Emalia Kira
Emalia Kira
Messages : 697
Eclats Kyber : 0
- Bienvenue sur Bakura, la colonie de toutes vos espérances ! Nous vous rappelons que les droïdes sont interdits sur cette planète. Prière de bien vouloir…
- Votre Majesté ? Par ici, je vous prie.

Emalia s’arracha à la contemplation des écrans de l’astroport où s’étalaient des paysages idylliques de la planète : forêts luxuriantes, lacs à l’eau claire sous un ciel bleu, plaines et montagnes magistrales. Tout cela avait l’air très différent de ce qu’elle avait vu en descendant dans l’atmosphère, à savoir les gratte-ciels de Salis d’Aar, capitale riche qui tirait visiblement parti du potentiel touristique de la planète aux paysages variés.

- Madame Terressin vous a fait envoyer un airspeeder avec chauffeur privé pour vous amener directement au Club du Sable Fin. Je vais vous accompagner jusqu’à son véhicule.
- Parfait, fit Emalia d’un air absente, suivant docilement monsieur Kenbal, son attaché aux affaires réservées de la Reine, dans les couloirs labyrinthiques de l’astroport bondé d’individus de toutes les tailles, couleurs, classes sociales.

Elle avait toutefois du mal à s’intéresser à son environnement. Anxieuse et excitée à la fois de retrouver certains de ses anciens amis, elle souriait avec trop peu de naturel quand on la reconnaissait – généralement, des gens qui la dévisageaient comme s’ils avaient vu un fantôme - et sentait même ses mains moites refermées sur les poignées de son sac à main. Heureusement, sa tenue – elle avait choisi un tailleur gris avec une broche à l’effigie de l’Armée Républicaine trônant sur son cœur – lui donnait une allure digne et pimpante.

Le voyage en airspeeder fut assez long pour qu’elle put remettre ses idées en place et surtout, sortir son datapad sur ses genoux tandis qu’au travers des vitres du véhicule défilait la capitale, puis des champs, puis des forêts et des plaines. Plus elle s’éloignait de la civilisation, mieux elle se sentait. Elle s’était plongée dans ses notes – qu’allait-elle dire à ces blessés, comment allaient-ils l’accueillir ? y aurait-il des sifflements, des mécontentements à cause de sa présence ? - pour se préparer au mieux à paraître parmi ceux qu’elle espérait encore être ses alliés.

Finalement l’airspeeder finit par ralentir après s’être engagé à l’intérieur d’un bois. Des pins très hauts masquèrent un moment une plage de sable fin afin que celle-ci ne révèle son étendue au bord d’un lac scintillant. Sur les rives, entre les arbres, de multiples cases étaient logées, certaines au sol et d’autres en hauteur. L’endroit grouillait d’individus, mais tout ce petit monde se déplaçait tranquillement, un verre ou un sandwich à la main, en short ou en fauteuil flottant pour les blessés. De grandes banderoles reliaient des arbres à d’autres : « A LA MEMOIRE DU CAPORAL GOULOUNE », ou autres « A LA BOISSON MON GENERAL ! », qui firent sourire la souveraine enfin un peu plus naturellement.

Le véhicule attira quelques regards en se garant. La portière de l’airspeeder coulissa verticalement pour laisser sortir Emalia qui, propre sur elle, descendit sur la plage avec ses talons qui s’enfonçaient désagréablement dans le sable. Elle resta là avec son sac un moment, sans savoir quoi faire, se sentant particulièrement déplacée dans cet endroit qu’elle pensait être sobre et où finalement, personne ne portait d’uniforme – sauf si le short moulant et les sandales-chaussettes étaient devenu le nouvel uniforme républicain, bien sûr. Elle essaya de progresser, mais du sable entra dans ses chaussures et la douleur la fit grimacer. Elle se mit à marcher sur la pointe des pieds en gigotant et en tenant son sac à bout de bras pour ne pas chuter.

- Madame Kira !!

Emalia sursauta et fit volte-face pour se retrouver nez à nez avec une belle femme en débardeur blanc, des cheveux blonds encore humides cascadant dans son dos. Elle était suivi par un trandoshan qui faisait deux fois sa taille.

- Capitaine Terressin !! s’exclama Emalia, particulièrement heureuse qu’on vint la sauver de ce moment gênant de sa carrière.
- Vous êtes venue ! Bienvenue au Club du Sable Fin ! L’endroit idyllique choisi par l’ASM ! fit Terressin en écartant les bras pour inviter à apprécier les lieux.

L’ASM était l’Association de Solidarité Militaire, l’une des multiples associations autour du milieu militaire qui finançait les vacances des valeureux soldats après des périodes mouvementées, mais venait aussi en aide aux blessés et aux familles des défunts. Visiblement, elle excellait dans la location de camps de vacances exotiques.
Emalia réussit à faire un pas et demie en direction de son ancienne amie.

- Cela me fait tellement plaisir de vous revoir !
- Moi de même. Vous voulez peut-être qu’on vous porte vos affaires ?
- Ah, ce n’est pas de refus…
- Klon, aide Madame la Chancelière pour qu’on aille s’installer en terrasse, fit la capitaine sur son ton autoritaire tout à fait habituel.

Le trandoshan prit entre deux doigts les anses du sac de la Reine. De son autre main, il jugea utile d’attraper la Reine par la taille et de la soulever comme un second bagage. Dans une posture fort peu agréable, mais bien moins que de se ridiculiser encore sur deux cent mètres, Emalia se composa un visage avenant bien qu’elle ne touchait plus terre. Terressin les suivait de près, poursuivant la conversation comme si de rien n’était.

- Le Général Goffl - il est à la retraite depuis deux ans, c’est le nouveau président de l’association – est très heureux que vous ayez accepté de venir à notre petite fête de ce soir !
- Oh ! Ce n’est rien ! L’occasion pour moi de revoir des visages familiers, c’est véritablement…

Klon la déposa sur la terrasse de ce qui semblait être un café. Cette fois, plusieurs têtes s’étaient tournés vers eux au comptoir, et Emalia se sentit mal à l’aise. Elle reprit contenant en se concentrant sur sa conversation.

- … un plaisir. Et puis, le cadre est magnifique, c’est l’occasion de me détendre un peu également.

Terressin et elle allèrent s’installer à une table sous les regards curieux de plusieurs sodlats-en-tongs. L’astre de Bakura était en train de décliner, annonçant la fin de l’après-midi, et jetait sur le lac des éclats rouges scintillants.

- Au fait, Madame Kira, appelez-moi Emilie.
- C’est entendu Emilie. Justement, appelez-moi…

Emalia dût s’interrompre, car à une table voisine, un iktotchi avait visiblement perdu à une partie de carte et s’était mis à insulter ses camarades. L’ambiance était définitivement joviale, et probablement déjà légèrement alcoolisée. Exactement ce dont elle avait besoin pour se détendre un peu.

- Je disais, appelez-moi un serveur !
Korgan Kessel
Korgan Kessel
Messages : 384
Eclats Kyber : 0
« NON ! J’ai dis non, bordel ! Tu comprends pas le basic ?! »
 
J’me redresse, les lunettes de soleil sur le bout du pif. Regard de tueur. Grognement assassin. Affalé sur mon transat, je dois lever la tête pour plonger mon regard dans celui de la miss, penchée juste au dessus. Jezaëlle. Une putain de d’emmerdeuse. Elle peut pas me laisser pénard à ruminer du noir ?! Raaaah. Elle laisse échapper un sourire moqueur. Ce qui me fou encore plus en rogne.
 
« Tu sais bien que je suis polyglotte ! »
 
Elle balance ça, comme ça, sur un ton enjoué. Polyquoi ?! De quoi qu’elle cause ?
 
« C’est pas les maisons dans les montages ça ?! »
« Hein ?! Qu’est-ce… Ah si. »


Elle se masse les tempes, l'air de souffrir intellectuellement.


« Heureusement j’ai pris mon décodeur de Korgan. Troglodyte. Tu confonds avec Troglodyte. Des maisons troglodytes. Creusées dans les falaises. Polyglotte c’est quand tu parles plusieurs langues… »
« Mais c’est quoi le rapport avec les maisons du coup ?! »
« AUCUN ! NAMHEHO ?! T’as quelqu’un là dedans ?! »
 
Elle tente de frapper de son petit poing le coin de ma caboche, comme pour voir si je n’aurais pas oublié ma cervelle dans la chambre d’hotel. Je la repousse. D’un geste vif, qui ne laisse aucun doute quant à mon envie de jouer à ses petits jeux. Je ré-insiste :
 
« Bref. Non, c’est NON, BORDEL DE MERDE. C’est plus polyglotte comme ça ?! »
 
Elle recule d’un pas, croise les bras sur sa poitrine. Moue vexée. Ses grands yeux s’ouvrent encore plus, sa bouche s’arque vers le bas… Merde, la technique des yeux de chaton… Je tente de détourner le regard, mais trop tard…
 
« Aller Korgy…. Juste une partie… Une seule partie... Et après je te laisse tranquille... »
 
J’ouvre la bouche, mais les mots s’étranglent dans ma foutue gorge. Frissonnement. Perle de sueur qui dégouline sur ma tempe gauche. J’ignore si c’est elle ou le soleil de plomb. Bordel. J’ai un instant d’hésitation, le brouhaha ambiant s’éclipse. Mes yeux sont plongés dans les siens. Mais in extremis, je parviens à détourner le regard, et lâche un :
 
« N’insiste pas Jez… »
 
Le timbre de ma voix s'égare entre menace et lassitude. Putain, quel pot de colle…
 
« Merde ! Pourquoi ça ne marche jamais sur toi ?! »
 
Je sursaute. Quoi ?! Je bondis hors de ma chaise longue, et pose mon énorme index sur son sternum.
 
« Tu viens pas d’essayer tes trucs de Jedi sur moi par hasard ?! »
« Heu… non… Pas du tout… »
« C’est la dernière fois Jez’ ! La dernière fois ! »
 
Mes menaces glissent sur elle comme de la bave sur le corps huileux d’un Hutt. Aucune autorité. Elle est désarmante…
 
« Siieuplaiiiit »
 
Inconsciemment, j’ai déjà capitulé. Mais il me faut encore dix bonnes secondes pour le réaliser. Raaaah. Si je veux avoir la paix, j’ai pas le choix…
 
« Une seule partie, et après tu me fous la paix ! On est bien clair ?! »
 
Elle sautille déjà.
 
« Oh oui ! Promis, promis, promis ! »
 
Elle fait volte-face et fonce déjà vers le terrain de beach ball, en hurlant :
 
« Les mecs ! C’est bon, j’ai trouvé l'dernier ! »
 
Je peux lire d’ici, sur leurs gueules, qu’ils sont tout sauf ravi. J’ai pas la réputation d’être un bon joueur… Ou même un joueur tout court. Je vais leur niquer leur partie, et après ils me fouteront tous la paix… Bordel. C'est un plan de génie.
 
Je prends une grande inspiration, calme mes nerfs. J’suis à cran. Faut dire, j’ai la tête pleine de saloperies. Tous les laits-fraises de ce foutu bar n’ont pas suffi à m’arracher ce putain de gout amer que j’ai dans le fond de la gueule depuis le cessez-le-feu avec l’Empire. Merde quoi. Pourquoi ?! Tant de soldats y ont laissé la vie pour rien… Retour au statu quo. Ca me fout les glandes… Mais d’une force…
 
Rapide œillade sur les alentours… Faut quand même reconnaître que l’ASM (on dirait le nom d'une équipe sportive) s’est pas foutue de nos tronches. Le coin est classe. Lac magnifique, nature, plage de sable fin. Naturelle en plus. Bordel. On n’est bien loin de vacances de secondes zones sur les planètes balnéaires habituelles… L’équipe Typhon, inséparable, est au grand complet. Enfin presque. Mac’ a disparu des radars dès le premier jour. Ma main à couper, pas la prothèse, l’autre, qu’on ne le reverra pas avant le jour du départ. Mad est déjà sur le terrain, avec Jez’… Matt’ lui est au bar, entouré de nénettes, sans doute en train de balancer des blagues salaces… Et Jett’ lui, il ronfle, un peu plus loin, déjà complètement alcoolisé.
 
Je soupire. J’sais pas s’ils ont l’esprit tranquille. Mais en tout cas ils arrivent à lâcher du lest. Moi pas. J’suis un sanguin, j’suis comme ça…
 
« Korgy ! Ramène ton joli cul ! »
« Ouais, ouais… »
 
Bref. Je secoue la tête, repousse les idées noires et me focalise sur l’objectif de la prochaine quoi ? Demi-heure. Peut-être moins. C’est pas la mer à boire… Et un peu d’exercice physique ne me fera pas de mal. Ce matin j’ai à peine eu le temps de faire deux heures de footing et trente minutes de natation avant que le bar ouvre. A ce rythme, je vais perdre en masse musculaire ! Paye tes vacances !
 
J’approche du terrain. Il est délimité par des banderoles rouges et blanches posées à même le sable. Rectangulaire. Une ligne sépare le terrain en deux surfaces équivalentes. A vue d’œil en tout cas. Pas sûr que tout ça soit réglementaire. Le beach ball, c’est un peu comme le Hutt ball, mais en plus soft, beaucoup plus soft… Et dans le sable. En résumé : deux équipes, une balle. Et celui qui fonce le plus vite marque les points. Rien de bien folichon.
 
Je me mets en position. Juste derrière Jez’, en pointe de la formation. Mad est à ma droite. Il l’entend pester dans sa barbe de trois jours. Il déteste perdre, c’est un putain de mauvais perdant… Et il sait que j’ai été tiré ici contre mon gré, que je ne vais strictement rien foutre pour essayer de gagner.
 
Coup de sifflet. Engagement. L’équipe adverse récupère la balle, se lance contre nous. Moi je ne bouge pas, en défense. Le type, un grand black bien gaulé, me frôle. Je le laisse passer, il marque.
 
« Korgy, tu déconnes !! »
 
Je hausse les épaules, lâche un sourire narquois.
 
« J’ai dit que je venais, pas que j’allais jouer… »
« Enfoiré ! »
 
Elle me fout son petit poing rageur sur l’épaule. J’éclate de rire… Mais je suis bien le seul. Mad peste de plus en plus fort. Les autres membres de l’équipe aussi.
 
Nouveau coup de sifflet, rebelote. Encore un point pour l’équipe adverse. Je ricane… Mais la tension monte. Et elle finit par être communicative. Déjà que je m’emporte vite en ce moment… Troisième engagement. Le même mec passe à côté. Cette fois je lui fourre mon poing dans l’estomac. Bordel, c’est parti tout seul ! L’arbitre siffle. Les joueurs me tuent du regard. Sauf l’autre, plié en deux au sol. La moutarde me monte au nez :
 
« Hey, ça va, c’est bon ! Il va s’en remettre ! Si vous êtes pas content, vous avez cas me virer de l’équipe… »
 
Grognements. Mais personne ne la ramène. J’aide le type à se relever, il fait la tronche. Rien à branler. Quatrième engagement… Cette fois la balle atterrit directement dans mes bras. Jez’, au fond du terrain saute comme une folle pour me signaler qu’elle est démarquée…
 
J’inspire un grand coup, balance la balle en l’air… Et file un énorme coup de pied dedans. Le genre de coup où t’y fout toute ta rage, toute ta colère, toute ta frustration. La balle fuse… Et passe à dix bons mètres au-dessus d’une Jez’ dégoûtée. Elle continue sa course, sans perdre de vitesse… Et se rapproche de l’espace terrasse du bar…
 
Merde.
 
Un serveur passe. Bam. En pleine gueule. Il s’éclate au sol, sonné. Son plateau dégringole et tous les verres finissent en mille morceaux à ses côtés. Merde de merde. Putain de merde de merde.
 
Fait chier. Les regards de l’équipe me fuient. Ceux de la terrasse nous dévisagent. La mine tantôt surprise, tantôt bien vénère. Je me tourne vers Jez’ pour lui sortir un truc du genre : c’est ta faute, mais elle me tourne le dos et marmonne :
 
« Je ne le connais pas… Je ne le connais pas… »
 
Seul au monde. Bref. Sans perdre plus de temps, je file au trot en direction de la balle qui a terminé sa course dans une jardinière. Le serveur a déjà été évacué de la scène du crime. Et une armée de petits bras ramassent les bouts de verre. Mes conneries je les assumes. Et les accidents, ça arrive bordel !
 
Je récupère la balle, me retourne… Et tombe nez à nez avec le Capitaine Terressin. Merde. J’ai shooté le serveur qui se rendait à sa table… Le regard noir de la miss ne m’annonce rien de bon…  J’ouvre direct la gueule.
 
