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Un petit repas programmé dans le restaurant du Sénat. Voici la nouvelle tâche de la vice-chancelière Keto qui avait été prévue dans son agenda : un dîner avec la sénatrice Camina Ashford de Cadezia et son assistante Evadné Publius. L’umbarane avait en effet décidé de rencontrer personnellement quelques sénateurs triés sur le volet suite à certaines sessions du Sénat : l’objectif était d’identifier ceux qui ne faisaient pas partie de l’opposition. Ceux que Grendo S’orn appelait les « volatils » qui pouvaient un jour appuyer votre projet de loi, et le lendemain faire opposition à celui-ci. Les dernières prises de position de la sénatrice de Cadezia pouvaient, selon Sly Keto, indiquer qu’elle pouvait être un appui plus régulier pour faire avancer les réformes du Front Libéral Républicain. Sly Keto ne serait pas seule dans cette tâche puisque le sénateur Nyss Detchi avait proposé d’arranger la rencontre, chose que l’umbarane avait naturellement accepté, connaissant la compétence de l’espion. Il avait beaucoup apprécié cette idée et s’était porté naturellement volontaire avec un enthousiasme assez inhabituel pour l’espion et diplomate qu’il était. Ce changement d’attitude assez soudain avait interloqué la vice-chancelière Keto qui creusait quelques peu d’éventuels motifs justifiant cette joie…

Assise à la même table ou elle avait déjeuné avec Luke Kayan il y a plusieurs mois après le procès Kira, la souveraine d’Umbara attendait en observant le coucher de soleil teintant le ciel d’une couleur rose qu’elle appréciait derrière ses lunettes de soleil. En face d’elle se trouvait le sénateur Detchi qui était quelques peu pensif en regardant son datapad afin de préparer la prochaine séance. La future réforme serait plus « sociale » et aurait de quoi étonner pas mal d’analystes politiques, une manœuvre risquée mais si elle était correctement exécutée aurait de quoi marquer une volonté forte du gouvernement S’orn d’entrer dans l’histoire galactique de la République et d’améliorer le sort des citoyens composant la mosaïque de cette faction. Sly Keto serait celle qui porterait cette réforme devant le Sénat, le chancelier S’orn préférait, sur ce coup, rester un peu plus en retrait, laissant à l’umbarane l’opportunité de briller sous les projecteurs et devant les holocaméras des médias. C’était l’occasion de s’illustrer, de gagner en influence et en appuis politiques de part et d’autre de la Grande Rotonde, et la vice-chancelière comptait bien en profiter pour creuser davantage son nid.
La garde rapprochée de la vice-chancelière, constituée de gardes royaux umbarans étaient au nombre de sept, un effectif classique en somme. Ils étaient dispatchés sur les accès clef du restaurant et attentifs aux gens qui allaient et venaient en silence. Elle tourna le regard vers l’entrée pour voir la sénatrice Camina Ahsford et son assistante, mademoiselle Evadné Publius avancer vers leur direction après avoir renseigné le maître d’hôtel qui s’était immédiatement dirigé vers elles pour connaitre leur table. Sly Keto se redressa sur sa chaise pour se lever, imitée presque immédiatement par le sénateur Detchi qui se frotta les mains pour chasser une certaine forme d’anxiété. L’umbarane pouvait le ressentir, elle s’interrogeait cependant sur un fait : est-ce qu’il lui dissimulait quelque chose ?

- Sénatrice Ashford, mademoiselle Publius, bonsoir à vous. Je vous remercie d’avoir accepté cette invitation.

Déclara Sly Keto d’une voix mélodieuse et amicale avec un sourire franc sur le visage. Nyss Detchi fit la même chose.

- Bonsoir sénatrice Ahsford, et mademoiselle Publius.

Elle tendit la main pour échanger une poignée de main professionnelle avec les deux femmes.

- Je vous en prie, asseyez-vous. Je préfère échanger autour d’un bon repas informel plutôt que dans une salle de réunion austère ou un bureau trop étroit.

Fit la vice-chancelière en désignant de la main les deux chaises restantes l’une face à l’autre. Le sénateur Detchi portait un élégant costume taillé sur mesure de couleur grise, chemise blanche et cravate fine de couleur noire. Sly Keto quant à elle, portait une robe noire courte dévoilant ses genoux, épousant ses formes avec un décolleté en V peu plongeant. Sobre mais élégante pour une soirée en réception, un collier leste en argent pendait au dessus de sa poitrine. Pour compléter sa tenue, elle portait des chaussures noires découvrant le dessus de ses pieds. Une petite cape noire sur ses épaules pour se prémunir du froid de la nuit de Coruscant car, à priori, elles en auraient pour quelques heures de conversation… Les umbarans s’assirent alors qu’un serveur, un twi’lek à la peau verdâtre, s’approcha de la table pour prendre les commandes en matière d’alcool et d’amuses-bouche. Sly Keto ainsi que Nyss Detchi avaient déjà chacun un verre d’eau, et par politesse laissèrent les deux femmes de Cadézia prendre une commande si elles le désiraient. Les umbarans feraient leur choix après.
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Le léger tintement des bracelets d’Evadné tira la sénatrice de ses contemplations. Elle dressa son regard sombre sur sa protégée dont la robe coûteuse cintrait gracieusement sa taille féminine. Elle avait encore du mal à croire que la toute blonde s’était retrouvée fourrée dans les ennuis des Bas-Fonds jusqu’au cou, jusqu’au point d’essuyer un tir de blaster. Camina cachait sa culpabilité derrière une colère injustifiée.

-J’espère que ce dîner passera vite, déclara laconiquement la supérieure, toujours parée de son uniforme militaire cadézien.

Elle n’aurait échangé son chignon strict pour rien au monde. Et Grendo S’Orn en personne aurait pu l’inviter à partager son repas, qu’elle serait restée d’une austérité à toute épreuve. Aussi, réprouva-t-elle en silence la tenue magnifique dont s’était parée son assistante.

-Je..ne pensais pas rencontrer la Vice-Chancelière en personne.
-Yà. Mais ta propension à vouloir jouer dans la cour des grands implique des surprises, parfois agréables, parfois désagréables.
-Je pars pour Cadézia dans une semaine. Le Ministre a souhaité mon retour, pour un temps du moins, informa Eva en se pinçant les lèvres.
-Je sais, puisque je fais partie du voyage. Tu puchoye. Un jour, Publius sera lassé et il finira par te faire cher payer. Ca lui fera sans doute du mal, parce que tu es sa fille mais. Cadezia compte plus que tout le reste. Alors tu ferais mieux de rester à l’écart des ennuis.
-Taki, pour le conseil, se força-t-elle à articuler, par politesse exagérée.



***



Elle eut un sourire resplendissant pour le Maître d’hôtel, là où Camina se contenta de tirer une tronche jusque par terre. Evadné ramena la traîne de sa robe contre elle, d’un geste élégant et suivit l’employé jusqu’à la table occupée par la Vice-Chancelière dont le charisme impressionna tout de suite la jeune politicienne. Elle avait eu maintes occasions de l’observer, lors des séances au Sénat ou au détour d’un couloir : mais l’image était sans cesse trop fugace, trop lointaine. Effleurer d’aussi près la prestance de l’Umbarane avait quelque chose d’exotique et d’étrange à la fois. Ashford se contenta d’un sourire bref à l’égard du sénateur.

