormais dans votre lutte… Avant que je ne parte, avez-vous quelque chose à rajouter quand au culte de Marka Ragnos? Je compte d’abord rendre visite ce Rash Blerine du culte d’Ajunta Pall, mais peut-être que vous disposez d’éléments supplémentaires?”

Se tenant devant la porte du Hangar qui était désormais ouverte, le prêtre se gratta alors l’arrière du front, devenant un peu plus nerveux: chose qui n’échappa aucunement à la Togruta qui fronça des yeux, indiquant qu’elle attendait une réponse rapide.
“Eh bien... Nous n’avons pas encore eu de confirmation, mais il semblerait qu’un utilisateur de sabre-laser ai rejoint le culte de Marka Ragnos il y a quelque jours. Mon espion n’a pas pu me transmettre tous les détails, sa mission étant devenue plus compliqué, mais il lui a semblé apercevoir un individu armé d’une arme similaire à la vôtre. Un humain...”
La Togruta assimila l’information quelques instants tandis qu’au loin la grille principal s’ouvrait également.
“Peut-être que vous auriez pu me dire cela plus tôt non?” Dit-elle finalement, légèrement irrité par ce changement de situation.
“Tou…. Toutes mes excuses Apprentie Signavar! Dans l’excitation de vous voir cela m'est sortie de la tête.”
“Je m’occuperai de cette individu. Mais à l’avenir, prioriser mieux vos informations quand vous les transmettez d’accord?” Son ton se fit plus… Farceur? Lançant même un clin d’œil au Prêtre qui sembla surpris par ce geste, sans un mot la Togruta s’avança de nouveau vers la sortie tandis que Klyar rentrait à l’intérieur, la messe allait bientôt débuter.


Après quelques minutes et s’étant suffisamment éloigné, elle se permis un instant d’arrêt pour réfléchir à la situation. Elle savait où aller en premier: le culte d’Ajunta Pall pourrait être convaincu de rejoindre Klyar dans leurs réclamation de l’Empire. De ce qu’elle avait put voir, une bonne partie de la population des bas quartiers étaient dans ces cultes, c’était même impressionnant car les services secrets de l’Empire eux-même n’arrivaient plus depuis quelques mois à faire le compte de fidèles. C’était comme une frénésie religieuse qui s’était emparé des bas-fond. La désespérance et l’envie de changement pouvait faire des miracles visiblement.
Là où elle était plus inquiet était sur le culte de Marka Ragnos et ses fidèles, tout aussi Sith qu’elle était, elle ne pourrait pas rentrer comme cela dans ce lieu si la foule devenait hostile. Ho elle pouvait bien sûr faire un véritable carnage, mais la foule pouvait potentiellement se révéler dangereux. Il y avait aussi l’affaire de ce détenteur de sabre-laser qui la turlupinait.


*Cela va être moins facile que prévu hein?*
La Togruta tourna la tête et vit une image identique d’elle-même adossé contre un mur. La seconde Togruta n’était ni plus ni moins que la seconde personne/personnalité qui habitait son corps. Malaco poussa un petit soupir en admettant mentalement.
*Ouais, je savais que cela n’allait pas être si facile que cela, mais un potentiel adversaire avec un sabre-laser…*
*Et puis cette impression que l’on a depuis l’arrivé ici non?*
*... Ouais. Y’a quelqu’un sur cette planète que je connais… Et cela ne laisse pas beaucoup de doute sur son camp.*
*Un Jedi…*
*Cela m’étonnerait qu’ils soient sans intervenir quand à cette situation, le nombre de fidèle est presque terrifiant.*
*Voit le bon côté des choses: au moins ils apprécient les Siths… Tu veux que je prenne le relais?*
*Non, ça va aller.*
Sans une pensé supplémentaire, la seconde Togruta acquiesça et disparut du champ de vision de Malaco. Seul elle pouvait véritablement voir cette apparition, c’était juste son cerveau qui donnait une image à la seconde personne en-elle. Un curieux mélange d’imagination et de contrôle par la seconde personne, sans danger et plutôt pratique pour tenir des conversations mentals.


Reprenant sa marche, et commença à marcher en direction du lieu qui faisait office de culte pour Ajunta Pall… Cependant quelque chose au loin et une sensation dans la Force la fit se cacher par réflexe: au loin, une silhouette était en train de faire les cents pas… Vira apparut de nouveau.
*Cette silhouette… On dirait un Gungan non?*
*Tu le sens toi aussi hein?*
*Forcément, on a le même corps… Il est un sensitif... Mais...*
*Hum… Ouais, il est ni dans le Côté Obscur, ni dans le Côté Lumineux… Et vue ses habits, ça donne plutôt un civil… C’est peut-être ce sensitif dont nous a parlé Klyar?
*Non, il a dit que c’était apparemment un humain… Hum… Y’avait pas eu un Gungan dans les désertions de ces derniers temps?*
Maintenant qu’elle y songeait, elle avait eu vent qu’un Gungan avait été parmis les déserteurs… Elle avait eu les infos sur ces désertions grâce à ses connexions avec les services secrets… Passant régulièrement du temps au bar avec Jaren. Mieux valait en savoir plus, ce Gungan pouvait potentiellement se révéler être un atout, ou bien un danger à éliminer rapidement...
La Sith bondit alors en l’air, grimpant sur le toit du bâtiment de la rue et commença lentement à progresser vers le Gungan, prenant son sabre-laser en main et arriva après une petite minute de progression lente en tentant de masquer au maximum sa présence dans la force, bien que le Gungan semblait dans un tourbillon de panique: quelque chose était arrivé et sensitif semblait être en pleine réflexion avec de l’anxiété et de la panique en grande quantités…

Maintenant, elle devait réfléchir à un plan d’action…Hum… C’est fait.



Sautant depuis le haut du toit, la Sith atterrissa brutalement sur le gungan, arrachant aussitôt le sabre-laser qui pendait à sa ceinture avant d’activer les deux lames -notant que le sabre du Gungan était rouge-, les lames se croisant juste devant sa gorge tandis qu’elle se tenait agenouillé sur le gungan désormais sur le dos.
Cela avait mieux marché que prévu!
“Un geste, et tu ne reverra plus jamais la lumière du jour.” Dit-elle de son ton le plus intimidant. Autour d’eux, les passants s’étaient mis à s’enfuir, cherchant à s’éloigner le plus possible de l’action qui se déroulait. Rapprochant encore un peu plus les lames de la gorge du Gungan, elle prit quelques secondes pour l’étudier, mais ne nota pas grand chose de véritablement intéressant.
“Je vais te laisser UNE chance de dire qui tu es, et ce que tu fais ici et comment tu as eu ce sabre. Ose me mentir, et ton cadavre va nourrir les bestioles des environs… C’est clair?” L’interrogeant du regard, elle lui fit alors signe de la tête de commencer à parler, son temps était compté. S'il se révélait être une menace, elle n'aurait qu'à lui trancher la tête. En revanche, dans le cas où il pouvait lui servir...

Trop déboussolé, l'esprit réfléchissant à toute vitesse dans l'angoisse, Yulpi ne remarqua évidemment pas qu'on l'espionnait depuis les toits et ne vit pas l'ombre s'abattre sur lui. C'est avec surprise qu'il sentit un poids l'écraser soudainement au sol. Le Gungan s'étala sur le dos en manquant de peu – heureusement – de se choquer l'arrière du crâne au sol. Une personne venait de se jeter sur lui et était à présent à genoux sur son corps, le bloquant sous son poids pourtant peu important : levant les yeux, Yulpi reconnut tout de suite la Togruta Sith, Malaco Signavar. En un geste éclair, cette dernière lui subtilisa son sabre-laser, l'alluma en même temps que sa propre arme, et croisa les deux lames rouges devant la gorge du Gungan qui écarquilla les yeux avec panique.

MALACO – Un geste, et tu ne reverras plus jamais la lumière du jour.

Le Gungan hocha le museau brièvement, toujours une expression de peur sur ses yeux excrâniens qui passaient du visage de Malaco aux deux lames menaçant sa gorge. Pour accentuer la menace, Malaco approcha les lames encore plus près de la peau de l'amphibien. Yulpi écarta la tête vers l'arrière comme il put, se trouvant vite à se frotter le crâne contre le sol.

MALACO – Je vais te laisser UNE chance de dire qui tu es, et ce que tu fais ici et comment tu as eu ce sabre. Ose me mentir, et ton cadavre va nourrir les bestioles des environs… C'est clair ?

Yulpi ne mettait pas en doute la détermination de la Sith. La menace était à prendre au sérieux. Dans cette position, avec son agresseur à califourchon sur son ventre, l'agile Gungan ne pouvait pas se défendre. Un geste des bras ou des jambes risquait beaucoup trop de lui valoir la gorge tranchée.
Malaco lui demandait comment il avait eu ce sabre-laser et c'était une drôle de question, à laquelle Yulpi répondit d'une voix aussi apeurée que son regard :

YULPI – Mais je l'ai eu à l'Académie Sith, pardi !

Son ancien maître, Tisjess, lui avait toujours reproché de trop montrer sa peur et de passer pour un faible devant les autres Siths. Yulpi était un moulin à émotions et n'avait aucun blindage. S'il avait peur, il ne savait pas le cacher. Et dans une situation où il était piégé et menacé de mort, en effet, il n'était pas dans ses cordes de faire comme si de rien n'était et de jouer les durs.

YULPI – Je veux la même chose que toi, Malaco ! Ma cible c'est le culte de Marka Ragnos !

… Quoi?

Le regard de la Sith afficha sa surprise devant la réponse du Gungan, expliquant l’origine de son sabre. Ce gungan était un Si-attend...
*Comment il connaît nôtre prénom?*
La voix mental de Vira -identique à celle Malaco pour des raisons évidentes- redirigea la concentration de la Sith.
Rapprochant encore de quelques centimètres de plus les lames qui étaient désormais sur le point de toucher la peau du Gungan.
“Comment me connais-tu? Qui es-tu et qui t’envoie? Ma patience à des limites Gungan.”

Le ton était froid, mais moins pressé. Le gungan s’était offert un léger sursis, bien que cela était de peu, créant plus de question qu’il n’en avait répondu. Rapidement dans la tête de la Sith, les différentes options sur le pourquoi du comment il la connaissait et connaissait sa mission se dessinait.

Soit il était un second Sith envoyé sur cette mission, mais dans ce cas les Services Secrets l’aurait très certainement prévenue auparavant de cela. C’était donc peu vraisemblable, et dans le pire des cas elle pouvait toujours contacter Jaren qui pourrait la renseigner rapidement.
Soit… Il s’agissait bien d’un Sith. Mais envoyé non pas par les Services Secrets -bien qu’envoyé en mission un Sith dans les platebandes des services de l’Empire relevait de la stupidité pure et simple-.
La troisième option était qu’il s’agissait d’un déserteur du temple Sith… Après tout, les Gungans n’étaient pas légions chez les Siths et des désertions avaient été signalé il y a quelques temps… Mais alors comment savait-il l’objectif de Malaco? L’avait-il espionner -auquel cas il allait falloir se méfier car cela prouvait sa dangerosité-, ou bien simple déduction? Mais surtout, comment connaissait-il son prénom?
Quatrième option potentiellement lié à la troisième… Il était passé chez les Jedis et était en mission… Mais garder une lame rouge était un choix… Particulier.

Yulpi ne s'attendait pas à surprendre Malaco en lui “révélant” – si tant est que c'était une grosse révélation – qu'il avait eu son sabre-laser à l'Académie Sith. Ca semblait aller de soi, non ? Pourtant la surprise fut bien sur le visage de Malaco à cette information. N'avait-elle même pas envisagé que ce sabre-laser rouge pût être autre chose que le fruit d'une rapine ou d'un achat au marché noir ? Yulpi avait été un Sith pendant environ sept ans et il n'avait pas changé de sabre-laser après presque un an depuis qu'il était un Jedi. Ca, en revanche, c'était surprenant. Peut-être justement que le Conseil Jedi ressentait d'autant plus le besoin de le tester que Yulpi n'avait pas voulu changer de cristaux, ce qui aurait symboliquement signifié un vrai changement de camp. Mais une couleur n'était qu'une couleur : et si Yulpi ne devait pas tenir à arborer le rouge, le Conseil Jedi ne devait pas tenir, de son côté, à l'en faire changer.

