Karm Torr
Karm Torr
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Tort.
Il avait eu terriblement tort.
(D’un autre côté, avec un nom comme le sien, n’y était-il pas prédestiné ?)
 
Bien, nous passons à l’examen de la motion 112, relative à l’étude d’impact prospective pour l’étalonnage de la tarification du stationnement de landspeeders dans les zones commerciales, en accord avec les dispositions prises par le plan d’aménagement urbain de l’année dernière.
 
Longtemps, dans sa jeunesse naïve et insouciante (entre deux batailles contre les Forces du Mal pour la survie de la Galaxie), Karm avait pensé que l’expérience la plus soporifique et incompréhensible du monde consistait à assister à un cour de droit des institutions galactiques, dispensé par le Chevalier P’shit P’Shit Pouphn, ce Consulaire célèbre – si l’on peut dire – pour le rôle clé qu’il avait joué dans la fondation de l’Organisation Galactique pour la Protection de la Diversité Rocheuse des Planètes Désertiques Non-Habitées, ou OGPDRPDNH, pour les intimes.
 
Hé bien il avait eu tort.
Terriblement tort.
 
Pour.
Pour.
Pour.
Euh… pour… ?
La motion est adoptée en examen préliminaire. Voilà qui conclut l’ordre du jour. Quelqu’un a-t-il des remarques ?
 
Pitié pas de remarques, pitié, pitié, pitié, priait Karm intérieurement, en fixant avec une intensité psychotique l’horloge de son datapad, dont les minutes, il en aurait mis sa main à couper, s’écoulaient dix fois plus lentement que d’habitude, preuve s’il en fallait que la réunion de la Commission Mixte d’Aménagement des Zones Urbaines d’Usage Partagé de la ville d’Iziz était une sorte de trou noir jusque là jamais détecté.
 
C’était avec un mélange de naïveté et de beaucoup de courage qu’il avait accepté, la veille, de remplacer Maître Abastus Vongh, qui représentait d’ordinaire le Temple d’Ondéron dans certaines des commissions municipales, en signe de bonne volonté de la part de l’Ordre Jedi, toujours soucieux de témoigner de son implication dans les affaires locales d’une planète dont il constituait les institutions les plus remarquables. Conscient de la nécessité de prouver sa capacité aux tâches administratives pour espérer progresser dans les rangs de l’ExploCorps, Karm s’était jeté dans cette nouvelle et pas si trépidante aventure avec un enthousiasme inversement proportionnel à ses aptitudes pour la chose en question.
 
L’enthousiasme avait touché le fond après la première heure de délibérations et, quatre heures plus tard, le Chevalier titubait hors de l’annexe de la mairie avec la ferme impression de sortir d’une consultation où le kiné aurait été un rancor.
 
Ce fut ce moment que choisit son comlink pour comlinker.
 
Karm ! Alors, ça vous a plu ?
J’imagine que c’est toujours mieux que de se faire amputer de la tête.

Même si honnêtement, ça fait le même effet.
J’en déduis que c’était un peu long ?
On va dire ça comme ça.
 
Comme à son habitude, Maître Vongh restait d’une bonhomme inébranlable face aux remarques du Chevalier.
 
Dites-moi, Karm, puisque vous êtes encore à Iziz… vous êtes encore à Iziz, n’est-ce pas ?
Hmm hmm, fit Karm, au sommet de la méfiance.
J’ai encore un petit service à vous demander.
Oui… ?
Vous connaissez Rouvouvou ?
Pardon ?
Rouvouvou. La convor d’Irania, la fille du maire. Elle a son propre compte sur les réseaux sociaux.
La fille du maire fréquente les réseaux sociaux ?
Non, Rouvouvou.

Silence.
 
Et donc…
 
Maître Vongh ménageait ses effets dramatiques.
 
Rouvouvou a disparu !
 
Silence encore plus silencieux.
 
C’est, euh…
 
Karm chercha les bons mots.
 
Dramatique ?
En effet.
Vous voulez que je retrouve un poulet ?
Une convor, Karm, une convor.
C’est du bizutage ?
Elle est très mignonne.
Ils ont pas des gens de la fourrière employés pour ça, par hasard ?
Ce serait une manière, vous comprenez, de montrer notre bonne volonté envers la municipalité.
Ah.
Et une manière pour quelqu’un qui penserait à devenir Maître au sein de l’ExploCorps de s’attirer la bienveillance des décideurs politiques locaux afin de favoriser la tenue de sessions pratiques de formation à la survie pour les Padawans dans la jungle autour d’Iziz. Vous me suivez ?
 