-C’est..plutôt moi qui vous remercie de nous consacrer un peu de votre temps, Madame la Vice-Chancelière, répliqua Publius en s’installant aux côtés de Sly. L’idée du repas est très appréciée.
-Et qui dit repas, dit boisson, acheva l’autre cadézienne. Elle avait un accent tranché, aux consonances créoles et étrangement, cela la rendait plus humaine. Lorsqu’elle inclinait la tête, un tatouage émergeait de son col pour s’ourler autour de sa jugulaire, sombre comme l’encre qui coulait dans ses yeux.

-Oui enfin, avec modération, tenta de tempérer sa protégée, embarrassée par cet empressement à faire couler l’alcool. Elle leva son minois vers le serveur qui venait de faire son apparition et lui commanda une eau minérale. Cet établissement est tout à fait charmant. Je n’ai pas eu l’occasion de le côtoyer avant ce jour.
-Je prendrai un whiskey tevraki.
-Ce..ce n’est pas un peu fort pour débuter ?
-To ta ge im, lui répondit sèchement la brunette avant de poursuivre, Tout juste ce qu’il faut après une rude journée de labeur.

Le Twi’Lek acquiesça avant de se détourner vers les deux Umbarans. Profitant que Sly soit occupée à prendre commande, Evadné se permit une œillade curieuse et fut gênée de découvrir la profondeur du décolleté de la Vice-Chancelière. Elle leva ses prunelles au plafond pour les laisser retomber vers Camina et Nyss, qui côte à côté, formaient un étrange duo. En réalité, ce moment tout entier était étrange. Elle fréquentait le Sénat depuis quelques années et n’avait jamais eu l’opportunité de côtoyer d’aussi près des personnalités aussi importantes. La rencontre avec la désagréable Ministre Treven’s sur la station orbitale ne comptait évidemment pas dans ce manque d’expérience. Eva avait toujours supposé que son statut d’assistante la reléguât à un rang bien trop éloigné des préoccupations de ces gens hauts-placés, et à juste titre. Se retrouver, ce soir, en comité intime avec le numéro deux du gouvernement républicain semblait presque irréel.

-Excusez cette remarque cavalière, mais je suis plus que curieuse de connaître l’ordre du jour de ce repas informel. Bien que je pourrais converser des heures sur l’élégance de votre tenue, Madame la Vice-Chancelière.
-Moi pas, réagit Ashford avec une moue désapprobatrice vers la toute blonde.

Deux mondes s’entrechoquaient. La politesse et la bonne éducation de Mademoiselle Publius d’un côté et la franchise déroutante de la cadézienne de l’autre. Nyss et Sly avaient sans doute l’habitude des manières un peu brusques de l’ancienne militaire. Ses coups d’éclats au Sénat n’avaient brillé que par son ton sans cesse tranchant et glacial. On la savait intransigeante et difficile, mais étrangement…ces défauts la rendaient aisément manipulable.

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Lorsqu’Ashford inclina légèrement la tête, Sly Keto remarqua le tatouage porté par la sénatrice cadézienne, elle n’en comprenait pas le motif et ignorait s’il avait une signification particulière, cependant Detchi avait confié à l’umbarane suspecter qu’elle fût une militaire avant d’être nommée par le dirigeant de Cadézia, Veragan Publius. Probablement était-ce là une sorte de marqueur social sur Cadezia, une façon de distinguer les guerriers des civils ? L’attitude de la sénatrice était quelques peu inattendue, Detchi avait dressé préalablement le portrait d’une femme certes, rigoureuse et directe mais la vice-chancelière s’était attendue à la voir faire preuve d’un peu plus de diplomatie. Si ces manières pouvaient être particulièrement irritantes, Sly Keto balaya vite cette impression : Camina Ashford était franche et rude, préférant aller droit au but plutôt que de faire des ronds de jambes en permanence.

C’était une attitude courageuse, mais suicidaire sur le plan politique, elle ne mentait donc jamais et avançait en permanence à découvert. La cerner psychologiquement et la manœuvrer serait une tâche aisée pour l’umbarane car ce genre de profils étaient des plus prévisibles. La meilleure chose à faire était encore de briser la glace avec Ashford, et pour cela il fallait montrer qu’elle n’était pas vraiment le cliché de la politicienne ordinaire déconnectée de la réalité… mais quelqu’un capable de la comprendre, de faire preuve de franchise aussi… Elle répondit aux remarques d’Evadné avec un sourire et un léger hochement de tête lorsque la jeune femme la félicita pour son idée avant de rebondir sur la commande de Camina d’une voix plus enjouée.

- Je suis bien d’accord avec vous sénatrice ! Je vais vous suivre sur un whisky tevraki. Ainsi qu’un grand verre d’eau je vous prie monsieur. Ainsi que quelques amuse-bouche.
- Pour ma part, ce sera un vin rouge d’Alderaan.

Commanda Nyss Detchi au serveur, il se faisait quelques peu discret, préférant ne pas faire de l’ombre à sa souveraine. Le serveur une fois l’intégralité des commandes prises, fit volteface avant de s’en aller pour préparer les différentes boissons réclamées par cette table. La Vice-Chancelière reprit la parole pour apporter quelques détails sur ce restaurant haut de gamme.

- Je connais bien ce restaurant, leurs plats sont de qualité et variés, un vrai régal. Je mange ici dès que je le peux, si mon agenda m’en laisse la possibilité bien entendu.

Vint la réflexion sur la tenue de l’umbarane. Sly Keto parut quelques peu surprise, elle haussa un sourcil avant de gratifier la jeune femme d’un grand sourire lumineux et charmeur.

- Allons vous me flattez mademoiselle Publius ! Sans doute pourrais-je vous donner l’adresse du tailleur si ma robe vous plait.

Fit-elle amusée en déposant sa main sur celle de la jeune femme pendant quelques secondes tout en retirant ses lunettes de soleil avec sa main gauche. Le soleil tombait petit à petit et la luminosité devenait enfin tolérable pour ses yeux d’espèce nocturne. Elle plongea alors son regard dans celui de la jeune femme pendant une seconde, comme pour sonder son âme avant de s’en détourner, tout en retirant sa main, avant de reprendre la parole d’une voix détendue et savamment calculée.

- Quant à l’ordre du jour… je n’en n’ai pas vraiment de défini. Je pensais que l’on pouvait parler de la situation actuelle géopolitique, vos futurs conseils pour que l’on puisse travailler ensemble à restaurer la grandeur de la République, ou encore de l’AGPU. D’ailleurs à ce propos j’y serai prochainement conviée afin d’échanger avec la délégation impériale.
- En effet, il y sera question de plusieurs points à aborder afin de désamorcer davantage la situation et normaliser petit à petit nos relations avec Dromund Kaas.

Ajouta Nyss Detchi qui s’était discrètement positionné de façon à avoir toute la tablée dans son champ de vision et remettre Camina Ashford un peu plus au centre. Lui qui d’ordinaire était un peu plus « carré » dans le cadre de ses fonctions, le voilà qui paraissait un peu plus détendu et très à l’aise. Nyss savait faire la part des choses entre le travail, et le personnel, même s’il avait toujours quelque chose derrière la tête pour essayer de conjuguer les deux. Pourtant entre le croiser à la Grande Rotonde dans le cadre de ses fonctions et en dehors de celles-ci, dans un cadre privé, il paraissait être un autre personnage un peu moins obséquieux et snobinard comme il pouvait l’être lors de ses réquisitoires ou plaidoyers devant ses confrères sénateurs. L'umbaran savait que certains de ses collègues, y compris dans son propre parti le voyaient comme un individu calculateur, arrogant et combatif.

- Vous fumez madame la sénatrice ?

Demanda t’il tout en se préparant à griller sa cigarette, attendant d’estimer si cela la dérangerait ou non de s’adonner à ce petit plaisir, et éventuellement en fournir une à Camina Ashford.
Evadné Publius
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-Allons vous me flattez mademoiselle Publius ! Sans doute pourrais-je vous donner l’adresse du tailleur si ma robe vous plait.

