Absalom Thorn
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Je sais que vous ne faites pas dans l’humanitaire et… et…
Calmez-vous, maître.

L’avocate se moucha bruyamment, ce qui n’était pas commun, dans la bonne société hapienne.

Si beau, mon dieu, si vous saviez comme il est beau, mon pauvre petit.
Racontez-moi tout depuis le début.

La femme arrangea machinalement son chignon, parce que tous les drames du monde ne devaient pas entamer l’élégance d’une Hapienne et elle recommença, mais cette fois-ci d’une voix plus calme, le récit qu’elle avait déjà fait à Noctis dans un style haché, sanglotant et au bout du compte presque incompréhensible.

Mon fils, Ar’yn, vient de finir ses trois premières années à l’université et, pour célébrer cela… oh, il a toujours été un si bon garçon, vous savez, si…

L’avocate s’interrompit. Vanter les vertus de son fils n’était peut-être pas la meilleure stratégie pour convaincre un Seigneur Sith de l’aider.

Il a voulu acquérir directement de l’expérience de terrain. Ses études sont en relations internationales, il s’est engagé comme bénévole auprès d’une organisation caritative qui opère dans la Bordure Républicaine, pour aider des populations victimes de la guerre à reconstruire leur communauté en zone rurale. Il était sur un vaisseau qui acheminait du matériel de nécessité et là… des… des pirates…

À nouveau pleurs, lamentations et de manière générale consternation pleine et entière.

… ont attaqué le convoi, suggéra Absalom, pour l’encourager à poursuvre ?
C’était terrible ! Enfin, je crois. En tout cas, ils ont saisi le matériel et vendu l’équipage à un marchand d’esclave dans l’Espace Hutt. Mon pauvre Ar’yn…
Maître Nash, intervint la professeure Cala Thorn, qui avait convié cette connaissance un peu lointaine à exposer son problème à son fils, dont elle avait bien compris le souci constant de s’attirer les bonnes grâces de la société hapienne. je suis certaine qu’Absalom, par ses contacts, pourra vous aider.
L’Espace Hutt est hélas un endroit dangereux et complexe, dans lequel il est toujours délicat de s’aventurer et…
Vous avez, n’est-ce pas, maître, un hologramme de votre fils, pour faciliter les recherches ?

La mère éplorée tira de sa poche un petit projecteur, qui afficha bientôt l’image translucide d’un Hapien d’une vingtaine d’années, souriant, athlétique, qui posait en maillot de bain devant l’un des splendides lacs étincelants de son monde natal. Il était sublime, comme la plupart de ses congénères.

Hmm… je peux sans doute faire quelque chose, oui…, murmura Absalom, qui se sentait fort concerné par toute cette histoire.

Et c’est ainsi que, quatre jours plus tard, après avoir laissé sur son chemin une collection d’intermédiaires criminels profondément traumatisés par sa visite aussi impromptue que cauchemardesque dans leurs souvenirs, fort des informations glanées dans les esprits torturés de ces indicateurs malheureux, Noctis débarquait sur Sleheyron.

Le sorcier avait revêtu l’un de ses innombrables déguisements. Les cheveux teints en un noir profond, des lentilles de couleur d’un vert sombre, il avait traqué l’élégance de ses tenues habituelles pour un accoutrement de mercenaire galactique, afin de mieux se perdre dans la foule interlope qui inondait constamment les rues d’une planète presque entièrement recouverte par des villes de vice, de crime et de violence.

La ville hutt semblait répondre aux fureurs de vagues successives, dans un chaos architectural, plutôt qu’à un plan d’urbanisme bien pensé. S’y repérer exigeait un peu de patience et un certain don pour s’attirer la faveur d’informateurs bien choisis. Les pouvoirs de l’ancien Sith comblaient heureusement sa relative méconnaissance des lieux, lui qui avait surtout frayé avec les criminels de Nal Hutta, par le passé.

Au fil de son enquête, il avait identifié la Bande à Ravek comme les marchands d’esclaves auxquels les pirates avaient vendu Ar’yn et le reste de l’équipage du Salvation III, le navire caritatif républicain qui s’était fait attaquer à la frontière. Ravek, de ce qu’il avait appris, était un Sullustéen qui s’occupait principalement de jouer les intermédiaires entre les pirates frontaliers et les marchés d’eslcave de Sleheyron, en empochant sa commission au passage, et il y avait fort à parier que le malheureux Hapien ait déjà changé de main, depuis son arrivée sur la planète hutt.