« Je… »
 
Mais aussitôt je capte qui se trouve assis à cette table. Une femme. Plutôt classe. Je l'ai déjà vu quelque part... Putain, c'est elle ! L’ex Chancelière Kira ?! Réflexe militaire. Direct je me fige, mon bras se lève, tout mon corps de raidi. Position de « garde-à-vous » parfaite. Je lance, bien trop fort. Un volume sonore dictée par la surprise :
 
« CHANCELIÈRE KIRA ! MES RESPECTS ! »
 
A cet instant, je ne pige même pas que sa petite tronche de femme du grand monde est à moins de trente centimètres du paquet serré dans mon moule bite. A part ce maillot, je ne porte rien d’autre. Enfin si, des lunettes de soleil… hmmm.
 
Aussitôt le brouhaha ambiant s’interrompt. Tous les regards se tournent vers nous. Et très rapidement des murmures fusent en tous sens… Kira… Kira… Blablabla L’instant est insoutenable. Je transpire, mes muscles tressautent. Grosse sensation de solitude.
 
Mais comme d’hab, on peut compter sur les potes. Un Typhon en sauve toujours un autre. Toujours accoudé au bar, Matt’ lève sa choppe et commence à beugler à tue-tête :
 
« ELLE EST DES NOoOoOTRES…. »
 
Et tous les bidasses reprennent en chœur :
 
« ELLE A BUTE DE L’IMPERIAL COMME NOUS AUuUuUTRES !!! »
 
Moi dans tout ça ? Bah j’sais plus où me mettre. J’ai la sensation qu’au moindre mouvement, Terressin va me faire sauter la tête à coup de dents… Putain, c’est bien ma veine. Jamais au bon endroit au bon moment. Putain de Karma. J’ai dû tuer des tas de bébés chats dans une autre vie… C'est pas possible autrement.
Emalia Kira
Emalia Kira
Messages : 697
Eclats Kyber : 0
- Non… Emilie, vous êtes sérieuse ? Ça ne va pas vous manquer, l’Etat Major ?
- Absolument pas ! claironnait Terressi avec un air bravache, j’en ai ma claque des ordres contradictoires. Et je ne suis pas la seule, vous savez ; beaucoup de nos officiers supérieurs ont été remplacés depuis l’élection de S’Orn ; officiellement, il fallait remettre du sang neuf à l’EMA, mais on sait tous très bien que le nouveau gouvernement n’avait pas du tout envie de se coltiner une bande d’officiers tous acquis à votre cause.

Emalia ne put empêcher un sourire coin d’illuminer son visage de malice. En voilà au moins quelques-uns qui, après son départ de la chancellerie, n’avaient pas accueilli le neimoidien comme le sauveur de la République.

- Je vois. Et vous allez faire quoi, alors ?
- J’ai postulé pour différents postes de chef des opérations sur des croiseurs de patrouille. Après tout, ça ne pourra qu’être bon pour ma carrière d’avoir commandé des bâtiments sur des évènements dimensionnants loin du Noyau.
- Si vous le dites.

Tout dépendait en réalité de l’évolution de la politique extérieure à venir, mais Emalia ne voulait pas gâcher les espoirs de son amie. Surtout, elle essayait de se donner une contenance, car il lui semblait bien qu’une ou deux paires d’yeux la toisaient à une table ou à une autre. Quelqu’un devait se dire qu’il avait déjà vu ce visage là quelque part… Ah ! Mais que fichait donc ce serveur, qu’elle puisse se cacher derrière un cocktail frais !

- Bref, la nouvelle brochette qu’ils nous ont sorti... Disons que je ne suis pas en phase avec l’équipe de commandement actuelle sur des questions de fond, alors ce sera mieux pour moi de prendre un peu l’air. Je dois recevoir mon affectation d’ici…

SCHBOF – Cliiing !


Emalia sursauta tandis que Terressi, montée sur ressorts, était déjà debout en ayant pivoté pour faire face à la menace… qui n’était rien d’autre que leurs boissons qui s’étaient écrasées par terre en suivant la course maladroite d’un serveur qui avait fini le cul par terre. Des voix se mirent à rouspéter et à rire tout autour d’eux. Au moins, cette fois Emalia était sûre de ne pas être l’objet de l’attention de tous ces militaires, et cela la soulageait un petit peu.

Toute la terrasse fut par la suite l’objet d’un fourmillement pour évacuer le pauvre serveur qui avait un triste œil au beurre noir et pour nettoyer rapidement les débris qui avaient volé en éclats ici et là dans une bonne humeur qui montrait à quel point ces gens avaient depuis trop longtemps attendu une si belle permission pour ne pas la laisser gâcher par quelques petits incidents techniques – si cela était arrivé à sa cour, Emalia aurait fait un scandale. Mais ici, elle se contenta d’afficher un sourire poli en se demandant combien de temps serait nécessaire pour qu’on lui refît son cocktail.

Tout aurait pu reprendre le cours normal des choses, mais c’était sans compter l’arrivée tonitruante d’un apollon en slip de bain – haute stature, musculature saillante, lunettes de soleil, quelques cicatrices de vétéran – qui venait récupérer l’objet du crime. L’homme était en train de se faire tancer par ses camarades, sous le regard sévère de Terressin qui avait croisé les bras.

Emalia avait commencé à rire quand elle crut croiser le regard du bonhomme en question à travers ses lunettes noires. Elle se figea, presque aussi raide que lui qui se mettait au garde-à-vous. Il était… Un peu trop près, et pas du tout, à la bonne hauteur. Et il avait crié son nom, le bougre. Elle ne pouvait plus faire comme si de rien n’était. Gênée, Emalia se leva aussitôt. Elle afficha un sourire trahissant quelque peu son malaise, son nom répété en écho dans quelques bouches.

- Hum, ahem…

Elle n’eut pas le temps d’en dire davantage, une grosse voix se mettant à chanter à quelques mètres de là, aussitôt rejointe d’un concerto pas très délicat mais qui eut le don de mettre Emalia plus mal à l’aise encore. Du moins, le temps qu’elle déchiffrât ce qu’ils étaient en train de chanter. Quand elle comprit, elle sentit les larmes lui monter aux yeux immédiatement. Comment ? Il y avait encore des gens dans cette République qui ne la prenaient pas pour une paria, pour une vermine malhonnête ?
Emalia eut un rire pour cacher son émotion, qui sonnait tout de même un peu faux.

- Ah ah, oui, c’est bien moi… A la vôtre !
- Kessel, encore un coup de ce genre et je vous fais avaler votre maillot, c’est clair ? rugit Terressin avec quand même une indulgence espiègle dans la voix, venant au secours d’Emalia. Déguerpissez de ma…
- Kessel ? Hum… Caporal Kessel ? interrogea la souveraine avec surprise.

Ce nom lui paraissait émerger d’un autre temps. Elle n’avait pas une mémoire exceptionnelle, mais ce nom-là, elle s’en souvenait parce qu’elle avait dû l’apprendre par cœur lors d’une cérémonie à gros enjeux : c’était lors de sa première apparition publique en tant que Chancelière de la République, des années plus tôt. Mais oui, elle s’en souvenait très bien, maintenant !

- Vous vous connaissez ? demanda Terressin en se tournant vers elle, incrédule.
- Hé bien, si je ne dis pas de bêtises, j’ai remis au caporal Kessel une médaille il y a quelques années. C’était pour une sulfureuse opération qui a permis de sauver la planète Felucia toute entière : le caporal Kessel et ses camarades ont réalisé un travail absolument exceptionnel.

Terressin jaugea Kessel du regard tandis que des « ouuuuh » taquins fusaient autour d’eux, qu’Emalia ignora car elle ne comprenait pas le sous-entendu. Plutôt, elle tendit la main au militaire pour serrer la sienne, ravie d’avoir un souvenir qui permit de meubler le moment gênant qu’ils venaient de vivre tous les deux.

- Exceptionnel, hein ? Ça lui arrive pas tous les jours malheureusement…
railla Terressin en renonçant à renvoyer immédiatement le caporal.

Korgan Kessel
Korgan Kessel
Messages : 384
Eclats Kyber : 0
Elle tend la main. Mouvement de recul. Qu’est-ce que ?! Elle va quand même pas… Bah non ! Abruti ! Korgan t’es qu’un putain d’abruti bordel ! Elle veut juste te serrer la paluche…. Merde, qu’est-ce que t’as osé imaginer l’espace une microseconde ?! Sérieux…  
 
Sourire crispé. Je lui tends la mienne. Poignée de mains franche, sincère. J’essaye juste de ne pas lui écraser ses petits doigts d’aristo qu’ont jamais connu autre chose que des draps en soie. Je bois ses putains de paroles. Ouais, j’suis pas du genre à courir après les hourras, c’est net. Moi j’fais juste mon taff… Mais là comme ça, prendre en pleine gueule les compliments de l’ancienne Chancelière, j’avoue, ça file un bon coup de boost au moral… J’suis comme sur un petit nuage… Jusqu’à la douche froide. Salope de Terressin. Fallait qu’elle l’ouvre… Ma face se fige, mon sourire disparait. De l’autre main, j’abaisse mes lunettes et lui balance un regard assassin. Je réprime l’envie subite de lui balancer une réplique comme je sais si bien les trouver. Elle se prend pour qui hein ? Elle se croit si bonne que ça ? C’est pas comme si on avait gagné cette putain de guerre… Elle a fait quoi d’exceptionnel, elle, hein ?!
 
Mais bon, j’prends sur moi. A tel point que le rouge me monte aux joues. A y dire vrai, c’est peut-être l’effet combiné de ma colère refoulée et de la peau douce de l’ex-Chancelière… Putain de merde, j’suis paumé. Tout ce que je sais, c’est que je me suis déjà assez donné en spectacle pour aujourd’hui, ça sert à rien de rentrer dans le chou de Terressin… Et pour éviter de déraper, je cherche une excuse pour m’exfiltrer de ce bourbier. Mes yeux se reposent sur la table. Y’a rien dessus… Aussitôt je repense au serveur que j’ai fauché. Oui !
 
« J’peux p’tet me rattraper en allant vous chercher votre commande ? »
 
Je quitte la main de la miss. Volte-face. Et je dégage à coup de grandes enjambées en direction du bar extérieur. Froncement de sourcils. Matt’ qui y était attablé pour lancer sa chansonnette a disparu. Mais sur l’instant, j’me pose pas vraiment de questions… Je slalome entre les tables. Les conversations vont bon train. J’capte quelques bribes. Ça parle de la guerre, du cessez-le-feu… La présence de Chancelière a réveillé quelques démons. Mais bon. J’sais que ça va pas durer. Tout le monde est ici pour prendre un peu de bon temps après le stress et les horreurs. Ils ont été rares ces derniers temps, alors c’est clair que ça suffira pas à miner l’ambiance de la soirée.
 
J’arrive au bar, je pose mes deux gros coudes dessus. Un droïde se pointe. Le genre de truc avec dix bras donc six en train d’astiquer des verres fraichement rincés. Sa grosse tête ronde se tourne dans ma direction. Voix synthétique sans intonation :
 
« Que désirez-vous boire monsieur ? »
« Je vais prendre la même chose. »
« La-même-chose n’est pas une boisson inscrite dans mon catalogue monsieur. »

 
Il est con ou quoi ? Je lui indique de ma grosse paluche la table de l’ex-Chancelière. Au même instant, une voix résonne dans les haut-parleurs qui balançaient jusqu’alors une musique exotique discrète mais entrainante.
 
// Le Capitaine Terressin est demandé dans le bureau du directeur. Capitaine Terressin… //
 
Direct, elle se lève, me lance un regard noir depuis l’autre bout de la terrasse. Genre elle va se prendre un savon pour mes conneries… Mais capte direct qu’un truc cloche grave. Cette voix je la connais : je l’ai entendu des milliers de fois dans mon casque au combat : Matt’ ! A quoi est-ce qu’il…
 
Pas le temps de me poser la question. Soudain une imposante masse noire me tombe dessus. Je tente de me débattre, mais quatre énormes bras me ceinturent, me soulèvent du sol. La seconde suivante, j’suis entrainé vers l’intérieur du bar.
 
« Arrête de gigoter bordel ! »
 
J’me fige. C’est la voix de Jett’. Putain, il joue à quoi lui aussi ?! Mad’ apparaît, toujours en slip de bain mais avec un nœud papillon autour du cou. Il est accompagné de Mac’. Le Cathar a un paquet de linge sous le bras. Je fronce des sourcils. Mais c’est MES fringues ! Même pas le temps de gueuler. J’ouvre la bouche, mais l’une des quatre mains de Jett’ se plaque sur ma gueule. Mad et Mac’ se jette sur moi… Et luttent pour m’enfiler un short, contre mon gré. Putain, j’leur facilite pas le boulot… Mais leur persévérance a raison de mes soubresauts. Enfin Jett’ me repose, me relâche. J’explose :
 
« Putain, qu’est-ce qui vous prend ?! C’est quoi encore cette crasse ?! »
 
Toute la bande est là à présent. Jez et Matt’ viennent de débarquer. Ils explosent de rire. Le genre de rire qui te fait dire que la connerie est loin d’être terminée. Fait chier, c’est ma journée… Mad’ désigne du pouce une alcôve derrière lui, au fond de la pièce réservée habituellement pour les soirées dansantes, dans la pénombre, loin de notre remue-ménage.
 
« Enfile ton tee-shirt. Elle t’attend. »
« Hein ? Qui ça m’attend ?! »
« La Chancelière bordel ! On t’a arrangé le coup… Tu nous diras merci plus tard… »

 
Il tend le bras pour tenter de m’entraîner dans la direction indiquée. Mais d’un geste vif, je me dérobe à sa poigne et lui plaque mon énorme index sur le torse.
 
« C’est quoi cette embrouille ?! Vous m’avez arrangé QUOI ?! »
 
Matt’ intervient :
 
« Hé, calme toi Boss. C’est pas un coup de pute. Pas vraiment. T’arrête pas de causer de la Chancelière depuis le cessez-le-feu… Blabla trainée dans la boue… Blabla connard d’enculé de nouveau chancelier… blablabla… »
« N’importe quoi. J’me faisais chier, alors je suivais les holonews, c’est tout… »
« Ouais, ouais, si tu le dis. En tout cas elle t’attend. Enfin, elle sait pas qu’elle t’attend, mais elle t’attend quand même… Tu sais, moi je m’y connais en nana.. »

 
Jez’ le coupe.
 
« C’est ce qu’il croit en tout cas. »
« Chut. Je termine. Je disais : je m’y connais en nana… Et j’peux te dire que j’ai lu dans son regard qu’elle était pas au top de sa forme. »
« Tu crois ça ? Après son humiliation médiatique ? Oualala, t’es un sacré psy pour femme… »
« Rah, ça suffit Jez’. Quoi que tu dises ou fasse, ça lui filera un coup de boost au moral. Aller putain Kessel. Si c’est pas pour toi, fait leur pour elle, pour ses services rendus à la nation. Sort un peu tes couilles sur la table ! Va lui parler au moins… On n’a pas fait tout ça pour rien ! »
« Tout ça ? Tout ça quoi ?! »

 
Je m’attends au pire…
 
« Ouais. Tout ça. L’opération KK »
« Caca ??? »
« J’tiens à préciser que j’étais contre ce nom… »
« Ouais KK, pour Kira-Kessel. »

 
Quel nom de merde. Sans mauvais jeu de mot… Mad’ revient à la charge, encore une fois, je m’esquive à sa tentative de me chopper l’avant-bras pour me forcer à rejoindre l’ex-Chancelière.
 
« Le temps presse, vas-y avant qu’elle se casse ! »
« Hors de question… »

 
Mais qu’est-ce qu’ils ont fait au juste ?! Où est Terressin ?!
 
« … Pas avant de savoir dans quoi vous m’avez foutu ! Si vous avez déconné, c’est moi qui vais prendre hein… »
« Roh, c’est pas comme si Terressin commandait encore quelque chose… »
« Racontez-moi tout, MAINTENANT BORDEL ! »

 
Les Typhons pouffent. Tous les yeux se rivent sur Mad’.
 
« Ouais j’avoue c’était mon idée. Tout a commencé avec un message de Mac’… »
 
Le cathar se racle la gorge comme pour chasser le chat coincé dedans. Ouais ok, elle était facile celle-là. Il commence son récit. Façon rapport de mission, sans intonation ou émotion :
 
« 18h03. Je terminais ma ronde. »
« Tu fais des rondes pendant les perms ?! »
« C’est exactement ce que je lui ai demandé ! »
« Quel message ? Vous êtes en contact radio ? »

 
Mad hausse les épaules.
 
« On s’emmerdait… Alors on meublait le temps tu vois. »
 
Le pire c’est que : ouais, je vois.
 
« Bon t’accouches Mac’ »
« 18h03. Je terminais ma ronde. Un speeder approche. Pas un classique. Grand luxe, vitres blindées. Un VIP. Je saute du toit. »
« Parce que tu te balades sur le toit en plus ?! »
« Mais c’est exactement ce que je lui ai dit ! »
« Korg, Jez ! On y est pour la soirée si vous le coupez toutes les trente secondes… »
« 18h03.. »
« C’est bon, on a pigé pour le début… »
« OK. Je saute du toit. VIP qui sort du speeder. Escortée par Terressin et un Trandoshan, une femme. Humaine. C’est l’ex-chancelière Kira. Direct je contacte Mad. Pour le tenir informé de la situation. »
« Pourquoi Mad ? Pourquoi pas moi ?! »

 
J’avoue que sur le coup, y’a comme une pointe de jalousie. C’est moi Typhon-1. Mad c’est juste le numéro 2.
 