Les joues d’Evadné prirent une teinte écarlate provoquée par la réplique assurée de l’umbaranne. Ses prunelles coulèrent sur la main posée contre la sienne et elle ne sut que penser de cette tactilité facile. Elle qui était habituellement si retenue en publique se trouvait galvanisée par cette audace. L’aura de la Vice-Chancelière faisait courir un ressenti étrange le long de sa nuque. Elle avait l’impression que le regard de cette dernière pouvait transpercer son âme. Cette seconde hors du temps fut brisée en même temps que le contact et la conversation reprit si soudainement qu’elle éclata désagréablement aux oreilles de la jeune médecin. Elle reprit le fil de la discussion sur le tard, comme un étudiant en retard rattrapait in extremis le dernier bus-speeder.

-Un menu des plus intéressants. Et elle ne parlait pas spécialement de la carte que proposait le somptueux établissement. J’ai peu de nouvelles de l’AGPU, cela me semble pourtant une institution prometteuse pour l’équilibre dans notre Galaxie.

-Vous fumez madame la sénatrice ?
-Occasionnellement, répondit-elle en observant Nyss. Ce soir me semble être une bonne occasion.

Tandis que les deux sénateurs se rapprochaient le temps d’échanger et d’allumer une cigarette, Eva se détourna vers Sly, incertaine. L’AGPU lui avait remémoré le souvenir d’Absalom Thorn et elle n’était pas certaine de pouvoir clamer haut et fort avoir noué quelques amitiés avec une personnalité du camp opposée aussi controversée.

-J’avais suivi avec intérêt les discussions au SGP sur Ossus. J’ai même rencontré Absalom Thorn. Sur Hapès.
-Et Cadézia, balança sans vergogne Camina en expirant une volute de fumée. Je t’avais dit de rester à l’écart des ennuis. Un sith sur une planète républicaine, la bonne blague. Vous voyez, Nyss. (Elle se permettaient la familiarité du prénom qu’elle tempérait avec un vouvoiement bancal) Si vous ne disciplinez pas correctement vos assistants, ils vous mettent dans la merde jusqu’au cou.
-J’ai cru comprendre qu’il s’était désolidarisé de l’Empire Sith, se défendit Evadné, les lèvres pincées.
-Et si tu avais mal compris ?
-Soit, nous l’avons toujours reçu en qualité de citoyen hapien, trancha-t-elle poliment vers sa supérieure.
-C’est ça ouais.
-Tout cela pour dire qu’il ai dommage que je n’ai pas pu vivre ce grand moment sur Ossus en étant sur le terrain. J’aurais eu beaucoup à apprendre. J’ai l’impression de copier des holodonnées au Sénat depuis des lustres. Un peu de défi m’aurait permis un recul suffisant.
-Tu fais cela très bien servir le café.

Camina eut un sourire amusé à l’égard de sa protégée qui ne partageait pas vraiment le même humour. Elle voulut répliquer mais le serveur déposa avec grâce un grand verre d’eau minérale de Ra’lla devant elle. Un autre serveur versait avec adresse un fond de vin dans la coupe à pied de Nyss et les glaçons tintèrent au cœur du whiskey commandé par Ashford. Bientôt, ils eurent tous de quoi trinquer.

L’eau qu’elle avait commandé semblait si pure qu’elle scintillait au creux de son contenant en cristal, absorbant la moindre des lumières éclatantes du restaurant. Les tables alentours étaient peu occupées à l’exception d’un vieux couple riches et de quelques habitués nantis. En dehors d’une musique classique et raffinée, le calme régnait en maître dans l’endroit. On entendait à peine le personnel se déplacer. Ce dernier avait d’ailleurs apporté les menus holographiques afin que la clientèle politique du du soir puisse faire un choix sur le plat. Depuis sa rencontre avec Alysanne Méridan et les autres sénatrices, Evadné commençait à s’habituer au faste du train de vie politicien. Mais une gène persistait toujours, parce qu’elle avait vu à quoi ressemblait les bas-fonds et à ce souvenir elle eut un frisson désagréable.

Camina ignorait simplement le luxe environnant. Lorsqu’elle sortait, c’était pour écumer des enseignes moins fastueuses. Si elle était là ce soir’ c’était parce que, même un caractère aussi fort qu’elle savait qu’on ne refusait pas une invitation de la Vice-Chanceliere. Veragan le lui aurait fait cher payer. Et puis, alors qu’elle fumait et distinguait Nyss, elle se lit à se détendre légèrement. Le Whiskey ferait sans doute le reste.

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Ce repas s’annonçait des plus prometteurs. Sly commençait à entre-apercevoir ce qui avait motivé le sénateur Detchi à venir à ce dîner et s’en amusa quelques peu intérieurement. Camina Ashford et Nyss Detchi allumèrent chacun une cigarette pour fumer tandis que la ventilation située au dessus de leur tête aspirait leur fumée à travers la grille afin de ne pas incommoder les deux autres participants au dîner. C’est alors que la jeune Evadné Publius lâcha l’équivalent d’une bombe : elle avait rencontré un dénommé Absalom Thorn sur Hapès puis sur Cadézia. Nyss prit une quinte de toux en manquant de s’étouffer avec la fumée de sa cigarette devant cette révélation tandis que Sly se raidit immédiatement. Les deux umbarans assistèrent silencieusement à l’échange avec les deux cadézienne, échangeant quelques regards furtifs comme s’ils essayaient de savoir quoi faire ou quoi dire dans cette situation. La Vice-chancelière commençait à se montrer assez mal à l’aise, elle prit le verre que le serveur avait apporté et trinqua avec la délégation cadézienne ainsi que Nyss Detchi. Après une première gorgée pour éclaircir ses pensées, elle prit un air gravement inquiet et se pencha vers la jeune dame assise à ses côtés pour prendre la parole d’une voix préoccupée.

- Je ne suis pas certaine que vous saisissiez la gravité de ce que vous me dites Evadné et du danger dans lequel vous vous mettez. Compte tenu de sa nature, le considérer comme un simple citoyen hapien est une erreur.

Elle fit tourner les glaçons dans son verre d’un geste machinal avant d’ajouter quelques mots pour préciser sa pensée de manière plus claire, sa main se posa à nouveau sur celle de la jeune femme.

- A priori, il est reconnu comme étant un déserteur par le Haut-Inquisiteur Darth Khorog qui fait partie de la délégation impériale chargée de mener les négociations avec la République. Si jamais votre rencontre venait à être rendue publique, cela risquerait de compromettre les négociations de paix. Les impériaux pouvant croire que nous nous servons de lui et de ses renseignements pour leur nuire ou que nous pourrions lui offrir l’asile…

Son regard croisa celui d’Evadné dans une empathie non feinte et elle reprit.

- Je conçois que vous voulez croire à une certaine rédemption chez lui mais il n’en n’est rien. En soit, le recevoir en territoire républicain envoie un message particulièrement négatif quant à notre bonne volonté à négocier et de traiter avec l’Empire Sith. De surcroit c’est également un criminel de guerre suite au génocide partiel qu’il a perpétré sur Kano IV d’après nos services de renseignements, le genre d’individus avec lesquels il vaut mieux éviter d’avoir à apparaitre en public. Je ne peux que vous recommander fortement de ne pas avoir à traiter avec lui, il a trahi l’Ordre Jedi, a trahi l’Empire Sith… sans doute finira t’il par trahir Hapès une fois qu’il aura fini sa besogne avec eux. Ce genre d’individu à tendance à révéler son véritable visage après plusieurs contrariétés, leur égo ne pouvant accepter qu'on leur refuse quoique ce soit...

