Lucina Harsel
Lucina Harsel
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Je déambulais entre les différents stands, en faisant attention de bousculer personne et notamment les enfants qui couraient dans tout les sens. Mon regard passait d’un stand à l’autre sans vraiment prêter attention a ce qu’on pouvait y trouver et acheter. Non pas que je m’en fichais ou que j’étais dédaigneuse vis-à-vis de ça. Après tout, j’avais bien vécu comme paysanne et fermière pendant une bonne partie de ma vie. C’est juste que j’avais préféré laisser tout ça derrière moi et éviter de trop me concentrer là-dessus pour éviter de mauvais souvenir. Je savais qu’un jour ou l’autre, je devrais me forcer à y faire face si je voulais obtenir le titre de chevalier Jedi et réussir les épreuves. Mais je m’étais décidé à aller à mon rythme. Le fait que j’étais déjà à ce genre de festival était une sorte d’avancement et de progression psychologique.
 
Je finis cependant par me mettre à l’écart, m’asseyant dos à un arbre, retirant ma veste, transpirant sous le soleil. La mission n’avait beau pas être très emballante, elle me faisait un bien fou. A force de rester à l’académie, j’allais devenir folle. J’avais vraiment besoin de sortir et cette petite mission assez tranquille était une parfaite occasion pour cela et prendre l’air. Je finis cependant par regarder mon binôme avec lequel j’avais assez peu discuté. Un chevalier du nom de Karm Torr. Pour le peu que je lui avais parlé, il semblait plutôt sympathique mais semblait aussi être assez calme. Un peu l’opposé de moi, du peu que j’en avais vu et entendu. On n’avait clairement pas assez interagi ensemble pour que je puisse vraiment présumer de son comportement et sa personnalité.
 
Je secouai alors un peu la tête avant de la coller contre l’arbre en fermant les yeux et posant ma veste dans l’herbe, profitant simplement du vent et de la chaleur des rayons du soleil. Je savais qu’on était en mission de surveillance, mais dans ce genre de lieu, c’était toujours assez calme, on pouvait bien prendre quelques minutes de repos.
 
« Ça fait quand même du bien comme sensation, de juste pouvoir profiter ainsi d’une journée ensoleillée et de ses petites brises. Ça fait trop longtemps que je ne l’avais pas fait. »
 
Je me retrouve alors à exprimer mon ressenti, comme si j’attendais un retour de sa part. Moi qui passais mon temps à essayer de ne parler que le strict minimum pour ne pas trop paraitre ouverte, voila que j’engageais le contact pour des broutilles. A croire que ce festival faisait de moi une autre personne. Peut-être que l’ambiance me ramenait loin en arrière et me rendait plus joyeuse et naturelle, qui sait. Mais c’est vrai que depuis qu’on était là, j’avais constaté que je souriais assez souvent, bien plus que d’habitude, me sentant un peu plus à ma place et dans une bonne ambiance.
Karm Torr
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Et ma courge ? Elle est pas belle ma courge ? Elle en prendra bien une ou deux, la p’tite dame ? Allez tâtez moi donc ça pour voir comme c’est ferme.
Démonstration du nouveau motoculture géothermique ! L’astromech de vos céréales ! Démonstration du nouveau motoculture dans quinze minutes ! Quinze minutes dans la parcelle 115, ne manquez pas, l’astromech de vos céréales !
Alpasia Biotech développe des solutions pour optimiser le rendement de vos…


Karm se détourna de l’annonceur holographique coincé entre le stand du roi de la courge et le pavillon de la société d’engins agricoles. La foire annuelle de l’innovation agricole d’Alderaan mêlait curieusement le charme champêtre des grands marchés de primeurs à ciel ouvert et l’ambiance professionnelle des salons de démonstration de haute technologie. Là se regroupaient les exploitants locaux et les grands groupes de l’agroalimentaire et des biotechnologies, dans ces mondes du Noyau si densément peuplés, où le rendement agricole était depuis des siècles déjà l’objet de bien des obsessions.


Comme il était de coutume, l’Ordre avait affecté deux Jedis pour compléter le service de sécurité, déjà généreusement pourvu par les autorités locales et planétaires et, c’était une évidence, les précautions prises par les grosses entreprises pour protéger les prototypes de leurs dernières inventions. Sous ses aspects bucoliques, la foire agricole était un poumon économique que chacun prenait fort au sérieux.


Pour sa part, Karm s’était porté volontaire pour la mission. Il aimait constater de lui-même les derniers progrès technologiques dans le domaine, qui lui inspiraient toujours une certaine circonspection. Quand il partait en exploration, pour repérer des planètes susceptibles d’accueillir les efforts de colonisation des réfugiés de guerre, il lui était essentiel de comprendre comment le paysage pouvait se prêter aux techniques agricoles modernes et s’il se reposait largement sur l’expertise de l’AgriCorps, rien ne valait une information de première main.


Est-ce que la petite jeune fille veut goûter nos meilooruns, fit une agriculture en s’adressant à lui, avec un vaste geste pour embrasser l’étal généreux où elle exposait ses fruits ?


Sans songer un instant à la reprendre sur son genre, Karm se contenta de secouer la tête. La Padawane s’était retirée de la foule et il pressa le pas pour la rejoindre. Les deux Jedis, en civil, avaient pour mission de se mêler à la population sans attirer l’attention, un exercice considérablement facilité par la foule bigarrée aux multiples espèces qui se pressaient dans les allées couvertes et le long des parcelles à ciel ouvert.


Karm vint se poster à côté de l’arbre, les mains dans les poches, considérant le festival qui s’étendait devant eux. Il n’y avait rien à craindre en particulier et une petite pause ne lui paraissait pas hors de propos. Fidèle à ses habitudes, il était demeuré relativement silencieux depuis qu’il avait rencontré la Padawane à l’astroport d’Alderaan, où il s’était rendu après un détour par les bibliothèques de Coruscant.


Clair que c’est moins étouffant que l’atmosphère tropicale d’Iziz, répondit le Gardien, sans détacher son regard bleu-vert de la foule, en parlant à mi-voix et avec un style pour le moins décontracté, comme il en avait l’habitude. C’la dit y a les serres là-bas…


D’un geste de la tête, le Jedi désigna les trois vastes dômes en transparacier qui abritaient les pavillons des cultures exotiques.


… si jamais ça t’manque.


Les plaisanteries du Chevalier étaient souvent difficiles à démêler de ses propos sérieux, tant il poussait loin l’art du pince-sans-rire.


Ceci étant dit…
Torr… ? Torr, vous m’entendez ?


Karm pressa son comlink.


Allez-y, sergent.
Il y a apparemment une altercation à la passerelle 11, c’est vous les plus près, possible d’aller y jeter un coup d’oeil ?
Affirmatif.


Le Gardien désactiva son comlink.


J’ai bien peur que la pause soit terminée, déclara-t-il, en tendant la main à la jeune fille pour l’aider à se relever. Destination parcelle 11, des gens sont en train de se disputer ou quelque chose comme ça.


Les deux Jedis longèrent la rangée d’arbres qui servaient de vergers d’exposition, avant de descendre par une allée pour rejoindre les parcelles de plusieurs kilomètres carrées où l’on faisait la démonstration des nouveaux engins agricoles. À intervalles réguliers, les organisateurs de la foire avaient arrangé des pistes pour des barges d’aérospeeders, qui conduisaient les visiteurs d’une section à l’autre de l’immense espace couvert par l’ensemble des expositions.


La parcelle 11 était consacrée à la présentation d’une flottille de pollinisation : une véritable armada de petits drones pas plus gros qu’un doigt humain, qui allaient de plante en plante dans les champs, afin de disséminer le pollen et d’assurer les fertilisations. Une manière durable et efficace d’assurer la croissance naturelle d’une exploitation, assurait la constructeur.


C’est à moi ! C’est à moi et vous le savez très bien, s’époumonait un homme d’une quarantaine d’années, au visage rouge de colère, qui agitait un datapad au visage du jeune VRP d’AéroAgrica, l’entreprise qui avait développé les drones.
Monsieur, si vraiment… enfin, vous savez, je ne fais pas les réclamations et…


Des curieux s’étaient naturellement attroupés et Karm fut incapable de fendre la foule sans lancer, aussi fort qu’il en était capable, c’est-à-dire pas beaucoup :


Jedi ! Jedi, laissez passer.
Ah parce que vous êtes des Jedis, vous, fit un grand type costaud avec des biceps larges comme des turbines de speeder ?
I’ parait, répondit flegmatiquement l’intéressé, avant de parvenir à se ménager une place aux premières loges. C’est quoi le problème ?
Le problème ? Le problème ? Il me demande ce que c’est le problème !
Précisément.
Le problème, môssieur, c’est que ces fumiers m’ont volé mon invention, vous entendez ? Mes brevets ! Le travail de toute une vie ! Et que maintenant, ils vont faire fortune, sur mon dos.
Comme je disais au monsieur…
Oh vous ça va, hein.
Comme je disais au monsieur, insista le VRP, qui avait définitivement l’air de passer la pire journée de sa vie, je ne peux pas faire grand-chose pour lui, mais sans doute faudrait-il contacter le service des contentieux. À AéroAgrica, nous nous engageons à apporter sous quarante-huit heures une réponse à…
Vous savez où vous pouvez vous l’mettre, votre service des contentieux, hein ?
OK, on respire par les narines et on réfléchit à la vie, intervint Karm.
Ah, vous, évidemment, vous êtes du côté du grand capital !
J’suis du côté de personne mais vous commence à faire peur aux visiteurs.


Karm se pencha pour murmurer à l’oreille de Lucina.