« Ne nous fait pas une crise Korg. On ne voulait pas t’emmerder. T’avais l’air de prendre ton pied sur ton transat… T'es un peu sur les dents en ce moment. On s'est dit que te laisserait tranquille pendant ta perm... »
« Hé ben... C'est foiré... Qu'est-ce que ça aurait été si vous aviez décidé de m'emmerder ?! »


Je lève les yeux au ciel… Parait qu’on a l’équipe qu’on mérite. Mais qu’est-ce que j’ai fais à la galaxie pour mériter ça ?!
 
« J’prends la suite Mac. Mac me contacte, Kira est là. Dans la foulée un plan germe. J’en touche un mot à Jez… »
« J’étais contre ! »
« Elle n’a pas été difficile à convaincre… »
« Mééé ! T'avais dit que tu le dirais pas ! »
« Et toutes les pièces du puzzle se sont mises alors en place. »

 
Flash de lucidité. Cette partie de beach ball, ça faisait parti du plan. Les enfoirés !
 
« On n’avait pas vraiment tout planifié à l’avance pour être franc. Mais on savait qu’en te mettant un ballon entre les mains, toi qui détestes jouer, ça allait déclencher une petite apocalypse. Une diversion parfaite pour lancer la suite. Et pour le coup, t’as été magistral, Korg ! Tir en pleine gueule ! Un vrai sniper ! L’étape une était terminée. »
« Parce qu’en plus y’a des étapes ? »
« Oui Etape 1, le déploiement. Etape 2 : la diversion. Etape 2. Tu fonces sur la terrasse. Je fais un signe à Matt’, il pige qu’il doit détourner l’attention. Mac’ s’esquive, escalade la façade du bâtiment pendant que tout le monde chante. Il crochète la fenêtre de ta piole. »
« Quoi ?! »
« Et ta valise. »
« Bordel… Vous avez pas touché à mon slip porte-malheur putain ? »
« On n'a pas suicidaires. Jez’ quitte le terrain. Pendant ce temps, je fonce vers les vestiaires du personnel. Entre les débris de verre à nettoyer et la chanson, j’ai aucun mal à voler une tenue de serveur, que j’enfile par-dessus mon slip de bain. »
« Manipulation, vol, entrée par effraction…  Je sens que la liste va être longue… »
« Etape 3 : Neutralisation des obstacles. Matt’ profite que les regards se tournent vers Kira pour se replier. Il file vers l’accueil. »
« Héhé ouais. Disons que la petite nautolan à la réception avait déjà chanté dans mon micro la veille, si tu vois ce que je veux… »
« Oui... oui... On voit très bien… »
« Bref, c’était juste un retour de service. J’ai piqué le micro et lancé une annonce pour que Terressin quitte la table. Mad’ j’te laisse la suite. »
« Terressin quitte la table à 18h11. Je m’élance en direction de Kira, avec mon uniforme de serveur. Je sors un laïus d’excuses toutes faites. Et insiste pour l’assoir plus au calme, loin des esprits échaudés des soldats alcoolisés. »
« Échaudé sérieux ? C’est un mot qui existe ça ? Tu voulais pas dire échauffés ? »
« Non. Elle hésite. Mais elle est en position de faiblesse. Seule, psychologiquement meurtrie. Elle ne pouvait pas refuser. Je la conduis vers une alcôve isolée. »
« Et Terressin ?! »
« On y vient, on y vient… Jez’ ? »
« Ouais ! Quand la chanson a commencé, j’ai couru jusqu’au bureau de la direction pour prendre un peu d’avance. Je me suis planquée dans le placard à balais juste en face. D’ailleurs, tu m’en dois une, gros balourd… j’ai bouffé de la serpillère pour toi hein ! »
« Tu vas voir ce que je te dois… »
« Terressin est montée. Elle entre dans le bureau vide. Je sors de ma planque et l’enferme à double tour dedans. »
« Vous l’avez enfermé dans le bureau ? Séquestration d’un officier supérieur ?! Mais vous avez pété les plombs ma parole ?! »
« Elle le mérite, après ce qu’elle a dit sur toi et les Typhons… »

 
Matt' a raison. Bien fait pour sa grande gueule... Mais à ce moment, j’peux pas montrer mon approbation à l’équipe, bordel, je dois un minimum montrer l’exemple… Un minimum. Parce que malgré moi je laisse échapper un sourire d’amusement, avant de me figer :
 
« Mais... Une minute... Comment vous avez fait pour entendre notre conversation ?! »
« Jett’ vous espionnait avec une jumelle. Il lit sur les lèvres. »
« Ouais, en quinze langues différentes. »

 
Je secoue la tête… Mélanger haut expertise et insubordination notoire, quelle idée. Le mélange est détonnant… Je commence à piger pourquoi le commandant Sarlion s’est tiré dès qu’il en a eu l’opportunité. Je me masse les tempes. Trop d’info…
 
« Z’avez quand même eu du cul que le bureau soit vide… Et puis, merde, vous l’avez eu comment la clé ?! »
« Facile. Mac’ a noté les emplois du temps de tous les employés de l’hotel. »
« De pire en pire. »
« Ouais, je prends des notes quand je m’emmerde. Ça permet de garder l’esprit alerte… »
« Bref. Le dirlo quitte son bureau tous les aprem. Et ne rentre qu’en début de soirée. Liaison extraconjugale si on en croit les factures d’hôtel et de resto que Mac a retrouvé dans sa veste quand il a piqué la clé du bureau, y’a trois jours. »
« Le gars s’est rendu compte de rien ? On va tous finir au trou avec vos conneries… »
« Bah, non, j’ai direct fait un double en utilisant la bonne vieille technique de l’emprunte dans la savonnette. Et mac’ la remise à place, ni vu ni connu. »
« J’veux pas savoir tout ce que tu sais faire avec des savonettes… »
« Alors arrête de poser des questions et laisse Mad finir, boss ! »
« J’ai presque terminé. Je me suis remis en slip de bain pour n’éveiller aucun soupçon. Jett’ t’as sauté dessus pour t’exfiltrer du bar, et Mac’ et moi ont t’as enfilé le short… Bref, tu connais la suite. »
« D’ailleurs t’as oublié de virer le nœuds pap. »
« Merde… Et c'est seulement maintenant que vous le dites ? »
« Ca te donnait un air de gogo danseur plutôt sympa… »
« Cette fois c’est allé trop loin… Vous avez grave déconné… »
« C’est pas notre faute, on se faisait chier, boss ! Ça allait arriver à un moment ou un autre… C’est la faute de ceux qui nous ont collé un mois de perm, ils devaient bien se douter que ça allait dégénérer ! »

 
Si je résume y’a genre : manipulation, vol, entrée par effraction, usurpation d’identité, séquestration, violation de vie privée, faux et usage de faux. Putain. Si on se fait toper, on est bon pour trois ans de trou ! Minimum ! Mais malgré tout, j’dois avouer que les gars se sont surpassés. C’est ça que j’aime avec cette équipe. Des tête-brulées soudées, capables de prendre des décisions dans le feu de l’action sans perdre de vue le plan d’ensemble… Mais bon, s’emmerder c’est pas une excuse…
 
« Bon, t’y va Korg ?! On a pas fait tout ça pour rien quand même… »
« Sieeeeeuplait… »

 
Je lève les yeux au ciel, soupire. Jez’ me refait la technique des yeux de chats. Mais cette fois ça ne prend pas. Pour la simple et bonne raison que j’ai déjà pris ma décision. Je vais y aller. Non pas pour leur faire plaisir, mais simplement pour avoir une discussion avec quelqu’un d’un peu équilibré mentalement. Sinon je vais finir par péter un plomb, un vrai. Je lève les mains, signe de reddition.
 
« Ok, ok, c’est bon, vous avez gagné ! »
 
Ils laissent tous échapper un cri de victoire étouffé. Jett’ tire à lui un plateau avec deux verres de cocktails qui trainent le bar intérieur.
 
« Deux bloody Wookies. Pour clore l’opération KK. »
 
Je le fusille du regard :
 
« Ne prononce plus jamais le nom de cette opération devant moi, c’est pigé ? »
« Chef, oui chef ! »
« Korg, file-moi tes lunettes de soleil, t’as l’air con avec. Et enfile ce putain de tee-shirt... J'crois pas que les tétons à l'air soit le genre de Kira ! »

 
Ils se marrent tous. J’obtempère. Jett’ me refile les verres. Bordel. Pas un pour en rattraper l’autre. Mac’ a déjà mis les voiles. Les autres s’installent au bar intérieur dès que j’ai le dos tourné, pour suivre discrètement l’évolution de la situation. J’avance, avec prudence, un verre dans chaque main. Lorsque j’arrive au niveau de l’alcôve, Kira est assise là, seule. L’espace d’une fraction de seconde j’ai vraiment espéré que toutes ces conneries n’étaient qu’une vaste fumisterie. J’suis trop naïf putain.
 
Elle lève les yeux. Nos regards se croisent. Sourire crispé.
 
« J’vous ai cherché partout. Deux bloody wookies… J’crois que c’est ce que vous avez commandé non ? »
 
Et je demande, feignant l’innocence d’un bébé qui vient de sortir du vagin de sa mère :
 
« Et Terressin ? Elle est où ? »
 
J’attends même pas la réponse pour poser mon cul. Je réalise seulement l’ampleur du piège. Soit je reste assis à l’extrémité de la banquette, dans la ligne de mire de Jett’ qui lit sur mes lèvres, soit je me décale, mais du coup je dois pratiquement me coller à l’ex-Chancelière. Merde. J’préfère encore qu’ils décryptent mes conneries et qu’ils se foutent de ma gueule pendant le mois de perm. Je pose les verres sur la table, en profite pour dévisager la miss. Matt’ a raison. Sous le maquillage, il est facile de deviner des traits las, fatigués, usés. Ses yeux sont bien moins pétillants que dans mes souvenirs… C’était y’a une sacrée paire d’année… Et qu’un détail comme ça me remonte à la gueule me file une soudain sueur froide.
 
« Sinon, vous racontez quoi ? Comment ça se passe la reconversion professionnelle ? »
 
Les mots sortent tout seul. Aucun tact. J’aurais presque pu lui dire : Alors ça fait quoi d’avoir été traînée dans la boue comme une merde devant l’ensemble des média Républicains ? Et d’avoir été remplacée par une bande de politicards qui crachent dans vot’ dos dès qu’ils en ont l’occaz ? Je m’enfonce un peu plus dans mon siège, mes doigts jouent nerveusement avec le pied du verre à cocktail. J’aurais dû tous leur coller un pain ouais. Putain de traquenard.
Emalia Kira
Emalia Kira
Messages : 697
Eclats Kyber : 0
Un nouveau serveur était apparu aussi rapidement que s’ils en avaient gardé un dans un placard, tout habillé avec son plateau, au cas où le premier se casserait. C’était étonnant mais ma foi, bien efficace. Ils avaient peut-être l’habitude de perdre des serveurs à cause des militaires, s’ils venaient souvent. Il venait vers elle avec une allure très assurée.

- Votre Majesté, vous devez être mal à l’aise dans cet environnement bruyant !
- J’ai vu pire, croyez-moi !
- Je n’en doute pas. Mais nous vous avons préparé une table plus à l’écart, si vous désirez être plus au calme.
- Oh, non, ne vous en faites pas, ça ira !

Emalia regarda son amie, le capitaine Terressin, s’éloigner. Elle devait avouer qu’elle s’était sentie un peu mal à l’aise d’être laissée seule ainsi, mais le spectacle de ces militaires qui rivalisaient de blagues douteuses et s’attablaient de façon à bien montrer leurs muscles étaient tout à fait divertissants.

- Oh, votre Majesté, je vous assure que ce n’est qu’une broutille pour nous, tout est déjà prêt…

Mais il en tenait une couche, celui-là. Et son costume était trop petit pour lui. Visiblement, ce camp, ce n’était quand même pas du grand luxe.

- Et moi je vous assure que je suis bien ici !

Emalia répondit au sourire crispé du serveur par un clin d’œil.

- Par contre, je veux bien que vous m’apportiez ce cocktail, un jour.
- Ah, ah, oui tout de suite !

Et il fallait même leur expliquer leur métier. Dingue, tout de même. Emalia regarda le serveur s’exécuter enfin et disparaître vers le comptoir en tenant son plateau à deux mains. Ah, il débutait, voici qui expliquait tout.

Le soleil se couchait maintenant, et une légère bise se levait. Au regret de la Chancelière, les hommes remettaient leur tshirt les uns après les autres. Quant à elle, elle se sentait mieux ; elle n’était clairement pas vêtue pour un camp de vacances et le décalage était moins féroce dans la pénombre et l’air frais.
Ah, voilà le serveur qui arrivait ! Avec un nouveau sourire un peu trop enjôleur et surtout, sans son cocktail. A ce niveau-là, ce n’était plus un débutant, mais un candidat à l’embauche.

- Je reviens juste vous signaler que le capitaine Terressin m’a fait vous dire qu’elle vous attendrait à l’ombre, là-bas, il désigna l’allée ombragée qu’il avait déjà désigné un peu plus tôt.

Emalia étrécit les yeux en toisant cette fois-ci froidement l’énergumène avec son costume noir trop petit.

- Mais qu’est-ce qu’il y a là-bas pour que vous vouliez absolument m’y remiser ? Je gêne quelqu’un sur cette terrasse, monsieur ?

Le serveur eut un rire nerveux. Soit il lui cachait quelque chose, soit il allait s’apprêter à inventer un mensonge. Mais il parut lâcher l’éponge. Il se pencha pour lui souffler.

- Non bien sûr que non ! C’est que, votre Majesté, dans quelques instants il va y avoir une démonstration de cascades sur le sable, un genre de concours que font les militaires. Et j’ai bien peur que vous ne soyez en mauvaise position ici et que vous alliez vous prendre des nuages désagréables de sable fin. Nous ne voudrions pas que vous ayez une mauvaise image de l’établissement. Surtout que le caporal-chef Kessel va sûrement participer, vous voyez ce que je veux dire ?

Emalia lui jeta cette fois-ci un regard curieux. Bon, effectivement, si c’était pour qu’on lui envoie du sable à la figure, autant qu’elle se déplaçât, mais…

- Mais… Vous le connaissez, vous aussi ?
- Hem, ben… Ils sont là depuis quelques jours, on a fait ami-ami déjà !
- Ahan, je vois... Vous prendrez ma valise, en ce cas ?
- Bien évidemment.

Et sa Majesté accepta tant bien que mal de suivre le serveur dont on voyait un peu trop les poignets et les chevilles – il avait même un peu craqué sa veste de costume dans le dos, c’était vraiment à la bonne franquette ici – en-dehors de la terrasse, dans une petite allée ombragée où plusieurs alcôves avaient été aménagés sous les grands arbres. C’est dans l’une d’elle que le serveur la conduisit en y déposant sa valise. Emalia s’installa avec un soupir léger. Bien que peu recherché, l’endroit respirait le cadre idyllique de vacances. L’Emalia d’il y a vingt années aurait adoré être courtisée dans un endroit pareil. L’Emalia d’alors se disait qu’elle allait s’ennuyer ferme à attendre toute seule ici pendant que les autres s’amusaient. Elle se dit que si c’était trop long, elle irait jeter un œil à ce fameux concours de cascade – de loin bien sûr, elle n’allait pas risquer de s’approcher de nouveau de ce Kess…

- Oh ! Hum, rebonsoir Caporal Kessel. Ou plutôt devrais-je dire Caporal-chef ; vous avez pris du grade on m’a dit. Félicitations.

Bien sûr, elle disait ça par pure politesse – quand on était politicienne, il fallait toujours avoir un commentaire pertinent à faire à n’importe qui. Un politicien sans conversation, ce ne serait pas terrible. Enfin, pas pire qu’une politicienne sans droit à participer à la politique, cela dit.

Emalia lui sourit de façon un peu gênée lorsqu’elle se rendit compte que le militaire avait bien l’intention de… s’asseoir avec elle. Quand même, il croyait quoi, qu’ils allaient boire un verre comme deux vieux amis ? Bon, pas de panique, Terressin allait sûrement arriver d’un moment à l’autre et elle renverrait l’indélicat – qui avait tout de même eu le bon goût de se vêtir, cette fois-ci. C’était beaucoup moins inconvenant, déjà.

- Ah oui, merci. Avec toute cette histoire, je n’ai toujours pas eu mon cocktail, en effet. Oh, je ne sais pas, le capitaine Terressin va sûrement me rejoindre très vite. Elle s’est absentée, il parait qu’une communication urgente l’attendait.