La nuit était tombée sur la ville, sans que personne n’ait l’air de s’en apercevoir. Des échoppes fermaient et d’autres ouvraient, mais c’était la même foule, la même atmosphère de danger vague, imprécis, mais omniprésent, les mêmes regards anxieux ou prédateurs que se jetaient les passants. Adossé à un mur au coin d’une ruelle, Absalom observait un vaste bâtiment en forme de pavé droit, degré zéro de l’invention architecturale. Au-dessus de la façade crasseuse, des lettres holographiques annonçaient dans un arc-en-ciel criard et vacillant :


ESCLAVES
TOUT USAGE

(Mâles, femelles, etc.)


Depuis qu’il considérait les lieux pour se rendre compte du genre de clientèle, et s’assurer qu’il n’y attirerait pas l’attention, Absalom avait senti monter en lui une hostilité froide, bien différente de la colère brusque et puissante dont certains Siths avaient la spécialité, mais non moins terrible. Le trafic d’esclaves était une activité qu’il jugeait profondément répugnante. Et absurde. Elle constituait d’ailleurs l’un des défauts originels de l’Empire, à ses yeux, mais c’était bien dans l’Espace Hutt qu’elle s’exprimait de la façon la plus dégoûtante.

On lui avait assuré — entre supplications infructueuses — que la bande à Ravek avait avec ce marché-là des relations commerciales privilégiées. Avec un peu de chance, Ar’yn y était encore. Dans le cas contraire, Noctis espérait bien mettre la main sur quelqu’un qui saurait à qui on l’avait vendu. Et puis même les marchés d’esclaves devaient tenir des registres. Histoire de pouvoir rendre leurs comptes aux Hutts.

Avec une détermination renouvelée, l’Hapien se détacha de son poste d’observation, se fraya un chemin parmi la foule pour traverser la rue et pénétra dans le hideux bâtiment.
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« Va chier ! Va chier ! Pauvre saloperie ! »

H'phedia perdit patience avec celui-ci, elle plongea ses crochets dans son cou, lui injectant une bonne dose de venin. Voilà qui devrait le faire se tenir tranquille.

« J'te dirais rien ! Rien ! T'entends ?! Va bouffer tes pattes ! Va bouff- »

Pour celui-là elle appliqua une autre couche de soie pour le bâillonner. Et avec cela, le dernier des pirates était neutralisé. Cela faisait un certain temps que cette bande opérait dans les franges les plus reculés de la république, elle n'était pas la seule d'ailleurs, la piraterie étant plus que fréquente dans ces secteurs. Ce qui la différenciait des autres cependant, c'était qu'au lieu de tuer les équipages et les passagers, elle les capturait pour ensuite les revendre comme esclaves. La jeune araignée ne portait pas les esclavagistes dans son cœur, de même que ceux qui aimaient priver les autres de leur liberté et de leur volonté. Malheureusement, quand cela arrivait dans l'Espace Hutt ou des mondes non-alignés, elle ne pouvait pas y faire grand-chose. Cette fois-ci cependant, les pirates avaient fait l'erreur d'opérer sur le territoire républicain, ils avaient la deuxième erreur d'attaquer tout ce qui leur tombait sous la main. Résultat, ils finirent par attirer sur eux l'attention de personnes qui se souciait de ceux qui disparaissaient et une opération conjointe entre une certaine Jedi et un contingent de la marine républicaine fut montée pour les arrêter. Quand les ruffians crurent attaquer une proie sans défense, ils se retrouvèrent en réalité prit en sandwich entre une sentinelle particulièrement remontée et un détachement de frégates Hammerhead. Elle en captura autant que possible, pas seulement parce qu'un Jedi n'est pas sensé massacrer tout ce qui se trouve sur son chemin, mais aussi parce qu'ils pourraient avoir des informations importantes.

Le problème était que ces pirates n'étaient qu'une partie du problème, leurs victimes, ils ne les gardaient pas pour eux, ils les revendaient à d'autres esclavagistes. Il avait un receleur pourrait-on dire et tant que ce dernier restait en activité, d'autres bandes serait là pour tenter l'aventure républicaine, surtout s'il payait bien. La seule façon de régler le problème définitivement était de détruire le circuit en amont, ceci afin de lancer un message clair, si vous touchez à la république, dite adieu à votre business. D'où alors l'intérêt d'interroger les prisonniers, pour qu'ils puissent donner le nom et le lieu de leur receleur.