Disperse la foule, emmène le VRP à l’écart, interroge-le sur sa version de cette histoire, moi je vais cuisiner notre agité du datapad et on se retrouve là quand on a fini, ça marche ?
Lucina Harsel
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« Non merci, ça ira. »
 
J’aimais beaucoup la nature d’Onderon, là n’était pas le problème, mais je devais bien reconnaitre que le côté un peu tropical de la planète pouvait parfois être dérangeant, notamment lors des entrainements extérieurs ou bien quand le soleil décidait de taper plus que d’habitude. Cependant, j’avais déjà vu pire comme climat tropical, Onderon restant quand même assez vivable de ce côté-là.
 
Et alors que je profitais encore un peu des rayons du soleil, le comlink de Karm se mit a resonner, visiblement on cherchait à le contacter. Il répondit à l’appel qui était une demande d’agir sur un certain problème. Enfin un peu d’action. Je me relevai alors sans prêter attention à sa main et le suivit alors jusqu’à la parcelle 11 où il y avait une dispute entre certaines personnes, le genre de problèmes assez facile à régler normalement.
 
Après quelques minutes de marches, nous arrivames a destination, une petite troupe s’etant agglutiner autour de deux hommes visiblement en train de se prendre la tête. Nous nous frayâmes alors un chemin a travers la foule afin de pouvoir accéder aux deux hommes, l’un criant sur l’autre en lui montrant du datapad en prétextant une histoire de vol de brevet. Ça sentait déjà l’arnaque à plein nez comme histoire, mais bon, je ne pouvais pas non plus me permettre de juger sans avoir toute l’histoire. Karm se pencha alors à mon oreille, me donnant des instructions à suivre. Je m’y pliai alors, me retournant vers l’attroupement.
 
« C’est bon, on s’occupe de cette histoire, vous pouvez retournez a vos occupations. Ce sera réglé d’ici peu. Sur ce, je vous souhaite une bonne visite du festival et de bien vous amuser. »
 
J’encouragea alors les gens a aller voir un peu les autres stands et de revenir ici plus tard une fois que l’histoire serait réglé. Tout le monde finissant par partir, je me tournai alors vers le VRP et le poussant par l’épaule, je l’emmenai un peu plus loin afin de discuter à l’abri des regards et des oreilles. Vérifiant que nous ayons mis suffisamment de distance par rapport à Karm et l’excité, je me mis alors à le questionner.
 
« Bien, je veux votre version de toute cette histoire. Qu’est-ce qui s’est passé avec cet homme ? Et évitez de me mentir, je le saurais. »
 
C’était un coup de bluff, mais vu comment il semblait déstabilisé, ça pouvait toujours aider.
 
« Et bien, cet homme est un ancien particulier ayant travaillé avec AéroAgrica, une société travaillant dans l’agric… »
 
« Venez-en au fait s’il vous plait, je n’ai pas besoin d’une pub. »
 
« Excusez-moi. Donc, c’est un ancien indépendant que nous avons démarché car il avait déjà fait quelques travaux qui nous intéressaient et venaient de faire breveter une nouvelle invention de drones charger de la pollinisation. Nous devions alors travailler de concert, AéroAgrica servant à faire financer l’invention. Le contrat signé spécifiait cependant qu’AéroAgrica pouvait produire les drones à leur propre compte et les vendre aux profits de l’industrie. Si la personne avec laquelle discute votre associé à cependant des revendications à faire, il peut… »
 
« Contactez le service des contentieux, j’ai compris. »
 
Je soupirai alors, comprenant l’affaire. L’autre homme s’était fait avoir, et même si c’était très loin d’être éthique, c’était légal. Il avait accepté de son plein gré. La seule solution pour lui était de faire valoir ses brevets devant une cour de justice et pas crier en plein salon. Ayant eu les explications, je le ramenai auprès de Karm afin d’avoir les informations de l’autre personne et d’avoir tout le tableau.
Karm Torr
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Et vous avez pas, genre, j’sais pas, contacté un avocat… ?


L’excité du datapad avait servi à Karm en substance la même histoire que celle racontée par le VRP à Lucina : qu’il avait travaillé avec la société, que la société avait produit des drones fondé sur ses inventions. La seule divergence était qu’il estimait qu’une partie du profit lui revenait, tandis qu’AéroAgrico jugeait qu’il leur avait transféré la pleine propriété intellectuelle de ses inventions.


Seulement, Karm n’était pas précisément un spécialiste du droit des affaires.


Vous ne comprenez pas, fit l’homme d’un ton soudain conspirateur.


(Ah ?)
(Ça se voyait tant que ça ?)


Ce n’est pas seulement une question de… enfin…


L’inventeur jeta un regard méfiant autour de lui, fit un pas vers le Jedi et baissa encore la voix :


Pas seulement une question d’argent, voyez vous, mais c’est aussi que, hé bien, ils font des choses criminelles.
Criminelles ?
Mais oui ! Criminelles !

Allons bon.


Ils modifient leurs drones de pollénisation et s’en servent comme vecteurs d’armes bactériologiques de haute précision afin de commettre des assassinats pour le consortium bothano-sénatorio-sith.
J’vous d’mande pardon ?
Vous n’êtes pas sans ignorer, naturellement, un homme… euh une femme… un… une personne dans votre position n’est pas sans ignorer que des agents bothans sont infiltrés au sein du Sénat et qu’ils s’entendent avec des Siths pour détourner l’argent de la République, tout en assassinant tous ceux qui s’opposent à eux.
Ah.
J’ai des preuves !
Hmm hmm.
Mais…


L’inventeur recula de trois pas et son regard se fit soudain soupçonneux.


Bien sûr, vous savez tout cela. Un Chevalier Jedi. Évidemment. Que je suis naïf… Vous leur servez de garde du corps.


L’homme pointa soudain Lucina du doigt, qui revenait de son interrogatoire avec le VRP.


Et elle, c’est une androïde tueuse construite par les usines secrètes de Grendo S’orn, comme l’ancienne fausse chancelière mécanique Emalia Kira !
Euh…
Ah vous ne m’aurez pas comme ça ! Je vois clair dans votre jeu ! Très clair ! Vraiment très, très clair !


Hélas, Karm n’était pas plus psychiatre qu’il n’était juriste de la propriété intellectuelle. L’homme s’éloignait à pas lents, comme si les Jedis allaient lui bondir dessus à tout moment, et le Chevalier restait indécis. Manifestement, son interlocuteur était malade, psychotique, mais il n’avait levé la main sur personne et, au bout du compte, il n’avait pas fait grand mal. De quel droit le retiendrait-il ? À moins qu’il fût supposé l’arrêté, pour son propre bien ?


Finalement, l’inventeur avait réintégré la foule et Karm jugea plus sage de ne pas chercher à le retenir. Avoir des problèmes mentaux ne justifiait pas de le priver de sa liberté et intervenir trop radicalement l’aurait sans aucun doute traumatisé.


Je doute qu’il vous embête encore, déclara-t-il au VRP.
Oh, vous savez, ce n’est rien, ce n’était pas… Je me suis bien rendu compte qu’il, enfin, disons, qu’il n’avait pas tous ses moyens.
Voilà.
Je peux reprendre mes démonstrations ?


Karm hocha la tête et, quelques minutes plus tard, des clients prospectifs s’étaient à nouveau attroupés au bout de la parcelle, tandis que les deux Jedis s’éloignaient.


C’est t’jours un peu cause, confia Karm à la Padawane, la sécurité d’une manifestation comme celle-ci, c’est… des dizaines de petites histoires qui pèsent pas grand-chose et mettent personne vraiment en danger, mais qui sont toujours hyper importantes pour les gens impliqués, personnelles, tu vois ? Et nous… On est une sorte de soupape de sécurité. De zone tampon. ‘Fin, tu saisis l’idée, quoi…

Ce n’était pas nécessairement un rôle très valorisant, mais il était au fond bien nécessaire : sans leur intervention, les deux hommes en seraient peut-être venus aux mains, et un drame inutile était si vite arrivé.


Karm n’en savait pas long sur la Padawane qu’on lui avait adjointe pour cette mission. D’un regard en coin, il essayait de jauger ce que cette intervention à la fois si concrète et un peu frustrantes, où ils n’avaient pas eu l’occasion d’être beaucoup plus que des vigiles ordinaires, avait pu avoir sur elle. On était loin des aspects les plus héroïques de la ville d’une future Chevalière Jedi.


Des fois évidemment c’est un peu plus palpitant, glissa-t-il alors qu’ils revenaient long la bordure des allées où circulait la foule. Tu t’vois faire quoi, toi, comme type de missions quand t’auras fini ta formation ? T’as encore le temps de décider, j’imagine, mais à ton âge, on a généralement déjà sa petite idée…


Non loin d’eux, une barge de transport s’élevait du carré dédié pour partir rejoindre une autre partie du festival. Le jour commençait à baisser et les allées n’allaient pas tarder à se vider, pendant que les visiteurs venus de loin reflueraient vers les hôtels de la ville, pour une bonne nuit de repos, ou de boisson, avant de reprendre le lendemain.
Lucina Harsel
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« Ce que je comprends surtout, c’est qu’on a un laissé un fou capable de se blesser lui-même ou les autres sur un coup de tête s’enfuir. On aurait dû lui courir après et l’arrêter, c’était la bonne chose à faire plutôt que de simplement le regarder partir sans bouger. On est des Jedis non ? C’est notre rôle, notre mission, notre devoir de stopper ce genre de personnes pour éviter les soucis. »
 
Pour le coup, je ne comprenais vraiment pas pourquoi on n’avait pas pris ce type en chasse, laissant ainsi quelqu’un avec de vrais soucis mentaux en liberté. S’il était assez dingue pour croire à toute sorte de théorie du complot aussi farfelu que celle qu’il nous a sortis, il était capable d’agresser quelqu’un pour une raison toute bête. En tout cas, si je le revoyais, je n’hésiterais pas à lui sauter dessus afin de l’arrêter. Le bien commun passait avant celui d’une seule personne et à ce niveau-là, je ne dérogerais jamais à la règle. Tant pis pour lui, mais s’il posait problème à la population, il devra être arrêté et répondre de ses actes. C’était non négociable.
 
« Et pour répondre à ta question, une fois chevalière, je pars aider tout ce que je peux, tout ceux qui ont besoin d’aide et qu’on oublie trop. J’ai déjà vu trop de gens vivre dans la peur et la souffrance sans jamais recevoir l’aide d’autrui. Il est temps que ça change et qu’on se remette à aider juste parce que c’est notre credo. Arrêter d’attendre qu’on vienne nous demander notre aide et bouger de nous-mêmes. Si vous saviez le nombre de gens qui souffrent et qui ne peuvent venir nous supplier de les aider, vous auriez vraiment l’impression d’avoir abandonné une bonne partie de la galaxie à leur sort. »
 
Je ne pouvais pas vraiment mieux cacher ma rancœur sur la question, ayant trop vu et trop subi. Et je me doutais qu’avec les dernières années, les Jedi avaient majoritairement été occupés par les Sith. Ce serait mesquin de ma part de leur en vouloir pour ça. Après tout, ils avaient défendu la galaxie de manière globale et contre une menace de grande ampleur, sauvant ainsi un grand nombre de gens. Mais pendant tout ce temps, qui s’était occupé du peuple ? Qui les avait aidés contre pirates, mercenaires, patron véreux, esclavagiste, … ? Peut-être avais-je une mauvaise vision du Jedi et accepter qu’ils ne pussent aider tout le monde, pourtant c’était bien leur rôle d’aider les opprimés aux périls de leur vie juste parce que c’était leur mission.
 
« Enfin, je dis ça, mais faudrait déjà que je trouve un maître pour poursuivre ma formation. »
Karm Torr
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Notre rôle ?


Que voilà une Padawane véhémente. Karm avait jeté un bref regard du coin de l’oeil à Lucina, alors que la jeune fille déployait un discours bien radical et, au fond, fort autoritaire. Sans doute à son âge était-on porté à avoir des jugements entiers sur les gens et les événements, mais il y avait quelque chose dans l’attitude vindicative de la Padawane qui l’interpellait. À son âge malgré tout, après avoir passé une bonne partie de sa vie au Temple supposait-il, elle aurait dû faire preuve de plus de modérations.


C’t’une grande galaxie et c’t’un petit Ordre. J’sais pas toi, mais j’ai pas beaucoup croisé de Jedis qui restaient les bras croisés, ces dernières années, et nos petites habitudes passent rarement avant le bien-être des gens. C’est sûr que ce serait mieux si on était dix millions et qu’on pouvait aider tout le monde.


Ils furent obligés de s’interrompre en croisant l’un des gardes engagés par les organisateurs du festival pour en assurer la sécurité. C’était l’heure d’un petit rapport réciproque : eux comme lui firent la liste des incidents qu’ils avaient rencontré en chemin et des situations sur lesquelles il convenait de demeurer vigilants et puis, avec un hochement de tête, ils se séparèrent. Une première musique commença à retentir dans toutes les allées, diffusées par des drones qui survolaient les visiteurs, pour les avertir qu’il convenait de se diriger vers les sorties, avant de la fermeture des zones d’exposition pour la journée.


T’as des Jedis qui sillonnent la Galaxie secteur par secteur pour apporter leur aide à ceux qui en ont besoin. C’est pas le travail le plus visible, j’avoue. On parle beaucoup de la guerre contre les Siths et on a l’impression qu’on est tous focalisés sur ça, mais c’est loin d’être la réalité. Y a une sorte de problème de… communication interne, p’têt ? Qui fait que les missions plus isolées, ou ordinaires, ou périphériques sont parfois moins valorisées, et quand on est jeunes, on peut avoir l’impression que y a plus que les champs de bataille dans nos vies.


Et pourtant, en la matière, Karm, en Gardien spécialiste des opérations spéciales, n’était certes pas le plus mal loti : il s’était illustré plusieurs fois ces dernières années dans la guerre contre l’Empire, sur Pakuuni et sur Columex par exemple. Mais cette gloire le laissait indifférent et, plus les années passaient, plus il était préoccupé par l’intérêt presque exclusif que certains Padawans vouait à la carrière militaire et qui lui semblait profondément étranger à la mission des Jedis.


Mais tu vois, y a pas quelques semaines, ma Padawane et moi, on est allés sur Khorm, une planète glacée pas hyper populaire, pour aider une petite communauté de pêcheurs qu’était martyrisée par des pirates. Et on est pas des cas isolés. Faut pas que tu hésites à aller voir les Maîtres et à dire que tu es prête à accompagner sur des missions de ce genre, que c’est ça qui t’intéresse, que c’est ça qui te paraît important. T’inquiètes qu’ils te trouveront de quoi faire.


Les allées commençaient petit à petit à se désemplir et, déjà, nombre de commerçants entreprenaient de débarrasser leurs stands : c’était les rues de la ville qui prendraient bientôt le relai, dans les restaurants et les hôtels, pour absorber la masse immense des visiteurs, qui représentait une opportunité économique exceptionnelle en cette saison.


Mais fondamentalement… ben les moyens de l’Ordre sont fatalement contraints par le nombre de personnes sensibles à la Force. On s’ra jamais une puissance universelle, un effectif policier ou militaire ou humanitaire gigantesque. C’est hyper frustrant mais on s’ra toujours très en-deçà de ce dont la Galaxie aurait besoin. C’est aux institutions républicaines et planétaires de se mettre à la hauteur de la situation et c’est pour ça que t’as des tas de Consulaires qui essaient, j’imagine, d’influer sur le cours des choses.


Mais c’était bien là la partie de leur Ordre avec laquelle il était le moins à l’aise. Les Consulaires diplomatiques, qui favorisaient des traités de paix ou organisaient la négociation pour délivrer des otages, ça, ça lui parlait. Mais ceux qui hantaient les couloirs du Sénat ?


Tu d’vrais aller voir du côté des Sentinelles. Ceux qui mènent des enquêtes. Pas les Ombres, hein, ceux qui s’occupent des affaires criminelles. Tu leur dis que tu veux apprendre c’qu’ils font, et tant que t’es motivée, et t’as l’air motivé, j’doute pas qu’ils te montreront les ficelles du métier. Quant au type de tout à l’heure…


Demi-tour. Les allées étaient vides dans ce secteur-là et ils allaient désormais remonter progressivement vers la sortie, pour s’assurer que tous les visiteurs avaient bien quitté les lieux.


C’est précisément parce qu’on est des Jedis qu’on le regarde sans bouger. C’t’un mec qui souffre, qui pense différemment, bizarrement, sans doute pas hyper rationnellement. Mais nous, on est pas là pour faire la police de sa pensée ? C’est pas un crime d’être un peu dérangé. C’est pas un crime de s’engueuler avec les gens. C’est pas un crime non plus, loin de là, de questionner le bien-fondé d’une biotechnologie ou d’la manière dont est gérée la propriété intellectuelle dans une société capitaliste. Il est fou parce qu’il questionne l’ordre établi et qu’il le fait de manière un peu étrange, mais toutes les folies sont pas mauvaises à prendre, et aux yeux de la majorité des gens qui visitent cette foire, nous, avec nos pouvoirs, notre Force et tout ça, on est de parfaits cinglés illuminés. Question de perspective.


Après tous, les Jedis parlaient d’une puissance invisible sur laquelle ils réglaient leurs actions en adoptant un mode de vie terriblement ascétique. Si l’État républicain ne les avait pas autorisés à patrouiller arme à la main sur tout son territoire, la population les aurait sans doute tenus pour de dangereux sectaires.


Il a sans doute pas plus de risques de blesser quelqu’un que n’importe qui d’autre, qu’un concurrent jaloux, qu’un client mécontent. Si on l’arrêtait pour ça, non seulement on violerait la loi, mais on le traiterait différemment pas pour ce qu’il a fait, mais parce qu’il a un cerveau un peu spécial, non ?
Lucina Harsel
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« Au moins ce qu’il y a bien avec les gens qui ont des avis complètement tranchés, c’est que le débat est animé. Je vais cependant reprendre tout point par point afin d’essayer d’exprimer au mieux mon ressenti. »
 
J’avais patiemment écouté tout ce qu’il avait à dire comme argument et point de vue afin de voir où il en voulait en venir. Et s’il n’avait évidemment pas tort sur toute la ligne, connaissant bien mieux le fonctionnement des Jedis que moi, pourtant, certaines des choses qu’il avait dites me taraudaient un peu l’esprit, me faisant me poser certaines questions sur lui.
 
« Je n’en veux pas au Jedi de ne pas être omniscient et de pouvoir aider tout le monde. J’ai beau rêver que ce soit possible, je ne suis pas stupide à ce point-là. Par contre, c’est un fait que les Jedis ne sont clairement pas assez, et ça c’est problématique. Après, ce serait peut-être aussi à la république de se bouger et mieux protéger ses mondes, je ne sais pas. Mais peu importe la source, le problème est bien présent. Quand sur un monde faisant partis d’une route commerciale, des villages peuvent être les victimes d’attaque de pirates pendant plusieurs mois sans que personne ne réagisse, il y a de quoi se poser des questions. J’ose à peine imaginer la peur dans laquelle ils vivent. Et si eux peuvent avoir ce genre de problèmes, qu’est-ce que ça peut être pour d’autres mondes un peu plus isolés ? »
 
J’avais été peu subtile sur ce coup, mais je voulais bien lui faire comprendre ce que je ressentais, n’étant pas sure qu’il connaisse mon cas. Auquel cas, il devrait être assez intelligent pour comprendre de quoi je parlais. Je m’avançai alors un peu, allant m’accouder à une barrière et regardant certaines zones du festivales se vider peu à peu, les yeux perdus dans le vide, me taisant pendant quelques secondes avant de reprendre.
 