Elle leva à nouveau son verre pour boire une gorgée, rompant le contact visuel et physique avec la jeune femme avant de s’adresser à elle d’une voix plus douce.

- J’ai bien peur qu’il cherche à vous abuser et je vous recommande la plus grande des prudences ma chère. Pour Cadézia certes, mais surtout pour vous-mêmes sénatrice Ahsford, mademoiselle Publius… qui sait ce qu’il fera quand il aura eu ce qu’il veut…

A quel jeu jouait Hapès ? Ils ne pouvaient pas ignorer la véritable nature de leur invité surprise. Il devenait plus que capital d’informer le clergé de la localisation de ce déserteur. Mandater Idès afin d’alerter le seigneur Khorog de la situation était capital tant il devenait évident que ce traitre essayait de se frayer un chemin dans la politique intérieure républicaine… une chose que Darth Oracci ne pouvait tolérer ni accepter sans réagir aussi bien en qualité de Sith que de Vice-Chancelière et de souveraine d’Umbara. Tanaab n’était pas loin non plus… Le sénateur Detchi s’exprima avec une certaine suspicion dans la voix en dépit d’un côté plutôt détendu depuis qu’il était à côté de Camina.

- Il représente un problème que la République ne devrait pas ignorer. Qui sait s’il n’ambitionne pas de déclencher une guerre entre le Consortium d’Hapès et les Sith ? D’ailleurs qu’est-ce qui nous dit que sa désertion est si officielle que ça ? Les Sith sont réputés être de grands conspirateurs, nous ignorons s’il ne s’agit pas d’un plan plus sournois.

Bien que ce soit un peu gros, simuler une trahison interne pour espérer gagner la confiance des ennemis de l’Empire n’était pas non plus quelque chose n’ayant aucun sens. Après tout, les Sith étaient des adeptes du double, voire triple jeu.
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Elle fixait son verre avec intensité, partager entre l’idée de le boire cul-sec (même si ce n’était que de l’eau très chère), ou de le repousser. La voix de la Vice-Chancelière lui apparaissait bienveillante. Bienveillante, mais empreinte d’une sévérité larvée. Elle avait senti le malaise s’installer et Camina se contentait de siroter son verre de whiskey et de fumer, sans prêter attention au dilemme de sa protégée.

Ils trinquèrent et elle força un sourire de façade, pour cacher tout le revêtement qui s’écroulait derrière. Elle savait que ses accointances avec Thorn ne seraient pas bien accueillies au sein du camp républicaine. Son père le lui avait répété au travers de nombreuses mises en garde. Ashford en était à son énième avertissement et avait, finalement, renoncé à l’idée de faire entendre raison à Evadné sur ce point. Elle espérait que le charisme de Sly Keto pourrait permettre à Publius d’ouvrir enfin les yeux et d’être moins naïve sur certaines réalités.

L’eau de Ra’alla avait bon goût. On lui prêtait des propriétés rajeunissantes ce qui expliquait son prix, mais également sa popularité chez les dames de la haute-société républicaine. Elle but deux gorgées, puis une troisième pour noyer l’effet que jetait en elle, le discours de l’umbaranne. Mais le coup de grâce vint de ce contact physique, lorsque la politicienne chevronnée aposa sa main contre celle de sa cadette, l’empathie sincère.

Il n’était plus question de la sermonner avec dédain comme le faisait Veragan ou de lui opposer une sourde colère à l’image de Camina. Pour la première fois, Evadné douta et remit en cause ses croyances profondes : celles qui dictaient qu’en chaque être, se terrait quelque chose de fondamentalement bon.

Nyss rompit le doute. Moins subtil que sa Reine, il renvoya Evadné dans ses retranchements.

-Et bien…je crois comprendre les raisons qui vous poussent à vous méfier d’Absalom Thorn. Je peux comprendre et je les entends. Mais, ne sommes-nous pas en train de négocier une paix avec des Siths. Que vous décrivez comme assurément sournois. Je n’ai pas de preuves que Monsieur Thorn ai définitivement rompu avec ses anciennes allégeances. Peut-être qu’il me souhaite du mal mais..
-Peut-être ? Intervint Camina dans un grognement. Sûrement, oui. Je pense qu’il est inutile d’ennuyer la Vice-Chancelière et Monsieur Nyss avec ces considérations. Evadné. Le monde est impitoyable, peu importe le visage qu’il arbore. Ceux qui négocient avec les Siths le savent, contrairement à toi.

Eva baissa les yeux vers sa carte holographique. Non pas qu’elle eût faim ou envie de faire un choix. Non, le sermon d’Ashford venait de lui couper complètement l’appétit.

-Tu ne sais pas ce que c’est, persista-t-elle, jusqu’à ce que tes amis te trahissent de manière aussi solide qu’était leur amitié.
-Je ne suis pas naïve à ce point. Ce que je voulais dire c’est que, je prenais en considération l’avis de Madame la Vice-Chancelière avec tout le sérieux qu’il se doit.

Le serveur intervint subtilement. Loin de se mêler aux discussions politiques, ayant depuis longtemps appris à fermer ses oreilles, il s’enquit du choix de chacun avec la plus grande politesse. Publius préféra laisser la conversation s’éteindre à ce stade, par diplomatie et courtoisie. Camina commanda ce qu’il se faisait de meilleur comme viande rouge, là où irréductiblement, son assistante choisit un plat végétarien épicé et raffiné. Pour accompagner le repas, la sénatrice cadézien opta pour le même vin que Nyss – qui était, assurément, un homme de goût.

-J’ai remarqué votre regard sur mon cou, Vice-Chancelière. C’est une tradition chez les bas-cadéziens de se faire tatouer un endroit visible du corps. Ce n'est pas très bien vu de la haute-société. C’est pour la Cause. Mais..

Elle occulta son minois habituellement sévère derrière son verre afin de sourire. Et ses prunelles onyx étaient fixées sur Nyss à ses côtés

-J’en ai d’autres. A des endroits moins visibles, mais stratégiques.


La toute blonde manqua de recracher sa gorgée d’eau qu’elle s’efforça de ravaler péniblement. Elle s’excusa dans plate quinte toux, visant à se donner un peu de temps. L’autre cadézienne déposa enfin son verre et son sourire disparut de ses lèvres mais non de ses yeux.

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Un dernier échange entre Camina et Evadné eut lieu, réglant la question d’Absalom Thorn aussi abruptement qu’elle était apparue. Sly Keto se contenta d’ hocher la tête simplement à la réponse de la jeune assistante, rassurée qu’elle prenne en considération l’opinion de l’umbarane à l’égard du hapien. Elle ne souhaitait pas mettre Publius davantage dans l’embarass, poursuivre cette conversation n’amènerait sans doute qu’à davantage de tensions entre les deux cadéziennes, or la vice-chancelière souhaitait obtenir un échange constructif avec elles. Si elles se braquaient, cela n’irait pas bien loin, et probablement à un départ de l’une ou de l’autre des deux parties au cours du repas. Elle conserva cependant le fait que le sujet Thorn était source de discorde entre les deux femmes, une donnée qui pourrait s’avérer utile si jamais elle avait besoin de diviser les deux cadéziennes…

Le serveur vint s’enquérir des commandes des quatre participants au repas. Sans surprise, Sly Keto commanda un plat à base de poisson, légumes et féculents à la crème et aux herbes d’Alderaan. Nyss privilégia quant à lui des œufs accompagnés de légumes principalement. Les deux umbarans demandèrent également une bonne bouteille de vin blanc de Naboo pour accompagner leur repas, ainsi qu’une carafe d’eau. La conversation s’était détournée vers le tatouage que la sénatrice Ahsford possédait au niveau du cou. Devenue soudainement souriante, elle ajouta même posséder d’autres tatouages dissimulés ailleurs sur son corps. Evadné s’excusa après avoir failli recracher le contenu de son verre alors que Sly aurait sans doute fait de même devant ce commentaire assez inattendu si elle avait eu deux secondes pour prendre une gorgée de son whisky.