Au premier abord, les ruffians ne semblaient pas des plus coopératifs, mais les autorités de la République avaient des méthodes éprouvées, et puis, ce n'était pas comme si la loyauté étouffait ces bandits. Bientôt, ils eurent un nom, Ravek, un sulustéen, ce dernier, à la tête de la bande du même nom, était donc leur receleur. Ils eurent aussi un lieu, et un monde, Sleheyron. Cela n'était pas vraiment une surprise, il s'agissait du second monde le plus riche de l'Espace Hutt, juste derrière Nar Shaddaa, situé au croisement entre deux voies hyperspatiales qui le traversait de part en part. C'était le paradis des esclavagistes en tout genre, pas vraiment le genre d'endroit où la marine républicaine pouvait débarquer en grande pompe, à moins qu'elle ne veuille déclencher une guerre. Une Jedi avec une prédisposition pour la discrétion par contre...

*****

Slehreyron, qu'avait-il à dire à propos de Sleheyron ? Que c'était un endroit horrible. Comme les bas-fonds de Coruscant, mais en bien, bien, plus pire. Là-bas il avait encore une vague tentative de maintenir un semblant d'ordre, une limite ténue de ce qui était bon ou mauvais. Ici il n'y avait rien de tout ça, seulement la loi des Hutts, et les Hutts ne se souciaient que de leur profit. L'on avait dépassé le stade des injustices à chaque coin de rue, ce monde entier n'était qu'une seule et gigantesque injustice flottant dans le cosmos. Elle le détesta l'instant où elle posa la patte à terre, et elle le détesta encore plus qu'elle ne pouvait rien y faire. Même ce qu'elle était venue faire ici ne serait qu'une goutte de justice dans un océan de misère et elle ne serait même pas là si cela n'avait pas concerné la République, cela la rendait malade. Elle se demanda si l'Empire suivrait un jour cette voie, abandonnant les rêves de conquêtes galactiques pour se concentrer sur son petit morceau de galaxie, préservant son indépendance à coût de crédit et de relativisme. Serait-elle réduite, comme aujourd'hui, à devoir regarder au loin, impuissante, tant de mondes souffrir ? Tout cela car ce n'est pas sa « juridiction » ? Parce que la république ne souhaite pas gâcher ses ressources dans un guerre ? Parce qu'elle est incapable de gagner une guerre ? Ou bien parce qu'elle ne se soucie absolument pas de ces mondes lointains ?

Mais, même s'ils partageaient de nombreux points communs, les Sith n'étaient pas les Hutt. Leur ambition était sans-limite, jamais ils ne se contenteraient d'un fragment de l'Univers quand ils pourraient l'avoir dans son intégralité. De plus, faute d'avoir quelque chose à conquérir, ils avaient une tendance certaine à s'entre-dévorer. L'on pouvait donc dire qu'ils étaient allergiques à la paix.

Fendant la foule, le bâtiment, un morne bloc beige quasiment indiscernable du reste, se profilait devant elle. Selon les pirates, c'était là que Ravek y tenait son commerce. Resté à vérifier si ce qu'ils avaient raconté était vrai. Et si c'était bien le cas, elle aurait encore un dernier problème à traiter, une chose qui la peinait au plus haut point, le fait qu'elle allait devoir tous les tuer.

Elle y avait longuement réfléchi, quelle autre solution avait-elle ? Les ramener sur son dos dans l'espace républicain pour les juger pour leurs crimes ? Pour les Hutt ils n'avaient enfreint aucune loi, et ils n'ont pas attaqué directement la république, pas plus qu'ils n'en sont des citoyens. L'imbroglio légal et diplomatique que cela causerait serait presque sans fin. Pourtant ils devaient être arrêtés, un exemple devait être fait. Ce qui ne laissait donc que cette seule alternative.

La jeune araignée se dit que si la chose avait été confiée à une unité des forces spéciales ou des services secrets, ces derniers n'auraient pas eu les mêmes états d'âme.

Araignée... Ô araignée... Quelle main... Quelle main a donc forgé ton effroyable symétrie.