« Quant à l’homme que l’on a laissé partir, je ne peux pas être d’accord avec vous. Nous avons sciemment laissé quelqu’un d’instable dans la nature. Et une personne instable est un risque aussi bien pour lui que pour les autres. Si demain il blessait ou tuait quelqu’un, ce serait en partie de notre faute car nous l’avions laissé filer quand nous aurions pus le mettre sous les verrous. Vous, je ne sais pas, mais moi je le vivrais comme un échec. Si j’ai rejoint les Jedis, c’est pour achever mon entrainement et être capable d’aider les autres. Alors devoir vivre avec le fait que j’ai laissé une personne potentiellement dangereuse en liberté, ça me fait mal. Et l’arrêter avant qu’il ne puisse faire quelque chose de mal est une mauvaise chose ? On ne l’arrête pas parce qu’il pense différemment, mais parce qu’il peut faire du mal autour de lui. Enfin, c’est comme ça que je vois les choses pour ma part. Et même si effectivement, il souffre, ne devrait-on pas l’aider plutôt que de le laisser seul ainsi ? »
 
Je me retournai alors vers lui, m’adossant à la barrière, le regardant dans les yeux, attendant une réponse de sa part. Finalement, moi qui aimais me la jouer solitaire et peu causante, je me disais que ce n’était pas si mal de discuter avec un vrai Jedi sur le rôle et les devoirs de l’Ordre, et que je pourrais peut-etre même y trouver un certain plaisir.
Karm Torr
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Mais tu l’aurais arrêté pour quoi ? J’veux dire, pour quel motif objectif ?


Le datapad du Chevalier émit un petit bip discret et Karm le sortit de sa poche, adossé à la barrière à côté de Lucina, pour que la Padawane puisse aussi suivre sur son écran la carte de l’espace de la foire qui s’y affichait. Les drones occupés à survoler tout ce vaste parc d’exposition à ciel ouvert achevaient de transmettre les données de fréquentation et, représentés par des myriades de petits points, les visiteurs affluaient vers les portes.


Il s’est engueulé avec un mec et… C’est tout. Jamais on n’arrêtera personne pour s’être engueulé avec quelqu’un, sinon c’est la moitié des stands qu’il faudrait vider. C’est sûr, il a des idées bizarres, et des théories bizarres, mais déjà il a pas complètement tort sur la violence économique et ensuite… Ben on est pas des psys, on va pas l’interner de force. On en a ni, comment dire ? Ni la compétence intellectuelle, j’veux dire, l’expertise médicale pour ça, ni l’autorité. J’pense que c’est bon, attends…


Le Jedi activa son comlink et, après une brève conversation avec le chef de la sécurité, entre deux hommes habitués à traiter rapidement par quelques mots lapidaires d’une opération de routine, il hocha la tête, se détacha de la barrière et prit le chemin de la sortie.


Et si ça s’trouve, c’que toi tu juges pour de la folie, beaucoup de gens trouveraient ça parfaitement normal. C’qu’on aurait pu faire de différent, en revanche, c’est lui parler un bon moment, pour pas se faire de lui une idée en un quart d’heure. Mais…


D’un geste de la main, il indiqua l’immensité du parc d’expositions. Auraient-ils eu le temps de jouer les psychologues de terrain, plutôt que de continuer à patrouiller ? Sacrifier la protection de la multitude pour contrôler un danger très hypothétique ? Karm n’en était pas sûr et s’il avait à reprendre la même décision, son attitude serait peut-être différente.


En quelque sorte, l’arrêter, ça aurait été un double problème. D’une part, ça aurait été… ben complètement illégal. S’il avait frappé le marchand, là, je dis pas, mais là… Et d’autre part, ça aurait été… Hyper discriminant. Comme si on se mettait à arrêter les mecs de telle ou telle espèce, parce que les humains considèrent que cette espèce-là à un tempérament trop volcanique. Après, j’admets que la frontière est floue entre ce genre de discriminations et la justice préventive. Reste qu’en tant que Jedis, notre rôle, c’est de protéger les plus faibles, et que le plus faible, victime de la violence économique et sociale, ben c’était lui. Mais le problème c’est que…


Karm fut interrompu par un croassement venu de sous une table, suivi d’une sorte de trille étrange, un peu aiguë. Le Jedi échangea un regard avec sa consœur, avant de s’approcher de la table et de soulever la nappe holographique qui la recouvrait et qui, une heure plus tôt encore, projetait les plans un peu fantasmatiques de la ferme du futur.


Hey, salut, murmura le Jedi en s’accroupissant, pour se mettre à la hauteur de la petite Gossam qui était accroupie-là. Qu’est-ce que tu fais ici ?


La gamine cligna plusieurs fois des yeux sans répondre.


Tu comprends ce que je te dis ? Tu parles basic ?


La petite Gossam hocha lentement la tête.


Cool alors. J’m’appelle Torr et elle c’est mon amie Harsel.


Conformément à sa culture ark-ni, Karm utilisait toujours le dernier nom pour se présenter à des étrangers.


Tu t’appelles comment, toi ?


L’enfant le fixait intensément, comme pour calculer s’il était digne qu’on lui adresse la parole.


Shin, finit-elle par dire.
C’est la classe comme nom, ça, Shin. On est des Jedis. T’sais c’que c’est, un Jedi ?


Karm avait toujours eu un bon contact avec les enfants : ses traits rassurants et sa voix douce les mettaient en confiance, et puis il ne parlait pas vraiment comme les autres adultes, c’était moins intimidant. Une nouvelle fois, la Gossam le gratifia d’un hochement de tête prudent.


J’imagine que t’es un peu perdue, là, non ?
Un peu…, reconnut piteusement la petite, en tordant nerveusement ses longs doigts fins.
Tu sors de là-dessous et puis on t’aide à retrouver ton chemin ? Ça te paraît un bon deal ?
Un bon quoi, demanda la petite, qui jonglait encore tant bien que mal, à son âge, entre le basic qu’on parlait partout autour d’elle aussi loin qu’elle se souvienne, et la langue de ses parents ?
Un marché, reformula le Jedi. Un accord.
Ah.


Shin réfléchit.


D’accord, fit-elle, avant d’articuler soigneusement : Deal.


Karm lui adressa un de ses rares sourires et puis la Gossam sortit de sous la table. Atteignant péniblement les cinquante centimètres de haut, elle leva ses yeux jaunes vers Lucina, avec le même air pensif et circonspect qu’elle avait eu pour Karm, mais la présence des sabres lasers chez les inconnus dut la rassurer et l’amener à conclure qu’elle avait, en effet, affaire à des Jedis.


J’ai perdu papa et maman.
T’inquiètes, j’suis sûr qu’il te cherche, on va appeler pour voir c’qu’il en est, OK ?
Deal !
T’apprends vite.


L’instant d’après, Karm s’entretenait au comlink avec le chef de la sécurité.


On a trouvé une petite Gossam qui s’appelle Shin… c’est quoi ton nom entier, ma grande ?
Shin Tei.
Shin Tei, qu’a perdu ses parents.


Karm hocha plusieurs fois la tête, même si son interlocuteur ne pouvait pas le voir. Quelques secondes plus tard, il raccrochait, avant de s’accroupir à nouveau en face de la gamine.


Tes parents sont à l’hôtel. Ils t’ont cherchée aujourd’hui, mais ils étaient convaincus que tu t’étais perdue en ville, pas ici. Une idée de pourquoi ?
Ben…


La petite se mit à fixer avec beaucoup de concentration les chaussures du Jedi.


Ils être… sont… sont très fâchés ?
Ben non, ils ont juste envie de te revoir.
Peut-être que… euh… que je suis partie un peu toute seule, ce matin…
Peut-être, hein. Mais pourquoi ?


Karm voulait surtout s’assurer que l’enfant n’avait pas fui ses parents pour de bonnes raisons. La gamine s’entortillait à nouveau les doigts.


Je voulais venir caresser les éopis…


La petite releva les yeux vers le Jedi et assura avec une conviction toute relative :


C’est pas ma faute.


C’était un peu de sa faute, quand même. Le Jedi réprima un sourire.


Allez, viens, tu dois être fatiguée, j’te porte jusqu’à l’hôtel.
Lucina Harsel
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J’avais du mal avec son argumentaire, le trouvant trop lisse. A aucun moment je ne pouvais le considérer comme le plus faible ou une victime. Si victime il était, c’était entièrement de sa faute. Quand a faible, j’avais aussi des gros doutes. C’était lui qui clairement s’en prenait verbalement à quelqu’un et non pas l’inverse. Enfin, j’avais bien compris que peu importe ce que je dirais, ce pseudo-débat n’avancerait pas, nos points de vue sur la question étant trop différents. Je le laissai alors parler sans rien dire, ne l’écoutant qu’a demi-mots, continuant de regarder le festival se vider. Il n’y avait rien à faire, je n’arrivais décidemment pas à me faire à la philosophie Jedi. Un homme est potentiellement dangereux, on l’arrête. Je ne vois même pas pourquoi on doit débattre là-dessus. Si on a une occasion d’empêcher une atrocité d’arriver, on doit la saisir coute que coute. Mais bon, les Jedis étaient plus dans la réaction que l’action, et je devais faire avec. Ça ne me plaisait pas, mais les choses étaient ainsi. Heureusement, je n’étais là que pour un temps avant de partir. Enfin, si j’arrivais à trouver un maître, parce que ça non plus, ce n’était pas gagné. Je soupirai un bon coup quand un bruit attira mon attention.