- Sans doute que cette place stratégique doit être bien défendue…

Laissa filer Nyss Detchi d’un ton un peu trop assuré au goût de Sly Keto. Une pensée traversa son esprit : Nyss Detchi n’était pas là que pour parler politique et affaires, mais surtout pour essayer de séduire la sénatrice cadézienne. Ce n’était probablement pas à dessein de lui nuire, car si cela avait été le cas, il aurait averti sa souveraine au préalable. Mais ce n’était pas le cas. Un peu frustrée de la tournure de la situation, Sly descendit immédiatement son verre de whisky pour faire passer le malaise qui ne gênait aucunement les deux sénateurs, et ce après un regard quelques peu confus adressé à Evadné, comme si l’umbarane cherchait à voir si elle faisait partie de ce petit rendez-vous romantique arrangé entre Ashford et Detchi. Elle avala sa salive et reprit le plus naturellement possible la parole afin de d’essayer de dévier la conversation vers une image plus globale.

- Je vois que rien n’échappe à votre œil avisé sénatrice Ashford. Sur Umbara, le tatouage a une signification assez particulière qui vient pour distinguer les membres d’une caste par rapport à une autre. Il différencie les guerriers des civils, il est de coutume qu’une recrue survivant à sa première mission de combat se fasse tatouer par fierté et pour marquer le fait qu’il n’est plus un « bleu ». C’est une façon pour lui de s’insérer dans le groupe, honorer ses frères d’armes tombés au combat et aussi de montrer qu’il a survécu au baptême du feu et qu’il ne doit, en conséquence, ne pas être traité comme une simple recrue.

Le serveur vint apporter une carafe d’eau et commença à servir les verres. Tandis que Nyss Detchi continuait de maintenir et soutenir les regards qu’Ashford lui adressait tout en fumant, la vice-chancelière le remercia, prit une gorgée et ajouta poliment.

- Désormais, il est plus commun que des umbarans se fassent tatouer pour s’embellir ou se démarquer des autres. Cependant le Rootai a imposé des conditions sur cette pratique : la partie entre le coude et l’épaule, l’omoplate et la poitrine sont réservés à ceux ayant suivi la tradition militaire umbarane d’une part, et l’emploi d’encre noire est interdite car réservée aux militaires. Une façon de ne pas rompre la tradition en somme. J’aurais cependant une question quant à ce tatouage que vous avez et que je trouve bien réussi : vous savez quelle est l’origine de cette tradition sur Cadézia ?

Sly Keto n’avait jamais mis les pieds dans ce système de la Bordure Extérieure, et Darth Oracci non plus lorsqu’elle fut plus jeune et souvent dépêchée au plus près du terrain pour servir les intérêts de l’Empire Sith. En savoir plus sur ce monde permettrait sans doute de délier la langue de Camina Ashford, de la détendre et d’orienter la conversation vers la façon dont cette planète méconnue fonctionnait. A partir de là, quelques questions supplémentaires permettraient à la vice-chancelière d’avoir suffisamment d’éléments à exploiter pour identifier les besoins qu’ils pouvaient avoir à l’égard de la République, mais aussi mieux comprendre les deux femmes et leurs attentes quant à la politique du gouvernement S’orn. Tournant son attention vers Evadné en attendant les plats, Sly Keto lui demanda d’un air anodin, cherchant à un peu plus découvrir la jeune femme qui, pour le moment était discrète et d’une attitude moins provocante, moins directe que celle de Camina.

- Vous êtes à votre poste depuis longtemps mademoiselle Publius au fait ?
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Camina avait penché la tête sur le côté, avec un petit sourire étrange qui adoucissait ses traits trop sévères. Même le fard noir qu’elle appliquait généreusement autour de ses yeux sombres semblait avoir éclairci. Si on ne la connaissait pas, on aurait pu penser qu’elle buvait littéralement les rares paroles de l’umbaran, qu’elle les buvait même à ses lèvres qu’elle fixait avec un intérêt particulier. Evadné s’était réfugiée une nouvelle fois dans son verre d’eau, bien qu’elle eût écouté poliment les explications intéressantes de Sly Keto. Les tatouages étaient des marques de distinctions sociales tellement pratiqués au travers des différentes races, civilisations qui clairsemaient l’immensité de la Galaxie. Ashford détourna enfin son attention vers l’élégante politicienne pour répondre d’un ton simple :

-Si vous êtes tatoués, alors vous êtes cadezalowa, ce qui signifie un vrai, véritable, cadézien. L’Alliance des Classes Extérieures, que je représente également, a plusieurs factions. Chaque faction a ses codes, ses tatouages. Les tatouages au cou marquent l’appartenance au clan de mon père. Celui de la révolution. Certaines factions, plus extrémistes, comme celles des terroristes, les portent au visage. La plupart des bas-cadéziens se contenteront des poignets, des bras, du torse. Pour l’esthétisme de la chose, on peut dire ça ainsi. Mais l’origine de ce truc, ca doit remonter du temps où les travailleurs importés sur Cadézia étaient marqués comme des esclaves par des familles humains si aimables, du genre des Publius. (Evadné ne releva pas l’attaque frontale, très fondée somme toute et se contenta de baisser les yeux vers la table, lassée.)

Sur Cadézia, être « marqué » signifiait appartenir à la classe de ceux qui assumaient être opprimé, mais il y avait également cette part d’esthétique et d’interdit qui poussaient certains jeunes issus des milieux conservateurs à tenter l’aventure de l’encre. Cette pratique n’avait jamais effleuré l’esprit bien trop prude de la jeune cadézienne qui fut accaparée par la question de la reine.

-J’assiste Camina depuis trois années maintenant. Avant, j’effectuais des stages dans différents ministères afin de satisfaire les demandes de l’école sénatoriale. Je suis passée brièvement, très brièvement au Ministère de l’économie, il y a longtemps. Mais je trouve la fonction d’assistante très valorisante et épanouissante.

Evadné évitait soigneusement le regard de sa supérieure. Elle ne voulait pas y lire les mots : « lèche-cul » qui devaient brillés en grand, imprimés dans ses rétines onyx. La toute blonde n’avait pas le courage d’affronter ce genre de jugement et Camina, elle, n’avait pas le courage de le verbaliser. Il y avait comme une sorte de retenue pudique chez cette dernière envers sa protégée. Elle se montrait assez sèche et sévère pour lui apprendre, mais modérait toutefois son caractère intransigeant, pour ne pas la briser. C’était ténu, comme le fil d’un équilibriste, mais elles faisaient leur bonhomme de chemin ainsi au Sénat.