Quelque chose n'allait pas, une terrible sensation venait de s'emparer d'elle.

Vous êtes toujours si désolé, toujours en train de vous excuser pour la moindre pensée, c'est pour ça que vous n'arrivez jamais à rien, vous êtes trop occupés à vous taper la tête contre les murs de votre propre caboche.

Son cœur s'était changé en glace, son sang comme du barbelée dans ses veines.

En ce moment même l'Empire conquiert un Kadijic Hutt entier pour les plus impurs des raisons, là où la République et les Jedi devrait le faire pour les plus purs d'entre toutes.

La foule s'était changée en une marée d'ombres indistinctes, un essaim qui grouillait sur vous, qui vous dévorait une morsure après l'autre.

Ils te diront que c'est un territoire souverain, une autre culture, que c'est de notre devoir de la respecter. Les mots des faibles, des lâches, de ceux que la poursuite de ce petit commerce arrange bien. La souffrance, le mal, sont universels et leur remède l'est tout autant...

Elle est emportée par le flot, un torrent de crochets qui la traîne dans les ruelles attenantes, autant de crevasses dans la roche, autant de vents sifflants comme des voix, des voix qui lui ordonnent de se laisser couler. Loin, loin sous la surface, parmi les brisés, parmi les broyés, parmi les déchus.

Un mensonge, tellement de mensonges. Toutes les vies ne se valent pas, et toutes ne méritent pas le droit d'exister. Pour que l'avenir soit radieux, pour la Paix et l'Ordre puissent régner, certaines existences doivent être supprimées. C'est un fait avéré, vérifié et inévitable. Une nécessité.

Rouge, rouge les perles qui reposent entre ses poils blancs. Rouge la couleur du sang. Rouge l'odeur du sang, l'odeur du métal, l'odeur de la mort. Rouge le métal, rouge la mort.

La mort. Pour les mauvais, une juste punition, pour les bons, une douce miséricorde. La symétrie.

Araignée... Ô araignée... Quelle main... Quelle main a donc forgé ton effroyable symétrie.

Tout ce qui t'attend plus loin, ce sont des monstres et la seule justice pour les monstres c'est une lame en plein cœur. Être un jedi c'est faire ce que les autres ne peuvent pas faire, c'est tuer ceux que les autres ne peuvent tuer. Ton maître le savait, ta mère aussi. Ainsi ton monde fut sauvé, ainsi as-tu pu vivre. Il est temps de leur faire honneur... Taille les tous en pièces.

Le Côté obscur. La dernière fois qu'elle l'avait senti si fort c'était sur Carida. Et il émanait de l'endroit où elle devait se rendre. Un sith était présent, et pas un petit. Par quelle cruelle coïncidence une si puissante créature des ténèbres se trouvait ici précisément au même moment où elle-même allait y être ? Et si ce n'était pas une coïncidence du tout ? Et si c'était ce sith qui tirait les ficelles depuis le début ? Cela expliquerait ces raids contre la république. C'était peut-être même un piège depuis le début, les pirates donnant volontairement ces informations, sachant pertinemment ce qu'on y trouverait au bout.

Oh, regarde, il y a un gentil sith tout là-bas, avec un peu de chance ils les tuera tous à ta place, ainsi tu pourras rester pure. N'est-ce pas merveilleux ? Il ne faudra pas oublier de le remercier, ce serait la moindre des politesses, et les gentilles filles sont toujours polies. Tu es une gentille fille, n'est-ce pas ?

Usant de tout le talent de dissimulation dont elle était capable elle annula sa présence dans la Force de même que celle dans le monde physique. De par le paradoxe d'avoir utilisé la Force pour se couper de la Force la présence du Côté Obscur devint plus supportable et ses pensées se clarifièrent. Il était clair qu'entrer par la grande porte et se faire passer pour une cliente n'était plus à l'ordre du jour. Il restait une infime chance que cela soit une coïncidence, mais c'était un risque qu'elle ne saurait prendre.

Prudemment elle sortit de la ruelle, elle fit d'abord mine de se diriger vers le bâtiment, avant de brutalement bifurquer dans une contre-allée. Cette dernière longeait la boutique de Ravek, H'phedia la parcourut jusqu'à repérer une grande fenêtre rectangulaire en hauteur, bien trop haut pour que quiconque puisse l'escalader sans outils spécifiques, mais elle était une Araquia, elle n'avait pas besoin d'outils spécifiques. Elle escalada donc simplement la façade et se glissa par la fenêtre à l'intérieur du bâtiment.