Il s’agissait d’une sorte de croassement venant de sous une table. Nous allâmes alors l’inspecter sans tarder, Karm soulevant la nappe pour y trouver une jeune fille Gossam, une race que je ne connaissais quasiment pas. Je regardais alors la jeune fille semblant perdue et un peu apeurée d’un regard doux avec un léger sourire, cherchant à la mettre à l’aise. Karm commença alors à discuter avec elle pour faire les présentations, donnant nos deux noms de famille.


« Mais tu peux l’appeler Karm et moi Lucina. Pas besoin d’être aussi formel. »

Je trouvais vraiment ça bizarre d’utiliser nos noms plutôt que nos prénoms. Nous avions devant nous une petite fille perdue et surement apeurée, autant se la jouer proche et amicale plutôt qu’éloigné. Juste donner nos noms crée une sorte de distance, et ce n’est pas la chose à faire dans ce genre de situation.

Je voulais alors reprendre la main dans la situation, afin de montrer que je savais faire autre chose que de vouloir arrêter les types que je jugeais dangereux, cependant, il enchaina rapidement, ne me laissant pas vraiment l’occasion de montrer ce que je savais faire. Je décidai alors de juste le laisser faire, afin de voir comment il pouvait gérer ce genre de situation. Après tout, je n’étais pas la seule à pouvoir me faire juger ici. Autant en profiter pour noter mon accompagnateur. Je restai donc en retrait, le regardant faire, s’occupant très bien de la situation, réussissant à arracher à la petite son nom ainsi que les raisons de son égarement. Je ne pus m’empêcher de laisser grandir mon sourire devant ses envies de venir caresser certaines plantes malgré l’interdiction de ses parents. Une forte tête qui me rappelait quelques vieux souvenirs.

Karm proposa alors de porter la jeune fille, mais je lui grillai la propriété, ayant vu suffisamment de lui, en venant m’accroupir devant elle.


« Laisse, je m’en occupe. Je ne vais pas te laisser tout faire non plus. »

Je me tournai alors vers la gamine.

« Vas-y grimpe, je m’occupe de tout. »

Je lui fis alors un grand sourire rassurant, voyant bien qu’elle n’était pas complètement à son aise, cependant, elle finit par venir s’installer, passant ses bras autour de mon cou, tandis que je serrais ses jambes avec mes mains pour la stabiliser avant de me relever.

« Ça va ? Tu es à ton aise ? »

« Oui, lâcha-t-elle d’une petite voix légèrement enjouée. »

Je continuai alors de lui sourire avant de prendre la route de l’hôtel sous les indications de la petite, la laissant nous montrer le chemin. Et après une petite vingtaine de minutes, nous finîmes par arriver chez elle. Ses parents l’accueillirent alors, ayant eu peur de ne plus la revoir, s’inquiétant directement de savoir si elle allait bien. J’en profita alors pour les rassurer.

« Ne vous en faites pas, elle n’a rien. Plus de peur que de mal. Elle voulait juste caresser des Eopis, c’est tout. »

Je m’agenouillai alors, appelant la petite fille.

« Fais attention à l’avenir, d’accord ? C’est bien d’être courageuse ainsi, mais écoute tes parents aussi. Ils ne veulent que ton bien. »

Shin me fit alors un grand oui de la tête. Nous les laissâmes donc, cette affaire résolue tandis que je me tournais vers Karm.

« Alors ? »


Karm Torr
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Hmm…

Il y avait peut-être un brin de mélancolie dans le regard que le Chevalier posa sur la famille qui, enfin réunie, s’éloigna pour gagner le restaurant de l’hôtel. L’affection entre l’enfant et ses parents étaient si spontanée et si naturelle que Karm trouvait difficile de ne pas s’interroger sur la règle étrange qui la proscrivait au sein de l’Ordre Jedi. Pourquoi priver celles et ceux qui se battaient pour la Galaxie de ces liens si tendres qui les auraient précisément unis plus intimement au destin de la Galaxie ?

Elle est chou, finit-il par conclure. Dommage que y ait pas plus d’enfants au Temple.

Les mains dans les poches, le Jedi se détourna pour quitter le hall de l’hôtel, en se frayant un chemin entre les touristes qui continuaient d’y affluer presque constamment.

De vrais enfants, j’veux dire.

Parce que l’enfance au sein du Temple n’était pas tout à fait une enfance, selon lui : elle avait trop d’austérité et trop de restriction pour développer ce que la jeunesse avait de plus précieux, une imagination irréaliste à la hauteur des rêves nécessaires pour sauver le monde.

Dehors, les rues étaient noires de monde : la foule des allées du festival s’était déportée pour la soirée dans les avenues et les boulevards d’Aldera, la capitale. Sur la façade de certains bâtiments, de gigantesques hologrammes publicitaires vantaient ce qu’on exposerait le lendemain : machines agricoles et marché aux graines, démonstration de procédés révolutionnaires dans la génomique des cultures et concours de bétail.

Le nez levé vers les publicités, Karm confessa :

J’ai du mal à trouver ça entièrement réjouissant, quand même.

Une scientifique virtuelle en blouse blanche expliquait avec sous-titre une avancée hors du commun dans l’hybridation des céréales, pour améliorer le rendement et réduire les coûts d’entretien.

J’sais que y a un équilibre à trouver entre l’ordre de la nature et les nécessités du progrès agronomique pour… ben, genre, satisfaire aux besoins qui sont induits par une démographie planétaire galopante, puis que la mystique de la nature, c’est pas une position qu’on a nécessairement le droit d’imposer à ceux qui partageraient pas notre perception, mais…

L’Ark-Ni haussa les épaules. C’était peut-être obscurantiste de sa part, mais cette débauche de technologies agricoles le mettait mal à l’aise. Après tout, Alderaan n’accueillait ces merveilles du progrès non pour augmenter le rendement d’une production destinée à satisfaire les besoins de sa propre population, mais pour dégager un excédent à exporter ailleurs dans la République : c’était une question de commerce, plutôt que de subsistance.

Mais ces réflexions étaient encore mal formées dans son esprit, alors qu’ils remontaient l’une des avenues pour gagner leur propre hôtel. Ils finirent par bifurquer dans une rue plus étroite et là, la rumeur continue de la foule derrière eux, dans les boulevards perpendiculaires, fut dominée par des éclats de voix venus d’un bar dont l’entrée donnait sur la rue qu’ils avaient prises. Karm échangea un regard avec Lucina et s’approcha à pas lents.

C’était une dispute, ils pouvaient désormais le deviner très clairement, et à en juger par l’élocution approximative de ceux qui parlaient, une dispute très avinée. Karm laissa les portes du bar s’ouvrir automatiquement devant eux et pénétra dans l’établissement. Des écrans au mur diffusaient des courses de droïdes, divertissement favori de certain parieurs. Le reste du bar était occupé par un zinc qui longeait tout un mur et des tables un peu crasseuses, dans une lumière tamisée et une atmosphère lourde de fumée.

Deux types s’empoignaient au col, près du bar : un Twi’Lek et un humain. La nature de leur dispute restait confuse et on pouvait douter qu’ils s’en souvinssent eux-mêmes. Question de paris, sans doute. Le droïde du bar ne cessait de leur rappeler que les bagarres étaient interdites, tandis qu’un client assis non loin de là leur suggérer mollement d’aller régler leurs différends à l’extérieur.

Peine perdue : l’humain bouscula le Twi’Lek sur le comptoir et aussitôt, trois autres Twi’Leks se levèrent pour assister leur ami.

Ils veulent quoi les tentaculeux, là, hein ? HEIN ?

C’était une humaine d’une cinquantaine d’années, avec des biceps comme des bûches de cheminée et tatouée jusqu’à la racine des cheveux, qui s’était permise cette subtile intervention, en les voyant approcher.

Pittoresque, lâcha Karm à demi-voix, alors que la bagarre générale se profilait.

En même temps, il avait sorti son datapad pour composer un message à l’intention de la police municipale, avant de déclarer :

Bon, en attendant les forces de l’ordre, on va essayer d’faire en sorte que les joyeux fêtards s’en sortent en relativement un seul morceau.

Un exercice que l’absence de blasters dans l’équipement traditionnel des Jedis rendait quelque peu compliqué : le sabre laser n’était pas précisément l’arme idéale pour immobiliser les gens sans les soulager au passage de partie substantielle de l’anatomie, mais l’heure n’était pas aux hésitations, puisque la tatouée venait d’écraser son poing dans la mâchoire carrée de l’un des Twi’Leks.
Lucina Harsel
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« Mais quoi ? Il est où le souci ? Les Jedis eux-mêmes vivent en partie de ce genre d’exploitation. Pour des gens en communion avec la nature, je tiens quand même à rappeler que ça a gêné personne de raser une partie de la forêt pour y installer un temple ainsi qu’une petite ville. On serait mal placé pour faire des pseudos-critiques écologique à ces gens. Tu peux me faire confiance, ayant passé la majorité de ma vie dans une ferme, je peux t’assurer que si on avait eu tout ce genre de trucs que je vois aujourd’hui, ma vie aurait été bien différente. »

J’étais resté silencieuse depuis qu’on avait ramené l’enfant à sa famille, n’ayant finalement pas grand-chose à dire. J’aurais pu relever sa remarque sur les enfants, mais je n’avais pas jugé ça utile. Si mes années au temple m’avait bien fait comprendre quelque chose, c’est que tout ce qui n’entrait pas dans les rangs n’était pas forcement désiré. Et même au-delà de ça, que ferait des enfants « normaux » au milieu du temple ? Ce n’était clairement pas leur place. Ils avaient des choses bien plus intéressantes à faire et vivre que de rester cloitrer avec un ordre proche de la secte.

Alors qu’il semblait perdu dans ses réflexions, cherchant surement quelque chose à me répondre, des voix vinrent dominer le bruit ambiant produit par la foule. Je suivis alors Karm vers ce qui semblait être une dispute en train de dégénérer. Et nous ne nous n’étions pas trompés car a notre arrivé, nous avions d’un côté quatre Twi’Lek et de l’autre un humain plutôt dans la moyenne et une femme bodybuildée qu’il allait être compliqué de calmer sans frapper. Je laissais alors mon équipier prévenir la police tandis que je réfléchissais à comment neutraliser la femme sans devoir l’amputer d’un bras ou d’une jambe. Mais trop tard, la femme venait d’enclencher les hostilités en frappant un des Twi’Lek. Les trois autres n’attendirent pas, se jetant sur la femme afin de la plaquer au sol. Moi qui pensais qu’elle allait être le principal problème, gérer trois twi’Leks en colère n’allait pas être de tout repos non plus.

Je me frayai ainsi un passage entre les passants qui entouraient la scène pour rejoindre les bagarreurs du dimanche.


« C’est bon, la récré est finie les enfants, je vais vous demander de vous séparer. Sans quoi, je vais devoir sévir. »

Leurs regards étant dirigés vers moi, je n’eu qu’a tapoter le manche de mon sabre pour leur faire comprendre qui j’étais et ce que j’avais en tête. Cependant un des Twi’Lek releva un sourcil.

« Tu n’oserais pas quand même ? Une Jedi prête à faire du mal à un civil ? »

« Une Jedi prête à punir quelqu’un pour agression plutôt. Alors soyez gentil, ramassez votre pote et reprenez votre soirée. Je m’occupe d’elle, ne vous en faites pas. »

Je voyais leurs regards interloqués, se regardant entre eux sans trop savoir quoi faire dans cette situation. Moi qui espérais que le simple fait de me dévoiler en tant que Jedi suffirait à impressionner et qu’ils me laisseraient faire, je pouvais allez me rhabiller. Décidément, ce genre de situation et moi, ça faisait deux. Je soupirai alors qu’ils continuaient de maintenir la femme au sol avec difficulté, celle-ci se débattant violement.

« On sera deux pour s’en occuper et la police arrive, ne vous en faites pas. »

Je tentais alors de paraitre la plus convaincante possible, prenant un regard déterminé et une voix assurée. Karm finissant par me rejoindre, les Twi’Leks semblèrent comprendre que la situation était sous contrôle avec nous deux. Ils décidèrent alors de relâcher la femme en se relevant rapidement et se décalant afin d’attraper leur ami et rejoindre la foule.

« Bien, a vous maintenant. »


Karm Torr
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Donc…

La femme s’était relevée, avec un air à peu près aussi lucide que si elle avait plongé les narines dans un moteur hyper-drive. Elle dépassait Karm d’une bonne tête, ce qui ne semblait nullement perturber le Chevalier, du reste habitué à ce genre de situations.

Elle veut quoi, la demi-portion ?
J’veux pas juger mais v’z’avez peut-être un peu trop bu, hein.
Ouais, et elle me doit cinquante crédits pour son ardoise, lança le barman depuis le comptoir !
Tu sais où j’vais te les foutre, les cinquante crédits, éructa l’ivrogne ?

Avant de dégainer un blaster pour le pointer sur le malheureux, ce qui suffit à jeter brusquement un silence de mort dans l’établissement.

J’serais vous, je ferais pas ça.

Cette fois-ci, le canon se dirigea vers Karm, ce que le Gardien considéra comme une amélioration notoire de la situation.

Je ferais pas ça non plus, d’ailleurs.
En même temps, ton avis, j’m’en tamponne.

Le Jedi réprima un soupir : la négociation, ce n’était pas son fort. Du coin de l’oeil, il aperçut deux autres clients à l’air louche qui avaient plongé la main dans leur veste et il ne doutait pas que la femme ne fût pas la seule à avoir une arme dans cet établissement. Karm pencha la tête sur le côté et lança à l’attention de la salle :

Si y en a un autre qui dégaine, j’vous préviens, il finit au trou.

Tout cela lui rappelait définitivement ses étapes dans les bouges de la Bordure, en chemin pour l’une de ses explorations, plutôt que l’ambiance policée qui régnait d’ordinaire dans les bistrots du Noyau, mais les foires agricoles attiraient toujours une population disparate.

Tu sais qui je suis, petite ?
Non mais allez-y, informez-moi.
Je suis Zorga la Terrible !
J’suis Karm le Chevalier au Slip. C’est moins classe, j’avoue.

Le Jedi jeta un bref coup d’oeil sur l’horloge holographique au mur du bar.

V’z’êtes une mercenaire, hein ? Qu’est-ce que vous fabriquez sur une planète comme ça en pleine foire agronomique ?
En quoi ça te regarde ? T’es de la police ?
Ben euh…

Drôle de question.

Ouais, en quelque sorte.

D’ailleurs, la police débarqua à ce moment précis, en la personne de deux humains qui s’arrêtèrent brutalement au seuil de la porte en constatant que la bagarre qu’on leur avait annoncée avait dégénéré en une sorte de prise d’otage. Zorga la Terrible détourna un instant le regard de Karm pour les fixer — funeste erreur, quand on avait affaire à un Gardien. En une fraction de seconde, il y eut un vrombissement de sabre laser, un éclair bleu, un canon de blaster coupé et l’instant d’après, un croche-patte qui fit lourdement tomber la mercenaire à terre.

Zorga la Terrible n’avait même pas eu le temps de lâcher une nouvelle insulte qu’elle était effondrée sur le dos, la lame du Jedi vibrant tout près de sa gorge. C’était une situation qui inspirait plus de sobriété.

C’est quand vous voulez, lança le Jedi aux deux policiers peu habitués à ce genre de spectacle et qui étaient restés interdits sur le seuil de la porte.

Les deux humains sortirent de leur stupeur pour se précipiter sur la mercenaire et lui passer des menottes magnétiques, avant de la relever, malgré ses imprécations. Karm désactiva son sabre et leur emboîta le pas.

Viens, fit-il à la Padawane, les mercenaires qui se font appeler Zorga la Terrible et qui pètent un câble en pleine ville dans le Noyau, ça me dit rien qui vaille. Y a Nautolan sous roche.

Puis il rajouta à destination des deux policiers :

On vous accompagne.

Loin de protester, les Alderaanais eurent l’air soulagé de ne pas se retrouver seul à seul avec Zorga la Terrible, dont la colère ne diminuait pas. Quelques minutes plus tard, les deux Jedis étaient assis sur l’une des banquettes latérales d’un speeder de la police, en face de Zorga. L’appareil s’éleva légèrement au-dessus du sol avant de s’engager dans les rues de la ville pour prendre la direction du commissariat.

T’as pas des masses de cicatrices, Zorga, tu dois être douée dans ton métier. J’en déduis que si t’es bourrée, c’est soit que ta mission a pas encore commencé, soit qu’elle s’est finie. Vu ton humeur, j’imagine qu’ou ton employeur t’a posé un lapin, ou y a eu un problème dans l’exécution.
Tu lis aussi dans les lignes de la main, connard ?
Ouais, et j’parle au pigeon aussi. T’es bourrée au point de pas te rendre compte que t’es encore plus dans la mouise si tu coopères pas ou bien on peut continuer à causer sans attendre que t’aies passé la nuit à décuver ?

Zorga fixa tour à tour les deux Jedis et le policier resté à l’arrière avec eux pour la surveiller. Au milieu de ses vapeurs éthyliques, elle pesait le pour et le contre.

OK.
Vas y on t’écoute.
Mais après, on m’laisse partir.
Pas mon domaine.
Ben alors je parle pas.
C’toi qui vois.

Nouveau silence.

Après, bon, on va pas s’mentir Zorga, tu passes pas hyper inaperçue de manière générale, on dirait, alors ça va juste nous prendre un peu plus de temps de remonter à la vérité et toi, t’auras perdu la seule carte encore dans ta manche.

Zorga fit une sorte de grimace, alors que la rage alcoolisée laissait peu à peu place à un début de migraine.

Ouais, bon, c’est bon, arrête de me baratiner. Je suis là pour récupérer du fric.
Mais encore ?
Y a un mec qui vend des semis OGM en gros ou quelque chose comme ça, il doit 500 000 milles à un autre type, ça tarde à payer, moi j’suis là pour le convaincre.
Mais… ?
Mais le type est déjà à l’hosto. Paraît qu’il s’est fait péter les deux jambes par quelqu’un d’autre.
Décidément, c’est dangereux, les semis OGM.
Très drôle. Donc, je vais à l’hôpital. Le type est dans le coma. Y a rien à faire. Impossible de récupérer le fric. J’me suis déplacée pour rien.
Et il a été tabassé par qui ?
Qu’est-ce j’en sais, moi ? Un abruti qui fait du travail de cochon…
Ouais, tout le monde a pas ta conscience professionnelle…
Lucina Harsel
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La situation étant désormais sous contrôle, je me reculai afin de laisser Karm prendre la suite des opérations. J’écouta alors la discussion entre lui et la femme, les mains dans le dos, prête à dégainer. Et ça ne manqua pas quand la femme sortit un blaster pour menacer le barman qui demandait à ce qu’elle réglait son ardoise. Je sortis mon sabre et l’alluma, prête à trancher dans le tas s’il fallait. Cependant Karm ne bronchait pas, restant assez stoïque face à la situation, même quand la femme se retourna vers lui. J’hésitais alors à agir, ne sachant pas trop quoi faire entre l’agressivité de celle qu’on venait d’interpeller et le flegme de celui que j’assistait. Je décidai alors de rester en arrière, prête à sauter dans le feu de l’action au moindre mouvement brusque, laissant pour l’instant Karm gérer la situation qui devenait tendue. Heureusement, la police arriva assez rapidement pour s’occuper de tout ça. La femme qui venait de se présenter sous le nom de Zorga détourna alors rapidement son attention de Karm pour se concentrer sur eux. Y voyant une opportunité parfaite, je pris appui sur mes pieds pour m’élancer, mais avant même que je puisse esquisser le moindre mouvement, Zorga était au sol, son arme coupée en deux et Karm la dominant, la pointe de son sabre sur sa gorge. Je n’avais absolument pas eu le temps de comprendre. Ses reflexes étaient juste incroyable. C’était donc ça un vrai chevalier Jedi ? J’éteignis alors ma lame, attachant de nouveau mon sabre a ma ceinture voyant que la situation était maintenant parfaitement sous contrôle.

Les policiers arrêtèrent alors la femme en lui passant les menottes et alors que je me disais que tout cela serait fini, Karm me demanda à le suivre. Selon lui, il y avait plus que ça à creuser. Je ne voyais pas en quoi, mais bon, je n’avais pas vraiment mon mot à dire dans l’histoire. Je me contentai donc de suivre en soupirant, me demandant pourquoi on devait continuer à s’occuper d’une affaire qui semblait finie. Nous montâmes ainsi à l’arrière du camion de police en compagnie de deux policiers. Je me contentai alors de simplement écouter Karm qui menait un petit interrogatoire avec la mercenaire. Il lui suffit alors de la persuader un peu qu’elle risquait gros si elle ne se mettait pas à table. Elle expliqua alors qu’elle était là pour un contrat qui consistait à menacer quelqu’un pour qu’il rembourse une sorte de dette mais que le type en question était dans le coma a l’hôpital avec deux jambes cassées.


« C’est tout ? Parce que si c’est le cas, je ne vois pas ce qu’on fait là en fait. Ok, ce n’est pas cool pour le type qui est à l’hôpital, mais il devait de l’argent à quelqu’un, donc est-ce vraiment étonnant ? Zorga touchera pas sa paie, le mec ne peut pas donner plus d’info vu qu’il est dans le coma et la police peut très bien se charger de tout ça. Je sais bien que je sous-entendais plutôt que les Jedi pouvaient être assimilé à la police, mais quand on a des policiers pour faire ce boulot, on peut justement se permettre d’allez sur d’autre choses non ? »

Ayant un peu l’impression d’avoir servie à rien pendant les dernieres minutes, je finis par prendre la parole, ayant un peu l’impression de perdre mon temps.
Karm Torr
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Ouais, j’suis assez d’accord.


Karm sonda du regard les deux policiers, pour chercher dans leur expression la confirmation de la théorie de la Padawane, qui était aussi la sienne, selon laquelle ils pourraient se charger sans difficulté de l’affaire. Les deux Alderaanais ne semblaient pas paniqués à cette perspective. Aussi, quand le speeder fourgon s’arrêta devant le commissariat de quartier, les deux Jedis débarquèrent sans regret, laissant les forces de l’ordre reprendre l’affaire.


Allez, fit le Chevalier, on va p’têtre finalement retrouver le chemin de l’hôtel. Demain, c’est le dernier jour de la foire, avec un peu de chance on va finir sans s’être faits piétinés par des ruminants.


Les mains dans les poches, l’Ark-Ni reprit les ruelles du centre-ville.


J’sais que c’est pas bien palpitant, toutes ces histoires. Honnêtement, notre rôle ici est plus… Symbolique ? Communicationnel ? ‘Fin, tu vois, quoi. L’idée c’est plutôt de montrer aux autorités locales que l’Ordre Jedi est pas seulement une espèce d’institution lointaine et ésotérique, mais aussi… Des travailleurs de proximité, en quelque sorte. Par les temps qui courent, on est plus tolérés en République que vraiment accueillis à bras ouverts, et j’crois que nos Consulaires ont à coeur de cultiver une bonne image auprès de la population.


Ces considérations politiques lui auraient été hermétiques quelques années plus tôt, mais en se lançant dans la reconstruction de l’enclave de Dantooine, il avait bien dû se rendre à l’évidence de leur nécessité.


Tout autour du commissariat, les rues étaient aussi animées que dans le reste du centre-ville. Les restaurants qui en morte saison fermaient leurs portes dès vingt-et-une heures ne désemplissaient pas et un type hérissé de tentacules proposa dans une langue incompréhensible aux deux Jedis des brochettes de légumes grillés, que Karm acheta sans la moindre hésitation.


Aucune idée de c’que c’est, déclara-t-il d’un ton léger en tendant l’une d’elle à la Padawan.


(Il faut toujours se méfier des expériences gastronomiques des membres de l’ExploCorps.)


Donc, ouais. La foire. Les foires agricoles, c’est parfois plus tendu que ça en a l’air, surtout ces histoires de dettes. Parfois, c’est… Ben banal, comme ici. Tu sondes un peu la situation, tu te rends compte que c’est du classique et tu laisses la police gérer. C’est de toute façon toujours mieux que les locaux gèrent leurs affaires locales, sans ça, la population risque de perdre confiance en ses institutions, tu vois ? Mais d’autres fois, ça prend un tour franchement mafieux.


Le Chevalier mordit dans sa brochette et engloutit un morceau de légume. Aussitôt, sa face vira au rouge pivoine. C’est à peine si la fumée ne lui sortait pas des oreilles.


’Tenchion ch’est vachement épiché…, précisa-t-il.


Heureusement, quatre mètres plus loin, un type constellé de polypes fourguait aux passants dans une langue incompréhensible des boissons fraîches à l’apparence laiteuse, que Karm acheta, comme de bien entendu, sans se poser de questions. Après une gorgée et quelques secondes de réflexion pensive, il diagnostiqua :


Du lait de nerf. C’est légèrement fermenté. Pas désagréable.


Pas très exotique non plus, sur Alderaan.


Donc, franchement mafieux. Tu vois, avec la guerre, y a eu du déplacement de populations, pas mal d’efforts de colonisation. Ça a ouvert de gigantesques marchés pour les entreprises agronomiques, et comme les planètes sont souvent hyper distantes du Noyau, on peut pas dire que ce soit toujours super contrôlé. Y a des deals franchement douteux, des sortes de cartels agricoles qui se mettent en place, et in fine, c’est les réfugiés qui en paient le prix.


Malgré une première expérience douloureuse, le Jedi poursuivait sa brochette de légumes, pas découragé le moins du monde par la violence du piment.


Nos Sentinelles soupçonnent certains kajidics d’avoir investi en masse dans les agrotechs, et d’étendre comme ça leur influence aux marges républicaines. Mais même sans aller chercher du côté de l’Espace Hutt, la République est tout à fait en mesure de fournir son propre contingents de mecs véreux disposés à tirer profit de la misère humaine. Et ça… C’est beaucoup plus de notre ressort.


Ils bifurquèrent dans une ruelle qui les fit bientôt aboutir à la place où se dressait le modeste hôtel que les services logistiques du Tempe avaient réservé pour eux et où ils s’étaient installés la veille, en même temps que des visiteurs de tous les coins de la Galaxie, venus assister à la foire.


De notre ressort dans le sens où sur les planètes de colonie, y a quand même pas des masses de présence des forces de l’Ordre, où les juridictions sectorielles sont très floues et où… Ben disons que le Sénat a pas l’air puissamment préoccupé par la situation. Ça fait sexy de dire qu’on lutte le trafic de drogue, quoi, mais c’est tout de suite beaucoup moins médiatique d’expliquer que des mecs manipulent l’approvisionnement de graines pour faire des marges indécentes au risque d’affamer des populations déplacées.


Une fois dans le hall de l’hôtel, ils purent récupérer les cartes magnétiques qui ouvraient leur chambre respective auprès du droïde-concierge.
Lucina Harsel
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Je ne savais pas ce qui m’exaspérait le plus dans toute cette histoire entre son flegme proche du je-m’en-foutisme que je n’avais jamais vu poussé à un tel point chez les Jedis au vu de sa manière d’acheter à boire et à manger sans savoir ce que c’était ou sa petite diatribe sur le commerce agro-alimentaire. J’avais donc fait la route avec lui, préférant comme a mon habitude depuis notre rencontre rester silencieuse et le laisser allez au bout de son idée. Et voyant qu’il ne faisait pas forcement attention a moi pendant qu’il déblatérait, j’en avais profité pour me débarrasser de sa brochette, n’ayant pas envie de me retrouver avec la bouche en feu.

Arrivant finalement à notre hôtel, il termina alors sa petite explication tandis que nous récupérions nos cartes de chambre.


« Je sais bien que les Jedi sont une police morale et éthique, mais de là à se mêler d’économie ? Mais du coup, ça pose une question intéressante. Devrions-nous arrêter des types exploitant des agriculteurs au nom de la morale au risque de causer du tort a ces mêmes agriculteurs. Parce que si des types véreux qui ne sont pas dans le giron de la République peuvent s’accaparer un tel marché, c’est peut-être que le problème vient de la république ? Parce que mettons que nous arrivons à faire en sorte que les refugiés ne soient plus exploités par les kajidics et que ceux-ci abandonnent leur transaction, avec qui vont traiter les réfugiés ?

J’ai grandi sur Ghorman, une planète composée essentiellement de fermes et de petites colonies éparpillés à droite et à gauche avec deux-trois grand villes quand même. J’ai passé mon enfance et mon adolescence en tant que fermière, et je peux vous assurer que quand la République vous abandonne commercialement, vous vous retrouvez à dire oui à un peu prés toutes les offres possibles pour faire rentrer de l’argent. Et pourtant, on est sur une ligne commerciale Républicaine.

Perso, je veux bien allez sur place et les aider à se libérer du joug de l’oppresseur, mais concrètement, sur le long terme, ça changera quoi si ce n’est pas la République qui agit ? »


Je le regardais le plus sérieusement du monde, m’attendant à une vraie réponse de sa part. J’avais invoqué mon passé agricole pour tenter de me donner une certaine légitimité, mais niveau commerce, j’étais loin du compte. Je savais gérer un stock, mais je ne m’étais jamais occupé de la vente, cette responsabilité revenant au chef de village. Ainsi, j’espérais qu’il puisse peut-être éclairer ma lanterne.

« Ne vaut-il pas mieux laisser des gens souffrir si ça leur permet de survivre plutôt que tout leur prendre ? »

Pour le coup, j’espérais juste réussir à formuler correctement ma question et ma pensée. Encore une fois, j’étais d’accord pour qu’on les aide en jouant le rôle d’aide humanitaire. Il s’agissait d’un de nos devoirs, mais sur le long terme, cela ne changerait malheureusement pas grand-chose sans le soutien de la République.
Karm Torr
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Les immenses turbolifts de l’hôtel charriaient d’étage en étage plus d’espèces que cette ville n’en voyait jamais tout le reste de l’année. La foire avait attiré là une population qui tranchait avec les humains peuplant d’ordinaire les rues de la ville de province. Quand peu à peu l’ascenseur se fut vidé, la conversation entre les deux Jedis reprit.

Karm hocha la tête.

T’as raison. Il faut faire la part des choses entre ce qui est idéal et ce qui est réel et accepter des compromis pour survivre, même s’ils sont déplaisants. La question, c’est de savoir si le compromis actuel est le meilleur qui soit, ou si y a encore une marge de négociations.
Biiiiip !

À peine les portes de l’ascenseur se rouvrirent-elles sur l’un des couloirs parmi la dizaine tous identiques qui composaient cet hôtel standardisé quand un astromech fusa comme un boulet de canon pour se poster devant le Gardien.

Moi qui croyais que tu serais en train de siphonner en douce les cargos marchands, fit Karm, en reconnaissant Blip, son fidèle droïde ;
Bip beep bop, répondit ce dernier d’un air évasif, avant de tendre un datadisk au Jedi.

Ce dernier l’inséra dans son datapad et parcourut rapidement les lignes envoyées par le Conseil.

On dirait que je lève le camp demain. Y a quelque chose de suspect sur une planète non cataloguée.

C’était vague, mais c’était le lot des explorateurs que se lancer à l’aveuglette dans les régions inconnues de la Galaxie, pour élucider les inquiétudes des Jedis qui percevaient le mieux les flux et les reflux de la Force. Karm rempocha son datapad et prit la direction de sa chambre, talonné par l’astromech.

J’pense pas que les Jedis soient… ou plutôt doivent être la police de la morale et de l’éthique. Ni de l’économie. J’pense que tout ça, ça doit être l’objet d’une négociation collective et démocratique, au niveau locale. Mais un Jedi, à mes yeux, devrait avoir une opinion sur ses choses. Se comporter… Pas comme un observateur extérieur, qui soit simplement l’instrument du pouvoir républicain, mais comme quelqu’un qui vit parmi ses contemporains et qui se sent appartenir à leur destinée collective. Y a une distinction entre un certain devoir de réserve et une indifférence à la réalité du monde.

Lui, la réalité du monde, il s’en préoccupait vivement, quoique son impassibilité naturelle, héritage de sa propre culture, ne le laissait guère deviner.

Le Chevalier s’arrêta sur le pas de sa porte.

Et donc, à mon avis, y a deux problèmes. Y a ce qui est objectivement illégal, et dans ce cas, c’est à nous ou aux polices de la République d’intervenir. Et y a une question d’organisation agricole. Genre… Si tu forces les agriculteurs sur les mondes-greniers à se sur-spécialiser pour pouvoir fournir des villes-mondes, des mégalopoles qui sont pas capables de produire quelque chose elles-mêmes. Ben les mondes-greniers peuvent pas subvenir à leur propre besoin, parce qu’ils cultivent que deux ou trois trucs. Que toute leur logique c’est l’export. Du coup, tu les rends dépendants des grandes entreprises agricoles, des flux commerciaux. De tout ce que tu décris, que ce soit des kajidics ou des sociétés multiplanétaires.
Bip-beep-bip-bip !
Ouais ben une seconde, j’récupère mes affaires et on y va.
Bip…
Toi, t’as encore traîné trop près des torpilles à protons.

L’astromech recula, pour marquer sa bonne foi outragée.

Et donc bref, cette organisation-là, ben les gens peuvent décider de faire autrement. Les planètes agricoles peuvent s’organiser pour retrouver une sorte d’indépendance dans leur approvisionnement. Produire d’abord pour elles-mêmes, plutôt que de produire pour vendre, récupérer de l’argent et acheter ce qu’elles auraient pu créer dès le début. C’est un nouveau compromis à créer, quoi. Et cette organisation, elle est aussi républicaine. L’intervention de la République…

Le droïde avait extirpé la carte magnétique de la poche de son maître, pour ouvrir la porte de la chambre et entreprendre d’y faire lui-même le sac du Jedi. C’était qu’après avoir été cloué au sol pendant plusieurs jours, il lui brûlait de s’envoler à nouveau.

… c’est pas nécessairement du haut vers le bas, le Sénat, l’Ordre et la Chancellerie qui gèrent les affaires de tout le monde. La souveraineté républicaine, elle réside dans les citoyens, et la première des interventions républicaines, c’est l’organisation collective.
Bip bip bip !

Blip venait de fourrer le sac dans les bras du Jedi.

Merci pour ton assistance délicate et pondérée, Blip.
Bip, répliqua fièrement l’astromech, insensible à l’ironie de son maître !
Le festival se termine demain, le Temple d’Ondéron te transmettra les infos nécessaires pour ton voyage de retour. Et si tout ça te préoccupe…

D’un geste vague, il désigna ce qui les entourait, la foire, les problèmes agricoles, les mondes de fermiers et leurs difficultés.

Tu d’vrais parler à l’AgriCorps. Y a plus d’une manière d’être une Jedi et faire la police n’est qu’une fraction de notre Voie.
Bip.
Oui, on y va, chef. Allez, devant toute !

Et l’astromech partit pour ouvrir fièrement la marche, entraînant son explorateur de compagnie dans son sillage.
Lucina Harsel
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« Ok, je m’avoue vaincu sur ce coup-là, je ne sais pas quoi retorquer pour te contredire. Je dois reconnaitre que je n’avais jamais vu les choses sous cet angle-là. Je ne dis pas que tu as raison, mais ça à au moins le mérite d’amener un point de vue intéressant dans le débat. Je ne démordrais pas de mon point de vue mais ta position se défends tout aussi bien. Je mettrais cependant un bémol à ta vision. Si c’est effectivement viable sur le long terme, sur le court terme, ça va être un cap assez difficile à passer. Je pense que créer des voies commerciales reliant les différents greniers pour qu’ils s’envoient l’un l’autre ce dont ils ont besoin, jouant plus la carte du troc que du commerce pourrait les aider. Après, un petit avant-poste militaire ou un Jedi en garnison ne serait pas de trop. Je ne pense pas que les Kajidics laisseront ainsi leur source de revenue tenter de devenir indépendante. Du coup, une action « Républicaine » dans tout les sens du terme des deux côtés serait indispensable. Compliqué à démêler comme situation. »

Je m’avachi alors sur mon lit, le laissant préparer ses affaires. Callant mes mains sous ma tête, je me mis à fixer le plafond, me perdant peu à peu dans mon passé, revenant à mon enfance. Je me rendais compte que le portrait que j’avais fait de Ghorman à Karm était peut-être exagéré. Certes commercialement, ça n’allait pas très fort mais nous n’avions pas non plus à plus plaindre. Nous mangions à notre faim, nous avions tout ce qu’il fallait pour gérer notre ferme même si nous jouions pas mal sur le système D, on avait même du temps pour nous à côté. Le seul problème étant que nous ne roulions pas sur l’or, mais finalement nous n’en avions pas besoin. Tout cela était juste une vie simple et non miséreuse.

« Je ne me plains vraiment pour rien parfois, soupirais-je. »

Je me redressai alors, venant me mettre à l’encadrement de la porte, le regardant partir alors que je me retrouvais seule. Je devrais donc gérer la situation de demain en solitaire, voilà qui allait être intéressant. Cependant, ses derniers mots à mon égard me restèrent en tête : l’Agrocorps. Voila qui me rappelait ce que me disait Maître Cally : « Il n’y a pas qu’une seule façon de devenir Jedi ». Effectivement, si jamais ce qui semblait être la voie de base d’un Jedi nous ne convenait pas, une spécialisation dans un autre domaine restait tout à fait possible. Cependant, ce n’était pas la voie que j’avais choisie. Explo ou Agro, tout cela n’était pas pour moi. Mais leur importance n’était pas a nié. Je ne pouvais pas sauver les gens a moi seul et la violence ne pouvait être la solution à tout. Dans le cas de la problématique soulevé lors de notre discussion, je n’étais clairement pas apte à le régler, alors autant laisser cela à des professionnels. Je fermai alors la porte et me dirigea vers mon lit, me changeant pour la nuit avant de m’emmitoufler sous la couette avec un léger sourire. Même si nous avions des points de vue opposés, je devais lui reconnaitre un certain talent pour défendre ses opinions et qu’il me forçait à voir les choses sous un autre angle. Je fermai ainsi les yeux, l’esprit apaisé, cherchant le sommeil afin d’être fraiche pour ma mission du lendemain.
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