-Je pense, sincèrement, que Camina Ashford se débrouille bien. C’est une héroïne de guerre sur Cadézia, tous les manuels historiques en parlent sur notre planète.
-Evadné…la rappela à l’ordre Ashford.
-Non, laissez-moi poursuivre s’il vous plaît. Je…j’entends souvent ce que les autres sénateurs disent à propos de Camina Ashford. Mais ils ne connaissent pas un tiers de ce qu’elle a vécu. Elle a affronté les Hutts sur Kamal Station et a résolu une situation de blocus économique éprouvante pour Cadézia, sans partir en guerre. Peut-être que dans le Noyau et sur Coruscant, les politiciens ne sont pas habitués à avoir des hommes de terrain dans leur rang, mais je suis très contente d’avoir Camina Ashford pour représentante de Cadézia au sein de la République. Ce n’est pas une place facile. C’est une place dont personne ne voulait. Une place salie par les scandales de corruption liés au Ministre Publius. Mais une place qu’elle a accepté sans broncher. Alors, quand elle s’exprimer au Sénat, elle porte la voix de tous ceux à qui on méprisait la parole.

La sénatrice cadézienne était tétanisée, partagée entre l’horreur et la stupeur, accablée par un tel discours. Aussi soudain, qu’inattendu. Elle aurait pu dire sourire, dire merci. C’était peut-être sincèrement ce qu’elle voulait offrir à son assistante, mais le silence oppressait sa poitrine de toutes ces vérités qui avaient éclaté naïvement dans la bouche d’Evadné. La réalité s’avérait moins glorieuse. Les hypocrites savaient qu’Ashford avait pris cette place pour calmer les attentats de l’ACE qui se succédaient jour après jours sur Cadézia, menaçant sa stabilité. On l’avait présenté comme l’agneau qui irait apaiser les dieux. On avait promis au peuple cadézien qu’il dirigerait son destin dans les ors de la République. Mais derrière ces belles paroles, ces promesses grandiloquentes, il n’y avait que l’ombre de Véragan Publius. Camina était seule sur Coruscant, dans un monde qu’elle connaissait mal, entourée de prédateurs aux dents plus aiguisées que des aiguilles, dont la précision s’avérait parfois fatale. Elle n’avait pu compter sur les conseils du Père Publius pour survivre. Elle n’avait donc pu que soutenir, avec le dégoût de soi, la politique de Grendo S’Orn, jour après jour, débat après débat. Elle buvait pour oublier, tout le monde savait à quel point elle était pathétique dans son uniforme qui n’était qu’un vestige du passé.

-Es-tu sûre que c’est bien de l’eau dans ton verre, Evadné ?

Les joues d’Ashford avaient fini par rougir, mais ce n’était pas à cause de l’alcool qu’elle savourait. La présence de Nyss, sans doute. Le réconfort de sa protégée, peut-être. Elle n’était plus certaine de rien.

-Tout à fait, sourit la blondinette en se confortant dans son siège, laissant ses yeux clairs couler sur Sly Keto. Je ne me permettrai pas d’ingurgiter quoique ce soit qui puisse nuire à mon comportement en présence de Madame la Vice-Chancelière.

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L’alchimie entre Evadné et Camina était désormais clairement établie et affichée entre ces deux femmes aux tempéraments si différents l’une de l’autre, deux mondes différents qui s’étaient pourtant rencontrés pour collaborer ensemble. La sénatrice Ashford détailla davantage l’historique du tatouage qui faisait référence à l’affiliation de l’individu à une faction mais constituait également un marqueur social différenciant riches et pauvres. Ainsi Camina appartenait à une faction de révolutionnaires contre l’ordre établi, voilà qui était paradoxal en un sens pour une militaire… et plus encore par rapport à sa fonction dans la société cadézienne. Ce monde avait un passé trouble avec des fortes inégalités sociales qui pouvaient donc être habilement exploitées si l’on savait s’y prendre. Ce détail ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde et la mémoire de l’umbarane imprimait déjà cette donnée dans son cerveau de calculatrice sans morale ni principes.

La jeune femme avait déballé son sac en présentant clairement sa supérieure même si celle-ci chercha à la remettre à sa place en prononçant son prénom. Pourtant Evadné passa outre cet avertissement et donna de nombreuses informations relatives au passé militaire de la sénatrice de Cadézia. Héroïne de guerre, elle avait combattu contre les Hutts et réussi à sortir son monde d’un blocus. Il était évident que le Ministre Publius, l’avait érigée comme symbole afin de donner au change auprès des classes prolétaires de Cadézia afin de tempérer une éventuelle revendication populaire. Camina était devenue une égérie pour le petit peuple qui aurait pu l’appuyer en cas de putsch contre l’ordre établi. Veragan Publius avait préféré anticiper la situation en cédant une parcelle de pouvoir. Habile, mais Sly Keto avait bien vu la manigance derrière ce geste pour apaiser le peuple. En tout cas cet homme avait peu de scrupules visiblement bien qu’il manquait cruellement de discrétion dans ses affaires apparemment. Cependant le fond du personnage plaisait à Sly Keto : Veragan Publius devait être le genre de personne avec laquelle il était toujours possible de s’arranger.

- C’est très gentil à vous, mais vous pouvez vous détendre un peu plus ma chère.

Fit tendrement la vice-chancelière en posant une main douce dans le dos de la jeune Evadné afin de l’encourager à changer de boisson pour opter pour quelque chose d’un peu plus alcoolisé. Sly continua ce petit jeu tactile, dévoilant un peu de sa douceur et de chaleur pour la reprendre et créer à terme un manque ou du moins, une envie implicite de plaire chez la jeune femme. Elle retira sa main non sans s’être un peu penchée et rapproché sa chaise discrètement d’Evadné qui pouvait sentir son parfum sucré et doux comme l’odeur d’un fruit d’été. L’umbarane à la peau pâle reprit la parole après avoir descendu un nouveau verre d’alcool, sa voix était douce et sérieuse.

- Les politiciens de carrière n’apprécient pas beaucoup les gens de terrain croyez-moi. Pourtant un dirigeant averti saura comprendre l’intérêt que ces individus peuvent représenter pour l’assister dans sa gestion de la cité ou d’un système stellaire entier. Leur expertise est précieuse et j'essaie d'en tenir compte le plus possible.

Nyss Detchi approuva en buvant une gorgée de son verre. Sly Keto parlait en connaissance de cause, peu de choses l’auraient poussé à aborder un cursus strictement politique et la dangerosité des missions que menait Darth Oracci par le passé lui manquait quelques peu. Sur Umbara, elle était devenue lentement une politicienne aguerrie là ou elle aurait été plutôt destinée à suivre les traces de ses parents et rester une exécutante qu’une décideuse politique. D’aucuns l’avaient considérée comme une parvenue, mais son absence morale concernant les moyens d’accéder aux castes supérieures lui avaient permis lentement mais sûrement d’assurer son ascension sociale à travers l’impitoyable système de castes d’Umbara. Challengeuse sortie de nulle part, elle avait pu manœuvrer pour évince le précédent Roi, liquider les membres du Rootai opposés à elle et récompenser ceux l’ayant suivie du début jusqu’à son accession au trône. C’était l’avantage sur Umbara : les choses étaient si discrètes qu’une poignée de personnes comme Nyss Detchi seulement savaient comment Sly avait pu devenir souveraine de ce monde nimbé de ténèbres et de brouillard.

- Quoiqu’il en soit il reste important que votre peuple trouve une voix pour s’exprimer, et il a de quoi être fier de vous avoir à ce rôle. Même si compte tenu de vos succès, je pense qu’il avait probablement pensé en premier lieu vous confier une fonction militaire non ?

Question purement rhétorique, mais Sly était curieuse de voir si sa capacité de déduction avait été la bonne concernant le choix de nommer Camina Ashford au poste de sénatrice plutôt que celui de Ministre de la Guerre (ou l’équivalent Cadézien de cette fonction). Cela lui permettrait d’obtenir davantage de renseignements sur Cadézia et son fonctionnement pour voir si Veragan pourrait être utile ou non aux projets de la vice-chancelière.
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Camina Ashford et sa carrière militaire. Evadné se mordilla discrètement la lèvre pour cacher son embarras face à ce sujet particulièrement délicat pour la Sénatrice. Le Capitaine Ashford avait laissé place à la politicienne aigrie depuis tant d’années. L’officier avait succédé au Sénateur Publius, sur un poste criblé de mines. Chaque mine était un scandale, une accusation de corruption et risquer d’y poser le pied c’était risqué de voir sa crédibilité partir en fumée. Alors la cadézienne avait fait table rase. Elle avait coupé les liens avec le parti de Grendo S’Orn, avait fait profil bas le temps que la tempête passe, que l’on trouve d’autres coupables, d’autres ragots, d’autres victimes. Toute novice dans le milieu de l’échiquier politique, elle s’étit efforcée de suivre la ligne directrice transmise par le gouvernement cadézien, et voter à l’encontre de ses valeurs. Ce poste de Sénatrice l’avait scindé en deux et jamais, elle ne saurait recoller les morceaux.

- J’ai officié dans l’armée cadézienne, oui. Cet emmerdeur de Publius, quand j’ai triomphé sur Kemal Station, il a vu une opportunité de…m’élever. Voilà.

Voilà. L’histoire commençait et finissait là. Il n’y aurait pas de grand épanchement sur ses faits d’armes ou sur son parcours militaire semé d’embûches. Camina était un être réservé et pudique, à la froideur comparable aux glaciers. Elle avait une armure inébranlable façonnée par son caractère intransigeant. Toutefois, alors qu’elle échangeait avec Nyss un regard complice, on comprenait que dans toute armure existait des failles. Parfois minimes, mais suffisantes pour laisser l’extérieur s’infiltrer.

Les plats arrivèrent. La toute blonde ne ressentait aucun appétit, à vrai dire, elle était beaucoup trop impressionnée par ce quasi-tête à tête avec la Vice-Chancelière. Elle se réfugia toutefois dans son assiette pour couvrir sa gêne. Elle avait commandé une soupe dont la surface rutilait ; sa couleur, son parfum épicé, les cubes de légumes qui y baignaient, appelaient pourtant à la gourmandise. Eva laissa les discussions se poursuivre de bon train autour du repas et plongea sa cuillère dans le potage. Elle touilla lentement, pensive, relevait ses prunelles quand elle entendait son nom pour répondre avec évasion et politesse. Enfin, elle goûta une cuillerée et se satisfit du goût et du raffinement des ingrédients utilisés. Elle s’apprêtait à reprendre le fil de la conversation qui s’était tissée entre Nyss et Ashford quand son datapad fit un drôle de bruit. Elle se répandit dans un sourire désolé, ses joues prenant soudainement feu. Le bip de son datapad était assez singulier pour ameuter quelques regards curieux des tables alentours. Il fallait qu’elle surpasse sa honte pour saisir son pad et faire cesser cette mélodie absurde. Sa main réussit à trouver l’appareil et elle glissa les yeux dessus avant de déverrouiller son écran, les doigts fébriles.

- Evadné ? Sérieusement.

Mais Evadné ne répondait plus. Le rouge de ses joues s’était estompé et elle était devenue un peu plus pâle que d’habitude. Dans l’azur clair de ses prunelles défliaient les mots d’un autre poème, comme celui qu’elle avait reçu des semaines plutôt. Elle avait cru à une ineptie de Valérian Hélix, avait compris qu’il n’était pas ce genre d’homme. Les jours avaient passé, puis les semaines. Elle avait cru à une mauvaise blague.

- Evadné, reprit Camina sur un ton plus sévère.

La jeune politicienne s’empressa de cacher le datapad dans son sac à main avant que la sénatrice n’ai l’idée de se pencher par-dessus son épaule pour lire le message.

- Pardonnez-moi, je…me demande, Madame la Vice-Chancelière, sourit-elle vers Sly. Vous devez connaître le Sénat comme votre poche et…les Sénateurs peut-être. Connaissez-vous des sénateurs en phase avec la poésie, à tout hasard ?
- Hein ? s’étonna Ashford en faisant des gros yeux. T’es fatiguée ou quoi ?
- Oui, c’est vrai, c’est absurde, excusez-moi. Je suis épuisée, je devrais rentrer me reposer. Je suis vraiment, vraiment navrée.

Elle ramassa ses affaires et se redressa sous l’air scandalisé de Camina qui secouait la tête. Evadné adressa une courte révérence à la Reine et son compatriote avant de fuir vers la sortie. La sénatrice cadézienne poussa un franc soupir mêlant déception et colère.

- Cette gamine…Désolée. Elle enchaîne tout, les gardes au centre médical, les réunions au Sénat. Mais c’est la première fois que ja la vois faire preuve de tan d’impolitesse, elle doit vraiment être crevée.









Coruscant, la ville-monde, la cité-planète, où le jour et la nuit n’étaient à peine qu’une variation de luminosité pour ceux qui avaient la chance de voir un morceau de ciel. Pour les autres, ceux du bas, la jour et la nuit n’avaient guère d’importance. Certains niveaux médians possédaient le luxe d’un ciel artificiel, extrêmement coûteux en installation et en entretien. Ce luxe n’était réservé qu’aux quartiers résidentiels les mieux lotis, à des niveaux moins profonds que le reste. Evadné se retrouva dans la noirceur de la nuit, sur le parvis du restaurant qu’elle venait de quitter sur un coup de tête précipité. L’air frais et pollué fouetta sa figure blême et elle s’approcha prudemment du trafic mené par les speeders en tout genre. Elle leva une main pour attirer l’attention d’un taxispeeder. Et une fois à l’abri dans l’habitacle, elle rouvrit son datapad. Alors que faire ? Elle pourrait retourner à son appartement, s’y réfugier, se dire que dans quelques semaines, il n’y aurait plus de message. Ou au contraire, il y en aurait toujours davantage. Cela allait finir par devenir une obsession, un besoin de savoir qui et pourquoi.

Les lumières de son modeste bureau d’assistante-sénatrice s’enclenchèrent paresseusement. Un droïde protocolaire ancienne génération lui souhaita la bienvenue, comme si la journée débutait et qu’une pile de dossier l’attendait. Mais il faisait toujours nuit. Elle s’assit à son bureau, le datapad entre ses mains et relisait le poème, espérant y déceler un indice sur l’identité de l’expéditeur en vain. Et l’idée d’un rendez-vous, aussi absurde. Evadné était naïve mais la prudence lui réclamait d’entendre raison. A cette heure-ci, crapahuter à l’autre bout de Coruscant – car c’était bien là que la menait l’adresse. Cela restait les niveaux supérieurs, mais le crime ou la malveillance ne connaissaient pas les barrières sociales.

- Droïde.
- Oui Mademoiselle Publius ?
- Fais-moi appeler un taxispeeder pour l’adresse suivante, s’il te plaît..


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Inconnu


J’avoue, je n’ai pas la sagesse des anciens
Ni le sens des manœuvres, le doigté des complots
Je n’ai pas de l’or coulant à flots de mes mains
Ni le prestige de ceux qui trônent là-haut

Et en comparaison d’une femme comme vous !
Je n’ai point la beauté, point je ne crains la grâce
Que vos yeux, aussi scintillants que des bijoux,
Jettent sur nous, pauvres égarés de l’Espace !

Qu’aurais-je alors, que pourrais-je espérer offrir,
Moi qui n’ai rien d’autre qu’un cœur à attendrir ?
Même ces mots que vous lisez, je vous les dois.