À aucun moment elle ne remarqua les corps qui reposaient dans la ruelle selon des angles étranges, le crâne défoncé, des marques de morsures à divers endroits.
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C’était bien un marché, semblable à un bazar, et l’on n’y vendait pas que des esclaves. À l’intérieur, on avait abattu presque tous les murs pour ne laisser qu’une immense salle dégagée. Là, de longues tables accueillaient les cages où les esclaves, ainsi surélevés, pouvaient être examinés par les clients. Le long des tables elles-mêmes, des étals plus modestes offraient tout un monde de marchandises qui auraient été plus ou moins illégales dans le reste de la Galaxie : à côté des tissus les plus innocents on trouvait des épices psychotropes, ici c’était des pièces détachées de speeders et là des crédits républicains contrefaits qu’on vendait à soixante pour cent de leur prix nominal.


Absalom n’eut aucun mal à se fondre dans la foule, parce qu’il n’y avait personne ici qui n’eût pas l’air suspect. L’ancien Sith remontait les allées en examinant les esclaves, alors que son indignation allait croissant. Ce n’était pas le pire marché qu’il ait vu de sa vie : on trouvait sur les planètes désertiques, dans les rares oasis, des spectacles encore plus révoltants. Mais il y avait des horreurs dont les degrés importaient peu.


Quand il eut fait le tour, il dut se rendre à l’évidence : pas d’Ar’yn à l’horizon. Difficile d’en être étonné : un sculptural Hapien, c’était sans aucun doute le genre de marchandises qui se vendait en premier. Absalom balaya du regard les murs du marché. En hauteur, sur des galeries métalliques qui faisaient tout le tour intérieur du bâtiment, des mercenaires scrutaient la foule avec insistance, pour en assurer la sécurité. En bas, d’autres se tenaient prêts à intervenir au moindre problème.


Monsieur trouve ce qu’il désire, demanda une vieille femme dont les cornes s’enfonçaient profondément dans les replis de son crâne ridé ?
Pas vraiment, répondit-il d’un ton où il laissa poindre un peu d’agacement. Je cherche quelque chose de spécifique, c’est le troisième marché de la journée, on m’avait assuré qu’il y avait ici de la qualité exceptionnelle, mais on a dû se tromper.
Doucement, doucement, mon beau, répondit la marchande avec empressement. Il y a toujours des moyens de s’arranger. Si tu as de quoi payer.
J’ai de quoi payer si vous avez vraiment quelque chose à vendre.


Absalom ignorait le genre de contrats qui unissaient les vendeurs de la salle à la Bande à Ravek. Est-ce que cette femme appartenait pleinement au gang ? Est-ce qu’elle achetait les esclaves en gros puis profitait de l’espace qu’ils mettaient à sa disposition pour les revendre ? Il aurait préféré maîtriser les rouages de ce trafic pour mieux en manipuler les acteurs, mais le temps lui était compté et l’heure n’était pas aux études de marché.


Qu’est-ce que tu cherches ?
De l’esthétique. Humains ou proche-humains. Des Hapiens, par exemple.
J’ai cette humaine capturée sur D…
On m’avait dit qu’il y avait des Hapiens ici.


Son insistance ne parut pas étrange : de toute évidence, se disait la vendeuse, il était là pour fournir un réseau de prostitution et les clients avaient parfois des lubies bien précises.


Ce n’est pas ce qu’il y a de plus courant.
Précisément.
Laissez, elle ne fait pas dans la marchandise de qualité.


L’homme qui venait de se glisser à ses côtés devait avoir dans la trentaine. L’un de ses yeux avait été remplacé par une prothèse cybernétique qui donnait l’impression d’analyser constamment son environnement. Absalom la vit faire le point sur son visage.


Pas de la marchandise de qualité, s’offusqua la vieille femme ? Moi ? Pas de la marchandise de qualité ? Je paie mon emplacement comme tous les autres, Mévine ! Je paie mon…


Le dénommé Mévine fit un geste de la main impatient, avant d’entraîner Noctis à sa suite.