Dans la situation d'urgence, de surprise et de menace, Yulpi n'avait de toute façon pas eu le temps de réfléchir à un mensonge pour répondre à l'interrogatoire de Malaco. Et, de fait, sa phrase n'était que pure vérité : il s'était retenu de préciser qu'il n'était plus un Sith maintenant, mais oui, son sabre-laser rouge lui restait bien de ses années en tant que Sith. La question était bête, la réponse tombait sous le sens... mais Malaco fut surprise quand même. Ou peut-être était-elle surprise par le fait de tomber sur un autre Sith dans les parages ? Elle semblait en mission, et si elle avait dû rencontrer un autre Sith, elle en aurait été informée. Voilà donc peut-être la vraie raison de sa surprise : elle ne pouvait pas comprendre ce qu'un autre Sith qu'elle pouvait bien faire là. Le hasard n'avait que trop peu de chances d'expliquer la présence simultanée de deux Siths devant le temple du culte de Freedon Nadd sans aucune concertation.
Seulement, même si Yulpi ne pouvait pas mentir, son instinct de survie le retenait quand même d'en dire trop : Malaco pouvait le décapiter en un geste si elle découvrait qu'il était un Jedi. Il restait même possible qu'elle soit au courant qu'un déserteur Gungan méritait la mort.

MALACO – Comment me connais-tu ? Qui es-tu et qui t'envoie ? Ma patience a des limites, Gungan.

Pourquoi s'impatientait-elle alors que Yulpi mettait quand même de la bonne volonté à répondre ? Même si c'était surtout la peur qui le faisait parler. Yulpi sentit les deux lames-laser se rapprocher encore un peu plus de sa gorge, frôlant désormais sa peau. Le Gungan cria :

YULPI – Non non non ! Arrête ! Je suis en train de te répondre !

Malaco avait tiqué sur le fait qu'il connaissait son nom. Yulpi n'avait pas vraiment envie de lui révéler qu'il l'avait espionnée, mais quel mensonge pouvait-il inventer, et serait-il seulement crédible ? Yulpi se savait un menteur désastreux. Déjà qu'il n'était pas toujours cru quand il disait la vérité, car il manquait de force de persuasion, mais quand il mentait, c'était un miracle qu'on le crût. Or, là, si Malaco avait l'impression qu'il lui mentait, elle le tuerait. C'était annoncé, et c'était crédible.

YULPI – Je voulais savoir ce que tu fous là alors je t'ai observée !

Qu'est-ce qu'il était pathétique à crier de peur comme ça, plaqué au sol, menacé de mort... Quel Sith avait-il été pendant sept ans, à faire honte à Tisjess, à être la risée de ses rivaux ? Un instant Yulpi s'observa et son orgueil en prit un coup.

YULPI – J'm'appelle Yulpi ! Yulpi Bepads ! Jalbi plitasse de merderie, me tue pas ! On veut tous les deux s'attaquer au culte de Marka Ragnos !

… Double quoi?
“... Jalbi Plitasse de merderie?”

La Sith était un sourcil levé, clairement plus choqué par l’argot particulier du Gungan que par sa panique qu’elle pouvait toutefois comprendre. Elle passa quelques secondes à le regarder toujours étonné, créant une situation à la fois étrange et comique.
“... Heu…” Elle cherchait désormais quelque chose à dire, le sérieux de la situation venait complètement d’être désintégrer pour elle. Finalement secouant la tête… Retirant ses sabres suffisamment loin pour que le Gungan puisse se calmer un peu. Et coupa celui du Gunga et le rangea à sa ceinture.
“Tu ne bouge pas d’un pouce… Yulpi? C’est bien ça?” Le ton était beaucoup moins menaçant, bien que cela allait sans doute faire peu de différence pour le Gungan..
Sortant un petit comlink et démarrant un appel. Elle attendit quelque seconde tout en continuant de regarder d’un air curieux le Gungan.
Yulpi… Ce nom ne lui était pas familier, mais elle était également convaincu de l’avoir entendu au moins une fois… Peut-être… En fait elle n’en était pas convaincu mais un doute l’encourageait sans qu’elle n’y réfléchisse vraiment à tirer la situation au clair. Après quelques secondes, une petite voix sortir du Comlink.
“Jaren à l’écoute. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ma jolie?”
La Togruta réprima un sourire amusé, puis passa directement à sa question.
“Je suis sur un Gungan possédant un sabre-laser Sith. Yulpi Bepads… C’est aussi un type envoyé sur Ciutric IV? Je l’ai choppé en train de paniquer dans une rue et apparemment il m’a un peu espionner.”
“Hum… Donne moi deux secondes.”
La Togruta ne quitta pas des yeux le Gungan, se tenant prêt à réagir, après tout il pouvait tenter d’utiliser ce moment pour s’extirper des griffes de la Sith. Mais avec son sabre-laser toujours à portée de tête, ce n’était pas non plus une bonne idée.
“Hum… Ouep, un déserteur. On avait perdu sa trace jusqu’à présent. 7 ans chez les Siths, dangereux, bref à éliminer.”
“Hum…”
“Ho, à ta voix t’as un autre plan. Rapport à ta mission?”
“On peut dire ça, dit-moi, si il me rend service pour cette mission, tu pense que peut-être il pourrait potentiellement s’en tirer en vie?”
“Vue l’importance de ta mission, perso je suis pas contre. Par contre je sais pas s’il m’entend.”
“Il t’entend.”
“Parfais: Yulpi, t’aide ma collègue pour ce dont elle a besoin, et on te fichera la paix pour ce coup-ci… Par contre revient en Territoire Sith sans une bonne raison, et tu connais la suite? Hein?”

La Togruta eu un petit sourire en entendant le ton presque paternel de Jaren, mais elle n’en était pas véritablement surpris. Se relevant et laissant enfin respirer le pauvre être aquatique. Elle coupa alors le comlink tout en gardant sa lame pointé sur le gungan.
“Voilà le marché: tu m’aide à remplir ma mission et je te laisse tranquille derrière. Tente de me la faire à l’envers, et y’aura pas un seul endroit dans cette Galaxie qui pourra te protéger.” Le ton était menaçant, son air était redevenue celle de la Sith froide et cruel entraîné par le son Maître…
Puis entendant la réaction affirmative du Gungan, elle coupa son sabre en prenant un air légèrement amusé.
“Bon, va quand même falloir que tu m’explique ce que tu fais ici, tout ce que tu as fait depuis ta désertion.” Dit-elle en prenant le sabre du Gungan et lui tendant l’arme, se tenant prête au cas où son autre sabre toujours prêt à être réactivé au cas où.

Ce fut au tour de Yulpi d'être surpris : il sembla dans un premier temps que tout ce que Malaco retint de ses réponses, c'est l'exclamation “jalbi plitesse de merderie”, qui pouvait se traduire à peu près par “putain de bordel de merde” – en toutefois moins grossier. Seulement Yulpi ne faisait pas bien attention à son argotique et avait tendance à employer des mots propres à son éducation un peu spontanément sans s'en rendre compte. La plupart du temps, ses interlocuteurs comprenaient au moins l'intention, traduisant le mot selon le contexte de la phrase et le ton employé. Mais parfois, ils tiquaient. Comme Malaco à l'instant. Après tout, cela aurait très bien pu être une insulte... même s'il suffisait d'analyser deux secondes l'attitude de Yulpi pour deviner qu'il ne prendrait pas le risque d'insulter Malaco avec deux lames à moins d'un centimètre de sa gorge.

Sans le faire exprès, Yulpi venait de complètement décontenancer son agresseuse. Il pensa à Jesyelle Kovanoa qui était sûrement en danger à l'instant même, et il avait l'impression de perdre du temps pour la sauver, à cause de cette attaque surprise de Malaco. Cette dernière, ne sachant comment réagir, retira lentement les deux sabres-lasers, et éteignit même celui de Yulpi, sans toutefois le lui rendre – elle l'attacha à sa propre ceinture. Yulpi souffla un coup, silencieusement, calmant sa respiration. La situation semblait se désamorcer, mais pour combien de temps ? En effet, Malaco lui ordonna de ne pas bouger le temps de passer un appel. Elle contacta sa hiérarchie pour se renseigner sur Yulpi. Elle allait donc forcément apprendre qu'il était un déserteur, et là, Yulpi serait à nouveau en danger de mort.

Pendant l'appel, Yulpi chercha donc un moyen de s'extirper de là. Malaco était assise sur son ventre, le maintenant ainsi au sol. L'agile Gungan ne pouvait pas utiliser ses jambes, sauf pour s'agiter comme un pauvre diable, ce qu'il aurait fait si la Togruta n'avait pas été armée de deux sabres-lasers dont un qu'elle maintenait allumé. Si Yulpi devait agir, il fallait que ce soit en un éclair, sinon il se ferait tuer. Il ne maîtrisait pas assez la télékinésie pour repousser Malaco... et le temps de réfléchir à une solution, Malaco eut déjà fini son appel, ou presque. Yulpi pouvait entendre la voix de son interlocuteur et celui-ci s'adressa directement à lui pour lui proposer un marché : Yulpi aidait Malaco, et en échange, Malaco ignorerait son statut de déserteur.

C'était à prendre ou à laisser. Et Yulpi y vit l'opportunité de pouvoir se remettre debout sans tâter de la lame-laser, et c'était déjà énorme. Maintenant, que valait la parole de Malaco ? Yulpi n'était pas naïf au point d'ignorer comment se comportait beaucoup de Siths. On lui avait déjà fait des coups fourrés à l'Académie Sith, où beaucoup considéraient qu'une promesse n'engageait que celui qui la croyait. Autant dire que Yulpi n'avait pas envie de croire à la promesse de Malaco. Ce n'était qu'une opportunité pour lui de s'en sortir vivant et peut-être même de sauver Jesyelle Kovanoa, mais jamais il ne pourrait avoir confiance en Malaco. Il était un déserteur et maintenant que la Sith le savait, il était un mort en sursis.

YULPI – D'accord.

répondit-il laconiquement, peu convaincu, alors que Malaco venait de le délivrer. Le Gungan se remit lentement debout en ne lâchant pas la Togruta du regard. Il la vit éteindre son sabre-laser, il semblait n'y avoir plus aucune menace ; mais dans sa tête, la menace restait sourde et permanente, la Sith pouvait à tout moment décider de rompre sa parole, particulièrement une fois qu'il aurait fini de lui être utile.

MALACO – Bon, va quand même falloir que tu m'expliques ce que tu fais ici, tout ce que tu as fait depuis ta désertion.

Devait-il tout révéler, à commencer qu'il était désormais un Jedi ? Cela ne donnerait qu'une raison de plus à Malaco de le tuer. D'un autre côté, l'envoyer bouler ne serait pas très intelligent non plus. Yulpi prit un instant pour réfléchir à ce qu'il devait dire, hésitant comme face à un dilemme.

YULPI – La vérité c'est que j'ai été capturé par les Jedis. Et comme je venais d'échouer une mission et que je décevais mon maître, je me savais sous la menace d'une exécution si je rentrais sur Korriban. J'ai négocié ma survie. Voilà. Mais je n'ai pas tourné le dos à l'Empire, contrairement à ce que tout le monde doit penser.

Le pensait-il sincèrement ou bien ne disait-il cela que pour essayer d'éviter les foudres de la Sith ? Lui-même ne savait plus. Il se sentait tellement perdu... Mais là était aussi l'objectif en filigrane de sa mission : se montrer loyal aux Jedis pour montrer qu'il méritait de devenir un Chevalier.
La vérité c'est qu'il avait fui les Siths à la fois par dégoût et par peur. Il n'avait pas supporté de devoir laisser des innocents mourir à cause d'une guerre qui ne les concernait pas. Il avait dévié de ses ordres. Il n'était pas un traître à proprement parler... seulement un “déviant”... mais il pensait que sa punition serait la même. Et sa capture par les soldats Républicains et son interrogatoire par un Maître Jedi avaient presque sonné comme une chance, celle de trouver refuge et d'échapper à son destin. Cela signifiait-il qu'il tournait le dos à l'Empire ? C'est ce que les Jedis attendaient de lui, mais seuls ses actes répondraient à cette question, car son esprit n'était pas encore assez clair.

Il allait lui falloir prendre une décision.

Commençant à lentement marcher, tout en gardant Yulpi à portée de vue à ses côtés, la Sith acquiesça, écoutant les explications du Gungan. Capturé par les Jedis, négocier une survie? Les Jedis n’avaient pas pour habitude d'exécuter leurs prisonniers. Ce n’était pas la Voie du Jedi après tout, l’armée de la République en revanche aurait potentiellement pu appliquer cela contre un Sith capturé, c’est du moins des échos qu’elle avait eu par rapport à l’Armée protectrice de cette République qui chaque jour avait montré de plus en plus de faiblesse pour la Togruta, enfin sortie du cocon du Temple Jedi et pouvant ouvrir les yeux sur la Galaxie de manière bien plus large. Le précédent récit du chef du culte de Freedon Nadd n’en était qu’une preuve supplémentaire, et vue la situation des bas quartiers de Ciutric IV. Elle ne serait pas étonné de découvrir que cette différence de capacité à survivre entre population était encore plus extrême sur de nombreuses planètes de la République, la corruption étant un secret de polichinelle sur bien des mondes… Corruption que les Jedis ne se pressait pas pour résoudre.
“Il est vrai que la faillite du mission et décevoir son Maître peut se révéler dangereux. Mais tel est la voie des Siths Yulpi.”
Elle le pensait: depuis qu’elle était arrivé c’était une chose qu’elle avait très vite comprise et c’était pour cela qu’elle faisait chaque mission qui lui était assigné comme si une exécution serait sa récompense si elle échouait. Non pas pour éviter de décevoir ses Maîtres, Asehla Derla et Darth Oracci, mais également et surtout pour éviter de se décevoir ELLE.
“Cependant, je peux comprendre ton désir de rester loin d’un Maître furieux, bien que cela ait très probablement scellé ton sort vis à vis de lui. De plus…”

Elle se stoppa alors, tout en marchant elle avait continué de sonder le Gungan, cherchant à enfin identifié de quel bord il penchait.... En vain. Elle manquait de maitrise pour réussir à sonder une personne comme cela... Cependant... Elle tenta quelque chose.
“Je sens le Côté Obscur chez toi, mais également la Lumière, du moins en partie en toi… Je vais être honnête: je pense que tu as fait plus que Négocier pour ta survie auprès des Jedis non?”