La souveraine sourit et essaya de prendre une pose décontractée – ce qu’elle n’était pas du tout, aussi était-elle raide comme un piquet. Le cocktail l’aiderait certainement un peu. Enfin, si elle arrivait à avoir un cocktail un jour.

Emalia regarda Kessel avec de gros yeux. Puis il ne put s’empêcher de pouffer. Celui-là, on ne pouvait pas dire, il allait droit au but.

- Ahem, et bien… On ne peut pas dire que je doive tout à fait me reconvertir, vous voyez. Déjà, je suis reine, et j’assure donc toujours mes fonctions de souveraine. Bien sûr, c’est étrange d’avoir été virée du Sénat après y avoir mené la danse pendant si longtemps.

Elle afficha un sourire qu’elle voulait agréable, mais on y discernait peut-être un croc prêt à déchirer la gorge d'un neimoidien ou d'une umbarane s’ils venaient à passer par là.

- Mais j’ai mes combats, et je n’ai pas besoin du Sénat pour les conduire. Après tout, le commun des mortels dans toute la galaxie sont des gens honorables avec qui il me conviendra tout à fait de travailler pour continuer mes campagnes contre l’Empire. Oh, je sais ce que vous devez vous dire : que c’est étonnant que je sois encore arc-boutée là-dessus, que je devrais me reposer, retourner sur ma petite planète gérer mes petites affaires. Je vais vous dire – elle pointa vers lui un doigt autoritaire – vous n’êtes pas le seul à penser comme cela ! Hé bien non, je n’ai pas l’intention de lâcher l’affaire. La gamine assise sur le trône sur la planète d’en face – enfin un peu plus loin, la géographie ce n’était pas trop son fort – n’a qu’à bien se tenir tant que je suis encore vivante !

Il y eut un silence. Bon, peut-être que le pauvre militaire n’en demandait pas tant. Peut-être qu’il n’avait rien sous-entendu avec sa question et qu’elle était un poil agressive. Ou direct. Il avait commencé, il fallait dire ! Légèrement gênée, Emalia sourit comme si elle était parfaitement détendue et décida de changer de conversation.

- Alors, on m’a dit que vous alliez participer au concours de cascade ? Ça se passe comment, vous vous entraînez dans le sable depuis plusieurs jours ? Vous avez prévu quelle figure ?

Korgan Kessel
Korgan Kessel
Messages : 384
Eclats Kyber : 0
J’suis grave sur les nerfs. Le même genre de stress qu’avant un largage aérien dans une zone de guerre… Mais en plus malsain. J’ai les yeux rivés sur mon verre. De temps en temps, je le quitte pour mater la Reine, mais je peine à soutenir son regard. Putain. J’aime pas cette situation. J’suis pas à l’aise, et les circonstances de cet échange non rien de valeureux. Et puis… Avec mon tact naturel bordel, je vais tout faire foirer…

Pour autant, j’me dis que ça aurait pu être pire. En bonne diplomate aguerrie par des milliers d’heures à batailler contre des détracteurs vicieux, elle ne relève pas ma maladresse. Même si son regard se montre très dur de prime abord. Au lieu de ça elle répond à ma question… Et je me crispe un peu plus lorsqu’elle évoque ses fonctions, sur Ondéron. Putain, pendant quelques instants, j’avais presque oublié qu’elle n’était pas une simple Sénatrice devenue Chancelière… Non, elle était une Reine, et elle le restera jusqu’à la fin de ses jours. Une dirigeante planétaire disposant de pouvoirs et de ressources colossales… Je m’enfonce un peu plus dans la banquette. Ils ont vraiment déconné les Typhons… On fait pas un coup de pute pareil à une personne aussi influente. Si on se fait griller, ça va barder…

J’acquiesce en silence… Je… n’avais pas vraiment grand-chose à lui répondre sur le coup, et je redoute, une nouvelle fois, de mettre les deux pieds dans le plat. Putain. Je déteste les conversations. Avec un flingue entre les mains tout est tellement simple… Mais je tique soudain lorsqu’elle évoque le concours de cascade sur sable… Le quoi ?! Je me redresse, raide comme un piquet.

« Le concours ? Oui bien sur… »

Instant d’hésitation. Qu’est-ce que Mad’ été lui dire putain… Mais je n’ai d’autre choix que de rentrer dans son jeu pour ne pas nous griller un peu plus.

« Oh, vous savez, ce n’est pas aussi impressionnant que ce qu’on peut voir dans les compétitions officielles. L’important c’est la forme physique et l’équilibre, de manière générale… »

Il est hors de questions que je me sorte seul d’une merde dans laquelle ils m’ont tous foutu jusqu’aux épaules. Non. Ils ont voulu jouer aux cons ? Très bien, le retour de bâton c’est pour maintenant.

« J’ignore ce qu’on vous a dit exactement. Mais en vérité ce sont des figures par équipe… »

J’imagine la gueule que doivent faire les Typhons alors que Jett’ leur rapporter mes mots lus sur mes lèvres… Haha. Je choppe le verre à cocktail devant moi et l’avale cul-sec.

« Vous allez voir. On va vous faire une petite démonstration ! Les actes c’est mieux que les mots, c’est toujours ce que je dis. »

Je lève le cul de mon siège, me retourne, porte deux doigts à ma bouche et balance un sifflement strident, avant de faire signe aux Typhons toujours accoudés au bar, de me rejoindre.

****

Exactement vingt-sept secondes plus tôt, au bar,

« Tu lui as dit quoi ?! »
« Me regardez pas comme ça putain. Il a fallu que j’improvise quelque chose. La réussite de l’opération KK dépendait du transfert de Kira ! »
« Je commence à me dire que le nom de cette opération est de plus en plus mérité ! »
« Concours de cascades sur sable ?! C’est un truc qui te vient comme ça ? Instinctivement ? Pourquoi pas le concours du type qui pisse le plus loin tant qu’on y est ?! »
« Vos gueules bordel… Korgan en rajoute une couche ! Il dit que ce sont des figures en équipe maintenant… »
« A quoi est-ce qu’il… »
« Il nous siffle… »
« L’enfoiré, il va nous en faire une ! »
« En même temps c’est de bonne guerre… »
« Il en est train de dire qu’il a besoin de tous les Typhons. »
« Tous ?! Impossible. Kira m’a vu avec l’uniforme de serveur, elle va me capter direct… »
« Tu devrais mettre une fausse moustache. »
« Et je trouve ça où, hein ?! »
« J’en ai toujours une sur moi, évidemment. Pas vous ? Pourtant c’est toujours utile une fausse moustache. Tu mets les lunettes de Korgan et une casquette, ni vu ni connu… »
« C’est vraiment n’importe quoi… »
« Moi j’dis que Jez’ a raison. La prochaine fois, t’as cas pas inventer des conneries aussi énorme… »


****

Il faut quelques minutes aux Typhons pour se pointer. Intérieurement je jubile, je vais me venger… En tout cas, pendant ce temps j’improvise un peu :

« C’est un peu une institution chez les Typhons, les cascades sur sable. On s’entraine à chaque perm. On est en train de développer un concept novateur ouais. La pyramide inversée. D’hab on met le plus léger en haut… Mais dans cette version, c’est moi qui fais la pointe. Les autres doivent supporter mon poids. C’est pas encore au point, mais vous allez-voir… »

Et alors que les Typhons arrivent à portée de voix, même s’il manque Mac’ qui a disparu on ne sait où, je balance :

« On fait comme à l’entrainement hein ? Mad, t’es en bas avec Jez’. Matt’ au-dessus. Jett sur les épaules de Matt, et moi je fais la pointe… Comme la brindille sur le tas de fumiers… »

Ils me lancent de ces regards… Haha c’est trop bon. Ils vont tous en chier. Je suis le plus lourd de l’équipe, après Jett’ évidemment. Sans un mot, ils se mettent en position, à une distance respectable de la Reine d’Ondéron. La base pose un genou à terre. Matt’ grimpe… Et quand Jett’ entame l’ascension, Mad et Jez changent rapidement de couleur, écrasés sous ses près de deux cents kilos. Matt’ lui non plus ne fait pas le malin… Je me tourne vers Emalia :

« Vous voyez, c’est assez physique comme discipline… »

Ouais j’suis salaud, je fais un peu trainer :

« Allez les gars, essayez de sourire un peu, c’est quand même la Reine d’Ondéron que vous avez devant vous… »

Haha, quel foutage de gueule. Ils grognent, luttent pour maintenir tant bien que mal le besalisk sur leurs épaules. La pyramide tangue dangereusement.

« Accrochez-vous, je monte ! »

Je pose un pied sur le genou de Mad. Une main sur l’épaule de Matt. Je quitte le sol, choppe l’une des quatre mains de Jett’ qui me soulève comme si je ne pesais presque rien. Enfin, il me pose sur ses épaules, comme il l’aurait fait avec gamin de six ans. J’inspire un grand coup. Ultime étape, même si sur le moment, vu comment toute la structure tremble, je le sens moyen… Mais j’suis pas du genre à me débiner juste avant le bouquet final. Je décolle mon cul, les deux mains posées sur la tête de Jett’… Et commence à faire un putain de poirier. J’suis pas acrobate de cirque, loin de là, mais j’ai bien assez de masse musculaire pour soutenir mon poids sur mes bras…

Mais soudain c’est le drame. La base lâche. La pyramide s’effondre sur elle-même comme un bâtiment sapé dans ses fondations. Jett écrase tout le monde… Sauf moi. Je termine ma chute en roulade, et me relève, fringant, avant de lancer :

« Ouais, j’avoue, on est pas encore tout à fait au point. Je pense qu’on va le refaire trois à quatre fois par jour pendant le mois de perm histoire de se perfectionner… N’est-ce pas les gars ? »

Seuls de grognements dépités me répondent. Je leur fais signe de disparaître. Ils s’éclipsent en boitant. Putain, je suis fier de moi haha. La vengeance est un plat qui se savoure avec une sauce de sadisme. Bref. Déjà que la démonstration est loin d’être convaincante, je m’empresse de reposer mon cul sur la banquette, histoire de reprendre la conversation là on je l’avais stoppée. J’sais pas si c’est la subite bonne humeur, l’adrénaline liée à la chute, ou tout simplement l’alcool dans mes veines, mais j’ai soudain la langue qui se délie :

« Sûr que vous avez été roulée dans la boue… Mais vous avez raison de ne pas vous laisser abattre. Moi j’suis d’accord avec vous m’dame. »

Je m’emballe un peu :

« Vous voyez, c’est comme lors d’une mission. Y’a un objectif. Mais parfois y’a des obstacles insurmontables. Est-ce une raison pour reculer ? Non. On cherche un moyen de les contourner, même si ça doit coûter la vie d’une partie des hommes. Parce que, bordel. Si on fait ce qu’on fait, c’est pas pour le plaisir. C’est parce qu’ils y a des gens qui compte sur nous… On n’a pas le droit de les abandonner. »

J’sais pas si mon analogie a un quelconque sens pour quelqu’un d’autre que moi…

« Vous, m’dame, vous vous êtes lancée sur le sentier de la guerre. Vous avez mis les couilles sur la table, et moi j’pense que vous aviez bien raison. Cet empire c’est une gangrène. Et un membre gangréné on le coupe, même si c’est douloureux et irréversible. Alors ouais, c’est vrai : tout s’est peut-être pas passé comme prévu : Dubrillion, Gravelex, ça a été de foutus bourbiers. Moi j’dis que ça manquait de préparation, vous avez peut-être pas été bien conseillée… J’en sais foutrement rien. Mais c’est pas ce qui compte. Quand on se lance dans quelque chose, on va jusqu’au bout, c’est tout, bordel. Alors vous avez raison de pas laisser tomber. Tous ceux qui sont tombé au combat, ils l’ont fait de leur propre chef. On est pas des gonzesses hein. On est des militaires, on a signé pour aller eu feu et pour crever sous les tirs ennemis. Si on abandonne maintenant, alors c’est qu’ils seront crevés pour rien. De la viande froide avec un nom sur une pierre tombale. C’est même pas un choix, c’est un devoir. »

Je la pointe de mon gros index :

« Vous avez tous ces morts sur la conscience, ouais. J’sais pas si ça vous travaille… Mais ça devrait pas. Parce que si vous ne baissez pas les bras, tous ces sacrifices seront votre force ! Ils étaient nécessaires. On gagne pas une guerre sans perdre de soldats, y’a que des connards pour penser le contraire. Et si la cause est juste, si le but c’est de brûler vif ces enfoirés d’impériaux, alors ouais, c’est justifié. »

Je réalise que je commence à parler un peu trop fort. Putain, ouais, c’est l’alcool qui me monte à la gueule… Je ne bois que très rarement, alors forcément l’effet est fulgurant… Je prends une profonde inspiration, pour me calmer. Je baisse le doigt, m’adosse un peu plus profondément dans les coussins moelleux du dossier. J’ai une boule dans le ventre. Saloperie de frustration. Les beaux discours c’est pas mon truc d’habitude, surtout que les mots ça change rien.

« Sauf qu’on est coincé, vous comme moi. D’autres décident et faut filer droit… C’est comme ça que ça marche… »

Malgré toute l’énergie dépensée par le nouveau gouvernement pour arriver à une paix avec l’Empire, je sais d’expérience que ça veut pas dire que les opérations clandestines s’arrêteront du jour au lendemain. Quoi qu’on puisse en dire, l’Empire et la République resteront des ennemis cherchant la faille chez l’autre pour toujours mieux l’exploiter. Que ce soit frontalement ou par derrière. Des conflits et des batailles il y en aura…

Je soupire. Même si je ne suis pas fan de la direction prise par le nouveau Chancelier, je reste un bon petit soldat : j’obéis aux ordres, même si je me permettrais toujours de l’ouvrir un peu trop. Soudain une question me saute à la gueule comme un herpès après un cunni. Je mate le Reine droit dans les yeux. J’ignore ce qu’elle pense de ma tirade. Mais je lui pose ma question tout de même :

« J’me suis toujours posé une question vous concernant m’dame Kira. Pourquoi avoir déclenché les hostilités ? J’veux dire, rien de vous y obligeait personnellement… Qu’est-ce qui motive une femme comme vous, qu’a une vie de rêve, à se lancer dans une bataille sur la passerelle d’un croiseur de combat ? C’est pas une question pute hein. J’ai un profond respect pour ce que vous avez fait, mais j’ai du mal à piger pourquoi vous l’avez fait… »
Emalia Kira
Emalia Kira
Messages : 697
Eclats Kyber : 0
Il y avait vraiment des compétitions officielles de cascades dans le sable ? Ça alors, on en apprenait tous les jours. Pendant le mandat d’Emalia à la Chancellerie, elle ne s’était jamais trop intéressée aux affaires du sport et des loisirs – enfin, elle avait carrément ignoré tous ces sujets et délégués à des individus aux dents longues désireux qu’on leur déléguât quoique ce fut pourvu qu’ils puissent mettre une ligne de plus sur leur CV – mais vraiment, il se passait des choses absurdes dans ce domaine. Cependant, si cela amusait les militaires en permission, pourquoi pas…

La souveraine hocha la tête avec intérêt et beaucoup de politesse. Visiblement, elle avait posé une bonne question : l’homme était si enjoué à lui détailler l’expérience qu’il appelait ses collègues afin de réaliser une figure rien que pour elle. Alors même qu’on l’avait déplacée là pour qu’elle en fut exonérée, c’était un comble ! Gênée, elle n’osa protester.
Cependant, le bloody wookie qu’elle sirotait l’aidait à se détendre et à prendre le tout avec philosophie. Après tout, cela occuperait joyeusement son temps d’ici que Terressin revint de sa communication.

La figure exécutée prit un peu de temps, et surtout visiblement pas mal d’énergie pour certains d’entre eux. Emalia devait se retenir d’éclater de rire. Pour se donner une contenance, elle sirotait toujours son cocktail.

- Oh, c’est – oh attention non ? – très… sollicitant pour les muscles non ? Un bon exercice. Enfin bravo !

Emalia se mit à applaudir vivement la troupe, qui avait quand même l’air un peu crispé, certainement le stress de la compétition. Puis ils s’éclipsèrent et le caporal-chef revint à sa table pour continuer la conversation après cette saugrenue intermède, qui avait eu le bénéfice de détendre Emalia – elle avait toujours du mal à s’empêcher d’éclater de rire. Surtout devant le ton de nouveau très sérieux du militaire. Mais soudain il s’ouvrait, et la reine devait calmer les éclats de rire qui s’éteignaient dans sa gorge faute de pouvoir sortir.
L’ambiance venait de retomber au ras du sol, tout d’un coup. Mais après tout, c’était elle qui avait commencé à se lancer dans des explications.
Elle acquiesçait.

- Oui, alors… Je ne l’aurais pas dit comme ça, mais maintenant que vous en parlez, ça ressemble à ça oui. Je pense que beaucoup parmi les militaires pensent comme vous… Enfin, je l’espère. Je me suis démenée avec l’Armée pour qu’on atteigne les objectifs ambitieux de notre gouvernement.