Pour les besoins les plus spécifiques, expliqua-t-il, et surtout les espèces rares, mieux vaut venir directement nous parler. C’est la première fois que vous nous rendez visite, n’est-ce pas ?
Je me fournis d’ordinaire dans les marchés impériaux, répondit Absalom, pour éviter par avance toute question trop pointue sur le petit monde des esclavagistes locaux, auxquelles il n’aurait pas su répondre.
Et qu’est-ce qui vous amène jusqu’à Sleheyron ?
Je suis venu pour acheter, pas pour répondre à un interrogatoire.

Cette réponse tranchante lui parut à propos, afin de ne pas passer pour une proie facile, et son interlocuteur leva les mains en signe d’apaisement.


Très bien, très bien. J’aurais besoin d’un preuve de vos moyens de paiement.


Le Hapien tendit un datadisk que Mévine approcha de sa prothèse oculaire. Quelques secondes plus tard, il hochait la tête d’un air satisfait. Puis il fit un signe à deux loubards, qui activèrent une porte afin de les laisser pénétrer dans un second salon. Ici, pas d’esclaves exposés : trois ou quatre tables circulaires, espacées les unes des autres, et des fauteuils où discutaient les clients les plus fortunés et les membres de la Bande à Ravek, soucieux de prendre soin des gros poissons.


Nous gardons nos spécimens les plus attrayants dans un endroit mieux protégé. Pour éviter qu’ils ne se dégradent, principalement. Et il se trouve que nous avons justement reçu des arrivages récents. Dont un Hapien. Mais si vous préférez des femelles, il nous reste des humaines dont je puis vous assurer que la beauté est époustouflante.

D’une main que Noctis se promit de trancher si l’occasion s’en présentait, l’homme l’invita à s’asseoir.


Faites voir les deux, dit-il d’un ton aussi dégagé que possible, alors que son interlocuteur se penchait pour programmer le petit holoprojecteur de la table.
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Il y a treize ans...?

Froid et sombre, les murs de pierre, les barreaux de sa cage, le poids sur son esprit, son corps, son âme. Devant elle une table, trop longue, trop vide. Au-delà deux yeux qui la fixent dans le noir, deux têtes d'épingle brûlant d'un feu glacial. Juste en dessous un sourire comme une rangée de couteaux. Posé sur la table une cage, à l'intérieur un oiseau, il chante faiblement, la plainte de la peur qui s'est changée en désespoir. Sur cette cage une main trop fine, ses doigts trop longs raclent sur les barreaux, un chant en lui-même.

« Ceux comme toi, ils mangent des choses comme ça, pas vrai ? »

La voix, doucereuse, cinglante, suintante, une aiguille qui s'enfonce, s'enracine, s'entrelace en elle. L'oiseau dans la main, une cage de fer devenue une cage d'os. Le sourire se déchire, une profondeur attrayante dans laquelle s'engouffre l'oiseau, tout s'achève sur une dernière note au relent de reconnaissance.

« Voilà, j'ai mangé comme toi, à présent, màn̛g̢e ̶c͟ơmme mo̕i. »

Devant elle une table, pas assez longue, pas assez vide. Posé dessus un bol rempli à ras bord d'un rouge chaud que le froid et l'obscurité n'avaient su étouffer. Posé dessus un corps emmailloté dans une toile qui ne l'empêchait pas assez de ce débattre, qui ne l'empêchait pas assez de crier... de crier... de crier...

Aujourd'hui...

La sentinelle avait mobilisé toute sa volonté pour s'arracher aux tréfonds de sa mémoire et revenir à l'instant présent. Cet instant c'était elle, collé à un mur, caché derrière deux couches d'invisibilité, l'une la dissimulant à la réalité physique, l'autre à celle de la Force. Devant ses yeux s'étendait un vaste marché couvert où se monnayaient toutes sortes de marchandises toutes plus illégales les unes que les autres, les esclaves y figurant en bonne place. H'phedia abhorrait le concept même de l'esclavage ainsi que tous ceux qui le pratiquaient, mais en cet instant, cela passait au second plan. Juste en dessous d'elle il y avait une série galeries métalliques où patrouillaient quelques gardes, mais cela représentait le cadet de ses soucis, ils se concentraient sur ce qui était sous eux et non l'inverse, et ils ne pouvaient pas la voir de toute façon. Non, la seule chose qui avait sa pleine et entière attention à ce moment précis était cette présence dans la Force. Une seule fois au cours de son existence elle en avait senti une similaire, celle de la Sorcière. Il y avait des différences cependant, au lieu d'être un abysse qui vous attirait inexorablement vers elle, celle-ci était plus comme un océan de ténèbres, inconcevable dans son étendue et sa profondeur, d'un calme sépulcral mais dont le poids pesait sur vous à chaque instant. Son épicentre fut simple à localiser, aussi évident que les crochets au milieu du céphalothorax. C'était un humain mâle, les cheveux noirs, les yeux verts, habillé à la manière d'une mercenaire. Elle ne parvenait pas à lui donner un âge précis, mais selon les standards humains il devait être beau. Il ne ressemblait guère à un Sith, mais cela ne la surprenait pas, il n'était pas en territoire conquis et devait vouloir mener ses petites affaires sans trop attirer l'attention.