Et pourtant, j’ai l’audace, que dis-je, le désir
De vous joindre une adresse à laquelle venir
Y recevoir des fleurs, et un carré de soie.




En chemin, elle déchiffrait l’énigme, mais tout lui paraissait à chaque fois un peu plus obscur. Evadné avait un pragmatisme innocent qui la poussait à rater l’évidence qu’elle serait peut-être devenue l’obsession d’un admirateur secret ou bien la cible d’un dangereux psychopathe. Elle tâchait de voir un dessein plus neutre dans tous ces vers qui se succédaient pourtant avec une verve ardente.

- C’est ici Mademoiselle, lâcha le chauffeur ce qui la tira de ses pensées confuses

Elle paya la course et quitta l’airspeeder. La façade du restaurant était chic, mais moins luxueuse que l’établissement qu’elle avait quitté plus tôt. Elle engagea un pas vers l’entrée et sitôt, le soufflet des radiateurs attaqua son corps qui avait trop hésité dans le froid pollué de la nuit. Elle fut éblouie par les lumières, ne sut très bien où chercher, où regarder jusqu’à ce qu’un homme s’approchât d’elle. Et elle crut sincèrement que c’était lui, que le mystère était fini, mais il portait l’uniforme du personnel. C’était simplement le Maître d’Hôtel et quand elle annonça son nom, il lui délivra ce qu’elle devait recevoir. Elle plia le bras autour du grand bouquet de fleurs. Des Inisas, blanches et parfumées. Sa fleur préférée. Et au creux de leurs pétales, un carré de soie bleu élégamment plié qui s’alliait parfaitement à sa robe de soirée.

- Et voilà, Mademoiselle Publius.
- Attendez, souffla-t-elle, Savez-vous de la part de qui je reçois ces présents ?
- Ah ben, fit-il en haussant les épaules. Un jeune homme bien coiffé, genre une coiffure de poupée. Mais je le vois plus, il a dû partir.

Elle abaissa son minois vers les deux présents, un air perplexe colorant ses traits angéliques.

- Je vois, merci. Si vous le revoyez, vous pourrez lui dire que les Inisas, c’était un très bon choix. Bonne soirée.
- Merci, Mademoiselle.
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Il avait été évident pour Sly ainsi que Nyss que le sujet de la carrière militaire de la sénatrice Ashford n’était pas un sujet sur lequel elle souhaitait s’étendre davantage. Aussi les deux umbarans gardèrent le silence une fois qu’elle eut répondu brièvement sans donner plus de détails sur ce chapitre de sa vie. Mais la vice-chancelière pouvait quand même lire entre les lignes de la réponse de Camina Ashford : après le succès de la capitaine Ashford, ce fut Veragan Publius qui avait vu une opportunité de l’élever à ce poste. Sans doute souhaitait-il nommer une héroïne de guerre à ce rôle pour parvenir à la fois à redorer son image et renforcer sa réputation auprès du peuple tout en neutralisant politiquement un éventuel rival pouvant menacer son règne ou dont la popularité aurait pu éclipser la sienne à terme. Quelle aurait été la vie de Camina Ashford si elle avait refusé cette offre ? Ou si Veragan Publius avait fait un autre choix ?

Sly Keto l’ignorait. Mais elle put cerner un peu plus les manières du père de la jeune Evadné et son sens politique. C’était quelqu’un avec lequel il était toujours possible de s’allier mais qu’il faudrait toutefois garder à l’œil. Après tout comme le disait le dicton populaire corellien : « Si tu dînes avec le diable, prends de longs couverts », ou du moins c’était le souvenir qu’en avait l’umbarane. Quoiqu’il en soit Camina semblait s’ouvrir un peu plus en la présence du sénateur Detchi qui échangea avec elle quelques regards complices qui n’échappèrent pas à la vice-chancelière. Lorsque le serveur revint avec plusieurs plats, et une fois que tout le monde fut servi le sénateur Detchi écrasa sa cigarette dans le cendrier et s’exclama.

- Bon appétit à vous !

Sly leva alors son verre lorsque soudainement il y eu une petite mélodie qui s’éleva depuis sa droite. La jeune Evadné commença immédiatement à rougir alors que la sonnerie de datapad révélait qu’il lui appartenait. Camina Ashford intervint une première fois pour recadrer son assistante, puis une seconde en voyant qu’elle prenait le temps de lire le message à table. La jeune Evadné dissimula son datapad dans son sac à main avant de poser une question étrange à l’umbarane, mais Sly n’eut pas le temps de répondre que la sénatrice de Cadézia lui coupa la priorité. La vice-chancelière fronça légèrement les sourcils essayant de comprendre quel était le rapport entre le message reçu et un éventuel sénateur en phase avec la poésie. L’expression du visage de l’umbarane n’était pas sévère, mais plus extrêmement confus, et son alter-égo Sith l’était tout autant devant la situation qui lui échappait des mains avec la même agilité qu’une anguille. Voilà qui était bien étrange…

Sly Keto n’eut pas vraiment le temps de fournir une réponse claire et précise à Evadné, essayant également de passer au crible à toute vitesse l’ensemble des sénateurs pouvant se révéler poètes. Mais visiblement la jeune femme se hâta de prendre ses affaires, s’excusa platement devant les personnes présentes à table et déclara devoir rentrer se reposer après une courte révérence alors que Camina Ashford semblait excédée par l’attitude de son assistante. Ni le sénateur Detchi, ni la vice-chancelière Keto n’eurent le temps de vraiment formuler quelque chose devant la rapidité de ce qui ressemblait à une fuite. Là ou Nyss semblait s’agacer devant cette attitude, Sly quant à elle cherchait à comprendre ce qui venait de se produire, devinant qu’il avait du se passer quelque chose d’important, sans doute un message un urgent. Mais elle fut rapidement tirée de ses pensées lorsque Camina s’excusa pour elle.

- Je vois. La politique demande beaucoup de soi et n’est pas toujours facile à concilier avec des activités annexes, et je parle par expérience… Ne vous inquiétez pas sénatrice je ne suis pas offensée, j’ai déjà été dans des situations plus étranges avec des individus beaucoup moins polis que votre assistante.

Regardant son entrée quelques secondes, elle chercha à trouver quelque chose pour rebondir et poursuivre le fil de sa pensée. Bien entendu il y avait toujours le sujet de cette table ronde de l’AGPU à laquelle Voyl Clawback du Clan Bancaire devait participer. Aussi la vice-chancelière reprit la parole sur ce sujet afin de voir si la sénatrice Ashford accepterait de l’accompagner.

- A propos avez-vous déjà visité Ossus ?

Le dîner se poursuivit tard dans la nuit dans une atmosphère plutôt agréable et sympathique même si l’attitude de Camina Ashford ne manqua pas de surprendre quelques fois les umbarans. Le repas pris fin vers 2 heures du matin, heure à laquelle chacun des participants quitta le restaurant. Sans surprise, Nyss Detchi avait pris la décision de raccompagner la sénatrice Ashford jusqu’à son appartement et passa le reste de la nuit en sa compagnie. Sly Keto quant à elle profita d’un moment de répit pour consulter son agenda et répondre à de nombreux messages reçus du Rassemblement Patriote. Elle n’eut de retour de la part de Nyss que le lendemain en début d’après-midi qui fit un petit rapport avec quelques informations obtenues auprès de la sénatrice Ashford sur son passé. Une femme qui forçait l’admiration de la vice-chancelière en dépit de leurs différents idéologiques et politiques, son parcours était clairement indéniable. Ces précieuses informations lui permettraient de mieux toucher les points sensibles de la sénatrice de Cadézia au sénat, Sly n’en doutait plus.

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FIN DU TOPIC

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