Et puis, soudain, il lui posait une question profonde. Elle soupira, plongea son regard au fond de son verre. C’était vrai, pourquoi avait-elle quitté une vie de rêves pour tout risquer ? Elle avait tout : l’argent, le pouvoir, l’amour, la notoriété… Elle n’avait même plus la moitié de tout cela, désormais. Tout s’était effondré pour sa lubie anti-impériale. Parfois, elle se demandait si toute la galaxie n’avait pas raison : elle était folle à lier.

- Au contraire de beaucoup de mes congénères politiques, je n’ai pas recherché le poste de la Chancellerie comme une continuité de ma carrière, pour le pouvoir que cela représente. Quand l’Empire, à travers le traité d’Artorias, a menacé ma planète, je savais que ma planète seule ne pouvait rien faire pour se défendre. Et la République, au lieu de nous aider, nous avait carrément dit – c’était un Jedi qui était au pouvoir à l’époque – de ne pas trop l’ouvrir et de passer tranquillement impérial. A l’époque, on ne savait pas ce à quoi s’attendre. Allait-on devenir des esclaves d’un Seigneur Sith ? Qu’arriverait-il à nos ressources ? A ma population ? Je me suis donc lancée en politique pour faire entendre notre voix dans la Rotonde. Mais à l’époque, le sort d’Ondéron était considéré comme un regrettable dommage collatéral de la paix entre la République et l’Empire, qu’il convenait de préserver. Cela m’a indigné, et j’ai tout fait pour arriver à la Chancellerie, pour changer cette attitude de soumission à l’Empire du Sénat. Lorsque je suis arrivée au pouvoir, cependant, le Sénat était toujours fondamentalement contre la guerre. De plus, je me rendais compte qu’Ondéron n’était qu’une toute petite partie du problème, qu’elle n’était rien d’autre qu’un des dizaines d’autres mondes que l’Empire s’approprierait. Oh, j’aurais pu alors faire voter la déclaration de guerre, j’avais beaucoup de partisans à l’époque ; mais prenons l’aspect stratégique de cette guerre : pensez-vous vraiment que nous aurions pu libérer Dubrillion en annonçant publiquement, des mois à l’avance, ce que nous préparions ? Non. Vous savez comme moi que l’Empire est une entité beaucoup trop guerrière pour se laisser faire ainsi. Notre seule chance, c’était de les prendre par surprise.

Voilà pour l’historique. Maintenant… Pourquoi y aller en personne ? C’était plus difficile à expliquer. Mais s’il y avait bien des gens pour comprendre son geste, c’était certainement les militaires.

- L’opération que nous avons préparée et que vous connaissez… Nous savions qu’elle était risquée. L’Etat-Major des Armées était prêt à prendre ce risque. C’était une opportunité stratégique qu’aucun autre Chancelier ne lui avait donné jusqu’ici malgré les pertes potentielles, de faire un vrai pas contre l’Empire. Et qu’ils n’auront jamais plus, m’est avis. Mais nous savions donc les risques que nous prenions. Que devais-je faire ? Dire à des milliers de gens d’aller prendre les risques pendant que je resterais tranquillement au Sénat ? Non, si je me considérais comme un leader, je me devais d’être exemplaire, et de m’y rendre moi aussi. Assumer mes choix jusqu’au bout. J’ai pris de gros risques, vous avez peut-être su, pour la navette qui a servi d’appât, dans laquelle j’étais, non ? Il me semblait que les Typhons avaient été impliqués. Bon, je n’avais jamais vu la guerre de si près avant, j’ai été servie. Mais je sais que j’ai fait le bon choix. Malgré les risques, malgré les résultats. Et je continuerai de me battre contre l’Empire. Voilà.

C’était un long monologue qui s’éteignit au-dessus de leurs cocktails. Elle n’était pas sûre qu’un soldat comme lui comprendrait les éléments politiques. Mais il comprenait certainement qu’en tant que chef, elle ne pouvait pas juste envoyer ses équipes au casse-pipe sous prétexte que son bureau de la Chancellerie était plus confortable. Elle l’avait fait pour sa planète et toutes celles qui étaient menacées par l’Empire. Elle avait perdu beaucoup dans le processus, mais elle avait gagné autre chose. Des amis, par exemple, comme la capitaine Terressin qui ne revenait toujours pas. L’appel avait dû porter sur un sujet plus grave qu’elle ne pensait. Elle soupira, puis sourit, bien décidée à passer à quelque chose d’un peu plus positif. Après tout, ils étaient dans un camp de vacances, non ?

- Et si vous me présentiez votre équipe ? demanda-t-elle soudain. J’aimerais beaucoup entendre quelques-unes des aventures de l’escouade Typhon.

Elle consulta sa montre.

- Il me reste encore une petite heure avant le début des festivités, je crois.

En effet, une petite cérémonie était prévue ce soir ; une remise de médailles, au cours de laquelle Emalia était censée faire un discours – raison de sa présence ici. Mais il lui restait donc un peu de temps à tuer.


Korgan Kessel
Korgan Kessel
Messages : 384
Eclats Kyber : 0
Lentement mais surement, les vapeurs d’alcool se dissipent. Les mâchoires serrées, j’éprouve un sentiment douteux. De la gêne, de la honte. Gros malaise. Entre les mensonges, les acrobaties débiles, et ce foutu laïus que j’ai lâché sans la moindre parcelle de retenue… Bordel. Elle doit me prendre pour un gros taré. Raaah. Faut que j’apprenne à tourner la langue sept fois dans ma gueule avant de l’ouvrir. Pourquoi est-ce que j’ai balancé toute ma verve comme ça ? J’sais pas… Entre l’alcool et les relents d’adrénaline j’étais chaude patate. Du coup, j’ai du mal à soutenir son regard. J’écoute, je hoche la tête, je joue avec mon verre vide, nerveusement. Elle parle. Bien plus que je ne l’aurais imaginé. Ma question a touché une corde sensible… Mais ses justifications aussi logiques soient-elles attestent d’une seule et unique chose : elle est sur la défensive. Est-ce qu’elle cherche à me convaincre ou tente-t-elle de se convaincre elle-même ? Y’a rien de pire que de prendre des décisions difficiles, et se réveiller le lendemain en se disant qu’on a fait une grosse connerie. Ouais, ça je le sais. J’ai suffisamment de sang sur les mains pour le piger. Bref, elle me répond comme si j’allais la juger… Mais c’est pas le cas. Juste de la putain de curiosité. Je réagis :

« Le traité d’Artorias… Une sacrée connerie, ouais… »
 
J’suis pas un grand stratège, encore moins un diplomate… Mais ça m’empêche pas d’avoir un avis tranché sur la chose. On a baissé notre froc après une seule bataille. Ouais, la défaite a été cuisante, la surprise totale. Et le Chancelier de l’époque avait été capturé. Une sale affaire… Mais est-ce que la vie d’un seul homme justifie sérieusement de sacrifier des dizaines de mondes ? Je grimace. Je pige carrément mieux l’esprit revanchard de la Reine, ses motivations… Même si je peux difficilement me mettre à sa place. J’ai jamais eu plus de responsabilité que la vie d’une poignées d’hommes sous mes ordres. Comment imaginer ce qu’elle avait pu ressentir lorsque les Ondéronniens ont lâchement été sacrifiés ? Clairement, à sa place, j’aurais pété une pile. Prendre la tête de la République et déclarer la guerre à l’Empire, ça avait été un pétage de plomb préparé, médité, fomenté. Respect meuf. J’inspire un grand coup. Ouvre la gueule mais m’auto-censure. Fini les étalages de conneries. Je tente de choisir mes mots avec plus retenue… Comme je le ferais en mission d’infiltration en territoire ennemi.
 
« Vous connaissez la différence entre un soldat et un tueur à gage, m’dame ? »
 
Putain, ça donne comme un début de blague moisie, alors que je suis méga sérieux. Mon regard fauche celui de la reine. Je plonge dedans.
 
« Les deux tuent pour les autres. Mais le soldat, lui, ne le fait ni pour les crédits, ni pour la renommée, ni pour rien d’autre. Il le fait parce que c’est son job. Il suit les ordres, même si pour cela il doit laisser une part de lui-même sur le champ de bataille… »
 
Pourquoi je raconte toutes ces conneries déjà ? Ah oui… Putain, j’ai failli m’auto-pommer :
 
« Ce que je veux dire, c’est qu’il y a des règle, ouais. C’est ce qui fait de nous des êtres humains, et non des monstres. On est les gentils dans cette histoire bordel. Les impériaux… Ils bombardés les grandes villes d’Artorias. Ils ont foutu des colliers explosifs sur les prisonniers sur Dubrillion… Et ils étaient près à sacrifier les habitants de Félucia pour ne pas perdre la face sur Makem Te… La liste est aussi longue que mon tour de biceps.
 
Bref. C’est eux les monstres. Ils ne respectent rien ni personne. Militaires ou civils ils s’en branlent… Ils peuvent bien parler comme des intellos, ces foutus Sith restent des assassins qui feront couler le sang dès qu’ils en auront l’opportunité…
 
Et vous, on vous reproche quoi ? De ne pas avoir suivi les règles stupides imposés par une bande de branleurs gratte-papiers ? »

 
Je secoue la tête, mine décomposée par le dégout que je ne parviens à contenir à l’intérieur.
 
« A mes yeux vous n’avez rien fait de mal. Vous vous êtes créé une opportunité pour mener à bien une opération qui devra être achevée un jour ou un autre. Au moins, en temps de guerre, se sont les militaires qui meurent, envoyés au combat… Mais en temps de paix, ce sont les civils qui trinquent, d’une manière ou d’un autre. Cette foutue trêve ne fait que retarder l’inévitable, et alourdir le bilan humain… »
 
Bordel, c’est que j’en dis des trucs. Pourquoi est-ce que je raconte tout ça ? J’suis pas du genre à m’étaler sur mes sentiments, même lorsque j’en ai gros. J’sais pas. Elle m’inspire confiance. C’est une grande dame. Une immense dame. Elle a fait des trucs qu’une personne de son rang n’aurait jamais eu les couilles de faire. Et qu’est-ce qu’elle a gagné ? Rien. Que de la merde. Elle s’est fait retourner par la bande de branlos qui nous sert de sénateurs. Je soupire. J’ai juste envie qu’elle sache que le reste de la galaxie ne pense pas comme eux. Loin de là. Faut pas qu’elle baisse les bras.
 
Finalement je me décrispe. Dans le bon sens du terme cette fois. Je lui balance un sourire franc.
 
« Z’etes sûr de vouloir rencontrer les Typhons ? Y’a pas grand monde qui y a survécu… »
 
Je m’esclaffe, gueule ouverte. Blague de militaire badass. Haha. Je me retourne pour leur siffler l’ordre de revenir. Puis repose mon attention sur la souveraine :
 
« … En tout cas, ouais, on vous a bien couvert les miches sur Dubrillion. »
 
Je pose un bras sur la table, et pointe une grosse balafre sur mon triceps gauche.
 
« Vous me devez celle-là. J’ai pris un coup de vibrolame quand, avec Jez’, on s’est lancé à l’assaut d’un Interdictor qui vous barrait la route. Haha. Deux contre un vaisseau de ligne : ils n’avaient aucune chance... »
 
Je replonge dans mon siège.
 
« Artorias, Byss, Dubrillion, Félucia, Re Dubrillion… Bordel, ça nous rajeunis pas… »
 
Et aussitôt je manque de m’étouffer, putain quel con ! Je rattrape le tir :
 
« Pas que je veux dire que vous êtes vielles… Pas du tout, vous êtes vachement bien conservée… »
 
Bordel, c’est pire !
 
« Vous êtes très belle M’dame. Si je n’étais pas… Que vous n’étiez pas… Enfin vous voyez, on aurait pu… »
 
Une énorme paluche claque sur mon épaule. Je lève les yeux, le front en sueur. Matt’ est là :

« Boss… Y’a un moment faut savoir se taire… »
 
Je lui balance un regard assassin. Mais cet enfoiré a raison. Et il arrive à point nommé. Je me redresse d’un bond, comme monté sur un ressort. Les Typhons sont là, au grand complet. La présentation aurait été plus classe s’ils n’avaient pas été en maillot de bain évidemment…
 
« La grande gueule, c’est le Caporal Matt’. L’expert technique de l’escouade. Vous fiez pas aux conneries qu’il peut débiter… »
 
L’humain, presque aussi grand et large que moi s’approche d’Emalia, et lui colle une bise sur le dessus de la main. Putain, quel enflure. Je passe au plus impressionnant :
 
« Le Besalisk, c’est le spécialiste Jett’. Avec ces quatre bras, il peut vous piloter n’importe quoi. »
 
Il fait un signe de tête respectueux et s’écarte. Derrière lui, Jez’ toute sourire, sautille comme si une envie de pisser lui remontait aux lèvres.
 
« Jez’… C’est Jez’. Jedi de formation. Son intégration aux Typhons est un flou artistique qui arrange bien tout le monde. Sans ses pouvoirs, y aurait eu bien plus de pertes… »
 
Je lève les yeux. J’ignore si la souveraine suit immédiatement mon regard ou non. Mais au-dessus d’elle, en équilibre sur le dossier de sa banquette, le cathar de l’escouade la surplombe. Son faciès est impossible à décrypter : on dirait qu’il fait toujours la gueule.
 
« Le Spécialiste Mac’. Notre éclaireur. Comme vous pouvez le contraster, il est aussi rapide que furtif.
 
Et enfin… Le meilleur pour la fin… »

 
Je choppe le dernier par les épaules, pour le foutre bien devant la miss. Avec sa fausse moustache, il a l’air d’un péquenaud d’un monde agricole paumé.
 
« Et le Caporal Mad’. Mon second. Le sniper du commando. C’est un grand timide, héhé… »
Emalia Kira
Emalia Kira
Messages : 697
Eclats Kyber : 0
Plus Emalia écoutait le militaire, plus elle se rendait compte que son amertume était partagée. Elle qui avait cru être incomprise, finalement, avait peut-être des partisans au cœur même d’une République dont elle croyait avoir été chassée. Mais la vraie République ne résidait-elle pas en ces hommes et femmes, bien plus qu’en les riches ministres et sénateurs qui décidaient de l’avenir de la galaxie sur Coruscant ? Elle se mit à rire pour masquer sa gêne, mais aussi son émotion, devant l’énumération du caporal-chef.

- Ha, navrée d’être en cause de ces cicatrices. C’est une sacrée balafre, la blessure a dû vous faire souffrir…

Puis il y eut ce moment plus embarrassant encore, lorsque Kessel tenta maladroitement de se rattraper sur son âge. Elle balaya ses propos d’une main indulgente.

- Allons, nous ne sommes plus de première jeunesse. Mais c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes, parait-il !

Heureusement, débarquant toujours au bon moment pour vous sauver la mise, l’escouade Typhon revenait au grand complet. Emalia se leva à son tour et se mit à serrer la main de chacun des membres de l’escouade Typhon, avec sérieux et sincérité. Elle était sûre de se mélanger les pinceaux avec leurs noms, mais elle se sentait revigorée d’être pour une fois en compagnie loin d’être hostile. Cela lui rappelait, étrangement, certaines batailles du passé.

- Enchantée. Oh, d’accord, Jett. Tout le plaisir est pour moi. Jedi, mmh ? Vous avez l’air bien différente de ceux que j’ai rencontré par le passé. Enchantée caporal.

Bien évidemment, Emalia avait serré dans sa vie presque autant de main que les fusils des Typhon n’avaient craché de balles, aussi était-ce un exercice facile pour elle. Aussi les mots appropriés en cette situation lui vinrent naturellement…

- Vous faites une belle équipe, félicitations pour…
- CA-PO-RAL KES-SEL.

Les Typhon et Emalia se tournèrent comme un seul homme vers la silhouette qui se rapprochait. C’était Terressin bien sûr. Elle arrivait en martelant le sol, les poings serrés et une veine battant sur sa tempe.

- VOUS VOU-DREZ BIEN M’EX-PLI-QUER POUR-QUOI JE ME SUIS RE-TROU-VEE EN-FER-MEE DANS CE FI-CHU BU-REAU ?

Il y eut quelques échanges et par politesse, Emalia regarda ailleurs histoire de ne pas embarrasser l’équipe qui était en train de se prendre une soufflante. Mais elle ne put s’empêcher de tourner la tête quand Terressin s’exclama :

- Et vous caporal, qu’est-ce que c'est cette fausse moustache ?!

Terressin fit un pas en avant et arracha d’un geste sec la moustache du caporal. Emalia ne put s’empêcher de grimacer en imaginant la douleur de se faire ainsi arracher les poils, mais visiblement l’homme était plus embarrassé que souffrant. C’est alors que…

- Mais vous êtes le serv… OH.