Quant à la nature de ses petites affaires... Était-il vraiment là pour seulement se procurer quelques esclaves ? Était-ce vraiment une coïncidence malheureuse qu'une simple mission de routine la mette sur le chemin d'un Seigneur Sith ? Ou bien était-il en réalité celui qui tirait les ficelles derrière les pirates et la bande à Ravek et que, apprenant que les premiers avaient été arrêtés, avait décidé de faire le ménage pour qu'on ne puisse pas remonter jusqu'à lui ? La jeune araignée n'avait que des suppositions, et elle se demandait de qu'elle manière elle devait poursuivre sa mission. Se jeter sur le Sith était hors de question, au vu de sa puissance elle signerait son arrêt de mort. Devait-elle simplement attendre qu'il s'en aille pour ensuite se concentrer sur les pirates ou au contraire le suivre en laissant le menu fretin pour plus tard ? Pouvait-elle faire les deux ?

À défaut d'avoir ces réponses elle se contenta de changer de position. Descendre et se mêler à la foule du marché n'était une option, elle était trop grande pour ça, aussi grimpa-t-elle encore plus haut jusqu'à se retrouver au plafond. Ses mouvements étaient lents et décomposés afin de ne pas compromettre son invisibilité, une chance que son corps était bâti pour une telle chose. Elle se positionna juste au-dessus du Sith, espérant pouvoir épier ses conversations.

De ce qu'elle parvint à entendre il semblait effectivement là pour des esclaves, ou du moins c'est ce qu'il prétendait, c'était toujours à dire avec les Sith. Cependant il ne trouvait visiblement pas son bonheur auprès de cette marchande, et le simple fait de devoir la qualifier ainsi lui donnait la nausée. Un autre homme arriva alors et commença à alpaguer le Sith tel un vendeur de speeder venu lui proposer l'affaire du siècle, ce qui était peut-être le cas, même s'il ne s'agissait pas de speeder. Quand ils commencèrent à bouger H'phedia fit de même, jusqu'à se retrouver face à un hic, ce hic s'étaient les deux hommes qui entrèrent dans une autre pièce, une pièce qui n'avait d'autre accès à sa connaissance qu'une porte gardée par deux sbires armés. Elle n'avait donc aucun moyen d'y accéder, sans se faire immédiatement repérer du moins.

En désespoir de cause elle redescendit le long du mur, « enjambant » précautionneusement la galerie métallique, jusqu'à se retrouver juste au-dessus de la porte. Elle aurait voulu utiliser la Force pour étendre ses sens et ainsi pouvoir entendre ce qu'il se disait à l'intérieur, mais elle doutait de pouvoir le faire sans se faire repérer par le Sith, aussi devrait-elle se contenter de « tendre l'oreille ».
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Voilà.

L’holoprojecteur au centre de la table s’alluma pour faire apparaître ses clichés dégradants. Chaque esclave avait été filmé sous plusieurs angles, à la fois nu et très dévêtu, pour que les clients puissent les examiner sous toutes les coutures. Immédiatement, ce spectacle inspira du dégoût au Seigneur Sith, mais il n’en laissa rien paraître.

Mévine l’observait avec attention, prêt à déceler dans son regard la moindre marque d’intérêt, afin d’adapter son prix en conséquence. Absalom conserva tout du long une expression un peu blasée, même lorsque le séduisant Ar’yn fit son apparition au milieu des autres, dans la succession des projections.

Repassez les mâles, dit-il d’un ton dégagé.
Mais naturellement, répondit l’homme à la prothèse, avec une servilité dégoûtante.

Nouveau défilé. Mais cette fois-ci, si le regard du Jedi Noir restait fixé sur les images, son esprit, lui, s’insinuait dans celui de son interlocuteur, pour jauger la sincérité de ses réponses aux questions qu’il s’apprêtait à lui poser.

Les numéros 3, 7 et 9. Ils sont bien disponibles ?
Bien entendu.

Mévine ne mentait pas.

Combien de temps pour les avoir ici ?
Donnez-moi deux heures.
Vous savez où ils se trouvent ?

Cette dernière question était un peu étrange et le trafiquant d’âmes se sentit mal à l’aise.

Ou… oui…, s’entendit-il bégayer malgré lui.
Excellent, répliqua froidement le Sith.

Le regard de ce dernier se détacha de l’holoprojecteur pour se fixer sur le marchand. La sueur commençait à perler sur le sang de l’esclavagiste, qui sentait ses pensées se distordre et son esprit s’ouvrir, comme déchiré par une présence étrangère. Cette fois-ci, Absalom ne faisait plus preuve de la moindre délicatesse.

V… vous…
Inutile de parler, coupa-t-il d’un ton tranquille, alors que ses pupilles se dilataient de plus en plus, je préfère chercher mes informations directement à la source.

Mévine tremblait de douleur. Petit à petit, ses forces l’abandonnaient. Noctis puisait dans ses souvenirs ce qu’il avait besoin de savoir : la villa dans les hauteurs de la ville, où l’on tenait enfermés les esclaves, et tout ce que le cyborg y avait vu, les couloirs, les gardes, la disposition générale des lieux.

Bien.

L’esprit de l’homme se retira, laissant des pensées confuses et parfois dévastées chez sa victime. Il se releva. Son emprise n’était pas levée entièrement. Il continuait à puiser dans l’énergie vitale du marchand d’esclaves.

Rassurez-vous, vous allez survivre : je ne voudrais pas que l’on découvre votre cadavre et que l’on ne m’accuse du moindre crime. Cela dit… Je ne peux pas vous promettre que vous vous rétablirez jamais complètement.

La bave écumait aux lèvres de Mévine.

Ni, pour être honnête, que vous recouvriez toute votre raison.

Les yeux de l’homme se révulsèrent dans leur orbite et, évanoui aux portes de la mort, il s’effondra sur lui-même, dans son fauteuil. Absalom, pour sa part, se sentait tout revigoré, gorgé d’une vie qui était désormais la sienne. Le Sith eut un soupir de satisfaction, avant de se composer une expression courroucée et de sortir comme une tornade du salon privé.

C’est ça que vous appelez un service VIP, s’emporta-t-il face aux deux gardes décontenancés ?
On…
Non mais regardez dans quel état il est !

L’Hapien fit un geste de la main vers sa propre victime.

On ne peut pas discuter affaires dans cette ville sans tomber un drogué au bord de l’overdose d’épices ? Vous croyez qu’on voyage jusqu’ici pour perdre son temps comme ça ?

Les deux hommes armés échangèrent un regard décontenancé.

On… On va en toucher un mot au manager, hasarda l’un d’entre eux.
J’espère bien, conclut l’Hapien en se drapant dans sa dignité. En tout cas, je ne suis pas sûr de revenir ici.

Et il se détourna pour s’en aller comme un prince, après avoir réussi à se faire passer pour la partie lésée dans toute cette affaire. Quelques minutes plus tard, il avait quitté le marché aux esclaves. Le plus facile était fait et c’était maintenant que la tâche se compliquait : il fallait gagner cette villa, l’infiltrer ou la prendre d’assaut et en libérer les esclaves. Désormais qu’il les avait vus par l’holoprojecteur, Absalom se sentait incapable de n’en extraire que celui qu’il était venu chercher, et il lui paraissait nécessaire d’organiser une évasion de groupe.

Pour cela, il allait avoir besoin d’aide. Enrôler des mercenaires dans l’une des nombreuses tavernes où ceux-ci végétaient entre deux missions demeurait sans doute la meilleure option. Absalom ralluma son datapad pour parcourir les notes compilées par son Inquisitrice à propos de Sleheyron et puis il prit la direction de l’un des établissements qu’elle y avait indiqués.
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