C’était un bluff, elle n’avait aucun moyen d’être certain de la véracité de ce qu’elle sous-entendait. Mais cela n’était pas non plus ridicule, après tout s’il avait été capturé par les Jedis, ces derniers devaient très certainement avoir tenté de le convertir à la Lumière, tout comme les Siths l’avaient fait sur elle -bien qu’elle avait été volontaire pour sa part-.
Craignant cependant le rendre encore plus nerveux qu’il ne l’était déjà, elle continuait rapidement.
“J’ai été autrefois une Padawan Jedi, au temple d’Ondéron: j’y ai vécu pratiquement toute ma vie et ai survécu à l’attaque initial par les Siths… Je n’ai jamais pu véritablement m’en remettre.”
Dit-elle sur un ton à la fois nostalgique et mélancolique, sa tristesse pouvant s’entendre bien plus qu’elle ne l’aurait cru… Tristesse qui se mua en colère sur sa phrase suivante.
“Les Jedis n’ont pas véritablement tenté de m’aider mise à part certains… Jugements, sous-entendus, et rabaissement. Les Siths au moins sont plus direct, et l’hypocrisie est une chose auquel on s’attend d’un Sith… Pas d’un Jedi. Enfin bon… Si les Siths ne te conviennent pas. Tu pourra toujours tenter ta chance chez eux après tout, bien que je doute que ton sabre Sith soit bien vue pour eux.” Dit-elle avec un léger sourire moqueur, mais également... Sincère?


Elle ne savait pas pourquoi exactement elle disait cela, simplement porté par la situation et par le regard du Gungan qui continuait de l’observer nerveusement… Puis elle se rendit compte qu’elle le pensait. Aïa Kira l’avait laissé sur Raxus poursuivre sa route chez les Siths, pensant que peut-être il était mieux ainsi et lui laissé une occasion de s’épanouir, ou peut-être de simplement se trouver elle-même. Et dans un certains sens, la Togruta offrait la même possibilité à demi-mots au Gungan.


Cela n’était pas quelque chose de véritablement Sith… Mais la Togruta le savait, elle n’avait pas encore complètement accepter certains facette les plus extrêmes de la philosophie Sith, considérant ces dernières comme détrimental à la survie de ce Culte qu’elle pourtant appréciait chaque jour de plus en plus, ce Culte et cette Empire. La paix était un mensonge, de cela elle en avait eu la preuve.
Ainsi elle continuait de marcher, se dirigeant lentement vers les coordonnées de la base du Culte de Marka Ragnos…
Mais c’est alors qu’elle aperçut une figure au loin dans la rue complètement vide de gens que le désormais duo était en train de suivre.
Une figure qui portait le sigle du culte d’Ajunta Pall sur lui.

Yulpi ne comprenait pas trop comment il avait pu s'en sortir. Il avait été complètement pris par surprise alors qu'il était déboussolé par la disparition de la Chevalière Jedi censée le surveiller et l'évaluer pendant la mission. Attaqué depuis les hauteurs par une Sith, il avait été plaqué au sol et mis à jour, totalement à sa merci. Il n'avait pas pu cacher être un déserteur et avoir été capturé par les Républicains – il avait fait un raccourci en affirmant avoir été capturé par les Jedis – et s'était ainsi attendu à être mis à mort. Au lieu de ça, Malaco l'avait laissé se remettre debout et lui avait rendu son sabre-laser, à la seule condition qu'il l'aide. Puisque leurs objectifs concordaient sur un point, ça l'arrangeait, en plus : en entrant en contact avec le culte de Marka Ragnos, ils auraient l'occasion de libérer Jesyelle Kovanoa – quoique ceci précisément ne serait sans doute pas dans les plans de la Sith, mais Yulpi n'avait de toute façon pas encore fait mention d'elle.

Incrédule, Yulpi emboîta le pas à Malaco, sans être pour autant tranquille dans son esprit : il ne connaissait pas la personnalité de la Sith et continuait de penser qu'elle avait intérêt à l'éliminer. Yulpi avait déjà dévoilé avoir été capturé par les Jedis et avoir négocié sa survie : de là à comprendre qu'il avait été recruté par les Jedis, il n'y avait qu'un pas que Malaco ne tarderait sans doute pas à franchir, si ce n'était déjà fait, et dès lors, elle aurait une raison de plus pour tuer Yulpi.
Autant dire que Yulpi n'allait pas la lâcher du regard, ne risquant pas de se faire encore une fois attaquer par surprise.

Malaco rebondit sur les informations qu'il avait données. Elle confirma que faillir à une mission et décevoir son maître exposait à un danger, que cela faisait partie de la voie des Siths. Yulpi ne le savait que trop bien, et c'est justement pour cela qu'il avait négocié sa survie auprès des Jedis. Qui, à sa place, serait rentré sur Korriban en sachant très bien ce qui l'attendait, et se serait laissé exécuter sans vouloir se défendre ? Un fanatique, peut-être, ne pouvant plus supporter son reflet en se considérant souillé par le déshonneur. Seulement, les Siths, même en sept ans, n'avaient pas pu complètement reformater Yulpi, faire disparaître chez lui toutes traces de son éducation et de ses valeurs. Dire que Yulpi était un pacifiste absolu serait peut-être exagéré, mais il ne pouvait pas se résoudre à appliquer froidement des ordres qui lui paraissaient barbares. Restait à savoir s'il n'avait pas quitté les Siths pour retrouver les mêmes horreurs chez les Jedis...

Malaco stoppa la marche, et Yulpi l'imita, interrogatif. La Togruta se tourna face à lui pour prononcer ces mots :

MALACO – Je sens le Côté Obscur chez toi, mais également la Lumière, du moins en partie en toi... Je vais être honnête : je pense que tu as fait plus que négocier pour ta survie auprès des Jedis, non ?

Yulpi se tétanisa. Mais en même temps, il était étonné. Comment Malaco avait-elle pu percevoir cela aussi finement chez lui ? Le “récent” Jedi pouvait, lui, ressentir une forme de malaise familier qu'il avait souvent cotoyé à l'Académie Sith de Korriban, ce frisson de l'Obscur qui imprégnait Malaco. S'il pouvait ressentir cela, c'est parce que Malaco devait avoir plongé profondément dans l'Obscur, elle en avait la marque désormais. Ce n'était cependant pas son cas à lui, et Malaco devait avoir une sensibilité accrue pour percevoir les nuances de l'aura de Yulpi.
Quoi qu'il en soit, sa déduction l'amenait dans la bonne direction, celle qui allait lui donner définitivement toutes les raisons de le tuer. Yulpi se mit à chercher une façon de tourner les choses, et baissa le regard, mais cette simple attitude corporelle était déjà un aveu. Alors que Malaco aurait pu serrer les dents et se crisper, elle raconta avec mélancolie :

MALACO – J'ai été autrefois une Padawan Jedi, au temple d'Ondéron : j'y ai vécu pratiquement toute ma vie et ai survécu à l'attaque initial par les Siths... Je n'ai jamais pu véritablement m'en remettre.

Vraiment ? N'était-ce pas là une technique pour mettre Yulpi en confiance et le pousser à prononcer cet aveu fatidique ? Pourtant, Malaco semblait même un peu triste en évoquant ce prétendu passé. A moins d'être une très bonne actrice et de savoir jouer avec ses émotions, elle semblait sincère. En tout cas, cela touchait l'empathie du Gungan.

MALACO – Les Jedis n'ont pas véritablement tenté de m'aider mise à part certains... Jugements, sous-entendus, et rabaissement.

Yulpi hocha la tête : il avait connu cela, lui aussi. Encore que son parcours était inverse : il avait d'abord été un Sith, et les jugements méprisants dont il avait été l'objet au Temple Jedi d'Onderon pendant ses premières semaines voire premiers mois d'intégration, avaient été dues à son ancienne allégeance. Pour Malaco, c'était moins compréhensible : si elle avait d'abord été une Jedi, quelle avait été la raison des rabaissements qu'elle avait subis ?

MALACO – Les Siths au moins sont plus directs, et l'hypocrisie est une chose à laquelle on s'attend d'un Sith... pas d'un Jedi. Enfin bon... Si les Siths ne te conviennent pas, tu pourras toujours tenter ta chance chez eux après tout, bien que je doute que ton sabre sith soit bien vu pour eux.

Alors... quoi... c'était tout ? A quoi cela avait-il servi de menacer Yulpi si au final Malaco acceptait qu'un Sith déviant pût tenter l'expérience jedi ? Yulpi se gratta l'arrière du crâne, puis se pinça une oreille entre le pouce et l'index, signe de nervosité chez lui. Il avait du mal à bien cerner Malaco. Tout semblait indiquer chez elle qu'elle n'allait pas chercher à l'éliminer malgré ce qu'elle savait ou avait deviné de lui, mais Yulpi avait encore trop de mal à le croire. Cela semblait trop facile. Surtout vu comment Malaco l'avait “abordé”.

YULPI – Je... oui, j'ai réussi à négocier avec les Jedis : je suis devenu l'un des leurs pour échapper au sort qui m'attendait sur Korriban. Et... peut-être aussi, comme tu dis, parce que... la mentalité là-bas... ne me « convenait » pas. Alors, pense ce que tu veux de moi, que je suis un lâche, un faible, ou que sais-je. Mais je suis persuadé que d'autres auraient fait pareil que moi. Beaucoup font leur malin mais c'est beaucoup de babou, et au final ils feront tout pour sauver leur bigne.

De toute façon, Yulpi était déjà beaucoup passé pour un faible chez les Siths. Le simple fait d'être un Gungan dénué de charisme avait suffi à ce qu'il n'eût pas été pris au sérieux, malgré son esprit compétiteur. Il aimait le sport, pas le sang. Il aimait la victoire, pas l'humiliation. Il aimait la gloire, pas le pouvoir.

YULPI – Je ne doute pas que les Jedis soient hypocrites à leur façon. Et il y a des nazous partout. Mais il est arrivé un moment où j'ai bien dû prendre conscience que je me sentais plus à ma place, à devoir participer à des guerres où mes ordres impliquaient le massacre de centaines ou de milliers de gens innocents. Je sais que tu vas essayer de me dire que les Jedis laissent faire des massacres sans y participer et que c'est là l'hypocrisie. Mais tant pis. J'ai pris une décision de survie. Et peut-être que je pourrai me rendre plus utile chez les Jedis que chez les Siths, finalement. Cette guerre ne sert tellement à rien... Je n'en peux plus de voir des gens s'entretuer. Alors je préfère encore me mettre à contribution auprès de gens qui prétendent vouloir l'empêcher, plutôt que de baigner parmi des gens qui ont la culture du sang et de la mort.

Malaco avait exprimé de la colère après sa tristesse et Yulpi suivait exactement la même voie à mesure qu'il parlait. D'abord triste en évoquant sa désertion qui n'avait pas été de gaieté de cœur, il était en colère de voir comment la galaxie fonctionnait, de réaliser que peut-être ni les Siths ni les Jedis ne correspondaient véritablement à ses valeurs alors qu'il n'y avait pas d'autre alternative.

YULPI – Tu sais en quoi j'ai le plus déçu mon maître ? Hein ? Tu sais ?

Sa colère grandissait en même temps que sa tristesse. Tisjess... Il revoyait son visage, réentendait sa voix... Il ne pourrait jamais être faché contre lui. Tisjess l'avait soutenu, à sa manière. Yulpi réalisait simplement que cela n'avait pas été la bonne manière, que leurs valeurs étaient opposées, mais un véritable lien s'était créé entre eux deux. Et même si Tisjess serait capable de tuer Yulpi pour laver son honneur, Yulpi, lui, doutait fortement d'être capable de tuer Tisjess. Il avait encore ce sentiment de redevabilité, alors qu'un fossé les séparait.

YULPI – Parce que j'avais trop d'empathie. Parce que ça me faisait de la peine de faire du mal aux gens. Parce que je regrettais d'avoir envoyé un autre Apprenti à l'infirmerie sur un simple accès de colère.

C'était du vécu, bien sûr. Yulpi se rappelait ce jour où il avait failli tuer un Apprenti plus jeune que lui qui avait joué le caïd. Cet Apprenti l'avait poussé à bout, Yulpi l'avait frappé, et avait failli le tuer. Cet Apprenti n'était qu'un adolescent. Et Tisjess avait bien fait sentir à Yulpi que selon lui, il n'avait pas à se sentir coupable, il avait fait ce qu'il avait dû.

YULPI – Je ne veux pas céder à ça. Et quoi qu'on puisse reprocher aux Jedis, eux, au moins, ne m'encourageront jamais à faire du mal autour de moi.

Yulpi reprit un peu son souffle, réalisant qu'il venait de se mettre tout seul dans un état émotionnel intense. Peut-être que son laïus dissuaderait Malaco de chercher à le tuer... Mais il ne voulais pas se laisser aller à la naïveté. Il resterait sur ses gardes pendant la mission. Et justement, pour reprendre les choses en main, il montra du doigt le symbole tagué au sol.

YULPI – Tiens, regarde. Je pense qu'un membre du culte de Marka Ragnos est venu adresser un avertissement. Ce symbole a été mis en évidence, et... ils ont enlevé quelqu'un. La Jedi qui m'accompagnait. Elle devait m'attendre ici, mais quand je suis revenu, à sa place j'ai trouvé ce symbole et quelques taches de sang.

Bingo. La Sith eu un grand sourire mental quand le Gungan révéla tout, son statut de Jedi et… Tout le reste. Elle ne s’attendait pas à un monologue aussi longue et bourré d’expression dont elle pouvait cerner grâce au contexte le sens, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que l’ancien Maître Sith de ce Gungan avait du se cogner la tête contre des murs en l’écoutant parler. Au loin elle continuait d’observer le membre du culte, mais ils s'arrêtèrent quelques instants, Yulpi lui montrant l’emplacement du signe de Marka Ragnos et lui annonçant que la Jedi -indiquant du coup qu’il s’agissait d’un Femme- avait été enlevé.

“Probablement un coup de ce Jedi noir dont Klyar m’a parlé. Si un Chevalier Jedi s’est fait avoir, on devra très certainement l’affronter simultanément pour espérer avoir une chance…”

Cela compliquait encore plus les choses, soit ce Jedi Noir avait été chanceux, soit il était un redoutable utilisateur de la Force. C’était ce manque de connaissance sur ce futur adversaire qui mettait le plus mal à l’aise la Togruta.

D’un regard elle fit remarquer le membre du culte d’Ajunta Pall qui avait commencé à se rapprocher, levant ses mains en évidences à hauteur de sa poitrine. Visiblement ne cherchant qu’à discuter.

“Mon Maître m’envoie vous guider, utilisateurs de la Force.”
Son ton était calme, presque robotique d’ailleurs.
Avant même que la Togruta ne puisse en placer une, il reprit la parole. Coupant net la Togruta dans son mouvement qui resta bouche bé.
“Les lames rouges passeront par le tunnel des égouts, cinqs fois ils suivront le signe de Ragnos. Et l’accès se montrera pour vous.”
D’un signe, il montra alors une plaque d’égoût et resta silencieux en s’écartant sur le côté.
“... Ok? On peut savoir qui vous êtes?” Malaco avait un ton légèrement irrité
“Mon nom n’a pas d’importance, mon Maître m’envoie pour vous guider grâce à ces visions, votre arrivé en ces lieux était prévu. Faite la moindre écart de trajectoire, et votre mission s’avérera fatal. Bonne chance. Ha, et si vous continuiez vers l’entrée principale, vous auriez été accueilli par une foule moins accueillante que la dernière.” Répondit-il d’un ton toujours aussi neutre… Avant de commencer à partir au loin.
La Togruta aurait en temps normal réagit avec violence, mais sa rencontre avec Yulpi l’avait déjà quelque peu… Sorti de ses habitudes, et elle se contenta de regarder s’éloigner l’individu, trop étonné pour réellement réagir, avant de regarder Yulpi et de voir sa propre réaction.

“... Je savais que cette mission allait être particulière, mais là c’est quand même fort…”

Elle regarda alors la plaque d'égout, c’était presque trop facile, trop… Elle ne savait pas comment dire, mais cela tombait du ciel comme cela et elle n’était pas certains de vouloir faire confiance à ce type… Cependant.
“Bon, tu en pense quoi Yulpi? On tente le coup par l’endroit qu’il dit? Ou bien on va jeter un coup d’oeil à l’entrée principal pour être sûr?”

MALACO – Probablement un coup de ce Jedi Noir dont Klyar m'a parlé. Si un Chevalier Jedi s'est fait avoir, on devra très certainement l'affronter simultanément pour espérer avoir une chance...

Yulpi hocha la tête comme s'il était normal de savoir de quoi Malaco parlait. Après tout, il avait montré qu'il connaissait son nom et avait révélé l'avoir suivie, il n'avait pour autant pas dit avoir espionné tout la conversation avec Klyar Belize mais de là à le deviner, il n'y avait qu'un pas que Malaco avait pu franchir. Yulpi savait donc qu'en effet, un Jedi Noir aidait le culte de Marka Ragnos. Et en effet, s'il avait pu capturer Jesyelle Kovanoa, c'est que sa dangerosité était avérée, Malaco et Yulpi ne seraient pas trop de deux pour le vaincre, quoi que Kovanoa avait dû se faire attaquer par surprise, tout comme Malaco avait attaqué Yulpi.
C'est autre chose dans cette phrase qui fit tiquer Yulpi :

YULPI – « Klyar » ? Tu l'appelles par son prénom ?

Cela sonnait assez familier, et il s'agissait peut-être d'un indice quant au rapprochement entre les Siths et le culte de Freedon Nadd. Pourtant, Yulpi avait bien espionné une partie de la conversation et il avait pu estimer que Belize et Malaco ne s'étaient pas déjà rencontrés par le passé. Toutefois cette familiarité montrait peut-être que Malaco, et plus généralement les Siths, considéraient déjà le culte de Freedon Nadd comme un allié acquis, mais surtout, comme un subordonné, un allié qui ne méritait pour autant pas le respect. C'est aussi cette culture-là avec laquelle Yulpi avait eu du mal pendant toutes ces années. Etre aussi hautain envers un allié, c'est quelque chose... Tout n'était que rapport de force chez les Siths et Yulpi n'en pouvait plus. On ne vivait que pour écraser son voisin et se montrer supérieur. Quand Yulpi lançait des provocations en combat ou frimait dans le cadre d'une compétition martiale, ce n'était quand même pas la même chose dans l'esprit. Yulpi ne sentait pas le besoin de rabaisser tout le monde autour de lui, d'écraser autrui et de se montrer puissant et dominateur. Il y avait toute une nuance entre la frime et le besoin de toute-puissance.

Yulpi n'eut pas le luxe d'avoir une réaction de Malaco sur ce détail car le regard de son interlocutrice lui fit remarquer la silhouette déjà assez proche d'un cultiste. Celui-ci ne portait ni le symbole de Freedon Nadd, ni celui de Marka Ragnos, mais un autre. Le culte d'Ajunta Pall. Le cultiste leva les deux mains en l'air pour signifier son intention pacifique, et prit la parole pour expliquer que son maître l'envoyait. Il savait qu'il avait face à lui deux utilisateurs de la Force et leur délivra un message :
« Les lames rouges passeront par le tunnel des égouts, cinq fois ils suivront le signe de Ragnos. Et l'accès se montrera pour vous. »
Il fit un geste du doigt vers une bouche d'égouts, comme si son message n'était pas déjà assez clair. Il raconta que son maître avait eu une vision, peut-être un sensitif non formé à la Force mais sujet malgré tout à des visions, surtout avec l'arrivée de deux autres sensibles – formés, eux – dans le quartier. Il ajouta qu'une arrivée par l'entrée principale serait dangereuse pour eux. Puis il s'en alla alors que Malaco et Yulpi s'échangeaient un regard dubitatif.

MALACO – Bon, tu en penses quoi, Yulpi ? On tente le coup par l'endroit qu'il dit ? Ou bien on va jeter un coup d'œil à l'entrée principal pour être sûr ?

Ca pouvait très bien être un piège. Le Jedi Noir était précédemment passé exactement ici pour capturer Jesyelle Kovanoa, et maintenant, c'est cet adepte du culte d'Ajunta Pall. C'était quand même étonnant comment tout le monde se rendait à ce point précis de cette ruelle précise.

YULPI – Je sais pas... Comment ça se fait que le Jedi Noir a pu venir capturer la Jedi qui m'accompagnait alors que notre venue n'était pas annoncée, puis ce zugzu du culte d'Ajunta Pall qui vient exactement au même endroit ? C'est quand même bizarre... Je veux bien imaginer que le chef du culte d'Ajunta Pall ait une certaine sensibilité à la Force qui lui donne des visions, mais... coup sur coup, deux personnes qui viennent nous trouver ici, à cet endroit précis... Et puis, je sais pas, si le culte de Marka Ragnos avait voulu permettre à ses membres de passer par les égouts pour trouver une entrée secrète, ils auraient laissé des symboles plus abstraits, une piste que seul un initié aurait pu suivre, pas juste une succession de logos, ou autant mettre des pancarte avec écrit “Entrée dérobée du Culte par ici”...

D'un autre côté, fallait-il d'abord avoir l'idée de passer par les égouts, et savoir que l'on cherchait des symboles du culte de Marka Ragnos. Et l'hypothèse d'un chef sensitif concernant le culte d'Ajunta Pall n'était pas impossible, ses visions auraient pu justifier une vénération autour de sa personne, lui donner une place de prophète. Yulpi ne savait pas... En pleine hésitation il suggéra :

YULPI – Peut-être qu'on peut s'approcher discrètement de l'entrée principale dans un premier temps, et voir comment ça se présente ? Si on le sent pas, on pourra toujours décider de passer par les égouts. Puis ces ruelles sont déjà suffisamment sales, j'avoue que si je pouvais éviter d'avoir à poser le pied dans les égouts, ça m'arrangerait...

Malaco, encore, avait des chaussures. Et de toute façon, à côté de ça, Yulpi n'osait pas imaginer la pestilence de vieux égouts dans un quartier aussi pauvre.

Observant les pieds du Gungan au commentaire de ce dernier quand à sa réticence d’aller dans les égouts, elle eu un petit rire amusé. Il était en effet complètement pied nue, ce qui ne devait absolument pas être pratique dans bien des situations. Il y avait aussi la réticence du Gungan à directement aller dans les égouts qu’elle pouvait à la fois comprendre, mais cela la fit également tiquer.

“Tu pense que les habitants d’ici ont le choix Yulpi? Ou bien le luxe des Jedis t’as déjà rendu trop grand pour te salir les pieds?”

Son ton était devenue sévère tandis qu’elle reprenait sa marche en direction du QG du culte, devant eux, des petites créatures se battait pour essayer d’avoir les reste d’un os d’une créature morte. Et au loin, ils pouvaient apercevoir un Twi’lek en train de fouiller dans un tas de détritus, portant un sac rempli de différents aliment -certains à moitié en décomposition-.

“Les Siths ne sont pas hypocrite au point de vouloir prétendre défendre tout le monde… Les Jedis en revanche… Dit-moi, est-ce que tu aurais été sur cette planète, dans ces bas-fonds… Si il n’y avait pas eu de mission de la part des Jedis? Ou bien serait-tu resté tranquillement au chaud au Temple, à continuer de cultiver la lumière et à te dire ce que tu fais est juste?”

Le ton était dénué de moquerie, c’était juste un fait et elle le savait. Déjà durant son temps chez les Jedis, son maître de l’époque, Jelo Balbowa lui avait fait remarquer cela. Les Jedis pour tout le bien qu’ils faisaient, peuvent également créer des soucis par leurs actions, ou bien manque d’action. Pendant des siècles la corruption s’était installé dans les secteurs de la République, et la machine qui pourtant -Malaco n’avait pas honte de l’admettre- partait d’une bonne idée était devenue un cercle vicieux.

“Je ne prétends pas le faire de mon côté, pourtant cette situation ne me laisse pas indifférent. Ces gens ont été conduit au point d’entrer dans des cultes pour se rassembler, pour se rassurer et avoir de l’espoir. L’espoir d’un changement de situation, un que les Siths pourront apporter.”

Elle regarda alors le Gungan une brève seconde, le laissant comprendre ce qu’elle impliquait.
“Cette situation était prévisible, laisse une population pauvre dans des conditions similaire trop longtemps, et elle n’aura bientôt plus rien à perdre et se soulèvera. La seule et unique raison pour laquelle nous sommes impliqué est parce ce que ces cultes sont impliqués. Il n’y aurait pas eu cela, les Jedis n’auraient pas prêté attention à cela et aurait décidé que ce n’était pas leurs affaires. Laissant une population livré à elle-même face à un gouvernement corrompu qui les laisse volontiers pourrir sur place.”

Elle fit une nouvelle pause avant de reprendre.
“C’est quelque chose qu’il m’a fallu quelques temps pour comprendre et accepter. Les Jedis vont t’expliquer que la paix est un but désirable… Que la paix de l’esprit est la manière dont la force est censé être utilisé… Qu’une non existence de conflit nous rend meilleurs.
Tu devrais pourtant le savoir, toi qui a vécu et survécu plusieurs années chez les Siths: c’est le conflit qui nous améliore, nous grandis. Si tu n’avais pas été capable de t’adapter et de devenir plus fort, tu n’aurais pas survécu six mois à l’intérieur des Siths. Tout comme ces gens sont forcé de s’adapter ou mourir. De se renforcer ou périr. Leurs situations n’est pas si éloigné de ce que les Siths font sans se cacher, et est une démonstration de ce que la galaxie est: un endroit dangereux où la loi du plus fort règnera toujours d’une manière ou d’une autre. Ce ne sont pas les règles instauré par les Siths… Mais par la Galaxie.”

Elle regarda alors Yulpi droit dans les yeux, le forçant à tenter de répondre à cela.
“La paix est un mensonge, il n’y a que la passion… La passion de continuer à vivre dans cette Univers, de vaincre les adversaires et triompher des obstacles… Triompher grâce à la Puissance offerte par la Passion… Puissance qui donne le Pouvoir… Pouvoir qui lui-même conduit à la Victoire. Et enfin certaines personnes vivantes ici parviennent à briser leurs chaînes et à sortir de cette enfer, pour ensuite recommencer le cycle à l’étage supérieur… Ou se contenter d’une existence un peu plus confortable… Dit-moi Yulpi, pense-tu sincèrement que les Jedis se sont fait cette observation? Et qu’ils puissent accepter que l’Univers ne va pas dans leurs sens?”

Le débat était lancé, et la Sith s’étonnait elle-même de la porté de ce qu’elle avait dit, connaissant tout cela sans réellement se l’être dit à haute voix… Mais plus elle avait parlé, plus elle avait renforcé sa propre croyance en la doctrine Sith. Cela lui paraissait si logique, si simple et pourtant si naturel. Qui sait, peut-être que le Gungan prendrait une autre vision des choses et tenterais de la contre-dire… Mais peut-être aussi qu’il se rendrait compte de l’hypocrisie Jedi. Tout en parlant, ils avaient continué de se rapprocher petit à petit du QG. Ils avaient encore quelques minutes tout au plus avant de devoir se reconcentrer.

Après avoir dit cela, Yulpi vit le regard de Malaco se poser sur ses pieds, justement, comme pour réfléchir à sa réticence, mais la Sith utilisa un argument bizarre, forcément engendré par sa haine des Jedis : elle voulut faire passer Yulpi pour quelqu'un qui jouait les précieux, comme si les Jedis vivaient dans le luxe. Ce n'est pourtant pas ce qu'il avait pu observer par lui-même. Quelque part, avoir accepté la proposition de Maître El'Dor presque un an plus tôt, alors qu'il avait été fait prisonnier, lui avait permis d'observer les Jedis par lui-même et de se confronter à tout ce qu'il avait pu entendre d'eux à l'Académie Sith de Korriban. S'il avait toujours du mal, lui-même, à comprendre pourquoi les Jedis ne s'étaient pas déplacés sur Naboo pour éviter la guerre, alors qu'ils se faisaient passer pour des défenseurs de la paix, nourrissant ainsi l'opinion qu'ils étaient une bande d'hypocrites, il ne reconnaissait toutefois pas tous les défauts qu'on leur prêtait. Il se rendait compte que beaucoup de gens à l'Académie Sith critiquaient les Jedis sans jamais vraiment avoir cherché à prendre du recul sur la guerre galactique.

Le cas de Malaco était différent puisqu'elle avait d'abord été une Jedi avant d'être une Sith, et c'était d'autant plus étonnant de la voir parler de la sorte. Comme si les Jedis s'estimaient trop nobles pour se rendre dans des endroits sales... Yulpi avait rencontré des Jedis aux compétences et aux sensibilités différentes. Ils n'étaient pas préservés de devoir parfois descendre dans les bas-fonds de Coruscant où tout n'était qu'ordures, puanteur et criminalité. Alors, vraiment, quel rapport entre le fait d'être un Jedi et le fait de ne pas avoir envie de descendre dans les égouts ? Quant à dire que les habitants d'ici n'avaient pas le choix, Yulpi ne comprit pas bien non plus : les égouts n'étaient que des égouts, pas des lieux de vie, hormis pour quelques mendiants qui n'avaient que cela comme abri, mais quoi qu'il en soit, on n'était pas censé y circuler, il y avait les ruelles pour cela.
Enfin, Yulpi avait de toute façon assez bien argumenté pourquoi il préférait d'abord essayer l'entrée principale.

De toute façon, il eut bien vite confirmation que les arguments de Malaco étaient biaisés, puisqu'elle se lança toute seule dans une diatribe contre les Jedis, alors que ça n'avait pas été le sujet et que cela ne faisait pas avancer leur mission. Malaco estimait que Yulpi n'était là que parce que les Jedis y avaient un intérêt égoïste, parce que la présence de cultes siths avait été repérée, sans quoi jamais les Jedis ne se seraient intéressés à ces bas-fonds de Ciutric IV. Yulpi avait de quoi répondre simplement à cela : pendant toutes les années passées en tant qu'Apprenti Sith, il n'avait jamais non plus eu l'impression de défendre la veuve et l'orphelin, et souvent ça avait même été le contraire.

Un argument qu'il n'eut même pas besoin d'exprimer, puisque Malaco fit quelque chose de très amusant : elle se rendit compte toute seule, en parlant, que le même reproche pouvait être fait aux Siths, alors elle joua encore une fois la carte de l'hypocrisie, la seule chose sur laquelle on pouvait concrètement attaquer les Jedis. Et c'était amusant parce que cela revenait à dire : « C'est vrai que les Siths s'en foutent royalement du sort de ces pauvres gens, mais au moins, nous, on ne fait pas semblant. »... Et alors ? Qu'est-ce que cela changeait ? Assumer que l'on s'en fout du sort de quelqu'un, ne fait pas de nous quelqu'un de meilleur que celui qui fera semblant de s'en préoccuper. Certes, il y a de l'hypocrisie d'un côté, mais le résultat est le même. L'honnêteté ne suffisait pas à faire des Siths des gens bons.

Malaco aurait, à la limite, pu réussir à faire réfléchir Yulpi avec une remise en question des Jedis qu'il avait décidé de servir depuis presque un an ; mais elle tua dans l'œuf ses efforts en parlant trop et en enchaînant par des propos avec lesquels Yulpi était profondément en désaccord.

MALACO – Tu devrais pourtant le savoir, toi qui as vécu et survécu plusieurs années chez les Siths : c’est le conflit qui nous améliore, nous grandit.

Justement, Yulpi ne s'était pas senti si peu à sa place pour rien : on avait estimé qu'il aurait dû “savoir” cela, mais il n'avait pas pu adhérer à cette vision des choses. Le conflit nous améliore ? La compétition, oui ; le conflit, non. On ne ressort jamais grandi en ayant fait du mal à autrui. On ne ressort pas grandi en assumant la guerre plutôt qu'en cherchant une solution pour la paix.
Comme pour achever de se mettre Yulpi en désaccord, elle conclut son argumentation avec une référence au Code Sith. « La paix est un mensonge. »... Pour celui qui n'avait pas envie d'y croire, oui. La puissance donnait le pouvoir...

YULPI – Mais je m'en fous du pouvoir ! Le pouvoir de quoi, d'abord ? D'avoir la vie des autres entre mes mains ? Tu crois vraiment que c'est ça qui m'intéresse ? Merci de me rappeler le Code Sith, ça me rappelle pourquoi je n'ai pas à regretter d'être parti, finalement.

Malaco venait de lancer le débat. Elle s'était peut-être confortée dans sa conviction, mais elle avait parlé deux fois trop. La première moitié de son monologue, si elle s'était arrêtée là, aurait pu faire douter Yulpi qui aurait eu besoin de réfléchir. Seulement, la seconde moitié avait tout cassé, et Yulpi n'avait plus à réfléchir : non, il était bel et bien en désaccord avec les valeurs des Siths.

YULPI – Tu dis que le conflit nous améliore, mais c'est nawak. La rivalité, la compétition, oui, d'accord, moi je suis un compétiteur. Mais massacrer des innocents, je vois pas en quoi ça me rend meilleur ! Tu dis que si j'avais pas été capable de m'adapter, j'aurais pas survécu six mois à l'Académie : ça montre bien que l'atmosphère est toxique ! Tu prouves juste ce que j'ai dit. Et puis quand bien même, s'adapter ce n'est pas approuver le conflit et encore moins y participer. Je vois vraiment pas en quoi se comporter comme un nazou assoiffé de sang avec ton voisin va te rendre la vie meilleure, ou lui rendre la vie meilleure à lui.

Les gens ne sortiraient-ils pas grandis en se montrant bienveillants les uns envers les autres, plutôt ?

YULPI – Alors oui, les Jedis sont hypocrites, tout ce qu'on veut. Mais toi-même tu sais que les Siths s'en jettent le pli de tissi de tous ces gens dans la misère ! Et si tu es là, c'est juste parce que l'Empire voit une opportunité de s'étendre, point ! Faut vraiment être naïf pour penser que l'Ordre Sith va soutenir ces cultes juste parce qu'ils redonnent la foi aux gens et que ça leur fait du bien ! Les Siths veulent le pouvoir, c'est écrit dans leur foutu Code, et là ils ont juste l'occasion de prendre le pouvoir sur cette planète alors ils tentent leur chance ! Et toi t'es là pour ça, c'est tout. Mais les gens qui vivent dans ces bas-fonds ne vivront pas plus libres ou plus heureux si la planète rejoint l'Empire ! Et peut-être même que ça ne sera pas mieux non plus si elle rejoint la République, j'en sais rien ! Mais moi j'agis à mon échelle et j'essaie d'apporter mes valeurs où elles peuvent être utiles. Et ce qui est sûr, c'est qu'à l'Académie, je passais juste pour un cabotin.

Même aux yeux de Tisjess, son Maître. Yulpi, au fond de lui, s'en voulait toujours un peu de l'avoir trahi, pourtant.

YULPI – A un moment, je me suis fait capturer par des soldats républicains, et j'ai eu une proposition, ça m'a permis de discasser. Je regrette juste un peu parce que c'est ingrat pour mon Maître, pour tout ce qu'il m'a apporté. Sans lui je serais resté dans les ruines d'une ville sans aucune famille. Mais à un moment, ce n'était plus possible pour moi de rester sur Korriban, à devoir écouter un Code qui ne me va pas, à devoir écraser des populations pour servir de mauvais intérêts, à devoir estimer que rien n'avait d'importance à part ma propre bigne... Et tous ces nazous qui me rendaient la vie infecte à l'Académie... Pense ce que tu veux des Jedis, mais je me sens mieux dans leur Temple. Et moi je vais faire en sorte que leurs paroles, bah... ne soient pas que des paroles, justement. C'est toujours mieux que d'assumer que la paix c'est de la merdasse.

Et pour en revenir sur la phrase de départ :

YULPI – Ei si je préfère éviter de descendre dans ces égouts, c'est juste parce que c'est dégueu, et parce que je sais pas, comme je t'ai dit, si on peut faire confiance au zugzu qui est venu nous donner son indication, là. Si je te dis de te rouler dans de la bouse de bantha, tu vas vouloir être sûre que y'a pas d'autre solution. Bon bah voilà, c'est pareil. Alors toi tu peux parler avec des grosses chaussures mais y'a pas que ça de toute façon, y'a l'odeur et tout le reste... J'ai pas envie de dégueuler parce qu'un inconnu est venu me baver dans les esgourdes. Bon alors on fait quoi ?

La jeune femme écoutait avec attention le Gungan -tout en essayant de comprendre au mieux son jargon si... Particulier-, exposant son propre point de vue sur les Siths et la Galaxie. Elle devait bien admettre que ce Gungan l'impressionnait par sa volonté d’essayer de faire le bien là où il pouvait. Un peu comme elle auparavant, cependant elle dans son cas avait été abandonné, rabaissé et laissé pour mort par ceux qui l’avait élevé pendant tant d’année, son coeur n’avait plus véritablement de place pour la compassion ni même l’envie de s’en donner la peine. Les Siths l’avaient déjà formé à ne plus penser véritablement comme une Jedi, et l’épanouissement qu’elle avait ressentie ne l’avait que conforter dans son choix.
Cependant, l’annonce que Yulpi voulait que ses paroles soient plus que des paroles la toucha. Et elle eut un sourire dénué de moquerie, mais simplement de respect.

“J’espère que tu tiendra ta parole. Que tes actes feront honneur à ce que les Jedis sont censé représenter… Mais pour y arriver, que tu le veuille ou non il te faudra devenir plus puissant, plus à l’aise dans la Force. Tu peux ne pas accepter la voie des Siths, mais en prenant l’occasion d’y échapper. Tu à fait un choix que d’autres n’ont pas pu ou voulu faire et sont désormais mort.”

Continuant de marcher, elle savait que c’était étonnant d’entendre cela de la part d’une Sith. Elle expliqua alors.
“J’ai durant une mission rencontré un Maître Jedi qui aurait put me tuer, ou me capturer facilement et me ramener au temple. Mais il ne l’a pas fait, il avait compris que ma place n’était plus avec la République et que je devais trouver ma propre voie, les Siths me conviennent. Ce n’est pas l’endroit le plus agréable loin de là. Mais désormais je me sens être plus qu’une raté pour mes pairs… Et je sais désormais à quoi m’attendre avec les Siths, tandis que les Jedis sont plus… subtiles dans certains de leurs actes.”

Elle prit une grande inspiration avant de continuer.
“Peut-être d’ailleurs que les Siths au final ne servent qu’à faire ressurgir des individus comme toi. J’ignore si l’Empire vaincra la République, mais je sais que tant que ce conflit continuera, la Galaxie continuera de changer.”

Elle se tourna alors vers le Gungan, terminant finalement.
“Peut-être qu’avec des Jedis comme toi, elle deviendra véritablement un meilleur endroit.”


Se retournant alors, elle s’aperçut que le duo n’était désormais plus très loin de l’entrée d’un imposant Bâtiment, portant le sigle de Marka Ragnos et…
“Par la Force…”

Elle ne put retenir sa surpris en apercevant au loin un grand groupe de fidèle se tenant devant le bâtiment, chacun était armée. Mais le plus incroyable était qu’une tourelle fixe lourd anti-personnel était également installé. Et chacun des individus semblaient prêt à user de leurs armes qui semblaient particulièrement en bonne état…
“Cet armement, c’est d’une qualité au dessus que ce qu’à le Culte que dirige Belize…” Dit-elle en observant les armes de loin, et surtout cette tourelle.
“Soit ils ont un fournisseur local… Soit ils ont quelqu’un qui leurs file du matos, ou les finances.”
Cette armement était trop neuf pour être une chose facile à trouver pour des habitants du bas quartier. En tout cas, elle était certaine désormais d’une chose.
“On ne pourra pas forcer le passage par ici… Désolé, mais tu va devoir te salir les pieds.” Dit-elle en envoyant une petite tape “amical” tout en faisant de nouveau demi-tour, se dirigeant vers la bouche d’égout.

Décidemment, Malaco pouvait avoir des réactions étonnantes. En tant que Sith convaincue, elle devrait maintenir sa position dans ce débat philosophique avec Yulpi, et le considérer a minima comme un paria ; c'est en tout cas ce que se figurait Yulpi qui se méfiait toujours de la Sith, s'estimant en menace de mort puisqu'il était à la fois un déserteur et un Jedi, deux informations que Malaco possédait. Il pouvait donc très bien se faire manipuler par la Sith pour se faire finalement éliminer après l'avoir aidée dans sa mission au prix d'un énorme mensonge. Yulpi ne savait pas du tout si Malaco pouvait être ce genre de personnes, mais partait du principe que c'était probablement le cas ; aussi ne finissait-il pas d'être dérouté.

Car Malaco ne chercha pas à lui tenir tête dans ce débat philosophique, elle eut même des paroles que l'on pourrait considérer comme... bienveillantes ? Certes elle n'oublia pas le Code Sith et ainsi conseilla à Yulpi de chercher la puissance, mais elle l'encouragea dans sa démarche, ce à quoi Yulpi ne s'était pas attendu. Soit Malaco en faisait trop, mettait beaucoup trop de zèle dans sa tentative de duperie, soit elle n'était pas si radicale. Après tout, elle avait été Jedi d'abord, avant d'embrasser la cause des Siths ; c'est peut-être cela qui expliquait ses propos. Elle souhaitait que Yulpi réussisse chez les Jedis là où elle avait échoué – là où les Jedis eux-mêmes ne lui avaient pas permis de réussir.

MALACO – Peut-être d'ailleurs que les Siths au final ne servent qu'à faire ressurgir des individus comme toi. J'ignore si l'Empire vaincra la République, mais je sais que tant que ce conflit continuera, la galaxie continuera de changer. Peut-être qu'avec des Jedis comme toi, elle deviendra véritablement un meilleur endroit.

Yulpi fut mis au silence. Il ne sut pas quoi répondre à cela. Aucune réaction satisfaisante ne lui vint. Il se méfiait trop pour simplement sourire et remercier la Sith, mais il ne pouvait pas non plus se permettre de mettre en doute sa sincérité au risque de la heurter alors que c'était trop beau d'entendre cela.

Mine de rien, ils avaient pas mal marché en dialoguant, et Malaco n'attendit pas une quelconque réaction de Yulpi, se reconcentrant sur leur objectif dont ils s'étaient considérablement approchés. Quelques instants plus tard ils eurent en vue l'entrée d'un imposant bâtiment portant le signe de Marka Ragnos, celui-là même qui avait été peint au sol à l'endroit où Jesyelle Kovanoa avait été capturée. Seulement, la foule qui attendait devant les portes n'avaient rien à voir avec celle du culte de Freedon Nadd : ici les gens étaient tous armés, avec du matériel de bonne facture, et une imposante tourelle fixe anti-personnelle avait même été installée. Tout le monde semblait ici prêt à réagir au quart-de-tour pour éliminer toute présence intruse sans sommation.

Malaco remarqua l'étrangeté de voir les cultistes disposer d'un tel équipement : soit ils avaient un fournisseur local, soit ils avaient un investisseur.

YULPI – En tout cas l'Empire n'a rien à voir avec ça ?

se hasarda Yulpi en se doutant de toute façon de la réponse. Il avait espionné la conversation entre Malaco et Klyar Belize, et la Sith n'était pas venue ici pour discuter avec le culte de Marka Ragnos. De toute façon, si l'Empire avait financé ou carrément fourni tout cet équipement militaire aux cultistes, alors Malaco ne chercherait pas un moyen d'entrer en douce sans se faire remarquer : il lui suffirait d'allumer son sabre-laser pour être accueillie à bras ouverts.

YULPI – Question bête, désolé...

Il fallait se rendre à l'évidence :

MALACO – On ne pourra pas forcer le passage par ici... Désolé, mais tu va devoir te salir les pieds.

Yulpi ricana... de dépit.

YULPI – Et bien s'il le faut... Allons crapahuter dans la bouillasse merdique. Je pense que je vais faire de l'apnée, donc évite de me causer une fois là-dedans.

Les Gungans n'étaient pas seulement capables de respirer sous l'eau grâce à leur organisme amphibie, exactement comme les batraciens, ils disposaient également d'une apnée sans commune mesure avec les races mammifères telles que les Humains ou les Togrutas. Yulpi comptait bien respirer l'air des égouts le moins possible. Il suivit Malaco jusqu'à la bouche d'égouts et la laissa descendre en premier avant de l'imiter. L'échelle n'était en elle-même pas si sale, seulement un peu rouillée par endroits et très froide, mais Yulpi ne fut pas trop dégoûté d'y poser les mains et les pieds. L'échelle donnait sur une passerelle métallique maillée, fixée le long du mur, permettant de traverser le couloir des égouts en marchant au-dessus du canal d'eaux usées.

La pestilence du lieu prit Malaco et Yulpi au nez de façon fulgurante et assez dévastatrice. Yulpi appliqua son idée de retenir sa respiration, et poussa Malaco à marcher le plus vite possible sur la passerelle. Cette texture maillée évitait tout dépôt humide, ainsi le métal restait sec ; les espaces étaient suffisamment petits pour que les orteils du Gungan ne risquassent pas de se coincer et de se tordre, et même si marcher dessus n'avait rien de confortable, au moins c'était toujours mieux que de patauger dans des eaux putrides. Yulpi grimaça en marchant sur le maillage métallique, mais au fond de lui, il était bien content que ce ne fût pas “si pire” que ce qu'il avait imaginer : il n'allait pas tant que ça se « salir les pieds ».

Le problème qui se posait maintenant est que Malaco et Yulpi n'avaient aucun plan des égouts et risquaient de facilement se perdre. Yulpi essaya de retenir dans quelle direction se trouvait le bâtiment du culte, et marcha le plus possible dans cette direction avec Malaco, mais tous deux furent parfois bloqués par une grille fermée, ou carrément par un mur et un couloir qui n'allait pas dans la direction souhaitée mais qu'il fallait suivre à défaut de faire demi-tour.

Et, enfin, Yulpi repéra un indice : sur le mur auquel était fixée la passerelle, un symbole de Marka Ragnos. Yulpi, restant en apnée, tapota l'épaule de Malaco et pointa le symbole du doigt.

La Togruta eu un petit rire en voyant le Gungan véritablement prendre sa respiration avant de descendre dans les égouts, puis son rire devint un haut-le-coeur et elle failli rendre son déjeuner. Sa peau devenant visiblement plus pâle, elle lui fallut plusieurs secondes avant de pouvoir finalement se reprendre.
“... La bouse de Rancor à meilleur odeur que ça…” Dit-elle finalement, avant de noter le regard curieux du Gungan. Elle s’expliqua alors vite fait, légèrement embarrassé par cette phrase réflexe.
“Longue histoire, le Zoo de Bakura quand j’était Padawan… Enfin c’est pas important!” Termina t-elle en balayant le sujet de la main.
Commençant à marcher et à tenter de suivre un chemin qui pouvait paraître logique et surtout se rapprochant du QG du Culte de Marka Ragnos, par chance le duo était sur une passerelle empêchant de mettre les pieds dans l’eau.

Le soucis était que ces égouts étaient un véritable labyrinthe potentiellement mortel. Des grilles fermés -que le duo aurait pu couper au sabre-laser mais cela aurait prendre un risque de complètement se perdre-, des culs de sacs, et même quelques portions à moitié effondré.
Après quelques instants à contempler un enième passage sans issue, elle sentit le Padawan le tapoter dans le dos et elle remarqua alors le symbole sur le mur. Cependant ce mur a leurs hauteur ne présentait pas d’issue évidente… Elle eu alors un mauvais pressentiment, et regarda au niveau de l’eau… Il y avait un tunnel qui était situé directement en dessus de la position du sigle.

Elle lui pointa alors du doigt l’entrée du tunnel situé en dessous d’eux et poussa un petit soupir amusé et résigné. Ils allaient vraiment devoir se mouiller les pieds.
Se lançant en première, la Togruta atterrissa dans l’eau avec un petit claquement aquatique de l’eau, créant des remous dans le liquide nauséabonds qui lui arrivait aux chevilles uniquement. Si l’odeur était terrible sur la passerelle, elle l’était encore plus directement à hauteur de l’eau et la Sith pouvait clairement distinguer des cadavres de petites rongeurs en décompositions, ainsi que diverses choses allant du papier, au morceau métallique, à même quelques excréments.
Une fois rentré de cette mission, elle prendrait une douche de plusieurs heures et brûlera ses vêtements.

Seulement il y avait un nouveau soucis. Ce tunnel n’était pas éclairé et la faible lumière déjà présente ne suffirait pas. En conséquence, la Sith pris en main son sabre-laser et l’activa. Le déclenchement de l’arme résonna dans les égouts -comme n’importe quelle bruit-.
La lueur rouge de l’arme qu’elle plaça devant elle offrait une source tout juste suffisante pour voir ce qu’il y avait devant elle. D’un geste, elle fit signe au Gungan de rester derrière elle et elle reprit la progression, et pendant plusieurs minutes interminable elle continua de marcher sans que rien ne vienne véritablement troubler le duo.
La Togruta songeait à Yulpi, ce Gungan semblait avoir vue pas mal de choses et visiblement les Siths n’avaient pas réussi à le convaincre de la justesse de leurs philosophie. D’un côté, elle pouvait comprendre pourquoi le padawan trouvait l’idée des Jedis attirant: une seconde chance pour tenter de défendre une idée de la justice. Mais pour la Togruta, les Jedis pouvaient être tout aussi dangereux si ce n’est plus que les Siths… Après plusieurs mois passé chez les Siths, elle s’était rendu compte que les plus fervents défenseurs de l’Ordre Jedi paraissait presque isolé de la galaxie. Elle se souvient encore de ce Maître Jedi expliquant que lutter contre la corruption n’était pas de leurs ressorts à une civil. Que cette affaire ne les concernaient pas… Il n'eut rien à répondre cependant quand la civile lui expliqua qu’un officiel politique dont ce même Maître Jedi avait accompagné quelques jours plus tôt était responsable d’un traffic de bâton de la mort. Si ce n’était “tel était le chemin tracé par la Force”... Puis quelques excuses comme quoi la République pouvait forcément s’occuper de ce problème.
A l’époque elle avait naturellement penser que le Maître Jedi avait raison, mais aujourd’hui...
La Togruta fut distraite par la nouvelle pièce dans laquelle le duo arriva: une petite pièce circulaire où débouchait le tunnel… Et d’où partait d’autres tunnels Ils n’avaient plus les pieds dans l’eau, le terrain étant visiblement légèrement surélevé, mais l’odeur restait tout aussi nauséabonde.. Les sensitifs remarquèrent aussitôt un second symbole de Marka Ragnos au dessus d’un des tunnels, mais la chose plus pressante était un bruit de plusieurs créatures arrivant depuis l’un des tunnels.

“Des rats…” Dit-elle en pointant du doigt la masse de vermine sortant de l’orifice.
Une dizaine de rats, dont les plus gros faisaient facilement 40 centimètres de longueur les encerclèrent en quelques secondes et leurs yeux affamés ne laissaient que peu de doute sur leurs intentions.
Les rongeurs sautèrent alors à l’attaque. Forçant le duo à se défendre dans un espace réduit, avec pour seul lumière celle des sabres-lasers.

Ce symbole peint sur le mur était censé indiquer qu'ils étaient dans la bonne direction, sauf que le couloir menait à une impasse. Revenir en arrière pour ouvrir une grille au sabre-laser serait plus qu'hasardeux, et de toute façon, s'ils ne l'avaient pas fait d'emblée, c'est parce que ces symboles devaient permettre aux avertis de traverser les égouts dans la bonne direction, sans doute sans avoir besoin de franchir des grilles verrouillées. Les deux utilisateurs de la Force auraient juste risqué de se perdre s'ils avaient décidé de franchir ces obstacles. La suite du chemin était censé être là, sous leurs yeux.

Ou plutôt : sous leurs pieds. A son tour Malaco tapota l'épaule de Yulpi pour lui montrer le tunnel qui naissait sous la passerelle, à même le sol. Le chemin était donc emprunté par les eaux usées. Ils allaient devoir patauger dans cette boue putride dans laquelle la moindre plaie cutanée s'infecterait en une poignée de secondes. Ce sont bien les seuls moments où le Gungan se disait que les Togrutas et autres races plus proches des Humains avaient de la chance de porter des bottes.

Malaco prit les devants. Yulpi la suivit en essayant de marcher le plus possible contre le mur, le problème étant que la voûte du tunnel était basse, les murs étaient courbés sec et Yulpi devait s'incliner sur le côté avec un équilibre précaire pour poser les pieds au plus près du mur. Autant dire qu'il faillit plusieurs fois se casser la figure et s'étaler à quatre pattes dans le ruisseau de merde qu'il cherchait précisément à éviter. Par ailleurs, il dut reprendre sa respiration pour renouveler son apnée, ce qui l'étourdit l'espace d'un instant. Sur ce point, Malaco était moins bien lotie que lui.

Heureusement le tunnel mena à une pièce dont le sol central était surélevé, les eaux usées circulant par des caniveaux sur le périmètre. Dès qu'il le vit, Yulpi bondit sur ce sol sec, alors que Malaco l'avait fait rester derrière elle jusque là en éclairant l'endroit avec son sabre-laser pour eux deux. Dans cette pièce se rejoignaient quatre tunnels, dont celui par lequel ils arrivaient, et un autre qui portait au-dessus de son entrée le symbole de Marka Ragnos, confirmant que les deux utilisateurs de la Force étaient sur le bon chemin.

Avant qu'ils ne puissent s'y engager, de multiples couinements se firent entendre, semblant venir de toutes les directions à la fois à cause des échos. Mais c'est d'un seul tunnel que déboula une bonne dizaines de gros rats sanguinaires. Il ne s'agissait pas de gentils petits rats d'égouts qui, même affamés, ne se seraient jamais attaqués à des proies de la taille d'un Togruta ou d'un Gungan ; les bestioles mesuraient pour certaines quarante centimètres de long sans compter la queue, et en attaquant en groupe, elles pouvaient sûrement tuer un chien kath.

Pour se défendre, pas le choix, Yulpi et Malaco durent utiliser leurs sabres-lasers. Si avant de partir en mission, on avait dit à Yulpi qu'il aurait à se battre au sabre-laser contre des rats sanguinaires dans des égouts, il aurait eu du mal à le croire. Et pourtant il était là, à agiter son sabre-laser pour trancher une, deux, trois bestioles qui essayaient de se jeter sur lui, au milieu de cette atmosphère nauséabonde, Malaco se battant dans son dos. L'importance de ne surtout pas subir de morsure de la part de ces bestioles était d'autant plus forte que l'infection serait assurée. Yulpi n'aurait jamais cru avoir autant d'adrénaline à trancher des rats. Quatre. Cinq. Malaco en tua autant de son côté. Les voilà sains et saufs.

YULPI – Pfiou... Jalbi ! Satanés plitasses de ratous !

Pendant le combat, il en avait négligé la pestilence ambiante, mais maintenant que l'adrénaline retombait, cela se rappela très vite à ses larges et profondes narines.

YULPI – Ca va, toi ? T'as pas été mordue ?

demanda-t-il en vitesse avant de reprendre son apnée. Suite à ce combat pour le moins insolite bien que loin d'être dénué de danger, les deux utilisateurs de la Force s'engagèrent dans le tunnel marqué du symbole de Marka Ragnos. Un autre bruit leur vint aux oreilles mais il n'avait rien à voir. Il venait d'en haut, au-dessus du plafond. Un bruit sourd, continu, comme un brouhaha étouffé par le sol. Bientôt Malaco n'eut plus à éclairer avec son sabre-laser car ils trouvèrent des néons sur le tunnel, et, bénédiction, …

YULPI – Une échelle !

Ils y étaient. L'échelle menait à une bouche d'égouts, et d'en dessous, Yulpi et Malaco pouvaient mieux entendre les gens discuter à la surface. Cela signifiait malheureusement que des gens pourraient les voir sortir.

YULPI – Ce passage est emprunté par les adeptes, mais je sais pas trop si on va pouvoir se faire passer pour des adeptes, là... Attends, laisse-moi repérer un peu les lieux. Attends ici.

Yulpi se concentra dans la Force et disparut aux yeux de Malaco. En scrutant bien à la lueur des néons, la Togruta pouvait éventuellement discerner la silhouette floue du Gungan, comme un tremblement dans son champ de vision, mais il fallait vraiment prêter l'œil. Yulpi grimpa l'échelle, et le plus lentement possible, déplaça la bouche d'égouts. Il sortit sans être vu, et personne à la surface ne remarqua que les égouts étaient ouverts. Un groupe de conversation se situait à trois mètres de là, c'était le plus proche. Le temple était là, à une quinzaine de mètres, mais les égouts donnaient sur le côté de celui-ci, Yulpi n'en voyait donc que le mur latéral. Forcément, si près du temple, beaucoup de gens étaient attroupés, ce qui expliquait le brouhaha entendu depuis le tunnel des égouts. Au moins, ils étaient dans l'enceinte des grilles, et partant de là, ils pouvaient entrer dans le temple en outrepassant les dispositifs de sécurité extérieurs. Mais comment se fondre dans la masse ?

Les adeptes portaient des vêtements ordinaires. Aucun uniforme ne les distinguaient en tant qu'adeptes du culte. En revanche, Yulpi finit par remarquer un détail : toutes les personnes présentes portaient le symbole peint soit sur le front, soit sur la paume de la main – en général la main gauche. Yulpi ne savait pas si cela avait une signification différente en fonction de l'emplacement, peut-être que cela permettait juste d'accepter les individus qui avaient les mains gantées ou le visage masqué. C'était peut-être au choix selon la préférence de l'adepte. Il ne s'agissait pas de tatouages permanents. Les adeptes pouvaient ainsi effacer ce symbole quand ils reprenaient leur vie en-dehors du temple. Mais ici, c'était une marque de reconnaissance.

Yulpi marcha un peu sans savoir exactement ce qu'il cherchait, espérant que Malaco allait bien l'attendre en bas de l'échelle sans faire de bêtise. Il longea le mur du temple vers l'entrée, et là, à l'angle, il trouva quelque chose d'intéressant : sur une petite sculpture en saillie, était mis à disposition des gens un marqueur noir, du type utilisé par les adeptes pour se dessiner le symbole sur la peau. Yulpi, toujours invisible grâce à la Force, s'empara du marqueur et revint à l'échelle.

YULPI – Malaco, c'est Yulpi, j'ai trouvé.

Il descendit l'échelle et mit fin à son camouflage. Il montra victorieusement le marqueur.

YULPI – Tous les adeptes ont le symbole de Marka Ragnos dessiné sur le front ou sur la main gauche. On a juste à faire pareil et on va pouvoir sortir par cette échelle sans être suspects.

Yulpi débouchonna le marqueur et approcha ses mains de la tête de Malaco, prêt à lui dessiner le symbole sur le front.

Abaissant son sabre après s’être occupé de la vermine qui les avait entouré, la Togruta se contenta d’un pouce levé en l’air pour signaler qu’elle allait bien. Les rats n’avaient pas été un véritable danger pour les deux utilisateurs de la Force, cela aurait d’ailleurs été une fin bien idiote pour les deux si cette vermine les avait vaincu. Non mais franchement, un rat qui tue un Sith? Et pourquoi pas un droïde astroméchano tuant un Seigneur Noir des Siths?

Reprenant la marche en direction du symbole et de son chemin, le duo ne tarda pas à arriver à une issue. Le soucis était qu’elle était visiblement visible par de nombreuses personnes et là: Malaco se retrouva bloqué, elle ignorait comment procéder par la suite. Cependant, Yulpi avait eu une idée… Et disparaissa de sa vue. Elle retint un cri de surprise et pu en se concentrant fortement apercevoir légèrement les contours de Yulpi… Voilà comment il avait réussi à l’espionner.
*Ah bah putain!* Résonna la voix mental de Vira qui apparut alors, observant la bouche d’égout s’ouvrir et délicatement se refermer. Puis regarda Malaco d’un air amusé.
*Faut absolument que l’on apprenne ce coup! Devenir invisible, c’est quand même fort! Imagine ce que l’on pourrait faire avec?*
*S’approcher en douce d’une cible avant de la tuer?*
*Et surtout aller mater les autres dans les douches!*
*...*
*... Quoi?*

Malaco poussa un soupir, Vira était du duo interne de la Togruta celle qui était la plus jeune techniquement, et la plus immature sur bien des points.
*Sinon, tu compte réellement le laisser en vie après cela?*
Elle pouvait également être bien plus sérieuse. La réponse vint sans hésiter.
*Oui.*
*Pourquoi?*
*Les jedis m’ont trahi, m’ont abandonné et m’ont envoyé dans ce qui était un piège évident sur Gree… Je ne reviendrais pas sur mes promesses comme eux l’ont fait pour moi. Je suis Sith désormais… Mais je ne reviens pas sur une promesse sans bonnes raisons, sinon je ne vaudrait pas mieux que ces types.*

Son double eu un petit rire avant d’acquiescer, visiblement en accord avec la résolution de Malao avant de disparaître, peu de temps après, la bouche d’égout s’ouvrit de nouveau et après quelques secondes le Gungan apparut alors, ayant un marqueur. Il expliqua alors la raison de ce marqueur. Prévu pour que les gens puissent s’identifier en tant que membre du culte de manière visible à l’intérieur. Il se rapprocha alors de son front mais elle le stoppa, désignant sa main.
“Ici. D’ailleurs, je pense qu’on peut considérer ces deux marques comme la marque n°3 et n°4 de la petite divination… Il n’en reste plus qu’une.” Dit-elle simplement en fixant le Gungan des yeux.
“C’est où que tu as appris ce coup de devenir invisible? Sith ou Jedi? C’est comme cela que tu m’a espionner?” Lui demanda t-elle d’un ton curieux. Légèrement amusé par la proposition de d’utilisation de cette technique par Vira quelques instants plus tôt: c’est vrai que cela pouvait être pratique et elle devait admettre que certains des Siths sur Korriban étaient plutôt… Mignon.

Désignant le dos de sa main, la Togruta signifia au Gungan qu'elle préférait se faire dessiner le symbole sur cette partie du corps plutôt que sur le front. La main droite du Gungan tenait le marqueur et il attrapa celle de Malaco avec l'autre main, se concentrant pour dessiner un symbole propre.

MALACO – C'est où que tu as appris ce coup de devenir invisible ? Sith ou Jedi ? C'est comme cela que tu m'as espionnée ?

Yulpi s'interrompit un instant, levant ses yeux dans les siens, puis détournant le regard d'un air presque gêné. Il se pinça nerveusement l'oreille avec la main droite, se mettant maladroitement un coup de marqueur dessus, ce qu'il sentit ; alors il changea le marqueur de main pour se frotter l'oreille à l'endroit où il s'était fait un trait involontaire pour l'effacer, maintenant qu'il avait une bonne raison de le faire sans que ce ne fût juste nerveux.

YULPI – Bah... oui... Ca fait quelques années que je maîtrise ce pouvoir. Donc c'est chez les Siths.

Il se racla la gorge et rattrapa la main de Malaco pour finir de lui dessiner le symbole. Satisfait, il donna le marqueur à sa binôme Sith afin qu'à son tour elle le grimât de ce même symbole, choisissant de l'avoir en évidence sur le museau, pour sa part. Il n'avait pas de quoi observer son reflet et espérait que Malaco fasse quelque chose de propre. Du coin de l'œil il pouvait tout de même voir une partie de son museau pour observer le résultat, les Gungans ayant une morphologie faciale atypique avec les yeux extérieurs au crâne, faisant partie des rares races dans ce cas avec par exemple les Grans. De toute façon, Malaco n'avait aucun intérêt à faire n'importe quoi et à empêcher son binôme de se faire passer pour un cultiste.

Quand Malaco eut fini, ils purent sortir par l'échelle, et le Gungan ne fut vraiment pas mécontent de retrouver le contact de la terre sous ses pieds, plutôt que celui d'une grille métallique ou, pire, des tunnels vaseux et putrides des égouts. Quelques personnes glissèrent un regard vers eux mais sans expression particulière : les deux espions n'étaient pas les premiers ni les derniers “cultistes” à arriver par les égouts. Yulpi montra à Malaco où il avait trouvé le marqueur afin qu'il fût remis à sa place. Il marcha ensuite jusqu'à se présenter devant les portes du temple. Sous la surveillance de quatre sentinelles, les cultistes pouvaient aller et venir. Le filtrage s'effectuait à la porte des grilles, mais une fois dans l'enceinte, chacun faisait à peu près ce qu'il voulait. Yulpi osa donc poser le pied à l'intérieur du temple, et on ne lui dit rien. Parfait.

La salle aux larges dimensions et au plafond très haut créait de l'écho à toutes les discussions basses qui se tenaient à l'intérieur, comme dans un édifice religieux. Il y avait quelques bancs mais la plupart des cultistes restaient debout pour discuter, ou alors d'autres se prosternaient devant une statue mettant en valeur Marka Ragnos avec ce qui ressemblait à un holocron dans la main droite, à hauteur de visage, un air affirmé voire conquérant. Des cierges et des oriflammes entouraient la statue et la couleur rouge dominait. Distraitement, Yulpi put entendre un cultiste exprimer à ses interlocuteurs sa conviction que l'esprit de l'ancien et vénérable Seigneur Sombre, Sith de race de sang pur, pouvait encore apparaître, et que le culte ne devait pas simplement préserver sa mémoire mais attendre sa parole.
Cela ne disait pas où était retenue Jesyelle Kovanoa... Yulpi glissa discrètement à Malaco :

YULPI – Tu attires moins le regard que moi. Essaie d'écouter les conversations, la capture d'une Jedi doit forcément être le sujet du moment, on va bien trouver une personne qui parle de ça.

“Je vois, au moins les Siths t’auront donné quelques trucs utile.” Dit-elle avec un léger sourire mi-sérieux, mi-sarcastique en observant la main et le symbole dessus. Puis elle prit possession du stylo, avant de commencer à dessiner sur le museau du Gungan le symbole qui allait leur permettres de passer de manière plus discrètes. Cela se révéla légèrement plus difficile qu’elle ne l’aurait cru avec la morphologie gungan si particulière. Finalement après quelques petits efforts, elle fut satisfait du résultat.
“Oublie pas de planquer ton sabre, ce genre d’objet peut attirer l’attention.” Dit-elle en cachant le sien sous ses amples vêtements.
Et tous deux grimpèrent l’échelle, essayant d’agir de la manière la plus naturel possible, mais ils sortirent sous les yeux d’un duo qui ne leurs prêtèrent pas plus d’attention que cela. Visiblement l'entrée n’était pas particulièrement surprenante.

Observant et suivant alors Yulpi. Le duo parvint enfin à entrer à l’intérieur et là enfin purent découvrir l’endroit qui allait peut-être être le dernier bâtiment dans lequel on les verra s’ils se foiraient… C’était un sacré temple, plus impressionnant encore que l’autre qu’elle avait put observer… Et naturellement sur le temple se trouvait le sigle. Si elle ne se trompait pas dans son calcul, et en comptant les deux marques sur elle et le gungan, cela faisait 5.
Bah, qu’importe, ils étaient entrer et c’était tout ce qui comptait désormais.
Au bout de quelques instants, le gungan lui conseilla de s’approcher pour écouter les conversations, risquant moins d’attirer l’attention. Ce n’était pas faux, les gungans n’étaient déjà de base pas légions et rare étaient ceux qui quittait Naboo. Hochant la tête, elle se sépara alors de Youpi tout en espérant qu’il ne s’attirerait pas les ennuies.

Se rapprochant alors d’un groupe de 5 individus aux espèces variés, elle commença à écouter et fut rapidement déçu de voir qu’ils ne parlaient que de conquêtes de la ville et autres utopies… Jusqu’à ce que cela se produisit.
“Excusez moi mes frères, mais la lame rouge du Seigneur m’a demandé de le rejoindre assez rapidement dans la salle noir. Notre invité nécessite des soins.”
Lame rouge, un terme qu’elle avait déjà entendu mais qui ne devait pas avoir la même définition ici, pourtant cela ressemblait au titre que porterait un utilisateur de la Force avec un sabre. Quand à la salle noir, son instinc lui disait qu’il s’agissait d’un donjon, ou une salle de prisonnier.
Cherchant du regard le Gungan, elle lui fit signe des yeux de se rapprocher petit à petit sans pour autant la coller. Tandis qu’elle commençait à suivre de manière discrète le cultiste -un Twi’lek à la peau verte-.

Après quelques instants à marcher dans la grande salle, le Twi’lek entra dans une petite situé dans un coin de la grande salle. En cas de tentative d’évasion, le prisonnier n’aurait pas d’autre choix que de passer par la salle principal… C’était… Malin. Cependant, la Togruta ne pouvait s’empêcher de se sentir observer, elle n’aimait pas cela. Au bout de quelques instants, elle vit alors une figure sombre accompagné du Twi’lek quittant la pièce… Et la Togruta reconnut un sabre-laser pendouillant à la ceinture du grand individu.
C’était un Humain, ou du moins un proche humain. Les yeux jaunes baignant dans le côté obscur, elle devinait aussitôt qu’il s’agissait d’un ancien Sith même si elle ne pouvait dire exactement à quel dangerosité il s’élevait… Le Sith s’éloigna alors au loin, se dirigeant vers la porte principale du temple qui entrait encore plus profondément à l’intérieur du Temple… Voilà peut-être la seul et unique occasions qu’ils auraient de pénétrer à l’intérieur de la pièce…
Elle interrogea du regard le Gungan, cherchant à avoir son avis.

Qu'est-ce que les Siths lui avaient « au moins » appris ? A se dissimuler dans la Force ou à dessiner ? Le timing de la remarque laissait presque le doute. Dans les deux cas, c'était absurde. Ca semblait invraisemblable que Malaco parle du dessin, elle n'allait pas vanter les Siths comme de bons professeurs d'arts plastiques, et juste pour reproduire au marqueur un petit symbole, nul besoin de grandes qualités de dessinateur. La remarque s'incrivait beaucoup plus probablement dans la continuïté de sa question : c'est chez les Siths que Yulpi avait appris à se dissimuler dans la Force, oui, mais à quoi bon le souligner ? Malaco devait s'imaginer que Yulpi était empli de rancœur envers les Siths. De rancœur ou d’ingratitude ; et elle essayait de lui rappeler ce que toutes ces années passées chez les Siths avaient pu avoir de bénéfique. C'était inutile : Yulpi se reprochait d'être ingrat pour le simple fait d'avoir tourné le dos à Tisjess, mais il restait reconnaissant envers ce dernier pour tout ce qu'il lui avait appris. La situation était complexe, et l'on ne pouvait pas résumer Yulpi à un raté à qui les Siths n'avaient rien pu apprendre. Malaco se trompait, pour avoir ainsi besoin de souligner que les Siths lui avaient appris « au moins quelques trucs utiles ». A moins que ce ne fût Malaco elle-même qui doutait des Siths ?...

Au bout de plusieurs minutes pendant lesquelles le Gungan avait fait semblant de se recueillir devant la statue de l'icône du culte, celui-ci capta un signe de sa compagne inopinée. Il se releva, s'épousseta, grimaça en ayant l'impression de sentir encore l'odeur des égouts sur le bas de ses jambes – quelle horreur d'avoir dû patauger pieds nus dans les eaux souillées – et se rapprocha de Malaco sans aller à son contact directement, évitant ainsi de nuire à sa discrétion : la Togruta avait repéré quelqu'un, et Yulpi finit par comprendre qu'elle suivait le déplacement d'un Twi'lek vert. Elle avait dû entendre quelque chose d'intéressant en lien avec Jesyelle Kovanoa. Yulpi promena un regard farouche autour de lui, vérifiant si quelqu'un l'observait, mais tout le monde semblait l'ignorer. Son sabre-laser était voilé sous un pan de son haut brun – il n'aimait pas cette couleur, mais il avait choisi de s'habiller en sombre pour cette mission – ce qui aidait à ne pas attirer les regards. A la base, en partant en mission, il avait imaginé se faire passer pour un Sith, mais finalement il suivait le conseil de Malaco. Pour l'instant, il était inutile de se faire remarquer en tant qu'utilisateur de la Force, autant paraître pour un cultiste comme les autres.

Yulpi s'arrêta derrière un pilier : le Twi'lek vert était entré dans une pièce dans le coin. Toujours aussi nerveux, il s'assura que les gens autour continuaient de l'ignorer royalement. Cette attitude était au contraire suspecte mais Yulpi n'était pas habitué aux missions d'infiltration et n'avait pas le cran nécessaire pour se donner un air parfaitement innocent. Quelques instants plus tard, le Twi'lek ressortit accompagné d'une personne aux traits humains, de sexe masculin, portant en évidence un sabre-laser à la ceinture. Yulpi avait-il devant les yeux la personne ayant kidnappé Jesyelle Kovanoa ? Malaco avait suivi le Twi'lek parce qu'elle avait entendu une piste, et voilà qu'un utilisateur de la Force aux yeux jaunis par le Côté Obscur faisait son apparition. Pas de coïncidence possible. Etait-il le seul de cette nature dans ce temple, ou y en avait-il d'autres “comme lui” ?

Il se dirigea vers une grande porte donnant accès aux salles plus profondes du temple. Yulpi et Malaco s'échangèrent un regard. Comment emprunter cette porte en toute discrétion ? Si Yulpi utilisait son pouvoir, cet Humain – ou Proche-Humain – percevrait un remous dans la Force. Et de toute façon, il n'y avait aucun endroit immédiatement autour de lui où il pouvait disparaître sans être remarqué.
Tant pis, il n'y avait pas le choix, il fallait entrer comme si de rien n'était. Mais laisser quelques secondes pour que le Forceux ne les voient pas entrer. Malaco poussa les portes la première, et Yulpi l'imita quelques secondes après.

Un couloir, pas très long, avec un escalier descendant au fond à droite, une porte immédiatement à droite, une porte au fond à côté de l'escalier, un autre couloir à gauche, et à côté de ce dernier, une embrasure dans un coin. Yulpi se concentra dans la Force pour essayer de deviner par où était passée leur cible... en vain, évidemment, il n'était pas encore assez puissant pour une telle sensibilité. En fait, ses oreilles suffirent : le temps de se demander par où aller, il y eut le bruit d'une porte que l'on referme, provenant de l'étage inférieur. Il fallait donc prendre l'escalier.

Les marches donnaient directement sur la porte entendue. Yulpi souleva une oreille avec la main et la plaqua contre la porte. Elle n'était pas épaisse et dans une matière qui conduisait bien les sons. Une voix masculine pleine d'assurance et de malice disait :

Voix masculine – J'ai l'impression que votre petite grenouille d'apprenti a fini par retrouver votre trace... Décidemment, vous, les Jedis, vous êtes tous plus idiots les uns que les autres, comme de misérables brebis venant se jeter dans la tanière des loups.

Yulpi retira sa tête et fixa Malaco avec les yeux écarquillés et un air inquiet.

YULPI – Elle est là. La Jedi qui m'accompagne, elle est là. Ecoute.