Emalia mit une main devant sa bouche pour s’interrompre avant de commettre une gaffe. Terressin se mit à la regarder avec surprise. Emalia reprit immédiatement contenance.

- Capitaine, je ne sais pas ce qui vous est arrivée, mais ces personnes m’ont tenu agréable compagnie, tout le temps de votre absence. Je ne pense pas que ce soit eux les coupables, dit-elle avec innocence.

Terressin eut l’air d’hésiter, mais visiblement, elle ne voulait se mettre en scène davantage, ni contredire son invitée de marque. Elle mit les poings sur les hanches en soupirant.

- Mouais, finit-elle par admettre.
- Allez vous chercher un verre et rejoignez-nous, capitaine, les Typhons vont devoir aller faire leur concours de cascades, nous pourrions profiter du spectacle avant la cérémonie, qu’en dites-vous ?
- Un. Concours. De. Cascades.

Terressin étrécit les yeux et regarda tour à tour les membres des Typhon qui avaient tous trouvé un sujet d’étude dans le ciel ou près de leurs pieds.

- Oui ! poursuivait Emalia, que l’alcool avait rendu plus enthousiaste que d’ordinaire. Ils m’ont fait une démonstration c’est très drôle. Enfin je veux dire, c’est… Hum, artistique. Tenez, allons nous installer, ils vont sûrement annoncer le début. Et hum… Caporal Mad, c’est ça ? Vous devriez annoncer à vos camarades que cela va commencer, parce que sinon, ça ne rentrera jamais dans le planning. A vingt heures, j’ai mon discours à prononcer.

Emalia tapota sur l’épaule du caporal avant de prendre la capitaine par le bras et de l’emmener avec son cocktail à la main, direction la terrasse. Elles laissèrent derrière elle les Typhon et le pauvre Mad qui allait devoir annoncer à la cantonnade le début d’un concours de cascades dont personne ne savait rien, tandis qu’Emalia était certaine de leur avoir sauvé la mise. Elle s’amusait comme une petite folle dans cette soirée !
Korgan Kessel
Korgan Kessel
Messages : 384
Eclats Kyber : 0
Volte-face. Raide comme une bite un soir de baise. Je braque mon regard sur Terressin. Droit dans les yeux. Duel. Bordel, si nos globes oculaires avaient été des armes, on aurait rayé Bakura de la carte galactique. Je serre les mâchoires. Et lui fait :
 
« J’y suis pour rien, Cap’tain. »
 
Elle me foudroie. Me déchire les entrailles de ses œillades meurtrières. Mais je ne cille pas. Rien. Nada. Ceux qui me connaissent savent que j’ai jamais été un putain de bon menteur… Non. Le secret, c’est de toujours encapsuler les conneries dans un cocon de vérité. Du maquillage, du déguisement, de l’enrobage. Appelez-ça comme vous voulez, c’est pareil. Le secret pour mentir, c’est… heu… de ne pas vraiment mentir. C’est de déformer la vérité, d’omettre volontairement des détails, de rester au premier degré.
 
Après quelques secondes d’intenses réflexions, j’vois un éclat de doute, fugitif, qui lui traverse le regard. Faut dire : je ne mens pas. J’y suis pour rien, personnellement, dans ces conneries. Les Typhons ont organisé tout ça sans moi. Véridique. Mais fort heureusement, l’interrogatoire ne va pas plus loin. La Reine Kira sauve la mise de l’escouade. Une vraie championne…
 
Ou pas.
 
Voilà que le concours de cascades revient sur le tapis. Bordel. Poker face, je ne laisse rien paraître… Mais je sens que les petites conneries de Mad et du reste de l’équipe vont nous poursuivre toute la soirée, peut-être même plus. Pour autant, je ne m’avoue pas vaincu. Jamais. Tant que j’ai encore des moignons pour me battre, je refuse de perdre… Mais je sens bien que ça va être chaud cacahuète.
 
Dès que Terressin me lâche pour passer en revue l’escouade, je fais discrètement un signe de main à Matt’. Il fait mine de ne rien voir, mais cligne deux fois des paupières. Message reçu. Je passe à Mad, qui mate ses pieds en se frottant le dessus de la lèvre devenu écarlate. Petite larme à l’œil, il me jette un regard en coin. Premier signe : je lève le majeur. C’est gratuit, mais putain c’est sa faute si on en est là. Puis je lui file des instructions.
 
Nos signes, vu de l’extérieur ne veulent pas dire grand-chose. Je lève un doigt, deux, fait un rond, ferme le poing, indique une direction. C’est un putain de langage codé développé entre nous, prévu pour communiquer en silence, même dans les situations les plus complexes. A son tour il acquiesce discrètement. Et ainsi si de suite. En moins de trente secondes je distribue des ordres simples, facilement interprétables, et qui j’espère ne vont pas causer un cataclysme nucléaire… Le seul qui n’est pas en ligne de mire c’est Mac’. Le Cathar a disparu dès qu’il a senti l’odeur d’une Terressin en sueur à force de tambouriner sur une porte.
 
Le plus compliqué c’est Jez’. Elle est dans l’équipe depuis moins longtemps que les autres. Alors je pose mon index sur ma tempe. Et lui désigne d’un regard en coin le speeder du directeur d’hôtel qui rentre tout juste de son escapade extra-conjugale. Le type a les bras chargés de paquets, comme s’il revenait de courses spéciales, pour couvrir ses miches. Je glisse alors :
 
« Ouais Mad. Vas-y… »
 
Terressin me refusille du regard. Cette fois c’est gratuit. Ou alors c’est parce qu’elle a eu le temps de cogiter, et qu’elle a pigé ce qui se passe. Mais, ici, devant la Reine d’Ondéron, elle peut difficilement péter un scandale, surtout que la souveraine a pris notre défense. Héhé. Par contre on va bouffer sévère pour le reste du séjour… Quelque chose me dit qu’on va nettoyer des chiottes jusqu’à la fin de la perm… M’enfin. J’suis pas du genre à perdre mon temps avec des perspectives incertaines. J’suis toujours focus sur le présent.
 
La suite du plan se met en branle. Je reste aux cotés de la Reine et de Terressin pour m’assurer qu’elles restent ensemble. Direct, je lui tends mon coude. Putain, sur le moment je suis tellement concentré, que j’en oublie presque l’improbable situation ! La Reine Emalia Kira, Ex-Chancelière, à mon bras ! Le truc de dingue !
 
Sans perdre une seconde, je fourre ma main dans l’une des poches de mon short kaki, pour en sortir un petit datapad, pas plus gros que la paume. Je le tends à Terressin.
 
« Cap’taine, sauf votre respect, ça serait possible de faire une photo souvenir ? »
 
Gros sourire banane. Haha. Elle verrait sa trogne. Elle ouvre la gueule pour protester, mais la présence de la Reine la force à accepter en soupirant. Je me colle un peu plus à Emalia, et balance doucement :
 
« Izzzziiizzzz »
 
Le genre de truc complètement con qu’on dit juste avant le flash pour forcer au sourire. Sauf qu’en vrai j’ai vraiment pas besoin de me forcer. J’suis tellement en jouasse que l’image révèle des rangées de dents dont j’ignorais l’existence. Haha. Mais je fais signe qu’un truc colle pas.
 
« J’sais pas, c’est peut-être l’angle, ou la lumière… C’est possible de la refaire ? »
 
Haha. Je la lui fait reprendre trois fois de suite. Mais comme je sens que j’arrive au bout du bout de sa patience, je cède :
 
« Elle est collector celle-là, m’dame. Je la garderai sur moi pour toutes les missions… »
« C’est bon, Caporal… Vous avez fini ? Où est le reste de votre équipe ?! »

 
La petite diversion a fait son effet. Il ne reste de Typhons qu’une série d’empruntes dans le sable.
 
****
Au même instant, Hall de l’hôtel.
 
Jez’ fonce vers du directeur, lui coupe la route et d’arrête devant. Il se fige, comme un malfrat pris la main dans le sac, mais se recompose aussitôt, air guindé, sourcil levé :
 
« Plait-il ? »
« C’est le matériel pour le concours de cascade ? »
« Quel concours de cascade ?! Ce sont les médailles pour… »

 
Jez’ lève la main et la passe devant le visage de son interlocuteur :
 
« C’est le concours que vous avez organisé… »
« Mais quel concours ?! »

 
Elle recommence :

« C’est le concours que vous avez organisé… »
« Mais de quoi vous parlez enfin ?! »

 
Bon. Plan B. Jez’ soupire, plaque une main sur la hanche et lève un index accusateur.
 
« On est au courant pour vos petites histoires. Vos petites sorties en douces… Alors… Ce concours… »
 
Le gars change de couleur. Il passe du gris au rouge, puis au blanc, avant de recouvrer son sempiternel air pincé.
 
« Mais oui ! Le concours de cascade, mais ou avais-je la tête ! EVIDEMMENT… Bon. J’imagine que je dois prévenir le personnel de… »
« Commencez par l’annoncer en micro. En l’honneur de la Reine Emalia Kira d’Ondéron, tout ça, tout ça... »

 
****
Au même instant, bar de la terrasse.
 
Mad’ se jette sur le comptoir, monte dessus. Il beugle :
 
« Aller ! Tout le monde cul-sec ! Je paye la tournée ! Pour KIRA ! Venez par ici, je vous sers ! »
 
Un mugissement de foule en délire remplace soudain les conversations déjà alcoolisées des soldats. Tout le monde se rue vers Mad’. La perspective d’une tournée offerte… La force des habitudes, personne ne tilte, ou presque, que de toute manière le séjour est all-inclusive, c’est l’armée qui paye la pension complète, haha.
 
****
Au même instant, non loin, sur la terrasse.
 
Jett’ est dans les starting blocks. Genou à terre, très mal planqué derrière une plante en pot, il est prêt à foncer. Mad’ monter sur le Bar, offre la tournée. Direct, il bondit. Sprint final. Avec ses quatre énormes bras, il choppe les chaises à la volée et les balance de toutes ses forces vers le terrain de beach-ball déserté. Une première table, puis une seconde, une troisième… En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire « Je paye la tournée, Pour KIRA ! Venez par ici, je vous sers ! », la moitié de la terrasse est débarrassée des chaises encore chaudes du culs des bidasses. Du travail de pro !
 
****
Au même instant, non loin, sur le terrain de beach-ball.
 
Matt’ dérape devant le premier poteau. Ses deux énormes paluches s’écrasent dessus. Il serre les dents, soulève de toutes ses forces. Le machin glisse, sort de son logement. Il le laisse tomber, passe au suivant. Il roule le filet, dégage l’ensemble du terrain marqué par des rubans rouge et blanc posés à même le sable. Puis il se retourne, une première volée de chaise s’écrase non loin. Il les redresse, positionne le premier rang, puis le second…
 
 
****
Quelques instants plus tard, Kira, Kessel et Terressin en approche finale,
 
Je fais exprès de trainer la jambe, comme pour m’assurer que Kira ne va pas se tordre la cheville avec ses talons. Devant nous, Terressin est comme une boule de nerf qui menace d’exploser à tout instant, mais elle ronge son frein. Dans sa connerie, Mad a eu moins eu l’idée de choisir une alcôve isolée du reste de la terrasse. Lentement, mais surement on contourne les plantes en pots… Et lorsqu’enfin on débarque sur la terrasse, tout est prêt. Le haut-parleur résonne soudain :
 
// Très chers amis de l’armée Républicaine ! Un tonnerre d’applaudissement pour Son Altesse Royale, la Reine Emalia Kira d'Ondéron ! Notre établissement est plus qu’honoré de sa royale présence, et nous avons décidé d’organiser en son honneur un événement aussi… Incongru qu’exceptionnel : Un concours de cascade ! Mesdames, messieurs, en pistes ! Montrez à la Reine Kira de quoi vous êtes capables ! //
 
Le gros des soldats en perm est massé vers le bar, en train de descendre des verres. L’alcool fait office d’exhausteur de joie. Entre l’annoncée de la tournée offerte, les mots « exceptionnels » et « Kira », la masse est aux anges. Du pain et des jeux ? Non ! De l’alcool, des jeux, et une célébrité à émoustiller !
 
Le reste des Typhons, à bout de souffle, est prostré sur les sièges du premiers rangs. Les pieds des chaises s’enfoncent dans le sable là où se tenait quelques minutes auparavant le terrain de beach-ball. Le marquage en sol délimite la zone où seront effectuées les cascades. La foule déjà bien alcoolisée, bouge rapidement. Les sièges se remplissent de culs de militaires. Autour d’eux, telles des mouches à merde, le personnel complètement déboussolé tente de comprendre ce qui se passe. Dans le Hall de l’hôtel, le directeur transmet ses ordres aux chefs d’équipes, qui les relayent rapidement. Le professionnalisme reprend vite le pas sur la désorganisation. L’homme, vient à notre rencontre :
 
« Mesdames… »
 
Il omet ostensiblement de me citer… Genre c’est un insulter de m’ignorer ? Putain trop badass le dirlo. Mais je dis rien. Pour sauver ses miches et son couple, c’est dingue ce que les gens sont prêt à faire.
 
« Nous avons prévu des fauteuils confortables pour vous… Aux premières loges, mais pas trop non-plus, afin d’éviter les projections de sable… »
 
Je fais un signe militaire à Kira. Un salut décontracté ; deux doigts sur le tempe, et lâche, sourire aux lèvres :

« Je vous abandonne là. Faut que je rejoigne le reste de l'escouade... On a un numéro à répéter. M'dame Kira, Altesse, à tout à l'heure. Merci pour... Tout. »

Je fille aussitôt, direction le premier rang. Je me pose à coté d’eux. Ils sont en sueur, exténués. Je ricane :
 
« J’espère que vous avez gardé des forces pour la pyramide inversée, j’ai glissé à l’organisation que c’était le clou du spectacle… En plus je sais pas où Mac’ est parti se planquer, on va devoir faire sans lui. »
 
Mieux, je jubile. Cette soirée des de plus en plus... Amusante. HAHA.
Nomi Reed
Nomi Reed
Messages : 676
Eclats Kyber : 0


Des vacances ... franchement, avait-elle besoin de ça ? D'accord il y a eu cet accrochage sur Columex. Oui elle c'est effectivement prit un tir dans le dos. Après un passage sur la baie médicale du PoA, le Capitaine Flint avait ordonné à toute l'escouade de prendre une permission. La Twi'lek avait elle-même prit contact avec l'ASM, l'Association de Solidarité Militaire et toute la petite bande c'était donc retrouvé ici. Sur Bakura au Club du Sable Fin. L'endroit était sympathique. Un village de vacance sur les rives d'un lac scintillant. bordé de plage de sable fin. Un décor de carte postal. L'ambiance y était décontracté. Short de bain et tong ayant remplacé les armures de plastacier et les rangers. Le seul combat que les soldats menaient ici était contre la boisson. Or à ce jeu là. Nomi n'excellait franchement pas.

Dès leur arrivé, Nomi relâcha la bride de ses gars. Ils avaient fait du bon boulot la dernière année. Traversé plusieurs situations tendues et pansé plusieurs plaies et blessures. La jeune Cplc espéra que cette pause puisse leur faire le plus grand bien avant le prochain déploiement. Nomi elle-même se prit finalement au jeu et en profita pour se détendre. Son activité favorite consistait en un livre, un cocktail sans alcool -ou très peu- une sorte de matelas gonflable et se laisser dériver sur le lac, profitant le la légère brise rafraîchissante et bronzant sous le soleil de Bakura dans son bikini bleu.

C'était aujourd'hui le troisième jour, la jeune Corélienne bronzait, allongée sur le ventre, ronflant sous le soleil d'après-midi. Le reste de l'escouade quand à elle, n'était guère plus productif. Malou avait disparut, comme chaque jour dans un coin reculé du club avec deux ou trois jeunes femmes. Basto était, encore, à l'infirmerie. Il faut dire que ce jeune con tiens encore moins l'alcool que Nomi, et une fois saoul, a la détestable habitude de chercher des noises à tout va. Sauf qu'en général, quand tu dépasse à peine le mètre quarante, tu n'insultes pas la mère d'un Weequay de deux mètres quinze. Les autres membres de l'escouade quand à eux s'occupaient à jouer au beach ball, à participer à des concours de boisson, ou encore à se vanter, entre monts et merveilles pour séduire l'une ou l'autre des petites militaires des branches administratives.

Nomi grogna, se réveillant sous le soleil de plomb. D'un geste de la main gauche, elle se saisit de son verre. Vide. La jeune femme était donc prise à retourner vers la plage pour en chercher un autre. Demain elle demanderait une glacière tant qu'à faire. Soupirant, Nomi porta son regard sur sa droite. Au loin, la rive opposée du lac, bordée par une épaisse forêt dont l'ombre s'avançait lentement sur le miroir scintillant du lac à mesure que le soleil baissait. A sa gauche, la plage. La jeune femme en était assez éloignée pour n'entendre que quelques cris et échos en sa provenance. C'était d'ailleurs un toast particulièrement bruyant, dont elle n'avait pas compris un fichtre mot qui l'avait tiré de sa sieste. La plage semblait particulièrement agitée, les soldats en permission courant comme un seul homme vers le bar et un endroit précis de la plage, de ce que Nomi pouvait voir de cette distance. La Corélienne décida donc de revenir vers la plage, poussée par la soif et la curiosité, se propulsant d'un mouvement de rame, utilisant les paumes de ses mains comme pagaies.