Et la lumière fut. Karm hocha la tête, avant de se rappeler qu’ils parlaient au comlink.
 
Oui. Je crois que oui. Mais, hm… Maître ?
Oui ?
Les choses marchent vraiment comme ça ?
C’est-à-dire ?
À coup de poulets retrouvés ?
De convor, Karm, de convor.
N’importe.
Toute relation diplomatique, et surtout quand elle est locale, repose d’abord et avant tout sur la confiance qui naît des services rendus.
Je vois.
Excellent ! Je vous envoie du renfort.
Pour retrouver un pou… une convor ?
C’est une grande ville, Karm, des yeux supplémentaires ne sauraient vous faire de mal.
 
D’ailleurs, Maître Vongh comptait lui en envoyer beaucoup, des yeux supplémentaires.
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Les missions des jedis étaient nombreuses dans leur nature, certaines étaient d'ampleur à changer à tout jamais le destin de la galaxie, d'autres, un peu moins. Ce n'était cependant pas une raison pour les dénigrer. Tous, petits et grands, méritaient la Justice, et un acte de gentillesse ne saurait être ignoré quand on avait la possibilité de l'accomplir. C'est du moins ce qu'elle se répétait alors que l'image holographique du Maître Jedi lui donnait sa nouvelle mission.

« Comme vous pouvez le voir, il s'agit d'une mission de la plus haute importance »

« … De la plus haute importante... »

« Oui, exactement, c'est pour cela que je vous envoie porter assistance à Karm, vos talents d’enquêtrice lui seront plus qu'utile. »

« … Karm... »

« Oui, ce n'est pas la première fois que vous collaborez ensemble, tout devrait donc très bien se passer. »

« … Bien se passer... »

« Oui, exactement, que la Force soit avec vous Chevalier Kith'Araquia. »

L'hologramme disparut, laissant la jeune araignée réaliser ce qu'on lui avait demandé, à savoir, retrouvé un convor, c'était un petit oiseau, qui avait disparu. Il appartenait à la fille du maire d'Iziz, il s'appelait Rouvouvou et il avait même un compte sur les réseaux sociaux... oui. C'était visiblement quelque chose qui nécessitait l'intervention de deux Jedi, rien de moins. Si H'phedia avait des épaules, elle serait en train de les soulever. Pourquoi pas après tout, avec un peu de chance cela ne devrait pas prendre trop de temps.

*****

Alors que la jeune araignée arpentait les rues d'Iziz elle parvint à la réalisation que, si elle avait d'abord pensé que ce serait assez simple et qu'elle en aurait fini dans la journée, il en serait peut-être tout autrement. Les personnes étaient prévisibles, elles laissaient des traces, volontairement ou non. Les animaux, c'était à la fois la même chose et dans le même temps une tout autre affaire. Rouvouvou aurait pu être enlevée, elle aurait tout simplement pu s'échapper ou être dévorée par quelque chose. Le fait que la ville se trouvait à proximité de la nature compliquait les choses.

H'phedia finit par atteindre le point de rendez-vous, là où l'attendait Karm Torr. Après avoir déjà collaboré une première fois pour sauver NOEL, il semblerait que la Force ait choisi de réunir l'Araquia et l'Ark-Ni une fois encore. Comme à son habitude le Jedi de l'Explocorps était homme de peu de mots et semblait toujours au bord de l'ennui, quoique, pour cette mission, elle puisse le comprendre.

« Bonjour Chevalier Torr... Une fois encore nous nous retrouvons en tandem... Bien que cette fois-ci je pense que la situation sera beaucoup plus calme... » L'Araquia marqua une pause. « Maintenant que j'ai dit ça... Je suppose que nous allons nous retrouver face à des terroristes... des Sith... ou des terroristes financés par des Sith... Désolé à l'avance... »

Cette introduction faite, il était temps de passer aux choses sérieuses.

« Mais trêve de formalités... Notre mission... Elle pourrait s'avérer plus compliquée que prévu... C'est une grande ville... Et c'est un tout petit oiseau... Et nous ne savons pas exactement pourquoi ou comment il a disparu... Je pense qu'il faudrait d'abord nous renseigner auprès de la fille du maire... Elle sait peut-être quelque chose... ne serait-ce que sur les habitudes de l'oiseau... De mon côté je vais éplucher son ''Compte'' pour voir s'il n'y aurait quelque chose d'utile... Je vais aussi me documenter sur les convor... Leur alimentation... Leur cri... Tout ce qui serait nécessaire pour établir une série d’appâts à travers la ville... Dans le cas où il se serait simplement échappé... »

Une autre moment de pause.

« Par le plus grand des hasards... Sauriez-vous où nous pourrions trouver la fille du maire ? »
Karm Torr
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Hey, salut, ça baigne ?


Une fois de plus, Karm maniait avec élégance et à propos les règles du décorum et de la formalité. Assis avec nonchalance sur un banc de l’un des nombreux parcs d’Iziz, le Chevalier avait paru jusque là absorbé par son datapad, comme les autres jeunes qui prêtaient attention plutôt à leurs jeux sur l’Holonet qu’à la nature qui les entourait. Mais H’phedia savait déjà qu’en matière de professionnalisme, malgré ses airs dégagés, Karm n’avait pas à rougir.


Oh, les convors, c’est bon, je gère, déclara l’explorateur dont ces choses-là étaient, après tout, l’une des spécialités. C’est pas tellement le côté animal en fuite de la chose qui m’inquiète, mais… voilà quoi…


D’un geste de la main, il désigna les immeubles dont on apercevait la silhouette par-dessus les arbres. C’était tout le reste. Iziz, la ville, les hypothèses que l’araignée venait précisément de soulever : un enlèvement, une tentative d’intimidation, une mauvaise blague. Karm traquait les animaux, mais les enquêtes sur les petites et les grandes machinations des criminels sentients, elles, sortaient de son domaine de compétence.


J’ai fait un peu d’lecture, déclara-t-il en agitant son datapad, avant de le fourrer dans son sac à dos. La gamine est dans une école privée pour jeune fille un peu à l’est de l’hôtel de ville. Établissement d’Excellence Emalia. Tout un programme.


Les deux Jedis remontaient désormais les allées du parc pour rejoindre le parking à speeders.


J’ai envoyé un message à l’école pour leur dire qu’on viendrait poser quelques questions. Après ça… J’imagine qu’il est possible qu’on veuille inspecter la propriétaire du maire. Franchement, je doute qu’une convor domestiquée se soit faite brusquement la malle de son propre chef. Surtout vu le degré de docilité que suggère le compte.


De fait, sur Hologram, Rouvouvou était mise dans toutes les postures, sans paraître s’effaroucher du véritable petit défilé de mode qu’était devenue sa vie. Tout cela suggérait à Karm que l’oiselle était probablement dénuée de tout instinct sauvage et qu’on avait dû pourvoir à son évasion.


L’Araquia et l’Ark-Ni se séparèrent sur le parking pour réintégrer leurs speeders respectifs et H’phedia eut tout le loisir de constater que le style de pilotage de son confrère était toujours aussi sportif. Par un miracle de la Force sans doute, Karm arriva en un seul morceau à l’Établissement d’Excellence Emalia, ou les Trois E, pour les intimes.


C’était un vaste manoir dans le style du 190e siècle, qui opposait à la jungle d’Ondéron un domaine manucuré où une végétation des climats tempérés, acclimatée tant bien que mal à l’atmosphère tropicale d’Iziz, était savamment taillée pour satisfaire aux désirs de symétrie des maîtresses des lieux. À en juger par les drones qui survolaient l’enceinte, la guérite à l’entrée et le léger vrombissement du bouclier qui doublait le portail, on prenait la sécurité de la jeunesse dorée des Trois E très au sérieux.


Mais sur Ondéron, un sabre laser ouvrait presque toutes les portes. Les deux gardes saluèrent les Jedis avec respect, après en avoir scrupuleusement vérifié l’identité, et on leur fit passer la porte. De l’autre côté, une humaine qui ne devait pas avoir plus de trente ans, tirée aux quatre épingles, les accueillit avec un sourire dont la cordialité ne suffit pas à réchauffer sa beauté froide. Son regard s’attarda un instant sur l’Araquia, mais ce moment d’hésitation fut le seul signe que son visage d’ailleurs d’une retenue parfaite laissa entrevoir de la révulsion que lui inspirait peut-être le physique de son invitée.


Chevalier Torr, Chevalière Kith’Araquia. J’vous ai écrit… ?
Mais naturellement, Chevalier, naturellement. Je suis Ekalia Ana-Lo, la directrice adjointe de l’établissement. Notre directrice regrette de ne pas pouvoir être présente, mais elle est retenue par un rendez-vous avec un couple de nos générateurs donateurs. C’est la première fois que vous visitez l’école Emalia ?


Le Gardien confirma d’un hochement de tête, alors que la directrice adjointe les guidait vers l’établissement lui-même. Ana-Lo se lança dans une présentation-fleuve de l’histoire de l’école, en veillant à glisser autant que possible les noms de ses anciennes élèves illustres. Tout à fait indifférent au prestige de l’établissement, Karm ne l’écouta que d’une oreille distraite.


Mademoiselle Irania vous attend dans l’un de nos salons de lecture.


Ekalia s’interrompit soudainement pour se retourner vers eux et prit son air le plus profondément dramatique pour déclarer :


Elle est… Rongée d’inquiétude.
J’imagine, fit Karm.


Les tenants et les aboutissants psychologiques de la domesticité animale lui échappaient en réalité complètement. Dans sa civilisation, le cas ne se présentait strictement jamais : les Ark-Ni vivaient dans l’environnement artificiel des vaisseaux spatiaux, sans plante et sans animaux, qui d’ailleurs n’avaient même pas leurs noms dans le vocabulaire. Et en explorateur, Karm était familier surtout de la nature dans sa dimension sauvage.


Et cette disparition suscite déjà une vive émotion, reprit Ana-Lo en gravissant les marches du perron monumental, parmi nos autres élèves.
Ah, répondit Karm d’un air (très, très) vaguement intéressé ?
Elles craignent toutes que leurs chers protégés soient les prochains sur la liste.
Mais, euh… Y a eu, genre, des menaces ?
Pas que je sache, non. Mais nous vivons une époque si dangereuse.
C’est sûr.


D’un geste gracieux, la directrice adjointe leur indiqua de la main une porte en bois ouvragé.


Je vous en prie, Mademoiselle Irania vous attend.
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Ce qu'il fallait garder à l'esprit c'était que le chevalier Karm était un vétéran de l'explocorps, les mondes inexplorés et la faune sauvage était son domaine d'expertise, l'animal humain et sa jungle de ferro-béton, beaucoup moins. Si ce n'avait été qu'un simple oiseau à récupérer, jamais l'on ne lui aurait assigné H'phedia en renfort. L'on se trouvait donc comme lors de l'affaire de N.O.E.L, face à une enquête criminelle, certes, d'une moindre ampleur que la précédente, à moins qu'on ne retrouve le convor décédé à un moment.

L'épluchage du compte Hologram confirma cet état de fait, Rouvouvou était la quintessence même de la créature domestiquée, elle n'aurait définitivement pas pu disparaître sans que l'on ne l'y ait aidée. H'phedia passa en revue les différentes possibilités, qui allaient de la négligence à la jalousie en passant par une tentative d'atteindre le maire par sa fille, peu probable mais possible.

« Je vous rejoins sur cette hypothèse Karm » Il préférait qu'on l'appelle Karm. « Une fois que nous aurons rencontré la fille du maire... une visite du « lieu du crime » s'imposera en effet... »

La propriétaire de Rouvouvou se trouvait dans une école privée non loin d'ici, leur destination donc. Les deux Jedi montèrent donc dans leur speeder respectif, celui d'H'phedia était suffisamment large pour accueillir quatre personnes et avait des commandes adaptées à ses membres atypiques. Le trajet fut sans surprise, à l'exception peut-être de la conduite des plus sportives de son collègue, qui avait sans doute raté une belle carrière dans la course de Pods.

L'Établissement d'Excellence Emalia était exactement comme la sentinelle se l'était imaginé, avec son architecture en décalage complet avec le reste de la planète et sa sécurité intimidante, pour un civil. C'était, tout comme tous les autres établissements de son genre, là où les puissants envoyaient leur progéniture pour qu'ils apprennent à leur tour à l'être. C'était un monde à part, pensé comme tel pour instiller à leur esprits encore malléables la distinction entre eux et le reste des communs. Elle se dit qu'elle aurait deux-trois choses à dire à ce sujet, avant de se rappeler que les Jedi ne fonctionnaient pas si différemment. N'était-ce pas d'ailleurs là ce que professait Karm ? Elle n'avait jamais vraiment pris le temps de s'interroger sur les positions de son homologue.

C'est un mythe, Fluffy, que toutes les vies sont égales, qu'elles méritent toutes d'exister.

Elle prit grand soin d'ignorer cette voix qui venait du tréfonds de ses souvenirs quand ils furent accueillis par la directrice adjointe de l'établissement. Leur présence était attendue, désirée même. La jeune araignée remarqua le regard que lui porta l'humaine, était-ce du dégoût quant à son apparence, ou la crainte qu'elle effraie les pensionnaires ?

Dans l'un comme l'autre, cela ne resta qu'un regard et elle les conduisit au travers de l'établissement avec le plus grand professionnalisme. H'phedia remarqua cependant qu'ils ne croisèrent personne d'autre. Elle préféra laisser Karm lui répondre, si l'on pouvait appeler ça des réponses, préférant se réserver pour la fille du maire, où le laconisme de son collègue trouverait vite ses limites.

C'est dans un salon de lecture qu'ils la trouvèrent où elle les attendait assise les bras croisés dans un fauteuil ouvragé. Elle ne devait pas avoir plus de dix ans. Avec ses cheveux organisés en un étrange chignon et son regard perçant on aurait dit une version miniature d'Emalia Kira, c'était à la fois adorable et terrifiant. La jeune fille ne souhaitant visiblement pas briser le silence, ce fut la sentinelle qui se risqua à faire les présentations.

« Bonjour... Je suis H'phedia Kith'Araquia... et voici Karm Torr... Nous sommes les chev- »

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Irania sauta de son siège pour venir se planter devant eux, son regard scrutateur oscillant entre eux deux.

« T'es un garçon ou une fille ? » Finit-elle par lâcher d'un ton inquisiteur à l'attention de Karm.

Même tarif pour H'phedia : «  T'es grosse... et toute poilue... et tu parles bizarrement... et tu fais peur. »

Elle se rassit finalement, sans pour autant s'adoucir.

« Vous ressemblez vraiment pas à des Jedi. Prouvez-moi que vous en êtes vraiment. »

Sans se fendre du moindre mot la jeune araignée se contenta d'utiliser la Force pour faire léviter un livre d'un bout à l'autre de la pièce. Cela parut suffisant pour la fille du Maire qui se détendit légèrement.

« D'accord, je vous crois. Alors, c'est vous qui allez retrouver Rouvouvou ? »

« Oui... C'est exact... C'est pour cela que nous avons besoin de vous poser quelques questions... Tout d'abord... Quand est-ce que vous avez vu Rouvouvou pour la dernière fois ? »

« Eh bien, comme tous les jours, dans ma chambre, avant de partir à l'école. On a pas le droit d'amener nos animaux. Et quand je suis rentrée, eh bien, elle n'était plus là, je l'ai cherchée partout, mais je l'ai trouvé nulle part. »

« Et... Vous n'avez rien remarqué d'étrange... avant ou après... »

« Eh bien, ces Eh bien allaient devenir très agaçants, très vite, je ne crois pas quand je suis partie. Mais, quand je suis rentrée la fenêtre était grande ouverte. »

« Je vois... Il y aurait-il des personnes qui pourraient en vouloir à Rouvouvou... ou à vous ? »

« Eh bien... Il y a bien Pendia, elle a été toujours été jalouse que mon papa soit devenu Maire à la place du sien... Vous pensez que c'est elle qui- »

La jeune fille ne préféra pas finir sa phrase.

« Nous verrons cela... »

La sentinelle jeta alors un coup d'oeil, à travers la Force bien sûr, ses yeux n'étant pas mobiles, à son collègue pour savoir s'il avait quelque chose à ajouter.
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Garçon ou fille ?


Ni l’un ni l’autre, répondit le Gardien.
T’es bizarre.
À c’qu’il paraît.


La gamine se tourna vers l’Araquia, jugeant apparemment que l’effrayant était préférable au bizarre. Karm, toujours mal à l’aise quand il s’agissait de traiter avec la haute société, fût-elle encore dans l’enfance, laissa volontiers sa consœur manoeuvrer la conversation. L’interrogatoire leur livra leur première suspecte. Karm eut un geste de la tête, pour confirmer qu’ils pouvaient partir, mais avant qu’ils ne quittent la pièce, Irania ne manqua pas de rajouter :


Je veux que Rouvouvou soit revenu avant ce soir !


Le Gardien se retourna vers elle, un sourcil levé.


Quand mon père ordonne, il est obéi.
Cool, fut la conclusion laconique du Jedi, avant de regagner le couloir.


La directrice adjointe les y attendait, absorbée dans la lecture de son datapad. Elle releva les yeux vers eux :


Une piste ?
On cherche Pendia.
Elle est en classe, mais…


Après un instant d’hésitation, Ana-Lo concéda :


Je suppose que je peux la faire appeler. Par ici.


Alors qu’ils s’engageaient à nouveau tous les trois dans les couloirs de l’école, Karm demanda :


Et du coup, cette Pendia… ?
Mademoiselle Tyr est la fille aînée de Salkhan Tyr.


La femme avait prononcé ce nom comme s’il devait relever de l’évidence, mais devant l’air perplexe du Jedi, elle expliqua :


Monsieur Tyr possède la plus grande entreprise de livraison planétaire, qui dessert la plupart des villes d’Ondéron.
J’croyais qu’il était politicien.
Il s’est présenté en effet aux dernières élections municipales, à Iziz, mais son programme n’a pas rencontré la faveur des électeurs.
Et sa fille ?
Mademoiselle Tyr est l’une de nos plus brillantes élèves. Si vous voulez bien m’attendre quelques secondes…


Ana-Lo disparut dans une salle de classe, pour en ressortir bientôt accompagnée d’une adolescente de seize ans, résultat de toute évidence d’un croisement entre Twi’Lek et humain. Le regard de Pendia s’arrêta tout de suite sur la Sentinelle, avec une fascination difficile à dissimuler, mais elle s’abstint de la moindre remarque et, après avoir poliment salué les Jedis, se laissa conduire dans une salle de classe inoccupée.


On a quelques questions à propos d’Irania.
Noooon…
Hm ?
Vous venez vraiment enquêter sur la disparition de son oiseau ?
En effet.
J’ai cru qu’elle se vantait à tort et à travers quand elle a raconté que des Jedis interviendraient dans cette affaire. Vous n’avez vraiment rien de mieux à faire de votre temps ?
Nan, répliqua le Jedi du ton le plus sérieux du monde, ce genre de trucs, c’est notre raison de vivre.
Ah, vous êtes sarcastique.


Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille, alors qu’elle s’appuyait contre le dossier de sa chaise, les bras croisées.


J’aime ça. Vous sortez de l’ordinaire, par rapport à ce qu’on voit ici tous les jours. Donc, j’imagine qu’Irania vous a dit que je voulais m’en prendre à elle.
En substance.
La petite se fait des idées.
Paraît que vous êtes jalouse du résultat des dernières élections.
Moi ? Jalouse ?


Son roulement d’yeux exaspéré fut un sommet de l’art adolescent.


Je suis bien contente que mon père n’ait pas gagné les élections. Je préfère vivre à l’abri des regards que de devoir parader dans les cérémonies officielles comme Irania. Elle, elle croit que tout le monde veut être comme elle. Typique des égocentriques.
Donc, vous savez rien de c’qui est arrivé à Rouvouvou ?


La demoiselle haussa les épaules.


Demandez au personnel de maison. Cette convor doit valoir une petite fortune et les parents d’Irania sont du genre à payer leurs domestiques au lance-pierre. Ça ne m’étonnerait pas que l’un d’entre eux ait fait le coup. Et puis ce n’est pas comme si qui que ce soit d’autres avaient accès à leur villa. Je ne suis pas précisément invitée chez elle pour prendre le thé, si vous voyez ce que je veux dire…


Il fallait être une virtuose pour mêler le mépris de classe à l’insulte des patrons.


Maintenant, si vous permettez, je vais retourner à mes études. Certains d’entre nous ont de l’ambition dans la vie et guère de temps à perdre avec les préoccupations futiles de petites starlettes de seconde zone.

Pendia Tyr abandonna donc les deux Jedis à leur quête héroïque. Quand la porte se fut refermée derrière elle, Karm remarqua :


Elle a pas tout à fait tort. Pas, j’veux dire, l’attitude générale, hein, mais sur le fait que pas grand monde doit avoir accès à la chambre de la gamine. Mais j’parie que pour quelqu’un qui cherche à se faire du fric, doit y avoir là-bas des choses plus faciles à écouler sous le manteau que des convors ultra-connus…


Le Gardien se releva à son tour.


Bref, j’imagine qu’il est l’heure d’aller inspecter le lieu du crime.
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