Nomi arriva à proximité de la plage alors que les derniers soldats sortaient de l'eau. La jeune femme interpella un Rodien arrivé à sa hauteur, lui demandant la raison de toute cette agitation.

-Il y a un concours de cascade sur la plage, prêt du terrain de Beach Ball. Et il parait qu'il y a un invité spécial. Le concours est en son honneur.

Ne prenant même pas la peine de s'arrêter, surement en quête d'une bonne place, le Rodien continua sa route en courant dans le sable, répondant à Nomi par dessus son épaule.

Un concours de cascade ... qu'est-ce que c'était que ces histoires. La seule activité de programmée aujourd'hui c'était la réception de la soirée.

// Très chers amis de l’armée Républicaine ! Un tonnerre d’applaudissement pour Son Altesse Royale, la Reine Emalia Kira d'Ondéron ! Notre établissement est plus qu’honoré de sa royale présence, et nous avons décidé d’organiser en son honneur un événement aussi… Incongru qu’exceptionnel : Un concours de cascade ! Mesdames, messieurs, en pistes ! Montrez à la Reine Kira de quoi vous êtes capables ! //

Les hauts parleurs du complexe entier transmirent le même message. Clair et fort. Arrivée à quelques mètres de la plage, Nomi sursauta, se redressant de toute sa hauteur, telle un suricate alerté par un mouvement feutré aux alentours.

-La Reine Ema...

-PLOUF-

C'était ridicule. Heureusement pour Nomi et sa dignité, personne ne l'avait vu tomber ainsi. À l'annonce de la présence d'Emalia Kira -Reine d'Ondéron, la personne à qui Nomi vouait pratiquement un Culte- la jeune femme, sursautant et se relevant d'un bond sur son lit gonflable perdit pied, tombant tête la première dans l'eau fraîche du lac. Non pas avec style, mais plutôt avec la grâce d'un ivrogne complètement saoul passant par dessus une barrière pour finir dans le canal.

Se débattant dans les quatre pieds d'eau de profondeur dans lesquels elle était tombé, Nomi se redressa finalement, passant une main sur son visage pour en chasser le surplus d'eau qui en coulait, la jeune femme se figea d'un coup.

-Merde ...

Immédiatement, la jeune femme plaqua son bras gauche sur sa poitrine, se retournant pour s'emparer de son haut de bikini qui était demeuré sur la bouée -la Corélienne l'avait dénoué pour ne pas avoir cette vilaine marque blanche dans le dos, caractéristique d'un bronzage en maillot- Tout ça pour se rendre compte que la bouée, ainsi que le maillot, se trouvait désormais à une trentaine de mètres de la plage, poussés par le vent et la chute de Nomi.

Rouge de honte, la jeune femme sortit alors précipitamment de l'eau, espérant profiter de l'attention du monde tournée vers le terrain de Beach Ball non loin pour se glisser furtivement jusqu'à sa chambre d'hôtel et aller enfiler un autre maillot.

-Cap ! T'es là, viens vite, Basto nous a inscrit au concours ! C'est à notre tour de passer !

Horrifiée, Nomi se tourna vers la personne qui la hélait. Frost, la jeune Mirialan, qui officiait en tant qu'infirmier dans l'escouade et qui lui faisait de grands signes de la main. Faisant mine de ne pas l'avoir vu, Nomi trotta vers l'hôtel quand un mastodonte la percuta de plein fouet, l'arrachant au sol pour la glisser tel un sac de patate sous son bras, courant rapidement dans la direction opposée. L'exacte direction dans laquelle Nomi ne voulait surtout pas aller. Hélas, la jeune femme ne pouvait rien faire face à la force herculéenne de Malou, qui la déposa bien vite dans le carré de sable disposé pour le concours, malgré les suppliques de la jeune femme.

Le pauvre Malou pensait bien faire. Il n'imagina pas un seul instant que Nomi ne portait qu'un simple bas comme tout vêtements, l'ayant ramassée alors qu'elle avec les bras croisés, comme à son habitude. Le colosse imaginait simplement que, là encore, comme à son habitude, la jeune Corélienne souhaitait simplement rester en retrait.

-Tu vas voir Cap, ça va être drôle.

Pour être drôle, ce le fût, mais pas pour Nomi. Entouré de son escouade, debout, les bras croisés sur sa poitrine nue, le visage rouge de honte, devant tout ce petit monde rassemblé là. Nomi siffla entre ses dents.

-Bande de crétins ... j'ai perdu mon haut putain ...

Comme un seul homme, l'escouade se tourna vers elle, confuse et dépité.

-Pardon ?

// Voici maintenant le tour de l'Escouade Nern du 103th d'Infanterie de Marine ! On les applaudit mesdames et messieurs ! //

Relevant la tête, Nomi croisa le regard d'Emalia Kira.

C'était comme si elle venait de se prendre un tir de turbolaser dans le ventre.
Emalia Kira
Emalia Kira
Messages : 697
Eclats Kyber : 0
- Oooooh un soleil ! Bravo !!

Emalia applaudissait à tout rompre. Elle s’amusait comme une petite folle.

- Vraiment, ce concours de cascade, c’est très original, capitaine. On peut dire que vous savez vous amuser, dans l’armée.
- Ah ah !

Le rire de Terressin était légèrement amer, mais elle aussi avait l’air d’apprécier le spectacle. Toutes deux se tenaient au premier rang, avec une vie imprenable sur les musculeux soldats qui s’évertuaient à impressionner la foule. Le soleil, cette fois, disparaissait derrière l’horizon et des lampes colorées encadraient avec des rubans rouges et blancs ce qui servait de scène. La terrasse étant positionnée au bord de l’eau, quelques personnes suivaient le spectacle tout en se baignant lascivement.
Quelqu’un était venu apporter un autre cocktail à Emalia, qu’elle essayait de ne pas siroter trop rapidement.

Sur la scène un twi’lek dégingandé tenta une figure qu’il manqua, provoquant l’hilarité générale. Terressin en profita pour se pencher vers Emalia.

- Vous voyez le grand homme aux lunettes noires et à la chemise chandriléenne, là bas ? Elle désigna du menton un humain d’un certain âge qui regardait le spectacle depuis le bord de la scène, comme s’il supervisait le concours. C’est le commandant Kxinor. Il fait partie de ces gens qui ont quitté l’Etat-Major comme moi. Il paraît qu’il a même failli démissionner tellement il était en conflit avec sa hiérarchie.
- Oh ! Dites-donc c’est de plus en plus osé…
- Vous trouvez ? Ce n’est pas tellement différent de l’année dernière…
- Non, je veux dire, le spectacle.

Emalia pointa un doigt en direction de l’estrade, où un groupe avait commencé une cascade pour porter une jeune femme qui, perchée au bout de leurs bras triomphants, dissimulait sa poitrine nue derrière ses membres. Terressin mit une main devant ses yeux, exaspérée. Après le caporal Kessel, c’était la caporal Reed qui s’y mettait. Ses subalternes n’étaient tout simplement pas sortables !

- Hum, c’est, oui… Affriolant. Ils sont plein de surprises, commenta-t-elle avec un soupir tandis qu’Emalia applaudissait allègrement.
- Mais pourquoi me présentiez-vous ce commandant, au fait ?
- Oui, donc. Le commandant Kxinor. C’était l’un de vos fervents défenseurs, en interne. L’EMA craignait qu’il ne fomente quelque chose contre le gouvernement. Pas une trahison, mais un mauvais coup de comm’. Ça pourrait vous intéresser que je vous le présente ?

Emalia avait soudain perdu de l’intérêt pour le concours, elle regardait Terressin avec une suspicion amusée.

- Je vous connais trop bien, Emilie. Vous avez une idée derrière la tête, là.

Terressin rit. Elles applaudirent toutes les deux la figure suivante sans trop y prêter attention.

- Touchée. Bon, je vais être directe. Il y a des rumeurs comme quoi vous auriez dans l’idée de fomenter un… genre de mouvement de rébellion. Contre l’Empire.
- Vous êtes bien renseignée… Ou alors, j’ai manqué de discrétion, répondit Emalia avec un clin d’œil.
- Oh, je suis sûre que vous avez manqué de discrétion à dessein. Bref, je voulais juste que vous sachiez que parmi les militaires, il y aurait des gens qui seraient prêts à vous soutenir. Le commandant Kxinor en fait partie. Et il est très écouté, parmi les troupes…

Ça ne tombait pas dans l’oreille d’une sourde.

- Et maintenant !
annonça une voix dans le haut-parleur, le dernier groupe ! Accueillez… L’ESCOUADE TYPHON !!!

Les applaudissements furent si bruyants à l’entrée sur scène de l’équipe de Kessel, Mad, Jezz, Max, Jeff, Mal, ou peut-être Mac, elle ne savait plus très bien… Bref, à l’arrivée de l’escouade toute entière, qu’Emalia interrompit sa conversation pour se concentrer sur le clou du spectacle.

---------

---------

---------- … et pour vos cent cinquante-huit années de service pour l’armée républicaine, je vous remets cette médaille d’honneur. Félicitations.

Près d’une heure plus tard, l’atmosphère était devenue un brin plus sérieuse, alors qu’Emalia remettait, en tant qu’invitée d’honneur, les médailles à des vétérans récompensés par l’ASM. La souveraine serrait la main d’un wookie au poil grisonnant qui la dépassait d’au moins trois têtes.

Lorsqu’elle eut remis toutes les médailles avec les propos de circonstance, Emalia retourna avec aisance au pupitre – combien de cérémonies de ce genre avait-elle fait ? Elle ne s’en souvenait pas, mais suffisamment pour que cela parût être chez elle une seconde nature. Les lampes éclairaient la scène comme une salle de théâtre encadrée de hauts arbres se mouvant doucement sous la brise. On n’en distinguait guère la cime, l’obscurité ayant gagné tout le terrain disponible. La soirée était avancée, et il ne restait plus au programme que cette cérémonie dont son discours marquerait la fin. Après cela, chacun serait libre d’aller se coucher ou de poursuivre la soirée un verre à la main.

Emalia prit le temps le temps d’observer son auditoire avec solennité avant de débuter un discours qui marquerait une nouvelle étape dans sa vie, et dont chaque personne ici présente était le témoin.

- Chers tous. Vous qui avez été prêts à donner votre vie pour défendre les idéaux de la galaxie, mon plaisir d’être parmi vous ce soir est immense. Lorsque l’on prend le temps de regarder le chemin que nous avons parcouru… Quand l’on pense à ces milliers de morts sur Lorrd, Dubrillion, Dathomir, Makem Te, Felucia, et bien d’autres planètes encore… Parfois il semble que rien ne peut valoir le prix que nous avons payé. Mais quand on pense à toutes ces victimes, souvenons-nous qu’elles sont mortes pour la justice. Pour la liberté. Pour qu’un jour, nous goûtions non pas la paix factice de ceux qui négocient des trêves pour dissimuler les actes insoutenables d’un Empire violent et despotique… Mais la paix authentique : celle où les planètes de notre galaxie et leurs citoyens ne vivraient pas sous la menace constante des Sith.

Emalia n’avait pas, en effet, décidé d’y aller par quatre chemins. Il n’y avait plus le temps de prendre des gants. Quitte à être une paria de la République, autant être la rebelle qui proposerait une vision alternative de l’utopie républicaine. De la vraie République, non celle pervertie par le gouvernement S’Orn.

- Oui, je dénonce une paix artificielle, une illusion jetée comme un voile blanc d’innocence sur les sombres agissements d’un ennemi qui n’a pas disparu, et dont la puissance ne fait que croître. Et oui, je le fais parmi vous, messieurs et mesdames les militaires : parmi ceux qui savent le mieux la valeur de l’engagement guerrier et la réalité du champ de bataille.

Le ton était grave. Il y eut un silence.

- Je sais que dans le monde militaire, on évite de faire de la politique. Mais je sais que sous ces armures et ces uniformes se trouvent des cœurs qui vibrent pour des idéaux. Et que ces cœurs-là n’auront de cesse de se questionner sur ce qui est fait, au fond, de cette énergie folle que vous dépensez : est-elle utilisée pour protéger les citoyens de la République, et la galaxie toute entière, du mal ? Ou bien seulement pour légitimer les arrangements politiques de ceux qui tiennent les rênes d’un gouvernement obsédé par l’économie ?

La question n’appelait aucune réponse.

- Pour ma part, j’ai déjà choisi. J’ai choisi de continuer à me battre contre l’Empire, à ma manière. Nulle amende, nulle menace contre ma personne, ma famille ou mon monde ne pourra jamais m’empêcher de croire que les Sith sont un mal terrible et que, si notre République les envisage comme des alliés ou des partenaires, alors elle se rend complice de leurs agissements.

Emalia retira ses notes. Ses derniers mots, elle les connaissait par cœur pour les avoir mille fois répétés dans sa tête.

- Ceci est un acte de rébellion. Je me battrai contre l’Empire, et tous ceux qui voudront se joindre à moi grossiront les rangs d’une force justicière… Que rien n’arrêtera.

La fin du discours fut suivi d’un long silence, épais comme de la poix. Mais Emalia ne reculerait devant rien.
Nomi Reed
Nomi Reed
Messages : 676
Eclats Kyber : 0
Dire que Nomi était en colère en regagnant sa chambre relèverait de l'euphémisme. Le passage de l'escouade au concours de cascade avait été un fiasco total. Nomi rigide comme une planche à repasser, pendant que les autres idiots faisaient conneries sur conneries. Au moins, au moins, le spectacle a sembler plaire à la Reine Kira.

C'est donc après avoir copieusement traité de noms d'oiseaux chacun des différents membres de l'escouade, tout en ayant généreusement offert à Malou une double ration que la jeune Corélienne s'éclipsa, profitant de l'entrée en lice de l'escouade Typhon.

Entrant dans la petite pièce qui lui servait d'hébergement pour le temps des vacances, Nomi s'empara d'une bière qui traînait dans le mini-frigo, avant de la décapsuler et d'en prendre une longue gorgée. Soupirant, la jeune femme se laissa tomber sur le lit dans un grincement rouillé provenant du cadre vieillissant de la literie. Bon. Pour une journée, c'était toute une journée. Productive, riche en émotions, haute en couleur. Nomi ricana. Tu parles, c'était la pire journée de sa vie. Depuis longtemps la jeune militaire rêvait de rencontrer la Reine Kira, mais pas de cette façon, dépourvue de haut et de dignité.

Pour couronner le tout, ce soir, c'est à dire dans une heure, une réception devait avoir lieu, réception durant laquelle Sa Majesté devait remettre diverses récompenses et reconnaissance, ainsi que de prononcer un discours. Semblable aux cérémonies d'après Dubrillion sans doute, sauf qu'ici cela se ferait en petit comité, avec Kira en personne. Toutefois, Nomi prit la décision de ne pas y aller. Après tout, la jeune femme venait de se prendre la honte intergalactique. Les regards, les applaudissements, les sifflements malsains. D’habitude elle s'en contre-foutait, toujours entourée du reste des gars de Nern. Hors, ce soir-là, Nomi leur avait clairement dit d'aller se faire mettre, et qu'elle ne voulait plus voir leurs têtes de cons avant la fin des vacances.

La jeune femme se redressa, descendant le reste de sa bière d'une longue traite, avant de se diriger vers la petite salle de bain. Allumant la petite ampoule qui éclaira la pièce sans fenêtre d'une lumière jaunâtre, Nomi fixa son reflet dans le miroir.

-Tu penses à quoi ... sérieusement, c'est Emalia Kira ... en personne, pas un hologramme ou un magazine. La vrai, la seule, l'unique. Alors tu te bouges les fesses et tu y vas.

Nomi souria, avant d'enlever l'unique et dernier petit morceau de tenue qui lui restait et fila sous la douche.


Marchant d'un pas décidé parmi les autres soldats présents, Nomi gagna rapidement le bar où elle demanda une bière, du courage liquide. Impeccable dans son uniforme d'apparat, parfaitement repassé, aux plis réglementaires, légèrement maquillée, un simple trait d'eyeliner pour cacher une vilaine cerne. La jeune femme abordait un chignon -réglementaire- parfaitement ajuster là aussi. Du coin de l’œil, la Corélienne vit Basto lui faire un signe. Signe auquel elle répondit naturellement par un majeur dressé à son attention.

-Attendez qu'on revienne sur le vaisseau ... z'allez en faire des pompes ma bande de salopards -Nomi marmonna, quittant Basto du regard pour le porter vers la scène où Emalia Kira, resplendissante serrait la main d'un Wookie grisonnant-

La cérémonie des médailles dura un certain temps. Environ 3,7 bières. Une fois finie, à une heure plutôt tardive, la souveraine d'Ondéron s'avança, prête à livrer le discours tant attendu.

- Chers tous. Vous qui avez été prêts à donner votre vie pour défendre les idéaux de la galaxie, mon plaisir d’être parmi vous ce soir est immense. Lorsque l’on prend le temps de regarder le chemin que nous avons parcouru… Quand l’on pense à ces milliers de morts sur Lorrd, Dubrillion, Dathomir, Makem Te, Felucia, et bien d’autres planètes encore… Parfois il semble que rien ne peut valoir le prix que nous avons payé. Mais quand on pense à toutes ces victimes, souvenons-nous qu’elles sont mortes pour la justice. Pour la liberté. Pour qu’un jour, nous goûtions non pas la paix factice de ceux qui négocient des trêves pour dissimuler les actes insoutenables d’un Empire violent et despotique… Mais la paix authentique : celle où les planètes de notre galaxie et leurs citoyens ne vivraient pas sous la menace constante des Sith.

Comme d'un seul homme, à l'évocation de leurs frères et sœurs d'armes tombés au champ d'honneur, les militaires levèrent leurs verres portant un toast à la mémoire des héros. Geste auquel Nomi se joignit, récitant à voix basse le mantra du 103th.

- Oui, je dénonce une paix artificielle, une illusion jetée comme un voile blanc d’innocence sur les sombres agissements d’un ennemi qui n’a pas disparu, et dont la puissance ne fait que croître. Et oui, je le fais parmi vous, messieurs et mesdames les militaires : parmi ceux qui savent le mieux la valeur de l’engagement guerrier et la réalité du champ de bataille.

Un silence parcourut l'assemblé. Grave et digne, Emalia Kira jamais ne fourcha dans son discours.

- Je sais que dans le monde militaire, on évite de faire de la politique. Mais je sais que sous ces armures et ces uniformes se trouvent des cœurs qui vibrent pour des idéaux. Et que ces cœurs-là n’auront de cesse de se questionner sur ce qui est fait, au fond, de cette énergie folle que vous dépensez : est-elle utilisée pour protéger les citoyens de la République, et la galaxie toute entière, du mal ? Ou bien seulement pour légitimer les arrangements politiques de ceux qui tiennent les rênes d’un gouvernement obsédé par l’économie ?

Plusieurs murmures et grondement s'élevèrent parmi les militaires présents, bien entendu, d'approbation, de soutien.

- Pour ma part, j’ai déjà choisi. J’ai choisi de continuer à me battre contre l’Empire, à ma manière. Nulle amende, nulle menace contre ma personne, ma famille ou mon monde ne pourra jamais m’empêcher de croire que les Sith sont un mal terrible et que, si notre République les envisage comme des alliés ou des partenaires, alors elle se rend complice de leurs agissements.

Nouveaux murmures et grondements.

- Ceci est un acte de rébellion. Je me battrai contre l’Empire, et tous ceux qui voudront se joindre à moi grossiront les rangs d’une force justicière… Que rien n’arrêtera.

Ainsi la souveraine d'Ondéron mit fin à son discours. Un discours clair, concis, allant droit au but, précisément ce que la face de raie de Chancelier Suprême actuel n'était pas capable de faire. Ce qu'aucun politicien véreux n'était capable de faire. Un long silence s'en suivit, tandis qu'Emalia, grave et droite rassemblait ses notes.

Nomi posa sa bière sur le comptoir derrière elle, avant de s'y hisser. Du fond de la pièce, elle voyait tous les visages tournés vers Emalia, toutes ces têtes analysant encore ce qu'elles venaient d'entendre.

Alors la jeune femme rompit le silence. Fixant la Reine, elle commença à applaudir avec force le discours royal. Les visages se tournèrent vers la jeune caporal-chef de vingt quatre ans.
Emalia Kira
Emalia Kira
Messages : 697
Eclats Kyber : 0
Il y avait eu un long silence. L’assemblée fut parcourue d’un frémissement. Des regards s’échangèrent. Un acte de rébellion. Le propos avait déclenché des questionnements. Kira parlait-elle d’un acte de rébellion… Symbolique ? Ou entendait-elle vraiment passer à l’action ?

La souveraine, elle, resta dignement, stoïque, à soutenir les regards interrogateurs. Elle se dit qu’elle allait descendre de l’estrade dans ce silence embarrassant quand soudain, derrière les rangées bien alignées, près du bar, on entendit un clap. Puis deux. Puis trois. Emalia en chercha l’auteur du regard, afin de déterminer si oui ou non, c’était un applaudissement sarcastique ou sincère : c’était une jeune femme qui s’était hissée sur le comptoir du bar qui applaudissait, et les yeux de la souveraine accrochèrent les siens.
Ce faisant, deux autres personnes se mirent à applaudir. Puis trois. Et d’autres enfin, comme un effet boule de neige, se joignirent aux pionniers. Enfin toute l’assemblée applaudit avec gravité. Il devait y avoir là-dedans un mélange de politesse, d’admiration, d’espoir, d’embarras. Tellement de personnes, tellement d’opinions différentes. Emalia ne cherchait pas à les convaincre : elle cherchait à faire savoir à tous ceux qui étaient déjà convaincus, ceux qui étaient déçus par le traité de paix, ceux qui avaient perdu des amis ou de la famille à cause de l’Empire… Elle voulait qu’ils sachent qu’elle se battait toujours. Et qu’ils voulaient se battre à ses côtés, ils étaient la bienvenue.

------

------

------- M’dame la Chancelière, on vous ressert ?? beugla Jett, et la souveraine tendit son verre avec un sourire.

La soirée était bien avancée : les militaires s’étaient éparpillés dans le camp, vaquant à leurs occupations ou déjà couchés pour mieux profiter du lendemain, mais un groupe d’irréductibles entouraient Emalia au comptoir. Les lumières de la terrasse leur offraient un cocon de convivialité au milieu d’une forêt obscure, et les voix gaillardes du groupe se répercutaient comme un écho jusqu’aux cimes.
Heureusement que l’escouade Typhon avait décidé de la prendre sous son aile pour la soirée. La souveraine était passée à des boissons sans alcool, ne tenant pas à finir aussi éméchée que Mal – ou peut-être était-ce Mac ? – qui s’était endormi la joue écrasée sur le comptoir collant. Elle leur était reconnaissante de lui avoir tenu compagnie, notamment parce qu’après son discours, une drôle d’ambiance s’était installée malgré l’hilarité que causaient toujours les discussions sur le concours de cascade. Certains lui lançaient des regards étranges au cours de leurs conversations, et bientôt Emalia s’était sentie mal à l’aise. Mais, comme à son habitude, elle avait gardé le menton levé, les yeux farouches, comme rien ne pouvait la faire vaciller sur ses positions politiques.

- … et alors j’lui ai dit : « PRENDS PLUTÔT CA DANS LES DENTS, PIGNOUF ! » et BAM ! J’lui ai défoncé la pommette en un coup de crosse, j’peux vous dire qu’il l’a plus ram’né !

Tandis que l’escouade Typhon s’esclaffait, Emalia se détourna du petit groupe qui enchaînait les anecdotes avec un bref mouvement de sourcils : à quelques pas de là, elle reconnaissait au comptoir une jeune femme qu’un homme venait tout juste de laisser seule en lui souhaitant bonne nuit. C’était une humaine au teint pâle et au minois agréable, que la souveraine ne mit pas longtemps à reconnaître : elle avait déjà vu ce visage deux fois dans la soirée. Une fois pendant le concours et… La deuxième fois lors des applaudissements. La souveraine sourit, et faussa compagnie à l’escouade Typhon qui ne s’aperçut pas de son absence momentanée – Jett avait déjà enchaîné sur une autre anecdote.

- Je n’sais pas si je dois vous remercier d’abord pour le spectacle, ou d’abord pour le soutien, fit Emalia en s’approchant d’elle, le regard rieur.

La souveraine posa sa boisson sur le comptoir, à côté de celle de la jeune femme, avant de lui tendre sa main pour serrer celle du caporal-chef.

- Mais des remerciements ce sera néanmoins. Puis-je connaître votre nom ?
Nomi Reed
Nomi Reed
Messages : 676
Eclats Kyber : 0



Environ six bières. C'est ce qu'il suffit à Nomi pour se hisser sur le bar et se mettre à applaudir comme une andouille. Non pas qu'elle n'avait pas apprécié le discours. Au contraire. La force et la détermination de la souveraine transpirait de son monologue parfaitement maîtrisé. Bien qu'ayant eu à un moment entre ses mains la pleine puissance de la Flotte Républicaine ainsi que l'entièreté de l'armée. Les mots étaient l'arme la plus redoutable que maniait Emalia.

Ainsi, bien imbibée, Nomi se hissa tant bien que mal sur le bar et applaudit. D'ordinaire jamais elle ne se serait fait remarquer de la sorte. Cela faisait deux fois rien qu'aujourd'hui ! Un grand nombre de visages, parfois incrédules, parfois amicaux, souvent réprobateurs se posèrent sur celui de Nomi. Elle n'en avait que faire. C'est alors que son regard croisa à nouveau celui d'Emalia. Au moins était-elle habillée cette fois-ci. La jeune Corélienne se sentit soudainement prise d'une bouffée de chaleur. Ses jambes tremblèrent, ses joues virèrent écarlates dans la seconde. L'instant dura quelques secondes, mais rapidement d'autres applaudissement résonnèrent, Emalia tourna son regard vers eux, libérant ainsi Nomi du regard royal qui semblait avoir tant d'effet sur elle.

Et heureusement.

Dans un grand bruit, largement étouffé par les applaudissement, Nomi tomba du bar, ses jambes chancelantes ayant soudainement lâché. Un peu trop alcoolisée pour se réceptionner correctement, la jeune femme se cogna la tête contre l'évier du bar dans sa chute, finissant par s'étaler lourdement au sol. Légèrement sonnée, la jeune femme se releva en chancelant, aidée par le barman qui la regardait d'un air las.

-Ça ira Madame ? Voulez vous que je vous fasse amener à l'infirmerie ?

-Nan .... une bière et un sac de glaçon s'il te plait.

La jeune femme reprit place au bar, elle dégagea les cheveux qui était tombé sur son visage, la chute ruinant sa coiffure, ainsi que les plis parfait de son uniforme. Elle déboutonna alors ce dernier, avant de caler sa bière en trois gorgée rapide. Le brouhaha alentour indiquant que personne ne l'avait vu choir de son perchoir. Et surtout pas la Reine Kira.

___

Le reste de la soirée se déroula sans autre action d'éclat de la part de Nomi. Affalée au comptoir, un sac de glace maintenue contre sa nuque de la main droite. Descendant les bières de la main gauche. Nomi ne payait pas de mine. À un moment de la soirée, alors que la douleur à la tête se faisait plus intense, l'abruti fini, le crétin arriéré et sans manières qu'était Basto vint s'asseoir à côté de Nomi.

-Hey Cap, ça va ? J'vois que t'as désespérément besoin de compagnie la. Pas assez jolie pour attirer un de ces séduisants officier ?

Nomi se figea, tournant doucement son regard vers Basto. Un regard mêlant haine, mépris et irrésistible envie de lui démonter la tronche à coup de barre de fer. Surprise. Cet idiot ne regardait même pas Nomi. Il était nonchalamment appuyé de dos contre le bar, se regard fixant la salle, plus particulièrement une Rodienne qui dansait -très mal- au milieu de la scène. Au vu de son accoutrement c'était elle aussi une militaire.

-Elle est belle hein ? Je crois que je lui plait en plus.

Basto ramena une mèche de cheveux qui tombait sur son visage, dégageant un peu plus son front laiteux aux tâches de rousseurs orangées. Il vida son verre, avant de souffler dans le creux de sa main, vérifiant son hygiène buccale. Une bouffée arriva aux narines de Nomi qui déglutit de dégoût, pressant son poing contre ses lèvres jointes, réprimant une soudaine remontée gastrique. Heureusement cela ne dura pas, car bientôt l'imbécile subordonné se dirigea d'un pas conquérant vers sa cible.

Nomi n'arrivait pas à déterminé lequel des deux individus était le plus laid. Néanmoins elle savait lequel était dans de beaux draps. Perm' ou non, la façon dont cet idiot s'était adressé à Nomi ne resterait pas sans réponse. Il était peut-être chaud, mais elle restait sa supérieure.

-Je peux vous offrir un verre mademoiselle ?

Nomi sursauta, se retournant, elle tomba face à un homme qu'elle jugeait avoir une cinquantaine d'année. L'homme affichait un sourire charmeur, une barbe blanche impeccablement taillée. D'un coup d'œil, Nomi aperçut les galons de colonel sur son uniforme.

-Monsieur, je .. pardonnez-moi - La jeune femme tente de se lever afin de saluer l'officier-

-Non je vous en prie, restez assise. -L'homme commanda deux whisky, et pas de qualité douteuse- Tenez. -Le colonel prit une gorgée, savourant la chaleur du liquide ambré.- Quel est votre non ma grande ?

-Je ... Caporal-chef Nomi Reed Monsieur

Nomi frémissa légèrement devant les mots assez familiers du Colonel, "Ma Grande" cela ne semblait pas le moins du monde approprié.

-Nomi ... un jolie nom. J'ai vu votre fougue cette après-midi ma chère. J'ai besoin de subordonnés avec un esprit comme le votre. Si vous êtes intéressée, je dirige une unité de combat .. clandestine disons. J'ai peut-être une offre à vous faire.

-Quelle genre d'offre Monsieur ?

L'individu se leva, vidant son verre. D'un geste il frotta l'épaule de Nomi.

-Nous pourrions en parler à votre chambre.

D'un pas vif, l'homme s'éloigna après avoir laissé une caresse désagréable sur l'épaule de Nomi. Du coin de l'œil, la jeune femme le vit sortir du bar et marcher vers la réception. Encore sous le choc de sa proposition, Nomi l'observa parler à l'un des réceptionniste avant de désigner la jeune femme. L'employé de l'hôtel lui remit une carte d'accès. Le colonel disparut ensuite du regard de Nomi.

___

Nomi était sous le choc, son crâne la faisait souffrir plus encore. Abasourdie, elle fixait sa bière, incapable de réfléchir.

- Je n’sais pas si je dois vous remercier d’abord pour le spectacle, ou d’abord pour le soutien.

Nomi sentit quelqu'un -encore- s'approcher à sa gauche, posant un verre à côté du sien. Une main apparut alors dans son champ de vision.

- Mais des remerciements ce sera néanmoins. Puis-je connaître votre nom ?

Nomi tourna lentement ses yeux vers la femme qui l'avait rejointe. Elle manqua d'air soudainement. L'espace d'un instant Nomi fut comme paralysée, reconnaissant son interlocutrice. Emalia Kira en chaire et en os, se tenait à côté d'elle, lui parlait, et lui offrait même sa main.

-Ama ba mii Ed ira.

Sa langue s'était soudainement changée en plomb. Nomi était incapable de s'exprimer autrement qu'un gosse de six mois. Après quelques secondes qui lui parurent interminables, sa capacité à articuler revint par miracle.

-Mon général pardonnez moi votre majesté. Caporal-chef Nomi Reed à vos ordres Madame la Chancelière.

Nomi s'inclina en même temps qu'elle saluait tout en prenant la main d'Emalia avec douceur, voulant à tout prit éviter que ses mains indignes n'abiment la royale peau d'Emalia, bien que celle de Nomi soit des plus douces. C'en était fini, le stress avait complètement prit le dessus sur Nomi.

-Je euh ... le spectacle .. -tenant toujours la main d'Emalia, la douce chaleur de la souveraine au contact de sa peau lui procurait alors un sentiment de bien-être soudain. qui contribua à apaiser Nomi. Cette rencontre n'avais rien d'officiel, simplement deux femmes qui parlaient. Doucement, Nomi se calma, sa langue se deliant, ses mots se faisant plus fluides.- Je ... pardonnez moi ce ... un ridicule accident impliquant ... une bouée. Et des lignes de bronzage et euh ... je vous assure que ... c'est ... J'ose toutefois espérer que ... le spectacle vous a divertie Madame.

Les joues de la jeune militaire étaient devenue cramoisie. Maintenant qu'elle avait la Reine face à elle, admirant sa beauté, son élégance, le souvenir lui paraissait d'un coup plus agréable.

-Et votre discours, je ne pouvais qu'applaudir. Il était franc, honnête et puissant. Cela nous manque depuis votre écartement temporaire du pouvoir. Je me suis battue dans toutes vos campagnes Madame, et je le referais.

Nomi adressa un sourire franc à la souveraine, le plus franc qu'elle ai jamais adressé à quelqu'un. Son visage s'illumina, rendant d'autant plus agréables ses traits.

-Me feriez-vous l'honneur d'accepter un verre Votre Majesté ?

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn